"Délaisser, abandonner" : Ainsi force est que je delaisse [var. : adelesse] Tout beau semblant, toute leesse, Et que je bride ma jeunesse, Avant veillesse, Du frain de douleur et tristesse (Chev. dames M., c.1462-1477, 93).

REM. Doc. 1350 (Loiret) ds GD I, 96a.
 

A. -

"Temps accordé par qqn ou temps qu'on prend pour faire qqc."

1.

"Laps de temps accordé pour faire qqc." : Dieu me gard que je defende ou debate qu'il ne soit bon de grever et guerroyer ses ennemis et les combatre en lieu et en temps que on puisse trouver son avantage, et moult y a de vaillans chevaliers et d'escuiers en cestui royaume qui ne demanderoient pas plus grant eur que de soy y trouver pour faire leur devoir, mais en armes a il aussi bien sens pour attendre son bon et delay pour faire son preu en son avantaige comme il y a en marchandises ou en autres mendres affaires. (CHART., Q. inv., 1422, 34). Toutesfois aucuns avoient gecté leurs cuyrasses sur eulx, pour le bruyt qu'ilz avoient ouy au pavillon de monsr d'Alençon, et combattoient à eulx par ces trouz et à l'huys, qui fut totallement la saulveté de ces deux grans princes, car ce delay donna espace à plusieurs gens d'eulx armer et de saillir en rue. (COMM., I, 1489-1491, 155). Par quoy ledict prince de Tarante, appellé domp Federic d'Arragon, mal content des delaiz, et aussi ceulx de son conseil envoyèrent devers le roy ung officier d'armes bien entendu (COMM., II, 1489-1491, 118).

-

Demander/querre delai. "Réclamer un sursis" : Or vous diray ce qu'ils queroient, Einsi comme oy dire l'ay. Il ne queroient que delay, Et de la pais n'avoient cure, Qui depuis leur fu chose dure. (MACH., P. Alex., p.1369, 202). ...on ne devoit enteriner la requeste desdis de Bourbon jusques à ce que le procureur du Roy eust esté oy à plain, lequel avoit demandé delay pour avoir instruction et dire tout ce qu'il vouldroit sur ce que dit. (FAUQ., I, 1417-1420, 162). Soyent en present ou absens, Maintenant viennent tous sotz, sans Delay ne estat demander, Ne procureur pour eulx mander, Car ainsi me plaist estre faict, Ou aultrement de leur forfaict Les fairé griefvement pugnir (Roy sotz, c.1450-1500, 212).

-

Donner un delai à qqn de tel espace de temps : Mais, avant le partement desdictes gens de guerre d'aler oudit pays de Bretaigne, fut donné delay audit dudit duc de Bretaigne de dix jours entiers, qui faillirent le XVe jour de fevrier, pour donner au roy sa response de tout ce qu'il avoit intencion de faire et comment il se vouloit avecques lui gouverner. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 235).

.

Donner delai à qqn jusqu'à (une certaine date). "Accorder à qqn un sursis jusqu'à" : Ce jour, la Court a donné delay à l'evesque du Puy de bailler ses memoires à l'encontre du chapitre dudit Puy juques à la vegile de la Nativité Nostre Dame prouchainement venant (BAYE, I, 1400-1410, 43). Et pour ce leur avoit donné delay et surseance icellui cardinal dès aoust derrain passé jusques au Noël prouchain venant (BAYE, II, 1411-1417, 37). ...ledit cardinal a offert et donné delay et surseance jusques à Pasques prouchain aux dessusdiz de paier aucune chose dudit dixiesme (BAYE, II, 1411-1417, 37). Toutesfoiz ils appellèrent devant le roy en sa court de Parlement, esperant que cela pour le moins pourroit donner quelque delay à leur mort et que, ce pendant, leurs amys pourroyent ayder à saulver leurs vies. (COMM., II, 1489-1491, 201).

.

Donner delai (jusqu'à telle date) (à qqn) à/de + inf. "Accorder une prolongation, un sursis pour faire qqc." : Ce jour, la Court a donné delay à l'evesque du Puy de bailler ses memoires à l'encontre du chapitre dudit Puy juques à la vegile de la Nativité Nostre Dame prouchainement venant (BAYE, I, 1400-1410, 43). Cedit jour, a esté donné delay au receveur de Gisors de payer les gaiges de messeigneurs de ceans des moiz de juillet et d'aoust jusques à VIIJ jours avant la S.. Martin prouchainement venant, et à paier le moiz de septembre jusques à la S.. André ensuiant. (BAYE, I, 1400-1410, 73). La Court a donné delay à maistre Phelippe des Essars à demain venir ceans dire les causes de son opposition à l'encontre de maistre Raoul Le Sage (BAYE, I, 1400-1410, 279). ...ledit cardinal a offert et donné delay et surseance jusques à Pasques prouchain aux dessusdiz de paier aucune chose dudit dixiesme (BAYE, II, 1411-1417, 37). ...donnons et octroions de grace especial par ces presentes terme, souffrance et delay, de nous venir faire les foy et hommaige qu'elle est tenue de nous faire a cause des contés, baronnie et autres terres dessus dictes (Trés. Reth. L., t.3, 1416, 6). Oultre leur diz l'avoir aussi escript à monsr d'Orléans et de Bourbon, afin qu'ilz pourveüssent Ast : et le disoie, esperant que cella donneroit quelque delay d'aller devant Ast, car, s'ilz eussent esté aussi prestz comme ilz se ventoient et cuydoient, ilz l'eussent prins sans remede, car elle estoit et fut mal pourveüe d'une grant pièce après. (COMM., III, 1495-1498, 128).

-

"Temps que donne la nature, répit (avant que telle chose arrive)" : DEUXIESME SERGENT. (...) Ma main sens morte devenir : Perdue l'ay. PREMIER SERGENT. Après toy n'ay pas long delay. Les moies deus sens si mal estre... (Mir. st Panth., 1364, 353).

2.

"Temps qu'on se donne à soi-même"

-

Prendre un delai. "Prendre un certain temps (avant de faire telle chose)" : Les responces estoyent fort doulces, toutesfois prenant quelque delay avant respondre. (COMM., I, 1489-1491, 56).

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Prendre delai de tel espace de temps de + inf. : Pour ce .VI. jours pran de delay De respondre, et si escripray Ces choses a ung vray ami, Et me conseilleray par mi Et aultres pendent la journée, Afin qu'a vostre retournée Je vous puisse response rendre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 20).

3.

Loc.

-

Pour tous delais. "Sans autre prolongation du temps accordé pour faire qqc." : Et, pour ce, fu dit par ledit mons. le prevost, audit Honoré du Puis, prisonnier, qu'il envoïast querre sa lettre de tonsure, ou autrement en enseignast deuement comme il avoit eu ycelle dedens XV jours, lequel terme lui fu prefixé pour tous delais, ou sinon que l'en procederoit contre lui (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 75). ...et sera tenus ledit J. de Poiz de choisir l'un d'iceulx partages dedans le XVJe jour de juin prouchain venant pour tous delaiz et prefixions (BAYE, I, 1400-1410, 229). "Il me semble, dit le Maistre des arbalestriers, que dedans ung moys nous y serons ou jamaiz. Et pour ce nous sommes aujourd'uy au commencement du moys ou au moins nous n'en avons que deux jours ; sans nulle doubte nous serons à Luc à la fin de ce moys pour tous delayz." (BUEIL, I, 1461-1466, 174).

-

Sans delai. "Sans temps supplémentaire pour faire telle chose, sur le champ, sans attendre, immédiatement" : Saichiez, cil amfes se morra, Siconme l'autres sans deloy, Por ce que n'est pas a ma loy. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 223). Lors sans delay Je me levay et devers eaus alay (MACH., J. R. Beh., c.1340, 102). Vien t'en avec moy sanz delay (Mir. abbeesse, 1340, 65). LE CONTE. (...) Alez ! Revenez sanz delay Yci bonne erre. (Mir. enf. ress., 1353, 44). Li rois le fist tirer amont Sans delay, qui desira mont Li vëoir et parler a li. (MACH., C. ami, 1357, 44). Or vous vueil dire, sans delay, Pour quoy et comment fu occis Li roys des gens de son païs. (MACH., P. Alex., p.1369, 255). ...ledit seigneur mandoit à il qui deppose, ou au premier autre sergent d'armes qui sur ce seroit requis, que tantost et sans delay il excecutast par prinse de corps et explettacion de biens Heran du Port et Rose de Moustereuil (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 21). Si se departi tantos et sans delai de Bristo (FROISS., Chron. D., p.1400, 90). Droit à Tours en Touraine en fu menés li rois, Et la royne osi et leurs fieux sans délois. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 336). Ça, chancellier, vueilliez entendre D'escripre au juge sans dilay Tout ce que diviser vous ay (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 69). Va t'en corant, aste ton pié ! Donne luy boere sans delay ! (Pass. Auv., 1477, 221). PHEBUS. Vous avés ma sentence ouye, Saturnus, sans la reciter, Vous aussi, Mars et Jupiter, Je vous baille en commicion La mettre a execution Incontinent et sans delay. (Cene dieux, c.1492, 123). ...car si tost que le dict traicté fut publié, incontinent, sans aucun delay, ilz commencerent a lever leur camp (LA VIGNE, V.N., p.1495, 319).

B. -

P. ext. "Action de différer (une action, une entreprise), retard" : ...et de rescripre au regent les refus ou delais que la Court avoit fait ou feroit sur ce que dit est (FAUQ., II, 1421-1430, 202).

-

Au moins de delai que possible. "Le plus rapidement possible" : Mais quoy que soit, ou du consentir ou reffuser, sur toutes choses soit au moins de delay que faire se porra (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13).

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Mettre un delai sur qqc. "Différer, retarder qqc." : ...afin que ledit cardinal ne voulsist sur ce mettre ou souffrir estre mis aucun destourbier, delay ou empeschement. (FAUQ., I, 1417-1420, 113).

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Mettre/tenir qqc. en delai (jusqu'à telle date). "Différer, retarder qqc., remettre qqc. (à une autre date)" : ...nous avons mis la chose en delay jusques à l'Ascencion prochaine venant (Hist. dr. munic. E., t.3, 1368, 409). Et, pour ce, avoit esté deliberé en la Court de faire ce jour prononcier aucuns arrests et publier lesdictes lettres et ordonnances, dont n'en fust rien fait, mais fu la chose mise en delay (FAUQ., I, 1417-1420, 112). ...le procureur du Roy aperceu que on vouloit mettre en delay la publicacion desdictes lettres ou ordonnances (FAUQ., I, 1417-1420, 113). Il nous destruit, il nous essille : Il pert, il confont nostre loy. Ne metton la chose en delay. (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 92). Dont, pour non mectre la chose plus en delay, aussi tost que la royne vist le maistre d'ostel devant le roy, elle l'en fist souvenant. (LA SALE, J.S., 1456, 66). Et pour ce avoit et a obtenues les dites lettres de respit dont il requeroit l'enterinement ; aussi que l'execucion de certaine obligation par laquelle il estoit obligé envers la dite deffenderesse fust tenu en surceance et delay jusques a ung an (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 71). ...il pria au chancelier qui là estoit, qu'il luy plust mettre la chose en délai jusques au lendemain. (Faits Lalaing K., c.1470, 75).

.

Empl. abs. "Attendre, perdre du temps" : Sire, ne mettez en delay Puis qu'esleu estes evesque, Alons men a vostre arcevesque Qui vous armera de touz poins... (Mir. ev. arced., c.1341, 126).

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Ne pas mettre en delai que + subj. "Ne pas tarder à" : ...de par moy li diras Qu'il ne mette pas en delay Que ci ne viengne (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 251).

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Ne pas faire long delai. "Ne pas différer (une action), ne pas attendre, agir tout de suite" : Or ne faites pas long delay, M'amie chiére. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 223). Là fist Hanris de Gibelet Le pieur cop et le plus let, Car trop durement le haoit Pour ses enfans que pris avoit, Einsi com devant conté l'ay, Si qu'il ne fist pas lonc delay ; Einsois la teste li fendi, Si que la cervelle espandi. (MACH., P. Alex., p.1369, 270).

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Ne faire nul delai à + inf. : Si ne firent nul delay a assembler ne a geter lés les javelos ne a prendre les glaives, car aussi comme se l'en leur en eust fait signe il geterent les javelos et mistrent les glaives es mainz et s'en coururent contre les ennemis. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 13.2, 22).

