C.N.R.S.
 
Famille de senior 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 36 articles
 
 Article 1/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ASSEIGNEURIR     
FEW XI senior
ASSEIGNEURIR, verbe
[GD : asseignorir ; FEW XI, 453b : senior]

Empl. pronom. "Se conduire en seigneur, en maître, dominer" : BEELZEBUB. (...) Or me dy que tu te vouloies, Quant tu fesis Jhesu mourir ! SATHAN. Je me cuidoie aseignourir Par dessus trestous ceulz du monde. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 250). Sire, mets en infer le signe de ta victoire de ta croix, parquoy la mort n'y asseignourisse plus. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 867).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 2/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     BESSIRE     
FEW XI senior
BESSIRE, subst. masc.
[GD : bessire ; FEW XI, 455b : senior]

"Beau sire"

 

-

[En appellatif] : DANTART. Bee, tu ne saroyes ! GADIFFER. Non, bessire. Me tiens tu encores si beste ? Ou le veulx tu ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 737). [Aussi GRÉBAN, Pass. J., c.1450]
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     CONSEIGNEUR     
FEW XI senior
CONSEIGNEUR, subst. masc.
[FEW XI, 454b : senior]

"Seigneur d'un domaine féodal en même temps qu'un autre" : ...il est franc de tailles et de toutes exemptions, duquel conseigneur que il soit homme ["quel que soit le conseigneur dont il est homme, dont il relève"] (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 361).

REM. Cf. LITTRÉ : conseigneur.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ENSEIGNEURIER     
*FEW XI senior
ENSEIGNEURIER, verbe
[T-L (renvoi) : enseignorïer ; GD : enseigneurier ; FEW XI, 452b : senior]

I. -

Empl. trans. Enseigneurier qqc. "Se rendre maître de qqc., s'emparer de qqc." : ...les Roumains furent si très vaillans que ilz ensignoriarent la monarchie du monde (LA SALE, Sale D., 1451, 7).

II. -

Empl. pronom. "Se rendre maître de qqc." : Oures ne peus tu mays celer la grant mauvetié et trayson qui est en ton cuer ! Bien croy que tu me faroyes voluntiers morir pour toy enseignoryer de ma terre, se il te estoit possible. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 170).

 

Rem. LA SALE (Vouloit peu a peu s'enseigneurier du royaume) ds GD III, 232b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ENSEIGNEURIR     
FEW XI senior
ENSEIGNEURIR, verbe
[T-L : enseignorir ; GD : enseignorir ; AND : enseignurir ; FEW XI, 453b : senior]

Empl. pronom. S'enseigneurir de qqc. "Se rendre maître de qqc., s'emparer de qqc." : ...car il [le roi d'Aragon] se voulloit peu a peu enseignourir dudit royaume et s'estoit ja enseignoury du chastel neuf de Napples (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 196).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Demarolle

 Article 6/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     GRAND-SIRE     
FEW XI senior
GRANT SIRE, subst. masc.
[GD : gransour ; FEW XI, 455a : senior]

"Grand-père, ancêtre" : ...si hoirs encargont les armes tout entires, ensy que leurs gransires les avoit portéiez (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 368). ...s'en fut une filhe tant soilement, mariée à monssaingnor Thiry de Berghes, le jovene, qui en at des enfans, dont ly ainsneis est chevaliers et nomeis messires Renars de Berghes ly jovenes, car ly viez monssaingnor Renar de Berghes, ses gransires, est encors en vie. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 473). Colart Cossiaul [avoit] prestet (...) a sen grant signeur XIIII frans dont il prendoit pourfit comme en uzerant. (Arch. Nord, 1401, B 10355, f° 9 v°, IGLF). Et est bien vray que les mesmes offices, Rogier de Lichtervelde, mon grand sire, tenoit et gouissoit bien l'espace de XVI ans. (Arch. Nord, 1416, B 17620, dossier Lichtervelde, IGLF). Abbavus (...) : pater avi, grans sires, peres de l'aiol (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 1). Enssi morirent ches trois chevaliers sour les Liegois, li gransour, puis le peire et après son filh. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 119). Premier y fut monsangneur Johans duc de Borgongne et conte de Flandre, cuy gransour fut ly roy de Franche, et seroige à monsangneur Johan de Bealwier (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 140). ...Je vueil (...) que ailliez en une isle (...) ou j'ay fait porter vos deux oncles Gadiffer et Nestor avecq onse des chevaliers qui vouerent les veuz au couronnement du roy Gadiffer vostre grant sire. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1007).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 7/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MESSER     
FEW XI senior
MESSER, subst. masc.
[GDC : messer ; FEW XI, 458b : senior ; TLF : XI, 705a : messer]

"Maître" : Puisque là de prinsault ne heu d'aucuns cognoissance, L'ombre vey et cogniz de ce pigre missaire Qui fist le grand reffuz par vilté et meschance. (Trad. fr. de Dante, éd. C. Casati, 1400-1500. In : Bibl. Éc. Chartes 25, 1863-1864, 311). Quant ung homme estrangier Entre en une maison Pour voir se l'ostellier Est homme de fasson, Sans demander son nom Congnoistra le mistere : A la case puet on Congnoistre le messere. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 73).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 8/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MESSIRE     
FEW XI senior
MESSIRE, subst. masc.
[GD : messire ; GDC : messire ; FEW XI, 455b : senior ; TLF : XI, 707a : messire]

A. -

"Seigneur, suzerain" : Dedens la chambre sont entré Et le vallet ont encontré Qui dist moult haut tous esbahis : "Elas, messires est trahis !" A ce mot, li roys s'esvilla, Qui onques puis ne sommilla, Car doubtance avoit et freour, Con cils qui de mort a paour. (MACH., P. Alex., p.1369, 268).

 

-

Messire de + nom de fief : "Se messires de Flandres voloit, il aroit un grant pourfit tous les ans sus les naviieurs, ont il n'a maintenant riens." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 161).

B. -

[Titre honorifique donné aux hommes nobles ou aux détenteurs d'offices importants] : Il ot jadis un roy en France, Homs vaillans et de grant puissance, Et fu messires sains Loys, Qui ne fu prenans ne loys, Mais vesqui adès justement Et en son secret saintement (MACH., D. Aler., a.1349, 311). Li bons messire Jehans de Mors En a plus de L. mors ; Et messire Guy li Baveus, Qui doit estre eu nombre des preus, Et ses IJ. fils si bien le font, Qu'entre les bons des milleurs sont. (MACH., P. Alex., p.1369, 74). Là fu li sires de Clervaus, Messires Guillaumes de Saus, Messire Oisellet dou Fay, Messire Jaque de Mailly, Et le signeur de Nantoullet Qui est cointe et appertelet (MACH., P. Alex., p.1369, 140). "Ha ! c'est voir, dist-il, c'est messire Pierre François, nostre prestre. Trop volentiers va au matin aux champs pour querre les lievres." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 108). Adont s'en vint-il devers le conte d'Asquessuffort et dist ainsi : "Messire Aubery, vous estes-vous indignez se je ay but devant vous, qui suy connestable de ce pays ?..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 21). ...messir Symon Burlé. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 42). Il i avoit un chevalier cappitaine de la ville, qui s'appelloit messires Robers Salle. Point gentils homs n'estoit (...) et l'avoit fait pour sa vaillance li rois Edouwars chevalier. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 119). Item, dit que il a demouré avecques messire jehan de Pierre Buffiere, chevalier, à Chasteauneuf en Auvergne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 19). ...messire Bertin Rassin, evesque de Rodès, lui donna couronne en ladite ville, en l'eglise des Freres Meneurs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 245). ...noble homme mesire Baudes de Vauvillers, chevalier du guet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 389). Messire, qui la gist mort, me dist, se telle adventure [tuer mon seigneur] m'avenoit, que je seroie ly plus honnourez de mon lignaige. Mais je voy bien tout le contraire, car je seray ly plus maleureux et ly plus deshonnourez, et certes c'est bien droit. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Et encore plus avant, il a un chevalier poitevin nommé messire Perceval de Couloigne, qui fu chambellan du bon roy de Chippre, qui dist et jura a monseigneur par pluseurs foiz, qu'il estoit en Chippre avecques le roy. (ARRAS, c.1392-1393, 310). ...Phelippe de Valois, fils jadis a mesire Carle, le conte de Valois et frere a ce biau roi Phelippe de desus dit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 46). ...le conte de Qent, mesire Rogier de Mortemer (FROISS., Chron. D., p.1400, 58). ...le signeur de Fagnuelles, mesire Miqiels de Ligne (FROISS., Chron. D., p.1400, 114). ...messieres Tiebaus de Moruel (FROISS., Chron. D., p.1400, 316). Ce jour, furent assemblez messire Arnault de Corbie, Chancellier, et XIJ ou XV de messieurs de Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 27). Ce jour, messire Claude de Beauvair, segneur de Chasteluz, a esté receu en office de mareschal de France, ou lieu de messire Pierre de Montfort, et a fait le serement acoustumé. (FAUQ., I, 1417-1420, 165). En disant ces parolles, le roy, qui tres fort me regardoit, me dist en moy touchant la main que je fusse le tresbien venu, puis me dist que je deisse ce que j'avoie dit a messire Enguerrant de Servillon. (LA SALE, J.S., 1456, 103). Pour lesquelz cas et aultres par elle confessez fut condempnée par sentence donnée du prevost de Paris, nommé messire Robert d'Estouteville, chevalier, à souffrir mort et estre enfouye toute vive devant le gibet, et tous ses biens acquis et confisquez au roy. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 4). Et après icelle lictiere aloient faisans le dueil Messeigneurs les duc d'Orleans et conte d'Angolesme, freres, les contes d'Eu et de Dunois, messire Jehan Jouvenel des Ursins, chevalier, chancelier de France, et le grand escuier, tous revestus de dueil et montez à cheval. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 21). On est venu a luy [le dauphin] l'espee ou poing : le roy a grant armee en son pays, et en aprés est allé, comme la renommee a esté, aprés luy monsieur de Torcy et messire Tristan Lermite, qui est prevost des marissaulx. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 45). Entre les aultres en y avoit ung jeusne chevalier nommé messire Philippe de Croy, filz de messire Jehan, et lequel avoit esté norry jeusne enfant aveuques [le conte] de Charolois. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 104). ...le fol du roy de Napples, nommé messire Jehan (LA VIGNE, V.N., p.1495, 258).

 

-

[Devant le nom d'un clerc] "Messire" : L'EVESQUE. (...) Je vueil que li faciez savoir, Messire Nicole Jourdain, Que visitacion demain Feray laiens. PREMIER CLERC. Sire, se c'estoit a Orliens, Sy iray je, puis qu'il vous plaist (Mir. abbeesse, 1340, 82). Je n'y en say nul si valable Conme lui (...) Ne si bon clerc parfaittement, Se ce n'i est messer Climent (Mir. ev. arced., c.1341, 125).

 

-

[Devant le nom d'un prêtre] : ...messire Jehan Remoire, prestre, famillier et serviteur dudit sire de Nouvion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 120). Ce jour, la Court a rendu et delivré messire Jehan Aurie, dit Gervais, prestre, et Gerardin du Croquet, prisonniers, à l'evesque de Tournay pour leur faire raison et justice (FAUQ., I, 1417-1420, 8).

 

-

[Devant le nom d'un saint] : Si que très bien les sermonna Et moustré en son sermon a Comment messires saint Thomas De bien faire onques ne fu las, Mais fu en Ynde la majour, Pour l'amour de Nostre Signour, Et y mourut piteusement Pour bien faire et non autrement. (MACH., P. Alex., p.1369, 106).

 

-

[Par abrév.] : ...par devant mons. le prevost, lui estant en jugement sur les carreaux, presens nobles hommes mess. Jehan de Gournay et mess. Guillaume Lalement, chevaliers (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 59).

V. aussi monseigneur
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MONSEIGNEUR     
FEW XI 453b senior
MONSEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor (monseignor) ; GDC : monseigneur ; AND : munseignur ; FEW XI, 453b : senior ; TLF : XI, 1025b : monseigneur]

A. -

[Titre honorifique donné aux hommes nobles ou aux détenteurs d'offices importants]

 

-

[Noble de haut rang] : Et se vous volez dire le contraire, je le vous prouveray par mon corps contre le vostre, par devers le roy d'Engleterre, mon seigneur, ou par devant monseigneur le prince de Guienne, son fil, ou par devant le roy de France, le quel que vous vorrez de ces IIJ. (MACH., P. Alex., p.1369, 230). Avoecques lui estoient pluiseur bon chevalier (...) messires Bauduins de Belleborne, monsigneur Joffroi de le Motte, monsigneur Pepin de Were et pluiseur aultre chevalier et escuier. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 1). ...li rois d'Engleterre fu arrivés à Calais (...) et (...) troi de ses enfans, messire Leoniel, conte de Dulnestre, messires Jehans, contes de Ricemont, monsigneur Aymon, le plus jone des quatre (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 199). "...monsigneur mon père et cilz rois dans Piètres de Castille ont eu de grant temps, ce sai je de verité, alliances et confederations ensamble." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 202). ...monseigneur de Berry et monseigneur de Bourgoingne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 13). ...monseigneur le connestable. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14). Si sommes chargiez de vous dire, et le vous disons (...) de par le roy nostre sire et nos seigneurs messeigneurs ses oncles (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14). ...vous estes yci envoiez de par monseigneur le roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 15). ...là vindrent messeigneurs de Berry et de Bourgoingne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 17). "Et oultre", dist messire Guillaume Heltem, "pour moi nettoier et purgier de tout blasme, s'il estoit en Angleterre et hors d'Angleterre nulz chevaliers ou escuier, excepté les corps de messeigneurs, monseigneur de Lancastre, monseigneur d'Yorth et monseigneur de Glocestre, qui voulsissent dire ne mettre avant que je me fusse desleaultez envers le roy (...) je suy tout prest de lever le gaige..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 38). "...le duc de Lancastre a tousjours esperé jusques à chi, que madamoiselle Phelippe sa fille aroit Guillaume, monsigneur vostre fil." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 193). ...ce qu'il a dit et cogneu par devant monseigneur Robert de Bethune, visconte de Meaulx, seigneur de Venduel, chevalier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 380). ...quant monseigneur le Dalphin fu crestienné, il porta une des torches et lors concueilly, et assembla du degout de la torche qu'il portoit, ycelle cire. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 464). Entre vous, barons de la noble conté de Poictou, plaise vous a entendre la requeste que j'entens a faire a monseigneur le conte, et, s'il vous semble qu'elle soit raisonnable, que lui priez qu'il me le veulle accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Tres chiers sires, je vous requier, en remuneracion de tous les services que je fiz oncques a monseigneur vostre pere, dont Dieux ait l'ame, qu'il vous plaise a moy donner un don, lyquelx ne vous coustera ne forteresse, ne chastel, ne chose nulle qui guerres vaille. (ARRAS, c.1392-1393, 32). ...je scay bien que monseigneur le roy, mon oncle, n'a talent de faire ne avoir autre hoir que moy. (ARRAS, c.1392-1393, 49). Et lors la dame lui dist [à Geoffroy] moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans, et pour tant vueil je aler par devers monseigneur nostre maistre, pour savoir que c'est qu'il lui plaist, car il me semble qu'il soit cy venus comme par maniere de faire guerre. (ARRAS, c.1392-1393, 207). LE SERGENT [à la contesse de Panice]. (...) Monseigneur le marquis vous prie Que cest enfant, qui sa fille est (...) Vous vueilliez garder et tenir (Gris., 1395, 56). ...et ceste ordonnance ont juré le Roy nostre Sire, messeigneurs ses frere, oncles, gens du Grant Conseil et de la Court de ceans (BAYE, I, 1400-1410, 33). Lors les assembla tous deux, puis lui et monseigneur de Berry se mirent devant, et ainsin jusques en son loigeis le conduirent. (LA SALE, J.S., 1456, 168). Au regard de monseigneur le conte, elle estoit celle (...) qui luy vouldroit obeir (C.N.N., c.1456-1467, 155). ...la bataille qui fut entre le roy de Hongarie et monseigneur le duc Jehan (C.N.N., c.1456-1467, 422). [Il] manda le cyrurgien de monseigneur le duc (C.N.N., c.1456-1467, 502). Et, en icelle entrée faisant, le roy estoit moult noblement acompaigné de tous les grans princes et nobles seigneurs de son royaume, comme de messeigneurs les ducs d'Orleans, de Bourgongne, de Bourbon et de Cleves, le conte de Charrolois, filz dudit duc de Bourgongne, les contes d'Eu, d'Angoulesme, de Saint-Pol et de Dunois, et autres plusieurs contes, barons, chevaliers, cappitaines et autres gentilzhommes de grant façon (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 25). ...noble et puissant seigneur, monseigneur de La Trimoille, premier chambellan du roy et chevalier de l'ordre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 278). En ce temps envoya ledit duc de Nemours certains messagiers demandans au roy qu'il luy pleust luy donner la Bastide, pour luy et pour messeigneurs d'Armignac et d'Albret, et Corbueil pour leurs gens, affin que fussent en seurté contre les autres seigneurs contraires au roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 192).

 

.

En apostrophe : Un petit de lui s'eslongna, Et devant lui s'agenouilla, Si li a dit moult humblement Et moult très honnourablement : "Monseigneur, je vous ay meffait De cuer, de pensée et de fait, De volenté et par escript, Car mal à point vous ay escript. Dont je me repen, sans mentir, Tant com je m'en puis repentir..." (MACH., P. Alex., p.1369, 243). Dont respondirent les Londriens au duc de Glocestre et luy distrent : "Monseigneur, vous nous conseilliez loyaulment et bien..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 27). Ly chevaliers anciens congnust assez Remondin, et le salua moult honnourablement, et le conte, son frere, et leur compaignie ; et ilz le receurent tres liement. Monseigneur, dist ly anciens chevaliers a Remondin, faictes moy mener devers le conte de Poictiers, s'il vous plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 38). Lors vint le chevalier de l'avant garde aux deux freres en disant : Messeigneurs, le plus de voz gens se tiennent a mal paiez de ce que vous les contraingniez de leur harnoiz porter, car il leur semble qu'il n'en soit nulle neccessité tant qu'ilz vendront a l'approuchier de la terre ou sont voz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 155). LA MARQUISE [aux courtisans]. (...) A Dieu, messeigneurs, qui conduise Vous et la vostre compaignie Ou tant ay eu honneur ma vie. De vostre paine vous mercy (...) Et, pour Dieu, ne vous faigniez mie De servir, chierir et doubter Le marquis, que devez amer ; Ains le servez tres humblement De plus en plus plus loyalment, Et vous ferez vostre devoir. (Gris., 1395, 87). LA MARQUISE [au marquis]. (...) Mon seigneur, vous m'avez mandé. Que vous plaist il a commander ? (Gris., 1395, 89).

