C.N.R.S.
 
Famille de rumpere 
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     AROUTER     
FEW X rumpere
AROUTER, verbe
[T-L : aroter ; GD : arouter ; AND : aruter ; DÉCT : aroter2 ; FEW X, 571b, 573a : rumpere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Former une route, regrouper, rassembler" : Et ly soudans Baudas aprez volt arroster [ms. arrester ; var. arouter] Ses gens dont il avoit planté a gouverner (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 176). [Après avoir pillé Montferrant et Clermont, les Anglais] aroutterent et aloierent leurs prisonniers deux et deux, et puis, quant ilz eurent tout fait, sus le nuit, ilz firent ouvrir la porte et s'en departirent (...). Ilz mistrent tout leur sonmaige et leurs cariaiges devant, et les prisonniers (...) venoient tout le pas derriere. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 223). Atant at fait crier que tot soit areteit Son oust, et vers Braibant si soit acheminneit. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 465). ...le fel duc Guion qui tant fut desguisés Commanda que sez hommes fussent tous arroutés (Cip. Vignevaux W., p.1400, 126).

B. -

En partic. "Rassembler et mettre en ordre de bataille" : Pas ne l'arés [Atemprance], ce poise mi, Anchois l'aront vostre ennemi, Qui l'ont retenu bien a tans Avoecques tous ses combatans. Il l'ont ja bouté en leur route : Elle les ordonne et aroute Et met en tres bonne maniere. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 124).

C. -

Arouter des choses. "Ranger (des choses) à la file, les enfiler" : Et quant la saison renouvelle De printemps, jolie et nouvelle, Par usage on voit moult de gens Qui en biaus rainsiaus vers et gens De grouseliers ficent [var. fichent] et boutent Les violettes et aroutent Pour mieuls veoir et oudourer. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 193).

II. -

Empl. pronom. (ou intrans.)

A. -

[De pers.]

 

1.

"Se regrouper, se rassembler" : Adont li oissel s'arouterent Et Renart trestuit escouterent (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 243). Or ( i ) viengnent pres et se aroutent Toute gent et bien escoutent, Ne soit nul et ne soit nulle Qui arriere point recule ; Avant se doivent touz bouter, Touz asseoir et acouter (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 1). Espaingnos s'aroutterent trestout communalment (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 780). Quant les escuyers virent les larrons arrouster, Chascum legierement a charché le branc clier (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 24). Quant Huez entendy Henry le baceller, Et il vit lez enfans prez de lui arouter (...) En sen cuer lez prist moult ly vassaulz à loer. (Hugues Capet L., c.1358, 119). Quant Florent l'entendi, adonc alla parler Et a dit aux barons que la vit arrouter : ... (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 568). Li Englois cevauchierent et s'arouterent, et prissent le cemin de Monstruel sus Mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 744).

 

-

S'arouter à qqn. "Former route avec qqn, se joindre à qqn" : Et debouté En doit estre, quant redoubté N'a sa dame, ains s'est arrouté A Faintise qui l'a bouté En tel haultesce (CHART., L. Dames, 1416, 220).

 

.

S'arouter de qqn : Ceulx qui veulent mesdire, a lui affuyent Et lui sacoutent, Car teles gens croyent tost et escoutent ; De mal en pis le nourrissent et boutent. Ainsi de lui s'acointent et arroutent (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186).

 

.

S'arouter avec qqn : Mais la contesse s'en doubta, Qui avecquez eulx s'arrouta... (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 86). Avec ses escuiers s'est ly bers aroutés, Jusqu'a Nanteul chevauche ou il fut engendrés. (Tristan Nant. S., c.1350, 357).

 

-

S'arouter contre qqn. "Se regrouper contre qqn" : Cil commun est dervé ; Ilz sont o moy issus de Paris la cité, Et maintenant se sont contre moy arrousté (Cip. Vignevaux W., p.1400, 134).

 

2.

En partic. "Se rassembler pour se mettre en chemin, pour partir, pour aller combattre" : Chevaulz et arméurez et vitaillez assez Mirent hors du navire, puis se sont aroutez. (Hugues Capet L., c.1358, 96). Lors s'arrouterent tous les gentilz hommes du royaume [;] sy vindrent faire hommaige a leur roy de coeur et de foy. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 149). .IIIIm. homme mainne, dont cascuns fu armez, De Vautamis se partent, e les vous aroutez (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 83). [Autres ex. ds ce texte, cf. gloss. de l'éd.] Or sus ! mes gens ; que l'en s'arroute, Car il est temps d'aller sur champs Pour faire guerre a ses meschans Qui veulent Gaule asubgecter. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 147).

 

3.

"Se disposer à partir, se mettre en route" : Puys sont arousteiz par les desers, qui les ont meneit tant qu'ilz sont venus a paradis, ou Adam fut premierrement poiseiz et fors geteit par le fruit de sapience. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 174). Pinart en print l'onguement et puis s'est arouté (Galien D.B., c.1400-1500, 70).

 

-

S'arouter vers. "Se diriger vers" : Paresce avec sa riere garde La desconfiture regarde, Qui bien vousist oultre mer estre, Car, quant a regardé sur destre, Elle voit une grosse route De gens, qui droit vers lui s'aroute. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 273). Et Doon oste le bendeau de son nepveur et sy le meit a cheval. Et sont arouteiz vers Danemarche. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 28). Pour contrevenge de ceste mesceance, Bourguegnons, Picquars, Englois et aultres compaignons de l'ost se arroutèrent vers le chasteau de Lideberch (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 54).

 

-

S'arouter après qqn [ou un animal]. "Se mettre en route et suivre qqn" : Après le damoisel s'est li os arroutée (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 214). Adont escrie "Alarme !" ; sur le chevalz montait. Li prince de Tarante aprés lui s'aroutait Et trestoute cez genz sur lez champz s'ordonnait. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 506). Sy luy envoiat Dieu ung cerf tout blanc, qui luy monstrat la voie ; tout parmy la nivez est cest cerf ferus, et l(u)y oust s'aroutat aprés et passat le pas, puys s'envanuit le cerf. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 35).

B. -

[D'une voie, d'une route] "S'étendre jusqu'à, conduire qq. part" : Tantost a oÿ fort huer Pres de lui, si treuve une route, Oui [l. Qui] tout droit celle part s'aroute, Qui est large et bien alegnee (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 376).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

"Regroupé, rassemblé"

 

1.

[De pers.] : La fist li roy de Cipre trante malleurés Tramettre per cez homme loiéz et arouttés. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 111). A la voie se mirent tout ansamble arouttéz (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 672). Au chemin se sont mis, noblement arouté (Cip. Vignevaux W., p.1400, 23).

 

-

[De combattants] : ...et fu Mortagne assallie (...) a deus lés (...). La estoient li arbalestriers de Valenchiennes arouté, et traioient a pooir sus les desfendans (FROISS., Chron. D., p.1400, 424). ...il ne craint coup de glaive ne d'espee, ains fiert a toutez hurtez, et eulz deulz, aroutés en ung front, font si bien la besongne qu'a souhaidier. (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 61).

 

.

À bataille aroutee : Dite ly que je ay vollanteit et pancee D'aissaillir Sezillois a baitaille arottee (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 341).

 

2.

[De choses] : Qant toutes ces gens d'armes (...) furent venus a Saint Quentin (...) et li charois fu tous aroutés, on se departi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 374). Quant li rois Edouwars (...) ot pris terre (...) et que toute la navie fu aroutee, (...) toutes gens issoient de lors vassiaus et saloient sus le sabelon (FROISS., Chron. D., p.1400, 677).

B. -

"En compagnie d'autres personnes" : Et le roy d'Ermenie venoit tout arroutés, O lui fut le bastart qui Doon fut clamés... (Tristan Nant. S., c.1350, 400).

 

-

Arouté à/de qqn / arouté de chevaux / arouté avec qqn. "Formant route avec, accompagné de" : ...[des gens d'armes déguisés] se mistrent en chemin vers Montferant aroutez de leurs chevaulx comme marcheans voituriers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207). Avoeuc lui sa femme Orable au corps mollé (...) Leurs enfans aveuc eulz trestous .X. arrouté (Cip. Vignevaux W., p.1400, 95).

 

.

Aroutés deux et deux : Adont sont chevalier .IJ. et .IJ. arouté (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 48).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 2/46 
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     ARROMPRE     
FEW X rumpere
ARROMPRE, verbe
[GD : arompre ; FEW X, 568a : rumpere]

"Rompre, détruire"

Rem. Ex. d'afr. et doc.1385 ds GD I, 404c.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 3/46 
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     DÉROMPEMENT     
FEW X rumpere
DEROMPEMENT, subst. masc.
[T-L : desrompement ; GD : derompement ; FEW X, 568a : rumpere]

A. -

"Action de rompre, de détruire, destruction" : ...considérans que leurs adversaires croissoient de jour en jour, et aussi le dérompement des tours, des maisons et des murs, doubtans qu'en la fin ne feussent prins de force et de leurs ennemis mis à mort, ce jour, eurent conseil ensemble pour sçavoir comment ilz se pourroient saulver. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 264).

 

Rem. Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s.) ds GD II, 525b.

B. -

"Charge, attaque" : ...il s'estoit mis en la dessus ditte ville la prochaine nuyt passee, pour ce que en eulx qui yroient desarmez et sans ordre il peust faire ung desrompement non appensé. Et l'assemblee faitte, les Troyens envahissent aigrement et s'efforcent de iceulx mener a grant occision. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 67).

C. -

"Rupture, déchirure" : Aussi avient il aucune foiz mal aux chienz en la bourse des coullons et aucune foiz par fere trop longues chasses et journees et par desrompement ou aucune foiz qu'ilz sont marfunduz come un cheval ou aucune foiz, quant il y a lisse chaudes et ilz ne les peuent tenir a leur ayse, celle volenté et humour leur descent aux coullons, ou aucune foiz par coup qu'ilz prenent sus les coullons en chassant ou autrement. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 124).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/46 
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     DÉROMPIR     
*FEW X rumpere
DEROMPIR, verbe
[*FEW X, 568a : rumpere]

"Rompre, mettre en pièces" : Hay sergens, quar cessez de mon Seigneur ferir ! Lÿens qui le tenez, laissiez vous desrompir ! Verges qui le ferez, laissiez vous revenchir ! (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 74).

V. aussi dérompre
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/46 
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     DEROMPIS     
FEW X 568b rumpere
DEROMPIS, subst. masc.
[FEW X, 568b : rumpere]

"Terre nouvellement défrichée "

Rem. Attestation fournie par J.-P. Chauveau : doc. 1405 [1720] ds Hector de Souancé, Abbaye Notre-Dame des Clairets. Histoire et Cartulaire, Vannes, Lafolye, 1894, p. 207 (Item prendront lesdites religieuses dixme oultre ladite riviere de Souancé la ou elles ont accoutumé de prendre tant en derompays, comme en novalles, c’est assavoir depuis la cente du chemin par ou l’on va de l’aistre de la Largetiere a la fontaine de Poupet, jusques au bout de ladite paroisse, venant a ladite riviere du costé devers Nogent ; (…) Et en recompensation de ce que ledit curé avoit, contendoit et pretendoit aux dixmes et choses dessus dites, tant en novalles come en derompays, lesdites religieuses delaissent et baillent audit curé toutes les dixmes qu’elles avoient accoutumé de prendre es terres, aboutant a la cente par ou l’on va de Largetiere a la fontaine de Poupet, et en allant d’icelle cente a Valloury et a Montdoucet).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 6/46 
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     DÉROMPRE     
FEW X rumpere
DEROMPRE, verbe
[T-L : derompre/desrompre ; GD : derompre ; AND : derumpre ; DÉCT : derompre ; FEW X, 567b : rumpere]

A. -

[L'obj. désigne une chose concr.]

 

1.

Derompre qqc.

 

a)

"Rompre, briser, mettre en pièces, abîmer qqc." : ...pour avoir reffait et redrechié les deux escluses qui sont aux 2 bous devers Saine et icelles reformees et gasonnees de pieux et d'ais tout entour bien et adroit, lesquelles estoient derrompues et debrisees par forche des grosses eaues (...) et aussi pour avoir rapprofondi et redrechié un fossé (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1372, 233). ...leurs armeures qui desroutes estoient (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 114). ...l'escu d'un bon chevalier ne doit pas estre paré d'or ne de pierrez precieuses, mez doit avoir son escu tout desrompu, son heume cassé, son espee rebourcee, sa face navree. (Songe verg. S., t.1, 1378, 15). ...les oultraiges par eulx ou aucun d'eulx fais et commis en l'ostel d'icellui curé, qui est le propre presbitaire de la cure, en desrompant son mesnaige (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 246). Et lors commencierent tous deux fort a penser, et lors ouyrent, au long du boys, un grant escroiz et fort desrompre les menus rams et le ronceys. Lors print Remondin son espie qui estoit par terre, et ly contes traist l'espee, et attendirent ainsi longtemps pour savoir ce que ce seroit, et se mirent au devant du feu, au lez ou ilz avoient ouy le bois desrompre. (ARRAS, c.1392-1393, 21). Mais quant ilz virent que Gieffroy avoit le bacinet embarré par force de coups, et son harnoiz desrompu, si ne ont talent de rire, car ilz voient bien que ce n'estoit mie a gas. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Le mur fu bas et derompu Et en plusieurs places rompu (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 96). ...les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient vielx, derompus, et moult malhonestes (BAYE, I, 1400-1410, 155). ...lui romperent ung escrin ouquel ilz lui prirent XXII crevechiez, XII chemises, XII petis draps. Item, lui romperent ung autre escring ou ilz prindrent trois hennas de maidre fin qu'ilz emporterent et XXI autres hennas qu'ilz desromperent. Item, lui romperent ung autre escring ou ilz prindrent trois courroies d'argent. Item, emporterent pluseurs autres clos et esmalz d'autres maidres qu'ilz prindrent en ung escring en l'ostel de lui qui parle (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 316). ...ledit Perault descharga et deslia son fardeau des dictes paelles, et print ung baston et commança à frapper tant qu'il peut sur les dictes paelles. Et pour ce que ledit suppliant avoit partie ès dictes paelles, il lui dist que ce n'estoit pas bien fait de les derompre (Doc. Poitou G., t.9, 1450, 164). Item grosses pierres à foison et fer trenchans y doivent estre lancez et toutes choses par quoy on puist desrompre la nef tout le plus que l' en peult. (BUEIL, II, 1461-1466, 59). Ou se les voyes trouvoit trop desrompues... (LA VIGNE, V.N., p.1495, 147).

 

-

Derompre une porte. "Rompre, ouvrir" : ...Portes derompre et murs casser (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 156). "Biaux seigneurs, aydiez-vous et avanchiez, ne je puis ouvrir ceste seconde porte. Desrompé le a vos haces, aultrement vous n' en pourrez entrer en la ville." Et ceulx qui estoient pourveu de haches et de quingines commencierent à ferir et à frapper en celle porte, ce sembloient carpentiers, et donnerent à Geronnet et à ses compaignons, quant ilz eurent partuissiet la porte, haces et quingines pour coupper le flaiel de la porte. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 215). Comment Gieffroy brise et desrompt a un coup de pié l'uis de la chambre ou le jayant estoit, et comment il l'occist. (ARRAS, c.1392-1393, 266). Parle JHESUCRIST. Doulx pere, je me lieve, puisque voit qu'i te plait, Et tout ce que j'ay fait soit a ta volenter. Tantost, sen plus actendre, en enfert descendray, Je derumprait les portes, mes amy en trahiret. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 138).

