C.N.R.S.
 
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     SENTIER     
FEW XI 441a semita
SENTIER, subst. masc.
[T-L : sentier ; GDC : sentier ; DÉCT : sentier ; FEW XI, 441a : semita ; TLF : XV, 338a : sentier]

A. -

"Chemin étroit, sentier" : ...je vi une fontenelle Qui estoit moult clere et moult bele, D'arbres et d'erbe environnée ; Et si estoit environ née Une haiette d'esglentier. Mais n'i vi voie ne sentier Qui fust froïe ne batue, Fors l'erbette poingnant et drue. (MACH., R. Fort., c.1341, 30). Si prenoie moult grant deduit, Car j'estoie tout asseür Que c'estoit aucun bon eür, Si le suï moult volentiers. Mais sans voies et sans sentiers Me mena plus de trois archies Parmi ronces, parmi orties Et par espines plus agües Que ne sont aguilles molues, Qui en pluseurs lieus me pongnirent (MACH., D. Lyon, 1342, 171). Je soushaide que tels gens fussent En païs ou il ne sceüssent Chemin, ne voie, ne sentier ; Si n'eüssent housel entier, Gant, mouffle, mitte, n'esperon, Housse, chapel ne chaperon ; Et si feïst si grant froidure (MACH., D. Lyon, 1342, 203). LE VALLET. Par ma foy, mie ne vouldroie, Pour dix livres de bons deniers, Qu'il me convenist les centiers Raler, sire, dont nous venons. (Mir. enf. ress., 1353, 52). Or tost ! a voie nous fault mettre. Sire, alons par ce sentier destre ; Je le conseil. (Mir. roy Thierry, c.1374, 308). Mais ou alez vous a ceste heure, se vous le me povez bonnement descouvrir ? Et se vous ne savez le chemin, je vous vous y aideray a assenner, car il n'a voie ne sentier en ceste forest que je ne saiche bien ou ilz vont, et vous fiez tout seurement en moy. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Lors laisse la lance couler aval, et tint le fer en la main, et entre les piez devant ou pertuis, et se laisse couler aval la lance. Et quant il vint au fons, si print la lance par le fer, et s'en va par my un estroit sentier, et voit au long grant clarté. (ARRAS, c.1392-1393, 265). De ce biau lieu frais et entier Nous entrasmes en un sentier Large et a point (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 31). ...il descendit de sa montaigne et vint a ce village, et tant passa de voies et sentiers que soubz le toict de la mere a la fille, sans estre oy, seul se trouva. (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...[il] chevauchoit a travers champs sans tenir voies ne sentiers le plus doulcement et debonnairement qu'il povoit (C.N.N., c.1456-1467, 547). Je suyveray bien ces santiers. (B. veoir, p.1480, 19). SAINCT MARTIN. (...) Cheminons donc legierement, Car au lieu faisons grant mestier (...). SAINCT SEVERE. (Il s'en viennent.) Tresvoluntiers, de cueur entier Suivre je vous veulx en tous lieux, Par grant chemin et par sentier, Car je n'en puis valoir que mieulx. SAINCT GALLE. De vous frequenter suis joyeux (LA VIGNE, S.M., 1496, 380).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

En tous sentiers. "Partout, en tous lieux" : Monseigneur, il est costumier De faire mal en tous sentiers, Et mencïon Fait de baptesme et d'onctïon, Et deffent circoncisïon Par son effort. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 132).

 

-

Se mettre au sentier. "Se mettre en route" : Allons nous mettre au sentier Pour l'ame du chevalier querre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 241).

 

-

Tenir voie et sentier. "Se maintenir dans la bonne direction" : ...toute le nuit s'estoit fourvoiiés, sans tenir voie ne sentier (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 177). SATHAN. (...) Dissimuler il me convient, En semblant de celluy qui tient La nef ou elle est engalée, Et les fere une autre [l. fere a autre] contrée Tenir que le chemin qu'i ont ; Sy se forvoyeront ou parfond. Den la mer les feray plongier, Sans tenir voye ne sentier. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 182).

B. -

P. méton. "Frais d'entretien d'un sentier" : ...et pour ce, telles mutacions disans, es revenues du prince et des nobles, et les pensions et gaiges annuelz, les lievaiges et les sentiers et choses semblables, ne se pevent bien ne justement tauxer ne payer (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXI).

C. -

P. anal. "Tracé qui délimite (trad. le lat. limes)" : Et Pannonie, Norvoie et Richie si ont au costé par devers orient Moesie, et par devers midi Ystrie et les Alpes et Auffrique et par devers occident Gallie Belgique, et est avironnee du flueve de Danubie, par le sentier d'entre Alemaingne et Danubie, et devers septentrion Danubie et Alemaigne (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 51r°a). Et a de certes ceste grant mer devers occident, qui naist de la grant mer Occeane en midi, si contraint plus et estrece la terre d'Aufrique entre soi et la Grant Mer et fet le sentier d'Auffrique (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 67v°a).

