C.N.R.S.
 
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     MAIS1          MAIS2          MAIS3     
FEW VI-1 28a, 30a magis2
MAIS, adv. et conj.
[T-L : mais1 ; GD : mais1 ; AND : mes4 ; FEW VI-1, 28a, 30a : magis2 ; TLF : XI, 194a : mais1/mais2]

I. -

Adv. [Marque l'idée de prolongation au-delà d'une certaine limite]

A. -

[En quantité, en intensité] "Plus ; le plus" : Celuy de vous [parmi les diables] qui mès fera De mal, sera le mieulx amé. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 45).

 

Rem. Fréquent en afr. (T-L V, 855-856), devenu rare en mfr. L'ex. suiv. est peut-être à mettre ici, mais il peut s'interpréter très différemment : Et dire et en terre et en mer Que nulz son service ne pert Qui le met en vous mès appert ["vous qui êtes le plus sage" ? Il devrait s'agir plutôt de apparoir (mais ilapparaît ceci : Vrai Dieu...)]. Vraiz Diex, en qui n'a point d'amer, Qui vous et vostre mére sert Pardurable gloire en dessert (Mir. st Ign., 1366, 104).

 

-

[Idée de renchérissement] "De plus, en outre, et même, qui plus est" : Te samble il pas que fust folie, Mes furieuse conardie ["et même"] ? (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 196). - Mais tant y a de courtoisie En vous et si bien le savés Que escusees nous avés. - Dame, ce dist li chevaliers, Mais me rench tous ens es dangers De vous (FROISS., Melyad. B.M., c.1383, 897). ...combien que, comme il dist et cognust, il avoit ja passé dix ans qu'il avoit eu en pensee de renoncier à sa loy, car elle lui sembloit mauvaise pour le sauvement de son âme, mais trés dampnable. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 290). ...on l'eust bien getté à terre d'un petit doit, tant estoit petit et meschant de corps, mais le visaige sembloit estre tresmauvais. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 356).

 

.

Et mais. "Et de plus, et plus encore, et même" : L'on mauldit Argent Et mais sa cequelle (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 471). En oultre veirent de bestes meintes formes : Divers Centaures et des Scylles bifformes, Et cent foys double le monstre Briaree, (...) Et mais Gorgone et rapaces Harpies, Dont il y eut planctureuses copies, Et la forme de l'umbre ayant troys corps, Tous leans furent en turbulens accors. (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 314). Cil destruyra Argos et sa mesgnye, Et mais Mycennes dicte Agamenonye, Sans espargner celluy fort Eacyde Issu jadis du sang achilleÿde (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 367).

 

-

Ne mais. "Non plus, pas plus" : Il ne te fault ne mais avisier a toutes choses qui plaire te porroyent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 13).

B. -

[Prolongation dans le temps] "Plus, plus longtemps, toujours"

 

1.

[Tournures positives]

 

-

"Désormais" : Chascun vieut mais avoir a[mie] Et de ce vient on a folie (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 93). J'estoie hier entrepensant, Mais je suys joyeux et haytié ! [Ou est-ce plus banalement le sens d'opposition ?] (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 158).

 

-

Tous les jours mais. "Toujours désormais" : Ce t'ay requis et requerray Touz les jours mais que je vivray. (Mir. prev., 1352, 234). Certes, je vous doy bien servir, Si feray je d'or en avant Touz les jours mais de mon vivant (Mir. march. juif, c.1377, 175).

 

-

À/pour toujours mais. "Pour toujours" : ..mon di fi en seiront adonc quittes et diligies a tous jours mais. (HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1338, 49). Pour eulz arez telles soudées (...) Qu'en honneur serez amontez Pour touz jours mais. (Mir. Amis, c.1365, 13). Il est mou dieu et mou sauour. mon ayde et mon adiutour (...) dieux est nostre ayde et adiutour a tou jour mais [Ps. LXI, 7 et 9] (Psaut. lorr. A., 1365, 61). Au revenir je te donrray Tant que riche homme te feray Pour touz jours mais (Mir. Berthe, c.1373, 243). "...Pour tous jours mais, je me voel tenir et alloier avoecq les Englès." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 59). Toutes ces coses furent seelées, confermées et accordées et jurées à tenir fermes et estables à tousjours mais entre l'un roi et l'autre et leurs roiaumes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 118). Les drois dient, je n'en doubt mie, Que la playe de bigamie A tousjours mais est incurable. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 3). ...affin qu'en sa vie l'omme S'excercitast en faire somme De choses belles et valables Et a tousjours mais prouffitables. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 27). Si orent fait ediffïer Un merveilleux cheval de fust, Et, qu' en son temple menez fust, En signe que leur grant victoire Fust a tous jours mais en memoire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 155). En oultre, se vous souffrez taillier le petit peuple, il est perdu a tousjours mais, de dix il n'en eschape deux, puisqu'il sont touchiez du rasoir ; apres rere n'y a que tondre ; il est tant jus, tant povre et tant debile qu'il n'a que le pel et les os. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 154). Bethlëen, terre de Judee, Tu n'es pas la meindre fondee Entre les princes de Juda. Ung grant prince de toy ystra Pour gouverner a tousjour mais Mon peuple d'Israël en paix (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 298).

