C.N.R.S.
 
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 53 articles
 
 Article 1/53 
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     ADVIATEUR     
*FEW XIV via
ADVIATEUR, adj.
[*FEW XIV, 378b : via]

Adviateur de. "Qui conduit à" : Puisqu'artifice est le ministre Naturel, abreviateur, Lequel a Nature administre Et que l'artiste adviateur De l'euvre n'est deviateur, Merveille n'est s'il fiert a bonne Car en tout temps mesure est bonne. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 105).

V. aussi viateur
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 2/53 
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     AVOI1          AVOI2     
FEW XIV via
AVOI, subst. masc.
[GD : avoi1 ; FEW XIV, 376a : via]

A. -

"Chemin, route, voie"

 

-

Au fig. : Si me prist a dire : "Avoy ! Bien congnois que pou d'avoy Et d'arroy vers vous se tire. ..." (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 125).

 

-

Faire avoi à. "Se diriger vers, auprès de" : Lors June par devocïon Dist : "Fai a Abstinence avoi." Adonc m'en ving a Abstinence (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 112).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., traduit par "avanie" ds l'éd., il faut vraisemblablement lire avoy : : Mais cy ne puis je riens avoir Que paour, meschief et avoy. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 97).

B. -

"Mise en route ; d'où accord, autorisation" : Car il n'a pas d'Amours l'avoi (MACH., Voir, 1364, 342).

 

-

Avoir avoi : Quant je voy Bien qu'avoy N'arai n'ottroy (MACH., Lays, 1377, 306).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/53 
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     AVOIE1          AVOIE2     
FEW XIV via
AVOIE, subst. fém.
[FEW XIV, 376a : via]

[À propos de la Vierge] "Guide" : Mercy, sire doulx Jhesu Crist : A bien faire ton peuple avoie, Et toy, vierge, adresce et avoie Des cuers par pechiez desvoiez. (Mir. prev., 1352, 274). [Seul ex.]

Rem. Sainte Avoie (Prières saints R., t.2, 63-69 ; Z. rom. Philol. 103, 1987, 28).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Kunstmann

 Article 4/53 
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     AVOIE1          AVOIE2     
*FEW XIV 376a via
AVOIE, subst. fém.
[*FEW XIV, 376a : via]

Faire avoie. "S'éloigner" : En la vallee de misere Ou n'a pas long temps que m'y erre En moult grande desolation Pour la grande perdition Que n'avoit gueres faict avoye [var. abvoye] (...) Me gisoy en lieu de lict... (La Fin de l'homme, 1451, éd. Y. Otaka. In : Mém. annuel de l'Univ. d'Otemae, 2018, 131).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 5/53 
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     AVOIEMENT     
FEW XIV via
AVOIEMENT, subst. masc.
[T-L : avoiement ; GD : avoiement ; AND : aveiement ; FEW XIV, 376a : via]

I. -

"Ce qui met sur la voie de qqc., information" : ...a Rome je l'iray requerre Et deprier tout avant euvre Que d'elle avoiement recuevre, S'elle est en vie ne son filz. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 74).

 

Rem. Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD I, 537a.

II. -

[Par confusion avec avouement, du moins sous l'influence de ce mot] "Déclaration" : ...lesquels Esleuz, avant qu'il se partent des Eglises, juront, main levée contre les Sainz, qu'il ne receveront parole, escripture, avoiement d'autrui, pour aucun faire Eschevin. (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1368, 131).

 

Rem. GD I, 537a-b, et FEW XIV, 380b, n.29.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/53 
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     AVOYAL     
*FEW XIV via
AVOIAL, adj.
[*FEW XIV, 376a : via]

"Traversé par des voies, facile à parcourir" : De faire edifiir, par le bois avoials, Maisons et habitacles, sens faire nulle contraile, Por habiteir todis comme en maison venale. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 598). [Scheler, Gloss., 46]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/53 
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     AVOYANCE     
*FEW XIV via
AVOYANCE, subst. fém.
[GD : avoiance ; *FEW XIV, 376a : via]

"Ce qui met sur la voie de qqc." (synon. avoiement)

Rem. JEAN GOLEIN, Rational, c.1370-1372, ds GD I, 536c (que on ait enluminement et bonne avoiance de Dieu).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 8/53 
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     AVOYER1          AVOYER2     
FEW XIV via
AVOYER, verbe
[T-L : avoiier ; GD : avoier1 ; AND : aveier ; FEW XIV, 375b : via ; TLF : III, 1143b : avoyer2]

I. -

Empl. trans.

A. -

Avoyer qqn

 

1.

Au propre "Guider, conduire qqn, accompagner qqn en lui montrant le chemin" : Mais li lyons me convoia, Sans moy laissier, et m'avoia Tout droit par devers la nacelle Par une petite sentelle (MACH., D. Lyon, 1342, 233). Mon curé m'a ci envoiée Pour ce que je soie avoiée Par vous, chier sire. (Mir. mère pape, c.1355, 358). Adonc se sont li Alemant mis en cace apriès les François de Mortagne, et ont sievis les bonhommes dou pays, qui les avoiièrent parmi le bois. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 57). ...par ycelle voye (...) es haulx estages l'avoye. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 119). Aussi est ce vostre mestier Des bons conduire et avoier (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 342).

 

2.

Au fig. : Celle qui desvoiez avoie Me vueille a l'ermitte avoier (Mir. enf. diable, c.1339, 41). Or vous ay je dit du chappel, Qui tant est vertueux et bel (...) Qui a maint grant bien m'avoya (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 29). Dieu, qui les desvoyez avoye (LA VIGNE, S.M., 1496, 286).

 

-

[Dans un tour optatif] : ...se Dieus m'avoie (MACH., Voir, 1364, 172).

 

-

[De la voie] "Conduire, diriger" : Si n'est voie Qui m'avoie Comment descouvrir li doie Par nul tour (MACH., R. Fort., c.1341, 21). ...car il voit la voie Qui droit le conduit et avoie, Si qu'il ne se puet desvoier (MACH., D. Aler., a.1349, 305).

 

-

Avoyer qqn durement. "Mettre qqn à mal" : ...car lui souvenoit Que, une foiz, garde se donnoit D'un homme, qui tout ert playé Et trop durement avoyé. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 69).

 

-

Avoyer en. "Remettre en" : Car elle m'avoie En la droite voie D'onneur dont riens ne savoie. (MACH., Lays, 1377, 331). Mais vostre consolacion M'avez par vostre ange envoié Et mon cuer en joie avoié, Qui triste estoit et paoureux (Mir. fille roy, c.1379, 89).

 

3.

Avoyer qqn à qqc. / à + inf. "Conduire qqn à, le pousser à" : LE PAPE. Mercy, sire doulx Jhesu Crist : A bien faire ton peuple avoie (Mir. prev., 1352, 274). Je ne sçay qui m'y avoia Fors que Dieu, qui la m'envoia. (Mir. Berthe, c.1373, 239). Et leur prioit que, pour Dieu et par pité, il volsissent entendre à aucun trettiet d'acort, et avoiier le roy d'Engleterre à çou qu'il y volsist descendre. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 80).

B. -

Avoyer qqc.

 

1.

Au propre "Diriger qqc." : NOSTRE DAME. Dy li qu'il adresce et avoie Ses yex a regarder sa hault, Et il me verra sanz default (Mir. emp. Julien, 1351, 221). Sa douceur fist mon cuer si tendre Que ne me pos onques deffendre Qu'il ne me faillist larmoier Et l'iaue du cuer avoier A l'ueil (MACH., Voir, 1364, 250).

 

2.

Au fig. "Mener, conduire qqc."

 

-

Part. passé. Bien avoyé. "En bonne voie" : Boutez vous touz deux la dedens ; Je ne mengeray mais des dens Si le vous aray envoié. Or est mon fait bien avoié, Si venist : je n'ay ceens ame (...) Il ne peut estre qu'il ne viengne Assez tost. (Mir. femme, 1368, 188).

 

-

Avoyer qqc. pour + inf. "Disposer qqc. à" : ...pour avoir mis un nouvel harnois ou camwiel dudit molin à eaue et un novel roet mettre ens, et le viez fer oster dudit roet et y mis un nouvel fer avec une nouvelle boiste, et la roe dudit molin mectre à cours et avoyer pour mouldre (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 644).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

Au propre "Se mettre en route" : Adonc un message s'avoye. A Mellusigne tost l'envoye (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 203). Sy nous fault tenir autre voye, C'est que chascun de nous s'avoye Et nous en alons tous unys Presenter devant les Juïfz, Nous excuser encontre tous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 843).

 

-

"Se diriger (quelque part, vers qqn)" : Ainsi s'image m'envoia Par le vallet qui s'avoia A moi et me dist en recoi... (MACH., Voir, 1364, 172). ...chascuns s'avoie En sa maison (MACH., P. Alex., p.1369, 42). Or ne me scé j'ou avoier, Ne quel chemin tenir, par m'ame. (Mir. fille roy, c.1379, 53). ...adont il s'avoye Celle part, et moult chemina Ce jour (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 46).

 

-

[Cont. métaph.] : Quant pour vous si fort me desvoie Que je m'avoie De mort en voie (MACH., Lays, 1377, 291).

 

-

S'en avoyer, s'avoyer de qq. part. "S'en aller" : "Guide, ne t'en avoy. En ceste place demourras Juqu'atant que veoir pourras Comme le fait se portera..." (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 257).

B. -

Au fig.

 

1.

"S'engager (dans telle ou telle voie)" : Et y peut l'en soy avoier [dans le plaisir] selon superhabundance et selon deffaute. (ORESME, E.A., c.1370, 220).

 

-

"Trouver sa voie" : Et si n'est tour ne vent ne voie Qui nouvelles m'en face oïr Pour mon dolent cuer resjoïr, Ne qui mon scens face avoier Que vers li peüsse envoier Pour moy recommander a li (MACH., C. ami, 1357, 75).

 

2.

S'avoyer de + inf. "Se mettre à (faire qqc.)" : Alons nostre Dieu convoier, Et pensons de nous avoier D'un biau chant dire. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224). Faites que soiez avoié De venir nostre espousé querre Et de le ramener bonne erre En sale (Mir. st Alexis, 1382, 303). ...je voy bien que vous estes avoyé de plaider, et j'ay volunté d'achever mes heures (C.N.N., c.1456-1467, 271).

III. -

[D'une période] Avoyé. "Engagé, passé" : ...contre raison, avoit fait prendre en ladicte ville d'Ypre, environ un mois avoié, Cristiain de le Veste t Brand, filz Hugues Stevins, frans hostes de nostredit terrouer du Franc... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1393, 571).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 9/53 
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     DÉSAVOYER     
FEW XIV via
DESAVOYER, verbe
[T-L : desavoiier ; GD : desavoier ; FEW XIV, 376b : via]

I. -

Empl. intrans. "Quitter la voie, le bon chemin, s'égarer (au fig.)" : Si avoit il desavoié, Dieu et sa Mere renoié Et au deable fait hommage (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 133).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Pousser hors de la voie, du lieu habituel, écarter (ici un animal)" : ...pour le rachat de trante pors que grans que petis, liquel avoit tué ung enfant qui les gardoit, pour l'eschauffement qu'il leur faisoit, selonc ce qu'il a esté trouvé, et neantmoins ont desadvoiés lidit habitanz lesdiz pors. (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.2, 1382, 124).

B. -

"Égarer, détourner (et ainsi mettre en danger)" : Quant en France estoie [Paix], Je l'entretenoie Seure par la voye, Par les villes coye, Si que nulz n'y meffaisoient. (...) Las ! Trop fort m'ennoie Que bannie en soie, Et qu'el se desvoie Du tout et forvoie ; Si que les estrangiers voient Ceulx qui en avoient L'onneur, qu'ilz devoient Garder s'ilz savoient, Qui la desavoient, Se Dieu des cieulx n'y pourvoie. (CHART., L. Paix, a.1426, 416). Puis, demain, se bon vous voyez, De saillir sur noz anemis, Pour ung peu les desavoyer Et qu'i puissent estre surpris. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 284). Mesmement eulx, par leur oultraige, Ont produit la voye et passaige Pour nous voloir desavoyer ; Mes souvent qui brasse potaige Ne vient pas a son avantaige, Car eulx mesmes ce sont noyez. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 475). Les Anglois sont mors et noyez, Que rechappé n'en est ung seul ; Et si sont si tres desavoyez Que nul d'eulx n'ose lever l'eul. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 478).

C. -

Desavoyer qqc. "Renverser" : Se Boreas tourne et Vulturnus corne, Qui desaorne [var. desavoye, destourne] arbres, plantes et jus, Il n'y aura toreau ne capricorne, Lion, licorne, ourse ne beste a corne Qu'il ne descorne et ne soit bouté jus (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 212).

III. -

Part. passé en empl. subst. "Égaré" : ...Quar les folx et desavoiez Ne deviennent point arroiez Pour devenir ["parce qu'ils deviennent"] prelatz ou princes. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 251).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/53 
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     DESVOYABLE     
FEW XIV via
DESVOYABLE, adj.
[T-L : desvoiable ; GD : desvoiable ; AND : desveiable ; FEW XIV, 374b : via]

A. -

"Qui dévoie"

 

1.

Au propre [D'un lieu] "Qui égare, où l'on risque de s'égarer, qui est peu praticable" : ...fortune me amena assez près de la mer, au bout d'une haute forest très devoiable, en laquelle estoient en aguet aucuns pillars et robeurs de mer (Doc. 1448. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-1460, 245). ...ilz entrerent en une forest tres desvoyable et penible a chevauchier. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 159). [Autre ex. IV, 263] ...le lieu estoit plus propre que nul autre, tant pour la sauveté des acteurs, comme pour trouver le corps du duc plus à son aise, et en lieu apte à ce pour le tuer, à cause du parc qui est une desvoyable forest, et là où souvent alloit comme tout seul et à très-peu de gens (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 481).

 

Rem. Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 297. Lancelot du Lac (éd.1488) ds GD II, 680b.

 

2.

Au fig. "Qui égare, fait sortir du droit chemin" : Femme est d'amistié ennemye, Pril de maison, bonté domye, Male aventure desviable, Mal necessaire. Quelle amye ! Saint Jorge, c'est pis que le dyable. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 206). Cerberus signiffie pechié, le desvoiable, Qui garde des enfers le gouffre redoutable. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 168).

B. -

"Qui est dévoyé, qui peut être dévoyé, détourné" : Donc, par povre confidence qu'il a en fragilité humaine, qui de tant légier est desvoiable par diverses passions... (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 357).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 11/53 
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     DESVOYABLETÉ     
FEW XIV via
DESVOYABLETÉ, subst. fém.
[T-L : desvoiableté ; GD : desvoiableté ; FEW XIV, 374b : via]

"Chemin écarté, sentier sauvage" : ...et quant ce chevalier vit que il fu desherité, si le couvint estre hors de son païs, et s’en ala tout seul, aussi conme une beste, foloiant ça et la par desvoiabletez. (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 405).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Hiltrud Gerner

 Article 12/53 
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     DÉVIANCE     
FEW XIV via
DESVIANCE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : desvoïance ; GD : desvoiance ; FEW XIV, 374b : via ; TLF : VII, 107a : déviant (déviance)]

"Fait de quitter le droit chemin (du devoir, de la religion...)" : Tant t'ait amer Jhesu, Marie Magdelainne, Que des pecchours t'ait fait fiance souverainne ; Exemple, solas, confort et escus d'esperance T'ait donner a tous ceulx qui sont en desviance (Prières saints R., t.2, 1350-1400, 342). Mais grant chose est de prendre chastoy en autruy desvoyance (CHASTELL., Avert. duc Ch. K., 1467, 330).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 13/53 
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     DEVIATEUR     
*FEW XIV via
DEVIATEUR, adj. et subst. masc.
[*FEW XIV, 378b : via]

"(Celui) qui dévie qqc., qui fait dévier qqc." : Puisqu'artifice est le ministre Naturel, abreviateur, Lequel a Nature administre Et que l'artiste adviateur [var. adulateur] De l'euvre n'est deviateur, Merveille n'est s'il fiert a bonne Car en tout temps mesure est bonne. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 105).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 14/53 
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     DÉVIATION     
FEW XIV via
DESVIATION, subst. fém.
[T-L (renvoi) : devïacïon ; GD : desviacion ; GDC : deviacion ; FEW XIV, 378b : via ; TLF : VII, 107a : déviation]

A. -

"Action de dévier ; en partic. de s'écarter de l'orthodoxie" : ...la foy catholique (...) a tousjours flory et prosperé, sans quelconque erreur et deviation, et a esté le nom de Dieu exaucé, et son eglise entretenue en sa liberté (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1461, 195).

B. -

"Écart dans la conduite" : Ainssi comme delit charnés est plus trouvé es josnes gens que es anciens, et non pas en tous jouvenceaux mais es desrigléz, ainssi ceste folie ou deviation des anciens n'est pas en tous mais en cheux qui sont legiers, non usans de raison (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 345).

C. -

"Fait de perdre la raison" : Deliramentum (...) : deviation, discorde (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 62).

 

Rem. Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500 (Deliramentum : deviacion), ds GD II, 679c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 15/53 
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     DÉVIER1          DÉVIER2     
FEW XIV via
DESVIER, verbe
[T-L : desvoiier1 ; GD : desvier ; AND : devier1 ; FEW XIV, 374a : via]

I. -

Empl. trans. Desvier qqc. "Faire quitter sa direction à qqc., dévier qqc." : ...quant le nourrissement, c'est a dire le sang et les autres humeurs, ne viennent au fruit, et sont desviez, ou declinez, ou envoiez aillieurs (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 125). Lieu plus seur est en terre que es grans tours Que fouldre et vent souventeffois desvoye (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 69).

II. -

Empl. intrans.

A. -

Desvier de. "S'écarter de, dévier de" : VENUS. Il n'est chose si villaine Ne [de] deshonneur si plaine En la face souveraine Des dieux qu'est humaine vie. Car on trouveroit a paine Prestre [ne] lay qui ne maine Que du droit chacun desvie. (Cene dieux, c.1492, 133). De belles loys de nature divie Commë inicque et faulx violateur (Cene dieux, c.1492, 118).