 

-

"Arracher (une plante, une racine...)" : ...pour quoy entre vous n'alés vous derompre la grosse tige de l'arbre et faire tant que il soit estrepey et esrachié, et la racine dont puet venir et sourdre la seyve et liqueur soit toute amortie (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 146). Adonc se prindrent a estirper de tous lez les inutiles herbes chardons orties et toute male racine derompre et sacher hors (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 83).

 

-

[D'une chose] : ...il [le froid] derompt le cuir [provoque des gerçures] (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 258).

 

-

[Dans un cont. métaph.] "Rompre, ouvrir" : Sire, deromps le ciel et descens en terre en la nef francoise, et faiz nouvelle redemption (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 629).

 

b)

"Déchirer (une étoffe, un vêtement...)" : ...jamais ne vestiray plus Qu'une cotelle descousue Et descirée et desrompue (Mir. parr., 1356, 10). ...pour la croissance de la fourreure d'un autre seurcot de drap d'or sur champ azur à fleurs de lis et à couronnes, qui a esté deffourré et reffourré, 40 ventres de menu vair (...) et pour le pourfil de dessoubz, lequel estoit dérompu, deux douzaines, quatre lettices (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 167). Raison rompue Est si par vie corrompue Que qui a robe derompue, Se on est bon, si pert il que on pue Entre les gens, Soient conseilliers ou regens, Dont chascun est moins diligens D'acquerir vertuz que habis gens (CHART., L. Dames, 1416, 284). Je desromps mes vestemens (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 114). ...[ses gens] furent bien effraiez de veoir leur maistre en ce point eschauffé qu'il [avoit] tant esgratigné le visage, le pourpoint, chemises, chausses tout desrompu et dessiré (C.N.N., c.1456-1467, 429).

 

c)

"Égratigner ou lacérer (la peau)" : La femme, qui estoit de rude affaire, regarde Meliadice qui estoit esgratignee et sa pouvre peau toute derompue si estoit moult plaine de sang entour elle (Cleriadus Z., c.1440-1444, 305).

 

d)

"Arracher (les cheveux, la barbe), les mettre en désordre" : ...il avoit ses cheveux desroux, Et que tant se desconforta Qu'il en estoit mort de courroux (CHART., B. Dame, 1424, 359). ...lequel [Jésus] les Juifz ont despoullie tout nu des vestements, et lui ont derompu sa barbe de piquants espines (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 140). ...la dame, qui se veoit ainsi infortunee, ne cessoit de plourer sans remede, ses cheueux desrompoit et son beau visaige (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 26). ...l'autre (...) Gettant regrés piteux et inhumains, Avoit ses dois et ses cheveux desroux (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 169).

 

e)

"Mettre en désordre" : ...trouva sa chambre de verges toute jonchée, son lit desrompu et desfroissié et ses draps tous ensanglantez. (C.N.N., c.1456-1467, 265).

 

f)

[Un projectile] "Briser la course de, amortir"

 

Rem. FROISS., Chron., éd. K., t.11, 429 : ...et portoient targes sur leurs testes pour desrompre le trait et le get des pierres qui venoient d'amont ; éd. M.M., XIII, 71 : pour brisier et eschever le trait et le jet des pierres qui venoient d'amont.

 

2.

[D'une chose concr.] (Se) derompre

 

a)

"Rompre, se briser" : Et bien poet home savoir qe grant plenté de sank y out quant les douz tendres bras si durement estenduz estoient qe les veynes et les nerfs desrumpirent et la peel, siqe tout le sank de corps eust en poy de heure par la tout corru hors (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 182).

 

b)

[De la brume] "Se dissiper" : ...celle bruine à une fois cheï et se desrompi (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 53).

B. -

[L'obj. désigne une pers. (ou son corps)]

 

1.

Derompre qqn (ou son corps)

 

a)

"Blesser, meurtrir qqn / son corps" : ...tout le corps en sang luy baingnent ; Si le derrompent et detirent, Sa peau en pluiseurs lieux deschirent (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 33). D'ezcourgïez de fer tout son cors derompirent (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 160). Et quant Gieffroy entent ceste parole, si trait l'espee sans plus dire, et fiert le premier sur le chief que il l'envoye tout estourdy par terre. Puis passe du costé du cheval de cellui qui gesoit en la charriere, tellement qu'il le froisse et desrompt tout le corps, et fiert l'autre d'estot par my le piz et le rue mort juz du cheval. (ARRAS, c.1392-1393, 200). ...et [l'écrevisse] tellement l'estraigny par les jambes et par le corps qu'elle toutte la derompy et occist (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 159). ...affollez, derompuz et mutilez en leurs membres (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 226).

 

b)

"Fouler, écraser, torturer qqn, s'acharner sur qqn" : Saint Estienne lapidez fu, Saint Jehan en huile boullu, Saint Lorenz rostis sur charbons, Saint Vincent batus et desrons (DESCH., M.M., c.1385-1403, 253). ...rançonnent les povres gens (...), les batent et desrompent (JUV. URS., Prop. I, c.1438, 290). Quantes eglises ont esté par eulx arssez et destruites, ou Dieu estoit servy, et les bonnes gens ars, brulez et derompus dedens (JUV. URS., Loquar, 1440, 309). Presnez gros nerfs de beuf tous cruz Et les nouhés et crochetés, Et que sy fort soient batuz Et derompuz et tourmentez Si que par dolz ne par costez Il ne demeuroit peaul entiere. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 80).

 

-

Derompre qqn piece à piece. "Mettre qqn en pièces" : ...Se je le puis trouver en place, Ma grant force li mouster[r]ai : Le cuer du ventre li trairai, Qui qu'il plai[s]t ou qui qu'il dessiece, Si le desromprai piece a piece Et l'espandrai parmi les voies Et par les champs... (MACH., Voir, 1364, 642).

 

-

Derompre qqn de coups. "Rouer qqn de coups" : [Dans un cont. métaph., du désir] ...il me desront tous de cops. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 231). ...se je te tenoie, De cops tout te desromperoie. (Mir. Oton, c.1370, 363).

 

2.

[D'une pers.] Se derompre. "Se blesser" : Les aucunes ont la roingne de paresce, et en sont morfondues. Les autres se desrompent es espines d'avarice ; et ainsy des autres perilz. (GERS., P. Paul, a.1394, 492).

 

3.

[D'une pers., d'un animal] Derompu./Derout

 

-

"Délabré, décrépit" : Tresderoute, vielle maudicte, Ceste boulie est tresmal cuyte, Et cy ay trouvé une plume, Elle ne vault pas une prune. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77).

 

-

"Harassé, épuisé" : Se li chevaux est derrons, le premier jour li doint l'en a boivre confire et consoude menue (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 378). ...tout suis brisié et derouz. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 80). Mon mary fut or tout desroups, Tant le batisse soir et main (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 186). ...lequel roncin à la revenue dudit Radriguille fut rendu audit Estienne mortfondu, derompu et grevé tellement que on esperoit que jamaiz ne sen peust aider (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 81).

C. -

[L'obj. désigne un groupe]

 

1.

Derompre (un groupe)

 

a)

"Fendre (un groupe, la foule, une armée...)" : Tristan (...) A derrompu la presse des Sarrasins dervés Pour son frere rescourre (Tristan Nant. S., c.1350, 615). ...il se metteront en painne, par le force de leurs coursiers et de leurs bras, à desrompre le priesse et de venir jusques au dit captal. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 117). Alons nous y ferir bonne erre Et la presce derompre et fendre (Mir. fille roy, c.1379, 75). Et se les anemis sont fors et sont a doubter, le chief doit faire une seulle esquiere de tous ses gens en fourme d'une poire, qui est aguë devant et large derriere, et en front tous les meilleurs et plus fors hommes qu'il a, pour desrompre ses anemis, et eulx bouter parmy, affin de les deppartir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 241).

 

b)

"Séparer (des pers.), disperser (un groupe)" : ...elles [les amours] estoient si parfond enracinées es cueurs des ambedeux parties (...) que impossible estoit les desrompre ne desjoindre (C.N.N., c.1456-1467, 441).

 

c)

"Mettre en déroute (une troupe)" : ...la bataille des mareschaus fu tantos toute desroute et desconfite (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 36). Les freres vont, toutes les batailles desrompant, et mettent tout en fuye. (ARRAS, c.1392-1393, 287). ...et se butat dedens paiens (...) ; et il les derotat et derompit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 95). ...si se deffendirent en telle manière qu'ilz dérompirent les François et mirent en fuicte. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 285).

 

-

Desrompu. "Débandé" : ...une bande petite de quelzques hommes d'armes desrompus, venans au long de ladite grève qu'ilz veoient toute nette de gens, vindrent assaillir le roy et ce varlet de chambre. (COMM., III, 1495-1498, 187).

 

d)

"Désorganiser (un groupe)" : Lors fut sur cecy advisé qu'on prendroit pareillement par toutes les compagnyes de la bataille les meilleurs et les plus assurez gendarmes qui y seroient point. Oultre, sans rien desrompre ne mettre en desordre, le roy print des capitaines aucuns des plus gens de bien (LA VIGNE, V.N., p.1495, 286).

 

2.

Se derompre

 

a)

[D'un groupe, d'une troupe] "Se disperser" : ...il se departi et se mist au chemin, et fist tant par ses journées qu' il vint à Calais, et ceulx de Haynnau retournerent en Haynnau. Ainsi par pluseurs membres se desrompi ceste armée d' Espaingne et de Portingal. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120). Et se desrompi pour ces jours li consaus, et s'en ala casquns en son lieu (FROISS., Chron. D., p.1400, 234). Ensi se desrompirent ces grandes cevauchies et ces assamblees. (FROISS., Chron. D., p.1400, 593).

 

b)

[D'une troupe] "Être en déroute" : ...pensant que nostre armée se desrompist, nous faisons toutes les diligences possibles de vous advancer gens et toutes autres choses necessaires (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 168).

D. -

Au fig.

 

1.

Derompre qqc. (une chose abstr.). "Briser, rompre, arracher qqc." : Touz jours, Sires, vueilles que je cerche et examine estroitement les secrez de mon couraige, et, ce que je y trouveray de mal, je desrompe et giete hors de moy (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 51). Saincte Marie, Par tous les sainctz de paradis, Pour ung il en trouvera dix Qui contre moy desposeront ! PATHELIN. C'est ung cas qui [tres] fort desront Ton fait... (Path. D., c.1456-1469, 150). Ne vois tu que par lui faire guerre tu ne pues avoir que guerre, et que tu destruis et deromps ta paix ? (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 181). ...il a nostre loy juïfve Voulu derompre (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 330). Et son vouloir n'est corrompu Par don, pecune ou dirompu. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 753).

 

-

"Gâter qqc." : Car quant ses ouevres voit derompre [ou empl. intrans. ?], Elle [Nature] vuet aussi l'air corrumpre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 147).

 

2.

[D'une chose abstr.] Se derompre. "Se briser, se rompre" : ...encore se poet bien li marchiés tous desrompre, car je n'en receu onques denier. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 72).

 

-

[D'un projet, d'un propos...] "Échouer" : ...messire Bertran disoit, quant il ot boutté hors le roy Dan Pietre du royaulme de Castille et couronné le roy Henry, qu'il s'en vouloit aler ou royaulme de Bougie (...) mais ung empeschement luy vint qui le rompi et brisa tout (...). Si se desrompirent les pourpos de messire Bertran, car la guerre de France et d'Angleterre renouvella. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 12).

 

3.

[D'une chose abstr.] Derompre qqn. "Briser, anéantir qqn" : ...trop longuement destinez Suis a porter ceste langueur (...) Qui si me menjue et desront ! (Mir. st Val., c.1367, 126). Adonc te monte en la teste une raige Qui tellement te desrompt par usaige Qu'il semble alors que doyes pasmer morte (Lyon cor. U., 1467, 33). Le jeu fait mille desraisons, Destruit et tue les raisons (...). Les unanimes rend desroux. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 478).

 

4.

[D'une pers.] Se derompre

 

a)

"Se torturer (moralement)" : CAYM. Je me desromps, je me dessire Et sueuffres tous les maulx du monde. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 27).

 

b)

"Se corrompre" : Mais ceste mortel vie doyt l'on mauvaise dire, Que tant y a des mauls c'on nel pourroyt descripre : On y enfle en mangent, on s'y desrompt de rire, On sy esseche en dueil, on sy degaste en ire. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 80). ...et aussy lesdiz apprentiz se derompent et gastent et n'apprennent riens de l'art et science dudit mestier de chandelier (Mét. corp. Paris L., t.1, 1392, 545).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/46 
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     DÉROMPTER     
*FEW X rumpere
DEROMPTER, verbe
[GD : derompter ; *FEW X, 568a : rumpere]

"Rompre, mettre en pièces" : ...en despecçant et deronptant les paniers esquieux lesdis poissons estoient apportez (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1361, 563).

V. aussi dérompre
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/46 
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     DÉROMPTURE     
FEW X rumpere
DEROMPTURE, subst. fém.
[GD : derompture ; FEW X, 568a : rumpere]

A. -

"Ce qui est rompu, mis en pièces"

 

Rem. Doc. 1459 ds GD II, 526c.

B. -

"Blessure" : De cheval qui sanc estable [l. estalle ?] par derronture (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 379).

 

Rem. Gloss., Paris B.N. lat. 4120, c.1400-1500 (deronpture), ds GD II, 526c.

 

-

[Dans un contexte métaph.] : En oultre, se vous souffrez taillier le petit peuple, il est perdu a tousjours mais, de dix il n'en eschape deux, puisqu'il sont touchiez du rasoir ; apres rere n'y a que tondre ; il est tant jus, tant povre et tant debile qu'il n'a que le pel et les os. Mais s'il vous plaist avoir vostre petit peuple nettement gueri de sa derompture, sans violence de taille, incision ou playe, selonc l'usage de medecine, il seroit besoing de... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 154).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 9/46 
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     DÉROUTE     
FEW X rumpere
DEROUTE, subst. fém.
[T-L : desrote ; GD : desroute ; FEW X, 573a : rumpere ; TLF : VI, 1222a-b : déroute]

"Désordre"

REM. Doc. 1389 (desruttes) ds GD II, 646c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/46 
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     DÉROUTER1          DÉROUTER2     
FEW X rumpere
DEROUTER, verbe
[GD : desrouter ; AND : desruter ; FEW X, 569a : rumpere]

Empl. trans. "Mettre le désordre dans, briser, rompre" : Comment ta dame puet savoir Que tu l'aimmes sans decevoir, Car les armes portes entieres En cuer, en vis et en manieres, Fors tant que les enarmes toutes Sont sans cause en l'escut deroutes, Pour ce qu'Esperence te faut, Ce te samble, par ton deffaut. (MACH., R. Fort., c.1341, 70). Cuidiez vous par vo bourdez desrouter no arois ? (Hugues Capet L., c.1358, 117). Finablement il ne se peurent tant tenir qu'il ne fuissent ouvert et desroutet par force d'armes (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 168). O arrogance aveuglee, folie et petite cognoissance de vertu, o tresperilleuse erreur en fait d'armes et de batailles, par ta malediction sont desroutees et desordonnees les puissances et les armes desjoinctes et divisees, quant chascun veult croire son sens et suivre son oppinion. (CHART., Q. inv., 1422, 58).

V. aussi dérouter2
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/46 
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     DÉROUTER1          DÉROUTER2     
FEW X rumpere
DESROUTER, verbe
[T-L : desroter ; GD : desrouter ; FEW X, 572b : rumpere ; TLF : VI, 1222a : dérouter]

I. -

Empl. trans. Desrouter qqc. (un chariot embourbé) de. "Dégager de, faire sortir de"

 

Rem. Doc. 1395 ds GD II, 647a.

