C.N.R.S.
 
Famille de battuere 
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 Article 1/64 
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     ABAT1          ABAT2     
*FEW I battuere
ABAT, subst. masc.
[*FEW I, 293a : battuere]

"Ébat" (synon. esbat) : Lez oisialz per lez champz laisserent lour abas (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 983).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/64 
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     ABATTRE1          ABATTRE2     
*FEW I battuere
ABATTRE, verbe
[GDC : abatre2 ; AND : abatre1 ; *FEW I, 293a : battuere]

"Prendre ses ébats, se divertir" (synon. esbattre) : S'i n'a plus voluntey de soy a moy combatre, Aler s'an puet, si vuet, en France pour abatre (Gir. Ross. H., c.1334, 227). Quant vient aprés diner chascun abatre ala (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 435).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/64 
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     BATEIZ1          BATEIZ2     
FEW I battuere
BATEIZ, adj.
[T-L : batëiz ; GD : bateis1/bateis2/bateis3/bateis5 ; FEW I, 292a : battuere]

A. -

[D'un lieu] "Battu, frayé"

 

Rem. Doc. 1394 (La Rochelle, Une piece de vigne tenant ... d'un bout es vignes a maistre André Marchant, une rese [cf. GD VI, 606b, rase2 "quartier de bois, masure de pré"] baptise entre deus, et d'autre bout a la rese baptise ou l'on voyt de Lesbaupin au troil Fromaget), (la dicte rese batisse entre deux) ds GD I, 598b.

B. -

[D'une chose]

 

1.

[D'un métal] "Battu ; d'où, p. méton., fait de métal battu" : Faites crier a son de trompe Que chascun voit ["aille"] a la justice Et qui defaura, on luy rompe le col d'une espee batice. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 160).

 

Rem. Doc. 1433 (Valenciennes, .I. plat bastich) ds GD I, 598b.

 

2.

[D'un tissu] "Très fin" : Item, II chains de soye batiche, dont l'un est vermeil. (Doc. 1401. In : M. Höfler, Z. rom. Philol. 80, 1964, 457). ...que journellement se vendent en ceste cité [Cambrai] grand nombre de thoiles batiches (Doc. 1499. In : M. Höfler, Z. rom. Philol. 80, 1964, 457).

 

Rem. Cf. TLF IV, 281a, s.v. batiste. Cf. M. Höfler, Z. rom. Philol. 80, 1964, 455-464.

 

3.

[D'une haie] "Faite d'arbustes étroitement entrelacés"

 

Rem. Doc. 1438 (Châtillon en Domb., une seys furnie d'espines bateyse), 1438 (Valenciennes, Haye espineuses et batiches) ds GD I, 598b.

 

4.

Merrien bateiz. "Bois utilisable pour les fondations (?)"

 

Rem. Doc. non daté (Orléans, merrien bateiz, bois a ardoir et autre bois qui n'est a sie) ds GD I, 598c. Ou est-ce un autre mot, à rattacher à bâtir comme le suggère la définition de GD I, 598c, s.v. bateis4 ?

C. -

DR. COUTUM. Ville batisse. "Ville dépourvue de franchise, de juridiction propre, donc privée de commune" : Mès point n'entrèrent li Englès dedens, et passèrent oultre en courant et essillant le pays ; si le trouvoient plain et drut et grosses villes batiches [var. baptiches ds FROISS., Chron. [Amiens], D., t.2, c.1375-1400, 336] où il recouvroient de tous vivres à grant fuison. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 79). Et trouverés en Normendie grosses villes batices, qui point ne sont fremées, où vos gens aront si grant pourfit qu'il en vauront mieulz vingt ans ensievant. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 131). ...par ayde de france ville ou de villes batiches (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1390, 383).

 

Rem. Cf. J. Balon, Grand dict. de droit du Moy. Âge, 1072b, s.v. batice. Doc. 1346 (Saint-Omer, es villes batiches) 1392 (Béthune, On dit que Béthune est une ville batiche) ds GD I, 598c. Ou est-ce un autre mot ? Mais à quoi le rattacher ?
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 4/64 
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     BATEIZ1          BATEIZ2     
FEW I battuere
BATEIZ, subst. masc.
[T-L : batëiz ; GD : bateis2/bateis4/bateis5 ; AND : bateiz ; FEW I, 292a : battuere]

A. -

"Bois taillis régulièrement exploités" (M. Devèze, La Vie de la forêt fr. au XVIe s., t.2, 1961, 348), "bois battu, frayé" (GD) : A Jehan de Paris, sergent de la forest de Waissey, pour garder les bois, les bateiz et la garenne de Waissey, lez Chasteillon sur Marne (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 326). De Jehan du Baisil, pour ce que Huet Gaillon le prist à Espernay, vendent planche qu'il avoit prise ou batis du Baisil (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 416).

 

Rem. Doc. 1345 (Igny, liqueus [deux valets] avoient esté pris par lez sergens dudit vidame es bateis de Cohaon), 1346 (il est treffoncier en partie des bois que l'en appelle communement les bateiz)

B. -

"Première assise de fondations dans une rivière" (GD)

 

Rem. Doc. 1389-1392 (Nevers, une navee de paulx ["pieux"] (...) pour les diz bateiz), (id., faire des clais a coucher et lier des fagoz es diz bateiz), 1410 (id., despecier le viel chateu de la ville qui estoit affondré au darriers des bateiz de Loyre) ds GD I, 598c.

C. -

DR. COUTUM. "Ressort de juridiction seigneuriale hors des villes formées en commune" : ...supplians humblement que sur ce leur volessiens pourveoir, à leurdite Eglise en chief et en membres, mettre du ressort et au ressort de Laingres, et oster dudit ressort et Bateys de Gurgey (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1358, 250). Que tous les habitans desdites ville, chastel, bourg de Bracon, fauxbourg dudit Salins, ressort et batiz d'illec, qui demourer vouldront en l'obeyssance du Roy, seront tenuz saufs et sains de leurs corps et biens quelzconques (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1482, 4).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 5/64 
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     BATELEUX     
*FEW I battuere
BATELEUX, subst. masc.
[*FEW I, 294b : battuere]

[Sens incertain] "Batteur en grange" ou "Fléau à battre (?)" : Vous oyriés bien ung molin bruyre Ou ung bateleux par les champs ; Vous ne la devez escondire, Quant pour une fille n'est riens. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 375).
 

DMF 2020 - Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/64 
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     BATESTAL     
FEW I 293b battuere
BATESTAL, subst. masc.
[T-L : batestal ; GD : batestal ; AND : batestal ; FEW I, 293b : battuere]

"Bataille, mêlée, lutte" : La peussiés veïr un felon batestal, Morir maint chevalier a trez crueus vierssal ! (Flor. Rome W., c.1330-1400, 163). Toute jour ajornee firent grant batistalz, Jusque au vespre durait que couche li sollaus (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 338). [Autre ex. p.71] ...Chis vont parmi l'estour com chevalier proidon, Faisant grant batistal. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 745). Barons, l'estour fut grans et fors ly baptistal (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 452). Eynekin chiet à terre, si salhit sus isnel, Le brant tient en son pongne, si fait grant batistel, Et li manbor y vient atout mains damoisels (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 689). Pour le conte rescourre fut fait grant batestal. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 127). Or a l'enfez Jourdain ocis le senescal, Que du poing l'ot ferut par desuz le nasal, Dont li autre li ont rendu gran batestal. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 153).

REM. Le mot n'apparaît que dans les épopées tardives en vers.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 7/64 
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     BATHERON     
FEW I battuere
BATHERON, subst. masc.
[FEW I, 296a : battuere]

"Grosse natte de chanvre broyé" : ...3 batherons de chenove (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1363, 4).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 8/64 
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     BATICEL     
*FEW I battuere
BATICEL, subst. masc.
[GD : baticel ; *FEW I, 292a : battuere (?)]

"Branchages dont on fait des fagots ou des balais"

REM. Doc. XVe s. (Valenciennes, foing, jongz, baticeaux) ds GD I, 601a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 9/64 
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     BATTABLE     
FEW I battuere
BATTABLE, adj.
[GD : batable ; FEW I, 292a : battuere]

A. -

"Qui mérite d'être battu" : Ilz sont batables comme plastre (Myst. st Vincent L., 1471 (1476), v. 8359, X. Leroux, R. Ling. rom. t.77, 2013, 481). Pensons de nous y exercer Et d'y lier ce gars follastre Qui est batable comme plastre. (Myst. st Vincent L., 1471 (1476), v. 13817, X. Leroux, R. Ling. rom. t.77, 2013, 481).

B. -

[D'une place forte] "Que l'on peut soumettre au tir de l'artillerie" : Si commencerent engiens a gecter par grant estonnement et frayeur, et ja feust la place assise en bas lieu et mal batable, si sen [l. s'en] effraierent tellement ceulz de layans quilz [l. qu'ilz] se offrirent rendre a la voullente du duc leurs vyes saulves (WAVRIN, Chron. H., t.5, p.1471, 228). Et commancerent les canoniers à tyrer de l'aube du jour fort et ferme contre la ville, aux lieuz et endroiz où il fut advisé que la muraille estoit plus feble et plus batable (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.2, 1477-1478, 226). Car d'un costé elle avoit la grand mer, Pour seurement et sans danger s'armer, Et par derriere, vers le chasteau, fossez A fons de cuve grandement renforcez De boulovars, divers emparemens, Et d'autres effors rudes et vehemens, Tant qu'en effect pour entree vaillable, Elle n'estoit batable ou assiegable Que par la ville. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 250).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 10/64 
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     BATTAGE     
FEW I battuere
BATTAGE, subst. masc.
[GDC : batage ; FEW I, 291b : battuere]

A. -

"Action de battre (les céréales)"

 

Rem. Doc. 1355 (Tournai, pour batage de grains), 1368 (id., .VI. journees de batage de grain) et 1447 ds GDC VIII, 303a.

B. -

"Action de frapper (pour l'artillerie)" : Eulz venus ou batage de noz canons, je ne tiens point que nulz bateaulx y puissent arrester sans estre effondrez et noiés en la mer. (Trois fils rois P., c.1454-1463, 153).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 11/64 
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     BATTAISON     
FEW I battuere
BATTAISON, subst. fém.
[T-L : bataison ; GD : batoison ; FEW I, 291b : battuere ; TLF : IV, 285a : battaison]

A. -

"Fait de battre qqn" : Mais comme j'oÿs qu'on le batoit Et qu'en telle prison estoit, N'osai illec plus demourer, Mais forment me prins a plourer : Encoire en ay les yeulx moulliez. Si vous pri que vous ne veuilliez Prendre a moy ceste batison, Car point n'y ay de mesproison (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 53).

 

Rem. G. LE MUISIT, c.1347-1353 (Tost sevent par bourdeurs chou k'il est avenut, S'on a riens folyet; s'on s'est bien maintenut ; S'en vienent batisons et souvent et menut), ds T-L I, 872.

B. -

"Fait de battre qqc."

 

-

Battaison de monnaie : ...toutes autres monoies (...) n'auront aucun cours, ne ne seront prises ne mises, pour quelque prix que ce soit, mais seulement au marc pour billon, depuis le premier terme de la batoison de noz monoies (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1343, 184).

 

-

"Récolte du grain" : Comme debas fust meus entre nous, d'une part, et religieuses personnes et honnestes l'abbé et le convent de l'eglise de Signy, d'autre part, sour ce que li dit religieus disoient et maintenoient que il avoient et devoient avoir, prenre et lever chascun an de annuele et perpetuele rente dis et wit sestiers de froment sour les terrages de Hauteville, et icelle perpetuele et annuele rente eussent eut, pris et leveit chascun an en la premiere batison desdit terrages lidit religieus et leurs predecesseurs (Comté Porcien R., 1344, 151).

 

-

Battaison des mains : Qui est celuy, ne où est-il, qui doit plaindre celuy homme, quand d'aventure et en telle perplexité que de voir périr le sien, quand on le verroit tendre et laborer au remède pour le rescourre ? Certes, quand la plaie en tourneroit griève sur luy, et larmes et battisons des mains à tous lez le tenroient en angoisse, ne seroit à plaindre de nulluy, sinon d'autant que le chose publique en peut estre blessée en la dépendance d'un tel sens perverti et qui est adonné à son propre mal pour le cuidier faire à autruy. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 386).

C. -

"Légère inclinaison des murs vers l'intérieur (?)" : Lequel fondement portera sept piedz de muraille en touz sens, montant en bataison jusques a la hauteur du plane de la rue (Doc. 1486. In : A. Delboulle, Romania 31, 1902, 358).

D. -

Jour des battaisons. "Mercredi des Cendres" (GD, Dupire) : Les cendres se nous ratisons, Aurons le jour des batisons. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 541).

 

Rem. Cf. N. Dupire, Romania 65, 1939, 5-6. Cf. aussi R. Ling. rom. 63, 1999, 308 : G. Roques émet des réserves sur la définition, parce qu'il s'agit d'une plaisanterie et que batisons peut s'interpréter de diverses façons "jour où l'on bat les tisons", "jour des rixes" etc...
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 12/64 
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     BATTAMMENT     
*FEW I battuere
BATTAMMENT, adv.
[GD : batamment ; *FEW I, 291b : battuere]

"Sur-le-champ" : ...Quant Saint Mathurin sçeut le fait, Congneut le vouloir de son père Pareillement et de sa mère, Sans tarder, tout hastivement Envoya tost et batamment Sainct Mathurin querir son maistre Policarpe à Sens, en son estre (Vie st Mathurin M.R., 1489, 371).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 13/64 
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     BATTANT     
FEW I battuere
BATTANT, subst. masc.
[GDC : batant2 ; FEW I, 290b : battuere ; TLF : IV, 285b : battant1]

A. -

"Côté flottant d'un ciel" : Ung ciel et doulciel avec les batans entiers ouvrez à cuers et trois pans de courtines chacun de quatre toilles, 9 livres. Les fers des dictes courtines, 20 solz. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 372).

B. -

"Tempe (où bat le pouls)"

 

Rem. Doc.1454 ds GDC VIII, 300c.

C. -

"Dispositif mobile, partie mobile de qqc."

 

1.

"Dispositif servant à relever le couvercle à charnière d'un pot" : ...deux potz d'argent doré, plain à façon de poire, sur le battant a chascun deux fraizes, et sur le fritelet a chascun ung bouton frazé blanc (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 60). ...deux autres vielz potz d'argent, mal dorez, en façon de poire, et les batans chascun à deux glans (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 155).

 

2.

"Partie mobile d'une porte" : ...item, [doit] la garnison d'une boiche de celier quarree, c'est asavoir I batant et doues pieces suiguant au batant (Echevin. Dijon L., 1341, 53).

 

3.

"Pièce métallique mobile, suspendue à l'intérieur d'une cloche, dont elle frappe et fait résonner la paroi" (synon. battel, battelet) : Item, une petite clochette, qui fut de l'inventoire de la royne Jehanne de Bourbon ; pesant, à tout le batant qui est de fer, troys onces. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 129).

 

4.

"Dispositif qui sert à battre (?)" : ...brulé la coppe [?] du batant dudit molin, despeciez les huisseriez et fenestres d'icellui molin, les arches et tramues. (Ecorch. Ch. VII, T., 1438-1451, 330).

 

Rem. Ou "volet à charnières" ? Cf. Y. Coutant, Dictionnaire historique et technique du moulin dans le Nord de la France, 2009, 134.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 14/64 
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     BATTE     
FEW I battuere
BATTE, subst. fém.
[T-L : bate ; GDC : bate ; FEW I, 291a : battuere ; TLF : IV, 286b : batte2]

A. -

"Claquet (d'un moulin)" : Helas ! que tu en dis [des paroles] a prime dont il ne te souvient a tierce ! Parlers oyseux sont comme les bates du molin qui ne se peuent taire. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 35).

B. -

"Instrument qui sert à battre"

 

-

"Le plus petit des deux bâtons d'un fléau"

 

Rem. Doc. 1471 (Janinet frappa dudit fleau sur icellui Robin deux ou trois cops, en quoy faisant la bate dudit fleau rompit) ds GDC VIII, 304a.

 

-

Loc. fig. Bailler/donner la batte. "Jouer un mauvais tour" : Et pour garder qu'on ne baillast la baste, Parquer se fist en ung champ bien propice. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 281). Pencez tous en vostre advertin Commant nous luy donrons la baste. (LA VIGNE, S.M., 1496, 536).

 

Rem. DI STEF., 64b.

V. aussi battail
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 15/64 
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     BATTEAU     
FEW I battuere
BATTEAU, subst. masc.
[T-L : batel1 ; GD : batel1 ; FEW I, 292a : battuere]

"Battant d'une cloche" : De la cloque qui fist la mocion Fut li bateaulx destachiez, Et au prince par la ville bailliez (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 68). Et apporterent les clefs des portes et le batel de la cloche de la ville, dont l'en avoit fait le touquesin (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1380, 373). Mais ceulx qui le contraire font en menant vie desordonnée et dissolue, posé que leur doctrine de bouche soit bonne, ressemblent à la chiffre d'argorisme, qui de soy meismes riens ne vault, quoy qu'elle face valloir et multiplier les nombres des autres figures, ou peuent estre comparagiez aux bateaulx qui font seullement sonner les cloches pour appeller les gens à venir au service de Dieu ou aux sermons. (Ovide mor. B., 1466-1467, 106). DEMANDE. Quest ce qui ne a ne os, ne char, ne sang, ne bouce, ne langue, et si appelle souvent les gens ? RESPONSE. C'est une cloche a batel pendant. (Devin. R., c.1470, 102). ...il entra en laditte eglise, monta au clochier et accoustra de cordes et aultres abillemens le bateau d'icelle cloche, que possible n'estoit de lui rendre son souffisant pour resveillier la gendarmerie. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 340). ...et le bateau de ladite cloche poise IIIIcXII l de fer (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 4).

V. aussi battail
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 16/64 
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     BATTÉE     
FEW I battuere
BATTEE, subst. fém.
[FEW I, 291a : battuere]

"Pierre dans laquelle on scelle les pièces de fer qui servent à suspendre les portes, les fenêtres" : A Pernet Pinchon, marchant de pierre, payé XXX s. pour dix battees et X boujons mis a l'huisserie de la portelette. (Doc. 1490. In : A. Delboulle, Romania 31, 1902, 359).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 17/64 
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     BATTELAGE     
FEW I battuere
BATTELAGE, subst. masc.
[GD : batelage ; FEW I, 292a : battuere]

"Bruit des cloches qu'on sonne" : Adont, les habitans et manans de la ville furent grandement esmerveilliéz d'oyr ce haultain batelage et demandoyent les ungz aux aultres de quel saint on faisoit la feste (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 267).

 

-

"Son en écho des rimes battelées qui rappelle le bruit des cloches qu'on sonne" : En pareille forme de vers huitains se fait rethorique batelée, et est dite batelée pour ce que, avec ce qu'elle a sa volée de resonance en la finale sillabe, a maniere de batellage (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 222).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 18/64 
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     BATTELER     
FEW I battuere
BATTELER, verbe
[GD : bateler1 ; FEW I, 292a : battuere]

Région. (Wallonie, Picardie)

I. -

Empl. intrans.

A. -

[D'une cloche] "Sonner" : ...ilz entrerent ensamble en la ville ou clochez bateloient joieusement (Comte Artois, c.1453-1467, 151). Alors il commanda de faire sonner les cloches et bateler par toutes les eglises de la cité (Trois fils rois P., c.1454-1463, 325). Par eglises et moustiers firent batteler les cloches et chanter a haulte voix loenges a Nostre Seigneur. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 183).

B. -

Au fig. "Être animé de mouvements vifs" : Mon las coer dedens moy sautele Comme feroit au vent la tele ["toile"]. Mon sang fremist fort et batele ; Lasse, par amours sui je tele ! (Pastor. B., c.1422-1425, 82).

II. -

Empl. trans. "Faire sonner (une cloche)" : ...comme tous renovéz de force et radoubéz de feable asseurance, bateloyent leurs cloches, sonnoyent instrumens musicaulx (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 54). ...il fit monter les aulcuns de ses gens ou clochier de la grant eglise et bateler les cloches solennelement (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 267). ...après que les cloches de ladicte église eurent esté batelées, nous fut monstré en grand multitude de pélerins (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 88).

III. -

Part. passé en empl. adj. RHÉT. [D'une forme poét.] "Dans laquelle la fin d'un vers rime avec la césure du vers suivant" : En pareille forme de vers huitains se fait rethorique batelée, et est dite batelée pour ce que, avec ce qu'elle a sa volée de resonance en la finale sillabe, a maniere de batellage (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 222). Autres dient qu'elle [la ballade balladant] est de dix et de .XI. sillabes, et est batelée a la .IIIe. sillabe en certaines lignes (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 237).

REM. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 57, 1993, 617.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 19/64 
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     BATTELET     
FEW I battuere
BATTELET, subst. masc.
[FEW I, 292a : battuere]

"Battant (d'une cloche)" : Damme, dig jou, or dont me dittez De ches clokettes petittes, Pour coy ensement atachies Sont en le scierpe et fichies : Des III ausi qui n'ont que un Batelet qui leur est commun. (Pèler. vie hum. C., c.1400-1500, 286).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 20/64 
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     BATTELEUR     
FEW I 292a battuere
BATTELEUR, subst. masc.
[GD : bateleur1 ; FEW I, 292a : battuere]

[Sur batteler] "Sonneur de cloches" : Chascun couroit au moustier, les aultres monterent au clochier, mais on ne veoit point le batesleur ou sonneur, dont se donnoient plus de admiracion que voloit ce pretendre. (Lég. st Dominique T., c.1500, 191).

Rem. Doc. 1489 (Béthune, batteleurs) ds GD I, 599b. Distinct de basteleur, bateleur.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 21/64 
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     BATTEMENT     
FEW I battuere
BATTEMENT, subst. masc.
[T-L : batement ; GD : batement ; GDC : batement ; AND : batement1 ; FEW I, 291 : battuere ; TLF : IV, 287a : battement]

I. -

"Action de battre (au sens trans.), coup donné" : ...tel Que pour dons, ne blandissemens, Pour menaces, ne batemens (...) Ceste foy de voz cuers n'efface (Mir. st Val., c.1367, 146). ...car soudainement il se frappa en la cité assise, ainssy comme se il craingnist les menaces, les injures et les bactemens de son pere (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37). A gens de si grant ferité Et de couraige furieulx L'en doit estre tresrigoreulx, Et les pugnir tresaigrement, Sy que par playe et batement Puissent leur tresgrande arrogance Recongnoistre, et oultrecuidence Qu'ilz ont contre empire romain. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 54). De Bernart Fournier, (...) pour certaine condempnacion ou composicion faicte par la court avecques ledit Bernard, pour ce qu'il avoit esté au bactement de Guillemin Jaquier (Comptes roi René A., t.2, 1465, 450).

II. -

"Action de battre (au sens intrans.)" : ...il creoit fermement que le battement de ces portes ne estoit ja plus perilleux que le dangier de la vaynne du vent (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 87).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 22/64 
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     BATTEREAU     
FEW I battuere
BATTEREAU, subst. masc.
[GD : batterel ; AND : baterel ; FEW I, 292a : battuere]

"Instrument qui sert à battre, battoir" : Vecy de bucqz et de claqués Et de nocqués rués en maules Assés, sans les aultres hocqués, Pour enchainer ung cent de deaules. J'en ay plus mal en mes espaules Que s'on m'assommoit d'ung batrel. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 210).

Rem. Cf. P. Barbier, Fr. St. 1, 1947, 119-120.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 23/64 
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     BATTERESSE     
FEW I battuere
BATTERESSE, subst. fém.
[GD : bateresse ; FEW I, 292a : battuere]

I. -

"Femme qui bat" : Verberatrix (...) : bateresse (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 31).

 

Rem. Doc. 1340 (Candellon li baterresse) ds GD I, 599c.

II. -

"Orage de grêle" : A Perrinet de Baumont, charpentier, la somme de dix souls pour avoir adoubé (...) certaines pipes a mectre vin en l'annee de la bateresse (Doc. 1417. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 408). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 24/64 
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     BATTERIE     
FEW I 291b battuere
BATTERIE, subst. fém.
[T-L : baterie ; GD : baterie ; GDC : baterie ; AND : baterie ; FEW I, 291b : battuere ; TLF : IV, 287b : batterie]

I. -

[Action de battre]

A. -

"Action de battre qqn ; attaque violente contre des personnes" : Et les autres commutacions sont violentes et manifestes, si comme baterie, emprisonnement, mort, estre tué, rapine, mutilacion, accusacion, injuriacion ou souffrir injure. (ORESME, E.A., c.1370, 284). ... [il] a esté aussi a pluseurs prises et raençonnemens de pluseurs noz subgiez et fait pluseurs bateries et pilleries tant de jour que de nuyt a hommes et a femmes (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1423, 24). ...[il] avoit baillé ou envoié la somme de quinze soulz à celx qui avoient esté à le batre avecques luy, pour les parpaier de quarante soulz, que leur avoit promis pour celle baterrie (Cartul. Laval B., t.3, 1435, 96). ...destrousses, bateries, mutilacions... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1447, 210). ...selon les cas d'injures, bateries et autres excès et maléfices que lesdiz maistres, ouvriers, maneuvres, servicteurs et autres besongnans ès dictes mines commectront et perpétreront, ledit gouverneur les pourra faire mectre et constituez prisonniers ès lieux des dictes mines (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 353). ...ostez vous hors d'ymaginacion de ceste baterie, car vous ne me touchastes oncques (C.N.N., c.1456-1467, 266). Et desire fort de vous vois Aveques vostre compaignie, Que aujourd'uy, comme je crois, Il y a eu grant baterie, Que par leur grant chevallerie Dedans Baugenci sont entrez, Et y a eu tres grant turie D'Englois mors et acarventez. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 613). Las je ne scay que me dira Mon maistre quant il me verra Il me rompra de batarie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 74).

 

-

"Action de se battre" : ...[l'Eglise] le batre leur deffendi, Et si condempna leur chanson Que chantoient li enfançon, Et tous les escommenia Dou pooir que Dieus donné li a, Pour itant que leur baterie Et leurs chans estoit herisie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 146).

B. -

ART MILIT. "Action de lancer des projectiles, action d'attaquer (une ville) avec des machines de guerre, attaque d'artillerie" : Et à celle heure semblablement se misdrent lesditz Angloiz à siège devant Laigny, et après plussieurs bateries de bombardes et assault, s'en retournèrent semblablement, sans autre chose faire. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 120). Vous devez, durant la baterie de voz bombardes, faire trenchées pour entrer ès fossez. (BUEIL, II, 1461-1466, 41). ...nous escripvez que (...) vous envoyerez querir d'autres artilleries à Angers, et que en avez trop peu pour faire trois batteries (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 336). ...ladicte place de Chasteaubriant est mal aisée à garder au moyen de la grant baterie qui s'i est faicte (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 7). Le roy fist approcher son artillerie et tyrer, laquelle estoit puissante et en grant nombre. Le fossé ny la muraille ne valloyent guères. La batterie fut grande, et furent tous espoventéz ; et n'avoyent comme point de gens de guerre dedans. (COMM., II, 1489-1491, 188). Mais toutesfois François encouraigez De les avoir a demy enraigez, Tant par approche que par grant baterie D'esnormes coups de grosse artillerie, Ce neantmoins, ainsi que gens vaillans, Se deffendirent contre les assaillans. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 244). En ces entrefaictes se rendit le chasteau, par praticque des Almans qui en eurent ung monde de biens qui estoient dedans ; et aussi fut pris le chasteau de l'Euf par baterie. (COMM., III, 1495-1498, 101). ...lors estans en laditte ville de Beauvais, estoient d'oppinion de lesser et abandonner la ville, car il leur avoit esté remonstré que icelle ville n'estoit point tenable pour les causes qui leur furent alleguées et aussi veu la puissance du Bourguignon et la grant baterie que son artillerie y avoit faitte. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 289).

 

-

"Lieu où est implantée l'artillerie" : Et tantost apprez alla le duc, son oncle le connestable, aveuc toutte leur puissance, devant Fougières, et se approchèrent de ladicte ville, et fist ledit duc asseoir son artillerie du costé de devers le chastel, qui battirrent très fort la muraille ; et firent les Anglois aucunes saillies sur les Bretons (...). Et depuis, au bout de XV jours, se esmeut une escarmouche vers la batterie, et aussy d'un autre costé où estoit logié le connestable (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 204).

C. -

DRAP. "Action de battre la laine pour la débarrasser de ses impuretés ; résultat de cette action" : ...que nulz ne puist vendre ne accater lui, ne peser en maison ne hors maison, u que ce soit dedens le banliuwe de Valenchiennes, filet de traime, d'estain ne de baterie, se ce n'est le venredi (Drap. Valenc. E., 1358, 320).

 

Rem. Cf. G. de Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 35, 53, 64 et t.2, 1951, 16-17.

II. -

"Ensemble des ustensiles en métal battu dont on se sert pour la cuisine" : ...de baterie d'estaing et paeslerie d'arain, de cuyvre, plomb et estain (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1488, 128).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 25/64 
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     BATTEUR     
FEW I battuere
BATTEUR, adj. et subst. masc.
[T-L : batëor ; GDC : bateor ; AND : batur1 ; FEW I, 294a : battuere ; TLF : IV, 288b : batteur]

I. -

Adj.

A. -

[D'une pers.] "Qui cherche à se battre" : Ledit chevalier a esté son temps et est garniz de mauvaises gens et serviteurs bateurs et crimineulx (BAYE, I, 1400-1410, 100).

B. -

[D'une chose] Moulin batteur. "Moulin à battre les draps" : Les molins bateurs et fouleurs, la VIIe partie de ce qu'ilz auront valu es sept derraines années, la sustantacion rabatue. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 288).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Celui qui bat les autres, qui donne des coups" : Il vit et oï le cri et la noise qui fu faite de ladite bateure et vit bien aucuns des bateurs qui venoient du lieu où la bateure fu faite (...), leurs espées en leur mains (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1332, 55). [aussi p. 61] Item, [sunt exclus de tel honneur sacerdotal] tous ceulz qui sunt notés ou difformés d'aucun vice ou crime, si comme sunt gens contencieus, bateurs, homicides ou gloutons ou incontinens ou gens injustes (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 306). ...un des bateurs nommé Guillaume Bloy, se departi de leur compaignie et vint au dit Ligier qui s'en aloit son chemin, et de fait le frappa d'un baston (Doc. Poitou G., t.6, 1398, 308).