B. -

"S'écarter de la bonne voie, sortir du droit chemin" : Mais deffaillir, devier, pechier est en manieres inferes, si comme il fu dit en le .VIIIe. chapitre du secont livre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 361). LA NOURRICE [à Griseldis]. Dame, li Dieux qui ne devie, Qui tous nous a creez et faiz, Vous ottroit s'amour et sa paix, Et vous doint bonne vie et longue, Et celle de l'enfant prolongue Tant que nous l'aions a seigneur. (Gris., 1395, 61). Et tousjours a glouton quelque douleur Et est pesant, replet et gras et ort ; Sa vie abrege et approuche sa mort. Nul n'en a dueil ; homme ne le regraitte Se vers Sobresse il ne fait sa retraitte, Car c'est celle par qui nul ne devie : Ayde de sens et de santé la gaitte, Garde de corps et concierge de vie. (CHART., B. Nobles, c.1424, 407). Dévier, c'est forvoier et aler hors le droit chemin. (LA HAYE, P. peste, 1426, 193).

 

-

"S'écarter de son sujet, perdre le fil, s'égarer" : Aprez il fault notifier, Qui ne veult en l'art dévier, Que de ces choses défensives, Ou autrement préservatives, Qui nature ont de médicine Seulement selon la doctrine, Aucunes sont simples en soy (...) et aucunes par art confites (LA HAYE, P. peste, 1426, 130).

C. -

"S'égarer, devenir fou, perdre la raison" : Tant belle estez qu'ainsi m'aist Dieux Mon cry sera tant que desvie (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 197). Haro ! j'enrage, je devye, Le cueur de dueil me va partant ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 591).

 

-

Empl. pronom. : Raige m'occit, ou s'en fault peu ; Peu s'en fault que je ne me desvye : Desvier deusse sans delay. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 230).

 

-

Parole desviee. "Parole égarée, sotte, folle" : Vierge, de ce parler fustes bien esbaÿe, Maiz ains ne fut en vous parole desvÿe (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 419).

V. aussi desvoyer
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 16/53 
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     DÉVOI     
FEW XIV via
DESVOI, subst. masc.
[T-L : desvoi ; GD : desvoi ; FEW XIV, 374b : via]

A. -

"Détour" : Je croy que la (...) Soit le droit lieu ou il habite : Adressier m'y vueil sanz desvoy. (Mir. parr., 1356, 6).

B. -

Au fig.

 

1.

"Égarement" : Si leur nonçoit, a haulte voix, Les douleurs et les griefs desvois, Qui leur vendront, et la grief peine, Pour la venue dame Helaine, Qu'encor comparront chierement. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 67). Vous faites moult pou de services Au bas monde, a ce que je voy, Quant il est ore en tel desvoy Qu'a paine sera ravoié : Tant est infect et desvoié. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 129). Les griefs ennuys Mettez a chief, belle, ou suis jour et nuys En dur desvoy (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 52).

 

2.

"Ruse, fraude" : Tu meïsmes es, bien le voy, Plains de cuidier et de desvoy (Pastor. B., c.1422-1425, 98).

REM. Autres ex. ds GD II, 580a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 17/53 
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     DÉVOIE     
FEW XIV via
DESVOIE, subst. fém.
[T-L : desvoie ; GD : desvoie ; FEW XIV, 374b : via]

"Fait de se tromper de chemin, détour" : ...c'est le lieu estably pour nous, C'est le lieu ou nous monterons tous A jamais pardurable vie, Si Dieu plaist ; c'est cil sans desvie, Auquel irons pour vray et certes, Mais que nous facions les desertes. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 762).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 18/53 
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     DÉVOIEMENT     
FEW III via
DESVOIEMENT, subst. masc.
[T-L : desvoiement ; GD : desvoiement ; AND : desveiement ; FEW XIV, 374b : via ; TLF : VII, 118a : dévoiement]

A. -

Au propre

 

1.

"Fait de se perdre, de s'égarer" : ...c'estoit le chevalier qu'ilz avoient autresfois mené en Zellande a leur desvoiement ["quand ils s'étaient égarés"] (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 225). Or estoit-il entré en une grosse espaisse forest, là où n'y avoit ne voye, ne sentier, et en laquelle plus y entroit parfont, plus lui doubloit son desvoiement. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 243).

 

2.

"Chemin impraticable"

 

Rem. Ex. d'a.fr. et Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD II, 681a.

B. -

P. anal. MÉD. "Action de réduire"

 

Rem. PANIS, Guidon, 1478, ds TLF (le devoyement de l'apposteme).

C. -

Au fig.

 

1.

"Fait de quitter la droite voie, errement, manière d'agir insensée" : ...tout au contraire souveraine joye remplist leurs folz cueurs ou temps de leur grief et mortel dommage, c'est quant en la voye d'oiseuse se pevent embatre, en laquelle nul autre paradis ne presument leur estre propice, ne plus agreable, mais en ce chemin sont infinies à eulx les sentes de desvoiement (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 25). ...pleins de rage et de désespoir, pleins d'amertume et de mérancolie, pleins de clameurs et de desvoyement de sens et de paroles et de vertu et de courrage et de tout bon entendement (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 268). ...oncques ne s'est trouvé rébellion en lui, ne fierté, ne oncques desvoyement, ne descognoissance (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 12). Et pour tant ainsi que l'art non seulement est congnoissance, mais aussi faisant et ouvrant les choses qui se font selon l'art, mais congnoist des choses qui se fourvoient des rieules de l'art seulement, ainsi la science de Dieu congnoist et fait [ ... ] elle congnoist et voit les maulz et pechiéz, qui sont desvoiemens de la loy eternele, et au regard d'icelles n'est pas factive ne cause. (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF. CHASTELL., Heilemann, 34, 200.

 

2.

"Débauche"

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, gloss. (devoiement ; var. de les dornoiemens des belles dames, devoiemens, p.124).

 

3.

"Dérèglement de qqc." : ...mise en l'abay de fortune et du monde par desvoyement de nature (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 91).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 19/53 
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     DÉVOIERIE     
FEW XIV via
DESVOIERIE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : desvoierie ; GD : desvoierie ; FEW XIV, 374b : via]

"Fait de s'écarter de la raison, de la justice"

REM. Percef. (mais éd. 1528) ds GD II, 681c-682a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/53 
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     DEVOYER     
*FEW XIV via
DEVOYER, verbe
[T-L : desvoiier2 ; GD : desvoier2 ; *FEW XIV, 375a : via]

"Délimiter"

REM. Doc. 1372 (desvoier) et 1378 (desvoyer) ds GD II, 681c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/53 
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     DÉVOYER     
FEW XIV via
DESVOYER, verbe
[T-L : desvoiier1 ; GD : desvoier1 ; GDC : desvoier ; AND : desveier ; DÉCT : desvoiier ; FEW XIV, 374a : via ; TLF : VII, 133b : dévoyer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

"Écarter qqn de la voie qu'il a prise"

 

-

"Écarter qqn (de quelque part)" : On vous doit bien, vierge, loer, Quant pour nous d'enfer desvoier Dieu se fist en vous homme (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 77).

 

-

"Écarter qqn (de qqn)" : A l'onneur, amour et reverence de vous, monseigneur Loÿs de Luxembourg (...) mon hospital, mon reffuge et de tous les nobles sans reproeuche desvoyés [on peut comprendre : "moi qui suis de tous les nobles écarté"] (LA SALE, Sale D., 1451, 1).

 

2.

"Détourner qqn ou qqc. de la droite voie, du bon chemin" : Belle Hero au gent atour Ot en sa maison une tour Ou toutes les nuis l'atendoit, Et un sierge ardant la tendoit, Auquel Leandus se ravoie Souvent, quant la mer le desvoie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 249). Et y eut, si com je fui adonc enfourmés, par tempeste de mer, douze nefs peries et desvoiies, et les aultres retournèrent à Bervich. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 155).

B. -

Au fig.

 

1.

Desvoyer qqc. "Écarter qqc." : ...Affin que leur erreur s'efface Et que leur emprise on desvoye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 442).

 

2.

"Mettre qqn ou qqc. hors de la droite voie, du bon chemin, détourner qqn ou qqc." : "Nous volons avoir compte dou grant tresor de Flandres que vous avés desvoiié sans nul title de raison." (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 101). C'est le vice qui tout desvoie. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 101). ...seront tous vous barons desvoyés (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 426). En son livre, non trop prolice, Ou parle de l'Apocalipse, Dit cil meismes que or est matiere De labour et de paine entiere, Peril du possesseur et voie Qui les vertus toutes desvoie, Et que or est mal seigneur a gent, Et qu'il est un traitre sergent. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 208). Et avec ces choses, pour ce que joennece nourrie en delices et aises aucunes fois puet de legier estre encline a trop grant gayeté de courage, laquelle gaieté pourroit desvoier la joenne personne qui n'a point de malice de ce garder, convient par especial mettre frain de longue main, si que ja est touchié cy devant, ains que l'inconvenient aviengne. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 96). ...le devision de l'églisse agensie, Qui avoit par errour et par simonnie Estet mout longement au siècle desvoïe, Fu par ces nobles prinches vaillanment radrecie, Tant que par vraie amour et par exscuse ounie Furent trestout d'acort le roi et la clergie (...) C'on envoiroit clers par deviers Rommenie, Et, par élecquesion de vois peupelye, Feront ung ciertain pape qui ara le mestrie De dominer au monde, sans mal et sans envie, Pour le sisme effachier d'orguel et de boidie (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 358). ...je ne suis point venu en ce paÿs pour desvoier damoyselles (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 16).

 

-

Desvoyer la voie de. "Détourner la voie de" : Pour ce mesprendroie, S'en mon lay disoie Que j'oie De joie, Ou se de samblant joieus Faire le voloie, Qu'Amours qui me loie Desvoie La voie Des biens dont sui familleus. (MACH., Les lays, 1377, 322).

 

3.

"Égarer, troubler, bouleverser qqn, l'agiter (psychiquement)" : ...long de vous tout m'anoie Et desvoie Mon cuer et tient en irour. Dont pour vostre amour morroie, Se j'estoie Longuement en telle ardour. (MACH., Ch. bal., 1377, 602). Un souvenir qui dolereusement Est engendrés pour ma desconfiture. Cil souvenirs me ramentoit souvent Le dous viaire et la maniere coie Dont je ne puis attraire aligement. Helas ! dolans, c'est ce qui me desvoie Et qui me fait dou tout desconforter (MACH., L. dames, 1377, 58). Helas ! einsi languiray Tous seus, sans cuer et sans joie, Et en doubtance seray De vous qu'oubliés ne soie. Las ! c'est ce qui me desvoie Et qui durement empire Ma dolour et mon martyre. (MACH., L. dames, 1377, 105). Et si n'ay je mie matiere De moult grant joie demener, Car l'onnour que je tant compere M'estuet perdre et mort endurer ; C'est ce qui mon cuer desvoie. Mais bons cuers, pour riens qu'il voie, Ne se doit desconforter ; Pour ce fain je d'estre en joie, Et si langui pour amer. (MACH., L. dames, 1377, 124). Et ce disoit elle sur son cueur, mais c'estoit pour desvoier les parlans. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 23).

 

-

Estre desvoyé de son entendement. "Avoir perdu l'entendement" : ...ou je suis desvoyé de mon entendement (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 209).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

Au propre

 

1.

"Se détourner de son chemin, s'égarer" : Et quant il l'apparceut, fist semblant de soy desvoier et prendre autre chemin. (LA SALE, J.S., 1456, 61).

 

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss.

 

-

Se desvoyer de. "Se détourner de" : Mais loing et prés tous ceulz qui l'oient [Polyphème] De son encontre se desvoient. (MACH., Voir, 1364, 622).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Mais une chose trop m'arguë, Qu'entre gent, partout et en rue, Quant vous dites : "Venés a mi", Vous m'appellez vo doulz ami Et volés bien que chascuns sache Que vous m'amés ; dont je me cache, Quant ensement parler vous voi, Que de vo voie me desvoi : Uns bien d'amours couvertement Donnés vault .C. ouvertement. (MACH., Voir, 1364, 254).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Qui est à l'écart (de la voie ordinaire, de la voie ordinairement pratiquée)" : ...ce chemin va tout droit au chastel desvoyé (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 206).

 

2.

"S'écarter de la droite voie, du bon chemin" : Aler vueil encor ceste voie, Si ne sçay je se je desvoy. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 107). L'estoile est qui puet adrecier Les desvoiés et ravoier ; Helas ! or me fait desvoier. C'est la fontainne douce et clere Qui puet dou tout assasier L'ardant soif de mon desirier Et tous mes griés maus alegier ; Mais trop m'en est Amours avere. (MACH., Les lays, 1377, 378). O quans en sont et perilz et noyés (...) qui l'aguille de leur boiste n'avoient pas touchie a la Pierre d'aymant, a la Vierge Marie, de ceste vertueuse Estoille tremontane doulcement ravoyans les maronniers desvoyans. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 321). Pour ce, volt toute creature, Par le grant Deluge noyer, Car trop les veoit desvoyer (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 140). Depuis les precedentes euvangiles est avenu que un homme et sa femme aloient de Lille a La Bassee, et environ Fournes les surprint la nuit moult obscure, et assez tost aprés ilz se desvoyerent par ce que a leur avis, tousjours veoient loing d'eulx une chandeille. Si sieuvirent icelle jusques au prez du jour qu'ilz s'apperceurent estre retournez ou lieu ou la nuit les avoit pris. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 141). Messeigneurs, on m'a adverti Que les François si sont en voye Et que des Anglois ont ouy Des nouvelles pour chose vraye. Adfin que l'oust ne se devoye, A La Hire convient mander Qu'i n'y touche par quelque voye, Et qu'i vueille l'armee tarder. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 334).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Estoile clere qui ravoie Les cuers desvoiez a droit port (MACH., R. Fort., c.1341, 84). ...il desvoie comme aveugle et ist hors tant de la purté de la foy comme de la sente de raison. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 155).

 

-

Part. passé en empl. subst. : L'estoile est qui puet adrecier Les desvoiés et ravoier (MACH., Les lays, 1377, 378).

B. -

Au fig.

 

1.

[De choses] "S'écarter (de la voie ordinaire, de sa condition naturelle)" : Et s'il t'eust baillé de fait par luy mesmez ce qu'il mist en ton povoir d'aquerir par ton industrie, tu ne fussez pas si parfaictement creé que tu es. Car les bestes et lez plantes ont l'estat de leur estre et perfection ordonnee de nature, laquelle ilz suyvent sans devoier par statut necessaire, et tu as en ta franchise et en ton povoir le conduit de ta vie, et l'election de ton bien ou de ton mal. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 151).

 

2.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.]

 

a)

"S'écarter de la droite voie" : Quant par ce se sent refusez, Pas ne se tient pour abusez De son droit ; car il voit la voie Qui droit le conduit et avoie, Si qu'il ne se puet desvoier, De li doucement reprier Par Amours, de tous biens habonde, Une fois qu'on dit la seconde Qui vient après la fois premiere. (MACH., D. Aler., a.1349, 305). Je preng tres bien en pacïence Che que Dieu me veult envoyer : La persone n'a pas scïence Que pour mort se veult desvoyer. (Mors de la pomme, 1400-1450, 60).

 

-

(Se) desvoyer de. "S'écarter de" : ...et follement errent et desvoient de la sente d'equité et de justice. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 407).

 

-

(Se) desvoyer à/de + inf. "(Se) détourner de" : Se le justicier aperçoit que les jugeurs desvoient à faire jugement par ignorance ou par malice, jasoit ce que touz s'i consentent, il doit delaier son jugement et avoir conseil devant (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 108). ...envers vous je ne feray enchantement nul qui vous puist desvoier de vostre propre voulenté faire. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 232). Et que poinct tu ne te desvoye De demander ce que voulras, Car, en effect, mais qu'il te voye, Fera ce que demanderas. (LA VIGNE, S.M., 1496, 505).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Détourné du droit chemin, dévoyé" : Vous faites moult pou de services Au bas monde, a ce que je voy, Quant il est ore en tel desvoy Qu'a paine sera ravoié : Tant est infect et desvoié. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 129).

 

-

Inf. subst. : Rien n'y vauldra le desvoier ; On ne pourra rien renoier. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 567).

 

b)

En partic. "S'égarer moralement, s'écarter du droit chemin" : Sains Pierres tant se desvoya Que par trois fois Dieu renoya (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 132). Mon oncle, qui tant desvoya Que mon pére occist, et noya Ma mére pour le regne avoir (Mir. Clov., c.1381, 231). Qui voeult que son mari point ne se desvoie vers autres femmes, si face par trois lundis chanter messe de sainte Avoie. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 121).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Moralement égaré, dévergondé" : ...il luy print volunté de soy marier ; si le fut, et a la plus devoiée femme qui fust (C.N.N., c.1456-1467, 489). Quand elle vit qu'il la fuyoit ainsi, et qu'elle n'avoit a qui tencer ne monstrer sa devoiée maniere, elle se mist en la queste de luy (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

-

Part. passé en empl. subst. : Mére Dieu, royne de gloire, Qui les desvoiez ravoiez (Mir. ste Bauth., c.1376, 137). Dieu qui tous temps les desvoyez avoye Et qui secours doulcement leur envoye (LA VIGNE, S.M., 1496, 348).

 

c)

"S'égarer, se troubler (psychiquement)" : ...si est l'opinion des hommes de petite consideracion et de petit sens et qui desvoient et s'esgarent aus grans choses (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 347). Car tant desir vostre corps gracieus, Vo dous viaire et vo maniere coie Et vos regart plaisant et savoureus à reveoir que mes scens se desvoie Par force de grant desir, Ne de mon cuer ne puet dolour partir, Einsois y tient si longuement sejour Que pour vous sui de morir en paour. (MACH., L. dames, 1377, 134).