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Prendre delai. "Prendre du retard" : ...afin que la punition dudit cas ne prist delay et defaut de justice pour ladicte altercation (BAYE, I, 1400-1410, 54). ...et soient seellées, expediées, publiées et executées le plus tost que bonnement faire se pourra, sans autre delay prendre pour quelconques occasions. (FAUQ., I, 1417-1420, 110).

-

Sans faire/mettre/prendre delai (à qqc.) : NOSTRE DAME. Gabriel, sanz nul delay mettre, Pren Michiel en ta compagnie. (Mir. femme roy Port., c.1342, 195). N'i a nul qui ne soit vassal, Ne sans plus faire de delay Tous ensemble par grant desray Se vont partir estoutement. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 242). Sy fut moult bien et joyeusement reçu, et ladite dame tenant secré ce que mandé lui estoit, se disposa à l'accomplir sans délay y prendre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 322). Mais, avant le partement desdictes gens de guerre d'aler oudit pays de Bretaigne, fut donné delay audit dudit duc de Bretaigne de dix jours entiers, qui faillirent le XVe jour de fevrier, pour donner au roy sa response de tout ce qu'il avoit intencion de faire et comment il se vouloit avecques lui gouverner. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 235).
 

"Remise à plus tard" : Dou virelai lors plus ne fis ; Dont je crois que je me mesfis, Car encor y deuïst avoir Dou mains un vier, au dire voir. Mais quant accompagniet on est Avoec les gens, tels fois il nest Aucun parler ou aucun compte Et que son penser on delaie. Ce me fist faire le delaie [var. la delaie] Dou virelai, que n'en fis plus (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 121).
 

"Retard, délai" : Nous mandons a chascun de vous, A tous les seigneurs proprement, Sans point faire delaiement Qu'ilz facent les dieux honnourer (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 129). Lors faisoient il plus legieres batailles par genz de cheval plus que de pié, assez perilleuses a l'une partie et a l'autre. Si estoit ainsi que li Romain ne faisoient force des aventures ne du delaiement de la bataille (BERS., I, 9, c.1354-1359, 27.5, 50). Cochet, delivrer s'en convient : Le delaiement n'y vault nient. (Mir. femme, 1368, 211). Et si l'octroy n'y estoit tout parfait, comme bien à deux ne la pouvoit-on promettre, sy estoient les délayemens si honorables et de raison colorées, que, en rapport faire aux renvoyeurs, pouvoient estre acceptables et pris en gré (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 429).

-

Sans (nul) delaiement. "Sans retard, au plus vite" : En l'eure sanz delaiement Seront pendues. (Mir. pape, 1346, 396). A la fuyte c'est mis sans nul delayement (Tristan Nant. S., c.1350, 200). J'ay en convent amours a lui mon cuer se rent, Que g'iray avec vous sans nul delayement. (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 115). Quant Ganelon l'ouÿ, merci leur [va] priant, [Qu'on] lui hasta sa mort sans nul delaiemant. (Galien D.B., c.1400-1500, 148). Sepulture a tresbien gaignie De y donner honnestement, Et, pour ce, sans dylaiement L'enseveliray de mes mains. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 187). A Fromon est venuz sans nul delaiement (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 391).
 

"Celui qui remet, qui retarde qqc."

REM. Doc. 1432 (Nevers, delayeus) ds GD II, 479c.
 

A. -

"Cession d'un bien" : Amours ses les, Ses testamens et ses delés, Ne fait mie de chappelés ; Qui ne le scet, essaie les. (CHART., L. Dames, 1416, 246). ...se ledit Guiot ou ses hoirs bailloient par transport de vendicion, delaiz ou louage ladicte maison... (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1419-1449, 115).

B. -

"Fait de délaisser qqn"

-

Mettre qqn en delais. "Mettre qqn à l'écart" : ...Et j'estoie devant de tous mis en delais : Nulx ne c'estoit vers my ne aprouchié ne trais (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 461).

V. aussi delaissance, delaissement
 

A. -

"Fait de céder, de vendre (un bien)"

Rem. Doc. 1337 et 1373 ds GD II, 480a.

B. -

"Fait de renoncer à qqc. (en partic. au péché)" : Si peut prendre bon exemplaire Qui veult perseverance faire, Au procès de saint Alexi, Qui si bien la soue texi Qu'a touz deliz qu'il pouoit prendre Il ne voult unques la main tendre Puis la delessance premiere. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 105). Foy est que par repentance De ses pechiez et delessance Et par vraie confession Et digne satisfacion De touz pechez pardon l'en ait (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., App., p.1358, 376).

V. aussi delais, delaissement
 

A. -

"Fait d'abandonner, de céder (un bien, un droit)" : ...et confessa pardevant nous en droit lui avoir donné et, par nom et tiltre de pur et vray don fait entre vifs sanz esperance de jamais rappeller, quittié, cessié, ottroyé, mis, transporté et du tout en tout delaissié, desmaintenant a touz jours, a religieuses personnes et honnestes le couvent de l'abbaye de Saint Magloire de la grant rue Saint Denys (...). Et pour soy dessaisir dou don, transport et delaissement dessus dit, et pour en faire saisir et mettre en possession et saisine yceulx religieux... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 164). [Autres ex. p.312 (1365) et p.553 (1386).] ...nous, ayans agreables le don et octroy faiz par nostre dit oncle au dit Morinot, par les lettres dessus transcriptes, avecques toutes les choses contenues en ycelles, et le transport de delaissement par ycellui Morinot depuiz faiz à nostre dit conseiller (Doc. Poitou G., t.5, 1386, 320). ...le roy de France vouldra faire les renunciacions et delaissemens desdites souverainnetés (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 210). ...nostre plaisir est que nostredit conseillier et chambellain joysse paisiblement et entierement de nosdiz don, cession, transport et delaissement (Lettres Louis XI, V., t.8, 1480, 180).

B. -

"Fait de cesser qqc., de mettre fin à qqc." : Et se ce vient a besongner aprez tel delaissement de exercite ilz seront lasches et meschans, et a paine n'est pas possible que quant ilz seront ainsi oyseulx que ilz ne facent quelque mal (JUV. URS., Verba, 1452, 263).

V. aussi delais, delaissance
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Idée de séparation spatiale]

1.

Délaisser qqc. "Quitter, abandonner (un lieu, un bien foncier...)" : ...tout son avoir terrien Veult delaissier ce chevalier Pour devenir moine cloistrier (Mir. nonne, 1345, 350). ...au temps que par le feu roi Jehan le pays de Limosin fu baillié et livré aus Engleiz, le pere de lui qui parle se tourna et print le parti du roy de France, et delaissa tout ce qu'il avoit oudit pays de Limosin tenu en la subjection desdiz Engleiz. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 185). Se tu fais paix, il te fault delaissier une partie de ce que as conquesté, et mesment Paris, et si te fauldroit renuncer a la noble couronne de France (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 219). Et quant est du peuple des frontieres qui ont eu si vaillant courage de resister a voz ennemis, toute bonne voulenté et bon courage leur fault, et s'en vont en pais estranges et delaissent les villes. (JUV. URS., Loquar, 1440, 404). Autrement donc, quant bise vente, Chascun delairroit sa maison Et s'en yroit veoir sa belle ante (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 143). ...ung frere religieux delaissa son monastere et s'en retourna au siecle (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 156).

2.

Delaisser qqn/un animal

a)

"Abandonner, quitter qqn" : A che s'acorde le dit de Ecclesiastique ou .IXe. chapitre : Ne delaisse pas ton anchien ami, le nouveau ne sera pas samblable a lui. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 268). Ainsi mourront en indigence, Povres, chetis et maleureux, Par l'orgueil et le pechié d'eulx ; De tous biens les despouilleray Et a tousjours les delairay (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 273). S'aucuns scevent ou dancer ou chanter, Il [l'amant] les vouldra acointer et hanter Et les chetifs delaisser et planter. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 168). Je cuide forment, et le croy, Que là sault bonne charité Quant aucuns pour mortalité Délaissent leurs prouchains parens En grans périlz et apparens, Et s'enfuient d'avecques eulx Comme couars, non comme preux (LA HAYE, P. peste, 1426, 76). Les povres tousjours trouverez ; Et moy pour tant delaisserez. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 36). [Citation biblique, Jean 12, 8 : Vous avez toujours les pauvres parmi vous ; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.] Helas, mes seurs, a vous me rens. Je suis la pouvre desoulee, Deslaissee de toutes gens ! (Pass. Auv., 1477, 264).

-

En partic. Delaisser (une épouse, une concubine) : ...elle s'accointa d'un nommé Guïot de Lisle, lequel gouverna elle qui parle, et quist ses neccessitez de boire et de mengier, chauffer et vestir, et aussi de lui livrer maison et mesnaige, par l'espace de IIIJ ans ou plus. Et pour ce que icellui de Lisle delessa elle qui parle par aucun temps, elle fist son ami ledit Hennequin de Ruilly, son mary (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 316). ...[le] marquis, qui a sa femme devise Prent autre pour toy [Griseldis] delaissier. (Gris., 1395, 86). Et lui commande qu'il me garde Saine et malade, sans laissier, Ne pour autre me delaissier (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 38). Aprés pluseurs tournoiemens faiz en la mer, elle avec Jason vint en Thesalie. Jason finablement delaissa Medea et prist Creusa fille de Creon roy de Corinthe. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 127). Tort aroies, quoy qu'autrement soustiengne, De moy ainsi delaissier sans raison. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 113). Pour autre suis delaissiee, Dont durement suis bleciée. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 129). Oudit moys de may, le duc de Calabre, nepveu du roi de Secile et de Jherusalem, à qui le roy avoit fait tant de honneur de lui donner sa fille ainsnée en femme et espouse, s'en ala hors de sa duchié de Lorraine, pardevers ledit duc de Bourgongne, pour traicter d'avoir et espouser sa fille, en delaissant, en ce faisant, ladicte fille du roy, sa femme, qui fut chose moult estrange à lui de ainsi faulser sa foy (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 265).

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[Au moment de la mort] "Laisser derrière soi (une femme, un enfant, un héritier...)" : De la leesse du temps present et a venir est dit en Ecclesiastique ou .XXXe. chapitre : "En sa vie le pere a veü son filz enseignié et s'est esjoïs en lui", vechi du present ; "et en son trespas n'a prins tritresse, ne confusion n'a eu devant ses ennemis. Il a delaissié ung deffenseur pour sa maison contre les ennemis, rendant grasse a ses amis", vechy du temps a venir. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 161). ...senz hoirs de son corps (...) ...delaissiéz hoirs de son corps (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1410, 521). Item, est assavoir que Loys, duc d'Orléans, defunct, avoit espousée la fille de Galéas, duc de Milan, qui estoit sa cousine germaine, de laquelle il délaissa trois filz (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 167). Et assez tost aprés ala de vie a trespassement Loys dit hutin, delaissee sa femme grosse, et fut Phelippe son frere gouverneur du royaulme (JUV. URS., T. crest., c.1446, 18). Et notéz que ledit roy delaissa plusieurs enfens filx et fillies, et en especial il laissa deux fils (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1461, 39). ...mon dit seigneur, le duc Phelippe, morust sans delaissier hoir de sa char (Hist. dr. munic. E., t.1, 1482,,, 10).

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[De Dieu] "Retirer sa protection à qqn, abandonner qqn, laisser qqn démuni" : Je, certes, Sire, n'espoir rien en moy, mes en toy, et, se ne fust l'esperance que j'ay en toi, je me fusse perdu, piece a, mais je pense que tu ne delaisses pas ceuls qui esperent en toy. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 66). Le sens me fault avecquez la parolle, et plus n'y voy, fors que Dieu a les François delaissiez et oubliez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 15). Sy Dieu n'eust delaissé ledict duc, il n'est pas apparent que il se fust mis en peril pour si peu de chose, veües les offres qui luy avoyent esté faictes (COMM., II, 1489-1491, 105).

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Delaisser qqn es mains de qqn. "Abandonner, livrer qqn à qqn" : Ainsi n'est pas, car sans aide ne secours je suis delaissié es mains des ravisseurs comme la proye des autres qui me contraignent a crier a Dieu venjance contre eulx de l'importable et dure affliction qu'ilz me donnent. (CHART., Q. inv., 1422, 24).

