C.N.R.S.
 
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     QUE     
FEW II-2 1467a-b quid
QUE, conj., rel. interr.
[T-L : que1/que2/que3/que4/queque ; GD : que1/que2 ; AND : que1/que2 ; FEW II-2, 1467a-b : quid ; TLF : XIV, 129a : que]

[Que comporte qu- initial, l'élément par excellence de la subordination, tout comme qui, quoi... ; lat. quam, quem, quia, quid, quod]

I. -

Conj.

A. -

[Que subordonnant ; introduit une prop. complétive]

 

1.

[Introduit une prop. complétive objet]

 

a)

[Le verbe principal est exprimé] : Doulce vierge, se vostre grez Y est, je vous pri, consentez Que me donnez graces et sens De si ouvrer, par vostre assens, Que puisse vivre en chaasté (Mir. enf. diable, c.1339, 3). Je vous ay voué, fleur de lis, Que jamais de ma char delis Ne sera en vostre honneur fais. (Mir. enf. diable, c.1339, 3). Si me commanda que j'oïsse Ce qu'il diroit et retenisse (MACH., D. verg., a.1340, 21). Et comme le noble Roumant De la Rose dit et confesse En son premier commancement C' on doit jeune cueur en jeunesse, Quant on le voit viel en viellesse, Excuser, helas ! ... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 30).

 

-

[Suivi de l'impér.] : Et vous prie et admonneste que soit a compagnie, soit a table, gardez vous de trop habundanment parler. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105).

 

-

[Suivi de de + inf.] : ...et estoient soupçonnez que d'avoir la mise si grande que sans nombre [soupçonner que X soupçonner de] (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 40).

 

-

[D'une pers.] Estre certain que : Car je suis seur et certains, Vierge, que il me suit et gaite. (Mir. enf. diable, c.1339, 7).

 

-

[Après un subst. qui nominalise le verbe principal (craindre que / la crainte que)] : Autrement seroie en cremour Que je n'eusse son mal gré (Mir. enf. diable, c.1339, 3).

 

b)

[Avec ell. du verbe principal]

 

-

[Dans une interr. ; vous dites bien que...] : CONTE GRIMAUT. Se li estiez debonnaire Tant que vous li pardonnissiez, Sire, et qu'aler l'en laississiez Par ainsi qu'il vous jureroit Qu'a touz jours paix vous porteroit, Ce seroit courtoisie grant. (...). LE ROY. Grimaut, tout esbahy me faites. Que je l'en laisse vif raler ? On en pourra assez parler, Mais, certes, puis que le tieng pris, Jamais n'ystra : trop a mespris Ly faux traitre [vous voulez que...]. (Mir. Amis, c.1365, 18). - Nostre pére (...) Veu avons Joseph, nostre frére. - Que vous l'avez veu ? (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 20702).

 

-

[Dans un titre (d'ouvrage, de chapitre...), dans une sentence ; on est en droit de dire que...] : Que toute l'estude de cheulx qui aprendent doit tendre a theologie. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 106). Que fortunes ne font pas le beneuré mescheant. (ORESME, E.A.C., c.1370, 135). Que Dieu est immuable. (Somme abr., c.1477-1481, 88).

 

.

Dire/respondre... que oui, que non, que si : Il respondirent que non et qu'il avoient plus chier a aler en estrange païs, mendiant et querant les aventures, que de demourer riches et acoustumer le fol usage du roy (Bérinus, I, c.1350-1370, 120). Si disoient li un que l'en issist a la bataille, li autre que non (BERS., I, 9, c.1354-1359, 45.11, 85). Le musnier demande a madame s'elle l'avoit a l'entrée du baing, et elle dit que si. (C.N.N., c.1456-1467, 45).

 

-

[Pour introduire une prop. optative ; on peut souhaiter que...] : Que la mére Dieu nous ottroit Grace et pardon de cest forfait ! (Mir. enf. diable, c.1339, 11). Que Dieux en puist avoir maugrez ! (Mir. enf. diable, c.1339, 45). Que Dieu par la seue merci Nous vueille aidier ! (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 226). Que Mahon te confonde ! (Mir. st Panth., 1364, 348). Que Dieu, qui maint lassus ou throsne, Vous soit misericors et doulx ! (Mir. Amis, c.1365, 4). Que de Dieu soient tous mauldictz ! (Rapp., c.1480, 63). Que de la fievre cartaine Puissez vous estre relié ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36). Que la ville on assaille ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 232). Que l'on m'escoute ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 520).

 

2.

[Que subordonnant ; introduit une prop. complétive sujet ou complétive impersonnelle]

 

-

[Complétive sujet] : Or dites vostre voulenté : Mon seigneur, drois est que je l'oie. (Mir. enf. diable, c.1339, 9).

 

-

[Complétive impersonnelle] : Trop li ennuie que [il li ennuie trop que] de lit Moy et mon seigneur departons (Mir. enf. diable, c.1339, 7).

 

-

[En tournure impersonnelle avec il] : ...il m'est avis, au dire voir, Que le cuer me doie partir (Mir. enf. diable, c.1339, 20). ...il est bien temps, ce me samble, Que je revoise a mes nonnains (Mir. abbeesse, 1340, 74). Conment vous savez qu'il est voir Qu' il soit ainsi ? (Mir. emp. Julien, 1351, 202). Ma dame, se il vous plaisoit, il seroit bien temps que nous alissons voyagier pour congnoistre les terres et les pays, et aussi pour acquerre honneur et bon nom en estranges marches et contrees (ARRAS, c.1392-1393, 82).

 

3.

[Que subordonnant ; introduit une prop. complétive apposée] "À savoir que"

 

a)

[En appos. à ce]

 

-

Ce ... que. "(Littér.) Ceci, à savoir que" : Et dit qu'assez mieus ameroit, Qui de ce a chois le mettroit, Qu'on le pendist ou traïnast, Qu'on l'ardist vif ou escorchast, Que ce qu' il fust en la saisine De la joie qui tant est fine. (MACH., D. verg., a.1340, 40). Mais ce qui fait mon cuer partir et fendre, C'est ce que je ne me say a qui prendre De mon anui. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 84). Est ce bien fait, quant vous devez A la parole Dieu entendre Que l'en vous presche pour aprendre Conment vous devez maintenir, Que ne vous y deignez tenir, Ains vous en alastes le pas Ne say ou ? (Mir. abbeesse, 1340, 64). De ce sui je moult esbahie Que n'est ceens. (Mir. st J. Cris., c.1344, 263).

 

-

[Dans est-ce que (littér. "ceci est-il, à savoir que"), comment est ce que, de quoi est-ce que...] : Et quant vous fustes revenue, De quoy fut ce que vous riés Entre vous deux et chuchetiés ? (Mir. abbeesse, 1340, 64). ...mais comment est-ce que nostre loy crestienne dit qu'il est ung Dieu le Pere, ung Dieu le Filz, ung Dieu le Saint Esperit, une Trinité ? (GERS., Trin., 1402, 160-161). ...qu' est-ce que homme ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26).

 

-

[Dans les loc. conj. en ce que "(littér.) ceci, à savoir que"]

 

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À ce que. V. à : Et si dit que chascun jour traitte A ce que la besongne faite Soit sanz eslongne. (Mir. abbeesse, 1340, 68).

 

.

De ce que : Et quant ce vint la nuit que Aigres et Milie furent couchiez ensemble, ilz restorerent grant partie de ce qu'ilz avoient esté esloingnez si longuement l'un de l'autre. (Bérinus, II, c.1350-1370, 162). ...je suiz moult joyeuse de ce que vous avez si bien besoingnié et si honnourablement en vostre voyage. (ARRAS, c.1392-1393, 78).

 

.

Depuis ce que. V. depuis

 

.

Dès ce que. V. dès

 

.

En ce que : Mais il deffaut en ce que il ne fait ne l'un ne l'autre si comme il appartient ne bien (ORESME, E.A., c.1370, 237).

 

.

Par ce que. V. par

 

.