 

-

Batteur de gens : ...c'est un bateur et fereur de gent (FOUL., Policrat. B., VII, 1372, 429). ...ledit Enffant, qui estoit homme chaut, extraict du païs de Picardie, grant reignieur de Dieu, bateur de gens et frequantant les tavernes (Doc. Poitou G., t.9, 1450, 186).

B. -

[Métier] Batteur de qqc. "Artisan qui frappe qqc."

 

-

"Artisan qui réduit le métal en feuilles très minces" : ...canonniers, Chauderonniers, fondeurs d'artilleries, Soubdeurs, basteurs, serreuriers (LA VIGNE, V.N., p.1495, 134).

 

.

Batteur d'airain : Et donques aussi comme les martelleurs ou bateurs de arain et de cuivre ne mettent en ce difference ou ne apparçoivent le son que il font pour l'acoustumance, telement est il a touz honmes ou resgart du son du ciel. (ORESME, C.M., c.1377, 470).

 

-

DRAP. Batteur à l'archet : ...Jakemes Dou Bos, de Quaroube, tout bateur a l'arket, avoient volut por tenserie sour Jehan Desirant, bateur a l'arket, et por çou que ce vint a le congnissanche dou prevost de le halle (Drap. Valenc. E., 1363, 31).

 

-

Batteur de plastre. "Platrier" : Item, basteurs [var. bateur] de plastre auront et prendront pour journée, de muy, le tiers plus qu'ilz n'avoyent avant la mortalité (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 34). ...III journées d'ung fournier de plastre (...) et III journées d'un batteur de plastre (Comptes Archev. Rouen J., 1437, 157).

 

-

"Celui qui bat le blé" : Deux bateurs en la granche ala Regnier trouver. (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 101).

 

.

[Métaph. grivoise] : Ces deux maisons voisines estoient, comme l'on dit de coustume, la grange et les bateurs. (C.N.N., c.1456-1467, 105).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 26/64 
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     BATTIÈRE     
*FEW I battuere
BATTIERE, subst. fém.
[*FEW I, 291b : battuere]

"Battoir"

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (batiere).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 27/64 
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     BATTIF     
FEW I battuere
BATTIF, adj.
[FEW I, 292a : battuere]

[D'un âne] "Qui mérite d'être battu" : ...et toutesfoiz, combien que l'asne qui de sa nature est aucunesfoiz rebelle et batif, et par son maistre souvent batuz et rebatuz, pourtant ne lui tollist il pas sa prebende, car qui a l'asne sa prebende osteroit, le blef au moulin plus porter ne pourroit ne serviroit plus a son maistre. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 529-530).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 28/64 
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     BATTOIR     
FEW I battuere
BATTOIR, subst. masc.
[T-L : batëoir ; GDC : batoir ; FEW I, 291b : battuere ; TLF : IV, 289b : battoir]

I. -

[Instrument, outil]

A. -

"Instrument pour battre le linge" : Au son d'un bastouer clicquant D'une tresbelle chamberiére (...) M'endormis si soudainement Que perdis propos et lumiére (Amant cord. M., 1490, 3). [Autre ex. p.86] En mesnaige fault le myssouer Pour myssier la poree, Quenoulle, fuseau et batouer Pour batre la buee. (Compl. nouv. mar. N., c.1490, 127).

B. -

"Outil pour broyer le chanvre, macque"

 

Rem. Doc. 1481 (Tonnerre, faire batouers a excorcer chanvre et a esmouldre) ds GDC VIII, 305c.

C. -

"Accessoire de tissage (pour aplatir les fils d'or et d'argent ?)" : ...celui pennier devant dit estoit plain et comblé de petites fusees et eschevaulx de soye de plusieurs couleurs et de petites forcectes et poinczons et batoirs rons avec plusieurs manieres d'ostilz qui a cedit mestier sont necessaires. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 162).

 

Rem. Autre déf. illustrée par le même et seul ex. ds GAY I, 132a : «Outil servant à régler la trame d'un tissu, vers 1450».

D. -

JEUX "Bâton (servant à pousser vers un but)" : ...et lors ledit suppliant, fort esmeu et courroucé que par despit de luy et desdictes paroles il vouloit rebatre sadicte femme en sa presence, print emprès lui ung batoer à bute qu'il trouva devant lui sur une huche, et de chaude colle frappa deux cops sur la teste dudit Mathelin (Doc. Poitou G., t.10, 1462, 319).

II. -

"Atelier où l'on bat la terre à poterie"

 

Rem. Doc. 1346 (Besançon, nos fours et battoirs), 1459 (icellui Boyn getta de son heritage, joignant du bastouoir de la poterie du suppliant, environ trois ou quatre palees de boue ou fanje) ds GDC VIII, 305c ; même ex. ds DU CANGE I, 600a s.v. bastitorium.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 29/64 
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     BATTOIRE     
*FEW I battuere
BATTOIRE, subst. fém.
[*FEW I, 291b : battuere]

"Appareil pour battre l'écorce pour faire le tan (?)" (C. A. Bevans, The Old fr. vocabulary of Champagne, 1941, 59) : Des deux molins de Waissy, c'est assavoir le molin de la Perriere, le molin dou Brueil, ensamble les sauces et la batoire à escorce illuec dou molin de Malignicourt et de la batoire à escorce dou Brueil (Comté Champ. Brie L., t.3, 1340-1341, 337).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 30/64 
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     BATTRE     
FEW I battuere
BATTRE, verbe
[T-L : batre ; GDC : batre ; AND : batre1 ; DÉCT : batre ; FEW I, 290b : battuere ; TLF : IV, 290a, 292a, 293a : battre1/battre2/battu]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre [Idée dominante de coups répétés]

 

1.

Battre qqn (ou une partie du corps, ou un animal)

 

a)

"Frapper, donner des coups à qqn" : Et se aucun fiert et bat un autre, ce est raporté au vice de yre, et ainsy des autres. (ORESME, E.A., c.1370, 281). Pour quoy me bat mes maris ? Lassette ! Je ne li ay riens meffait (MACH., Motés, 1377, 515). Le filz pourra batre son pere (DESCH., M.M., c.1385-1403, 350). ...et dit que yceulx maufaiteurs batirent, fraperent et navrerent pluseurs escoliers (BAYE, I, 1400-1410, 100). Je n'oseroye, dit l'enfant, pour ma mere ; elle me batteroit. (C.N.N., c.1456-1467, 413). Qui (...) bat un sergent a mace Il gaingne cent jours de pardon (Est., p.1460, 21). Perrette Longues Tettes dist que quant la gorge escopist a un homme qui autresfois a batu sa femme, c'est tout signe de pendre. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 110).

 

-

Empl. abs. : Certes, respond Transeline a ce que dit est, vous parlez de batre et mutiler, mais pour aussi vray que je parle, il n'est ou monde plus grant douleur a femme que quant son mary va autre part despendre ce qui de lui ne de par lui ne vient, en commettant fornication et faisant contre Dieu et son commandement. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 118).

 

-

Vouloir estre battu si : J'ay veu maintenant devaler Trop beau hairon sur la riviere, Si fault aviser la maniere Comment il pourra estre atteint ; Car se mon faucon le rataint, Je vueil que je soye batu, Se bien tost ne l'a abbatu (Gris., 1395, 6).

 

-

Battre qqn de tel objet : Si les baterons de leur verge (MACH., P. Alex., p.1369, 104). C'est grant doleur que d'estre en maladie, D'avoir les fievres, froidures ou frissons, Rage de dens et mal d'espidemie, Estre batu souvent de gros bastons (MACH., App., 1377, 646). Par ceste maniere fut puniz Aurelius par le conseil Cotta, car il fut batu de verges et remis avecques les gens de pié (CHART., Q. inv., 1422, 55). ...puis ilz le lyent a une atache et le batent de verges. (LA VIGNE, S.M., 1496, 341).

 

-

Battre la peau à. "Donner une raclée à" : ...Et les autres se merveilloient Qu'il lesoit tuer son oysel Pour batre a son valet la pel. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 103).

 

.

Au fig. "Corriger, punir" : Dieu, notre juge, nous baille yci election : ou que nous soyons yci batuz de la verge de penitence, ou que nous aurons jugement rigoreux aprés la mort. (GERS., Déf., 1400, 242). Ainsi doncques est vray que Dieu est presque forcé ou semons de monstrer plusieurs signes et de nous battre de plusieurs verges, par nostre bestialité et par nostre mauvaistié, que je croy myeulx. (COMM., II, 1489-1491, 213).

 

.

Inf. subst. : Le pere prent la verge pour batre son enfant, et au batre la froisse et derompt (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 42).

 

-

"Faire subir à qqn le supplice de la bastonnade" : Et fut ainsi mené que dit est batre par lesdiz carrefours dedens ung ort, vilain et paillart tumbereau dont on venoit de porter la boe en la voierie. Et, en le batant par lesdiz carrefours, comme dit est, le monde crioit à haulte voix au bourreau : "Batez fort et n'espargnez point ce paillart, car il a bien pis desservy !" (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 82).

 

b)

[Avec un terme de compar.] Battre qqn comme + subst.

 

-

Battre qqn comme asne à pont : Marchés, marchés, il vous fault courre, Je vous batray com asgne a pont (Myst. st Laur. S.W., 1499, 196).

 

-

Battre qqn comme buee : Se tu faulx, tu sera batu Plus que ne fu oncques buée. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 165). Je fay veu aux diables d'infer, Pour ce que tu nous as courchiet, Que batu seras et tranchiet Aussi bien qu'oncques fu buée (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 239).

 

-

Battre qqn comme chien : Tu en seras plus batu qu'un chien, Car tu l'as tres bien deservi. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 28). Je vous batray come ung vieil chien (Myst. st Laur. S.W., 1499, 196).

 

-

Battre qqn comme fer : Ou batu sera [l'empereur] comme fer Et tormanté sans nulle faille. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 6). Se je ne feusse en ces lyens Tenu en la maison d'anfer, Je vous batisse comme fer, Trahites dyables malheureux ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 139).

 

-

Battre qqn comme noix : Pour en avoir la fin Soit bastu Comme noys. Il mourra, bien le voys, Ains que soit le matin. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 232).

 

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Battre qqn comme noyer : ...[il] ala après ledit Jehan le Genure, en lui disant que il estoit bien en sa puissance de le batre ce jour, et que il le batroit comme un noyer. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 167).

 

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Battre qqn comme peautre : Je te batray comme peaultre, Si vistement ne me rendz ma bourse ! (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 165).

 

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Battre qqn comme plastre : Tu seras plus battu que plastre Sur teste, sur dos et sur bras (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 239). Trop mieulx ce sçauroit embatre Et esbatre, A quelque povre home batre Comme plastre, En luy rompant bras ou teste. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 76). Il fault que je vous face injure ; Je vous battray plus que plastre. (Cuv. T., c.1475-1500, 55).

 

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Battre qqn comme terre : Ribaulx, delivrés vous grant erre De despoillez ces gens tous nuz, Et a lez batre comme terre Emploiez toutes vous vertus. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 80).

 

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Battre qqn comme toile : Frape dela, Malengrongné. Comment ! tu fays l'embesongné ! Hastons nous, batons comme toille. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 239).

 

c)

Prov.

 

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Aussi bien pleure mal battu comme bien battu. "Qu'on soit battu à tort ou à raison, on pleure" : Aussi bien pleure mal batus comme bien batus (E. Legris, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 575). [J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 199]

 

-

Bien battu, mal battu. "Pour telle blessure infligée, telle amende (quelles que soient les bonnes ou mauvaises raisons à l'origine de la blessure)" : Bien batu, mal batu... (E. Legris, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 575). [J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 203]

 

-

Bien est battu qui pleurer/crier n'ose. "Il est bien malheureux celui qui n'ose pleurer" : Ce peuple donc qu'en main tenez, Ne le mettez a poureté, Mais en grant paix le maintenez, Car il a souvent povre esté : Pillé est yver et esté Et en nul temps ne se repose. Trop est batu qui plorer n'ose. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 54). Les gros mengüent les menuz, Et toujours sont subgectz tenus [les simples gens] Sy hardy que nul s'y oppose, Car de nul ne sont soustenus : Bien est batu qui cryer n'ose. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 39).

 

Rem. La forme canonique est : Mal battu qui pleurer n'ose (J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 1191).

 

-

Peu battu longuement pleure : Sire, et a vous tous, messeigneurs, j'ay entendu et seu la cause pour coy ceste guerre est encommenchye, par coy il m'est advis que le duc d'Anternopoly a moult grant tort ; et ce luy procede de grant orgoel et oultrecuidance, dont il a esté decheu come vous savés. Car on dist en ung commun proverbe que "pou batu longement pleure". (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 103). ...et raconterons ancores de rechief des communes de Northmandie, qui du tout ne furent pas contentz, car len [l. l'en] dist en ung commun proverbe : "Qui [var. Que] peu batu, longuement pleure." (WAVRIN, Chron. H., t.4, p.1471, 53).

 

-

Tel cuide battre qui tue. "On pense seulement frapper, on finit par tuer" : Mieulx vault batre asnes portans batz Que batre gens, ne hault ne bas. Ne soit donc personne batue Par toy, car souvent qui bat tue. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 17). Tel tence qui d'ung rien se cause ; Tel le cuide batre qui tue (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 83).

 

Rem. J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 2346.

 

-

Qui trop bat au gibet enballe [l. en balle] "Qui est trop violent finit au gibet" : Le fol dit : "Qui te batra, ba le" ; C'est ung dit qui ne vaut pas balle. Qui trop bat au gibet enballe [l. en balle (de baller) "se balancer"] (ALECIS, ABC P.P., 1451, 17).

 

-

[Un des proverbes évoquant des actions qui font perdre temps et peine] Autant battre son cul au chaud : Il vous oit bien [celui qui ne veut entendre], mais il ne lui en chaut, Autant vaudroit batre son cul au chaut Ou enseignier a harper dix mulès Que de parler a lui ne bas ne hault : Chantez a l'asne, il vous fera des pès. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 210).

 

d)

Battre (un animal)

 

-

"Épuiser (un cheval) lors d'une chevauchée" : ...ses gens avoient trouvé l'abeie garnie et pourveue de tous vivres, vins et chars, assés fains et avainnes pour lors chevaus batus et a batre car ceste cevauchie se fut en la plus plentieveuse saison de l'an, ou mois de octenbre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 326).

 

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[D'une partie du corps d'un animal] Battu. "Blessé (par des heurts successifs)" : Et, s'ilz [les chiens] ont les soles batues et se duelent pour ce qu'ilz auront chascié un dur païs ou de pierres ou autrement, prenez de l'yaue et dou sel menu dedanz et leur en lavez les piez (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 120).

 

-

Prov. Battre le chien devant le lion. "Au lieu de punir le puissant auquel on n'ose pas s'attaquer, frapper un plus faible en manière d'avertissement pour le vrai coupable" : "...Pour abregier doncques l'escripture," dist la chambriere, "j'ay assez batu le chien devant le lyon..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 576). Le duc de Clèves savoit très-bien que le roy avoit hongnié sur luy et qu'il l'avoit réprouvé d'orgueil et de bobans, pensant qu'il ne voulsist battre le chien devant le lyon, et le mesme noter sur son oncle le duc (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 145). [J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 1699] Et batu droit la devant ung lyon gros, couvint estre deshonnouré [le duc d'Alençon] et porter pugnicion scandaleuse le noble royal sang, le parent de tous les royaulx (CHASTELL., Vérité mal prise D., c.1460, 61). [Il s'agit du même proverbe, la victime animale étant directement remplacée par la victime réelle]

 

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[Représentation dans un entremets] : Le second entremectz de celle table estoit ung lyon mouvant attaiché à ung arbre au millieu d'ung preaul, et là avoit le personnaige d'ung homme qui batoit le chien devant le lyon. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 353).

 

-

Battre (le poisson). "Rabattre le poisson (vers un certain endroit)" : ...et que l'en ne batte aux arches ne aux grosses herbes (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1402, 535).

 

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Prov. Poisson battu fuit le filet. "Le poisson qui a déjà été poussé, rabattu vers les filets, se méfie" : On dit qu'eschaudez yaue craint, Poissons batu fuit le fillé (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 30).

 

e)

Au fig. Battre sa coulpe. "Se frapper la poitrine en disant Mea culpa ; d'où se repentir" : Mais dy ta patenostre et baz Ta coulpe (Mir. st Guill., c.1347, 35). Et quant il se fu fait bien confés au Chevalier du Papegau, il bati sa coulpe et mouru illec devant lui (Chev. papegau H., c.1400-1500, 50). Si cogneut qu'il avoit erré, si battit sa coulpe (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

-

Empl. abs. : Si tu tes plaisances purchasses, Au deduyt d'oyseaulx ou de chasses, Il y a du temps pour esbatre Et d'aultre pour pleurer et batre. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 39).

 

2.

Battre (une troupe, un ennemi, une position...)

 

a)

Au propre "Pilonner avec de l'artillerie" : Et finablement fut batue icelle ville tant que on y fist plussieurs brèches en la muraille (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 16). Et prenez vostre champ en lieu où ceulx de la ville ne puissent saillir sur vous ne vous batre de leur artillerie, se vous povez. (BUEIL, II, 1461-1466, 40). Et tant chemina par ses journées qu'il vint mettre le siège devant une ville qui avoit nom Aslonne. La ville n'estoit pas des plus fortes et ne doubtoit point ; et la trouva despourveue de gens et promptement la batist et desempara les avant-murs. (BUEIL, II, 1461-1466, 112). Or vous ay-je dit la maniere comment le duc Baudouin fut assiégé. La manière comment il fut guerryé, fut qu'il fut batu par trois lieux bien merveilleusement et lui furent ordonnez trois assaulx. (BUEIL, II, 1461-1466, 149). ...il failloit qu'ilz passassent à la fille [par petitz passaiges], et par cela les gens du duc de Bourgogne venoient seurement à pié jusques au bort du fossé pour les batre de traict (BUEIL, II, 1461-1466, 249). Toutesfois la ville ne valloit guères, et aussi, sans se laisser battre, feïrent semblable composition et baillèrent dix hommes, entre lesquelz se trouva encores cinq ou six desdictz ostaiges. (COMM., I, 1489-1491, 110). Cependant battoit fort ledict duc la ville. Il y avoit de bonnes gens dedans qui la deffendoient bien. (COMM., II, 1489-1491, 89). Et fut tant batu le dit chateau de bombardes, gros canons, gros faulcons et grosses coulevrines, qu'ilz abatirent en la mer l'une des plus grosses tours (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

 

-

Empl. abs. : ...vostre artillerie assise, vous devez commencer à batre (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

 

-

Prov. Tant bat on place qu'elle est prise : Tant gard'on fruit qu'il se pourrist ; Tant bat on place qu'elle est prise ; Tant tarde on que fault l'entreprise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

 

-

[Dans un contexte grivois] : [Une jeune femme répond à un galant entreprenant] Gallant, peu doubte vostre assault ; J'ai chastel qui moult peult et vault. N'y peult batre par nulz ars Autre engiens - si non de coillars. (Six dessins dialogués à double sens, éd. K. Baldinger, c.1470. In : Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 28).

 

b)

Au fig.

 

-

"Vaincre, défaire (un ennemi, un rival)" : Et si ay tousjours ouy dire que tel menace a la foiz qui a grant paour et qui puis est batus. (ARRAS, c.1392-1393, 226). C'est a bon droit, si vous avés esté batu. Pourquoi les aliiés vous asallir a lors hostels ? (FROISS., Chron. D., p.1400, 120). ...se ne fust par la paresse et couhardiesse de Hanibal que il avoit ainssy battu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 44). Et ledit Ferrande et Marquis de Mante se logèrent en ung hault et fortiffièrent leur logis comme ceulx qui craignoient la bataille, car ledit roy Ferrande et ses gens avoient toujours esté batuz et en tous lieux (COMM., III, 1495-1498, 265).

 

-

"Faire subir des dommages (à un pays)" : ...li dus Jehans de Normendie (...) fist faire moult de crueuses justices en son temps. Par quoi li roiaulmes de France, par toutes ses parties en fu si grevés et si batus et si persequtés, que .CC. ans a venir les traces y parurent (FROISS., Chron. D., p.1400, 594).

 

-

Battre qqn à l'enchere. "Offrir mieux que qqn" : Il avoit peur d'estre happé Car on l'eust batu a l'enchere (Gaud. sot, c.1450, 10).

 

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[D'une maladie] "Frapper qqn" : Mon seigneur mon frére, par foy, Ma maladie est si honteuse C'onques mais de si dolereuse Lepre ne fu homme batu. De touz poins m'a si abatu. (Mir. emper. Romme, 1369, 297).

 

3.

Battre qqc. (pour le façonner)

 

a)

[...un métal, une monnaie] : Armuriers, lormiers, qui fer batent, Et autres, qui les maisons latent, Y a, qui, sanz cesser, martellent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 138). Item le XIXe jour dudit moys baillé à Jehan Gramin pour une aisselle de grox boys pour batre le plon : III s. V d. (Doc. 1478. In : Pierre et métal dans le bât. au Moy. Âge, 1985, 124).

 

-

En partic. "Battre (une pièce de monnaie)" : ...et certains jours après ensuivans, furent lesdictes pieces batues par lesdis Berengier et des Champs en l'ostel dudit Poissonnier, afin de les mectre en essence de ladicte monnoie. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 38). ...il a fait batre, sans noz congié et licence, monnoye tant d'or que d'argent en la ville d'Angolesme, de mendre poix et loy que ne sont noz monnoyes, et à la impression et coings de nos dictes monnoyes aians cours en nostre royaume. (Doc. Poitou G., t.8, 1431-1447, 17).

 

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Empl. abs. : ...nous avons entendu que vous ou l'un de vous avez pris ou fait prendre de par nous en aucunes de noz monnoies de par dela l'argent de quoy l'en devoit paier ceuls qui avoient apporte [l. apporté] billon a noz dictes monnoies en donnant parmy ce occasion aus marchans et autres personnes de non apporter de ci en avant billon a noz dictes monnoies et de les faire cesser ainsi du tout de batre et monnoier en nostre grant dommage (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1339, 81).

 

-

"Battre (du plomb)" : ...baillé à Jehan Gramin pour une aisselle de grox boys pour batre le plon... (Doc. 1478. In : Pierre et métal dans le bât. au Moy. Âge, 1985, 124).

 

b)

Loc. Battre le fer

 

-

Battre froid fer. "Entreprendre une action difficile, impossible, vouée à l'échec" : Veulz tu du doy arer les champs ? Veulz tu planter bois de festus ? Au cul de l'asne fais tes chans ; Tu bas froit fer, tu es deçus (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 1407). Par foy, Naymmes, dist il, vous courez contre vent ; Et se batez froit fier, saciez certainnement, Vous perdez vo langage. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 692). ...il leur convenoit accorder leur demande et passer par celuy destroit, ou autrement allast comme il pust, on y labouroit en vain. Sy virent bien les dessusdits commis que droit là battoient froit fer (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 338).

 

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Battre froid fer en qqn. "Perdre sa peine, son énergie auprès de qqn, agir, intervenir en vain auprès de qqn" : Et faisoit ses doleances et complaintes les plus piteuses du monde et les mieulx colorees, et tellement que ledit messire Guillaume et les aultres perceurent bien qu'on batoit froit fer en luy, et qu'a grant peine on le retireroit de la ou il estoit pour presse ne priere qu'on feist (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 88).

 

-

Prov. Il faut battre le fer quand il est chaud. "Il faut agir au moment opportun" : Qui ne fait mie, quant il puet, Il ne fait mie, quant il vuet ; Et le fer chaut(,) on le doit batre. (MACH., R. Fort., c.1341, 75). L'aultre, qui entendoit son latin (...) s'advisa de batre le fer tantdiz qu'il estoit chault (C.N.N., c.1456-1467, 92). ...le roy Amydas faisoit forger artillerie et assembloit argent où il pouvoit finer ; car il voulloit poursuir sa bonne fortune ; et dient les maistres qu'il fait bon batre le fer quant il est chault. (BUEIL, II, 1461-1466, 222). Il convient batre le fer chault Aultrement tout n'en vauldroit rien. (Sots gard., a.1488, 111).

 

c)

Au fig. "Préparer (une affaire, une entreprise)" : Or nous convient trouver qui a Charlon le die ; Car bien y a maniere pour voir, le vous affie, Que ceste chose cy soit bien batue et fourbie (Galien D.B., c.1400-1500, 30).

 

4.

Battre qqc. (pour en séparer qqc.)

 

a)

[Une pelleterie] "Frapper avec un instrument (pour en chasser toutes les saletés)" : A Jehan Pinchon, varlet peletier et fourreur des robes du Roy nostre sire, pour ses gaiges de 18 d. p. par jour, pour batre, escourre et apecier la peleterie pour fourrer les robes ordinaires et autres garnemens du Roy nostredit seigneur (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 256). [Autre ex. Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 290]

 

b)

Battre (un végétal)

 

-

"Gauler (un arbre)" : Item, ilz pevent hochier de glan et la faine au pié et à la main, sans battre, leurs pors soubz eulx. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 9).

 

-

Loc. prov. Battre les buissons dont un autre prend les oisillons. "Faire un travail dont un autre récolte les fruits" : N'il n'est raisons Pour ce, s'il est vrais, loiaus et preudons, Qu'il soit de ceuls qui batent les buissons Dont li autre prennent les oisillons. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 126). De laquelle chose ledit duc de Bethefort ne fut en riens d'accord ne content, ainssois disoit qu'il avoit icelle ville d'Orléans à sa voulenté, et que ceulx d'Orléans lui paieroient ce qu'il avoit cousté à tenir ledit siège et qu'il seroit bien couroucé d'avoir batu les buissons à ce que d'autres deussent avoir les oiseillons. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 65). Beau sire, c'est dommaige don, Ou se sont motz bien feriaulx, Que la Simple batte le buisson Et ung aultre en ayt les oyseaulx ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 19).

 

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[Représentation dans un entremets] : Le septiesme estoit le personnaige d'ung homme, qui d'une parche batoit ung buisson plein de petitz oyseaulx, et près d'eulx, en ung vergier cloz de treilles de rosiers, faict très gentement, avoit ung chevalier et une dame assiz à table, lesquelz mangeoient les oisillons dont l'ung bastoit le buisson, et monstroit ladicte dame au doyt qu'il se travailloit en vain et follement perdoit son temps. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 352).

 

c)

Battre (une récolte)

 

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Battre le grain. "Frapper sur le blé avec un fléau pour en faire sortir le grain" : Charité engrangier le [le grain] fist Et en grange estrange le mist. Plusieurs bateurs (la) le trouverent, (Et) le batirent et vanerent. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 276). ...Diligence mesme y estoit Escourchie et son ble [l. blé] batoit, Et ses deus soers l'amoncheloient (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 103). Il doivent de droit et par coustume labourer les terres des gentils hommes, quellier les grains et amener à l'ostel, mettre en la grange, batre et vaner. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 95). Et ilec, au moien de certaine grande quantité de vans, fleaux et autres oultilz dont les gens du roy avoient mené grant quantité avecques eulx en charretes et chariotz, fut batu tout le grain estant et trouvé es granches dudit pays de Bourgongne et Picardie (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 324).

 

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Empl. abs. : Nous sommes de vers le Crotoy, Et savons bien soier et batre (Mir. femme, 1368, 186).

 

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Inf. subst. : Et aprés, quant celle semence fu parcreue et moutepliee, monstra comment ilz soyeroyent les blefs et, par batre de fleaulx, les osteroyent des espis. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 744).

 

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Loc. Battre blé en autrui grange. "Commettre l'adultère avec une femme mariée" : ...que nulz ne preigne Fornicacion ne ne tiengne Concubine ne femme estrange, Ne bate blef en aultrui grange, Car ce seroit pechiez mortés. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 38).

 

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[Sens de battre détourné, dans une sentence qui semble propre à l'auteur] Savoir mieux battre que vanner : Devant eulx [les fumeux (confrérie imaginaire de jeunes gens guidés par Outrecuidance, Orgueil...)] fait mauvais parler : Mieulx scevent batre que vanner ; A pluseurs font affliction Par leur rude pugnicion (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 314).

 

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Prov. Gerbe n'est ja de bon grain eswidie, S'elle n'est bien battue. "Il faut bien battre la gerbe si on veut en faire sortir tous les grains ; au fig. il faut battre, châtier le vilain si on veut en tirer quelque chose" : Li vilains ne vaut riens, qui bien ne le castie ; Ja par lui ne sera crasse soupe taillie ; Ne le garbe n'est ja de bon grain eswidie, S'elle n'est bien batue. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 567).

 

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Battre huile. "Extraire l'huile en pressant les graines oléagineuses" : ...de son molin leur on soloit battere [sic] oile (Doc. 1386. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 494). ...toute l'oille battu ou dit molin (Doc. 1453. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 494). ...ung molin (...) ou l'on souloit batre oile (Doc. 1453. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 494).

 

5.

Battre qqc. (pour remuer, pour réduire en poudre...)

 

a)

"Réduire en poudre (une substance) en la broyant" : ...et faictes bactre du sucre grant foyson en poudre (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 158). ...et y mecte et mesle de saffran bactu ce que il sera necessaire pour le faire jaune (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 191). ...lequel moulin ledit Houel ne sez hoirs ou ayans cause, ne aultres tenans d'icellui, ne pourront, pour le temps advenir, fere batre aucun tan ["écorce de chêne"], mais le pourra édiffier à fouller draps ou piller champvre (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1446, 257).