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(Estre) delaissé à qqc. "Être abandonné à qqc., être laissé seul avec qqc." : Ainssi «le filz lasche», c'est a dire laschement ou nichement discipliné ou du tout delaissé a sa propre volenté, «eschapera», c'est a dire qu'il yra hors de la voie de justiche, tresbuschant de pechié en pechié et finablement de pechié en Enfer. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 186). Autrement, comme on list en Proverbes : «Chilz qui est delaissié a sa propre volenté confondera sa mere». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 214).

b)

[D'un animal] "Abandonner (qqn ou un autre animal)" : ...le corbeau, après qu'il a pullullé et que les petis corbins sont nez, voyant qu'ilz ne sont pas semblables à lui (car ilz ne sont pas encores revestus de leurs pennes ne n'ont nulle coulleur noire comme luy ;) doubtant qu'ilz ne soient procedez d'autre oyseau que de soy, les delaisse et habandonne jusques au huitiesme jour et n'ont autre subtentacion ou nourriture que de l'air. (BUEIL, I, 1461-1466, 58). Pour lequel le lyon comme domesticque sieui le duc et oncques ne le delaissa en toute sa vie. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 256).

c)

[D'une chose] : Et qui laisse la congnoissance de Dieu et de son office, pour suyvre comme les bestes mues ses seulx delitz, grace et seurté le delessent, et paine, honte et misere le poursuivent jusquez en vergonneuse fin. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 75).

B. -

[Idée d'arrêt, de rupture dans le temps]

1.

[D'une pers.]

-

"Quitter (un état, une activité, une situation)" : ...pour eslire ung conseillier lay en ladicte Court, ou lieu de maistre Jehan du Noyer, qui avoit delaissié et resigné son office de conseillier lay es mains de monsegneur le Chancelier (FAUQ., I, 1417-1420, 200). Ce jour, Giles Lesguisié a choisy l'office de garde et chancelier des foires de Brie et de Champaigne, et y a esté receu et fait le serement acoustumé, après ce qu'il a delaissié l'office de l'election de Lengres. (FAUQ., II, 1421-1430, 180). Et pour ce que homme ne peult eslever son jugement oultre le povoir de humaine science, se fist homme, et en voulant exalter humanité humilia sa deité, et print char humaine sans delesser eternelle divinité, affin que en vertu de Dieu humain homme fut fait divin, et que celui qui divinement se fist homme peust estre congneu Dieu humainement (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 116). ...et dès lors le Roy, pour les plus astraindre et pour les faire entendre et vaquer plus diligemment en ses causes et besoingnes, volt et ordena qu'ilz delaissassent et dès lors delaisserent tous autres gaiges, toutes autres pensions et pratiques (FAUQ., III, 1431-1435, 38). Quant le pere le sceut il delaissa l'abbit de religieux et print ses armes (JUV. URS., Verba, 1452, 295). Mais ceux qui delaissent leur voccacion [le métier militaire] et qui vont à la cour passer leur temps en oysiveté, sans besoing qu'il en soit, ne sans sçavoir à quel propos ilz y vont, les seigneurs dient, quant ilz les voyent : "Veez-là tel ; je le congnois bien ; je l'ay autrefois veu." (BUEIL, I, 1461-1466, 42). L'ERMITE. O Dieu, je seroyes appostat Se je delaissoyes mon habit. (Sots gard., a.1488, 101). Le pape et le duc de Milan escripvoient souvent contre ledit frère, asseürant les Florentins de leur faire rendre ledit Pise et autres places, en delaissant l'amytié du roy, et qu'ilz prinsent ledit frère Jheronime et qu'ilz en feïssent pugnition. (COMM., III, 1495-1498, 310).

-

Empl. pronom. à sens passif : Apprenez a cognoistre vostre infelicité par les fortunes eureuses de voz ennemis, et vous souviengne que les glaces d'yver, ne la diminucion du vivre, la pestillence des maladies contagieuses ne le long travail des armes vestir et porter nuit et jour, ne leur cassent leurs fortes entreprises, ne ilz n'en laissent sieges a mectre, ne champs a tenir, et tous voz faiz se delaissent pour chacune legiere ochoison ou particuliere voulenté. (CHART., Q. inv., 1422, 16).

2.

[D'un mal] "Laisser qqn tranquille, ne plus importuner qqn" : ...et encore ne me vuelt delaissier cest mal, Sire, si est la delectation de la char, tempeste de luxure (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 36). Le mal qu'il porte trop le blesse. Se vous ne le voullez aider, Il ne sçaura qui accoincter Affin que son mal le delaisse. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 267). Triste pencer me mayne en lesse, Rigueur trop me prend en sursault, Desespoir poinct ne me delaisse, Deul cruel vivement m'assault (LA VIGNE, S.M., 1496, 569).

3.

[D'une chose]

-

"Cesser" : Ainssi öent tuit li baron(,) Celle vois si [l. qui] se complengnoit [;] Tous li mondes s'esmervelloit. Atant la vois se delessa, Et a parler si commensa La Damoiselle au Porc-Espi (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 315). [Les corrections sont de Rechnitz]

-

"Cesser (de prospérer)" : J'ay du dieu Mars, en guerre souverain, Tout le pouoir ; de Ceres la deesse, Du dieu Bachus, vin, fleur, becuit et grain (...). Cause ne sçay se mon fait se delesse : Contre les vens ne puet nulz de la mer. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 81).

C. -

[Idée de séparation et de mise à disposition] Delaisser qqc. à qqn. "Céder, abandonner qqc. (un bien) à qqn" : ...j'ottroy (...) qu'aussi vous tout quittement Vostre terre me delaissiez Se ce fait ci n'acomplissez (Mir. Oton, c.1370, 342). ...comme Morinot de Tourzel, escuier, seigneur d'Alegre, depuiz le don et octroy à lui fait par les lettes dessus transcriptes, ait cedé, transporté et delaissié à nostre amé et feal conseiller Simon de Cramaut, à present evesque de Poitiers et chancellier de nostre dit oncle, par certain traictié et accort faiz entre eulz, les maisons, terres, cens (Doc. Poitou G., t.5, 1386, 319). Tout lequel chastel, ensamble tous les biens qui dedens estoient, il qui parle delaissa audit conte, pour l'onneur de lui, parmy la somme de IIIJm frans en or comptant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 205). Ains mourray quant mourir devray, De joie nue, Sans estre a Fortune tenue N'a Amours, qui d'une venue Pas une esperance menue Ne me delaissent, Car en toute douleur me laissent, Dont leur pris grandement abaissent, Car du premier desir me paissent Tousjours autel. (CHART., L. Dames, 1416, 229). Item ung mémorial ennexe ès plaiz d'éritages de Rouen, (...) faisant mencion comme led. Bateur avoit délaissié par boursse de lignage aud. Guillaume Lalement icelles X l. de rente, mises en ung sac. (Invent. test. Surreau Foville F., 1435, 132-133). Item, sera tenu le roy de augmenter la seigneurie dudit duc et de ses hoirs, soit masles ou fumelles, et lui délaissier le pays de Masconnoys et de Saint Gengon, avec toutes leurs appartenances, tant fiefz, arrière-fiefz, patronnages, confiscacions, comme autrement ; l'ommage seullement au roy réservé, que ledit duc sera tenu faire en parrye. (Doc. 1450. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1 c.1437-1464, 196-197). Au savetier [je laisse] mes soulliers vieulx, Et au freppier mes habitz tieulx Que quant du tout je les delesse ; Pour mains qu'ilz ne cousterent neufz Charitablement je leur lesse. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 26). ...et combien que il eut confisqué corps et biens, toutevoye Jullius Cesar delaissa a la femme et aux enffans tous les biens meubles et immeubles de Cathon. (JUV. URS., Exort., 1458, 414). ...avons donné et cedé, transporté et delaissé à nos cousin et cousine (...) nos contés et seigneuries de Roussillon et de Sardaigne (Lettres Louis XI, V., t.2, 1461-1465, 131). ...duquel rachat de la part de mondit seigneur de Bourgoingne seront baillées lettres bonnes et soufisans, par lesquelles il promectra, pour lui et les siens, que toutes et quanteffois qu'il plaira au Roy ou aux siens faire ledit rachat, mondit seigneur de Bourgoingne et les siens seront tenuz, en recevant ladicte somme d'or, de rendre et delaissier au Roy ou aux siens toutes lesdictes citez, villes, forteresses, terres et seigneuries comprinses en ce present article tant seullement, et sans toucher aux autres dont dessus est faicte mencion. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 225). ...nous avons (...) baillé en fief et infeodacion perpetuelle, donné, ceddé, transporté et delaissé à (...) cousin le viconte de Nerbonne la conté de Pardriac (Lettres Louis XI, V., t.6, 1475-1478, 271). Et veulent dire aucuns qu'il en fut prins dix mil escus pour faire consentir ledit seigneur Charles à delesser la conté de Poitou, laquelle le roy estoit content de luy delesser par avant ledit appointement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 219).

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Delaisser qqc. en la main de qqn/d'une collectivité : ...delessant couronne et sceptre et possession en la main de fortune (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 137). ...il sera tenu de soustenir et maintenir ladicte loge de ce qu'il y faudra pour son usaige durant ledit temps et, où cas qu'il y faudrait faire guet ou garde par temps de guerre ou autrement, ledit Hermen sera tenu de la delaissier en la main de ladicte ville (Comptes Paris M., t.2, 1457-1489, 35).

-

"Céder (sa place) à qqn" : Et puisq'ainsi est, en bon eur A ton autre espeuse mon lieu Delaisse d'humble cuer, et Dieu Vueille que viegne a tresbonne heure En ce lieu ou j'ay ma demeure Eu tresjoyeuse par longtemps (Gris., 1395, 82).

-

Delaisser une chose abstr. à qqn. : ...Ains mourray quant mourir devray, De joie nue, Sans estre a Fortune tenue N'a Amours, qui d'une venue Pas une esperance menue Ne me delaissent, Car en toute douleur me laissent, Dont leur pris grandement abaissent, Car du premier desir me paissent Tousjours autel. (CHART., L. Dames, 1416, 229). Et, pour ce que trop longue chose seroit de reciter et racompter les beaulx faiz de ce bon roy, je delesse le surplus à ceulx qui font les Cronicques de France. (BUEIL, I, 1461-1466, 31). ...Et puis, aprés recommandacion, Je delairay, a mon tresgrant honneur, A jennes gens qui sont en leur verdeur Tous fais d'Amours par resignacion. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 105).

D. -

Au fig. [Idée de renonciation, de distance prise]

1.

Delaisser qqc.

a)

Renoncer à qqc. : Pour quelque peine que j'endure, D'amour ne delairay le train, Car qui des armes prend la cure, Grand maladie se procure (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 626).

-

[à qqc. de négatif ou considéré comme tel] : Tant com plus s'est glorifïee Et esjoïe en ses delices Et ne voult delaisser ses vices, Tant plor et tourment li donnez. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 100). Je fas morir ceulx que j'oy dire Qui delaissent la loy paienne Pour tenir la loy crestienne. (Mir. emp. Julien, 1351, 175). Aprés il monstre quelles doubtes sont a delaissier et quelles a poursuir en ceste matiere. (ORESME, E.A.C., c.1370, 415). Presente suis [Notre Dame], je te viens faire aie ; Mais il te fault mon filz, ton Dieu, amer Et delaissier t'erreur et ta folie Et ce monde qui te fait tourmenter (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 259). Il fault que je cesse De dicter et de rimoyer, Et que j'abandonne et delaisse Le rire pour le lermoyer. (CHART., B. Dame, 1424, 332). Se chascun eust mené la vie Qui de droit luy est establie, Sans prendre sentier n'entrevoye, On eust delaissé toute envye Qui est celle que Dieu mauldie Par qui le monde se devoye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 67). ...comme tu dois excerciter a vertu acquerir par frequentacion et excercite de bonnes operacions, comme tu te acoustumeras a bien faire en delaissant toutes tes mauuaises inclinacions. (CIB., p.1451, 187). ...tu incites les courages a vertu en delaissant les vices. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 83). MARS. Les dieux ne rendez point contens Si vous ne delaisez voz vices. (Cene dieux, c.1492, 135).

-

Empl. abs.

.