Pour ce que. V. pour

 

-

[En appos. à c' du présentatif c'est ... que (littér. "ceci est..., à savoir que")] : Or as tu oï grant partie Pour quoy c'est que je ne voy mie. (MACH., D. verg., a.1340, 30). Mais c'est pour nient que mon cuer bée, Conment que soit enclin mon corps. (Mir. abbeesse, 1340, 66). Dame, c'est, si conme je croy, Pour ce que trop avez dormy, Que vous l'avez si estourmy Et si pesant (Mir. abbeesse, 1340, 75). ...c'est grant dommage que cest pays n'est habitez et peuplez, car moult y est grasse la contree. (ARRAS, c.1392-1393, 76). Sire, c'est trop mal fait que vous n'envoiiés plus especiaulment deviers nostre signeur le conte, par quoi il soit bien acertes segnefiiés de l'estat de son pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 396). C'est mau fait que nous parlons tant ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 40).

 

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C'est ... que (de) + inf. : Car c'est trez bon office que d'estre boutillier. (Hugues Capet Lab., c.1358, 166). Et c'est legiere chose a faire que despendre. (ORESME, E.A., c.1370, 238). ...c'est droit soulas Que d'avoir femme en sa compaigne Par mariage (DESCH., M.M., c.1385-1403, 288). Et sachiés que c'est grant merveille que de veoir icelle saincte croix, car elle est grande et grosse et si se soustient en l'air, sans ce que l'en puisse apparcevoir que aucune chose la soustienne (Voy. Jérus., c.1395, 82). C'estoit merveille que de veoir et de oÿr le maintieng de Male Voulenté ainsy affublee de adulacion (GERS., Noël, p.1404, 306). C'est le meilleur que de nous taire. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 452). ...c'estoit tout son desir que de l'acompaignier et honnourer (Comte Artois S., c.1453-1467, 62).

 

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C'est ... que (de) + subst. : C'est un mauvais ennemi qu' ire (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 11). Et ainsi de toutes autres marchandises, desquelles je me passe quant a present, car c'est moult longue chose que de usure et moult mauvaise. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 34). ...maiz tousjours ayez lors en memoire que c'est mauvaise paisson que de caille et de pigon, car c'est chair de dure digestion et demeure longuement en l'estomac. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 161). C'est bonne chasce que du cerf (...) et belle chose bien l'escorchier et bien le deffere (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 6).

 

.

Ce ... que de + inf. : Et aussy ce n'est pas ce a quoy tu dois travellier que d'avoir paix avecques eulx, mais dois assembler ton ost et tes gens et tant faire que aigre et terrible justice soit faite desdis maulx detestables (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 227).

 

b)

[En appos. à un subst.] : Sachiez je li demanderay Congié que nous puissons aler Moy et vous a m'antin parler (Mir. abbeesse, 1340, 73). Et quant Nature vit ce fait Que son oeuvre einsi se desfait Et que li homme se tuoient... (MACH., J. R. Nav., 1349, 146). ...et avez bien entendu le serement qu'il a fait que, se il me puet tenir aprés le terme qu'il m'a miz, que tout le monde ne me pourra garantir de mort. (Bérinus, II, c.1350-1370, 78). Si vous pri, dame debonnaire, Vueilliez me ceste grace faire Que me vueilliez dire conment Le trouveray (Mir. st Alexis, 1382, 339). Et se Dieux vous donne adventure que vous conquestez pays, si gouvernez voz gens selon la nature dont ilz sont. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Qant li dis mesire Carles, qui se tenoit en Nantes, sceut la verité de la venue des Englois que ils estoient arivet en Bretagne, il pensa bien que il averoit la gerre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 568). Car la raison il congnoit bien Que l'as griefvement offencé. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 37679). Et en me dormant me vint une vision devant que j'estoie en une moult grant plaine et moult belle. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 615).

 

-

[En appos. à un subst., devant de ou pour + inf.] : ...et pluseurs aultres, en grant desir que de rencontrer ces Anglois. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 94). Si n'est il mal tel, à mon jugement, Com le meschief que d'avoir pou d'argent (MACH., App., 1377, 646). Li intension des signeurs d'Engleterre estoit que de tenir ces Escos la endroit pour assegiés (FROISS., Chron. D., p.1400, 145). Et se departirent de Hainnau pluisseur jone esquier, en entente que pour demorer en Engleterre avoecques la roine. (FROISS., Chron. D., p.1400, 158). ...car la ditte roine avoit intension que de passer proçainnement la mer et venir devant Calais veoir son signeur (FROISS., Chron. D., p.1400, 793). Et se departirent sus celle entente que pour lever le siege des François qui seoient devant la Roce Deurient (FROISS., Chron. D., p.1400, 813). ...sur ceste entencion que d'avoir regart a la chose publicque (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 238). Et est grant chose que d'avoir ung tel vassal royal (JUV. URS., T. crest., c.1446, 74). Aultre confort ne sçay donner, Se non que d'avoir pacience. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 54).

 

c)

[En appos. à tant] : Dame des cieulx, cinc mille fois Vous loe et gracie et mercy De tant que vous vous estes cy A ma personne demonstrée (Mir. enf. diable, c.1339, 4).

 

-

[En appos. à qui (qui au sens de "ce qui")] : Regardez mesmes que Dieu, qui est sage sur toute sagesse, fist pour ce que Adam, desobeissant et mesprisant le commandement de Dieu ou deffense, menga la pomme, qui [ce qui] estoit peu de chose a lui que une pomme, comment il en fut courroucié. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 82).

 

-

[En appos. à lequel] : ...et ne savoit lequel faire que de retourner devers le roy ou du demourer (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 66).

 

-

[Dans le type (il y) a ... que ... (ne)] : Nuef mois a que ne fusmes cy : Ains puis ne finasmes d'errer. (Mir. enf. diable, c.1339, 11). Car long temps a que n'oy repos Pour penser conment mon propos Je te diroie. (Mir. abbeesse, 1340, 70). Dame, encore est si grant ce cas Qu'elle est grosse, ce me dit on, Et n'a qu'un po que l'enfençon Senti mouvoir. (Mir. abbeesse, 1340, 73).

 

d)

[En apposition à la proposition qui précède, dans le tour Que je sache] "À ce que (je sache)" : Dieu mercy, rien n'y a meffait Que je sache [ou que relatif dont l'antécédent est rien ?]. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 132). Onques mais que je sache n'oy Tant de courrouz ne tant d'annoy Jour de ma vie (Mir. st Panth., 1364, 323). ...ce ne sera, Que je sache, jour de ma vie. (Mir. emper. Romme, 1369, 281). ...je ne le cognois, que je sache (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 421). Par ma foy, monseigneur, dit elle, elles se sont bien vengées de vous ; je ne doubte point que vous ne leur ayez aucune chose meffait. - Non ay, certes, que je sache (C.N.N., c.1456-1467, 188). Cestui Arbaces ne y escripvit que sur les interrogacions seullement, que je sache. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38, r°).

 

4.

[En tête de phrase, la prop. compl. tenant le rôle de sujet ou de régime]

 

-

[Avec le subj.] : Que bon soit, trés bien m'i acort, Dont je suis bien de leur acort. (MACH., D. Aler., a.1349, 299). Que cils clers fust de grant vaillance, Gentils homs, et de grant puissance, Renommez de haute noblesse, Et de temporelle richesse Trés habondanment assasez (...), Ce sont toutes choses possibles (MACH., J. R. Nav., 1349, 217). Que ceste raison ci soit vraie, je le preuve ainsi... (Mir. prev., 1352, 230). Que ly doingne n'ay pas songié. (Mir. Amis, c.1365, 29). Que ce soit voir c'on ne puist avenir A exposer ses haulx biens clérement Nul ne le doit a merveilles tenir (Mir. femme, 1368, 234). Que le larron soit pugni, ce est droit naturel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 305).

 

-

[Avec l'indic.] : Que pas elle ne prouffite, Lactance ou livre de Vray aournement le demonstre (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 157).