II. -

Empl. intrans. ou pronom. [D'une pers., d'un groupe...] "Sortir des rangs, se disperser" : Mais chil de Gant ne se desroutèrent point, ains se mirent en bonne ordenance pour aler droit à Bruges, abattant et ochiant tout quanques il encontroient. (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 204). ...et chevaucherrent les batailles ainsy arrengeez, sans desrouter, parmi montaignes et valées (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 54). Trestous se desroutoient, et Huez s'avancha. (Hugues Capet L., c.1358, 118). ...li Englès (...) chevauchoient trop sagement, car point ne se desroutoient, mais se tenoient toudis ensamble. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 246). Leur ost se desrouta entour et environ. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 101). "Sire, vous arestés ichi pour noient ; la contesse et ses gens s'en vont viers Brest." Qant messires Lois d'Espagne oi ces nouvelles, si dist : "Apriés ! Apriés !" Lors veissiés toutes gens desrouter et ferir a l'esporon apriés la contesse. (FROISS., Chron. D., p.1400, 516). Sitos que ces bonhonmes dou pais, que messires Godemars avoit amené pour li aidier a garder et a desfendre le pasage, sentirent les saiettes de ces archiers, et que il en furent enfillé, il se desrouterent tout, et ne tinrent point de ordenance et de conroi, mais tournerent les dos et laissierent les gentilshonmes combatre et faire ce que il pooient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 712). ...Adont fu le conroy deffait, Ou il estoit, et se desroutent Li sien, et ça et la se boutent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 126). ...sy desrouterent ensemble et se ferirent en leurs ennemis de telle volenté que chascun de prime venue porta le sien par terre. (Comte Artois S., c.1453-1467, 75).

 

-

Se desrouter l'un de l'autre. "Se séparer" : Et li page, de froit, ne pooient porter leurs lances, mais les laissoient cheoir, et se desroutoient li un de l'autre et perdoient leur chemin. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 40).

 

-

Se desrouter encoste qqn. "Quitter les rangs pour se placer auprès de qqn" : Par d'encoste lui s'est celle gent aroutee [var. desroutee] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 397).

V. aussi dérouter1
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 12/46 
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     DIRUPTEUR     
FEW Ø, lat. dirumpere *FEW X rumpere
DIRUPTEUR, subst. masc.
[GD : dirupteur ; *FEW X, 568a : rumpere ; FEW, Ø lat. dirumpere]

"Violateur"

REM. Chron. et hist. saintes et profanes (ms. du XVe s.) ds GD II, 717a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/46 
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     DISROMPRE     
FEW X rumpere
DISROMPRE, verbe
[*FEW X, 567b : rumpere]

Empl. trans. "Détruire, renverser" : ...predist le mouvement de terre qui fut entour Basle si horrible, que toute la cité en fut disrompue et plusieurs chasteaulx à l'entour abatuz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 138 v°).

V. aussi derompre
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 14/46 
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     DISRUPTIF     
*FEW X rumpere
DISRUPTIF, adj.
[GDC : disruptif ; *FEW X, 573a : rumpere ; TLF : VII, 301b : disruptif]

"Qui sert à rompre, à briser" : Et son laict [de l'esule] est plus chault et est composé de substance ignee ague et subtille et de substance terre stiptique. Et est incisif et subtiliatif et exsicatif des matieres submergees : liquefactif et disruptif des entrees des voines. (Jardin santé, c.1500, f° 96 r° [BnF / Gallica]).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Jean-Loup Ringenbach

 Article 15/46 
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     ENROMPU     
*FEW X rumpere
ENROMPU, adj.
[AND : enrumpu ; *FEW X, 568a : rumpere]

"Rompu"

Rem. Cf.  ; AND : enrumpu.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 16/46 
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     ÉROMPRE     
*FEW X rumpere
EROMPRE, verbe
[AND : esrumpre ; *FEW X, 568a : rumpere]

Empl. intrans. "Sortir, jaillir" : L'un [des prodiges] fut que souldainement ou lieu apparut ung olivier, et autre part est escript que l'eaue errumpit, pour quoy le roy envoya pour icelui prodige en Delphes devers Appolo (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°).

Rem. Latinisme calqué sur erumpere. Cf. aussi GD III, 562c, esrompre (afr.).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 17/46 
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     PARROMPRE     
FEW X rumpere
PARROMPRE, verbe
[GD : parrompre ; FEW X, 568a : rumpere]

"Rompre entièrement" : Mon Dieu, regarde en mon ayde, car en moy se sont eslevees variables pensees et grans cremeurs qui traveillent mon ame. Comment trespasseray je sans estre blechié ? Comment les parrompray je ? (Internele consol. P., 1447, 140).

REM. LA SALE (Des anciens tournois) ds GD V, 789a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 18/46 
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     PRÉROMPRE     
FEW X rumpere
PREROMPRE, verbe
[T-L (renvoi) : prerompre ; GD : prerompre ; FEW X, 573a : rumpere]

Prerompre à. "Se laisser emporter à"

REM. Doc. 1380 ds GD VI, 386b-c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 19/46 
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     ROMPABLE     
FEW X rumpere
ROMPABLE, adj.
[GD : rompable ; FEW X, 567b : rumpere]

"Qui peut ou qui doit être rompu" : Tollerabilis (...) non rompable, non souffrable (...) intollerabilitas (...) insouffrableté (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 99). [non souffrable, "insupportable, intollérable", n'est sans doute pas, en dépit de la présentation, à considérer comme synon. de non rompable]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/46 
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     ROMPANCE     
FEW X rumpere
ROMPANCE, subst. fém.
[GD : rompence ; FEW X, 567a : rumpere]

"Rupture"

REM. Doc. 1484 (rompence) ds GD VII, 232b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 21/46 
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     ROMPEMENT     
FEW X rumpere
ROMPEMENT, subst. masc.
[T-L : rompement ; GD : rompement ; GDC : rompement ; FEW X, 567b : rumpere]

A. -

"Mise en morceaux ; rupture" : Laquele chose fu espoentable et paoureuse a tout l'ost des Sabins pour ce car le rompement empeechoit qu'il ne s'en peussent fuyr (BERS., I, 1, c.1354-1359, 37.2, 64). A conseiller la requeste faicte par l'Université de Paris le VIJe d'aoust derrienement passé sur le dessirement et rompement de certain quaier appellé : la Justification du duc de Bourgoigne. (BAYE, II, 1411-1417, 269). ...et oultre, aulcune est anevrismale, sanguine pour le rompement d'aulcune arthere ou voyne qui luy envoye sang (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.6).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

 

-

Rompement de teste. "Fracture de l'os de la tête" : ...et du bout ou pointe d'icelle navete assena ladicte Guillemette sa femme en la teste, et tèlement qu'il lui rompy l'os de la teste. Duquel cop ou rompement de teste, icelle Guillemette fut malade en son lit (Ch. VI, D., t.2, 1418, 171). C'est ung droit rompement de teste, L'ung mort et l'aultre faict du sourt (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 46).

B. -

Au fig. "Atteinte, infraction" : Et encor sanz la solucion et rumpement de ceste lay il s'ensuit un autre mal. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 91). Alors les tribuns, voyant Sipion estre ainsi et contre les loys venu (...) se fonderent ad ce plus apparent rompement des loys (LA SALE, Sale D., 1451, 253).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 22/46 
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     ROMPERESSE     
*FEW X rumpere
ROMPERESSE, subst. fém.
[GD : romperesse ; *FEW X, 567b : rumpere]

"Celle qui rompt qqc."

REM. Doc. 1415 (romperesse de justice) ds GD VII, 232b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 23/46 
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     ROMPERIE     
FEW X rumpere
ROMPERIE, subst. fém.
[GD : romperie ; FEW X, 567a : rumpere]

"Rupture, destruction"

REM. Doc. 1417 (rumperie) et 1418 (romperie) ds GD VII, 232b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/46 
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     ROMPEUR     
FEW X rumpere
ROMPEUR, subst. masc.
[GDC : rompeur ; FEW X, 567b : rumpere]

A. -

"Celui qui rompt, qui brise" : ...froisseur des heaumes, fendeur des escus, perceur de haubers, rompeur de harnois de plates (Doc. 1427. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4 c.1444-1453, 283).

 

-

Rompeur d'huis. "Celui qui rompt, enfonce les portes (pour pénétrer dans les maisons et y commettre des exactions)" : ...Turpelin qui estoit homme de très mauvaise renommée, c'est assavoir pillart, larron, robeur, rompeur de huys, efforceur de femmes (Doc. Poitou G., t.5, 1389, 387).

 

Rem. LEGRAND, Sermon fr. inédit, éd. E. Beltran, 1396. In : Romania 93, 1972, 472 (...joueurs de dez, rompeurs de huys et de fenestres qui les biens de bonnes gens et des marchans prennent sans riens payer).

B. -

Au fig. "Celui qui empêche qqc. d'avoir lieu" : Doncques vez-ci le premier empeschement qui a donné la première rompture, à la honte et charge des rompeurs et à la grand gloire et mérite de celuy qui actuellement et en personne s'y est transporté, mais n'a trouvé assistance. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 452).

 

-

Rompeur de la loi de Dieu : ...rompeour de ta loy et sur touz negligent, desobeïssant et trespasseur de tes mandemens en toute ma vie. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 31).

 

-

Rompeur de paix : ...le felon traïtour, Rompeur de paix et tres rebelle (Pastor. B., c.1422-1425, 167).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 25/46 
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     ROMPIS     
FEW X rumpere
ROMPEIS, subst. masc.
[T-L : rompëiz ; GD : rompeis ; FEW X, 567b : rumpere]

"Rupture" : ...les chevaliers yssirent des rans et brochent l'un vers l'autre, et firent ansemble si grant bruit et si grant noise de rompiz de lances que ce fu merveille a oïr. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 30).

REM. BERS. ds GD VII, 232b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 26/46 
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     ROMPRE     
FEW X 565b rumpere
ROMPRE, verbe
[T-L : rompre ; GD : rout ; GDC : rompre ; DÉCT : rompre ; FEW X, 565b : rumpere ; TLF : XIV, 1229a : rompre]

I. -

Au propre [Idée de séparation en deux ou plusieurs morceaux, à la suite d'un choc, d'une torsion, d'une traction...]

A. -

Empl. trans.

 

1.

"Briser, mettre en pièces, mettre en morceaux"

 

a)

[Une chose] : Et [un cheval] s'a Garnier en bras si mors Qu'à po qu'il n'en a esté mors. Le mareschal a defoulé, Et s'a son vallet affolé ; Et à la force de ses reins Ha rompu .IJ. travaus à Reins, Dont le mareschal ha juré Que, foy qu'il doit saint Honnouré, Ja mais il ne le ferrera Ne près de lui n'aprochera, Qu'il a paour qu'il ne le tue. (MACH., Compl., 1340-1377, 264). Herculès par le destre cor Le prist et si fort le hacha Qu'il li rompi et arracha, Dont Atheleüs desconfis Fu et son cor pris et confis. (MACH., C. ami, 1357, 95). Ouquel petit coffre, le lendemain matin, il rompy et despeça ou boys et en la place où il avoit lessiez les diz gobelez et tasses d'argent par lui mussées, prinses et emblées (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 32). ...et quant ilz virent qu'ilz n'y pourroient entrer, ilz despecerent et rompirent ladite eschiele en quatre ou cinq tronçons. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 223). ...lesquelz [presidens et conseilliers de ceans] m'ont commandé d'escripre ce que dit est au dos d'icellui testament, et en ce escrivant, par moy a esté rompu ledit seel en partie, et l'autre partie est demourée atachée sur ledit testament. (FAUQ., II, 1421-1430, 254). Il convient que l'on me mette dehors, ou je rompray tout, car je n'en puis plus endurer. (C.N.N., c.1456-1467, 381). Rompés le bois sur le Turcq infidelle. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 15). ...et, pour chacune diversité de maladie, mist epithaphes et tiltres, pour advertir que l'un ne se print pour l'autre. Mais l'envie des escoles de Salerne fist rompre iceulx epithaffes, à cause de quoy sont hors usage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 r°).

 

-

Rompre (un oeuf). "Casser (un oeuf pour le faire cuire)" : Et [les oeufs] se boullent en deux manieres, ou avec leurs escorces ou rompu en l'eaue. Boulliz avec l'escorce sont les pires, car les escorces defendent a saillir les fumees, mais des rompus en eaue, la chaleur de l'eaue attrempeement penetre et suptile la grosseur de l'euf et hoste la mauvaise odeur (Rég. santé corps C., 1480, 26).

 

-

[D'une chose, des éléments] : ...la pierre qui rompt la substance des rains (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 333). Et voions que quant une chose moiste se evapore et enfle, elle rompt ["elle fait éclater"] le vaissel ou elle est. (ORESME, C.M., c.1377, 634). Et les glaces firent de grans dommaiges, car ilz rompirent et emporterent grant quantité de basteaulx, dont partie s'en alerent frapper contre les ponts Nostre-Dame, Sainct-Michel, d'icelle ville de Paris (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 104). ...et trouva que, au moïen de la pluye, ledit sel se augmente et croist et devient si très dur que nul acier trempé à peine le peut rompre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 r°). Cestui predist les eaues et les glaces qui rompirent en plusieurs lieux plusieurs ponts (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 114 v°). ...predist les horibles innondacions de eaue, qui fut en divers lieux ou mois de mars, au moïen desquelles plusieurs villes furent gastées ès lieux maritins et paludeux, et plusieurs pons sur la riviere de Seine rompuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 120 r°).

 

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[D'un phénomène météor.] Rompre une forest. "Endommager (une forêt, en cassant les troncs ou les branches)" : ...prenostica, l'an VIIIe du regne de Henri, la grande habondance de nege qui fut si excessive que plusieurs forestz en furent rompues. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 v°).

 

-

[Cont. métaph.] : Si me vault miex ainsi atendre Que rompre mon arson au tendre. (MACH., Voir, 1364, 252). Le regart de celle [la femme que j'aimais] m'a prins Qui m'a esté felonne et dure ; Sans ce qu'en riens j'aye mesprins, Veult et ordonne que j'endure La mort et que plus je ne dure. Si n'y vois secours que fouïr ; Rompre veult la vive soudure Sans mes piteulx regretz ouïr. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 13).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Brisé, cassé" : Et font tant, que la chainne est route (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 170). ...il print plusieurs verges, anneaux et cuilliers d'argent rompues, et autre fretin d'argent, lequel il fist fondre, en la rue aus Oës, en l'ostel d'un hanapier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 262). Item, Johannet d'Orcival, qui bailla et administra audit Merigot fil pour refaire les cordes de ses arbalestres, qui estoient toutes rompues (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 262). ...quant le roy Adrastus voit Et les autres ses armes rouptes Et le sanc couler a grans goutes Par bras (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 308). Or fut ceste grant cheyne rocte, Je yroye assés tout pourvueü. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 148).

 

b)

TOURN. Rompre ses lances / n lances. V. lance "Briser la lance ; faire des joutes au tournoi" : Et quant ilz orent rompues leur lances, le chevalier qui gardoit le passage, en feist assés apporter et dist qu'i leur convient tant jouster que l'un abatist l'autre. Si en rompi bien chascun d'eulx quatre grosses (Chev. papegau H., c.1400-1500, 58). A la IIIJe course ledit messire Enguerrant prinst ou mylieu de la piece et rompit tresbien sa lance (LA SALE, J.S., 1456, 116). Et, en après, y vint aussi et arriva Charles de Louviers, eschançon du roy, qui moult bien et vaillamment s'y porta, en portant honnestement son bois et sans aide, et rompy nettement plusieurs lances, et tellement se porta la journée que en la fin le pris lui fut donné. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 204).