 

b)

"Frapper sur qqc. pour remuer, agiter" : Gramose est faicte de la char froide du giste qui est demouree du disner, et de l'eaue d'icelle char demouree comme dessus, en la maniere qui s'ensuit: Primo, il couvient batre .IIII. ou .VI. oeufz (c'estassavoir moyeul et blanc) et batre tant qu'ilz soient degoutans comme eaue (car aultrement ilz se tourneroient) et mectre autant de vertjus comme les oeufz montent, et faire boulir avec l'eaue de la char (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 204). Car quant est de lioyson de moyeulx d'oeufz, il les couvient batre, couler par l'estamine, et filer dedens le lait apres ce qu'il a bien boulu et qu'il est trait arriere du feu avec les poiz nouveaulx ou feves nouvelles et les espices. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 214). Item, ayez de ..VI.. oeufz les moyeulx et ung petit de vin blanc, et soit tout batu ensemble tant comme a ennuy, puiz mis avec de l'eaue de la char, et du vertjus vieil et non nouvel, car il tourneroit (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 221).

 

-

Battre le plastre : ...deux fourniers qui ont battu le plastre (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 162). Item ledit jour baillé à ung homme pour trois jours d'avoir cuit et batu du platre... (Doc. 1478. In : Pierre et métal dans le bât. au Moy. Âge, 1985, 124).

 

c)

"Baratter (le lait)" : La seconde viande est le lait, et selon aulcuns, le texte s'entend du lait eburré, nommé selon les medecins et des gens communs lait batu, ou lait baraté. Lait eburré recent meslé avec pain chault fort engraisse. (Rég. santé corps C., 1480, 31).

 

6.

Battre le cabas. "Voler, escroquer (en faisant croire que ce qu'on a acheté pour qqn coûte plus cher que le prix qu'on l'a payé)" : Et tout sont les servens plus prest De loyaument faire besongne Sanz poiteviner escalongne, Et sanz penser ne hault ne bas Ainsi comme on bat le cabas A ceuls qui ne scevent le pris Du marchié, tant qu'ilz ont apris (DESCH., M.M., c.1385-1403, 115). ...Les .VII.. deniers seront pour my, Qui suy servens, pour moy esbatre. Ainsis seult on le cabas batre, Bat on et a l'en souvent fait A ceuls qui ne scevent ce fait. Au bout de l'an y a grant somme D'argent au regart d' un saige homme Et l'en fait denier a denier Grant moncel d'or et grant grenier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 115). Si ont ycelles office d'acheter la viande et aler a la char, ou trop bien batent le cabaz - qui est un mot communement dit, qui est a entendre : faire acroire que la chose couste plus que elle ne fait, et retenir l'argent. Si font entendant que le quartier de mouton leur couste .IIII. solz que elles ont pour .X. blancs ou moins (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209).

B. -

P. anal. [Idée dominante d'itération]

 

1.

Battre (un lieu)

 

a)

"Fouler aux pieds, fréquenter, parcourir" : Cilz chemins si est moult batus (ACART, Prise am. H., 1332, 6). Et tout droit pris mon chemin ay A une sente po batue, Pleinne d'herbe poignant et drue (MACH., D. Lyon, 1342, 166). Bien est voir que chienz viennent aucune foiz chassant jusques a une voye qui sera foulee et usee et batue et poudreuse, et donc les chienz passent la voye tout oultre, et le cerf aura fouy et refouy la voye ou aval ou amont. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 196). ...allasmes par sentiers non hantez et pou batus de marcheiz de gens. (BUEIL, I, 1461-1466, 34). Puis leur ordonna que le mercredy au matin s'en allassent à Gervaise atout vingt chevaulx courir jusques à la Vannais pour batre le païs, adfin que, s'il y avoit nulz adventuriers sur les champs, qu'ilz s'enfouyssent. (BUEIL, I, 1461-1466, 83).

 

-

"Parcourir et en même temps dépouiller de son gibier (en parlant de la loutre qui chasse)" : ...il ne demeure mie longuement en un gite, pour ce que le païs ou il a esté en pasture est tantost batu, et va en autre lieu demeurer et peschier. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 94).

 

-

Battre le pavé. "Aller et venir sans but" : Je parloye à Godart si nous yrions aujourd'uy batre le pavé. Il nous fault trouver tous au Palais, à deux heures après midi, pour faire l'assemblée et pour ordonner en quel lieu nous nous rendrons tous ensemble. (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 224).

 

b)

[D'un animal]

 

-

Battre l'eau. "Nager" : ...le cerf ne pourra passer [le ruissel] ne batre l'yaue amont ne aval qu'il ne touche au bois ou de la teste (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 207). Et, si en tout le païs n'a grosse riviere, il vet as petites et batra ou amont ou aval, selon ce que plus li plaira, demie lieue ou plus sanz venir a l'une rive ne a l'autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 63).

 

.

Empl. abs. : Et, si en tout le païs n'a grosse riviere, il vet as petites et batra ou amont ou aval, selon ce que plus li plaira, demie lieue ou plus sanz venir a l'une rive ne a l'autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 63). Et, quant il a bien longuement batu ou amont ou aval, il demeure en l'eaue dessouz aucunnes racines qu'il n'apert en l'yaue fors que la teste, et li passeront aucunne foiz les chiens et les veneurs par dessus et par de costé, qu'il ne s'en bougera ja, quar, combien qu'il soit fole beste, si a il assez de malice et de subtilité par soy garentir. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 76).

 

-

Battre une voie. "Suivre une voie" : Et quant il s'en ira a son giste, il [le lièvre] prendra aucune voye, ou petite ou grant, la quele il ira batant une grande piece (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 222).

 

c)

Au fig.

 

-

Battre la voie. "Tracer un chemin" ; d'où "donner l'exemple" : ...Ogier, se dist ly roy, la voye avez batue (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 218).

 

-

Battre l'eau et le vent. "Perdre sa peine" : ...convient-il pour tant que monseigneur, sur leur faire qui est cognu, boute outre ce qui ne portera point d'effet, fors que honte et blasme, et que tout volontairement et sciemment il envoie perdre ses gens, battre l'eaue et le vent, et se miner d'argent et de chevance, pour un néant ? (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 56).

 

-

Battre Seine. "Se démener inutilement" : Perdre aussi bien va son langage Conme s'il aloit batre Saine (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 235).

 

2.

Battre l'oeil. "Cligner de l'oeil"

 

-

Sans battre l'oeil ni incliner les oreilles. "Sans hésiter, sans tergiverser" : ...ta personne royalle (...) a tous conseilliers de non [doit] donner la matiere, non pas obscure mais bien clere, de faire un beau latin, c'est assavoir sans batre l'oeil ne encliner les oreilles de dire pure verite hardiement aussi et sans aucun regart, a la lectre, sans souspecon ne aucune palliacion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 344).

 

-

Inf. subst. En un battre d'oeil. "En un clin d'oeil" : ...et tantost que l'evesque ou le prestre est desvestus de ses ornemens, visiblement la belle dame a toute sa belle compaignie se part en un batre d'eul (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 390). Lesquelles chambrieres en un batre d'oeil s'esvanouirent de la presence de tous les assistens (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 306).

 

Rem. Cf. DI STEF, 596c, s.v. oeil.

II. -

Empl. intrans.

A. -

[Idée dominante de coup, de heurt]

 

1.

[D'une pers.] "Frapper, heurter (à une porte)" : Li messagier forment a batre Conmencha, que vint a la porte Un portier armé, qui aporte En sa main un trenchant espié. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 206).

 

-

"Frapper, heurter (à une porte) et p. ext. attendre, languir" : ...il a eu beaucoup a faire au service de ceste dame, car au commencement luy a esté rude et fait batre aucun temps avant qu'elle lui ait voulu faire aucun bien. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 137).

 

2.

[D'un oiseau]

 

-

Battre à la chair. "Becqueter la viande" : ...et aprés a grant jour li soit donné le sourcuis de la cuisse d'une poullete, en le fesant batre a la char devant les gens. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 183).

 

3.

[D'une chose] Battre qq. part

 

a)

[D'un projectile] Battre contre qqc. "Taper, cogner (contre qqc.)" : La, nuit et jour ouÿst on batre Les pierres contre les creniaulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 315).

 

b)

[De la mer, d'une rivière...] Battre à (un lieu). "Heurter de façon continue, toucher, baigner" : Courc siet en païs d'Ermenie, Et s'est assis par tel maistrie Que la mer li bat au gyron, Et non mie tout environ. (MACH., P. Alex., p.1369, 136). ...il estoient asegiet par terre et par la riviere de la Geronde, laquelle bat et fiert as murs de la ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 632). ...bien lui sambloit que une tempeste cheoit en ung vivier qui batoit a l'un des lez de la tour (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 84). ...passer a nou la grosse riviere du Rone, qui battoit a l'ostel ou sa dame demouroit. (C.N.N., c.1456-1467, 358). Assés prés d'illuec estoit un chasteau fort et puissant environné d'une grosse riviere qui batissoit a la muraille (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 116).

 

-

Battre parmi. "Couler à travers, arroser" : Physon est uns flueves qui bat Parmi la terre de Enlath (MACH., P. Alex., p.1369, 191).

 

4.

P. anal. [D'une chose qui pend] "Arriver, tomber qq. part"

 

a)

[Des cheveux, de la barbe] : Barbe soubz le nombril avoient Qui jusqu'aulx genoulx leur batoit, Et de la couleur d'or estoit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 161). La biauté de son dous viaire Et ses crins d'or, crespes et longs, Qui li batent jusqu'aus talons (MACH., C. ami, 1357, 77). Ses cheueulx estoyent beaulx et blonds et lui battoyent jusques a la caincture [l. çaincture] (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 68). ...ilz avoient estez choisis a l'eslite, et avoient les cheveulx aussi blondez que fin or, qui leur batoient jusques sur leurs espaules. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 63).

 

b)

[D'un vêtement, d'un tissu] : Messires Jehans Chandos (...) environnés des siens et vestis dessus ses armeures d'un grant vestement qui li batoit jusques en terre (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 202). Et sur les harnas du Roy estoit une courniole couverte d'orfaverie. Et sur son cheval estoit un pers velours, tout tissu de grandes fleurs de lis d'or moult riches, et batoit jusques à terre. Et avoit ung chanffrain d'acier, sur lequel avoit ung très bel plumail. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 304).

B. -

[Idée dominante d'itération]

 

1.

[D'une partie du corps] "Être animé de mouvements répétés, de battements" : Dieux ! Comme il a boulant le chief, Et comme les temples li batent ! (Mir. emper. Romme, 1369, 259). Trop tost, oultre le commun cours, Vous bat le cuer en la poictrine (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 382). Luy voy tu point les vaines batre ? (Pass. Auv., 1477, 250).

 

-

[De l'âme] Tant que l'ame me bat au corps. "Tant que je suis en vie" : Si tost qu'amours est mypartie, Tout le hault plaisir en est hors ; Si ne sera par moy partie, Tant que l'ame me bate ou corps. (CHART., B. Dame, 1424, 353). LE MALADE. Elle [la mort] prent ceulx qu'elle veult prandre Et les autres si laisse actendre Tant que avant que viengne ilz sont mors ; Mais qu'on me contraingne a lui rendre Pardon pour meffaire et mesprandre Tant que l'ame me bate au corps... (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 48). Je vous promectz Que tant que l'ame au corps me bate, De ses dampnables entremetz Je n'ay pas grant peur qu'il m'abate. (LA VIGNE, S.M., 1496, 494).

 

2.

[D'un oiseau] Battre des ailes. "Remuer les ailes pour s'envoler" : Et quant le faucon qui vole est enmi son haut, il doit oster le chaperon a son faucon nouvel, et se il bat pour aler a l'autre, il le doit lessier aler (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 191). Le faucon bat vers la fenestre, Qui a l'eir des champs voussist estre (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 153). Mais aprez ce, se il bat a la perche, c'est signe de fain et qu'il veult estre sur le poing. Et pour ce est bon qu'il ait tousjours gens devant lui afin que, s'il se pendoit ou debatist, qu'il fust tantost secouruz et relevé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 149).

 

3.

[D'un autre animal] "Être animé de mouvements saccadés, haleter" : L'autre maniere de rage s'apelle la rage efflanchee, quar ilz [les chiens] sont cousuz parmi les flans, comme s'ilz n'avoient mengié, et poussent des flans et batent grief (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 115).

 

4.

[D'une chose qui pivote sur des gonds] "Être animé d'un mouvement constant (ici, d'ouverture et de fermeture)" : Esgarde, et ne vont tes fenestres battant contre leurs posteaux et n'y viennent pluye et tempeste, sifflans parmy, par non avoir qui les ferme ? (CHASTELL., Oeuvres K., t.7, c.1435-1475, 41). ...ilz furent cincq qui (...) tous d'um voulloir entreprindrent de aller jusques aux portes de mettail que nuit et jour battent (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 80).

III. -

Empl. pronom.

A. -

Empl. pronom. réfl. "Se frapper, se flageller" : En ce temps vint une maisnie De par leur dame Ypocrisie Qui de courgies se batoient Et adens se crucefioient (MACH., J. R. Nav., 1349, 145). Et avoient iceulx batans chascuns vestu une cotte de toille, les visages couvers fors que tant que en droit leurs yeulx avoit pertuis pour veoir a eux conduire, et se batoient d'icelles escourgées a nu entre les espaulles, et chantoient en eux batant tous ensemble ung chant pareil: et estoit merveilleuse chose et piteuse a veoir. (Voy. J. c.1395, 99). En l'an de grace Nostre Signour mille CCCXLIX, alerent li penant et issirent premierement d'Alemagne et furent honmes liquel faisoient penitances publiques, et se batoient d'escorgies a neus durs de quir farsis de petites pointeletes de fier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 894).

 

-

Se battre de sa propre arme. "Se faire du tort à soi-même" : ...et si y ot pluisseurs gens qui dirent que ung bon taire lui vaulsist mieulx, et qu'elle s'estoit batue par son baston mesmes, c'est -à-dire par sa langue et son hatif parler. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 33). Car aucunes gens par leur grant yre et convoitise se bastent de leurs bastons mesmes et se pourchassent de jour en jour peine et ennuy. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 84). ...De son cousteau il s'est couppé, De ses verges il s'est batu ; Le brassin a beu que a brassé. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 178).

 

Rem. Cf. J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 2335 : Teus cuelt la verge dont il meïsmes est batu.

B. -

Empl. pronom. réciproque.

 

1.

[De pers.] "Se combattre" : En Thesale aussi se batoient L'un l'autre et fort se combatoient Li Thesalin et Sabïen, Qui ne se vouloient nul bien, Dont des mors y ot grant foison, Tant que dura celle saison. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 331). Dehors ancor se combattent Chacun jour s'occient et batent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 130). La plupart des gens des deux roys estoient logéz à Bayonne, qui d'entée se battirent très bien. (COMM., I, 1489-1491, 137).

 

2.

[De choses] "Se heurter, se rencontrer" : ...quant les .II. freres ardoient En .II. feux, en hault se batoient Les fumees, qui de leur corps Yssoient et sailloient hors (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 327).

C. -

CHASSE [D'un oiseau] "Remuer les ailes" : La quinte [raison de mettre un chaperon au faucon] est que il en a meilleur courage de voller, et si le peut l'en partout porter sans ce que il se bate ne bouge (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 34). A ce qu'il dit qu'oiseaulx se batent Telement que frois mors s'abatent, Il est bien voir que l'esprevier De souvent batre est coustumier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 339).

IV. -

Part. prés.

A. -

Empl. subst. "Personne qui se frappe avec une corde, un fouet..., flagellant" : Et avoient iceulx batans chascuns vestu une cotte de toille, les visages couvers fors que tant que en droit leurs yeulx avoit pertuis pour veoir a eux conduire (Voy. Jérus., c.1395, 99).

B. -

Empl. adv.

 

-

Battant. "Vite, immédiatement" : Après ma gent iray batant Tout a par moy. (Mir. femme roy Port., c.1342, 165). A ce mot sont paiens arriere reculé, De cy a l'estandart en sont batant mené (Galien D.B., c.1400-1500, 129). ...et quant Madame fut sur les champs, tant que hacquenee pouoit aler s'en ala batant. (LA SALE, J.S., 1456, 288). ...puis ampoignerent lez lancez, acolerent leurz escus, et ferant et batant vindrent en celle plaine (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 59).

 

.

Tout battant : ...et Orchas, qu'ilz enmenoient tout batant, commença a crïer a haulte voix: "Aigres, Aigres, beaux compaings, or me faiz secours et aïde." (Bérinus, II, c.1350-1370, 119). ...[ils] delibererent (...) que s'il ne confessoit autre chose que dit est, attendu la peine de prison par lui soufferte, et que partie est restituée du hanap d'argent dessus dit, par lui prins, que icellui prisonnier, à la premiere justice que l'en feroit, feust batus et mené tout batant, au cul de la charrete (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 159). Finablement, tant s'esvertua messire Gilles de Chin que par sa haulte proesse il remist ceulx de dehors dedens les liches et chassierent tout battant ceulx de dedens jusques dessoubz les hours des dames. (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 87). Si m'en suis venu tout batant, Car pas n'est temps d'estre bastant Ne auprés de luy soupirer. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 332).

 

Rem. Autres ex. ds R. Ling. rom. 77, 2013, 285.

 

-

Ferant/courant battant. "À toute vitesse" : ...et messires Bertrans et se grosse route tantost venront ferant batant, sans yaus espargnier ne leurs chevaus. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 6). ...messires Bertrans et se grosse route tantost venront ferant batant, et enteront en le ville (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 102). Sy envoyèrent courant battant un message devers le roy, pour luy annoncer ce que avoient trouvé (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 189).

 

.

Pied battant : A Dieu ! je m'en vois pié batant (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 68).

V. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers.] Avoir le coeur battu de qqc. "Avoir le coeur occupé de" : La feste se prist a outrer Quant on eut assés esbatu, Et je qui le coer euch batu De grans pensers fors et divers, (...) Me parti d'iluec erranment. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 50).

B. -

[D'une chose]

 

1.

DRAP. COST. [D'un tissu] Battu à/en/de (une substance précieuse). "Incrusté, brodé, orné de" : ...un paveillon batu a or et a pierres precieuses (ARRAS, c.1392-1393, 39). Or dirons du fait du feu roy anglois. Assavoir est que les seigneurs de son sang le mirent sur ung chariot que menoient quatre grans chevaulx. Et avoient fait sa semblance et représentacion de cuir boulu, moult gentilment, portant en son chef couronne d'or moult précieuse, et tenoit en sa main dextre ung ceptre et verge royale, et en la senestre portoit une pomme d'or. Et gisoit en ung lit sur ledit chariot, le visaige vers le ciel. Duquel lit, le couvertoir estoit de drap de soie vermeil batu à or. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 113). ...dames et damoiselles tant noblement parees de couronnes et de pierres precieuses et de vestures batues en or... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 446). ...sa chayere [du roi] paree de veloux cramoisy battu en or (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 33). ...à .II. estéz de lui, avoit deux valetz de pied, vestus de hoccque tous batus d'or (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 427). Jehan de Paris et ses cent gentilz hommes estoient tous vestus d'ung drap d'or batu, tant riche que ne le vous sçaurois declairer. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 74).

 

-

P. ell. Battu. "Brodé d'or" : ...en une cambre bien parant, Bien aournee et bien vestue De tapisserie batue, Tous seulés illuec m'esbatoie. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 126).

 

2.

La mer battue. "La mer agitée, remuée (ici, la Mer Noire)" : La premiere partie qui est Indie, est enclose de la mer qui est devers le midy, nommee par aulcuns la mer noire ; et aultres l'appellent la mer battue, pour le grant debattement ou elle est tousjours a cause de VIImVc et XLVIII ysles qui y sont (LA SALE, Sale D., 1451, 159).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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     BATTURE     
FEW I battuere
BATTURE, subst. fém.
[T-L : batëure ; GD : bateure ; GDC : bateure ; AND : bature1 ; FEW I, 291b : battuere ; TLF : IV, 293b : batture]

A. -

"Action de battre qqn ou qqc."

 

1.

"Action de battre qqn"

 

a)

"Action de battre qqn, fait d'être battu, action de donner des coups à qqn, fait d'en recevoir ; blessure qui en résulte" : ...car, quant la passion, si comme seroit la bateüre, est mesuree et prisee ou contrepesee, donques ce que un a souffert est appelé damage et ce que l'autre a fait est appellé proffit quant a lui. (ORESME, E.A., c.1370, 289). Item nulz ne doit amende sans clameur, se il n'est pris par justice en present forfait de sang ou de grief bature sanz enmoilure [sic] soixante solz d'amende et au blacié ses domaiges et interests selon le cas. (Titres Bourbon L., t.2, 1385, 18). ...laquelle il batirent enmy la rue et geterent à terre, et la navrerent en la main et un peu ou visage, mais elle n'en es diffigurée, ne mutilée en riens, et est garie ladicte bature (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 351). ...et sur les circonstances et despendances de ce, l'an mil CCCIIIJxx et neuf, le mardi XXIJe jour de mars et ès jours ensuïant, de laquelle bature mort se est enssuie le jeudi ensuïant. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 257). ...sondit feu mary (...) bati et feri de coups orbes moult durement ladite deposant. Pour lesqueles bateures afin de soy faire guerir et garder mieulx que elle n'eust esté en sa maison, pour ce qu'il estoient très-povres gens, elle qui parle se fist mener et porter à l'Ostel-Dieu de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 270). ...et dudit baston de rondin lui donna cinq ou six coups, et sondit compaignon Guillot samblablement le fery plusieurs coups, le abatirent à terre, et illec le laisserent. Ne scet qui de ladite place l'emporta, maiz environ VIIJ jours après ce que dit est advenu, il qui parle oy dire que desdites bateures sondit serourge ala de vie à trespassement. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 18). Qui est la mere, je vous demande, qui vouldroit soustenir les perilz et les travaux pour nourrir ses enfans, lesquelz soustint saint Pol pour les hommes sauver, pour les tirer a l'amour de Dieu, par mer, par terre, par froit, par chaut, en fain, en soif, en prison, en chaines, en bateures, en reprouches jusques a la mort soustenir ? (GERS., P. Paul, a.1394, 510). Ne soyons pas si folz que nous refusons la verge, et eslisons la mort. Ung enfant meismement, qui refuit tant bature, ne feroit pas telle election, aincoys bailleroit il la verge, et prieroit que on le batist, que il ne receust la sentence de la mort, laquelle il escheveroit par ceste bature. (GERS., Déf., 1400, 242). ...et pour ce que Montagu, vidame de Laon, et grant maistre de l'Ostel du Roy (...) se disoient avoir la cognoiscence du delict et crime dessus dit (...) si faisoit le prevost de Paris, attendu que la bateure avoit esté faicte hors de l'ostel du Roy (BAYE, I, 1400-1410, 54). ...les doivent plus corrigier par bons exemples et paroles introduisans à bonnes meurs que par verberacions ou bateures maistriseuses (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 28). A Jehan Le Voir, varlet servant en patisserie de madicte dame la duchesse de Bourgoingne, la somme de dix frans (...) comme pour lui aidier à paier sa rançon envers les traictes armignaz et guerir la bateure qu'ilz lui firent lors ou visaige (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 411). ...pour cause de la dicte bateure et coup a lui donné par le dit suppliant... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1426, 241). Cuer, trés faintis et trés volage, A tous mal pensez et toute ordure ; A l'escole tu fais la rage, Si te donray ceste bature. (Coeur sens M., a.1433, 80). ...o creatures Regardez ung peu les batures Que le filz de Dieu a porté. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 195). "...la dame estoit toutte couverte de sanc des batures qu'ilz luy avoyent faittes" (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 97). ...il a fait comme les jeunes enfans, qui voulent emploier leur bature quand ilz ont deservy le punir. (C.N.N., c.1456-1467, 204). Quiconques est batu de bastons de bois d'ausne vert ou secs, et aprés jettera les bastons en ung puis, se ilz demeurent en l'eaue, cellui sentira en douleur sa bature tant comme il vivra. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 124). Il nous livre griefves bateures Et plusieurs grans maulx et injures (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 508).

 

-

Batture à sang. "Coup avec effusion de sang" : ...se en la bateure a sang, coupx ourbes de quoy la char soit quassée, se il sont nobles, chascun paiera LXV livres et, se il sont non nobles, chascun ne paiera que LXV solz (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 228).

 

-

Batture sans sang. "Coups sans effusion de sang" : Item d'autre simple delit et bature sanz sang sept solz d'amende. (Titres Bourbon L., t.2, 1385, 18).

 

b)

P. ext. "Sévices corporels, mauvais traitements infligés à qqn" : Et en oultre fut faite ordonnance de la tauxacion des drois des aultres bateures et malfaichons qui ensieuvent, c'est assavoir : De coup de baston sans sanc et sans cable, X s. De playe a test descouvert, LXXII s. D'un coup d'espée de plat et de taille, XVIII s. Et s'il y a sanc muldry, XVIII s. De test fendu, VII l. IV s. De jambe et de bras rompus, sans mehaing, VII l. IIII s. D'un coup de pié, X s. De prinse a la gorge a deux mains, X s. Pour chacune main, V s. De bengnis, V s. De fouller a deux genoux, X s. De train, XVIII s. De barbousquet, V s. De une dent rompue, VII l. IIII s. (Echiq. Normandie S., 1386, 49-50). Et en oultre fut faite ordonnance de la tauxacion des drois des aultres bateures et malfaichons qui ensieuvent, c'est assavoir : De tirer les levres, sans sanc, V s. Et s'il y a sang, X s. De heurter un homme, le poing clos, V s. Et se les IIII dens de devant sont rompues, il fu jugé que c'estoit mehaing. (Echiq. Normandie S., 1386, 50). Le mien seigneur et prince redoubté, Floron de lis, roialle geniture, Françoys Villon, que Travail a dompté A coups orbes, a force de batture, Vous supplie par ceste humble escripture Que luy faciez quelque gracïeux prest. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50). Item, m'appartiennent aussi a ladicte cause une justice, autrement dit gibet, près de ma ville de Chastel, a quatre pillers et festiers, a laquelle et autrement par divers tourment de mort par bonne justice faire executer gens selon leurs demeritez jusques a mort, prendre les drois de confiscations, actraiers, espavez, amendes de batures arbitraires et aultrement. (Comté Porcien R., 1459, 258). Sy vueil qu'ilz [mes trois orphelins, mes trois vieux usuriers] soient informez En meurs, quoy que couste basture. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 106).

 

c)

Au fig. "Coup moral, châtiment, punition" : ...la bateure pour mon pechié est telle que je ne puis souffrir le soleil. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 370).

 

2.

"Action de battre, d'écraser qqc." : Tout aussi com par bateure Fait l'enfant de (la) pomme dure Issir le jus et hors saillir Et l'amolïe par ferir, Tout aussi par mon ferir fas Lermes issir et crier (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 270).

B. -

En partic. "Action de battre (au sens d'attaquer par les armes à feu), attaque à l'artillerie" : ...et mit la ville en tel estat par la batteure de ses engins et assaults, qu'elle ne se povoit plus tenir. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 209). Et tant par mynes que par faulte de vivre et bateure de murs, ceulx de dedens furent contrains se rendre à lui. (RAOULET, Chron. Ch. VII, V., c.1461-1467, 151). ...car à ce siege furent les rivieres destournées, comme j'ay dit, et faictes grandes baptures de bombardes, grans mines pour approucher la muraille, tranchiz roullans et angins, bastilles et bastillons, et toutes choses dont on se peult deviser ou adviser pour mectre une ville à subgection (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 98).

 

-

Batture d'artillerie : ...et par les batures d'artillerie commença a monter tant et si bien, qu'il se trouva tantost au plus haut (...) et fut le cinquiesme monté. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 251).

 

-

P. ext. "Attaque" : Chascun se logea coyement et sans bruyt, et le noble archiduc se logea au Cerf, et tint ses gens d'armes en telle discipline, qu'il n'y eust pillaige, bature ne murdre fait en icelle prinse (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 271).

C. -

"Suite de notes de musique (cf. battre la mesure) ; en partic. air militaire" : Puis ne demoura guèrez que, par le porte de l'entrée de la salle, entra ung cheval à rebous qui aloit en recullons, richement couvert de soye vermaille, et sur icellui cheval avoit deux trompettes assizes dos contre dos et sans selle, vestus de journardes de soye grise et noire, qui avoient chappeaux en leurs testes, et faulx visages. Et les mena et ramena ledit cheval, tout du long de la salle, à reculons, parmi laquelle ilz juèrrent de leurs trompettes une batture. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 142-143). ...et [la guette] appella ses trompettes, qu'ilz vinssent faire une sonnade devant la compaignie ; et prestement se ouvrirent quatre fenestres au plus hault de la tour, et de chascune fenestre saillit ung gros sanglier, à tout trompettes, à grans bannieres de monseigneur de Bourgoingne, et sonnerent une longue basture (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 152). Le duc de Bourgoingne a douze trompettes de guerre, les meilleurs qu'il a sceu finer, et sont iceulx trompettes gouvernez par l'ung d'eulx qui est leur chief. Et le matin que le prince doit partir, ilz doivent tous ensamble venir faire une basture devant les fenestres du prince pour [le] resveiller à l'heure qui leur est baillée (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 70).

 

Rem. Cf. GD I, 600c-601a.

D. -

"Métal battu, réduit en feuilles minces (qu'on emploie en découpure sur les étoffes, en dorure sur les matières solides ou étiré et aplati et enroulé sur un fil de soie pour les broderies)" : ...2 couvertures à chevaux, l'une de bateure pour le tournoy, et l'autre de couture pour la guerre (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 184). ...1 eschequier de bateure et de cristal, à perles dedens, garny des jeux de cristal et de marbre vermeil (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 323). Item, une chambre que la ville de Paris donna au Roy, brodée sur cendal vermeil à fermaulx, à rozes et à perles ou ciel, ou dossier et en la coultepointe en cinq compas qui y sont, et sont les courtines de cendal vermeil, de bateure de mesmes la chambre, avec huit carreaulx, desquelz les deux sont longs, et les autres six sont petiz. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 363). ...huit chevaliers (...) portoient huit banières des armes de Flandres, dont il y avoit quatre de bateure pour le tournay et quatre pour la guerre. (Chron. St-Den. P., c.1383-1385, 45). A Hue de Boulongne, pour XLV grant escus d'ouvraige de basture, aux armes du dit feu seigneur (Comptes Lille L., t.2, 1427, 383).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 32/64 
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     CONTREBATTRE     
FEW I battuere
CONTREBATTRE, verbe
[T-L : contrebatre ; GD : contrebatre ; FEW I, 293a : battuere ; TLF : VI, 81a-b : contrebattre]

A. -

Contrebattre qqc. "Se battre pour s'opposer à qqc., combattre qqc." : Marie au dyable se combat Pour nous et ses fais contrebat. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 40).