 

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À mais toujours : Mauldis soyez, à mez tousjours (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 285). Et suy dampné à mez tousjours (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 290).

 

-

Des or / ore mais. V. desormais : Pour ce vous pri que des or mais Soiez cointes, jolis et gais, Loiaus, secrez sans venterie, Car vous avez loial amie. (MACH., R. Fort., c.1341, 141). Alors Gerart luy escrya a haulte voix et luy dist : «Vassal, des ore mais je vous conseille que voz vantises et haulx parlers voelliés refraindre. Assés de fois ay oÿ dire que trop parler nuist, sy est vilonnye de tenchier, et manechier grant folye. Car au deppartir on porra veoir lequel de nous deux ara victoire.» (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 123).

 

-

D'ores mais : Je suis d'ores mais enssïen (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 190).

 

-

Anuit mais. V. anuit "Pour cette nuit"

 

-

Hui mais./Mais hui. V. huimais "Désormais ; à présent" : Et vous, alez hui mais jesir Et reposer (Mir. st J. Cris., c.1344, 285). Va t'en tost a ton plait, car il en est huy mais heure (Bérinus, I, c.1350-1370, 78). ...il est temps hui mais Que chascun resposer se voise. (Mir. Theod., 1357, 99). Ferez vous autre chose huy mais De voz brandons ? (Mir. st Panth., 1364, 353). De faire mais hui plus demeure Pourrions faire mesprison (Mir. emper. Romme, 1369, 244). Je te donne journee a demain, car il est huy mais trop tart. (ARRAS, c.1392-1393, 299).

 

2.

[Tournures nég.] Ne ... mais. "Ne ... plus" : Las ! tu vois bien, Thiebert amys, Qu'a maladie suis submys ! Tant m'ont fait batre et dehaler Que ne puis ma langue avaler, Ne me levay mais de sepmaine (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 49). Je vi sans estre decëu Qu'entrer a force y convenoit, S'autre passaige n'y avoit ; Toutevois par celle voie Nul mais passer ne vëoie (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 4). Leur coureur ne trouvoient mès riens que fourer : de quoi il avoient grant defaute en leur host de vivres. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 15). Il partirent secretement en leur ville et vinrent à le couverte à l'endroit où li mineur ouvroient, qui gaires n'avoient mais à ouvrer pour acomplir leur emprise. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 94). Or advint a ce penultime jour de la mort du pervers murdrier qu'il s'amonstra a ses guerites, monté en orgueil et fierté, pour ce qu'il n'avoit mais a passer le lendemain pour faire mensongniere la deesse Venus (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 284). Je me suis veu que je n'avoye mais Ne pot ne pelle que tout ne fust broué (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 156). Icy ne ferons mais arrest ; De soupper nous abregerons. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 545).

 

-

N'en pouvoir mais : De toutes ces coses, ces traitiés et ces apaisemens on ne parloit en riens au conte de Flandres, ne il n'estoit noient appellés au conseil dou roi, ne nul homme de sa court. Se il en anoioit, je n'en puis mais, car tout le voiage il n'en ot autre cose. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 34). Quant ma dame est noble et de grant vaillance, Et je me sen de tres petit affaire, Je n'en puis mais, se je sui en doubtance Que je n'aie moult durement à faire, Einsois que j'aie s'amour (MACH., L. dames, 1377, 212). ANNE [à Jésus]. Advis m'est que tu les deçois [les apôtres] Et, pour mon sermon abreger, Tu les metz en tres grant denger, Car s'en ta doctrine y a vice, Et ilz sont saisiz par justice, Ilz n'en eschapperont jamais Et les meschans n'en peulent mais. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 728).

 

-

Ne ... mais point de. "Ne plus de" : "Les aucuns voloient attendre l'aventure (...) et les autres se voloient partir et disoient que il estoit heure, car ilz n'avoient mais point d'artillerie, et sentoient le duc d'Angou cruel." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 41).

 

.