 

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Empl. abs. "Briser sa lance" : Toutesfois conclurent a la fin que nul ne perdist sa peine et son droit, si ordonnerent que l'un le paiast a l'autre, et que le conte commençast, car Saintré avoit rompu le premier. (LA SALE, J.S., 1456, 179). ...nulles lances ne furent tenues pour rompues, s'il n'y avoit quatre doigts de frans au dessoubs le rochet ou devant la grappe. Et ainsi fut celle jouste très bien joustée ; et, le cor sonné par le nain, coururent une course de planchons qui ne fut point attainte ; et paya ledit Charles une verge d'or pour ce qu'il avoit le moins rompu. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 140).

 

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Inf. subst. : ...et a ce rompre de lance trompectes a desroy commencerent a sonner. (LA SALE, J.S., 1456, 115).

 

-

[Contexte grivois] Rompre une lance. "Faire l'amour" : ...tant rompirent de lances qu'ilz furent si las et recreuz qu'il convint qu'en beaulx bras ilz demourassent endormiz. (C.N.N., c.1456-1467, 366). ...ilz firent armes en sacrifiant au dieu d'Amours et rompirent pluseurs lances. (C.N.N., c.1456-1467, 391).

 

c)

[Une partie du corps] "Briser, casser" : LA ROYNE. Mes amies, voir, il me semble C'om me rompe (...) Les reins au travers et le dos Au lonc. (Mir. fille roy, c.1379, 18). On ne luy peult rompre le col, S'il ne contrefait cy le mort. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 80). Rompés leur les os a tous trois, S'ilz vivent, et sans aultre effroiz Illecques en terre les mectés ! (Pass. Auv., 1477, 228). D'un baston, d'une dimy lance, Fraperons pour rompre leur os. (Pass. Auv., 1477, 229). Jambes et cuisses luy rompons. (Pass. Auv., 1477, 229).

 

-

Se rompre le col. "Se tuer dans une chute" : ...il se laissa tumber du hault de luy a terre que a pou qu'il ne se rompit le col, et fut longuement comme tout paulmé. (C.N.N., c.1456-1467, 438). Et tout devant ladicte compaignie aloit la trompete dudit Salezart monté dessus ung cheval grison, lequel, en courant au long des fossez d'entre ladicte porte Saint-Anthoine et le bolevert de la tour de Billy, ledit cheval cheut dessoubz ladicte trompete si très lourdement que icelle trompete se rompy le col. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 127). Et est assavoir que en la ville a telle franchise que s'il est aulcun maistre varlet bouvier qui veille entreprendre de faire le mistere que dit est, et il le puisse faire sans tumber a terre, ses beufz et son charroy seront francs toute l'annee au dit Moncaillier. Mais le dict bouvier perdit icelle franchise et sa paine, encore en dangier de se rompre le col. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 303).

 

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[Dans un cont. métaph.] "Se tuer" : ...et porteray la lumiere de ma science par le chemin lequel eulz vouldront prendre, et y deussent rompre le col. (GERS., Noël, p.1404, 306). Hé ! dame, le dyable y ait part, Je me tuë et romps le col Sans nul gré. (P. Jouh. D.R., a.1488, 20).

 

-

Se rompre un membre : ...une telle frenesie le print qu'il se getta par la fenestre de sa chambre en la rue, et se rompit une cuisse et froissa tout le corps (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 161). ...et pour ce composa unes helles qu'il se mist ès piez et mains et vola du hault d'une tour à la distance d'une stade au bout de laquelle il tumba et se rompit une jembe (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°).

 

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Se rompre la voix. "Se casser la voix" : De crier je me rons la voys. (Retraict T., c.1490, 221).

 

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Loc. fig.

 

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Se rompre les bras. "S'exténuer, s'épuiser" : Je me suis les bras tous rompus. De le bactre me suis lassés. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 198).

 

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(Se) rompre la teste. "(Se) casser la tête, (se) tourmenter, (se) fatiguer à l'extrême" : L'om priache, l'om crie, l'om menasse, Dom a parler se ront la teste, Mes pourtant n'y a qui bien face Tant y a en vous de moleste. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 3). Il fut contraint de la laisser passer sa destinée ; trop plustost se fust ecervelé et rompu la teste pour la reprendre que luy faire tenir le derriere coy. [Le mari d'une femme luxurieuse] (C.N.N., c.1456-1467, 520). Pour ce, aymez tant que vouldrez, Suivez assemblees et festes, En la fin ja mieulx n'en vauldrez Et n'y romperez que voz testes. Folles amours font les gens bestes : Salmon en ydolatria, Sanson en perdit ses lunectes. Bien eureux est qui rien n'y a ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 63). Mais il ne me vient visiter, Sinon pour me rompre la teste. (Cene dieux, c.1492, 109). Je luy rescriprois voulentiers, mais je me suis aujourd'uy tellement rompu la teste à lire la veue qui fut à Montereul entre le roy et le duc de Bourgoigne, qui se cuidoient appointier, que je ne luy pourrois rescripre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 337).

 

Rem. VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 63 (et note de l'éd.) ; MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 44...

 

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Rompre la cervelle : Tant me desplaist Le parler que cestuy revelle Qu'il me ront toute la cervelle (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 195).

 

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Rompre les esprits : Vous me rompés mes esperitz De me blasmer ma merchandise. LE SOT. Rien, rien, elle n'en vault pas pis Monstrés m'en tost d'une aultre guise (Dorib., p.1480, 248).

 

2.

En partic.

 

a)

[Une pers.] "Estropier, mutiler" : ...aussi personne qui bien est noée par amour se laisseroit plus tost rompre et dessevrer l'ame du corps que elle fust dessevrée de l'amour de Dieu. (Mir. femme roy Port., c.1342, 150). ...combien que je me sentoie ancores sain et entier, et n'estoie ne rompu ne froissié, mais seulement ploié (BAYE, II, 1411-1417, 273). Ahay, Jhesu Crist, trop est fort ; Contre toy ne vault nul effort. Tu m'as trop lourdement coyssy. Je suis tout roups et tout froyssy. Je ne puis aler ne venir, De male mort me fault mourir. Ou feu d'enfer m'en fault aler. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 132). De leurs crocqs et de leurs machues Le Champion eust esté roups (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 82).

 

-

"Épuiser, fatiguer à l'extrême (ici un animal)" : Maints chevaulx ay recreux [var. rompuz, lassez] pour me suyr a chasser (BRÉZÉ, Dits chien Souillard T., c.1483-1490, 57).

 

b)

[Une construction, un ouvrage...] "Démolir, détruire" : ...ycelui sire de Thors, correcié et esmeu contre le dit Huguet, fist fondre, rompre et peschier un estanc du dit Huguet par pluseurs foiz, et fondre un sien molin et aucunes de ses maisons, et prist et fist prendre et gaster de ses meubles et des fruis et levées de ses terres et de ses choses, et li fist par soy et par ses aidans pluseurs autres domages, et à Jehan Gazeaux, et autres complices ou fauteurs du dit Huguet. (Doc. Poitou G., t.3, 1360, 293). Oultre ce que dit est, ont esté rompus et destruiz les molins de l'evesque de Paris qui sont dessus le Grant Pont (BAYE, I, 1400-1410, 217). Et fist rompre les chemins et passages (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 57). À Colart le Beuf, bourgois de Hesdin, pour don à luy fait par MdS, pour récompensation de certains frais et dommaiges qu'il a eus en sa maison, pour ce qu'elle a esté rompue affin de veoir les jeux de personnaige (Comptes Lille L., t.1, 1440-1441, 380). Le Pape manda incontinent de rompre l'entree de la cave et le pas de l'islette, comme j'ay dit, et empeschier tellement que jamaiz homme n'y peust retourner (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 110). ...et lui ont brulé et rompuz une arche et une huisserie, les bans de son hostel, prins une chaudiere, ung vosge, une cuegnée, et ompus [l. rompus] les parois de son hostel et despecié plusseurs autres edifices de sondit hostel (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 322). ...Thomassin Petit, faiseur de livres, et y a demouré audit pris de 7 l. 4 s. p. jusques au terme de Pasques, auquel jour il s'en alla, pour ce qu'il falloit rompre ladicte maison pour y besongner de charpenterie (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1456-1457, 905). Or avoient (...) rompu les chemins et passages par multitude de fossés faits en divers lieux afin de non y pouvoir passer qu'à grant dangier et destroit. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 92). Et, ce mesme jour, le roy en avoit donné la cappitainerie à Jehan L'Orfevre, chastelain dudit lieu, et lui donna charge d'aler garder ladicte place, et lui defendi bien fort que riens ne feust rompu dudit pont. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 72). Je vaiz le temple confondre, Car Dieu l'a ainsi conclus. Je m'en vaiz la moitié rumpre. (Pass. Auv., 1477, 225).

 

c)

[Une porte, un coffre, une serrure...] "Forcer, fracturer" : Si fu le plus de ses deduiz Aler de nuiz rompre les huiz A mariées et pucelles Et de les efforcer (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 245). ...environ X heures de nuyt, les prisonniers dessus nommez furent et se transporterent en ladite ville de Rungy, et assamblerent devant le monstier, rompirent de fait les huys et les portes dudit monstier, et entrerent dedens. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 222). ...fu lors par icellui Alain hurté moult fort, tant à l'uis d'icelli hostel comme aux fenestres, et tant hurta et fist que l'uis et la fenestre furent rompuz et cheurent enmi la maison d'icelle Perrete. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 262). Ce jour, entre IX et X heures avant midi, vindrent environ VIIJ hommes (...) es prisons de la Conciergerie du Palais, et rompirent le premier huis desdictes prisons (FAUQ., I, 1417-1420, 27). Et qu'est ce cy ? dirent ilz, et n'ouvrirez vous pas l'huys ? Par ma foy, si vous ne vous hastez, nous le romperons (C.N.N., c.1456-1467, 198). Lequel seneschal incontinent print son espée et vint faire rompre l'uis où estoient lesdictes dame et veneur. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 16).

 

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Empl. abs. : Et dit, sur ce requis, que oncques icelli Rogier ne lui volt dire, monstrer ou apprendre la maniere coment il ouvroit iceulx huis et coffres sans rompre, jà soit ce que lors il le en requist plusieurs fois (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 14).

 

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[P. méton., un local, un lieu] : Et iray rompre les enfers (...) Pour en tirer Humain Lignaige (Trespassement N.D. G., 1484, 511).

 

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Rompre la / les prison(s). "Briser les portes des prisons pour s'évader" : La quele chose venue à sa cognoissance, et pour obvier à tel peril comme de la mort, rompi noz dictes prisons, ès queles il estoit pour ce detenu prisonnier et se absenta du pays. (Doc. Poitou G., t.5, 1379, 115). ...puis un an ençà, il estant prisonnier en la ville de Lonc-Champ, près d'icelle ville d'Estrepigny, appartenant à mons. de Tanquarville, rompi icelles prisons, et s'en ala là où il lui pleust, ne oncques puis ne fu veu ou pays. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 315). Les prisons duquel lieu il a rompues par la maniere que dit est. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 318). ...les dessusdiz, assemblez en grant nombre, alerent celle nuyt ou Grant Chastellet et ou Petit et rompirent à force toutes les prisons, tuerent et firent mourir tous ceulz qui estoient prisonniers pour avoir favorisié ledit d'Armaignac (FAUQ., I, 1417-1420, 150). ...depuis [lequel suppliant] se party et rompi les prisons dudit evesque et se mist en franchise en l'eglise Nostre Dame de Saint Lo, de laquelle il a esté banny et forjuré du pays (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1423, 23).

 

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Rompre lieux. "Faire irruption dans (un endroit où l'on recherche qqn)" : Allons m'en faire une hesmee Et rompre lieux dru et menu. Se ce faulx matin est tenu, Dieu, qu'il sera bie[n] pourbondy ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 779). [Le passage corresp. ds GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 373 donne : fuster lieux]

 

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"Ouvrir de force pour y faire irruption" : ...depuis ceulx de Paris eurent moult assouffrir pour l'offense et en furent plusieurs penduz à leurs goutieres, par especial ceulx qui avoient rompu le Petit Chastellet et delivrez les prisonniers (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Romps tes cieulx, euvre paradis. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224). Le Saint Esperit aucune fois use de son droit : il rumpt les huis et les fenestres, il fait la clef du roy. O ! que telle force et telle violence vousist faire en mon ame chascun jour le Saint Esperit, qu'il rumpist tout pour y entrer ! (GERS., Pent., p.1389, 79). L'un disoit : "Vousist Dieu, o Dieu, par mon soubzhait, que tu rompises les cieulx, et que venisses !" (GERS., Annonc., a.1400, 229).

 

3.

P. ext.

 

a)

"Déchirer" : Je sens ma nef foible, povre et pourrie, De sept tourmens assaillie en la mer ; Mon voile est roupt ["ma voile est déchirée"], ancres n'y puet encrer (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 258). Vecy la plus belle monjoye De poissons qu'onques mais fut veue Et sy n'est pas la roix ["le filet"] rompue, Dont bien devons estre esmayéz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 422).

 

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"Mettre en lambeaux" : Se tu n'iès couchiés et levez, Pingniez, gallandés et lavez, Vestis et chauciez nettement, Einsois es tenus povrement, Po honnourez et po servis Et de ta franchise asservis, Et se ti drapel sont tous rous, Je te pri, n'en moustre courrous Et si n'en fai samblant ne chiere, Car s'on vëoit a ta maniere Que fusses mas et desconfis, Pis t'en seroit, j'en sui tous fis (MACH., C. ami, 1357, 62).

 

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[Une lettre, un écrit...] : ...se l'en trueve aucun libelle diffamatoire, incontinent l'en le doit rompre et dessirer, afin qu'il n'engendre esclande ou plus grant peril. (BAYE, II, 1411-1417, 263). ...ay appoincté que ladicte cédulle dudit de La Granche seroit rompue et cancellée et rendue audit de La Granche (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 157). Lequel sel, tant de ladicte coustume que des mannées, montans 3 muyz 5 sextiers 2 minoz, lesquelz ont esté mis à part et venduz en rompant tour de papier en la manière acoustumée. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 589).

 

b)

"Fendre"

 

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Rompre la presse. "Fendre la foule" : Ce bon homme neantmains rompit la presse, et, quoy que le maistre parlast et respondist a pluseurs, luy compta son cas (C.N.N., c.1456-1467, 468).

 

c)

"Creuser (la terre ; ici du cerf, creuser la terre avec les ongles du pied en fuyant)" : Et aussi, s'il voit qu'il poyse bien et ront bien la terre et presse bien l'erbe, c'est signe qu'il est grant cerf et pesant (...) ...comment il ront la terre des ongles du pié (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 155).

 

d)

"Arracher, couper" : Car aussi conme deux cordes noées ensemble sont aucunes foiz plus tost rompues par ailleurs que par ou est le neu, quant elles sont bien noées... (Mir. femme roy Port., c.1342, 150). Or ça, maistre, (...) ce haubert me fermez (...) De tieulx liens que sanz la maille Rompre ne le puist despoullier. (Mir. st Guill., c.1347, 29). Li Sathan m'avoit bien lié (...). La vierge a rompu le lien Dont il me tenoit en ses laz. (Mir. march. larr., c.1349, 117). S. Pierre tire son épée et coupe l'oreille de Marquin DIEU. L'oreille que tu ly as roupte Saine ly refferay sanz doubte. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 143). ...près de la place où la couronne ou signe de couronne doit estre, a une petite place, et en plusieurs autres lieux de la teste dudit prisonnier, qui ont esté plumées et rompues, sy comme il leur est advis. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 486). ...[ils] trouverent icelle prisonniere auprès et joignant des treilles de vignes, esqueles apparoit que l'en avoit cueilly et rompu du verjus et grappes qui illec estoient (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 254). ...batant ses palmes et tordant ses dois et rompant ses cheveux (Chev. papegau H., c.1400-1500, 24).