 

-

Contrebattre (à) qqn. "S'opposer à qqn, combattre qqn" : Or se voelt marier, che dient li auquant ; Mais se puis esploiter, foi que doi saint Vinçant, Celle qui l'a [l. qu'il a] plévie ne l'ara pas devant. Je i sai bien men droit, pas ne m'en vois doubtant ; Je le contrebatrai, ains qu'il voist espousant : Donnet le m'a ses pèrez, en sérement jurant. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 57). Moult seroit laide chose et pour nous blafme grant S'ensi vait si garson tielle damme esposant Que nous ne li allons ansois contrebaitant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 245). Mais li bourgois (...) lui contrebati et lui dist : "Certes, sire prevost, la convenance que vous feïstes au marchant n'est de nulle valeur..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 88).

B. -

Contrebattre en soi. "Se livrer à un débat intérieur" : ...Car Espoirs d'une part m'oignoit Et Doute d'autre me poignoit. Ensi en moi contrebatoie Et en cest grant debat metoie Sus ma dame tout le descort (ACART, Prise am. H., 1332, 47).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 33/64 
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     COURBATU     
FEW I battuere
COURBATU, adj.
[T-L : corbatu ; GDC : courbatu ; FEW I, 293b : battuere ; TLF : VI, 338b : courbatu]

"Extrêmement fatigué" : Lons est d'eschine, ses piez neus, Courbatus, enfosset et creus (Dit du Cheval hardi, éd. P. Meyer, c.1350. In : Romania 41, 1912, 94). Oncques ne fus tant traveillié ne si durement molesté comme j'ay maintenant esté, tellement suis je corbatu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 389).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 34/64 
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     DÉBAT     
FEW I battuere
DEBAT, subst. masc.
[T-L : debat ; GD : debat ; GDC : debat ; AND : debat ; FEW I, 292b : battuere ; TLF : VI, 754a : débat]

A. -

"Mouvement de va-et-vient ; agitation"

 

1.

Au propre

 

-

[À propos d'un élément] "Agitation" : Toutesfoiz qui vouldroit, on pourroit ainsy dire que ce fu ainsy faint pour nous seignefier la merveilleuse force et le debat tres grant des undes de la mer, et aussi la radeur et celerité du mouvement de quoy elle se meut (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 290). Finablement, il avint une nuit que Leander, qui voloit faire ainsy come il avoit devant acoustumé, pour le debat et pour la grant tempeste de la mer, ne pot pas bien son emprise parfaire, ainz demoura par voies et ainsy fu perilz. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 432).

 

-

[À propos de l'oiseau de proie] : ...lors le couviendra il mectre es gectz [l'épervier] et paistre sur le poing, et puis le perchier et tenir paisiblement sur son poing tant qu'il ait enduit et avalé sa gorgee. Et le doit nen a ce commencement tenir si court que au regect de son debat il ne mefface a son balay. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 149).

 

Rem. Cf. aussi T-L II, 1231, 23-35.

 

-

[Même sens dans un contexte métaph.] : [Il s'agit de Fortune] Souventesfoiz, contre raison, Boutez de hault plusieurs en bas, Et de bas en hault ; telz debas Vous usez en vostre maison. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 176).

 

-

"Agitation, bruit (des chiens qui battent la campagne au cours de la chasse)" : Moult volentiers oi le debat Et l'abai de ches chiens courans (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 62).

 

2.

Au fig. [Avec une idée finale ; v. se debattre "s'agiter, se démener (en vue de qqc.)"]

 

-

"Difficulté, peine" : Car cil qui la joie ont en garde De ce se prennent si près garde Que nuls ne te saroit despondre Le debat qui est au respondre (MACH., D. verg., a.1340, 40). Puisqu'il est hors [ce clou], C'est le plus fort de mes debas (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 360).

 

-

Sans (nul) debat. "Sans peine, sans difficulté" : Si qu'adonques ceste rousée Dont sa chaleur est arrousée Le vent de ses soupirs abat Legierement et sans debat, Par quoy li cuers en feu s'apaise Et est un petit plus a aise. (MACH., D. Lyon, 1342, 194). Einsi prenoient leur esbat En ce vergier, sans nul debat, Les gens qui venir y voloient, Ne creature ne trouvoient Qui leur vëast plein ne destour, Einsois que l'iaue alast entour. (MACH., D. Lyon, 1342, 219). LE GENERAL. Seigneurs, voyés en ceste place Que Tout est remis en estat. Bon Temps, avant que je desplace, Est remis en point sans debat, Jesus qui les pechez rabat Vueille preserver de souffrance Et tenir en joyeulx esbat Le noble royaulme de France. (Sots, c.1480-1500, 280).

B. -

"Bataille, combat armé" : Or diron li aucun (...) Qu'il n'aroit point en moy coer, valour ne vighour D'attendre aucun debat, aventure ou estour (Flor. Rome W., c.1330-1400, 134). Et Lion s'an revait pour estre au debait Ou chevalier feroient d'espee a grant tas (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 211). Se Charles leur mesfait qui y ait rien mespris, Il ara le debat j'en suis certain et fis (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 147). Et saichés que vers lui ne me puis par nul cas Combatre jamais jour në y mettre debas (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 203). Bertoulet chaÿ mors, (...) Li baron qui la furent, chascun tantost sacha ; La grant noise commensse, Karles acouru la, Et quel debat s'estoit le roy leur demanda (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 207). Bien vous devroit suffire, par Dieu de paradis, Que aulx aultres fust otroyé li merchis Et que la pais fust faite et li debas faillis (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 358). Là departir Maintes colées veïssiez, Et maint mort, se vous y fussiez. Là ot mervilleuse meslée, Là ot feru maint cop d'espée ; Là ot grant hui et grant debat. (MACH., P. Alex., p.1369, 167). ...pou durer peut le debat D'un seul chevalier contre mille (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 126). ...apriès son trespas que du siècle fina, La guerre et li débas forment recommença A Jehan, le sien fil (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 291). Dieux, quelz maulx et quelz dommages, Quelz meschiefs et quelz oultrages, Quelz ouvrages, Quelz pillages Et forsaiges, Et quans petis avantages Sont venuz par vos debas ! (CHART., L. Paix, a.1426, 414). Et promptement fut conclud marcher contre iceulx Angloiz, combien qu'il n'y avoit pas à celle heure desdits François plus de quatre vingtz à cent lances, maiz tousjours venoient les autres à fille. Et semblablement sailloient à la fille les Angloiz dudit village. Et daisjà avoit très-grant débat entre les Angloiz et lesdits archiers françois qui estoient oudit village (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 138-139). Et, aprez le champ fait, firent une fortification prez de la ville là où leur sembla estre plus guerroiable, tant de bombardes que d'approuches. Et, en ce faisant, y eust maint beau debat. Car le Jouvencel fit une saillie par les fossez et vint au couvert jusques sur ses ennemiz, tellement qu' il les rebouta (BUEIL, I, 1461-1466, 164). Mais couraigeusement soubstint l'assault de ses ennemis. Et avint que le filz de son medecin, nommé Robert Cottereau, monté sur ung fort cheval, vit son maistre en ce dangier, et se vint fourrer au millieu de ce debat, l'espée au poing (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 12). D'où leur sont venus tes [l. ces ?] debas Qu'ainsi sont verséz deux et deux ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 347). Tousjours se deffendoit, et sur ce debat, le filz d'ung medecin de Paris appellé maistre Jehan Cadet, qui estoit à luy, gros et lourd et ort, monté sur ung cheval de ceste propre taille, donna au travers et les departit. (COMM., I, 1489-1491, 30).

 

-

"Lutte, rixe" : Pour debat de meschans gens enivrés en foires et en marchiés... (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 121). ...il fu prins par les gens de l'evesque de Paris, pour cause d'un debat qu'il avoit eu en la terre dudit evesque avecques un compaignon dont il ne scet le nom, lequel il avoit batu et aidié à batre en la compaignie d'aucuns compaignons (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 81). Auquel sergent, quant lui qui parle arriva audit debat et conflit, d'un baston de fagot qu'il tenoit en sa main, donna deux coups par les espaules, et d'iceulx l'abati à terre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). ...vostres communs (...) esmuevent debas et voellent nos gens ocire (FROISS., Chron. D., p.1400, 119). Et avecques ce, fist ledit roy pendre son varlet de pié, qui chascun jour estoit près de son frain quant il chevauchoit, et moult l'amoit, mais la cause de sa mort si fut pour ce que ledit varlet par soudain débat avoit occis ung chevalier d'Angleterre (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 406). ...pour ce que le cas estoit venu pour le debat des femmes, premier le conseil voult savoir dont avoit procedé le fondement de la question [Deux hommes passent en justice parce que leurs épouses se sont battues] (C.N.N., c.1456-1467, 524).

 

-

[Combat d'animaux] : C'est bon debat de chat a chien ; chascun a ongles. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 577).

 

-

[Sens sexuel ?] : LE FOL. (...) ...une cingesse M'a faict de merveilleux debaz. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.566).

 

-

"Combat (au fig., et avec une valeur positive ou négative)" : ...mon coer tient en grant debat Cremeur (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 105). Aprés ceste entree s'aida le malin esperit de ce decepveur d'une seconde cautele, et s'apensa que extremité n'aquiert riens sans debat et que la voie moienne a ses adresses a tous chemins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 120). Je le diz a mes chiers disciples, les quelz je n'envoie oncques aux temporelz soulas mais aux grans debas, non pas aux honneurs mais aux despections, non pas a oiseuse mais aux labeurs (Internele consol. P., 1447, 160). La malle mort dedens le cueur me serre Se je ne fois de terribles debatz ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 225).

C. -

"Querelle, dispute, contestation" : ...nostre chastellain, qui tant a le cuer fier, Commença ung debat a cestui charpentier (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 66). La se vengera de l'envie Et de l'ennuy et des debaz Qu'a crestiens pour li [Dieu] fait as (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 296). Monsigneur Bertran de Benanges, Qu'on tenoit pour bon chevalier, Cointe, apert, courtois et legier ; Qui ainme honneur et het debas, Oncle dou captal est de Bas (MACH., P. Alex., p.1369, 143). ...Que devers la court ne m'en voise Savoir quel debat ou quel noise A fait ou quelle mesprison Mon seigneur qui est en prison (Mir. emper. Romme, 1369, 269). Et aussy ilz le firent en partie pour eschever les debas et les rihottes qui se peuissent mouvoir entre eulx, car Portingalois sont chault, bouillant et mal souffrant, et aussy sont Anglois fellé, despit et orgueilleux. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88). ...que nuls n'esmeuist noise, debath, ne esmeutin (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 190). Durant lequel temps, entre sondit mary et elle ont esté plusieurs noises et debas, tant pour ce que sondit mary la blasmoit et batoit pour ce que elle ne vouloit pas faire et acomplir ses voulentez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 328). Lesquieulx maistres Jehan Jouvenel et Pierre de Vé, après plusieurs debas et altercacions dites entre eulx, furent d'oppinion que l'en ne les povoit espargnier que elles ne feussent excecutées comme sorcieres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 338). Si fu, de par le roi, fais uns bans et un cris (...) que nuls, sus la teste a perdre, ne fesist debat ne rihote (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). ...car qant il quideroit estre le mieuls d'euls, uns rumours et uns debas s'esmouveroit a Bruges ou a Gant ou a Ippre de ses gens as Flamens, selonc ce que Flamenc sont chaut et merancolieus (FROISS., Chron. D., p.1400, 450). ...les presidens et conseilliers dessus nommez, assemblez en la Chambre de Parlement sur le debat d'entre certains varlés de chambre, sommeliers et varlés de garde robe du feu roy Charles VIe (FAUQ., II, 1421-1430, 84). Et pour ce vint noise, debat, division et sedicion en ce royaulme (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 237). Lequel supliant, incontinent après lesdictes parolles dictes, ala ou prieuré dudit lieu de Venez querir une tranche et se mist en pourpoint, et s'en ala au lieu dont estoit ledit debat qui est bien près et dessoubz l'eglise dudit lieu de Venez ; et commença à rompre le cours de l'eaue qui passoit parmy la terre dudit supliant, laquelle abruvoit et nourrissoit ledit poisson. (Doc. Poitou G., t.10, 1456, 2). Mais d'une chose a tous je vous prie, du plus grant au plus petit, que vous soiez amis et freres sans envies, sans debas et sans noises, car par ce sont maintes foiz compaignies rompues et mises a deshonneur et perdicion. (LA SALE, J.S., 1456, 202). J'aymeroie mieulx morir que a mon pourchaz sourdist noise ou debat entre vous et madame (C.N.N., c.1456-1467, 81). ...la bonne femme, qui oyoit ce debat pour y mettre le bien comme elle estoit tenue, s'avança de parler [Surpris par le mari, l'amant conteste le prix qu'il demande pour fermer les yeux] (C.N.N., c.1456-1467, 290). Et s'i fye qui vouldra ! Oudit temps, advint à Paris ung grant debat entre les gens et officiers du roy en sa Chambre des Aides à Paris et ung des bedeaulx de l'Université d'icelle ville, pour ung exploict fait par ledit bedeau à l'encontre de deux conseillers de ladicte Chambre des Aides (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 9). Et, ainsi qu'ilz cerchoient ung juge, ilz rencontrerent le regnard, auquel ilz raconterent leur debat. (MACHO, Esope R., c.1480, 242). LE SECOND. Je n'ay cure, moy, qu'on me bate. LE TIERS. Se j'avoyes la main a la paste Si m'en fuiray je du debat. LE PREMIER. Allons la, ce m'est qu'un esbat, Si verrons qu'il nous vouldra dire. (Rapp., c.1480, 60). L'ERMITE. Aussi, par semblable moyen, Il est saison que je m'en voise. LE QUART. Allons, tout beau, sans faire noise, Le moins debat est le meilleur. (Sots gard., a.1488, 111). LA FILLE. Quant en aucun debat serons, Cupido, nous vous manderons, Vous viendrés par devers nobis. (P. moyne, a.1500, 52).

 

-

[Politique] : ...pour appaisier l'ire Et le debat de ces .II. rois, Alixandres (...) Ala vers Nicholas, pour paix Pourchacier (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 32). Ou mois de may ensuivant mil IIIIcLXX, le conte de Warwik et le duc de Clairance avec leurs femmes, qui dechacez avoient esté par le roy Edouart d'Angleterre, au moien de certains grans debas et questions qui s'estoient meuz entre eulx, se mirent, eulx, leurs serviteurs et autres gens qu'ilz avoient peu recueillir, en plusieurs navires sur mer, jusques au nombre de IIIIxx navires, et s'en vindrent prendre terre en Normendie jusques à Honnefleu et Harfleu (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 2). Cestui Euclides fut moult estymé des princes et mist grant peine de apaisier le debat et different de l'empire, duquel il avoit predit deux ans devant. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 r°).

 

-

[Juridique] : Pour ce que debas estoit souvant survenu en la Court sur la maniere de clorre les procès par escript ou bailliage de Tournay (BAYE, I, 1400-1410, 252). Ne faictez desbat ne partie Sans savoir la cause pourquoy. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 185).

 

-

Au plur. "Luttes, rivalités" : ...à occasion des descors, divisions et debas qui des pieça et jusques à ores ont esté en ce royaume entre pluseurs du sanc royal (BAYE, II, 1411-1417, 88). ...pour traictier de l'apaisement et accord sur les debas, guerres et divisions estans en ce royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 118). ...et puis enssieut sa sentence sur les debatz et grans contens qui sont es cours aux grans seigneurs, lequel leur porra mieulz complaire et plus soubtillement flater. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 8).

 

-

Sans debat. "Sans contestation" : Item, que aux deux premiers bancs autour du parquet soient assis les advocas du roy, et ès seconds bancs les advocas notables selon l'ordre qui y fu baillié au derrain eschiquier et ès autres bans, chacun en son endroit, sans murmure, debat ou empeschement. (Echiq. Normandie S., 1423, 113).

 

-

Avoir grands debats encontre qqn. "Être en grande querelle avec qqn" : O Jehan, mon filz, monstre le moy, Ou grans debas De pas en pas Arey certes encontre toy ! (Pass. Auv., 1477, 245).

 

-

Faire un debat. "Susciter une querelle" : ROUSSIGNOL. Se nous avons prins quelque esbat Pour prendre ung petit de doulceur, Fault il faire cy ung debat Et nous chacer hors par [rigueur] ? (Sots Magn., a.1488, 206).

 

-

Jeter (deux personnes) de debat. "Trancher un litige entre (deux personnes)" : Et, par Dieu, c'est bien divisé ! Et par venture il guaignhera Et de debat nous gectera [entre deux joueurs ayant obtenu le même nombre de points aux dés]. Or sus, Malbec, joue accop ! (Pass. Auv., 1477, 205).

 

-

Mettre debat à qqn. "Chercher querelle à qqn" : Jugement (...) que dit que, se ung homme vand lez fruits ou chaipteis d'un heritaige et aprez esxure cellui heritaiges a cens, cil que les chaiptei averait aichetei les en porterait, ne ne li puelt on metre debet par raison come pour dire : "L'eritaige est de mon patrimoinne", ne en autrez maniere. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1330], 78).

 

.

Mettre debat entre des pers. "Semer la discorde entre des pers." : ...il n'y a pas beaucoup à faire à mectre debat entre les François et les Angloys, quant ilz sont et se treuvent ensemble (COMM., II, 1489-1491, 82).

 

-

Mouvoir debat à qqn. "Chercher querelle à qqn" : ...et or lui sembla bien avoir achoison de mouvoir noise et debat (...) aux Veneciens (Bouciquaut L., 1406-1409, 276).

 

-

Oster le debat. "Faire cesser la querelle" : Je lo, pour oster touz debaz, Qu'il en soit du hault et du bas De deux preudommes au recort... (Mir. ev. arced., c.1341, 123). BERENGIER. (...) Je ne prise vostre menace De riens, Oston. L'EMPERIÉRE. Or paiz : ce debat cy oston. (Mir. Oton, c.1370, 378). Mon royaulme si est ou clymat Et en dangier des anemis ; Mes vous osterez le debat Par voz puissans fais et hardis. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 407).

 

-

Prendre (le) debat à / avec qqn. "Chercher querelle à qqn" : Dieux, dist ly uns a l'autre, comme veez la deux fiers hommes, et qu'ilz sont a ressoingnier. Cil n'est pas saiges qui a telz gens prent noise ne debat. (ARRAS, c.1392-1393, 165). J'ay enduré maintë injure De ces faulx jaleux, sur ma foy, Qui ont voulu, je le vous jure, Prendre desbat avecques moy. (Vir. H., c.1400-1500, 8). Il prenoit debat a tous et envaissoit tous royaumes. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 148). Et quant le sieur Descordes, qui avoit la grosse bende des Franchoix, sceut et entendit que les Flamens prenoient le debat aux Franchoix, il ne se osa plus fyer au peuple de Gand (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 169).

 

-

[D'une chose, en partic. de terres] Estre en debat. "Être contesté ou disputé" : Et faisoit guerre li biaus rois Phelippes as Englois en Giane pour auqunes disentions de terres, lesquelles estoient en debat des deus rois ensamble. (FROISS., Chron. D., p.1400, 628).

 

.

Le debat de / pour qqc. (de terres) "La revendication de qqc." : Le joenne duc de Guerles, qui ja estoit chevalier assez pour courrouchier ses ennemis, mist en termes qu'il raueroit les troix chastiaulx nommez dessus, pour lesquelx le debat estoit et avoit esté aussy entre Braibant et son oncle, messire Edouart de Guerles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 174). ...je les vey pluseurs foiz ensamble, mais onques, pour le debat de ces terres, ilz ne s'en monstroient maltalent, et bien y avoit cause qu'ilz fussent amis ensamble, car... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 179). ...ou dit temps se meut guerre pour cause d'une bastide que fit le seigneur de Montpesat, dont il fut debat, et finablement elle fut adjugee au roy et estre en sa terre (JUV. URS., T. crest., c.1446, 110). Ainsi, comme ilz se raffraischissoient à la ville, vindrent plusieurs debatz de butins et d'autres choses par devant le Jouvencel. (BUEIL, II, 1461-1466, 94).

 

.

[D'une pers. (d'une femme)] Estre en debat. "Être disputé" : Car le duc Charles ne laissa pour tous heritiers que madame vostre mere, qui demoura jeune orpheline, en dangier et peril de ses ennemis, et en petite obeissance de ses subjectz, envyée et en debat de moult de princes pour l'avoir en mariage. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 143).

 

-

Mettre debat à qqc. "S'opposer à qqc." : Fortune est par dessus les drois ; Ses estatus fait et ses lois Seur empereurs, papes et rois, Que nuls debat N'i porroit mettre de ces trois, Tant fust fiers, orguilleus ou rois, Car Fortune tous leurs desrois Freint et abat. (MACH., R. Fort., c.1341, 43). Se ta pute bouche le nye Et vueulx ad ce metre debatz... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 337). LE GENERAL. Pour mieulx fournir le residu, Je vueuil, sans y mectre debat, Que Tout soit remys en estat Et, pour mieux entendre le point, Et qu'en ce n'y ait point de lobe (Sots, c.1480-1500, 278).

 

-

[À propos d'entités abstraites en conflit] "Opposition" : Car lez bontés et lez vertus ne sont jamaiz discordans ne derrogans ensemble, ainçoys consonent et acordent bien avecquez bien, et verité avecquez verité. Mais entre les vices a contrarieté et debat, et mettent en trouble et en discention sur soy mesmez la pensee ou ilz habitent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 88).

 

-

Prov. : Qui cherche argent cherche debat. (Gent. moun. T., c.1500, 343).

D. -

"Fait de débattre, de discuter, de s'interroger"

 

1.

[À plusieurs] "Discussion, fait de débattre de qqc." : Sus ce point a un grant debat (MACH., D. Aler., a.1349, 373). C'est uns homs a cui il ne chaut A tort ou a droit soustenir ; Tout aussi chier s'a il tenir Vers le tort comme vers le droit, Si com vous orrez orendroit. En un debat sommes entré Dont nous devons de fait outré, Sire, devant vous plaidïer, Mais qu'il ne vous doie anuier. (MACH., J. R. Nav., 1349, 188). Se n'afferroit pas grans debas A jugier verité certeinne, Qu'il ot de grieté et de peinne Plus que cent dames n'averoient Qui leurs amans mourir verroient. (MACH., J. R. Nav., 1349, 216). Ainsis fumes en grant debat, Que chascuns de nous se debat En soustenant s'entention. (MACH., Voir, 1364, 646). ...quant il cheoit aucune chose où il voloit mettre debat ou arguement, trop volentiers en parloit à moy (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 76). Lors quant chascun leur debat entendi Et ce qu'un dist et autre deffendi Et que nulz d'eulx pour mat ne se rendi, Les ungs en dirent A leur plaisir, les autres contredirent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 192). Plus avant ne pense je pas me bouter es debas de ceste matiere et m'en rapporte a ceulx qui... (CHART., Q. inv., 1422, 63). Gontier ne crains : il n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est herité ; Mais en ce debat cy nous sommes, Car il loue sa pouvreté, Estre povre yver et esté, Et a felicité reppute Ce que tiens a maleureté. Lequel a tort ? Or en discute. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 116). Durant le temps que le debat estoit de mettre le siège au Sap ou de ne l' y mettre point... (BUEIL, II, 1461-1466, 217). Et, sur ce, ses bons amyz, conseilliers et serviteurs, aprez plusieurs debatz faiz par entre eulx-meismes, respondirent tous : "Sire, nous avons fort debatu ceste matière en vostre presence et absence..." (BUEIL, II, 1461-1466, 230). Ilz ne le sceürent faire, mais en eurent debat, et publicquement, à l'heure du disner, luy en vindrent parler ceulx qui y disoient avoir part. (COMM., I, 1489-1491, 147).

 

Rem. Sur le genre littér. du Debat (p. ex. Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456), cf. Gérard Gros, Senefiance 26, 1989, en partic. 491-495. Peut-être allusion à un tel Debat ds l'ex. suiv. : Mais l'estrif de nous deux ensemble, Comme en puet cognoistre, ressemble Au debat du verre et du pot (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 285).

 

-

Debat de paroles. "Discussion" : ...se soit meu aucun débat de paroles entre nostredit oncle de Berry et nostre très cher et très amé oncle le duc de Bourgongne d'une part, et nostredit frère le duc d'Orléans d'autre part (Ch. VI, D., t.1, 1402, 228).

 

-

Pour tout debat. "Sans plus de parole" : DEUXIESME CHEVALIER. (...) Je lo que nous la menons la, Pour touz debaz. PREMIER CHEVALIER. Soit ainsi : du hault et du bas Je m'y accors. (Mir. emper. Romme, 1369, 276).

 

-

Sans debat / sans faire debat. "Sans plus de parole, de contestation, sans conteste" : Or mouvez, sans faire debat : Ces deux seurs avec vous iront (Mir. abbeesse, 1340, 97). Or y alons donc sanz debat. (Mir. pape, 1346, 362). Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111). Allons tost, sans plus de debas, Dessus l'autel sainct Nicolas, Selon l'apointement donné. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 129). Servons de cueur le createur, Aymons l'ung l'autre sans debatz (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 159).

 

-

Ce n'est pas debat. "C'est indiscutable" : COQUILLART. Par sainct Jehan, ce n'est pas debat, Je le seray se vous voullez, Et aussi vous y sentirez La loquence que je diray. (Est., p.1460, 27).

 

-

P. méton. "Ce qui est en discussion ; objet de querelle" : Si vous diray que je pense que bonne paix soit entre vous et que vous lui donnez vostre fille puisnee avec le debat qui est entre vous et tout ce qu'il vous plaira en oultre. (...) ...et que le debat d'entr'eulx lui fust donné et sa raenchon. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 100).

 

.

Au plur. : Seigneurs, je scé bien voz debaz : Mettez les un po en detri Et m'escoutez, je vous em pri. (Mir. fille roy, c.1379, 110).

 

2.

[À propos d'une pers.]

 

a)

"Dialogue intérieur, hésitation, incertitude" : Tandis que en ce debat entre espoir et desesperance mon entendement traveilloit, ung legier sompme me reprint (CHART., Q. inv., 1422, 7). Et le duc alors voiant que ce valleton droit-cy avoit ce débat en dedens son coeur... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 266). ...elle fut en grant debat en son coeur (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 29).

 

b)

"Trouble" : Et si m'est moult de neccessité grande Toutes fois, dame, que je le vous die Pour alegier toute ma maladie. Car d'ensi vivre en painne et en debat, Dont Bonne Amour me tourmente et debat, Il est nuls coers qui porter le sceuïst, Ne qui la joie en celle vie euïst. (FROISS., Orl., 1368, 104). La royne estoit en grant debat, car elle demourat toute la nuyt dedens le bois en reclamant Dieu et sa mere. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 126). JHESUS [au Mont des Oliviers]. En moy sens le plus fort debat Qu'oncques endurast crëature, Pour le fait d'umaine nature Qui ceste passion piteuse Actent (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 249).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 35/64 
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     DÉBATATION     
*FEW I battuere
DEBATATION, subst. fém.
[*FEW I, 292b : battuere]

"Battements (de coeur ? de douleur ?)" : Rancles est uns grans enflez de rouge couleur qui pourprent le cuir et la char et parfont avec grant chaleur et grant debatation. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 388).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 36/64 
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     DÉBATEIS     
FEW I battuere
DEBATEIS, subst. masc.
[T-L : debatëiz ; GD : debateis ; FEW I, 292b : battuere]

"Combat, lutte (ici du faucon avec le héron)" : Et se li as ainssi fait une fois ou deus, il devroit bien debatre le heron au debatois [var. debatreis, debateries] avec un autre faucon. (...) oste donques le chaperon a ton faucon, et se il le veut et s'embat, si le lesse aler au debateis [var. debatois, debataiz, debatis] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 195).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 37/64 
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     DÉBATERIE     
*FEW I battuere
DEBATERIE, subst. fém.
[GD : debaterie ; *FEW I, 292b : battuere]

(Synon. de debateis) : Et se li as ainssi fait une fois ou deus, il devroit bien debatre le heron au debatois [var. debatreis, debateries] avec un autre faucon. (...) oste donques le chaperon a ton faucon, et se il le veut et s'embat, si le lesse aler au debateis (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 195).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 38/64 
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     DÉBATEUR     
FEW I battuere
DEBATEUR, subst. masc.
[T-L : debatëor ; GD : debateor ; FEW I, 292b : battuere]

"Celui qui se bat contre qqc." : Il est treshardy combateur, Abateur, Debateur, Rebouteur De toute inimitié romainne. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.2707).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/64 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     DÉBATIF     
FEW I 292b battuere
DEBATIF, adj.
[T-L (renvoi) : debatif ; GD : debatif ; FEW I, 292b : battuere]

"Sujet à débat, à contestation, qui est en débat" : ...les enquestes qui ont esté faictes (...) sur les choses debatives par noz cours de Nantes et de Plermel (...) ...sur les choses contencieuses... (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1411, 156). ...avoir la cognoissance des benefices debatiffs et litigieux ().

Rem. Doc. 1346 (Bret.) ds GD II, 434a.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 40/64 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     DÉBATTEMENT     
FEW I battuere
DEBATTEMENT, subst. masc.
[T-L : debatement ; GD : debatement ; FEW I, 292b : battuere]

A. -

[À propos de la mer, des flots...] "Mouvement de va-et-vient, agitation" : Ce qui est dit aussi en la figure des poissons qui se assemblent pour faire au dieu Neptune compaignie et qui ainsy buysinent entour ly fu aussi faint pour denoter le murmure et la noise et les merveilleux sons que la mer fait souvent en pluseurs lieux par son debatement. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 291). Et tant nagerent par mer que a la grace de Dieu ilz arriverent au port de Damiete, et jecterent les ancrez et se misrent a terre, car ilz avoyent grant desir d'y estre pour le debatement de la mer. (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 274). Ceste partie de Indie est enclose de la mer qui est devers le midi que aucuns dient la mer noire et autres l'appellent la mer batue pour le grant debatement en quoy elle est jour et nuyt (LA SALE, J.S., 1456, 213).