 

-

"S'égarer, devenir fou, perdre la raison" : Vostre niez Espaigne en perdy (...) Et de dueil si se desvoya C'on ne scet ou il s'avoya (Mir. Oton, c.1370, 377). Et puis qu'il ne vous plaist que j'oie Solas et joie Qui me resjoie, Ne que je joie De nul bien, ains y estes joieuse Quant pour vous si fort me desvoie Que je m'avoie De mort en voie, Bien me plaist, dame savoureuse (MACH., Les lays, 1377, 291). Si m'en desvoy, Car plus le desir, moins le voy, Quoy que de cuer lui faiz convoy Et mes pensees lui envoy. (CHART., L. Dames, 1416, 251). Ha ! Leauté c'on ne puet trop loër, comment poëz tu veoir ceste dolente dame soy degaster et baignier en larmez et pourquoy ne reprens tu aigrement celuy quy sans raison ainsi se desvoye et auquel j'ay fait tout le plaisir c'on porroit faire a homme vivant (Comte Artois S., c.1453-1467, 116).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

Part. passé en empl. adj. "En mauvais point, troublé" : Lors m'acola, Maiz le mal gueres n'affola Son cuer qui bien loing s'en vola. Ainsi de moy se rigola, Qui effraiee Fuz pour lui, triste et esmaiee, Plaine de päour, desvoiee ; Et së il m'eust veü noiee, Ne l'eust chalu. Or fuÿt quant ferir falu ; L'amour de moy riens n'y valu Et son honneur fut nonchalu. (CHART., L. Dames, 1416, 288). ...pour la joye qu'elle eut de ce que son mary n'estoit point si mal ne si desvoyé qu'elle esperoit (...), elle s'en alla querir ses enfans [Le mari a feint d'être malade] (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Desvoyé de sens/d'entendement... : Aussi fui com tous desvoiez De scens, de memoire et de force Et de toute autre vigour. Pour ce Estoie je cheüs en transe Aussi com cils qui voit et pense Sa mort devant li toute preste. (MACH., R. Fort., c.1341, 54). Quant tout le sens de lui perdi Pour le mal qu'a lui s'aërdi, Qui dou tout le deshonnoura, Plus perdi, meins li demoura. Vous dites que mal ne sentoit, Pour ce que desvoiez estoit De maniere et d'entendement ; Mais il est bien tout autrement : Car avant que homs son sens perde, Ne que forsens a lui s'aërde, Le prent et seurprent maladie Qui le trait a forcenerie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 227).

 

-

Part. passé en empl. subst. "Fou, insensé" : Sus ! avant ! valetons. En debvoir nous mettons, Tant qu'il soit definé. Frapez fort a tastons, Roullons et combatons Dessus ce desvoyé. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 232).

 

d)

En partic. "Faire fausse route, se tromper" : Las ! Trop fort m'ennoie Que bannie en soie, Et qu'el se desvoie Du tout et forvoie (CHART., L. Paix, a.1426, 415). L'autre doubte [à la cour] est la paour qu'on a de mesprendre. Car, à faire diverses choses et à complaire aux seigneurs, il y a bien manière de y tenir le moyen ; et est plus aisé de desvoyer que de tenir le droit chemin ; et advient souvent que, par cuider complaire, on desplait. (BUEIL, I, 1461-1466, 48).

V. aussi dévier1
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 22/53 
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     ENFOURVOYER     
FEW XIV via
ENFOURVOYER, verbe
[GD : enfourvoyer ; FEW XIV, 375b : via]

"Fourvoyer, égarer"

Rem. Percef. éd. 1528 ds GD III, 157c ; mais leçon informer ds Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 340.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 23/53 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENRAVOYER     
*FEW XIV via
ENRAVOYER, verbe
[AND : enravoier ; *FEW XIV, 375b : via]

Empl. trans. "Remettre dans la bonne voie, réconforter" : "M'amie, enne ai je bien et parfaitement fait cest chanson ? - Oïl, vrayement, mon signeur, tres bien à poynt, car vous m'avez enravoiee tout le cuer et le sang". (Man. lang. G., 1396, 65).

Rem. Cf. AND, enravoier (Même et unique ex.).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 24/53 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENTREVOIE     
FEW XIV via
ENTREVOIE, subst. fém.
[AND : entreveies ; FEW XIV, 371b : via]

"Espace entre deux voies" : Intervium (...) : entrevoie (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 250). Se chascun eust mené la vie Qui de droit luy est establie, Sans prendre sentier n'entrevoye, On eust delaissé toute envye Qui est celle que Dieu mauldie Par qui le monde se devoye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 67).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 25/53 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENVOIE     
FEW XIV via
ENVOIE, adv.
[T-L : voie ; FEW XIV, 377a : via]

A. -

"Dehors, vers l'extérieur ; loin" : Et volenté si le semont [Narcisse] Que de criier envois, envois "Eqo ! Eqo" [la nymphe Écho] a clere vois. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 162). ...et l'emynat envoie en une fortereche fours de nostre paiis com prisonier (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 319). Et voiant ce Jacotin s'asseura ung peu et prist le baston de Mahienot, qui gisoit d'enprés ly, et le rua envois, et tout asseureement a longs pas alla querir le sien, qui gisoit assez loingz de ly (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 326).

 

-

Couper envoie. "Enlever, amputer" : Et qi voele la plaie garrir et le homme de morte garantir, il covient, s'il soit en doy, qe homme le coupe tout envoie, et ensi de la mayn, ou de bras, du piee, du jambe, ou en quel membre qe le fieu soit espris eynz, il le covient couper, ou le homme est mort. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 164).

 

-

Fuir envoie. "S'enfuir loin" : ...tantost s'en fuï envois (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 97). [Pour d'autres ex. de FROISS., cf. la note de l'éd., p.180-181]

 

-

Nager envoie. "Partir par la mer" : ...et fist [Jason] son harnois aparelhier, puis montat sor mere, et awec li son compagnon Hercules et XXX chevaliers, et nagarent envoie. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 21).

B. -

"Vers l'arrière" : Li cops en l'espaule avala, Car la targe tourna envoies. L'espée entra plus de .III. doies En l'espaule dou chevalier (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 257).

REM. V. voie A 4.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 26/53 
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     ESVOI     
*FEW XIV via
ESVOI, subst. masc.
[*FEW XIV, 375a : via]

"Égarement"

Rem. Myst. process. Lille K., a.1485, 34/106 (Sans esreur, sans mal, sans esvoy).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 27/53 
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     ESVOYER     
FEW XIV via
ESVOYER, verbe
[GD : esvoier1 ; FEW XIV, 375a : via]

"Envoyer"

Rem. Baud. Sebourc C., c.1350, 10500 (esviet).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 28/53 
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     FOURVOI     
FEW XIV via
FOURVOI, subst. masc.
[T-L (renvoi) : forvoi ; GD : forvoi ; FEW XIV, 375b : via]

"Fourvoiement, fait de s'égarer" : ...Et qui voeult forvoyer, forvoie. Mais pour forvoy que nullui face, Scïence n'en croit ny abaisse. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 73). C'est bon que vous venés o moi, Si serés hors de tout fourvoi. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 94). Cascuns de nous va tant et marce Que nous venons sans nul fourvoi Droitement ou le temple voi. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 97). ... ta dame au corps agensi Ressambleroit sans nul fourvoi Chelle qu'en ton present je voi. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 114). Tousjours eschiet remords en un coeur de roy ; et combien qu'il y peut escheoir fourvoi, enfin toutesfois il retourne à sa nature. Coeur de roy est un précieux coffre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 167). Loyaulté est une vertu complice Pour gaignier ceurs et en bien rapeller Ung fourvoyé et du fourvoy saulver. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 24).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 29/53 
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     FOURVOIE     
*FEW XIV via
FOURVOIE, subst. fém.
[*FEW XIV, 375b : via]

(synon. fourvoi) : Aler ne poeut la droite voye, Mais par trichy et par forvoye, Fuïte et liberacion, Et tout a sa confusion. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 164).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/53 
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     FOURVOIEMENT     
FEW XIV via
FOURVOIEMENT, subst. masc.
[T-L : forvoiement ; GDC : forvoiement ; FEW XIV, 375b : via ; TLF : VIII, 1179b : fourvoyer (fourvoiement)]

A. -

"Action de dévier une voie ; déviation" : ...pour évicter la dicte roche dure, l'en devoit ung peu forvoier ledit voiage au fons d'icelluy et tirer à la main senestre, et qu'il ne leur sembloit point qu'il fust expédient prendre ledit forvoiement au millieu dudit voiage (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 345).

B. -

Au fig. "Action de s'égarer ; écart" : L'ordre, qui est or tres estable, Par son forvoyement muable Fauldroit et yroit tout a mal, Se la fontaine original [= Dieu] Laissoit son obeÿr a lui. (Böece Conf. reman. C., c.1400-1500, 132).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 31/53 
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     FOURVOYABLE     
FEW XIV via
FORVOYABLE, adj.
[T-L : forvoiable ; GD : forvoiable ; AND : forveable ; FEW XIV, 375b : via]

"Où l'on s'égare facilement" : Si avint (...) qu'ilz trouverent la tresgrant et forvoyable forest la ou l'armee [entra] par le conmandement Cyrus (MAMEROT, Traité Neuf Preues S., c.1461-1472, 150).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Hiltrud Gerner

 Article 32/53 
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     FOURVOYER     
FEW XIV via
FOURVOYER, verbe
[T-L : forvoiier ; GD : forvoier ; GDC : forvoier ; AND : forveer ; DÉCT : forvoiier ; FEW XIV, 375a : via ; TLF : VIII, 1179a : fourvoyer]

I. -

Empl. trans. "Détourner, dévier, égarer" : Esperance vostre doulx cueur forvoye, S'elle vous dit que son vueil retourner Vouldra briefment, de ce ne la croiroie, Pour serment qu'elle ne peust jurer (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 340). Dangier avez contre vous atisé, Quant Sot Maintien tellement vous forvoie (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 245). On dit : bien vient de male voye Qui du meillieu si s'en retourne, Prions a Dieu qu'i nous convoye Et a bien faire nous atourne, Et que Fortune plus ne tourne Sa roue, qui tant nous forvoye, Car nostre vie se bertourne Bien brief, se Dieu ne nous pourvoye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 69). ...pour évicter la dicte roche dure, l'en devoit ung peu forvoier ledit voiage au fons d'icelluy et tirer à la main senestre, et qu'il ne leur sembloit point qu'il fust expédient prendre ledit forvoiement au millieu dudit voiage (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 345).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui égare" : Des voies a cy forvoians Et a mal chemin avoians. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 41). Et mesmes leurs semblans les suivent, En couvoiant, Par un droit chemin forvoiant Sans estre a Dangier pourvoiant. (CHART., L. Dames, 1416, 271).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. (Se) fourvoyer

A. -

Au propre

 

1.

[D'une chose (ici des plumes d'un oiseau)] "S'écarter (de la position normale)" : Et quant je m'en fu perceüs, Que je ne fusse deceüs, Je le fis voler [l'épervier] un petit, Pour vëoir, s'en son apetit De voler, li radresseroient Les plumes qui se forvëoient. Mais je vi bien apertement Qu'estre ne pooit autrement Que muër ne le couvenist, Quelque grief qu'il m'en avenist. (MACH., D. Aler., a.1349, 282).

 

-

"Déséquilibré" : ...d'avoir mis le dit molin a ploncq et en estat, qui estoit tout fourvoyé par le grant orage de vent (Doc. 1443. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 680).

 

2.

[D'une pers.] "Perdre son chemin, se tromper de chemin, s'égarer" : Car se dit saint Bernart : Se tu la suiz, tu ne peuz forsvoier... (Mir. Theod., 1357, 81). Il n'est nul si estrange quant l'en voit que il forvoie que l'en ne soit naturelment encliné a le adrecier et que l'en ne le face qui le puet et scet, se empeschement n'y a pour haine ou pour perversité de nature. (ORESME, E.A.C., c.1370, 413). Or vous parlerons dou premier escuier le dit conte, qui estoit partis dou Puirenon à heure de mienuit, et qui toute le nuit s'estoit fourvoiiés, sans tenir voie ne sentier. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 177). ...vous en aurez vostre haute chemyn vers Aurilians tout droit devant vous, si que vous ne pourrez ja forvoier, senon que vous vuillez. (Man. lang. G., 1396, 69). "...il sera tantos tart et fera brun de la nuit. Si vous poriés, qui estes rois de France, aussi bien fourvoiier que avoiier, et mettre sus vostres ennemis que entre vostres amis ; et vous tous seuls, ne poés pas faire la besongne." (FROISS., Chron. D., p.1400, 732). ...es alees de lui Se mectra, qu'il ne se forvoye, Et lui apprestera la voye. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 27). A Confort dis : "Jusqu'a demain Ne me laissiez, car je pourroye Me forvoier, pour tout certain, Par desplaisir, vers la saussoye Ou est Vieillesse rabat joye..." (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 115). Dévier, c'est forvoier et aler hors le droit chemin. (LA HAYE, P. peste, 1426, 193). DANDO. Despeschez vous sans faire pause. ROUSSIGNOL. Dea, tout doulx, sans se forvoyer. (Sots Magn., a.1488, 209).

B. -

Au fig.

 

1.

Se fourvoyer de qqc. "S'écarter de qqc. (de ce qui convient, de la vérité...)" : "Et je m'en irai à Ippre parler à ceux de Ippre (...) et remonstrer comment nous sommes conjoint ensamble par une unité, et que nuls ne se fourvoie ne isse de ce que nous avons juret ensamble à tenir." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 287). Et pour tant ainsi que l'art non seulement est congnoissance, mais aussi faisant et ouvrant les choses qui se font selon l'art, mais congnoist des choses qui se fourvoient des rieules de l'art seulement, ainsi la science de Dieu congnoist et fait [...] elle congnoist et voit les maulz et pechiéz, qui sont desvoiemens de la loy eternele (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

-

Part. passé en empl. adj. : O hommes forvoiez du chemin de bonne cognoissance, feminins de couraiges et de meurs, loingtains de vertuz, forlignez de la constance de voz peres, qui pour delicieusement vivre choisissez a mourir sans honneur, quelle musardie ou chetiveté de cuer vous tient les mains ployees et les voulentez amaties... ? (CHART., Q. inv., 1422, 10).

 

.

Prov. A coup est on fourvoyé, si on n'a guide : A cop est on fourvoyé, qui n'a guide. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 770).

 

-

(Faire) fourvoyer (qqn) de qqc. "Détourner (qqn) de qqc. (qui représente le bon choix)" : ...et tout ce fait l'Anemi afin de traire a sa cordele lez gens et pour lez faire forvoïer de la foy catholique (Songe verg. S., t.1, 1378, 377). ...fui couroux et yre, afin qu'ilz ne te baillent pas leur cruelle pestilence ; car ce sont les voies qui font furvoier du droit (LA SALE, J.S., 1456, 19). Mere de Dieu glorieuse, Et piteuse, Deffends m'ame de perillier En la mer, tant perilleuse et doubteuse, Du monde si fort à passer ; Mon bateal veullez gouverner Et fourvoyer Du roch de perission (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 68).

 

-

Part. passé en empl. adj. : En la forest de Longue Actente, Forvoyé de joyeuse sente Par la guide Dure Rigueur, A esté robbé vostre cueur, Comme j'entens, dont se lamente. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 421).

 

-

Part. passé en empl. subst. "Celui qui s'égare, qui s'est égaré, qui s'écarte, qui s'est écarté du bon chemin" : De tout sui gouverneresse Et de tous maus (je) sui miresse, J'enlumine les non veans Et donne force aus recreans, Je relieve les trebuchiez Et radrece les fourvoiez. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 11). Sire, je te pri humblement, Qui es des forvoiez adresce, Que vueilles ceste pecherresce D'enfer tencer. (Mir. mère pape, c.1355, 360). O tres doulx et tres begnin Saint Esperit, protecteur certain et conforteur des desolez, pere des povres, tuteur des orphelins, lumiere des aveugles, conduiseur des forvoiez, joye des tristes, secours des affigiez, le vray et seul ami qui ne failliez au besoing (GERS., Pent., p.1389, 74). Item par misericorde reduit les errans et fourvoians a soy, ceulz qui vont maine a lui, les trebuchans relieve, ceulz qui sont drois et estans, il les tient sans delaissier, les perseverans introduit en sa glore. (Somme abr., c.1477-1481, 180).

 

2.

"Se tromper, commettre une erreur" : "Et voirement, monseigneur, ilz ne se fourvoient pas à cela dire que Dieu est pour eulx, car en toutes les choses que ilz ont esté en armes depuis la mort du roy Ferrant, soit grande soit petite, ilz ont eu victoire et journée pour eulz." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 292). Fault lors purgier et netoier, Qui ne veult en l'art forvoier, Par les médicines déues Et à cela faire esléues (LA HAYE, P. peste, 1426, 116).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 33/53 
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     HORSVOYER     
*FEW III foras *FEW XIV via
HORSVOYER, verbe
[*FEW III, 702a : foras ; *FEW XIV, 377a : via]

"S'égarer" : Car se vous y entrés, horvoier vous pourrés. (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 427).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 34/53 
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     MARVOYER     
FEW XIV via
MARVOYER, verbe
[T-L : marvoiier ; GD : marvoier ; FEW XIV, 377a : via]

I. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

"S'égarer, se fourvoyer"

 

-

Part. passé. [À propos de Julien l'Apostat] "Fourvoyé" : Deffens nous des vilains desrois De Julien le marvoyé, Qui Dieu et toy a renoyé (Mir. emp. Julien, 1351, 192).