 

.

[Par abrév.] : Item, confessa que en alant aux noces mons. de Berry, et lui estant à Montbason, il print et embla en la male du sire de Partenay, une houppelande vert (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 30).

 

-

[Cardinal, prélat, curé...] : SECOND CARDINAL. (...) Menons le devant le saint pére (...). Qu'atendons nous ? PREMIER CARDINAL. Nient ; alons, monseigneur doulx. (Mir. pape, 1346, 372). ...d'iceulz homicides il a esté purgiez, comme clerc non marié qu'il estoit lors, par monseigneur l'evesque de Paris comme son juge ordinaire, et desquelz il a purgacion. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 491). Monseigneur le curé (...) je scay que vous dictes au plusprès de verité (C.N.N., c.1456-1467, 296). Son mary avoit eu de bons amis entour monseigneur le cardinal (C.N.N., c.1456-1467, 389). Comme si pour une grosse matere fust allée devers monseigneur le chanoine... (C.N.N., c.1456-1467, 521). [Il] s'en alla devers monseigneur l'evesque (C.N.N., c.1456-1467, 540).

 

.

[L'évêque peut être appelé du nom de sa ville de résidence] : Force est que je m'en aille hastivement devers monseigneur de Noyon [D'un curé qui doit soumettre un problème grave à son évêque] (C.N.N., c.1456-1467, 287).

 

.

[Par abrév.] : ...maistre Robert Caret, promoteur de mons. l'evesque de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 300).

 

-

[Haut magistrat, officier de haut rang civil ou militaire...] : ...moy Aleaume Cachemarée, clerc dudit monseigneur le prevost commis par lui à estre present à l'execucion dudit jugement faire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 514). ...honorable homme et sage maistre Jehan Truquan, lieutenant de monseigneur le prevost de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 525). Ce jour, environ IX heures, vint en la Chambre monseigneur le Chancellier, et en sa presence fu plaidoyée la cause qui s'ensuit (BAYE, I, 1400-1410, 42). ...afin de avancier de rechief le paiement de mil frans pour les gaiges de messegneurs de la Court. (FAUQ., I, 1417-1420, 364). Monseigneur Talebot, a qui Dieu pardoint, capitaine anglais... (C.N.N., c.1456-1467, 54). Monseigneur le prevost, dit elle, je me plains a vous (C.N.N., c.1456-1467, 160). ...vingt ung des serviteurs de monseigneur le president le trouver (C.N.N., c.1456-1467, 313). Monseigneur le seneschal de Boulennois chevauchoit (C.N.N., c.1456-1467, 447). Monseigneur le bailly, je vous prie pour Dieu (...) que je puisse jouer une chanson (C.N.N., c.1456-1467, 452). Il fut cité a personnellement comparoir a l'encontre de monseigneur le promoteur, a la requeste de sa femme, et par devant monseigneur l'official. (C.N.N., c.1456-1467, 499). Quant des auditeurs messeigneurs, Leur granche ilz auront lambroissee, Et ceulx qui ont les culz rongneux, [Donne] Chacun une chaize persee (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 100).

 

.

[Par abrév.] : ...en jugement sur les carreaux, par devant maistre Jehan Truquam, lieutenant de mons. le prevost (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 36).

 

-

[Devant le nom d'un saint] : [Il] fait faire pluseurs offrandes a divers sains de paradis, et entre aultres a monseigneur saint Michel (C.N.N., c.1456-1467, 85).

 

.

[Par abrév.] : ...ou jour d'yer, environ heure de vespres, elle estant en l'eglise de mons. Saint-Jehan en Greve, se tray près d'un homme qui estoit en ladite eglise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 324). ...que, en la ville du Mens, il alast à eulx à la mi-aoust prouchaine à venir et derrenierement passée, et il les trouveroit devant l'eglise mons. Saint-Julien (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 424).

B. -

[Pour désigner un personnage de haut rang, un personnage important] : "Trimilien, quelle chose estes-vous vous venus querre en ce pays ? Que fait monseigneur ?..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). ...vous nous avez fait biaucaup d'annoy à mon frere et à moy, et avez tourblé à vostre povoir et fourconseillié monseigneur et les nobles aucuns de ce pays et les bonnes villes envers nous. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57). ...ce que ledit Hennequin, lesdis mons. le bailli, mons. le visconte prevost de Saint-Quentin, et autres dessus nommez, envoient par devers nos très-chiers et grans amis nosseigneurs tenant le present parlement du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 386). Comment, dist il, faulx traitre, avez vous esté si hardy de dommager ne faire molester le pays ne les gens de monseigneur mon pere, vous qui devez estre son homme ? (ARRAS, c.1392-1393, 205). La Secunde Nouvelle par Monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 31). Or ça, m'amye, je suis bien joyeux que monseigneur nous a fait ce plaisir. (C.N.N., c.1456-1467, 42). Monseigneur mist assez longue espace a soy deshabiller tout a propos (C.N.N., c.1456-1467, 75). Tantdiz que monseigneur jeune et fait penitence, madame fait gogettes avecques l'escuier. (C.N.N., c.1456-1467, 110). ...si elle [la chambrière] ne doubtast mettre male paix entre monseigneur et madame, il ne luy chauldroit guere de la desloyaulté de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 116). S'ensuyt comment le roy entra dedens Quiers, de l'onneur qu'on luy fist, la maniere de son recueil, de l'entree que messeigneurs de la ville luy preparerent et du triumphe que les dames luy firent (LA VIGNE, V.N., p.1495, 163).

C. -

P. ext. [En apostrophe, au plur., sans valeur soc. partic., comme forme allocutive de respect] "Messieurs" : Messeigneurs, pour Dieu faictes pause ; Or entendez ce que veulx dire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 413).

V. aussi messire, monsieur
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 10/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MONSIEUR     
FEW XI senior
MONSIEUR, subst. masc.
[GDC : monsieur ; AND : munsire ; FEW XI, 456 : senior ; TLF : XI, 1026b : monsieur]

A. -

[Titre honorifique]

 

1.

[Synon. (plus rare) de monseigneur, titre honorifique donné aux hommes nobles ou aux détenteurs d'offices importants]

 

-

[Noble (de petite ou de haute noblesse)] : ...le dit monseigneur Loys, viconte de Thouars, de sa bonne volenté, cognut et confessa que il voulit et octroia à monsieur Guillaume Baritaut, chevalier, et en celui temps escuier, en convenances qu'il firent ensamble qu'il fu son seneschal de la viconté de Thouars et de Thalemondais (Doc. Poitou G., t.2, 1343, 271). ...monsieur Regnaut de Trye, chevalier, seigneur de Cloye (Cartul. Laval B., t.2, 1351, 250). ...nostre très cher et redouté seigneur monsieur de Laval et de Vitré, nostre ayoul (Cartul. Laval B., t.2, 1377, 287). ...par le commandement de monsieur le conte de Tancarville (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., c.1398-14, 291). Messire Jacques fist tant que lendemain il se trova avecques monsieur le dauphin (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 168). Monsieur le Daulphin de Berry... (GERMAIN, Discours outr. S., 1452, 335). La VJe nouvelle, par monsieur de Launoy (C.N.N., c.1456-1467, 2). On est venu a luy [le dauphin] l'espee ou poing : le roy a grant armee en son pays, et en aprés est allé, comme la renommee a esté, aprés luy monsieur de Torcy et messire Tristan Lermite, qui est prevost des marissaulx. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 45). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne et du dauphin, au roi de France :] Et pour Dieu, sire, toutes choses qui peuent eslongier monsieur vostre filz de vostre grace et amour plaise vous les oster de vostre ceur. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 176). S'ensuyt comment monsieur d'Orleans avecques plusieurs grans seigneurs de ce royaulme et d'ailleurs, acompaignez de plusieurs gens d'armes tant des ordonnances que autrement, furent envoyez par terre devers Millan, Genes, Venise, Florence, Luques, Pise et autres lieux de Lombardie et d'Ytalie pour les affaires de ceste emprise (LA VIGNE, V.N., p.1495, 137). [Très fréquent chez LA VIGNE] Tantost aprés vint monsieurs d'Orleans, Avecques luy aucuns grans chambellans, Maistre d'ostelz et prince de Salerne... (LA VIGNE, V.N., p.1495, 138). Comment le roy Charles partit de Vienne en Daulphiné pour conquerir Naples en personne et de ce que feït son armée de mer soubz la conduicte de monsieur d'Orleans (COMM., III, 1495-1498, 36). ...des paroles que le roy tint à monsieur d'Argenton à son retour de Venise (COMM., III, 1495-1498, 138).

 

-

[Cardinal, prélat, curé...] : ...par l'ordenance de Monsieur l'Official et le promoteur en la prison (Comptes Archev. Rouen J., 1399-1400, 47). ...en la chambre Monsieur l'évesque a esté fait une porcion de degré qui monte en la dicte chambre (Comptes Archev. Rouen J., 1412-1413, 79). Et le vendredi ensuivant, en la dicte esglise de Paris fut dicte et celebrée une messe de Requiem par monsieur le patriarche de Jerusalem, archevesque de Narbonne, monsieur l'evesque de Poictier diacre monsieur l'evesque de Beziers sous diacre, messieurs les evesques de Chartres et de Meaux choreaulx et plusieurs aultres evesques, prelats et abbéz avec messieurs de chapitre de Paris et leurs supposts (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1461, 41). Monsieur l'arcevesque de Vienne, pour satisfaire à la requeste qu'il vous a pleu me faire de vous escrire et mettre par memoire ce que j ay sceu et congneu des faictz du roy Loys unziesme, à qui Dieu face pardon, nostre maistre et bienfaicteur, et prince digne de très excellente memoire, je l'ay faict le plus près de la verité que j' ay peu et sceu avoir souvenance (COMM., I, 1489-1491, 1).

 

.

[Pour désigner l'évêque du diocèse] : ...et lors icelluy Pierre dist : "Vous avez tort de me fraper, car je ne vous demande riens, et vous en feray venir devant monsieur de Poictiers, car je suis clerc." (Doc. Poitou G., t.11, 1468, 135). Monsieur d'Angiers receult leurs sermens, presens monsieurs de Cornouaille, monsieur d'Ambrun avec autres prelatz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 320).

 

-

[Magistrat, officier de haut rang civil ou militaire...] : Furent au Conseil messieurs du Grant Conseil, messieurs les presidens, les evesques de Paris, Noyon, Bayeus, Meaulz, Mascon, du Puy et d'Apt, et messieurs des IJ Chambres (BAYE, I, 1400-1410, 10).

 

-

[Devant un nom de saint] : ...disant qu'elle estoit malade du mal monsieur saint Fiacre (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 240). Foy que je doibt monsieur sainct Jaque, Il y a une grant erreur. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 53). ...deulx messes solempnelles en l'onnour de monsieur Saint Pierre et de monsieur Saint Eutrope, le dimenche des octabes desdites festes (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1466, 312). En son cas a trop a redire, Foy que je doy monsieur sainct George ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 521).

 

2.

[Personnage d'un certain rang (ou noble ?)] : Et sera le sire d'Acigné ou monsieur Sequin Lenffant moien à ordenner en ce où les ditz asseours seroint à descort (Cartul. Laval B., t.2, 1334, 186). ...se ledit monssieur Gieffroy deffailioit de cest siècle, avant que il eust déterminé dudit descort, que il puisse en son testament ou entre vis nommer et substituer un autre personne, ou lieu de lui, pour finer et déterminer dudit descort (Cartul. Laval B., t.2, 1339, 206). Et veez ça monsieur Landri, Vostre pourveur. (Mir. femme roy Port., c.1342, 178). La quatre vingts septiesme nouvelle, par monsieur Le Voyer (C.N.N., c.1456-1467, 502).

B. -

[Pour désigner un personnage de haut rang, un personnage important, ou au moins un personnage d'un certain rang] : LE CHASTELLAIN. Hola ! LE SERGENT. Qu'est la ? Monsïeur dort : Parlez bas ! (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 43). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne et du dauphin, au roi de France :] Monsieur nous a chargé au surplus de vous faire deux treshumbles supplications et requestes. Vous savez, sire, comment vostre filz a joÿ ja longtemps de la seignourie et pays du Daulphiné (...). Il vous a pleu, sire, puis aulcun temps en ça prendre ledit Daulphiné en vostre main, (...) monsr vous supplie (...) que (...) il vous plaise lui rendre ledit pays dudit Daulphiné (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 177).

 

-

Faire du monsieur. "Vivre largement, vivre sur un grand pied" : L'USURIER. (...) Son bon mary, qui a esté Aultreffois ung grant gaudisseur, A esté tousjours substanté De mes biens et de ma sueur. Il vouloit faire du monsieur Et du gallant semblablement, En façon que je suis bien seur Qu'il est mon tenu grandement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 519).

C. -

P. ext. [En apostrophe, sans valeur soc. partic., comme forme allocutive de respect] : LE MESSAIGIER DU JEU. Messieurs, pour le vray vous produyre, Ce qui est de ses mains tenu, Ainsi que voyez nu a nu, Pour debouter ydolatrie, Quoy qu'en honneur soit maintenu, Le corps Jhesucrist n'y est mye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 566).

 

Rem. COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 312, 256.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEUR     
FEW XI 448a senior
SEIGNEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; AND : seignur ; DÉCT : seignor ; FEW XI, 448a : senior ; TLF : XV, 264a : seigneur]

I. -

[Féodalité]

A. -

"Celui qui possède un fief, une terre, et qui a autorité sur les hommes qui y demeurent ; détenteur du ban, de la justice dans une ville, une région" : LE DEUXIESME ASTROLOGIEN. Roys, or entens que dire vueil. Cest enfant ici que tu as Sera grant homme, mais non pas En ce pais dont es seigneur, Mais en un autre trop meilleur (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 243). Car rien n'est commun au seigneur et au serf en tant come serf. (ORESME, E.A., c.1370, 439). Et la cause est car la ou il n'a rien commun au seigneur et au subject, illecques ne a ne amistié ne juste. (ORESME, E.A., c.1370, 439). Item, au seigneur de Montfaucon, il print et embla trois tasses d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 27). ...noble homme messire Jehan, seignour de Foleville, chevalier, conseillier du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 115). Item, dist que ledit seigneur de Nuefville luy demanda s'il cognoissoit les seigneurs du royaume, et mesmement ceuls qui estoient passés en Escoche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 387). Et pour ce, au commencement de ceste hystoire, je, cognoicent que je ne soye pas digne de lui requerir, supplie a sa haulte dignité que ceste histoire je puise achever a sa gloire et louenges, et au plaisir de mon tres hault, puissant et redoubté seigneur, Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d'Ouvergne, conte de Poictou et d'Ouvergne... (ARRAS, c.1392-1393, 1). ... se peuple est povre, le seigneur est mendiz, et, se besoing lui orisoit de guerre ou d'autre neccessité, il ne se sauroit de quoy aidier, dont il pourroit cheoir en grant servitute, et n'en seroit ja plaint ne d'estrangiers ne de privez. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Il nous sera bien mal advenu se nous perdons nostre roy et nostre damoiselle. Le pays sera en grant orfenté de seigneur qui le gouvernera. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Mon ami, telles roses fait il bon mettre en son chappel. Le seigneur qui a son hostel garny de tele fleur de chevalerie et de gentillece, amant et craingnant honneur, doit et puet seurement reposer. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Sire, a moins ne puet un seigneur que de oyr ses comptes une foiz l'an, et ne feust que pour la salvacion de ses receveurs et gouverneurs, pour eulx faire en quictance, afin que on ne leur saiche que demander, a eulx ne a leurs hoirs. (ARRAS, c.1392-1393, 295). N'y a seigneur, ne si grant sire, Tant s'en sache bien entremettre, Qui ou peuple sache fin mettre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 14). Par quoy nous est monstré que ung seigneur se il veille diligemment a garder son paÿs - garder, dy je, non pas le gaster ! -, Dieu se monstrera a luy (GERS., Noël, p.1404, 296). Messire Philibert, sr de Boffremont, a requiz ceans et protesté que certain arrest jugié et non pronuncié (...) ne ly prejudicie ne aux drois qu'il a en ladicte ville [de Nuefchastel], dont il se dit seigneur pour la tierce partie (BAYE, II, 1411-1417, 58). Ce jour, maistre J. Virgile, procureur du seigneur de Croy, s'est opposé et oppose au don que l'en dit avoir esté fait par le Roy nostre Sire à messire J. de Craon, seigneur de la Suze, chevalier, et aultres quelxconques, de l'office de grant boutiller de France (BAYE, II, 1411-1417, 58). ...le duc de Bourgongne attrait et vuelt attraire à lui favorisier le peuple de ce royaume, en donnant occasion au peuple et subgez de ce royaume à faire desobeissance au Roy nostre souverain seigneur, qui est le plus grant mal que un vassal et subgiet puist faire à son seigneur (FAUQ., I, 1417-1420, 31). Ce jour, messire Glaude de Beauvoir, segneur de Chastelluz, fu receu en l'office de mareschal de France ou lieu de messire Pierre de Montfort, et fist le serement acoustumé. (FAUQ., I, 1417-1420, 134). Philippe, duc de Bourgoingne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgoingne, palatin, seigneur de Salins et de Malines (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 134). ...monseigneur Jehan d'Anjou, duc de Calabre et de Lorraine, marchis et marquis du Pont et mon tresredoubté seigneur. (LA SALE, J.S., 1456, 1). ...[il] vint en la grace des princes, seigneurs et aultres gens de tous estaz. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...le trespuissant duc de Bourgoigne, conte d'Artois, et leur seigneur, estoit en paix avec tous les bons princes chrestians (C.N.N., c.1456-1467, 109). Entre aultres ses seigneuries, il estoit seigneur d'un village en la chastellenie de Lisle nommé Vrelenchem, près dudit Lisle (C.N.N., c.1456-1467, 154). ...et fist le service le dit seigneur de Saint Malo. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 271).

