I. -

Empl. trans.

A. -

"Ouvrir" : ...les biés aouviers ["les becs ouverts"] (BRIS., Restor paon D., a.1338, 80).

-

Part. passé. [De fossés] "Ouvert, dégagé" : Et pour ce loe je et conseille que quant lez seigneurs ou les gouverneurs veulent mener l'ost contre leur anemis, et que il se veulent metre sus leur territoire et tenir soy illec par long temps, il se doivent tenir en lieu fort et seür, si que il ne puissent recevoir domage de leur anemis, ne vilennie. Et se il ne treuvent lieu convenable et bon a ce, si se facent fors de leur propres hernois, et de palis, et de fosses, car tielz chosez aouvertes sont moult bien en un ost, et profitent moult (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 98). Item, porront lesdittes religieuses en leditte ville de Namaing et ou terroir, relever et rejecter les fossés contre leurs hiretaiges et demaines encontre lesdis kemins et rejecs, sans prendre ent congiet à nous ne à nos hoirs et sans ce que elles soient pour ce en aucunes amendes, mais que elles rejectent une partie de le terre devers les quemins ou rejecs, et que elle tiengnent les fossés aouvers par quoy li quemin n'en empirent. (Cartul. Flines H., t.2, 1348, 605).

B. -

Au fig. "Découvrir, manifester" : Et voloit li dis frères Jehans toutes ses parolles prouver par le Apocalipse et par les anciiens livres des sains prophètes, qui li estoient aouvertes par le grasce dou Saint Esperit (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 229).

-

Part. passé "Ouvert, accessible" : Amis, s'avez fait une perte Qui piz vous fait que playe ouverte. Pitié en moi est aouverte, Qui tout pardonne. (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 35). [même ex. ds Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 51]

II. -

Empl. pronom.

A. -

"S'ouvrir" : Margarytes ou parles d'Orient est une pierre qui est de la rouzee du ciel conchiute par petites concetes el ryvage de le meir et es autres flus. Car ces concetes soy ahoerent [l. ahoe[v]rent ?] a certaynes hoeres. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 180).

Rem. Le gloss. de l'éd. renvoie à GD aoire "augmenter, accroître" ; A. Goosse, Les Dial. belgo-rom. 17, 1960, 73 y voit «une altération de aoevrent, de aouvrir (qui semble d'ailleurs devenir désuet au XIV^e siècle)».

-

Faire aouvrir : ...le soleil jettoit ses raiz parmy les arbres qui faisoit les fueilles croistre et aouvrir (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 585).

B. -

"Se découvrir, se manifester" : Mais maldit est par Isaÿe Qui a bienfait teint malvese euvre, Meïsmement la ou s'aeuvre Aucune tache de heresie Ou trop aperte felonnie (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 256).
 

Empl. pronom. "S'ouvrir"

REM. SAINT-GELAIS (ms., Et peult estre que cependant les undes S'apereront en leurs roches parfondes) ds GD I, 335c.
 

Empl. trans. "Ouvrir" : Et, quant amont vint la nouvelle Qu'elle estoit la jus a la porte, E vous ["Voici"] errant qui les clés porte Qui deffrume tost et apiert. Et si trestot c'on ot ouvert, Il entrerent ens erranment (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 150). [Ou est-ce l'adv. apert coordonné à tost ?]
 

"Qui ouvre, qui facilite le mouvement des humeurs, de la matière" : ...mais en temps de interpolacion on doit ainsi ouvrer : que la matiere soit digeree en partie par choses ingrossatives pour la matiere antecedente, qu'elle ne flue au lieu et en partie par choses diuretiques et aperitives pour la matiere conjoincte en telle maniere qu'elles excedent en chaleur (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 9).
 

I. -

Adj. [Idée d'ouverture et, au fig., d'évidence]

A. -

Au propre rare. "Ouvert, découvert"

1.

[D'un lieu] : Emprez cestes choses, totez la bataille a esté tornee contre une cité apelee Medulle, et fu une grant piece la victoyre doubteuse, car la cité estoit seurement fremee de forterecez et tres bien establie, et les tentes des Romains estoient en lieus plains et appers. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 33.4, 57). Voies y a : li une est torte, Mais sieuir vodrai la plus forte Et plus aperte. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 111). ...dictes qui vous a si duit (...) Qui aviez sa santé [l. sante] apperte [du souverain bien] Et la grant voie descouverte ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 236).

2.

[D'une partie du corps] "Découvert" : Et at ferut Charlez emmy le pis, ou il estoit apiéz, sy qu'il l'at abatut et navreit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 28).

Rem. La chute du -r à la finale est signalée comme un phénomène wallon par l'éd., p. CIII/52

B. -

Au fig.

1.

[D'une chose abstr.] "Manifeste, évident, visible" : Elas ! de ruses trop appertes Me debat, quant je n'i voy goute (Mir. emp. Julien, 1351, 223). Sire, les folz ont en despit Les choses qui sont (...) Et s'efforcent moult d'avoir celles Qui ne sont pas, ainsi com s'elles Fussent choses vraies appertes, Ce que ne sont pas. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 254). Et nul ne diroit que celui eüst felicité qui vit en telle misere, se il ne vouloit soustenir son opinion en protermant ["protester" v. protervier] contre verité apperte. (ORESME, E.A., c.1370, 112). Et semblablement yre qui est occulte et couverte, est plus grieve a porter que celle qui est apperte, si comme il fu dit ou .XXIe. chapitre du quart. (ORESME, E.A.C., c.1370, 491). ...ce sont miracles apertes Que Musique fait. C'est voir, certes. (MACH., Prol., c.1377, 10). ...ce fu chose apperte Que la terre fu descouverte. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 142). Ce fu dommages et grant perte, Et a Achillés honte aperte (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 127). Pirrus, pour le dueil de sa perte Et la desconfiture apperte, Laissa Ytalle et s'en ala, Ne onques puis ne tourna la. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 207). Et bien pouez par parolles appertes En dire assez (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179). ...car il doubtoit que ce ne fust pas seure chose a lui de honnorer la deïté celestienne par apperte liberalité. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 25). ...il se veult Dieu ou son fils dire, Qui est blaspheme tout appert (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 182). ...Dieu (...) les avoit en singuliere estime [les enfants d'Israël] que en.XL ans qu'ilz furent aux desers ne trouvassent plusieurs experiences bonnes et honestes, actendu la doctrine de leur pasteur et chef Moyse, c'est assavoir en herbes et pierres de singulieres proprietez appertes et ocultes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 r°). Ne les larmes de vingt ne de cent ans Ne tariront qu'encor ne soient sentans Les povres gens la doleance apperte Qui s'ensuivra par ceste amere perte (LA VIGNE, V.N., p.1495, 316).

-

En partic.

.

Grace aperte. "Grâce plénière" : Et je li feray pour t'amour Graces appertes. (Mir. parr., 1356, 59).

.

Paix aperte. "Paix véritable, franche" : Ne peut doncques nulle paix estre vraye, appert, que de semblable à semblable (CHASTELL., Livre paix K., 1468, 383).

.

Raison aperte. "Raison évidente" : De mon damage et de ma perte Avés oÿ raison apperte. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 111). Certes, et j'ay raison apperte, Car recouvrer ne puis la perte (Mir. fille roy, c.1379, 26). Si, par ta deposition, Aulcun a deshonneur ou perte, Ne quiert point de position Contraire a la raison aperte (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 65).

-

[D'une douleur] "Intense" : Las ! que feray ? au cuer apperte Douleur en ay. (Mir. Theod., 1357, 89).

-

Loc. C'est chose aperte (que). "C'est une évidence (que)" : Or est Bonneürtez couverte Dou mantel, et est chose aperte Que par dessous tous biens enclot. (MACH., J. R. Nav., 1349, 280). Prie Dieu qu'il ait de mon ame Mercy, car le corps va a perte ; Tu vois bien que c'est chose apperte. Jamais cy ne retourneray. (Mir. enf. ress., 1353, 40). Chascuns le voit, ch'est chose aperte (MACH., P. Alex., p.1369, 158).

2.

[D'une pers.] Prendre qqn apert. "Prendre qqn à découvert, en flagrant délit" : Erodotes encore raconte Que la femme n'a point de honte, Pour son grant delit achever, De sa robe prandre et lever En quelque lieu, en quelque place, Tant que aucuns sa volunté face ; Et s'elle y estoit prinse apperte, Mais qu'elle soit tost recouverte, Tant se scet de sa langue aidier Qu'elle ara droit par son plaidier Encontre cellui qui l'accuse. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 99).

-

[D'un visage] "Ouvert, franc" : Quant le preudomme se oy saluer, il dreça son viaire qu'il avoit plantureux et appert et regarde le roy (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 127).

-

De coeur apert. "Sincèrement, à coeur ouvert" : Et se le bleu chevalier l'aimme et sert Et a servi tous jours de coer appert, Saciés, amis, que son temps pas ne pert (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 168).

II. -

Empl. adv. En apert

A. -

"Au grand jour, à découvert" : Je le mordrai repostement Et li ferai empeschement. (Quar) s'a li sentir me faisoie Et en apert (je) le mordoie, Assez tost de son pie [l. pié] ferre [l. ferré] En mon visaige aroit donne [l. donné]. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 271). ...mais pour certain la mencion de si puissant roy et de si grant duc comme fu Alixandre appelle et provoque mes pensees a produire en appert ce dont moult de foys elles ont [taisiblement] aprochié mon courage (BERS., I, 9, c.1354-1359, 17.2, 30). ...et, aprés ce que li Hernicien orent esté de tout vaincu et souzmis, li Eque tout en appert sans dissimulacion de conseil publique s'estoient tourné devers les ennemis (BERS., I, 9, c.1354-1359, 45.6, 85). Non pas, sire, que vous ne donnez, mais sire donnez par sens et par mesure ; et se aucuns sont trop grans demandeurs en appert ou autrement, usez, sire d'un proverbe commun : A bon demandeur, Bon escondisseur. (GERS., Noël, p.1404, 312). ...au regard de l'equalité et grandeur du cas ; c'est assavoir de l'enormité d'icelui, de la fourme de le faire comme reboutement, d'aguet ou en appert (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 310). Ton erreur est fondé sur ignorance. Car tu cuidez que celui seul fait l'offence a Dieu qui comme en appert fait l'excecution de pechié. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 52). Les ypocrites sont en requoy moult mauvais, mais, en appert et devant les gens, ilz se monstrent a merveilles bons. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 150).

-

[P. oppos. avec en couvert/secret] : ...s'onques je vous servy Ou fis riens qui vous fust a gré, Soit en appert ou en secré (Mir. prev., 1352, 254). ...que nuls detaillieres, detailleresse, cauceteres ne caucheteresse vendans draps à detail en ceste ville et taille d'icelle, uns ne autres, quelz que il soit, ne soit si hardis qui, depuis maintenant en avant, acathe ne face acater par lui ne par autrui, en appert ne en couvert, nuls draps enthirs ne piece de draps qui soient coppé, que anchois que il les revengnent, il les methent en plois de coutelure (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1384, 25). Que nuls estraignier, quelz que il soit, ne soit si hardis que depuis maintenant en avant voist, en appert ne en couvert, depuis l'eure de la cloque de wigneron sonnee parmi ceste ville, dessi a lendemain qu'il sera biel cler jour et que le cloque au jour sera sonnee (Arch. Lille, 1388, BB 1, n° 373, f° 2, IGLF). Par prosperités, par doulceurs, Par adversitéz, par douleurs, Ou en apert ou en couvert. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 64). ...promectant que dores en avant ne feroit à son frère le duc de Bourgongne, en ceste querelle, confort ne aide contre le Roy son souverain seigneur, en apper ne en couvert. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 12-13).