B. -

"Devenir fou, devenir comme fou (sous l'effet du souci, de la douleur, de la colère...)" : Ce qui me het, c'est ma dame au corps gent, Qui est ma mort et mon destruisement, Quant je li voy Autrui amer, et n'a cure de moy Qu'elle deüst amer en bonne foy, Si qu'a peinne que tout ne me marvoy [var. que tout mort ne me voy] De ceste amour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 94). Ce n'est pas ton honneur, ce croy, Quant je te ser en tele foy Qu'humblement a morir m'ottroy, Se c'est tes grez, Pour ma dame que plus ne voy. Car doubte ay, dont je me marvoy, Que ses gentis cuers envers moy Ne soit irez. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Et quant le hestal lui failly, si en print un autre et fery ça et la, si que a paine l'osoit nul approuchier, car ilz cuidoient que il feust marvoié et que deables feussent entrez en son corps, et disoient que nul homme naturel ne pourroit ce faire ne souffrir (Bérinus, I, c.1350-1370, 372). LE MARI. (...) de douleur suis envahiz Dure et cruelle. (...) Las ! A po que je ne marvoy. (Mir. enf. ress., 1353, 63). J'ay sy grand duel au cuer, a poy que ne marvoie, Quant sotie m'asaut et amours me desvoie (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 392). Las ! cilz desirs ne laist amenuisier La grant doleur qui longuement me dure, Einsois la fait toudis monteplier En acroissant ma langour et m'ardure, Si que mes cuers qui aimme outre mesure En desirant se despoire et marvoie, Quant je ne voy ma dame simple et coie. (MACH., L. dames, 1377, 37). Et si cognoy Qu'onques n'oy Tant d'anoy. Si m'en marvoy, Quant je voy Bien qu'avoy N'arai n'ottroy, Ne qu'Amours ne m'yert tendre (MACH., Les lays, 1377, 306). Et le roy prist l'espée, et, d'ire et de couroult, se marvoya ou desespera, ou il fut empoisonnéz ou ensorceléz ou entaraudéz, comme l'en tenoit (Chron. Valois L., c.1377-1397, 324). Amis, gaires ne demourra Que delivré seras de ci (...). Garde que plus ne te marvoies, Pren confort en nostre presence, Et en joieuse pacience Porte ce qu'avenir te peut. (Mir. fille roy, c.1379, 107). Merveille est que ne marvoy, Quant je voy Morte la plus gracieuse Et la mieudre en bonne foy Qui, je croy, Fust onques, ne plus joyeuse. (DESCH., Art dictier R., 1392, 282). Lors l'amant qui pres se marvoie, En souspirant le mort ymage Baise cent fois ou bois ramage, Et son doel, quant la troeve froide Com marbre... (Pastor. B., c.1422-1425, 84). Quant Englentine l'oÿ, pou s'en failly que de couroux et d'ire ne marvoyast, mais oncques samblant n'en oza monstrer (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 68).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

Marvoyer du sens. "Devenir fou" : LE CURÉ. Je puisse du sens marvoier S'huy mais passe le sueil, biau sire (Mir. mère pape, c.1355, 393).

 

-

Inf. subst. : "J'en sui si plains d'ire Que droit sur l'ain ["sur le point de"] dou marvoiier..." (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 196).

II. -

Empl. trans. "Mettre dans la mauvaise voie, égarer"

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 175.

REM. Vieilli au XVe s.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 35/53 
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     PIEVOIE     
FEW XIV via *FEW VIII pes
PIEVOIE, subst. fém.
[T-L : piévoie ; GD : pievoie ; FEW XIV, 374a : via ; *FEW VIII, 303 : pes]

Région. (Nord) "Chemin que l'on ne peut emprunter qu'à pied" : ...par les voies des murs [par les chemins de ronde] [var. par les pievoies des murs] (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 460). [var. Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 988]

REM. Nombreuses références (Tournai) ds GD VI, 154b-155a.. V. aussi piesente. Calque sur le néerl. voetpad (all. Fußpfad).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 36/53 
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     RAVOIEMENT     
*FEW XIV 376b via
RAVOIEMENT, subst. masc.
[*FEW XIV, 376b : via]

"Action de remettre dans la bonne voie" : Fort est d'eus a bien ravoier. Perillieus le desvoiement Est, fort le bon ravoiement. Et avons rigle general Que plus sommes enclin a mal Que a bien faire nous ne sommes. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 78). ...de rappeller au droit chemin ceulx qui sont desvoiez se je puis, ou quel ravoiement... (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 92). ...le ravoiement de tous desvoiés (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 194).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 37/53 
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     RAVOYER     
FEW XIV via
RAVOYER, verbe
[T-L : ravoiier ; GD : ravoier ; DÉCT : ravoiier ; FEW XIV, 376b : via]

I. -

Empl. intrans. "Retourner, revenir (qq. part, auprès de qqn..., au propre ou au fig.)" : ...je vous vueil requerre Que de mon ost vous soiez maistre Et des gens que je vueil conmettre Et sur les François envoier, Car faire les vueil ravoier Et retourner a ma mercy. (Mir. st Lor., 1380, 126). Noué le maudit [le corbeau], quant il vit Que vers lui point ne ravoya, Et le coulon y envoya (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 142).

II. -

Empl. trans.

A. -

Ravoyer (qqn). "Remettre qqn dans la bonne voie (au propre ou au fig.)" : C'est Marie, virge mere, Qui conçut (et) porta son pere, C'est l'escharboucle estincelant, La nuit du monde enluminant, Par la quelle sont ravoiés Tous eschampés et forvoiés (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 289). ...De Dieu amie et de Nature Et de toute autre creature, Exemples vrais, miroirs de joie, Estoile clere qui ravoie Les cuers desvoiez a droit port, Contredoleur, santé, deport, Retour de mort et medecine (MACH., R. Fort., c.1341, 83). GABRIEL. Providence, fleur ravoiant, Quant il vous plaist que nous chantons... (Mir. parr., 1356, 55). Dont pour toi un peu ravoiier, Je me voel retraire al ahan. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 78). Quant je me fourvoie, Tantost me ravoie Par autrui. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 175). Vierge glorieuse, Qui les desvoiez ravoiés, S'il vous plaist, confort m'envoiez (Mir. Berthe, c.1373, 187). L'estoile est qui puet adrecier Les desvoiés et ravoier ; Helas ! or me fait desvoier. (MACH., Les lays, 1377, 378). Dieux sanz fin, sans commancement, Nous a par dessa envoiez Pour ravoier les desvoiez, Et pour remettre en bonne[s] voies Les bonnes gens que tu desvoies. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 233). Atant me fina Repertoire De mariaige et de memoire Son epistre qu'il m'envoya, Par laquelle il me ravoya A la saincte et la bonne voye, A laquelle Dieux me ravoye, S'il lui plaist (DESCH., M.M., c.1385-1403, 273). Si mesprent qui enfens desvoye, Car, a grant peine, on les ravoye (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 52). ...le tres debonnaire roy, à qui mieulx plaisoit, à l'exemple de Jhesu-Crist, rappeller et ravoyer ses gens par doulceur et benignement les chastier que par crainte et par rigueur, les reprenoit lui meismes courtoisement, et, par sa debonaireté les ramenoit à droitte voie (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 70). Je lui requier que ravoier Nous veuille par sa digne grace. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 310). Ils seront remis en la voye Ou je mech ceulx que je ravoie, Car ceulx que Sathan desvoia Quant en exil les envoia, Si tres bien se ravoieront, Que plus ne se desvoieront. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 66). N'ayez en vous turbacion, Ma chere mere debonnaire, Car le voyage me fault faire Pour lequel je suis envoyé, Sy que par moy soit ravoyé Le peuple forclos de jadis Du royaulme de paradis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 522).

 

-

Ravoyer à/en. "Ramener à, guider vers" : Bonté, biauté et, au sorplus, Sans, grace, maniere meüre, Dous accueil pour cuers esperdus Ravoier en envoiseüre, Tous ces biens ha en sa figure Celle qui si me vint ferir Que jamais je n'en quier garir. (MACH., L. dames, 1377, 100). Et voulentiers estudioient En bonnes meurs, qui gens ravoient A vertus et bonnement vivre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 49). Vo message que m'avez envoyé, Belle, plaisant, qu'aussi je vous renvoye, A tout mon cuer a joye ravoyé (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 89). Je pry a Dieu que ravoier Nous veuille ou païs de Lorraine. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 311).

 

.

Ravoyer de + inf. : Car Souvenirs l'en met en voie Par Dous Penser, qui le ravoie De penser a la ramembrance De la gracieuse samblance De celle a cui il est donnez Ligement et abandonnez. (MACH., D. verg., a.1340, 38).

B. -

Ravoyer qqc. "Remettre qqc. en état de fonctionner" : Audit Jehan Rose, qui vaqua ou mois de mars (...) pour ravoier la roe du molin à vent, et aussi ravoier la roe que l'en appelle en flamenc camwiel dudit molin à vent, et pour avoir refait les degrez dudit molin à vent (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 643).

III. -

Empl. pronom. Se ravoyer. "Revenir dans la bonne voie, dans la bonne direction (au propre ou au fig.)" : Belle Hero au gent atour Ot en sa maison une tour Ou toutes les nuis l'atendoit, Et un sierge ardant la tendoit, Auquel Leandus se ravoie Souvent, quant la mer le desvoie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). Quant ses faucons s'en va au change, Il le reclaime, il le lesdange, Il crie, il huche, il huie, il brait Tant que li faucons oit son brait ; Aussi font tuit cil fauconnier Qui sont dou deduit parsonnier ; Et quant li faucons les entend, Aucunes fois gaires n'atend, S'il est de tresbonne nature, Qu'i ne reviengne a sa droiture. Si se radresse et se ravoie Et se met a la droite voie ; Et son premier oisel asproie Tant qu'il ha sa chasse et sa proie. (MACH., Voir, 1364, 724). Se l'omme sueffre et se ravoie, Dieu... (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 65). Ils seront remis en la voye Ou je mech ceulx que je ravoie, Car ceulx que Sathan desvoia Quant en exil les envoia, Si tres bien se ravoieront, Que plus ne se desvoieront. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 66). Vuellés vous a Dieu ravoier (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 186).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 38/53 
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     REFOURVOYER     
*FEW XIV via
REFOURVOYER, verbe
[AND : reforvaier ; *FEW XIV, 375a : via]

"Fourvoyer à nouveau, détourner, dévier, égarer à nouveau"

Rem. Baud. Sebourc C., c.1350, 9619 (refourvoient).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 39/53 
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     TOUTEVOIE     
FEW XIV via
TOUTEVOIE, adv.
[GD : totevoies ; FEW XIV, 378a : via]

A. -

"En même temps" : ...tu dois ton maistre doubter, Et s'il te laidenge, escouter Sans ce que contre lui t'orgueilles ; Faire lui dois grandes oreilles, Et faire semblant toutesvoies Que tu n'ois adonc, ne ne vois [le serviteur doit être tout à la fois attentif et discret]. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 23).

B. -

"Toutefois, cependant" : Et combien que ce soit faulz, quar le monde n'a pas tant duré que ce peust avoir esté, toutevoies, se le mouvement du ciel duroit perpetuelment, ce seroit bien possible, pour ce que le pole artique vendroit la ou est le pole antartique par un mouvement si tardif que il n'est encor pas apparceu. (ORESME, C.M., c.1377, 96). Et toutevoies, aucune fois en tenant un faulz opinion l'en sent et est l'en aussi comme contraint a confesser aucune verité ; et pour ce, Aristote amaine cez ici en tesmoing de ce que il a dit. (ORESME, C.M., c.1377, 382). Et tout le pays d'Auvergne fut mieulx sus sa garde que il n'euist esté en devant. Toutesvoyes le conte d'Armignac et le conte daulphin envoierent par devers Perrot de Berne, en disant que faulsement et traiteusement il avoit pris et emblé la ville de Montferrant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 226). Le cervel, le cuer et le foye Sont par dedens ; et toutevoie Ces .IIJ. gardent la vie ou corps. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 35). Une [maniere de trinité] est celle que mettoient les Pythagoriens et est que toute creature a commencement et moyen et fin, quar combien que aucunes soient perpetueles, toutesvoies selon Plato ce n'est pas de leur nature ne par elles, mais seulement du maintieng et de la volenté du createur. (ORESME, C.M., c.1377, 54). Pousé que le ciel n'ait pas matiere - a prendre matiere proprement ou telle comme est la matiere des elemens - toutesvoies a prendre matiere largement, les parties integrales du monde sont matiere de luy comme sont le ciel, les elemens et les choses mixtes. (ORESME, C.M., c.1377, 156). ...car, puisque le principe et la cause de telles operacions est en celui qui les fait, combien que ilz soient selon elles involuntaires, toutesvoies pour le temps et pour les causes que l'en les fait, elles sont voluntaires. (ORESME, E.A., c.1370, 178). Et pour ce que science naturele est de mouvement et choses pesantes et legieres ont en elles principe de mouvement, tous naturiens usent en leur parler de leurs vertus ; mais toutevoies, il ne en determinent fors pou de choses. (ORESME, C.M., c.1377, 658). Par ypocrisie je me suis fait le saint homme ou sainte femme et monstré grant semblant de l'estre, et mis grant paine d'acquerir le nom devant les gens, et toutesvoies ne me suis je point tenu de pechier (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 24). Et combien que lez ydolatres attribuassent divinité a choses vaines, toutesvoiez n'a il pas voulu que mesprix ou force fut faicte sans paine en lieu dedié par eulx au tiltre de deité (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 62). Et lors il y eut ung compaignon qui dit que ceulz estoient bien folz qui cuidoient que ledit philosophe eust fait ung livre par lequel paix peust estre gardee en la cité, car en son hostel il n'avoit que luy, sa femme et sa chambriere, et toutevoie il ne savoit trouver moyen d'acort en son dit hostel, que tousjours n'y eust noise (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 231). Or ça, je voy bien que vous ne m'estes pas telle que vous deussiez estre par raison. Toutesvoies, esperant que jamais ne vous adviendra, de ce qui est fait ne soit il plus parlé (C.N.N., c.1456-1467, 419). Toutes-voies le duc Philippe de Bourgongne, tirant à la haute nature de son rang, le visita souvent, et avec dues révérences (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 160). Exemple nous avons en la mer lequel se offre et presente selon sa grandeur totale a nostre veue, et toutevoies selon la reondeur et circuité de lui ne puet du tout estre veu de nous. La cause si est pour sa lueur et pour l'indisposition non proportionnee a tant grande et ample lueur et extencion au regard de nostre veue. (Somme abr., c.1477-1481, 134). ...lesquelles foyres et marché (...), de nouvel creons et erigeons par ces mesmes presentes, pourveu toutesvoies que ausdiz jours n'ait aucunes foyres à quatre lieues à la ronde dudit lieu de Montdion (Doc. Poitou G., t.12, 1479, 268).

 

Rem. V. aussi voie D 3 d.

V. aussi toutefois
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 40/53 
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     TRANSVOYER     
*FEW XIV via
TRANSVOYER, verbe
[*FEW XIV, 373b : via]

"Faire aller" : Et tout ce qu'elle [la lune] rechoit ainsi du soleil, elle le refont ["reverse", de refondre, cf. GD IV, 58c : fondre1] et respand dessus et ez choses inferiores estans desssoubz et subjectes a elle. (...) ...quant la lune premierement est alumee, il fait tres bon semer, car adont les vertus des planettes qu'elle respant et transfont [transforme] ez choses de dessoubz elle, et en les recueillant transvoie cy dessoubz. (Somme abr. M., II, c.1477-1481, 86).

V. aussi voyer3
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 41/53 
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     VIALA     
*FEW XIV via
VIALA, interj.
[*FEW XIV, 377a : via]

"Allez ! Vite !" : ...lesquelz firent bon debvoir de chargier sur eulx en criant : Viala ! tellement que environ .III. ou .IIIIc. des plus avanciéz furent ruéz jus par terre (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 140).

REM. Cf. T-L XI, 419 : vie3 (interj.).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 42/53 
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     VIATEUR     
FEW XIV via
VIATEUR, subst. masc.
[GD : viateur ; FEW XIV, 378b : via]

I. -

"Voyageur, celui qui est de passage" : Et universalement valent au viateurs et chemineurs de mer toutes choses aigres et aceteuses, a cause qu'elle confortent l'estomac (Rég. santé corps C., 1480, 57). ...pour marchans forains, pelerins et viateurs de pays lointain qui vouldront affermer par serment ne sejourner pour autre cause (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1496, 409). SAINCT MARTIN. (...) Si vous supplie d'amour begnivolente Que me donnez l'un de vos serviteurs : C'est Francequin et puis, sans longue actente, Dessus les champs nous serons viateurs. LE PERE. Sa, Francequin, avecques ces docteurs Martin, mon filz, desormais conduyrez (LA VIGNE, S.M., 1496, 193). Je vous supplye estre miséricors, Doulx et piteux à l'âme, dont le corps En vostre église est, present viateur. (LA VIGNE, Epit. Royne M.R., 1514, 115).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 491 ; Paraboles Maistre Alain H., 1493, Commentaire, 22.

 

-

[Cont. métaph.] "Celui qui est de passage sur terre" : ...le haut seigneur Qui une fois fu viateur Pour les pechëours en terre (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 69). C'est humilité Au hault crëateur D'estre vïateur Et a deïté Joindre humanité Pour son serviteur. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 213).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; FRIBOIS, Abr. chron. Fr. D.L., 1459, 136/7.

 

-

En appos.

 

Rem. Jardin de santé, c.1500, ds GD VIII, 225b (les medecins viateurs, "qui se rend d'un lieu à un autre").

II. -

[Correspond au lat. viator] "À Rome, messager, appariteur (?)" : Lors s'en monta Scipions des Rostrez en Capitole, et toute la contion qui la estoit assemblee se tourna cele part et suyt Scipion en tele maniere que a la parfin li notaire et li viateur [trad. lat. viator] lessieret les tribuns (BERS., XXXVIII.51, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 151c).