 

-

Droit seigneur./Seigneur droiturier./Seigneur naturel. "Seigneur légitime" : ...et avons recouvré no droit seigneur, qui a tort estoit enchacié de son heritage (Bérinus, I, c.1350-1370, 196). Sire, je vous supply que il vous plaise que vous accordez que je donne la baronnie de Leon, qui fu de Hervy, mon pere, que Dieux face mercy, a Hervy, mon cousin, et la terre aura recouvré le nom de son droit seigneur, et vous le nom de vostre homme, car il est de la droitte ligne. (ARRAS, c.1392-1393, 66). Et vous savez que, se vous m'eussiez creue, vous ne vous feussiez ja embesoingniez d'avoir fait ce que Glaude et ses freres vous ont enhorté, combien que encores n'avez vous fait chose de quoy vous ayez enfraint vostre foy envers vostre seigneur droitturier Remond de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 206). ... et sachiez que moy et ma mesnie vous recevront tres voulentiers et liement, comme nous le devons faire au filz de nostre droit seigneur naturel. (ARRAS, c.1392-1393, 208). Et fu lors Gieffroy tenuz de tous droit seigneur de Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 293). ...et depuis le dit Henry meismes fit guerre au roy, et forfit et commit son fief et la dicte duchié, et revint au seigneur naturel et direct, c'est asçavoir au roy (JUV. URS., T. crest., c.1446, 88). ...subgez doivent faire honneur a leur seigneur naturel (Comte Artois S., c.1453-1467, 18).

 

-

Grand seigneur. "Personnage noble de haut rang" : ...si comme par aventure, se un grant seigneur estoit pris et il se humilioit devant son adversaire pour paour de mort. (ORESME, E.A.C., c.1370, 177). ...jamaiz de leans ne partiroit s'il n'avoit grace d'aucun grant seigneur ou dame. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 82). Et Gieffroy estoit a ce costé, qui bien l'en apperceut aler, et bien voit a son riche harnoiz qu'il convient que ce soit uns des grans seigneurs sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 230). Et ycellui encontrerent entre la Chappelle Saint-Denys et le Molin à Vent, acompagnié de ducs, contes, barons et grans segneurs d'Angleterre. (FAUQ., III, 1431-1435, 25).

 

-

Seigneur en partie. "Détenteur d'une part de seigneurie" : Raoul de Gaucourt, seigneur ducit Lusarches en partie (Ch. VI, D., t.2, 1403, 48).

 

-

Seigneur censier. "Seigneur à qui le cens est dû" : Le Chevalier respont que aussi justement puet le Roy, en cas de neccessité, prendre lez biens de sez subjés, come un seigneur censier puet demander sez rentes. (Songe verg. S., t.1, 1378, 44).

 

-

Seigneur domainier. V. domainier

 

-

Seigneur foncier. "Seigneur propriétaire d'un fonds de terre" : ...il est loisible à ung seigneur foncier ou censier de poursuivre l'acquesteur et nouveau détenteur d'aulcun heritaige estant en censive ou seigneurie foncière (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 423).

 

-

Seigneur temporel. "Seigneur qui a en charge les biens temporels d'une communauté ecclésiastique" : ...le dit Jehan de Lavau fut prins prisonnier et mené ès prisons de Chastellerault, de par le dit evesque de Poictiers, comme seigneur temporel et hault justicier du dit lieu de Thuré. (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 238).

 

-

[Allusion biblique] : Fault il que filz en nepveu change, Laisser le maistre pour disciple ? Mon Dieu, ce m'est chose terrible : Le prince change en chavalier, Le seigneur en son escuyer, Le createur change pour creature, Et le paintre pour partraiture. (Pass. Auv., 1477, 221). [Réf. au passage où le Christ en croix confie sa mère à l'apôtre Jean (Jean 19, 26-27)]

 

-

Prov. : Qui contre son seigneur rebelle malement, C'est raison qu'en la fin en ait mauvez paiement. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 140). Amour de seigneur change tost en ire ! (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 169). Nul ne puet contre son seigneur (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196). N'est pas seigneur de son pays qui de ses subjectz est haÿ (MACHO, Esope R., c.1480, 221).

 

.

À tous seigneurs, tous honneurs. V. honneur : A tous seigneurs toutes honneurs. (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). A tous seigneurs, Toutes honneurs. (GERS., Noël, p.1404, 303). A tous seigneurs, toutes honneurs. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 6). A tous seigneurs toutes honneurs. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). Aux seigneurs est dëu l'onneur. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). A tous seigneurs touttes honneurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 650). [Autre ex. p.68] Aux grans seigneurs les grans honneurs. (Folle Bob. P., c.1500, 247).

 

Rem. Autres ex. : Prov. H., 227 [S57 / 58].

B. -

En partic.

 

1.

"Supérieur immédiat d'un vassal ; suzerain" : Et escrisi lettres et seella, qu'il envoya a Gieffroy et aux barons du pays, faisans mencion comment Gieffroy en prensist les hommages, et aussi comme les barons le receussent a seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 271). Tous les haulx barons, qui tenoient De lui [le roi Assuaire] et seigneur le tenoient (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 260).

 

-

Seigneur feodal. "Seigneur propriétaire d'un fief tenu par un vassal" : Item le seigneur féodal peult prendre retenir et avoir (...) le fief tenu et mouvant de luy qui est vendu par son vassal (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 419).

 

2.

"Prince ou souverain" : ...le roy, mon seigneur naturel (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 39). Pierre Lesclat et Jehan du Drac, conseillers du roy nostredit seigneur oudit parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 528). ...il est filleul du roy nostre seigneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 23). ...aux prinches et saingnours (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 1). ...le pape et luy [l'empereur], sy que ["en tant que"] seingners spiritueil et temporeil de tout le monde (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 86). Et, ce fait, mondit segneur le Dauphin fist faire lecture et declaracion des advis dessusdis (FAUQ., I, 1417-1420, 80). ...vostre prince droiturier et seigneur naturel (CHART., Q. inv., 1422, 18). Octovien estoit seigneur de tout le monde (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 128). Lors messire Enguerran dist au roy. "Seigneur, vous avez veu la lectre de mon frere de Saintré..." (LA SALE, J.S. E., 1456, 175). Tel festiement pas ne me plait Que aussi desplait A mon seigneur le roy, mon frere. (Pass. Auv., 1477, 107). Ainsi dirai ge de tous les autres grans roys, princes, seigneurs, fors especiallement d'Alixandre, lequel fut seigneur de tout le monde. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 298).

 

-

Seigneur du sang. V. sang "Seigneur de la famille royale ; prince du sang" : ...il voyoit (...) le désordre qui a esté et est en tous cas ou royaume, dont les seigneurs du sang, l'Église, la noblesse et le poure peuple, aussi la justice se deulent (Roi René vie L., 1465, 310). Après iceulx archiers marchoient les gentilzhommes, deux à deux, de l'hostel de mondit seigneur, après les chambellans, et après les seigneurs du sang, qui furent à moult grant nombre (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 109).

 

-

Seigneur souverain. V. souverain : ...un des souverains biens est obeissance et au contraire desobeissance à son prince et souverain seigneur est très grant mal. (FAUQ., I, 1417-1420, 31). ...le Roy est empereur en son royaume, qu'il tient de Dieu seul, sans recongnoistre souverain seigneur terrien (FAUQ., I, 1417-1420, 63).

II. -

[Comme titre, en forme allocutive ou délocutive]

A. -

[Appliqué au seigneur féodal ou, p.ext., à un personnage de haut rang ou à un personnage d'une certaine importance sociale, ou bien, p. affaiblissement (ou p. iron.), à toutes sortes de personnages]

 

1.

[Titre honorifique donné au seigneur féodal ou à un personnage de haut rang] : LE SENESCHAL. (...) C'est la nuit que mon seigneur doit Joir de sa fille : orendroit, Sanz mot dire, defermeray Sa chambre et avec li gerray, Dont mon seigneur la clef bailla (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). LE CHAPPELLAIN. Sa, damoiselle, et vous aussi, Voulez vous ce seigneur avoir A mari (...) ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 180). LE MESSAGIER. Diex gart de mal et d'encombrier Ma dame et mon seigneur (...). LE CHEVALIER. Messagier, bien veigniez par foy. (Mir. nonne, 1345, 339). Par foy, mon tres chier seigneur, dist Remondin, se cilz qui ont esté avec moy ne vous en ont compté fors ce qu'ilz en ont veu, il est tout vray de la place que ly cuirs de cerf enceint au roont. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Et Remondin leur respond tous honteux : Beaulx seigneurs, ferez du plat, et ne me donnez ja tant de loz, car je ne suiz mie cellui que vous pensez. (ARRAS, c.1392-1393, 41). Lors s'escria : Avant, seigneurs, sergens de Crist, nous eschapperont ainsi ses ennemis ? Par foy, ce sera grant faute a nous. (ARRAS, c.1392-1393, 139). Herodias, venés sa, m'amie ; Faictes dancer voz damoiselles Notes, chansons, dances nouvelles, Pour resjoïr tous les seigneurs. (Pass. Auv., 1477, 88). Et comme preux, vertüeux et loyal, Quant son armee fut bien encouragee, Il fist marcher tant d'amont que d'aval, Seigneurs et autres en bataille rengee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

-

Seigneurs + subst. apposé : Et furent ly Sarrasin recullé, de quoy le soudant fu moult courroucié, et escrie moult a sa gent : Avant, seigneurs Barons ! Penez vous de bien faire. (ARRAS, c.1392-1393, 106). Puis laverent et furent les tables levees et graces dictes. Et lors prist le roy d'Ausay la parole : Seigneurs damoisiaux, dist le roy, veulliez moy escouter. (ARRAS, c.1392-1393, 167). Avant, seigneurs bacheliers, veez la Gieffroy qui se combat tous seulz a la gent Mahommet. Qui ore ne lui aidera, honny soit il de Dieu ! (ARRAS, c.1392-1393, 232). Les deux seigneurs qui estes cy presens (...), le seigneur roy en son conseil a bien veu voz chevallereuses armes (LA SALE, J.S. E., 1456, 191).

 

.

Seigneur calife. V. calife

 

.

[Entre pers. de rang (élevé) comparable] : Seingners, courans les sus ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 5388). Seigneur, ne vous veulhe desplaire Ce que nous voulons demander. (Pass. Auv., 1477, 227).

 

-

[À Rome] : ...oncques [Auguste] ne volt seulement souffrir que on l'appellast seigneur, mais le deffendoit soubx merveilleuse paine (LA SALE, Sale D., 1451, 21). [Est censé traduire une appellation respectueuse utilisée par les Romains]

 

2.

[Titre d'un homme de loi, des membres du parlement, des conseillers du roi...] : ...hier il avoit esté ou fut trouvé copant le mordant de la sainture d'argent d'un homme en la chambre de parlement, où mesdiz seigneurs estoient. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 184). Et ad ce fu condampné ledit prisonnier par mondit seigneur le prevost. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 212). ...il avoit parlé au grant conseil du roy nostre sire et à aucuns autres de nos seigneurs de la court de parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 247). Et par la congnoissance dessus dite, o l'avis desdiz conseillers, a esté jugié par mondit seigneur le juge que il avoit mort desservie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 474). ...touz les dessus nommez vindrent au giron de mondit seigneur le Chancellier l'un après l'autre, et touchiez les Sains Euvangiles et la croix un chascun des dessus nommez jura et promit garder et accomplir l'ordonnance royal cy dessus escripte (BAYE, I, 1400-1410, 59). Et, ce fait, ont esté les seigneurs des IIJ Chambres en grant nombre et aussi les advocaz et procureur du Roy assemblez (FAUQ., I, 1417-1420, 21). ...et supplieront au Roy, aux segneurs et gens de son Conseil que en ce les veullent tenir pour excusez (FAUQ., II, 1421-1430, 367). De Me Andry Courtevache, l'ung des seigneurs de la Chambre des comptes, pour les ventes de 6 l. p. de rente par lui achettié des tresorier et chanoines de la Sainte Chapelle du Palais en ladite censive, le pris et somme de 120 l. t., de quoy les ventes se montent à 10 l. t. lesquels 10 l. t., messeigneurs les Prevost des marchands et echevins, de leur grace, ont quitté audit Me Andry pour 4 l. p., (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1427-1428, 159). ...pluseurs se rendirent au consistoire pour oyr ce nouvel proces, qui beaucop pleut aux seigneurs du dit parlement (C.N.N., c.1456-1467, 37). ...vous savez l'ordonnance qui est faicte de par les seigneurs estans en ceste dite ville de Calais (C.N.N., c.1456-1467, 387). ...ce chaperon fourré, en lieu de dire ce seigneur de parlement, devint amoureux a Paris de la femme d'un cordoannier (C.N.N., c.1456-1467, 414). ...maistres des requestes, seigneurs des comptes... ["conseillers de la chambre des comptes"] (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 347). Les seigneurs lais [les conseillers laïques du parlement d'Amour] pour vestemens Avoient robbes de vermeil (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 3). ...les seigneurs de parlement (ALECIS, Martyrol. faulses langues P.P., c.1475, 340).

 

3.

[Titre d'un ecclésiastique (ou d'un saint)] : LE PREMIER CLERC. (...) Mon seigneur l'evesque salus (...) vous mande Et a vous moult se reconmande (Mir. abbeesse, 1340, 82). L'EVESQUE. (...) Et pour ce suis je en ce penser Conment (...) Je puisse (...) L'amour de Dieu nostre seigneur Cy desservir. PREMIER CLERC. Mon chier seigneur, s'en li servir (...) Perseverez (...), Je ne cuit pas qu'a s'amistié Deffailliez, sire. (Mir. ev. arced., c.1341, 106). LE PAPE. (...) Alez moy les cardinaux querre (...). LE CHAPPELLAIN. (...) Mon seigneur, voulez vous avoir Ceste pucelle ci a femme (...) ? LE ROY. Oil, sire (Mir. femme roy Port., c.1342, 180). ...messire Guillaume de Gaudiac, docteur in utroque, doien de S. Germain l'Aucerroiz de Paris et conseiller dudit Seigneur ceans, moult notable clerc en son temps, et seigneur de très belle et commendable vie (BAYE, II, 1411-1417, 185). ...mon mary a tant fait par le moien d'aucuns ses amis envers mon dit seigneur le cardinal qu'il ne fera que ung demy guet (C.N.N., c.1456-1467, 387).

 

-

Seigneur du chapitre. "Chanoine" : Car venu le jour de l'election [à l'évêché de Tournai] et que [le] chapitre fut assemblé, se trouva ung grant discord entre lesdiz seigneurs du chapitre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 269). Doncques ces seigneurs de chapitre estans en leur conclave et desirans a eslire homme qui feust au gré des deux [le roi de France et le duc de Bourgogne] vindrent cheoir en grant sur ycellui [l'évêque] du Trech (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 270).

 

-

Seigneur d'eglise. "Ecclésiastique" : ...la femme estoit belle, doulce et gracieuse, et avec tout ce tresamoureuse d'un seigneur d'eglise, son propre curé et prochain voisin (C.N.N., c.1456-1467, 492).

 

-

[Devant saint] : SECOND CLERC. Sire, par mon seigneur saint Joce, Je ne croy pas que ce puist estre. (Mir. abbeesse, 1340, 90). De quoy dit mon seigneur saint Jehan l'evangeliste... (Mir. ev. arced., c.1341, 104).

 

4.

[Titre donné à un personnage d'une certaine importance ou présenté comme tel ; proche de "monsieur"] : PREMIER CARDINAL. (...) Alez devant, nous vous suivons, Seigneur sergent. (Mir. pape, 1346, 368). A un hostellier. Seigny, Diou vous dont bona vite. (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 139). Cy die a l'ostellier. Seigny, vous me semblés preudomme. (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 141). ...[il a] pillié et robé plusieurs bons seigneurs et marchans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25). Scenours, an l'oneur Nostre Dame, Ung noseau de pain, ou du vin ! (Fragm. sot. P., c.1420, 6). Seigneurs Juïfz de grand renom, De bon cuer je vous remercie, Car vous m'avés saulvé la vie. (Pass. Auv., 1477, 173). LA FEMME (à L'AMANT). Seigneur, cessez tout ce prier, Et envers moy plus n'attendés. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 151).

 

-

[D'un commerçant ou d'un artisan à un client] : Et vous, seigneur, si vous agree, Dictes pour quoy estes venus. (Pass. Auv., 1477, 177).

 

-

[D'un acteur aux spectateurs] : Adieu, seigneurs, et prés et loing, Qu'il vous a pleu nous escouter. (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 111).

 

-

[En corrél. avec dames : "mesdames et messieurs"] : [D'un héraut à la population] Seigneurs et dames quy cy estes, Ouyés les ordonnances faictes Par noz grans princes de la loy (Pass. Auv., 1477, 180). LE MESSAGIER. Seigneurs et dames, prenez place Et chascun pence a son affaire, Sans que personne se desplace, Pour mieulx le mistere parfaire, Car la fin en esperons faire En ceste presente ordonnance (LA VIGNE, S.M., 1496, 514).

 

5.

[P. ext. plais., pour s'adresser à des compagnons] : Et par ma foy, beaulx seigneurs, il n'en est rien, et ne le fait que pour me faire despit, et a la pouvre fille blasme [Le loc., un "sergent de roy" s'adresse à ses "bons compaignons" que sa femme prend à témoin de son infortune conjugale] (C.N.N., c.1456-1467, 370). Ces trois bons seigneurs, maistre Ymbert, maistre Roland, et Jehan Le Tourneur, demourerent a Envers plus qu'ilz ne pensoient (C.N.N., c.1456-1467, 396). ...je vous feray (...) ung bien gracieux compte d'un chevalier qui la plus part de vous, mes bons seigneurs, congnoissez de pieça. (C.N.N., c.1456-1467, 473). Et comment, beaulx seigneurs, vous estes donc bien fort maleureux, qui avez chacun femme qui ainsi vous reprend d'aller a la taverne, et est tant mal contente que vous buvez ? [Dans un groupe de "bons compaignons", francs buveurs] (C.N.N., c.1456-1467, 542).

 

-

P. iron. : Ce ne seroit pas ton honneur D'aller dire que ung tel seigneur Comme cestuy cy fust ton pere. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 309). Regardez quel seigneur voicy, Quel avortillon, quel coquart ! (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 102).

 

-

[P. antiphr. iron. pour désigner des bourreaux] : Il seroit bon a mon semblant, Mere, d'icy nous despartir, Car ces bons seigneurs maintenent Veulent le corps ensevelir. (Pass. Auv., 1477, 247).