B. -

[Avec des verbes comme montrer, voir, dire...] "De manière claire, manifeste, explicite" : Car on voit (...) Que qui plus en a, plus en pert. Si que je te moustre en appert Que Fortune n'a riens seür, Felicité ne boneür. (MACH., R. Fort., c.1341, 90). D'un rude couart mal apris Fais un sage et venir a pris, Et si le fais cointe et appert - Chascuns le voit tout en apert. (MACH., F. am., c.1361, 207). Et ma dame, qui ne vodroit (...) Que toutes coses apoint faire, Me respondi tout en appert (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 206). Ains lui cognoist tout en appert Que, si Hector est fort, il lui pert, Car son semblent ne lui ment pas. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 90). Mon cuer ce que plus chier a, pert Et on le voit tout en appert - Combien qu'il soit sage et appert. (CHART., L. Dames, 1416, 232). ...les Cartageniens furent conseilliez par Hannibal meismes de requerre paix, leur disant tout en appert que a leur sauvacion il ne veoit nul aultre remede. (LA SALE, Sale D., 1451, 107). ...affin qu'il soit enregistré et en apert congneu et declaré, il fut tel. (C.N.N., c.1456-1467, 163).
 

I. -

Adj. [Idée de qualité, de capacité, de savoir-faire]

A. -

[Qualités phys.]

1.

"Agile, vif" : Mais, tout avant, le roy parla a Galopin et lui dist: "Beaux amiz, vous veez bien, et savoir le pouez, que il vous convient mourir, et nonpourquant assez legierement vous pouez garantir, et se vous voulez demourer en mon service, je feray tant a Achars qu'il vous pardonnera son maltalent, et serez respité de villaine mort, car j'ay entendu que vous estes vistes et apert..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 342). Dieu vous doint bon jour, sire Aubert. Pieça ne vous vy si appert Com vous voy ore. (Mir. chan., c.1361, 147). Qui est ce valleton ? Par foy, Il a un gracieux visage, Et si est appert de son aage. Qui est il filz ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 78). Et menons avec nous Thibert ; Il est assez fort et appert ; Il conduira nostre tresor (Mir. Berthe, c.1373, 212). ...messire J. de Montagu, chevalier et grant maistre d'ostel du Roy nostre Sire (...) homme de basse corpulence, maigre à peu de barbe, legier et apert (BAYE, I, 1400-1410, 291). Dieux ! Madame naguieres ne se pouoit aider ne soustenir, et de present est si aperte ! (Nouvelles inéd. L., p.1452, 29). Le geant rehaulça l'espee et en cuida encoires ferir Jason, mais Jason, qui estoit legier et appert, sailly de costé, et le coup de son ennemy chut en terre (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 143).

-

"Rapide" : Par foy, dist Gieffroy, veez cy appert messagier, je me donne merveille que ce puet estre (ARRAS, c.1392-1393, 299). Prenez trois de noz chevaliers, Des plus appers et plus legiers Qui en facent la diligence. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 364). Je seray oure plus apert Qu'ung lyevrier. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 64).

-

Mal appert. "Lourdaud" : Retourne toy ça, mal appert : Tien ceste empainte. (Mir. parr., 1356, 29).

2.

"Empressé, prompt" : Lors s'aprocharent les autres dames pour les chevaliers saluer, et Liesse qui fu davant car elle estoit la plus aperte la ou elle trouvoit plaisir. (Cardenois C., c.1380-1400, 184).

-

Apert de/à + inf. "Empressé, prompt à" : Or alez et soiez appers De revenir. (Mir. fille roy, c.1379, 49). Si recorde en son coeur la paine qu'a soufferte : Sueur, froideur, chaleur, faim, soif, sans sa desserte, Pour humaine nature qui tant estoit deserte, Affin que d'obeir a Dieu fust plus apperte. (Livre Rossignol. N., c.1400-1420, 63). On doit estre appert De servir pour tant ; Qui bon maistre sert Bon loz en attend. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 168). Justice suis, a faire droit apperte, Qui a chascun rens selon son merite, Les bons eslieve, les mauvais desherite (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 117).

3.

"Alerte, vif" : Avoit le corps par mesure pourtret, Gent, joint, joli, juene, gentil, grasset, Lonc, droit, faitis, cointe, apert et graillet. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Et ses corps fu gens, joins, gentils, et lons, Et plus apers que nuls esmerillons. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 104). Gens corps, cointe, apert et faitis (MACH., Bal., 1377, 559).

4.

[D'un animal] "Rapide, fort, agile" : Et la tierce manere si est : a prendre un petit chien qe soit apert et ose entrer les pertuz, et ne finera tantqe il eit le renard tant chacee a mont et a val en cele court q'il soit enanglez. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 104). ...chevaliers et escuiers qui avanchier se vouloient et qui desiroient et demandoient les armes, monterent uneffois aux chevaulx, sus leurs meilleurs et plus appers que ilz avoient et les mieulx gouvrenez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 94). Et atant [Garnier] se part par une faulse poterne, monte sur un appert coursier, et prent le couvert des fossez (ARRAS, c.1392-1393, 206). Pegasus li chevaulx appers Chevaucha par l'air en volant, Et Andromeda en alant Il delivra de la belue, Si lui a a force tolue (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 165). Mieux luy vaulsist estre montee Sus le poullain d'ung bon bergier, Remouvant, appert et legier Que sus caronne morfondue. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 625).

-

[D'un animal à qui on prête des qualités humaines de bravoure, de vaillance] : ...en France est toute nottoire [l'histoire d'un lévrier qui démasque l'assassin de son maître et le vainc en duel judiciaire], Par laquelle bien nous appert Que chiens sont hardi et appert Et qu'il ont prouesce et vaillance Et sont de grant recongnoisance Especialment envers ceaulx Qui bien leur font (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 301).

B. -

[Qualités à la fois phys. et morales, requises surtout dans la chevalerie et le métier des armes] "Courageux, brave" : Ly dis messires Ernus fut petis, mais ilh estoit tenus pour le plus apier et le plus hardy chevalier qui fuist en la partiie de cheaz d'Awans. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 384). Ensi donquez, comme petit a petit li dis Seycus esmeust les principauz de la cité a rebeller contre son pere, et lui avecquez les plus appers juvenceaus des Gabins alast de jour en jour courre et prendre praye par dessus les Romains, a la parfin... (BERS., I, 1, c.1354-1359, 54.2, 89). Par Mahon, dist il au roy Bradimont de Tarse, ces crestiens qui sont venus de France sont durs et appertes gens d'armes. Se ilz durent gueres, ilz nous porteront grant dommage. (ARRAS, c.1392-1393, 133). Et prisent chis saingnors en leur rotte VI de leurs melheurs et plus apiers compaingnons, qui alont brisier par derier on pailhoul d'unne des boveriez, al plus pres del tour (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 48). Et pooient estre environ trois mille armeures de fier, chevaliers et esquiers montés sus bons ronchins et bons coursiers, et vint mille honmes d'aultres gens armés a lor gisse, appers et hardis, montés sus petites hagenees qui ne sont ne loiiés ne estrilliés, mais les envoie on tantos pestre c'on est descendu, en prees ou en bruieres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). ...sesse chevaliers tous jones, hardis et appers, et en grant volenté de euls desfendre (FROISS., Chron. D., p.1400, 276). Et furent ordonné .CC. lances de coureurs pour descouvrir le pais, tous appers chevaliers et esquiers (FROISS., Chron. D., p.1400, 378). ...en armes ne sont parceux, Mais fors, adurcis et appers, Malicieux en toutes pars (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 23). ...un noble escuier du pays de Bourgongne (...) appert homme, hardi et de grant vassellage en fait d'armes (Bouciquaut L., 1406-1409, 136). Et lui retourné, prinst conclusion avec ceulx de sa compaignie, c'est assavoir les plus expers et apers, de ce qu'il estoit de faire. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 421).

C. -

[Qualités intellectuelles] "Avisé, subtil ; malin" : En sa voye encontra Thiebert Qui tant fust soubtil et appert, Qui lui dist : "Foy que me devez ! Sire Ysengrin, et ou allez ?..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 36). ...fisicienne soutive, Sage, aperte et confortative (MACH., R. Fort., c.1341, 58). D'engin si vive et si aperte, Que nuls ne le porroit despondre (MACH., J. R. Nav., 1349, 180).

D. -

[Qualités morales] "Sage" : Et quant elle vit mon message Elle, com bonne, aperte et sage, Moult longuement ne musa mie (MACH., Voir, 1364, 721). Plus de chevaliers et de clers Larges, vaillans, saiges, appers (DESCH., M.M., c.1385-1403, 317). Mon cuer ce que plus chier a, pert Et on le voit tout en appert - Combien qu'il soit sage et appert. (CHART., L. Dames, 1416, 232). O homme, combien qu'apert soys, En ta chair quiers tout ton beau, Je m'esbaÿs que n'apperçois Que brief seras mis au tombeau (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 59).

E. -

[Qualités sociales] "Courtois, civil" : Ces riches femmes en lour estaige Voient tant sovent en visaige Ces juenes hons bealx et gentilz, Courtois, appers, de grant coraige (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 153). L'ung est rude, li autre appert (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 224). Piquus fu rois de Laurente, Et si de façon si gente, Si biaus, si cointes, si jolis, Si gens, si apers, si polis Et pleins de si tres bon affaire Com Nature le savoit faire (MACH., Voir, 1364, 6677). Et pour estre gais et jolis, Gens, joins, apers, cointes, polis. (MACH., Prol., c.1377, 7).

F. -

[Savoir-faire dans tel ou tel domaine]

-

"Habile" : Agnesot, moult es ore apperte. Conment va ? Dy. (Mir. enf. ress., 1353, 25). SECOND DYABLE. Sathan, je seray si appers Pour toy maintenant, n'en doubter, Que je la t'iray si tempter... (Mir. mère pape, c.1355, 378). Il est biau valeton assez Et bien appert. (Mir. st Panth., 1364, 312). C'est si bien fait a mon plaisir Que pour impossible m'appert Que corps d'omme, tant fust appert, Sceust faire chose plus nouvelle. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 163).

-

Apert à + inf. "Capable de, habile à" : Maiz, qui varlés de chiens verroit, Jamaiz homme ne les herroit, Comme a descouppler sont appers Et en ce que ont a ffaire expers (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 375). ...malement apers et soubtieus a embler et esqieler villes et fortereces. (FROISS., Chron. D., p.1400, 858).

Rem. Ex. de apert de/pour + inf. ds GD I, 337a.

II. -

Empl. adv. "Rapidement" : Chevaliers, faites moi avoir Un message viste et appert Qui s'en voist tantost et appert Ou je lui vouldray commander, Car en certain lieu vueil mander Une besoigne qui me touche. (Gris., 1395, 75). Doulz Dieu, quel temps ! Ha, sire, or venons dont appart Au propox ! (Moralité cincq pers. B., 1484, 36). PREMIER TIRANT. A coup ! SECOND TIRANT. Appert ! TIERS TIRANT. Legierement ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 343).

III. -

Empl. subst. masc.

A. -

"Celui qui est sage, expérimenté" : ...et ly bons, ly apiers, ly preuz et ly hardis y furent bin cognus (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 45).

B. -

"Celui qui est capable, habile, intelligent" : Le raisin meur se queult parmy le vert, Et le meschief l'omme avise et conseille ; Et au travail, fait du rude un appert Diligence qui les vertuz esveille. (CHART., B. Nobles, c.1424, 404).
 

A. -

[D'une pers.] "Qui a les qualités physiques et morales de celui qui est apert" : L'enffant [Jules César] fu monlt appertellés, Bien parlant et sagez et nez (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 209). Et le signeur de Nantoullet Qui est cointe et appertelet (MACH., P. Alex., p.1369, 140).

B. -

[D'un animal] "Agile, rapide" : Thereüs, qui fist tel oultraige, Fu müés en hupe sauvaige. Progné devint une arondele Moult apertelette et moult bele Et Phylomena rousignos. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 194).
 