III. -

[Croisement avec viager] "Celui qui jouit d'un lieu en usufruitier (en y étant en quelque sorte de passage)" : De Denis de Monceaulx (...) pour (...) la maison du Parlouer aux Bourgois (...) appartenant à ladicte ville, que tenoit cy devant Bernard Hemon (...) baillée par Mesdits Seigneurs audit de Monceaulx, au moien du transport à lui fait par.Jehan le Forbeur le Jeune, derrenier viateur de ladicte maison aux vies d'icellui de Monceaulx, Marie, sa femme et Agnès, leur fille, et dudit le Forbeur, pour le pris et somme de 6 l. 10 s. p. de rente viagere (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 402).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 43/53 
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     VOIE     
FEW XIV via
VOIE, subst. fém.
[T-L : voie ; GDC : veie ; DÉCT : voie ; FEW XIV, 371a, 378a : via ; TLF : XVI, 1238a : voie]

A. -

Au propre "Route, chemin, espace à parcourir pour aller quelque part"

 

1.

"Tracé praticable, route, chemin que l'on peut emprunter" : Par les voyes fist demander (...) Ou ly tournoy estoit criez. (Dit prunier B., c.1330-1350, 72). Mieus vault pour aler, ce dit on, Les grandes voies a bandon Que ne font li estroit chemin. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 142). ...mais n'aiez pensement Que j'y pense fors bien ; car vraiement Venus estoie Sus un ruissel, par une herbue voie, En ce vergier ou je me delitoie Es oisillons que chanter escoutoie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 105). Si vi venir par une estroite voie Verde et herbue Ceste dame qu'avec moy est venue. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 114). ...je vi une fontenelle Qui estoit moult clere et moult bele, D'arbres et d'erbe environnée ; Et si estoit environ née Une haiette d'esglentier. Mais n'i vi voie ne sentier Qui fust froïe ne batue, Fors l'erbette poingnant et drue. Si pensay que petit repaire Avoit la ; pour ce m'i vos traire. (MACH., R. Fort., c.1341, 30). Si le suï moult volentiers. Mais sans voies et sans sentiers Me mena plus de trois archies Parmi ronces, parmi orties Et par espines plus agües Que ne sont aguilles molues, Qui en pluseurs lieus me pongnirent (MACH., D. Lyon, 1342, 171). Fuy de cy, personne vilaine. Garde que jamais ne t'y voies. Vuide ma maison et mes voies. (Mir. pape, 1346, 381). [À propos de Polyphème] Jamais dÿable ne verrés Si forsené, si enragié De son oeil qu'on a arragié. Ne portoit perches ne bastons, Ainçois aloit a atastons, Querant les voies et les sentes A ses ordes mains et senglentes. (MACH., Voir, 1364, 626). ...et contrefaisoit le mort, et tant qu'il fu aporté en la voye sur les quarreaulx. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 502). ...le bourgeois peut aller à camp et voye sans estre occuppé par justice (Hist. dr. munic. E., t.1, 1402,,, 205). Si n'y avoit ne quart ne tiers, N'une ne deux, ne plus ne mains Que mille en l'une de mes mains Des pierretes que pris avoie En la pouldre d'enmi la voie. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 25). Faictes qu'i n'y ait que une vaine Et une voye seullement Pour saillir sur eulx [en] la plaine, S'il est besoing aucunement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 337). ...et que les subjectz desdaigneroient leurs seigneurs et que les voies et chemins seroient infestés par larrons, à la cause qu'il trouva Mars et Saturne en la IXe maison (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 v°). Tous les seigneurs principaulx de la terre Et gentilz hommes subgectz au marquisat Ung peu davant estoyent venuz grant erre Pour recevoir la court au dit Casat. Les voyes furent pavees, redressees, Portes refaictes et maisons en tous lieux, Rues parees, tendues, tapissees Si richement que l'on ne sçauroit mieulx. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 179).

 

-

Voie publique : ...il prenostica et predist la terrible rumeur, qui fut en la terre des Romains et de Babillonie (...), la multiplicacion des pirratres de mer et insidiateurs des voyes publiques et la doubte qui pourroit tumber ou cueur d'un roy d'Orient pour la crainte de ses ennemis (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°).

 

-

[D'un lieu] Hors de voie. "À l'écart, retiré" : ...qui est ung lieu tant hors de voye. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 29).

 

-

En chambre et en voie. "Partout" : Or vous vueil conter brief et court L'onneur, le samblant et la joie Qu'on leur fist en chambre et en voie, Car li plus grant et li menour Leur faisoient feste et honnour. Certes dire ne vous porroie En un an la feste et la joie Qu'on faisoit en chambre et en rue (MACH., P. Alex., p.1369, 192).

 

-

En place ni en voie. "En aucun lieu" : SAINCT MARTIN. Jamais ne m'a laissee La grace Dieu en place ny en voye Ne, se trop fut ma personne lassee, Tousjours conffort incontinant j'avoye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 356).

 

-

Par chemin et par voie / par champs et par voie. "De tous côtés, partout" : LE MESSAGIER. (...) Hault empereur, je suis vers vous venu Par le vouloir du roy de Barbarie, Lequel vous mande qu'il est ja survenu En voz pays, ou voz gens il harie Et en mains lieux estant sa seigneurye, Car ses gens sont par chemin et par voye (LA VIGNE, S.M., 1496, 236). L'EMPEREUR. (...) Allons au devant Plus tost que le vent, Par champs et par voye (LA VIGNE, S.M., 1496, 243).

 

-

N'en val n'en voie. V. val "Nulle part"

 

2.

"Trajet"

 

a)

[À propos d'une pers., d'un animal] "Espace, distance à parcourir pour aller quelque part, trajet" : LE PREMIER CLERC A L'EVESQUE. (...) Par foy, plus sainte femme en vie Ne say je pas. SECOND CLERC A L'EVESQUE. Ne moy, de cy jusques au Pas En Artoys, ou moult grant voie a. (Mir. abbeesse, 1340, 78). Nous avons ja fait longue voie, Biau compains. Je lo pour le miex Que nous soions d'aler songneux Vers mon seigneur. (Mir. ev. N.D., c.1348, 77). Nous monterons, Car aler vers elle me faut, Si qu'il n'i hait point de deffaut, Qu'assés mieulz morir ameroie Qu'entrelaissasse ceste voie. (MACH., Voir, 1364, 610). ...et luy demanda la cause de sa voye ["du chemin qu'il a fait"] et pourquoy il estoit la venu. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 63). ...il [Saintré] monta a cheval atout sa compaignie, lors au devant de Madame va, et quant eust erré environ la moitié de la voye, il trouva Madame et damp Abbés sur les champs (LA SALE, J.S., 1456, 291). Ce village estoit assez estrange de la voye commune des chevaucheurs et chemineurs. (C.N.N., c.1456-1467, 547).

 

-

La plus courte voie. "Le plus court chemin" : Or y alons la plus courte voye ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 127).

 

-

À mi-voie / en mi sa voie. "À mi-chemin (au propre ou au fig.)" : Sy encontrat enmy sa voie Elysent (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 21). Et eulx venus esdictes villes, (...) advisèrent de commun accord de convenir ensemble à certain jour nommé et en ung village nommé La Tombe, qui estoit à my-voie des deux villes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 247). Dedans le livre qui de vie se nomme, à my voye je m'endors et assomme (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 104). Sa richesse ne sa puissance ne le sauverent qu'il ne mourust de maise mort et en la fleur et comme en my voye de son eage. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 223). Ce seroit ung fort grant despit Si demeuroit cy a my voye. (Pass. Auv., 1477, 192).

 

-

D'une voie. "D'une traite" : SAINCT MARTIN. (...) Mes amys, en une aultre place Nous convient aller d'une voye Affin que leur erreur s'efface Et que leur emprise on desvoye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 442).

 

-

En (sa) voie. "En chemin" : Mieulx vaut amy en voie que denier en courroie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 484). ...sy encontrat en sa voie Richier (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 39). Jenin est longuement en voye ; Je ne sçay quant il reviendra. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 315).

 

-

Entre voie(s). "En chemin" : ...atout grant quantité de vaisseaulx et de marchandises, dont les aucuns sont desja descenduz en Zeelande et les autres entrevoye [l. entre voye] (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1386, 202). Et pour l'affection qu'il a d'y venir et aussy qu'il n'a volu demourer entre voyes pour les despens qui sont grans, si arive a l'aventure a sa meson a telle heure qu'il est auxi pres du matin come du soir et ne trouve que souper, car la dame et tout son menage sont couchez, et prent tout en bonne pacience, car il a bien acoustumé. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 29).

 

.

Estre en voie. "Être en route" : Veez cy sa mulette qui n'attent aultre chose que je soie en voye, pour porter son maistre ou l'on ne veult pas que je soye (C.N.N., c.1456-1467, 208).

 

.

En la voie de. "Sur le chemin de" : Se bien seurement savoie Que trespassez fust en la voie De saint Jasques le bon preudons (...), Ce que j'en sçay vous en diroie. (Mir. parr., 1356, 20). Mais la beste fut tantost passee oultre, car elle couroit comme ung cheval, parquoy Gadiffer pensa qu'il ne se faisoit point bon trouver en ses voies. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 63).

 

.

En petit de voie. "Après peu de chemin" : Mais bien say qu'en petit de voie En une champaigne arrivasmes. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 31).

 

.

Ami en voie / par voie. "Un ami sur son chemin, quelque part" : Ainsy c'on a amis par voie Que nulz n'en porroit trop avoir... (Pastor. B., c.1422-1425, 166). ...s'il est auchun de vous Ayant auchun amy par voye, S'il a desir que Jhesus voye (...), Je lui conseillie qu[e]... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 425). ...je vous feray ung compte qui vous approuvera que amis en voie est aucunefois propice (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 194).

 

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Par telle ou telle voie

 

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[Contexte métaph.] : "Ha dya ! dit le [prieur] tout esbahy, il n'est ja mestier d'ainsi faire. Tu iras bien en paradis par aultre voye..." (C.N.N., c.1456-1467, 62).

 

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Par voie. "En chemin" : Je trouvay m'amye par voye Parlant a ung compaignon. (Vir. H., c.1400-1500, 107).

 

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Sur la voie. "Sur le champ (au lieu même du chemin où l'on est)" : Voicy mon saichet tout chargié De pommettes et de bon pain Affin que, ce Jhesus a fain, Qu'il soit secouru sur la voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 111).

 

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Hors la voie. "Hors du chemin" : ...elle se vouloit embler et s'en aller hors de voye (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 213).

 

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Droite voie./Voie droite. "Chemin le plus court" : Aprés, revint a la droite voye et yssit du bois (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 226). ...ceulx conspirerent ensamble a la voye droit vers le Rosne, pour destruire les Rommains (LA SALE, Sale D., 1451, 159). Or estoit sa droicte voye de son ostel au dit marché la rue ou la maison de celle damoiselle estoit située (C.N.N., c.1456-1467, 569).

 

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Loc. adv. "Par le chemin le plus court, au plus vite" : ...puis est monté au destrier et si s'en va sa droite voie grant aleure. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 72). Son logis est ja tout paré : Portons l'en ["le en"] enfer droicte voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 110). Retourner vouldray droicte voye En Nazareth (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 150). Suivre la nous fault droicte voye (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 360).

 

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Accueillir sa voie. "Se mettre en route" : En celuy temps jouer me aloye, Se acueilli adonques ma voye, Par un matin, en la prairie, Tout seul, sans avoir compaignye (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 2).

 

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Aller par la voie. "Aller, se déplacer" : LE PARALITICQUE. (...) J'ambule mieulx que ne fis oncques. Je vois sainement par la voye, Sans quelque mal qui me convoye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 168).

 

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Aller une voie. "Faire tel ou tel chemin (pour...)" : ...moult desiré avoie D'aler en mon temps une voie Veoir de Fois le gentil conte (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 183).

 

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Aller sa voie. "Aller son chemin, s'en aller" : Je le veulx. Alés vostre voye ! Rompés leur les os a tous trois, S'ilz vivent, et sans aultre effroiz Illecques en terre les mectés ! (Pass. Auv., 1477, 228).

 

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Aller droite voie. "Aller (qq. part) par le chemin le plus court" : ...neantmoins, s'il trouvoit seure compaignie pour aler droite voie en Court de Romme sans passer par Basle, il yroit (FAUQ., III, 1431-1435, 134).

 

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S'en aller sa voie. "Suivre son chemin" : Et puis si m'en iray ma voie Oultre passant. (Mir. st J. Cris., c.1344, 294). BERTHE. (...) Egar ! qu'est devenu celui Qui orains me fist tant d'annuy Quant revenoie ? SIMON. Belle niéce, il s'en va sa voie. (Mir. Berthe, c.1373, 238).

 

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Aller par voie. "Se mettre en chemin" : Or tien et va tost par voye (Myst. st Martin K., a.1500, 185).

 

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"Marcher, se déplacer" : ...il deuoit estre bien joyeulx, qui trouua son pied sain et entier et pouoit bien aler par voye. (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 65).

 

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Adresser sa voie vers. "Se diriger vers" : Deux jours demoura sus le port En tel peinne et en tel descort, Tant que yaue douce fu faillie. Lors fist ordonner sa navie, Et vers Chypre adressa sa voie. Or prions Dieu qu'il le convoie, Car fortune li est contraire, Qui li a esté debonnaire. (MACH., P. Alex., p.1369, 109).

 

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Avoir telle voie. "Occuper telle ou telle place dans un groupe qui avance" : Nostre gent issirent à plain Et se meïrent seur le plain. Le prince ot la voie senestre Et Lesparre prist celle à destre, Et Bremont avoit la moienne, Car par droit devoit estre sienne, Pour ce que plus n'en y avoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 162).

 

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Casser sa voie. "Prendre un raccourci" : Car [l. Par] ce boys icy veux passer Pour un peu ma voye casser. (Myst. st Martin K., a.1500, 186).

 

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Se bouter à la voie. "Se mettre en route" : Je m'etoys boultée à la vouée De vous venir vouer, Damoyselle. (Gent. moun. T., c.1500, 377).

 

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Despescher la voie. "Se hâter" : Messeigneurs, il est bien chargé ; Cheminons, despeschons la voye. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 396).

 

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Emprendre telle voie. "S'engager dans tel ou tel chemin, dans telle ou telle direction" : Par quoy bien fault gouvernement A qui veult emprendre cel voye. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 11). Car quy ce fleuve veult passer Nullement ne se doit lasser D'avoir cuer et entendement Au fait de l'accomplissement De la voye qu'il a emprise. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 55).

 

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Faire la voie avec qqn. "Accompagner qqn" : Dieu veult que je face la voie Avec vous ou pais Sauveur ? [l. Sauveur.] (Mir. enf. diable, c.1339, 53). ...ce qu'il fera je feray. Pas ne di que si grandement Le face comme il vraiement ; Mais je vous promes et ottroie Qu'à mon pooir feray la voie Aveques vous pour Dieu servir, Et pour sa grace desservir, Se l'empereur l'entreprent, En qui chascuns honneur aprent. (MACH., P. Alex., p.1369, 29).

 

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S'en fuir sa voie. "Quitter son chemin, s'en fuir" : ...ung seul pain happoit et s'en fuyt [et s'en fuyt sa voie] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 129).

 

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Se mettre à la voie / en (la) voie. "Se mettre en route" : Orendroit m'en mettray a voie. A Dieu ! plus arrester ne vueil. (Mir. enf. diable, c.1339, 28). Seigneurs, mettez vous donc a voie : Alez ou desert sanz delay. (Mir. st J. Cris., c.1344, 280). Alors entra cellui qui avoit le conseil donné, sy seurement que l'en feroit par une belle praierie ; et l'autre se mect après en la voye pareillement (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 88). Temps est que je me mete a voye De retourner sur mon mary (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 58). Le seigneur de Saintré (...) se mist a la voye avec ce peu de gens qu' il avoit ; droit a la cité s'en ala ou ses gens estoient (LA SALE, J.S., 1456, 289). ...après les congez a madame sa femme prins et de pluseurs ses parens et amys, se mect a voye devers les bons seigneurs de Perusse (C.N.N., c.1456-1467, 109). [...Si prent congié de son maistre, et se met a la voye, suyvant] le froissie des chevaulx de ceulx qu'oncques ne rataindit (C.N.N., c.1456-1467, 181). Lequel jour il fit acoustrer ses gens tous pres a partir et se mettre en voye pour tirer a Lyon. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323). ...je me voys mectre en la voée. (Gent. moun. T., c.1500, 387).

 

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"Marcher, se relever" : PERE. (...). Ma fille les fievres a heu Et au lit depuis hors a geu, Maigre, deffaicte, macte et fade, Sans jamais partir dudict lieu Tant estoit de son corps malade. Incontinant lors je regarde Que de vous une espitre avoye, Laquelle encore bien je garde, Et luy mys au lieu que debvoye. Incontinant ma fille en voye Se mist soubdain et fut guerye (LA VIGNE, S.M., 1496, 469).

 

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Se mettre enmy la voie de qqn. "Barrer la route à qqn" : Trop le doubtoient Sarrazin, Qu'en li avoient mal voisin ; Entour li faisoit grant essart ; Je tieng celi pour trop musart Qui se metoit enmy sa voie Pour estre mors ; et toute voie Dieu, honneur amoit et vaillance ; Et si estoit nez de Provence. (MACH., P. Alex., p.1369, 74).

 

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Mettre qqc. en voie. "Transporter, rapporter qqc." : Mais beau sire, je vous demande, Où est l'argent et la viande Que vous nous avez mise en voye ? (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 444).

 

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Montrer la voie à qqn. "Indiquer le chemin à qqn" : Et chascun puet veoir que hommes aimment naturelment hommes, par ce que l'en monstre la voie a tous ceuls que l'en voit en erreurs de chemin, aussi comme se tout homme eüst familiarité a chascun homme ou fust son amy. (ORESME, E.A., c.1370, 413).

 

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Passer le chemin et la voie. "Passer son chemin" : Avec les esclaves trouva Le vallet ferré qui ouvra, Et à son col portoit la terre Dont li cuers le destreint et serre. Li roys n'en fist onques samblant, Einsois seur son mulet emblant Passa le chemin et la voie Sans faire nul samblant qu'il voie Son povre estat ne sa misere ; Puis s'en ala veoir sa mere Et son mari, qui deshaitiez Estoit forment et mal traitiez. (MACH., P. Alex., p.1369, 265).