 

-

[À propos d'une femme possédée] "Agitation" : ...veu la noise qu'elle menoit et le bruit et grant debatement... (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 307).

B. -

"Choc de choses qui s'agitent" : ...la est aucunnes foiz grant commotion de l'air qui se fait du debatement de l'eaue et de la terre [lat. transverberatio] (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 3, 184 v°).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 41/64 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DÉBATTRE     
FEW I battuere
DEBATTRE, verbe
[T-L : debatre ; GD : debatre ; GDC : debatre ; AND : debatre ; DÉCT : debatre ; FEW I, 292b : battuere ; TLF : VI, 755a : débattre]

A. -

[Fréquentatif de battre ; idée d'agitation ; idée d'activité en vue de qqc.]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

"Battre, frapper" : Que don ["qui donc"] veyst la damme a la terre verser Et cez palme debaitre ["battre des mains"] et gemir et plourer... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 766). Et quant Remondin, qui bien savoit le contraire, l'ouy, si fu moult doulens, et lui debaty tant les temples du poing atout le gantelet, qu'il fu si estourdiz qu'il ne veoit, ne ouoit, ne entendoit, ne se sentoit chose que on lui feist. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Melusigne (...) debatoit de sa coue l'eaue tellement qu'elle la faisoit saillir jusques a la voulte de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 242). Et aincoires lui advint pis, car tous les gentilz oiseaulx qui la entour repairoient saillirent hors de leurs nyts pour paour de perdre leurs faons et vindrent au cry des aigles a Passelion et le tirerent et debatirent mervilleusement, tant qu'il fut en grant peril (...) et fut tellement pinchié et debatu par tous ses membres qu'il n'osoit lever la chiere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 890). Lors encommencha ses cheveulx a detirer et ses mains a debatre ensamble. A paines se pooit cesser de plourer, tant estoit dolante. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 46).

 

-

"Abattre (une bête)" : Affin que (...) des levriers une paire J'aye pour la beste deffaire, S'elle se veult vers moy esbatre, Je n'y suis pas bien solitaire ; Ce n'est pas chose neccessaire, Se je vueil la beste debatre. (Narcissus, p.1426, 290).

 

-

Debattre la teste. "Se casser la tête" : LE DRAPPIER. Ha ! je vois veoir en vostre hostel, Par le sang bieu, se vous y estes ! Nous n'en debatrons plus nos testes Ycy, se je vous treuve la. PATHELIN. Par Nostre Dame, c'est cela ! (Path. D., c.1456-1469, 186).

 

-

"Agiter, remuer" : Sa fille (...) Voit l'escringnet venir flotant, Que la mer venoit debatant (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 88). Et pour ce que elle qui parle se demenoit et debatoit les piez et mains, afin que ycellui Oudot qui se efforçoit de la charnelment congnoistre ne la congneust (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 510). ...les poissons (...) se tempestoient en l'eau en la debatant et la faisoient saillir par leurs narines (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 278). Il est mort a bon escient Il ne fait chere ne semblant : Il ne poulce ne il n'alaine Ny ne debat membre ne veine (Myst. st Martin K., a.1500, 344).

 

b)

P. anal. "Agiter qqn"

 

-

[De la faim] : ...de fain est mont debatus (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 199).

 

-

[D'une passion] : On pourroit aussi dire que ces troiz Forceneries segnefient troiz vices et troiz concupiscences qui moult souvent desordeneement (...) les cuers humains esmouvent et debatent (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 304).

 

c)

Au fig. [Avec une idée finale] Debattre qqc. "S'agiter, s'évertuer pour qqc., lutter pour qqc., se battre pour qqc." : PREMIER DYABLE. (...) Si dirons qu'il [Dieu] la nous adjuge [ton ame] Com nostre acquise. SECOND DYABLE. Tu en parles en bonne guise. Or soit ; mettons nous a la voye : S'ay ge grant paour que Maroye Ne la debate. (Mir. ev. arced., c.1341, 138). Oster li veult son os sanz faille. Et le chien aux dens, qu'il ne faille, Le tient forment. DEUXIESME CHEVALIER. A li oster tent durement ; Mais le chien le tire et debat (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 52). Et celuy qui plus fera d'armes en celuy jour et mieulx se portera, gaignera le pris et sa dame sera tenue la plus belle des aultres. Ainsi disoient les lettres que le roy envoya partout. Le roy envoya messagiers au roy d'Angleterre et au duc de Normandie et au dauphin que ilz fussent a la journee a Paris, pour veoir debatre la beauté de leurs filles. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 97). Seigneur de la Tour, je ne voudroie riens de l'autrui ; ne ne me fait, grâce à Dieu ! besoing la comté de Boulongne que je tiens, et de tout temps je l'ay débattue à y avoir le droit et la vraye succession. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 408).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

Empl. pronom. "Se frapper, se donner des coups à soi-même" : Ainsi comme vous ouez, se dementoit Remond, et se fiert et debat par telle maniere qu'il n'a si dur cuer ou monde, s'il le veoit et ouoit, a qui il n'en preinst pitié. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

-

[D'un oiseau] "Battre des ailes, s'agiter" : ...il [l'épervier] ne se bat [var. debat] mie tant que l'en veulle que il volle. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 219). Et quant il [le faucon] le voudra endurer [le chapperon] et que plus ne se debatra au mestre ne a l'oster... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 221). Un faucon est pris a la roy (...) : Il se debat sur l'erbe vert Pour le filé, qui l'a couvert [il se démène et bat des ailes (ici pour se dégager du filet) ; autres ex., cf. gloss. de l'éd.] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 95). Et pour ce est bon qu'il [le faucon] ait tousjours gens devant lui afin que, s'il se pendoit ou debatist, qu'il fust tantost secouruz et relevé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150). A ce propos dist Mabelie Joliette que, quant les cynes ou les oies se baignent et debatent en l'eaue, il n'y aura aucune faulte qu'il ne pleuve cellui jour. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 97).

 

-

[De la mer] "S'agiter" : ...tout aussi se debatent les undes de la mer moult souvent l'une a l'autre, et sy se meut la mer sy tres isnelement en diverses manieres que nul cheval ne s'y peut comparer. Ce cheval donc qui par ferir sur la pierre s'engendre, c'est la mer qui souvent fiert et hurte les pierres et les roches, et par ce se meut et se debat impetueusement. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 290-291).

 

-

Empl. intrans. [Du coeur] "Battre fort, palpiter" : Sus son lit s'est assise ; tout ses coers li debat. (Bât. Bouillon C., c.1350, 45). Et quant le jenne chevallier senti que son cuer lui debatoit ainsi ou ventre... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 109). ...le cuer lui debattoit tellement au ventre de travail... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 39).

 

.

[De la tête] "Faire mal (le sang battant dans les veines)" : La teste me deult et debat, Et me sanch un po a mal aise (Mir. emper. Romme, 1369, 253).

 

.

[Des tempes, du pouls...] "S'agiter" : ...conme il a boulant le chief, Et conme les temples li batent ! Il meuvent aussi et debatent Com poisson vif hors de riviére. (Mir. emper. Romme, 1369, 259). ...et se on taste la face, le cuir et le poulz ilz se debatent et esmeuvent de plus en plus (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 2).

 

b)

"S'agiter, se démener" : Et quant assés je me sui debatus, Et que sus moi n' a sang ne nerf ne vainne Qui ne soit tout afoibli de la painne... (FROISS., Orl., 1368, 100). LA VENTRIÉRE. Maishui ne vous debatez mie, Dame : voz grans maux sont passez. (Mir. Clov., c.1381, 247). ...[elles] ne tiennent en elle aucun signe parquoy elles peussent et osassent tesmoignier que elle soit grosse d'enfant, car elle est moult plate de ventre, et, veu l'esmouvance d'elle qui se debat en la visitant et regardant son ventre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 430). Et le feu ardoit grant en la cheminee. Et aloit la serpente, debatant de sa queue sur le lit, sans eulx mal faire. (ARRAS, c.1392-1393, 308). Oyant ce [,] l'enfant (,) aincoires se debaty plus fort comme paravant et tenoit les deux princes tellement qu'a paine s'en pouoient ils partir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 205). Et tant s'entrebatirent que Passelion les ouy, si se retourne et voit le chevalier qui se debatoit aux deux chevaulx (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1107). Et lors il commença à torner les yeulx en la teste et à abbaisser les sourciz et grincer les dens, et qui l'eust veu ainsi seul se debatre, on s'en fust moult effrayé (Doolin de Mayence V, P., 1501, 46-14).

 

c)

En partic. [Avec une idée finale]

 

-

[Pour tenter de s'échapper, de résister] : Et pour neant me debas : Puis qu'elle l'a entrepris, Mon cuer rendra mort ou pris. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 7).

 

-

[En vue de qqc.] "S'évertuer, faire effort" : Si vous pri que vous en alez, Car, pour voir, vous vous debatez En vain, amis. (Mir. st Guill., c.1347, 38). ...car sa paine Pert Noblece de soy debatre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 160). Par quoy ilz disoient que il peut clerment aparoir que Fero a cause de Pacience sa mere devoit avoir l'empire de quoy se debat Puissance pour Facio (JUV. URS., Loquar, 1440, 340). Le cerf s'estoit fort debatu Pour y passer (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 40).

 

.

Se debattre à + inf. : ...ceulx de la court et ceulx de la ville le festierent si bien, chascun endroit soy, que il en fut bien content et se debatoit chascun à l'avoir pour lui faire bonne chiere. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 399).

 

.

Se debattre de + inf. : Helas, on se debat d'avoir telles offices (JUV. URS., Verba, 1452, 338).

 

.

Debattre que. "S'évertuer à ce que" : ...ce m'esmeut, dame, a debatre Qu'el ne muire et de m'en combatre, Pour pitié. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 157).

 

-

Debattre à qqn. "S'évertuer auprès de qqn" : Dame, et se vous pöés vëoir Qu'a mon pooir mon devoir face, Pour Diu, que vos cuers ne debace A moi pour vostre retenir. (ACART, Prise am. H., 1332, 56).

 

d)

[Idée d'agitation intérieure, de tourment] "S'agiter, se tourmenter" : Vostre teste trop se debat Et si est, dame, sanz raison (Mir. abbeesse, 1340, 76). Et quant a par moy debatus Me fui assez et combatus, Et fait ma pleinte et ma clamour De Fortune amere et d'Amour... (MACH., R. Fort., c.1341, 54). [L'enfant Jésus est perdu] NOSTRE DAME. (...) C'est de quoy je me debatz tant (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 126). PYLATE. Vela ung terrible notable, Vela tout mon fait abatu ! Je me suis pour riens debatu A sa delivrance pensser. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 315). LE GENDARME. Pour [neant] cy vous vous debatez, (Car) je la merré hors de ce lieu. LE MOYNE. Non ferés, j'en fais veu a Dieu, A cela ne vous attendés. (P. moyne, a.1500, 47).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Agité, tourmenté, anxieux" : Femme, qui es tu ? Je voy ton cuer moult desbatu, Dis moy la cause de ton pleur. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 253).

 

.

"Abattu, fatigué" : Si avint que li diz Hercules, las et debatus du grant chemin qu' il avoit fet... (BERS., I, 1, c.1354-1359, 7.5, 11). Quant vient au matin, le proudomme, qui est tout debatu de la nuit, des grans pensees qu'il a eues, se lieve et s'en va (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 11). Et a l'aventure il a eu assez des meschances et maleuretez dessus dites, dont il est fort debatu (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 66). Tout debatu tu demourras, Cuidier, Souvent choppant, legier a trebuchier. (LA MARCHE, Déb. Cuid. Fort. H., 1477, 295).

 

3.

Inf. subst. "Fait de s'agiter, de remuer" : Si s'esvertua tellement et esmeut toutes ses vaines, ses nerfz et ses arteriques, spondilles et musculles, que par son esbranler et debatre elle esveilla Entendement, qui coste moy soumeilloit (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 22).

B. -

[Idée d'attaque physique, de combat]

 

1.

Empl. trans. "Attaquer physiquement, combattre qqn" : Mais Aigres se deffendoit comme bon chevalier et feroit a destre et a senestre de Pleuresanc, tellement que tous ceulx qu'il attaingnoit il mettoit tout par terre, et en abati mors plusieurs, dont les autres avoient grant paour, et ressoingnoient le taillant de Pleuresanc son espee. Et nonpourquant fut Aigres moult opressez et debatus ; et bien croy qu' il y fust demourez, se ne feust son bon cheval et les fines armeüres qu'il avoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 379). AURELIAN. (...) bien tost L'arez ici, li [Clovis] et son ost, Pour vous combatre. GONDEBAUT. Et je le saray bien debatre, S'il vient ici (Mir. Clov., c.1381, 216).

 

-

[De l'oiseau de proie qui attaque l'oiseau chassé] : Et se li as ainssi fait une fois ou deus, il [le faucon] devroit bien debatre le heron (...) ...et que le faucon heronnier le debate [le héron] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 195).

 

-

Debattre la journee. "Se battre pour la victoire dans une bataille" : ...à leur pooir debatirent assés la journée (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 213).

 

.

Debattre la querelle : En Bretaigne, en une bataille au Roy entre Charles de Bloys, soy disant duc de Bretaigne, et le conte de Monfort, qui semblablement debatoit la querelle, et, parce que Charles de Bloys marcha et qu'il ne descouvrit point une petite embuche qui estoit en ung bouquet, qui lui donna par derrière tandis qu'il combatoit son adverse partie, il fut desconfit. (BUEIL, II, 1461-1466, 65).

 

-

[Contexte métaph.] "Attaquer" : ...se ire, envie ou la char debatent la nef de ta pensée, appelle le nom de Marie (Mir. ev. N.D., c.1348, 60).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom. "Se batttre physiquement, combattre" : Et Drouïn, qui sur ung abre yere, A monlt bien veü la maniere, Comment Brun s'estoit debatu Et comment Regnart fu batu. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 82). Chascuns n'a pas ce que il cuide ; Leur esperance remaint wide. Il rioctent, il se debatent, Et aprés tenchier s'entrebatent (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 86).

 

-

Se debattre à / contre qqn / à un animal : Ho ! seigneurs, je met en ma main Ces gens cy : ne vous debatez Plus a eulx ne ne combatez ; Puis qu'a ma voulenté se rendent (Mir. Clov., c.1381, 266). Contre mon umbre a tout par moy combas, Aux oiseaux mesmes qui volent me debas (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 64). ...ilz se debatent continuelement contre les Germains et Alemans (GAGUIN, Comment. César, 1485. In : Chrestom. R., 250).

 

-

"Lutter pour obtenir la victoire décisive de l'un ou l'autre camp" : Mais pour tuer, fouldroyer et abatre Poiltrons Lombars, bourgerons furïeux, Tant et si fort que, sans plus en debatre, Le roy françois fut lors victorïeux. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

-

"Combattre (moralement)" : Alons nous esbatre, Mon cueur, vous et moy, Laissons, a par soy, Soussi se combatre. Tous jours veult debatre, Et jamés n'est quoy (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 319).

C. -

[Idée de querellle, de contestation]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

Debattre qqc. "Attaquer, combattre qqc." : Leur loy ne vault pas une maille (...) Et pourtant [l. pour tant] la faut il debattre ! (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.3114).

 

-

Debattre qqn / qqc. de qqc. "Accuser de" : ...maistre Robert Mauger, de par la Court, presens icelles IJ Chambres dessusdictes, prist la parole de l'appostre (...) en debatant lesdictes lettres de falseté, surreption et iniquité, contre l'onneur mesme des presidens (BAYE, I, 1400-1410, 151).

 

b)

Debattre à qqn. "Chercher querelle à qqn, quereller qqn" : PATHELIN. Hee, sire, imposez leur silence ! N'av'ous honte de tant debatre A ce bergier pour trois ou quatre Vieilz brebïailles ou moutons Qui ne vallent pas deux boutons ? Il en fait plus grant kyrïelle... (Path. D., c.1456-1469, 176).

 

c)

Debattre (à / de) qqc.

 

-

Debattre qqc. "S'opposer à qqc., contester qqc." : AMIS. (...) Je revieng bonne erre, Prest de combatre. LE ROY. Alez ; ne le vueil pas debatre. Ne n'est raison. (Mir. Amis, c.1365, 36). Ne debatez riens, alez là où on vous envoie. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 33). ...ilz avoient esté en conseil ensamble et en collacion, à savoir comment ilz se maintenroient et se ilz tenroient la ville ou nom. Les aucuns s'accordoient ad ce que ilz le tenissent, mais la plus sainne partie le debatoient et disoient que... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 219). A l'odience vint gaitier Sire Robert le Peletier, Pour mon respit ["ma lettre de répit"] casser, Afin qu'il ne peüt passer. Moult se pena de le debatre (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 20). J'ay demandé respit de mort, Lequel a esté debatu. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 134). ...se l'autre partie subcombée le debattoit et il estoit trouvé qu'il eust cause de le debatre en tant qu'il touchoit les despens ou autres choses descendantes du principal... (Echiq. Normandie S., 1391, 70-71). Rollant et Olivier vourent aleir avec luy, maiz le roy le debatit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 134). ...il n'est loisible à aucun de ses subgiez ou autres, appeller, ne ycelles ordonnances debatre ou contredire (FAUQ., I, 1417-1420, 63). Pour consideracion desquelles choses nostredit procureur lors la lecture et effet desdictes lettres impetrées de nostredit conseillier l'archevesque de Rouen s'opposa pour les impugner et debatre (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1425, 78). ...qui (...) sont coustumier de dissentir, contredire ou debatre noz lettres et mandemens (Lettres Louis XI, V., t.7, 1478, 186).

 

-

Debattre que. "Contester que, s'opposer à ce que" : ...ledit Rose ne leur a fait aucune defense pour empeschier ou debatre qu'ilz ne facent leur rapport par devant le prevost des marchans (FAUQ., I, 1417-1420, 234). Dieu me gard que je defende ou debate qu'il ne soit bon de grever et guerroyer ses ennemis (CHART., Q. inv., 1422, 34).

 

.

"Prétendre contradictoirement que, objecter que" : L'autre debat Qu'elle est plus triste et hors d'estat Car Doubte et Päour la combat (CHART., L. Dames, 1416, 361). Vous me povez debatre que, s'ilz s'en vont et ne viennent à vous, qu'ilz pourroient avoir une grosse arrière-garde ; je vous dy que, depuis que une puissance tourne le dos devant une autre, qu'elle pert le cuer (BUEIL, I, 1461-1466, 155).

 

.

Debattre + prop. inf. "Prétendre contradictoirement" : VENUS plangendo alloquitur Phebum. Helas sire, Jupiter en presence Nous a trahis, comme faulx apostat, A l'appetit de ce vilain [prelat], Dit Saturnus, il a sa foy faulsee, Et luy mesme, comme traitre, debat Ma requeste n'estre point exaulcee Et a desja conclu en sa pensee, Le faulx prodigue et [vil] inquisiteur, Que la vie des humains soit cassee Et estre [en veult] le propre executeur, En se monstrant de la mort zelateur, De belles loys de nature divie Commë inicque et faulx violateur, Persecuteur de toute humaine vie. (Cene dieux, c.1492, 118).

 

-

Debattre à qqc. "S'opposer à qqc., contester qqc." : ...et de demorer dalés lui contre ceulx qui i voldroient debatre (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 208). Tenez moy la promesse de l'aventure de ce chastel, car j'ay bien fait mon devoir. Par foy, dist la dame, je n'y debat pas. Or demandez chose raisonnable, et vous l'aurez, car moy ne povez vous avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Tu ne dois pas porter ta couche A tel jour : la loy y debat. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 168). A cela ne vueil je point debatre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 354).

 

-

Debattre de qqc. "S'opposer à qqc., contester qqc." : La feurent logiez sur les champs Et embataillez pur combatre, De cella ne poet homme debatre. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 90).

 

d)

Debattre qqc. à qqn. "Contester qqc. à qqn, s'opposer à qqn en qqc." : ...je vous presente Amille prest de soy combatre A Hardré et de lui debatre Ce qu'il a dit. (Mir. Amis, c.1365, 36). Ma dame ne leur volt debatre, Mais s'acorda a leur bon gré (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 208). ...mais venez par ycy et faictes apporter vos eschielles cordées ; nul ne le vous debatera [,] l'entrer ne le monter. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). ...nuls, ou roiaulme de France, ne li osoit ne voloit debattre son pourpos. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 288).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

"Se quereller, se disputer" : ...Ne jai pour herritaige ne vous debaitez (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 833). Et se ceci ne souffist a gens qui pour neent se debatent... (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 176). Prent a rioter et debatre Et se veult a chascuns combatre (...) A la fin qu'il soit bouté hors De la taverne. (Mir. st Alexis, 1382, 348). ...avec les enfans ne s'esbat [Jésus enfant] Ne se joue ne se debat, Mais est a Dieu totalement. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 133). SOTIE. Qu'esse la ? je vous oys debatre. Qui a il de nouveau ? (Sots triumph., c.1475, 40).

 

-

Sans debattre. "Sans contestation" : C'est bien fait ; or sus, sans debatre, Prunelle ceste piece ara. Cinelle de la seconde fara Unes chaulses ; et puis Sirus Ara la tierce sans habus, Et la quarte Maliferas. (Pass. Auv., 1477, 200). Et, si elle n'y vouloit entendre (pour ce que monsr le daulphin estoit lors plus jeune que elle), essayeroit de luy faire espouser quelque jeune seigneur de ce royaulme, pour tenir elle et ses subgectz en amytié et recouvrer sans debattre ce qu'il pretendoit estre sien. (COMM., II, 1489-1491, 169).

 

b)

Se debattre de qqc. "Contester qqc., s'opposer à qqc." : ...pour bien recommendé M'a, ne fault que nul s'en debate (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 36). ...sy fut trouvé que la hache de Diégo estoit de mal engin, et qu'elle n'estoit pas telle comme ès chapitres estoit contenu. Sy luy en fut baillée une autre, non obstant que messire Philippe de Sul s'en débattist assez. (Faits Lalaing K., c.1470, 137). Jugement (...) que dit que, se ung homme fait sa devize et donne a cez enffans sertainnes sommes pour eaulz assigneir, et il samble auz autres des maimbours que l'ergent wairdes qu'il soit bien temps de l'ergent a metre en prouffit, et cil vuelt metre la partie qu'il warde, li autrez ne s'en pueent debaitre, ains convient qu'il le faicet. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1331], 88).

D. -

[Idée de discussion, de délibération en vue d'une conclusion]

 

1.

Empl. trans. [Avec d'autres]

 

a)

Debattre qqc. "Examiner contradictoirement qqc., discuter qqc. ; peser le pour et le contre à propos de qqc." : Velà la question que il debatoient et proposoient, et les deffenses que messires Charles de la Pais i mettoit. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 174). Ce jour dessusdit, après ce que les dessusdiz procès furent receuz, fu debatue la grace ou remission presentée par messire Charles de Savoisy (BAYE, I, 1400-1410, 56). ...lesquelz conseilliers dessusdis avoient fait debatre et discuter la matiere dessusdicte ad utramque partem par VJ des dessusdictes personnes (FAUQ., I, 1417-1420, 54). Ces choses donques, d'ambe part Par ces termes et par grant art En ceste forme débatues Et bien par le Juge entendues Sans la matière réfriquer, Par arguer ne répliquer (LA HAYE, P. peste, 1426, 38). Et ne deussiez vous pas avoir esté present a ouir debatre la matiere de ceste paix qui si grandement vous touche, et ouir les oppinions, par lesquelles choses eussiez peu savoir l'estat de vostre royaulme, pour esveiller vostre entendement, qui semble estre tout endormy ? (JUV. URS., Loquar, 1440, 323). ...et y eut ordonné plusieurs clercs a debatre la matiere. (JUV. URS., Verba, 1452, 386). ...les tesmoings [ouys], et la chose bien debatue, l'evesque adnichilla et jugea estre nul ledit mariage (C.N.N., c.1456-1467, 417). Assés tost après, le Roy se partit de Paris et s'en alla à Orleans et y fist une assemblée des seigneurs de son sang et des prelas du Royaume ; les uns pour debatre la prematique sanxion, les autres pour debatre la guerre ou la paix en la maniere que les Angloys demandoient (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 154). Pour ce fault-il bien debatre toutes les difficultez avant l'entreprendre. (BUEIL, II, 1461-1466, 217). Je vous dy que en guerre les entreprises se doivent bien debatre à l'ostel froidement et à loisir et promptement executer aux champs. (BUEIL, II, 1461-1466, 217). De plus en parler c'est simplesse, La chose est assez debatue. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 268). Tout debatu, calculé et visé, Par saiges gens fut dit et advisé Qu'on renvoyroit chariot et charrettes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 146). Ainsi se depeschent les affaires des grans princes, quant ilz ne sont point presens et qu'ilz sont soudains à commender lettres et expedier gens sans bien oÿr debatre devant eulx les expeditions de si grosses choses. (COMM., III, 1495-1498, 278). Et, après que avons debatu la matere, avons tous ensemble esté d'oppinion que... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 371).

 

-

"Soutenir qqc." : Cette auctorité jette jus Ce que vous yci debatez Et de ce point vous rent matez. (Mir. st Sev., 1362, 229). ...il n'est nulz qui debate Mon fait ne qui pour moy combate, Se toy non, pére omnipotent (Mir. st Ign., 1366, 101). Car ce qu'a eulz alons combatre N'est que pour nostre droit debatre Et soustenir. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 55).

 

-

Debattre que. "Arrêter après discussion que" : Messeigneurs les Mareschaulx, le Maistre des arbalestriers et aultres de messeigneurs qui cy sont, et moy en leur compaignie, avons debatu qu'il est necessité que vous laissiez en ceste frontière ung homme chief de par vous (BUEIL, II, 1461-1466, 3).

 

.

Il est debattu que. "Il est arrêté après discussion que" : Autre recepte. De Benoit Pidalet, procureur de Monseigneur, en Parlement, le XXe jour de fevrier, l'an dessus dit IIIIxxXVI, sur une obligation de Jaques Hemon, nagaires conseillier du Roy, signée de sa main, par laquelle il confessoit devoir à Monseigneur 300 fr., et de laquelle il n'a voulu aucune chose paier, jusques il en ait esté approchié par ledit Benoit aux requestes et fort debatu qu'il n'en paiast ren ; et par condempnation a esté ordonné qu'il les paieroit ; pour ce ici, le jour dessusdit, par la main dudit Benoit : 100 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 15).

 

.

Debattre de + inf. : Et sur ce debatirent ceulx de Crathor avecques le Jouvencel de lever le siège (BUEIL, I, 1461-1466, 141).

 

b)

Debattre + interr. indir. "Examiner + interr. indir." : ...et sont en question pour debatre entre eulx qui le feu y a mis et et a qui le devoir de l'estaindre appartient (CHART., Q. inv., 1422, 44). ...et fut debatu si on leur devoit bailler ou non. (BUEIL, II, 1461-1466, 107). ...sans y considerer raison ne debattre en leur teste se les choses sont à faire ou à laisser. (BUEIL, II, 1461-1466, 205). Depuis laquelle ordonnance fut grandement debatu par ledit seigneur et les chefz de guerre qui auroit la charge des gens de cheval ou de gens de pié, ou se le conte de Dampmartin, grant maistre [de] France, ou le seigneur de Bueil les auroient, et lequel des deux meneroit les gens de cheval. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 273).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

[À plusieurs] "Discuter" : ...et raisonner ici endroit, c'est ce que l'en appelle es conseulz debatre ou argüer en debatant. (ORESME, E.A.C., c.1370, 331). ...si les ouÿ moult debatre D'aucunes coustumes rabatre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51). S'ala un peu en leur parler embatre Et demanda a trois d'eulx ou a quatre, Pour les faire joyeusement debatre Entre les dames, Que lui deissent verité (CHART., D. Fort., 1412-1413, 164). ...ce nouvel proces (...) beaucop pleut aux seigneurs du dit parlement, tant pour la nouvelleté du cas que pour les allegations et argumens des parties devant eulz debatans (C.N.N., c.1456-1467, 37). PATHELIN. N'en auray je aultre parolle ? Se tu le fais pour toy esbatre, Dy le, ne m'en fays plus debatre. Vien t'en souper a ma maison. (Path. D., c.1456-1469, 194). ...jà-soit-il que plusieurs controverses y eust celuy soir à ceste cause entre les nobles, qui de ce se débattirent, disant les uns que bien avoit fait le comte et à son honneur ; autres que... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 313). Dont Esope recite une telle fable de la formis et de la mouche, lesquelles se debatoyent ensemble pour sçavoir laquelle estoit plus noble. (MACHO, Esope R., c.1480, 106).

 

-

Debattre à qqn. "Discuter avec qqn" : La gente pucelle et tous les mariniers debatirent tant a Gadiffer qu'il fut content que... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 123).

 

-

Debattre à l'encontre. "Soutenir le contraire" : Et, pour ce que la traicte estoit longue, les autres debatirent à l'encontre et disoient que à peine povoient-ilz aller jusque là sans estre descouverts (BUEIL, II, 1461-1466, 242).

 

-

Se debattre + interr. indir. : Vous, peut estre, Ronmains, vous debatrès Pourquoy ne met avec carissimi En l'epistre ces mos ycy fraires (Epître Romains M., c.1475, 178).

 

-

Sans (plus) debattre. "Sans discuter (davantage), sans conteste" : Attendez me cy sanz debatre : Je vois laiens querre l'argent. (Mir. pape, 1346, 360). Bien tost t'en yras Dire a ma commere Marie Que par amour ne laisse mie Que cy ne viengne, sanz debatre (Mir. enf. ress., 1353, 30). Plaise vous, seigneurs, sanz debatre Par vostre doulceur et bonté, A moy dire la verité Ou me menez. (Mir. roy Thierry, c.1374, 278). PATHELIN. Par le sanc bieu, sans plus debatre, Puisqu'ainsi va, donc je marchande. Sus, aulnés. (Path. D., c.1456-1469, 70). ...or sus, sans debatre, Prunelle ceste piece ara. (Pass. Auv., 1477, 200).