B. -

[Comme forme allocutive ou délocutive, dans un cont. familial (par appellation déférente)] : ...En excusant le sien seigneur [le père du personnage en cause]. (Dit prunier B., c.1330-1350, 67). ...elle vit par plusieurs fois icellui prisonnier, à elle par ledit maistre Dreue nommé, qui ouvra de peleterie tant en l'ostel de son dit feu seigneur de pere, comme en l'ostel où ledit sire de Haguenonville, son seigneur et mary, et elle estoient logez, près de Saint-Pol (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 362). Mon tresredoubté seigneur et pere, je ne suis pas celle qui vous vouldroye en maniere du monde desobeir (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

-

"Époux" : Et [les moines prêcheurs] les dames visiter vont Que n'ont ne seigneur ne baron, Voluntier y prennent lour cure. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 61). LA DAME. Or dites vostre voulenté : Mon seigneur, drois est que je l'oie. LE SEIGNEUR. Amie, voulentiers seroie Bien de vous, se il vous plaisoit. (Mir. enf. diable, c.1339, 9). LE SEIGNEUR. Dame, mes cuers a ce s'accorde. Fermez, de par Dieu, si mouvons. LA DAME. Mon seigneur, c'est fait ; or alons De par la vierge glorieuse. (Mir. enf. diable, c.1339, 29). LA FILLE. (...) Ce n'est pas le roy mon seigneur. Mourir m'en verray a douleur, Se ce n'est il ; certainement Il ne ronfle pas ensement. (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). LA MARQUISE. Vostre amie sui je, sanz doubte, Et par nature et par lignage, Quant seigneur m'est par mariage Vostre nepveu. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 132). ...atant se parti d'elle et s'en ala au giste en la ville de Pontoise, en sa compaignie ledit prisonnier monté à cheval, si comme depuis ce elle l'a ouy dire et repeter à son dit seigneur et mary. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363). ...Edippus de fait espousa Et prist a mari et seigneur. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292). Helas ! et qu'en dira mon tresloyal seigneur et mary, auquel je n'ay pas gardé loyaulté comme je deusse (C.N.N., c.1456-1467, 424).

 

-

Grand seigneur. "Grand-père" : Ilh prist contraire blazon de son freire et de son gransaingnor (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 423).

 

.

"Beau-père" : ...afin que par leur ayde il peust labourer a rendre son royaume a Loir son grant seigneur. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 98).

C. -

RELIG. [Comme forme allocutive ou délocutive pour désigner Dieu] "Dieu, Jésus-Christ" : Non pas aussi a petit ou bas roy, mais au plus grant, et qui est seigneur de touz pour sa hautesce previlegiée (Mir. ev. arced., c.1341, 104). C'est celui qui a en son vestement escript qu'il est roy des roys et seigneur des seigneurs. (Mir. ev. arced., c.1341, 104). Lequel roy ? Rex regum : le Roy des roys et le Seigneur des seigneurissans ! (GERS., P. Paul, a.1394, 484). Elle fut de grace plaine, contre maise charité. Elle ot le Siegneur avecquez soy, et sa benediction, ce qui ne se fait fors aux humbles et obeissans (GERS., Annonc., a.1400, 233). Il fault que j'abaisse ma face, Puis que voy mon bon seigneur, Celluy que les pechés esface. (Pass. Auv., 1477, 152). Helas, Dieu, que deviendrey je, Veu qu'en my age Je pers mon seigneur et mon pere ? (Pass. Auv., 1477, 181).

 

-

Le Seigneur des vertus : Le seigneur des vertus, qui sort Du monde. Il est roy de gloire. (Pass. Auv., 1477, 227). [Passage tiré du Ps. 23, 10 ("Dominus virtutum ipse est rex gloriae" ; Dominus (ou Deus) virtutum est une appellation fréq. dans les Psaumes)]

 

-

Nostre Seigneur. "Dieu, Jésus-Christ" : L'EVESQUE. Par le corps de nostre seigneur, Je say bien que g'y sui tenuz. (Mir. abbeesse, 1340, 79). ...pour ce suis je en ce penser Conment (...) Je puisse (...) L'amour de Dieu nostre seigneur Cy desservir. (Mir. ev. arced., c.1341, 106). ...la nativité Nostre Signeur (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 116). Et peut-estre que ainsi estoit de la legion des mauvés angelz que nostre Seigneur mist hors d'un honme, si comme dist l'Evangile, car legion contient VImLXVI (ORESME, C.M., c.1377, 288). Et, après ce, mengierent du pain que on leur avoit donné parmi le païs pour l'amour de Nostre Seigneur (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 448). Et alez a la garde de Nostre Seigneur qui vous vueille conduire, et pensez de bien faire, et de tenir ce que je vous ay enjoint. (ARRAS, c.1392-1393, 88). Et s'il vous semble que elle n'en soit digne, si la aidiez a assenner a quelque noble homme qui saiche le pays gouverner et deffendre des ennemis Nostre Seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 141). Et encores jusques au jour de la perfection de ceste histoire, qui fu parfaicte le jeudi VIIe jour d'aoust l'an de grace Nostre Seigneur mil CCCIIIIxxXIII. est apparant... (ARRAS, c.1392-1393, 307). Dy pourquoy Nostre Seigneur attendi tant pour prendre char humaine ? (GERS., Annonc., a.1400, 230). Et puis .XLII. ans aprés la mort de Nostre Seigneur, failli du tout le royaume de Judee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 170). ...en touchant aucunement la matiere de l'advenement nostre Seigneur ou nous sommes. (GERS., Concept., 1401, 408). Tiercement de tant que nostre Seigneur a receu plus de honte et de indignité pour nous, de tant luy devons nous plus de louange et gloire. (GERS., Noël, p.1404, 296). Et de ce il prend Nostre Seigneur, Nostre Dame et monseigneur saint George, le bon chevalier, a tesmoing a ceste journee qui au jour d'uy lui est assignee. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 215). ...est force qu'il ait encores pacience jusques ad ce que Nostre Seigneur nous envoye plus de biens que encores n'avons. (C.N.N., c.1456-1467, 296). Or sa, de par nostre seigneur, Arme virtueuse, loués Dieu ; Et nous vous manrons en ung lieu Ou vous varrés les sanctz prophetes Et les sanctz peres, esqueulx estes Tramise pour denuncïer Leur saulveur. (Pass. Auv., 1477, 101). SECOND PRESTRE. (...) Il est seul Dieu, vray Createur, Qui a son gré fait et reffait Et qui est du monde inventeur. C'est nostre benoist Redempteur, Nostre Seigneur et Nostre Maistre, C'est le singulier protecteur De tout ce bas centre terrestre (LA VIGNE, S.M., 1496, 150). ...car j'ay esperance, à l'aide de Nostre Seigneur, que... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 247).

 

.

Nostre Seigneur Jesus-Christ : En la confiance de l'aide de Nostre Seigneur Jhesu Crist, du commandement de tres noble et tres excellent prince Charles, par la grace de Dieu roy de France, je propose translater de latin en françois aucuns livres lesquelx fist Aristote le souverain philosophe, qui fu docteur et conseillier du grant roy Alexandre. (ORESME, E.A., c.1370, 97). ...c'estoit le pechié que oncques il eust fait dont il se doubtoit plus encourir en l'indignacion de nostre seigneur Jhesu-Crist. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 114). ...ilz ont volunté (...) de faire une belle procession et devote a la loange de Nostre Seigneur Jhesucrist (C.N.N., c.1456-1467, 223). ...commençant à Nabusgodenozor et finissant à Nostre Sainieur Jhesu Crist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

III. -

P. ext. "Maître de qqn ou de qqc."

A. -

"Maître de qqn"

 

-

"Maître par rapport aux personnes mises sous sa tutelle ou sa protection" : Sire, vous jurez au Roy nostre Sire que vous le servirez et conseillerez bien et loyaument (...) que vous ne servirez à autre maistre ou seigneur que à lui, ne robes, pensions ou proufit de quelconques seigneur ou dame que ce soit ne prendrez doresenavant sans congié ou licence du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 131). Nostre regne nous ont tolu Tant que n'avons seigneur ne maistre, Fors ainsi qu'i le veulent mectre, Et ainsi nous tiennent es géz Leurs tributeurs et leurs subgéz Et, pour nous plus mectre en denger, Font nostre roy d'un estranger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 531).

 

-

"Maître par rapport aux domestiques, aux serfs" : Et devinrent, ou bel ou let, L'un seigneur, et l'autre varlet (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 213). Quolibet, mettez le cas que le seigneur commande aucune chose a son serf, et a celle heure la femme demande le deu de mariage, distinction ou le serviteur a contrait le seigneur consentant ou ignorant ou contradisant. Au premier cas, il doibt rendre le deu, car se le seigneur a concedé et ottroyé le principal, c'est le mariage, il s'entent qu'il a accordé les choses de mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50).

 

.

[D'un serviteur à son maître] : Seigneur, je y vaiz ; je veulx taster Si fait bon boire a ceste tasse. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

.

"À Rome, maître d'un esclave" : Le .XXXVIme. et derrain [exemple] d'Amour d'amis traicte de la grant amour que Terrencius, cerf de Decius Bructus, eust a son seigneur (LA SALE, Sale D., 1451, 14).

 

-

"Chef d'une troupe" : ...le roy d'Angleterre mon maistre (...) m'a envoyé vers vous pour savoir qui estoit cappitaine et seigneur de si belle compaignie. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 28).

 

-

Le seigneur de l'hostel / de la maison. "Le maître de maison" : Quant Berinus apparçut l'ostel, si descendi de son cheval et entra en la maison, puis entra en la sale, ou il trouva le seigneur de l'ostel, seant sur un riche tappis, qui jouoit a un sien voisin aux tables et aux dez. (Bérinus, I, c.1350-1370, 40). Mes freres et moy les montasmes [les corps des martyrs] Sur la mer et les appourtasmes, Et sont treshonnorablement Mis en repos, tresseurement, Car le seigneur de la maison Les a en grant devocion. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 184).

 

-

Estre seigneur. "Être le premier (dans une communauté, ici à l'école)" : LE MAGISTER. (...) ...Et que une foys tu soys seigneur, Maistre Mymin, apprens et lis. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 242).

 

-

Seigneur de la chasse. "Maître de l'équipage"

 

Rem. GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, gloss.

 

-

"Maître d'un chien"

 

Rem. GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, gloss.

 

-

Prov. : Qui sert a bon seigneur en doit estre loés (Belle Hélène Const. R., c.1350, 552). Nul ne peut servir a deux seigneurs contraires l'ung a l'autre. (MACHO, Esope R., c.1480, 115). A fol Seigneur fol serviteur (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 120).

 

.

À tel seigneur, telle maisnie : Tel seigneur, tel manie (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 189). A tel Seigneur tel mesgnie (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 120).

 

Rem. Autres ex. : Prov. H., 227 [S56].

 

.

Selon seigneur, maisnie duite : Selon seigneur maignée duite (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 243). Et ainsi, selon seigneur, maignee duite. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 72). [Autre ex. p.130] Et ainsi, selon seigneur maigniée duite (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 80). Selon seigneur madgnye duytte. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier C., 1482, 52).

 

Rem. Autres ex. : Prov. H., 227 [S55].

B. -

"Maître de qqc." : L'ABBEESSE. (...) Dites a mon closier Errart Qu'il m'envoit l'argent qu'il me garde, Car seigneur en serez et garde Dès ores mais. LE CLERC. Dame, a Dieu ! ne fineray mais Tant que g'y soie. (Mir. abbeesse, 1340, 75). Ou .XVIIIe. il [Aristote] monstre comment aucunes parties de cité communiquent ensemble et queles gens doivent estre seigneurs des possessions. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 305). Car ceulz qui sunt seigneurs des armes... (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 305). ...comme femme fresle, legere et muable de courage, ay baillé part et porcion a aultry de ce dont il estoit et devoit estre le seul seigneur et maistre (C.N.N., c.1456-1467, 424). Ce peuple voit qu'il peuent grever leur annemy et estre seigneurs de la mer (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 215). Ainsi comme tu es maistre et seigneur de ta langue, pareillement suis je de mes oreilles (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 261). Dieu a voulu tout pour l'homme former Et soubz ses piez toutes choses commettre Et n'est de droit le seigneur a blasmer Qui bien use de ce dont il est maistre (Cene dieux, c.1492, 111).

 

-

Seigneur de + inf. : Car ceulz qui sunt seigneurs des armes, il sunt seigneurs de faire la policie durer et perseverer ou non durer. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 305).

 

-

En partic. "Maître d'une maison (ayant une enseigne)" : Item, dist que, en aoust darrenierement passé, ot un an ou environ, lui et ledit Beaubarbier, [et] Perrin Le Breton, reppairant en la rue des Escouffles, à Paris, et lequel est de la congnoissance du seigneur des Bouteilles, dudit lieu, marchant de peaulx de mouton à fere parchemin, et un nommé Gilet Le Bourguignon, repairant partout, se partirent de la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63).

 

.

"Propriétaire d'un navire" : Pierres Le Flament, seingneur de la nef dicte la Guaaingne-Pain (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 34). Jehan Baalart l'ainsné, seigneur du craier Saint Pierre (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1346-1347, 138).

 

-

"Possesseur de qqc." : Sy regarde a merveilles ces deux escus, dont l'un seigniffie la mort de son seigneur et l'autre seignifie la victoire (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 251).

 

Rem. C'est sans doute ici qu'il faut placer l'arche du segnour (dans un moulin), doc.1363 (ms. c.1390), ds W. Müller, Vox rom. 44, 1985, 159.

 

-

P. métaph. : ...le princey appelé prutannee estoit seigneur de mont de choses et de grandes choses. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 275).

IV. -

P. anal. ASTR. "Planète qui domine dans un lieu donné du zodiaque ou à un moment déterminé" : ...li astronomiiens si prent le nature des planettes en lor propreté et le singneur du signe de cescun d'iceus et de l'exaltacion et de le triplicité, et les lieus des angles et des desous angles et des maisons caians... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 88).

 

Rem. FEW : «"planète qui domine dans la maison du ciel (t. d'astrol.)" (Ozan 1691 - Lar 1875)». V. aussi alcocodem.

 

-

Seigneur de l'an. "Planète dont l'influence est jugée fondamentale pendant l'année concernée, du fait de sa situation sur l'horoscope de la révolution annuelle" : Cestui [Gautericus] prenostica, par la vision du seigneur de l'an que estoit Mars en l'Aigle, qu'il prandroit Romme et destruiroit Affrique, ce qu'il fist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 94 r°).

 

-

Seigneur de l'heure. "Planète qui domine l'heure pour laquelle un horoscope est dressé" : Environ ce temps fut en fleur et, selon aucuns acteurs, fut bien expert et qui print et eut grant regard au seigneur de l'eure où est faicte aucune revolucion, interrogacion, nativité ou ellection (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 v°).

V. aussi sire, monseigneur
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 12/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURAGE     
FEW XI senior
SEIGNEURAGE, subst. masc.
[T-L : seignorage ; GD : seignorage ; DÉCT : seignorage ; FEW XI, 450 : senior ; TLF : XV, 266b : seigneur (seigneuriage)]

A. -

"Seigneurie, terre seigneuriale" : ...elle [la pucelle] est entree en autre seignourage [var. seigneurie], ou elle requiert avoir guarant selon la franchise du paiis (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 463).

B. -

"Droit seigneurial" : ...et a mondit seigneur pour son seignouraige, douze groz (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1395, 105). ...[je] tieng et advoue à tenir en foy et hommaige et en pur ressort, ligement, à cause de son chastel et chastellenie de Maisieres, la seignourie dudit Ayvelle, en haulte justice, moyenne et basse, ensemble plusieurs fied tenus de moy à cause d'icellui signourage (Trés. Reth. S.L., t.2, 1407, 531).

 

-

Seigneurage de la monnaie. "Droit de frapper de la monnaie, droit que le seigneur prend sur la frappe des monnaies" : Audit maistre de la monnoie [de Malines], pour le seignourege de IIC marcs d'or (Doc. 1386. In : L. Mirot, Bibl. Éc. Chartes 89, 1928, 349). De Jehan Gobelet, depuis maistre particulier de ladicte monnoye de Flandres, sur ce qu'il puet et pourra devoir à mondit seigneur à cause de son droit et seignorage d'icelle monnoye (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 417). À messire Jehan seigneur de Thoulonjon, chevalier, conseiller et chambellan de mondit seigneur le duc, la somme de deux mille frans, que mondit seigneur lui a ordonné prendre et avoir sur les revenues et seigneuraiges de ses monnoyes de Bourgoingne en eschange d'une assignacion qu'il avoit ou pais de Flandres, au vivant de feu monseigneur le duc derrain trespassé, cui Dieu absoille, et par son commandement, pour le paiement des souldoyers qu'il tenoit en garnison ou chastel du bois de Vincennes (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 601).

C. -

P. ext. "Autorité, domination" : En Provence par signoraige ["d'autorité"] Ha li pape pris son estaige Dedans Avinon la citey. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 45). Li citiens en lour estaige Solient avoir grant signoraige Par dessus les autres bourgois. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 132). Et le roi qui a son dommage Tint le flaël de seignorage Pour les filz Dieu discipliner Fut veü son orgueil finer, Et tout jouxte la prophecie De saint Paulin partit de vie. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 118). ...on dit ung proverbe (...) Qu'amour de seigneuraige pert on par maltalent (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 1).

 

-

[Lang. de l'amour] : Et vraiement, je n'ay pas cuer volage, Car je ne sçay nulle, tant soit prisie, Qui remouvoir de vostre seignourage Me peüst, ne dont je vosisse mie Avoir le cuer et l'amour. (MACH., L. dames, 1377, 37). ...ce m'est grant avantage D'estre en si doulz seignourage Ou de tous biens prens l'adresce. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 38). Amours par vray heritaige Mist femmes hors du servaige Et leur donna nom de dame, Maistrise et franc seigneuraige Sur les hommes en ontaige, En leur mercy corps et ame. (Narcissus, p.1426, 302).

 

Rem. Seigneuriage : Amours, qui joie et dueil depart, Mist les dames hors de servaige Et leur ordonna pour leur part Maistrise et franc seigneurïage (CHART., B. Dame, 1424, 341).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 13/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURAMMENT     
*FEW XI senior
SEIGNEURAMMENT, adv.
[*FEW XI, 451b : senior]

"Avec l'autorité d'un seigneur" : Dominanter (...) : seignouramment (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 132).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 14/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURER     
FEW XI senior
SEIGNEURER, verbe
[T-L : seignorer ; GD : seignorer ; FEW XI, 452b : senior]

"Exercer le pouvoir, gouverner en seigneur ; dominer, avoir la prééminence" : Car en olygarchie les riches seigneurent, et les povres en democracie. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 257). Principor (...) : seignorer, avoir dominacion (Aalma R., c.1380, 329). Savéz vous point le terme Ne en quel temps ce sera Que l'anfant dont parléz Cy seigneurera ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 82).