A. -

"Au grand jour, ouvertement" : Et c'estoit ce qu'il couvenoit, Car de bon avis me venoit Qui me moustroit apertement Que, se je faisoie autrement, Par la plume le perderoie (MACH., D. Aler., a.1349, 261). Les Fidenates, qui estoient colonie romaine, c'est a dire bastide faite du peuple des Romains, adjoins ad soy lez courages de ceus de Vege par la couvenance que les Albains en traïssant les Romains seroient de leur lié, se sont apertement et noteirement encontre les Romains armés et esmeuz. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 27.3, 46). Je li dix : "Deesse, tu fais Miracles si appertement Qu'on le puet veoir clerement..." (MACH., Voir, 1364, 4007). Il n'est estas d'amours que ne soustiengne, Dont frois, dont chaus, diversement me mue, Mon coer tressaut et vole et se remue Apertement. (FROISS., Orl., 1368, 100). Li rois repondi apertement et liement qu'il ne laisseroit nullement qu'il ne secourust la dame et ses gens (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 129). ...aucun ne peust ymaginer que il approuvast taisiblement ou appertement le title du dit duc qui se appelle roy, et de la seignourie qu'il a ainsi usurpée. (Ch. VI, D., t.1, 1400, 188). Ou quel temps, faulx et douloureux, Néant plaisant ne amoureux, Régnoient en France apertement, Comme devant pareillement, Avoient régné, pluseurs ans Continuez et précédans, Divers maulx et très misérables Et devant Dieu moult détestables (LA HAYE, P. peste, 1426, 168). Par lesquelles [paroles] l'orgoeul sourmontoit plus fort a Baudinus, et tout appertement disoit que ce n'estoit que vraye couardise soubz couleur de ospicialité. (LA SALE, Sale D., 1451, 113).

-

"Franchement" : PILATE. Puisque l'acusez sy forment, Prenez le et sy l'enmenez. Selon la loy que vous tenez De son corps faictes jugement. CAÏPHAS. Je vous respon appertement, Bien vourions la mort de luy. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 162).

-

"Manifestement" : Bende moy les yeulx et t'avance Appertement. (Tr. Men., c.1480-1500, 290).

B. -

[Avec des verbes comme voir / signifier...] "D'une manière évidente, claire" : Car je say que briément sarez Et verrez tout appertement Ce que je di couvertement (Mir. ev. N.D., c.1348, 67). Mais je vi bien apertement Qu'estre ne pooit autrement Que muër ne le couvenist, Quelque grief qu'il m'en avenist. (MACH., D. Aler., a.1349, 282). Je croy que folie seroit, Nom pas folie seulement, Mais on diroit apertement Que ce seroit grant derverie (MACH., D. Aler., a.1349, 302). Et si verrez appertement Qu'Amours a ce vous forcera Que sien soiez entierement. (Cent ball. R., c.1388-1396, 74). Quant le roy eut ces vers leus si hault que les chevaliers qui la estoient les eurent plainement entendus, moult en furent esbahis, car tout appertement signiffioient la destruction du royaume. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 399). Mais quant Themistoclès vist appertement la destruction de son pays, - car (...) sçavoit bien que la cité contre leur povoir ne pourroit resister... (LA SALE, Sale D., 1451, 101). ...s'il n'eust eu les yeulx bandez et couvers, il povoit veoir apertement ce dont ung aultre a qui rien ne touchoit se perceut a l'oeil. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Or concluez appertement. (Path. D., c.1456-1469, 168).

-

"Sans risque de se tromper" : Adont le jour se esclarcy, sy congneurent appertement nos marigniers que ils estoient devant l'isle de Chippre (Voy. Jérus., c.1395, 80).
 

"Habileté" : ...sor la fianche de leur apertie, ilh attendoiient que leurs annemis delle warnizon de Warous, bin monteis, les apprepoiient à moins d'on journal pres ; et, quant ilh parchivoiient qu'il leur estoiient trop fors, ilh soy metoiient al corir, nint vers le porte, mais vers le mur, et, tantost qu'il apprepoiient vers le fosseit, ilh metoiient le struk de leurs glayves à terre et sailhoient tot delivrement ultre le fosseit et le mureal, dedens le jardien, que nus atres d'eaz ne poiioit faire. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 49).
 

Empl. pronom. "Se manifester" : Nous t'attendons [Dieu], va toi apertissant. Tu es partout, ne t'estoet remouvoir ; Fay ung moien qui nous voist garissant (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 420).
 

A. -

"Action d'un homme apert"

1.

"Action qui demande de la force, du courage ; exploit" : Or vueil conter une apertise, Que chascuns loe moult et prise, De Bremont et de Perceval, Qui sont preu, vaillant et vassal. (MACH., P. Alex., p.1369, 72). ...moult d'armes et d'apertises i fissent chil dou chastiel (FROISS., Chron. D., p.1400, 471). Et furent moult loees et reconmendees dedens et dehors les appertisses et vaillances a messire Gautier de Manni (FROISS., Chron. D., p.1400, 554). ...et a maintes autres grans appertises faire duisi telement son corps que a peines peust on trouver son pareil (Bouciquaut L., 1406-1409, 26). Et tant fist en peu d'heure que les heraulx et poursieuvans apperceurent plainement ses appertises. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 30). ...et par lez grans appertisez qu'il faisoit, ilz avoient nouveau courage et valoient mieulx pour sa presence (Comte Artois S., c.1453-1467, 36).

-

Apertise d'armes. "Exploit guerrier" : ...pluisseurs belles et grandes appertisses d'armes et chevauchies (FROISS., Chron. D., p.1400, 419). ...tellez escarremuches, sailliees et autres appertises d'armes que François ont faictes (JEAN DE MONTREUIL, Traité cheval. G.O.O., 1413, 117). Mais après qu'il y eut eu plusieurs apertises d'armes faictes tant d'un costé comme d'autre, ledit Troullart demoura victorieu sur les champs (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 202). ...et en ce quartier ilz n'eurent gaires regardé quant ilz veirent ung chevalier portant ung escu a ung delphin et monté sus ung noir destrier, qui faisoit sy grandes appertises d'armes qu'il estoit cogneu pardessus grant nombre des plus vaillans chevaliers du tournoy. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 201). ...la furent faittez pluiseurs apertisez d'armez de chascune dez partiez, de quoy le raconter seroit chose trop longue (Comte Artois S., c.1453-1467, 76). Et y eust de moult belles appertises d'armes faittes. (BUEIL, I, 1461-1466, 164). Moult de batailles, de rencontres, d'assaulx, de sieges de villes et de chasteaulx, moult de belles et chevaleureuses executions et emprises, et maintes appartises d'armes, furent faictes (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 202).

2.

"Action qui demande de l'agilité physique" : Or nous dit la vraye histoire que tant nourry Melusigne ses enfans que Uriiens, premier, ot XVIJ. ans, et fu grant et fort a merveilles, et faisoit moult de forces et d'appertises. (ARRAS, c.1392-1393, 80). Laquelle Jehenne fu grand espace de temps meschine en une hostelerie, et estoit hardie de chevaulchier chevaulx et les mener boire, et aussy de faire appertises et aultres habiletez que josnes filles n'ont point acoustumé de faire. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 314).

3.

"Tour d'adresse" : Mainte chanson y fut chantee, Mainte appertise et maint jeu fait, Et mainte nouvelle escoutee Du vieil temps et de ce qu'on fait. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.1, 1440-1442, 27). ...voyant les peres et les meres prendre grand plaisir a veoir les enfans jouer et faire soupplesses et apertises... (C.N.N., c.1456-1467, 555).

-

Jouer d'apertise. "Faire des tours d'adresse" : A ung autre compaignon serviteur dudit capitaine qui avoit joué d'apertize devant ledit monsr de Charrolois (Comptes Lille L., t.1, 1412, 36).

Rem. Doc. 1470 (ung basteleur qui aloit parmi la ville [d'Albi] pour jouer d'Appertese) ds DU CANGE I, 324a, s.v. apparentia³.

-

Joueur d'apertise. "Celui qui fait des tours d'adresse" : [8 fr.] à Jehan Feric, joueur de l'englume, lequel avoit joué devant Mgr, [et 6 fr.] à Jehannin, joueur d'apertize, pour semblable (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1373, 335). Des chanteurz, harpeurz, taburins, menestreulz, joueurz d'apartoise, trompettez, buisines, clarons et aultrez pluseurz instrunmens ne ferons nous point long racomptememt. (Erec Brux. C.T., c.1450-1460, 157).

B. -

"Qualité d'un homme apert"

1.

"Courage et valeur militaire" : Car li Flamench qui là estoient et qui le ville (...) deffendoient, estoient très bonne gent, et de grant apertise plain. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 137). Mais le roy retourna moult aigrement sur lui, et lui donna vng tel coup, que nulz ne l'oza plus approcher. Et c'est la sixe fois qu'il c'est deliuré des mains des crestiens par son appartize. (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 23).

2.

"Force, habileté physique" : ...de force et par grant apertise de corps, il conquissent celle tour. (FROISS., Chron. D., p.1400, 828). ...en son temps, n'a esté veu nul autre gentil homme de pareille appertise (Bouciquaut L., 1406-1409, 25).

3.

[Avec une idée un peu nég.] "Franchise inconsidérée" : [Le maréchal de Clermont à une femme qui vient de lui reprocher d'être beau parleur et mauvaise langue] "...Madame, je ne suis pas si legier en parler comme vous estes." La dame escouta et ama mieux ne avoir ja parlé ne estrivé à lui (...), et disrent plusieurs que trop grant appertise n'a mestier, et luy vaulsist mieux à soy estre teue. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 51). Ciceron aussi trop aigrement et trop en publique si reprist et moqua l'appertise et legiereté de Cesar en l'expedicion des senateurs (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 244).

REM. Cf. aussi FEW XXV, 5a, aperire.
 

I. -

Faire apertiser qqn/qqc. "Montrer, rendre connu qqn/qqc" : Reproef est l'autre, qui devant Les gens lour mal vait reprovant De ce qu'il plus les poet grever ; Nounpas q'ils soiont amendant, Mais pource que par malvuillant D'envie les voet reproever, Pour leurs mals faire aperticer. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 38). Nature en soy se pourveoit, Les membres d'omme qant fourmoit, Si fist les beals aperticer, Nounpas les lais, ainz les musçoit. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 137).

II. -

Empl. pronom. "Se montrer habile (?)" : Bon fait savoir premiers lesqués on tient pour prudens, ki vieut savoir ke c'est prudence. Si disons k'il sanle k'au prudent apertiegne k'il soit poissant, s'apiertise de son habit de bien consillier en ses propres biens u utilités et affaires (ARKEL, Art d'amour P., t.2, c.1350, 145).
 

En apertoire. "Ouvertement" : Telz sermons Ne sont pas bons a controuver Qu'il n'est bien seur de les prouver, Tellement qu'il soit tout notoire, Car, par ce dire en apertoire, Plusieurs se pourroyent abuser. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 859).
 

"Ouverture d'esprit, intelligence" : La belle bien s'apperssevra, [S'en li] a sens n'aperteüre [éd. aper[t]eüre pour aperceure ms G¹ ; leçon retenue à la place de aperceveure du ms G²], Que tu fais ce par couverture, Et que tu, pour la descomlper, Veus toutes autres encourper. (Ovide mor. D., c.1390-1410, XI, 1567).
 

MÉD. "Ouverture du côté opposé à la première incision ou plaie" : ...par ouvertures et contre ouvertures et figures convenables et par saignieret evacuer quant il sera de necessité (Chirurgie Chauliac B.-T., p.1472, 747). [Autres ex. §819, 820, 821]
 

MÉD. "Inciser du côté opposé à une première incision" : ...soit icelle apostume ouverte et se il est neccessité soit contre ouverte[var. ouvrir a l'encontre de la premiere ouverture] (Chirurgie Chauliac B.-T., p.1472, 331). [Autre ex. §744]
 

A. -

"Qui n'est pas apparent, visible"

Rem. Ex. du XIVe s. (Si que le vis fu desapers) ds GD II, 535b, où il s'agit d'un visage couvert de sang et ainsi rendu méconnaissable. Leçon Si que le vis fu taint et pers ds Méon, Nouv. rec. de fabliaux, t.2, 289.