 

b)

[Intérieurement, avec soi-même]

 

-

Se debattre à soi-mesme. "Dialoguer intérieurement, peser le pour et le contre" : ...sy se confondra et se tendra pour fol d'avoir pensé sy hault et dira que ce n'est pas chose appartenant a ly, et puis (...) se debatera ainsy a ly mesmes, en arguant puis d'une part, puis d'autre. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 574).

 

-

Debattre à + inf. "Hésiter à" : NOSTRE DAME. (...) Filz, humblement vous ay servy Si n'ay pas vers vous desservy Chose par quoy doiez debatre A m'octroyer l'un de ces quatre, Car tous sont en vostre puissance. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 220). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 581]

 

.

"Être tenté de" : N'est mais drois que li cuers debace A fuïr, selonc leur entente, Ains doit vivre en la douce atente De deduit qui est non pareus (ACART, Prise am. H., 1332, 33).

 

3.

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui est en débat avec qqn" : Car il est cler a tout discret Qu'il n'y a q'une seule voye : De cession ; mais pas non l'ottroye L'un ne l'autre des debatans. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 55).

 

4.

Inf. subst. "Discussion (dilatoire)" : DEUXIESME SERGENT. (...) Cy point ne proloingniez ; Delivrez vous. THIBERT. Alons ; je voy bien, seigneurs douls, Que le debatre riens n'y vault. Aler, belle ante, nous y fault, Vueillons ou non. (Mir. Berthe, c.1373, 217).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 42/64 
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     ÉBAT     
FEW I battuere
ESBAT, subst. masc.
[T-L : esbat ; GD : esbat ; GDC : esbat ; FEW I, 293a : battuere ; TLF : VII, 589a : ébat]

I. -

[En rapport avec le verbe battre]

 

-

"Coup" : Quant Johan l'entendit, ne le tint mie à gas, Vers le conte brochat, s'encontre Floridas, De son grant malh de fier li donne teils esbas, Que le heame et la coeffe ne ly valent dois as (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 464).

 

-

[D'un oiseau de proie] Prendre esbat. "Battre des ailes pour s'envoler" : ...il batra contremont et prendra bons esbas (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 219). Il est bien voir que l'esprevier De souvent batre est coustumier, Maiz sachiez que c'est grans esbas De lui bien garder ses esbas : C'est qu'il s'esbate tellement Que il ne bate villainement (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 339).

II. -

[Idée de divertissement]

A. -

"Ce qui divertit, détend, procure du plaisir ; divertissement, passe-temps, plaisir qu'on y prend" : Si m'en alai parmi le brueil Qui estoit si biaus qu'onques mais Ne vi, ne ne verrai jamais Si bel, si gent, si aggreable, Si plaisant, ne si delitable ; Et les merveilles, les deduis, Les ars, les engins, les conduis, Les esbas, les estranges choses Qui estoient dedens encloses, Ne saroie jamais descrire. (MACH., R. Fort., c.1341, 30). Se bien savoies que tu fais (...) Joie n'aroies ny esbas Tant qu'a genoulz m'aroies cy A jointes mains crié mercy. (Mir. parr., 1356, 12). En moy n'a voir ne jeu n'esbat, Tant me deult le chief et debat Et me fait mal. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 241). Quoy que je me couche en ce lit, En moy n'a n'esbat ne deslit, Ains suis d'onneur perdre en doubtance (...) Se par vous, doulce vierge pure, Je n'ay secours. (Mir. fille roy, c.1379, 92). Je pers toute joye et soulas ; En pleurs seront tous mes esbas Et en doleurs toute ma vie. (Pass. Auv., 1477, 191). Pour quoy chascun de vous s'aplicque Et tout par maniere d'esbatz A revisiter la fabricque Desormais par tout hault et bas. (Sots mal., c.1480, 89). ROSSIGNOL. Dictes present adieu folie, Tous esbas cessent, c'est le train. SOTIE. Vous ne folerés plus demain Mes enfans. (Vig. Trib., c.1480, 227). On ayme trop la vie temporelle, Jeux et esbas (LA VIGNE, V.N., p.1495, 318).

 

-

À l'esbat/en esbat : Cogneut oultre que, demi an a ou environ, qu'il qui parle s'en aloit en esbat de la ville de Compiengne, dont il est nez, en la ville de Choisi, assez près d'illec (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 73). ...samedi derrenierement passé, de relevée, avant vespres, eulz estans en esbat avec autres compaignons et jouans à la soule au devant du monstier d'icelle eglise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 465). Et tant chevaucha qu'il s'approucha durement de la fontaine. Et pour lors avoit sur la fontaine trois dames en esbat, dont entre elles en avoit une qui estoit la plus seignourie, et leur dame estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 23). ...ils s'en pooient partir a l'endemain et retourner arriere en lors esbas. (FROISS., Chron. D., p.1400, 876). ...S'ilz ont joye, alors je pleure, S'ilz vont en esbat, je labeure, S'ilz ont du bien, j'ay mal tousjours. (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 122). Salomon un jour aloit a l'esbat, bien acopaigné De princes et aultres gens. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 112). Après le soupper, la compaignie s'en alla a l'esbat (C.N.N., c.1456-1467, 249). ...comme la femme de celuy qui festioit la compaignie menast a l'esbat la femme et la seur de nostre dit gentil homme (...), elles se vindrent rendre en la maisonnette du bergier (C.N.N., c.1456-1467, 357). Bon Temps, avant que je desplace, Est remis en point sans debat, Jesus qui les pechez rabat Vueille preserver de souffrance Et tenir en joyeulx esbat Le noble royaulme de France. (Sots, c.1480-1500, 280).

 

-

Prendre (son) esbat. "Se distraire" : Einsi prenoient leur esbat En ce vergier, sans nul debat, Les gens qui venir y voloient, Ne creature ne trouvoient Qui leur vëast plein ne destour, Einsois que l'iaue alast entour. (MACH., D. Lyon, 1342, 219). Et se le temps n'est de saison, Prenez l'esbat en vo maison Ou autre part en lieux plaisans. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 341). ...ne say Lyeu nul si faitiz ne si gay Pour prendre esbat. (Mir. pape, 1346, 362). MAISTRE ALIBORUM. Pour le present Je corrige magnificat. Et vous, quoy ? DANDO. Je prens mon esbat. Nous chantons tous deux a ung ton, Vous corrigez et chien et chat, Je suis domine fac totum. (Sots Magn., a.1488, 200).

 

-

Prendre son esbat à + inf. "S'amuser, prendre du plaisir à" : Ainsi qu'estoie en tel estat, J'oÿ a une d'elles dire : "J'en voy un qui prent son esbat A penser, sans jouer ne rire..." (Cent ball. R., c.1388-1396, 109). BROIEFORT. Je luy vois faire une couronne Bien propre selon son estat. BRAYART. Tendis, nous prendrons nostre esbat A lui croqueter sur la teste De gros roseaulx. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 307). La pourrés vous veoir toutes sortes de bestes et d'oyseaux et prandre esbat et recreation a veoir les paintures et edifices singulieres lesquelles j'ay fait faire pour l'amour de vous. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 87).

 

.

"Se permettre de" : Il nous fault enquerir qui c'est Qui prent maintenant son esbat A vyoler nostre sabbat, Et d'où luy vient l'auctorité De donner parfaicte santé Aux malades le jour des festes. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 119).

 

-

Prendre ses esbats. "Faire l'amour" : Ma femme ayme sur toute rien A le veoir ; tousjours la faict rire. Une lettres luy voys escrire, Que vostre mary portera. Et ma femme l'am[usera] ; Ce pendant prendrons nos esbatz. (Gent. Naudet T., c.1500, 278).

B. -

En partic.

 

1.

"Activité physique, source de plaisir" : Du surplus, selon son aige de XIIJ ans, estoit tres habille et hardy valeton, fust pour chevauchier un bien rigoureux coursier, fust a chanter ou a dansser (...) et a tous autres essais et esbas que il veoit aux hommes faire (LA SALE, J.S., 1456, 2).

 

2.

"Divertissement de la chasse" : LE QUINT CHEVALIER. (...) Veez ci le marquis revenir, Qui vient d'esbat, soy et sa gent. (Gris., 1395, 10). Or advint ainsi que ledit Robert s'en retournoit vers Abbeville, lui et sa compagnie (...), il encontra aucuns des fauconniers du duc qui venoient de l'esbat avec leurs oyseaux (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 341). ...nous lisons que Octovian Cesar et Marcus Antonius (...) se sont autreffois esjouys et qu'ilz ont prins plaisir au gibier et esbat des cailles (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 60).

 

3.

"Plaisanterie, jeu" : NASON (à l'aveugle que Jésus vient de guérir) Et quant te fist Jhesus cecy ? Je ne le tiens point a esbat. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 190).

 

-

"Jeu, d'où activité inutile, perte de temps" : CAŸPHE. ...Ce que vous faictes n'est qu'esbat. Il en fault despecher la court Et traicter sa mort le plus court Que nous pourrons (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 329).

 

-

Par esbat : Et disoit que les hommes ne sont point tenus d'endurer des dames s'il ne leur plaist, car elles sont subjectes a eulx, et ne leur apertient point de venir mettre en leur doz aucunes herbes ou ordure, soit par esbat ou autrement (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 215). Le lyon la laissa aller [la souris] plus par esbat que par pitié. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 125).

 

4.

"Divertissement théâtral, jeu au théâtre" : Et vous, messeigneurs haulx et bas, Qui avez ouy nous esbas, En gré les prennés. (Pipée R., c.1470-1480, 218).

 

-

[Les acteurs aux spectateurs] Recevez en gré nos esbats : Supplïant la noble assistence De ceste presente compaignie Assemblee pour la confrarie De la Vierge, Mere de Dieu, Qui est establye en ce lieu, Ou nom de sa nativité, Dont en faisons festivité Ce jour par courtoise alyance De son digne lieu de Lyance, Que ung chascun selon son degré Recepvez noz esbatz en gré. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 83). JOYEULX SOUBDAIN. Pource que ne povez aymer Vous en dictes tous ces fatras. BEAUCOP VEOIR. Seigneurs, vueillés nous pardonner Et prenez en gré nos esbas. (B. veoir, p.1480, 21). LE CRESTIEN. Des merites sainct Nicolas Prions toute la compaignie Qu'i prennent en gre noz esbatz Et soustenez la confrarie. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 159). Bonnes gens, prenez tout en gré ; Nous en allons par cy le pas. Ung chascun selon son degré, Vueillez prendre en gré noz esbas. (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 59).

 

5.

"Ce qui amuse, babiole" : BRUYT. Et que portes tu ? CUIDER. Se sont esbatz Pour appeller les jeunes gens. BRUYT. Mais quoy ? CUIDER. Les fatras sont gens Pour endurer jeunes cornettes... (Pipée R., c.1470-1480, 160). SOTOUART. Rien n'est qui me nuyse, Tous esbas je puise Dedans ma cornette. CROQUEPIE. Dy nous [icy] quelque sornette Pour passer temps. (Vig. Trib., c.1480, 226).

C. -

P. méton. "Lieu propre au jeu ou à l'exercice physique" : Car li gesirs, ce dist, le grieve. Par tout le quiert et haut et bas, En tous lieus et en tous esbas Ou il prendoient leur retour. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 87). Mais il ne vot mies souffrir ne consentir que elle alast hors, ne s'amoustrast nulle part, fors en aucuns esbas qui estoient devant le porte dou chastiel, et qui respondoient à le maison. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 89).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 43/64 
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     ÉBATERESSE     
*FEW I battuere
ESBATTERESSE, subst. fém.
[T-L : esbaterresse ; GD : esbateresse ; *FEW I, 290b : battuere]

"Celle qui divertit, qui amuse les autres" : Une autre avoit lëens encor Qui en sa main tenoit .I. cor Et faisoit lëens .I. grant son D'orgues et de psalterïon, Je pensai que fust jouglerresse Et de gent une esbaterresse. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12700). Mont aimme tel orguenerie Et tel son et tel juglerie, Et pour ce que ce bien li plaist, De celle qui en joue a fait Sa principal esbaterresse Et s'especial jouglerresse. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12969). [Seuls ex.]

REM. Déjà ds GD III, 339b (Impr. c.1500 : esbateresse).
 

DMF 2020 - Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 44/64 
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     ÉBATTAMMENT     
*FEW I battuere
ESBATTAMMENT, adv.
[*FEW I, 293a : battuere]

"Avec entrain, joyeusement" : Le medicin donques, ouyant ainsi parler sa servente, ja soit qu'il feust troublez, respondi esbatemmant (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 562). Ludicose (...) : esbatamment, par jeu (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 283).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 45/64 
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     ÉBATTEMENT     
FEW I battuere
ESBATTEMENT, subst. masc.
[T-L : esbatement ; GD : esbatement ; GDC : esbatement ; AND : esbatement ; FEW I, 293a : battuere ; TLF : VII, 589b : ébattement]

A. -

[Au sing. ou au plur.] "Divertissement, distraction, amusement" : Ce ne porroit avenir nullement Que j'heüsse joie n'esbatement Ne riens nulle qui peüst resjoïr Mon dolent cuer, sans vous veoir n'oïr... (MACH., Compl., 1340-1377, 254). Et la n'ot il celui ne celle, Qui se vosist esbanier, Dancier, chanter ou festier De tables, d'eschaz, de parsons, Par gieus, par notes ou par sons, Qui la ne trouvast sans arrest A son vueil l'esbatement [var. labastement (l. l'abastement)] prest. (MACH., R. Fort., c.1341, 146). La demouray longuettement En joie et en esbatement, Tant qu'il fu temps de repairier Vers celle ou sont mi desirier. (MACH., R. Fort., c.1341, 152). S'alay aus chans isnellement Chevauchier par esbatement, Pour moy jouer et soulacier... (MACH., J. R. Nav., 1349, 154). Grant fu l'esbatement en la salle voultie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 202). ...quar c'est le plus grant esbatement que je aie que de oÿr et de chanter bons dis et bonnes chansons... (MACH., Voir, 1364, 96). Je me tenoie rudement Et haoie l'esbatement Et fuioie les compagniez Ou on menoit les bonnes viez (MACH., Voir, 1364, 104). Et ai esté a si grant anui que onques chose ne m'anoia tant ; et si avoie des esbatemens biau coup, car en tout le chemin on ne faisoit que chanter et veoir dames et damoiselles et dames de religion ; mais quant je veoie plus d'esbatement et de joie et plus me desplaisoit quant il me souvenoit que je ne vous pooie veoir n'envoier par devers vous. (MACH., Voir, 1364, 504). Je ne vous envoie pas vostre livre, pour ce que j'ai trop grant doubte qu'il ne fust perdus ; et aussi c'est tout mon esbatement, et que je y veuil aucunes choses amender, les queles je vous diroie volentiers de bouche (MACH., Voir, 1364, 782). ...à vous tres amoureusement Entierement Doing et ottroy Le cuer de moy Qui loing de vous esbatement N'a n'esbanoy. (MACH., Ch. bal., 1377, 624). Honneur, vaillance et bonne renommée, Grace, biauté sont en vostre corps gent, Dont je me sent si hautement parée, Car plus de bien n'ay n'autre esbatement. (MACH., L. dames, 1377, 199). Ainsi mettent les enfans par esbatement une escuele o de l'eaue en un cercle de tonneau et puis revirent et tournent ce cercle isnelement sans ce que l'eaue cheie. (ORESME, C.M., c.1377, 546). ...qui en lieu des louenges de Dieu, les despitent et maugroyent et regnient, et chantent les faulces loenges de la personne qui est tellement ensevelie : Laudatur peccator. Et en lieu de pleurs, ilz mainent faulse joye, solas et esbatement. (GERS., Purif., 1396-1397, 67). ...il ne te fault penser fors de avoir toute la joy et tous les esbatemens que tu pourras en ce monde. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 13). SAINCT MARTIN. Pour esbatement ne pour jeu Ne laissez Dieu de paradis. (LA VIGNE, S.M., 1496, 499).

 

-

Par (maniere) d'esbattement. "Par jeu, pour se divertir" : Une autre ymaginacion puet estre laquelle je weul traitier par esbatement et pour exercitacion de engin, c'est a savoir que en un meisme temps un monde fut dedens un autre monde, si comme se dedens et dessouz cest monde estoit contenu un autre monde semblable et mendre. (ORESME, C.M., c.1377, 166). Ainsi mettent les enfans par esbatement une escuele o de l'eaue en un cercle de tonneau et puis revirent et tournent ce cercle isnelement sans ce que l'eaue cheie. (ORESME, C.M., c.1377, 546). ...ouquel lieu et chambre, et en souppant ensamble, ainsi comme par maniere d'esbatement, ledit Jehannin Brigon, prisonnier, moustra à elle qui parle lesdiz couvercle d'argent doré et cuillier donc dessus est faite mencion (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 211). ...ainsi comme par maniere d'esbatement il estoit alez veoir et visiter le concierge de l'ostel dudit messire Guillaume des Bordes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 370). Et fist ses menestrels courner devant li une danse d'Alemagne que messires Jehans Camdos qui la estoit presens, avoit nouvellement raporté ; et encores par esbatement il faisoit le dit chevalier chanter avoecques ses menestrés, et prendoit en ce grant plaisance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 883). En cellui temps estoit en la court un josne escuier tres gracieux de la duchié de Thorainne qui nommez estoit le Meingre, qui par esbatement fut nommé Boussicault, grant pere des Boussicaux qui sont au jour d'uy (LA SALE, J.S., 1456, 142). Aussi ce ne seroit pas larrecin si vous aviez par esbatement mon dyamant emporté. (C.N.N., c.1456-1467, 45).

 

-

"Divertissement à caractère sportif (tournoi, chasse...)" : Elle esgarde Regnaut au vis et au menton, Au nés vit la playette que jadis li fist on En ung esbatement en celle region, Et cele fist Alart sans mauvaise occoison. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 241-242). Et quant ad ce que geus, revelz n'esbatemens ne vous peuvent plaire quant vous ne me poés veoir, hé las, dolens ! et dont me venroit joie, quant je ne vous voi, tresdouce, simple et coie ? (MACH., Voir, 1364, 518). Olimpus est une montaigne en Archade ou l'en faisoit jadis certains esbatemens, luttes, courses et comme joustes ou tournois en le honneur de Jupiter et pour soy excerciter (ORESME, E.A.C., c.1370, 126). Et est une telle chose comme ce qui advient a ceulz qui se combatent tous nuz en certains esbatementz et excercitacions, comme seroient par aventure tornoiemenz, car la fin pour quoy en esperance il seuffrent tel labeur, elle leur est delectable, si comme est avoir une coronne ou aucuns honneurs (ORESME, E.A., c.1370, 217). ...com plus croissoit en eage et plus amoit les armes, les joustes, les tournois, les reviaulx et les esbatemens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156). Primierement, quant un champ se fait entre deux personnes ou plusieurs, pour cause d'ebastement, sanz effusion de sanc, et tel champ est lysible selon Droit civil (Songe verg. S., t.1, 1378, 353). Et pour ce li rois Phelippes avoit celle devotion de convertir ces armes et esbatemens a aler sus les Incredules et conquerre la sainte chité de Jherusalem et le roiaulme de Surie, et tant faire par poissance que de oster hors des mains dou soudan et des Incredules. (FROISS., Chron. D., p.1400, 240). Et quant il ne faisoit cela, il les faisoit chacer a toutes sauvages bestes et aultres esbatemens de chevallier continuellement. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 17). Quant femme enchainte porte son enfant plus sur le costé destre et que voulontiers mengue venoison et vollile, et que voulontiers elle ot parler de tournois, de joustes et esbatemens, pour certain elle produira ung beau filz. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 133).

 

.

[Le compl. désigne en quoi consiste l'esbattement] "Ebattement de qqc" : ...les Englois n'orent aultre cose que l'esbatement des armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 665). ...un tappis de haultelice, fait à personnaige d'esbattement de chace (Comptes Lille L., t.1, 1413-1414, 97).

 

-

Donner grant esbatement à qqn. "Faire un grand plaisir à qqn" : Et s'il vous plaisoit a moy envoier la copie de ce que vous avés fait de vostre livre, je vous en saroie moult bon gré, si feriés grant aumosne, et me donriés grant esbatement... (MACH., Voir, 1364, 508).

 

-

Au plur. "Plaisirs, réjouissances, fêtes" : Ce est a dire contributions as despenses superflues comme sunt aucuns giex ou esbatemens ou grans digners sans raison. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 268). Et n'estoient que festes, solas et esbatemens aval Londres, et ne furent un grant temps, et parellement parmi tout le roiaulme d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 94). Encores estoient li signeur et li plus des chevaliers a la court dou roi, et atendoient la pour veoir l'estat et les danses et esbatemens qui s'apparilloient a faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 116). Encores estoient li signeur et li plus des chevaliers a la court dou roi, et atendoient la pour veoir l'estat et les danses et esbatemens qui s'apparilloient a faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 116). En ce temps, vint il en devotion au roi Phelippe d'aler en Avignon veoir le pape Benedich qui resgnoit pour ce temps, et de parler a lui, et par son consel entreprendre le voiage d'outre mer et conquerre la Sainte Terre, car pour lors il n'avoient que faire et ne savoient a quoi entendre, fors as joustes et as tournois et a tous aultres esbatemens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 240). Et a ce jour que Othon fut couronné n'eussiez veu par toute la cité que jeuz, dances et esbatemens, trompetes, mennestriers et autres instrumens (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 84). ...tournois et joustez commencerent jusquez a la nuit que lez dansez revindrent et aussi passerent tempz lez uns et lez aultrez en la ville d'Arras en festez, jeux et tous esbatemens l'espace de .VIII. jours que on ny fist autre chose (Comte Artois, c.1453-1467, 152). ...et firent moult grant chière et beaucoup de beaulx esbatemens, ainsi qu'il estoit de coustume. (BUEIL, II, 1461-1466, 136). BEAUCOP. Quant de ce vin cleret je chucque, Tantost me fault aller dormir. JOYEULX. Je ne me pourrois assouvir De riz, d'esbatemens, de jeuz. BEAUCOP. Je me souloye resjouyr, Mais maintenant je suis trop vieux. (B. veoir, p.1480, 14). Gectez ses rainsseaulx par la voye, Faisons jeux et esbattemens, Et estandons noz vestemens A la venue de nostre seigneur. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 560).

 

-

Prendre (son/ses) esbattement(s). "Se détendre, se distraire" : Si aloit voler, cacier et deduire et prendre tous ses esbatemens environ Windesore (...) et messires Phelippes ses filz ossi. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 84). ...comme le chevalier, pour passer temps et prendre son esbatement, se pourmenast a l'environ de son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 38). Prenez ung peu d'esbatement Soubz la ramee nouvellete, Vous promenant tout bellement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 206).

 

.

Prendre (son) esbatement à/en qqn/qqc./ un animal. "Trouver du plaisir à (telle occupation), en compagnie de (telle personne, tel animal)" : Mais souvent a li [le lion] m'esbanoy Et y preng mon esbatement Sans doubte, aussi hardiement, Com se fust un petit chiennet. Et sachiez que si se tient net Qu'onques beste ne vi plus nette. (MACH., D. Lyon, 1342, 227). ...elles [les chansons] sont toutes si bonnes, et me plaisent tant, et aussi tout quanque vous m'escrivez, car je ne preng confort ni esbatement fors en veoir et es lire ; et preng si grant plaisance que je en laisse souvent autres besongnes. (MACH., Voir, 1364, 138). ...il [le corbeau] estoit plus blans que lait. Phebus l'amoit moult chierement Et y prenoit esbatement Plus qu'en son arson n'en sa harpe Dont il s'esbat souvent et harpe. (MACH., Voir, 1364, 686). Comment ! sire chevalier, dist le roy, estes vous cy venus pour preschier ? Petit y povez conquester, car pour vous ne pour voz maistres ne lairray je pas mon entreprise, mais tant povez preschier qu'il vous plaira, car je y pren mon esbatement. Et aussi je croy que vous ne faictes cecy que par truffe. Par mon chief, damp roy, dist le chevalier, qui fu moult courroucié, se vous ne faictes promptement ce que messeigneurs vous mandent, la truffe vous sera monstree au fer et a l'acier dedens trois jours. (ARRAS, c.1392-1393, 158). LA MARQUISE [à la nourrice]. Je le lo bien [que ma fille soit sevrée de la nourrice], affin que tant En soies plus pres [d'elle], car souvent Y prendray mon esbatement, Que moult tendrement je l'ay chiere. (Gris., 1395, 51).

 

-

P. euphém. "Acte sexuel" : ...rien ne faisoit plus voluntiers que ce joly esbatement que chacun scet (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

-

[À propos d'un animal] "Façon vive de se déplacer" : Si y avoit trois ou quattre luppars, lesquelz si tost que les lievres estoient en course on lessoit aller aprés ; et tantost furent lesdis lievres pris des lupars, dont l'esbattement estoit bel. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 244).

B. -

"Plaisanterie" : ...après plusieurs parolles d'esbatement dittes entre elles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 303). Au soupper derechief ot foyson d'yceulz barons le roy avec lui, et puis ala veoir l'Empereur et une piece dirent de bons moz et esbatemens ensemble, puis se retrahy le roy en sa chambre et alerent couchier (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 113).

 

-

Par (maniere d')esbattement "En plaisantant" : ...et, après plusieurs paroles eues par esbatement entre elles, et sans parler, quant alors, de la matiere dessus dite, icelle Margot la fist jurer, comme dit est dessus, que elle ne le accuseroit aucunement, pour chose qui li peust advenir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 339). Car en habondance de paroles ne peut estre qu'il n'en y ait aucunefoiz de mal assises aucunement, et dit l'en aucunefoiz par esbatement et par jeu paroles de revel qui depuis sont prinses et recordees a part, en grant derision et moqueries de ceulx qui les ont dictes. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105). Et certes, femmes ne doivent parler de nulle laidure, non mye seulement de con, de cul ne de autres secretz membres de nature, car c'est deshonneste chose a femme d'en parler. Je oy une foiz raconter d'une jeune preudefemme qui estoit assise en une presse de ses autres amis et amyes. Et par adventure elle dist par esbatement aux autres: " Vous me pressés si fort que bien la moictié de mon con me ride. " Et jasoit ce qu'elle l'eust dit par jeu et entre ses amis, cuidant faire la galoise, toutesvoyes les autres sages preudefemmes ses parentes l'en blasmerent a part. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 129). ...tout ce disoit par farce et esbatement. Car il estoit et a esté toujours tresgracieux et nouveau et bien plaisant gentil homme. (C.N.N., c.1456-1467, 361).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 46/64 
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     ÉBATTÉMENT     
*FEW I battuere
ESBATTEEMENT, adv.
[GD : esbateement ; *FEW I, 293a : battuere]

"Avec entrain, joyeusement" : Il fist dire a sa femme [délaissée par son amant et revenue chez lui, le mari] que a tous elle parlast esbateement [var. esclateement], haultement et hardiement (...) et ne fist semblant de riens que de joye. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 110).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 47/64 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ÉBATTRE     
FEW I 293a battuere
ESBATTRE, verbe
[T-L : esbatre ; GD : esbatre ; GDC : esbatre(s') ; AND : esbatre1 ; DÉCT : esbatre ; FEW I, 293a : battuere ; TLF : VII, 589b : ébattre(s')]

I. -

[Correspond à des sens de battre]

A. -

[D'un oiseau] "Battre des ailes, pour s'échapper des mains ou de son siège" : Il est bien voir que l'esprevier De souvent batre est coustumier, Mais sachiez que c'est grans esbas De lui garder ses esbas : C'est qu'il s'esbate tellement Que il ne bate villainement (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 339). Quant je l'eus assés festyé, il [un héron] s'esbati de moy, puis s'en retourna a son maistre qui lui fist grant chiere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 104). Au point du jour, que l'esprevier s'esbat, Meu de plaisir et par noble coustume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111). Bruyt la mauviz et de joye s'esbat, Reçoyt son per et se joinct a sa plume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

B. -

[Synon. de embattre]

 

-

S'esbattre vers qqn. "Aller vers qqn (avec des intentions belliqueuses)" : "...Qu'il facent armer sans deloy Tout l'ost et bien secretement, Que ne s'enfuient ceste gent A qui nous [nous] volon combatre, Quar tantost nous yrons esbatre Vers eulz, si sauront mon vouloir, Et leur moustreray mon pouoir." (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 234).

 

.

[D'un animal] "Se précipiter vers qqn" : : Je vois corner ung peu avant, Que la beste voist plus avant, Affin que saiche son repaire Et que des levriers une paire J'aye pour la beste deffaire, S'elle se veult vers moy esbatre, Je n'y suis pas bien solitaire ; Ce n'est pas chose neccessaire, Se je vueil la beste debatre (Narcissus, p.1426, 290).

 

-

S'esbattre sur qqn. "Tomber à bras raccourcis sur qqn" : PILATE. Apportez espees ou rapieres (...) Et toutes sortes de bastons Affin que nous nous esbatons Sur Juifz a l'empire contraires. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 445).

 

-

S'esbattre qq. part. "Arriver, s'introduire quelque part" : "Beau sire, vous estes esbatu en nostre deduit ou nous devons ceste vespree souper. Or me semble que vous soyez estrange..." (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 298). Deviers les trez Gerart s'en va sans demoree ; Ains que nuz l'avisast ne lui ne son armee, S'esbati es logiz Gerart brace quaree ; Gerart gist en son lit, a bataille ne bee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 649).

C. -

[Synon. de se battre]

 

-

Empl. pronom. réciproque "Se battre" : Et de commencement (...) il s'en vinrent combatre à chiaus dou berfroi francement, main à main ; là eut fait pluiseurs grans apertises d'armes. Quant il se furent plenté esbatu, il commencièrent à traire de leurs kanons. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 195). "Mesire Ustasse, vous estes li chevaliers del monde ou en armes je me sui jusques a chi le plus esbatus de l'espee, et je vous ai veu moult volentiers..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 874).

 

-

[De choses] "Rivaliser" : Ce fu grant biauté de veoir entrer ou havre de La Calongne ces galées et ces nefs (...) et de oïr ces trompettes et claronciaux qui sonnoient à tous lez. Et les trompettes du chastel de la ville resonnoient à l'encontre et se combatoient et esbatoient l'un contre l'autre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 310).

II. -

[Idée de divertissement, de détente, de plaisir ; le subst. dérivé est esbattement]

A. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

1.