Ne ... mais de quoi... : ...et pour ce que ledit filz est grant, et que elle n'a mais de quoy lui bien faire ne avancer... (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 121).

 

-

Ne hui mais./Ne mais hui. "Ne plus désormais, ne plus à présent" : Or n'aiez paour, car huy mais ne serons prins qu'il ne leur soit moult chier vendu (Bérinus, II, c.1350-1370, 92). Ytier, pleust Dieu orendroit Que mais hui ne jeusse en ville, Et mon chier compaignon Amille Tenisse ci. (Mir. Amis, c.1365, 31). Mais, monseigneur, huy mais ne povez vous parler a lui. (ARRAS, c.1392-1393, 276).

 

-

Ne jà mais. V. jamais "Jamais" : ...s'il n'avoit plus d'onmes jusques l'Arbre qui sent, Si n'ara il ja mais a moy part ne couvent (Flor. Rome W., c.1330-1400, 174). ...ne ja mès Tristece en li ne fera lonc sejour (MACH., App., 1377, 639). "Hay my" dist la dame, "le bel semblant que je luy fis yer m'a mort ; car il m'embla le cuer sy en la doulceur ou nous estions, que ja mais ne le ravray tant com je vivray." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 34).

 

Rem. Très nombreux exemples dans la doc. de ja mais "jamais".

 

-

Ne onques mais. V. onques "Jamais" : Le dyables si rest pres de lui, Qui li refera grant ennui. De moigne a prise la figure (...) Et dist : "Agnés, bele cousine, Je sai trop bien tout ton couvine." Or du mentir, pullent mauvés ! Ele ne te vit onques mais Et puis la vieus acousiner ! Trahir la vieus et bresilier. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 14). "Diex nous aye, et Saint Jorge ! il n'i eut onques mès en France si mescheant roy comme cilz à present est, et se n'i eut onques roy qui tant me donnast à faire comme il fait." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 96).

 

3.

[En "situation forclusive" (dans une proposition interrogative, hypothétique, après une principale négative ou un élément négatif...)] "À quelque moment, à un moment quelconque, à un moment quel qu'il soit, un jour, désormais" : Trop sont endurcy en tel estre. Et s'ont oublié leur bon maistre Et leur propre nativité Pour estre en grant chetiveté, Envis mais se retourneront, Mais leur tamps ainsi fineront. Dont n'est ce mye naturelment, Mais force d'acoustumement. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 67). Ou nous pourrons nous mès embatre Pour un lievre ou pour deux avoir ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 151). Pour Dieu, dame, que vous hastez, Car pour voir espouser vous vueil Ains que je dorme mais de l'ueil (Mir. nonne, 1345, 334). N'est nulz qui ait mais de moy cure. (Mir. st Panth., 1364, 338). Rendu te sera, vraiement, Ains que je parte mais de ci. (Mir. Amis, c.1365, 39). Car se mais samblant faisoie, Sans doubte, en dous mueroie Ce qui tant leur est amer. (MACH., L. dames, 1377, 123). En tant de lieux avons esté Que je ne scé, par verité, Ou mais aillons. (Mir. st Alexis, 1382, 333). Mais Amours (...) print incontinent mon cuer et l'assist au plus hault lieu. Qu'en puis-je mais se le consenty (...) ? ["Qu'y puis-je ?"] (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 372). LUCIFER. Ha, Sathan, la cause y est grande, Terrible, penetrable et dure. Vous souvient il mais de l'injure Dont ce Jhesus nous a lobéz, Qui nous a ainsi desrobéz Et despouillié nostre manoir Qu'il n'y a laissié remanoir Saint prophete ne patrïarche Qu'il n'ait fait vuider de cest arche Ou jamais ne seront recluz ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 384). Helas, peuple, ou trouveras tu Ung tel evesque, ung tel pasteur ? Si estoit il plain de vertu Et aymoit Dieu, son createur. Qui sera mais debellateur D'erreurs ou de faultes mortelles ? (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.6293).

 

-

Ja mais. V. jamais "À quelque moment que ce soit" : Certes, il n'est pas pocible que ja mais, pour chose que je fasse, je peusse recouvrer consolacion, car je sens mon cuer disposé a soy habandonner au plus desolable descomfort quy puisse estre. (Chastel. Vergier S., c.1450-1480, 103).

 

-

Onques mais. "À quelque moment que ce soit" : ...et par la plus horrible manière qui avoit esté vue oncques mais, tuoit gens et assommoit comme bouchers font les boeufs, espautroit testes de chevaux, confondoit hommes d'armes, espouvantoit courages, donnant forces et puissances, employant bras d'un foudre et d'un homme d'acier qui nulluy n'amiroit, mais le fuirent chacun ; et ne sembloit que un assommeur, un meurtrier à journée, plus diable que homme. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 269). ...dont je, en greigneur doubte que oncques mais cheu, et en difficulteuse consideration precipité... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 282).