 

-

Qu'il soit voir/vrai./Qu'il soit ainsi : ...et qu'il soit ainsi que je dy, je sui apareillé du prouver (Bérinus, I, c.1350-1370, 83). Que ce soit voirs, g'i voi assés raison, Car li amant, qui usent de priier, Ne scevent se ja aront grasce ou non (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 107). Et qu'il soit voir o la science Le nous monstre l'experience (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 151). Et qu'il soit ainsi que science, Prudence avec grant escience Soit plus que autre riens neccessaire A toutes les choses parfaire, Puis prouver par divers escrips Et par les effais non prescrips. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 216). Et qu'il soit voir que sapience Eust la plus grant audience Es temps anciens des paiens, Vous le veez par les moiens Des histoires qui en appert Le dient (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 228). Qu'il soit ainsi que largece et liberalité soit vertu agreable à Dieu, appert par ce que il nous commande amer nostre proesme comme nous meismes (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 79). ...et qu'il soit vray le nous aprent pure experience. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 79). Qu'il soit ainsi bien le me fist aprandre Ma maistresse, mon souverain desir. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 21). ...et qu'il soit vray, prouver le puis (Comte Artois S., c.1453-1467, 81). Et qu' il soit vray, par mes ditz le verrez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 335).

 

.

[La proposition qui suit apportant la preuve] Qu'il soit voir/vrai./Qu'il soit ainsi. "Pour preuve qu'il en est ainsi" : Qu'il soit voir que le roy Charles fust amé, pour cause de ses bontez, de plusieurs meismement estrangiers, lui furent lettres envoyées ou mois de mars susdit par aucuns grans seigneurs, es quelles estoit contenu que... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 137). Et qu' il soit vray, vous mesmes adressastes et mistes son furon, qui s'esbatoit a l'entour de vostre duyere, a voz deux mains ou a tout l'une, tout dedens la duyere de vostre connin, laquelle chose il n'eust peu faire sans ceste vostre ayde (C.N.N., c.1456-1467, 161). Qu' il soit ainsi, le jour qu'il trespassa Sa noble femme et son filz en substance, Avec ses biens, de tous poincts il laissa En la garde du noble roy de France (LA VIGNE, V.N., p.1495, 179).

 

5.

[Dans les loc. conj.]

 

a)

[Conj. concessives]

 

Rem. Bien que, v. bien ; combien que, v. combien ; comment que, v. comment ; encore que, v. encore... ; où que (ce soit), v. , qui que, v. qui, quoi que, v. quoi, quoique....

 

b)

[Conj. conséquentielles]

 

Rem. Si (beste, grand...) que..., v. si4 ; tant ... que, v. tant ; tel ... que, v. tel... Couplé avec que de sub. complétive dans l'ex. suiv. : A leur assembler, si fremy La terre et soubz leur piez trembla Que que tout deust cheoir sembla [si ... que / il sembla que]. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 209).

 

c)

[Conj. finales]

 

Rem. Afin que, v. fin1 ; pour que, v. pour...

 

-

Si ... que : Doulce vierge, se vostre grez Y est, je vous pri, consentez Que me donnez graces et sens De si ouvrer, par vostre assens, Que puisse vivre en chaasté (Mir. enf. diable, c.1339, 3). Dame, par vo sainte doulçour Vueillez moy garder de ses laz, Si que je n'enchiée ou solaz De luxure, dont il me tente. (Mir. enf. diable, c.1339, 7).

 

d)

[Conj. hypothétiques]

 

Rem. Mais que, v. mais1 ; pourvu que...

 

e)

[Conj. temporelles] V. lorsque

 

Rem. Ains que, v. ains ; alors que, v.alors ; après que, v. après ; avant que, avant ; depuis que, v. depuis ; pendant que, v. pendant...

 

6.

[En position de reprise]

 

a)

[Reprend une conj. quelconque par coordination (notamment si)] : Non avray je pour riens que j' oie, A vous le di, mon treschier pére, Et a vous qui estes ma mére, Pour tant c'on m'a juif nommé Et paien la ou j'ay esté, Si que jamais ne mengeray Jusques a tant que je saray Se je suis crestiens ou non, Et que je sache l'achoison Pour quoy vous n'avez joie au cuer [reprend jusques a tant que ; suivi du subj.] (Mir. enf. diable, c.1339, 26). Et chascune ja la regarde Aussi com se point n'y pensions Et que [et comme si] rien de ce ne sceussions, Pour voir la guise. (Mir. abbeesse, 1340, 73). N'en vueil plus, sire, estre tenant Parole, puis qu' il ne vous plaist Et que [et puisque] de tenir ent plus plait Me deffendez (Mir. st Alexis, 1382, 287).

 

b)

[Très fréquent : conj. répétée après une sub. incise, une apposition, une incidente...] : Car bien perchut, s'il n'estoit duis De savoir de pluseurs deduis, Des chiens et des oisaux aussi, Que d'avoir sy haulte merchy De celle a lequelle il tendoit, Que jamais venir n'y poroit. (Dit prunier B., c.1330-1350, 64). Biau filz, dy li que s'elle oir Le veult, que cy viengne briefment (Mir. abbeesse, 1340, 60). ...et li dist que, s'il li en parloit plus, que elle le diroit au roy de France (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 108). Et ce fet elle [la biche], afin que, si on la chassoit, que son faon se sauvast (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 65). Quant ceulx l'entendirent, si en furent moult joyeux, et dirent, que, s'ilz y vont, que il leur muet de grant noblesce et grant vaillantise. (ARRAS, c.1392-1393, 82). ...ne sort, ne enchantement d'art de magique, ne de poisons, de quelconque maniere, ne vous pourra nuire, que si tost que vous les regarderez, que ilz n'aient perdu toute leur force. (ARRAS, c.1392-1393, 84). Mais toutesfoiz gardez vous que, quelx qu'ilz soient, durs ou debonnaire, que vous ne leur alevez nouvelle coustume qui soit desraisonnable (ARRAS, c.1392-1393, 86). Je congnoys Que, quant a mort je vous mettroye, Que guère je n'y gaigneroye (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 29355).

 

-

[Répété après et] : Li uns des .III. messages dist que ses sires avoit une dent en sa bouche, qui estoit mauvaise et pourrie, et tant lui faisoit d'angoisse que nul repos n'en pouoit avoir ne par nuit ne par jour, et que que tantost que aucune chose y atouchoit, il lui estoit advis qu'il deüst enragier et mourir. (Bérinus, I, c.1350-1370, 139).

B. -

[Que subordonnant circonstanciel ; se charge de valeurs diverses, causale, conséquentielle, finale, ou de valeur privative]

 

1.

[Valeur causale, conséquentielle ou finale]

 

a)

[Valeur causale (très fréquent)] "Car, étant donné que" : De tous est seur toutes prisie, Et c'est drois, que je ne cuit mie Que Nature qui tout conçoit Soutieument si soutive soit Qu'onques figurer la sceüst, Se Dieus proprement n'i eüst Mis la main a la figurer (MACH., D. verg., a.1340, 16). Et quant je li eus ma priere Toute ditte en tele maniere, Moult doucement me respondi Tantost, que plus n'i attendi, Que moult volentiers me diroit Tout ce, ne ja n'en mentiroit. (MACH., D. verg., a.1340, 21). Et quant il avenoit qu'il en avoit navrez ou bleciez deux ou troix, et aucun s'en venoit plaindre a son pere, il le appaisoit, comment qu'il en advenist, mais de ce faisoit il que fol, que de riens ne le chastïoit ne blasmoit de ses folies (Bérinus, I, c.1350-1370, 11). Cy devise du chevrel et de toute sa nature. (...) Ilz vont en leur amour en octobre, et dure leur ruit environ quinze jours, maiz le ruit n'est fors que avecques une chevrele, que toute la sayson demeurent ensemble le masle et la femelle, comme font les oysiaulx, jusques a tant que la femelle doit faonner. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 74). Bien devroient mes yeulx Partir du cief de grant doulour Et mon cuer pausmer de tristour, Que je sens, je mourrey de dueil. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 452). Sire chevalier, vous dittes bien, que c'est raison que l'en sache par l'acord de tous qui le chevalier est qui avoir doit tel honneur. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 257). Puis s'en retournent avant que les glaces fondent qu' ilz ne porroient resister contre la puissance du grant Can de Tartarie. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 117).

 

b)

[Valeur conséquentielle] "En sorte que, si bien que" : Amours qui ne fait que chacier Honneur de dame et pourchacier Que tous les contraires en chace, Fait de son droit tant et pourchace Que foles pensées s'en fuient. (MACH., D. verg., a.1340, 335). Einsi regnay en joie longuement, Que je n'avoie Nulle chose qui fust contraire a joie, Mais envoisiez et reveleus estoie, Jolis et gais, trop plus que ne soloie (MACH., J. R. Beh., c.1340, 82). Dame, sachez ne suis pas yvre Que je ne la face si bien Qu'il n'y ara faulte de rien [la nég. inverse une conséquence]. (Mir. abbeesse, 1340, 65). Grant fu l'assault que pou peult durer [ou, comme le pense l'Éd., que relatif sujet ?] (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 289). ...et sont housés hommes, femmes et enffans, pour ce qu'il y a en celle ysle une menue herbe qui picque, que se une personne en est picquée par la jambe alent il est mort (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 65).