B. -

Au fig.

1.

"Qui n'est pas franc, ouvert, manifeste dans ses intentions" : Fortune est dure aucune foiz et desaperte [var. dure et sovent desaperte] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 230). [Éd. : "imprévisible, capricieux ?"]

2.

"Qui manque de finesse et d'habileté (?)" : Ce sont les messaigiers d'enfer. A la court donnent tel renom C'on y fait plus tort que raison. Les plus saiges y sont desapert. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 70). [Éd. : "confondu, sans défense"]
 

Empl. trans. "Ouvrir à demi, entrouvrir" : Si que quant (...) il ara l'uis entreouvert, Qu'elle lui chiée a descouvert (...) dessus la teste (Mir. ev. arced., c.1341, 112). Lors Daires le lac entrouvri Et vit que Daniel couvri De ses mains le chief des lions. (MACH., C. ami, 1357, 43). Lors entrouvri une fenestre Pour vir quel heure il pooit estre. Mais il estoit au point dou jour. (MACH., F. am., c.1361, 180). Et puis s'en alla et entra en la chambre de la dicte hostesse, qu'il trouva comme entrouverte (C.N.N., c.1456-1467, 390). ...et de grand haste et ardent desir qu'il eut d'entamer la matere qu'il vouloit ouvrir, il oblya de serrer l'huys de la chambre, que son serviteur au partir de leur assemblement laissa entrouvert, et commença sa harengue a l'heure, sans regarder a aultre chose (C.N.N., c.1456-1467, 432).

Rem. Sans doute faut-il lire entrouvrir ds l'ex. suiv. (inf. subst.) : A l'entrouveir a pries tellement à flairier C'oncques baumes, n'espis ses [l. espisses] c'on prent à l'espesier Ne rendy telle oudeur (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 190).

-

Empl. pronom. à sens passif : Finablement la chambre ouvry, Et si tost com l'uis s'entrouvry, Deux degrez le prince avala, Et au lit dou roy s'en ala. (MACH., P. Alex., p.1369, 267).

-

Entrouvrir les yeux : Si tournay un petit ma teste En gettant un plaint dolereus, Comme homs veins, mas et langoreus, Et entrouvri [var. entrouri] l'un de mes yeus Un petit, - car je ne pos mieus, - Pour ce que voloie vëoir Entour moy. (MACH., R. Fort., c.1341, 54).

.

Inf. subst. : Et s'estoient [les yeux] clungnetant par mesure, Fendus a point, sans trop grant ouverture, Tout acquerant par leur douce pointure ; N'a l'entrouvrir Ne se peüst nuls homs qui soit couvrir Qu'en mi le cuer ne l'alassent ferir, S'il leur pleüst, et pour euls retenir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 69).

-

Entrouvrir le regard

.

Inf. subst. : ...Son gentil port, Le recort Dou bien qui sort De son parler Et de son dous regarder, Dont l'entrouvrir Puet garir Et garentir Amant de mort. (MACH., R. Fort., c.1341, 17).

-

Entrouvrir la bouche/les levres : ...la bouche mesmes estoit si bien compassee et les levres si faitissement ouvrees et coulourees de si bonne maniere et de si bon point entrouvertes, qu'il sembloit que elle parlast (Bérinus, I, c.1350-1370, 110).

-

Entrouvrir les doigts. "Écarter les doigts" : ...Jovis Preapus o sa perche Qui sa robe lieve et reverche - De ma main ma face couvri, Quant je le vi, mais j'entrouvri Mes dois pour la mieus aviser... (MACH., F. am., c.1361, 203).
 

[D'une chose] "Ouvert, manifeste" : Qui ne plaindroit une si haulte perte, Que chascun scet et qui est tant experte, Quant ceulx qui oncques ne la virent la plaignent Et quant sa mort si a esté ouverte Et a chascun a esté descouverte ? (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 181).

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD III, 526a.

-

En expert. "Ouvertement, manifestement"

Rem. Ex. d'a.fr. et doc. 1415 (en couvert et en espart) ds GD III, 526a.
 

"Ouvertement, manifestement, clairement"

Rem. Ex. d'afr. et Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500, 526b (Magnifeste, espertement).
 

A. -

Empl. adj. V. ouvrir

B. -

Empl. subst. [Dans des loc. adv.]

1.

À l'ouvert. "Ouvertement, sans réserve" : Et par ainsi, se en aucuns lieux de mes oeuvres il est trouvé que je parle a l'aventure ou trop a l'ouvert ou trop clos ou trop taillamment touchant ce roy (...), je prie que ce ne me soit imputé a faveur, ne a hayne aussi, ne a quelconcque parcialité de corrage, mes soit imputé au temps et aux affaires de ce royaulme (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 323).

-

"À découvert" : Aprés ce temps elle Melusigne fist faire Le bourg ou moult a beau repaire : Les murs sont haulx et les tours drues, Les alees et les venues Sont toutes faictes a couvert ; Archieres y a a l'ouvert Pour lancer, trairë et deffendre. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 153).

-

"En s'écartant (pour laisser passer)" : ...tous les gens d'eglise et collieges, accompaignans les evesques, abbez et prelatz, qui furent ordonnez ... porter les relicques et conduyre les proucessions, (...) marcherent les premiers et par ordre et [à] l'ouvert, tellement que entre deux pouvoit marcher l'ordonnance et la compaignie ainsi qu'elle venoit. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 108).

2.

En ouvert. "Publiquement" : Lors fu son testament ouvert En general et en ouvert. Cil testament faisoit sçavoir Qu'Auguste Caiius faisoit hoir Des deux pars de ce qu'il avoit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 225).

V. aussi ouvrir
 

A. -

"Sans dissimulation, ouvertement" : Je les hantay Et de pluseurs poins les temptay, Selonc ce que j'avoie a faire, En celant si bien mon affaire Que j'estoie adès seur ma garde Qu'il ne se donnassent en garde Comment j'estoie talentis Dou savoir ; si qu'un po lentis En enquestant me maintenoie, Par quoy ce que je desiroie Me moustrerent ouvertement, Et je l'apris couvertement ; Car ce qu'il moustroient ouvert, Je l'avoie tantost couvert Soubz une estrange couverture, Non contrestant leur ouverture, Pour ce qu'a leurs mos respondoie Par une moult simplette voie Et d'un parler de tel marrien Qu'il sambloit qu'il ne m'en fust rien. (MACH., D. Aler., a.1349, 245). ...il porront ouvertement Parler entr'eaus de leurs secrez. (MACH., D. Aler., a.1349, 304). "...Veuilliez savoir par esprouver L'amour qui en mon cuer demeure, Et vous verrés et sans demeure Que dessus toute creature Vous aim d'amour leal et pure." Quant je l'oÿ si plainement Parler et si ouvertement, Sa douceur fist mon cuer si tendre Que ne me pos onques deffendre Qu'il ne me faillist larmoier (MACH., Voir, 1364, 248). Mon tresdoulz cuer, vous m'escrivés moult ouvertement et avés tous jours escript ; si ne sai se il est bon que je mette(s) vos lettres en mon livre tout ainsi come elles sont ; si m'en veuilliés mander vostre volenté. (MACH., Voir, 1364, 680). Autrement nous trebucherons legierement et serions deceuz par l'ennemy qui se mue et transforme, comme dit saint Pol, en l'ange de lumiere, c'est a dire : en samblance de grant bien il cele sa malice, et decoit plus tost et [plus] perilleusement que se il la monstroit ouvertement (GERS., P. Paul, a.1394, 501). Aussi font les historians se non que ilz comptent plus ouvertement la chose, c'est assavoir que Hercules qui pluseurs foiz en bataille avoit desconfit et vaincu le dit roy Antheus dedans les metes de son royaume et il aprés ses desconfitures refreschissoit son ost de nouveaulx hommes d'armes assamblez de son pays. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 162). Et, a parler ouvertement, Tout est rompu, c'est a refaire. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 89). Puis requerés a tous les amoureux Que chascun d'eulx tout ouvertement die Se vous avez riens failly envers eulx (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 101). A paine la bouche me clost, se ce ne feust la cronicque qui si ouvertement en parle, et meismement d'un chevalier nommé messire Rogier de Mortemer. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 145). Ce peuple voit qu'il peuent grever leur annemy et estre seigneurs de la mer, a la seureté d'eulz et de leur province, mais il ne leur semble honeste dominer en la mer sy non par ouvertement combattre et subjuguer leur annemy, non pas par bruler la navire ou par aultre subtilité couverte. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 215).

-

"Au grand jour, manifestement, clairement" : Et nompourquant, ma dame douce, Que vostres cuers ne se courrouce A moy, nous ferons une chose Ouvertement, nom pas enclose, Ou vostre pais soit contenue, Et m'onneur y soit soustenue. (MACH., J. R. Nav., 1349, 173). ...les diacres lirent ou livre de la Loy distinteement et ouvertement pour entendre, et entendirent lors que on lisoit (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 21). Mais une chose trop m'arguë, Qu'entre gent, partout et en rue, Quant vous dites : "Venés ami", Vous m'appellez vo doulz ami Et volés bien que chascuns sache Que vous m'amés ; dont je me cache, Quant ensement parler vous voi, Que de vo voie me desvoi : Uns biens d'amours couvertement Donnés vault .C. ouvertement. (MACH., Voir, 1364, 256). Car qui vuet honneur garder Et bonne foy Son anoy Sueffre en recoy, Celeement ; Nompas si ouvertement Souspirer Et dementer Sans nul arroy. (MACH., Les lays, 1377, 440). Au partement Feru sera appertement De l'aguillon couvertement, Que puis verra ouvertement (CHART., L. Dames, 1416, 256). Et ainsi clerement et tout ouvertement nous disons que en ceste personne Dieu est tout, auquel le Filz selon son humanité se est offert pour nous (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 250).

-

"Sans qu'il y ait de dissimulation, d'obstacle" : Car je n'ay pas la painne desservi Qu'il me convient souffrir et endurer. Elle me fait trambler et tressuer, Taindre, palir, fremir en tressaillant, Quant pour ma mort voy en corps si vaillant Ouvertement, de fait et de pensée, Cuer de marbre couronné d'aïmant, Ourlé de fer, à la pointe asserée. (MACH., L. dames, 1377, 224).

B. -

"Publiquement, officiellement" : Li roys ne fist pas long detry, Eins manda monsigneur Monstry, Qui de Chypre est ses amiraus. Chevaliers est preus et loiaus, Et homme de très bon affaire. Si dist : "Amiraus, je vueil faire Une armée priveement, Dont vous serez ouvertement Maistre, capitainne et meneur ; Et n'i ara grant ne meneur Qui n'oubeisse à vostre vueil. De XXV. voiles la vueil, Pour courir sus nos annemis..." (MACH., P. Alex., p.1369, 115). La fille confessa tout, et dist ouvertement en jugement que... (C.N.N., c.1456-1467, 500).
 

A. -

"Ce qui est ouvert, état de ce qui est ouvert"

1.