C. -

[Marque l'idée de prolongation exceptive (la validité de ce qui est dit se prolonge pour l'élément excepté )]

 

1.

[Avec ne ... que exceptif ; v. ne1 III C 1] Ne ... mais que. "Ne ... plus que ; ne ... rien d'autre que" : Et ainsi le tesmoingne Job qui dit : Vie d'omme sur terre ce n'est mais que une chevalerie ["ce n'est rien d'autre que"]. (Mir. st Val., c.1367, 123). ...Se j'eusse mon vit d'Orliens, Qui grans fut et roide enhantez, Gros et nervus, au dire voir, Bien venuz et bien hostelez En mains lieux ; or faiz a sçavoir Qu'il est muez de rouge en noir, Pale et destaint, sanz lui drecier, N'il ne sert mais que de picier (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 10). ...ledit proces, ouquel lesdites parties n'ont encores procedé devant vous, mais que par contumacions (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1372, 485). Et dit, sur ce requis, que de tout l'argent dessus dit, il ne avoit mès, au temps de son emprisonnement, que la somme de XIIIJ frans ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 87). ...nulle joye ne dois avoir, mais que des chouses qui te donnent adjoutoire en esperance de parvenir a celle joye pour laquelle tu as esté fais ["si ce n'est des choses qui"]. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 197). ...tous ses ciens perdu a, N'a mais c'un bracquetiel (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 530). ...une vielle qui n'avoit mais que un dent... (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 98).

 

-

Ne ... mais fors : Or ne me fault mais fors sens de prendre et maniere de deviser (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 715).

 

2.

P. ext. [Marque l'idée exceptive en dehors de ne ... que] Ne... mais. "Excepté, sinon, si ce n'est" : Se ["ainsi"] ne rens graces mez de bouche, Et la loenge au cuer ne touche (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 18). Les quelles lettres et tout le contenu en icelles sont et demeurent, seront et demourront en leur plaine force et vertu pour le temps passé, present et a venir, sans en faire aucune innovacion, non obstant les choses dessus dites ne chose qui s'en ensuive ne chose cy aprés esclarcie ne dite, ne mais en tant seullement conme le dit Jehan par les dites lettres est obligiez a paier a la feste saint Jehan Baptiste prouchaine venant vint livres par.., a la Saint Remy prouchaine vint livr.. par.. et trois muis et demy de blé esclarci es dites lettres (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1366, 323). ...et, comme l'Empereur eust fait dire au roy que tresqu'il seroit à Paris il ne vouloit estre servi ne mès des gens du roy, en laquel garde il se mettoit, le roy lui ottroya (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 100). ...nulle temporalité, ne prosperité de vanité mondaine ne me pertrait ne encline à vouloir de moy autre chose ne mès ce que Dieu a voulu de moy ordenner (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 190).

 

-

[En proposition interr.] : ...car pourquoy furent establis les princes sur terre ne mais pour aidier et secourir par auctorité de puissance, de corps, de parolle, de peine, de reconfort et tout aide non pas seullement les subgiéz, mais semblablement tous crestiens, estranges et privéz (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 149). Car dit Saint Gregoire : Où devons-nous querir la vertu de paix ne mais ou ciel ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 47).

II. -

Loc. conj. Mais que

A. -

[Idée de prolongation dans le temps ; avec l'indicatif ou le subjonctif] "Dès que... (et au delà), sitôt que, une fois que, après que" : Nous ferons une mortel guerre, Mais que nous venons as espees, Qui sont d'acier dures temprees. (FROISS., Melyad. B.M., c.1383, 623). Sire, seez vous ycy endroit et, mais que je vous aye estanché voz plaies, je vous compteray tout mon fait. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 127). Sachjez que je voeuil tantost mouvoir, mais que soyons desjunez (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 173). En ceste maniere, dist Anthoine, feray je de mon epistole : mais que monseigneur le grant gouverneur ait digeré son vin, je la luy porteray et il la trouvera bonne. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 114).

 

Rem. Idée temporelle très ténue : il se mêle à tous ces exemples une nuance conditionnelle ("si toutefois"), et la différence est faible avec la rubrique suivante, B 1.

B. -

[Idée de prolongation conditionnelle ; avec le subjoinctif]

 

1.