 

-

[Redondant devant pour + inf.] : ...et venoit toute appareillee que pour convoier Lydore. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 136). Et en la moienne de ce chastel avoit une porte basse que pour passer ung chevalier a cheval et de largeur pour passer .II. chevaliers de front [cf. note de l'éd. p.1177]. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 559).

 

c)

[Valeur finale (avec le subj.)] "Afin que" : Erambourc, prenez cel enfant En l'onneur du biau roy puissant, Que bonne garde en puissez faire. (Mir. enf. diable, c.1339, 17). Mais je te fais bien assavoir, Que tu saches de ce le voir, Que... (MACH., D. verg., a.1340, 28). A Bonne Amour Par maintes fois fis devote clamour Qu' elle mon cuer asseïst a l'onnour De celle en qui il feroit son sejour (MACH., J. R. Beh., c.1340, 67). Et qu' il appere qu'elles ayent entendement, elles donnent tousjours et payent leurs dismes a Dieu de l'un de leurs faons quant elles les ont fais (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 115).

 

2.

[Après une principale nég., valeur privative] Que ... ne

 

-

"Sans que" : Et pour ce qu'il n'afferoit pas Qu'avent alasse un tout seul pas, Que ne me meïsse en la garde D'Amours et d'Espoir qui me garde, De cuer devost, a humble chiere, Encommensai ceste priere, En eaus merciant doucement De leurs biens tout premierement : ... (MACH., R. Fort., c.1341, 117). ...s'il vient marchant, Escuier, moine d'abbaie, Ne clerc, ne m'eschaperont mie Que n'aie ce qu'il porteront Ou j'y morray ou il morront. (Mir. march. larr., c.1349, 100). Et, puis que chien est enragié de l'une des neuf rages, onques nul ne peut garir ne jamés n'en garira. Et leur rage ne puet durer plus de neuf jours qu' il ne soit mort. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 114). ...et ne vous fiez pas tant en l'amour de Fortune, se elle vous a ja de ses biens transsitoires departy, que ne aiez regart au dit de Alanus in Anticlaudiano ou il dist : ... (LA SALE, J.S., 1456, 75). Je vous ay tousjours dict qu'il ne fault point que me demandez congié pour aler faire voz besongnes, car je suis seur que n'abandonnerez point les miennes que n'ayez bien pourveu à tout (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 381).

 

-

"Si toutefois, pourvu que" : Honneur en rien ne me nuyra Que je puisse... (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 45419).

 

-

"Avant que" : Mais lesdictz embassadeurs supplièrent au roy que elle ne feüst point encores cryée pour saulver le serment dudict duc, qui avoit juré ne le faire que le roy d'Angleterre n'eust esté hors de ce royaume certain temps, affin qu'il ne semblast point qu'il eust accepté la sienne. (COMM., II, 1489-1491, 80).

C. -

[Que pose une exclamation ou une interrogation]

 

1.

[Que exclamatif à valeur intensive] : Vierge puissant, que ceste voye M'a esté diverse et penable ! (Mir. enf. diable, c.1339, 11). Dieux, que le cuer m'est engroissiez Ou ventre ! (Mir. abbeesse, 1340, 76). Que vous estes ore effraez, Messire Raoul ! (Mir. ev. arced., c.1341, 114). Que vous estes gent malostrue Et plains d'erreur, quant a ce point L'escripture ne savez point, Non faites vous la Dieu vertu ! (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 237). Aÿ ! Huon, frans rois, que vechi povre signe Et que la nostre amour dure pau ou termine ! (Hugues Capet Lab., c.1358, 251). Helas ! qu' il y en a peu qui veillent pour acquerre les biens esperituelz ! (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 42). Au moings que ma mort le peust satisfaire et j'en moroye plus voulentiers ! (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 120).

 

-

Que de + subst. : LE PREMIER. Que de gens qui ont trop d'avoir. LE SECOND. Que de gens qui ont trop de biens. LE TIERS. Que de macquerelles a Paris. LE PREMIER. Que de maisons en la rue Saint Denis. (Rapp., c.1480, 59).

 

-

Que dea ! : Vieuls temps desja S'en sont courus, Et neufs venus, Que dea ! que dea ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 485).

 

-

Que ... de. "Combien de" : Et ne pourriés croire qu' elles envoierent de messages par devers leurs bons amis... (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 314).

 

2.

[Que à valeur interrogative] "Pourquoi" : Que vous feray je plus lonc compte ? (Mir. abbeesse, 1340, 96). Que ne m'avez vous appellé Pour vous aidier ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 186). Que n'es tu revenue a moy Plus tost ? (Mir. enf. ress., 1353, 8). Que ne t'a regardé Ton Dieu, et qu' il t'eust gardé De ce tourment, de ceste paine ? (Mir. st Val., c.1367, 164). Que n'entrons dessus eulz ? (Mir. Oton, c.1370, 332). Que vous en feroye long conte ? (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 272). Que ne vous en en alez vous ? (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 197). Comment ! faulz traittre a ton seigneur que ne respondz tu ? (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 612). Que arrestez vous icy endroit et pourqoy... (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 144). Que ne fuz je de Pallas famillier, Ou de Nestor quelque temps escollier, Qui tant estoit eloquent et affable... (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 166).

 

-

[Pour justifier la question posée] "Étant donné que" : Qu'as-tu, que tu te demaines ? (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 718).

 

.

[Pour marquer la pertinence de la question] : Que sçavez vous qu'il soit ainsi ? (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 251).

D. -

[Que comparatif]

 

1.

[En corrélation avec un adv. de comparaison] : Trop plus magres estes, beau sire, Que n'estiez quant premierz vous vy ! (Dit prunier B., c.1330-1350, 67). De ce don vous repentirez Assez plus que vous ne cuidiez. (Mir. enf. diable, c.1339, 10). Vierge pure, se cent mille ans Vous eusse cent mille tans Miex que ne vous ay reservi, N'aroie je pas desservi, Vierge, ceste grant courtoisie. (Mir. enf. diable, c.1339, 19). Et dit qu'assez mieus ameroit, Qui de ce a chois le mettroit, Qu'on le pendist ou traïnast, Qu'on l'ardist vif ou escorchast, Que [plutôt que] ce qu'il fust en la saisine De la joie qui tant est fine. (MACH., D. verg., a.1340, 40). Mais a merveille Fu sa couleur, des autres nompareille, Car elle fu vive, fresche et vermeille, Plus que la rose en may (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Et ce seurplus Dont je ne vueil maintenant dire plus Devoit estre sans comparer tenus A plus trés dous et a plus biaus que nuls. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72). Dame que j'aim plus qu' autre, ne que moy, En qui sens, temps, cuer, vie, amour employ, Tant com je puis, nom pas tant com je doy, Vous remerci Dou noble don de vo douce merci. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 81). Car, se je puis, assez mieus que ne sueil, Vous serviray Trés loiaument de cuer et ameray (MACH., J. R. Beh., c.1340, 82). Amis, vous ne me pouez mettre Miex a mort que par escondire. (Mir. abbeesse, 1340, 70). Quant si fort est amours que mort, Certes a mort suis je livrée, Se par vous ne suis delivrée (Mir. abbeesse, 1340, 70). ...et ot l'une oreille plus grande que l'autre sans comparoison (ARRAS, c.1392-1393, 78). Car, en moult de manieres, est plus necessare liberalité a ung prince que n'est utilité, par ce que par liberalité il acquiert l'amour, l'affection, la benivolence de son peuple. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 219).

 

-

Adv. de comparaison + que (de) + inf. : Et par ceulx ay je congneu Et congnois qu'il n'est plus de vie Que d'avoir entente et envie Touzjours de la vierge servir (Mir. ev. N.D., c.1348, 63). Et puis qu'il m'assailli, mains n'en pouoye je faire que de moy deffendre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 285). Puet on au voir plus noble cose emprendre Que d'avoir coer amoureus et joli ? (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 71). Item, il appartient plus a amy bien faire que bien souffrir ou que bien recevoir. (ORESME, E.A., c.1370, 484).