V. aussi seigneurier, seigneurir
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURESSE     
FEW XI senior
SEIGNEURESSE, subst. fém.
[GD : seignoresse ; AND : seignouresse ; FEW XI, 451b : senior]

[Fém. de seigneur]

Rem. Cf. AND. En revanche, Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500, ds GD VII, 361a (Prevaricatrix, segnieuresse, trespaceresse), est une mauvaise lecture pour enfreigneresse.
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 16/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURI     
FEW XI senior
SEIGNEURI, adj.
[T-L : seignori ; GD : seignori ; FEW XI, 451b-452a : senior]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Qui a rang de seigneur" : Je ne cuidoie pas que fuissiés seignouris. Vous iestes fieux de roy, sire de cest paÿs (Chev. cygne P., c.1356, 50).

 

-

Empl. subst.

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss.

 

-

"Qui est riche, puissant, noble" : Il iront oultre mer .IIII. ans ou .V. ou .VI., Jusqu'a vo volenté, noble roy seignouris (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 228). Et se tu me veulz croire, toutes les paroles que tes sires te dist te seront, a l'aide de Dieu, achevees, et plus qu'il ne t'en dist, car je te feray le plus seignoury et le plus grant qui oncques feust en ton lignaige, et le plus puissant terrien. (ARRAS, c.1392-1393, 26).

 

2.

[D'une pers., de son corps, de son maintien...] "Qui est plein de noblesse" : Par sens est mise en estat si parfait, Si glorieux, si hault, si seigneuri Qu'a plus hault après Dieu ne peut monter (Mir. enf. diable, c.1339, 56). L'autre l'apaissoit d'un dous ris Qui tant li estoit signoris Que parmi le cuer le poingnoit. (MACH., D. Lyon, 1342, 218). L'enffes s'en veult aller adès ensus de lui Jusqu'a tant que dame Aye au gent corps seignory Lui monstra ses mamelles dont son pere nourry, Hors de son sain les trait que l'enffes les choisy (Tristan Nant. S., c.1350, 151). "Sire, dist le bastart, pour Dieu, je vous en prie, Cy demourés ung peu en la charte votie, Et jë yray savoir en la salle vernye La ou Blanchandine est, la dame seignorie". (Tristan Nant. S., c.1350, 436). Tant aim la belle, dez belles non pareille, Qui de beauté, de quant c'on dire puet, Surmonte tout, tant est fresche et vermeille (...), Gente, jolie plus que dire n'estuet, Humble, doulce, de maingtien seigneury (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 46). ...car il estoit beaus enfes et seignouriz, et avoit en nom Berinus (Bérinus, I, c.1350-1370, 8). Vers Paris s'en ala ly enfez signouris (Hugues Capet Lab., c.1358, 79). Marie, le pucelle au gent cors signoury... (Hugues Capet Lab., c.1358, 128). Et pour lors avoit sur la fontaine trois dames en esbat, dont entre elles en avoit une qui estoit la plus seignourie, et leur dame estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 23). Or me fut advis en sommeillant que je veisse en ung païs en fresche une dame dont le hault port et seigneury maintien signifioit sa tresexcellente extraction, mais tant fut dolente et esplouree que bien sembloit dame decheue de plus hault honneur que pour lors son estat ne demonstroit. (CHART., Q. inv., 1422, 7). Adieu, ma dame seignourie, Nous retournerons en no estre, Par le voloir du roy celestre. Duquel tu es la sainte mere. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 33).

 

-

[D'un animal] "Noble, magnifique" : Mon chemin pris Parmi .I. bois tout au lonc d'uns larris, Car la chantoient et marles et mauvis Et le tres doulc rosegnols seignouris Moult doucement. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 155).

B. -

[D'une chose] "Qui est digne d'un seigneur" : ...Tu seras désormais tenu De moy [le portier du château de Richesse] et ma femme obéir, Se tu veulx Richesse véir, Qui demeure assez près de cy En son bel chastel seignoury. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 35). Bien a demandé de quel part Li chemins est vers Signandon, Et cil qui sont de le maison, Ou hostel avoit signouri, Et de le marce ensi nouri Li ensengnent tres volentiers. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 185).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 17/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIABLE     
FEW XI senior
SEIGNEURABLE, adj.
[GD : seignorable ; FEW XI, 451b : senior]

[D'une chose] "Qui appartient au seigneur" : ...le dit suppliant, pour et ou nom de son dit pere, feust en un fief appellé la Vessete touchant ou bailliage de Saint Ligier et de Melle, pour faire vendengier et recevoir le quart pour droit de complant seignorable, à lui appartenant en la vendange et fruiz du dit fief, et en sa compaignie estoit un autre gentil homme appellé Guillaume Bonnin, demourant au dit Melle, teneur du dit fief (Doc. Poitou G., t.6, 1396, 245). ...[Aristote] dist que pluiseurs qui sont en grant puissance sont samblables a Sardinapalus ; laquelle chose est vraye en tant qu'ilz se delictoient assez plus ou trop ès choses femelines que ès choses seignourables (LA SALE, Sale D., 1451, 158).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1394 (seigneuriable) ds GD VII, 359b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIABLEMENT     
FEW XI senior
SEIGNEURABLEMENT, adv.
[GD : seignorablement ; FEW XI, 451b : senior]

"Avec majesté" : De puis que dame Elise ot finee la .IXe. nouvelle et que elle se taisi [var. se teut], le labour de compter la .Xe. nouvelle demouroit a la royne Pampinee, qui seignoriablement commença ainsi dire (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 100).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 19/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIAL     
FEW XI senior
SEIGNEURIAL, adj.
[T-L : seignorel ; GD : seignorel ; GDC : seigneurial ; FEW XI, 452a : senior ; TLF : XV, 266b : seigneurial]

A. -

"De seigneur" : Que ont il gardé des excellences seigneuriaulx, et retenu dez dignités des princes, fors seullement le nom faint et vain, dont leurs oeuvres lez desmentent et desdient ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66). A ces troys pollitiquez especes sont opposites troys incivilles usurpations de maistrise, c'est assavoir: tyrannie, confusion populaire, et pluralité seigneurial. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 70). Pour augmenter leur nom seigneurïal, Le roy servirent de cueur si cordïal Que nul vivant ne peult sur eulx remordre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 150).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

 

-

[D'un droit] "Propre à un seigneur" : ...et pour ce le tindrent a roy et se misrent a son obeissance, c'est assavoir foy, hommage, ressort et souveraineté ; sans ce que lesdictes dames ne leurs alyez, qui sont en effect les XIJ parries de France, feussent en riens subgetz les unes aux aultres mais seulement au roy, en retenant tous aultres drois royaulx et seignouriaulx dont use le roy en son royaume, tant a cause de sa coronne comme aultrement, excepté lesdis foy, hommage, ressort et souveraineté. (JUV. URS., Verba, 1452, 188). ...plusieurs rentes, droittures, roages, forages, dismes et autres drois seigneuriaulx (MAUPOINT, Journ. paris. F., App., 1461, 17). ...et aussi y fera estre des ouvriers, s'il y a edifices et vignes, s'aucuns y en a, et d'iceulx sera faicte appreciation et mesmes des rentes et drois seigneuriaux, court et usage et autres redevances (...) ; lequel pris le sergent mettra en escript en leurs presences pour en faire rapport devant justice (Echiq. Normandie S., 1462, 129).

 

Rem. Doc.1408 ds TLF.

 

.

Deu seigneurial : ...usaige, franchises et exempcions, tant de non paier wynages, tonnieux et autres telz deubz seignouriaux (Trés. Reth. L., t.3, 1473, 521).

B. -

P. ext. "Digne d'un seigneur, supérieur" : Processions d'eglise cathedralle, Doyens, curez d'ordre seigneurïalle, Crois de paroisse et d'aultres Mendÿens (LA VIGNE, V.N., p.1495, 190). SAINCT MARTIN. (...) J'ayme mieulx estre reclamé Moyne sur une povre couche, Vivant sans faire a Dieu reproche Qu'estre pape ne cardinal Qui trop aux biens mondains se couche. La fin tousjours couronne mal D'estre en degré seigneurïal. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 20/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIALEMENT     
FEW XI senior
SEIGNEURIALEMENT, adv.
[GD : seignorelment ; FEW XI, 452a : senior ; TLF : XV, 266b : seigneurial (seigneurialement)]

"En seigneur"

Rem. Percef. ds GD VII, 360c, mais éd. de 1528 (seigneurialement) ; leçon seignourieusement ds Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 96 ; v. seigneurieusement.

V. aussi seigneurial
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 21/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIE     
FEW XI senior
SEIGNEURIE, subst. fém.
[T-L : seignorie ; GD : seignorie ; GDC : seigneurie ; DÉCT : seignorie ; FEW XI, 450b : senior ; TLF : XV, 267a : seigneurie]

I. -

[Féodalité ; p. ext. domaine de l'autorité politique]

A. -

[Autorité du seigneur féodal]

 

1.

"Autorité, pouvoir du seigneur féodal, droit du seigneur sur une terre et sur tout ce qui en relève" : ...toutes les tières et yretages que lesdittes religieuses ont en men demaine ès parroches de Felines et de Coustices, où je ai ou puis avoir aucunne singnerie et justice (Cartul. Flines H., t.2, 1331, 552). ...considerant les grans afaires, pourchas et charges dessusdis dont estoit et est la dicte deguerpie pour les causes dessus dictes, congnut avoit quittié et delessié a la dicte deguerpie tout tel droit, action et seigneurie comme il pourroit demander en icelle succession (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1392, 202). Car, comment qu'il soit, Dieu vous a pourveu de tres haulte et noble seigneurie et possession terrienne. (ARRAS, c.1392-1393, 20). ...monseigneur donna pieça la seignourie et justice haulte, moyenne et basse qu'il avoit et povoit audit lieu de Ghistelle, ensemble le droit qu'il avoit esdiz assiz, à feu messire Jehan de Ghistelle heritablement (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 427). Ains est chose clere que le seigneur hay ne puelt avoir longue seignourie. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 7). ...là où les nobles hommes vivent plus francs et plus aiant seigneurie sur leurs hommes (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 13). Or avons devisé de l'ordre de justice. Si fault deviser de la guerre et de son estat, qui est l'appuy et le baston, et aussi le soustenail de la seignourie et de la chose publique ; car sans seigneur et sans seignourie ne povons nous vivre, et sans soustenir le droict et l'auctorité du seigneur et de la seignourie du pays ; et faut aucunefois les soustenir par assault, et aucunefois par defence ; et pour ce est nommée la guerre en l'arbre des batailles ou nombre des branches de justice, et se nomme justice à main forte. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 8).

 

-

Avoir justice et seigneurie : ...par la complainte des religieus, prieus ou doyen et convent de Lihons en Sancteres, disans eulz estre en saisine et possession souffissantes et paisibles d'avoir toute iustiche et seignerie seul et pour le tout en un certain lieu de la ville de Bappaumes (Hist. dr. munic. E., t.2, 1340, 27). ...ja soit ce que ilz soient fondés en corps et en communité noblement et, à cause de ce et autrement, soient en saisine et possession d'avoir justice et signerie, bancloque et banlieue, avoec pluseurs drois, libertés et franchises (Hist. dr. munic. E., t.1, 1370,,, 377).

 

-

"Dignité du seigneur ; p. ext. dignité, excellence" : ...depuis mondit seigneur venu et suscedé à seignourie par le trespas de mondit seigneur leur a icelle somme de 200 frans... (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 343). L'EMPEREUR [à saint Martin]. (...) N'es tu pas bien villain et miserable ? N'as tu pas trop ravallé seigneurie Quant, pour craincte de la vie dampnable, Habandonner veulx ta chevalerie ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 245).

 

.

P. méton. [Comme titre, désignant la pers. elle-même] : CHEVALIER. (...) Quereis vous le roy, je vous prie ? MELSIAR. Oïl ! parler .ij. mots ou trois Desirons à sa signorie. (Jeu Etoile T., c.1400-1500, 107). ...tres humblement se recommandent a vostre tres noble seignourie. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 83). L'OSTE. Monsieur, en ceste hostellerie N'a pas esté certaynement Traictee vostre seigneurie, Se me semble, tant proprement, Tant bien ne tant honnestement Comme il vous affiert en effect (LA VIGNE, S.M., 1496, 212).

 

-

"Rang, place dans la hiérarchie nobiliaire" : En cellui temps, en la court de la royne Bonne de Bouesme, femme dudit roy Jehan, avoit une assez josne dame vesve qui des Belles Cousines estoit, mais de son nom et seignorie l'istoire s'en tait, a cause de ce que aprés pourrez veoir. (LA SALE, J.S., 1456, 3).

 

-

"Majesté (divine)" : Garde moy (...) De pecher par oultrecuydance Contre ta noble seignourie Car tu m'as fait a ta semblance. (Pac. Job M., c.1448-1478, 193).

 

2.

P. ext. "Autorité politique, souveraineté" : Et le roy (...) quida bien que Normendie Toute fust en sa seignourie (Vie st Evroul S., c.1350, 113). A Treant escheüt toute la seigneurie De l'empire de Ronme (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 156). ...Qu'a ceaus de Mede et ceaus de Perse Sera devisés tes royaumes, Se c'estoit fins ors ou fins baumes, S'en ara chascuns sa partie, Si en perdras la signourie, Ame, corps et avoir ensamble. Or t'ay devisé, ce me samble, De la main et de l'escripture Clerement la verité pure. (MACH., C. ami, 1357, 34). Charles, l'ainnés, de Normendie Fu dus ; et s'ot la signourie De Vienne, qu'il fut dalphins. (MACH., P. Alex., p.1369, 25). ...et que de fait [le sultan] Avoit tous les Crestiens pris, Qui estoient en son pourpris, C'est à dire en sa signourie. Et sont en peril de leur vie, Car tout à un cop les fist prendre, Après la prise d'Alixandre. (MACH., P. Alex., p.1369, 119). Amiraus et grans druguement Estoit dou soudan. Et briefment Ces IJ. avoient entrepris À destruire le roy de pris Qui de Chipre a la signourie. (MACH., P. Alex., p.1369, 183). Je respon a ce et dy : premierement, que communelment les grans et bonnes policies et seigneuries qui, ou temps de jadis, durerent longuement, furent maintenues et gardees par gens qui avoient estudié livres de telle science (ORESME, E.A., c.1370, 98). La seignorie, donques, de l'Impereur, qui vout avoir la monarchie du monde seür touz Roys et seigneurs terriens, fust contre l'ordenance de Dieu, qui avoit ja lez seignories du monde divisees entre Roys, princes, dux et aultres seigneurs terrians. (Songe verg. S., t.1, 1378, 51). ...par l'espace de .VIIIc. et .XVIII. ans, orent la seigneurie et le gouvernement du peuple d'Israel. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 157). Et fu conseillié sur un cas d'appel et d'attemptas qu'avoit fait et faisoit le duc de Breteigne, contre et ou prejudice du Roy et de sa seigneurie (BAYE, I, 1400-1410, 321). ...par vertu desquelles frivoles et non recevables appellacions ilz s'efforçoient de (...) mettre la congnoissance de ceste matiere ou ressort de la jurisdiction espirituelle et ecclesiastique, ou prejudice du Roy, de sa segnorie qu'il tient de Dieu seul (FAUQ., I, 1417-1420, 59). Disoit en oultre que Charles, soy nagaires disant dauphin, n'avoit aucun droit de succeder oudit royaume de France, et que s'aucun droit avoit eu, il l'auroit perdu et s'en seroit rendu indigne, et seroient touz absolz de sa segnorie et de sa feaulté (FAUQ., II, 1421-1430, 73). C'est assavoir que, par la raison et querelle de ceste royne Constance, le second Henry, emperreur, son mary, penssa bien aysiement obtenir la seignourie dudit royaume (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 170). Après ceste royne succeda monseigneur Fedrich, son filz, lequel vesquist en demaynne et seignourie dudit royaume de Sicile deça et dela le far de Messine LI an, et de l'empire des Rommains XXXII, et du royaume de Jherusalem XXVIII. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 171). ...ilz se combatoient pour la seignourie et liberté de Romme (LA SALE, Sale D., 1451, 178). La chose est tres fort amendee Es mains de cest imperateur, Car il est huy gubernateur De la totalle monarchie Du monde : c'est grant seignorie, Alexandre n'en eut pas plus. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 184). Les Florentins par leur cruelle audace Disoient avoir sur Pyse seigneurye (LA VIGNE, V.N., p.1495, 201).

 

-

La seigneurie de + subst. désignant un pouvoir : La seignourie D'empereur est toute nourrie En son cuer (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 3).

 

-

Estre en la seigneurie de. "Être au pouvoir de" : Semblablement, au puys de Surye, Gotz et Magotz sont en ma seigneurye, Ou trente mille gens de faict lyeverons. (LA VIGNE, S.M., 1496, 227).

 

-

Tenir un pays en seigneurie. "Exercer un pouvoir politique sur un pays" : Arphasat, en ce temps, regnoit En Mede et le pays tenoit En grant seigneurie et pouoir. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 211).

 

-

Seigneurie temporelle. V. temporel

 

-

Venir à seigneurie. "Parvenir au pouvoir" : ...temprement vendroit a seignourie une femme, laquelle par sa mauvaistié seroit cause, au moins a son pouoir, de la toutale destruction du royaume de la Grant Bretaigne (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 521). ...les Bourgongnons (...) encores ne l'avoient eu en leur pays [le jeune duc], depuis estre venu à seigneurie. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 287).

B. -

P. méton.

 

1.

"Domaine où s'exerce l'autorité du seigneur féodal" : ... je suiz desormais vieulx, et si ay des hoirs assez pour tenir mes seignouries... (ARRAS, c.1392-1393, 21). Car nous regardons que nous sommes ja VIII. freres, et sommes bien tailliez d'estre encores autant ou plus, et a dire que vostre terre feust partie en tant de pars, cellui qui devroit tenir le chief de la seignourie ne pourroit pas gueres tenir d'estat, veu le noble et grant estat que monseigneur mon pere et vous tenez. (ARRAS, c.1392-1393, 83). Or advint en pou de temps après, que le roy d'Ausay ouy nouvelles de la seignourie de Lucembourc. (ARRAS, c.1392-1393, 146). Si vous pry humblement qu'il vous plaise a moy mettre a finance si raisonnable que je ne soye pas destruiz de ma seignourie, et vous y plaise a regarder en pitié, non pas prendre ma fole emprise en vostre rigueur, combien que je congnoiz que j'ay bien desservi a estre pugny rigoureusement. (ARRAS, c.1392-1393, 167). Et incontinent se leverent et firent hommage, le conte Staford de la conté du Perche, le bastard de Saint-Pol et autres de terres et segnouries à eulz données par le Roy. (FAUQ., III, 1431-1435, 29). ...car oncques seigneurie ne faillit a seigneur, mais seigneur a bien failly a seignourie. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 11). Entre aultres ses seigneuries, il estoit seigneur d'un village en la chastellenie de Lisle (C.N.N., c.1456-1467, 154). Au plus pres d'un petit villaige Lequel est nommé Dompremy, Qui est situé en la terre Et seigneurie de Vaucoleur, La trouverras, sans plus enquerre, Une peucelle par honneur (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 290). L'EVESQUE. Deffendez luy la demeurance En noz maisons et mestayeries Et qu'il soit bany en substance De noz pays et seigneuries (LA VIGNE, S.M., 1496, 347). Laquelle seignoirie de Cleremont, dont ledit conte Dampmartin avoit jouy et dont il avoit esté receu en foy et hommaige par ledit Phelippe, duc de Savoye, luy fut ostée après le decès dudit roy Charles VIIe (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 146). ...toutes les terres, villes, places et seigneuries que le conte d'Armignac souloit tenir es pays d'Agenois, Perigort, Quercy et autres pays de la riviere de Gar (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 251).