[Condition suffisante] "Pour peu que, pourvu que, à condition toutefois que" : ...Ne font force mas que argent viegne (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 72). "Monsigneur, mès que nostre chapitainne et mainbour, li contes de Pennebruch, soit arivés par de delà, nous ferons bonne guerre et forte." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 35). ...les cappitainnes des mauvais (...) faissoient semer aval la ville, mais que li estés revenist, li contes ou ses gens brisseroient le paix. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 218). Mais c'Abÿace garis soit, Il n'est nulz qui nous retenroit A l'ostel, saciés le de vrai. (FROISS., Melyad. B.M., c.1383, 1071). ...se le prisonnier [de son maître] a juré de tenir la prison ou la chartre (,) mais que son maistre lui donne a menger et lit (...), s'il s'en va ["s'l s'évade"], non obstant qu'il le tiengne en bonne prison ou en garde, il [le prisonnier] brise son seurement et sa foy. (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 347). Mais que bon vent ayons arriere, Nous serons tost en noz pays. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169). Mais que j'aye fait mes estraines, Honneste mort ne me desplaist. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 50). Il est presque chault, se me semble. Soufflons encor une allenee ; Il n'y aura plus de fumee, Mesque tout soit bien embrasé. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246).

 

-

"À supposer que" : Onques par moy ne fu deffais ses nis, Mais que la branche en fust ung pou hocie ["secouée"]. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 615). [Éd. : "après que"] Mais que j'aye Leviathan, Je l'eusse assommé des antan. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 114).

 

2.

[Condition nécessaire ("si et seulement si, sinon non p")] "Seulement si, à la condition expresse que" : Et aussi si aucuns des ouvriers d'oeuvre pleine ont à present aucuns draps rayez encommenciez, ils les pourront faire apprester par ouvriers d'oeuvre rayée, et iceulx quant ils seront faits et apprestez vendre en la Halle aux rayez ; mais qu'ils soient bons et suffisans, ainsi que pardessus est dit ; mais que paravant il les ayent monstré aux Bougonneurs desdites Draperies, pour avoir cognoissance du nombre et du compte d'iceux. (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1350, 398). "Sire de Lagurant, j'ai bien oï vostre parole. Or vous souffrés un petit : je irai parler à mon maistre. Ja ne sera reprocié que par lasqueté il vous refusse, mais que vous le voelliez atendre." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 121). Escu lui fault, espée et lance, Cotte d'acier et gardebras, Hernoys de jambes pour le bas, Solers de fer et une piece Que la poitrine ne despiece, Plates, jaques et gantelès, Braconnieres et bacinès, Hache, dague, camail, visiere, Mais qu'il y ait bonne lamniere, Cotte d'armes pour pairement (DESCH., M.M., c.1385-1403, 79). Maistre Françoys, devés [le] croire Emprunta deux grans bros de bois Disant qu'il estoit necessaire D'avoir du vin par ambagoys. L'ung fist remplir de belle eaue clere Et vint a la Pomme de Pin Atout ses deux bros, sans renchiere Demandant s'il avoient bon vin Et qu'on luy emplist du plus fin, Mais qu'il fust blanc et amoureux (Repues franches K.V., c.1480, 97). Messagier, va legierement A Roan sans faire demeure Et fais bien mon commandement Sans arrester ne pas ne heure. Tu t'en yras de grant aleuze Au sire Tallebot noncer Comment, mais que Dieu nous secourre, Nous arriverons demain au soir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 111). Romme tiens, Grece a moy s'aplique, Arrabe, Tarsse, Asye, Affrique, Egipte, Calde, Babilonne, Tout est a moy et tout te donne, Mais que devant moy tu t'enclines Et m'adores et me adomines Comme tu sces que je le puis Et que ton maistre et seigneur suis (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 39). Et le povez faire par la main du seneschal de Beaucayre et que le seneschal de Beaucayre monstre bien de se fier en cesty cy, mès qu'il y mette d'autres levriers. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 209).

 

-

[Avec et ; et mais que est l'équivalent de mais que] Et mais que. "Et à condition que" : Et mais qu'il vous plaise, Faites lui ent la cause expondre, Car c'est tout a elle a respondre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 126). Il y a du fain, des genees, Et mais qu'ilz soient bien arrunees On s'en clora aucunement. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 99).

 

.

[Avec ne "ni" (ici en proposition hypothétique coordonnée) ; ne mais que est l'équivalent de mais que] Ne mais que. "À condition que" : Se voulez venir avec moy, Ne mais qu'il plaise a vostre dame, Je vous feray estre, par m'ame, Enfant de la chappelle au roy, Dont vous pourrez en grant arroy Encor venir. (Mir. st J. Cris., c.1344, 265).