 

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Rompre une bourse : ...[il] mist sa main à la poitrine dudit chartier, à laquelle pendoit une petite bourse de cuir, laquelle il rompi, et ycelle, [avecques] l'argent qui estoit dedens, despendirent celle nuit en l'ostel de la Granche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 100).

 

e)

[Idée d'interruption dans l'espace, de disparition] : ...ung pelerin (...), le temps d'yver, cheminoit en une forest - pour ce que la neige avoit rompu le chemin, il ne sçavoit ou il alloit [le chemin n'est plus visible sous la neige, la neige l'interrompt] (MACHO, Esope R., c.1480, 220).

 

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Rompre la lumiere. "Faire disparaître la lumière, la vue" : Ung eclipse sur toy vendra Sy grant que tu n'y verras goutte. Pourtant se ta lumiere est routte, Mes paine de la recouvrer (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 173).

 

-

Rompre la moitié de l'erre de qqn. "Faire la moitié du chemin à sa rencontre (la moitié du chemin disparaît pour lui)" : ...le dauphin marcha contre luy et lui rompy la moitié de son erre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 209).

 

-

Rare [Valeur positive] Rompre la voix. "Libérer, assouplir la voix (en faisant disparaître ce qui la voile)" : Va, ma fille, rompre et assayer ta voix et viens icy chanter devant la compaignie comme tu es bien enseignie (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 186).

B. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

1.

[D'une chose] "Se briser, se casser, voler en éclats" : Les cengles a Flourent rompirent, Siques a terre il est cheüs. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 188). ...et fier du dos d'une hache suz l'os, si rompa [var. rompra] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 83). Car tant a fait tempeste en mer Que nostre nef rompy en deux. (Mir. emper. Romme, 1369, 287). ...je ne l'ay pris [ce chevalier], n'abatu, Combien qu'en sa cuisse embatu Ly aie le fer de ma lance, Et la se rompi sanz doubtance. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 64). Il leur sembloit que se une pel est de equal force en toutes ses parties et equalment tiree de toutes pars ou une corde, que celle chose ne romproit pas, car par tele raison comme elle romproit en un lieu, par tele raison romproit elle partout et elle seroit divisee en parties indivisibles. (ORESME, C.M., c.1377, 550). ...les chaingles de sa selle rompirent (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 221). ...elle demoura en chemin, sans se povoir ravoir, ne monter, ne avaler, quelque peine qu'elle y mist, et ce a l'occasion (...) de sa corde qui rompit, par quoy ne se povoit ressourdre (C.N.N., c.1456-1467, 275). ...pour raison de plusieurs escluses qui tenoient la mer qui se rompirent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 225). Ouvrés voz portes sans remortz, Prince d'enfer ! O portes, rompés, Et le roy de gloire varrés, Qui entrera, Dieu glorïeux ! (Pass. Auv., 1477, 226). Tramble-terre pareilhement Ce fait par la force du vant, Que dessoubz terre s'est inclus, Et les pierres que sont dessus La terre, a force tramblent, Se romperent pour ce tramblement (Pass. Auv., 1477, 274). Et le dit jour fut tiré plusieurs coups de mortrier et de bombardes, tellement que une de noz bombardes se rompit et tua ung Ytalien des nostres dont se fut dommaige, et avecques ce bleça plusieurs autres de noz gens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256). Les pois sema [le diable] en tes degrez Et les cloches alla sonner Deux costes emmy les degrez Te sont rompu mais au plaisir De dieu present sera guary Par nostre belle aduision (Myst. st Martin K., a.1500, 309).

 

-

[De la lance] "Se briser" : ...au trespasser qu'il fist sa lance rompit auprés de la doille (LA SALE, J.S., 1456, 116).

 

-

"Se déchirer" : Advancés vous, bon gré ! Ma vie, Le fillet est si plein qu'il romp. (Pass. Auv., 1477, 126).

 

-

"Crever, éclater" : Quant aucune apostume se rompt dedens, il s'ensuit vomite, et dissolucion ou deffaut de vertu. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 97). ...les pustulles sont rouptes (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 333).

 

-

"S'ouvrir brusquement" : ...et, vers Transtiberin, la terre se rumpit et gecta huille tout le jour. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°).

 

-

Loc. fig. L'entendement me rompt. "Je perds la tête" : ASTAROTH. A toy servir me veulx estudïer ; Que te fault il ? LUCIFFER. L'entendement me ront. AGRAPART. Qu'as tu mengé ? LUCIFFER. Une trop malle beste. (LA VIGNE, S.M., 1496, 351).

 

.

Le coeur lui rompt. "Il a le coeur brisé (de chagrin)" : Las, la douleur sera si grande Que le cuer luy rompré du tout. (Pass. Auv., 1477, 183).

 

.

La teste me rompt. "J'éprouve une grande irritation" : A peu que ne me ront la teste Voy tu bien c'est par le corroux Qui j'ay eu par ces crestiens (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 61).

 

.

Avoir la teste route. "Éprouver une grande confusion (sous l'effet de la honte)" : Jamais sy honteux je ne fus. Je congnois les miens [mes péchés] routte a routte, J'en ay toute la teste route (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 427).

 

.

Avoir le front rout. "Avoir le front couvert de honte (?)" : La fille trop habandonee (...) Logier s'en va au lieu commun Aussy tost qu'elle a le front roupt (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 44).

 

Rem. Cf. note de l'éd. et COTGR., s.v. front.

 

2.

[De pers.]

 

a)

"S'estropier, se mutiler" : [L'élévation de la croix] Je me romps se vous n'y venez ["si vous ne venez pas m'aider"] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 333).

 

b)

[D'une femme] Estre rompue. "Avorter" : Toutes fames qui ont le corps moderé, se telles fames advortent ou second ou tiers moiz, sans occasion magnifeste, a telles cotilidones sont plaines de muscillages ; pourquoy elles ne pevent, pour la griefté, retenir le fruit, maiz sont rompues. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 85).

 

c)

"Se faire une hernie" : Toute ma force et pouvoir Je y mectrey, et me deusse je rompre ! (Pass. Auv., 1477, 205).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Qui souffre d'une hernie" : La seconde operation est que les jus de enula avec le jus de rue confere aux gens rompus et par especial quant la rompture est faite par ventosité (Rég. santé corps C., 1480, 134).

 

Rem. Sens att. au XVIe s. ds FEW X, 568b.

II. -

P. anal. [Domaine militaire, idée de dispersion ou d'attaque]

A. -

Empl. trans.

 

1.

Rompre (une armée). "Disperser (une armée)"

 

a)

"Mettre (une armée) en déroute" : Et, pour rompre icelle armée, fut le roy adverti par aucuns, et mesmement de par monseigneur le connestable, que besoing lui estoit de garder sa duchié de Normendie pour les Anglois (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 332). Car, aprés qu'il fu par Themistodes vaincu et sa tres puissante et indicible armee par mer et par terre rompue, dissipee et disperse, il fist retyrer son navire sur terre pour le reparer. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 214). ...lequel duc, par bonne ellection, à petit nombre de gens, comme de IIIIm hommes, rompit l'ost d'icelui Xerses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°). Le roy, encores estant à Namur oudit voyage du Liege, fut contrainct par le duc de Bourgoigne escripre unes lettrez audit grant maistre, lieutenant du roy es marches de Picardie, qu'il rompist son armée ; à quoy il ne voult obtemperer, doubtant l'inconvenient qui en povoit advenir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 216).

 

b)

"Congédier, renvoyer (son armée)" : ...et cela fait, donna congé à ses gens et rompy son armée pour celle saison. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 273). ...et, venu à Arras, rompist son armée et renvoya chascun en sa maison jusques au nouveau temps prochain (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 142).

 

-

Rompre son hostel. "Congédier (en partie) ses gens" : ...pour mettre à effet son voeu et servir Dieu de son pouvoir, prestement après les voeux faits, ordonna de ses affaires, rompit son hostel, donna congé à une grant part de ses gens pour deux ans (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 60).

 

2.

[De deux armées, de leurs chefs] Rompre l'un en l'autre. "S'attaquer" : ...le roy et le duc gisoient ainsi front à front l'un de l'autre (...) sans emprendre et sans rompre l'un en l'autre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 432).

 

-

Rompre sur un pays. "Attaquer, envahir" : ...l'empereur des Turcs (...) s'est efforcé maintes fois et longuement pour rompre là dedens sur la terre crestienne (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 109).

B. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

-

Se rompre. "Rompre les rangs pour s'enfuir" : Et incontinent qu'ilz sentirent le trait, se rompirent et mirent en fuite. (LA SALE, J.S., 1456, 220).

 

-

Part. passé en empl. adj. La chose ronte. "L'armée lâchant pied, rompant les rangs" : Lors les plus foibles et les couars marchandent de fuir, et maintteffoiz prendent party tout au meilleur de la besongne ; et desirent aucuns la chose ronte, affin qu'ilz ne puissent assembler, pour avoir cause de fuir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 241).

 

-

[D'une armée] "Se disperser" : ...semblablement se rompit l'armée des Bourguignons (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 40).

 

-

"Se détacher (de sa position)" : [Un messager] a cheval rompre s'en viendroit a Lespaire et de la de quatre en quatre lieues jusques a la ville de Bourdeaulx pour venir advertir ceulz de ladite ville de la venue et du nombre desditz navyres. (Louis XI Anglet. C.P., p.1483, 363).

III. -

Au fig.

A. -

[Idée figurée de destruction]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

Rompre qqn. "Briser qqn moralement"

 

-

Estre rompu. "Être brisé" : ...de dire que tous les jours les voulsisse avoir sans menger aultre chose, par Nostre Dame, non feroye. Il n'est homme qui n'en fust rompu et rebouté [D'un homme qui ne se voit servir que du pâté d'anguilles] (C.N.N., c.1456-1467, 83).

 

-

"Vaincre qqn" : ...et quéroit chacun passage à dextre et à senestre. Du costé dextre, où estoit messire Jacques de Lalaing furent Gantois premièrement rompus. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 267).

 

b)

"Briser la volonté de qqn, le faire changer de volonté, d'avis, dissuades qqn" : Mais tant persévéra dur en sa querelle que tous y perdirent temps et langaiges ; et n'y avoit moyen par lequel on le sçut rompre (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 317). ...et pour tant envoia coup sur coup personnes tousjours pour rompre ceste follie, de laquelle il se fust crucifié de dueil, et en effet, les envoyés devers luy le rompirent enfin, mais à grant dur (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 207). Donc et pour le rompre en cecy, lui dist outre ce : ... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 409). ...il convenoit que ce duc-cy portast charge aucunement de sa folie, en laquelle le duc ne l'osa rompre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 449). Mais il estoit si fort a rompre que tousjours vouloit courre sus a Saturne. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 129).

 

c)

Rompre qqc. "Briser, ruiner, détruire qqc." : Telz gens sont du peuple les pinces Qui font les povres pays rons : C'est ce qui destruit les provinces. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 280). Mais le ribault le fait affin qu'il rompe Tout nostre fait. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 48). ...sa virginté voee Avoit roupt (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 242). Car, se tellement [Sathan] puet miner Que par pechié soit corrumpu Cest homme, son fait est rompu (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 57). ...il ne convient point tousjours obéir à son courage. Il convient ployer aucuneffois vers la plus saine raison et rompre ce qui y est mal séant. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 284).

 

-

"Ruiner financièrement" : ...luy [le roi] voyant maintenant que le sel de Bourgongne rompoit en toutes les marches à l'environ sesdits greniers, et que son sel n'y avoit cours, ne vendage, délibéra à mettre et imposer défense aux Bourguignons de non plus avancier leur sel à leurs voisins, et à les contraindre, comme mesmes estoient ceux du royaume, que devroient user de là en avant du sel de ses greniers, aussi entre eux comme ailleurs. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 222).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

[D'une pers.] Se rompre

 

-

"Se ruiner" : Qui y maisonne, il se destruit et ront (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 140).

 

.

Prov. : Il n'i a vile ne cité Ou boben, orgueil ne se monstre. Trop miex vausist tirer ["se retirer" ?] que rompre, Quar orgueil ceus confundera (...) Qui s'efforcent de monter haut (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 123). [Morawski, 1290, var.]

 

-

"Renoncer, briser sa propre volonté" : ...il n'estoit nul besoing qu'il se rompist en ce qu'avoit d'intention à faire (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 278). Monseigneur le bastard est un chevalier de haut courage (...). Le retourner luy sera dur, et voudroit, ce sais-je bien, pouvoir attempter tous les périls de la mer, premier que soy rompre. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 57).

 

b)

[D'une chose abstr.] "Venir à dissolution, s'écrouler" : Ja Dieu ne veuille, sire, que par une telle maniere ou par autre, de trop grans demandeurs vous chargiez tant vostre bon peuple povre sans evidente et juste necessité, que tout se doye rompre, et que pour amour viengne hayne (GERS., Noël, p.1404, 314).

 

-

La danse rompt. "L'affaire échoue" : La loy Dieu, g'iray bellement Pour peur que la dance ne rompe. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 149).

 

c)

"Faire faillite" : Sy advint qu'à cause de ceste faute commise en Bruges, tous les bancs des usuriers des pays du duc rompirent (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 316).

B. -

Empl. trans. [Idée de rupture dans le temps] "Faire cesser brusquement qqc., y mettre un terme"

 

1.

"Mettre fin à qqc., faire cesser qqc., interrompre"

 

a)

[Une action, une manière d'agir, un comportement...] : Alors Madame lui dist : "Alez bien tost rompre vostre emprinse a voz compaignons." (LA SALE, J.S., 1456, 234). ...[le père] leur ostoit et rompoit les moyens et voies qu'il povoit [Il s'oppose aux rencontres entre deux amants] (C.N.N., c.1456-1467, 546). ...ce bon chevalier, craignant qu'il ne traveillast sa treschiere amye, rompit son legier pas (C.N.N., c.1456-1467, 547). ...il est vray qu'il me chargea, quand le cas adviendroit que rompre me conviendroit ma chasteté, [que] je eleusse homme qui fust sage (C.N.N., c.1456-1467, 568). ...et pour tant envoia coup sur coup personnes tousjours pour rompre ceste follie, de laquelle il se fust crucifié de dueil (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 207). ...mais ledit voyage fut rompu et n'en fut riens fait. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 88). ...si tu as vouloir de me acheter, ouvre ta bource et compte l'argent. Si non, romp le marché. (MACHO, Esope R., c.1480, 17). Et aussi charga ledit seigneur de Langhac de savoir au seigneur du Lau se l'entreprinse estoit du tout rompue, laquelle il n'avoient peu executer pour le hastif departement du roy et pour l'absence de leurs gens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 191).

 

-

Rompre (une affaire) : Ha ! mon amy, par ma foy, vostre fait est rompu, dont me desplaist bien. (C.N.N., c.1456-1467, 286). ...ne furent les amourettes rompues, car elles estoient (...) parfond enracinées es cueurs des ambedeux parties (C.N.N., c.1456-1467, 440).

 

-

Rompre le coup. "Détourner, interrompre un coup (au propre ou au fig.)" : ...ledit abbé (...) osta de fait le coutel d'icelui de la Mote, pour l'en cuider férir, ce qu'il eust fait, n'eust esté ledit suppliant, qui rompi le cop d'une espée qu'il avoit (Ch. VI, D., t.2, 1413, 28). ...et qui plus fut tendy son arc et y encesa une flesche, disant que s'il ne le convoioit qu'il le batroit et tireroit a lui, et en cuidant laissier aler ladicte flesche ledit suppliant mist la main senestre au devant et lui rompy le cop. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 255). Cuidez vous, par dueil et courrouz, Ainsi gangner vostre vouloir ? Nennyl, ce ne sont que coups rouz Qu'Amours met tout en nonchaloir. (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 273). Sy s'avisèrent et pensèrent que bon seroit qui pourroit rompre le coup et que le duc ne les approchast à telle puissance et effort (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 158). ...il vauldroit mieulx, pour le cop rompre, Par force d'argent les corrompre Que de querir autres sentiers. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 891).