 

2.

P. ext.

 

a)

"Ensemble territorial sur lequel s'exerce une même autorité" : Et s'en a la possession Paisible, sans rebellion, Et tient toute la signourie Dou bon royaume d'Ermenie, Pour le roy qui procheinnement Y sera, s'il puet bonnement. (MACH., P. Alex., p.1369, 223). De ceste Loy divine sont lez signories divisiés et lez royaumes, pour la pollicie du monde, ordenés et establis, conme il appiert ou roy David (Songe verg. S., t.1, 1378, 50). C'est assavoir es parties deça le far de Messine, qui deppart les royaumes de Sicile et de l'isle de Trinacle, lequel il [Tancrède Guiscard] deffendit comme son propre dommaine et seignourie. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 170). ...[les sénateurs] manderent (...) que tous les disciples d'icellui Jhesus de Nazareth (...) fussent percussitez et destruis, et par toute la seignourie des Rommains. (LA SALE, Sale D., 1451, 23).

 

b)

En partic. au plur. "Ensemble territorial sur lequel un souverain exerce directement son autorité" : ...icelui messire Charles (...) aucunes des terres, heritages, seigneuries et possessions ou autres biens immeubles appartenans audit messire Jehan (BAYE, II, 1411-1417, 150). ...les rois et princes doivent tenir la main afin que justice soit faite et gardée en leurs royaumes et segnories (FAUQ., II, 1421-1430, 342). ...sans charge d'honneur envers toutes nations crestiennes il [le duc de Bourgogne] n'eust peu refuser de recepvoir iceluy [le dauphin] en ses terres et seigneuries et lui faire l'honneur et le service qui luy appertiennent. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 63). [Le chancelier de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] ...les Anglois, anchiens ennemis de ce royanme, cescun jour s'esforcent et mettent toute leur entente plus que jaméz a invader les pays, seigneuries et subgéz du roy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 66). Luy meismes [le duc de Bourgogne] (...) avoit multitude de pays et de grandes seigneuries a gouverner, et desquelz trestous tant en France comme en l'Empire, des haulz et puissans vassaulx qui y estoient, des puissantes et magnificques villes qui y habondoient (...), voloit et desiroit a regner sur eulx princiaulment, estre doubté et obeÿ comme seigneur (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 156). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] ...aulcuns lui donnent a cognoistre que vous estes mal content de lui pour ce que monsieur vostre filz s'est retrait par devers luy et se tient en ses pays et seigneuries. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 183).

 

3.

"Train de seigneur" : ...vous estes une femme Qui avez toute vostre vie Eu estat de seigneurie (Mir. mère pape, c.1355, 381).

 

4.

"Droit de justice (du seigneur)" : Item, dix livres douze soulz de menuz cenz portanz (....) ventes et saisines avec basse seignorie (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1336, 247). ...led. messire Oyseau a la justice et seigneurie du sang ["des crimes de sang"] et du larron (Doc. 1399. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 15, 1911, 55).

 

5.

"Droits dus au seigneur" : ......seze livres parisis de annuel et perpetuel rente, souz nostre signorie, en la ville de Paris (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1335, 211). Se richesse est bannye (,) D'avecques luy [,] son dan ["son dommage"], Plain poing de seignourie [,] Doit valoir cinq solx l'an. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 51). [L. Cons propose de lire soudan "soudain" au lieu de son dan, mais la syntaxe n'en serait pas éclaircie]

 

Rem. Cf. GDC X, 655b "droits de seigneur" (doc. d'a. fr.).

C. -

[Suffixe -ie à valeur collective]

 

1.

"Ensemble de seigneurs, de hauts personnages" : Qu'on assemble la seigneurie Pour faire ung banquet solemnel (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 141). ...il convenoit que son mary, lendemain au soir, allast au guet comme les aultres chefs d'ostel de la ville, en entretenant l'ordonnance qui sur ce estoit faicte par la seigneurie estant en la ville. (C.N.N., c.1456-1467, 389). ...un frère prescheur (...) fit un sermon notable devant toute la seigneurie, princes, prélats, nobles et autres (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471,). ...car y avoit toute la grant seigneurie de Picardie, comme le seigneur de Roye, le seigneur de Moreul... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 147). ...lesdiz Liegois et icelle cité furent ainsi murdris et destruis, tuez et fugitifz, que dit est devant ; mais, qui pis est, le roy, messeigneurs de Bourbon, de Lion, Beaujeu et evesque dudit Liege, freres, et toute la seigneurie estant devant ladicte cité furent en moult grant danger d'estre mors et tous peris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 227). Et estoit le duc [de Bourgogne] (...) venu meismes audit Quesnoy (...). Pareillement y estoit venu le conte de Nevers et la contesse (...). Si advint que Guillame de Moullon (...) derecief envoya son More au chasteau du Quesnoy en pleine convention de la seigneurie qui y estoit, ensemble les quattre princesses et toutes les aultres dames et damoiselles tresgrant nombre. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 127). Mes le duc, adverti de leur venue [des ambassadeurs d'Orient] (...), envoia au devant de eulz notable seigneurie en grant nombre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 286).

 

-

P. ext. "Ensemble de personnes de haut rang (ou présentées comme telles)" : Et ce faict, le roy avec sa suyte fist neuf tours autour du dict feu, dont la Seigneurie du dict Luques, tant en hommes qu'en femmes, fit merveilleuse feste et joye solemnelle. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 276). LE POVRE. (...) O seigneurie plaisante et honnourable, Ayez pitié de mon adversité ! En ce jour d'uy soyez moy favorable Et regardez ma grant proplecité : Povre homme suis, plain de mandicité ; Pour ce, messieurs, regardez moy a point (LA VIGNE, S.M., 1496, 196).

 

.

"Suite, entourage" : L'empereur lors eust forte guerre Et sa romaine seignourie, Et vindrent assaillir sa terre Les habitans de Barbarie. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 208). ...il [le Christ] viendra dominer En force et vertu comme maistre, Ayant seigneurie en sa dextre Pour subjuguer tous ennemis. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 12). LA MERE. Parmy la prayerie, Luy et toute sa seigneurie, Le voy cheminer, se me semble. LA SEUR. Velle la ! LA FILLE. Ha, Vierge Marie, De douleur tout le corps me tremble ! LA MERE. Vecy le bon preudomme ensemble Vostre pere et d'aultres grans gens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 454).

 

2.

"Ensemble des seigneurs, aristocratie" : Le mercredi, vindrent a Luques les principaulx de la seigneurie de Pise devers luy, en luy requerant qu'il leur donnast certaine responce de leur requeste. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 276).

II. -

[En dehors du domaine de la féodalité et de l'autorité politique]

A. -

P. ext.

 

1.

[À propos d'une pers., d'un aspect de la pers.] "Autorité, pouvoir, puissance, maîtrise, domination ; pouvoir, faculté, capacité"

 

a)

"Autorité, pouvoir (sur qqn ou sur qqc.), puissance, maîtrise, domination" : Oëz qui tant abandonnez Voz corps a touz aësemens Et a vains glorifïemens Comment vaine glore est punie, Soit pour force ou pour seignourie Ou pour beauté ou pour noblesce Ou pour scïence ou pour richesce. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 100). C'est dous maus a soustenir, Qu'esjoïr Fait cuer d'ami et d'amie ; Qu'Amours par sa signourie Humelie L'amoureus cuer a souffrir, Et par sa noble maistrie Le maistrie, Si qu'il ne puet riens sentir (MACH., R. Fort., c.1341, 105). Puis qu'Amours ad ce nous a mis Que nos deus cuers ensamble joindre Vuet sans partir et sans desjoindre, Et que faire vuet un de deus, Pour Dieu, ne faisons paire d'euls. Car il sont perdu et honni, Se si pareil et si onni Ne sont qu'en bien et mal commun Soient, et en tous cas comme un, Sans pensée avoir de maistrie, De haussage ou de signourie. Qu'adès a tençon et rumour Entre signourie et amour. Et seurtout que chascuns regarde Qu'onneur et pais a l'autre garde. (MACH., R. Fort., c.1341, 148). ...autre tel seignourie Avoit sur mort come sur vie. (Vie st Evroul S., c.1350, 109). Adont le païsant felon Contre terre estraint le faucon Et fait qu'en a la seignourie (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 96). ...sur bestes seignourrie ont (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 498). ...dont elle [Marie] peut dire : (...) En toute gent ou sur toute gent des siécles terriens et en tout le peuple des siécles celestiens ai je premiére eu seigneurie et puissance (Mir. femme, 1368, 181). ...car le mari a la seigneurie tele comme il li appartient, selon ce que il est plus digne que la femme. (ORESME, E.A., c.1370, 436). Et oligarchie est la policie ou .I. petit nombre de gens ont seigneurie et gouvernent a leur proffit et non pas au proffit commun. (ORESME, E.A.C., c.1370, 435). ...quant Dieu voult par sa grant seignourie Des saintes tours son saint jardin fermer Premiére y mist sapience (Mir. Berthe, c.1373, 253). On parle de richeces et de grant signorie, D'avoir sens, los, puissance, biauté, noble lingnie, De grant prouesse acquerre, d'onneur, de courtoisie ; Mais qui n'a souffisance, je di que il mendie. (MACH., Lays, 1377, 338). [Fortune] Or amie, or ennemie, Folz s'i fie. Moult as puissant seignourie (MACH., Lays, 1377, 477). Ayez cuer de fierté de lyon envers voz ennemis, et entre eulx devez monstrer puissance et seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Et gardez, tant que vous aurez a estre conquerant, que entre vous compaignons ne vous maintenez comme sire, mais commun au grant et au petit, et parler et tenir compaignie a chascun selon sa qualité, car ce fait les cuers enflammez d'amour a ceulx qui ainsi sont humain en seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Dangier, le crueux, N'aura briefment plus sur moy seigneurie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 30). ...par appetit d'avoir seignourie, par orgueil et par desir d'assembler richesses (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 155). Se la femme a principauté et seignourie ["domination"] en l'ostel, elle sera contraire a son mary. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 224). LE PERE. (...) Martin, mon filz, veulx faire parvenir, S'il plaist aux dieux et a leur seigneurie, Pour a honneur et gloire subvenir, Au droit degré de la chevalerie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 167).

 

-

[Lang. de l'amour] : Toute biauté est en vous assevie Et vo bonté nuit et jour mouteplie ; Pour ce plaisence ha dedens moy norrie Joie sans peinne, Et si m'a tout en vostre signourie Rendu et mis, et par noble maistrie Ravi mon cuer qui usera sa vie En vo demeinne. (MACH., Compl., 1340-1377, 256). Vostre amours me lie Par sa seignourie, Si qu'en regardant m'oublie Vo gent corps parfait, a droit. (MACH., Lays, 1377, 302).

 

-

Avoir la seigneurie de qqc. "Dominer qqc. (ici un tournoi ; en être victorieux)" : ...Que du tornoy peust avoir la signorie (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 180).

 

-

Avoir seigneurie contre / sur qqn. "Dominer qqn" : Ja Barbarins n'aront contre nous segnieurie (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 155). Douce dame jolie, Pour dieu ne pensés mie Que nulle ait signorie Seur moy fors vous seulement. (MACH., Ch. bal., 1377, 584).

 

-

Tenir sa seigneurie : ...orgueil, avarice et luxure tiennent leur seignourie partout. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 154).

 

-

Au plur. "Les pouvoirs, les titres et possessions de qqn" : Et icelles [les têtes] qui s'enclinoient Unes contre autres en leurs vies, Desquelles les unes regnoient Des autres craintes et servies, La [dans les charniers où l'on entassait les squelettes, au cimetière des Innocents] les voys toutes assouvies, Ensemble en ung tas, pesle mesle ; Seigneuries leur sont ravies, Clerc ne maistre ne s'i appelle. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 134).

 

b)

"Pouvoir, faculté, capacité" : ...qui veult avoir seigneurie et perfeccion en l'art de medicine (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 380). Car [Ysaie] du sentir ot sens et seigneurie C'un fruit seroit pris en virginité, Emanuel fil de Dieu appellé (Mir. femme, 1368, 232).

 

-

Avoir la seigneurie de + inf. "Avoir la charge, la responsabilité de" : Premierement y fut Jehan de Cardonne, Charles Brillac, avec Rignault d'Oreilles, Qui se portoient gens de bien a merveilles, Guynot Lousiers qui eult la seigneurie De conduire toute l'artillerie. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 152).

 

2.

[À propos de choses] "Supériorité, prédominance"

 

-

Avoir seigneurie. "Dominer" : ...et si en avient rancles ou autres enfleüres selonc la qualité de l'umeur qui plus a signourié [l. signourie] en la beste. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 388). ...amour a si tres grant pouoir Et par tout si grant seignorie Qu'elle vaint tout (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 152). ...quant telz vens ont seigneurie, il esconvient atendre telz accidens. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 66). ...car s'elle estoit foible, et que nature eust seigneurie, il ne seroit pas ainsi (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 110). ...quant la melancolique humeur a seigneurie ou cervel... (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 336). Quar les choses mixtes sont meues selonc l'element qui habonde et a signeurie en elles, si comme il fu dit ou tiers chappitre, combien que en la masse dessus dicte aucunes choses mixtes aient certains lieus sus terre convenables a leur espesce et que aucunes aient autre mouvement par vertu d'ame si comme ont les oysiaus et les poyssons et les bestes. (ORESME, C.M., c.1377, 138). Car chascun corps mixte est meu selon la vertu de l'element qui a seignourie en lui, si comme il appert ou quart chapitre du premier. (ORESME, C.M., c.1377, 584).

 

.

Avoir seigneurie de qqn : Prince Jesus qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous [nous, les pendus] seigneurie : A luy n'ayons que faire ne que souldre ! Humains, icy n'a point de mocquerie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 67).

 

.

Avoir seigneurie par dessus qqc. : Donques se au commencement celui qui a concupiscence et l'enfant ne sont persuasibles et obeïssans a raison, la concupiscence acroistra grandement et en tant que elle avra dominacion et seigneurie par dessus raison (ORESME, E.A., c.1370, 229).

 

-

Prendre seigneurie. "Prendre le dessus, gagner" : ...et certains vaillans chevaliers, esleus d'icelle Chevalerie, seront ordenes au frain dez dessusdis roys, et, outre ce, ladite Chevalerie aura tousjours l'arrieregarde, afin que desroy en l'ost du Crucifix ne prengne signourie. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 49).

 

-

Tenir sa seigneurie. "L'emporter en efficacité" : En douleurs anciennes, huile de lin tient sa seigneurie (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 10).

B. -

P. anal. ASTR.

 

-

[Des astres] Avoir seigneurie de qqc. / qq. part. "Avoir une influence décisive sur qqc. ou bien qq. part, dominer sur qqc., dominer qq. part" : ...li atemprement des tans sont fait par l'atemprement des planettes qui entour ont singnourie. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 90). Et fait à remembrer que homme est divisee en dousze parties, al maniere et guise de dousze signes du ciel que les gouvernent, comme dit le sage philosophe, et les signes ont grant signeurie et dominacion de les membres susdis, quant la lune sera en aucun de eaux ["d'eux"] accordant au son membre. (Man. lang. G., 1396, 45).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 22/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIEMENT     
FEW XI senior
SEIGNEURIEMENT, adv.
[GD : seignoriement ; FEW XI, 452a : senior]

"En seigneur, avec dignité et autorité" : ...au prince plus seigneuriement parler et de plus grave et grant maniere affiert (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 166).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1335 (signeriement) ds GD VII, 361c. CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 13133 (seignoriement).
 

DMF 2020 - Synthèse Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 23/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIER     
FEW XI senior
SEIGNEURIER, verbe
[T-L : seignoriier ; GD : seignorier ; FEW XI, 452b : senior]

"Exercer le pouvoir, gouverner en seigneur ; dominer, avoir la prééminence" : Nous quil tenons l'ampire sur tous signoriant D'acquillon, de midi, d'occidant, d'orien, Avons tant pourchassé que il n'est nulle guarre. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 59). Après lequel Robert Guiscart succeda monseigneur Rogier, son filz, qui seignouria XXV ans et VI mois, puis trespassa en la cité de Salerne, au Le an de sa nativité (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 168). ...qu'il laissat sa terre a ung rebelle, faulx et trahitour malvés, qui veult seignourier (Cligès C.T., 1455, 80).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 148.

 

-

Seigneurier sur. "Exercer un pouvoir sur" : Puisque des bons estes le protecteur, (...) Le correcteur de vicieux discords, seigneuriant sur les divins accors, En vray repos soyez son conducteur, Père eternel. (LA VIGNE, Epit. Royne M.R., 1514, 115).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui gouverne, qui exerce l'autorité" : Et donques il [telz princes olygarchiques] doivent gouverner le clergié non pas comme seigneurianz ne afin de pecune, mes debonairement et selon Dieu. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 178).

 

-

Part. passé en empl. subst. "Celui qui est gouverné, celui qui est sous l'autorité de qqn" : ...nous entendons que entre mondict seigneur le roy, nous, noz pays, seignouriez et subgectz, où est comprins nostredict pays et conté de Haynnau, a bonne paix (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1483, 359).