 

-

El que. V. el

 

-

[Que comparatif avec un adj. non modifié] "Autant que" : En le porte le mist qu'est forte que beffrois (Hugues Capet Lab., c.1358, 125). ...De Marie me niece qu(i) est blance qu'aubespin (Hugues Capet Lab., c.1358, 188). Quant Huëz et si filz qui sont fier que lÿon... (Hugues Capet Lab., c.1358, 222).

 

-

Que plus ... (et) plus : Que plus aront ou siecle toute gent de rikaices (...) Plus aront au laiscier a le mort de tristraices (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 152). Vo menachez, ce dist, ne prise ung peu de croie ; Et que plus aigrement men mesaige contoie, Et plus faisoit sanblant de solas et de joie. (Hugues Capet Lab., c.1358, 157).

 

Rem. Cf. T-L VIII, 18-19, qui, à côté de nombreux ex. d'a.fr., cite aussi Baud. Sebourc B., c.1350, X, 1121 (...que plus li blasm'on, et plus le desiroit).

 

-

[Que comparatif cumulé avec la valeur de conj. de subordination] : J'ayme mieulx qu'elle le nourrisse Qu' il soit tué devant mes yeulx. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 34588).

 

Rem. Au lieu de que que comme dans l'ex. suiv. : ...et si furent octroieez aus dictes .III. citez les chosez ci nommeez pour ce que elles les amerent mielx que que l'en leur donnast la cité (BERS., I, 9, c.1354-1359, 43.23, 82).

 

2.

[Avec valeur distributive ; peut s'interpréter aussi comme un relatif qui se rapprocherait de qui distributif (qui à senestre, qui à destre), mais l'idée comparative semble prépondérante] Que ... que. "Autant ... que, aussi bien ... que" : ...troiz arpens que prez que terres qui sont aus diz mariez (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 133). ...pour quartier et demi que vigne que terre seant aus Marnieres (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 141). ...et illec, le musnier qui gardoit icelli molin absent, prindrent et chargerent sur leurs chevaulx deux sextiers que blé que ferine (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 515). ...et aussy en la presence des dessus nommez, furent apportées sur les quarreaux dudit Chastellet, par Jehan de Vaucoulour, sergent de la XIJe, XXIJ bourses de soye et de veluyau, que grans que petites (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 50). Item, dit que un nommé Jehan de Bourgoigne, dit Le Borgne, repairant chieux Perrin de Maurepast, maçon, demourant en la rue des Graveliers, à l'enseigne du Marteau, lui a confessé avoir emblé à une cousturiere de Laigny sur Marne, femme Jehan de Mez, menestrer, un trousseau que brayes que chemises (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 75). Et ot quatre barons, que de Poictou que de Guienne, a qui elle bailla ses enfans en gouvernance. (ARRAS, c.1392-1393, 84). ...il y avoit bien neuf cens vaisseaulx que grans que petis. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 101). Et qant il voellent guerriier et entrer ou roiaulme d' Engleterre, il mainnent bien lor hoost .XX. ou .XXIIII. lieues lonch, que de jour que de nuit (FROISS., Chron. D., p.1400, 126). Si s'en party, quant ot conquise La contree et a luy soubmise Que par amour, que par contrainte, Et chasteaulx, et villes, et mainte Cité (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 36). ...et .III. grans galees huissieres, es quelles ilz menoient .VI.XX. chevaulx, et .VI. que galiotes que brigandins. (Bouciquaut L., 1406-1409, 140). Il tint ung conchil a Clermont en Auvergne, la ou il y eult .IIIIc. evesques, cent abbéz et .Xm. que moisnes que clercs (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 212). ...et avoient bien prins cent ou six vings que chars que charrettes qui venoient de Tournay et menoient vivres en l'ost (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 356). ...ilz exploiterent tant, que de nuit que de jour , qu[e]... (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 64). ...plus de mil personnes que hommes que femmes (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 897). Madame va elle chassier volentiers ? - Volentiers ? dist damp Abbés sans y penser, oy, deux ou trois jours la sepmaine, que a cheval que a pyé (LA SALE, J.S., 1456, 259). Il venoit à nous dix hommes, vingt hommes, que de pied que de cheval (COMM., I, 1489-1491, 31). ...pour l'extrême famyne qui estoit en ladite place, où il mourut bien deux mil hommes que de fain que de maladie (COMM., III, 1495-1498, 235).

 

-

[Le premier que est effacé] : ...car le roy party bien a .CCC. chevaliers et la royne a .CC. dames que demoiselles d'honneur. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 611). ...et eurent en leur compaignie .L. dames que damoiselles des plus belles et des plus nobles d'Escoce. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 664).

 

Rem. Le premier que peut aussi cumuler deux fonctions : Je voy s'a moy ne sui docteur Si bons que par faiz que par diz J'aquiére a m'ame paradiz Ceste honneur cy riens ne me vault [le premier que est aussi le que de si ... que] (Mir. ev. arced., c.1341, 405). Atant se mirent a voie, et ne finerent que par mer que par terre, si vindrent ou royaume d'Absalon, qui ot nom Nogles [le premier que est aussi le que de ne ... que]. (Bérinus, I, c.1350-1370, 297).

 

3.

[Dans le type faire que sage "faire comme ferait un sage, faire autant que ferait un sage" (peut s'interpréter aussi comme un relatif ("faire ce que ferait un sage"), mais c'est moins probable ; sans doute à rattacher à quam)] : S'il acquiert de gloire le lis, Il fait que sage. (Mir. ev. N.D., c.1348, 69). Et quant il avenoit qu'il en avoit navrez ou bleciez deux ou troix, et aucun s'en venoit plaindre a son pere, il le appaisoit, comment qu'il en advenist, mais de ce faisoit il que fol, que de riens ne le chastïoit ne blasmoit de ses folies (Bérinus, I, c.1350-1370, 11). Et sachiez, pour voir, que puis que li homs congnoist et entent que il a entour lui personne qui le vueille grever, il fait que folz se il ne s'en delivre (Bérinus, I, c.1350-1370, 142). Mais se vous voullez faire que courtois et que bien avisez, je loëroie que vous rendissiez a la dame tout le dommage et tout ce que vous lui avez tollu sanz desserte (Bérinus, II, c.1350-1370, 142). Qui n'y venra fera que nice (Mir. st Panth., 1364, 365). A ce point devra regarder, Se fait que sage. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 26). Et sy tost comme il fu feru, lui qui parle dist audit Jehan Eustace que il avoit fait que faulx et que traitre de l'avoir ainsy feru, après l'accort dessus dit, et lui gecta le baston de fagot que il tenoit, duquel cy-dessus est faite mencion, et l'en assena par la teste. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 415). Se tu as perdu tes lettres et tu as prins de l'argent de mons. le chancellier de Berry, tu as fait que fol. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). Par Dieu, Jouhanne, dit la dame, je ne puis rien avoir de mon mary ; mais il fait que foul. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 42). Il se desfrit et entre en plus grant pencee et espie et enquiert, dont il fait que foul, quar noble cuer de homme ne doit point enquerir du fait des femmes (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 55). Adonc commence la noise et a l'aventure la batra, mes il fera que foul. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 55). Par foy, dist le cappitaine, il en vault mieulx et a fait que saige. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Par foy, dist Girart, beaulx oncles, vous avez fait que saiges, car, a ce qu'on m'a dit, cellui Gieffroy est chevalier de hault et puissant affaire, et si est terriblement crueulx. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...ou aultrement elle se dampne, et fait que tres mauvaise creature. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 124). Et tu l'as prins contre raison, Ou prejudice De moy, dont tu as fait que nice Et mal usé de ton office (CHART., L. Dames, 1416, 216). S'il le tient, il fera que sage, Et que fol s'il ne le tient mye (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 32). Pour promesse ou don qu'on te baille Je te prie ne torne a l'esquart, Car tu te damneroys sans faille Et ferois que meschant coquart. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 61). Encore, Monseigneur, je dy bien que ung homme, qui a affaire à ung aultre homme seul à seul, fera que saige de fraper le premier, s'il peut. (BUEIL, I, 1461-1466, 202). Et, se ainsi est qu'il ait ung filz et qu'il l'ait cachié, affin que moy ou ung autre venist à son secours plus volentiers, il a fait que saige (BUEIL, II, 1461-1466, 253). Touteffois je conseille que vous allés a luy a Morimonde, ont il a son lougis et luy dittes que je luy mande, a celluy viellart rassoutez, qu'il croye en Mahon nostre dieu sans faire dilacion, et il fera que saige. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 82). Deffande toy, sy fera que saige. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 84). ...et si le bon homme a femme ou fille qui soit belle, il fera que saige de la bien garder. (COMM., II, 1489-1491, 216).