 

-

[Trad. du lat. primus limes. Désigne en particulier la position du chiffre dans le système de numération décimale ; c'est-à-dire les chiffres des unités] : [Aux échecs]On fait en deux champs l'assemblee De la gent par ordre nombree, Dont les IIII tous non pareulx Sont au premier sentier par eulx ; Autant de pers que nous deïsmes A il en ce sentier meïsmes. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 139). [cf. Introd. p. LXXXV]

D. -

P. métaph. au fig.

 

1.

"Chemin, voie" : ...qui brise et entame Ce qu'il devroit garder entier D'avoir dommage est ou sentier. (Mir. parr., 1356, 24). Si demouray tous esgarés, Ainsi com aprés le sarés, Quar je fui .II. mois tous entiers Qu'il ne fu voie ne sentiers, Homme, fame ne creature Qui de ma douce dame pure Me deïst aucune nouvelle (MACH., Voir, 1364, 84). Vous ne [le] pensiez pas l'autrier, Où tant vous monstriez perilleux ; Mais n'estiez encour ou santier, Où Dieu abat les orguilleux. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 35). SAINCT MARTIN. Mon cueur, mon corps et mon ame te livre, Pere eternel qui as fait tout le monde ; Donne moi grace de ton chemin ensuivre Et ton sentier, lequel est pur et munde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 195).

 

-

RELIG. [À propos de Marie] : Ha ! dame qui le vray sentier Des desvoiez es et l'adresse, Ceste dolente pecheresse Plaine de desconfort sequeurs (Mir. emper. Romme, 1369, 279).

 

-

Mettre qqn en sentier de qqc. : Et encor, pour lui affermer, Met j'en son cuer un desirier Qui d'onneur le met en sentier (MACH., D. verg., a.1340, 25). Car tous mes cuers li est donnés, Sans retraire et sans vilonnie, Pour ce qu'il est à droit nommez Preus et loyaus sans tricherie ; Et s'a de grace compaingnie, Qui d'onneur le met ou sentier : Pour ce l'aim je de cuer entier. (MACH., L. dames, 1377, 96).

 

-

Prendre le chemin et sentier de + inf. "Se mettre à" : En apprés, de vostre cartier S'en alla, par vostre licence, Et prist le chemin et sentier De venir faire residence En ce lieu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 579).

 

2.

"Conduite à tenir pour atteindre un but, moyen, voie morale" : Sire, il a bien set ans ou huit entiers, Que mes cuers a esté sers et rentiers A Bonne Amour, si qu'apris ses sentiers Ay trés m'enfance. Car dès premiers que j'eus sa congnoissance, Cuer, corps, pooir, vie, avoir et puissance Et quanqu'il fu de moy, mis par plaisance En son servage. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 62). Pour ç'a li mes cuers s'enclinoit, Et Nature li aprenoit, Ce m'est vis ; car certeinnement Selonc mon juene entendement La vëoie moult volentiers. Car mes voies et mes sentiers, Mi gieu, mi penser, mi retour Estoient en son noble atour Tout adès, n'avoir ne pooie, Sans li vëoir, parfaite joie. (MACH., R. Fort., c.1341, 3). La demourai .VIII. jours entiers Que mes chemins et mes sentiers, Mes pensees et tuit mi tour, Tuit mi desir, tuit mi retour, Tout mi pas et tout mi ressort, Tuit mi delit et tui[t] mi sort, Et mon ymagination Et ma consideration, Mes alees et mon estude, Comment qu'elle soit nice et rude, Estoient tuit a li vëoir. (MACH., Voir, 1364, 242). Et li IJ. trenchans [de l'épée] se t'enseingnent Qui en sanc des hommes se baingnent. La pointe pongnant et agüe Les paresseus point et argüe, Qui ne s'arment pas volentiers, Et qui ensievent les sentiers De la fonteinne de delices, Qui seuronde de tous les vices ; Mais aucune fois les retrait Et à bien faire les attrait. (MACH., P. Alex., p.1369, 14). Jeshus requier de cuer entier Qu'arrieres me mette ou sentier Par quoy s'amour je puisse avoir. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 243). Lesquelles choses dessusdictes je ay escriptes par sentier vray et ordonné (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 205). SATHAN [au chrétien]. Sur ce cas te conseilleray. De les rendre [cent écus] seroit folie, Grandement en auras ta vie. Et se tu mens aucunement, Tu feras en ton testament Le rendre par tes heritiers. Retiens bien, entens ces sentiers, Car personne si ne le scet. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 112). Et ainsi donc, je vueil conclurre Qu'il vauldroit mieulx, pour le cop rompre, Par force d'argent les corrompre Que de querir autres sentiers. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 891).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. (sentier de perseverance, hors du sentier de chasteté).

 

-

Trouver sentier et moyen de + inf. : SATHAN. Longuement en vain je labeure Sans trouver sentier ne moyen D'atirer quelque faulx crestien Pour tresbucher dedans mes las. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107).

 

3.

"Règle de vie, ensemble de préceptes (?)" : Or sus, faictes tantost venir Ysnellement, sans alantir, Tous ceulx quil sont a marïer, Quil du lignaige et du santier Sont du tresnoble roy David, Puis que la voix du Saint Esperit Nous a volu demonstrer. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 51).

V. aussi sente1
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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