C. -

[Idée de prolongation exceptive (comme supra I C, mais rare avec que) ; avec l'indicatif] "Excepté, sauf" : Més qui bien jousta ne qui non, je m'en passe pour abregier ceste histoire, mais que le pris dedens fut donné à Pollidés et celui de dehors à Guuieffroy de Chastiaubriant (Ponthus Sidoine C., c.1400, 174).

III. -

[Conj. de coordination : idée de prolongation assertive et même de plus grande pertinence assertive ; d'où l'idée d'opposition]

A. -

[Marque que la proposition qu'il introduit, non seulement garde toute sa pertinence en dépit de ce que dit la proposition à laquelle elle est coordonnée (et à laquelle elle s'oppose), mais possède une plus grande pertinence assertive (les conséquences que l'on en tire sont plus fortes que celles que l'on tire de l'autre proposition)] "Il n'en est pas moins, au contraire, que..." : Ainsi en pluiseurs s'enrachine [le mensonge], Ainsi Raison va a decline Qu'elle n'est pas bien maintenue, Mais le mensongne est soustenue. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 65). Engroissie fu par deus fois De son oncle qui est mauvais. Se arse fust, ce fust bien drois, Mais li fiex Dieu est trop courtois, Quar de legier pechié pardonne S'amender se vieut la personne. Et par sa procuracion De son fruit eut aborsion. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 47). Adonc saisy l'enffant qu'elle ama sans haïne ; Bien cent fois le baisa, ne cuidés qu'adevine. Mais l'enffant fut sauvage. Adés fait l'aatine De saillir jus de lui. Moult maine grant bruÿne, Et crie et bret et pleure et moult maine let signe. (Tristan Nant. S., c.1350, 150). La mesure de la plante doit estre, selon Palladius, du long d'un coute ; mais il me semble qu'elle doit estre plus longue, par especial en lieu desclin et en montaignes (Rustican H., 1373-1374, 75). "On s'avise bien de lui courroucier, mais en ses courroux n'a nul pardon." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 62). "Nous quidons que vous gabés." Respondirent li hirault : "Mais nous enparlons tout acertes." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 77). ADA. (...) Il [Lameth] est a ses declinaisons. (...) LAMETH. (...) Je ne sçay comme il m'en prendra, Mais je sens affoiblir ma veue (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 174). Atant furent assaillis les .XX. chevaliers a tous coustés, mais tant bien se gardoient qu'on ne les pouoit deffoucquier. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 632). Et puis vint regarder la terre, et pour la grant challeur devant dicte la trouva encores seiche et decrevée (...). Mais (...) remist icelle terre en verdure et si y remplist et fist courir les rivieres et les fontaines et aussi les arbres fueillir et fructifier comme paravant. (Ovide mor. B., 1466-1467, 90). MALCUIDANT (sergent a Caÿphe). Happe, Dragon, c'est pour tes vaines ! Entens tu ? DRAGON. Mais tout au prieur. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 636). Ce vilain cy est tout estaint Et tout defforme sa figure ; Mais, pour peine ne pour bature, Il ne murmure ne se plainct. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 327).

 

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[Pour rectifier un propos, une conduite...] "Plutôt, bien plutôt" : ...je vous viens crier mercy (...). - Monseigneur et mon tresdoulx pere, mais je vous crie mercy ["c'est bien plutôt moi qui..., c'est à moi de..."] (Cleriadus Z., c.1440-1444, 543). Vassal, ce dist Gerart, mais vieng deffendre a l'encontre de toy le chastel et la damoiselle [plutôt que de me tenir de tels propos] (Gérard de Nevers M., c.1451-1464, 166). PATHELIN. Il n'y a nul qui se congnoisse Si hault en advocacïon. GUILLEMETTE. M'aist Dieu ! mais en trompacïon, Au mains en avez vous le los. (Path. D., c.1456-1469, 52).

 

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[Pour réfuter une objection possible] Mais quoi ! : Mais quoy ! vous savez que la noble seignourie de Hongrie est tant noble que nullement une telle dignité ne se doit gouvrener par femmez (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 117). Ce sera moy qui ses fais escrira [du Comte Englebert de Nassau] Et publira, comme faire le doy ; Ce sera luy qui jamais ne mourra, Ains demourra son loz qui grand sera ; Quant plus n'ara corps entier, main ne doy, Ce sera moy qui feray mon larmoy Pour son armoy ; mais quoi ? Ce sera luy Que Dieu prenra de son celeste gluy. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 397). Mes quoy ! Y nous fault tenir tous Et faire bon guait jour et nuyt, Garder noz murailles et tours Tres gentement, sans mener bruit. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 530). Mes quoy ! Y n'en fault plus parler ! Aller a Yenville nous fault, Aylle comme en pourra aller ! (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 644).