Le pouvoir de faire et de delaisser. "Le pouvoir de faire et de renoncer (à faire)" : ...leur fit dire qu'il estoit prince de justice, douté et cremu de ses gens et de qui le dit donnoit la mort au trèspassant (...), pareillement les vouloit asseurer aussi de sa part que passant parmy et logeant ne leur souffreroit mesfaire, mais en vouloit avoir la maistrie toutevoies et le pouvoir de faire et de délaisser. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 137).

-

(Se) delaisser de qqc. "Renoncer à qqc." : Si te parleray des pechiés, Afin que ceulz qui entechiés En sont s'en veullent delaissier Pour estre meilleur fauconnier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 94). Ou il fault que vous le faciez, Ou il fault que vous delaissiez De vostre estat trop malement. (Mir. chan., c.1361, 151). Mais, pour mesdisans destourber De parler sus vostre jeunesse, Il fault que souvent m'en delaisse [de regarder votre beauté] Combien que ne m'en puis garder. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 224). ...se ilz [les Anglais] se delaissent du droit qu'ilz pretendent a avoir (...) tant plus leur doit on laisser de partie du royaulme (JUV. URS., T. crest., c.1446, 62).

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[Le compl. est un inf. subst.] : Si n'estoit pas cose pour le roi d'Engleterre et les Englois legiere a esclarcir, car jamais li rois Phelippes, pour lors paroles, demandes ne manaces, ne s'en delairoit dou non tenir et remetre arriere (FROISS., Chron. D., p.1400, 235).

-

Ne point se delaisser que + subj. "Ne pas renoncer à, n'avoir de cesse que" : Chil troi jour se passerent sans paix et sans acord, car li rois d'Engleterre tenoit toutdis son opinion et metoit en termes que point ne se delairoit que il ne fust sires de Calais, et li rois de France voloit que elle li demorast. (FROISS., Chron. D., p.1400, 833).

b)

"Négliger qqn/qqc., ne pas se soucier de qqn/qqc., ne pas prendre en considération qqn/qqc." : Assez le peut on noter et prendre exemple du roy Roboan, qui, pour les oppressions de son peuple qu'il ne voult amendrir ne cesser en delaissant le conseil des saiges anciens et ensuivant la sote oppinion des jounes et non saichans, perdy de sa seigneurie dix lignies et demie. (CHART., Q. inv., 1422, 23). A tant me deporte de ce propos fors que je adjouste ceste conclusion que loial subgiet ne doit pour le prouffit de la guerre en delaissier l'onneur. (CHART., Q. inv., 1422, 52). Si ses erreurs [de Jean-Baptiste] sont ainsi delaissees, Noz loix seront adnullees et casses Et n'aurons plus autorité ne voix. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 15).

-

Empl. pronom. à sens passif : ...lors ne se doit la chose publique delaisser, quant l'infortune d'icelle la rent plus besongneuse de bon secours, car, comme en nous redonde le bien de la prosperité publique, aussi devons nous les infortunes de son adversité aider a soustenir et non lui defaillir de fait ne de couraige en necessité. (CHART., Q. inv., 1422, 48).

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[Idée de pardonner]

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Delaisser qqn. "Ne pas attacher d'importance (aux erreurs de qqn), pardonner à qqn" : Je doy bien estre tenu pour excusé et delaissié pour si chetif que je suis, sans adjouster a ma misere blasme ou reproche, car douleur et mesaise me chacent a la mort si durement que je seiche sur le pié sans attente de mieulx (CHART., Q. inv., 1422, 24).

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[De Dieu] Delaisser une faute. "Ne pas tenir compte d'une faute, pardonner une faute" : La misericorde de Dieu apert par les effects des benefices de Dieu, car il pardonne aux coulpables en delaissant la coulpe du mesfait et les paines qui s'ensieuvent au pechiet (Somme abr., c.1477-1481, 179).

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"Laisser de côté qqc, cesser de mentionner, passer sous silence qqc." : Or je delesse Celle raison et viens a la lëesce, Ayse de cuer et haultaine richesce Que un amant puet avoir de sa maistresse Si largement (CHART., D. Fort., 1412-1413, 166). Mais je me tais De tout mon fait, et le delesse en paix. S'il m'est mal pris, autres n'en pevent mais ; En ce qu'est fait n'a remede jamais. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 181). ...et plusieurs autres paroles, délaissées pour cause de briesté (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 110). Et luy dit Paulin plusieurs aultres choses que pour le present je delaisse. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 87). Des roys d'armes, des heraulz, poursuivans, trompectes, clarons et menestriers de divers instrumens qui devant eulz aloient, que je delaisse pour abregier. (LA SALE, J.S., 1456, 164). Et j'ay recité ceste exemple par manière d'un incident ; si le vueil delesser pour le present et retourner en ma principalle matière (BUEIL, I, 1461-1466, 31).

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Se delaisser de qqc. : Desquelles choses je me vueil delaissier, pour revenir a l'estrantegement que dist Vallerius, disant : nostre grant dieu Juppiter fust aussy propice aux saiges et soubtilz conseilz de noz tresvaillans ducz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46). Et tout ce ne est que par faute de leur [ dire ] verité, ainssy que dit est, et comme se treuve en pluiseurs ystoires de maintes seignouries perdues par ce deffault, desquelles l'escripre seroit trop long. Sy m'en delaisse, fors aucum peu de ce premier roy Charles, frere de monseigneur saint Loys de France, dont ses cronicques font tant de glorieuses mencions (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 164). De laquelle chose, pour abregier, je me delaisse pour revenir a la cronicque, qui dist que, par deliberacion de sainte esglise et de Pappe Martin CINCQme, au Chastel Neuf de Napples, madicte dame la royne Jehanne seconde fust couronnee et investie dudit royaume, en l'an de Nostre Seigneur mil IIIIc et XIX, et le dimence XXIXe jour d'octobre (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 194).

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Delaisser que + sub. "Négliger de" : Tu as bien dist, je veul qu'elle soit baptissie Et tez fiex ausy ; ne le delesse mie Que demain ne reviengnez ici sans compaignie (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 138).

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Inf. subst. [À propos de la conduite d'un mari envers sa femme vieillissante] "Fait de négliger sexuellement (une femme)" : LA DAME. (...) Conment que je n'aie encore age Du delaissier pour ma veillesce (...) Je vous ay voué, fleur de lis, Que jamais de ma char delis Ne sera en vostre honneur fais. (Mir. enf. diable, c.1339, 3).

2.

Delaisser (à) (de)+ inf. "Renoncer à" : ...A la garder [la finance] a grant cremour Et grant douleur a la lessier. Pour ce se doit on delessier D'acquerir, qui veult vivre en joye. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 206). Pour che dist Cathon : Delaisse a estre contraire a toy mesmes. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 330). ...aucune foiz pour la grant chaleur qu'il fait ilz s'arrestent, et delaissent a faire leur voyage. (Mir. st Ign., 1366, 72). Et aprés quant vient as perilz et leur premier mouvement est passé et refroidie ou destaint comme une legiere flambe ou comme une fumee, adonques le cuer ou le pouoir leur fault et se departent ou deslaissent a ouvrer. (ORESME, E.A.C., c.1370, 209). Car il aiment selon la passion ou temptacion et pour delectacion, et teles choses font moult fort amer pour le temps, et pour ce il aiment tantost et tantost delaissent a amer. (ORESME, E.A., c.1370, 418). Et, se nous accorddons que elle [la science] soit variable, nous alons contre le dit saint Jaque en sa canonique ; car en luy est variacion et ombrage de succession, et delaisse estre pere de lumiere se aucune chose eschappe sa science que par devant elle ait cogneue. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 168). ...et s'elle [la Mort] differoit ou delaissoit a faire mourir telz jeunes amans qui ainsy se adventurent ou mettent en dangier de leurs personnes par leurs folies mondaines, c'estoit de grace et de permission seulement qu'on ne luy povoit retorquer a prejudice (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 155). Et, si l'aventure estoit telle que, par force, subtilité ou autrement, les ennemis feussent entrez en la forteresse, on ne doit pour ce delaisser à resister à l'encontre d'eulx (BUEIL, II, 1461-1466, 53).

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"Ne pas continuer à, cesser de" : Et avoient accordé entre eulz donner ycellui proffit aus marchans de Lorraine et d'Alemaigne à eulz marchissans et d'ailleurs, en leur donnant pour marc d'or plus d'avantage qu'ilz n'avoient acoustumé de leur donner, pour ce qu'ilz délaissoient de venir en ladicte monnoie (Ch. VI, D., t.1, 1399, 161). Doit un chascun certainement Son ame et corps du tout commettre Dévotement au Roy Célestre Sans delessier remède querre Par les choses qui sont en terre, Car Dieu créa les médicines, Diverses et nobles et fines (LA HAYE, P. peste, 1426, 62). ...ledit Jehan Bonnemyn s'est gouverné rudement et mal gracieusement envers ladicte suppliante, en la tractant très mal, quant elle estoit couchée en sa compaignie, en luy voulant desnyer le boire et le menger, et tellement l'a tractée qu'il a convenu à ladicte suppliante de delaisser de coucher avec ledit feu Jehan, son mary, fors par demy nuit seulement. (Doc. Poitou G., t.11, 1474, 460). ...on avoit delaissié de les paier leurs gaiges dessusdis par si long temps que le Roy à chascun d'eulz devoit d'arrerages de leurs diz gaiges XIJe frans ou environ (FAUQ., III, 1431-1435, 39). Toutevoye justice ne doit point estre sans misericorde, ne si grande clemence que on delaisse du tout a faire justice. (JUV. URS., Verba, 1452, 304).

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Empl. abs. (Se) delaisser

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[D'une pers.] "Se laisser aller, renoncer (à lutter)" : Ta grant puissance maintient la vigueur de l'esperit, et ne te peult force tollir, ne violence fortraire. Seulle erreur de pensee et faulte de foy te font delaisser ceulx qui contre nature et eulx mesmez se delaissent, et estrivent a defaire en eulx ce que nature y a fait en la vertu de ton maistre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 90).

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Sans delaisser. "Sans cesser" : Comme il avint diray sanz delaissier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 3). Si povons encore dire que ou bien de renommée sont incorporées les aultres .II. vertus susdittes, c'est assavoir : amer bonnes meurs et soy gouverner par prudence, car il convient de neccessité pour emplir le bien de renommée que vertus soient excercitées sanz delaissier (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 11). Nulle rien ne me pourra nuyre, Dame, se tu me veulz aider ; Vueillez mon cueur tellement duire Qu'il te serve sans délaisser. (Prières saints R., t.2, c.1500, 152).

II. -

Delaisser qqn/qqc. + attribut de l'obj. "Faire rester qqn/qqc. (dans un état donné ; en s'éloignant ou non)" : Pareillement le conte de Saint-Pol fist serement semblable aux dessusdis et de non delaissier la ville de Paris abandonnée (FAUQ., I, 1417-1420, 320). Et tu, qui est plus parfait de toutes creatures ça jus, delaisses ton oeuvre entrerompue, et ton office sans excercite comme vaccant, et par negligence l'ame pardurable cheoit en peril, dont la perte est trop plus grande que du corps mortel. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 25). Certes, tres grande est ta gloutonnie, car tu veulz tout engloutir et consumer et tu me delaisse familleuse et indigente. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 17). Le dyable, ainsi frustré de son intencion, delaissa le bon religieux paisible et oncques depuis ne le tempta de telles illusions. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 18).

III. -

[En empl. de semi-auxiliaire] Delaisser + inf. "Permettre que, laisser +inf." : ...et ce semble impossible meismement supposé que Dieu delessast ce feu faire ce que s'ensuiroit selon le cours de nature, car ce point seroit de tout bas, tout haut, sans passer par le moien ou il seroit en un moment par tout le moien et feroit une ligne de poins infinis. (ORESME, C.M., c.1377, 602). Ne me delaisses, doulz Sires, croistre en mon ignorance, et ne me me laisses multiplier mes defaillimens. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 61). Pitié et Raison confesse Qu'il n'est dangier në aspresse, Peril de mort ne destresse Que ne doiez soustenir Pour le beau lis maintenir, Dont l'onneur et la noblesse A garder vous appartient. Et se par vostre paresce, Fautte d'advis ou simplesce, Chascun verser la delesse, Que cuidez vous devenir Ne quele seurté tenir ? (CHART., L. Paix, a.1426, 417). ...l'occasion pour la quelle le duc Guillaume qui concquesta Engleterre fut permis et delaissé joyr de la duchié de Normendie. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 73). Et, touttesfois, oncques n'en delaissa larme cheoir de ses yeulx et demoura immobile en genoulx devant les piez du crucifix (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 273).
 