 

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Prendre sa voie à / vers. "Prendre la direction de" : Au IXe jour se partirent, Et leur voie et chemin preïrent Tout droit à Prague, une cité Qui est de grant auctorité. (MACH., P. Alex., p.1369, 30). Nous penrons demain nostre voie Vers Alixandre ; et toute voie, Nous ferons samblance de traire En Chipre, qui est le contraire ; Par quoy des annemis sceüe Ne puist estre nostre venüe. (MACH., P. Alex., p.1369, 63). Et tantost vallet et sergent Trestous leurs chevaus amenerent Et ès naves les hostelerent. Li roys monta et prist sa voie Droit vers Triple, Dieux le convoie ! Qu'il trouvera plus grant deffense En ceaus de Triple qu'on ne pense. Li roys s'en va par mer najent Droit à Triple, lui et sa gent. (MACH., P. Alex., p.1369, 205).

 

-

Promettre la voie à. "Se diriger vers" : Mais trop tart y vins, car ja estoit l'assamblee departie, dont mout fus doulant. Sy proumis la voie au Dieu des Pucelles (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 977).

 

-

Savoir la voie. "Connaître le chemin" : ...et yssit de la maison tout a piés et s'en alat ; sy ne savoit la voie. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 17).

 

-

Tenir (une) voie. "Prendre un chemin" : Je ne say quel voie tenir Pour le querre (Mir. enf. diable, c.1339, 51). ...[il] chevauchoit a travers champs sans tenir voies ne sentiers le plus doulcement et debonnairement qu'il povoit (C.N.N., c.1456-1467, 547). LE DUC. Nous convient il chevaulcher contreval Pour le milleur, ou tenir ceste voye ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 194).

 

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Tenir voie et sentier. V. sentier "Se maintenir dans la bonne direction"

 

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Tirer voie. "S'en aller" : Sus doncques ! tiron voye (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 325). Allon tost, tiron vie ! (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 10).

 

Rem. Pour la forme vie, cf. FEW XIV, 371a, b, 377a, b.

 

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Trouver une voie. "Trouver un chemin" : Sy oit mal temps, dure et froit, et plains de nivez les montaingnez, sy qu'il ne trovoit point de voie. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 35).

 

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Trouver plaine voie. "Trouver la voie libre (sans être accroché par l'ennemi)" : Ne en ma vie je ne pensoie Arriver sans empeschement, Et avons trouvé plaine voye. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 373).

 

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Prov. : A longue voye pesans fais ["Dès lors que le chemin est long, la charge pèse"] (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 134). A longue voye paille poise. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

 

b)

CHASSE "Chemin que suit la bête traquée"

 

Rem. Nombreux ex. ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389. BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 28, 33, 37...

 

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[D'un oiseau] Aller sa voie. "S'envoler" : Il dit que les muiers de haie Adonques s'en vont il leur voie Quant on cuide d'eulz le mieux estre (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 345).

 

c)

[À propos d'une chose]

 

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"Direction que prend un bateau vers le port" : Or, Dieu loué moult haultement, J'ay tant nagié et telement Que ma nef, par temps esgarée, Par force de vent et marée, Est arrivée droite voie À port de salut et de joie (LA HAYE, P. peste, 1426, 161).

 

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"Trajet de qqc." : Quar une porcion de terre, [se] elle est haut, elle descent ; et par celle meisme voie descendroit une autre porcion de terre quelconque. (ORESME, C.M., c.1377, 136).

 

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"Sens, direction de qqc." : ...mais se son desus et son chief ou racine [d'un arbre] est contremont, il tourneroit l'autre voie. (ORESME, C.M., c.1377, 344).

 

-

ASTR. "Cours, révolution (d'une planète)" : ...maistre Moyses, le grant astrologue, racompte que ung chascun cercle d'une planete a, en espesseur et en rondeur, la voye de .Vc. ans (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 91).

 

-

Donner / faire voie à. "Donner accès à" : ...ung pont qui traversoit la riviere et qui donnoit voye aux Desers d'Escoce (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 184). ...une fenestre qui faisoit voye au plommel qui boutoit hors au dessus du comble (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 297).

 

3.

En partic.

 

a)

"Passage ouvert à qqn"

 

-

Faire voie (à qqn). "Dégager le passage (pour qqn)" : Prenez chascun un grant florin De moy tout sec, a celle fin Que devant lui [nostre saint pére] me faciez voie. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). LE FILZ. (...) Faites moy voie, je vous pry : Chascun en arez deux [florins] ; tenez. PREMIER SERGENT D'ARMES. Il sont bon, mon ami : passez. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). DEUXIESME MACIER. (...) Vuidez de cy ; faites nous voie Ou vous arez, se Dieu me voie, De cops foison. (Mir. emp. Julien, 1351, 176). ...si que chascun luy a en peu d'eure vuydee la place, et luy font voye (Chev. papegau H., c.1400-1500, 39). L'escuier de cuisine doibt venir après la viande, et devant le prince s'agenouille l'huissier en faisant place et voie, et puis le maistre d'hostel qui se met au bout de la table, où il doit demourer jusques à tant que la viande soit assise et assays fais, et doibt avoir tousjours l'oeil et le regart sur ce. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 23-24). ...monta a cheval et se fist faire voye par les rues (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 89). Tantost ledict cappitaine ce mit devant avec cent hommes d'armes pour faire voye, car grant estoit la presse du peuple de tous estaz. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 77). Après que ledit Boniface eut leu lesdittes lettres, il fist tel recueil audit Voyaul que avoit fait ledit admiral, qui, pareillement, le vouloit mettre en prison, n'eust esté aucunes remonstrances qui luy furent faictes, et aussi qu'il y eust aucuns gentilzhommes qui luy firent voye et le laisserent aller et misdrent hors de la maison. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 147).

 

.

"Céder le passage" : ...et il n'y avoit chevalier tant puissant qui ne lui fist voye. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 271).

 

-

Faire vider voie : LE PAPE. (...) Faites vuider voie, or avant, Tant que la soie. LE PREMIER SERGENT D'ARMES. Voulentiers, sire. Faites voie ; Sus de cy ! sus ! (Mir. prev., 1352, 229).

 

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Faire la voie : LE CARDINAL. (...) Sergens, faites devant la voie Si que le saint pére passer Puisse (Mir. prev., 1352, 272).

 

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Voie ! : LE ROY. (...) Alons y tost, sanz plus parler : Passez devant. PREMIER SERGENT. Voulentiers, chier sire ; or avant : Voie ci, voie ! DEUXIESME SERGENT. E ! biaux seigneurs, se Diex vous voie, Faites, mettez vous en arroy, Si que passer puisse le roy (Mir. ste Bauth., c.1376, 98).

 

b)

"Passage ouvert pour un assaut, assaut, expédition" : Oultre plus, entre vous, seigneurs, Et gens d'armes, conseilleroye De saillir hors en grans fureurs Pour resister a leur voye. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 253).

 

4.

[La voie étant dehors (et non dans les maisons, les habitations...), idée d'extériorité] En voie. "Hors, loin"

 

-

"Au loin" : ...et li demorans fui en voies deviers l'ost en faisant grant noise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 496). ...et cachierent ces ouvriers en voies et les gardes aussi (FROISS., Chron. D., p.1400, 659). ...li rois d'Engleterre avoit pris terre en Normendie et estoit venus tout son cemin, ardant et essillant le pais, et avoit passet la riviere de Sainne et de Sonme maugré tous ses nuisans, et arestés a Crechi en Pontieu, et la atendu deus jours le roi de France et sa poissance et combatu et desconfi et cachiet en voiies. (FROISS., Chron. D., p.1400, 751). NOSTRE DAME. O mon filz (...), Ou es tu ores n'en quel voye ? Qui t'ara transporté en voye ? La triste nouvelle m'envoye Qui la sçara. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 323). Lors, quant Jhesus s'eslevera Par dessus les cieulx tout en voye, Dieu scet par quelle exquise voye Son pere le recevra. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 436).

 

Rem. V. envoie. Cf. aussi Scheler, Gloss. Geste Liège, 46, s.v. avoie.

 

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Jeter qqn en voie. "Rejeter qqn" : Cesse de me faire ce traveil et grief. Autrement, je te casseray et jetteray en voye. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 123).

 

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Jeter qqc. en voie. "Enlever qqc." : ...tout doit la paele getter en voie et nettoier la fossee de toutz ociosités. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 114).

 

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"Jeter qqc. (comme hors d'usage)" : ...les aucuns sont semblables la singesse qui, quant elle est montee sur ung noyer et elle trouvat l'escorche de la noix estre amere, elle gette et l'escorche et le fruit en voiz et ainsi ne gouste point de la doulceur de la noix. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 105).

 

-

Ravir en voie. "Emporter" : Et le grain qu'il sema premier, Si chut en diverses parties Selonc les places assorties. L'une part cheut en pleine voye, Mais tantost fut ravy en voye Des oyseaulx du ciel qui vollerent Et tout celluy grain recueillirent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 171).

 

-

Tourner en voie. "Mettre en fuite" : Finablement les Escoçois furent la desconfis, mort et pris et tournés en voies (FROISS., Chron. D., p.1400, 781).

 

-

Au fig. [D'une chose] Estre en voie. "Être sur le point de disparaître" : EZECHIEL. Tout nostre grief dueil est en voye Et avons de joye affluance, Contemplans la divine essance Dont le veoir tout bon cueur resjoye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 350).

 

5.

Loc. adv. À claire-voie. "Qui présente des vides, des jours" : Item, en une aultre chambre ensuivant sur la rue fut trouvé un banc à perche double à clere voye, de VIIJ piez de long ou environ (FAUQ., III, Pièces diverses, 1438, LXXXII). [Indic. scénique] Il fault une prison pour mettre le bouteiller et le boullangier et Joseph, a clere voie, tant que on le puisse veoir parler. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 61).

B. -

P. méton.

 

1.

"Quantité transportable en un seul trajet" : ...pour 4 voye qui a amené les eschaffaux dudit Henry, lesquels ont servy en faisant la besongne dessus dite (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 675). ...à Robin de Merle, pour avoir prins en l'Ostel de ladicte ville 600 de carreaulx et iceulx menés à l'astellier des paveurs, qui besougnoient en la place de Greve, où il y a fait 10 voyages, à 8 d. p. la voye, valent 6 s. 8 d. p. (Comptes Paris M., t.2, 1458-1460, 192).

 

Rem. Doc. 1371 ds M. Prevost, Etude sur la forêt de Roumare, Bull. de la soc. libre d'émulation du commerce et de l'industrie de la Seine-Inférieure, Rouen, 1904, 422 ([Pour 33] voies de carete).

 

2.

"Mesure agraire correspondant à la largeur qu'on coupe avec une faux" : ...II voies de faux tenant à Thierry le Charpentier (Trés. Reth. S.L., t.2, 1408, 567).

 

Rem. Comme mesure de débit, cf. A. Guillerme, Sénéfiance 15, 1985, 192. Comme mesure pour le bois, cf. M. Devèze, La Vie de la forêt fr. au XVIe s., I, 1961, 151-152.

C. -

P. anal.

 

1.

MÉD. "Canal, conduit dans le corps" : Quant aucun pisse sang par troubes, et a strangurie, et la douleur vient soubz le nombril et ou panil, c'est signe que la vessie et les voies de l'orine ont maladie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 100). ...la voye de la gorge (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 355). ...la voye de la bouche et du nez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 355). Et c'est chose utile de les depurer [les raves] de la premiere eaue et nullement ne se doivent mengier crus. Et incite l'omme a luxure, et mondifie les voyes urinales. (Rég. santé corps C., 1480, 96).

 

2.

ASTR. "Ce qui ressemble à une route tracée dans le ciel"

 

-

Voie (blanche) / voie (lactée) : ...et dit cely Ovide qu'"ilz vindrent au palaiz dessusdit par une voye haute qui manifestement se moustre ou ciel, de nuit, quant le temps est seris et l'air pur et net, laquelle voye est blanche come lait, et pour ce est elle appellee Lactee, c'est a dire voye semblable a lait" (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 521). ...fut dit ainsy pour une voye blanche qui par samblant de nuit se moustre ou ciel souvent, qui est aussi que un cercle qui d'orient en occident est ainsy estendus, et est des philosophes ce cercle appellé Galacia, pour ce qu'il est ainsy come lait blanc, et les poetes aussi en dient moult de choses ; et c'est aussi la voie que le peuple appelle moult souvent le Chemin de saint Jaques (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 522).

D. -

Au fig.

 

1.

[Proche du sens propre ; idée de direction (évoquée comme un chemin que l'on suit)]

 

a)

"Direction suivie ou à suivre pour atteindre un but ou qui conduit à telle ou telle issue (favorable ou non)" : Si n'est voie Qui m'avoie Comment descouvrir li doie Par nul tour ; Car sans retour Je morroie, Se j'avoie Refus, et, se je vivoie, Ma baudour Seroit tristour. (MACH., R. Fort., c.1341, 21). Bien penser, bien faire et bien dire, Et eschue tout le contraire, Car c'est legiere chose a faire. Et fay a tous ce que vorroies Qu'on te feïst. Ce sont les voies Que Dieus vuet que si ami facent Qui son commant pas ne trespassent. Se tout ce fais, tu te reposes, Si lai de toutes autres choses Dieu, nostre pere, couvenir. (MACH., C. ami, 1357, 140). Lez Apostres tendoient, et estoit tout leur desir, d'atraire et de ramener lez princes seculiers a la voie de verité et a la foy catholique et non mie de lez retraire de la foy. (Songe verg. S., t.2, 1378, 45). ...vanité est norrice de tous mauls, la fontaine de tous vices, la voie de iniquité (LA SALE, J.S., 1456, 27). Il n'est monoye, Joyau, viande, voye, Qui me peust mon corps resjoyr, Ou que je soye. Mon cueur s'employe A panser qu'il me fault morir. (Pass. Auv., 1477, 109).

 

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En bonne voie : Folz est cil qui autrui desvoie, Qui entrez est en bonne voie. (Mir. femme roy Port., c.1342, 202).

 

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Estre en voie de / en telle voie. "S'acheminer vers, être (déjà) en tel ou tel état" : Car de tout dueil suis en la voye (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 31). ...elle estoit en voie d'absolucion. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 109). Que de Dieu soyent ceulx maulditz Par qui je suis en telle voye ! (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 59).

 

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Estre en voie à + inf. : ...Es dous biens qu'Amours m'envoie, D'estre en voie, Pour vostre amour desservir, Flours du monde, a vous servir. (ACART, Prise am. H., 1332, 1).

 

-

Par telle voie : Et pour vous monstrer et aprendre Par quel voie nous devons tendre Es vroiz biens qui ne faillent mie... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 95). ...affin qu'il [l'homme] ne se abandonne trop et descoeuvre par les voyes de convoitise et libidinosité (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 274).

 

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Aller la voie. "Disparaître, mourir" : Dieu par sa grace ait mercy d'elle Et de moy, quand j'iray la voie. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 698).

 

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Avoir voie et ochoison de + inf. : Mais en mon cuer forment m'en deportay, Pour ce qu'a sa dame le reportay, Pour avoir voie Et occoison d'aler ou je voloie ; Si que toudis son poil aplanioie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 103).

 

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Avoyer qqn en une voie. "Accompagner qqn (dans le chemin qui le conduit à qqc.)" : Toutesfoiz, Jhesus, je t'avoye En la voye Estre le prophete tresgrant ; Et pour ce, sire, je vouldroye, Qui que l'oye, En toy croire tout mon vivant. (Pass. Auv., 1477, 132).

 

-

Défaillir par voies. "Abandonner" (Éd.) : ...aussi que cely qui cuert isnelement pour aucun terme actaindre se travaille bien pour neant, quant il default par voyes et qu'il laisse le courre ainçoiz qu'il y aviengne. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 731).

 

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Donner voie à qqc. "Provoquer qqc., donner à qqc. l'occasion d'arriver" : ...Fortune avoit ordonné que necessité donnast voye aux plours et aux doulours de Cresus (LA SALE, Sale D., 1451, 233). ...il luy osta son office de mareschal de France, donnant voye lors et descouverture à son maltalent longuement porté. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 219). ...et de donner voye à courroux (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 254). ...et à la manifestation véritable aussi de sa léale profonde humilité et nature, à laquelle il a donné voye (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 8).

 

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Dresser la voie à / de qqn. "Tracer la route de qqn, lui indiquer la direction à suivre, lui faciliter qaqc." : Prye l'infaillable lumiere Qu'elle vueille dresser ma voye Et que la fin de mes jours voye En grace (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 28). ...et luy venu, luy pria qu'il luy voulsist drechier la voye pour aller voir le duc de Bourgongne (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 110).

 

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"Indiquer à qqn la façon de faire, l'aider" : ...actachier ne luy puis [la main sur la croix] S'autruy ne m'y dresse la voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 331).

 

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Encourir telle voie. "S'engager dans telle ou telle direction" : Veritablement fermeté ay perdue et voye de perdicion et de mort encourrue. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 35).

 

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Emprendre telle voie. "S'engager dans telle ou telle direction" : L'empereur, qui sages estoit, Devant le roy en piez estoit. Si respondi assez briefment : "Sire, bien ai oy comment Vous avez empris ceste voie : Dieu la vous doint finer à joie ! Car vraiement c'est uns grans fais, Ne je nulle doubte n'en fais, Que moult grant peinne, moult grant mise, Grant ordenance, grant devise, (...) Ne couveingne, ce m'est avis, D'aler en si lonteinne terre, Pour la subjuguer et conquerre..." (MACH., P. Alex., p.1369, 37).

 

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Enseigner la voie à qqn : Et dit Lucan le poete que les Juyfs ne vouloient enseignier la voie fors seulement a ceuls de leur loy. (ORESME, E.A.C., c.1370, 413).