Au propre "Espace vide dans ce qui est par ailleurs continu, ouverture" : Mais si dui oueil (...) Furent riant Nom pas moult vair, pour estre plus poingnant Et plus agu, dous, humble et attraiant, Tous pleins de las pour loier un amant En amour pure ; Et s'estoient clungnetant par mesure, Fendus a point, sans trop grant ouverture, Tout acquerant par leur douce pointure ; N'a l'entrouvrir Ne se peüst nuls homs qui soit couvrir Qu'en mi le cuer ne l'alassent ferir, S'il leur pleüst, et pour euls retenir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 69). ...les queles cote et chemise doivent estre a ouverture (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 688). [Traité du sacre] Apres ce, a l'issir de l'estable, s'il a courtes et droictes oreilles, maigre ou grasse teste, bonne veue et saine, et bons yeulx gros, saillans dehors la teste, et puis taster dessoubz gencives qu'il y ait grant entredeux et bonne ouverture et large, et qu'il n'y ait gourme, bube ne malen, et que l'entree du gavion ne soit en riens despecié. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 137). Marcius Curcius ne saillit il pas en la tresparfonde ouverture de la terre qui advint ou marchié de Romme... ? (CHART., Q. inv., 1422, 53). ...il descendit en ung trou et ouverture de terre, ouquel lieu il trouva ung homme mort assiz sur ung cheval de cuyvre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38 v°). ...predist aussi le grant tremblement de terre qui fut en Anthioche, par lequel plusieurs ediffices abismerent en l'ouverture de la terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 112 r°).

-

"État de ce qui est ouvert" : Quoy que la prise fust couverte, Soubs la fueillie estoit ouverte, Mais on n'en vëoit l'ouverture Pour cause de la couverture. Dont li espriviers s'arresta, Mais adès celle part gaita, S'oï l'oiselet sauteler Et les fueillettes venteler Aus sons que li gens oiselès Faisoit (MACH., D. Aler., a.1349, 273). Item que on advisast aux estas, et que le roy en son hostel mesmes il mist remesde, tant en ouvertures de pardevant, par lesquelles on voit les tetins, tettes et seing des femmes, et les grans queues fourrees, chesnes et aultres choses, car elles sont trop desplaisans a Dieu et au monde, et non sans cause. (JUV. URS., Nescio, 1445, 547).

-

Faire (une) ouverture (qq. part) : ...puis luy fendez la pel de la teste et luy rompez et cassez et faictes une ouverture ou test, et ostez la cervelle, et emplez le creux de sel, et recousez la pel. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 196). Saillez en parc et, s'il y a closture Qui vous garde, que yssir ne puissez pas, Abatez tout, rompez, faictes ouverture Et acourez plus viste que le pas. (Sots triumph., c.1475, 33).

2.

En partic.

a)

"Blessure ouverte" : Ce blanc drap, avecq moy saisir, Je y vueil pourter celle part, Pour essuyer et tost et tart Leurs playes et les ouvertures Qu'ilz [les prisonniers] ont au corps et les ordures. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 133).

b)

[À propos de la virginité de Marie] "Rupture" : ...son fil [de Dieu], qui vint (...) pardonner d'Adam la forfaiture Quant encharnez yssi sanz ouverture De la cité franche, nette et jolie, Dont tout temps sourt grace (Mir. Theod., 1357, 129).

c)

"Rupture (dans une ligne de front)" : Car aussi comme es batailles quant il avient que elles sunt perciees, adonques les ouvretures, encor celles meismes qui sunt tres petites, funt distraction des osts, semblablement toute diversité et difference ou dissimilitude semble faire dissention et estre cause de division (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 212).

3.

Au fig. "État de ce qui n'est pas caché" : Je les hantay Et de pluseurs poins les temptay, Selonc ce que j'avoie a faire, En celant si bien mon affaire Que j'estoie adès seur ma garde Qu'il ne se donnassent en garde Comment j'estoie talentis Dou savoir ; si qu'un po lentis En enquestant me maintenoie, Par quoy ce que je desiroie Me moustrerent ouvertement, Et je l'apris couvertement ; Car ce qu'il moustroient ouvert, Je l'avoie tantost couvert Soubz une estrange couverture, Non contrestant leur ouverture, Pour ce qu'a leurs mos respondoie Par une moult simplette voie Et d'un parler de tel marrien Qu'il sambloit qu'il ne m'en fust rien. (MACH., D. Aler., a.1349, 245).

-

Faire des ouvertures. "Faire des confidences"

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

B. -

"Action d'ouvrir, de s'ouvrir"

1.

Au propre

a)

"Action d'ouvrir qqc." : Bailliez ça, suer ; je l'ouverray [l'evangelier]. De ceste premiére ouverture, Dame, qu'a il en l'escripture De ce mot cy ? (Mir. Theod., 1357, 84). ...il y avoit une place (...) que tenoit Poqueron, et estoit moult forte, et quant l'en fut devant, on leur demanda ouverture (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 35). Et requirent les seigneurs à messire Morice l'ouverture de Dinan (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 43). ...aveuques la fievre que avoit aspre et mortele luy vindrent telle habondance de fleumes contremont et de materes corrumpues que, qui ne luy eust fait une ouverture de veine, subitement il fust estouffé dedens et mort (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 146). Par quoy myeulx povoient adjouster foy à ce qu'il leur disoit: en somme que, s'ilz vouloient parvenir au bien de paix et saulver leur pays, qu'il failloit que ilz feïssent, après avoir baillé l'ouverture de la ville, comme ilz avoient promis, des choses contenues en certain mémoire. (COMM., I, 1489-1491, 112). Et dist audit bastard que après ce qu'il auroit trouvé les moyens de l'ouverture dudit pont et fait ses dilligences, qu'il s'en iroyt après luy ausditz forsbours Saint-Denis. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 171).

-

Avoir ouverture. "Avoir accès (à un lieu) ou avoir la possibilité d'en sortir" : Et dist Jhesus al humain linage en menant hors [de l'enfer]. Venez mes saincts et mes amis, Qui fustes a ma pourtraiture Formés, et puis en ce lieu mis, Venez, vous avez ouverture (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 243).

-

Faire ouverture (de qqc.). "Ouvrir (qqc.)" : Cedit jour, a esté ordené estre fait ouverture en l'ostel maistre Giles de Clamecy, conseiller du Roy ceans, pour avoir certains procès qu'il a et qui ont esté longuement poursuiz et demandez. (FAUQ., I, 1417-1420, 24). ...en l'absence desquelz on ne povoit ne devoit faire ouverture des boistes desdictes monnoies (FAUQ., I, 1417-1420, 314). ...loyaulment me jura et promist Me faire brief de tous biens ouverture (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 18).

Rem. Mabrien V., 1462, gloss.

-

Faire ouverture à qqc. "Laisser sortir qqc." : ...il fut contraint de soy bouter en une vieille masure inhabitable, pour faire ouverture au clistere qui demandoit la clef des champs. (C.N.N., c.1456-1467, 469).

-

Faire ouverture à qqn. "Laisser entrer qqn, donner accès à qqn (à un lieu, en partic. à une place forte, une ville...)" : A la parfin, par divine mesure, Monta es cieulx ou nous fist ouverture, Siet a destre de son pére (Mir. ev. arced., c.1341, 145). ...lettres closes de par madicte dame des Dijon devers mondit seigneur et lui dire pluseurs choses pour lesquelles ledit Jehan Narjot envoyoit par deça touchant le fait et convine du daulphin et sa venue devers ledit Pont Saint Esperit, afin d'y aviser et pourveoir que ouverture et obeissance ne feust faicte audit daulphin audit Pont et ailleurs oudit pays de Languedoc (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 873). ...faire ouverture et baillier entrée en nostredicte ville aus gens de feu nostre trèschier et trèsamé cousin Jehan en son vivant duc de Bourgongne (Ch. VI, D., t.1, 1422, 413). ...durant le temps des divisions et differences, qui ont esté entre nous et notre dit feu frere et cousin de Bourgogne, ilz ont tenu party à nous contraire, et ainssi que si promptement comme faire devoient, ilz ne nous ont fait la dicte ouverture et obeissance (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 437). Or, voyant le roy que là ne povoit si tost avoir fait et que le conte de Charroloys s'aprochoit de Paris, doubtant qu'ilz ne feissent ouverture à luy et à son frère et duc de Bretaigne qui venoyent du costé de Bretaigne... (COMM., I, 1489-1491, 18). Ce dit jour vindrent nouvelles au roy que les gendarmes de son avantgarde avoient prié et requis aux habitans d'une petite ville, nommee Toustannelle, de leur faire ouverture et leur administrer vivres pour l'argent, ce qu'ilz refuserent par plusieurs fois. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 272).

.

"Donner à qqn la possibilité de sortir, de quitter un lieu" : Et s'en ce lieu sy mal famé, Tres lait, orrible et diffamé, Je meurs par aucune aventure, Tu en seroye fort blaphemé Et ton saint nom plus infamé Et de moy faire l'ouverture. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 866). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 29708]

b)

[À propos d'une chose] "Fait de s'ouvrir, éclatement" : ...car il dit que c'est impossible que emorrides soient sans apercion ou ouverture des voines de l'orifice du cul ou droit boiau (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 163). Les exitures se terminent aulcunefoys par resollucion mais le plus souvant par ouvreture. (PANIS, Guidon, 1478, tr.II, doct.1, chap.1).

2.

P. anal. [Dans le temps] "Commencement, apparition" : Maiz si tost qu'il declina la loy de Dieu pour suyvir ses plaisirs, Dieu lui suscita nouveaux ennemys, combien que lors ne luy sourdit pas ouverture de guerre pour lez merites de son pere (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 40). Pour tant est puni ung peuple pour son roy, et le roy pugny pour l'offence de ses hommes, quant la dissolution leur est ouverture de pechiés, ou sa negligence d'essaulcer lez vertus et reprouver lez meffaitz est commencement de leurs desordonnance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 46). Aussi offence couverte est tesmongnee par l'ouverture de paour, et les membres tremblans monstrent le cueur enferme et blecé, comme la rouge face la honte du courage. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 131).

-

"Jour où commence officiellement la période durant laquelle doit se dérouler un événement" : Le diemenche premier jour du mois et ouverture du pas, arriva ledit seigneur conte de Bouquincan (LA SALE, J.S., 1456, 176).

3.

Au fig.

a)

"Manière d'aborder qqc. ; proposition, offre (au sujet de qqc.)" : ...quant on faisoit ouvertures de baillier terres ou argent (JEAN DE MONTREUIL, Traité Angl. I, G.O.O., 1413, 207). Toutesfoiz dient qu'ilz tiennent que la mine de Saint-Pierre vault trop mieulx que celle de Chissieu et m'ont ouvert le party qui s'ensuit (...). Après laquelle ouverture, par l'advis et délibéracion desdiz seigneur de Chastillon et Briçonnet, je leur en ay fait une autre. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 376). ...et par especial pour le fait de sa guerre et de ses gens d'armes, desiroit de tout son coeur que une bonne ouvreture et manière fut trouvée, par laquelle les gens de guerre, qui estoient à luy, fussent paiez et soudoiez en nombre competent (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 52). Ce bon seigneur pensa ung peu sur l'advis de sa fille et en parla a madame sa femme. Si leur sembla que l'ouverture qu'elle faisoit luy partoit d'ung grand sens et de bon vouloir. (C.N.N., c.1456-1467, 171). ...et furent faictes aucunes ouvertures de traictié entre le Roy, monseigneur le connestable et monseigneur de la Trimouille. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 76). ...affin de veoir se il estoit possible de trouver aucune ouverture pour pervenir à paix (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1465, 62). Depuis la reception de voz lettres, beau frere le connestable m'a escript d'hier touchant aucunes ouvertures de tresves. (Lettres Louis XI, V., t.3, 1465-1469, 229). Mon frere d'armes, mon gros cousin, seneschal de Poictou, et vous monseigneur de la Forest, (...) je vous escripvy bien au long sur les ouvertures d'appoinctement que le duc vouloit faire pour mon frere et pour luy (Lettres Louis XI, V., t.3, 1465-1469, 269). Me dist, davantage, qu'il seroit aisé à appoincter, car ce jour estoit passé une damoyselle par Callaix, qui alloit en France devers madame de Clarance, laquelle portoit ouverture de paix de par le roy Edouard. (COMM., I, 1489-1491, 198). Icy commencent les moyens et premières ouvertures faictes entre le roy et le duc de Bourgongne pour deffaire monsr de Sainct Pol, connestable de France. (COMM., I, 1489-1491, 242). Tousjours prenoit quelque place s'il n'avoit trèves ou quelque ouverture d'appointement (COMM., II, 1489-1491, 258). Cestui Sostratus, au moïen de sa science de astrologie, trouva les ouvertures et moïens de faire la paix entre les Rommains et ceulx de Cartage, qui fut chose moult estimée grande, actendu l'obstinacion des Cartaginiens et des Rommains. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 v°). Ilz me firent reasseoir, et me demanda le duc si je ne vouloys faire nulle ouverture de paix, pour ce que le jour de devant j'en avoys parlé (COMM., III, 1495-1498, 129).