E. -

[Que exceptif]

 

1.

[Par exception comparative, dans un système comparatif dont le premier terme est nég.] "Sinon que" : S'autre n'y a qui le debate Que moy, par la vierge Marie, Dame, ne m'en tairay je mie, N'en doubtez pas. (Mir. abbeesse, 1340, 73). On m'a dit par moult grant conseil Que nostre abbesse le clerc ayme Et qu'autrement point ne le claime Que son ami. (Mir. abbeesse, 1340, 73). ...nous ne pouons miex faire Que de nous vers l'ostel retraire (Mir. enf. ress., 1353, 9). Dont Abraham gardant l'ordre de nature, quant il se mist avec sa chamberiere n'avoit aultre intention que d'avoir homme par generation (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 312). ...autre chose ne desir Que de faire vostre plaisir (Narcissus, p.1426, 309). Et, par saint Jaques, je ne fais Guares aultre chose que boire ! (Path. D., c.1456-1469, 76). Lesquelles causes estoient tendans affin qu'il pleust au roy avoir bon appoinctement avecques luy pour lesdiz Flamens, qui ne tendoient à autre fin que d'avoir paix finalle avecques le roy. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 116). ...ny n'avoit en son cueur autre desir que de s'en retourner en son royaulme. (COMM., I, 1489-1491, 162).

 

Rem. Proche de cet emploi : Ja n'avera nom que " biau filz " [autre que], Pour moy, tant que baptesme ara. (Mir. enf. diable, c.1339, 20).

 

2.

Ne ... fors que. V. fors : Je ne say que ce pooit estre Fors que le paradis terrestre. (MACH., D. verg., a.1340, 15). Car de riens qui soit ne li chaut, Fors que d'adès considerer Comment il me puist honnourer. (MACH., D. verg., a.1340, 28). La ne fait il fors que penser A sa dame au viaire cler (MACH., D. verg., a.1340, 35). Et n'escri fors que mon langage. (Mir. abbeesse, 1340, 65). C'estes vous, par m'ame, Qui ne parlez fors que de noise ! (Path. D., c.1456-1469, 102).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., for quez correspond à une forme forquez (avec - s - adverbial, ici z) : ...la ne repairoit nulz For quez ung saint ermitez (Hugues Capet Lab., c.1358, 264).

 

3.

Ne ... que : Conment acheveray m'emprise, Vierge mére au doulx roy des roys ? De dix ans je n'ay fait que troys (Mir. mère pape, c.1355, 390). Il n'est qu' un roy qui ait titre certain Et tous regnes procedent de ce roy : C'est un seul Dieu, qui est le souverain (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 89). Mais il n'apporta que un oeil sur terre (ARRAS, c.1392-1393, 80). Et n'avoit cellui roy plus de hoirs que une seule fille, laquelle estoit moult belle. (ARRAS, c.1392-1393, 81). Nous tous retournions noz visages Sus ung qui n'est fait que pour rire (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 187). Car guerre ne se fait que pour avoir paix (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 221). Les Gantois, qui cuidoient que le secours fust près, et qu'il ne falloit que les appeler, ce qu'ilz avoient ouy, se mirent à la voye, et laisserent les archiers, qui prestement reparerent le pont et se remirent en ordre (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 290). Cestui Arbaces ne y escripvit que sur les interrogacions seullement, que je sache. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38, r°). En Ytalie, a trois puissances que nous tenons grandes, dont vous avez l'une, qui est Milan. L'autre ne bouge, qui sont Veniciens. Ainsi n'avez à faire que à celle de Napples (COMM., III, 1495-1498, 45).

 

-

Ne ...que (de) + inf. : ...il ne faisoient la que boire et mengier, dormir et reposer (FROISS., Chron. D., p.1400, 95). Il n'est tresor que d'avoir joye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 28).

 

.

Ne faire que + inf. : Amours qui ne fait que chacier Honneur de dame et pourchacier Que tous les contraires en chace, Fait de son droit tant et pourchace Que foles pensées s'en fuient. (MACH., D. verg., a.1340, 335). Margot ne fait que braire : tant est male et desperse. (MACH., Compl., 1340-1377, 266). La ne fait que fondre et frire (MACH., L. plour, 1349, 289). Se aucun a envie ou mesdit de ceste maniere de vivre, nostre Blesille ne fait que rire et ne daignera oïr les laidenges ou vituperes des raines faisans trop de noise (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 435). Et li papes de l'autre part Ne fait que penser main et tart Comment il les puist acorder. (MACH., P. Alex., p.1369, 236). ...et aussi je croy que cilz chevaliers ne se fait que gaber. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Quant le jayant l'ouy, si ne s'en fait que rire et dist : ... (ARRAS, c.1392-1393, 246). Elle ne fait que rechigner : feu d'enfer l'arde ! (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 106). De moy ne se fait que mocquer (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 217). ...et par ma foy je suis bien gouverné, quand avec tout le mal que j'ay eu l'on ne me fait que farser (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

Il n'y a que : Dame, encore est si grant ce cas Qu'elle est grosse, ce me dit on, Et n'a qu' un po que l'enfençon Senti mouvoir. (Mir. abbeesse, 1340, 73).

 

-

Que ... ne. "Ne ... que" : ...fontaine enclose, Où que un seul approchier n'ose ["où il n'y a qu'un seul pour oser l'approcher"] (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 1042). Au baillier que nous deux n'y ot... (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 167). Forche 'y vault c' un fil de soie Vauldrroit a ung grant vent abattre. [ne vaut que ce que vaudrait...] (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 34).

 

Rem. Cf. T-L VIII, 8, qui cite aussi, à côté de nombreux ex. d'a.fr., Baud. Sebourc B., c.1350, XV, 1076 (C'uns seus jugieres n'est, et ch'est le fiex Marie "il n'y a qu'un seul juge, et c'est le fils de Marie").

 

-

[Dans une coordonnée nég.] : ...ne il n'avoit ou dromont personne qui actendist que la mort [autre chose que la mort] (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 83).

II. -

Rel. interr.

A. -

[Dans l'interr. dir. ou indir.]

 

1.

[Dans l'interr. dir.]

 

a)

"Qu'est-ce que... ?" : Doulce mére Dieu, que ce doit ? (Mir. enf. diable, c.1339, 9). Biaus dous amis, que te diroie ? (MACH., D. verg., a.1340, 25). Que feray je, sainte Marie ? (Mir. abbeesse, 1340, 66). Que fais tu, larronciau destrois ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 153). SECOND CLERC. Mon chier seigneur, conment vous va ? Il me semble, se je l'os dire, Que vous avez talent de rire : Que pensez vous ? L' EVESQUE. Que je pense, mes amis doulx ? Je ne pense nul mal, par foy. (Mir. ev. N.D., c.1348, 81). Que j'en diray, mon seigneur douls ? (Mir. Amis, c.1365, 16). Que conquerriés, dame, s'en vo servisce Martire et mort en languissant presisse ? (FROISS., Orl., 1368, 102). Comment, dist Remondin a l'ancien chevalier, que puet cecy estre ? (ARRAS, c.1392-1393, 77). Que deable fait il ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 198). LE SOUBDAN. Qui vive la ? Qui ? LE PORTIER DE LA VILLE. Que grant deable sçai ge ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 231). Que je foys ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 412).

 

-

Qu'est-ce que : ...qu' est ce Que j'ai dit ? (Mir. st Guill., c.1347, 40). ...doulce mére Dieu, qu' est ce Que je voy ? (Mir. ev. N.D., c.1348, 71). Qu' est ce que j'ay oy sonner ? (Mir. emp. Julien, 1351, 185). ...qu' est-ce que homme ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26). Que grant deable esse que ferons A ce filz de putain, Martin ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 536).