"Pratiquer des activités de loisir qui impliquent un effort physique"

 

a)

[Jeux guerriers, tournois, chasse...] : ...le roy nostre sire se tient le plus à Brisco et sus la riviere de Saverne, et chace là et s'esbat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). ...il eut consel que il lairoit la le conte Derbi (...) et Vc. armeures de fier et .XVc. archiers qui tenroient le siege (...) et il s'en iroit a tout .Vc. armeures de fier et .XIIc. archiers esbatant parmi Bretagne et veoir ses gens devant la chité de Rennes, et sentir d'autre part se riens il poroit conquerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 582). "Or ça, mon ami, je veul (...) aussi que vous jouez et esbatez de foiz a foiz a la paume, avoir des ars, des fleiches, qui sont jeux honnestes et dont les corps par raison en vaillent mieulz..." (LA SALE, J.S., 1456, 58). Et, après disner, les mena au bois de Vincennes esbatre et chasser aux dains dedens le parc dudit bois, et après s'en revint chascun en son hostel. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 101). Incontinent chascun se mist aux champs Pour batailler et non pas pour s'esbatre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

b)

[Promenades, balades, voyages] : LA MÉRE ANTHURE. (...) Au mains alons nous deux esbatre Ou que ce soit. ANTHURE. Chiére mére, ne vous ennoit, Je ne me quier mouvoir de ci. (Mir. st J. Cris., c.1344, 255). En vergier, en la pommeroie Qui a l'ostel Joachin roie, Nous aliens l'autre jour esbatre, L'air querir, la rousee abatre. (MACH., C. ami, 1357, 9). Il n'a pas un an que j'estoie En un lieu ou je m'esbatoie, Qui estoit d'arbrissiaus couvers Par tout, et si estoit tous vers, Biaus et jolis et gracieus (MACH., Voir, 1364, 42). Sire, j'ay esté vraiement En Alixandre longuement Prisonniers ; mais je m'esbatoie Parmi la ville où je voloie. Si vous diray la vérité Dou païs et de la cité. (MACH., P. Alex., p.1369, 61). En ce temps vint en pourpos et en devotion au roy de France qu'il iroit en Avignon veoir le pape et les cardinaus, tout jeuant et esbatant et visetant la ducé de Bourgongne qui nouvellement li estoit escheue. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 77). Et puis le mena messires Jehans Chandos jewer et esbatre parmi Saintonge et parmi Poito, et veoir le bonne ville de le Rocelle, où on li fist grant feste. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 97). En ce temps vint en pourpos et en devotion au roy de France qu'il iroit en Avignon veoir le pape et les cardinaus, tout jeuant et esbatant et visetant la ducé de Bourgongne qui nouvellement li estoit escheue. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 77). Et puis le mena messires Jehans Chandos jewer et esbatre parmi Saintonge et parmi Poito, et veoir le bonne ville de le Rocelle, où on li fist grant feste. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 97). Je vous pri, alons nous esbatre Vers son hostel [de sire Andri] (Mir. march. juif, c.1377, 198). ...le jour Saint-Berthelemy darrenierement passé, au soir, ainsi qu'il venoit des champs esbatre, et qu'il vouloit entrer en sa maison pour soy coucher, vit et aperçut Jehan Eustace l'aisné (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 407). Gieffroy envoya la teste du jayant a Remond, son pere, par deux de ses chevaliers. Et Gieffroy s'en va entretant esbatant par le pays, ou on le recoipt liement, et lui fait on moult de riches presens. (ARRAS, c.1392-1393, 248). Pour ses ennuys assouagier, S'en vait esbatre en un vergier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 267). Car ainsy qu'aloye esbattant, De la terre les fleurs yssoient A l'environ hault et bas tant Que toutes choses flourissoient (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 60). ...et le matin feignant d'aller esbattre quatre ou cinc jours par pays, monta à cheval et s'en alla de belle tire en Flandres, et s'en vint à Lille (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 22). Beaulx enfans [les enfants perdus], vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau ; Mes clercs pres prenans comme glus, Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau, Car pour s'esbatre en ces deux lieux, Cuidant que vaulsist le rappeau, Le perdyt Colin de Cayeulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

 

-

[D'un enfant qui apprend à marcher] "Bouger, faire quelques pas" : MEDUSA (nourrice). Aprestez moy le charïot Pour aprendre aler monseigneur ; I l admende fort en grandeur Et si ne va ne champ ne voye. SABINE. Ma maistresse, en pensé l'avoye ; Le vecy ja tout apresté. Sire, trop avez arresté ; Il vous fault esbatre ung petit. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 107).

 

-

[Danse] : HERODE. Gardez se gentement s'esbat [Salomé] ! Esse bien sailly a devis ! Que vous en semble ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 163).

 

2.

"Se divertir, se distraire, passer le temps agréablement, se détendre, se délasser (par des jeux, dans une fête, en compagnie amoureuse...)" : Nous yrons (...) A l'evesque, sanz attendue, Compter son fait [de l'abbesse] et son estat, Conment se deduit et esbat, Et en quel guise se maintient (Mir. abbeesse, 1340, 74). Et si a des enfans aisans, Trés paisibles et appaisans, Et si se jouent et esbatent, Mais de parler po se debatent. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). En la fin j'alai congié prendre, Mais Monsigneur me fist attendre Contre mon gré .III. jours ou quatre Pour solacier et pour esbatre. (MACH., Voir, 1364, 326). Or nous fault maishui faire feste Et nous esbatre. (Mir. Oton, c.1370, 337). Et telz gens esbatans se monstrent delictables as tyrans en ce que les tyrans appetent et desirent et les tyrans ont mestier de teles gens. (ORESME, E.A., c.1370, 516). ...et à un soir, en l'ostel où pend l'enseingne de l'Espée, ouquel elle avoit acoustumé d'aler jouer et esbatre bien souvent avec les filles et chamberieres dudit hostel, pour ce que elle estoit leur voisine (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 125). ...et d'icellui hostel, après ce qu'il ot prinses icelles tasses et saliere, se parti sanz commander aucunes des gens dudit sire de Roussay, qui s'esbatoient aus feux devant la maison d'icellui, à Dieu, ne leur dire aucune chose. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 135). Dont tous, esmeux contre le ventre, firent conspiracion contre lui : que jamais ne lui admenistreroient riens ; car quant il estoit saoul, il ne faisoit que dormir, reposer, esbatre et sollassier nuyt et jour (LA SALE, Sale D., 1451, 185). ...se mist (...) sur une balochouere, et la s'esbatoit et estoit plus aise que ung roy. (C.N.N., c.1456-1467, 483). ...je vois pour esbatre et passer temps doulcement (C.N.N., c.1456-1467, 550). AFFRICQUEE. Venez ça, venez muselet, Venez et faictes bonne chere. Je voys jusques ches ma commere Pour passer le temps et esbatre. (P. Jouh. D.R., a.1488, 25).

 

-

"Se soulager (aux lieux d'aisance)" : Sy grand detresse M'est venu empongner sy fort Au petit ventre, que nul confort Trouver ne puys. Y fault d'un traict M'aler esbatre à mon retraict, Afin que mon mal s'amolice. (Retraict T., c.1490, 234).

 

-

S'esbattre à un jeu : Il me fault trop souvent debatre ; Si me vouldroie un pou esbatre Avecques vous, s'il vous plaisoit, A quelque gieu ou l'en congnoit, Au drinquet a deux ou rois dez Ou a un autre (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 164). LE MARQUIS. (...) Et [après mon mariage] me fauldra mes jeux abatre, Auxquels je me soulois esbatre. (Gris., 1395, 14). Li cevaliers (...) mena mesire Carle de Blois en Engleterre et le mist ens ou chastiel a Londres avoecques le roy David d'Escoce ; et la jeuoient ils et s'esbatoient as escés et as tables. (FROISS., Chron. D., p.1400, 819). ...Veillez le icy toute la nuyt [Jésus] Et, affin qu'il ne vous ennuyt, Esbatez vous a quelque jeu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 263). TESTE LIGIERE. Il est aux champs avec les filles. SOCTE MINE. Il s'esbat voulentiers aux billes. TESTE LIGIERE. C'est ung jeu qui est triumphant. (Sots, c.1480-1500, 267).

 

-

S'esbattre de qqc. (avec qqn)

 

.

[D'un instrument de musique] "Se détendre en jouant de" : Phebus l'amoit [le corbeau] moult chierement Et y prenoit esbatement Plus qu'en son arson n'en sa harpe Dont il s'esbat souvent et harpe. (MACH., Voir, 1364, 686). Quant le roy et la royne eurent festoié leur filz, la royne dist : "Nestor, beau filz, est ce vostre escuier qui s'esbat illecq de la harpe ?" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 350). ...après disner s'esbatoit voluntiers de la harpe. (C.N.N., c.1456-1467, 279).

 

.

[De paroles] "Prendre plaisir à échanger des paroles avec qqn" : Ensi se esbatoit de parolles li dis messires Charles de Blois à ce Henri, et dont à l'un et puis à l'autre, et passèrent ses gens celle nuitie moult aisiement (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 159).

 

-

S'esbattre à/de + inf./inf. subst.

 

.

"S'amuser à, prendre plaisir à" : Car tuit li autre assez longnet Estoient mis en un congnet Et s'esbatoient bonnement A jouer au "Roy qui ne ment". (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Droitement sus l'eure de prime S'esbatoit une damoiselle Au lire .I. rommanc. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 68). LUCIFER. ...Chascun de vous preigne sa grappe Affin qu'il ne vous escappe Et frappez, rompez et batez. A le meurtrir vous esbatés Et verrés comment en ira Et si tousjours il begnyra Son Dieu en qui est sa fyance (Pac. Job M., c.1448-1478, 324).

 

.

"S'employer à, tâcher de" : Ça, mes gens, chargez ces batons. Il fault que nous nous esbatons D'aler le grant pas et ygnel Dessus le prevost criminel (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 283). Bref, il s'esbat A corrumpre nostre sabbat. Il garist sours, demonïacles Et faict cent mille telz miracles (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 321). ...je m'estoye esbatu D'apporter ob moy une esponge. Il ne fault sinon qu'on la plonge En ysope amer et fort fiel En lieu de doulceur ou de miel (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 416).

 

-

En partic. "Plaisanter, s'amuser" : ...tout jouant, riant et esbatant, prindrent toutes ensemble homme et bahu, et l'emporterent (C.N.N., c.1456-1467, 185). ...il estoit ung soir avec ses gens, après souper, devisant et esbatant avec eulx (C.N.N., c.1456-1467, 428).

 

3.

P. euphém.

 

-

(S)'esbattre. "Se livrer à des jeux, des ébats amoureux" : ...Perrot le Roy, Jehan le Pole, fussent alez (...) pour eulx esbattre en l'ostel d'une femme commune, appellée Mahault (Ch. VI, D., t.2, 1382, 228). Or s'esbate, de par Dieu, Franc Gontier, Helayne o luy, soubz le bel esglantier ; Se bien leur est, cause n'ay qu'il me poise, Mais quoy que soit du laboureux mestier, Il n'est tresor que de vivre a son aise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 118). LE GENTIL HOMME. A ! ma plaisante vignette, Pendant que Naudet n'y est point, Je m'en vois mettre en beau pourpoint Affin que mieux nous esbatons (Gent. Naudet T., c.1500, 275).

 

.

S'esbattre l'un avec l'autre : Chelle nuit onques ne dormirent Li vrai amant, ains s'esbatirent L'un avoec l'autre jusc'au jour (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 282).

 

-

S'esbatre (au métier de la bête à deux dos). "Pratiquer l'amour" : ...luy estoit et fut defendu le mestier de la beste a deux doz, doubtant, s'il s'i esbatoit, qu'il y despendroit sa chevance. (C.N.N., c.1456-1467, 132).

 

-

S'esbattre avec qqn. "Avoir des relations sexuelles avec qqn" : ...ilz se partirent et vindrent boire en ladite ville de Fresnes, en un jardin d'icelle ville, acompaigniez d'une jeune fille par eulx trouvée au dehors d'icelle ville de Rungy, ouquel jardin ilz se esbatirent avec icelle fille, tous et chascun d'eulx, jusques environ heure de minuyt (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 236). ...dimenche derrenierement passé, environ heure de vespres, il ala en Glatigny en la chambre d'icelle fille, et illec s'esbati avec elle. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 387).

 

-

S'esbattre ensemble charnellement. "Avoir commerce charnel ensemble" : ...ledit suppliant appercut lors que c'estoit Jehan Pinel, son voisin, duquel et de sa femme avoit esté parlé et murmuré que iceulx Pinel et sadicte femme s'esbatoient aucunes foiz ensemble charnelment (Ch. VI, D., t.2, 1408, 211).

B. -

Empl. trans. Esbattre qqn

 

1.

"Divertir, amuser qqn" : Ma trés souveraine dame, je vous eusse porté mon livre pour vous esbatre, ou toutes les choses sont que je fis onques (MACH., Voir, 1364, 188). Et je respondi par tel rime Et par tel mettre comme il rime ; Et si ai fait les chans a .IIII. Pour elle deduire et esbatre (MACH., Voir, 1364, 586). J'ai de columbiaus une paire Qu'alai l'autrier d'un ny[t] abatre ; Ceulz auras pour ton corps esbatre. (MACH., Voir, 1364, 638). Il [ce fol] nous a grant piéce deduit Et esbatu. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 50). Et, mesmement, fist faire fontaines et jardins de plaisance entour la dicte maison, lesquelz estoient enclos avecques le dit logis, tout pour rejouir et esbatre le dit jeune escuier, lequel devoit estre enclos et gardé dedans la dicte maison. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 87). D'autres bastons a feu grans et petiz, Qui ne sont pas pour esbatre apprentiz, Elle [une nef] portoit environ quatre cens (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

[D'une prostituée] "Amuser, divertir qqn par des jeux amoureux" : ...Guillette la Damoiselle, qui lors estoit coustumière de tenir et avoir en son hostel, à Rouen, fillettes amoureuses pour esbatre les compaignons. (Ch. VI, D., t.2, 1382, 236).

 

-

Esbattre le/son corps. "Donner de l'exercice à son corps" : J'ai depuis tamainte journee Alé aux camps mon corps esbatre (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 67). "...Et sachiés que jeune chevalier ne doit sejourner a esbatre le corps selon son pooir. Si en veux assaier m'aventure, s'il vous plaist." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 62).

 

2.

"Calmer, soulager qqc." : Pour le corout du duc esbatre Respondit tantost un des quatre : "Sire" dist il, "or ne t'esmaies Ne de ce plus de douleur n'aies..." (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 80).

C. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui aime s'amuser, de compagnie agréable" : Or y a enfans esbatans, Gais, gens, jolis et embatans, Amoureus, dous et amiables Et en tous leurs fais aggreables, Si pleins de debonnaireté Qu'il ont a chascun amité Et ne se scevent adrecier Nulle fois a euls courrecier, Ne jouer de gieu deshonneste, Et se font adès joie et feste. (MACH., D. Aler., a.1349, 242). La m'arestai .V. mois ou sis Et fui jolis et esbatans, Liés, envoisiés et embatans En tous deduis, en tous depors, En toutes places, ens et hors, Ou je pooie avoir raison D'estre et d'aler pour le saison. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 53). ...il estoit preu, saige, courtois et charnel a son seigneur et a ses amys, doulz, debonnaire et esbatant en toutez bonnes compaignies. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 174). Quoy que jeunes [mes deux pauvres clergeons, deux vieux chanoines de Notre-Dame] et esbatans Soient, en riens ne me deplaist : Dedens trente ans ou quarante ans Bien autres seront, se Dieu plaist ! (...) Car enffans si deviennent gens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 107). Tant qu'aurons au monde duree, Joyeulx et esbatans serons (P. moyne, a.1500, 45).

 

-

Empl. subst. "Celui qui s'amuse" : Mais, quoy, il te fault endurer Et rire avec les esbatans. Ung mal ne peut tousjours durer : Après la pluye le beau temps. (Livre fauc. M.R., c.1500, 306).

 

-

Loc. adv. (Tout) esbattant. "Rapidement" : "Chier sire, il me sambleroit bon que vous et moy montissions a cheval et que tout esbatant nous alissions sur le rivaige..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 124). Allés au lieu ou il appert Que ces seigneurs sont expectans : Amenés les, le jour se pert, Revenés ensemble esbatans. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 73).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 48/64 
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     ÉBATTURE     
*FEW I battuere
ESBATTURE, subst. fém.
[*FEW I, 294a : battuere]

"Salaire (ou activité ?) du batteur en grange" : Item à batteur assavoir à grand Waty pour ses esbatures... (Terre Jauche D., 1479-1480, 188). [Autre ex. p.191]

REM. Cf. T. Matsumura, Dial. de Wallonie 25-26, 1997-1998, 92
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 49/64 
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     EMBAPTURER     
*FEW I battuere
EMBAPTURER, verbe
[GD : embapturer ; *FEW I, 293a : battuere]

Empl. trans. "Battre à coups redoublés"

REM. Tresor de l'ame (éd. 1494, il fut desvestu pour estre mis au pilier auquel il fut environné de ses ennemys et enbaptures [l. enbapturés] ds GD III, 25c.)
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 50/64 
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     EMBATTANT     
*FEW I battuere
EMBATTANT, adj.
[GD : embatant ; *FEW I, 293a : battuere]

"Vif, ardent" : Or y a enfans esbatans, Gais, gens, jolis et embatans, Amoureus, dous et amiables Et en tous leurs fais aggreables... (MACH., D. Aler., a.1349, 242). La m'arestai .V. mois ou sis Et fui jolis et esbatans, Liés, envoisiés et embatans En tous deduis, en tous depors, En toutes places, ens et hors, Ou je pooie avoir raison D'estre et d'aler pour le saison. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 53).

V. aussi embattre
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 51/64 
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     EMBATTEMENT1          EMBATTEMENT2     
FEW I battuere
EMBATTEMENT, subst. masc.
[FEW I, 293a : battuere]

"Réjouissance" (synon. esbattement) : ...ce fu por le miex et le plus hautement Que elle pooit voër selonc son enscïent, Et por plus essauchier la feste et le jouvent, Et por l'Indois Porus sor tous principaument, Qui estoit occoisons de cel embatement (BRIS., Restor paon D., a.1338, 119).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 52/64 
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     EMBATTEMENT1          EMBATTEMENT2     
FEW I battuere
EMBATTEMENT, subst. masc.
[GD : embatement ; FEW I, 293a : battuere]

A. -

"Action d'enfoncer, d'entrer ; action d'arriver" : Et quant les pucelles perceurent le chevalier sur elles embatu qui se hontoioit de son soudain embatement... (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 492).

B. -

"Action de garnir une roue d'une bande de fer" : Pour la ferreure et embatement du tumbereau dudit sejour... (Comptes écurie Ch. VI, B., t.2, 1401,,, 119). [cf. FEW «nfr. embattre les roues "les garnir de bandes de fer"»]
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 53/64 
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     EMBATTRE     
FEW I 293a battuere
EMBATTRE, verbe
[T-L : embatre ; GD : embatre ; AND : enbatre1 ; DÉCT : embatre ; FEW I, 293a : battuere ; TLF : VII, 882b : embat(t)re]

I. -

[Idée de mouvement vers ou de mouvement imprimé à ; le préfixe en - marque une idée d'intériorité (au propre ou au fig.)]

A. -

Empl. intrans. ou pronom. [Mouvement vers] S'embattre (qq. part)

 

1.

(S')embattre à/en/par un lieu

 

a)

"Venir, arriver qq. part (parfois par hasard)" : Si m'abeli tant le demour Ou vergier par la grant planté Des arbres qu'on y ot planté Qui estoient vert et flouri, Qu'en un praielet m'embati. (MACH., D. verg., a.1340, 15). S'alay tant amont et aval Que je m'embati en un val Ou je vi une fontenelle Qui estoit moult clere et moult bele, D'arbres et d'erbe environnée (MACH., R. Fort., c.1341, 30). Mais partout ou elle [Fortune] s'embat, De ses gieus telement s'esbat Qu'en veinquant dit : "Eschac et mat !" De fiere vois. (MACH., R. Fort., c.1341, 43). Aussi s'une dame jolie, Gaie, rians, jouans et lie, S'embat en lieu ou il ait feste De gens qui mainnent vie honneste, Elle y puet bien tant dire et faire De son faitis courtois affaire, Qu'elle est tout par grace montée En l'air de bonne renommée. (MACH., D. Aler., a.1349, 335). Et s'il avient que tu t'embates En tel lieu ou tu te combates Et que Dieus te donne victoire, Biaus amis, ne t'en donne gloire, Mais loe Dieu, car de li vient, Nom pas de toy. (MACH., C. ami, 1357, 112). Li rois de Cipre (...) offri au Saint Père et au roi de France corps, chevance et parole pour dire et remoustrer, là partout où il venroit et s'embateroit, le grasce et le devotion de leur voiage, pour faire y encliner et descendre tous signeurs qui de ce aroient mention. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 84). Maistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre terre, se nous ne lui faisions recongnoissance si honnourable comme il lui appertient. (ARRAS, c.1392-1393, 125). "Qui es tu, qui ainsi te es embatus en nos marches ?" (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 13).

 

-

[D'un animal] : Mais des le tamps que les deux lyons s'embatirent au paÿs et qu'ilz eurent destruit le royaume (...), le filz [du roi], qui pour lors estoit jenne, s'en parti (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 79).

 

b)

"Se jeter, se précipiter qq. part" : Diulius, consulle de Romme, s'estoit follement embattu en sa nave, qui dedens le port de Siraguise fut entree ; car la chayenne du pont lui fut incontinent tiree après lui. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 50).

 

-

S'embattre avant. "Aller en avant" : Je ne savoie ou demourer Pour plus de joie savourer, Car com plus m'embatoie avant, Et plus me plaisoit [un lieu agréable] que devant (Échecs amour. Koert., c.1370-1380, 99). Et ne daigna onques reculer, et se embati si avant qu'il fu durement bleciés et navrés en pluiseurs lieus ou corps et ou cief. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 129).

 

c)

"S'engager, pénétrer, s'introduire qq. part" : Ou nous pourrons nous mès embatre Pour un lievre ou pour deux avoir ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 151). Je lo que nous aillons embatre, Mon seigneur, en ce grant manoir (Mir. emp. Julien, 1351, 180). Et, s'ilh avient que, par ches enquestes, par mesparleir, par fouradjour ou par aultre default, alcuns soit jugies atens et forjugies, chis forjugement est de teile viertut que ly forjugies est, quant alle spiritualiteit, escomengnies, anathematizies, jugies sa femme veve et ses enfans orpheniens ; et, queil part qu'il s'embate, de donc en avant, en la dyocheis de Liege, ons y doit cesseir delle offiche divine par trois jours continueis (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 72-73). Li gentis rois pleins de noblesse, Il n'a pas le cuer esperdu, Trouva que il n'avoit perdu C'un chevalier tant seulement, Et IX. ou X., qui folement En la ville embatu s'estoient Et les hostels pas ne savoient. Mais il ne pot onques savoir, Par homme qui là fust, le voir Qu'il puelent estre devenu, Ne s'il sont mort ou retenu. (MACH., P. Alex., p.1369, 210). Trimilien (...) vous avez fait grant folie de vous estres enbatus en ce pays yci, car on ne y vous aime que ung petit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57). Seigneurs, aler nous fault embatre Par ces rues et ça et la Pour savoir s'aucun ame y a Qui bien nous face. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 253). Baucibus, avec nous venir Te faut, et avec nous combatre. Tu te (ses biens es) [sés bien es] lieux embatre Et faire faire a grant planté Se que tu as en voulenté. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 243).

 

-

"S'introduire et s'installer qq. part (ici dans le coeur d'une femme)" : Et la besongne va de plat A celui qui ne scet eslire Son bien en temps, car tost s'embat Un autre en ce qu'il plus desire, Dont puis le faut vivre a martire (Cent ball. R., c.1388-1396, 110).

 

-

[D'une chose abstr.] : Verité vi qui s'estoit embatue En un pais ou Envie regnoit (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 83). Folle largesse pour croire faux semblant M'a dessaisi du miex de ma chevance Par doulz regart qui va maint cuer emblant Où fausseté s'embat par decevance Avec biauté qui est de s'aliance Dont povreté m'a fait donner congé. (MACH., App., 1377, 644). Et certes, ceulx qui, ez cours dez seigneurs seculiers, demeurent, ou, a paller plus proprement, meurent, vivent en esperance qui en leur cuer s'enbat, car ilz espoirent avoir aucun don royal, ou aucune bone fortune (Songe verg. S., t.1, 1378, 234). Nous prierons pour l'Eglise : que Dieu par sa grace y veille envoyer pais et misericorde, car je me doubte que cruauté ne s'y embate pour nos pechiez si durement, que pour I scisme nous n'en ayons II ou III, plus crueles que le present (GERS., Purif., 1396-1397, 68). ...qu'il n'est si riche maison, si noble ou ferme cité, et puissant royaume, si estable empire que ceste beste infernale qui est composee de deux vices qui semblent contraires, c'est assavoir de prodigalité et de rapacité, ne perde et abate, ne degaste, ne subvertisse du tout en tout se elle s'i embat et y demeure. (GERS., Noël, p.1404, 309).

 

2.

[Le compl. désigne une personne, un groupe de personnes]

 

a)

S'embattre au milieu de/autour de/en/entre/en la compagnie de un groupe de personnes

 

-

"Rencontrer par hasard, tomber sur (un groupe de personnes)" : Or avint que je m'embati Un jour en une compaingnie, Pour les oiseaus acompaingnie. (MACH., D. Aler., a.1349, 293). Mais ainsi qu'ilz se devisoient, un ancien homme s'embaty au milieu d'eulx et commença a dire... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 943).

 

-

S'embatre entre un groupe de pers. "Se mêler, se joindre à" : ...Et elle se tourne autre part Vers gens de debonnaireté, Dont elle par jolieté Entr'eaus joieusement s'embat Et la se deduit et esbat Amiablement et envoise... (MACH., D. Aler., a.1349, 280). Or nous taisons ci de l'oisel, Se parlons d'aucun damoisel Qui sera gens et debonnaires Et courtois en tous ses affaires. Entre dames s'embatera Et si bel s'i esbatera Qu'il plaira a toutes parties... (MACH., D. Aler., a.1349, 302). Autres oiseaus y a qui tendent A proie querir, et entendent, Qui honnestement se cointoient Et qui de riens ne se hontoient, Mais entre les dames s'embatent Baudement, jouent et esbatent, Et la font moult le savoureus, En moustrant gais ris amoureus, Biaus samblans et humbles prieres... (MACH., D. Aler., a.1349, 363). Tandis qu'ilz se devisoient de ceste aventure, ilz veirent yssir de la Forest Darnant le preu Ourseau et avec lui un chevalier, qui s'en vindrent embatre en leur compaignie. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 943).

 

-

S'embattre autour de personnes "Venir auprès de, fréquenter" : ...ne les puissances supérieures ne font conte, ne estime mesme par la misérableté de eux, à peines ne se daignent embattre entour de leurs personnes, quant à un chétif il n'y a que prendre, ne que tollir (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 379).

 

-

Empl. abs. : ...acquerés de tous et de toutes loenge et bon renom, et especiaument de chiaus et de celles qui entours vostre dame repairent, et soiiés larges et courtois selonc vostre estavoir et alefois un petit hardis d'embatre et de parler. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 61).

 

b)

S'embattre en/sur/devers/vers qqn

 

-

"Se diriger vers qqn" : Après ces paroles moustrées, Bien dites et bien ordenées, Eus tantost le cuer esjoy, Car tant escoutay que j'oy Chevaus venir et gens debatre ; Dont en l'eure se vint embatre Devers nous cils bons rois de pris Que nous aviens a juge pris. (MACH., J. R. Nav., 1349, 186). Et ainçois qu'ilz s'en fussent donnez garde, Aigres s'embati sur eulx, si les salua et puis leur requist en charité et en amour qu'il lui voulsissent faire courtoisie d'un seul disner. (Bérinus, I, c.1350-1370, 265). Si com j'estoie en ce parti, Un varlet sur moy s'embati Qui dist : "Sire, ce vous tramest Savés vous qui ? vostre dame est, Qui vous salue mille fois..." (MACH., Voir, 1364, 136). Mais ung vaillant chevalier s'embati sus nous qui par son sens nous monstra voye de raison (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 98). ...quant le chevalier senti qu'il y avoit gens autour de lui, il dist tout hault : "Qui esse la qui s'embat sus moy ?" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 29).

 

-

"Rencontrer qqn à l'improviste" : En ce point que Gadiffer chevauschoit pensant a sa mesaventure, il s'embati en ung voiturier qui menoit ung cheval tout chargé d'armures (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 6).

 

-

[Avec une intention belliqueuse]

 

.

"Fondre, se précipiter sur qqn, assaillir qqn" : ...si s'embatirent sur ceulx qui gardoient les fourrageurs de l'evesque du Liege (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 200). En grant peril me sui bien mis Quant je m'ay en telx ennemis Osé embatre. (Mir. ste Bauth., c.1376, 133). Sur lui se sont tuit embatus, Mais il s'est si fort combatus Qu'a force tous fouyr les fait (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 126). Maymon le preus et le vaillant, Qui oncques ne fu deffaillant, Comme enragiez s'est embatus Sur Achillés, et tant batus S'entre sont, a vous faire brief, Que, comme mort, fu en son trief Porté des siens, et, d'autre part, Maymons en ot bien sa part. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 128). Si s'en retourt a son demeine, Sanz soy si follement embatre Sur lui (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 42). ...avint une fois que ses ostz s'embatirent sus les crestiens, et, comme, entre les autres despoilles et proiez par eulz ravies, prensissent un vaissel d'argent d'eglise, que ilz appellent orcheul, saint Remi, qui lors estoit archevesque de Reins, manda au roy qu'il lui feist rendre son vaissel (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 68). ...ung chevalier murdrier s'etoit embatu sus eulx comme ils dormoient et leur avoit coulé la lance par dessoubz le haubert au long de leur corps (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 139).

 

.

