Empl. trans.

A. -

"Accomplir qqc." : Or est il ainsi que celui qui pour yre occist soy meïsme, il oeuvre tele chose luy voulant et hors la loy droituriere, car la loy ne sueffre pas tele chose. (ORESME, E.A., c.1370, 326). Et donques avecques ce il est neccessaire ouvrer et executer ceste chose, supposé que il le puisse faire et que il n'i ait aucun empeschement. (ORESME, E.A., c.1370, 373). De l'effect de grace et quel chose elle fait et euvre. (Somme abr., c.1477-1481, 93). Ainsi Dieu prevoit les maulz que fait cestui qui les euvre, et toutevoies pas n'est cause des maulz qu'il fait, et neentmoins, il sera se il est preveu de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

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[Avec obj. interne] Ouvrer les oeuvres (de Dieu) : DEUS. Ovrons tandix comme il est jours ; Tandix que la clarté est clere, Ovrer vuilz les ovres mon Pere (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 124).

B. -

En partic. "Façonner qqc. (une chose concr. ou abstr.)" : Ouvrez cy de vostre mestier Une estampie. (Mir. ev. arced., c.1341, 130). La fu la clef ouvrée et acomplie Dont la prison d'enfer voult defermer (Mir. chan., c.1361, 186). ...quant la cognoissance me vint que le roy de France et le roy d'Angleterre s'en vouloient ensonnier, je me resveillay à ouvrer l'istoire et la matiere plus avant que je n'eusse encoires fait. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 171). Li rois estoit en .I. vassiel moult fort et moult biel qui avoit esté fais, ouvrés et carpentés a Zandvich (FROISS., Chron. D., p.1400, 407). ...ilz [lesdis orfevres] vouloient acheter trois ou quatre escus pour ouvrer et faire menuz ouvrages d'or (FAUQ., II, 1421-1430, 233). ...par dehors oeuvré et fait II elles de maçonnerie es deux costés de bloc et de plastre pour la soustenir et la hauchier et enchapperonner par hault [la cheminée] (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 165). ...il [un château] estoit tout maçonné de brique sy bien ouvree que c'estoit belle chose a veoir. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 634). Et pour tant ainsi que l'art non seulement est congnoissance, mais aussi faisant et ouvrant les choses qui se font selon l'art, mais congnoist des choses qui se fourvoient des rieules de l'art seulement (Somme abr., c.1477-1481, 171).

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Part. passé en empl. adj. "Travaillé, orné, ouvragé" : "Les advocaz n'avoient pas lors les grans chapperons fourez, les grans palefroiz, la grande vaisselle, ne les palaiz ouvrez, mais en habit et en estat vivoient sans difference avecques le commun, les clercs avecques les clers, et les laiz avec les lays..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 463). ...trois cueilliers d'argent, trois ou quatre verges ou aneaux d'argent, un anel d'or à IIIJ pelles, cinq pesnes de table ouvrez de lin, et environ XXVIIJ sous en argent comptant, toutes icelles chosses prinses ou coffre dudit de Malmes, estant en sa chambre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 306). ...la chappelle (...) estoit tant noblement aournee que nulz ne sauroit esprisier la richesse tant des paremens qui y estoient le plus estrangement ouvrez et si richement, d'or, de brouderie, de perles, que on n'avoit oncques mais veu les paraulx, comme de ymages, de croix, d'encensiers d'or et d'argent, de livres, tant nobles que on pourroit souhaidier. (ARRAS, c.1392-1393, 39). Li rois estoit en .I. vassiel moult fort et moult biel qui avoit esté fais, ouvrés et carpentés a Zandvich, et estoit armés et parés de banieres et d'estramieres tres rices, ouvrees et armoiies des armes de France et d'Engleterre esquartelees ; et sus le mast amont avoit une grande couronne d'argent doree d'or, qui resplendisoit et flambioit contre le solel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 407).

Rem. Cligès C.T., 1455, gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

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[D'un tissu] Ouvré de broderie. "Orné de broderie" : ...pour faire et forger la garnison de deux paires de plates, dont les unes sont couvertes de veluyau asuré, et les autres de veluyau vert ouvré de broderie (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 128).

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[Par la nature] : Il y avoit de biauté tant Qu'onques mais en jour de ma vie Ne vi haie mieus assevie En tous endrois, ne mieus ouvrée, Plus cointe, ne mieus ordenée ; Tant estoit bele a grant devis, Si qu'on ne puet, ce m'est avis, Nulle chose mieus ordener. (MACH., D. Aler., a.1349, 392).

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S'ouvrer. "S'orner"

Rem. NESSON, Vigiles des morts C., c.1400-1442,1103.

REM. Pour les empl. intrans., v. oeuvrer. Les deux verbes peuvent rimer : Mais Dieu premierement ouvroit La fourme comme vray patron, Et puis dame Nature ouvroit A l'exemple de son patron (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 60).

V. aussi oeuvrer