 

-

[Mis pour quoi (dans une interr. elliptique du verbe)] : - C'est Cayn qui estoit mussé Icy, et est à mort blessé. Estendu est en ce buisson. - Que ? C'est Cayn ? Traistre garson, Filz de putain, je te tueré. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 4779).

 

-

[En tournure impersonnelle] "Qu'est-ce qui... ?" : Que t'en semble il en ton courage ? (Mir. abbeesse, 1340, 65).

 

b)

[Au sens de "à quel prix"] "Combien" : MALOSTRU. Que vendez vous livre d'ognons ? TESTE CREUSE. Livre et demie. NIVELET. C'est bon pris. (Copp. lard., a.1488, 167).

 

-

[Au sens de quel, "de quelle sorte"] : Que chose est Dieu ? (Somme abr., c.1477-1481, 156).

 

2.

[Dans l'interr. indir.]

 

a)

[Dans le champ d'un verbe épistémique] "Ce que" : Il convient Que je sache qu' il a dedans. (Mir. enf. diable, c.1339, 43). Je ne say que ce pooit estre Fors que le paradis terrestre. (MACH., D. verg., a.1340, 15). Mais je te diray que je fais : Je regarde la grant franchise Qui en li est mise et assise, Et comment il vuet sans fausser En moy servir sa vie user (MACH., D. verg., a.1340, 29). ...Et que mes cuers pot sentir et comprendre Que c'est amer (MACH., J. R. Beh., c.1340, 67). Mére Dieu, ne sçay que je face, Tant sui de li amer esprise (Mir. abbeesse, 1340, 66). Et savez vous que nous ferons ? (Mir. abbeesse, 1340, 73). ...et vit la fousse. Lors fist descendre de ses genz pour veoir qu' il avoit dedanz (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 109). Regardez mesmes que Dieu, qui est sage sur toute sagesse, fist pour ce que Adam, desobeissant et mesprisant le commandement de Dieu ou deffense, menga la pomme (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 82). O vous, mes amis et parens, Enseignés moy que je feray. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 452). Ha ! dist Sebile, je sçay bien que vous querez. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 185). Je sçay bien que je fais (Path. D., c.1456-1469, 90).

 

b)

En partic. [Avec l'inf., au lieu de quoi] : Diable m'ont si tourmenté Le cuer, que je n'en scé que faire. (Mir. enf. diable, c.1339, 23). Pour ce ne savoie que faire, D'aler avant ou d'arrier traire. (MACH., D. verg., a.1340, 20). Plus ne vous say que dire, en bonne foy: (MACH., J. R. Beh., c.1340, 78). Que dire n'en sçay, sire doulz, Par le grant Dieu. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 234).

B. -

[Dans la relative]

 

1.

[Sans antécédent (ou avec antécédent, mais après prép.) ; la relative est de valeur indéfinie]

 

a)

[Dans le type Il n'y a que manger "il n'y a pas de quoi manger, il n'y a rien à manger"] "Quoi" : C'est ce ou il n'a que redire. (MACH., D. Lyon, 1342, 190). Car couvoitise les atrape, Si que nuls de leurs mains n'eschape, S'il n'est dont tels qu'il n'ait que perdre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 140). Or vous diray en partie comment celle sale estoit ordonnee : li postis estoit fait et compassé d'unes joes de balaine, si bien et si bel apointié que nulz n'y sceüst que amender. (Bérinus, I, c.1350-1370, 110). Il avoit gros les flans et les costés, et estoit si bien ouvré en toutes mesures, que nulz n'y sceüst que amender ne que dire. (Bérinus, I, c.1350-1370, 238). ...et pour ce a l'en acoustumé a dire des oeuvres, quant il sont bien et a point faictes, que il n'y a que mectre ne que oster (ORESME, E.A., c.1370, 161). Un parement vous apport, sire : Gardez s'il y a que redire (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 66). ...ça, sire Ypolites, Estroitement emprisonnez Cest homme, et si ne li donnez Ne que boire ne que mangier. (Mir. st Lor., 1380, 168). ...je ne suy mie si bon veneur (...) que on n'i trouvast bien que amender et que reprendre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 290). ...et icelles afferma par li avoir esté faites et cogneues ainsi que escriptes sont en ce present procès, et ne y sauroit que metre ne que oster (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 359). Je n'ay que faire, que respondre ne que parler à vous. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 62). ...et que ledit Poulain l'ot laissiée seule en une chambre par l'espace de IJ à IIJ heures sanz ce qu'il retournast devers elle ne li apportast que manger ne que boire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 433). Ou premier cas le deffault vient par ce que les petiz oiseaulx sont peux de cheneviz qui est chault et sec, et n'ont que boire. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 273). Dame, ou il n'a que redire, Belle sur toute creature... (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 39). Et pour ce, je vous prie, dictes s'il y a que corriger. (BUEIL, I, 1461-1466, 201). ...et n'avoient que boire ne que menger pour eulx ne pour leurs chevaulx (BUEIL, I, 1461-1466, 217). Sire, vous estes maintenant à la fin de l'iver ; vous n'avez plus que tarder. (BUEIL, II, 1461-1466, 164). Et, pour ce, je vous pri entre vous aultres, beaulx seigneurs, dictes si vous y voyez que amender (BUEIL, II, 1461-1466, 202). Monseigneur, je vous pri, laissez-moy conduire ceste euvre et me laissez prendre l'aventure avecques ung nombre de pouvres compaignons, qui n'ont que perdre. (BUEIL, II, 1461-1466, 219). Chacun ne fait riens que espier Pour veoir ce en nous a que redire. (Sots triumph., c.1475, 38).

 

b)

[Dans que que pour quoi que] "Quelle que soit la chose que/qui..." : Vierge, que que j'aye forfait Se Dieu plaist, je m'amenderay (Mir. femme roy Port., c.1342, 199). Vous li direz qu'il mant Sevestre, Et il tel baing li mousterra Que si tost conme ens enterra Gari sera, que que nulz die, De touz poins de sa maladie (Mir. st Sev., 1362, 202). Vive tant com vivre pourra, Qu'en ma prison certes morra, Que que nulz die. (Mir. Amis, c.1365, 18). ...car femme est mallement ourgueilleuse, que que nul die, qui ne vieult escouter parler les gens qui lui voulent faire plaisir (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 84).

 

-

Que que (ce) soit : Mais, que que soit, je mectroy la chouse en seurté, car, par Dieu, madame, il en y a de si rusez qu'ilz en ont trompés maintes. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 45). Mes, que que ce soit, non obstant toutes guerres qui ont duré entre eulx vingt ou .XXX. ans ou plus, est demouré en ses pocessions victorieux. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 72). [aussi p.79]

 

c)

[Après une prép.] "Quoi" : Sanguine estoit une herbe de que on usoit lors en cerimonies des publiques aliances (BERS., I, 1, c.1354-1359, 24.4, 39). Lequel prisonnier fu fait jurer aus sains Evangiles de Dieu de dire verité sur ce que dit est, et aussi de que ce l'en lui demanderoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 394). Je vous jure en bonne foys, Pour la foys en que je croys, Je dis que tu es de ses disciples. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 186). Or devine S'en que c'est [ce en quoi]. (Copp. lard., a.1488, 161).

 

Rem. Cf. GD VI, 491c.

 

2.

[Avec antécédent de l'animé ou de l'inanimé]

 

a)

[Marque généralement le régime]

 

-

[Antécédent de l'animé] : Dieus et Nature la belle, Quant il formerent Celle que j'aim... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 83). Et aidiez et conseilliez les vefves et les orphelins, et honnourez toutes dames, et confortez toutes pucelles que on vouldroit desheriter desraisonnablement. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

[Antécédent de l'inanimé] : Dame, par la foy que vous doy, Je ne le feray mie envis (Mir. enf. diable, c.1339, 7). ...nuls cuers penser ne porroit La joie que li miens avoit. (MACH., D. verg., a.1340, 17). C'est la gloire de paradis Que desirer devons touzdis (Mir. abbeesse, 1340, 61). ...donnens et octroyens a leurs devant diz procureurs (...) de jurer en l'ame de eulz de dire la verité et de toutes autres choses et singuleres faire que les diz constituans feroient et faire pourroient, se presenz y estoient en leurs personnes. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 133). ...ou lieu c'on dit Fouteriau (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1358, 223).