"Retard (apporté à une action), atermoiement" : Vaz me tost, vaz sanz delaiance De Julien prendre venjance. (Mir. emp. Julien, 1351, 196). Apprestons premier noz offrandes Affin au moins qu'en l'adorant, Prestement chacun soit ouffrant Son don, sans metre y delayance. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 91). Celui, qui advisa sa douleur sans considerer la vertu de Dieu ne tant ne quant ala encoires, delaiant, et par la seconde delaiance fu-il desobedient. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 139). Non merveille si le roy mort a pesé à la balance de luy mouvoir estrif et d'avoir contenu son courroux en boiste par longue délayance (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 113). ...sans plus de delayance je envoyeray vostre messagier devers la royne (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 141). Aller les nous fault ravissant Ainsi qu'i sont hors d'ordonnance ; Vous les ferez esbayssant Et raviz en une instance ; N'y feront point de delayence, Frappons sur eulx, je vous emprie, Que y m'est tart que je commance A faire sur eulx la saillie. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 334).

V. aussi delaiement
 

I. -

[Composé de layer1] (Synon. de delaisser)

-

Delayer qqc. "Renoncer à qqc." : "Vassaux, c'est Greveçon qui te vient essiller. - Greveçon ! dist le roy, j'oy bien a ton plaider Que tu es Garsïon que tant doy avoir cher. - Par Dieu, dist le vassal, j'ay fait mon non changer, Il convient nostre amour au jour d'uy delaier." (Tristan Nant. S., c.1350, 736). "Sire, di je, ce qu'on ne poet avoir Fault delaiier..." (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 164). Et entroes que vous oés ces tretiés et que vous veés Atemprance, Avis, Souvenir et Esperance qui se representent de vous consillier et conforter, vous estes si ravis en parfaite joie, en pensant et ymaginant la bonté et biauté de vostre dame souverainne, que che vous fet delaiier toutes merancolies et langeurs ou vous avés esté endormis, et vous esvilliés en joie et en solas et en leeche, qui vous sont prest et apparilliet mieuls qu'onques mes. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 153). ...a toute chose villeinne Vueil renuncier, et la delay. (MACH., F. am., c.1361, 144). ...M'y porai je embatre Quant je voy, et s'en suis tous fis, Qu'il a mes freres desconfis ? Il faut bien que conseil en aie, Se la irai ou le delaie. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 60).

-

"Ne pas tenir compte de qqc." : Adont furent mandé à venir à Pampelune les plus notables homme des citez et bonnes villes de Navaire. Tous y vindrent, nulz ne l'osa delayer. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185).

-

Se delayer de qqc. "Renoncer à qqc." : Ossi il ne vorroit mies que, par faute de courraige, d'emprise et de vollenté, ses drois li fust tollus ne ostés ; car il troeve en bonne vollenté et en grant desir tout son royaumme d'Engleterre de lui aidier. Et bien li on dit que il ne se delaie mies de son droit à poursuiwir (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.1, c.1375-1400, 175).

II. -

[En rapport avec delai ; idée d'accorder ou de prendre du temps supplémentaire]

A. -

"Prendre du temps, prendre son temps"

1.

[D'une pers.] (Se) delayer

a)

"Temporiser" : Volenté me vint d'assaier Se je porroie delaier Que je n'alasse pas dela : Envis muert qui apris ne l'a. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 4). ...si supplie la Court ly face justice et weille delaier jusques à mercredi prouchain, et interim le Roy envoiera dire sa volenté, et apportera ses lettres. (BAYE, II, 1411-1417, 99). Il en y a de noz maistresses, Assez legieres d'accorder, Qui, pour tenir gens en destresses, Ne veullent avant proceder, Ainçois quierent a delayer, A fouyr de bic ou de bec : Trop mieulx vaudroit content payer Que repaistre les gens du bec ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 196). Mais, quant il le vouldroient ainsi faire, en ce cas et non autrement, et en ensieuvant ce qu'il vous a pleu me mander, j'estoie bien content que l'armée ne tyrast plus avant ; mais j'ay bien congneu qu'il ne quierent qu'à delayer le plus qu'ilz pevent. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 237).

-

Inf. subst. : Se je suy a cest cop hasté, Je doubt que ne puisse paier ; Bon me seroit du delayer. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 10). Il [Sosie] ne queroit que differer [de parler à Euryale, comme il l'avait promis], affin Que sa dame [Lucrèce] son courage muast, Et que son cueur, a fole amour enclin, Par delayer de folie retirast (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 27).

b)

"Attendre, être patient" : Il nous fault ung pou delayer, Actendent que le poisson viegne. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 422).

c)

"Perdre du temps" : ...alons ment : Yci endroit trop me delay. N'ay que faire de tel delay (Mir. femme, 1368, 213).

d)

"Tarder" : ...Rommains y envoyerent, A grant host, et ne delayerent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 237). Quant Richart l'entendy si en eut moult grant joye, De la (se) voulut partir que plus ne se deloye (Rom. Richart C., a.1496, 42).

-

Sans delayer. "Sans tarder, sans hésiter" : Comment le peut on fourvoier ? Or le me dy sans delayer (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 69). Bien croy que ce fu ses offices, Car en l'eure, sans delaier, Y coururent li escuier. (MACH., R. Fort., c.1341, 147). Faites le feu appareillier Et la faites, sanz delaier, Laval en sus de moy ardoir (Mir. femme roy Port., c.1342, 194). Lors me dist il, sans delaier, Que je me ralasse sëoir, Car il se voloit pourvëoir Quel penitence il me donroit, Et que brief m'en delivreroit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 276). Trois bons chevaliers manderez, Qu'a moy veignent sans delaier. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 236). Sire de Lesparre, servi M'avez, que bien ay desservi, Et se je vous doy rien, paier Vous vueil tantost sans delaier (MACH., P. Alex., p.1369, 225). Paine mectray que brief vous voye, Et toust arez, sans delaier, Chose qui est sus le mestier, Qui vous plaira (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 380). Soye ferme, sans dylaier, Ne descliner jusqu'a la fin. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 126). Nous le ferons sans dilayer, Puis que c'est du roy le plaisir. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 24). Or ça, ça, sans plus delayer Il me fault maintenant crier Mon mestier (Dorib., p.1480, 245).

2.

[D'une chose] "Se prolonger" : Et emmenèrent avec eulx ledict Symon de Quingy, pour veoir jurer le roy et confermer ce que avoient faict ses embassadeurs. La chose se delaya aucuns jours ; et cependant survint la mort dessusdicte. (COMM., I, 1489-1491, 229).

B. -

"Remettre à plus tard, différer, retarder par des délais"

1.

"Différer qqc."

-

Delayer (une action, une entreprise, une décision...) : ...en aucune maniere vous ne voudriez la dite paix delaier ne empeschier (Responses roy de Fr. D., 1362, 82). ...il dit que paresce et norrice de luxure et que elle dispose a oyseuse et n'a de labour cure, ainz delaye toute oeuvre et s'y prend a envis (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 732). La pronunciation dudit arrest a esté delayée par long temps pour la priere et contemplation d'aucuns grans seigneurs qui l'empeschoient devers le Roy (BAYE, II, 1411-1417, 78). Mais le roy, comme saige, doulz et gracieux seigneur et prince, celle nuyt considera la peine que cellui jour avoient prinse, fist leurs armes pour ce jour delayer, pour chascun bien a son aise reposer. (LA SALE, J.S., 1456, 122). ...là estoient aucuns ambassadeurs du roi, lesquels requéroient au duc, qu'il lui plust encore dilayer son voyager et emprise (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 321). Un peu maintenant me convient délayer droit-cy la matière de Lucembourg pour venir à celle des Gantois (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 396). ...le Jouvencel, qui cuida entreprendre sur ses adversaires et les dommagier, fut lui meismes surprins par eulx ; si advint tout au contraire de ce qu'il cuidoit. (...) le cappitaine du chasteau, qui estoit homme prudent, saige et ancien, eust bien voulu delayer ceste entreprinse. (BUEIL, I, 1461-1466, 70). ...veü que l'on n'y povoit faire nulle batterie de la part de ceulx de dedans et qu'il n'y avoit point de murailles et que ce qu'ilz avoient reparé aux postes estoit jà abbatu et qu'il ne failloit plus attendre et qu'il ne delayeroit point l'assault du matin comme il avoit esté conclud (COMM., I, 1489-1491, 160).

.

Delayer à qqc. : ...vous n'avez pas acoustumé (...) de dylayer à chose dont vous ayons requis (Lettres Louis XI, V., t.7, 1478-1479, 62).

-

DR. Delayer une cause. "Différer un procès" : Aucune foys quant deux lays sont en procés devant le juge seculier, en action reele ou personnele, l'une dez partiez, pour delaïer la cause, si appelle au prelat de celle dyocese, et ja soit ce que ce soit aprés grans cous et missions, l'official du prelat s'efforce d'avoir la cognescence de telle cause (Songe verg. S., t.2, 1378, 171).

-

Estre delayant de qqc. "Remettre à plus tard l'exécution de qqc." : ...ilz [lez officiaux] contraingnent ceulx excomuniés a faire satisfaction a partie, et se lez juges en sont delayens ou reffussens, ilz lez excomunient et si ne lez veulent absoudre se ilz ne satisfient a la partie, plainement, de celle debte (Songe verg. S., t.2, 1378, 169). ...lequel Denis en eust esté refusant, delayant et en demeure (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 188).

.

Estre delayant de + inf. : De laquelle chose faire ladicte dame fut refusant, delayant et en demeure. (Paris domin. angl. L., 1420-1435, 138).

-

[D'un acte d'opposition] Estre delayant. "Entraîner un délai, une suspension dans l'accomplissement, la réalisation de qqc." : ...soubz umbre de ce que nosdictes lectres n'estoient signées de nostre main, (...) avez de ce faire esté reffusans, quoyque soit delaians et en demeure. (Lettres Louis XI, V., t.4, 1469-1472, 194).

-

Delayer à/de + inf. "Différer le moment de, tarder à" : ...vaz li dire Qu'a venir ne delaie mie (Mir. mère pape, c.1355, 350). ...ou cas que les diz bailliz seront negligens ou delaians de faire raison aux parties complaignantes sur les choses dessus dites, ilz en seront puniz par monseigneur arbitrairement. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 67). ...cas pour lesquelz ilz deussent prendre et recevoir mort qu'ilz feussent justiciez et que pour lui ne feust aucunement delayé à faire justice. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 455). ...pour sallaires d'avocas, procureurs, fraiz de impectracions et autres escriptures touchans lesdictes obligacions pour dilayer à terminer les payement d'icellui (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 113). ...vous avez esté par ci devant et estes encores de ce faire reffusans et delayans, et, comme il dit, quelque poursuicte ou requeste qu'ilz en puissent faire, ilz n'en peuent estre paiez (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 162). Mais excuse, se tu sçais, la tres endurcie et longue obstination de voz cueurs, ainçois que tu accuses la longueur de ton juge. Et se il delaye a soy appaisier, plus delaiés vous a vous repentir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 75). ...le pis seroit se le juge, en faveur d'une des partiez dilaioit de donner et pronuncer sa sentence (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 40). ...lesquelles cité, ville et pont (...) refucerent, aumoins delaierent de bailier entrée au roy et à ses gens (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1465, 97). ...par quoy les matieres sont delayées et ne peuvent prendre fin (Echiq. Normandie S., 1497, 159).

2.

"Faire attendre qqn, ajourner qqn"

-

Delayer qqn : Souvent par grant angoisse crient [les âmes du Purgatoire] : "O vous, amis qui delayez ["qui faites attendre vos amis"], Pour Dieu de nous pitié ayez. Vous qui au monde demourez En ces tourmens nous secourez..." (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 73). Si ne te dois pas esmaier Qu'elle te doie delaier Et que briément ne te conforte (MACH., Voir, 1364, 226). ...De la langue chascun s'i playe [à la Cour], Venin s'i baille sanz esponge, Bons n'y vient qu'on ne le delaye (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 407). ...[il] pria icelli juif, qui se nomme David Cohan, juif, que sur icelle vaisselle d'argent il lui voulsist prester IIJ ou IIIJ frans, et que tantost il les raimbroit ; lequel juif de ce ne voult aucune chose faire, mais le delaya tant et si longuement, que par un sergent du roy nostre sire qui survint illec, et pour souspeçon que l'en eut contre lui qu'il n'eust mal prinses icelles tasses et saliere, fu prins et admené prisonnier oudit Chastellet (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 132). Et le XIJe jour ensuivant, se fust trait par devers messire Arnaut de Corbie, Chancellier, et ly eust requiz qu'il seellast son adjornement en cas d'apel, lequel eust delayé et respondu qu'il venist le landemain, auquel jour pareillement le delaya et de jour en jour. (BAYE, I, 1400-1410, 20).