Rem. Trois fils rois P., c.1454-1463, gloss.

-

Faire des ouvertures à qqn. "Faire des offres, des propositions à qqn" : Et ne devez revocquier en doubte que dès incontinant que ledit Soupplainville eut sa despesche du roy pour s'en retourner devers le duc, qu'il fist les ouvertures que le roy luy avoit dittez audit seigneur de Lescun, son maistre, lequel luy fist response qu'il seroit trop plain d'ingratitude de tromper le duc qui avoit si grant fiance en luy, et que jamais ne luy conseilleroit faire ledit appointement (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 309).

b)

"Manière d'aborder qqc. sans dissimulation, sincérité, franchise"

-

En ouverture. "Sincèrement, franchement" : Et entredeux aviserons Comme morir nous le ferons, Par l'advis et conclusions De noz chevaliers et barons De nostre grant conseil ; sur quoy Chascun en dira en droit soy Son advis, quant temps y sera Et que le cas le monstrera En ouverture. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 129).
 

"Qui peut s'ouvrir"

Rem. SIMON DE HESDIN (éd. 1485) ds GD V, 674b-c (huches ferrees de serreures non ouvrables).
 

"Ouverture"

REM. Doc. 1460 (Loiret, une autre maison ... dont la principale ouvrance est sur la grant rue) ds GD V, 675b.
 

[Mot fantôme]

Rem. L'article de GD V, 675b, est à supprimer ; l. oviere, v. ovière Cf. MotsFantomes : ouvre.
 

"Action d'ouvrir" : Apertio (...) : ouvremens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 25).

REM. Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD V, 675c.
 

"Ouvrir" : Et y furent jusque a la porte. Or le jeu fut a l'arriver [var. [y] fut a l'ouvrer ["à la faire ouvrir"]], Car a l'entrée doibt on savoir Que femmes ne s'osent trouver (Amant cord. M., 1490, 51).

Rem. Le FEW n'enregistre ce changement de conjugaison que dans certains dial. mod.
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.]

1.

"Déplacer (ce qui ferme un espace ou un objet, porte, couvercle, serrure...), de manière que l'intérieur communique avec l'extérieur"

a)

[Une porte, une fenêtre...] : Quant Dieu ovrera sa grant porte Du chasteal de misericorde... (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 162). ...et advisa la maniere comment l'en fermoit et ouvroit l'uys de la chambre d'icelle dame, ouquel avoit un grant huys et un petit guichet qui fermoit à ressort, et lequel grant huys tenoit à une barre de boys que l'en reculoit dedens le mur quant l'en le vouloit ouvrir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32). ...sytost comme iceulx XX ou XXX hommes sauroient et verroient que ledit portier se seroit trait arriere et eslongnée la porte dudit chastel pour aler mettre hors yceulx gueitteurs, et auroit lessié l'uis ou guichet d'icellui ouvert, que ilz se boutassent, meissent et entrassent entre ledit portier et la maistre porte dudit chastel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 191). ...elle n'a peu entrer en sondit hostel, ne ouvrir son huis de sa clef de quoy elle l'avoit acoustumé à ouvrir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 526). Par tout on ouvrera les portes Quant on sçaura vostre venue. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 243). ...je feray ung sault jusques en la chambre de parement, et deffermeray l'huys, et le lairay ouvert. (C.N.N., c.1456-1467, 193). Ouvrés voz portes sans remortz, Prince d'enfer ! O portes, rompés, Et le roy de gloire varrés, Qui entrera, Dieu glorïeux ! (Pass. Auv., 1477, 226). ...lessez les fenestres et autres lieux de vostre maison ouvertes (LE FORESTIER, Rég. épid. pest., 1495. In : Chrestom. R., 280). Portier, ouvre l'uys hardyment ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 503).

-

Ouvrir (la porte) à qqn : Et cil qui sa porte li euvre Pert tout son bien oultreement. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 105). ...l'en a trouvé que de VJ huissiers de ceans qui à leur tour estoient de servir pour ce moiz (...) et n'y avoit aucun autre qui ouvrist l'uiz aux seigneurs (BAYE, II, 1411-1417, 20). ...ilx estoient plus de Vm à Paris tous prests à le recevoir et ly ouvrir la porte de Montmartre ou de Saint Honoré. (BAYE, II, 1411-1417, 229). LUCIFER. Vecy Sathan qui vient, Cerberus, euvre luy la porte (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 229). Tost, geollier ! Euvre ton huys A ces hostes que l'en t'amaine ! (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 59). Lors le roy commanda lui faire ouvrir la porte des lices pour soy retraire en son pavillon (LA SALE, J.S., 1456, 124). Luccifer, maudit Cerberus, Ouvre moy ; je te porte proye ! (Pass. Auv., 1477, 249). Hurtés et je vous ovreray (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 52). Je say bien moy que je metray L'huys hors des gons sy tu ne m'euvre. (Gent. moun. T., c.1500, 367).

-

[Dans un cont. métaph.] : Oroison apelle devotement le Saint Esperit, Obeissance li euvre apertement, Pais le retient joieusement. (GERS., Pent., p.1389, 73).

.

Les huis ouverts. "Les portes étant ouvertes" : ...lesquelles lettres furent leues et publiées, les huiz ouvers publiquement, et requirent lesdiz Espaignos avoir lettre de ladicte publication. (BAYE, I, 1400-1410, 69). Si me commanda le Roy que, les huis dudit Conseil ouvers, et tous ceulx qui wodrent entrer entrez, je publiasse ledit scrutine. (BAYE, II, 1411-1417, 130).

.

Empl. abs. : Ouvrez, ouvrez, varlet ou maistre ; Cest huis ouvrez. (Mir. roy Thierry, c.1374, 301). ...il hurte de rechef et dit : "Ouvrez, ouvrez, je suis vostre mary..." (C.N.N., c.1456-1467, 28).

-

[Une serrure] : ...[il] pensoit aussi que la ceruse fust tant enrouillée qu'on ne la pourroit ouvrir (C.N.N., c.1456-1467, 27).

.

Empl. pronom. à sens passif. : ...[il] pensoit aussi que la ceruse fust tant enrouillée qu'on ne la pourroit ouvrir, pour ce que nulle foiz ou pou souvent s'ouvroit. (C.N.N., c.1456-1467, 27).

.

Inf. subst. : Et combien que a la premiere election faicte a Romme du Barroys, je me fusse soubmis, toutesfois moy informe viva voce par les rouges chapeaux de la seconde election Debonnaire selon la loy civile en mieulx si muay mon conseil, c'est assavoir de la premiere election, tenant moy au contraire si tresdoulcement, dame royne, que au Debonnayre, Clement VIIe appelle, dignement appartient l'ouvrir et cloyre des clefz de l'eglise de vostre Pere (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 369).

b)

[Un espace clos, un local, un contenant...] : ...ledit receveur tiendra tout tel et semblable ordre ès mines d'argent de la montaigne de Joz, en Beaujoloiz, quant elle sera ouverte et en estat et disposicion de besongner (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 351). ...lequel cymetiere est de antiquité ordonné pour les moines du lieu et, quant il advient que l' on euvre aucun sepulcre trois jours après que aucun y est en terre, l' on ne treuve os, chair, ne cendre, ne aucune apartenance de corps et ceste merveille a esté souvant trouvée vraye. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 v°).

-

[Un édifice, une maison, une pièce...] : Lesquelles eglises ycellui Durant ouvroit à un crochet de fer qu'il portoit avecques lui sur soy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 96). ...en la ville de Breban, de nuyt, en une estable qu'il ouvry, print une jument qu'il mena vendre en la ville de Chaalons dessus dite. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 163). Ilz monterent en la chambre, qui fust tantost ouverte. (C.N.N., c.1456-1467, 494).

-

Inf. subst. : A l'ouvrir la chambre, le clerc la vit armée (C.N.N., c.1456-1467, 279).

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[Un meuble, une caisse, un étui...] : Ceste huche vous ouverray (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 9). ...à sa petite cote print les clefs qui pendoyent à un petit fermillet ; de l'une desquelles clefs, pour ce qu'il en y avoit plusieurs, et à très grant pene il ouvry un grant coffre, ouquel il fouilla tant qu'il trouva un petit coffret, lequel il print et emporta (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32). ...[il] entra en une basse chambre dudit hostel, en laquelle avoit un coffre tout ouvert, ouquel coffre il print le couvercle d'argent doré duquel est faite mencion cy-dessus (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 217). ...eulx trois là assemblez, yceulx deux compoingnons attaingnirent deux estuiz de cuir, l'un rond et gros comme une grosse boule, et l'autre plat comme unes grans tabletes, et les ouvrirent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 423). Le charreton (...) hucha les gens et son maistre, qui ouvrirent le casier, ou ilz trouverent le pouvre prisonnier (C.N.N., c.1456-1467, 446).

c)

"Donner accès à"

-

[À une boutique, une auberge...] : ...comme il passoit à un matin auprez de l'ostel Jehan de L'Olive, il trouva un hostel ouvert ouquel il entra (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 10). Et retournay par ung autre chemin ou il ha ung lotgis ouvert (CAUMONT, Voy., p.1420. In : Chrestom. R., 71).

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[À un marchand] : Item, quiconques achete harent de Fronelaye et morues bactonnées et macquereaulx salez de marchant estrange, il convient quilz soient ouvers dedans tierce et cloz dedans vespres ; et ce est ordonné pour ce que les marchans s'en aloient trop tard (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 14).

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[Cont. métaph.] : O souverain qui es saincts cieulx reluys, Qui peulx ouvrir et clore le grant huys De paradis ou tout plaisir domine, Oeuvre moy les jours eternelz sans nuys (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 102).

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Ouvrir l'huis du paradis : ...a sa gloire M'a appellé, et ouvert l'uis De son paradis (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 271).

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Loc. fig. Ouvrir paradis. "Donner l'absolution" : Les autres louerent l'excellence de sa dignité en prelature en tant que Dieu le feist maistre et prince sur toute son Eglise, en tant que tous autres, feussent apostres ou disciples, voire et nostre Dame, furent en ce subgetz a luy [à saint Pierre], et ot la souveraine auctorité de clorre et ovrir paradis par la vertu et par les clefs du saint sacrement de penitence qui enclost confession. (GERS., P. Paul, a.1394, 486).

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Tenir cour ouverte. "Inviter aux festivités de la cour" : A unc jour droit fist crier a abandon Pour tenir court ouverte (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 435). Quinze jours tint le roy court ouverte pour l'onneur des princes qui estoient venuz et parloient grandement de la vallantise de Pierre. (Belle Maguel. C., 1453, 26). Meismement Herculés, pour qui la feste se faisoit, les bienvegna. L'appareil doncques estoit grant en Thebés a ce jour. Le roy tinst court ouverte. Les roys et les princes, dames et damoiselles mengerent de bonne heure. Aprés qu'ilz eurent fait bonne chiere, les dames et les damoiselles monterent sus les hours, et les chevaliers s'adouberent et monterent sus leurs chevaulz (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 127).