 

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[Peut marquer une simple rupture dans la suite attendue du propos] : Mais or me contez, se vous savez, comment les paroles sont alees de vous et de ceulx a qui vous avez a faire, par quoy je soye mieulx infourmé de voz besongnes (Bérinus, I, c.1350-1370, 62). Alexandre qu'on dit Paris Et Polidorus ensement Furent, se l'istoire ne ment, Ses enfans de droit mariage, Nez d'Ecuba au cler visage, Sans les vallès et les meschines Qu'il avoit d'autres concubines. Mais encor te vueil je compter, S'un petit me vues escouter, Pour quoy tu gardes ces moutons Et cuels preneles et boutons. (MACH., F. am., c.1361, 213). Mais or laisson a present ceste question et retournon a la premiere (ORESME, E.A., c.1370, 132). Mais retournons Au droit propos qu'a present demenons (CHART., D. Fort., 1412-1413, 187). Du mary as ouÿ conter, Lequel quant dehors s'en ala, Car se doubtoit du mesconter, La chose sa femme scella ["Il cacha la chose à sa femme"]. M'entens tu ? Je dis son ... hola ! ["J'évoque le holà qu'il y mit"] Mais qu'avint il ? Certainement Elle ne se tint pour cela, Au retour le sceut fermement ["assurément"]. (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 90). ...et en tenoient lez aulcuns leurs parollez, disans : «Ne veez vous cestuy chevalier a l'escu d'azur faire droitez merveillez d'armez ? Il n'en y a que pour luy. Mais dont et qui poet il estre ?» Et lez aultres redisoient : «Par foi, c'est le conte d'Artois qui en habillement dissimulé fait ainsy fringuez...» (Comte Artois S., c.1453-1467, 20).

 

-

[Pour introduire une menace, une insulte] : - Mais vous, enfouye serez. - Mais vous pandus par le caignon ["la nuque"]. - Vous arez donques ce broignon. - Et cestui pour vostre deduit. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 183). Mes ung estron sur ton visaige ! Morir puisse ce ne te roille, Meschant villain, de ma connoille ! Tien, tu aras ceste craboce. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 93). VESCA. Tu mens, faulce putain rusée ! ACHILLA. Mais toy, bequeresse incensée, Sac a vin, friande aux lopins ! (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 321). Mes sur vous et sur voz enfans Son sang soit et sa mort (Pass. Auv., 1477, 171). Mes ung porc (Pass. Auv., 1477, 204). Mais ung estront (P. Jouh. D.R., a.1488, 37). Mes ung estront a vostre nés Sanglans cheroynes que vous estes Vous me rompés toute la teste Puisqu'elle seroit de fer (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 76). Mais une corde ou ung landon Pour vous attacher hault et court (P. moyne, a.1500, 51).