 

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Estre à voie de + inf. "Avoir la charge de faire qqc." : Car cruelment me reproucha Sa lumiére qu'estainte avoie Et l'omme qui estoit a voie De li servir a touzjours mais (Mir. pape, 1346, 369).

 

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Faire voie à qqc. "Faire place à qqc." : Et semblablement pour ce que la terre a grant latitude et est bien lee, l'aer qui est desouz elle est comprimé et n'a lieu ou il se puisse transferer pour faire voie a la tierce terre, et pour ce elle ne peut descendre outre. (ORESME, C.M., c.1377, 544).

 

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Issir de la voie. "Quitter le chemin, la direction" : Il ne voult issir de la voie Par ou charité le demaine (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 113).

 

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Mettre qqn à / en voie (de qqc.). "Conduire, diriger qqn vers qqc." : ...Et m'aprenoit, par sa puissance, A congnoistre Douce Esperance, Et a desirer la mercy D'Amours, dont moult la remercy. Car certes, je ne congnoissoie Espoir ne Desir, quant en voie Me mist sa biauté dou congnoistre, Pour m'amour et ma joie acroistre, Qu'Amours croist Desir et enorte, Et Esperance joie aporte. (MACH., R. Fort., c.1341, 12). Je leur sui chastiaus et fortresse ; Je leur sui servante et maistresse ; Je leur sui dame et chamberiere ; Je porte partout leur baniere ; Je les tieng jolis et en joie ; Je les met d'onneur en la voie ; Je leur doing cuer et hardement D'entreprendre hardiement ; A haute honneur les fais venir (MACH., R. Fort., c.1341, 78). Car Il aime ceulz qu'I chastoie, Et les rechoit et met a voie. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 61). SECOND PRESTRE. Puisqu'il convient que je te mecte En voye de salvacion, Garde bien de passer la mecte De nostre recreacion, Ayant tousjours la passion De Jhesucrist en ton memoire (LA VIGNE, S.M., 1496, 152).

 

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"Exposer qqn à qqc." : ...que as tu fait, ne que pensoies tu quant tu conseillas et mis en voye de telz perilz cellui que en ce monde plus amoyes (LA SALE, J.S., 1456, 149).

 

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Mettre qqn en (la) voie de + inf. "Conduire qqn à" : Si ne savoie De deus choses la quelle je feroie, D'aler vers eaus, ou se je m'en tenroie. Car volentiers mis les eüsse en voie De juge prendre Tel qu'a jugier leurs fais peüst entendre, Si souffissant qu'il n'i eüst qu'aprendre, Et qu'après lui n'i eüst que reprendre. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 102). Sachez que pechié le conduit, Et met en voie et en conduit D'estre dampnez. (Mir. parr., 1356, 23). Mais tant li ay monstré et dit Et d'un et d'el que toute voie De marier l'ay mis en voie (Mir. chan., c.1361, 155). Fins cuers dous, on me deffent De par vous que plus ne voie Vostre dous viaire gent Qui d'amer m'a mis en voie ; Mais vraiement, je ne sçay Comment je m'en atendray Que briefment morir ne doie. (MACH., Motés, 1377, 503). Ce ribault m'a mis en la voye D'estre enragié par sa maniere (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 95).

 

-

Se mettre à / à la / en voie de + inf. "S'apprêter à" : Ainçois vous mettez a la voie D'aler jusques a Vaugirart (Mir. abbeesse, 1340, 75). Et je me vueil mettre a la voie D'aler a mes suers sans delay. (Mir. abbeesse, 1340, 75). L'ABBEESSE. (...) Mes suers, il vous fault mettre en voie De moy aidier a conseillier De nostre hostel assemillier (Mir. abbeesse, 1340, 83). ...je me mis a voie De venir a vous (Mir. nonne, 1345, 345). M'en convenroit il mettre a voie D'aler a Rome ? (Mir. parr., 1356, 23).

 

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Se mettre à la voie pour + inf. "S'apprêter à" : ...et quant le dit Philippon tint le dit baston, il en fery de rechief le dit Guillaume par les bras, et lui en donna deux coups, et lors le dit Guillaume lui osta derechief le dit baston et se mist à la voye pour s'en aler (Doc. Poitou G., t.5, 1388, 350).

 

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Mettre / remettre qqc. à voie. "Mettre / remettre qqc. en route"

 

Rem. Doc. 1372, 1415, 1419, 1439, 1474. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 935 ("rendre un moulin à même de tourner, de moudre").

 

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Monstrer voie à qqn. "Indiquer à qqn ce qu'il doit faire" : Lors pris mes gans, si li tendi ; Dont il qui bien y entendi Les prist, et puis si les laissa ; Après un po se rabaissa, Si que secondement les prist, Puis les laissa, puis les reprist, En signe de moy moustrer voie Que trois amendes li devoie. Moult bien le me signefia, Et pour verité m'affia Qu'il les me couvenroit paier. (MACH., J. R. Nav., 1349, 276).

 

-

Prendre la voie de + inf. "Se mettre en route pour" : QUART. Adieu, monsieur ; Je prie a Dieu qu'il vous convoye. (Il s'en vont l'un d'un costé, l'aultre d'un aultre.) SAINCT MARTIN. Or me fault il prandre la voye D'aller achever mon emprise ; Dieu, qui les desvoyez avoye, T'amour soit en ce cas comprise ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 286).

 

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Suivre / ensuivre la voie de qqn : LE PERE. (...) Mon chier enffant, je te supplie, ensuys La voye et trace De moy, ton pere, et de ceulx de ta race. (LA VIGNE, S.M., 1496, 164).

 

-

Tenir telle voie. "Adopter telle ou telle conduite" : Et pour ce fist bien Platon d'enquerir de ces choses, a savoir mon laquelle voie est a tenir, ou des principes as effecs ou la voie converse, aussi comme en cours de l'estade l'en va du terme a celui qui tient le louyer, ou de cest ici l'en va au terme. (ORESME, E.A., c.1370, 109). Si nous fault tenir autre voye (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 389).

 

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Tenir la voie de qqn. "Suivre la voie de quelqu'un, se conformer à son enseignement" : Je croy bien que tu est le syre Qui pour nous souffrera martire, Et tous ceulx qui tiendront ta voye Arons de paradis la joye. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 71).

 

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Tenir telle voie à qqn. "Accorder ou imposer telle issue à qqn" : Tiens nous la voie de clemence (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 35). Oultre, bien vous pouez passer De moy preschier de cest affaire. Sçay je pas bien que j'ay affaire ? Ne me tenez plus ceste voye, Car, s'il couvient que je y pourvoye, Jamais n'en eschapperez quicte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 145).

 

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N'avoir droit ne voie. V. droit "N'avoir ni droit ni permission"

 

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Prov. : Bon fait aller moyenne voye [en évitant tout excès]. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192).

 

Rem. Prov. H., 251 [V134] (GERS. ; GRÉBAN).

 

b)

En partic. RELIG.

 

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"Dessein qu'a Dieu pour l'être humain" : O haultesse des richesses de sapience et science de Dieu, comment sont incomprenables ses jugemens, et non insarchables et non congneues ses voyes ! (GERS., P. Paul, a.1394, 505). Jadis aprés ce que Misericorde ot empetré pour l'umain lignage voye de redempcion... (GERS., Concept., 1401, 390).

 

-

La male voie. "Le chemin de la perdition" : ADAM. (...) Tantost comme j'enn euz mangier, Et je recogneu mon pechier, Las, je vis bien que deceuz estoye, Et que m'estoye mys en male voye. Mon oultraige ay bien comparer : Helas, long temps a cien [en enfer] demeurer ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 139).

 

-

La voie du diable : O diable, que tu m'as grant tort ! Et moult fort Maudire je te devroye, Car ton envïeux remort Mist accort L'omme premier en ta voye ["a poussé le premier homme (Adam) à s'engager dans la voie du péché"] (Pass. Auv., 1477, 245).

 

-

[À propos du Christ] : Jhesus est voie et sentier, Volentrins de nous adrecier. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 129).

 

c)

"Cours des choses, circonstance" : Et chascun des barons aussi si le festoie Et par my le palaiz la joye moulteploye, Par la cité aussi en sceurent tost la voye[ ici l'identité d'Othon] (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 569).

 

-

En voie. "En cours, en suspens" : ...et fut la chose en voye longuement et en apparence de guerre plus felle que jamais (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 143).

 

-

En la voie. "Dans le cours des choses" : Ja lie chere Jamaiz n'aroye De Dieu le pere, Veu qu'en la voye - j'ay tué son filz. (Pass. Auv., 1477, 276).

 

2.

[Idée de manière]

 

a)

"Manière de se conduire, conduite" : Tantost au roi danois envoie Et lui mande toute la voie, Comment Guillaume Longue Espee Avoit sa vie tost finee (Vie st Evroul S., c.1350, 112). Et aprés ce il quierent par aguet et par decepcions les voies comme il pourront acomplir leur desir, si comme fortraire la femme leur voisin, ou la fille, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 385). ...car tu as jà dit une autre voye que tu ne m'avoyes pas ditte, et je cuidoye que tu me deisses verité. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 537). Hennequin, qui est mon ami et l'omme du monde que je ayme mieulx, et duquel j'ay eu plusieurs biaux enfans, ne me veult par nulles des voyes ou maniere du monde espouser (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307). Un enfant qui vient des estudes Ne ce doit point traicter tel voye ["ne doit pas se conduire ainsi"]. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 264).

 

-

Droite voie. "Bonne conduite" : Aprés il convient que il se gouverne selon droites voies trouvees pour vivre vertueusement, et que il se abstiengne de faire mauvaises choses de sa liberal volenté ou contre sa volenté et par contrainte. (ORESME, E.A., c.1370, 533). Chascuns dit que c'est celi Qui miex tient la droite voie Pour avoir des biens le tri Que Nature as siens ottroie. (MACH., Ch. bal., 1377, 606).

 

-

Au plur. "Comportement" : Pour ç'a li mes cuers s'enclinoit, Et Nature li aprenoit, Ce m'est vis ; car certeinnement Selonc mon juene entendement La vëoie moult volentiers. Car mes voies et mes sentiers, Mi gieu, mi penser, mi retour Estoient en son noble atour Tout adès, n'avoir ne pooie, Sans li vëoir, parfaite joie. (MACH., R. Fort., c.1341, 3).

 

-

Estre hors de voie. "Se conduire mal" : ...afin que, si maintenant il est hors de voye envers moy, il se réduise à son dû pour éviter son dommage. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 244).

 

b)

En partic. "Conduite, manière d'agir pour se rapprocher de Dieu" : ...afin c'on voie S'il veult parfait estre en la voie De repentence ou il s'est mis (Mir. pape, 1346, 377). En quoy aussy nous est monstré que nous devons plus desirer, plus prisier et plus louer de faire diligence a ramener gens pecheurs a voye de salut et de bonne vie que faire miracles. (GERS., P. Paul, a.1394, 496). ...et ce qu'il la fuyoit estoit non mie pour soy mais pour les autres mener a bonne voye et a salvacion (GERS., P. Paul, a.1394, 500). ...mais pour attirer, [en] toute benignité, chascun a la voye de verité. (GERS., P. Paul, a.1394, 507). Car puis que la saincte Ame, qui va a Dieu, aura mis ung de ses piez, le pié de l'entendement, en la voye de Dieu (GERS., Trin., 1402, 171). ...vueille en ensuiuant adrecer tes piez tes affections in viam pacis, en la voie de paix et de iustice (CIB., p.1451, 178).

 

c)

"Manière, façon" : Li tournois fu empris par tres mauvaise voie (Bât. Bouillon C., c.1350, 141). Et cherche les voyes et sentiers Comment pourra hors grace mectre Cellui (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 163). Je li respon par telle voie : ... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 329). N'en parlons plus par nulle voye ["d'aucune manière"] (Pac. Job M., c.1448-1478, 308). Vous parlez par tres bonne voye Et bon argument avez fait. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 43). Et, par ce point, mes bons amis, Ces motz, bien en substance mis, Vous declairent par clere voye Ce que nagueres vous disoye (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 223). ...et vous gouvernez si saigement que par nulle voye vous ne soiez deceue par homme. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 249). ...sy luy enquist de sa santé par telle voye : ... (Comte Artois S., c.1453-1467, 137).

 

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"Manière de faire" : ...En son hostel le convoierent ; Moult humblement l'acompaingnierent, Grans dons et grans presens li firent, Moult l'amerent, moult l'oubeïrent ; Finablement, que vous diroie ? Toute la cause de sa voie Leur dist, et les requist de gent, Ou de navie ou d'argent, Pour le saint voiaige assevir (MACH., P. Alex., p.1369, 48).

 

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"Démarche intellectuelle" : Et donques, selon la seconde voie qui fut mise en la glose du chapitre precedent, le quartier qui est entre orient et le pole antartique est desus et destre ; et le quartier qui est entre le pole antartique et occident est desus et senestre (ORESME, C.M., c.1377, 346).

 

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La droite voie. "Comme il faut" : Interroguee la droicte voye, Depposa tout ce qu'il s'ensuit. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 74).

 

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À une voie. "D'un seul coup, d'une fois" : Et qu'il ait le poulce escachié ["écrasé, aplati"] Pour tout empreindre a une voye (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 99).

 

3.

[Idée de moyen]

 

a)

"Moyen pour parvenir à une fin, procédé" : Mais mére et vierge fui par une Voie qui fu dessus nature, En tant que de ta creature Tu daignas nestre en humain corps (Mir. ev. arced., c.1341, 133). ...je ne sçay Conment chemin ne voie truisse Par quoy acquitter je me puisse Si que le basme plus ne quiére (Mir. pape, 1346, 355). Car c'est le sentier et la voie De venir a la congnoissance De sa grace (Mir. st Guill., c.1347, 48). Conment, sire, ne par quel voie ? (Mir. ev. N.D., c.1348, 84). ...garder devoies Entiére foy par toutes voies A cil qui la cure gardoit De t'ame (Mir. parr., 1356, 24). Amours et elle [ma dame] m'ont appris Bien voie de monter en pris Et, se je n'ai pas retenu Tout le bien dont il m'ont tenu, A moy le blasme et non a euls. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 52). ...car il at ung mois passeit que j'ay quis voie de toy occire et murdrir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 111). Si cerchay un livre ou deux, Mais tost je m'anuiay d'eulx, Car riens n'y trouvay au fort Qui me peust donner confort D'un desplaisir que j'avoie, Dont voulentiers queisse voie De m'en oster la pensee, Ou trop estoie appensee. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 8). Savoir faisons que, veue la voye dessus touchié et sur icelle eu advis et meure deliberacion avec aucuns de nostre Conseil, ausquelz il semble estre utile et pourffitable de pourveoir au dit eschevinage par le maniere dessus dite (Hist. dr. munic. E., t.1, 1414,,, 415). ...on devoit proceder contre pluiseurs de ce royaume et autres qui s'efforçoient par voies exquises, directement ou indirectement, empeschier l'effect et execution de certaines ordonnances (FAUQ., I, 1417-1420, 59). ...de toute nostre puissance et par toutes les meilleures voyes et manieres que nous saurons adviser pour le relievement du povre peuple de ce royaume (FAUQ., II, 1421-1430, 96). ...qu'ilz truissent Voye comment la paix entreux reprissent. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 51). Fors de formage en fin de table, Duquel user est tolérable, Et sauf qui veult boire lait aigre, Trait du beurre poignant et maigre, Qui, par voie de médicine, Vault moult pendant ceste ruine (LA HAYE, P. peste, 1426, 95). Pierre, Dieu nous doint trouver voye Par quoy nous soyons resjoÿz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 380). DIEU LE PERE. Or est faicte, par haulte voye, La redempcion des humains. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 455). ...se pensa qu'en lieu d'aultre chose faire, et pour passer temps, s'il scet trouver voye ne fasson, (...) il s'accointera de sa dame et se fera privé d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 228). ...pensa deslors en son cueur que, s'elle povoit trouver honneste voye et subtille, elle se trouvera quelque jour audit Saint-Michel (C.N.N., c.1456-1467, 407). S'il est content, dit il, qu'il [son oeil] soit caché et bendé, ce nous sera la plus convenable voye du monde pour prendre nos delictz et plaisances, et mesmement en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 504). ...ses voisines, qui la cuidoient comme morte, furent tresesmerveillées jusques ad ce qu'elle leur dist par quelle voie elle estoit ravivée (C.N.N., c.1456-1467, 517). Au deable telle femme, dist le mary, qu'on ne peut par quelque voye corriger ! (C.N.N., c.1456-1467, 519). ...il s'advisa qu'il l'espanteroit par une voye et maniere qu'il trouva. (C.N.N., c.1456-1467, 519). Ne sçaurions-nous trouver la voye Que nous eussions à menger ? (Pasté T., c.1475-1500, 187). Et se Dieu n'y pourvoit par quelque bonne voye, Je suis content que plus jour bon ne voye Tant que mort soie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 315).

 

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[Associé à moyen] : Et generalment, nul ne conseille de la fin a quoy il tent principalment, mais ceuls qui veulent conseillier mectent et establissent aucune fin et puis quierent et mectent leur entente comment et en quelle maniere et par quielx moiens celle fin pourra estre aquise et se tele fin peut estre actainte par pluseurs voies ou par pluseurs moiens. (ORESME, E.A., c.1370, 191). ...devint maistre moyne amoureux d'elle, et ne cessoit de penser et subtilier voies et moiens pour pervenir a ses attainctes (C.N.N., c.1456-1467, 534). ...combien que a dangier parlassent l'un a l'autre, car le pere s'en doubtoit et leur ostoit et rompoit les moyens et voies qu'il povoit, toutesfoiz si ne les povoit il forclorre de l'entiere et loyale amour (C.N.N., c.1456-1467, 546). Pour nostre besoigne parfaire, Dictes nous la voye et moyen De ce que nous avons a faire ; Nous ne vous desdirons de rien. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 524).