-

Delayer (un ennemi). "Retenir, retarder (un ennemi), entraver son avance" : Et aprés mena celle compaignie embuscher au pié d'une montaigne, et la despartit ses gens de cheval en deux parties et envoya un sien lieutenant (...) atout l'une des parties soy representer devant Spartacus, qui estoit chief des fuitifs, sans luy donner bataille, mais l'abusast seulement et le delaiast entremente que luy, Crassus, iroit combatre Castus et Gaminicus atout les Gaules et les Germaniens. (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 104).

-

Delayer qqn de qqc. "Retarder pour qqn la survenue de qqc." : ...et pour ce que ledit monseigneur le conte estoit paiez desdites dis mile livres tournois es causes dessusdites, et que il estoit loing du lieu et pourroit estre son baillif delayé du paiement de ses gaiges (...), le dit Gilbert Lescot, ses hoirs (...) bailleront pour ledit monseigneur le conte et en son nom, au baillif (...) pour ses gaiges et à ses gens (...) tout ce qui est acoustumé à bailler (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1330, 81).
 

MÉD. "Électuaire à base de produits laxatifs" : Or fault un paou touchier de la medecine laxative corporele, c'est assavoir du lectuaire, qui a nom dyalaxatif et est fort neccessaire pour purgier le remenant des males humours qui sont dedens le corps, car la medecine vomitive ne jete hors forsque les humours qui sont en l'estomac. Cestuy dyalaxatif aucunefois est fort et aucunefois est foible selonc la matere forte ou foible qui fait besoing de purgier. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 267).
 

Empl. trans. "Laisser" : ...le feu l'ardy soudainement [le criminel] telle en maniere que de tout son corps à paines enlaissa-t-il ung pou d'os pour enseignement. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 101). [Ou bien en laissa ?]

-

Enlaisser de + inf. "Éviter, cesser de" : Pour quoy plusieurs de ladicte ville et autres estrangiers qui ilec ont à faire pour marchandise, craignent de les rencontrer ou eux trouver en leur chemin, et enlaissent de aler et venir en leurs affaires, et venir fréquenter ladicte ville, ce que pas n'adviendroit, si on les pouvoit bannir de tout ledit pays de Flandres (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1456, 412).
 

Empl. trans. "Interrompre" : Quoi qu'il fust gratïeus et gens, Fiers et hardis oultre mesure, S'estoit il enclins par nature Au pourtraire et imaginer Tout ce qu'on peuist deviser ; Et ne li coustoit ce plus rien[,] Tant avoit il en li de bien, Que dont qu'il fesist une lettre, La ou cas qu'il si [l. s'i] vosist mettre. Mais il l'avoit entrelaiiet Puis le temps qu'il ot chevauciet En la queste que vous savés (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 317).
 

"Interruption" : Apres [l. aprés] il veoit que ses ennemis feroient et abatoient les siens et de front et de costé sans entrelais, et senti son affaire en grant peril (Faits Romains M., c.1400-1500, 267).
 

(Synon. de entrelais) : Interruptio (...) : entrelaissemens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 250). Filz, quant tu sens en toy espandre de dessus desir de eternele beatitude, et tu couvoites issir du tabernacle de ton corps afin que tu peüsses sans umbre d'entrelaissement contempler ma clarté, dilate ton cuer et espan, et rechoy par tout desir ceste sainte inspiracion (Internele consol. P., 1447, 214).
 

"Laisser, interrompre, abandonner" : Or ouvrons par consail qui nous va conseillant La guerre entrelaissier doremais en avant (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 260). ...ainsi la chaleur du parlant et l'intention de l'escoutant est gardee par continuation et affoiblie par trop estre entrelaissie (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 27). Et pour che tant seullement les estudes soient entrelaissees qu'elles ne soient oubliees. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 121). Nous monterons, Car aler vers elle me faut, Si qu'il n'i hait point de deffaut, Qu'assés mieulz morir ameroie Qu'entrelaissasse ceste voie. (MACH., Voir, 1364, 610). Certes, bien croy que nennil, Quant elle me tient si vil Que pour li sui en peril De morir, et si sui cil Qui l'aim plus qu'autre cent mil. Pour ce entrelais Chans et lais (MACH., Les lays, 1377, 319). ...comme les pons de Paris, rompus et demoliz par les grans eaues et glaces de l'année passée (...) eussent esté commencez à estre refaiz et reparez, et fust l'ouvrage entrelaissé et entrerompu par defaut d'argent (BAYE, I, 1400-1410, 250). Pour ce que cy devant fu entamée la matiere de traittier de la vertu de prudence, entrelaissié par l'abondence des autres matieres traire à ffin, à present, comme plus ayons loisir vers la fin des louenges et bons fais du sage roy, en qui nous l'avons assez prouvée estre, dirons encore d'ycelle ... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 167). Et tu Scipion l'Affrican es loué a jamaiz des acteurs, quant, aprés la doulereuse bataille de Cannes, tu ordonnas a Rome a l'entree de ton consulat que tous les dieux fussent requis, et feiz entrelaisser toutes oeuvres de paix et de guerre publiquez et privees, pour attendre premierement a la reconsiliation dez Rommains vers leurs dieux, et a soliciter les oreillez de tous les dieux par multiplications de requestes a faveur et a graces (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 166). ...et, comme vous savez que lez chosez conduitez par sens et bon advis prendent bonne fin, aussy perissent cellez quy par negligence sont entrelaisseez et gouverneez sans bon conseil (Comte Artois S., c.1453-1467, 69). Et qui l'entrelaisse, incontinent devient miserables et mal cheant. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 129).

-

[D'une chose] "Mettre un terme à" : La grant ardeur de mon plaisant desir Ne m'entrelaist force, pouoir ne joie. (MACH., L. dames, 1377, 103).

-

Empl. pronom. [De pers.] "Se séparer, se quitter" : Tout ainsy et plus longhement Tiennent cist doy leur parlement Des amans qui tant mal s'apairent, Puis s'entrelaissent Tous pensis, chascuns en sa place. (Pastor. B., c.1422-1425, 91).

-

Entrelaisser à + inf. "Cesser de" : ...Pour doutance d'estre escondis N'entrelesse a estre amoureus. (ACART, Prise am. H., 1332, 49).
 

A. -

Au propre "Élan ; bond ; galop"

1.

"Élan" : Ferir te vueil par tel eslais Que dire te feray : Je lais Tout et m'en fuy. (Mir. fille roy, c.1379, 77).

-

En partic. "Élan, course d'un cavalier qui charge" : A l'entrée de ce palais Où on feïst bien un eslais, Tant estoit grans et lons et lez, Ot C. Sarrazins aus IJ. lez, Et chascuns tenoit une hache Dont on tuast bien une vache. (MACH., P. Alex., p.1369, 196).

-

À grands/à pleins eslais/à eslais. "À grands pas, à vive allure, à toutes jambes" : L'onde de la mer l'enmena Travers de la mer a eslais (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 88). Je vous di que maint bacheler, Maint chevalier, meinte pucelle, Maint bourgois, meinte damoiselle, Dames, bourgoises, a eslais, Prelaz, moinnes et clers et lais, Brief et de tous autres estas, Venoient cëans a grans tas Pour eaus soulacier et esbatre... (MACH., D. Lyon, 1342, 191). Si s'en ala a grant eslais Droit devant le triste palais D'enfer ou mainte ame dolente Pleure, souspire et se demente. (MACH., C. ami, 1357, 81). La dame tantost se vestoit Et s'en ala a grans eslais A sa gent dedens son palais (MACH., Voir, 1364, 440). Au matinet, à grans eslais, [les barons] S'en alerent vers le palais, Droit à l'eure que la corneille Les paresseus huche et esveille, C'est à dire à l'aube crevant... (MACH., P. Alex., p.1369, 267). ...pour ce, a plains Eslais sur Hector accouru (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 105).

-

De plein(s) eslais. "De plein élan, à vive allure" : Ensi que il asamblerent, li coureur desus nonmet qui costiiet les avoient, s'en vinrent ferir sus ele et se fraperent ens de plains eslais (FROISS., Chron. D., p.1400, 442). De plain eslais le le géant Grimaut va ferir Enmy le pis, soubz la mamelle. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 260). ...ains fist ferir a terre [l'embarcation] de plain eslais et vous saluer Sarrasins de bons viretons et de bombardes (Bouciquaut L., 1406-1409, 247). ...tantost qu'il oyst l'effroy, s'arma incontinent sans délay, monta à cheval, et de grand voulenté ala férir de plains eslais en ses ennemis. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 364). ...et en courant de plains eslais disoit : ... (Comte Artois S., c.1453-1467, 74).

2.

"Saut, bond" : Car cent fois plus que je ne die Estoit belle et bien enseingnie. Mais encor fait un eslais a Li lions, et puis me laissa Et sans attendre, doucement, Humblement et courtoisement, Devers la dame se trey... (MACH., D. Lyon, 1342, 177).

3.

"Galop"

-

Faire un eslais. "Faire un galop d'essai" : Dont brochait le destrier qui n'i a rallantis ; Si ait fait ung eslais tout permy lez cortis (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 127). Lors brocha le bastart le destrier auferrant, Parmy la maistre court va ung eslés faisant (Tristan Nant. S., c.1350, 231). Alors Loÿs, l'escu au col, la lance au poing, sailly sur son destrier, puis fist ung eslays parmy la plaine en soy retournant vers le chevalier (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 22). Quant Porrus sent son cheval sy lyé, il le poingt des esperons et fait ung eslay par le pré (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 341).

-

À grand eslais/de pleins eslais/les grands eslais/les pleins eslais/les eslais. "Au grand galop, à bride abattue" : Vers le palais s'en vont ensemble les eslez, A cheval richement estoit chascun montez. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 12). Il n'ont mies les entrelais, Mais s'en viennent les plains eslais (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 53). Avant, seigneurs ! a grant eslais Partons de cy. (Mir. Clov., c.1381, 253). Alez vous en devant, et je vous suivray assez tost. Et cilz s'en vont qui bien apperceurent que ly roys avoit trouvé quelque chose. Mais ilz se partent de lui, car ilz ne l'osent reffuser, et il [ly roys Elinas] tourne le frain du cheval et se met les grans eslaiz tout le chemin qu'il avoit veu la dame tourner. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Cellui centor (...) d'Erculés Se mocque, et fuit a grant eslés. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 21).

B. -

Au fig. "Élan, mouvement impétueux" : ...et de poction lacriminelle par indivis, obnubillee soubz les eslaiz d'ethroclite amertume (LA VIGNE, Ress. chrest. B., App., c.1502-1503, 169).

-

À pleins eslais. "De toutes les forces, avec vivacité" : Forment me pleut li virelais Et le cantai a plains eslais Sans viser mesure ne note. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 72). La veissiés hiraus venir Et criier hault, a plains eslais (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 196).
 

"Retard, délai" : "Basin, dist l'empereur, chi a paroile crasse, Respons a la parolle, Radut trop toy rabasse. Tu entens coment toy et Genelon depasse [pour depecie "déchire" (Éd.)], Li uns prende le gage erant sens nul eslasse..." (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 682).
 

I. -

Empl. trans. "Faire faire un eslais (un tour de galop), lancer au galop (un cheval)" : Il sist sur ung destrier que li roy li donna ; Parmy le camp l'eslaisse et très-bien l'assaia (Chev. cygne R., c.1356, 109).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"S'élancer" : N'a pas gramment, es bois du Mans. Après un cerf tant m'elessay Que mes gens perdy et laissay. (Mir. Berthe, c.1373, 245).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. (eslaissier).

B. -

Au fig. S'eslaisser à qqc. "S'abandonner à qqc."

Rem. ORESME [Daudin], Remede Fort., a.1374, ds GD III, 476b (Vous n'apprenez pas les choses que vous deussiez aprendre et vous exercez et hantez seulement es choses dont l'oubliance est prouffitable, et vous y eslaissiez et estendez).
 