 

.

Rompre la visee. "Détourner l'ajustement d'un coup" : Mais le gentil prince, qui sent l'air a la venue du traÿtre, se tourna pour le veoir, et en soy tournant il lui rompy la visee qu'il avoit prinse pour assoir son cop (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 228).

 

-

Rompre la guerre. "Mettre fin à la guerre" : ...que le Roy face pratiquer avecques le marquis de Montferrat, Saluces et Final, pour estre à rompre la guerre ou cas qui le convenist faire. (Roi René vie L., c.1462, 297).

 

-

Rompre la parole / les propos / la voix à qqn. "Couper la parole à qqn" : Mais quant le penancier entend qu'il a esté es subjections de l'anemy, et par tant de temps, sy lui rompist sa parolle sans en voulloir plus escoutter (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 101). Alors Loÿs rompy leurs parolles, car bien veoit que touttes tournoyent a felonnye (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 30). Le bon marchant eust peu estre contraint de croire ses bourdes, s'il n'eust rompu sa parolle. (C.N.N., c.1456-1467, 444). Pardonnés moy si je romps vostre voix (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 18). J'ey le myen coeur tant remply d'ire De se sot qui ront nos propos ! (Retraict T., c.1490, 226).

 

b)

[Un événement, une réunion, une assemblée...] : ...il n'y a aucune cause ou occasion de rompre l'assemblée dudit saint concil (FAUQ., III, 1431-1435, 35).

 

c)

[Un état, une situation défavorable (valeur positive)] : Mes Esperance benigne Benignement me semont (...) : "Tent, ront, fet tout aparti." ["brise les obstacles, lutte" (Scheler)] (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 36). Trop est sourde l'ame qui ne s'esveille a tel tonnoirre, a tel son d'en hault qui esmuet tout le lieu ou nous sommes sa jus. "Rumpez, Sire, dit saint Augustin, ceste surdité !" (GERS., Pent., p.1389, 79). Et, s'il avenoit que l'usage De vin aigre feroit dommage À l'estomac pour sa froidure, Ou autrement par aventure, Il fauldroit rompre sa malice Pa[r] cynamome à ce propice, Ou par eaue de mastic boire, Qui au gisier fait moult de gloire. (LA HAYE, P. peste, 1426, 125). Ne la rompit il [telle piteuse adversité] par courage et par dilligent veillier ? Ne la vaincquit il par perseverance en labeur... ? (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 133).

 

d)

[Une organisation, un arrangement...] : LE ROY DE TARTRES. Onques mais ne vi rompre rens En la guise que cestui fait. Sire, aussi je me rens de fait : Tenez m'espée. (Mir. fille roy, c.1379, 76).

 

-

Rompre les chambres. "Réunir, fusionner les personnels des différentes chambres de l'Hôtel du roi (afin qu'ils prennent leurs repas en commun)" : ...toutes les chambres sont (...) rompues, c'est assavoir que chacun des dessusditz (...) chambellans, maistres d'ostel et autres officiers mengeront en salle et non autre part. (Ch. VI, D., t.1, 1422, 445).

 

e)

[Un lien (affectif, juridique...)] : Ou se Desirs par sa maistrie Te pique et boute, Resgarde l'image jolie Que tu as en ta compaingnie, Et jamais l'amour qui nous lie Ne sera route. (MACH., F. am., c.1361, 225). Et quant l'amistié est pour ces choses et il ne les treuvent pas ou reçoivent tous .II., adonques est l'amistié dissolue et roupte (ORESME, E.A., c.1370, 452). Cestui Anthoine ot pour espouse la suer de Octovien, et, lui regnant en orient, de son espouse rompy le droit lien, et, par l'art et delit de ma forge, repudia s'espouse dessusdicte et prist la belle Cleopatras qui estoit royne d'Egypte. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 348).

 

2.

"Ne pas respecter qqc. (une promesse faite, un engagement pris...)"

 

a)

[Une promesse, un voeu, une défense, un ordre...] : LE CHEVALIER. (...) Car de ceens fortrais la nonne Que vous teniez a tant bonne, Et li ay fait rompre son veu. (Mir. nonne, 1345, 349). Et ne fust pour vous faire offense, J'eusse rompu la deffence Que m'avez fait... (Mir. st Lor., 1380, 185). ...ne savoient que penser ces bonnes femmes, qui mouvoit leurs mariz de si tost rompre et casser leur promesse. (C.N.N., c.1456-1467, 203). Tu as bien tost rompu mes commandemens (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 223).

 

b)

[Un contrat, un traité, un accord, une trêve...] "Cesser de respecter, dénoncer" : Si vous diray autre nouvelle, Et vous feray un incident, Pour un mervilleux accident Qui adonques avint au Quaire Pour le traitié rompre et deffaire. (MACH., P. Alex., p.1369, 182). ...lesquelz traictiez ou accords ont sorti petit effect par le fait d'aucuns qui sont en la compaignie de monsegneur le Dauphin, lesquelz en pluiseurs et maintes manieres se sont efforciez de rompre et mettre au neant les traictez et accords dessusdis (FAUQ., I, 1417-1420, 290). "...il l'avoit enfraint [un sauf-conduit] et aultrement ne l'eusse arresté. - Comment le rompit il ? dist monseigneur Talebot ; dy tost..." (C.N.N., c.1456-1467, 56). Je leur ay respondu que de ma part je vueil tenir la treve se le roy d'Arragon la tient, mais que c'est luy qui l'a rompue et a prins les places sur moy, et, s'il les me veult tendre, je suis content de la tenir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 208).

 

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"Interrompre les effets d'un engagement" : Là avoit un viés amiral Qui leur dist tout en general : "Biaus seigneurs, que volez vous faire ? Honnir nous voulez et deffaire ! Vostre sauf conduit romperez ! Gardez vous bien que vous ferez De ces messages retenir, Car grans maus en porroit venir, Et toute chrestienté mouvoir Encontre nous, à dire voir." (MACH., P. Alex., p.1369, 200).

 

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Rompre un usage, une coutume... "Enfreindre" : On nous dit que tu estudies A rompre noz serimonies Pour preschier ne sçay quelz fabuses. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 260). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 726 ; MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 120] Et vouldrent le roy et la royne que a ce congié la coustume du pays fust rompue, en tant que touchoit les personnes de Saintré et des chevaliers et escuiers de sa compaignie ; c'est assavoir que tous fussent des dames baisiez. (LA SALE, J.S., 1456, 134). Puis que c'est la coustume, dist il, je ne quiers ja qu'on la rompe pour moy. (C.N.N., c.1456-1467, 333).

 

-

Rompre le festu (la paille, comme symbole d'engagement) : Et d'autre part, je ne croy mie Que celle qui estoit s'amie, S'elle l'amoit d'amour seüre, N'eüst trop plus chier l'aventure De son mari et son courrous, Et deüst estre entr'eaus deus rous Li festus jusqu'a une piece, Qu'oster de son ami tel piece, Qu'a tous jours fu desfigurez, Meins prisiez et plus empirez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 240). ...je doubtoie vos courrous Et que li festus ne fust rous Entre nous deulz sans renouer (MACH., Voir, 1364, 664).

 

-

Rompre une alliance. "Mettre fin à un pacte" : Leur exposicion fut telle que de Genitose ystroit ung filz, qui tiendroit toute Asie et le chasseroit de son royaume, par quoy il maria Genitose, sa fille, à ung simple homme et rompit l'aliance qu'il avoit à Daires (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 r°).

 

-

Rompre (le) mariage. "Déclarer le mariage nul ou ne plus en respecter les engagements" : ...ceulx qui rompent mariage (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 60). Il fault noter que jassoit ce qu'ilz soient pluseurs pechiéz comme il est devant dit qui empeschent a contraire mariage, ilz sont trois pechiéz qui rompent mariages contrais. Premierement se aucun est adultere et face pechiet avec une femme mariee (Sacr. mar., c.1477-1481, 62). J'amerray aussi ces luxurieulx Moyenes et prestres vicïeulx Gens qui rompent leur mariage Joyement estre a nostre estrage (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 98). ...fist sculper deux pierres precieuses en certaines constellacions, l'une de telle efficace, après qu'elle fut mise sur le bort d'une couppe d'or à l'endroit où l'on beuvoit, que souldainement, se aucun homme qui eust faulté ou rompu son mariage, sa bouche se souldoit et prenoit (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°).

 

c)

[Un acte juridique] "Annuler, abroger" : ...on rescriproit au Roy les très grans dommages et inconveniens irreparables qui vraissemblablement pourroient ensuir, se lesdictes assignacions estoient rompues ou reculées, et le très grant et evident prouffit que le Roy avoit en entretenant ycelles assignacions. (FAUQ., I, 1417-1420, 298). Faisons rompre les anciennes loix, Et susciter et faire nouveaulx drois, A publier en assises et pletz, Si punirons le peché des mauvais. (Cene dieux, c.1492, 120).

 

3.

Part. passé en empl. adj. [D'une division déterminée du temps] Non rompu. "Qui n'est pas interrompu ; entier, complet" : Il [le roi Charles VII défunt] a bouté dehors de son throne division (...). A donné ascout aux hommes, entente mesmes a ses affaires, heures non rompues aux deputéz. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 321).
 

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 Article 27/46 
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     ROMPTEUR     
FEW X rumpere
ROMPTEUR, subst. fém.
[GD : rompteur ; FEW X, 567a : rumpere]

"Rupture, déchirure" (synon. rompture)

REM. Doc. 1445 (Orl.) ds GD VII, 233a.
 

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 Article 28/46 
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     ROMPTURE     
FEW X 567a rumpere
ROMPTURE, subst. fém.
[T-L : rompture ; GD : rompture ; FEW X, 567a : rumpere]

A. -

"Fracture, brisure, rupture" : ...le crime et force commise en l'eglise d'icelle ville de Rungy, la fraction faite en icelle et le sacrilege de la rompture faite des fenestres et couverture d'icelle eglise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 240). Comment fust-il issu de cy ? Chose seroit trop impossible S'il n'avoit ouvré d'invisible, L'huys estoit bien et beau fermé Et se n'y a riens de quessé, Hault ne bas je n'y voy rompture. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 259). ...de changles, frains, rennes, poitrraulx, y a grans romptures. (Cligès C.T., 1455, 118).

 

Rem. Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 45/61.

 

-

"Fracture (d'un membre du corps)" : Encores est assavoir pour fondement de toutes ces maladies et passions que par deffaulte de digestion toutes les maladies natureles dedens le corps sont engendrees, et non pas les maladies accidentales si comme playes d'espee, de lance ou d'autre chose et rompture de jambes et de membres. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 231).

 

.

Chirurgien de rompture : Jehan Merlin, cirrurgien de rompture et de taille (Ch. VI, D., t.2, 1381, 153).

 

-

"Hernie" : La seconde operation est que les jus de enula avec le jus de rue confere aux gens rompus et par especial quant la rompture est faite par ventosité (Rég. santé corps C., 1480, 134).

 

Rem. FEW X, 568b : rumpere : attest. de rompure dans ce sens, datée de 1538.

 

-

"Rupture de la virginité" : Preservez moy que ne face jamaiz ce, Vierge portant, sans rompture [var. rompure (GD VII, 232c)] encourir, Le sacrement c'on celebre a la messe : En ceste foy je vueil vivre et mourir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79).

B. -

P. méton. "Morceau, débris" : ...certaine quantité de loupes et de romptures de fourneaux estans tant deçà que delà la dicte rivière ont estimé à 18 basnes (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 261).

C. -

Au fig.

 

1.

"Non-respect de qqc., rupture" : ...exiga d'aucuns d'iceulx gens de guerre leurs gaiges d'un mois afin qu'ilz n'alassent en garnison en la ville de Chartres, ainsi que avions ordonné au commancement de la rompture de la treve (Ecorch. Ch. VII, T., 1451, 451). N'ay je pas a Dieu voué chasteté ? Et vous m'apportez la rompture de par luy. (C.N.N., c.1456-1467, 101). ...s'il n'eust si bien fait de son devoir je ne seroye pas si contente de la ronture de son veu (C.N.N., c.1456-1467, 204). Oudit temps, ou moys de septembre, le roy bailla ses lettres à ung legat venu de Romme de par le pape pour la ronpture de la Pragmatique Sanxion ; lesquelles lettres furent leues et publiées ou Chastellet de Paris sans y faire aucun contredit ou opposition. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 184). ...j'ay veu trois ou quatre gaiges devant moy, de foy mentir et aussi de rompture de sauf conduitz (Cartul. Laval B., t.3, 1475, 277). Ledict duc de Bourgongne disoit pour excuse que lesdictz Liégeoys l'avoient assailly et que rompture de la trefve venoit d'eux et non pas de luy et que pour telles raisons ne devoit habandonner ses alliéz. (COMM., I, 1489-1491, 101). ...et craignoit la rompture dudict mariage pour la mocquerie qui jà s'en faisoit en Angleterre (COMM., II, 1489-1491, 247).

 

2.

"Interruption, fin" : En ensuyvront aussy plusieurs autres fruiz particulliers, comme la rompture de la puissance du Souldan, qu'est en ses Mammeluz, qui luy seront ostez par la puissance de l'empereur de Constantinoble, et que les Genevoys cesseront faire leurs raises sur les pays chrestiens, dont sont levez lesditz Mammeluz (GERMAIN, Discours outr. S., 1452, 339). ...les consulz de Parpignen (...) se sont fort plains de ce que la galée Magdalene (...) a esté prinse et destroussée par aucuns prouvansaulx de Marseille, en la coste de la mer de Prouvanse, et dedens icelle prins aucuns cathelans avec leurs robes et marchandies, nonobstant que ladicte galée fust arborée et armoyée aux armes du Roy et qu'elle navigast de par luy, dont s'ensuivroit la rompture de tout le cours du navigage et de communicacion de marchandie d'entre les marchans de ce païs de Languedoc et de Catheloigne (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 186). ...[le mari] commença a compter les raisons de la rompture de son voyage. (C.N.N., c.1456-1467, 443). O dolereuse et lamentable rompture d'un si hault bien (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 304).

 

-

Demeurer/tomber en rompture. "Être interrompu, être suspendu" : Mais ilz ne se peurent accorder, et demoura la chose en rompture (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 399). ...par tous les meilleurs moyens que sçaurez bien trouver, entretenez ceste matiere en maniere qu'elle ne tombe point en rompture (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 299).

 

-

"Fin, issue" : ...tant de propos mal conseilliéz font souvent cheoir les proposans en rompture desesperee (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 253).

 

3.

[À propos d'une armée] "Démantèlement" : En après, il est vray que le Souldan, au temps des romptures du Turcq en la Grece, fut tellement effrayé, qu'il avoit ordonné que, si ledit Turcq estoit encore une fois vainqu des Hongres, que, sans plus attendre, ses admiraulx, qu'estoient en Surye, habandonnassent la Terre Saincte (GERMAIN, Discours outr. S., 1452, 329). ...car trop de romptures d'armes j'en ay veu advenir en mon temps (BUEIL, II, 1461-1466, 43). ...nous avons advisé (...) tant pour le support de nosdiz autres subgectz paians tailles, comme pour obvier à la rompture qui pourroit avenir au fait de nostredicte armée (...) dont s'en suiveroit dommaige inreparable à nous et à toute la chose publicque de nostre royaume (Lettres Louis XI, V., t.7, 1478-1479, 20).