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DR. [D'un seigneur] Ouvrir sa cour à qqn. "Donner accès à sa cour de justice à qqn" : Pour ce que gages doivent estre delivrés ou receuz pour justice, nous traitterons comment la recreance se doit faire. L'en doit savoir que, se aucun tient les gages d'un sien homme et il n'en veult faire rendue ne recreance, ne n'en veult ouvrir sa court à son homme ou à un autre, il doit venir au souverain et le souverain y doit envoier son sergent (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 161).

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Ouvert. "Accessible" : On le peut bien appeller fontaine Dieu car c'est la vraye fontaine de tous biens, mais elle n'est pas a chascun patente et ouverte. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 149).

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Ouvert après qqn. "Accessible pour qqn" : A ceste maisoncelle donques d'un povre homme, gisant en son literon avecques sa famelette, dormans tous deux, vint hurter le riche duc de Bourgongne mourant de faim et de froit, et qui avoit sa riche maison à Brusselles toute nuyt ouverte après lui (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 257).

d)

Part. prés. en empl. subst. fém. "Fenêtre"

-

P. méton. "Pièce qui possède une fenêtre s'ouvrant sur la rue et servant de boutique ou d'ouvroir" : ...avoir refait de neuf les quatre astre et quatre couvertures des quatre cheminées qui sont en icelles deux maisons, tant les deux de l'estage de rez de chaussée comme les deux autres de l'estaige d'au dessus, et, au dit rez, fait parties des planchiers des ouvrentes d'icelles (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 671).

2.

"Pratiquer une ouverture, une trouée dans qqc."

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[Le corps] : Je di donques que ceulz sont bestiaus qui sont telz comme fu un homme duquel l'en raconte que il fendoit et ouvroit les femmes grosses, et traioit les enfans de leur corps et les devoroit. (ORESME, E.A., c.1370, 380). Prenez moy voz courgees trenchans Et luy en bastez tant les flancs Que je le voye par tout ouvert (Myst. st Laur. S.W., 1499, 223).

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Plaie ouverte : ...se il n'i a sanc courant par plaie ouverte. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 86). Mes amis, de ceste touaille Vous nettiray ung pol vous playes, Car assez en avés de layes Et d'ouvertes a habondance (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 133).

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[Un cadavre] "Pratiquer une autopsie sur" : Et est vray que lesdiz seigneurs, après leur mort, furent ouvers en presence de medicins et autres, et n'y avoit quelque signe d'empoisonnement (FAUQ., I, 1417-1420, 32). En iceluy an aussi mourut le pape Nicolas, qui estoit encores en la force de son âge ; mais il fut empoisonné, comme il fut trouvé quand il fut ouvert par les surgiens. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 48). Comment il veult qu'il soit ouvert et qu'on gecte hors le morceau ou la mort aura touchié. Ce fait, mon corps on ouvrera Et dedant partout l'en querra Le morceau ou la mort mauldite Son mors et giste fait aura (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 72). ...apprez son trespassement, le corps de ce très crestien Roy fut ouvert, puis ses entrailles mises et posées en certain vaissel à ce fait et ordonné tout propice (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 424).

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Part. passé en empl. adj. [D'un vêtement] "Fendu, non cousu" : ...aune et demie d'escarlatte sanguine, et aune et demie d'un marbré lonc de Broisselles, baillé à Martin de Coussy, tailleur de monseigneur le Dalphin, à faire un seurcot ouvert (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 85). ...une longue robe d'orfavrerie, à grandes manches ouvertes (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 122). ...Pourpoins ouvers, Bonnetz revers (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 241).

3.

"Déployer, écarter (une ou des parties jointes, les éléments mobiles de qqc.)"

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[Un compas, une branche du compas] : Ores sus .h. soit mys le pyé immobile du compas, et l'aultre soit tant ouvert qu'il puisse faire deux pointz sus les deux lignes orthogonales... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 290).

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[Un écrit, une lettre, un testament...] "Décacheter, déployer" : Lors fu son testament ouvert En general et en ouvert. Cil testament faisoit sçavoir Qu'Auguste Caiius faisoit hoir Des deux pars de ce qu'il avoit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 225). ...puis les oevre [les lettres] Et les lisi de cief en cor (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 163). Par l'ordonnance du Conseil du Roy et de monseigneur le Dauphin furent receues et ouvertes les bulles du Pape Martin esleu à Constances (FAUQ., I, 1417-1420, 115). Ces lettres furent ouvertes par elle (C.N.N., c.1456-1467, 257).

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[Un livre] : ...et euvre le livre Ou tu sces nostre debte ensuivre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 33). Je voy la des livres ouvers (Copp. lard., a.1488, 162).

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Ongle ouvert. "Ongle des pieds écarté (chez le cerf)"

Rem. GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, gloss.

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Teste ouverte. "Tête de cerf dont les perches sont très écartées"

Rem. GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, gloss.

4.

P. anal. [Une partie du corps] "Écarter"

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[La main, le poing] : Biau Dieu, oeuvre ton poing Pour aidier no querelle, Mestier avons d'aïde ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1101). ...et a le bras droit tendu et la main ouverte devers la Turquie (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 159).

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[Les bras] : Quant Vienne aparceust son pere, qui venoit, elle luy coroit a l'encontre, les bras ouvers, si l'ala acouler. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 113).

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[La bouche, les lèvres, notamment pour parler] : En telles eglises la glorieuse vierge ouvri sa bouche... (Mir. Theod., 1357, 79). ...ouvrir la bouche (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 314). ...tu ouvris les enfantines levres de Daniel pour la bonne Susanne, accusée à tort (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 58). Car ilz sont aucuns qui ressemblent a un sepulcre, car, quant ilz euvrent leur gorge pour parler, elle put comme fait le sepulcre quant on le desclot. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 260).

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Ouvrir la gueule d'un animal : ...quant ilz hauront leur hures de cenglier et appareilliés (...), si leur euvrent les goules et y mectent en chescune ung trosset de bastonnet pour les tenir ouvertes (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 140).

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[Un oeil, les yeux] "Relever la paupière de" : ...il ovry les yeulx (Chev. papegau H., c.1400-1500, 70). ...une maladie le print en l'oeil si greve, qu'il ne le povoit tenir ouvert (C.N.N., c.1456-1467, 502).

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Ouvrir les yeux (à un aveugle). "Rendre la vue à" : [Cont. métaph.] Tu, lumiere, veritable, euvre mes iex de toute cecité humaine (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 32). LE PREMIER PRINCE. (...) Que dis tu de cest homme cy Qui t'a ouvert les yeulx ainsy ? Quel homme est il par ton semblant ? L'AVEUGLE. C'est ung prophete souffissant Vous le poez vir par son fait (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 100).

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Ouvrir les yeux. "Être attentif" v. oeil : ...quant Dieu euvre ses ieux, Il voit leurs maulx (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 3). Hault plasmateur, estens sur nous ta main, Ouvre ton oueil plein de misericorde (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 124). O Lucifer, ovre tes yeulx ! Jehan baptiste a nous seans Plus ne baptizera les gens Ne ne foschera [l. preschera] a la terre. (Pass. Auv., 1477, 113).

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Ouvrir les yeux de connoissance : Ouvrez les yeux de cognoiscence, entre vous, miserables femmes donnees a pechié tant deshonnestement (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 211).

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Avoir les yeux ouverts. V. oeil

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P. anal. [Les oreilles] : Ouvrir nous convient nos oreilles Affin que nous oyons le cry. (Vig. Trib., c.1480, 227).

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Ouvrir les oreilles spirituelles. "Être attentif" : Ouvrez doncques les oreilles espirituelles de vostre cuer, tendez les en hault, et escoutez leur humble requeste et leur plainte doloreuse [des morts], pour les aydier, secourir et delivrer. (GERS., Déf., 1400, 226).

5.

Part. passé en empl. adj.

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[D'une pers. ; p. oppos. à reclus] : Netes soient donc nos beguines Et prestre et clerc et chapelain, Recluse et ouverte nonnain (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 13).

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[D'une contrée] "Sans limite naturelle" : ...il y a différence entre le païs d'Égipte et de Surie, car Égipte sy est plain païs et ouvert, et Surie sy est païs rusquilleux et plain de montaignes (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 121).

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À l'ouvert. "À découvert" : Aprés ce temps elle Melusigne fist faire Le bourg ou moult a beau repaire : Les murs sont haulx et les tours drues, Les alees et les venues Sont toutes faictes a couvert ; Archieres y a a l'ouvert Pour lancer, trairë et deffendre. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 153).

B. -

Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.]

1.

[Idée d'accès (au fig.)]

a)

"Rendre disponible (une faculté)" : ...sy tu n'oeuvres L'entendement a ce que tu recueuvres Quelque fiance... (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 81). ...pour bien parfonder cestui fait il convient bien avoir l'entendement ouvert et le regard parfont. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 275).

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[D'une chose] Ouvrir qqn. "Rendre qqn accessible aux choses, capable de pénétration" : Travail (...) M'ouvrist plus que tous les commens D'Averroÿs sur Arristote. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 29).

b)

"Mettre qqc. à la disposition de qqn, présenter, offrir qqc. à qqn" : Nul ne doit sens celler Ne mettre en repos ne couvrir, Ains le doit a trestous ouvrir (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 2). DIEU. (...) O tres chiere nature humaine (...) Le don de mercy t'est ouvert ; Peus tu estre mieulx recouvert Que mon propre filz soit couvert De ta nature ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 49). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 147] ...la Majesté Divine, qui par sa bonté Euvre ennuit ses tresors de grace (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 201). Se Dieu n'y oeuvre et son espargne n'oeuvre (...), Jamais n'arons samblable personnaige [Épitaphe de Henry de Berghes] (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 384). La gloire si vous est ouverte Avecques Jesus, nostre sire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 270).

c)

Ouvrir la voie

-

Ouvrir la voie à qqn : Et ja pieça en furent en Savoye Ambaxadeurs pour leur ouvrir la voye. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 57). Ensius les voyes de tes peres ancïens, oeuvre la voye a tes enfans (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 25).

-

Ouvrir (la) voie à qqc. / pour + inf.. "Donner accès, donner libre cours à qqc." : ...attendu le malice d'iceulx prisonniers, et la voye par eulx ouverte pour evader la punicion et juridicion du roy nostre sire, foy aucune ne soit adjoustée, ne aussi ne soit aucunement deferé à proceder à l'absolucion ou condempnacion d'iceulx prisonniers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 87). ...une escripture (...) injurieuse à la justice du Roy, à la police et bien commun de son royaume, contenens sedition, ouvrans voie à parjuremens et homicides (BAYE, II, 1411-1417, 260).

-

Voie ouverte : ...les voyes ouvertes par le pape sont trouvees inutiles (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 53).

2.

[Idée de possibilité] "Rendre qqc. possible, le suggérer" : ...et furent ouvers plusieurs moiens pour l'apaisement des matières. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 187). Toutesfoiz dient qu'ilz tiennent que la mine de Saint-Pierre vault trop mieulx que celle de Chissieu et m'ont ouvert le party qui s'ensuit (...). Après laquelle ouverture, par l'advis et délibéracion desdiz seigneur de Chastillon et Briçonnet, je leur en ay fait une autre. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 376). Et au regart de ce que messire Michel de Partenay dit qu'il m'a ouvert un parti que le duc tinst en ressort de moy les hommages de ses eveschiez, c'est un expedient que je ne dois pour rien accepter, car le duc ne me donneroit riens par ce moien. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1463, 205).

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Ouvrir que. "Faire en sorte que, rendre possible que" : Et sur ce aussi que nostre dit saint Pere a ouvert que, pour faire ladite armee et l'entretenir comme dit est, et afin que les fraiz soient à la charge d'ung chascun suppourtez egallement, que l'on mectra sus et pourra lever durant les dites trois annees ung decime sur toutes gens d'eglise (Doc. 1460. In : H. Stein, Bibl. Éc. Chartes 98, 1937, 313).