 

-

Par toutes voies. "Par tous les moyens" : ...il y convendroit pourveoir par toutes voies pour garder le païs (Ch. VI, D., t.1, 1385, 65). ...ains demandent et quierent par toutes voyes avoir la vengeance. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 234).

 

-

Avoir voie de + inf. "Avoir le moyen, la possibilité de" : ...et lors murmure l'un secretement a l'autre et s'empoisonnent les cuers et serchent les voyes d'aultre seigneur avoir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13). Ainssi est il du peuple : quant il n'a voye de deslivrer leurs ars et marchandises, ilz viennent a decliner et en neccessité, par quoy peu a peu murmurent et se complaingnent de la seignourie ou ilz sont (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14). ...ja eust eu Volonnius voye de non morir (LA SALE, Sale D., 1451, 163).

 

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(N'avoir / ne trouver) ne tour ne voie : Tant en ay, Et tant desir le retour Vers vous, dame simple et quoie. Or n'est voie Que puisse trouver ne tour, Et dou pis qu'Amours m'envoie, C'est que soie Loing de vo faitis atour. (MACH., Ch. bal., 1377, 603). Mais trop soufferray d'anoy, Se temprement ne te voy. Amis, je n'ay tour ne voie Qui m'aport Riens dont mes cuers se resjoie. (MACH., Ch. bal., 1377, 633).

 

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Ne savoir ne voie ne sente. "Ne trouver aucun moyen" : Je ne say ne voie ne sente Que nul mal nous ly puissons faire. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 115).

 

-

Donner voie à qqn de + inf. "Donner à qqn le moyen, la possibilité de" : Sipio l'Affriquant (...) disoit que on ne devoit pas seullement donner voye a son anemy de fuir, mais on la lui doit trouver et lui aydier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62). ...et nompas seulement a ceulx qui (...) viennent a mercy, mais a tous aultres, donner voye et comforter de faire ainsi. (LA SALE, Sale D., 1451, 73).

 

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Donner voie à qqn que. "Donner à qqn le moyen, la possibilité de" : Cessez vostre sermon, dirent les loudiers, tous alumez du feu de concupiscence charnelle, et donnez nous voye que la puissions avoir [une jeune fille] ; aultrement vous ferons honte et blasme (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

-

Trouver voie pour + inf. : Li roys en Chypre sejourna, Qui pas longuement sejour n'a. Là ne fait que voies trouver Pour Sarrasins nuire et grever. Il fist là un mois de sejour. (MACH., P. Alex., p.1369, 111). Au matin, li princes manda Les chevaliers, et demanda Conseil comment on puist trouver Voie pour Sarrazins grever, Qu'en si très forte place estoient Logié, qu'avoir ne les pooient Sans grant dommage et sans grant perte (MACH., P. Alex., p.1369, 158).

 

b)

Voie + adj. : Fortune scet plus de pratique Que ne font maistre de fisique, De divinité, de logique, Et mendiant, Pour trouver une voie oblique ; Elle oint, elle point, elle pique, Elle fait a chascun la nique, En sousriant. (MACH., R. Fort., c.1341, 36). S'estoit mes cuers en fait contraire Ou de respondre ou de moy taire ; Car lequel faire ne savoie. Pour ce pris la moienne voie Et me parti de present vous En tel dueil et en tel courrous Qu'a po que mes cuers ne partoit, Quant mes corps einsi s'en partoit. (MACH., R. Fort., c.1341, 133). Einsi avez vous fait des filles D'Israhel, par voies soutilles, Que par cremeur et par manasses Les honnissiés. Helas ! les lasses Se metoient a vos cordelles Par cremeur, non par l'acort d'elles. (MACH., C. ami, 1357, 14). Si que le fils le ressongnoit Trop fort, et bien li besongnoit Qu'il tenist la chose secrete, Par voie honnourable et discrete. (MACH., P. Alex., p.1369, 13). Il avoient un druguement Qui abreja si leur procès Qu'au soudan heürent accès, Et qu'il feïrent leur requeste Par voie soutive et honneste. (MACH., P. Alex., p.1369, 116). ...nulle fausse subtile voie (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 462). ...ce sont voyes obliques, Et s'en pevent plaindre les maris. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 190). ...laisser la voye oblicque (MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 7).

 

-

Par voie amiable : ...par voie amiable entre lesdites parties (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1337, 296).

 

c)

Voie de + subst. désignant le moyen envisagé

 

-

Voie d'arrest : ...qui avoit procedé par voie d'arrest (Sent. Chât. Paris M., II, 1430, 64).

 

-

Voie de droit./Voie de justice. "Recours à la justice" : ...et ceuls qui seront rebelles ou desobeissanz à paier la dite imposicion, en la maniere que dit est, il contraigne à la paier et satisfier par voies et remedes de droit et si comme il est acoustumé en tel cas de faire (Doc. Poitou G., t.2, 1347, 345). Et ou cas que le crime par voie de droit ne pourra estre cogneu ou preuve, combien que la suspicion vehemente soit assez clere, lors la justice et les parties se doivent retraire a Dieu et a l'eglise et aux saintes personnes (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 280). ...auquel lieu il fut estroictement détenu par l'espace de trois ans ou environ, sans lui faire, ne ouvrir aucune voye de justice. (Doc. 1486. In : Douët d'Arcq, Bibl. Éc. Chartes 10, 1848-1849, 222).

 

-

Voie d'élection : ...quant aucuns benefices electifz vacqueroient en noz diz royaume et Daulphiné (...) l'en y pourverroit de personnes ydoines par voye d'election (BAYE, II, 1411-1417, 155). Ce jour, monsegneur le Chancelier vint en la Court pour pourveoir à certains offices par voie de election (FAUQ., I, 1417-1420, 197).

 

-

Voie d'exaction. "Acte de violence, acte illégal" : ...la maniere de la prinse d'iceulx, qui est par voye d'exaccion, faite par force, en soy advouant officier du roy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 70).

 

-

Voie d'execution : ...l'en peut proceder par voye d'execucion (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 80).

 

-

Voie de fait. "Acte de violence, acte illégal" : ...le dit Pierre Surre perseveroit en la dicte voye de fait (Doc. Poitou G., t.5, 1386, 289). ...car aussi n'estoit ce pas l'estat à un prince que voie de fait, ne n'avoit onques en sa vie feru aucun, maiz s'attendoit à la bonne justice de la Court (BAYE, I, 1400-1410, 187). ...défendant à touz (...) que contre, ne ou préjudice d'iceulx traictié, paix et accordt, ilz, ou aucuns d'eulx, par voye de fait, de paroles ne autrement, ne deissent ou feissent choses par quoy iceulx paix et accordtz peussent estre aucunement enfrains (Ch. VI, D., t.2, 1414, 178). Or avoit il par voie de fait rompue les voirrieres et icelle dame blecee (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 208). ...ainçois la tumba a terre et la descoiffa, en la trainant par les cheveulx (...), en ce faisant voie de fait... (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 214). Auxquelx, j'ay semblablement fait plusieurs grans comminacions et intimacions en tel cas requises, cuydant par ce les incliner et induyre à vous obéir et faire cesser la voye de fait (Cartul. Laval B., t.3, 1486, 317). ...vous escript que cependant vous ne bougez de par delà et que entretenez la matiere en maniere qu'elle ne tumbe en rumpture et que la journée soit continuée jusques en la fin de fevrier, et aussi que les voyes de fait cessent d'un costé et d'autre (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1487, 389).

 

Rem. BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 55 ; Vote soustr. obédience M.P., 1398, 202 ; Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 286 ; HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 27 ; ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 126 ; CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 93...

 

-

Voie de gage : La tierce cause est que nul ne puet estre pugny autrement que par voye de gaige, et ce signiffie la clause de murdre ou de traison reposte, si que cellui qui l'avroit faite ne se pourroit deffendre que par son corps. (LA SALE, J.S., 1456, 32).

 

-

Voie de justice : ...ledit visconte c'est informés dudit Hennequin, et de sa vie et estat, à plusieurs personnes, chevaliers et autres, qui le cognoissoient, adfin qu'il le peust traitier et mener par voye de justice ressonnable (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 382).

 

-

Voie de paix : Li clers li dist en son latin Tout ce qu'il a trouvé de fait, Et que briefment il n'a riens fait, Et qu'il ne trueve acort ne voie De pais, dont parler vueille ou doie. Quant fait ot sa relation, Au roy bailla l'instruction Et dist qu'il ne la perde point, Qu'encor porra venir à point. (MACH., P. Alex., p.1369, 129).

 

-

Voie de retention : ...le roy de France, sainctement et justement, puet detenir lez cytés, villes et chasteaulx qu'i tient a present et que il a recovrés du dit roy d'Angleterre, tant en Guyenne que en Pycardie, et lez puet detenir par voie de retencion, maismement puis que le dit roy d'Angleterre ne recognoit souverain en terre, conme il a esté dit. (Songe verg. S., t.1, 1378, 276).

 

-

Voie de scrutin. "Recours au suffrage par des billets pliés individuels où un choix est exprimé" : Cedit jour, a esté faicte election par voie de scrutine pour le lieu de maistre J. Perier, advocat du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 162). ...a esté faicte éleccion par voie de scrutin (Ch. VI, D., t.1, 1413, 366).

 

-

Voie de supplication : Et pour ce que ledit Jaquier devoit premierement requerir sa provision par voie de supplicacion, la Court ne lui volt lors octroier aucun adjornement (FAUQ., II, 1421-1430, 137).

 

d)

[Valeur concessive ("quel que soit le moyen ou la direction qu'on envisage")] Toute(s) voie(s). "Toutefois, cependant" v. toutevoie : Si crain que Dieu ne me confonde (...) Pour mon orrible et mon grant vice Que toutes voies vous diray Et a vous m'en confesseray. (Mir. mère pape, c.1355, 358). Mais tant li ay monstré et dit Et d'un et d'el que toute voie De marier l'ay mis en voie (Mir. chan., c.1361, 155). ...il le tua, en entencion d'avoir l'argent qu'il pençoit que ycellui Guillemin portast sur soy ; et toutes voies il ne trouva sur ycellui Guillemin que X sols, lesquelx il print et appliqua à son prouffit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 11). Et tout voiez il reçuyt en grant bien et donat X mars d'argent... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 32).

 

4.

[Domaine temporel ; idée de modification dans un sens donné] (Estre) en voie de. "(Être) en passe de, en position de, sur le point de"

 

-

[+ subst.] : Mais tout conseil est question et en conseil la chose qui est derreniere en voie de resolucion c'est la premiere en execucion. (ORESME, E.A., c.1370, 192). ...et estoient les maisons du Palaiz en voie de ruine qui n'y remedieroit (BAYE, I, 1400-1410, 219).

 

.

"Sur le point" : Maintenant il fault que vous voye Tout mort en voye, Et que desploye - tous mes regrés piteusement (Pass. Auv., 1477, 253).

 

-

[+ inf.] : ...vous estes en voye d'estre mort (Ponthus Sidoine C., c.1400, 138). On nonça a l'empereur comme Il estoit de venir en voye. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 211). ...ilz [les boulengers] disoient qu'ilz estoient grandement dommagiez et en voie d'estre destruis de leur chevance et d'estre contrains à delaissier leur mestier (FAUQ., I, 1417-1420, 353). Je sui en voye de morir, Se ne m'aidez, mon doulz Jhesus. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 125). ...je suis en voye de la perdre [la belle que j'aime tant] se je n'y voy (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 17). ...sur lequel cas ilz fussent en voie d'entrer em procès, qui longuement povoit durer, pour lequel escheveir leurs coustages et missions, eussent appointié par entre eulx ainssi qu'il enssuit (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1453, 282). ...se, par male fortune, ilz estoient prins d'assault ou de forche, ilz seroient en voye, eulx et la cité, d'estre destruis sans recouvrer (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 217). Ha mon seigneur quauez vous faict Martin auez faict forbanir Vous estes en voye par ma loy De perdre tout vostre heritage (Myst. st Martin K., a.1500, 230).

 

.

[D'une chose] Estre en voie de + inf. (de sens actif) "En train de" : Quant la crise est en voye de faire, et quant elle est faicte parfaictement, le medecin ne doit neant faire, ne innover, ne user de laxative [ne] d'autres provocacions, maiz laissier nature faire son operacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 57).

 

.

Estre en voie de + inf. (de sens passif) "Menacer de" : Car quant raison est en voie d'estre corrumpue, c'est pres du vice contraire a vertu (ORESME, E.A.C., c.1370, 377).

 

-

En voie que. "Sur le point de, en train de" : ...es quelles prisons elle est de present en grant douleur, povreté et misere, et doubte que elle ne soit en voye que le fruit qui est en tour elle ne perisse et elle aussi (Paris domin. angl. L., 1423, 92). Or voy je nostre roy en voye (,) Qu'il employe Corps et ame a perdicïon. De toute rayson se desvoye. (Pass. Auv., 1477, 108).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 44/53 
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     VOIELETTE     
FEW XIV via
VOIELETTE, subst. fém.
[T-L : voielete ; GD : voielete ; FEW XIV, 373a : via]

"Petit chemin, sentier" : ...et quant vous serez bien demy lieue de là, vous y trouverez deux chemyns, une crois et une voilette : si prendrés la plus grant chemyn et vert, et la crois vous lerrez à la main droit. (Man. lang. G., 1396, 69). Ensi s'en vient la voielette Jusc'au lieu ou il doit courir. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 53).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1359 (voielette), 1373 (voyelette), 1474 (voyelette) ds GD VIII, 280b-c.

V. aussi voyette
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 45/53 
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     VOISE     
FEW XIV via
VOISE, subst. fém.
[GD : voise ; FEW XIV, 371a : via]

A. -

"Voie (voie maritime, port ?)"

 

Rem. Doc. 1396 (Dieppe, le dit fermier ... est tenu de tenir necte de pierres la place de la dite voize, afin que les nefz ou bateaulx puissent avoir bon siege sanz empirer) ds GD VIII, 288a-b (par ailleurs toponyme, doc. 1378, Aube, Voyse).

B. -

Au fig. "Moyen (?)" : Tu as volu trouver la voese De nostre loy leysier Et t'es si mal gouverné D'avoir nostre dieu habandoné (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 96).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 46/53 
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     VOUE     
FEW XIV via
VOUE, subst. fém.
[FEW XIV, 371b : via]

Arg. "Voie" : ...tout au long de la voue (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 351). [Autre ex. p.343]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 47/53 
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     VOYAUTÉ     
*FEW XIV via
VOYAUTÉ, subst. fém.
[GD : voiaulté ; *FEW XIV, 373a-b : via]

"[Droit de péage]"

REM. Doc. 1443 (ung treu ou autre exaction que on dit estre nommé voiaulté) ds GD VIII, 279c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/53 
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     VOYÉE     
FEW XIV via
VOYEE, subst. fém.
[T-L : voiee ; GD : voiee ; FEW XIV, 373a : via]

"Chemin, voie"

REM. Doc. 1445 (Tournai, faire les allees et voyees) ds GD VIII, 280a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 49/53 
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     VOYELET     
FEW XIV via
VOYELET, subst. masc.
[GD : voielet ; FEW XIV, 372b : via]

"Petite voie (sentier ou ruelle)"

REM. Doc. 1341 (Sud, violet) ds GD VIII, 280b.

V. aussi voielette
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 50/53 
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     VOYER1          VOYER2          VOYER3     
*FEW XIV via
VOYER, subst. masc.
[]

"Voiture, charrette" : Et auxi ont bois à fere voyers, charrettes et charetils, hersses, et à fere leurs autres estoremens d'ostel touteffois qu'il en est mestier par livree du verdier. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 100).

REM. À rattacher à FEW XIV, 371 : via ?
 

DMF 2020 - Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 51/53 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     VOYER1          VOYER2          VOYER3     
FEW XIV via
VOYER, verbe
[T-L : voiier2 ; GD : voier5 ; FEW XIV, 373b : via]

A. -

"Cheminer, aller" : Ains que s'enyvre, boit le glout, Ains son vomir route, se glout ; Ains trebuche, canchelle ou chiet Que droit voie et ferme du piet (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 64).

 

-

Voyer une voie. "Emprunter une voie" : Et tout bellement ont rouvé A leur hostesse qu'elle voie Au matin la plus droite voie Que elle pora au chastiel (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 81). [v.12077 (T-L XI, 642-643)]

B. -

"Conduire, guider" : En Galle allons, se Dieu me voie (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 248).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 52/53 
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     VOYERET     
*FEW XIV via
VOYERET, adj.
[GD : voieret ; *FEW XIV, 373b : via]

[D'un chemin] "Frayé, par lequel on a coutume de passer"

REM. Doc. 1330 (les chemins qui sont nomez les chemins reaus, voierez et paaigerez) ds DU CANGE VIII, 303b, via pedagiaria (GD VIII, 281c).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     VOYETTE     
FEW XIV via
VOYETTE, subst. fém.
[T-L : voiete ; GD : voiete ; FEW XIV, 372b : via]

"Petite voie (sentier ou ruelle)" : Une pieche de terre qui est heritaige l'abbé de Saint Amand siet delez une voiette qui va de Fierin a Corbehem (Arch. Nord, 1329, B 19486, pièce 4, f° 5v, IGLF). Perchant, trachant, cherchant, courant, querant Hayes, buissons, chemins, bois et voyettes [var. villettes]... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 270). Prenons ceste gente voiette, Nous irons a nostre demeure. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 379).

Rem. Ex. d'a. fr. et doc. c.1436 (Bâle, vohettes), 1456 (Tournai, voyette) et 1456-1457 (Nevers, vohete) ds GD VIII, 282b. Doc. XVe s. (voiete) ds T-L XI, 640.

 

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Au fig. : Car pour loer que dieus promette Ne moet son pié de la voiette, U qu'il son fol penser enprient. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 70). On ne l'a pas peu destourner que avec soy ne ait voulu mener Par une voyette doubteuse Les aveugles et leur donner Quelque scïence fructueuse. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 102).

V. aussi voielette
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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