"Fiente laissée par les bêtes noires" : La fiente des bestes sauvages sont nommees en quatre manieres : les unes sont appelees fumees, les autres laies, les autres crotes, les autres tercurias. (...) celles des bestes noires sont apellees laies, et celles des leus... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 16). La fiente que les bestes noires lessent sont apelees laez, qui sont dites fumeez en la venerie des cerfs (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 73). [Autres occurrences p.79 et p.89]
 

DR. "Fait de céder une chose à titre gratuit par disposition testamentaire, ce qu'on laisse par un acte de dernière volonté à une personne ou à une collectivité autre que l'héritier désigné, legs" : LE MARI. (...) Et dés maintenant pour touz lais Touz mes biens et l'enfant vous lais Et le vous charge. (Mir. enf. ress., 1353, 78). Comme par lays en testamens ou dons ou tresor trouvé, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 245). ...puis que fais ma voulenté, Par ceste clef ci en pur lais Tout mon avoir te doing et lais (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 268). ...aussi le Pape, ja soit ce que il soit seigneur de tout le monde en la temporalité, toutevoies, par lays, par don, par tiltre d'empcion ou aultrement justement, il puet acquerir la seignorie plus singulierement et plus parfaitement ; et de telles chosses, ainssint singulierement acquisez a l'Eglyse, l'une eglyse ne poïe point disme a l'autre (Songe verg. S., t.2, 1378, 24). ...toutes les rentes et possessions par eulx acquises, tant par tiltre d'achat, de don, d'aumosne, de laiz ou d'eschange, ou par quelxconques autres manieres que ce soit (Doc. Poitou G., t.6, 1394, 156). ...V quartels de terre et VI quartels de prés, seans ou ban de Warc, venus à icelle eglise par lays et aulmosnes de plusieurs bons trespassés (Trés. Reth. S.L., t.2, 1397, 454). ...pour savoir en quelle valeur de monnoie seront paiez ou fournis les lais fais par ledit defunct (FAUQ., II, 1421-1430, 57). ...toutes les dificultés et altercacions qui escherroient sur le paiement et distribucion du lais fait ou testament dudit feu Roy à ses povres serviteurs et officiers (FAUQ., II, 1421-1430, 80). ...nostre frère et cousin, par son testament ou ordonnance de derrenière volonté, nous eust fait, constitué et ordonné son heritier universal, et entre autres choses par sondit testament nous eust delaissé ledit viconté de Chastelleraud, pour icellui estre joinct et uny à la couronne de France, sans ce que il en peust jamais estre osté ne separé ; depuis lequel trespas, nous eussions differé et delayé de accepter ledit laiz d'icellui viconté, soubz umbre de certains troubles et empeschemens (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 559).

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, 150, 11 laiz (var. legat). Doc. 1482 (Lettre de Louis XI, don, cession, lay, aulmosne) ds GD IV, 695a. Dict. encyclop. du Moy. Âge, t.2, 1997, 882-883.

-

Lais testamentaire : ...laiz testamentaires (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 481).

-

[Dans un cont. allég.] : Adieu, ma dame, je m'en vois. Ne fais ordenance ne lais, Fors tant que mon fin cuer vous lais, Si que sans cuer me partirai ; Et si ne say quel part iray, Ne terme n'ay de revenir (MACH., F. am., c.1361, 150). "...Et affin," dist la royne, "que je ne vous laisse aucunement desconfortez, et que pour mon laiz de pauvrete vous ne soiez desesperez, par le bon conseil de mes suers je vous laisseray pour lieutenant tel ou quel la verte escharpe de nostre guide Ardant Desir et le bourdon de sa suer..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 277).

V. aussi legs
 

"Sans règle, sans mesure"

REM. CHR. PIZ. (ms., laisamment) ds GD IV, 703a. Éd. M. Roy, t.3, 43. Peut-être est-ce loisamment, GD V, 22b, FEW V, 309a : licere.
 

"Abandon, cession" : ...et toutes telles choses que vous trouverrez ainsi, comme dessus est dit, acquises, mettez ou faites mettre tantost et sanz delay en nostre main et en nostre dommaine, sanz en faire delivrance, ne recreance, ne laischance quele que elle soit (Doc. Poitou G., t.2, 1345, 282). Obmissio : lessance (Abavus IV, R., c.1350, 410).
 

"Négligent, paresseux" : Si ne fu de parler laisante, Ains dist : Ma dame redoubtee, J'ay diligemment escoutee La cause, en present plaidoiee (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 265). ...tenir On ne me pourra pour lesant, Puis que j'en vieng tout le devant Je ne seray pas le derrain. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 66).
 

I. -

[Idée d'une chose qui laisse un certain mouvement, une certaine liberté]

A. -

"Lien solide servant à retenir une bête (mais qui, relâché, laisse la bête aller)"

-

[Un chien] : Les mains en croiz et par derriére Leurs liez, et en tel maniére Les enmenrez com chiens en laisse. (Mir. femme, 1368, 200). Charles te fera pendre par ton col en ung gibet et estrangler villement et t'en menera premierement en destre comme l'un fait ung mastin a la laisse (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 89). ...six lesses de chien (Comptes roi René A., t.3, 1476, 278). À Guillaume du Jardin, tappissier - pour dix douzaines de lesses de leine tainctes - pour les chiens et levriers dudit seigneur (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 368).

-

[Un cheval] : ...X autres selles neufves à haguenees (...) garnies de brides, mors, estriers, estriviers, poitraulx et cullieres, toutes bordees de lecton, les afficheures de lecton, effonseures de faulx esmail, sommees de marguerites, les mordans, petis botons, estriers, besans, aigneaulx, poitraulx, cullieres, laisses, boucles, touz de leton de Brusselles senz doreure (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418-1420, 826).

-

[Un faucon]

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 91, 24 ; 93, 19... (T-L V, 79).

-

[Cont. métaph.] : ...Car la grant amour ne laisse, Qui noz cuers en une laisse Mist tous deux (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 6).

.

Tenir qqn en laisse : LE QUINT CHEVALIER. (...) Et quant est de l'esbatement, Vous en arez si largement, Se cest ordre [état de mariage] vous tient en laisse, Que le lairez ains qu'il vous laisse. (Gris., 1395, 15).

B. -

"Cordon vestimentaire" : Elle lui donna un bel reliquiaire d'or grant [grant] et moult riche de pierrerie, où ot de la vraye crois et autres reliques, et le dauphin lui donna ..%II.. tres beaulz brachez à coliers d'or et belles laisses (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 124).

Rem. Doc. 1471 ds TLF.

C. -

"Couplet, tirade dite ou chantée sans interruption, où on laisse aller la voix d'un trait"

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD IV, 703c.

II. -

[Idée d'une chose qui est laissée]

A. -

"Legs" : Et welh que ches laisses faites soient a elles et a leurs hoirs eskeuwes apres le deches de me dame me meire et de mi. (HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1337, 47). ...si ilh moroit sens avoir heure de son corps, engenreit de loyal mariage, dont revat tote sa lasse a Robinet et a Conart, son frere, a ewelle parchon (HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1364, 73).

Rem. Ex. d'a.fr; et doc. 1435 (des testamens et des laisses) ds GD IV, 703b.

B. -

"Alluvions laissés par la mer"

Rem. Doc. 1421 , topon. (La Laisse de Roy, Sèvre niortaise) ds TLF.

C. -

Au plur. "Fientes de certaines bêtes sauvages" : ...et leisses de ours et de sanglier et de lou, et fumees de cerf, de dain et de chevreul (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 88). Et, se on parle ou l'en li demande des fumees, il doit apeler fumees celles de cerf, de rangier, de dain et de bouc et de chevreul, et des ours et des bestes noires et des loux il les doit nommer laisses. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 156). [Autres ex. p.160, 194, 230]
 

A. -

"Ce qui est laissé de côté, ce qui n'est pas pris en compte" : Item, pour II poulles et le tierch d'une laissie a conter de l'an XL et otant de l'an XLI c'on a puis retrouvees, 22 s. 8 d. (Comptes Mons P., t.1, 1342-1343, 769).

B. -

"Fiente laissée par les bêtes sauvages"

Rem. FEW : leissees = leisses ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 88. Pas d'ex. ds la doc.
 

A. -

"Abandon, cession"

Rem. Ex. d'a. fr. et doc. 1335 (Anjou, lessement) ds GD IV, 703c.

B. -

"Action de quitter, départ" : Ilz estoient tristes et joyeulx De l'allée et du laissement Et avoyent la lerme es [y]eulx Quant se veint a[u] deppartement. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 87).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Idée de séparation spatiale (et de trace)]

1.

Laisser (un lieu). "Quitter (un lieu, qui reste donc derrière soi)" : Ou il convient qu'ailleurs demourer voise Et laissier Reins (MACH., Compl., 1340-1377, 251). ...et laissierent le chemin de Berne, et entrerent en Bisquaye pour venir à Bayonne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 118). Item, il est dit comment il [leurs angelz] sont meuz et est certain que il habitent ou frequentent aucuns lieus en especial, si comme en la "Legende de saint Michiel" est escript que il disoit du Mont de Gargan que il y conversoit et le gardoit : Hunc enim locum in terris in celo, et cetera ; et lessent aucune foiz lieus ou il ont conversé et s'en departent (ORESME, C.M., c.1377, 294). Or recouvient laissier a destre Le chemin et aler... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 113). ...et laissasmes l'isle de Quandie a la senestre (Voy. Jérus., c.1395, 95). Apprès passasmes par delez le Taut Saint Ange qui siet en la Morée, et le laissasmes a main destre. (Voy. Jérus., c.1395, 95). Ce veu, Babiloine laissasmes Et dedens les desers entrasmes (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 58). Maulditz diables, laissés ce lieu ! A ceste ame vous n'avés riens. (Pass. Auv., 1477, 251). Aprés disner, tant d'aval que d'amont Par fine force de tres bien chevaulcher, Laissa Savoye, puis entra dens Pymont Et a Villanne pour ce soir fut coucher. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 158).

-

Laisser (un lieu) derriere soi : Et passerent oultre, et puis vinrent a Luzegnen et ardirent la ville, mais au chastiel il ne fourfissent riens et laissierent deriere euls Pons en Poito et Saintes (FROISS., Chron. D., p.1400, 764).

-

Part. passé : ...l'affection qu'il auroit envers le lieu laissié. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 125).

-

Laisser l'hostel. "Quitter la maison" : ...[il] laisse l'ostel et en la ville a ses afaires va entendre. (C.N.N., c.1456-1467, 96).

.

Laisser le mesnage : ...si je ne laisse et abandonne mon mesnage en brefz jours, il est tout certain que je ne puis longuement vivre ne durer. [D'un marchand qui ne s'habitue pas à l'état de mari] (C.N.N., c.1456-1467, 559).

-

En partic. Laisser le siècle. "Entrer en religion" : Cestui fut moult glorieux homme et luculleur et, pour ses vertus, fut appellé du roy Theodoriq et fait chancellier, puis laissa le siecle et se fist moyne et escripvit plusieurs livres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 95 v°).

2.

Laisser qqc. [une chose concr.] (qq. part)

a)

"En s'éloignant, faire que qqc. (une trace, un résultat, un objet...) reste (qq. part)"

-

[D'une pers.] : ...il vit et aperceut unes patrenostres d'ambre que la dame de l'ostel où il buvoit avoit mises et leisées sur un dreçoir enmi la sale, lesqueles patrenostres il print, et icelles vendi en ladite ville de Senlis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 133). ...[il] logea la mere avecques de bonnes gens, lui laissa de l'argent, et leur recommenda. (C.N.N., c.1456-1467, 145). ...[elle] laissa en la cuisine sur une scabelle tout ce bagage, chemises, couvrechefs et petiz draps, esperant a son retour les retrouver (C.N.N., c.1456-1467, 397).

-

[D'une chose] : Item, se ceste ligne fluoit et aloit ou estoit meue et elle lessast apres soy une estrace, ce seroit superfice qui seroit longue et lee sanz parfondeur ou sanz spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 46). Tout ce puet apparoir par une consideracion devant mise, car se l'en ymaginoit que un point indivisible par son mouvement lessast ou descrisist une estrace apres soy, ce seroit une ligne et est la premiere magnitude qui est divisible seullement selonc longitude. (ORESME, C.M., c.1377, 54). ...cestui cy [ce point] me lesse perpetuele morsure en mon honneur et fame (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 97).