 

.

[Antécédent neutre] : Que me direz vous, sire doulx, Que j'aye a gré ? (Mir. st Panth., 1364, 315). La veissiez bannieres, pennons et estendars sur les vaisseaux au vent, et sonner trompetes et instrumens, et ces chevaux hennir et braidier, que c'estoit grant beauté a veoir [à voir cela]. (ARRAS, c.1392-1393, 84).

 

.

Ce que : Ce que j'ay fait, c'est par vous, sire : Le pechié vous en demourra. (Mir. enf. diable, c.1339, 10). Si me commanda que j'oïsse Ce qu'il diroit et retenisse (MACH., D. verg., a.1340, 21). J'ay bien veu s'entencion, Et ce que cy dedans me mande. (Mir. abbeesse, 1340, 68). Filz, obeir vueil bonnement A ce que vous plaist conmander [ce que il vous plaist commander] (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 293). Je sui tout prest de faire ce que il vous plaira. (ARRAS, c.1392-1393, 81). Enfans, entendez ce que je vous vueil dire et commander. (ARRAS, c.1392-1393, 84).

 

.

Chose que : Gardez que vous ne promettez chose que vous ne puissiez tenir (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

.

[Dans le présentatif c'est ... que, opposé à c'est qui] : Dites moy, mes suers, n'est ce pas Le clerc que je venir la voy ? (Mir. abbeesse, 1340, 67).

 

.

[Dans une interrogative complexe, repris par qui] : ...a il ceens femme, Que voulsisses qui fust ta dame En fait d'amour ? (Mir. abbeesse, 1340, 68).

 

b)

[Au sens de "où" (spatial ou temporel)] : Et quant ce vint la nuit que Aigres et Milie furent couchiez ensemble, ilz restorerent grant partie de ce qu'ilz avoient esté esloingnez si longuement l'un de l'autre. (Bérinus, II, c.1350-1370, 162). ...dedens l'an et le jour que les troubles, nouvelletez et empeschemens leur furent fais (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1369, 404). Ensi le baptiza jadis Uns chevaliers preus et hardis, Quant par chi rapassa de Prusse, Droit en l'an que li rois de Russe Fu desconfis des crestiiens (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 144). Enfans, je vous encharge que en tous les lieux que vous serez, que tous les jours vous oyez le service divin tout premierement que vous faciez autre chose. (ARRAS, c.1392-1393, 84). Mais quant il vint au soeuil qu' il deut entrer... [par où] (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 399).

 

-

Toutes les fois que. "Toutes les fois où" : Mon enfant, je te vueil baisier Toutes les foiz que te verray. (Mir. enf. diable, c.1339, 17).

 

c)

[Parfois étendu au sujet (que dit "universel" ou "neutralisé")] "Qui" : ...la clarteit et splendour de ta lance que ["qui est telle que"] tout foudrie (Psaut. lorr. A., 1365, 152). Tous ceulx que meneront ta vie Auront de paradis la vie. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 172). Sachent encorez tous princes et gouverneurs de la chose publicque que une des choses que fait amer les seigneurs et gouverneurs de leurs hommes est que la peccune et aultres entrees que viennent au commun prouffit des hommes soient par eulz bien gardees, conduittes et conservees (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 18). Ce n'est rien que folle plaisance, Ung plaisir que si petit dure. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 41095). Ce roy cy estably loyz molmutinez et que sont celebrees jusques a ce temps entre les Anglois. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 47). ...il encommença moult fort a penser au tournoy que nonchié luy estoit (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 114). ...car tout plainement le demoustra ung comete que ung pou par avant se amoustra au ciel. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 387). As-tu homme que disputer Voelle contre moy pour tes dieux... ? (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 7427). ...la chose que oncques ne fut ne jamais ne sera. (RENÉ D'ANJOU, Mortif. Vaine Plais. L., 1455, 8). Il n'est homme que n'en soit triste. (Pass. Auv., 1477, 97).

 

Rem. T-L VIII, 9-10 ; GD VI, 492c. Cf. aussi HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, Introd. XXXIII.

 

-

[De nombreuses occurrences admettent aussi une interprétation différente] : En le porte le mist qu'est forte que beffrois [mais devant voyelle, peut-être élision de i] (Hugues Capet Lab., c.1358, 125). Donc pourra il choisir et traire a celle beste que bon li semblera [ou bien "que bon [il] lui semblera [de traire]" ?] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 281). On ne sçaroit dire combien Sommes marris du desplaisir Que voions que vous vient saisir [ou est-ce la conj. (voir que) ?] (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 36974). Et puis trouverent ces deux pucelles que cy sont en une nacelle et estoient en peril de mort [ou que au sens de "car" ?] (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 351).

 

.

[Dans une interrogative complexe, reprenant que interr.] : Laisse moy, que porray je faire Que a Jhesucrist puisse complaire ? [non pas "ce qui", mais "en sorte que" ?] (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 72).

 

.

[Après ce, mais toujours proche d'une tournure impersonnelle (ce que dit est = ce qu'il est dit)] : ...et promistrent sur l'obligacion dessus dite a avoir et tenir ferme et estable, sanz rappel, tout ce qui par ledit Jehan de la Boiste, leur procureur, sera fait, dit et procuré sur ce que dit est, ou nom d'euls et pour euls. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1337, 76). Tout ce est a entendre selonc le cours de nature ou selonc ce que puet apparoir par rayson naturelle (ORESME, C.M., c.1377, 84). ...nientmoins selonc ce que puet apparoir par ce que dit Eustrace sus le premier d' Ethiques, Aristote reprovoit aucune foys Plato trop indeuement et avoit ses oppinions en hayne oultre rayson (ORESME, C.M., c.1377, 260). Et pour ce, ycelui Pierre, interrogué de nous sur ce que dit est, afferma par son serment que... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1382, 528). Lequel prisonnier fu fait jurer aus sains Evangiles de Dieu de dire verité sur ce que dit est, et aussi de que ce l'en lui demanderoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 394). Apres ce que ay devisé sumanment assez, comme il me semble, de ce que puet touchier gouvernement de peuple... (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 138). Ce que puet estre et non estre, il est contingent et point necessaire, comme dist le philosophe Aristotiles (Somme abr., c.1477-1481, 170).

 

.

[Suivi de dessus, mais proche de "comme"] : Toutes les quelles choses dessus esclarciees les diz clers notaires jurez nous rapporterent estre et avoir esté faites et dites en leur presence, en la maniere que dessus est contenu et esclarci. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 19). Et la, pour ce que a chascune d'ycelles fois il trouverent la dite meson wide, vague, decheoite, ruineuse et inhabitable et en la maniere que le dit procureur avoit donné a entendre et que dessus est dit (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1338, 77). Si n'ot loy de mentir et luy dist la verité de tout ce que dessus est dit. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 115).

 

.

Ce que dessus : Et pour ce, en reprenant ce que dessus comment les mariz essaient l'obeissance des femmes... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 82). Ce fait, alasmes à l'ostel dudit duc, et exposé ce que dessus, après po de paroles, plut audit duc que... (BAYE, II, 1411-1417, 102).

 

d)

[Avec antécédent propositionnel, que neutre dans le tour Que pis/plus est] "Ce qui pis/plus est." : Item, ceste science civile use des autres disciplines pratiques et, que plus est, elle propose et met regle et loy de ce que l'en doit faire, et de ce de quoy l'en se doit abstenir. (ORESME, E.A., c.1370, 105). ...et l'un et l'autre peche et, que pis est, peuent faire faulx heritiers qui succederoient (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 38). Car Dangier l'a desrobé de Plaisir, Et que pis est, a de lui eslongnee Celle qui plus le povoit enrichir : C'est sa dame tresloyaument amee. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 41). Si est a jugier quel conseil home yreuz estant en son yre peut donner, mais, que pis est, ce que ung aultre dira qui sera bon, juste et raisonnable, l'omme couroucié le impugnera et le pervertira contre toute rayson (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 241). Il donne sa grace liberalement sans deserte et le multiplie, et aprez le conserve et garde, et que plus est, il le recompense par remuneration ez cieulz et en la glore eternele. (Somme abr., c.1477-1481, 180).

 

e)

Qui que

 

Rem. V. qui III.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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