 

-

Faire rompture. "Rompre les rangs, se retirer" : Puis fis descendre en France les Anglois, Le siege mis tout a desconfiture, Et l'empereur Frederich fis rompture, Quant devant Nucz y me vint assaillir. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 64).

 

-

Mettre en rompture. "Obliger (l'ennemi) à rompre les rangs, à lâcher prise" : Sy les mist en ronture aussy tost, et prist bien XII mille et leur osta neuf de leurs banyeres. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 41).

V. aussi rompure, rupture
 

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     ROMPUEMENT     
FEW X rumpere
ROMPUEMENT, adv.
[GD : rompuement ; FEW X, 567a : rumpere]

"En se rompant"

REM. Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD VII, 233b.
 

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     ROMPURE     
FEW X 567a rumpere
ROMPURE, subst. fém.
[GD : rompeure ; FEW X, 567a : rumpere]

A. -

"Déchirure, brisure, rupture" : ...quant il ne puet trover yssue, il la rompt parmy et de celle rompeüre vient le son (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 13, 189 r°). Puis doit couper et cuir et char endroit la rompeüre de l'os et doit mettre le jambon apouyé sus les costés du sangler et a terre, affin que le sangler se tiegne qu'il ne chiee de celle part. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 186). ...il eut la dicte jambe rompue et cassée, de laquelle rompeure et casseure le dit Piron, par deffault de bon gouvernement ou autrement, ala (...) de vie à trespassement. (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 69). Deffendés nous de la gravelle, De torsions et de rompure [éd. "hernie"] (Prières saints R., t.2, c.1450, 301). La tierce passion de cornee est rompure et y appert aulcuneffois en maniere de la teste d'une formique, aulcuneffois en maniere de la teste de une uve ou d'ung clou (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 3). Se flux de ventre sanguin vient par apercion et rompure de veines, faites au commencement saignee des II. epatiques (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 4). Las ! O quelle injure jure, Rompure pure, et quelle obscure cure Pour jamais metz entre plusieurs gens gents, De mon palais gouverneurs et regens ! (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 393).

 

Rem. Chasse am. W., a.1509, 363. Doc.1389, 1390, 1423, 1443 ds GD VII, 232c.

 

-

"Brèche, fente" : ...et fist une fosse comme un abisme (...), en laquelle rompeure de terre ... (VIGNAY, Le Miroir historial C, 1333, IV, 746). ...une rompeure que avoit faicte le mur des prisons qui chey sur la couverture de la court ou l'en plède. (Comptes Archev. Rouen J., 1407-1408, 6).

 

-

MÉD. "Hernie" : Hernie ou rompure quant est de present contient VII. especes: la premiere est appelé ventose, la seconde aquatique, la tierce humorable, la quarte charneuse, la quinte verrucale, la VI. zirbale, la VII. est appelee intestinale. (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 7). Chantés avoec moy et loés Dieu en nostre pere saint Dominique, car maintenant de sa grace il m'a gari miraculeusement de la rompure que je souffroie (Lég. st Dominique T., c.1500, 354).

B. -

Au fig. "Non-respect de qqc., rupture" : Rompure y ot d'une part et d'autre (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 161).

V. aussi rompture, rupture
 

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 Article 31/46 
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     ROTICE     
FEW X rumpere
ROTICE, subst. fém.
[GD : rotice ; FEW X, 570a : rumpere]

"Route que parcourt une galerie d'écoulement"

REM. Doc. (Liège) 1349 (rotiche) et 1487 (rottices) ds GD VII, 244c.
 

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     ROUTAGE     
FEW X rumpere
ROUTAGE, subst. masc.
[GD : rotage ; FEW X, 571a : rumpere ; TLF : XIV, 1323a : router (routage)]

I. -

"Action de percer des chemins dans un bois" : Somme de rouptages et arpentages, XXXIX lb. IIII s. (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 442).

II. -

"Redevance payée en volaille" (synon. ru2)

 

Rem. Doc. 1451 (le rotage de poulles de Chuisnes) ds DU CANGE VII, 221a, rotagium (GD VII, 244a ; autre ex., s.d., du Cout. de Reims). Mais est-ce le même mot que I ?
 

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 Article 33/46 
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     ROUTE     
FEW X rumpere
ROUTE, subst. fém.
[T-L : rote4/rote5 ; GD : route1/route2 ; GDC : route ; DÉCT : rote4 ; FEW X, 569a, 572a : rumpere ; TLF : XIV, 1320b : route]

I. -

[Idée de rupture]

A. -

"Rupture"

 

-

De grand route. "En se rompant, en se brisant en grand nombre" : Mes pleumes s'en vont de grant route ! (Pipée R., c.1470-1480, 203).

B. -

En partic.

 

1.

"Coupe de bois"

 

Rem. Doc.1318, 1373 et 1469 ds GD VII, 250c.

 

2.

"Hernie"

 

Rem. Jardin de santé, c.1500, ds GD VII, 250c.

C. -

Au fig. "Différend, démêlé" : ...et n'avoit ledit sergent aucunes plaidoiries par devant aucuns juges, contemps, debat, question ou rotes fors audit d'Arlay. (Doc. 1391. In : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance, 2013, 580). [aussi p. 581]

II. -

[Idée de voie tracée]

A. -

"Voie de communication, chemin" : Et, pour eviter l'abbay du petit chien de l'hostel, il prinst la petite route ou sentier qui va parmy le bois à main dextre (BUEIL, I, 1461-1466, 34).

 

-

Garder route. "Suivre un chemin tracé" : Et la matière du tonnoirre Souventesfoiz se tourne en pierre De dure nature ou substance, Qui depuiz, par grant violence, Soudement en terre se boute Sans droit sentier garder ne route. (LA HAYE, P. peste, 1426, 7).

 

-

"Voie que suit un animal, traces" : ...ilz se metent tantost as routes de la louve (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 94). Le chien qui chasce le musel a terre se tient mieulz as routes que ne fet celui qui chasce au vent, et a en luy plus de recouvrier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 131). Chien sage baut ne doit jamés crier s'il n'est a ses routes (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 133). Et, se le limier faut ses routes, il se doit demourer tout coy (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 173).

B. -

P. méton. "Action de se mettre en marche"

 

-

Commencer la route d'aller : Je vueil donc conmencier la route D'aler devant. (Mir. emp. Julien, 1351, 191).

 

-

Se mettre en route : Qant messires Gautiers de Manni et ses gens entendirent ces nouvelles, sans point issir de lors vassiaus, il se missent au chemin et en la route pour euls trouver, et veoient de lors nefs et balengiers ou il ceminoient sus la marine, les fumieres que il faisoient sus le plat pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 539).

 

.

Se mettre en route d'aller : Avant : en route vous mettez D'aler, et en alant chantez Joieusement. (Mir. prev., 1352, 275).

 

-

Prendre la route de cheminer : Faisons le bien : prenons la route Dès maintenant de cheminer (Mir. ste Bauth., c.1376, 126).

 

-

Ravoyer sa route : Adont, la royne ravoye Sa route et la plus ne sejourne Et a grant victoire s'en tourne. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 147).

C. -

Au fig. "Voie" : Il ne tint qu'a vostre perisse, Dont il fault que l'ame perisse, Quant du bon chemin hors se boute Et qu'il ne tient la droicte route Et le sentier espiritable De la grant joie pardurable. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 236). De verité homme ne suyt la route (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 84).

 

-

Poursuivre sa route. "Continuer son propos" : Et laquele [doctrine], comme ilz la firent, En deux Somme[s] ilz départirent, Dont en la première, sans doubte, En poursuyvant leur droite route, Ont démonstré, par leur savance, Des causes, signes et naissance De la maladie inginaire (LA HAYE, P. peste, 1426, 19).

III. -

[Idée d'alignement] "Rangée, file"

 

-

À route. "À la file" : Quoy ! On les apporte Icy present, a grans monceaulx ; Les aveugles, sourds et m[e]seaulx, Sont sanéz sans aucune doubte ; Chascun les y apporte a routte, Moult divers et de toutes pars. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 386).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

 

.

Route à route. "À la file, les uns après les autres" : Jamais sy honteux je ne fus. Je congnois les miens [mes péchés] routte a routte, J'en ay toute la teste route. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 427).

 

.

Suivre qqn à route. "Suivre qqn à la file" : BRISE GODET. Il dit voir. Suivez moy a route, Et je vous menray chiez tel homme C'on tient a riche... (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 7).

 

.

Suivre qqc. à route. "Aller derrière une chose pour la surveiller" : Tu scez bien que j'ay mis en mer Tout mon avoir, si n'est pas doubte, Si le me fault suir a route. A touz les marchans que je say Prins hier congié (...). Suivre me fault d'or en avant Mon avoir qui s'en va devant. (Mir. march. juif, c.1377, 208).

 

-

De route. "En alignement, de suite" : Et y veismes ledit jeudi plus de .VJc. personnes de route, deux a deux, qui se alloient batant d'escorgées, de chaynes de fer, parmy ladicte cité, en faisant procession avec les croix et les prebstres revestus, et en faisant leurs penitances en portant le corps Nostre Seigneur parmy icelle cité (Voy. Jérus., c.1395, 99). Apres feras ce qu'il apere, Ou tier quarel [du dé] bien apaire Trois poins de roucte en l'esquarre (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 191).

 

.

D'une route : A Rodes a bel et notable port, et tout sur cedit port a seize molins a vent qui sont tous d'une route et tous près l'un de l'autre, et ont les plusieurs .VJ. volans (Voy. Jérus., c.1395, 95).

 

.

Tout de route. "À la suite, l'un après l'autre" : ...mais le conte le fiert de la lance si bien qu'il le porta jus du cheval sans le blescier mortelement ne brisier lance et passa oultre et de ce poindre mesmez en abaty deux tout de route qui venoient pour rescoure leur maistre (Comte Artois S., c.1453-1467, 91). ARCEDIACRE. Il convient qu'ad ce marchant j'aille ; Combien cela ? FRIPPIER. Vous pouez croire Que, sans ung seul denyer recroire, Huyt solz en auray, somme toute. ARCEDIACRE. Commant, huyt solz ? FRIPPIER. Par sainct Jehan, voire, Il m'en fault huyt solz tout de route. ARCEDIACRE. Cinq solz, cinq solz ! FRIPPIER. Elle me couste Beaucoup plus. (LA VIGNE, S.M., 1496, 550).

 

Rem. Cf. DI STEF., 775b ; l'éd. donne : «tout de suite, au comptant».

 

-

En route. "De suite" : Cela est ja vieulx comme terre : Il est sussité, qui s'en doubte ? Et ja plus de cinq fois en route Il c'est a ses gens apparu, Ou apparu ou disparu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 970).

 

.

En une route. "En file" : Dançons trestuit en une route ! (Jour Jug. R., c.1380-1400, 221).

IV. -

[Idée de troupe]

A. -

"Ensemble de gens, compagnie, troupe de gens" : Cilz est li plus foulx de la route (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 126). La demourai .VII. jours en route A grant deduit, moi et ma route. (MACH., Voir, 1364, 346). L'empereur y est, n'est pas doubte, Et plusieurs nobles en sa route. (Mir. Oton, c.1370, 373). ...le roy a grant rote De gent, pour la aconvoier, Y va, et pour la festoier. (Mir. Berthe, c.1373, 204). La fut, et de lui se moque on, Com de cellui qui ne vit goute, Ou palays ou il a grant route De gent, qui sont la au mangier. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 88). Et un pou apres, veez cy une grosse route de gent mal vestue, deciree et mal habituee, chaussie de vieulx houseaulx, qui venoient parmy la cite de Romme sans ordre et sans mesure. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 264). Quant la royne et sa divine compaignie fut assez pres de Paris, elle encontra en son chemin troys grosses rouctes de gens de grant apparance, et sembloient bien gens de grant honneur, qui venoient par tresgrande ordonnance a l'encontre de la royne et des dames, pour les acompaigner et les mener a Paris. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 445). ...moult notable route De chevaliers et de barons. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 66). ...celui qui mainne la routte dez faucheurs qui fauchent mondit pré du Burel doit avoir II deniers (Trés. Reth. S.L., t.2, 1408, 567). Aussi de moy ne soient quittes, Ces prestes, ne ces concubines, Cordelieres ne jacobines, Que je n'en amainne sans doubte, Que d'une que d'aultre, grant rote. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 5). Et ainsi qu'adoroye l'ymaige De Mars, souverain dieu pugnique, Et Jupiter, le dieu d'Affrique, Je me suis retourner sans doubte Devers Asie, qu'a grant rote De dieux, desquelz le principal C'est le grant dieu qu'a non Baal (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 32). Il les lysit [des lettres], et par ung sien secretaire, en audience devant pluseurs chevaliers et escuiers et aultres de sa rote, de rechef les feist relire. (C.N.N., c.1456-1467, 56). Glasidas est noyé sans doubte, Avecques luy plusieurs barons Qui avoyent une grant route, Et tous fors hardiz compaignons, Les plus vaillans qui furent ont Sailliez et venuz d'Angleterre ; Si sont avecques les poissons. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 476).

 

-

Route de brigands. "Bande de brigands" : ...ledit Colin pria audit Hallé qu'il le voulsist vengier dudit Baudouin, qui estoit avecques une autre route de brigans (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 317).

 

-

Route de chevaux. "Troupe de chevaux" : ...puis nous fist dire que nous alissions hors de la voie pour la grant route de chevaulx qui le sievoient, que nous ne fuissonz bleciez. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 52).

 

-

À/en grans/grosses routes. "En grand nombre" : ...les gens d'armes a grans routes S'en alerent (MACH., C. ami, 1357, 99). ...leurs fouraigeurs, quelque part qu'ilz aloient, ne trouvoient que fourragier, et aussy pour les rencontres et embusques ilz n'osoient chevaulchier fors en grans routtes. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92). Et furent les rivieres si fort engelées que les Angloiz à grosses routes passerent à cheval la riviere de Seine (Chron. Valois L., c.1377-1397, 136). Assés tost aprés que la belle dame est assise en la chaiere, les sains de Paradis a grans routes, chascun en son ordre, l'un aprés l'autre, comme dessus fourmés en l'aire de la dicte nuee, vienent devant la belle dame, et, en lui aourant, parfondement s'enclinent (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 389). Si arrivent la, a grans routes, Atout leurs cotelles desroutes (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99).

 

-

En routes. "En bandes" : ...il avoit chevauchié en routes avec gent d'armes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 117).

 

-

Passer (toute) route. "Se distinguer des autres" : A ce tournoy chevalier fu Sy bien faisant qu'il passa route Et, par le gré de la gent toute, Au second, au tierch et au quart : Il ne s'embatoit nulle part Qu'il ne fust ungs des mieux faisans (Dit prunier B., c.1330-1350, 72). Briefment il passoit toute route (MACH., P. Alex., p.1369, 71). Par les escriptures troeve on le memore des bons et des vaillans hommes de jadis, si com les neuf preus qui passèrent route par leur proèce (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 4).

 

-

Tenir route à qqn. "Tenir compagnie à qqn" : ...ains [Geoffroy] chevauche si fort vers la tour de Mont Jouet qu'a grant peine lui pevent ses hommes tenir route, et tant erra qu'il y vint. (ARRAS, c.1392-1393, 252).