Embattre qqn/s'embattre à qqn. "Attaquer qqn" : Evous les Englois qui chevauçoient et ne se donnerent de garde, si furent enbatu en une enbusque. (FROISS., Chron. D., p.1400, 370). Souvent les Grieux Troyens embatent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 100). Porrus a Daire ot envoyé Ayde, si se sont avoyé De combatre, mais ains la mere Daire, qui hot douleur amere, Luy mande "qu'en vain s'embatoit A Alixandre et combatoit Pour neant..." (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 47).

 

-

[D'une chose] "S'abattre sur qqn" : Je suis la Mort pour tout abatre Quil en ly ne me puis enbatre Pour sa vertu et pour sa force. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 150). ...au mois d'octobre subséquent, la mort s'est venue embattre sur le roy Charles VI (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 345). Raison ne veult que je desacoustume - Et en ce vueil avec elle m'assemble - De vous servir, mais que m'y acoustume, Et c'est la fin pourquoy sommes ensemble [Robert d'Estouteville et Ambroise de Loré]. Et qui plus est, quant dueil sur moy s'embat Par Fortune qui souvent si se fume, Vostre doulx oeil sa malice rabat Ne plus ne moins que le vent fait la fume. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 112).

 

-

[D'un animal] "Se jeter, fondre sur (un autre animal)" : Et il vola si hautement Qu'on ne sot quel part il tourna. Mais assez briefment retourna, De quoy il fist a son retour Un fort et mervilleus estour. Car a son retour s'embati Vers une aigle, se l'abati. (MACH., D. Aler., a.1349, 356).

 

c)

S'embattre avec qqn. "S'engager avec qqn, se mettre du côté de qqn" : Fortune en bien avecques toy s'embat Et t'a rendu Guyenne et Normandie. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 158). Viellesse qui es cuers s'embat En homme toute joye abat Et change maniere et propos (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 141).

 

-

[Du coeur] Estre embattu avec le coeur de qqn : "Belle", ce dist li lèrez, "mon cueur avez repus, Il est avoec le vostre vraiëment embatus..." (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 47).

 

-

S'embattre à qqn. "S'engager, se marier avec qqn" : Quel dolente aventure Avient a femme et qui moult dure, Quant Fortune la fait embatre A mal mari, qui la veult batre, Et non pas veult tant seulement, Mais le fait souvent, tellement Qu'il y pert en dolente guise, Ou pour pou de cause, et s'avise Comment il pourra chagriner Sa femme, par ymaginer Riotes, ou n'a fons, ne rive (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 92).

 

3.

S'embatre à/en qqc.

 

a)

"Rencontrer qqc., être mêlé à qqc. (d'une manière plus ou moins fortuite)" : La trouveront il Esperance De cui il seront pourveü, Quant a ce point seront veü. Et puet estre qu'il avenra Que cils amans s'embatera En moult d'aventures diverses, Unes douces, autres perverses, Ou il trouvera des durtez Et meintes fois des meürtez... (MACH., D. Aler., a.1349, 398).

 

b)

"Se mettre dans qqc." : Bien say que tu as corps assez, Mais sens et boine volentez Fait moult a telle oeuvre assentir, Sy que mieux te loe a souffrir Que toy embatre en tel peril. (Dit prunier B., c.1330-1350, 71).

 

-

(S')embattre en mariage : Et si, pour avoir embatus En mariage estroictement, Pour laissier le gouvernement, Avec la dispensacion De l'ostel et de la maison A ta femme, cuides tu mie Que plus fermement ta mesgnie, Uns bons sers, uns loyaulx varlès, T'obeisse, et auquel tu lès Ton vouloir et ton ordonnance Tant sur le fait de ta despence Comme aultrement et sur son blame, Que celle qui se tient pour dame, Et qui fera sa voulunté, Non ce que tu as commendé ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 66).

 

-

S'embattre en la puissance de qqn. "Se mettre sous l'autorité de qqn" : ...se aucuns qui mesferoit ou auroit mesfait sur nous ou l'un de nous, en nozdis pais ou aucuns de noz subgés et soubsmanans, ou sur nos gardes, pendent le temps de nosdictes aliances, et il s'embatoit en la puissance d'aucun de nous, si tost qu'il venra à nostre cognoissance ou de noz officiers, le devrons faire prenre et arrester (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 375).

 

c)

"S'empêtrer dans qqc." : Si avoie pensee mainte Qu'amans n'est onques assevis N'assasiés a son devis, Et s'avient po souvent, sans faille, Que aucune chose ne li faille. S'avoit en mon cuer grant rumour Que feroie de ceste amour Ou ainsi me sui embatus. (MACH., Voir, 1364, 266).

 

-

Part. passé "Plongé dans" : ...on me fist latin aprendre Et, se je varioie au rendre Mes liçons, j'estoie batus ; Siques, quant je fui embatus En congnissance et en cremeur, Si se cangierent moult mi meur. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 56). Mais telle voulenté nous mist en nous le Dieu pourveu pource que il eslevast et esveillast les ames dormantes et embaties en leur sotise et en leur paresse (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 598).

 

d)

"S'employer, s'adonner à qqc." : Et qui à ce vouldra s'embatre Faire le doit troiz foiz ou quatre, Ou plus ou mains, en la sepmaine, Pour se garder de mal et paine (LA HAYE, P. peste, 1426, 146).

 

e)

"S'immiscer dans qqc." : La est nostre jugleur joieux et plaisant chanteur et convenable qui a nos truffes s'embat et presente et respont... (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 212).

 

f)

"Se risquer à qqc." : "En cel estat nous venrons tout quoiement sus eulx et les asaurons ; nous sommes gens assés pour eux enclore. Quant nous les arons desconfis, sachiés que nuls ne s'i osera jamais depuis enbatre." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 20). Li rois englès, saciés, avoit si grant desir de se besongne avancier, qu'il li convenoit poursiewir et attendre tous les dangiers et les volentés le duch, son cousin, puisqu'il s'i estoit embatus. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 149). CATHON. Par Hercules, je n'oseroie [dire à Zenet ce que j'ai appris] : S'il est de courroux abatu, Je seray plaiés et batu : Se n'ay voloir de m'y embatre. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 59).

 

4.

Au fig. S'embattre à/de + inf.

 

-

"Mettre tous ses efforts à, s'appliquer à" : Seigneurs, employons cy noz ars, Vous sçavez bien qu'il est sabbat, Et vela Jhesus qui s'embat De tirer erramment au temple (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 386). Nous nous laissons icy abatre Sans parler ne porter effect ; Desormais je me veulx embatre A faire parler de mon fait. (LA VIGNE, S.M., 1496, 181).

 

-

"Essayer, tenter de" : Comme Codrus, le roy des Atheniens, qui ot en responce des dieux que, s'il mouroit en la bataille qu'il menoit, que victoire seroit pour lui, et combien que ceste responce feust venue a la cognoissance de ses ennemis et que defence feust faicte que nul ne se embatist a ferir Codrus, toutesvoies il changa son abit royal en abit de saquement, afin que nul ne l'espargnast, et par sa mort acquist victoire a son peuple et a sa cité sceurté de ses ennemis. (CHART., Q. inv., 1422, 53).

 

-

"Se mêler de" : FLATERIE. J'avoye peu de l'amander Ou d'estre pris de la justice. ENVIE. Hé ! que tu es couhart et nice ! Amander ? Pourquoy ? Pour le batre ? Et qui se fust osé embatre De prandre ung des serviteurs Qui sert en l'ostel de Pluseurs ? Oy, dea, oy ! c'est bien dit, Gauthier. Sy hardy, barbe de former, De t'en dire pis de ton non ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 174).

B. -

Empl. trans. [Idée de mouvement imprimé à] Embattre qqn/qqc. (qq. part)

 

1.

Embattre qqc.

 

a)

"Enfoncer, faire pénétrer qqc." : Penitence de son maillet Qui y a les clous embatus... (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 602).

 

-

"Enfoncer, faire pénétrer (une arme)" : Tout oultre li ambait sa lance aceree ; Au ressaichier sa lance l'abait geulle baiee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 277). Cils maleois bouciers li vient sur costé et li desclike un cop entre le col et les espaules si très dur qu'il le reverse tout en dens sur le col de son cheval ; et puis recuevre et le fiert ou visbus, et li embat sa hace tout là dedens. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 247). ...je ne l'ay pris (...) Combien qu'en sa cuisse embatu Ly aie le fer de ma lance (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 64). Et Gieffroy empoingne l'espee a deux mains et le fiert sur la coiffe d'acier si grant coup qu'elle ne le pot garantir, mais lui embat l'espee jusques a la cervelle et le rue mort. (ARRAS, c.1392-1393, 200).

 

-

[D'une arme] S'embattre. "S'enfoncer" : Ou vollequin deden c'est li fer enbaitut De si jusques en char (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 710).

 

b)

"Mettre qqc. qq. part"

 

-

Empl. pronom. réfl. "Se mettre qqc. (dans la bouche)" : Rentes, meubles ne revenue, Ainsis que celle gent menue Qui vont devant autrui ouvrer, Et leurs femmes vont labourer, A telz chetis deust l'en deffendre, Non pas a toi, de femme prandre, Qui ont des enfans ..III.. ou quatre Et n'ont pas de quoi eulx embatre Un seul oeuf ou un mors de pain En leurs bouches ou en leur main (DESCH., M.M., c.1385-1403, 288).

 

c)

Embattre qqc. à qqc. "Appliquer qqc. sur qqc." : ...quant le chief [de la statue, qui représente un chef de communauté] d'or fin Est et a bon conseil enclin, Et on li embat ou emprient Impression qui mesavient, N'est mie loial conseilleur Qui ce fait ne bon ymageur. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 245).

 

d)

Au fig.

 

-

"Mettre, installer qqc., imposer qqc."

 

.

Embattre qqc. en qqn : Roys qui as le cuer anobly De puissance et haut et bas, Et qui par trestous lieux embas Ton pouoir et ton bon talent, Or ne nous tenir pas a lent (Jour Jug. R., c.1380-1400, 236).

 

.

"Faire pénétrer qqc." : Mais aies d'eulx, sire, merci, Et ta grace en eulz si embates, Que leur orgueil du tout abates (Mir. ste Bauth., c.1376, 119).

 

.

"Susciter, inculquer qqc. en qqn" : ...il doivent avoir force, a ce que il soient fors et fermes contre les adversités et les dyables a nostre deffense et a nostre garde, lesquelx sont communement anemis, descordes, et ancienne confusion que il embatent en la nature humainne (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 60). D'autre partie, l'estude de tous livres engenre et embat, ou acroist es cuers de ceuls qui y entendent, affeccion et amour au bien publique, qui est la meilleur qui puisse estre en prince et en ses conseilliers, aprés l'amour de Dieu. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

2.

Embattre qqn

 

a)

"Faire entrer, jeter, pousser qqn dans qqc. (de concret ou d'abstr.)" : Je t'aim de toute ma vertu. Or me hez et m'as abatu De haut en bas Et de tes verges si batu En ta chartre ou m'as embatu Que je me rens dessous l'escu Veincus et mas. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Et te vosissent faire guerre En ton païs et en ta terre, Qu'einsi te peüssent abatre Si tost, par scens ne par combatre, Com Fortune t'a abatu Qui en sa roiz t'a embatu, Et la te bat de ses flaiaus Qui sont mauvais et desloiaus. (MACH., C. ami, 1357, 67). En haut penser, plein d'amoureus desir, M'a bonne Amour embatu sans retraire ; Si l'en merci, quant daingnié souvenir Li ha de moy (MACH., L. dames, 1377, 17). Las ! Mon amy, se tu ne m'eusses faussee, je estoye gettee et exemptee de paine et de tourment, et eusse vescu le cours naturel comme femme naturelle, et feusse morte naturelement, et eu tous mes sacremens, et eusse esté ensevelie et enterree en l'eglise de Nostre Dame de Lusegnen, et eust on fait mon unniversaire bien et deuement. Or me r'as tu embatue en la penance obscure ou j'avoye long temps esté par ma mesaventure. Et ainsi la me fauldra porter et souffrir jusques au jour du jugement et par ta faulseté. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Povreté la tres ancienne De celle porte est gardienne, Mais tant est laide la maniere De ce lieu et de la portiere Que jamais vers la nul n'iroit, Ne sa porte ne passeroit, Se Meseür, par fine force, Les gens n'i embatoit a force, Par le commandement ma dame, Qui n'espargne en ce cas nul ame (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 98).

 

-

Estre embattu en qqc. : Tu perderas [ton argent] pour tes enfans, Et seras mis a pouvreté. Et ainsi la felicité D'avoir enfans te destruira ; Ou puet estre qu'il advendra Qu'en batant tant seront batus Que tu en seras embatus En grant doleur pour eulx garir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 70).

 

b)

[Langage religieux]

 

-

Embattre qqn en tentation. "Plonger, précipiter qqn" : Nostre pere (...) Qui as es ciex dominion (...) Et ne sueffre pas que soion Embatus en temptation, Mez nouz vueilles touz delivrer De mal si com pues et garder ! (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 177). Pardonne nous tous nos meffais Comme faysons ceulx a nous fais, Et ne seuffre pas que soyons Embatus en temptations (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 88). [Paroles du Notre Père]

 

.

S'embattre en la tentation : Aprés on doit dire se on s'est combatus contre la temptacion quant elle vint, ou se l'on a pourchacié le pechié, ou se l'on s'est embatus en la temptacion tout a escient. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 276).

 

-

Embattre qqn en peché : ...Par son barat et par sa guile, S'il puet [Satan], nous embat en pechié. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 24).

 

.

S'embattre en peché : Mais, quant il la sentit nue emprez lui, il seschauffa [l. s'eschauffa] moult fort et sembatist [l. s'embatist] tantost en pechie [l. pechié]. (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 77).

 

3.

"Pousser (à faire qqc.)" : Sire, ce qui est fait est fait ; Jamais ne m'y embaterez (Mir. pape, 1346, 388).

II. -

[Correspond à divers sens de battre ; le préfixe en - est perfectif ou intensif ; synon. de ébattre I]

A. -

Embattre qqc.

 

1.

Embattre une roue. "Poser une bande métallique par fixation à chaud autour d'une roue, embattre" : ...à Carcassonne, mareschal, demorant audit Troyes, pour avoir ambatu les deux roues du char de ladicte bombarde, reffait plusieurs bandes, chevilles et autres choses y neccesseres, 37 solz 6 deniers tournois ; à Michault Cordier, demorant audit Troyes, pour plusieurs cordes tant liens, trais, commendes et autres menues cordes, 12 solz 5 deniers tournois ; à Jehan Guibert et Jehan Lode, rouhiers, pour avoir fait les derrieres rouhes à neuf (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 606).

 

Rem. Doc. 1369-1370 (Orléans, pro duabus paris rotarum embatre et aliis... ["pour embattre deux paires de roues et pour d'autres choses..."]) ds GD III, 28a.

 

-

Embattre un marteau. "Fixer le manche à chaud"

 

Rem. Doc. 1406 (Nevers, pour avoir embatu le maillet fait pour batre les aguylles dudit pont de Loyre) dans GD III, 28a.

 

2.

"Battre des céréales"

 

Rem. Doc. 1378 (comme lesdiz Colin et Simonnet eussent esterny du blé en la grange dudit Raoulin et enbatu) ds GD III, 27b.

 

3.

[De la loutre] Embattre une région. "Parcourir (une région) ici à la recherche de nourriture" : Et est certain que il ne demeure mie longuement en un giste, pour ce que le païs ou il a esté en pasture est tantost batu [var. embatu], et va en autre lieu demeurer et peschier. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 94).

 

4.

"Précipiter, accélérer (le cours d'une maladie)" : ...il [le froid] embat soudainement aucune malle maladie (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 267).

 

5.

[Dans un contexte grivois] Embattre l'escu d'une femme : LE MOUNYER. J'aymeroys mieulx estre danné [que de parler au mari de la dame]. Alons faire le demené, Que je ambate vostre escu. (Gent. moun. T., c.1500, 376).

B. -

[D'un oiseau] S'embattre. "Battre des ailes" : ...oste donques le chaperon a ton faucon, et se il le veut et s'embat, si le lesse aler au debateis. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 195). Et se les perdriaux saillent et ton esprevier s'enbat, si le lesse aler se il saut de pres [l. prés] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 226). Et qui pis est, se l'esprevier est ainsi deux fois foulé, il craindra a y plus voler et ne s'embatra plus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 144).

III. -

[Synon. de ébattre II] "Se divertir, se distraire, passer le temps agréablement" : ...et soy jouver [var. jouer] et desduire et embattre en la cité de Romme (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 111).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 54/64 
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     ENTREBAT     
FEW I battuere
ENTREBAT, subst. masc.
[T-L : entrebat ; GDC : entrebat ; FEW I, 293b : battuere]

DRAP. "Lisière" : Que nul drap de la façon de Dijon s'ils ne portent chiefz ou entrebat, cellui à cui sera led. drap paiera l'amende de dix sols s'il coppe ledit chief ne fait le contraire. (Anc. corp. dijonn. C., 1435, 176).

REM. Doc. 1435 (Liège, que tous texheurs (...) soyent tenus faire une demee crois en le moyins de draps al entrebat) ds GD IX, 495c.

V. aussi entrebate
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 55/64 
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     ENTREBATTRE     
FEW I battuere
ENTREBATTRE, verbe
[T-L : entre- (entrebatre) ; GD : entrebatre ; GDC : entrebatre ; AND : entrebatre2 ; DÉCT : entrebatre ; FEW I, 293b : battuere ; TLF : VII, 1234 : entre- (entrebattre)]

I. -

Empl. pronom. "Se combattre l'un l'autre, les uns les autres, entre soi" : "...Mais je les faisoie entrebatre Et de grans collées debattre, Et les faisoie plaidoier, Et au debteur trestout nÿer." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 29). Et advint que en faisant ces choses sur la terre et en la jurisdicion des religieux de Saint Magloyre, un des diz religieux, passanz d'aventure par la rue et les vist entrebatanz, ou quel conflict et meslee le dit Georget qui lors estoit moult eschauffé jura de Dieu le villain serement, fist ycellui Georget pour ce mettre es prisons du dit Saint Magloyre, en adventure d'y souffrir et soustenir granz povretez et misaires, en tres grant deshonneur (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 650). ...se entretrouverent et corurent l'un à l'autre et se entrebatirent, en laquelle meslée ledit Colin fut navré (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1347, 290). Ainsi tous les jours s'entrebatent Et s'entre occient et abbatent, Puis en assault, puis en emblee Et puis en bataille assemblee, En escarmouche ou en agait. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 315). ...il fault qu'ilz [les Anglais] facent guerre [et desplaisir] a leurs voisins ou eulx meismes s'entrebatteroyent (JUV. URS., T. crest., c.1446, 101). ...et puis veirent a la lumiere grant nombre de esperis mauvais qui par samblant s'entrebatoient (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 117). ...se deux s'enterbatent ou chemim publique (JUV. URS., Verba, 1452, 382). Lors Guillaume Regnault et Alixandre s'entrebateront et puis cherra tout mort Alixandre a terre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 556). Ainsi, ce n'est pas à Paris ne en France seulement que on s'entrebat pour les biens et honneurs de ce monde. (COMM., I, 1489-1491, 54). Les grans seigneurs et les princes puissans S'entrebatront et deviendront meschans. (Cene dieux, c.1492, 121).

II. -

Empl. trans. "Faire claquer (les dents)" : Mainte ame là estant afflicte, nue et basse, Changeant toute couleur ses dentz entrebatoit, Quant de Charon ouyt la cruelle menasse. (Trad. fr. de Dante, éd. C. Casati, 1400-1500. In : Bibl. Éc. Chartes 25, 1863-1864, 312).
 

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 Article 56/64 
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     FORBATTRE     
FEW I battuere
FORBATTRE, verbe
[T-L : forbatre ; GD : forbatre ; FEW I, 293b : battuere]

"Battre, tourmenter, éreinter" : Le cuer au ventre me ferteille, Tant sont mes membres forbatus (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 125).

A. -

"Combattre (pour extirper)" : Tant plus vendront a vos devises Vos fais, tant plus devez fors batre [corr. forsbatre] En vous que n'y soient acquises Renommées par qui rabatre Se puist la joie dont l'emplastre Trait de vo cuer ; ce dont on froigne, C'est tristesse (Cent ball. R., c.1388-1396, 130).

B. -

"Clore, barrer"

 

Rem. Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 66/331 (fourbatre). Cf. aussi Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 679 (doc. 1295, fourbatut). Sur le caractère régional (Nord), cf. G. Roques, Rev. Ling. rom. 58, 1994, 273.
 

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 Article 57/64 
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     MAUBATTU     
*FEW I battuere
MAUBATTU, adj.
[*FEW I, 293b : battuere]

"Rude, raboteux" : Bien vic que c'estoit là endroit, Lés une petite sentelette, Maubattue et estroitelette (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 6).
 

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 Article 58/64 
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     POURDÉBATTRE     
*FEW I battuere
POURDEBATTRE, verbe
[*FEW I, 293a : battuere]

"Examiner à fond" : Trestout compte bien rabatu, Quant j'é ton fait pourdebatu, Je di tout haut : Ha ! [povre perdu, que fais tu ?] (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 10). [Seul ex.]
 

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 Article 59/64 
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     REBAT     
FEW I battuere
REBAT, subst. masc.
[T-L : rebat ; GD : rebat ; FEW I, 292b : battuere]

A. -

"Déduction, rabais"

 

Rem. Doc.1363 et 1371 ds GD VI, 636a.

B. -

"Fait de laisser voler à nouveau l'oiseau de proie" : ...ou l'en doit remuer et tourner son poing afin qu'il se debate autresfoiz, car au rebat les plumes reviennent a leur point. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150).

 

Rem. T-L VIII, 370. GD VI, 636a-b.

C. -

"Bord, corniche, chambranle" : A Robiert Le Fendeur pour 50 que bougis que rebas, parmy 8 d. le pieche, 33s. 4 d. (Comptes Mons P., t.1, 1333, 79).

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1396-1397, 1404 (9 rebas d'uysseries), 1412 et 1423 ds GD VI, 636b.

D. -

DRAP. "Malfaçon provenant du tissage" : ...doivent li peseur rewarder tous les dras et couvretures a pierche bien et loyalment, et vir s'il i a trache, double, rebat ne gieters encontre, plus d'un quartier de lonc. (Drap. Valenc. E., 1344, 286).

 

Rem. Cf. G. De Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.2, 1951, 165.
 

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 Article 60/64 
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     REBATTRE     
*FEW I battuere
REBATTRE, verbe
[T-L : rebatre ; GD : rebatre ; GDC : rebattre ; DÉCT : rebatre ; FEW I, 292b : battuere ; TLF : XIV, 472b : rebattre]

A. -

"Battre à nouveau"

 

1.

"Battre à nouveau (qqn ou qqc.)" : ...et toutesfoiz, combien que l'asne qui de sa nature est aucunesfoiz rebelle et batif, et par son maistre souvent batuz et rebatuz, pourtant ne lui tollist il pas sa prebende, car qui a l'asne sa prebende osteroit, le blef au moulin plus porter ne pourroit, ne serviroit plus a son maistre (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 529). Et se tu en veulx faire potage, sy y met pour chascune pincte de lait, les moyeulx de demy .IIIIon. d'oeufz, les germes ostez, tresbien batuz ensemble a par eulx, et puiz rebatuz avec du lait, et puis tout filé en la paelle, et puiz tresbien remue le lait qui bout. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 225). ...et fu rué jus de dessus sa mulle, et batu et rebatu, trayné par le milieu de la boe du regnel (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 217). ...et lors ledit suppliant, fort esmeu et courroucé que par despit de luy et desdictes paroles il vouloit rebatre sadicte femme en sa presence, print emprès lui ung batoer à bute qu'il trouva devant lui sur une huche, et de chaude colle frappa deux cops sur la teste dudit Mathelin (Doc. Poitou G., t.10, 1456-1464, 319).

 

-

En partic. "Forger de nouveau"

 

Rem. Doc.1404 ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 845.

 

.

"Marteler de nouveau (le marbre) pour le retailler"

 

Rem. Doc.1461 ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 845.

 

2.

[D'un oiseau] "Battre à nouveau des ailes" : L'oisel qu'il tenoit a son pié (...) a pou qu'il ne l'a afolé D'un ongle quant li a osté, Si a batu et rebatu Aval poing tant comme a peü. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 108).

B. -

[Idée de parcours]

 

1.

"Revenir sur ses pas, retourner" : C'est chou cose nouvelle k'on deuist bien abatre (...), K'en un jour puist-on dire deux messes, trois ou quatre, Et, tantost k'on a dit, en taviernes rebattre. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 377).

 

2.

"Parcourir longtemps, en tous sens" : Sy vint ad ce port XI gallees qui alloient et venoient rebatant ceste mer, bien par l'espace de XV jours. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 151).

C. -

Au fig.

 

1.

"Rabattre, retrancher" : Par Nostre Dame, c'est grant despit. Par Dieu, se je fu que le roy, je rebateroi tres bien leur orgueille et fumosité. (Man. lang. G., 1396, 8). ...mandement à nos diz tresoriers (...) que ilz facent satisfacion, tauxacion de gaiges ou proufis raisonnables à nos diz commis et à chascun d'eulx, et leur en facent faire paiement par nostre dit receveur ; lesquelz gaiges et profis voulons estre rebatuz de sa recepte, en rapportant lettres de tauxation de noz dis tresoriers et quictances des diz commis par ceulx à qui il appartendra (Doc. Poitou G., t.6, 1398, 324).

 

Rem. Doc.1346 ds GD VI, 636c.

 

2.

"Répéter" : Si trouve bien compté et rebatu que sa chouse ne va pas bien et est en grant soucy. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 60).

 

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 1637 (T-L VIII, 370).
 

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 Article 61/64 
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     REMBATTRE     
FEW I battuere
REMBATTRE, verbe
[T-L : rembatre ; GD : rembatre ; FEW I, 293a : battuere]

A. -

Empl. trans. "Garnir à nouveau les roues (d'un chariot) de bandes de fer" : À Jehan de Flandres, mareschal (...) pour avoir rembatues deux des charrioz de mondit seigneur, livré cent quarante neuf livres de cloux de bende pour iceulx charrioz (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 435).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. (Se) rembattre qq. part. "Retourner qq. part, y rentrer" : ...s'aucuns banis ou banie de le vile par anée ou anées simplement, se rembat, le terme de le banissure durant, dedens le banlieue, redoubler li doit on ses anées (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 84). Et est assavoir que, tantost que li prouvos u li mayres de le halle aront fait descouvrir en le manieres que deseure est dit, toutes manieres de gens deveront tantost issir huers des rues des drappiers, se che ne sont li markant de dehuers et de devens qui accater vorront, leur hoste, leur couletier u leur cler. Et ne si devera nuls rembatre jusques a dont que li orloges ara laissiet le sonner ; et qui autrement le feroit, il seroit a 2 s. a le halle. (Drap. Valenc. E., 1344, 307). ...or ne t'y rembaz mie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 781).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 54.

 

-

Se rembattre avec qqn. "Retourner chez qqn" : Bien entendi Berinus ce que son pere lui disoit et la courtoisie qu'il lui promettoit, si s'apensa un pou et advisa, et en pensant, il lui souvint de sa marrastre, si ot grant doubte et paour que, se il se rembatoit avecques elle, qu'elle ne le meïst a mort par aucun venin ou atouchement (Bérinus, I, c.1350-1370, 33).

C. -

Au fig. Rembattre qqn en. "Replonger qqn dans, rejeter dans" : Las ! Mon amy, se tu ne m'eusses faussee, je estoye gettee et exemptee de paine et de tourment, et eusse vescu le cours naturel comme femme naturelle, et feusse morte naturelement, et eu tous mes sacremens, et eusse esté ensevelie et enterree en l'eglise de Nostre Dame de Lusegnen, et eust on fait mon unniversaire bien et deuement. Or me r'as tu embatue en la penance obscure ou j'avoye long temps esté par ma mesaventure. Et ainsi la me fauldra porter et souffrir jusques au jour du jugement et par ta faulseté. (ARRAS, c.1392-1393, 256).

 

-

(Se) rembattre à/en. "Se replonger dans, se remettre à ou persister dans" : Amis, desoremais te tiens De pechier, ni t'y rembas plus Affin que ne soies tenus De tel mal dont je t'ay sané [Réf. à Jean 5, 14 ; éd. : Ne t'y rembas, "ne t'y laisse pas aller de nouveau"]. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 94). ...tel que je suis, si vous y rembatez plus, vous passerez par la. (C.N.N., c.1456-1467, 152). La .XXVe. euvangille Qui tient ung chat larron, et il est prins en present mesfait, l'en lui doibt frotter son museau a ce qu'il a dommagié, et par trois fois, et jamais plus ne s'i vouldra rembatre. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 138).
 

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 Article 62/64 
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     RESBATTRE     
FEW I battuere
RESBATTRE, verbe
[GD : resbatre ; FEW I, 293a : battuere]

"S'ébattre, se divertir" : Tant recheoit bien a son point ["elle marquait si bien la cadence (par son pas de danse)"] Que de miex dansant n'avoit point, Fors Lëonet, en tout l'esbat. Et la bregiere se resbat Moult tres gentement et sautele (Pastor. B., c.1422-1425, 58).
 

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     SURBATTRE     
FEW I battuere
SURBATTRE, verbe
[T-L (renvoi) : sorbatre ; GD : sorbatre ; FEW I, 293a : battuere]

Part. passé en empl. adj. "Atteint de fourbure" : Se li chevaux est sorbatus, si doit estre ferrés de chaut fer et de chaus clous deliez, et si le fetes ester en son fiens. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 380).
 

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 Article 64/64 
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     TRESBATTRE     
FEW I battuere
TRESBATTRE, verbe
[GD : tresbatre ; FEW I, 293a : battuere]

I. -

Empl. trans. "Battre"

 

Rem. FROISS. (éd. Kervyn) ds GD VIII, 46b-c [de la pluie].

II. -

Empl. intrans. [De l'eau qui s'échappe] "Battre violemment l'obstacle qui s'oppose à l'écoulement"

 

Rem. Doc. (Tournai) 1422 (tresbatre) et 1439 (tresbattent) ds GD VIII, 46b-c. Dans le queminee tresbatoit (doc. Tournai, 1449), le sens pourrait être "la cheminée refoulait (la fumée)".
 

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