.

"Lâcher" : Et pour faire encore plus laschier [var. laissier] sa chileure [le fil ave lequel les yeux du faucon sont cillés], affin que il voie miex... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 222).

b)

[D'une pers.] "Faire en sorte, en s'en éloignant, qu'une chose reste où elle est"

-

"Ne pas emporter qqc. avec soi"

.

[Volontairement] : Et sur icellui trouverent deux frans en or et deux frans en menue monnoye, et leisserent sa robe, pour ce que elle ne valoit riens. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 216). ...il jetta et lessa tout le demourant d'iceulx noëz en un buisson, ne scet quelle part, et que oncque puis il n'en vit, ne sceut, ne oy parler en aucune maniere. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 3). Si se advisa de la piece de ladicte saincte croix qu' il avoit emblée et adont se fist mettre en la barque de la nafve et voguer a terre, et retourna en l'eglise de Saincte Croix en la montaigne dessus dicte, et illec laissa sa bource de soye et la piece de ladite saincte croix (Voy. Jérus., c.1395, 83).

.

[Involontairement] : ...et ledit sauf conduit leissa oudit fort de Salucet quant il voult mener boire iceulx chevaulx. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 124). ...[il] partit d'icelle chambre (...) sans avoir souvenance de son dit dyamant qu'il avoit laissé ou lit. (C.N.N., c.1456-1467, 390).

.

Prendre le grain, laisser la paille. "Prendre ce qui vaut la peine, prendre le meilleur" : S'ai pris le grain et ay laissié la paille, Quant, sans retraire, à vous servir me baille, Qu'il ne me puet riens venir qui bien n'aille En toute guise. (MACH., Compl., 1340-1377, 260). Prenez le grain, laissez la paille, De vous toujours soit bien aymee La dame, qui les biens vous baille, Que j'ay devant icy nommee. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 203).

.

Laisser le grain pour la paille. V. grain

-

"Ne pas enlever qqc. (de qq. part)" : Adont s'en ala grant aleüre vers ses nefz pour debatre que riens n' en fust osté, mais pour neant s' en entremist, car Hanibal y avoit ja bien mis deux cens hommes qui l'avoir deschargoient par grant vigour, ne riens n'en vouldrent laissier pour sa deffence. (Bérinus, I, c.1350-1370, 48). ...il les vaut mieulx lessier [les chancres] (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 296). ...il luy trancha le jaret (...) et n'y laissa que les os. [D'un moine qui dévore un jambon] (C.N.N., c.1456-1467, 487). ...il ne devoit point laisser ce venin sur son estomac. (BUEIL, II, 1461-1466, 233). Pour ce que les femmes d'Alemaigne ont ceste coustume que de laissier le lin a la queloingne le samedi, jamais leurs toilles ne sont blanches (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 92). Mon filz, bon seroit, si me semble, Qu'on fist ouster les corps de la [des croix], Car demain la feste sera Grant sabat, com chascun scet, Et certes il seroit fort lait A la feste les y laisser. (Pass. Auv., 1477, 227).

c)

"Ne pas emporter qqc. avec soi (en le sauvant), ne pas conserver, perdre qqc." : Car tels jure de son marchié Qui puis en laisse la moitié (MACH., D. Lyon, 1342, 235). ...et en i ot grant fuisson de mors et de bleciés, de une part et d'aultre, et plus assés des Espagnols que des Englois ensi conme il fu apparans, car il i laissierent quatorse nefs et les honmes et l'avoir qui dedens estoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 890). Tost arruverent en la pleine, Ou mainte lance fu froissee Et mainte ame du corps laissiee. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 83).

-

Laisser la / sa vie : En la fin y laissa la vie. (MACH., P. Alex., p.1369, 3). Aultres de leur sorte, jusques au nombre de .XX., y leissèrent leurs vies. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 192).

-

Laisser la peau. V. peau "Perdre la vie"

-

Laisser les plumes. V. plume "Subir de lourdes pertes"

d)

"Ne pas emporter (dans la destruction), épargner qqc." : ...et gastarent tout teillement qu'ilz ne laisont riens a destruire (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 18).

-

Prov. Laisser le moustier là où il est. V. moustier "Maintenir le statu quo, ne pas se lancer dans une entreprise risquée"

e)

"Ne pas affecter ailleurs, réserver, garder à part" : Les chieulx une partie laissent Par quoy l'omme especialment Est gouverné principalment. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 38).

3.

Laisser qqn

a)

"Se séparer de qqn en le relâchant" : PYLATE. (...) Touteffoiz, pour expedïer Tout ensemble procés plusieurs, J'ay encores deux malfacteurs, Mauvais garnemens et larrons ; Regardez se nous les lairrons Ou s'ilz yront a la justice. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 316).

b)

"Quitter qqn (qui reste donc derrière soi)" : Je te lairay, si m'en iray. (MACH., R. Fort., c.1341, 103). Baise moy, et a tant me laisses Sanz riens plus dire. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 271). Et quant le chevalier l'ot bien batue et defoulee, il la lassa et s'est departy de la chambre (Chev. papegau H., c.1400-1500, 35). Bien voy qu'il fault qu'a ce coup je vous laisse. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 134). ...tant près la tient son mary, qu'il ne la laisse d'ung pas sinon a l'heure de la messe (C.N.N., c.1456-1467, 258). Le serviteur s'excusa (...) et laissa monseigneur le president (C.N.N., c.1456-1467, 314). ...or je vous laisse et vous commende a la grace [de] Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 497).

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En partic. [Au moment de la mort] : Elle veoit, durant sa maladie, ses enfans trotter devant elle, qui luy bailloient au cueur tresgrand regret de les laisser. (C.N.N., c.1456-1467, 327).

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Laisser la compagnie de qqn : Adont lessay sa compaignie, Quant ainsi m'oy ramponer (MACH., App., 1377, 648).

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Laisser l'un l'autre : Mais il vault mieulx que nous laissons l'un l'autre afin que ma ma besongne n'empesche la vostre. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 340). [Autre ex. p.339/905]

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Laisser qqn qq. part : Lequel sergent fu lors par iceulx varlez, et chascun d'eulx, feruz et batus de plusieurs coups, le leisserent illec en la place, et, ce fait, s'en retournerent oudit hostel du Pot d'Estain (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). Et, sanz plus dire, il qui parle se parti de ladite chambre, et laissa yceulx Breton et ceulx de sadite compaignie en icelle chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 549). ...et icellui filz porta et leissa en la court dudit sire de Nouvion, afin qu'il le feist garder comme le sien. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 128). Et la li sergent le laisserent, Mais a un arbre le lïerent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 220). ...n'oblya pas [monseigneur] a compter comment il avoit laissé ses gens derriere (C.N.N., c.1456-1467, 114). Qu'est ce cy ! me lairra l'on cy dedans ? (C.N.N., c.1456-1467, 187). Ainsi s'en alla le bon chevalier, et la laissa l'escuier, qui fist le mieulx qu'il peust (C.N.N., c.1456-1467, 214). ...plus ne vous suivrons ! Il fault que vous laissons ycy [dans ce tombeau]. Adieu, mon maistre ! (Pass. Auv., 1477, 106). Las, mon amoreux, et coment Vous porrey je ycy [dans ce tombeau] laiser [l. laisser] ? (Pass. Auv., 1477, 264). Mes seigneurs, alons tous ensemble. C'est assés que laissions au temple Les presbtres pour dire l'office. (Pass. Auv., 1477, 271).

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[Un animal] : ...et là laissierent tous leurs chevaulx et entrerent en batiaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 64).

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"Se séparer de qqn momentanément (pour se consacrer à une activité)" : Amour d'argent commendera a ung marchant laissier sa femme et ses enfans, et aler par mer, par terre, par chaut, par froit, par tous perilz de larrons et de mort (GERS., Concept., 1401, 411). Et me laissiez yci derrière, moy et ma bataille. (BUEIL, II, 1461-1466, 18). Mes enfans, je vous larrey tous Ung bien petit, car j'ay affaire. Pour la voulenté de mon pere Accomplir, m'en vaiz orer. (Pass. Auv., 1477, 157).

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[Le suj. désigne une chose (état, propriété...)] : Et pour ce, ceulz qui ainsi donnent et sont folz et comme ydioz, leur substance les laisse et se depart tantost. Et telz sont diz prodiges. (ORESME, E.A., c.1370, 236). Ces parsonnages fuirent adoncques de mes yeulx et le dormir ma laissa. (CHART., Q. inv., 1422, 65). Puis je sens que vieillesse a moy vient Et jeunesse me laisse (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 222). ...après ce bon coup, sa toux le laissa (C.N.N., c.1456-1467, 437). Hé, mon bon filz, Tous mes amis Et mes joyes me laissent bien (Pass. Auv., 1477, 244).

c)

"Faire rester qqn (qq. part)" : Et laissierent pour garder les logeiz cent arbalestriers et deux cens hommes d'armes. (ARRAS, c.1392-1393, 160). ...et ordenerent leur bataille, et laissierent garde aux logeiz (ARRAS, c.1392-1393, 234). Vous laisserez ceans vostre belle fille, dit l'ermite (C.N.N., c.1456-1467, 103). ...[elles] l'emporterent en une petite garderobe assez loing de la chambre, et la le laisserent. (C.N.N., c.1456-1467, 185). Quand il arriva, la fillette le receut gracieusement, le mist ens et ferma l'huys, laissant [tous] ses serviteurs dehors (C.N.N., c.1456-1467, 572).

d)

"Abandonner, délaisser qqn, s'éloigner de qqn (en partic. dans la relation amoureuse, conjugale)" : Cui elle [Fortune] laist, il est laissiez (MACH., R. Fort., c.1341, 97). Et par Orgueil se fait prince laissier. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 56). ...et en la guerre de nostre saint pere le pappe, il lessa icelui conte de Savoye, et s'en ala chevauchier comme gros varlet en la compaignie dudit messire Amaurry. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 116). ...nagueires il a requise elle qui parle d'avoir compaignie charnelle à elle, et que elle feust son amye par amours, leissast son mary, et s'en alast avecques lui au païs de Tournesis, dont il estoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 262). ...veu et regardé l'estat dudit prisonnier, lequel, par sadite confession, a lessié sa femme, enfans et mesnaige, pour chevauchier et suyr routes de gens d'armes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 137). Maiz encores est ce pis quant la femme a mary preudomme et debonnaire et elle le laisse pour esperance d'avoir pardon ou excusacion de mal faire. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 91). Mon seigneur le marquis oublie Vostre bonté et vuelt avoir Femme plus noble et plus d'avoir : Si en a envoié a Romme Pour empetrer du pape comme Il puist prendre autre et vous laissier Pour vous de tous poins abaissier (Gris., 1395, 75). Et lors respondit la royne : "Elle fist sa male joye, que pour un moynne laissier cellui qui tant l'amoit." (LA SALE, J.S., 1456, 303). Il ne m'a jamais laissée tant que j'aye esté toute garie. (C.N.N., c.1456-1467, 42). ...quand il parla, il dist : "Laissez moy, laissez, je suis mort". (C.N.N., c.1456-1467, 63). Il a de coustume (...) de se virer par nuyt vers moy, et me taster ung peu, et puis me laisse et se rendort. (C.N.N., c.1456-1467, 248). Ilz sont cy je ne sçay quelz gens que je ne puis laisser. [D'une hôtesse] (C.N.N., c.1456-1467, 269). Lairray je donc ceste belle et doulce femme ? Oy, je la lairray ! Elle ait doresenavant la cure et soing d'elle mesme, s'il luy plaist, je n'en veil plus avoir la charge. (C.N.N., c.1456-1467, 559). ...en l'estat que vous me voiez icy m'a il laissée et abandonnée pour mener a marchandise es parties d'Alixandrie (C.N.N., c.1456-1467, 573). Je ne scé qu'il [les apôtres] sont devenus. Tous laissames le bon Jhesus Quant il fust prys. (Pass. Auv., 1477, 187). Jehan allié a Jehane par paroles de present ou de futur sans copule charnele, l'un sans la voulenté de l'aultre puet entrer en religion. Mais se copule charnele y est, jamais ne puet l'un entrer en religion sans le consentement de l'aultre. L'un ne puet jamais l'aultre laisser, se n'est par fornication. (Sacr. mar., c.1477-1481, 70).