B. -

P. ext. [Marque une inversion, une opposition, après une proposition nég. (de plus en plus fréquent en mfr., au détriment de ains)] "Bien au contraire" : Et nous [devons] cognoistre nostre Seigneur, et servir le en toutez choses, qui peut donner tel aide et telle grace aus siens. Et si ne devons arrester en nulle maniere en pechié d'ingratitude, c'est assavoir de desagrableté ; mais (...) devons (...) rendre tousjours graces a li. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 46). Enduron donc deul et dommage, Despit, poverte et maladie A bon gré, sans point de poutie, Quant il vient a Dieu a plaisir. A bon gré n'est pas a desir, Mais qu'a la volenté divine Sans rechigner la nostre encline ; Et soion preis qu'elle soit faicte, Tout soit ce qu'a la char dehaite, Qui couvoite l'aesement. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 115). LE VARLET. (...) Vallet ne seray plus, mais maistre (Mir. march. larr., c.1349, 111). Voie dont qu'elle ne soit malicieuse mais simple et bonne, ne soit aussi hardie ne importune mais humble et vergongneuse, ne soit pas luxurieuse mais chaste, ne ireuse mais debonnaire, ne trop buvant mais sobre (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 424). Et par ce, appert que ceux ne sont pas veritables, mais sont seducteurs qui loent et comandent pure povreté et dient que c'est estat de perfeccion (ORESME, E.A.C., c.1370, 529). Item , par l'ardeur du soleil l'en ne doit mie arrouser, mais au soir, et au matin ne copper cholz, perrecin ne autres telles verdures qui regectent (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 118). Et quant il les perchut, il commencha moult fort à plourer, en disant : "O vray Dieu ! qui est celuy qui oncques oyt dire qu'ung père tuast ou ochesist ses enfans de son gré ? Hélas ! hélas ! mes enfans, je ne suis plus vostre père, ne seray, mais ung crueux despescheur de vostre corps." (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 362). ...tout ainsi comme Adam et son lignage fussent en stabilité sans substantacion de aultre creature mais par eulx meisme, se il n'eussent pechié, ainsi convient que, comme ilz sont cheulz par leur instabilité, que ilz se relevoient - et tout leur lignage - par eulx meismes aprés la deceance (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 215). ...non en choses légères et capables à humain pooir, mais en choses désespérables et périlleuses se monstrent les vertus divines. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 35). N'avoit vertu une seule en luy, par quoy il soit de mémoire, mais vices, rudesses et descognoissemens par déturpation voyable. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 237). Je congnois approucher ma seuf, Je crache blanc comme coton Jacoppins groz comme ung estuef. Qu'esse a dire ? Que Jehanneton Plus ne me tient pour valleton, Mais pour ung viel usé rocquart : De viel porte voix et le ton, Et ne suis q'un jeune cocquart. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 70). M'avez-vous vue en aucuns tems Drüe, saillante ne vacilleuse ? Nenny, mais simple et très vérécondeuse, Qui n'aime bombances ne pompes. (Myst. ste Barbe P., 1493, 32). Semblablement aient esté et soyent encores chascun jour faictes plusieurs rebellions et desobeïssances, tellement que noz lettres et mandemens n'y ont peu estre executez, nostre justice ne noz officiers obeÿs, noz deniers n'y ont peu estre recueilliz, maiz ont esté empeschez et par les aucuns prins, cueilliz, levez et appliquez à leur prouffit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 226).

 

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Non seulement / pas seulement / mie seulement ... mais : ...liquels fu excellens non pas seulement par force de courage, mais par forces de corps (BERS., I, 9, c.1354-1359, 16.12, 29). Comme dont en celui tamps je eusse encommencié a faire, pour l'amour et honneur de tres noble nostre sire le roy, ung oevre universel de l'estat du prinche et de toute la court ou famille royale et de la administration de la chose publique et de tout le gouvernement du royaume, non seulement des divines Escriptures, mais aussi des sentences des docteurs catholiques et des dis de phisique et de poetrie, toutefois... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 3). Et ne default pas seulement de bonté mais aussi de verité (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 164). ...par quoy Ypolitus ne fut mie seulement tué et mort mais le corps de lui fut desnervé et froissié par membres (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 151). Mais par l'opposite, l'omme rioteux, noiseux et discordant puet esconmouvoir, non seulement la court d'un prince, mais tout un pays ou une ville par semer ses mauvaises parolles (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 87). Les simples prestres ne sont mie seulement entechiés, mais arcevesques, evesques et prelas, et si publicquement, comme gens deshontés non chalans se on le scet et contens que on le sache, et en lieux assés publicques, en disant souvent paroles tres deshonestes (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 242).

 

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Non pas / non point / non mie ... mais : Et non mie pour l'emperiz, Mais pour les biens de Romme embler, Fist tantost son ost assembler (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 108). Il doit aussi estudier de lui estrangier de l'ardeur de luxure, non point seulement les manieres des pechiés qui sont trouvees en gloutonnie et ou fait charnel debouter, mais toutes occasions qui de che sont cause ou moiien il doit eschiever (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 35). Laquelle parole exposant, saint Jherome dist : «Cilz ne dessert pas d'oïr la verité, qui fait sa demande fraudulentement», c'est a dire qui fait interrogation non pas pour cause d'aprendre, mais pour tempter. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 66). Je le diz a mes chiers disciples, lesquelz je n'envoie oncques aux temporelz soulas mais aux grans debas, non pas aux honneurs mais aux despections, non pas a oiseuse mais aux labeurs (Internele consol. P., 1447, 160). Tout ainsi Jhesu Crist, qui Dieu est et homme, car tous les biens qu'il a ou a eux ou avra, de lui mesmes il les a non point par neccessité mais par liberté, et de lui meisme est juste, pourtant doit estre loués (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 222).

C. -

Empl. subst. "Objection, restriction" : Mais toutesfoiz il y a un mais, c'est assavoir il est escript en la sainte escripture Noli esse nimis justus, Tu ne doye pas estre trop juste, [car] trop enporte une extremite, qui ne puet estre sans vice. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 482). En toute chose a un mais (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 396).

REM. Forme mains ds CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, gloss.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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