B. -

En partic. "Troupe armée" : ...XII hommes darmes qui, du commandement de Monseigneur le Captal, furent envoiez en la ville de Gavray pour la deffense dicelle et du païz environ, pour doubte dune route de la grande compaigne qui avoient prins la ville de Chasteau de Vire (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 226). ... li Arceprestres... estoit uns grans chapitains et qui tenoit grant route (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 124). ...quant messire Guillaume de Lignach et messire Gauthier de Pasach entrerent premierement en Espaingne, leurs routtes qui estoient grandes et grosses s'espardirent en pluseurs lieux sus le pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). Or, a Dieux huy donné que j'ay trouvé et encontré une routte de bien vaillans, car vrayement aux armes ilz nous ont donné assez à faire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 200). ...au partement qu'il fist d'un homme d'armes de la rouste des Galois, nommé Grantisel, quant il lessa à servir (...) il print et osta à sondit maistre, en sa male, la somme de cinq frans en or (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). ...[il] a suy et frequenté routes de gens d'armes, et mené routes de gens par les fins et mettes du royaume de France (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 201). ...quant le conte et sa route furent descenduz la montaigne, uns anciens chevaliers (...) noblement acompaignié jusques a douze hommes de grant honneur et de grant estat, s'en vint vers la route du conte. Et en la premiere route il trouva le conte de Forestz et Remondin, son frere, moult noblement acesmés et acompaigniez. (ARRAS, c.1392-1393, 38). Et cilz chevauchierent tant qu'ilz encontrerent Remondin et sa route. Mais quant ilz les virent armez et chevauchier en ordonnance, si furent tous esbahiz. Mais en celle premiere route ne estoient que les varlès et environ cent hommes d'armes. (ARRAS, c.1392-1393, 71). Monseigneur, le duc Oste de Baviere si m'envoye par devers vous savoir mon que vous querez en son pays et se vous lui voulez se bien non ; et aussi qui vous estes qui menez si noble compaignie comme je voy cy assemblee, car il scet bien que vous n'alez mie a tel route que vous n'aiez grant affaire. (ARRAS, c.1392-1393, 179). Et ainsi qu'il regardoit quant Gieffroy ystroit du cavain, si apperceut une route de gens de cheval qui entroient en la carriere par ou Gieffroy venoit (ARRAS, c.1392-1393, 199). Ens es festes de la Pentecouste, vinrent messires Guillaumes de Jullers, ...et messire Thieris de Hainsberghe, ... a belle route. (FROISS., Chron. D., p.1400, 115). Dont li fu demandé avoecques qui il estoit la. Il respondi : "En la route le conte de Hainnau." (FROISS., Chron. D., p.1400, 332). Chil .CC. de la route et compagnie messire Hervi de Lion furent tantos au desus de ce charoi et de ces sonmiers et de ceuls qui les conduisoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 496). Et tantos apriés mienuit, il sallirent sus, sans faire grant noise, et s'ordonnerent en pluisseurs routes, et s'en vinrent pour assallir Vennes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 571). Et avoit li rois d'Engleterre en celle flote et route .IIIIM. honmes d'armes et douse mille archiers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 676). De gent d'armes mainne grant rote (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 63). ...a tous chevalliers, escuiers, capitaines, routes de gens d'armes et de trait et autres suivant le siege de justice (Trés. Reth. L., t.3, 1476, 542).

 

-

[Sur mer] : ... li dus ... avoit bien soissante gros vaissiaus en se route parmi les pourveances (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 32).

 

-

Demeurer en route/tenir (la) route. "Rester en troupe, rester groupés" : Et au partir, on lui delivra quarante mil escus, pour departir à ses compagnons. Si s'espardirent ces gens là ; mès toutdis tenoient il le route le dit Arceprestre (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 94). Si... se departirent là sur ces champs et demourerent en route (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 51). Ne onques ou royaume de France les compaignons tenant routes ne perdirent si grossement comme il firent là (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 105).

C. -

P. méton. "Expédition, attaque"

 

-

Faire une route sur qqn. "Attaquer qqn" : ...le conte de Montpensier a fait quelque route sur le roy Ferrand, et tellement qu'il a esté contrainct au grant danger de sa personne et pour icelle saulver se retirer avec ung nombre de gens à cheval (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1496, 32).
 

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 Article 34/46 
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     ROUTER1          ROUTER2     
FEW X rumpere
ROUTER, verbe
[T-L : roter3 ; GD : router1 ; FEW X, 569a : rumpere]

A. -

"Rompre" : ...sa lance (...) que je luy rotte (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 380).

 

Rem. Doc. 1308 (Hainaut, router) ds FEW.

B. -

En partic. "Abattre (des arbres) pour percer un chemin (dans une forêt)" : Pour roupter et arpenter trois ventes de bois en la forest de Maand par Richier Pignoré, arpenteur ma dame la roÿne... (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 440). ...une vente de bois, "laquelle nous avons fait roupter et mesurer... par Jehan le Maistre, mesureur du roy" (Doc. 1386. In : É. Decq, Bibl. Éc. Chartes 83, 1922, 360).
 

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 Article 35/46 
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     ROUTER1          ROUTER2     
FEW X 570b rumpere
ROUTER, verbe
[T-L : roter4 ; GD : router2 ; FEW X, 570b : rumpere ; TLF : XIV, 1323a : router]

I. -

Empl. intrans. "Faire route" : Il ne peult oncques ung bonier aleir que le chien ne rotast aprés luy. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 130). ...Je viens de router aval la forest en plusieurs lieux sans tenir voye ne chemin, mais a l'aventure. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 190). ...On dist que vous estez le chevalier qui plus a routté, qui mieulx scet et qui plus a veu. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 866). [Autre ex. : Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 599/15 (var.)] Il faut router et voir pais Et souffrir tribulacion Pour avoir retribucion En gloire d'ung seul Dieu puissant. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 144).

 

Rem. G. LE MUISIT, c.1347-1353, ds T-L VIII, 1512.

II. -

Empl. trans.

A. -

"Parcourir" : ...Disans l'un a l'autre qu'ilz avoient esté en grant peril et qu'il estoit heure de routter la forest afin que le murdrier fust trouvé. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 210). Sire, mainte journee ay ceste terre routté pour trouver qui chevalier me faice... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 954). Helas ! j'ay tant roté le monde, Et traverssé et bas et hault, En servant mainte belle et blonde... (Chev. dames M., c.1462-1477, 65).

B. -

[Idée de mettre en route ?]

 

1.

Router hors la parole. "Produire, répandre la parole" : Comment a il ronté hors sa parole a la cité ? (MIÉLOT, Papaliste B., 1460, In : E. Barale, Romania 2019, t.137, 165).

 

2.

"Faire l'expérience de" : ...Homme n'est digne de estre nommé chevalier s'il n'a routté toutes les aventures du paÿs et hanté les tournois et les joustes... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 76).
 

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 Article 36/46 
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     ROUTERIE     
FEW X rumpere
ROUTERIE, subst. fém.
[FEW X, 572b : rumpere]

I. -

"Canaille"

 

Rem. Doc. mil. du XVe s. (Tournai, le gouverneur estoit plus de le partie dou quemun qu'il n'estoit de le part des bonnes gens de le ville et parmi tant il savouroit [l. favouroit] le routrie) ds N. Dupire, Vox rom. 11, 1950, 206.

II. -

"Agression, insurrection" : Et puis furent nommé : les maillès de Paris, pour la routerie qu'il avoient faite à l'encontre du roy (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 177).

REM. Différent du mot roterie enregistré ds T-L VIII, 1512, et ds GD VII, 244c (ex. d'a.fr.), FEW XVI, 250a, *hrôta.
 

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 Article 37/46 
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     ROUTEUR1          ROUTEUR2          ROUTEUR3     
FEW X rumpere
ROUTEUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : rotëor3 ; GD : routeor2 ; FEW X, 571a : rumpere]

"Vagabond, voleur de grand chemin"

REM. Doc. 1329 (Tournai) ds GD VII, 251c.
 

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 Article 38/46 
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     ROUTEUR1          ROUTEUR2          ROUTEUR3     
*FEW X rumpere
ROUTEUR, subst. masc.
[*FEW X, 571a : rumpere]

"Ouvrier qui abat (des arbres) pour percer un chemin (dans une forêt)" : Pour roupter et arpenter trois ventes de bois en la forest de Maand (...) ; salaires de roupteurs... (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 440).
 

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 Article 39/46 
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     ROUTIER     
FEW X 570 rumpere
ROUTIER, adj. et subst. masc.
[T-L : rotier ; GD : routier1/routier2 ; GDC : routier2 ; FEW X, 570 : rumpere ; TLF : XIV, 1323b : routier2]

I. -

Adj. [Correspond à route III] "Consécutif" : ...par trois nuits routieres (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 368). ...son mary avoit demouré deux ou trois jours routiers, et pour le quatriesme avoit attendu aussi tard qu'il estoit possible (C.N.N., c.1456-1467, 508). Si advint que ces Barbarins en leur venir, cuidans espouenter les crestiens en leur multitude, par trois jours routiers livrerent assault incessamment a ceulx de dedans, sans y mettre ne cés ne repoz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 77).

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

II. -

Subst. [Correspond à route IV]

A. -

"Celui qui fait partie d'une route, soldat, homme de guerre" : Si se mettoient les pluseurs au retour mal montez, mal housé et tout deschiré, et vous dy que les rencontres de telz gens n'estoit pas bien prouffitable, car ilz desmontoient tous ceulx que ilz encontroient, et prendoient guerre à tous marchans et à toutes gens d'eglise, et à touttes manieres de gens demourans au plat pays, où il y avoit riens à prendre ; et disoient les routiers que la guerre les avoit gasté et apovris, et le roy de Castille mal paiez de leurs gaiges. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). Dont veissiez ces Bretons et ces routtes entrer en ces hostelz, là où le plus ilz esperoient à gaingnier, rompre huches et escrins, et occirre hommes et faire grant esparsin du leur. Ce jour en y ot occis plus de IIIIc., et fu toutte la ville pillié et robée et bien demy arse, dont ce fut dommaiges. Ainsi se contrevengierent les routiers de leurs compaingnons et puis se departirent de Saint-Fagon. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). ...et la seconde [bastille] fut baillié à ung routier de Boulenois, nommé Kanart, avec lequel furent ordonnés aucuns arbalestriers Génevois, Portingalois, et autres d'estrange pays. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 403). Et si avoit six cens arbalestriers, Comme Gascons et mainctz autres routiers, Six ou sept mille Souïsses, Allemans, Lancequenetz et autres truchemens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 240).

 

-

Empl. adj. : La ville de Dignant fu courue et robee toute, et moult d'onmes de la ville il i ot mors ; car qui ceoit ens es mains de ces Englois routiers, il estoit mors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 588).

 

-

Routier de cour. "Homme de guerre peu enclin à combattre" : ...aussi, ma dame, il pourroit penser de noz amours ce qui en est, et sçavez que de ces fringans et routiers de court comme du feu se fault garder. (LA SALE, J.S., 1456, 288).

 

-

Vieux routier. "Soldat expérimenté" : ...et pluiseurs aultres grans seigneurs, capitaines et vieus routiers de guerre, fleur de droites gens d'armes, qui par très long temps avoient sievy la guerre... (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 52).

 

-

"Celui qui a l'expérience de qqc." : Ung vieil et ancien Florentin fut qui espousa une belle fille (...). Quant vint le jour des nopces de cestuy routier et de la jeune fille... (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 229). Tu pourras estre ung droit routier de court. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 9).

 

.

Empl. adj. "Expérimenté, coutumier" : ...les capitaines, vaillans et saiges, rotiers et experts en fait de guerre, et non jeunes et grans seigneurs (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 134-135).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 326.

B. -

"Celui qui fait partie d'une troupe armée de fortune, voleur de grands chemins" : ...au retour que le dit suppliant fist au dit lieu d'Yppre du dit Courtray avec plusieurs autres personnes, comme routiers et de murdre fut par la loy d'icelle ville bannis 100 ans et jour de nostre dit conté et pais de Flandres, lequel ban il a paciement souffer et enduré par les 28 ans dessus diz en estranges pais et contrées en grant misère et povreté fait de jour en jour, ne jamaiz n'oseroit converser ne repairer en nostre dit conté (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.4, 1390,,, 76). Pour ce que sommes acertenez que les routiers et gens de compaigne appellez Escorcheurs sont en bien grant puissance pres et sur les frontieres des païs des duchié et conté de Bourgoingne, et que vraysemblement fait à doubter qu'ilz ne se parforcent de y faire et porter grans dommages... (Ecorch. Ch. VII, T., 1438-1451, 475). Et entre autres choses faisoit une assemblée de rotiers et les vouloit mener hors du Royaume sans congié du Roy (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 162).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 40/46 
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     ROUTIN     
FEW X rumpere
ROUTIN, subst. masc.
[FEW X, 570a : rumpere]

"Chacune des poutres qui forment un cadre à l'intérieur duquel coulissent les pilons et les hies du moulin à huile" (Éd.)

REM. Doc. 1417 et 1421. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 891.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 41/46 
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     ROUTOYER     
FEW X rumpere
ROUTOYER, verbe
[GD : routoyer ; FEW X, 571a : rumpere]

"Faire route (ici sur mer)" (synon. router2)

REM. Ex. de Pierre Garcie dit Ferrande ds GD VII, 252b (1483), mais ds une éd. de 1542 (pour la discussion de la date, cf. FEW XVI, 720a, n.1).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 42/46 
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     ROUTOYEUR     
*FEW X rumpere
ROUTOYEUR, subst. masc.
[*FEW X, 570a, 571a : rumpere]

[Synon. de routier "homme de guerre faisant partie d'une bande de soldats d'aventure" (GDC) ?] : ...dès trois ans a ou environ, un nommé Charlot Panas, routoyeur d'armée, lui avoit baillé en gaige et en garde les biens cy après declerez... (Sent. Chât. Paris M., II, 1399, 618).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 43/46 
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     RUPTIBLE     
*FEW X rumpere
RUPTIBLE, adj.
[GD : ruptible ; *FEW X, 573a : rumpere]

"Qui peut être rompu"

Rem. GRÉBAN (S.), Myst. Actes Apôtres, c.1475, éd. 1537, ds GD VII, 267a (ruptible).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 44/46 
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     RUPTIF     
*FEW X rumpere
RUPTIF, adj.
[*FEW X, 573a : rumpere]

MÉD. "Qui rompt" : Medicine causticque, carrotive [l. corrosive] et ruptive est celle qui rompt et fait adhust le cuir et la cher et la complexion d'iceulx et deguaste et mortiffie et endurcist et ramainne a charbon sans douleur grant. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.6).
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 45/46 
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     RUPTION     
FEW X rumpere
RUPTION, subst. fém.
[GD : ruption ; FEW X, 573a : rumpere ; TLF : XIV, 1360a : ruption]

"Rupture" : ...rupcion ou crepature de l'apostume (...) ...la rupcion des pustulles (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 333).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 46/46 
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     RUPTOIRE     
FEW X rumpere
RUPTOIRE, subst.
[T-L : ruptoire ; GD : ruptoire ; GDC : ruptoire ; FEW X, 573a : rumpere]

MÉD. "Cautère potentiel qui provoque une solution de continuité, ruptoire" : Item note que en toute apostume, puisqu'il vient a saignié, se nature ne le rompoit on le doit ouvrir a la flamette ou par ruptoire que on fait de chaulx vive et de sapon iudayque (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 18). ...l'action du feu actual est plus simple et moins blesce les parties prouchaines et les membres principaulx que l'action du ruptoire (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.3). Les medicines par lesquelles sont faitz cauteres potenciaulx sont ruptoires desquieulx les aulcuns aprés eulx delaissent escarre, comme chaux vive et savon mol esguallement, de chascun une dragme ou tant qu'il souffira a faire l'operacion, meslez nouvellement (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.3). ...medicines qui esrachent (...) desquelles sont troys especes, c'est assavoir foybles, fortes et tresfortes : les foybles sont dictes proprement corrosives, les fortes putrefactives et les tresfortes sont appelleez causticques et ruptoyres. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.6).

Rem. MONDEVILLE ds T-L VIII, 1552 (aussi en empl. adj.).
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

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