3.

[Idée de mise en train, de commencement] "Mettre en train, commencer, engager qqc." : ...maiz requierent justice à la Court, laquelle a dit qu'elle a ouvert les manieres de proceder ceans (BAYE, I, 1400-1410, 111). Sur certeinne cause meue et ouverte le Ve jour de fevrier derrien passé entre Giles d'Auffay (...) d'une part, et les duc de Bourgoigne, prevost et eschevins dessusdiz, appellez, intimé, d'autre part (BAYE, I, 1400-1410, 261). Et fu la matiere desdictes provisions et remedes ouverte ad utramque partem, et discutée par maistre Guillaume Intrant, d'une part, et par maistre Hugues Rapiout, d'autre part. (FAUQ., I, 1417-1420, 371). Auquel lieu furent ouvertes matières desquelles plus avant ne vous escrivons parceque croyons que par mondit Sr le Prince en estes assez advertis. (Doc. 1492. In : B.-A. Pocquet, Bibl. Éc. Chartes 115, 1957, 151).

Rem. Ouvrir le jeu ds le Procès verbal de la représentation (LA VIGNE, S.M., 1496, 120).

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Ouvrir (la) guerre. V. guerre "Déclarer la guerre" : Des adont la guerrë ouvrirent Vers Adam et vers sa ligniee (Liber Fort. G., 1346, 117). Et semble aussi que les effores avoient posté sus les choses qui touchent les forains et estranges, comme seroit traictier a eulz ou ouvrir la guerre et teles choses, et jugeoient des contracz. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 102). ...la guerre est ouverte entre nous et nostre adversaire d'Angleterre (Doc. 1417. In : J. Vielliard et R. Avezon, Bibl. Éc. Chartes 97, 1936, 370).

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Guerre ouverte : ...de laquelle somme les gens de Monseigneur à ce commis firent faire execution sur ledit Colin lan CCCLVIII ou environ, pour le temps quil avoit guerre ouverte entre le roy de France, qui pour lors estoit regent le royaume dune part, et mon dit seigneur dautre (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 389). ...comme Jehan de Verrue, chevalier, se soit rendu nostre rebelle et ennemy en tenant le parti Edwart d'Angleterre et de Edwart de Gales, son filz, qui ont commancié et font guerre ouverte à nous et à noz subgiez (Doc. Poitou G., t.3, 1369, 378). ...et leur sambloit oultre, que on devoit encores sommer ledit Roy d'Engleterre plus souffisamment qu'on n'avoit fait jusques à present, devant que on lui fist guerre ouverte. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 161). ...le discord y estoit tel entre le roy et le duc de Bourgoingne a cause du daulphin et de Lucembourg, sans guerre ouverte, que nulle riens oncques ne fut de si grant peril que ceste ne plus annuieuse. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 260). ...le duc de Bourgogne s'est de parolle, de fait, et par lettres escriptes de sa propre main, declaré ennemi formé de nous et de nostre dit royaume, en faisant guerre ouverte à l'encontre de nous et de noz subjetz. (Lettres Louis XI, V., t.4, 1471, 180).

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Ouvrir une enqueste : L'on est receu à produire lectres jusques à l'ouverture de l'enqueste et icelle ouverte... (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 115).

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Ouvrir une matiere : La cause et matière ouverte pardevant notre dit chancellier, oyes les dites parties... (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1408-1409, 254).

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[En cont. érotique] : ...de grand haste et ardent desir qu'il eut d'entamer la matere qu'il vouloit ouvrir, il oblya de serrer l'huys de la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 432).

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Empl. abs. "Débuter la séance" : ...les diz prevosts de leurs office ne feront ou pourront faire adjourner se n'est à jour de feste et hors huit jours ; et en ce cas, ouvreront à la premiere journée et seront tenuz de ouvrir et proposer leurs demandes d'office à cellui qui sera adjourné sanz continuer autre jour ou journée. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 66).

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RHÉT. Ouvert. "Qui appelle un couplet symétrique, dit clos" : Et est assavoir que virelais se font de pluseurs manieres, dont le refrain a aucunefois .IIII. vers, aucunefois .V. aucune fois .VII., et est la plus longue forme qu'il doye avoir, et les deux vers après le clos et l'ouvert doivent estre de .III. vers ou de deux et demi, brisiez aucunefoiz, et aucunefoiz non. (DESCH., Art dictier R., 1392, 281). Oultre plus, aucuns ditz sont nommez balades, lesquelles se font en diverses manieres ; toutesfois la plus commune maniere si est de fere deux vers de pluseurs couples ["deux ensembles de vers parmi plusieurs couplets"], desquelz deux vers l'ung s'appelle l'ouvert et l'autre le clos. (LEGRAND, Rimes L., a.1425, 8).

4.

[Idée de manifestation]

a)

Ouvrir qqc. (à qqn). "Découvrir, exposer, révéler, faire connaître qqc. (à qqn)" : Et së aucuns sont venus ci Qui ne li aient descouvert Leur conscience et tout ouvert Par contrite repentance Et condigne penitance... (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 20). ...il m'a vilment refusé Pour ce que li ay descouvert Mon cuer et mon desir ouvert (Mir. Theod., 1357, 98). Ossi qui ["si on"] le me fait ouvrir, Je m'en ose bien descouvrir (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 92). Amis, je sui en un desert, Quant vostre cuers que li miens sert S'en va en estrange contrée, Et pas ne vous ay descouvert La grant amour, n'aussi ouvert Ma triste et dolente pensée (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 48). Les genz du Roy vouloient que nous leur ouvrissiens nos motis du Roy de Secile aler à Naples ou non, et nous nous tenismes es termes de leur en demander conseil sanz riens ouvrir de nos intencions. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 523). Qui prandra femme, cilz l'ara Toute tele qu'il la prandra, Soit juene, vieille, salle ou nette, Sotte, boiteuse ou contrefette, Humble, courtoise ou gracieuse, Belle ou borgne ou malicieuse, Car par devant se couverra ; Mais ses meurs après ouverra, Et de près les fera sentir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 53). ...et lui demanderent pourquoy il estoit prisonnier, et icelli Breton leur respondi qu'il pensoit que c'estoit pour ce qu'il avoit perdu les lettres du roy qui lui avoient esté chargié de porter devers ledit mons. de Berry, sanz plus riens ouvrir à lui qui parle, ne aus dessus nommez, du cas pour lequel il estoit prisonnier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 544). ...ne eust point honte aprés ouvrir et magnifester a tous qui elle estoit (Cleres nobles femmes B.H., t.1, 1401, 20). ...on ne doit ouvrir, en particulier hors confession, ceste vilté et ordure abhominable (GERS., Ms Paris, 1405, B.N., fr. 13258, f° 364 v°. In : G. Ouy, Le M. fr. (5e Colloque, Milan), t.2, 1986, 63). Ce jour, après disner, furent assemblez les presidens et conseilliers des IIJ chambres de Parlement pour faire response sur ce qui avoit esté ouvert par monsegneur le chancelier ou conseil tenu ce jour au matin en la grant chambre de Parlement (FAUQ., I, 1417-1420, 211). ...et pourtant je te demande qu'il te plaise a moy ouvrir ce que tu scez (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 166). Et je te prie que tu declaires, comment des chouses dessus dittes tu as ouvertes les raisons, ainsi je demande que tu euvres les raisons des chouses desquelles j'ay intencion de demander. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 234). ...comme ouvert luy avoit son secret, le sien luy voult deceler (C.N.N., c.1456-1467, 95). Pardonnez moy toutesfoiz que si fiablement vous ouvre et descouvre mon courage (C.N.N., c.1456-1467, 295). Ma chere espouse, je vous ay ouvert ces manieres de respondre affin que vers moy n'en usez aucunement. (C.N.N., c.1456-1467, 564). ...par quelle façon elle luy pourroit monstrer son grand et ardent amour et ouvrir le secret desir de son courage, elle ne savoit (C.N.N., c.1456-1467, 569). ...le clerc cuidoit que elle luy deust ouvrir quelque matiere grosse et difficile, et la vouloit laisser commencer (C.N.N., c.1456-1467, 572). Et [se] vous, messieurs les ambassaeurs, saviez quelque expedient et que le voulsissiez ouvrir, ce seroit bien fait. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 49). Pour quoy dist saint Gregore bien en son Registre que a nos amis nous devons ouvrir nos consaulz et nos secretz. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 355).

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Ouvrir que. "Rendre public que, dire que" : Et en oultre fut ouvert qu'il seroit bien expedient pour le bien des dictes matières que... (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 188).

b)

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Manifeste" : Et prophetisa vraiement De Jhesucrist l'advenement Plus ouvert et plus entendant Que nulz aultre n'ot fait devant. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 46). J'ay (...) presté l'ouye A toute belle bourde ouverte (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 149).

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"Qui se déclare publiquement, formulé sans dissimulation" : Il [Tibère] fust moult sobre de sa bouche, et despendoit en dons et en aultres choses convenablement, adfin qu'il ne peüst avoir du commun aulcunes reprehencions ouvertes ne convertes. (LA SALE, Sale D., 1451, 22). Demoscenes, pour nous monstrer le dangier de hayne, met difference entre hayne couverte et hayne ouverte (...) ...hayne couverte est plus perilleuse que hayne ouverte. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 249).

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À mots ouverts. "Manifestement, sans dissimulation" : Et, toutesfoyz, il dit a mos ouvers Que Messÿas est venu pour nous, serfs. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 17).

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À l'ouvert. "Franchement, sans dissimulation" : Et par ainsi, se en aucuns lieux de mes oeuvres il est trouvé que je parle a l'aventure ou trop a l'ouvert ou trop clos ou trop taillamment touchant ce roy (...), je prie que ce ne me soit imputé a faveur, ne a hayne aussi, ne a quelconcque parcialité de corrage, mes soit imputé au temps et aux affaires de ce royaulme (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 323).

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En ouvert. "Publiquement" : Lors fu son testament ouvert En general et en ouvert. Cil testament faisoit sçavoir Qu'Auguste Caiius faisoit hoir Des deux pars de ce qu'il avoit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 225).

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"Manifeste, franc" : Or n'est anois que soings ne passe, Mes qu'il soit plaisans et ouvers. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 180).

-

[De la joie, de l'âme...] "Épanoui" : Et elle en qui Joye est ouverte En Plaisance continuee... (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 219). ...et croy que cuer d'omme ne fu oncquez tant merancolieux ne tourblé qui alors n'eust fait chiere joieuse tant y estoit plaisance ouverte et habandonnee. (Comte Artois S., c.1453-1467, 21). Et lors Jason, en ouvert esprit, nagant en plaisir par appetit de nom acquerre, se mesla entre ces chevaliers ou les Esclavonnois se ralyerent. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 148).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

Au propre

1.

[De la terre, de l'abîme...] "S'écarter en créant un passage" : La terre ouvry, il cheÿ ens (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 39). Car terre dessoubz eulz s'ouvri Et en abisme les couvri (Mir. st Guill., c.1347, 18). O cieulx, degouttez vostre rousee d'en hault, et le juste descende des nues ! Ouvre soy la terre, et germe le Sauveur ! (GERS., Annonc., a.1400, 229). Si ot à cause d'iceulx grant commocion par leurs amonicions, et fu en division le dit peuple, pour lequel pechié pugnir, devant tous la terre s'ouvri, et descendirent en enfer tous vifs avec leur complices (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 129). Terre, oeuvre toy, viens me a cop transglutir (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 65). ...je prie [Dieu] qu'il permette la terre ouvrir qui me englotisse et devore toute vive (C.N.N., c.1456-1467, 564). Je requier treshumblement a Dieu et a joinctes mains luy prie qu'il face et commende ung abysme ouvrir ou je soye jectée [La jeune femme évoque le cas d'un engagement qu'elle ne tiendrait pas] (C.N.N., c.1456-1467, 565).