V. aussi seigneurer, seigneurir
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 24/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIEUSEMENT     
FEW XI senior
SEIGNEURIEUSEMENT, adv.
[GD : seignorosement ; FEW XI, 452a : senior]

"Avec les prérogatives d'un seigneur" : ...la punicion et correccion entierement appartendra seul et pour le tout a nous qui les ferons executer seigneureusement (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1399, 390). ...et sembloit, à ouyr leur proposition et remonstrance [des Gantois], que le duc eust grant tort, de retour, qu'il ne laissoit et souffroit les seigneurs de Gand possesser seigneurieusement du droit et seigneurie de conte, comme si eulx mesmes fussent seigneurs et proprietaires, ou voisins de leur prince (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 276).

 

-

"Avec majesté" : Ce dit, il [le roi] rentra en son paradis tant seignourieusement que c'estoit riche chose a veoir. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 96).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 25/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIEUX     
FEW XI senior
SEIGNEURIEUX, adj.
[GD : seignoros ; FEW XI, 452a : senior]

"De seigneur, seigneurial" : Du paon li souvint et des veus seignorius Que cascuns acompli quant tans en fu et lius ; Et li siens ert a faire qui ert plus aësius [Du paon li souvint et des veus signourieus Que chascuns aconpli quant tempz en fu et lieus Et li siens est a faire qui iert plus aaisieus] [Éd. Carey, 46] (BRIS., Restor paon D., a.1338, 65). ...la royne avoit desja fait venir devant luy la contesse de Cardonne et, quant vint a faire lez bienviengnans et honneurs, c'estoit grant deduit et plaisant de veoir lez seignoureux maintieng, tant de la royne, de la contesse et dez aultrez aussy comme du conte d'Artois, car a chascune en faisoit sy a point que moult fu son savoir recommandé et loé de prime entree (Comte Artois S., c.1453-1467, 62). ...sy fu le conte tousjours auprez de sez amours et ne luy ennuya point le chemin, ains luy sembloit que son cuer fust transporté en ung petit paradis seulement pour le grant bien qu'il prendoit au veoir le seignourieux maintieng dont la belle estoit garnie. (Comte Artois S., c.1453-1467, 97). "Mon pere," respondy Medee, "vous estes prince de bonne renommé et de noble conversacion et digne de couronne porter, pour quoy vostre couronne vous demourra toute vostre vie. Et en faveur de vostre seignourieuse gentillesse, ains qu'il soit nuef jours passez, je vous reduiray comme dit est en l'aage de trente ans..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 222). ...et vraiement bien se devoit saige nommer, car il augmenta sa maison d'avoir et d'alliances, fut chevalier de la Thoison d'or, et se maria en grande et seignorieuse maison, et se maintint si haultement, tant à la court du duc Jehan de Bourgoingne, comme à celle du bon duc Philippe, mesme au pays de Bourgoingne et en toutes pars, qu'il estoit tenu et appelé du nombre des saiges et des grans (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 188). ...les pompes seignorieuses, les delisses et aises corporelles et mondaines (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 195). Ainsi demoura le duc de Bourgoingne en sa ville de Lucembourg, et fit apprester le chasteaul qui est une moult belle et seignorieuse place (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 146). ...j'ay frayeur et pitié douloureuse De veoir ainsy face seigneurïeuse Vagabonder par Fortune soubdaine Sur les undes de la grant mer Mondaine (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 179).

Rem. Ex. d'a.fr., doc.1434, GRÉBAN, Pass., c.1450, 25138, MOLINET ds GD VII, 363b.

 

-

En partic. DR. FÉOD. "Qui appartient au seigneur" : ...la moitié d'une masure, en laquelle souloit avoir une maison seignoureuse (Trés. Reth. L., t.3, 1449, 270). ...l'en y pourra faire ediffices et demourages, qui sera augmentacion de peuple et semblablement des droiz et redevances seignourieuses d'icellui seigneur (Trés. Reth. L., t.3, 1476, 541).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 26/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURIR     
FEW XI senior
SEIGNEURIR, verbe
[T-L : seignorir ; GD : seignorir ; FEW XI, 452b-453a : senior]

A. -

Au propre "Agir en seigneur ; traiter en seigneur"

 

1.

"Exercer le pouvoir, gouverner en seigneur ; dominer, avoir la prééminence" : Et aristocratie est dite de aris, qui signifie vertu ; car en elle seigneurirent aucuns vertueus et tres bons. (ORESME, E.A.C., c.1370, 434). Sire, envoie l'aignel, seigneur seigneurissant de la terre (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 288). ...s'il en y a un chevalier et l'autre escuier, si seignourisse l'un et non l'autre (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 303). Et se Dieux vous donne adventure que vous conquestez pays si gouvernez voz gens selon la nature dont ilz sont. S'ilz sont rebelles, gardez que vous seignorissiez, sans riens laissier passer de vostre droit de seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 86). ...subgez a eulz. Ou temps que ce advint (...) qui fut le XXe an après ce que les roys furent chassiez et que les consulles seignourirent (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 35).

 

Rem. Pastor. B., c.1422-1425, 5165 ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ...

 

-

Seigneurir en la terre. "Gouverner la terre" : ...Nostre Seigneur dist a noz primiers parens (...) : "crescés et multipliés, et ramplissiés la terre, et la subjugués". Aultre texte dist : "et signourissiés en elle" (Songe verg. S., t.2, 1378, 134).

 

-

Seigneurir sur qqn : GUERRE. Je, Guerre, me voy seignourir Sur les plus grans et dominer (TAILLEV., Moral. D., 1435, 88). ...et vous en exhorte, très nobles princes, que ayez regard et vous souvienne des grans graces et preeminences que Dieu vous a donné sur les hommes, par quoy vous regnez et seignourissez sur eulx (Doc. 1454. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 375).

 

-

Seigneurir qqn. "Exercer le pouvoir sur qqn" : Chièrement le comparèrent puisedi tout li plus rice et li plus sage, car tant laissièrent ces folles gens convenir, que il furent signeurit et menet par iaulx (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 219). ...uns rois puisqu'il voelt tenir terre et signourir peuple, doit estre de hardies et grandes anprises. (FROISS., Chron. D., p.1400, 220). Et qu'il soit ainsi manda l'aucteur allegué cy dessus ou latin à Alixandre, les mots sus dis, lesquelz peuent semblablement servir à tous princes, disant : Toy qui subjugues et seigneuris les hommes, se tu vacques à vin et à luxure tu t'asubjectis (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 174). ...ces belles parolles d'Aristote cy dessus alleguées (...) lesquelles il disoit à son disciple Alixandre qui puis seigneuri tout le monde (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 180). Quant Cesar ot desconffit les Almans de Germanie et ilz se furent rendus a lui, pour les mieulx seignourir, fist faire pluiseurs chasteaulx aux entrees de leurs villes (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 58). Et pour la renommee de ceste justice gaigna il les cuers de ceulx dont il seignourissoit les corps (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 58).

 

.

Seigneurir (un pays, un territoire). "Soumettre à son autorité, conquérir" : ...toute Ynde la majour Et Ethiope seigneurirent Et tout a l'espee conquirent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 258).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui gouverne, seigneur" : Et dient que il sont seulz vicaires de Jhesuchrist en terre, qui fust Roy et Seigneur de touz seignorisans (Songe verg. S., t.1, 1378, 95).

 

Rem. Ex. du XVe s. (De Vita Christi) ds GD VII, 363a.

 

2.

"Traiter qqn en seigneur, l'honorer" : En la quelle ville il fu moult honorez et seigneuriz par l'espace de X ou XII jours que il y demoura (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 174). ...d'estre deschaux a bon feu, d'estre lavé les piez, avoir chausses et soullez fraiz, bien peu, bien abeuvré, bien servy, bien seignoury, bien couché en blans draps et cueuvrechiez blans, bien couvert de bonnes fourrures, et assouvy d'autres joyes et esbatemens, privetez, amours et secretz dont je me taiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 99).

B. -

P. ext.

 

1.

"Dominer qqc."

 

-

Le sage seigneurira sur les estoiles. "Le sage se rendra maître de son destin" : Et pour ce dit Aristotes que nous sommes seigneurs et maistres de noz euvres et de noz faiz tant comme nous vivons. Et pour ce dit Ptholomee que le sage seigneurira sur les estoilles. Et ainsy peut on dire de toutes autres choses qui sont a Fortune subgettes et a nostre franchise. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 26).

 

-

Empl. pronom. Se seigneurir de qqc. "S'emparer de qqc." : ...et qu'il [le roi] n'ait nulz enfans, adfin que par aulcune force ou malice il ne s'en [des biens] seignourist pour la succession d'eulx. (LA SALE, Sale D., 1451, 246).

 

2.

Au fig. [D'une chose] "Dominer" : [D'une chose personnifiée] Amis, vous savez, Et bien oï dire l'avez, Qu'Envie si ne puet morir Et que partout vuet signourir, Si qu'en tout le monde n'a regne Qu'elle n'i soit, qu'elle n'i regne, Et qu'elle n'i face la dame (MACH., D. Lyon, 1342, 224). ...quant le vice de gloutonnie prent a seignorir la personne, elle pert tout le bien qu'elle a jamais fait. (LA SALE, J.S., 1456, 26).

 

3.

[D'un des éléments constitutifs de toute chose créée] "Prédominer" : ...se aucun songe occupacions de feu, c'est signe que matiere colerique si seignourist en luy ; se de occupacions d'aër, come de voler ou de samblable, c'est signe que sanc seignourist en luy ; se d'occupacions d'yaue ou d'aultre liqueur, c'est signe de fleumatique ; si d'occupacions de terre, c'est signe de melencolique. (Songe verg. S., t.1, 1378, 382).

V. aussi seigneurer, seigneurier
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 27/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURISE     
FEW XI senior
SEIGNEURISE, subst. fém.
[GD : seignorise ; FEW XI, 453a : senior]

"Pouvoir, domination"

Rem. CHR. PIZ., Oeuvres poét., éd. M. Roy, t.1, 89 (Si n'y doit nul user de seigneurise).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 28/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURISER     
FEW XI senior
SEIGNEURISER, verbe
[FEW XI, 453a : senior]

I. -

Empl. trans. "Soumettre à son autorité, dominer, régner en seigneur" : Si vouldrent li grant li meneur Subjuguer et seignourisier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 175). Hanibal, qui tant rabaissa la gloire dez Rommains que leur povoir, qui le monde seigneurisoit, fut restraint et serré dedens leurs seulles muraillez (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 19). «Loué soit Dieux, sire,» fait il, «quant je vous voy seignourisier vostre roialme paisiblement sans guerre ne chose quy vous puisse grever ne troubler vostre bon peuple...» (Comte Artois S., c.1453-1467, 149).

 

Rem. Autres ex. de formes en -is- ds GD VII, s.v. seignorir. Elles pourraient trouver place ici. En revanche, les formes en -iss- appartiennent à seigneurir.

II. -

Empl. intrans. "Tenir la place d'un seigneur" : Je n'iray plus seigneuriser. Chascun à ce qu'il a se tienne ! (Gent. Naudet T., c.1500, 303).

III. -

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui domine, qui règne en seigneur" : Et dient que il sont seulz vicaires de Jhesuchrist en terre, qui fust Roy et Seigneur de touz seignorisans (Songe verg. S., t.1, 1378, 95).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 29/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURISSEMENT1          SEIGNEURISSEMENT2     
*FEW XI senior
SEIGNEURISSEMENT, subst. masc.
[GD : seignorissement ; *FEW XI, 453a : senior]

"Domination"

REM. Trad. de Bruno de Longoburgo (ms. 1400-1500, la sanie mauvaise est puanz et senefie grant porreture qui est contraire a digestion, et senefie segnorissement de chalour estrange) ds GD VII, 363a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 30/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURISSEMENT1          SEIGNEURISSEMENT2     
*FEW XI senior
SEIGNEURISSEMENT, adv.
[*FEW XI, 453a : senior]

"En seigneur tout puissant, en maître absolu" : Car combien qu'il [Dieu] sache les choses advenir necessairement en soy comme ellez seront, si lez peult il seigneurissement muer en ellez comme il luy plaist par noz oreisons, par sa misericorde, ou par noz merites. Et certainement sa necessaire science, son infinie puissance, et sa voulenté irrepugnable sont si d'acort que il sçait tout ce qu'il peult, et peult tout ce qu'il veult. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 161).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 31/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SEIGNEURISSEUR     
FEW XI senior
SEIGNEURISSEUR, adj.
[T-L (renvoi) : seignorissëor ; GD : seignorisseor ; FEW XI, 453a : senior]

"Qui règne en seigneur, puissant"

REM. De vita Christi (ms du XVe s., o tres seignourisseur sire !) ds GD VII, 363a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 32/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SIEUR     
FEW XI senior
SIEUR, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : seigneur ; FEW XI, 456a : senior ; TLF : XV, 478a : sieur]

"Seigneur" : ...maistre Regnaut d'Acy, esleu de la partie dudit sieur de Laval, lequel a reprins et reprent les pièces et arremens de ceste cause, comme hoir de son dit feu père (Cartul. Laval B., t.5, 1350, 34). ...la commission qui sera entre le sr de Rochechouart, d'une part, et le sieur de Partenay, d'autre part (BAYE, I, 1400-1410, 335). ...le sieur du Genest, qui tient de luy à foy et en nuesse sa terre de Genest (Cartul. Laval B., t.2, 1401, 372). ...contre les deffenses du sieur de l'Isle Adam (FAUQ., I, 1417-1420, 136). ...nous a escript iceluy mon sainct Pere comme au sieur droicturier dudit pays du Daulphiné que nous le missions (...) en possession de ladicte abbaye (Lettres Louis XI, C., t.1, 1460, 124). ...et le cas advenu dudit douaire, les fruits revenus d'icelui courront contre les héritiers du seigneur de Gavre et sur les choses, terres et seigneuries desdits sieurs de Gavre et de Laval (Cartul. Laval B., t.3, 1461, 192). Mais les Franchois, conduis par le sieur Descordes, s'assamblerent à grant nombre d'hommes d'armes et d'archiers des ordonnances et aussy des francs archiers du royaume de France, et marcherent pour lever ledit siege de Therouanne. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 161). Et pour ce que ceulx de la cyté d'Utrecht, favorisez du duc de Cleves et du sieur de Montfort, avoient deschassié et prins prisonnier messire David, bastard de Bourgoingne... (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 164). Et toutesfois marcha le duc sur le marchiet au poisson et jusques au devant de l'ostel de la ville, car les sieurs de la ville estoient bons pour luy (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 173). Ilz luy monstrerent d'aucuns traistres surquis Qui furent cause de la discension De Ludovic et monsieur le marquis, Car mon dit sieur le marquis luy vivant Guerres et armes voluntiers frequentoit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 179). Quels furent les sujets de l'ambassade du sieur d'Argenton auprès de la République de Venise. (COMM., III, 1495-1498, 115).

V. aussi sire, seigneur
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 33/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SIEURIE     
FEW XI senior
SIEURIE, subst. fém.
[GD : sieurie ; FEW XI, 456a : senior]

"Seigneurie, pouvoir"

REM. Doc. 1464 (Seine-Maritime, avec toute la droicture et sieurie des hommes de ladite ville) ds GD VII, 421c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 34/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SIRE     
FEW XI senior
SIRE, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : sire ; FEW XI, 448a : senior ; TLF : XV, 545b : sire]

I. -

[Féodalité (empl. rare en comparaison de seigneur)]

A. -

"Celui qui possède un fief, une terre, et qui a autorité sur les hommes qui y demeurent ; détenteur du ban, de la justice dans une ville, une région" : ...comme nostre amé et feal le prieur de Coustures d'Argençon, du diocese de Poitou, sire de la dite ville, nous eust supplié que de grace especial nous li vousissions octroier un marchié, chascune semaine, en la dite ville de Coustures, au jour du merquedi (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 112). N'y a seigneur, ne si grant sire, Tant s'en sache bien entremettre, Qui ou peuple sache fin mettre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 14). ...et pour estre deslivrez du servage ou leur seigneur les tient a tort, priënt ilz tous dieu de bon cueur que il matte leur sire et que il l'ocie. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 8).

 

-

Sire de + nom propre : ...[il] ouvra de peleterie tant en l'ostel de son dit feu seigneur de pere, comme en l'ostel où ledit sire de Haguenonville, son seigneur et mary, et elle estoient logez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 362). Ce jour, a esté receu le sire d'Ivoy en office de bailly de Coustantin (BAYE, II, 1411-1417, 40). Messire Jehan de Villiers, segneur de l'Isle Adam, se oppose à ce que le sire de Montberon ne soit receu en office de mareschal de France en son prejudice, pareillement s'est opposé le sire de Chastelluz (FAUQ., I, 1417-1420, 167). ...le sire de Brederode (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 89). ...et y furent prins le conte de Roussy, mareschal de Bourgongne, le sire de Longy, le bailly d'Auxois, le sire de Lisle, l'enseigne du seigneur de Beauchamp, le filz du conte de Saint-Martin, messire Loys de Montmartin, messire Jehan de Digoigne, le seigneur de Rugny, le seigneur de Challigny, les deux filz monseigneur de Viteaux, dont l'un est conte de Joigny, et autres (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 336).

 

-

Prov. : Et, pour ce, dist le proverbe comun que il n'est pas sire de son païs, qui de sez honmes est haÿs (Songe verg. S., t.1, 1378, 232). Car de son païs n'est li hons sires clamez, Quant il est de ses gens haïs et despitez (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 248). De son païs n'est pas sires qui n'est amez. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, c.1380-1385, 155). Car sire n'est de son paÿs Qui de ses hommes est haÿs. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141). ...et cilz n'est pas sire de son païs, qui de ses hommes est hays. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 7).

 

Rem. Prov. H., 230 [S99] (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385 ; GERS. ...).

B. -

En partic. "Suzerain, souverain" : Noble le Lion qui fut roys, Sires et empereres droys... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 5). Charlez est noz sire. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 3). ...et susciter séditions et guerres en Espagne, des nobles contre leur sire (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 143).

II. -

[Comme titre, en empl. allocutif ou délocutif, semble une forme plus respectueuse que seigneur (en partic., c'est le titre donné au roi)]

 

Rem. Sur l'empl. allocutif de sire, cf. L. Foulet, Romania 71, 1950, 1-48 ; 180-221 ; 72, 1951, 31-77 ; 324-367 ; 479-528 (chez LE BEL et FROISS.) ; T. Kähärä, Coll. Nancy, 1997, 281-295 ("Nom d'adresse sire en moyen français").

A. -

[Appliqué au seigneur féodal, principalement au roi, ou, p.ext., à un personnage de haut rang ou encore à un personnage d'une certaine importance sociale]

 

1.

[Titre donné au roi, au souverain] : Et quant Saintré entend le roy, lors a genoulz luy dist : "A ! sire, pour Dieu mercy, au mains soyez content..." (LA SALE, J.S. E., 1456, 207). ...et veez là, Sire, de quoy vous povoit servir astrologie. Mais, affin de eviter thedieuse prolixité, cy endroit mectray fin ad ce prologue, vous suppliant très humblement m'excuser, Sire, que là où je n'esciproye cy après des choses si haultement, ne par si subtilles ou ellegantes raisons, comme bien seroit requis à vostre très sacrée Majesté, de supporter et supplier mon petit entendement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 8 r°).

 

-

Sire roi : Sire roy, je vous remercie ; Plus que jamaiz suis vostre amie Ad faire vostre bon desir. (Pass. Auv., 1477, 106).

 

-

Souverain sire : Souveraine Court par qui sommes icy, Vous nous avez gardez de desconfire ; Or la langue seule ne peut suffire A vous rendre suffisantes louenges, Si parlons tous, fille du souverain Sire, Mere des bons et seur des benoistz anges [ou s'agit-il ici de Dieu ?] (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 76).

 

-

Le roi nostre sire : ...[il] se print lors à poursuir routes de gens d'armes, ala ou pays d'Espaigne et armée que y envoya le roy nostre sire au secours dudit roy d'Espaigne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 131). ...ladicte defense avoit esté commandée à faire par le Roy nostre sire. (BAYE, I, 1400-1410, 5). La Court a fait defense à Amiot Viard, sur peine de cent marcs d'or, qu'il ne mefface ou face meffaire à maistre Jehan Mengin, conseillier du Roy nostre sire. (FAUQ., I, 1417-1420, 159). Oudit temps, pour raison de l'aprouchement desdiz Bourguignons ainsi venus à Beauvais, furent faictes à Paris de moult belles ordonnances par sire Denis Hesselin, pennetier du roy nostre sire, esleu de Paris et prevost des marchans de ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 274). Cestui maistre Jehan de Bruges a faicte une prenosticacion que j'ay eue au moïen du seigneur de Donjullien, à qui le roy, nostre sire, l'avoit baillée pour moy monstrer, qui est en françois très bien couchié et s'efforce parler jusques à très longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 r°).

 

2.

[Titre honorifique donné à un personnage de haut rang] : Damoisel sire, laisiéz esteir (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 34).

 

-

[Entre pers. de rang (élevé) comparable] : Chiers sires et amis, toute recommandacion devant mise, plaise vous savoir que mardi derrenierement passé, je feys excecuter un malfaitteur nommé Thevenin Tout Seul, pour ses demerites, en la juridicion d'Essonne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 55). Nalmon montat (...) disant : "Sire Aloris, je vous mercye..." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 38).

 

-

[Titre honorifique d'un homme de loi, des membres du parlement, des conseillers du roi...] : Maistre fut, sire, senateur, Juges honnouré et docteur (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 20). Et, ce Xe jour, survint en la Chambre de Parlement sire Jehan de Pressy, tresorier et gouverneur des finances (FAUQ., III, 1431-1435, 86). ...entre lesquelz y fut maistre Jehan Le Boulenger president en Parlement, maistre Henry de Livres conseiller de ladicte court, sire Jehan Clerbout general maistre des monnoyes, Jaques Rebours procureur de ladicte ville de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 173).

 

3.

[Titre honorifique donné à un ecclésiastique] : ...au moien de ceste adventure, fut [le curé], comme encores est, appellé sire Baudin Casier. (C.N.N., c.1456-1467, 446).

 

-

[Pour s'adresser à un prêtre, à un moine] : LE CHAPPELLAIN. (...) Se ma voulenté voulez faire, Penitance vous chargeray Legiére a faire (...). LA ROYNE. Sire, sachiez certainement J'ameroye miex c'on m'arsist Que trop pechier me convenist. (Mir. femme roy Port., c.1342, 191). "...Non feray pas, dit le [prieur] ; ung prestre ne doit ame tuer. - Si ferez, ferez, sire, par la mort bieu..." (C.N.N., c.1456-1467, 62). ...nostre bon chevalier souvent luy disoit : "Par dieu ! par dieu ! noz sire, vous estes trop privé de ma chambriere..." [Adresse à un chapelain] (C.N.N., c.1456-1467, 455). Saint Jehan, dist la meschine, qui s'avança de parler, sire, si vous en povez bien tant dire. (C.N.N., c.1456-1467, 488). Annas, sire, tresnoble presbtre, Maintenant veyons sa foulie. (Pass. Auv., 1477, 211). SAINCT MARTIN. (...) Lors, de Dieu quelque lieutenant Bon conseil me pourra donner. (Petite pause ; en s'en allant, au second prestre.) Sire, sans plus long sermonner, Treshumblement je vous salue. (LA VIGNE, S.M., 1496, 149).

 

4.

[Titre donné, par déférence, à un personnage d'une certaine importance ou présenté comme tel ; mais parfois aussi, par affaiblissement, proche de "monsieur" (en partic. ds le théâtre profane, dans les farces)] : ...au partement que fait avoit de l'ostel dudit sire Jaques, estant à Forez, près de Laigny, avoit iceulx draps et couverture prins en sondit hostel. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 369). ...il convenoit qu'il venist à Paris par devers sire Jehan de Vaudeter, son maistre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 393). Et requeroit ledit sire Hemon que certains joyeaux (...) qui avoient esté miz en gage par maistre Jehan Salant audit sire Hemon, pour la somme de CCCC escus fussent vendus (BAYE, I, 1400-1410, 55). Or, bien, bien, je suis en vostre dangier, sire, et ne me puis encores venger. (C.N.N., c.1456-1467, 505). Oudit temps, pour raison de l'aprouchement desdiz Bourguignons ainsi venus à Beauvais, furent faictes à Paris de moult belles ordonnances par sire Denis Hesselin, pennetier du roy nostre sire, esleu de Paris et prevost des marchans de ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 274). Et, ou lieu d'eulx, le roy mist et establist quatre personnes seulement ; c'est assavoir sires Germain de Merle et Nicolas Potier, Denis le Breton et Simon Enjorran. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 1). Item, donne a sire Denis Hyncelin, esleu de Paris, Quatorze muys de vin d'Aulnys Prins sur Turgis a mes perilz (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 88). Sire, bien le devriés amer. (Pass. Auv., 1477, 95). Va t'en parler a mon mary, Sire Pilate, et luy dy Mon songe que t'ay raconté. (Pass. Auv., 1477, 168). Dieu vous doint vivre a honneur, Sire Pilate ! (Pass. Auv., 1477, 272). MUNIER. Ostez-vous, car je me conchye. CURÉ. Par sainct Jehan ! sire, preu vous face ! Fy ! (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 237). LE PREMIER GENTIL HOMME [au IIe] Mais, beau sire, Est-il bien à nostre mounyere ? ["Comment va notre meunière ?"] (Gent. moun. T., c.1500, 333).

 

-

[Précédé d'un poss.] Mon sire : Ves cy les prisoniers, mon sire, Que m'advés envoyé querir. (Pass. Auv., 1477, 172).

 

-

[D'une femme à un homme] : ...elle le salua moult gentement et sy luy dist : "Beau sire..." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 1). ...la tresbonne chambriere luy va dire : "Or ça, sire..." (C.N.N., c.1456-1467, 122). LA FEMME luy faict la reverence [à L'AMANT]. Sire, Dieu vous doint bonne vie ! (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 144).

 

-

[D'un serviteur à son maître] : Le pouvre maistre (...) luy dist : "Que vous faut il, mon filz, et qu'avez vous a plorer maintenant ? - Helas ! sire et j'ay bien cause..." (C.N.N., c.1456-1467, 93).

 

-

[D'un commerçant ou d'un artisan à un client] : LE MARCHANT. (...) Combien Le faites vous ? LE MARINIER. Je le vous donray, sire doulx, Pour trente livres. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 259). Le Tavernier. Beau sire, vous souvient-il point Que... (Chaulder. T., c.1500, 221).

 

-

P. iron. : Par sainct Jehan, sire, vous mentez. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 323).

 

-

Beau sire / cher sire : Et que me ferez vous, beau sire, ce dit elle ; la moue ? (C.N.N., c.1456-1467, 151). Ha ! dit maistre Ymbert, par dieu, beau sire, il ne m'en souvenoit plus (C.N.N., c.1456-1467, 400). Je vous rans graces humblement, Cher sire, d'un si tresgrant bien. (Pass. Auv., 1477, 95). Qui le reprent [le jeune], il croyst en yre. Il veult qu'on l'appelle beau sire, Tant se mire ; Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. (Pass. Auv., 1477, 118). Advansons nous, Samuel, beau sire ! Remectons la pierre en son lieu. (Pass. Auv., 1477, 263). LA CHAMBERIERE [au COUSTURIER]. Toutesfoys, beau sire, Par vostre ame, voulez-vous dire Que... (Coust. Esop. T., c.1500, 163). LA DAMOYSELLE [à NAUDET]. Et que luy faisoit-il, Jesus ? Je te pry, dy le moy, beau sire [Éd. : "aucune nuance péjorative. Elle flatte Naudet pour qu'il parle plus librement"]. (Gent. moun. T., c.1500, 290).

 

.

P. iron. : LE MARY. (...) Et puis je vous diray, beau sire... MESSIRE DOMINÉ DÉ. Basta tant qui debet suffire. (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 101). LE CHAULDRONNIER. Et, savetier, infaict pugnays, Je te prie, beau sire, tays toy. (Chaulder. T., c.1500, 204).

 

.

[Adressé au limier] : [Var.] ...A beau sire la yra, la yra (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 46).

 

Rem. Sur beau sire, cf. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 95-96.

 

5.

Estre sire envers qqn. "Se montrer courtois envers qqn" : ...amés vostre moullier en cuer et la tenez chiere par raison, soiés sires et gracieux envers elle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1080).

B. -

[Comme forme allocutive ou délocutive, dans un cont. familial (par appellation déférente)]

 

1.

[D'une femme à son mari] : LA DAME. (...) Ce que j'ay fait, c'est par vous, sire : Le pechié vous en demourra. LE SEIGNEUR. Je n'en puis mais (Mir. enf. diable, c.1339, 10). ...la tressage musniere va dire a son mary : "Par ma foy, sire, nous sommes bien tenuz a monseigneur..." (C.N.N., c.1456-1467, 41). ...[elle] s'avança de parler et dist a son mary : "Et Jehan, beau sire..." (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

-

"Époux" : ...Gadiffer vostre chier sire (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 308).

 

2.

Grand sire

 

-

"Grand-père ; ancêtre" : ...si hoirs encargont les armes tout entires, ensy que leurs gransires les avoit portéiez (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 368). ...s'en fut une filhe tant soilement, mariée à monssaingnor Thiry de Berghes, le jovene, qui en at des enfans, dont ly ainsneis est chevaliers et nomeis messires Renars de Berghes ly jovenes, car ly viez monssaingnor Renar de Berghes, ses gransires, est encors en vie. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 473). Abbavus (...) : pater avi, grans sires, peres de l'aiol (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 1). ...au couronnement du roy Gadiffer vostre grant sire (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1007).

 

-

"Beau-père, père du conjoint" : Socer : sire pater uxoris uel mariti (Abavus IV, R., c.1350, 477). Socer (...) : le pere de la fenme ou du mari, sogres, sieres (Aalma R., c.1380, 384). Socer (...) : socre, sire, le pere de le femme ou du mari (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 465). Socer : (...) pater uxoris vel mariti, sire (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 363).

 

Rem. Doc. 1336 (inventaire de biens, en pays de Liège) ds E. Poncelet, Oeuvres de J. de Hemricourt, t.3, 1931, CCLIII.

C. -

RELIG. [Comme forme allocutive ou délocutive pour s'adresser à Dieu] : Sires Dieu, mon Salut... (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 49). Sire, ainsin comme c'est verité, descendez maintenant en vostre povre hostel, en l'ostel de mon ame, deffendez vostre logis, c'est vostre droit. (GERS., Pent., p.1389, 75). Sire, monstre nous ta misericorde, et nous donne ton salut ! Sire, point nous ne demandons ta sapience, ta justice et ta puissance, car plus doubtons que desirons, nom pas sans cause (GERS., Purif., 1396-1397, 62). Pourtant, Sire, s'il vous plaist user de grace envers moy, comme piteux pere envers son mauvais filz, comme doulx seigneur envers son inutil serviteur, la gloire, Sire, en est a vous et le proffit a moy, et vous doy bien amer, servir et honnourer. (GERS., Trin., 1402, 164). Toutes foys, Syre, je conferme Mes desirs (...) A ta volenté souverainne. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 62). Sire Dieu, faictz croistre les bledz, Affin que... (Chaulder. T., c.1500, 215).

 

-

Beau sire : Biaux Sire, Dieu, Jhesu Crist, regarde comment... (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 120). Biaux sires Diex, vueillez m'aydier (Mir. march. juif, c.1377, 183).

 

-

Nostre Sire. "Dieu, Jésus-Christ" : Adont vint Nostre Sire a eulx Et par nom Adam appella (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 137). En Egipte tous les lieux vis Ou nostre sires repaira, Vi Nazareth ou repaira De Bethleem ou il fu né (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 54).

 

.

Le souverain sire : Pleust à Dieu, le souverain sire, Que... (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 425).

III. -

P. ext. [Très rare en comparaison de seigneur] "Maître de qqn ou de qqc."

A. -

"Maître de qqn" : Congneut aussy que, la nuit passée, il estant logiez en l'ostel Guillot Fouquaut, son sire, demourant à Gentilly, au partir qu'il a aujourd'uy matin fait dudit hostel, a prins en icelli hostel le lit et traversain duquel il a esté trouvé saisy oujourd'ui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 35). Qu'a Ycarus soie pareille, Qui pour trop hault monter chay, Dont durement lui meschay, Quant si hault monta que la cire Des eles que lui ot son sire Atachees se fu fondue [ici son père] (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 75).

 

-

"Maître par rapport aux domestiques, aux serfs"

 

.

[D'un serviteur à son maître] : Puis qu'a vous servir sui conmis, Sire, s'il vous plaist, regardez De quoy serviray (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 272).

 

-

"Chef" : Et gardez, tant que vous aurez a estre conquerant, que entre vous compaignons ne vous maintenez comme sire, mais commun au grant et au petit, et parler et tenir compaignie a chascun selon sa qualité, car ce fait les cuers enflammez d'amour a ceulx qui ainsi sont humain en seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 87).

 

-

Le sire des noces. "Celui des noces qui est au premier plan, le marié" : ...après la feste faillye, que les jeunes gens furent retraiz et qu'ilz eurent prins congié du sire des nopces et de sa dame, la bonne mere, les cousines, voisines et aultres privées femmes prindrent nostre dame des nopces et la menerent en la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 496).

 

Rem. Cf. la dame des noces. V. noces.

 

-

Estre sire. "Avoir un rôle de premier plan, de maître" : Donne si tu vieulx estre riches Et sers si tu vieulx estre sires ; Car pour donner et pour servir Peut ung home monter et venir Asséz toust en auctorité, S'il est garni d'umilité. (Liber Fort. G., 1346, 76).

 

.

Estre sire de. "Dominer" : Ainsi le royaume d'Assire, Qu'estre des autres souloit sire, Si en fu du tout bestourné Et a la fin a mal tourné (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 187).

B. -

"Maître de qqc." : ...s'aucune puissance je avoie, (...) elle ne venoit point de moy ne sire n'en estoie (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 51). ...et si n'estoit point le fait tant lache que le chevalier ne fust sires de sa scelle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 436).

IV. -

[Empl. fam. ou arg., sans équivalent pour seigneur]

A. -

[Pour désigner tel ou tel personnage]

 

-

Gros sire. "Personnage important" : On mist ce jour en si cruel sentier De sang humain les rabiz, les gros sires Qu'il ne fut plus ne besoing ne mestier Au moins exprés, mettre sur mer navires. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).

 

-

Bon sire. "Brave homme" : Joseph, le bon sire (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 126).

 

-

[Dans le style narratif] Nostre sire. "Notre homme, notre héros" : Ordonna neantmains a sa gouge qu'elle entretenist le prestre, voire sans faire la courtoisie, et si fist elle si bien que noz sire en avoit tout au long du braz. (C.N.N., c.1456-1467, 455).

 

-

[Avec valeur fortement péj.] : Vous estes ung terrible sire. (Sots Magn., a.1488, 209).

 

.

"Nigaud" : Vous me acoustrez bien en sire... [JAQUINOT s'offusque d'être appelé Jehan] (Cuv. T., c.1475-1500, 45). [LA FEMME à COLIN] Je n'ay point d'argent, povre sot (...) Vrayement, sire j'en auray. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 138-139).

 

.

Arg. "Dupe" : Ung cornier, .I. sire et une duppe c'est tout ung. (Procès Coquill. S., 1455, 97). Sur la sorne que sires sont rassis, Sornillez moy ces georgetz si farciz [Trad. de l'éd. : "Sur le soir, quand les imbéciles sont à plat, videz-moi ces pourpoints si bien remplis"] (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 339). [Autres ex. p.323 ; 329 ; 331 ; 337 ; 373]

B. -

Arg. [Invocation de Dieu à la vue d'un écu ; d'où l'écu lui-même] Beau sire Dieu : Si je pouoie vendre de ma santé A ung Lombart, usurier par nature, Faulte d'argent m'a si fort enchanté Que j'en prendroie, ce croy bien, l'avanture. Argent ne pend a gipon n'a saincture. Biau Sire Dieux, je m'esbahis que c'est, Car devant moy croix ne se comparest, Sinon de bois ou pierre, que ne mente (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50).

 

-

Beau sire (Dieu). "Écu" : ...Pour desbouser beaus sires dieux (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 333). [Autres ex. p.339 ; 351] Et frappés en la hurterie Sur les beaulx sires bas assis [Éd. "bas placés dans les bourses, ou couchés à plat lors de la frappe de fausses pièces"] (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 337).

V. aussi seigneur, messire
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 35/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SIREUL     
FEW XI senior
SIREUL, subst. masc.
[FEW XI, 455b : senior]

[Dimin. iron. de sire]

 

-

Beau sireul : Beaul sireul, que tu nous desloiges D'avecques toy quant ainsi paiez ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 32).
 

DMF 2020 - Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 36/36 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SIRON     
*FEW XI senior
SIRON, subst. masc.
[GD : siron ; *FEW XI, 455a-b : senior (?)]

Jeu du siron. "Jeu du petit seigneur (?)" (Éd.) : Item, et sy ne jouerez Au siron, ne a cligne mussettes ["cache-cache"], Au jeu de Mon amour aurés, A la queuleuleu, aux billettes (Amant cord. M., 1490, 75).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre