C.N.R.S.
 
Famille de prehendere 
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 Article 1/77 
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     APPRISON1          APPRISON2     
*FEW IX prehendere
APPRISON, subst. fém.
[GD : aprison2 ; *FEW IX, 347a : prehendere]

Au plur. "Accès de fièvre (?)" : Item, en ycelle année, il fist ung yver pluvioux et ne gellit presque point ; et molroit on ung poc de la pest et des aprison. (AUBRION, Journal L., 1472, 45). Item, le vanredi, pénultisme jour de jullet, on fist procession général à Snt Arnoulz, en lowant Dieu de la paix et en luy priant de préserver la cité de mortallité, pourtant que alors on moroit fors en la cité dez aprisson. (AUBRION, Journal L., 1473, 52). Et mist sus l'autel Ste Lucie, pour son offrande, ung florin de Rin, et dist au sr Jehan de Viviés, religieux du dit monastère, qui estoit governour pour monsr le cardinal de Snt Sixte, abbé de la dite esglise, con ["qu'on"] tenoit poc de compe ["compte"] de madame Ste Lucie, et que on la dobvoit bien dobter, car c'estoit celle que avoit le dont de graice de donner garison à ceulx qui estoient mallaide d'une mallaidie, que alors coroit fort en la cité, appellée les aprinsson. (AUBRION, Journal L., 1473, 63).

REM. Le FEW cite l'a. pic. esprison "inflammation" ; cf. T-L III, 1258, esprison au sens de "brûlure". Il s'agit d'une alternance préfixale esprison/aprison, à laquelle on pourrait ajouter exprison trad. par "épreintes" ds GD III, 687b, alors que "inflammation" conviendrait aussi. Cf. G. Merk, R. Ling. rom. 44, 1980, 286.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 2/77 
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     CONTREPRENDRE     
FEW IX prehendere
CONTREPRENDRE, verbe
[T-L : contreprendre ; GD : contreprendre ; FEW IX, 351b : prehendere]

I. -

"Prendre, saisir, accaparer" : ...et se aucuns juges d'eglise ou autres de quelque estat qu'ils soient contreprennent et usurpent la congnoissance ou juridicion des choses dessusdites ou actemptent aucunement au contraire, nous, par raison de nostre dignité et seigneurie, les povons et devons contraindre a cesser et desister desd. entreprinses, usurpacions et congnoissances (Echiq. Normandie S., 1395, 188). De la sainglante pute mort Soit il sarré et contrepris, Car, de l'eure que je le pris, Il me chuuça cy durement Que je n'an puis tenir mon vent. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 158). Il comprendra, Entreprandra Et apprendra Ou il prandra T'amour entiere ; Il surprendra Et reprandra, Contreprandra Ou a prandre a Gloire planyere (LA VIGNE, S.M., 1496, 476).

II. -

"Rejeter, mépriser" : ...croy son conseil et ne le mesprise ne contempne [var. condempne / contrepreigne] (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 148).

 

Rem. Ou est-ce un tout autre verbe (sur prangere) ? Mais preigne est une forme fréquente de prendre.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 3/77 
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     CONTREPRISE     
FEW IX prehendere
CONTREPRISE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : contreprise ; GD : contreprise ; FEW IX, 351b : prehendere]

"Ce que l'on prend en représaille, représailles" : ...mais cesseront toutes roberies, pilleries, prises de prisons, arsures, ravissemens, prises et reprisailles, marques et contreprises, et tous autres malefices par terre et par mer (Contenu trêves D., 1360, 311).

Rem. Doc.1375 (represaille ou contreprise) ds GD II, 278a.
 

DMF 2020 - Synthèse Denis Lalande

 Article 4/77 
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     DÉPRÉHENDER     
FEW IX prehendere
DEPREHENDER, verbe
[GD : deprehender ; FEW IX, 352a : prehendere]

"Prendre qqn en faute"

REM. Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des Princes, 1444 (ms. déb. XVIe s.), et Expos. de la reigle M.S. Ben. (éd. 1486) ds GD II, 518c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/77 
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     DÉPRÉHENSION     
*FEW IX prehendere
DEPREHENSION, subst. fém.
[*FEW IX, 352a : prehendere]

"Fait de prendre en faute" : Deprehension est chose mal prise (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 51).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 6/77 
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     DÉPRENDRE1          DÉPRENDRE2     
FEW IX prehendere
DEPRENDRE, verbe
[T-L : deprendre ; GD : deprendre ; AND : deprendre ; *FEW IX, 348a : prehendere]

"Saisir (qqc.), s'approprier (qqc.)" : ...et selon ce il sont illiberals, et sont enclins a ainsi prendre pour ce que il veulent trop desprendre. (ORESME, E.A., c.1370, 238). [Mais le sens de "dépenser" pourrait également convenir ; il s'agirait alors de desprendre]

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L II, 1427-1428. Doc.1314 ds GD II, 519a.

V. aussi desprendre
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/77 
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     DÉPRENDRE1          DÉPRENDRE2     
FEW IX 348a prehendere
DESPRENDRE, verbe
[T-L : desprendre ; GD : desprendre ; GDC : desprendre ; AND : desprendre1 ; FEW IX, 348a : prehendere ; TLF : VI, 1191a : déprendre]

I. -

Empl. trans. "Détacher qqn de qqc." : ...il est d'amer espris, Si qu'il n'en vuet estre despris... (MACH., D. verg., a.1340, 46).

 

-

Desprendre qqc. "Se détacher de qqc., mépriser qqc." : ...de la main de Dieu, que il avoient desprise (FOUL., Policrat. B., VIII, 1372, 95).

 

-

Empl. abs. "Détacher, ruiner" : Maiz par ceste parolle de Ezechiel est entendue la continuation de l'espece humaine, qui par generation cotidienne resuscite incessaument, et resuscitera tant comme Dieu permettra que nature fructifie et croisse tout sexe raysonnable. Car aultrement le fauldroit faillir et cesser, pour ce que sans favour mort desprent et corrompt tousjours, et perys seroit, se par continuation d'oeuvre de nature n'estoit resuscité et produit d'ommes pour habiter la terre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 108).

II. -

Empl. pronom. Se desprendre de. "Se détacher, se séparer de" : Et se prist pour dancier à la main de ladicte Jehanne contre sa voulenté, qui tantost se desprit de sa main ; et il tira contre elle. (Ch. VI, D., t.2, 1382, 132).

 

-

Au fig. "Se détacher de qqc., renoncer à qqc." : Gens lassés et recreus, Deffiez et mescreus, Et de vertu descreus, Qui a souffrir ne s'aprennent, Et lez biens qu'ilz ont eus Et par grace receus, Ont trop tost descongneuz, Sans savoir dont ilz lez prennent, De legier vers Dieu mesprennent, Et d'espoir tost se desprennent, Quant fortunes lez surprennent, Tost sont en ire cheuz. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 93).

 

-

Estre desprenant. "Se détacher, se séparer (de)" : Mais à tard sont moult de prenant [l. deprenant] (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 241).

III. -

Part. passé en empl. adj. Despris. V. dépris2, déprendre1
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 8/77 
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     DÉPRIS1          DÉPRIS2     
FEW IX prehendere
DESPRIS, adj.
[T-L : desprendre (despris) ; GD : despris2 ; FEW IX, 348a : prehendere]

"Méprisé, misérable, malheureux" : Car j'estoie devant desconsilliez, Povres, perdus, despris, et essilliez, Sans nul ressort, Quant je failloie a son trés dous confort. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 80). Et se desir tant que la voie Que mes dolens cuers s'en desvoie, Pour ce ne say que faire doie, Tant sui despris. (MACH., R. Fort., c.1341, 44). Quar quant la dame se consent Que son trés dous regart descent Seur les bestes qui eu pourpris Sont, li lions est si despris, Si las, si tristes, si dolens Qu'il n'est faucons, tant soit volens, Qui volast de vol si legier Comme il court parmi le vergier, Com cils qui n'a de riens envie Fors de briefment finer sa vie. (MACH., D. Lyon, 1342, 182). ...morir a honte le firent [Dieu] Nu et despris. (Mir. st Sev., 1362, 217). Or ne prise l'en plus leur sens, Ne leur avoir, car devenu Sont povres et despris et nu (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 255). Si leur orent les jardins bon mestier, es quieulx, despris et desconfis, se ficherent ens ceulx qui eschapper porent (Bouciquaut L., 1406-1409, 242).

Rem. Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 12/335.

V. aussi déprendre2
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/77 
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     DÉPRISATION     
*FEW IX prehendere
DEPRISATION, subst. fém.
[GD : deprisation ; *FEW IX, 348a : prehendere]

"Action de prendre, de s'emparer de"

REM. Ex. de 1377 ds GD II, 520c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/77 
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     DESEMPRISONNER     
FEW IX prehendere
DESEMPRISONNER, verbe
[GDC : desemprisonner ; FEW IX, 355b : prehendere]

I. -

Empl. trans. "Faire sortir de prison"

 

Rem. Ex. de FROISS. ds Littré, s.v. désemprisonner ; leçon desprisonnés ds FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 78.

II. -

Empl. pronom. "Sortir de prison, être libéré de prison" : Et la vigile de Noel, apres qu'ilz eurent fait leur requeste a madame sainte Katherine, si se desemprisonnerent tous et s'en yssirent en la presence du geolier (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 52).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/77 
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     EMPRENDRE1          EMPRENDRE2     
FEW IX 347b prehendere
EMPRENDRE, verbe
[T-L : emprendre ; GD : emprendre ; FEW IX, 347b : prehendere]

A. -

[Idée de prendre, de saisir]

 

1.

Emprendre qqn

 

a)

Au propre "Prendre, saisir"

 

-

Etre empris en qqc. "Être pris dans qqc." : FORTUNE. (...) Il sont en ma roe si emprins Que je leur ay, malgré qu'il ayent, Osté trestoutte leur francise (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 256).

 

-

"Prendre, saisir, arrêter qqn" : Sy envoyèrent Gantois six-vingt hommes de leurs gens en la ville d'Aire pour prendre dame Ourse et l'amener devers eux ; mais comme son mari estoit de ceux de la Viefville, qui est un puissant lignage, il avoit semons en faveur de sa femme plusieurs de sa parenté, pour aucunement la garantir d'estre emprise. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 343).

 

b)

Au fig.

 

-

Empris de qqc.

 

.

[Avec une valeur positive] "Qui a la passion de qqc." : Chevalier qu'est de bien empris Doit estre courtois et gentilz Et doit garder pris et noblesce. Purement se doit contenir. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 88).

 

.

[Avec une valeur négative] "Animé de qqc." : Emprins sont de malvais coraige Cilz qui brisent lour mariaige ; D'aultruy femme ont chasteé vouhee. Garde toy bien de tel outraige (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 197).

 

-

Empris de + inf. "Désireux de" : Or sus, conpaignons de hault pris, Qui estes de mal faire emprins, Maintenant presnez le chemin Trestous, pour moy accompaignier Pour ces prisonniers enmesner Que l'empereur envoye querre (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 144). Quant je me voy en se noble pourpris, Resplendissant sur ceulx de ma semblance, Le cueur m'esmeut et suis formant empris De regenter en plus haulte excellence (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 12).

 

c)

Au fig.

 

-

Emprendre qqn. "Contrarier, agacer qqn" : Ainsi, chiere suer, comme j'ay dit devant que vous devez estre obeissant a cellui qui sera vostre mary, et que par bonne obeissance une preudefemme acquiert l'amour de son mary et, en la fin, a de lui ce qu'elle desire, aussi puis je dire que par desfault d'obeissance ou par haultesse se vous l'emprenez, vous destruisez vous et vostre mary et aussi vostre mesnaige. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 73).

 

-

Emprendre en/sur qqn. "Intervenir contre qqn, attaquer qqn" : En son cuer Hardiesce maint, Son corps de valoir ne se faint, Car, s'aucun veult sus lui emprendre, Comme lion se veult deffendre (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 130). Par quoy ledit capitaine, esmu d'ire et de félonnie (...) commanda [à certains de ses hommes] d'aller en Avesnes (...) et aller devant justice demander pour quoy et comment les sergens et autres officyers avoient empris sur les gens du roy, en les voulant submettre à leur loy et ordonnance (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 104). ...qui est celuy au monde, fils de prince, voire povre gentilhomme en la maison de son père, qui après avoir autant atteint au vray son parent ou subgect, avoir empris en sa personne par sorceries, par sacrifices et invocations de l'ennemi ["diable"] pour mort et autres mauvaises fins, ne fust venu en faire ses doléances audit son père pour en avoir justice...? (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 323).

 

.

Emprendre l'un sur l'autre. "Empiéter (sur le domaine de l'autre)" : Et pour che chaschun membre tiegne son offise et ne emprendent pas l'un sur l'autre et fache chaschun che que il doit faire, c'est que la main ne parle, ne la bouche ne escoute, ne l'oeil ne prende pas l'office de la langue. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 248).

 

-

Emprendre sur qqn/qqc. "Empiéter sur qqn/qqc." : Certainement, respondy une matrone, cest article croy je bien, car Dieu n'emprent jamais sur le droit d'autrui et aprés il pardonne, le droit de partie sauf. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 101). Allons doncques de bon cueur a celle guerre, en laquelle n'a quelque suspicion ou de faire injure ou d'enprandre sur aultruy (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 208).

 

2.

"Comprendre dans, placer (entre)"

 

-

"Placer (entre)" : Et sont les bancqs ordonnez par ordre, à l'encontre du passet, pour seoir les princes du sang, les ambassadeurs, les chevaliers de l'ordre et les grans pencionnaires par ordre ; et scet chascun où il doibt aler. Et derrière la chayere et le dos du duc sont empriz les escuiers du duc, c'est assavoir ceulx de la chambre, qu'en France on dit enfans d'honneur, qui aucunefois servent à l'estat d'eschanson, panetier et escuyer trenchant, quant le prince est en chambre à sa privauté (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 5).

 

-

[D'une chose] Estre empris dans qqc. "Être contenu, compris dans" : Ewangille sont quatre, k'on list en Sainte-Eglise ; Li vie Jhesu-Crist est par dedens emprise. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 246).

B. -

[Idée de prendre sur soi] Emprendre qqc.

 

1.

"Prendre sur soi, porter"

 

a)

Au propre

 

-

"Prendre sur soi, porter (une chose difficile à porter, au propre ou au figuré)" : ANNE. ...Mieulx vault de souffrir ung tel fol [Jésus] Que d'enprendre sur nostre col Ung fardeau qui n'est point portable (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 221). Confession, Contriction Et moy veulx prandre ; Polucion D'infection Ne veulx emprandre. Je veulx apprandre A bien comprandre Et laisser ma detraction Sans plus de peché me surprendre (LA VIGNE, S.M., 1496, 392).

 

-

"Emporter, emmener, entraîner" : ...prestement et comme par envoi de Dieu, commença un tel discord et desroy entre ceux qui l'avoient prise et desconfite, pour cause du butin et du gagnage de sa despouille, que furieusement tuans l'un l'autre, comme gens enragés, n'entendoient plus à la très-douloureuse desconfortée royne leur princesse, mais l'abandonnèrent, et fuyans, l'un ci, l'autre là, par impétueuse fureur, pour occir et estre occis, afin d'emprendre leur proie à part, l'un d'un costé, l'autre de l'autre, dont il en ensuivy mainte mort. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 301).

 

-

"Accepter (une chose difficile)" : JÉSUS (à l'archange Michel). ...Ton benoist messaige m'efforce Et me donne vigueur et force De payer ce dangereux pris Que pour les humains ay empris. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 251).

 

b)

Au fig.

 

-

"Assumer qqc., se charger de qqc. (une charge, une fonction)" : Li gentils chevaliers s'escusoit par pluiseurs raisons, et ne voloit mies encores emprendre si grant fais que de la connestablie. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 233). Et entra en le cambre dou duch, et li requist moult aigrement que il volsist emprendre le fais des besongnes dou royaume et mettre y conseil. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 96). Cil, au commandement et ordonnance du duc, emprist le soing et la charge de garder, et à ses perilz, les chastiaux. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 172). ...pour le grant desir que j'ay pour deffendre ce royaume, je suis content d'emprendre ceste charge. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 342). "...j'avoye besoing de ung tel capitaine comme vous estes, qui emprinstes la charge de conduire mes hommes et ma chevalerie en la deffaulte de moy a l'encontre des Rommains..." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 195). Le roy cessa atant son testament. Peleus emprint la charge de gouverner le royaulme et de lors en avant se prinst a regenter la cité et Jason, qui par trait de tamps parvint en l'aage de dixhuit ans. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 127).

 

-

Emprendre qqc. en/sur soi. "Prendre sur soi, assumer (la responsabilité de qqc.), se charger de qqc." : LE MARQUIS [à Griseldis]. (...) tu cougnoiz sanz contredit Mes condicions et mes meurs, Et comment on doit les seigneurs Et dames ceans recevoir (...) Vueil que tu empregnes en toy Toute l'ordennance et la cure [de mon remariage] (Gris., 1395, 90). ...il emprint sus lui l'aventure et jura qu'il demourroit a la tombe celle nuit et sans compaignie (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 261). "Tarquin, se vostre voulenté est telle que vous dittes et que vous voeilliez empredre le champ sus vous, je resigneray la moitié de ma terre en voz mains." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 258). Et vela pourquoy les pucelles n'ont au jour d'hui nulle fiance en leurs desirs fors en vostre aide, car oncques chevalier n'emprint sur lui sy haulte charge ne tant gentement achevee. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 106).

 

2.

"Éprouver (tel sentiment)" : ...il fist tant devers messire Regnault d'Esconnevort que cilz emprist une petite haynne devers ledit chevalier à petite occoison (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 175).

 

-

Emprendre qqn en tel sentiment : Apriès, avint que li rois Phelippes emprist et acqueilla ce monsigneur Robert d'Artois en (...) grant hayne. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 100). ...li rois Phelippes emprist et aquella ce messire Robert d'Artois en (...) grant haine en l'oqison d'un plait qui esmeus estoit en parlement a Paris (FROISS., Chron. D., p.1400, 196).

C. -

[Idée d'allumer, d'enflammer]

 

1.

Empl. trans.

 

-

[P. méton. de l'obj.] "Allumer qqc." : Lors commanda qu'on empreïst La fournaise et qu'on y feïst Le feu plus grant qu'on ne soloit Set fois, car einsi le voloit. (MACH., C. ami, 1357, 21).

 

-

[D'une émotion] "Causer des chaleurs à qqn, faire rougir qqn" : "Sire, dit la pucelle qui tant ot le corpz gens, Vuelliez a moy juer s'i vous vient a tallant !" Et quant Ollivier l'ot, trop grant honte l'enprant, Car ne sceit que c'estoit ; ne rien ne s'i antant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 778).

 

-

[D'un organisme] Empris d'un mal. "Rongé (par une maladie)" : Elais, dit Florantine, li mien corpz est faillis, De teille mallaidie enbrasee et enpris, Se j'estoie avuec vous ung poc, se seroit parraidis ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 305).

 

-

Au fig. [D'une chose abstr.] "Enflammer qqn" : Engin ne comprent Ta vertu ne prent, Tant par est feconde ; Cellui qu'elle emprend, Ame ne sourprend Tant le garde munde. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 440).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom. "S'enflammer" : Si getta [l'ange] le brandon dautre [l. d'autre] part, dont layr [l. l'ayr] dentour [l. d'entour] semprist [l. s'emprist] et ardit comme on en pouoit ouyr le bruit (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 55).

 

-

[Dans le langage amoureux]

 

.

[Du coeur] : Quant les dames sont a loisir Et chascune dit son plaisir Des bachilers, des juenes gens La maniere du contenir, Et de l'aler et du venir, Le cuert leur eschaufe et emprent. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 153). Quant la pucelle ouÿ l'escuier en present Qui du gentilz Florent telz nouvelles reprent, Amours l'embrase sy que tout son cueur emprent. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 136).

 

.

Estre empris de qqn. "Être enflammé d'amour pour qqn" : ...Car amour en ce point la print et la saisy Si que droit dans le cueur la frappa et fery, Quant l'enfant v(e)oit si bel, tout le cueur ly fremy, La en fut si enprinse du damoiseau joly Que volentiers le v(e)oit la belle davant ly (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 216).

 

.

[D'une pers.] Estre empris de qqc. "Être enflammé (ici d'ardeur amoureuse)" : Vous diz que loyaument fait ceste questïon Coume chilz qui est empris de l'amoureulx brandon, D'Amours par qui maint cuers sont en subgjectïon. (Les enfances Garin de Monglane, 1400, 55).

REM. On a groupé sous emprendre1 ce qui correspond à emprise "entreprise", sous emprendre2 tout ce qui correspond à prendre. Parfois emprendre est mis par agglutination pour en prendre : : Dist Melyador : "Ne me caille Qu vous soiiés, sachiés de voir ; Mais faire vodrai mon devoir Enviers vous, comment qu'il m'emprende [l. en prende "de quelque façon que tournent les choses pour moi"]..." (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 114). Si eurent moult de povretez tout les plus grans seigneurs qui y furent (...) si comme vous recordray comment il leur emprist [var. comment il leur en prist "comment les choses tournèrent pour eux"]. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 85).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 12/77 
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     EMPRISER     
FEW IX prehendere
EMPRISER, verbe
[GD : empriser2 ; FEW IX, 347b : prehendere]

Empl. pronom. "Allumer"

REM. Doc. 1456-1492 (l'on lui fist grand luminaire de torches empriser) ds GD III, 75c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 13/77 
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     ENTREPRENANCE     
*FEW IX prehendere
ENTREPRENANCE, subst. fém.
[*FEW IX, 350a : prehendere]

"Qualité de celui qui ose, entreprend" : Audentia (...) : hardiesse, entreprenance, presumption (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 36).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 14/77 
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     ENTREPRENDANT     
FEW IX prehendere
ENTREPRENDANT, adj.
[T-L : entreprendre (entreprendant) ; GD : entreprendant ; FEW IX, 349a : prehendere]

"Entreprenant, hardi" : Et Robiers du Rosoy, qui fu entreprendans, Demora ou castiel : dont il fu bien dolans. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 204). "...Trop est entreprendans, De parfaire sen veu est trop certez engrans..." (Hugues Capet L., c.1358, 69). ...mais le duc de Guerles, qui estoit joennes et entreprendant, n'en fist nul compte et respondy à son pere qu'il ne feroit aultrement, et que plus chier il avoit la guerre au roy de France que à ung povre homme. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 179). Il est voire qu'il fut mult bon chevalier et combattans, preux et hardis, fort et entreprendant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 60). Pour le temps que chil Escoçois estoient entré ens ou pais de Northombrelande, il n'avoient point le roi Robert de Brus en lor compagnie, mais deuls aultres vaillans honmes a chapitainnes, c'est a savoir le conte de Moret, et s'armoit pour lors d'argent a trois orilliers de geules, et messire Guillaume de Douglas, le plus hardit, vaillant et entreprendant de tous les aultres (FROISS., Chron. D., p.1400, 128). [Ex. passim] "...vous estes moult vaillans, Et en grandes batailles fiers et entreprendans..." (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 190). ...ly rois a ung nepveu qui est le plus hardis et ly plus entreprendans et ly mieudres chevaliers qui soit au monde, et est appellés Marcq, filz a YsaIïe le Triste (Ysaÿe Triste G., p.1400, 320).
 

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     ENTREPRENDEUR     
FEW IX prehendere
ENTREPRENDEUR, subst. masc.
[GDC : entrepreneur ; FEW IX, 349b : prehendere]

"Homme entreprenant" : ...Le plus poissant en fait de guerre, Le plus poissant entreprendeur, Le plus haut poissant akieveur (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 23).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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     ENTREPRENDRE     
FEW IX prehendere
ENTREPRENDRE, verbe
[T-L : entreprendre ; GD : entreprendre ; GDC : entreprendre ; AND : entreprendre ; DÉCT : entreprendre ; FEW IX, 349a : prehendere ; TLF : VII, 1245b : entreprendre]

I. -

(Synon. de emprendre1)

A. -

[Idée de commencer, d'engager qqc.]

 

1.

Entreprendre qqc.

 

-

"Se mettre à faire qqc., commencer qqc." : Mais cils qui sëoit au deseure Seur l'arbre entreprist le parler Et encommença a parler, Et me rendi si doucement Mon salu, que le hardement Qui estoit en moy tous perdus Me fu par son parler rendus. (MACH., D. verg., a.1340, 20). Soing, penser, desir de savoir Ait, si porra science avoir. Et l'entreprengne [var. et lautre prengne] en juene aage, Eins qu'en malice son corage Mue par trop grant congnoissance. (MACH., R. Fort., c.1341, 2). Guillaume, biau sire, Vous avez piessa oy dire Que c'est folie d'entreprendre Plus que pooirs ne puet estendre. Et toute voie, s'on emprent Aucun fait de quoy on mesprent, S'on s'en repent au moien point, Encor y vient il bien a point. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267). Mais si grant fait n'oseroie entreprendre, Se je n'avoie avec moy prestement Vos trois enfans pour moy duire et aprendre, Com dit m'avez ici presentement. (MACH., Prol., c.1377, 3). Pour ce fault il que vostres sires nostres fils, avant que il entreprende si grant cose que de renvoiier son honmage au roi de France et li desfier, que il viengne par deça la mer, acompagniés de son consel (FROISS., Chron. D., p.1400, 250). ...attendu que ladicte Université de Paris a grosses besoignes entreprises pour le bien publique, et ne puet pas vacquer à tant de choses ensemble (BAYE, I, 1400-1410, 162). ...ou cas que de leur propre auctorité ilz vouldroient aucune chose faire, entreprendre ou attempter en leur prejudice (FAUQ., I, 1417-1420, 76). Et ceste chose avoient ilz entrepris, comme jonesse fait souventeffoiz entreprendre les gens oyseux. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 82). ...il n'est chose qu'on ne doye entreprandre pour eschever la mort. (C.N.N., c.1456-1467, 143). Quoy que soit, Reproche en aray des Juïfs [d'avoir décapité Jean-Baptiste]. Las, de ma vie ne fis pis Ne entrepris ! Maintenant suis je bien mauldit De me estre en l'espice mis. (Pass. Auv., 1477, 109). Mieulx vault soy taire sottement, Que trop (en) saigement en parler. Ha, par Dieu, j'en ay veu bransler Pour trop grans choses entreprendre. (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

-

Prov. Chose hardiement entreprise est à moitié faite : Je ne lui sauray ja mal gré de cela, car puis qu'il se sent puissant de lui mesmes, et il est hardiz et emprent hardiement, ce n'est que bien, car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. Et atant en laissent le parler. (ARRAS, c.1392-1393, 283).

 

.

Sagement entreprendre fait bien executer. "La bonne conception d'une entreprise en garantit la bonne exécution" : Saigement entreprendre fait bien executer. Car le principal point de toute la guerre, c'est après Dieu la discretion du chief. Car, se le chief n'est discret et moderé, à paine fera-il chose qui vaille, ne lui, ne ceulx qui sont en sa conduitte. (BUEIL, I, 1461-1466, 130).

 

-

Entreprendre qqc. à qqn. "Engager (un procès) contre qqn" : ...il vous couvient amender Un autre fait qui me desplait, De ce que vous prenistes plait Contre dame de tel vaillance (...) Que je ne say haute personne, Tant com li siecles environne, Prince ne duc, conte ne roy, Qui osast faire tel desroy, Guillaume, comme vous feïstes Dou plait qu'a li entrepreïstes, Et meïstes force et vigueur En aler avant par rigueur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 269).

 

-

Empl. abs. "Agir" : ...clemence les fait estables et fermes [les princes], et de la clemence et humanité du prince naist confidence, de confidence sceurté, de sceurté hardement d'entreprendre et constance de conduire, mais du contraire de clemence naist souppeçon, de souppeçon vengence, de vengence rancune, separation et murmure. (CHART., Q. inv., 1422, 63). Mais, s'en devoir vous decevez Par legierement entreprendre, Vous mesmes vous pouez reprendre Et avoir a raison recours, Plus tost qu'en foul espoir actendre Un tresdesesperé secours. (CHART., B. Dame, 1424, 353). ...car il estoit tardif et craintif à entreprendre, mais à ce qu'il entreprenoit il y pourvoyoit si bien que à grant peine eust-il sceü faillir à estre le plus fort et que la maistrise ne luy en fust demourée. (COMM., I, 1489-1491, 145).

 

-

Entreprendre + inf. : Le marché fut fait, et entreprint garir net cest oeil (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

-

Entreprendre à/de + inf. : ...il n'est chose en ce monde que mes corps peust souffrir que je n'entrepreysse a faire a vostre commandement et par quoi je vous peusse veoir (MACH., Voir, 1364, 594). Amiraus et grans druguement Estoit dou soudan. Et briefment Ces IJ. avoient entrepris A destruire le roy de pris Qui de Chipre a la signourie. (MACH., P. Alex., p.1369, 182). Et avoient entrepris entre euls deus d'aler veoir le convenant des Englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 331). Mais avant qu'ilz entreprenissent de entrer en la cave, demanderent des adventures que le prebstre leur dist tout au long, et les asseura comme cellui qui tousdiz voulloit aler le premier jusques auxdictes portes, et non plus avant (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 83). GABRIEL. Sebastient, Dieu te salue. Entreprans d'avoir diligence, De concellier en pacïence, Ceulx la qui en aront besoing. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 105). Trop bien est il content, pour pitié et aumosne, luy faire quelque gracieuse aide d'argent, pource qu'il avoit entrepris de garir sa fille (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...l'autre dist que tresdifficile seroit, neantmains il oseroit bien entreprendre a garir avecques l'ayde de Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 503). Puisque mort tu as volu prendre Pour moy et les aultres pecheurs, Je veulx desormais entreprandre De frequenter tes bons prescheurs (LA VIGNE, S.M., 1496, 152). Aussi, moy estant à Laval, André Trolop et Jacques de Guité entreprindrent de faire armes à oultrance devant moy ; à quoy je leur baillé jour auquel ilz se trouverent tous deux. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 355).

 

.

S'entreprendre de + inf. : La s'entreprint Tristan a la chere senee D'armer le riche conte par telle destinee Que tant bien lui advvint qu'au conte bien agree (Tristan Nant. S., c.1350, 656).

 

2.

En partic.

 

a)

Entreprendre une action militaire : Entreprenons la guerre, signeurs, c'est mes avis, (...) Et faisons forteresse par sens et par avis ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 211). Celle vierge toute sa vie Fu, car tant ot noble courage Qu'a homs, tant fust de hault parage, Ne se daigna coupler, ne prendre, Ne volt fors armes entreprendre. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 11). ...dont par telles angoisseuses penssees ne osa oncques entreprendre la battaille, ains se retrayt ; dont ses gens furent esbahis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 44). Et quant a vous, Saintré, vostre cuer et vous ne cesserez jamais d'entreprendre armes et voiaiges ? (LA SALE, J.S., 1456, 237). Quiert le repos : N'entrepren guerre pour casser buys ne pos (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 90).

 

-

Entreprendre une croisade : Car il y avoit des parans, Des plus grans et des plus parans, Pour eaus requerir, par linage, D'entreprendre le saint passage, Les uns par dons et par prieres, L'autre par faire bonnes chieres, Tout pour aquerir l'aliance Des bonnes gens d'armes de France. (MACH., P. Alex., p.1369, 17). En ce temps, vint il en devotion au roi Phelippe d'aler en Avignon veoir le pape Benedich (...) et par son consel entreprendre le voiage d'outre mer et conquerre la Sainte Terre (FROISS., Chron. D., p.1400, 240).

 

-

Empl. abs. TOURN. "Décider de porter un défi, impliquant des combats successifs" : C'est a tous chose mal faite de entreprendre, et pis de executer, sans licence de son seigneur ou de cellui qui a son pouoir et sa charge. (LA SALE, J.S., 1456, 237).

 

.

Part. prés. en empl. subst. "Seigneur qui organise un pas d'armes, un tournoi" : Sy voulut le duc en faveur de l'entreprenant qui estoit estrangier et homme de grant los, que le remanant du mistère se parfist devant lesdites dames, là où les joustes se feroient (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 463). Je crois et sçay assez qu'en l'hostel de monseigneur le roy y a assez gens qui désirent chacun endroit soy de débouter l'entreprenant et le mettre hors des lices (Faits Lalaing K., c.1470, 53).

 

-

Inf. subst. "Entreprise militaire" : ...De leur païs furent hors mis Et essilliés tous leurs amis, Par la guerre, par l'entreprendre De l'empereour Alixandre (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 120). Non obstant toutes ces choses [une attaque ennemie contre son bateau] Herculés ne fleschy point de son entreprendre. Il passa par les coups de ses ennemis. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 385).

 

b)

Entreprendre un chemin, une voie (au propre ou au fig.) "S'engager, se lancer dans" : Cuides tu, s'Orpheüs sceüst Qu'Erudice avoir ne deüst, Qu'il se fust mis en aventure D'entreprendre voie si dure ? (MACH., C. ami, 1357, 93). Et ala Remond visiter les hermitaiges, mais il ne fu que jusques au Ve, car la roche estoit si haulte qu'il n'y entreprist pas le voyage. (ARRAS, c.1392-1393, 272). Trop est personne aventureuse, Qui tel chemin ose entreprendre, Nonpourtant voit on que l'emprendre A fait maint monter au plus hault Et que souvent a plusieurs vault, Non obstant soit il merveilleux Et par la monter perilleux, Et que celle voye moult glice. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 115). Lors voulra la voye entreprandre De venir jusque en ma maison (LA VIGNE, S.M., 1496, 409). ...d'autre part a tant d'angoisses qui te occupent le pas, que ce chemin est triste a entreprendre et grief a maintenir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 14).

 

c)

Au fig. empl. pronom. "S'engager (dans tel état)" : ...Hennequin de Ruilly, à present mary d'elle qui parle, s'acointa et aproucha d'elle, et tant fist par ses belles parolles qu'il ot compaignie charnele a elle ; et, environ six sepmaines après, fiancerent li uns l'autre de leurs consentemens, et promistrent eulx entreprendre par mariage assez briefment ensuivant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 326).

 

3.

Part. prés. en empl. adj. Entreprenant./entreprendant. "Audacieux, hardi" : C'estoient une gent, pour voir, Dous, humble, courtois, amiable, Entreprenant et veritable, Po emparlé, fier et hardi. (MACH., D. Lyon, 1342, 206). Si qu'il estoient si vassaus Es batailles et es assaus, Si hardi, si entreprenant, Si viguereus, si avenant Et si fier en trés tous fais d'armes Que les nouveles a leurs dames De leurs entreprises venoient, Dont assés plus chier les tenoient. (MACH., D. Lyon, 1342, 207). Et Robiers du Rosoy, qui fu entreprendans, Demora ou castiel : dont il fu bien dolans. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 204). «...vous estes moult vaillans, Et en grandes batailles fiers et entrepredans...» (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 190). ...messires Guillaumes de Douglas, conme preus et entreprendans chevaliers qu'il fu, issi de lor hoost environ l'eure de mienuit (FROISS., Chron. D., p.1400, 148). ...li contes de Hainnau (...) estoit jones, hardis et entreprendans (FROISS., Chron. D., p.1400, 419). Ledit bastard estoit homme de faict, couraigeulx et entreprenant (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 3).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Homme hardi, audacieux" : Vous avez eu, par ci devant, Le vaillant conte Sallebry, Qui estoit grant entreprenant, Corageux, prudent et hardi (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 218).

 

.

[Maxime] Toujours sont les hardis et les entreprenants Aimés et honorés : Car de hanter lez bons en vient on en avant Tout jours sont ly hardy et ly entreprenant Amés et honorés ou qu'ilz soyent entrant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 219).

B. -

[Idée de fixer, de décider qqc.]

 

-

Entreprendre un repère temporel. "Fixer (une date, un moment)" : "Mon doux seigneur et amy, j'iray demain a l'hostel du conte et de la contesse et entreprendray avec eux le jour quils [l. qu'ils] viendront icy en l'hospital et vostre veu sera acomply au plaisir de dieu..." (Belle Maguel. B., c.1400-1450, 96).

 

-

Entreprendre que. "Décider que" : -- Si grandes furent que avant que Gayète fust perdue, et encores despuis, deux ans après le retour du roy et que le duc de Millan ne tint chose qu'il eust promise (qui ne faisoit point tout par tromperie ne malveillance, mais partie de crainte que si le roy estoit si grand qu'il ne le desfist après, et estimoit le roy de poy tenue et seüreté), fut entreprins que le duc d'Orleans yroit en Ast avecques ung nombre de gens bon et grant (COMM., III, 1495-1498, 272).

 

-

Entreprendre un moment pour + inf. "Fixer, définir (un moment) pour" : ... pour ce qu'il y avoit des biens du feu evesque en la maison episcopalle (...) entreprinsmes heure à l'emprés digner pour aller oudit hostel episcopal, tant pour en prandre possession que pour faire inventoire desdiz biens (Lettres Louis XI, V., Pièces justif., t.4, 1471, 363).

II. -

(Synon. de emprendre2)

A. -

[Idée de prendre, de saisir]

 

1.

Entreprendre qqn/qqc.

 

a)

[D'une pers.]

 

-

"Se saisir de qqn" : Einsi Fortune tous ceaus doe Qu'elle entreprent. (MACH., R. Fort., c.1341, 39).

 

-

"Attaquer qqn" : ...Par lui sont tous matz et confus Cilz et celles qu'il entreprent, Car la scïence qu'il aprent Est pour soustenir les mauvais. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 58). Or puis je dire Que de touz poins sui attrappé : Je cuidié proie avoir happé, Mais je me voy si entrepris Que puis dire en chaçant sui pris, Dont je me voy tout esperdu. (Mir. roy Thierry, c.1374, 300). Et là fu li Arceprestres bien bons chevaliers et vaillamment se combati, mès il fu si entrepris et si menés par force d'armes que durement fu navrés et bleciés et retenus à prisonnier. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 69).

 

-

Entreprendre un animal. "Harceler, attaquer (un animal)" : PREMIER VENEUR. Ces mastins [levriers] si ne font que braire. (...) A paines osent approuchier La beste qu'ilz voient à l'ueil (...). A ! Yvorine, mar y vas, Tu es trop foible a l'entreprendre. (Gris., 1395, 26).

 

-

Empl. pronom. réciproque. S'entreprendre

 

.

"Se saisir mutuellement" : Ces parolles finees, damp Abbés et le seigneur de Saintré s'entreprindrent et tournerent un ou deux tours, lors damp Abbés estant sa jambe et par dedens la lye a celle de Saintré, puis tout a coup se deslye et par dehors le trousse, tellement que les piés du seigneur de Saintré furent assez plus hault que la teste, et sur l'erbe vert l'abati (LA SALE, J.S., 1456, 281).

 

.

"Se battre" : Et incontinent que le dit Andrieu l'apparceu, il lui coru sus d'un baston qu'il tenoit, en soy efforçant de l'en batre et villener ; et lors le dit exposant et icellui Andrieu s'entreprindrent et en eulx entrebatant, icellui exposant, en soy defendant, fery du dit coustel le dit Andrieu, dont assez tost après mort s'en ensuy en sa personne. Pour le quel fait, le dit exposant se doubte qu'il n'ait esté appellé et banny (Doc. Poitou G., t.6, 1392, 81). Il quidoient estre combatu. Et tout ne fu riens, car chils haros estoit montés par varlès qui s'estoient entreprins ensamble. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 30).

 

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S'entreprendre par les mains. "Se tenir par la main les uns les autres (en signe de communion)" : Lors Adam et tout son convent Viennent a li [Saint Pierre] devotement Et de la viande prennent, Et apres graces en rendent Qui dites sont en grant deduit (...) Tous s'entreprennent par les mains (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 343). C'est bien dit, entreprenons nous Par les mains bien godinement. (Pac. Job M., c.1448-1478, 220).

 

.

S'entreprendre de paroles. "Se disputer" : Et avint que sus une remontière et sus les camps (...) doi escuier qui estoient à messire Jehan de Hollandes, le frère dou roi, s'entreprissent de parolles, et pour leur logis, à messire Nicle, et le poursieuoient de près pour li faire un grant desplaisir. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 260).

 

-

Entreprendre qqc. sur qqn. "S'approprier qqc. au détriment de qqn" : ...nous escripvons encores de rechef à nostre trés Saint Pere le Pape unes tierces lettres, touchant la restitution et restablissement de l'eglise de Grenoble à la personne de nostre amé et feal conseiller maistre Laurens Allemant, que maistre Josse de Sylenon, evesque de Sion, a depieça, à grant tort, entrepris sur luy (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1484, 31).

 

-

Empl. pronom. réfl. [D'un oiseau de proie] S'entreprendre. "S'en prendre à ses plumes" (Cf. note 150, p.308 de l'éd.) : ...et au bout des longes doit avoir un petit batonnet afin que se l'esprevier s'entreprenoit, que au bout du batonnet sans mectre la main l'en lui mecte les plumes a point (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150).

 

b)

[D'une chose concr. ou abstr.]

 

-

"Surprendre, saisir qqn" : Orguil les a si assailliz Et aveuglez et entrepris Qu'il trabucheront au passaige. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 90). Et lion li escrie a sa voix clerement : "Or avant, faulz parjurs, li corpz Dieu vous crevant ! Bien pert que vous avez menti villainnement, Si en serez pandut et encroéz au vant !" Gaudiffer se teut tout quoy, car honte l'antreprant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 440).

 

-

Entreprendre qqn de qqc.

 

.

[Avec une valeur négative] "Attaquer, saisir qqn (de qqc. de pénible)" : Si me convient sans cause estre peris Par .J. refu qui en riant m'amort, Se ma dame n'en fait briefment l'accort. Leur bataille est si crueuse et si dure Et de dolour m'a si fort entrepris Qu'en moy n'a mais joie n'envoiseüre, Esperence, scens, maniere n'avis. (MACH., L. dames, 1377, 226).

 

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[Avec une valeur positive] "Couvrir, envelopper de qqc." : MICHIEL. Filz du hault pourpris Ou tous biens sont pris, Ta naissance saincte Nous a entreprins De gloire et espris, Tant est haulte atainte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 70).

 

-

Estre entrepris de qqc.

 

.

"Être assailli par qqc. (de pénible)" : ...Appellé fut Serapion. Mais moult estoit de pou d'aage Quant il entra en hermitage, Dont ou temps qu'il estoit novice Il fu trop entrepris d'un vice [la gloutonnie] Qui tost maine a plusors pechiez Touz ceulx qui en sunt entechiez (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 35). Ains l'ay amé d'amour vraie et seüre, D'umble voloir, com fins loiaus sougis, N'onques vers li je ne pensai laidure, Tant fust mes cuers de doleur entrepris, Ne ne feray, pour mal ne pour tourment. (MACH., L. dames, 1377, 61). Trop est crueus li maus de jalousie Et trop greveus qui en est entrepris : On en perd scens, maniere, courtoisie, Pais, joie, amour, raison et tous delis Dont tous frans cuers puet estre resjoïs. (MACH., L. dames, 1377, 67). Dieu scet s'entrepris fu d'esmay, Car en pleurant tout regarday Destruit d'ennuyeuse gelee, Ce premier jour du mois de May, Quant de mon lit hors me levay, Environ vers la matinee. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 438).

 

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[Avec une valeur positive]

 

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"Être occupé par (une passion)" : Et se tu estoies si pris De vëoir ta dame de pris Que ne peüsses endurer Ses dous yeus, ne contre eaus durer, Et qu'entrepris de fine amour Fusses, de honte et de paour, Si que coulour et contenance Perdisses, aies ramembrance De moy toudis, comment qu'il aille (MACH., R. Fort., c.1341, 104). La m'assis pour prendre repos Et pour mettre a point mon propos Qui estoit tous entremellez Et si entrepris de tous lez De pensées contrarieuses, Unes douces, autres grieteuses, Que par maintes fois ne savoie Aus queles tenir me devoie... (MACH., D. Aler., a.1349, 386). De morir sui pour vous en grant paour Pour le desir dont je sui entrepris, Douce dame, que je serf et aour. (MACH., L. dames, 1377, 149).

 

-

[Dans un contexte amoureux] "Saisir d'étonnement" : "...Li doulz maintiens, li parfais sens, la grant noblèce et la fine biauté que jou ay veu et trouvet en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient que je soie vos amans..." (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 133).

 

-

Empl. pronom. réciproque

 

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[De deux choses] "Se rejoindre, se compénétrer" : ...ce qui est compris entre les deux aguilles chait et les aultres parties de la peau se entrepregnent l'une contre l'autre (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 12).

 

.

[À propos d'une greffe ; du support et du greffon] "S'unir, se mêler" : ...l'en trenche la vingne et joinct l'en le getton dedans, aguisié, avecques la souche percee et troee, si que le getton met la moelle avecques la moelle de la souche ; l'autre maniere, que l'en taille la souche au travers et que les moelles s'entrepreignent. (Rustican H., 1373-1374, 81).

 

c)

En partic.

 

-

[D'un phénomème physiologique, naturel] Entreprendre qqn

 

-

[D'une maladie] "Frapper, attaquer, atteindre qqn/des organes" : Au bastart print congé, que point ne s'y detrie Et au bon roy Ganor a la barbe florie Et a ses deux enffans qui [à qui] grande maladie Avoient [Avoit] entreprins ceur et poumon et fye. (Tristan Nant. S., c.1350, 514). N'a pas esté plaidoié pour ce que une merveilleuse maladie a entreprins generaument toutes personnes, hors enfans au dessoubz de VIIJ ou de X ans (BAYE, II, 1411-1417, 173).

 

.

Entrepris d'une maladie. "Attaqué (d'une maladie), malade" : Estoit il de mal entrepris Dedens le corps ? (Mir. femme, 1368, 199). Nostres Sires ne l'a mies volu consentir. Si m'a donné tant à faire à mon temps, et a darrains si entrepris si griefment de si grant maladie qu'il me couvient morir, si com vous véez (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 78). ...au jour d'ui moult po des seigneurs de ceans et des advocas et procureurs sont venus, entreprins de ladicte maladie. (BAYE, II, 1411-1417, 173).

 

-

[Du sommeil] "Prendre, saisir qqn" : ...que puis j'avoir ? De sommeil sui si entrepris Que ne puis plus. (Mir. chan., c.1361, 167).

 

-

[D'un élément naturel] : Au repasser celle eaue, il fut entreprins et ataint de leaue [l. l'eaue] qui estoit roidde, et fut noyez. (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 34).

 

2.

[Constr. indir., avec une idée d'hostilité]

 

a)

Entreprendre contre/sur qqn/qqc. "S'attaquer à qqn/qqc., entreprendre une acion hostile contre qqn/qqc." : Qui t'a adviser d'entreprandre Sur nous dieux, aussi sur nous prendre Chose dont te faille morir Par martire ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 123). Et ainsi, leur est neccessité d'avoir princes et seigneurs pour les entretenir en paix, tellement que l'un estat n'entrepreigne sur l'autre et que tous vivent en l'obeyssance de leur prince (GERMAIN, Discours outr. S., 1452, 318). Les roys et princeps terriens doivent bien regarder quant on veult entreprendre contre la jurisdiction ecclesiastique (JUV. URS., Verba, 1452, 359). Ainsi appert comme le Jouvencel, qui cuida entreprendre sur ses adversaires et les dommaigier, fut lui-meismes surprins par eulx (BUEIL, I, 1461-1466, 69). ...les Angloys ont arresté le navire de Monsr des Bordes, et pour ce se faut donner garde d'eux (...) sans entreprendre sur eux ny leur faire guerre. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1475, 368). Oultre, me offrit ledit duc de Venise que, si le roy vouloit entreprendre contre ledit Turc, qu'il auroit assés places en ce que je dis et que toute l'Ytalie y contribueroit et que le roy des Romains feroit la guerre de son cousté aussi (COMM., III, 1495-1498, 248).

 

b)

Entreprendre sur qqc. "S'en prendre à qqc., empiéter sur qqc. (un droit, un pouvoir...)" : Chascuns a sa juridicion, Son degré, sa subjection, Et ce dont se doit entremettre Sanz sa faulx en autrui blef mettre, C'est a dire sanz entreprandre Sur l'estat de l'autre ne tendre A aler ou pas ne lui loist. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 299). Toutesfois comme nous ne vouldrions aucunement entreprendre sur les droits de Monseigneur (...), nous vous envoyons (...) un memoire touchant ceste matiere [les questions relatives aux monnaies du Dauphiné] afin qu'iceluy par vous veu puissions estre plus a plain informé. (Lettres Louis XI, C., t.1, 1440, 6). Et au regard des maistres des eaues et forestz, Dieu scet les griefz et extorcions qu'ilz font ou leurs lieuxtenans au peuple, non mie en gardant les eaues et forestz du roy, ainsi que ilz doivent faire, mais entreprenant sur les terres des seigneurs hauls justiciers, ou le roy en ce cas leur deffend par ses ordonnances royaulx. (JUV. URS., Nescio, 1445, 521). Mais en effect, voiant que sa maistresse se fioit fort en elle [et] luy monstroit grans signes d'amours, elle a voullu fort entreprendre sur elle et se mesler de toutes besongnes. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 83). ...[certains particuliers prétendent] qu'on leur a dit que pour le moins ilz aront, leur vie durant, la joyssance du prouffit desdiz, seaulz et geolles, et que aprés leurs trespas ilz seront baillez à ferme ; laquelle chose, s'ainsi estoit, ce que ne povons croyre, seroit fort entreprandre sur nostre auctorité (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1483, 117). Force alphonsine estimez a rien estre, Car mieulx vauldroit qu'elle fust a renaistre Et ses soubdars dedens la mer estains, Que d'entreprendre sur voz povoirs haultains (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155).

 

c)

Empl. pronom. à sens passif S'entreprendre contre qqn. "Se tramer contre qqn" : Item, le barbier de Rochefort et son frere le prestre, demourans à Clermont, quant il estoit au roi, lui rapportoient tout ce que par les gens du pays s'entreprenoit contre ledit Merigot. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 180).

 

3.

Part. passé en empl. adj. (Estre) entrepris (de qqc.). "Être absorbé (par qqc. de positif ou de négatif)"

 

a)

"Être absorbé, occupé (par qqc.)" : Et il estoit si entrepris Qu'il n'acontoit riens a son pris, Si ne volt vers moy revenir. Lors le laissay je couvenir Aussi comme amans qui s'amie Ne porroit traire de folie. (MACH., D. Aler., a.1349, 383). Mais de joie les vy seurpris Et d'amour nouvelle entrepris, Et un chascun avoit ja pris Et choisy un seul loyal per. (CHART., L. Dames, 1416, 199).

 

-

Entrepris de qqn. "Épris de passion pour qqn" : La poursuite d'amour est grans, Ce dist Platon et Lysias, Qui en ses escrips sur ce cas Termine et met les grans dommaiges Venens de ces amours sauvaiges : Tel amour par vray jugement Ne se maine, mais autrement Par fureur ; et ancor a pis Qui est de sa femme entrepris. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 175).

 

b)

"(Être) embarrassé, gêné, mal à l'aise" : Mais quant une dame de pris Voit l'amant qui est entrepris, Qui n'use pas de faus samblant, Eins a membres et cuer tramblant, De paour desteint et nerci, Quant il li vuet rouver merci... (MACH., R. Fort., c.1341, 63). Elas ! bien doi estre esbahiz. Je me voy nu et entrepris, Ce que n'avoie pas apris (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 256). Adversité m'a fort sourpris Tant que ne say que faire doye ; Pour moins on seroit entreprins, Remede il n'est que y voye. (GARIN, Compl., 1460, 62).

 

-

Entrepris de + subst. indiquant la cause : Si s'esmerveilla durement ceste damoiselle (...), et se trouva toute entreprise de l'onneur que ce prince lui faisoit (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 240).

 

c)

"Être abattu, affligé, malheureux" : Si que la estoient si plains De plours, de souspirs et de plains, Si enlaciez, si entrepris Et d'Amours telement espris Que de flair, de vëoir, d'oïr, D'odourer, de tast le joïr Perdoient (MACH., D. Lyon, 1342, 196). Quant cil qui avoit nom Gieffroy vit que Berinus lui fu eschappez et qu'il s'en fouy pour la paour de lui, si en ot grant pitié et dist a soy mesmes : "Par foy, moult sera grant dommage se cil bacheliers, que je voy si entreprins sanz raison, n'a confort et aide, et se il pert le sien par defaut de conseil..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 57). "Dieu, comme je sui meschant et entrepris, quant je ne truis ou me conseillier" ! (Bérinus, I, c.1350-1370, 60). Mais prenons un vrai amoureus. Il sera si tresdolereus, Si vains, si mas, si entrepris Et des maus d'amer si espris Pour un pau de racointement Qu'on li fera duretement, Qu'il se gerra sur une couche Ou sur un lit ou on se couche, Et la ne se porra aidier, Ains ne fera que souhaidier Mercy ou mort. (MACH., Voir, 1364, 108). Si appellai mon secretaire Et li descouvri mon affaire, Comment fort estoie entrepris Et du mal amoureus espris. Il dist que je me confortasse Et que de riens ne me doubtasse, Qu'elle ne me morderoit pas ! (MACH., Voir, 1364, 200).

 

d)

"Fortement surpris, interdit" : Lors comme homme entrepris s'escrya et dist : "Ha ! Neronés, ou estes vous ne dont me vient l'anel que vous me aviez donné, que je perdis par ma folye ? Je ne sçay se c'est songe ou effect, mais vecy la plus estrange aventure qui me avint oncques, car je treuve en mon doy l'anel que j'avoye perdu..." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 344). ...la roine, toute entreprise du cas, quant le perchut [Jean Boccace, qui vient de ressusciter], perdy parolle et honteuse de son importun parler, differoit toute confuse de plus dire mot (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 87).

 

e)

"Content, ravi" : ...Et comment j'entray u pourpris [la demeure d'Amour] Si joyeus et si entrepris, Que je m'en trouvay tout ravi. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 95).

B. -

[Idée de se charger de qqc.] "Prendre qqc. sur soi" : Et c'est la cause, beaulx seigneurs, Qui nous meut, pour bien et honneur, D'avoir cestuy mistere emprins De vous demonstrer par doulceur La passion et la douleur Que pour nous tous a entreprins. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 33). Les assistentes tantost et sans autre deliberation dirent toutes a une voix que dame Ysengrine avoit tres bien dit, et de fait lui prierent qu'elle voulsist entreprendre ceste charge de lire la premiere pour ce lundy a l'eure assignee, et elles, sans aucune faulte, y seroient et si prieroient aucunes de leurs voisines, vielles et jones, pour mieulx auctorisier leur chappitre. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 81). Mon benoist Dieu qui en crois volus pendre Et pour nous tous griefve mort entreprandre Pour nous gecter hors de perdicion (...), Veille mon cas, comme il affiert, comprandre (LA VIGNE, S.M., 1496, 248).

 

-

"Prendre qqc. en mains, se charger de qqc." : A quoi se dëussent prend[r]e Garde ceux qui entreprendre Ont voulu le gouvernement Du roy par son assentement ; Mes non font, ains sont toux afflis, Et forains et ceux du païs. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 276). "...ce duc d'Irlande (...) entreprent le gouvernement de tout le royaulme d'Angleterre pardesseure les oncles du roy." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 22). ...mondit segneur le Dauphin se disoit regent et vouloit de son auctorité entreprendre la regence de ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 292). ...oncques n'avez eu tant de courage que d'entreprendre la defense de celle ou gist tout vostre bien et honneur. (C.N.N., c.1456-1467, 52). Qui ce congnoist se doit reprendre Sans entreprendre tel fardeau, Je tiens la chose par trop grande, Quant il y fault laisser la peau (S. fol, c.1480-1490, 7). Le tiers point, qu'il a esté bruit que Mons. de Bourgoigne avoit volu entreprendre le gouvernement du royaulme et plusieurs [choses] ou prejudice de mondit seigneur vostre frere, et qu'ilz le vouldroient bien advertir que ledit bruit n'estoit pas veritable, et en vouloient bien descharger mondit seigneur de Bourgogne envers luy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 220).

 

-

Entreprendre qqn. "Prendre qqn en charge" : L'Eglise devez deffendre, La vefve aussi, l'orphenin entreprandre, Estre hardis et le peuple garder (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 105).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 17/77 
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     ENTREPRENEUR     
FEW IX prehendere
ENTREPRENEUR, adj. et subst. masc.
[GD : entrepreneur ; GDC : entrepreneur ; FEW IX, 350a : prehendere ; TLF : VII, 1246a : entrepreneur]

I. -

Adj.

A. -

[D'une pers.] "Entreprenant" : Et s'il n'a cuer, Amours tout neuf lui fait Et l'enhardit ainsi et le parfait D'estre vaillant, Entrepreneur, prest, legier et saillant, Soit a deffendre ou soit en assaillant (CHART., D. Fort., 1412-1413, 174). Vraie amour fait les cuers vaillans, Entrepreneurs et assaillans Semblablement (CHART., L. Dames, 1416, 286). Il [le conte d'Arondel] estoit fort entrepreneur ; sa destrousse fut de grant prouffit pour le roy. (CAGNY, Chron. M., 1436, 193). Ledit conte de Ligny estoit un grant homme de guerre, puissant d'amis et d'avoir, vaillant et entrepreneur, et l'ung des plus renommés chevaliers de son temps. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 242). ...il s'estoit monstré homme magnanime, hardy et entrepreneur, et desjà avoit prins et gaigné Chasteau Villain sur les François (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 269).

B. -

[D'une chose] Entrepreneur de qqc. "Qui entraîne, pousse, incite à qqc." : ...estant contencieux, rumoreux et entrepreneur de débatz (Cartul. Laval B., t.3, 1496, 383).

II. -

Subst. "Celui qui entreprend qqc., qui sait entreprendre" : Et se firent honnourer, et amer, Craindre et doubter decha dela la mer, Justes en faiz, secourans leurs amis, Durs ez mauvaiz et fiers aux ennemis, Ardans d'onneur et haulx entrepreneurs... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 1).

 

-

"Celui qui entreprend (une action militaire, un combat), meneur" : Si est faicte la guerre par gens sans terre et sans maison ou que la greigneur part, que necessité a contrains de vivre sur autrui, et nostre besoing nous a convaincus a le souffrir et encores ne nous a la penitance de ce pechié chastiez, et quant les vaillans entrepreneurs, donc, mercy Dieu, a encor en ce royaume de bien esprouvez... (CHART., Q. inv., 1422, 57). ...lesquelz, pour aucunes désobéissances qu'il avoit faictes ou autre cas desplaisant ausdits Angloiz, lui firent trancher la teste, et principallement par envye, pour ce qu'ilz le véoient grant entrepreneur en la conduite de la guerre. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 177). Alors Saintré, qui ja estoit tout en point, comme le commenceur et entrepreneur de l'emprise, monta a cheval avec toute sa compaignie et partit par la maniere qui s'ensuit. (LA SALE, J.S., 1456, 110). ...si le très-excellent chrestien roy de France ou aucuns des princes de son sang auroient aucunes guerres dedans le royaume, par quoy leur fust expédient d'issir leurs frontières ou en leurs personnes tenir les champs, en ce cas ledit entrepreneur signifie à tous que s'il plaist à son dit très-redoubté seigneur, il se retraira à la plus prochaine ville du lieu où sera ladite guerre (Faits Lalaing K., c.1470, 194). Et à celluy pas ne vint aultre noble homme faire armes, dont l'entrepreneur fut moult deplaisant et ses compaignons, combien que plusieurs eussent promis de venir. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 123). ...l'entrepreneur de cestuy noble pas (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 151).

 

-

Empl. adj. : ...j'envoye à ceste dite assemblée ce message portant ceste lettre, (...) pour aller querre le chevalier entrepreneur, qui pour achoison de mes pitoyables larmes a tenu et gardé le pas emprès cette noble cité de Châlon (Faits Lalaing K., c.1470, 245).

 

-

[Dans un tournoi] "Celui qui à qui revient l'initiative" : Item, à cellui qui touchera à la targe violette, ledit entrepreneur sera tenus de lui acomplir pour ung jour autant de poux d'espées à trois pas de desmarche entre chascun poulx, sans poursieutte, que ledit chevallier ou escuier estrange lui vorra deviser. (Doc. 1448. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.1, 1453-1460, 268). Alors Saintré, comme le commenceur et entrepreneur et non mie appellant, fut a cheval le premier, faisant de sa bannerolle le vray signe de la croiz en disant sadicte beneisson, et le surplus par la façon qui s'ensuit. (LA SALE, J.S., 1456, 122). Et quant ilz furent tous deux venus et par la maniere que j'ay dit, le roy, qui ja avoit ordonné la mesure des lances et fait toutes ferrer, ordonna qu'ilz fussent du tout armez, et que le seigneur d'Oisselench, comme entrepreneur, fust sur les rens tout le premier, et ainsin fut fait. (LA SALE, J.S., 1456, 155). Aussy à sçavoir est qu'il est ordonné que les chevaliers ou escuyers qui viendront pour faire armes audit entrepreneur, ne pourront estre présens, ni voir aucun autre chevalier ou escuyer faire ses armes, jusques à tant qu'eux-mesmes aient accompli les leurs (Faits Lalaing K., c.1470, 190). Deux haches furent presentées au chevalier allemant, qui choisit, et l'aultre fut baillée à l'entrepreneur (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 122).
 

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 Article 18/77 
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     ENTREPRENNEMENT     
*FEW IX prehendere
ENTREPRENNEMENT, subst. masc.
[*FEW IX, 350a : prehendere]

"Entreprise" : ...le fol entreprennement Que mis a en sa volenté (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 95).
 

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 Article 19/77 
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     ENTREPRÉSURE     
FEW IX 350a prehendere
ENTREPRESURE, subst. fém.
[T-L : entrepresure ; GD : entrepresure ; FEW IX, 350a : prehendere]

A. -

"Entreprise" : Se ses peres, qui roy estoit, Et qui coronne d'or portoit, Sceüst dou fil l'entrepresure, Et qu'il metoit toute sa cure En ce passage seulement, Trop s'en courroussast durement, Si l'en peüst espoir retraire, Par force ou par sarrement faire. (MACH., P. Alex., p.1369, 13). Or vous voel je parler de deus grans entrepresures d'armes que messires Gautiers de Mauni fist, en le propre sepmainne que li rois de France fu deffiiés. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 154). ...Grant en fut le povairs [de la promesse] Et le entrepreseure (Cip. Vignevaux W., p.1400, 21).

 

-

Estre de grande/de hardie entrepresure. "Être entreprenant, courageux dans l'initiative" : ...dont ilh out VI fis tres vailhans et tres preus, et de haut corage et de grande entrepresure (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 70). ...et estoiient ly plus hardis et de plus grant corage et entreprezure qui fuissent en leur linage (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 8). A ce donc avoit dedens Honnecourt un abbet, de grant sens et de hardie entrepresure, et estoit moult hardis et vaillans homs as armes. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 167).

 

-

Avoir entrepresure contre qqc. "Engager une action contre qqc." : DIGULLEVILLE À JÉSUS. Mont te feroit grant injure, Së avoies si grant cure Pris pour faire son sauvement [de l'homme] Et plus grant entrepresure Selonc que requiert droiture N'en avoit contre temptement. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 124).

 

-

[En mauvaise part] "Action illégale" : Nul ne nulle [parmi les poissonniers de Paris] ne puet ne ne doit dire villenie à nul des priseurs davant dits pour la raison de son service, si comme se on luy disoit villenie pour pris que ilz prisassent, ou pour mauvais poisson que ilz jectassent en Saine, ou pour aucune entrepresure que ilz feissent sçavoir au prevost de Paris (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1484, 511).

B. -

"Construction ; p. ext. lieu"

 

1.

"Construction" : ...et Ysaïe alla veoir le chastel de Constant Folye, sy eut grant merveiles de l'entrepresure et dist que ly chasteaulx avoit bien son non. (Ysaÿe Triste G., p.1400, 334). Et si voit on pluiseurs chasteaux et entrepresures de grandes maisons qui monstrent parcidevant avoir esté de grandes magnificences (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 117).

 

-

"Ce qu'un édifice ou une propriété contient"

 

Rem. Doc. 1335 (petis viviers desous se maison et les entrepris des escluzes qui montent en tout wit jalois ou environ d'entrepresure) et MOLINET (éd. Buchon, acquit et paya une place, maison et entrepresure gisant audict Cambray) ds GD III, 297b.

 

2.

P. ext. "Dimension, surface" : Car, a l'entour de ce tref qui avoit grant entrepresure pour les officines appartenans au lieu, il y couroit une terrible et grosse riviere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 10).

 

-

"Étendue d'un lieu ; lieu" : Adont il trouva rieuz de fontaines qui couroient parmy l'entrepresure (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 519). Son cheval trouva (...) il monta dessus, et puis encommencha de chevauchier parmy l'entrepresure (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 525).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 20/77 
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     ENTREPRIS     
*FEW IX prehendere
ENTREPRIS, subst. masc.
[T-L (renvoi) : entrepris ; GD : entrepris ; AND : entreprise ; *FEW IX, 350a : prehendere]

I. -

"Pourtour, pourpris"

 

Rem. Doc. 1335 (petis viviers desous se maison et les entrepris des escluzes qui montent en tout wit jalois ou environ d'entrepresure) ds GD III, 297c.

II. -

"Fait d'entreprendre, entreprise" : ...l'une est la grace de la volenté et l'entrepris de comencer ; l'autre est la grace et la continuance de l'enoevre (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 240).

 

-

En partic. "Attaque, assaut" : Quant a moy, suis de ce complot Que nous y aillons cinq ou six Des princes, d'un commun accort, Pour provoir a leurs entrepris. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 355).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/77 
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     ENTREPRISE     
FEW IX prehendere
ENTREPRISE, subst. fém.
[T-L : entreprise ; GD : entreprise ; GDC : entreprise ; AND : entreprise ; FEW IX, 349b : prehendere ; TLF : VII, 1246b : entreprise]

I. -

[Correspond à entreprendre >II]

A. -

"Action concertée se proposant un certain but, ce que l'on entreprend de faire, projet"

 

1.

"Projet, action" : ...pour ce que le peril avoit esté si grant par la temerité et oultrageuse entreprise de venir devant Paris par lesdis Armighas (BAYE, II, 1411-1417, 86). Or le laissez venir, dist le mary ; il ne fist jamais si folle entreprise (C.N.N., c.1456-1467, 49). Le bon et sage seigneur, voyant son entreprinse estre bien achevée, print congé (C.N.N., c.1456-1467, 579). ...et leur fit faire serment, puis leur declaira l'entreprise et leur dist : "Vous vous en irez le plus secretement que vous pourrez, et gardez que vous eschevez tous les grans chemins et tous les carrefours..." (BUEIL, II, 1461-1466, 124). Tout mon entreprinse retraire Fait ce faulx mastin Nicolas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 104). SATHAN. (...) Mais, soit ou d'estoc ou de taille, Je feray a tel paillardaille Des griefz tant qu'ilz tresbucheront Et qu'en la fin dampnéz seront. Venez, dyables, m'aÿder A mon entreprinse Pour remedier. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107). RAPHAEL. Achevons donc nostre entreprise [l'enterrement de saint Quentin] Affin que de cy ne part. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 327). DOYEN. Je m'y en voys legierement Pour mectre a fin nostre entreprise. BAILLIF. Faictes vostre cas seurement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 403).

 

-

Prov. Tant tarde on que fault l'entreprise : Tant tarde on que fault l'entreprise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

 

-

Entreprise + adj. qualificatif péj. "Agissement, action (de telle nature)" : ...et vous a on rapporté que nous estions consentans de la mauvaistié que Glaude de Sion, qui estoit nostre cousin, vouloit et avoit commencié a faire devers nostre droit seigneur naturel monseigneur vostre pere. Dont, sire, il est bien verité que Glaude, avant qu'il eust fait ceste fole entreprise ne encommencié, nous assembla et nous dist : Beaulx seigneurs, vous estes tous de mon lignaige, et je du vostre ; c'est bien raisons que nous nous entramons comme cousins et amis. (ARRAS, c.1392-1393, 210). ...quant ilz vous auront privé de l'usaige et du fruit d'icelle [science de l'astrologie], vous ne puissiez plus estre adverty des faulses et perverses entreprinses, qui contre vous ou vostre royaume se pourroient bien faire ou machiner (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°). ...et fut celui qui descouvrit l'entreprise desloyalle que aucuns seigneurs d'Angleterre traictoient tradicieuseuent contre le roy Richard (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 v°). Soctes sans nul entendement, Sottes qui point d'advisement N'ont en leurs soctes entreprinses, LE SECOND. Soctes soctans vous estes prinses, Sottes [asottees] sottement, Je suis sot, pourtant, se je mens, Sotie me doibt pardonner. (Feste roys, c.1475-1500, 306). LE PREMIER. De folle entreprise, De femme requise, Ne vient que mechief. (Rapp., c.1480, 70).

 

2.

P. méton. "Initiative"

 

a)

Entreprise de commencer. "Esprit d'initiative" (Éd.) : ...[l'auteur remercie Dieu pour trois grâces] l'une est la grace de la volenté et l'entrepris de comencer ; l'autre est la grace et la continuance de l'enoevre ; la tierce si est grace de l'espace de vie tantqe a le complisement et la fyn de cest escrit (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 240).

 

Rem. AND, s.v. entreprise.

 

-

À/par l'entreprise de qqn. "À l'initiative de qqn" : ...deux cens hommes d'armes ou environ, entre une et deux heures après mynuit, entrerent en la ville de Paris par la porte Saint Germain des Prés, que aucuns jusques au nombre de IX ou X personnes de petit estat à l'entreprinse dudit sire de l'Isle Adam avoient secretement ouverte (FAUQ., I, 1417-1420, 126). Lesquelz de Bourgongne et bourgois avoient esté et estoient moult desplaisans de ce qui estoit nagaires avenu à Paris durant lesdictes commocions es jours dessusdiz par le fait et entreprinse du menu peuple de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 158). EVE. He, beau sire, a mon entreprinse Essayez en, mon chier mary ! Ja n'en aurez le cueur marry. Le serpent m'a dit pour le mieulx Que nous serons comme deux dieux, Saichans bien et mal : c'est grant chose ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 19). Premièrement, il vous deffent que ne faciez riens à l'entreprise de vostre ennemy. (BUEIL, II, 1461-1466, 32).

 

b)

Prov. On ne doit rien faire à l'entreprise de son ennemi. "On ne doit rien faire qui soit voulu par l'ennemi" : ...et leur direz ainsi qu'il y a ung proverbe commun, que chacun dit de toute ancienneté, que on ne doit riens faire à l'entreprise de son ennemy. (BUEIL, I, 1461-1466, 210).

 

c)

[D'une pers./d'une chose] (Estre) de + adj. laudatif ou péjoratif + entreprise

 

-

[D'une chose] Estre de mauvaise entreprise. "Être l'effet d'un mauvais projet" : ...souvent l'intention de l'homme est fructueuse et rendant salut, là où ce qui appert par dehors semble estre corrosif et de mauvaise entreprise (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 12).

 

-

[D'une pers.] (Estre) de grande/haute entreprise

 

.

"Avoir un projet, une mission importants" : Il est plus sainct que Jeremie Et plus sage que Salomon, Plus juste que Enoch ou Helye Plus puissant que le fort Sanson (...) Plus digne que l'evesque Aaron Et de trop plus haulte entreprise. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 94).

 

.

"Audacieux, hardi" : Je vous demande ung autre cas. Mignonne de haulte entreprise Qui porte les devises a tas, Lettres, couleurs de mainte guise, Peult estre qu'elle a nom Denise, Et son mary Jehan ou Thibault, Et neantmoins pour sa devise Porte une M qui faict Michault. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 18).

 

.

En partic. [D'un chevalier] "Qui manifeste une grande capacité de prouesse, d'initiative" : Et (...) arriva au palais ung moult preux et vaillant chivalier et de tresgrant entreprise qui se appelloit Othon (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 55).

 

-

Entreprise de + inf. "Projet de" : ...afin de resister à l'entreprinse que font le Connestable de France et Joachin Rouaul à tout grant nombre de gens de guerre de passer par les Duchié et Conté de Bourgoingne pour aler à Montbeliart (Ecorch. Ch. VII, T., 1445, 45). Et, le XVIe jour d'icellui moys d'octobre, advint qu'on advertit le roy qu'il y avoit entreprise faicte sur sa personne par aucuns ses ennemis de le prendre ou tuer dedens ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 131). ...et, puisque ainsi estoit que l'entreprinse et pourparlée de prandre le roy à Molusson estoit rompue et n'avoit été executée, il convenoit de faire et penser autre chose. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 187).

B. -

En partic.

 

1.

"Opération, campagne militaire, attaque armée, offensive" : Or prions Dieu qu'il le convoie. Qu'onques mais si grant entreprise De tant de gens ne fu emprise. (MACH., P. Alex., p.1369, 59). ...par iceulx chevaliers fu tesmoignié, et par leurs seremens, que au temps qu'ilz ont esté oudit pays de Limosin, ès frontieres dudit pays, pour deffendre icellui et resister à la male entreprinse dudit Merigot, (...) icellui Merigot tousjours a esté pourveu et avitaillié de vivres par aucunes gens du pays (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 202). ...il a esté sur la mer et en garnison (...) en nostre pays de Normandie, pour aidier à résister à l'entreprinse de noz ennemis. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 69). Et aprés ce qu'il eust conclud, fut illec la dame, que l'on cuidoit estre d'Allemaine, tresgrandement blasmee et mesprisee, et fut l'amant de sa bataille et entreprinse tres grandement loez, et de ceste belle nouvelle fut la joye illec si grande que a peine s'en pouoit on departir ne cesser de rire. (LA SALE, J.S., 1456, 304). Comment, Lancelot ! Fremmes tu les portes sur les talons du roy, et lesses ses gens dehors enmy les champs ? Que penses tu (...) ? Il sembleroit a ce veoir fere ainsi que tu eussez quelque malvaise intention (...) et que tu ayez quelque entreprinse sur main (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 84). Il est tout notoire que monsieur le conestable, que Dieu absoille, et monsieur de Dunois estoient chiefz commis et ordonnéz de par le roy pour le fait de l'entreprinse qui fu faite pour ladicte cause [réduction de la ville de Paris au roi de France], et en leur compagnie estoient pluseurs aultres notables seigneurs, capitaines, chiefz de guerre en grant nombre, et puissance des gens d'armes jusques au nombre de quatre ou cinq mil combattans ou plus au despens du roy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 198). Sa creance estoit fondée sur le desir que le roy avoit de long temps d'avoir bonne amytié avecques luy et que les deux royaulmes peüssent vivre en paix et que jamais, depuis qu'il avoit esté roy de France, il n'avoit fait guerre ne entreprise contre le roy ny le royaulme d'Angleterre, s'excusant de ce que autresfois avoit recueilly monsr de Warvic, disant que ce n'avoit esté seulement que contre le duc de Bourgongne et non point contre luy. (COMM., II, 1489-1491, 43). Cestui fut grant familier de Licius, lequel il advertit de faire la grande armée de huit cent mil hommes armés, pour resister à l'entreprinse des François, qui venoient contre lui. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 62 v°). Si eut une damoiselle de Dinan en son escolle, nommée Thiphaine Raguenel, qui puis fut femme messire Bertrand du Guesclin, au moïen d'une predicion qu'elle fist de sa victoire que eut et si bien le conduit qu'il fut connestable de France et acheva de moult haultes entreprinses en son temps et tant qui est estymé, et mis ou nombre des preux. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 v°).

 

2.

"Attaque, assaut (dans un tournoi, lors d'une campagne militaire, d'une chasse...)" : ...Mais la beste, qui fut de grant corsage, Ouÿt les chiens qui, de plusseurs façons, En la forest faisoient de divers sons ; Tantost se mist hors de mon entreprinse, Et autre a la prendre, passons ! Je l'ay chassee et ung autre l'a prinse. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 275). Quant les deux chevaliers veirent qu'il leur convenoit morir ou eulx deffendre plus vaillamment que raison naturelle n'enseignoit, ilz commencerent a ferir sy asprement sus les huit chevaliers que a la premiere entreprise ilz en occirent les deux. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 164).

 

-

"Action militaire, attaque, assaut (prévus dans une campagne)" : Je vous dy que en guerre les entreprises se doivent bien debatre à l'ostel froidement et à loisir et promptement executer aux champs. (BUEIL, II, 1461-1466, 217).

 

-

"Action militaire (laissée à l'initiative d'aventuriers)" : Mais, s'il y a aucuns petitz compaignons qui veullent faire des entreprises et serchier leur avantaige et aller à leurs avantures, comme avantureurs font, par toutes les voies qu'ilz pourront grever leurs ennemyz, à leurs perilz et fortunes, vous leur en laisserez faire (BUEIL, II, 1461-1466, 218).

 

.

[P. oppos. à defense] : En honneur à prince sont faiz de chevalerie, tant en ce qui touche les entreprendre comme en la deffence de son pays et de ses propres terres, de la quelle chose, si que chascun scet, est plus licite la deffence que l'entreprise, comme l'une soit de Dieu et l'autre de voulenté, mais neantmoins en toutes .IJ. sont congneues les propretéz de hault courage, car ne fait pas moins à prisier cellui qui bien deffent que cellui qui bien envaist, mais que telz choses par especial doient estre menées par le conseil des expers. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 107).

 

-

"Fait d'armes, exploit, prouesse" : Si qu'il estoient si vassaus Es batailles et es assaus, Si hardi, si entreprenant, Si viguereus, si avenant Et si fier en trés tous fais d'armes Que les nouveles a leurs dames De leurs entreprises [var. entreprinse] venoient, Dont assés plus chier les tenoient. (MACH., D. Lyon, 1342, 207). ...et y eut autant de belles proesses, hardies entreprises et belles rescousses faittes que fist oncques Rolant ne Olivier (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 128). Mais afin que de ce fussent bien infourméz et le bien ne fust oublié, on mectoit par escript les voyages, les entreprises, les fais d'armes, et toutes les vaillances dignes de memoire que y faisoit un chascun. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 101). Et, se aucun oultre l'ordonnance et deffence de son chevetain faisoit aucune entreprise, combien qu'il en venist au-dessus, encores estoit-il estroictement pugny pour la desobéissance. (BUEIL, II, 1461-1466, 13). Et à chascune fois portoit ung sac plain de poudre à canon, laquelle il espandit et [ung nommé Bellot] semit sur ledit pont de claies, et d'icelle feist une trainnée jusques à laditte breche, en quoy faisant il se mist en très grant dangier ; mais neantmointz paracheva son entreprinse ainsi qu'il luy avoit esté enchargé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 291).

II. -

[Correspond à entreprendre >II ; idée de prendre, de saisir]

A. -

Entreprise (d'une place)/sur (une place). "Tentative pour s'emparer (d'une place)" : ...La Hire et un nommé Potton de Sainte-Traille (...) firent entreprise sur la ville de Crespy en Lannois, et de fait la prirent d'eschelle dressée par nuyt (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 90). L'an mil IIIIcLXXIII, environ la fin d'avril, advint que le roy d'Arragon fist entreprinse sur la ville de Parpeignen et la print sur monseigneur du Lau, qui en avoit la garde et la charge, mais le chasteau demoura au roy et à ceulx qui dedens estoient. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 296). ...et ne seront faiz par ceulx de l'ung party sur l'aultre, de quelque estat qu'ilz soient, aucuns explois de guerre, prinses ou entreprinses de villes, citez, chasteaulx, forteresses ou places tenues ou estans ès pays et obeissance de l'ung ou de l'aultre, quelque part qu'elles soient situées ou assises (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 216-217). ...nous envoyons presentement par delà (...) le bailli de Lyon, et (...) Charles de Lissayre, pour une matiere qu'ilz vous diront, qui touche le bien de nous et de nostre ville de Lyon, sur laquelle sommes advertiz qu'il y a entreprinse. (Lettres Louis XI, V., t.3, 1468, 201).

 

-

P. méton. "Résultat d'une attaque (sur un édifice)" : "Sire, or poués vous veoir le remanant du plus beau palais qui fust en la Grant Bretaigne, ou tant de bonne chevalerie repairoit pour la bonté et la valeur du tres gentil prince le roy Perceforest." Moult regarda a grant merveilles le preu Ourseau l'entreprinse du Francq Palais et moult le plaindy, et sceut mauvais gré aux Rommains que ainsi l'avoient destruit. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 920).

B. -

Entreprise (contre/en l'encontre de qqn/qqc./au dommage/prejudice de qqn). "Attaque, atteinte, acte ou mesure hostile contre qqn/qqc., empiètement" : ...comme il fust venu à nos congnoissances les maieur, eschevins, habitans et communauté, subges [l. subgés] de nous contesse, en nostre ville d'Arras, avoir faites et commises et vouloir s'efforchier de faire et commettre pluiseurs desobeissances, mesusances et entreprinses en l'encontre de nous contesse (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379,,, 405). Comme le roy de Castelle ait par ses messages et ambaxateurs prié et requis au Roy nostredit seigneur, que pour résister à la male voulente [l. voulenté] et entreprise du duc de Lancastre (Ch. VI, D., t.1, 1387, 76). ...ledit mareschal mectra paine de retraire ledit messire Remon d'aucunes entreprinses qu'il pourroit faire au dommage du Pappe et de l'Eglise (Ch. VI, D., t.1, 1388, 96). ...pour les abuz et entreprises qui, à Paris et en la viconté de Paris, sont fait par pluseurs de la court ecclesiastique de l'evesque de Paris, ou prejudice du Roy et de ses subgiez (BAYE, I, 1400-1410, 144). Et si condempne ledit duc à remettre en estat les neuvelletez et entreprises faictes audit lieu de Nuefchastel contre l'arrest pronuncié en Parlement contre icellui duc (BAYE, II, 1411-1417, 77). ...faire cesser de cy à IIJ sepmainnes les excomuniemens publiés, passé a demi an, contre les ducs d'Orleans, de Bourbon, les contes d'Alençon, d'Armignac et autres, pour les entreprises et desobeyssances par eulx faictes ou prejudice du Roy et de son royaume (BAYE, II, 1411-1417, 81). ...pour certeinnes entreprises faictes par sa jurisdition ecclesiastique ou prejudice de la jurisdition temporelle, comme l'en disoit. (BAYE, II, 1411-1417, 214). Et neantmoins ceulz de l'Empire, en attemptant contre les procès pendans ceans, leur font des empeschemens et entreprises et les font appeller et aler souvent devant les maistres des monnoies. (FAUQ., II, 1421-1430, 225). ...en quoy lesdis greffiers ont fait nouvelleté et entreprise contre l'usage, stile et commune observance de la Court (FAUQ., III, 1431-1435, 2). ...ce sont abus et entreprinses contre la jurisdiction temporelle (JUV. URS., Verba, 1452, 372). Les dits heritiers demandeurs disoient au contraire Que en ceste matiere estoit question de sauvegarde Et entreprises faictes sur les droitz d'Amours (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 153). Et pour ce c'estoit une vraye entreprise contre la justice laye qui se devoit reparer par une trés grande et merveilleuse pugnicion (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 163). ...les inquisiteurs de la foy et les mendians font plusieurs entreprinses contre les gens d'esglise et leur jurisdiction (JUV. URS., Verba, 1452, 385). ...pour obvier aux mauvaises et dampnables entreprinses et voyes de fait d'aucuns des seigneurs de nostre sang (Cartul. Laval B., t.3, 1465, 203).

 

-

Faire entreprise sur qqn. "Porter atteinte aux droits de quelqu'un" : Toute joye est de nous exempte Puisqu'on faict sur nous entreprinse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 288).

 

Rem. Le passage corresp. ds GREBAN, Pass. J., c.1450, 86, se présente ainsi : Puisque ame fait sur nous emprise.

C. -

"Prise réciproque (au sens amoureux)" : Que voulez vous que j'en devise, Mon gorgïas et mon mignon ? Je ne sçay se la suis ou non, Car oncques mais n'en fus requise. Et qui plus est, point je n'y vise. Pour quoy doncques m'en parlë on ? Que voulez vous que j'en devise, Mon gorgïas et mon mignon ? Quant ce vendra, a l'entreprise, Noble suis d'armë et de nom, Assez pour garder mon renom En sa liberté et franchise. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 229).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 22/77 
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     ÉPRENDRE     
FEW IX prehendere
ESPRENDRE, verbe
[T-L : esprendre2 ; GD : esprendre ; GDC : esprendre ; AND : esprendre1 ; DÉCT : esprendre2 ; FEW IX, 347a : prehendere ; TLF : VIII, 41b : éprendre(s')]

A. -

Au propre

 

1.

"Allumer (du feu)"

 

-

[Du feu] (S')esprendre : Gettez sur li sanz contredit, Afin que le feu tost esprengne, Si que de lui riens ne remaingne Ni char ny os (Mir. femme, 1368, 217). Chils feus monta tantos amont, qui s'esprist ens es couvretures dou moustier : là moroient li Gantois qui estoient ou moustier à grant martire. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 70). Remondin, qui avoit alumé le feu, et qui bien avoit ouy ce que ly conte Aymery avoit dit, en partie, lui dist : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Le feu dedens l'esglise esprent (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 229). C'est trop plus forte chose d'esteindre le feu quant il a esprise et embrasee une maison que ce n'est a garder qu'il ne s'i esprengne (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 92).

 

.

[Cont. métaph.] : De plus en plus s'esprent toutdis li feus D'ardant desir qui mon corage ataint (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 69). ...plus pensoit a son clerc, et plus alumoit et esprenoit son feu. [Une dame est amoureuse d'un clerc] (C.N.N., c.1456-1467, 570).

 

-

[D'une pers.] Esprendre qqc. "Susciter qqc. (de l'ordre du feu, de la chaleur...)" : [Cont. métaph.] Quant Priam pensoit que il pourroit effacer celle petite tesche de honte, il ne advisoit mie que il povoit esprendre tres grans chaleurs contre ses bieneurtez legieres et passables a maniere d'une ombre. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 180).

 

2.

"Mettre le feu à, enflammer, embraser, brûler" : ...un grant millier (...) Qui tout en ont esté bersé, Ardanment espris et arsé. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 165). ...et envelopoient Sarrasins les pierres qu'ils trayoient d'estoupes d'ung doigt d'espois, ou ils semoient pouldre qui gectoit feu pour esprendre l'eschaffault (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 240).

 

-

[Du feu] "Enflammer, embraser" : C'est trop plus forte chose d'esteindre le feu quant il a esprise et embrasee une maison que ce n'est a garder qu'il ne s'i esprengne (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 92).

 

-

[Cont. métaph.] : Et, quant si grans ies et si dignes En fais, en oevres et en signes, Je te pri que ta vertu voelle Descendre en ceste verde foelle Et qu'elle l'alume et esprende, A fin que ceste ymage y prende A present mouvement et vie (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 101). Je sench le feu qui me sousprent, Qui tous me bruïst et esprent. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 154).

 

-

Empl. intrans. ou pronom. "Prendre feu, s'enflammer, s'embraser, brûler" : ...ce fu bien li buisson figurans Que Moyses vit ardoir et esprendre Sanz verdeur perdre en branche (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 246). Comment Gieffroy ardy Fromont, son frere, et C. moines et l'abbé en l'abbaye de Malleres. En ceste partie dit l'ystoire que Gieffroy, si tost que ses X. chevaliers furent partiz, il prist du feu a une lampe en l'eglise et bouta le feu ou feurre. La busche s'esprist. La peussiez oïr et veoir grant pitié, car, si tost que les moines sentirent le feu, ilz commencierent a faire piteux criz et tres amers et doulereux plains ; mais ce ne leur vault riens. (ARRAS, c.1392-1393, 251). Leur cité toute en feu esprendre Firent, et eulx mesmes s'ardirent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 257). ...un autre engin on fait, qui est appellé vigne, et cel engin fait on de bons ays et merrien fort (...), et le cueuvre l'en de cuir cru que feu n'y puist esprendre (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 231).

 

.

S'esprendre à ardoir : Jehans de Launoit, qui estoit ou cloquier, se veoit ou point de la mort et estre tous ars, car li cloquiers s'esprendoit à ardoir. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 70).

 

-

Part. passé "Enflammé" : ...et fouldres et tempestes cheoient aval, sy qu'il estoit advis que la mer fust embrasee et esprise. (Bât. Bouillon C., c.1350, 226). Si fissent enssi comme il ordonnèrent, et boutèrent tantos le feu en pluiseurs maisons qui furent en l'eure esprisses. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 23). Et envoierent en l'abbaye des biens grant foison et en menerent ce des vaisseaulx que ilz porent bonnement, si chargiez de l'avoir aux Sarrasins que plus ne povoient. Et ou remenant bouterent le feu, et fu toute la navire qui demoura esprinse. (ARRAS, c.1392-1393, 133). Les deux freres estoient dessoubz leur banniere, devant leur tente, en bon arroy et tres bien acompaigniez de noble gent, a grant foison de torches et de faloz espris, et y avoit aussi grant clarté comme se ce feust par jour. (ARRAS, c.1392-1393, 156). Et aussi le feu avoit esté bouté ès logis secrètement, par quoy ladicte bastille fut assés tost esprise. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 314). ...le feu courut par le fil, ainçois qu'il l'aperceust jusques au lincieul, lequel lincieul incontinent fut esprins si très fort que merveilles ne po souffler tousjours plus s'alumoit (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

 

-

[Cont. métaph.] : ...il avient peu Qu'estoupes n'ardent près de feu : Estoupes est homs et feu femme ; Qui tost est espris de tel flame. (Mir. chan., c.1361, 175). Car de ce feu, bien m'en recors, Sens en partie espris mon corps. (Mir. chan., c.1361, 175). Dont il avient qu'en cheminant li cheval, qui pas ne le congnoissent et les quels je puis entendre par Diviers Meurs, contraires a Bonnes Virtus, le sentent jone et ignorant et de legiere volenté, si l'emportent et demainnent a leur agree et l'esprendent et enflamment si en cel estat qu'il pert la voie de Raison (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 174). Mais, aussitost qu'a sa char nue La chemise ot un pou tenue, Le venin par son corps s'esprent, Qui comme feu partout l'esprent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 23).

B. -

P. anal. part. passé "Atteint de (de soif, d'une maladie...)" : Je friçonne toute, par foy, Et sens bien que d'acès sui prise, Et si sui de soif si esprise Que ne puis plus, biau filz Aubin. (Mir. femme, 1368, 189). Il semble qu'i soit tout espris De lepre comme ung viel meseau, Tant a bousoufflé le museau Des horions qu'il a receuz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 746).

C. -

Au fig.

 

1.

[D'un sentiment] Esprendre qqn. "Saisir qqn" : ...nous sommes perdues, Puis que l'evesque a main nous prent, Se pitié vostre cuer n'esprent A aidier nous. (Mir. abbeesse, 1340, 95). Le geant voit venir Gieffroy, Si ot de lui moult grant effroy; Mais a lui sault et si l'embrace, Moult le detire et le dechasse Com cil qui [= cui] maltalent esprent (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 263). ...tel honte m'esprent, tele confusion me charge et tumbe sur la face que je n'ose lever l'oeil en l'aspect de ceulx qui me cognoissent (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 130).

 

-

[D'une chose] "Faire naître (chez qqn un sentiment ardent)" : Je di ensi que bonne amour loiielle Part d'un desir quant dous regars l'esprent (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 73). ...vous feray honneur car vo biaulté m'esprent, Et prenderay vo corps en droit mariëment (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 145).

 

2.

[D'une pers.] "S'enflammer" : La me vint un acez seurprendre De Desir qui me fist esprendre (CHART., L. Dames, 1416, 202).

 

-

(S')esprendre de (d'un sentiment) : Je m'areste sus ce point, Car amours me font esprendre D'un desir qui trop me point, Dont je ne me sçai deffendre (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 35). Et si le laisses esprendre De passions, et surprendre, Qui font son sens tourner mendre, Et chanceler et suspendre Le jugement raysonnable (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 16).

 

-

S'esprendre de qqn. "S'enflammer d'amour pour qqn, s'éprendre de qqn" : Trop bien, comme gracieux qu'il estoit, tout sagement entretenoit celle de luy esprinse (C.N.N., c.1456-1467, 474).

 

3.

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.]

 

a)

"Ardent" : ...Hervy de Leon, lyquelz fu en sa jeunesse moult de chaude colle. Et sachiez que il ne doubtoit ne cremoit chose que nulz homs esprins et plain de feu de jeunesse et de hardement deust doubter ne cremir en regardant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 48).

 

b)

Espris de

 

-

"Enflammé de (amour, colère, joie...), saisi par" : Je sui de paour si espris Que plus n'ose cy arrester. (Mir. ev. arced., c.1341, 140). Mais de desir sui plus espris (...) C'onques mais ne fui a nul jour. (Mir. emp. Julien, 1351, 219). Li rois regarda sus yaus très ireusement, car il avoit le coer si dur et si espris de grant courous que il ne peut parler. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 61). ...mais pour ce que vous estes mon frere, je ne vous doy pas celer ne souffrir vostre deshonneur, et pour ce suiz je cy venus pour le vous dire. Lors quant Remond ouy ces mos, si boute la table ensus de lui, et entre en sa chambre, espris de yre et de jalousie, et prent son espee qui pendoit a son chevez, et la ceint, et s'en va ou lieu ou il savoit bien que Melusigne s'en aloit tous les samedis (ARRAS, c.1392-1393, 241). Or demandez quelque don qu'il vous plaira des choses terriennes, honnourables et raisonnables, et vous l'aurez sans arrester. Dont respondy le roy, qui tous fu esprins de l'amour d'elle. Par ma foy, ma dame, je ne vueil or ne argent, terre ne heritaige, bonne ville, chastel ne cité, car, Dieu mercy, je suiz riches homs assez, et il me souffist. Mais je vueil avoir le corps de vous pour moillier. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Le seigneur de Saintré, esprins de maltalent a cause de villonies et moqueries dont a esté cy devant parlé, deliberé fut de le mectre a fin (LA SALE, J.S., 1456, 297). La veille, de joye esprise, cuidant Dieu tenir par les piez, [se] leve de haulte heure (C.N.N., c.1456-1467, 101). ...le mary, qui se voit ainsi deceu, estoit tout esprins d'ire et de maltalent (C.N.N., c.1456-1467, 218). ...il estoit esprins de l'amour d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 257). ...la vraye devocion dont tout ce temps d'yver avez esté esprise vous fait endosser l'abit de saint Françoys (C.N.N., c.1456-1467, 374). ...jasoit ce que tresplaisante fust et telle pour qui ung jeune courage devoit tantost estre esprins et alumé d'amours... (C.N.N., c.1456-1467, 570). Vous avez veu le singulier hommaige Qu'a fait Martin au povre plain de rage Qui, en mon nom, luy demanda l'aumosne ; Lequel soubdain et a peu de langaige, Espris d'amour et de fervent couraige, La luy donna, qu'ay receue en mon trosne. (LA VIGNE, S.M., 1496, 208).

 

-

"Fortement impressionné par" : Et quant Madame eust ses parolles ainsin finees, Saintré, comme enfent et tout esprins de tant de belles doctrines, ne respondit riens. (LA SALE, J.S., 1456, 34).

 

.

"Ému, frappé par (un fait, un discours...)" : Saintré, entrant dedens les lices et sousriant, regarda les hours du roy et puis des dames en passant, et, osté son chappelet, tant humblement et si bas qu'il peust se enclina, mais de ce que il ne vist Madame fut aucunement espris. (LA SALE, J.S., 1456, 155).

 

-

Espris en Dieu. "Ravi en Dieu" : PREMIÉRE NONNE. Dame, elle est toute en Dieu esprise : Touzjours est devant nostre dame. (Mir. nonne, 1345, 322).

 

-

Espris de + inf. "Vivement désireux de" : Car d'amer Dieu est moult espris (Mir. nonne, 1345, 316). Elle a le cuer trop fort espris De requerir la mére Dieu. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 131). Les deux cousins germains firent moult a priser, (...) De leur grant hardement espris de desroyer (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 133).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/77 
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     ÉPRISE     
FEW IX prehendere
ESPRISE, subst. fém.
[T-L : esprise1 ; GD : esprise ; AND : esprise1 ; FEW IX, 347a : prehendere]

"Torche, flambeau" : Et les assiegez estans sur la haulteur des murs s'efforcent que ilz deboutent leurs engins par contraires engignemens, et ore dars, ore esprises plaines de souffre gettans hors entendent tous d'un accord a eulx deffendre. (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 69). Adont vint la maisnie du chastel a l'entour de eulx garny d'esprises alumees (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1044).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 24/77 
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     ESPRINSON     
FEW IX prehendere
ESPRINSONS, subst. masc. plur.
[T-L : esprison ; GD : esprainson ; FEW IX, 347a : prehendere]

MÉD. "Inflammation anale due à des difficultés de défécation" : Et pourtant qu'elles sont dures, ne peu[l]ent saillir hors du corps et font es boyaux opilations dont surviennent matieres ventoses, et par possible apostumeuse, comme sera aprés declairé. La VIIIe est que l'omme en faisant sa necessité ne se soit point trop esforcer ou contraindre son fondement, car en ce faisant souvent s'ensuivent les esprinssons et le siege du fondement hors de son lieu. (Rég. santé corps C., 1480, 3). ...quant elle [la flume] fluyt es intestins par longtamps elle escorche les intestins et fait fluy de ventre nommé dissinterie, et faict souventefois au fondement fortes exprinsons. (Rég. santé corps C., 1480, 139). ...qu'il n'eust pas mort d'iceluy coup et qu'il n'estoit mortel si autres inconveniens de maladie ne luy eussent sourvenu comme esprinsons, fievres et autres maladies et mesmement l'infirmité de la peste (Lettres rémission René II P.D.H., 1491, 220).

Rem. Grant herb., c.1450, et Jardin de santé, c.1500, ds GD III, 548c (esprainson).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 25/77 
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     EXPRENDRE     
FEW IX prehendere
EXPRENDRE, verbe
[GD : exprendre ; FEW IX, 348a : prehendere]

Empl. trans. "Enlever, écarter, oublier"

REM. BERS., (afin que les injures (...) fussent exprises et pardonnees) ds GD III, 687b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 26/77 
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     FORPRENDRE     
FEW IX prehendere
FORPRENDRE, verbe
[T-L (renvoi) : forsprendre ; GD : forprendre ; AND : forsprendre ; FEW IX, 351b : prehendere]

A. -

"Excepter" : ...ils les chapelains tenont en propre oeps (...) l'eglise de touz seintz en Pountfreit P[ountfreit] ovec touz maniers de dismes, oblacions, obvencions et profitz regardantz a ycelle par deu appropriacioun par voz tresnobles progenitours a eux ent fait, forspris une maison competent pur la mansion del viker du dit esglise qui pur le temps serra (Lettres agn. L., 1402, 7).

 

Rem. Doc. agn. 1335, 1359, 1391 ds GD IV, 93b.

B. -

"Prendre plus qu'il n'est licite" (Burger) : L'en ne doit trop prendre [var. fors prendre] des siens Ne ses amys trop surquerir. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 19).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 27/77 
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     FORPRISE     
FEW IX prehendere
FORPRISE, subst. fém.
[AND : forsprise1 ; FEW IX, 351b : prehendere]

Région. (anglo-normand) "Exception"

Rem. Cf.  ; AND : forsprise1.

V. aussi forprendre
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 28/77 
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     IMPRENABLE     
FEW IX prehendere
IMPRENABLE, adj.
[T-L : imprenable ; GDC : imprenable ; FEW IX, 344a : prehendere ; TLF : IX, 1254a : imprenable]

"Qui ne peut être pris militairement" : ...Lourde est ung chastel imprenable. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 201). C'est une tour fort et durable Et un chastel tres imprenable. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 142). ...puis mist le siege à La Roche Sinadoire, qui merveilleusement est forte place et semble comme imprenable (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 155-156). Je voy le castel de Duÿng : C'est une place bien assisse Dedans l'aygue, faite a devise, Impregnable, ce m'est advis. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 7). ...s'il puet congnoistre ou appercevoir l'estat de ses ennemys, contempler et bien adviser le lieu où il est et s'il est prenable ou imprenable (BUEIL, I, 1461-1466, 70). C'estoit une place imprenable De leur taudis et bouloart, Pour les François fort dommageable ; Nul n'ossit aller celle part. Or avez vous de part en part Nestoyé ceste truandaille (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 441). Dame Jehanne, que dictes vous ? Volez vous cy siege tenir, Ainsi que par vostre propoux Vous avez volu maintenir ? A peine y pourrez parvenir ; Leur bouloart est deffensable, Puis les Tourelles sans mentir, Qui est ung lieu trop imprenable. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 457). Et puis on amena quatre ou cinq pièces d'artillerie, combien que, par ce costé, la ville fust imprenable, parce qu'il y avoit rivière entre deux. (COMM., I, 1489-1491, 183). Et fut present en personne le roy, Tant que dura ce merveilleux effroy, Ce dangeureux et tres cruel assault, Qui fut le plus soudain, estrange et chault Qu'on vit jamais ; car huit heures peu moins Lors il dura, rüant coups inhumains : Et tenoit on ce dit lieu imprenable (LA VIGNE, V.N., p.1495, 244).

Rem. LE BEL, Chron. V.D., t.2, 43 ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 225/201...
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 29/77 
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     IMPRENABLETÉ     
FEW IX prehendere
IMPRENABLETÉ, subst. fém.
[FEW IX, 344a : prehendere]

"Propriété de ce qui n'est pas compréhensible" : Incapacitas (...) : imprenabletés, incomprehensibilités, non subtilités, rude entendement par coy on ne peut comprendre aucune chose (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 225).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/77 
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     IMPRENDABLE     
FEW IX prehendere
IMPRENDABLE, adj.
[GD : imprendable ; FEW IX, 344a : prehendere]

"Imprenable" : La ville de Carcasonne siet sus une rivierre que on appelle Aude et est une moult grosse ville et grande et estoit adont. Au dessus de la ville, oultre le riviere, sus une montaigne imprendable, sciet la chité qui est forte et bien fremmee. (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.1, c.1375-1400, 70). ...il sentoit son chastel fort et imprendable et pourveu pour VII. ou pour VIII. ans de bonnes garnisons (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 141).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 31/77 
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     MAINPRENANCE     
*FEW IX prehendere
MAINPRENANCE, subst. fém.
[AND : mainprenance ; *FEW IX, 346a : prehendere]

"Caution"

Rem. Cf.  ; AND : mainprenance.

V. aussi mainprise
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 32/77 
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     MAINPRENDRE     
FEW IX prehendere
MAINPRENDRE, verbe
[GD : mainprendre ; AND : mainprendre ; FEW IX, 346a : prehendere]

"Cautionner, se porter garant"

Rem. Cf.  ; AND : mainprendre.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 33/77 
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     MAINPRENEUR     
*FEW IX prehendere
MAINPRENEUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : mainprenor ; GD : mainprenor ; AND : mainprenour ; *FEW IX, 346a : prehendere]

"Celui qui cautionne, qui se porte garant"

Rem. Cf.  ; AND : mainprenour.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 34/77 
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     MAINPRISABLE     
*FEW IX prehendere
MAINPRISABLE, adj.
[AND : mainprisable ; *FEW IX, 346a : prehendere]

"Qui peut ou qui doit être cautionné"

Rem. Cf.  ; AND : mainprisable.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 35/77 
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     MAINPRISE     
FEW IX prehendere
MAINPRISE, subst. fém.
[GD : mainprise ; AND : mainprise ; FEW IX, 348b : prehendere]

"Caution"

REM. Doc. 1375 (c'est assaver par chascun bille 6 d. outre les Meynprises que montent à 30 l. par estimation ou plus) ds DU CANGE V, 328c, s.v. meinpresa.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 36/77 
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     MALESPRINS     
FEW IX prehendere
MALESPRINS, adj.
[FEW IX, 347b : prehendere]

"Irrité" : "...Va t'en avant soleill couchié ; Ce non, ja seras aprochié. Et pour ce qu'as vers lui mesprins, Ne soies pas plus mal esprins !" (Vie st Evroul S., c.1350, 119).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 37/77 
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     MALPRENDRE     
FEW IX prehendere
MALPRENDRE, verbe
[GD : malprendre/malprins ; FEW IX, 345b : prehendere]

I. -

Empl. trans. "Voler, dérober" : ...pour souspeçon d'avoir mal prins et emblé, en l'ostel Gaultier de Ressons, espicier, demourant à Paris, en la grant rue Saint-Denis, un pain de cire pesant environ livre et demie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 50). ...les biens qu'ilz prenoyent et lui vendoient, ilz avoient mal prins (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 163). [Nombreux autres ex. ds ce texte]

 

Rem. Doc.1360 ds GD V, 127a

II. -

Empl. impers. "Être victime d'un préjudice, se trouver dans une situation défavorable" : ...si vous le reffusez, il vous en pourroit bien mal prendre (BUEIL, I, 1461-1466, 194).

 

-

Il est malpris à qqn : Adont aux Rommains est malpris, Car toute Ytale rebella Contr'eulx (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 5). S' il m'est mal pris, autres n'en pevent mais (CHART., D. Fort., 1412-1413, 181). Et, quant il fust là, il s'eschauffa en escarmouchant et chargea, dont il luy est mal prins (BUEIL, I, 1461-1466, 218). ...et s'en sont beaucoup trouvéz trompéz ayans ceste ymagination, lesquelz s'enhardissoient d'entreprendre contre luy, comme le conte d' Armygnac et autres, à qui il est mal prins (COMM., I, 1489-1491, 248).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Malheureux, désastreux"

 

Rem. FROISS., éd. Kervyn, ds GD V, 127a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 38/77 
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     MALPRINS     
FEW IX prehendere
MALPRINS, adj.
[T-L (renvoi) : mauprendre ; GD : malprins ; FEW IX, 345b : prehendere]

"Désastreux, funeste"

REM. FROISS. (éd. Kervin, haynes et maltalens malprins) ds GD V, 127a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 39/77 
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     MÉPRENDRE     
FEW IX prehendere
MESPRENDRE, verbe
[T-L : mesprendre ; GD : mesprendre ; AND : mesprendre ; DÉCT : mesprendre ; FEW IX, 348a : prehendere ; TLF : XI, 663a : méprendre(se)]

A. -

[Idée de faute]

 

1.

Empl. intrans.

 

a)

"Commettre une faute, mal agir" : Cil ne mesprent pas qui s'encline Au labour a quoi Dieu l'envoie, Mais mestier li est qu'il pourvoie Comment il vit puis et enseigne Et qu'a ses deffaulx garde preigne (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 115). Se je mesprens, Amours, pardon, pardon (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 97). "Monseigneur", dist Trimilien, "se j'ay mespris, si me le pardonnez, car tout ce que je ay fait on le me a fait faire." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). Je tien ne mesprendrons de rien, Car Eufemian vault bien Que façons pour li tant et plus. (Mir. st Alexis, 1382, 288). Dit aussy, sur ce requis, que lesdites lettres closes du roy adreçans ausdiz mons. le duc de Berry et mons. l'evesque de Poitiers, il, par sa simplesse, non sens, et non cuidant offenser ou mesprendre, lessa à bailler et porter à iceulx mons. de Berry et mons. l'evesque pour les causes dessus dittes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 523). Lors [Remondin] sault jus du cheval appertement, et l'encline perfaictement en disant : Tres chiere dame [Mélusine], pardonnez moy l'injure et la vilenie que j'ay fait envers vous, car certes j'ay trop mesprins, et je vous jure ma foy que je ne vous avoye veue ne ouye quant vous me traïstes par la main. Et sachiez que je pensoye moult fort a un mien affaire qui moult me touche au cuer, et je prye a Dieu qu'il m'en aide a yssir. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Par foy, dist ung ancien chevalier, donques aurons nous bon traictié a lui [Geoffroy], car il n'est homme qui puist dire que nous ayons de riens mespris. Se Glaude, qui estoit nostre cousin, nous avoit requis d'avoir aide de nous, s'il en avoit besoing, et nous lui eussions en convenant de lui aidier, nous n'avons de riens meffait, ne Gieffroy ne autre ne puet pas dire que nous en meissions oncques bacinet sur teste (ARRAS, c.1392-1393, 209). Si mesprent qui enfens desvoye, Car, a grant peine, on les ravoye (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 52). Et ce fait, se le maistre des testamens respond qu'il se gardera de mesprendre, on lui fera, sur la peine dessusdicte, inhibicion qu'il ne procede oultre en ladicte cause. (FAUQ., II, 1421-1430, 265). Le filz naturel est batu de son pere au dedens de l'ostel quant il mesprent, mais l'omme de louage, pour son forfait, est sans ferir mis hors de tous poins (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 43). Dieux me gart de mesprendre (Cligès C.T., 1455, 78). ...il avoit fait prandre et lever les fruictz et revenues desdictes terres, et avoit esté tout ce qui en avoit esté prins, receu et levé par ses gens, converty et emploié en sa despense et autres affaires, pensant ne mesprendre en riens pour ce que icelles terres sont tenues de luy en foy et hommage (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 427). Et a ces parolles la royne toute pensive se departi, non cuidant que Madame ainsin mespreist ou voulsist mesprendre ne faire faulte (LA SALE, J.S., 1456, 262). Le regart de celle [la femme que j'aimais] m'a prins Qui m'a esté felonne et dure ; Sans ce qu'en riens j'aye mesprins, Veult et ordonne que j'endure La mort et que plus je ne dure. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 13). Et n'est doubte qu'il a grandement mesprins, delinqué et failli (JUV. URS., Exort., 1458, 413). Or vous gardés bien de mesprendre, Ou des princes serés punis ! (Pass. Auv., 1477, 177). Seigneurs, par tout Jherusalem On dit qu'estes fort desplaisans Et tristes, contre moy disans Que j'ay mespris et fait abus Au seveliment de Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 267). Las, complere Je luy devoye [à Jésus] En son affaire, Quant je veoye - qu'il non avoit en riens mespris. (Pass. Auv., 1477, 276). SECOND BRIGANT. (...) Ne me pouoit on pas reprendre Et batre d'amont et d'aval Tantost qu'on me voyoit mesprendre Ou adonner a quelque mal ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 321).

 

-

Mesprendre en qqc. : En ce ne cuit mesprenre point. (Mir. st Alexis, 1382, 305).

 

-

Mesprendre contre qqc. "Commettre une faute contre qqc." : LE PAPE. (...) Ce peut il faire sanz mesprendre Contre la foy ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 9). ...et pourroit on dire que ceulx qui l'ont seellee ont mesprins contre vostre magesté royale et l'auctorité de vos chanceillier, Grant conseil et de l'auctorité de vostre court de Parlement. (JUV. URS., Verba, 1452, 356).

 

-

Mesprendre de + inf. : Sertes, sire, moult mesprenons De vous souffrir faire tel choze Mais contre vous riens dire n'oze, Car mon seingneur ne doy desdire (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 275).

 

-

Mesprendre par. "Commettre une faute en" : Pour c'y vueil aler sanz demour. J'ay plus chier la entour attendre Que par trop demourer mesprendre (Mir. Theod., 1357, 76).

 

-

Mesprendre à/contre/vers/envers qqn (ou une collectivité). "Commettre une faute envers qqn, agir mal envers qqn" : E ! belle, plaine de savoir, Vers vous ne vueil de riens mesprendre. (Mir. nonne, 1345, 318). ...je t'amain Ceulx contre qui plus mespreis, Quant le leur a force preis : C'est saint Lorens et sainte Agnès. (Mir. prev., 1352, 262). Godart, biaux amis, entendant Te fas qu'a t'ame trop mesprens De ce qu'amendement ne prens (Mir. parr., 1356, 11). Et se aucunes de leurs femmes mesprent enuers son mari, il les peuent mectre hors de leur hostel et desseurer de luy et prendre vne autre femme (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 304). LE SERGENT DU MARQUIS. (...) Dame (...), Plaine de vertueux affaire, Pour Dieu, ne vous vueille desplaire De ce que faire il me convient, Car grant doleur au cuer me vient Quant il fault qu'envers vous mespregne : Il m'est commandé que je pregne Cest enfant pour en ordenner Comme l'a voulu commander Mon seigneur (Gris., 1395, 65). ...vers lui ne meprist Tant qu'il l'occisist (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 197). N'avoient vouloir de mesprendre Vers le pays, ni faire grief (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 31). Bellë, en gré tout prenez, Car envers Dieu mesprenez Se vous faictes le contraire (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 46). ...que mon seigneur Cligès ait mesprins envers toi (Cligès C.T., 1455, 161). Certes, mon amy Pierre, ce que vous dittes est bien raysonnable ; car c'est humaine chose que le filx se rende subject au pere et a la mere et qui se garde de leur mesprendre en toutes manieres (Belle Maguel. C., 1453, 27). Et vous, la gente Saulcissiere [dit la belle Heaumière], Qui de dancer estes adestre, Guillemete la Tappiciere, Ne mesprenez vers vostre maistre : Tost vous fauldra clore fenestre ; Quant deviendrez vielle, fleterye, Plus ne servirez q'un viel prestre Ne que monnoye c'on descrye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 58).

 

-

Part. prés. en empl. subst. : ...deux personnes ydoines et convenables, lesquelx feront serment de ce fere bien et loyaument, et après ledit serment creuz des rappors qu'ilz feront au receveur de Paris ou au procureur du Roy en Chastellet contre les mesprennans oudit mestier, senz ce que pleintes se puist fere contre les rappors, se n'estoit que l'on voulsist contre eulx proposer hayne cappital, faulseté ou corrupcion desordenée. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1397, 373).

 

-

Prov. : Se Dieu m'eust donné rencontrer Ung autre piteux Alixandre Qui m'eust fait en bon eur entrer, Et lors qui m'eust veu condescendre A mal, estre ars et mis en cendre Jugié me feusse de ma voys. Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

 

b)

Mesprendre à qqc. "Faillir à qqc." : LE PRESTRE. Bel amy, j'ay de toy pitié, Or vien ung peu plus près de moy Et tout premier confesse toy, Je te prie, des sept pechez Mortelz dont tu es empesché, Et puis après je te recorde Des oeuvres de misericorde, S'acomply les a nullement, Et quant aux dix commandement, Tu as mesprins, comme je croy, Et aux articles de la foy, Et se tu as communiqué Avec nul excommunié, Ainsi confesser tu te doys. (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

 

-

Mesprendre à/de faire qqc. : Ou nom du vray Dieu precieux, Me conseilliez de cest affaire, Si que je ne mesprengne a faire Le Dieu plaisir. (Mir. parr., 1356, 8). Or y venés tous sans mesprendre, Sur poine d'une esmende grande Arbitraire sur tous Juïfz Qui foulement aront mespris A veoir mectre Jhesus en croix. (Pass. Auv., 1477, 180). Quoy que soit, on ne peut mesprendre D'aler garder le corps Jhesus, Fin qu'on n'y face nulz abus (Pass. Auv., 1477, 274).

 

c)

[Par affaiblissement] Sans mesprendre. "Sans faute" : Or y venés tous sans mesprendre (Pass. Auv., 1477, 180).

 

2.

Empl. trans. "Commettre qqc. (une faute)" : Vierge, or te requier, Et martire Dieu, sainte Angnès, Puis qu'il te tolt com felon nès Ton jardin, qu'a Dieu en demandes Avoir droit, si que tu li rendes Ce qu'il mesprent (Mir. prev., 1352, 241). ...[il] afferma par serement les fais contenus en icelles, et tout ce qui cy-dessus est escript, par lui avoir esté fait, commis et perpetré, non cuidant aucune chose mesprendre ou offencer contre la magesté royal (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 201). Ainsi par force potestal Pouoit Jhesus sans riens mesprendre Aux tenebres d'infer descendre Et hors oster tous ses amis (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 266). Traistresse de dueil assouvie, Qui les vifz en vivant desvie, Qu'ai ge meffaict ? Qu'ai ge mespris ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 488).

 

-

Mesprendre qqc. envers/sur qqn. "Commettre qqc. (une faute) envers qqn" : ...car je lui pardonne tout ce qu'il a mesprins envers moy (Bérinus, I, c.1350-1370, 349). ...et nous ayent apporté les clefs de la dite ville et ycelles avec le mairie, leurs personnes singuleres et toute la Loy et eschevinaige de la dite ville, en recongnoissant nous contesse à leur droite dame, et, en signe de vraie obeissance, reparation et amende de tout ce qu'il pooient avoir mespris envers nous (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379,,, 405). ...en cellui pays avoit foison de robeurs, mais le duc leur manda de fort en fort, que se ilz estoient si hardy de prendre rien sur lui ne sur ses gens, qu'il en feroit tele justice que les autres s'en chastieroient. En ce party passa toute la Leffe que mal soit cellui qui y feust si hardiz de mesprendre sur l'ost qui vaulzist une maille. (ARRAS, c.1392-1393, 174).

B. -

[Idée d'erreur, de méprise]

 

1.

Empl. intrans. "Commettre une erreur" : Un garçon vi qui sanz mesprendre En une sente m'adresça (Mir. femme roy Port., c.1342, 167). Et suppli humblement a tous ceulx qui l'orront lire [cette histoire] ou le liront, se je y mespren a leur gré en nulle maniere, qu'ilz le me veuillent pardonner, car certainement je l'ay fait au plus justement que j'ay peu, selon les croniques que je cuide estre vrayes. (ARRAS, c.1392-1393, 2). Sire chevalier, dist le roy, menassier povez vous assez, car autre chose n'emporterez vous de moy, car voz maistres ne voz menaces ne prise je pas un festu. Damp roy, dist le chevalier, je vous deffie de par les deux damoisiaux de Lusignen et tous leurs aidans. Bien, dist le roy, je me garderay de mesprendre et de perte. Par mon chief, dist le chevalier, il vous en est bien besoing. (ARRAS, c.1392-1393, 158). Hé dea ! se vous avez mesprins Une fois, ne suffist il mye ? (Path. D., c.1456-1469, 124).

 

-

Sans mesprendre. "Sans qu'il y ait d'erreur (à l'affirmer)" : Or me punist Fortune, sans mesprendre, Pour celle amer, ou n'avoit que reprendre (CHART., Compl., 1424, 324).

 

-

Empl. impers. Il mesprend à qqn en qqc. "Qqn en arrive à commettre des erreurs en qqc." : Et en verité celui qui est paoureus est plein de desesperance ; car il craint que il ne li mespreigne en toutes choses. (ORESME, E.A., c.1370, 209).

 

-

Mesprendre de tant : LE MARCHANT. (...) je n'y voy pas a gaaingnier Sur si grant pris. LE MARINIER. Et de combien ay je mespris A parler, qu'il vous soit advis ? (...) LE MARCHANT. Amis, en voulez vous en tache Douze livres ? C'est assez, voir. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 259).

 

-

Mesprendre à + inf. "Commettre une erreur en" : Dolent et desplaisant seroye, S'a les compter je mesprenoye. (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

 

-

Mesprendre de qqc. "Commettre une méprise au sujet de qqc." : Si vous prions, s'il se puet faire, que vous nous en dictes la verité, car a ce que nous povons percevoir de son estat et maintieng d'elle, il convient qu'elle soit yssue de moult noble lieu. Et la cause qui nous muet de le voulentiers savoir, c'est pour ce que nous ne mespresissiemes pas de lui faire l'onneur qui lui appertient a faire, et c'est la cause qui nous muet de le voulentiers savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 43). ...de la proismeté dont vous me parlés, m'est avis, Monsigneur, salve soit vostre grace, que vous mesprendés, car je ne sçai nul si prochain dou duch de Bretagne, mon frere darrainnement mort, que moi (FROISS., Chron. D., p.1400, 485).

 

2.

Inf. subst. "Erreur, méprise" : GUILLEMETTE. Hé dea ! se vous avez mesprins Une fois, ne suffist il mye ? LE DRAPPIER. Savez vous qu'il est, belle amye ? M'aist Dieu, je ne sçay quel mesprendre ! (Path. D., c.1456-1469, 124).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 40/77 
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     MÉPRENEUR     
FEW IX prehendere
MESPRENEUR, subst. masc.
[GD : mespreneur ; FEW IX, 348b : prehendere]

[Dans un corps de métier] "Celui qui commet une infraction, celui qui contrevient à qqc." : Item que oudit mestier aura doresnavant quatre personnes souffisantes et convenables, pour icelui mestier gouverner et garder, et pour eulx prendre garde des mespreneurs, qui y sont et pourront estre (Mét. corp. Paris L., t.1, 1412, 569).

 

-

"Coupable" : ...et espérant plus tost pouvoir tirer dehors ledit bastard par une fière et hautaine manière, comme si mesmes fussions mespreneurs envers le roy de luy tenir en prison son serviteur, devez avoir conseillé ceste manière de menace sur nous, cuidant bonne fin en traire (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 163).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 41/77 
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     MÉPRENTURE     
FEW IX prehendere
MESPRENTURE, subst. fém.
[T-L : mesprenture ; GD : mesprenture ; FEW IX, 348b : prehendere]

A. -

"Action blâmable, faute" : Devisé li a l'aventure Qu'i tenoient a mesprenture (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 146). Mon chier seigneur, s'il fust ainsi Qu'esbatre au bois vous alissiez Et une beste chacissiez, Cerf ou dain, fust ce mesprenture ? Nanil (Mir. st J. Paulu, c.1372, 98). Et en ce faisant, ycellui deffendeur avoit fait offense et mesprenture envers les diz religieux, contre raison et a tort, et en enfraingnant la sauvegarde du roy nostre sire en laquelle yceulx religieux, leur eglise et tous leurs biens estoient et avoient esté. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1377, 473). ...consideré la cause pour laquele il ala en l'ostel dudit defunct, (...) l'offence et mesprenture par lui faite et commise soubz umbre dudit office de sergent de chapitre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 89). Et vous veez que Nostre Seigneur commist a Adam de luy garder pou de chose, c'estassavoir ung seul ponmier, et pouez penser que Nostre Seigneur ne se courrouça pas a Adam pour une ponme, car a si grant seigneur c'est pou de chose de une ponme, maiz luy despleust pour la mesprenture de Adam, qui si pou avoit prisié son conmandement ou deffense quant pour si pou d'avantage luy desobey (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 97). Adonc comme je fouisse celle part pour tost estre preste sanz ressongner presompcion ou mesprenture a me fichier ens, oz le visage tout au plus pres... (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 147). ...consideré les esploiz et mesprentures et offenses passées... (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 125). ...et elle cuidant qu'il s'en alast pour aucune mesprenture par lui faicte en l'ostel de sondit maistre (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 285-286). ...sans ce toutes voyes que en ceste partie lesdiz de Gand se puissent aidier de la grace, abolicion et pardon que mondit seigneur leur fera de leurs offenses et mesprentures (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 101).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

B. -

"Erreur, méprise" : O glorieuse Cité de Dieu, saintiffiée et pure, Doulx moz sont diz de toy sanz mesprenture (Mir. Theod., 1357, 130).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 42/77 
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     MÉPRENURE     
FEW IX prehendere
MESPRENURE, subst. fém.
[T-L : mesprenëure ; GD : mespreneure ; FEW IX, 348b : prehendere]

"Action blâmable, faute" (synon. méprenture) : ...abolissons et mettons du tout au neant par ces presentes tous crimes, malefices, offenses et mespreneures par eulx et chascun d'eulx commises et perpetrées, durant la dicte guerre (Doc. Poitou G., t.7, 1416, 310).
 

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 Article 43/77 
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     MÉPRIS1          MÉPRIS2     
FEW IX prehendere
MESPRIS, subst. masc.
[T-L (renvoi) : mespris1 ; GD : mespris ; AND : mespris1 ; FEW IX, 348b : prehendere]

"Méprise, tort, faute" : ...Le haiterel li tranche [Lion], li chevalz est flaitris Et li chevalier versé [l. verse], si s'escrie a hault cris [vers faux] : "Gentilz hons, rensons, pour Dieu de parraidis [vers faux] ! - Tu l'arais, s'ai dit Lion, maix se yert per tel devis Que tu me die voir, ja n'i arez mespris. - Voire, dist li vaissalz, ja n'an est mot mentis." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 278). La dame prist l'enfant qui moult estoit petis, En une chambre a vote ou il avoit .ij. lis Ala a tout l'enfant, et la fu bien servis, Si gracïeussement qu'il n'i ot nul mespris. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 69). Laquelle chose un gentilhomme voyant, nommé Jehan de Rosimbos, admonesté de vergongne de la sienne et autruy lascheté qui leur estoit advenue honteusement, releva la banniere de terre et la remit en estat, et dit à plusieurs nobles hommes qui près estoient : "Or ça, messeigneurs, vous tous nobles hommes et moy, ne sommes dignes de vivre, ni de nous trouver jamais en lieu de bien, si nous n'amendons nostre mespris aujourd'huy, qui nous vient de malheur et de léger courage par ceste bannière qui nous a abusé..." (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 263). Prioit aussi au nom de tous delinquans [Un représentant du Luxembourg] qu'il [le duc de Bourgogne] les voulsist recevoir en miséricorde, et qu'envers eux il ne se meffist plus qu'envers autres, dont oncques il n'avoit esté rattaint de mespris. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 168). [Messire Henry au duc de Bourgogne :] Mon tresredoubté seigneur, je voy que ceans on murmure sur ce volet que je porte a mon bras, et pense on que je le porte par emprinse contre aulcun de gens. Monsieur, je ne vous en ay pas demandé grace de la porter, de quoy je vous prie mercy se le mespris y est. Mes, Monsieur, ce n'est pas emprinse, mes l'ay en commandement de ma dame de le faire ainsy. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 136). Tes plains, tes crys ne seront que mespris (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 128).

 

-

Sans mespris. "Sans risque de se tromper, assurément" : RAULET. As-tu oublié le langage Que ta mere si t'a aprins ? El parle si bien ! LE MAGISTER. Sans mesprins, Il semble qu'il ayt l'esprit rude. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 252).

 

.

"Sans difficulté" : ...Cuydant rentrer chez Honneur sans mespris (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 375).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 44/77 
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     MÉPRISE     
FEW IX prehendere
MESPRISE, subst. fém.
[T-L : mesprise ; GD : mesprise ; GDC : mesprise ; AND : mesprise ; FEW IX, 348b : prehendere ; TLF : XI, 664b : méprise]

"Faute, tort"

REM. Doc. 1360 (Bordeaux, et leur pardonera toutes offenses et mesprisez du temps passé) ds GD V, 200c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 45/77 
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     MÉPRISON     
FEW IX prehendere
MESPRISON, subst. fém.
[T-L : mesprison ; GD : mesprison ; AND : mesprisun ; DÉCT : mesprison ; FEW IX, 348b : prehendere]

A. -

"Action blâmable, faute, tort" : Et gardez cy ceste prison Que par la vostre mesprison Elle n'eschappe. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 140). Riens n'est qui contre ses cops dure ; S'espée, qui est bonne et dure Et taillant, scet bien mettre en ouevre ; Bien se deffent et bien se cuevre. N'il ne doubte mort ne prison, Fors deshonneur et mesprison. (MACH., P. Alex., p.1369, 73). Par foy, dist ly jouvenciaulx, cy a grant mesprison, plus de la part de mon oncle que de la part Hervy de Leon, combien qu'il en sera trop bien paiez. Alez vous en vostre affaire, car sachiez que je feray diligence comment il ne me ostera pas mon heritaige. (ARRAS, c.1392-1393, 49). Adont, ont ouvert leur prisons Et pardonné les mesprisons (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 217). A trestous pardon je demande, Amender vueil tous mes meffaitz, En mesprison n'affiert qu'amende. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 4). Helas ! mon Dieu, quel mesprison, Quelle engoisse et dure saison, Quant je l'oz dire, l'infraicture [l. l'infrangible] prison Fraincte et rompue par le bon Adrien ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 117). SAINT PERRE a Jhesucrist. Se ne sui ge pas, beaulx syre ! Je me feroye premier octire Que je fisse telle trayson : Se seroit bien grand mesprison. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 76). Ce seroit trop grand mesprison. Accop, charge le sur le coul ! (Pass. Auv., 1477, 193).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (mesproison).

 

-

Faire (une) mesprison : Hons nez de bonne estration Ne doit ja faire mesprison, S'il fait mal, c'est contre nature. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 138). Car fait a si grant mesprison Que son ribault de vostre nain A fait (Mir. marq. Gaudine, 1350, 144). ...elle est jugée sanz raison, N'onques ne fist la mesprison C'on li mett sus. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 163). ...comment le roy de Craquo avoit fait ardoir le corps ou despit de toute crestienté ; et pour ce avoit il fait ardoir le roy Selodus et tous les Sarrasins. Par mon chief, dist Anthoine, sire roy, vous avez tres bien fait. Et vrayement le roy Selodus fist grant mesprison et grant cruaulté, car puis que uns homs est mort, c'est honte a son ennemy de le plus touchier. (ARRAS, c.1392-1393, 187). Lors Gieffroy compta aux barons du pays pourquoy il avoit fait son oncle mourir. Si en furent un pou les barons appaisiez, pour la mesprison [causer la mort de Mélusine] que le conte avoit faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 269). Et puis aprés Raymon se pourpensa Que sa femme fait mesprison Et vers lui tort et traÿson. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 210). JHESUCRIST. (...) Tu voys comme je meurs ici ; Bien doit avoir le cueur nerci, Se tu pense en la doleur Que je souffre pour toy, pecheur, Pour toy hoster hors de prison Et amander la mesprison Que Eve [et] Adam firent premier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 146). Dea ! vous faictes grant mesprison De me frapper ainsi souvent, Car je vous prometz et couvient Que gecter cuidoye sur elle, Mais la faulce vieille rebelle Si sceut bien [se] tourner de coste. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 34).

 

-

Faire mesprison à/contre qqn : Mes amys, je vous prie que vous me donnés conseil que je doy faire de cestuy prisonnier, qui m'a fait une telle injure et mesprison comme vous sçavés et veés devant vous (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 111). DIEU. (...) Or est venu le temps et la saison Que l'homme soit delivré de prison, Ou cincq mille ans a esté detenu, Car, contre nous, avoit faict mesprison Par son offence et brute desrayson, Dont nous l'avons comme captif tenu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 145). Allez vous en vous deux en la prison Et le mectez dehors, commant qu'il soit. Se luy ay fait aulcune mesprison, Dictes luy bien que pardonné me soit (LA VIGNE, S.M., 1496, 254).

 

-

Sans mesprison. "Sans se rendre coupable d'aucun tort, d'une manière honnête" : Si que, chiers sires et amis, Tu es pris de tes annemis, Mais trop as estroite prison. Si croy que c'est sans mesprison, Car attrais n'iès pas de nature Que faire doies mespresure, Au mains tele ne si notable Com pour estre en lieu si grevable, Ja soit ce que nature enseingne Qu'homme ne soit qui ne mesprengne. (MACH., C. ami, 1357, 59). Pris de rechief en prison amoureuse. Mais ja pour bien ne pour mal endurer Je ne lairai qu'adès, sans mesprison, De cuer, de corps, de desir, de penser Je ne serve, sans faire traïson, Ma douce dame humblement. (MACH., L. dames, 1377, 50). Elle scet bien que plus l'aim que riens née Et que je l'ay servi sans mesprison ; Si m'en donne si mauvaise saudée Que mal pour bien en est le guerredon. Si m'en convient morir ou garison, Car je ne puis en ce point plus durer, Quant je li voy autre que moy amer. (MACH., L. dames, 1377, 71). Einsi m'a doucement pris Et mis en son dous pourpris, Et, certes, je me rens pris, Sans partir de sa prison, Car nices et desapris Sui, mais bien serai apris Et porrai monter en pris, Se je l'aim sans mesprison. (MACH., Les lays, 1377, 332). Tant doucement me sens emprisonnés Qu'onques amans n'ot si douce prison. Jamais ne quier estre desprisonnés, - Tant doucement me sens emprisonnés - Car tous biens m'est en ceste prison nez Que dame puet donner sans mesprison. Tant doucement me sens emprisonnez Qu'onques amans n'ot si douce prison. (MACH., Rond., 1377, 572). Le cueur donc qui est en prison, En douloureuse marrison, Languissant, sans nulle desserte, Peut bien demander garison De ses douleurs, sans mesprison, Par semblant et voie couverte. (Narcissus, p.1426, 287).

 

Rem. Myst. st Clément Metz D., p.1439, gloss.

 

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[P. affaiblissement] "Sans faute" : Nous le farons sans mesprison. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

-

P. méton. "Défaut qui est de nature à faire encourir le blâme, disposition blâmable" : ...elle, en qui mesprison Nulle n'avoit, de cel filé L'autre chief tint, qu'elle ot fillé. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 331). Vous ferés ce que vous pourrés, Mais, s'en vous n'y a mesprison, Vous ne nous ferés que raison, Car en riens nous n'avons mespris. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 882).

B. -

"Erreur, méprise" : Et quant Amours t'a mis en sente De sa bonne grace esperer, Tu ne te dois pas desperer Pour un petit de mesprison, Car mauvaistié ne traïson N'i ot, quant a la verité, Fors paour, honte et nisseté Avec Amours qui s'i mesla, Quant servis fus de ce mès la Qui te mist en cuer l'apostume Dont ta douceur en amer tume. (MACH., R. Fort., c.1341, 60). Si le vous lus de point en point, Rudettement et mal a point, Comme cils qui en grant frisson Fu qu'il n'i eüst mesprison ; Et pour ce que nuls ne savoit Encor qui ce lay fait avoit, Ma dame, vous me demandastes Qui l'avoit fait, et me priastes Que sans mentir le vous deïsse. (MACH., R. Fort., c.1341, 132). ...je croy, sanz mesprison (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 12).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (mesproison).

 

-

Par mesprison. "Par méprise, par mégarde" : ...Saint Maiol, l'abbé de Clignié, Qui la fut pris par mesprison, Et tint o moult d'autres prison En la guerre que j'ay contee, Quar il estoit en la contree Pour abbaïes visiter (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 85). ...tousjours est cremue L'ordenance que fait le roy Et a chascun doubte et effroy Qu'il n'en face trespassement Par mespreison ou escient (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 241).

 

-

Sans mesprison. "Sans méprise" : Or puis je moult bien sus ces dis Qui ci devant ont esté dis Faire un po de comparison A mon pooir sans mesprison. Pour certein, le cas le desire, Et d'autre part mes cuers y tire. (MACH., D. Aler., a.1349, 398).

 

-

Faire mesprison : Quant Raisons ot conté tout son avis, Amours parla qui fu biaus a devis, Et gracieus de maniere et de vis, Et dist : "Raison, Moult bien avez moustrée vo raison. Si m'i ottroy, fors tant que mesprison Feroit d'oster son cuer de la prison A la trés belle Pour qui il sent l'amoureuse estincelle. Si vueil qu'il l'aint et serve comme celle Dont eü a mainte lie nouvelle..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 124).
 

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     MÉPRISURE     
FEW IX prehendere
MESPRISURE, subst. fém.
[T-L : mespresure ; GD : mesprisure ; AND : mesprisure1 ; FEW IX, 348b : prehendere]

A. -

"Action blâmable, faute, tort" : ...ç'a esté par ma mesprisure Qu'elle reçoit l'ennuy qu'elle a (Mir. enf. diable, c.1339, 23). ...Pour ma tresgrant mespreisure... (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 38). Si croy que c'est sans mesprison, Car attrais n'iès pas de nature Que faire doies mespresure, Au mains tele ne si notable Com pour estre en lieu si grevable, Ja soit ce que nature enseingne Qu'homme ne soit qui ne mesprengne. (MACH., C. ami, 1357, 59). Valeur, vigueur n'a autrement Homz mortel ; et ce causement Te fu d'avoir sa nature, Qui tres grant fortefiement Li doit estre et apuiement Que ne chiece en mespresure (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 123). Pour ce fault il que Paours y sourviegne, Car Paours est le foliot d'amours Qui a l'amant fait attemprer les mours, Et son desir mouvoir par tel mesure Que nuls ne voie en son fait mespresure (FROISS., Orl., 1368, 88). Et disoit bien que cesti arsin de Haspre il le feroit temprement cier comparer au royaume de France. Sa dame de mère li accordoit tout, et euist volentiers de ceste mespresure escuset son frère le roy de France. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 196). ...amans, qui en li figure D'Amours la droite figure, Fuit et het tous mauvais tours, Pechié, vice, mespresure Et quanqu'il touche à laidure ; C'est des loyaus la nature. (MACH., Les lays, 1377, 351). Se chevallier par mespresure Requiert la dame villonnie... (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 183).

 

-

Faire mesprisure à/envers qqn : Dame, se mespresure Vous a fait, il le vous amende, Car en meffait ne gist qu'amende : Prenés la, je le vous conseil ! (MACH., Voir, 1364, 380). ...cascun est dit un an hors le ville, sour dupler leur terme se dens le dit terme entrassent le ville, pour le mesprisure qu'il firent as jurés de leur mestier de tondre, et eulx courrurent sus pour cause de leur office. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1366, 648). Et si n'est chose si dure Com m'ardure Qui tant dure Que je vif contre nature, Si qu'Amours qui est mes chiés Fait envers moy mespresure, Qui quiert ma desconfiture N'à mesure Ne mesure Ma triste pensée obscure. Par ma foy, c'est grans pechiés. (MACH., Les lays, 1377, 437).

 

-

[Lang. de l'amour] Sans (penser) mespresure. "D'une manière honnête, sans porter atteinte à l'honneur de la dame" : Ainsi me va de loyaument amer ; Car je y ay mis mon desir et ma cure, Et si ne puis veoir ne remirer Le gentil corps ne la douce figure De ma dame, que j'aim sans mespresure. (MACH., L. dames, 1377, 52). Et pour ce pri ma dame de valour, Qui tant par est douce, plaisant et pure, Que, se je sui loing de son noble atour, Qu'elle vueille de moy estre seüre Que je la ser et l'aim sans mespresure, Et qu'aveuc li demeurent, sans mouvoir, Mon cuer, m'amour, ma joie et mon espoir. (MACH., L. dames, 1377, 93). Et pour ce à vous servir vueil, Sans penser laidure, Com cils qui d'autre n'ai cure, N'autre amer ne sueil, Einsois à ce m'apareil Humblement, sans mespresure. (MACH., L. dames, 1377, 186). Et je vous jur qu'honnourer, obeir, Amer, garder, sens penser mespresure, Vous vueil de cuer et faire vo plaisir Com vos amis qui d'autre amour n'ay cure. (MACH., L. dames, 1377, 232). Bien fust, se j'eüsse mespris, Dame de pris, Que j'aim et pris, Vers vous qui pris M'avez d'amer sans mespresure. (MACH., Les lays, 1377, 281).

 

-

P. méton. "Défaut qui est de nature à faire encourir le blâme, disposition blâmable" : Au matinet, à grans eslais [les conjurés] S'en alerent vers le palais, Droit à l'eure que la corneille Les paresseus huche et esveille, C'est à dire à l'aube crevant, Je pri à Dieu qu'il les cravant, Quant onques si grant mespresure Entra en cuer de creature. En la chambre à parer entrerent Qu'onques un seul mot ne sonnerent ; Chascuns son espée tenoit, Et li princes qui les menoit A l'uis de la chambre hurta. (MACH., P. Alex., p.1369, 267). ...Ce figure Sa figure En mon cuer, si qu'elle y dure Tellement Que laidure, Mespresure N'i a fors sa pourtraiture Proprement. Riens ne desir Tant com li servir A plaisir. (MACH., Les lays, 1377, 395).

B. -

"Erreur, méprise" : ...se aucuns u aucunne emportoit u faisoit porter dou pois escrut dras u couvretures d'autrui ou lieu des siens, par quel mespresure que che fust, il paieroit 3 s. de loys (Drap. Valenc. E., 1344, 287). Et se leur vient tele doubtance, Ce dit on, dou droit de nature, Car li oiseaus se denature, Tant soit grans, ne tant ait de force, Qui encontre l'aigle s'efforce. S'il le cuide soupediter, Folie li vient enditer, Car envis en puet bien chëoir, Et se l'en puet bien meschëoir Pour cause de la mespresure. (MACH., D. Aler., a.1349, 355). Or faut que te teingne couvent De ce que je t'ay en couvent : C'est de toy et de moy nommer, Par quoy on sache qui blasmer, S'il a deffaut ou mespresure En ceste presente escripture. Et vraiement, si pro qu'i a, Bien croy que des deffaus y a. Mais qui vorra savoir sans faille Nos deus noms, et sans controuvaille, Vesci commen on les sara (MACH., C. ami, 1357, 141).

 

-

Faire mespresure : Mais de sa cointe vesteüre Me tais ! dont je fais mespresure, Qu'abit onques ne vi si cointe Ne dame en son habit si jointe ; Pour ce un petit en parlerai Ne ja le voir n'en celerai. (MACH., Voir, 1364, 214).

 

-

Par mesprisure. "Par méprise, par mégarde" : Par Dieu, Remondin, je [Mélusine] suiz, aprez Dieu, celle qui te puet plus aidier et avancier en ce mortel monde, en tes adversitez, et ton malefice revertir en bien. Rien ne te vault le celer. Je scay bien comment tu as occis ton seigneur par mespresure, comme de cas volontaire, combien que pour l'eure tu ne le cuidas pas faire ; et scay bien toutes les paroles qu'il te dist par l'art d'astronomie dont il fu garny. (ARRAS, c.1392-1393, 25). S'il est ainsi que d'aventure L'un d'iceulx ait par mesprisure Vostre enfant tué et occis, Savoit il que ce fust vo fils ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 62).
 

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     OUTREPRENDRE     
*FEW IX prehendere
OUTREPRENDRE, verbe
[*FEW IX, 351b : prehendere]

"Prendre ou recevoir d'un autre" : Transsumo (...) : oultre prendre. Transsumptus (...) : oultre prins (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 400).
 

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     POURPREGNE     
*FEW IX prehendere
POURPREGNE, subst. fém.
[*FEW IX, 350b : prehendere]

(Synon. de pourpris) : Xm Romains at Gregoire en la porprengne Conduit et ammeneit (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 599).
 

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     POURPRENANCE     
FEW IX prehendere
POURPRENANCE, subst. fém.
[GD : porprenance ; FEW IX, 350b : prehendere]

"Étendue" : C'est le grant royalme de France, Qui pourprent large pourprenance. (Pastor. B., c.1422-1425, 263). [Seul ex.]
 

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     POURPRENDRE     
FEW IX prehendere
POURPRENDRE, verbe
[T-L : porprendre ; GD : porprendre ; DÉCT : porprendre ; FEW IX, 350a : prehendere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Prendre qqc. de force, investir, occuper (un pays, une ville, une place forte...), s'emparer de qqc." : En ce puet sens moral avoir, Dont vez cy la moralité : Ceuls qui d'Egipte en sont alé Puis comparer, et la me fonde, A ceuls qui ont au present monde Renuncé : ces sept leur font guerre Et ont pourprins toute leur terre Et delivré de seignourie Leur cuer (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 226). ...par leur orgueil Ont tant assemblé de gens d'armes (...) Que chascun en est esbahiz ; Et ont tout pourpris le pais Qu'ilz scevent et peuent tenir Ou vous doiez plus tost venir (Mir. ste Bauth., c.1376, 130). Se ne pooient requler, fors sus lors ennemis, ne aler avant ne rompre la navie d'Engleterre qui avoient pourpris tout le pasage de la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 408). ...la place toute pourprindrent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 23). Et toute l'isle fu pourprise Des Troiens, habitee et prise Qui Albion estoit nommee, Or Angleterre est surnommee (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 156).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. ...

B. -

"Encercler, assiéger" : Venisse en fu pourprise [par la flotte] entour et environ. (Hugues Capet Lab., c.1358, 288). La porte susdicte est pourprisse Des gens, que le monde desprise (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). ...son reaume, lequel estoit par ses annemis comme tout entrepris, avironné et pourpris (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 118).

 

-

P. ext. "Entourer" : Mais il n'orent singlé ne esté se pau non Quant il ont perchéu tant barge et tant dromon, Tante noble gallie à double mas en son, Venisse en fu pourprise entour et environ. (Hugues Capet L., c.1358, 237).

 

-

P. métaph. : Si ne sceurent que ce peut estre, Mais tousjours celle part viserent Et d'ennemis moult se doubterent, Quar pensee d'erreur pourprise Tousjours ce qu'il craint prophetise (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 78). Il la voit par voie ordonnée Comme alerion eslevée En haut air de grace et d'onneur Avec Amours, son droit signeur, Si haut que li entendemens De l'amant en ses jugemens Ne scet desclairier verité, Tant y a haute quantité De noblesses et de vertus, Dont li corps la dame est vestus Des biens qu'elle y prent et aprent, Des quels bonne Amour la pourprent. (MACH., D. Aler., a.1349, 330). Tant a Magdelaine valu Qu'elle fut garie et lavée De l'orde boe deslavée, Dont elle avoit esté pourprise Du pechié de char et reprinse (DESCH., M.M., c.1385-1403, 213). LA SECONDE PUCELLE. O per sans per, pere par preference, Parent aux preux, pourpris par precellence, Prisé partout en commun auditoire ! (LA VIGNE, V.N., p.1495, 170).

C. -

Au fig.

 

1.

"Entreprendre qqc." : Hester, Judith et Delbora, Qui furent dames de grant pris, Par lesqueles Dieu restora Son pueple, qui fort estoit pris, Et d'autres plusers ay apris Qui furent preuses, n'y ot celle, Mains miracles en a pourpris (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 33).

 

2.

"Comprendre qqc."

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, v.7592.

II. -

Empl. pronom. [D'une chose] "S'étendre (qq. part)"

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 160.
 

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     POURPRIS     
FEW IX prehendere
POURPRIS, subst. masc.
[T-L : porpris ; GDC : pourpris ; DÉCT : porpris ; FEW IX, 350 : prehendere ; TLF : XIII, 950a : pourpris]

A. -

"Enclos (surtout autour d'un bâtiment), en partic. jardin entouré d'une clôture" : ...se ensi estoit que aucuns des hommes et fenmes doudit conte fust priz en ladite maison et pourpriz desdis religieux, pour caz criminel, se il n'estoit pris à cas present, ou il ne s'estoit liez en la jurisdiction desdis religieux soffisant, et les gens doudit conte le requeroient auxdis religieux, lidit religieux seroient tenu dou rendre chargie dou fait, pourquoi priz l'averoient. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1335, 20). Quar quant la dame se consent Que son trés dous regart descent Seur les bestes qui eu pourpris Sont, li lions est si despris, Si las, si tristes, si dolens Qu'il n'est faucons, tant soit volens, Qui volast de vol si legier Comme il court parmi le vergier, Com cils qui n'a de riens envie Fors de briefment finer sa vie. (MACH., D. Lyon, 1342, 182). Et se il ne vient mie dont, art on et destruist le maison de l'injuriant et li arbre du pourpris de le maison sont sartet et desrachinet ; tout soit il ensi que ladite maison soit douwée ou de douaire mais que toutesvoies li injurians soit propriétaires de ladite maison. (Hist. Lille T., t.2, 1344, 405). SATHAN. (...) Nous en irons en un pourpris Et figure d'omme prendrons... (Mir. st Guill., c.1347, 43). ...le proprins de ladite maison. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1348, 106). JEHAN. Dame, bien vegniez en cest estre. Je croy bien n'avez pas apris A estre en si povre pourpris Ne si desert. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 110). Se brief n'ai son reconfort, En che pourpris, Qui tous est d'ardeur pourpris Et oultre bort, Demorrai jusqu'a le mort (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 171). Et, se il avenoit que la dite maison et jardin les diz Pierre et sa femme ou les aians cause d'eulx voulsisent exposer ou exposassent, aliener ou vendre, ou ilz voulsisent le jardin estant en ycelle et ou pourpris d'icelle, a une fois ou a plusieurs, en tout ou en partie, transporter, adenerer, vendre ou aliener et meitre hors de leurs mains par vendicion ou par bail a crois de cens... (...) le dit jardin estant ou pourpris de la dite maison... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1374, 443). ...ou manoir de Sabuvrois et ou pourpris, appartenances et appendances dudit lieu (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1386, 552). Et ou pourprins tout joygnant d'icelle eglise est la residance du patriarche (Voy. Jérus., c.1395, 64). A Saint Anthoine sur le Nil a belle petite eglise dedans ung grant pourprins tout clos et bien fermé de murs a maniere d'une forteresse. (Voy. Jérus., c.1395, 68). Si m'arrestay en un pourpris D'arbres, en pensant au hault pris De Nature qui entrepris Ot a les faire ainsi harper (CHART., L. Dames, 1416, 199). ...et de là fut porté et mis en terre saincte ou pourpris d'icelle église. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 246). Ce .VIIe. et derrain chappittre du Sacrisliege traitte (...) de l'infortune qui leur advint pour battre de ses canons les lieux sains et sacrés avecques leur pourpris. (LA SALE, Sale D., 1451, 242). Or, allons, pour l'homme extollir Du pourprins plain d'esjouÿssance (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 60). LE MESSAGIER. (...) Moy, messagier, vers vous acourt Pour vous dire que sera pris Congié des seigneurs de hault pris, Des bourgeoises pareillement Et de ceulx qui, en ce pourpris, Assemblez se sont humblement Pour voir jouer devostement La vie monseigneur sainct Martin Dont, s'il vous plaist, l'achevement Viendrez voir demain au matin. (LA VIGNE, S.M., 1496, 442).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ...

 

-

P. métaph. : Quant cils sera saisis et pris Joians en l'amoureus pourpris, Lors li doit peinne encommencier, Pour lui en honneur avancier. (MACH., D. Aler., a.1349, 302). ...et que de fait Avoit tous les Crestiens pris, Qui estoient en son pourpris, C'est à dire en sa signourie (MACH., P. Alex., p.1369, 119). Or t'ay je tout le voir apris De ce biau lieu et du pourpris De la fontaine de clergie, Ou l'en aprent astrologie (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 47). En ses haulx trosnes serés dignes et puissans, Corroborant nostre exaltacion, Poséz et mis es sieges triumphans Ou hault pourpris de jubilacion (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 5). ...le mondain pourpris (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 160). C'est le tresor de chasteté, Le sentïer de vie heureuse, Le pourpris de virginité Tant est sa façon valeureuse (LA VIGNE, S.M., 1496, 554).

B. -

P. méton.

 

1.

"Enceinte, mur d'enceinte" : D'autres ont mieulx le lieu appris, Si se soustiennent ou pourpris (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 60).

 

2.

"Espace à l'intérieur des murs d'enceinte" : ...la cité de Casaye (...) a bien .C. milles de tour. Et en tout celi grant pourpris n'est espace nulle vuide que tout ne soit bien habité de gens (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 40). ...dedans ces murs a pluiseurs palais encloz. Dedanz celui pourpris est une montaigne et sur celui mont est le maistre palais (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 47). ...la juridiction et cognoissance des deux places appellees le Oost Cuere et le Zuut Cuere, enclavéz dedens le pourpriz de la forteresse de nostredicte ville de L'Escluse (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1390, 362). ...la ville et le pourpris Dont les biens ne leur appartiennent. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 170).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, 105/53 ("bourg").

 

3.

"Bâtiment que comporte l'enclos, logis" : Et ainsi ces riches pourpris Sont tous de ces nobles gens pris Et chacun y est hebargié Selon son degré et logié (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 131). J'aperçoy ja le tresnoble pourpris Ou l'empereur parfaict sa demeurance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 171).

 

-

"Demeure" (synon. pourprise) : ...lesquelx, doubtans qu'ilz ne feussent muldrys en leur maison et pourpris, se mirent a deffense (Doc. 1460. In : Ch. Petit-Dutaillis, Doc. nouv., 1908, 191).

C. -

P. ext.

 

1.

"Dimension"

 

-

Estre de grant pourpris. "Être de vaste dimension"

 

Rem. JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 25610.

 

2.

"Entourage"

 

-

Estre ouï de tout le pourpris. "Être entendu partout à la ronde"

 

Rem. Mabrien V., 1462, 30/1.
 

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     POURPRISE     
FEW IX prehendere
POURPRISE, subst. fém.
[T-L : porprise ; GD : porprise ; FEW IX, 350b : prehendere]

A. -

"Enclos, espace qui entoure une construction" : Et sera la capacite et pourprise du chastel si grant que aucunefois et souvent oudit chastel aura mil combatans ou deux mille. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 83). Tantos apriés celle justiche faite, li rois d'Engleterre, par le consel qu'il ot, fist madame sa mere envoiier en .I. castiel et la tenir sans point issir de la pourprise (FROISS., Chron. D., p.1400, 186). ...je sens ja qu'en la doulce pourprise D'Amours, par vous de qui je suis surprise, Grant joye aray (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 59). Amours est de pareille guise A cil que on loge par franchise, Qui puis veult avoir la maistrise Du logeis et de la pourprise, Quant est logiez (CHART., L. Dames, 1416, 267). Trois tabernacles y ferons, L'un pour vous, l'autre pour Moÿse, Et le tiers tendra sa pourprise Pour Helÿe dedans tenir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 406).

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 337 ; t.8, 251 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

 

-

P. métaph. : ...je sens ja qu'en la doulce pourprise D'Amours, par vous de qui je suis surprise, Grant joye aray (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 59). Maiz Dieu a sa merche mise Es cieulx, et en leur pourprise Et assise, Par merveilleuse devise Et maistrise, La terre a desoubz comprise Pour donner signifiance Comme elle est a lui soubzmise, Et veult que ce nous suffise (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 37).

 

.

La haute pourprise. "Le Ciel" : Or filz de la haulte pourprise, Christus, sauveur, Emanuel, (...) Quant viendra l'eure beneureuse Que ton enfence glorïeuse Puisse choisir parfaictement ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 318).

 

-

"Pourtour, alentours"

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 329. ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

B. -

P. méton. "Bâtiment, demeure, maison" : JHESUS. Chiere mere, en ceste pourprise Ung petit je vous laisseray Et briefment je retourneray Par devers vous, n'en aiez doubte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 221). [aussi v. 13718 et 31725] Grant temps a que suis desirant D'avoit Jhesus en ma pourprise. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 429).

 

-

P. métaph. : ...la pourprise Et le sejour du royaulme françoys (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 303).
 

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 Article 53/77 
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     POURPRISON     
FEW IX prehendere
POURPRISON, subst. fém.
[T-L : porprison ; GD : porprison ; FEW IX, 350b : prehendere]

"Enceinte"

REM. Doc. 1367 (purprisons) ds GD VI, 305c.
 

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     POURPRISSURE     
FEW IX prehendere
POURPRISSURE, subst. fém.
[T-L : porpresure ; GD : porpresure ; FEW IX, 350b : prehendere]

"Enceinte"

REM. Doc. 1347 (Tournai, pourprissure) ds GD VI, 305a.
 

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 Article 55/77 
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     PREHENDER     
FEW IX prehendere
PREHENDER, verbe
[FEW IX, 352a : prehendere]

Inf. subst. "Préhension, saisie" : Combien que ceste cosse soit si aparisans Et si manifestée as petis et à grans, Des mauvais cuers faintis et des mauvais tirans Qui vaurent exurper le roiaume des Frans Et destruire le roy et tous ses atenans, Comme fieus et fiévés et princes et tenans Qui estoient au roy amis et bien vellans, Chieus voloient destruire les pervers soudoians Avoecques le roiaume et tous les abitans, Et prehender ayans et estre posessans Des castiaus et des villes et des cités poisans. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 291-292).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

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     PRENABLE     
FEW IX 344a prehendere
PRENABLE, adj.
[T-L : prenable ; GD : prenable ; GDC : prenable ; FEW IX, 344a : prehendere ; TLF : XIII, 1082b : prendre (prenable)]

I. -

[Sens actif] "Capable de prendre, d'assumer (une charge, une responsabilité...)" : Or est certain que le prince seculier ne puet seul avoir celle seignorie, car il n'est pas prenable de la seignorie espirituelle, conme il a esté aultre fois demonstré. Donques il s'ensieut que le Saint Pere doit estre celluy seul seigneur en espirituauté et en temporalité, car il est prenable de l'une et de l'autre juridiction, conme il a esté dist aultre fois. (Songe verg. S., t.1, 1378, 71). ...ceulx qui elisent le Pape ne luy donent mie la dignité papal, mez le font habile et prenable de ceste dignité prendre et recevoir de Dieu, sanz moyen. (Songe verg. S., t.1, 1378, 209). Un juge seculier n'est mie prenable de la juridiction espirituelle ne ne puet pas avoir possession dez choses espiritueles, (...). Mez un juge espirituel si est bien prenable de la juridiction temporele, car, jadiz, toutes lez causes seculieres estoient traitiees devant lez prestres (Songe verg. S., t.2, 1378, 91). Et si ne puet nul, par prescripcion, acquerir celle puissance, (...) mez plus, nul n'est prenable de ceste puissance, se ce n'est le vicaire de Dieu seulement. (Songe verg. S., t.2, 1378, 207).

 

-

[D'une chose] "Propre à prendre, à accueillir qqc." : ...la nature d'une chascune chose puet estre prenable de beatitude (FOUL., Policrat. B., VII, 1372, 311).

II. -

[Sens passif]

A. -

DR. [D'une pers.] "Qui est susceptible d'être pris, d'être jugé" : ...et, ce fait, fu par ledit mons. le prevost demandé ausdis presens conseillers leurs advis et oppinions comme l'en avoit à proceder contre ledit Jehannin Petit, et s'il estoit prenable de justice, ou nom. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 235). ...il estoit prenables de recevoir pugnicion de justice (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 237).

B. -

[D'une chose] "Qui peut être pris, qui est acceptable, convenable" : ...se les diz cardinaulx ouvroient aucunes voies, les quelles samblassent desraisonnables aux gens du Roy et non prenables pour le Roy, il les debatroient (Mém. messages D., 1372, 155).

 

-

"Qui est opportun" : Premierement comment et quelle Elle avoit trouvee la cautelle Et pourquoy a fait grant demeure Et comment elle attendoit heure Qui lui fëust plus convenable Et a son fait a point prenable (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 227).

 

-

"Qui est bon à prendre" : LE DRAPPIER. Et cest advocat potatif A trois leçons et trois psëaulmes, Et tient il les gens pour Guillaumes ? Il est, par Dieu, aussi pendable Comme seroit ung blanc prenable. (Path. D., c.1456-1469, 120).

 

Rem. Il se peut aussi que blanc soit à interpréter par "niais, dupe", auquel cas prenable serait à rattacher à prendre "tromper" (FM : j'ai été pris).

 

-

"Qui est concevable" : ...car haulte Est la fin de ceste matere, Pour concepvoir si grant mistere, Car envers nous n'est point prenable Pour foiblesce ne soustenable. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 415).

C. -

[D'un lieu fortifié] "Qui peut être pris d'assaut" : ...icellui fort estoit prenable par eschielement entre le pal et la tour neufve, pour ce que l'en n'y faisoit point de guet (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 190). ...où fu mainte forteresse prise et conquestée par assault, et meismement Sainte-Senare et aultres, que on tenoit estre non prenables (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 203). ...car autrement, par force d'armes ou par assaultz, la ville n'estoit mie prenable. (FAUQ., I, 1417-1420, 232). ...s'il puet congnoistre ou appercevoir l'estat de ses ennemys, contempler et bien adviser le lieu où il est et s'il est prenable ou imprenable... (BUEIL, I, 1461-1466, 70). Et fut le roy soubdain et de nouveau, Luy et son train logé dens le chasteau, Lequel est fort, puissant, impenetrable, Par impossible se semble advis prenable. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 247).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     PRENABLEMENT     
FEW IX prehendere
PRENABLEMENT, adv.
[GD : prenablement ; FEW IX, 344a : prehendere]

"De façon acceptable, convenable, capable" : ...capaciter (...) pr[e]nablement (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 170).

REM. GARBIN 1487 ds GD VI, 383a.
 

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     PRENABLESSE     
FEW IX prehendere
PRENABLESSE, subst. fém.
[T-L : prenablece ; FEW IX, 344a : prehendere]

"Capacité de prendre une charge"

REM. Doc. c.1330 (prenablesce) ds FEW.
 

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     PRENABLETÉ     
FEW IX prehendere
PRENABLETÉ, subst. fém.
[GD : prenableté ; FEW IX, 344a : prehendere]

"Capacité" : Capacitas : prenableté (Abavus IV, R., c.1350, 271). Capacitas (...) : prenabletés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 52). ...capacitas (...), capacité, pr[e]nableté (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 170).
 

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     PRENANCE     
FEW IX prehendere
PRENANCE, subst. fém.
[T-L : prenance ; GD : prenance ; FEW IX, 344a : prehendere]

"Prise de possession" : Accepcio...pernance (Gloss., c.1400-1500. In : P. Nobel, Lexique 4, 1986, 166).

REM. Ex. d'a. fr. ds T-L VII, 1735, et GD VI, 383a-b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     PRENANT     
FEW IX prehendere
PRENANT, adj.
[T-L : prendre (prenant) ; GD : prenant ; GDC : prenant ; FEW IX, 343a-b : prehendere ; TLF : XIII, 1068a : prenant]

A. -

"Qui prend"

 

-

Pres prenant. "Agrippant" : Beaulx enfans [les enfants perdus], vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau ; Mes clercs pres prenans comme glus, Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau, Car pour s'esbatre en ces deux lieux, Cuidant que vaulsist le rappeau, Le perdyt Colin de Cayeulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

 

Rem. Doc.1459 ds GD VI, 383b.

 

-

CHASSE [Du chien]

 

Rem. LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 8707 (T-L VII, 1769).

 

-

Empl. subst. : Don receü oblige le prenant, Et le donneur sa grant bonté acquite. (CHART., B. Nobles, c.1424, 405).

 

Rem. Doc.1443 ds GDC X, 406b.

B. -

Au fig. "Avide" : Il ot jadis un roy en France, Homs vaillans et de grant puissance, Et fu messires sains Loys, Qui ne fu prenans ne loys, Mais vesqui adès justement Et en son secret saintement, Dont par justification Avec saintification Fu il si bien justifiés Qu'en gloire en est saintefiez. (MACH., D. Aler., a.1349, 311).

 

Rem. Cf. T-L VII, 1769.

V. aussi prendre
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 62/77 
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     PRENDABLE     
FEW IX prehendere
PRENDABLE, adj.
[GD : prendable ; FEW IX, 344a : prehendere]

[D'une place forte] "Que l'on peut prendre" : Qant li rois d'Engleterre qui se tenoit devant Dignant, et ses gens orent avisé la maniere dou lieu, si lor sambla que elle estoit bien prendable, car elle n'estoit pour lors fremee que de palis et de fosses grans et larges, et en esquels on pooit bien naviier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 586). [Autres ex. p.608 et 766]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 63/77 
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     PRENDEMENT     
FEW IX prehendere
PRENDEMENT, subst. masc.
[FEW IX, 344a : prehendere]

"Action de prendre" : Captio (...) : prendamens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 53).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 64/77 
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     PRENDEUR     
FEW IX prehendere
PRENDEUR, subst. masc.
[GD : prendeor ; FEW IX, 343b : prehendere]

"Celui qui prend" : Acceptor (...) : recepteur, prendeur (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 5). ...il fut despuis apellé Oyseleur, c'est-à-dire prendeur d'oysiaulx. (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 481). ...se aucunes prinses ou destroussez se faisoient en la mer, en aucun port ou havre d'icelles, depuis la publication de ladite paix, en ce cas, le tout sera entièrement rendu et restitué à celui ou ceulx sur lesquelz ladite prinse seroit faite, nonobstant que les fracteurs ou prendeurs ne fussent advertis de ladicte publication (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 401). Ceulx qui de ce dangier eschappèrent eslevèrent ung grant effroy, tellment que les prendeurs furent apperceus des espies que Ferry avoit mis sus les champz (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 133).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 65/77 
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     PRENDRE     
FEW IX prehendere
PRENDRE, verbe
[T-L : prendre ; GD : prendre/prenant ; GDC : prendre ; DÉCT : prendre ; FEW IX, 339b,340b,341b : prehendere ; TLF : XIII, 1068b : prendre]

I. -

Empl. trans. [Le sujet du verbe est un agent (il agit volontairement)]

A. -

Au propre Prendre qqc. (ou qqn)

 

1.

"Faire le geste nécessaire pour saisir, pour appréhender qqc., saisir qqc."

 

a)

Prendre qqc.

 

-

[De la main, de ses mains] : Henry, vien avant ; pren un madre Plain de vin (...) Et porte a ce ladre la hors (Mir. Amis, c.1365, 54). ...[l'ivrogne] prend et baille son cousteau a ce [prieur] (C.N.N., c.1456-1467, 62). Le medicin prend l'orinal et contremont le leve, et tourne et retourne l'urine (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...le bahu fut fermé, et tout jouant, riant et esbatant, prindrent toutes ensemble homme et bahu, et l'emporterent en une petite garderobe (C.N.N., c.1456-1467, 185). ...[elle] s'advisa de prendre une eschalle que ung couvreur avoit laissée lez son ouvrage tantdiz qu'il estoit allé disner. (C.N.N., c.1456-1467, 275). Je prens la roube par ce bout ; Je l'ay guaigné [l. guaignhee] valhenment. (Pass. Auv., 1477, 205). Josep, en grant benignité Prenons ce corps. (Pass. Auv., 1477, 259).

 

-

[Par une partie du corps autre que la main] : Puis la print entre ses bras en disant qu'il luy monstreroit tant de franchise et de bonté en ceste matière qu'il l'aymeroit plus que devant. (BUEIL, II, 1461-1466, 255). Celle croix prenés sur le dos ! (Pass. Auv., 1477, 189).

 

.

[D'un animal] : ...et prist son mors a dens (FROISS., Chron. D., p.1400, 332).

 

b)

Se prendre à qqc. "Se saisir, s'emparer de qqc." : Je n'en despecherey la plasse Se je me prans a mon batom. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 150).

 

c)

Prendre qqn (par). "Saisir qqn (par)" : ...et lors il qui parle apperceut venir sondit serourge, print icelli par le manteau, et dudit baston de rondin lui donna cinq ou six coup (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 499). ...icellui barbier vint à elle qui parle ainsi estant à terre, et la print par les cheveux, et dist que ledit Oudot la harigoteroit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 510). ...ledit Boulengier le print aux draps et au corps et lui osta un baston qu'il avoit. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 102). N'il n'y ara escorpion, Couleuvre, crapaut, ne dragon, Laisarde, serpent, ne aultre beste Qui ne te prengne par la teste, Se tu ne fais a ton retour Tant que je te raye en amour. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 13). Si le prindrent par teste, par piez et par jambes, et tout en air le sourdirent (C.N.N., c.1456-1467, 63). Sa mere la prent par la main, et luy taste son poux (C.N.N., c.1456-1467, 134). ...sans plus dire, la trousse et prend entre ses braz, et dessus ung peu d'herbe (...) souvyne la coucha (C.N.N., c.1456-1467, 156). ...a tant se voult partir le gentil amoureux ; mais la damoiselle le print et accola (C.N.N., c.1456-1467, 381). ...un d'eulx s'avance, qui la prent le plus rudement du monde, disant qu'il aura sa compaignie avant qu'elle luy eschappe, veille ne daigne. (C.N.N., c.1456-1467, 552). Et sans autre desliberacion le demande et le prist par la barbe, et le tyre a soy si rebellement que a peu de fait il l'eust tombé a terre. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 97).

 

-

[Avec l'idée de conduire qqn qq. part] : Adont elle print la pucelle par la main ou Flamine la belle pucelle avecq Blanchette se baignoient. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 366).

 

.

"Emmener qqn" : De froit le povre cueur m'estrainct Et si n'ay membre qui ne tremble ; Mon chief de douleur se retrainct, Je ne sçay pas qu'il vous en semble. Pour ce, prenez moy tous ensemble Et si me portez reposer (LA VIGNE, S.M., 1496, 559).

 

-

Empl. pronom. réciproque : ...Gerard et Conrard se prennent a braz et s'en vont veoir leurs chevaulx (C.N.N., c.1456-1467, 173).

 

-

Empl. pronom. réfl. : ...et se print a ses deux mains par les costes ["elle mit les mains sur les hanches"] (Lyon cor. U., 1467, 44).

 

-

Prendre une femme. "Se saisir d'une femme, la violer" : Jehan Barrier (...) detenu par l'acusacion d'avoir esté, en la compagnie d'autres, a prendre une femme en la ville de Saint Jehan (Doc. 1391. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 430). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

 

2.

"Saisir qqc. pour le faire pénétrer à l'intérieur de soi-même, absorber, ingurgiter qqc."

 

a)

[Une boisson, un aliment...] : Si tost comme elle les verroit, S'en porroit prendre tel goulée Que tost s'en seroit saoulée (MACH., D. Aler., a.1349, 268). ...s'il na apetit a la prendre [la viande, la nourriture] et ne la prengne point... (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 322). ...et pour certain Il vault aussi de tout costé Prendre au matin du pain tosté Taint en vin aigre, sans mesleure, Ou en vin aigre et eaue pure (LA HAYE, P. peste, 1426, 125). ...et puis aler prendre vostre reffection. (JUV. URS., Nescio, 1445, 448). ...que aux heures ordonnees il insiste orer et prier Dieu, et que devant heures congrues et convenables il ne prengne boire ou viande. (JUV. URS., Verba, 1452, 211). ...mangüe tousjours en telle maniere que quant tu te leveras de la table ton appetit ne soit pas saoul, et aussi ton boire soit prins atrempeement. (LA SALE, J.S., 1456, 26). De cestui est escript qu'il vaca nonante ans à l'estude de sapience et tant l'ayma que souventes fois oblioit prandre sa reffection. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 72 r°).

 

-

[D'un animal] : ...et [l'aigle] fiert son bec a la plus aspre et dure pierre de la roche, tant qu'il oste son becq et lui en revient ung nouvel, et prend viande aussi bien qu'il fist onques, et ainsi se renouvelle et ajovenist. (Somme abr., c.1477-1481, 179).

 

-

Au passif [D'une chose] "Qui a été absorbé" : Car ceulz qui seulent mengier et boire indifferentement ce que est mis devant eulz, et en prennent tant que ilz se emplent trop, il font ce de superhabundance et excés de nourrissement pris oultre ce qui leur convient selon nature. (ORESME, E.A., c.1370, 224).

 

-

Empl. abs. : A ceulx qui sont en leur accez, l'en ne doit neant donner, ne les doit l'en pas contraindre a prendre, mais on leur doit hoster la viande et les choses c'on leur donne, especialment devant l'eure determinee. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 57).

 

b)

[Un remède] : ...quant le pacient prent bien ce que l'en lui donne (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 62). Quiconques a pris medecine et est en voye de purgacion et n'a point de soif, il ne se doit pas reposer tant qu il ait soif. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 73). Spasme venant a aucun qui a pris medecine laxative, c'est signe de mort. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 98). ...tant de remedes ot pris Contre venin... (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 22). Pour éviter ce détriment, Prendre des choses amiables Pour la poictrine et proffitables, Comme dragagant est, qui vient Des nobles mèthes d'Orient (LA HAYE, P. peste, 1426, 125). Ilz ordonnerent son regime (...).Et elle prend et fait tout ce qu'on veult pour recouvrer santé. (C.N.N., c.1456-1467, 33).

 

-

Empl. pronom. à sens passif. [D'un remède] : Nasturcium, come est declaré, purge toute espesse de fleume, et quant il se prent par la bouche il prohibe la cause du morphé et oinct par deshors par sa abstertion (Rég. santé corps C., 1480, 135).

B. -

[Avec une idée d'accaparement, de vol] Prendre qqc. (à qqn) "Se saisir, s'emparer de qqc. (qui appartient à qqn), voler qqc." : Et ont Ezechïel leü Qui deffent a prince et ensaigne Que rien par sa force ne praigne Des choses qui au peuple sunt. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 28). ...je t'amain Ceulx contre qui plus mespreis, Quant le leur a force preis (Mir. prev., 1352, 262). ...nostre bon gentilhomme, sans faire semblant de rien, vint au lit d'elle (...) et trouva façon de prendre les braies du prestre sans ce qu'il fust de ame apperceu. (C.N.N., c.1456-1467, 333). ...c'estoit sa coustume que de gaigner et de prendre ce qu'il trouvoit sans garde (C.N.N., c.1456-1467, 401). Car jeunesse me faisoit faire Mains abuz en mon mestier. Voulent augmenter mon repayre, Prendre ay cuidé l'autruy denier. (Pass. Auv., 1477, 119). Il le fault bien, car les satrapas Porroyent bien le corps Jhesu prendre. (Pass. Auv., 1477, 238). ...puis vint en Jherusalem et le mist en desolacion, print les precieux vaisseaux ou Temple et puis le fist abatre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°). SECOND BRIGANT. Aussi Par les boys ont fait leur debvoir De prandre a l'un tout son avoir Et a l'aultre du corps la vie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 315).

 

-

Prendre qqc. de qqn. "S'emparer de qqc. (qui appartient à qqn)" : Item, aucuns illiberals se abstiennent de prendre aucune chose de autrui, pour ce que il ne peut legierement estre que un homme preingne des autres et que les autres ne preingnent onques aucune chose du sien. (ORESME, E.A., c.1370, 240).

 

-

Empl. abs. : Veez cy le corps de celuy qui est tout vostre : taillez, roignez, prenez, ostez, faictes tout ce qu'il vous plaist. (C.N.N., c.1456-1467, 167).

 

.

"Voler, vivre de rapines" : Mais ceulz qui ne prennent pas indeüement, il ne sont pas communelement quant a ce loés de liberalité (ORESME, E.A., c.1370, 232). Je voy ja ma dampnatïon, Onques ne fut m'antancïon Fors que de panre et de piler, J'ay fait pandre plus d'un millier D'ommes par haïne et par dons. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 248). ...il est aucuns princes et chevaliers qui sont infideles et compagnons des larrons, prenans de tous costez et vivans sans foy et sans loy. (BUEIL, II, 1461-1466, 73).

 

-

Mal prendre. "Voler" : Item, cogneut que, puis un an a ou environ, il, de jour, mal print et embla en ladite ville de Troyes, en l'ostel de Guillemin Drouet, son frere, une fourche de fer avec un hoeau, par lui venduz, en icelle ville, XIJ d. par. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 220). Item confessa que, environ cinq ou VJ jours après, que il et sondit pere buvoient en une taverne à la porte Baudoir, lui et sondit pere mal prindrent et emblerent, en ladite taverne, un autre hennap de madre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 499).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Près prenant. "Qui accapare" : Mes clercs pres prenans comme glus... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129). [Éd. : "agrippants"]

 

Rem. Doc. 1459 (la justice est si pres prenant que merveilles) ds GD VI, 383b. Ex. de COURTECUISSE ds l'éd. R.H., n. du v. 1670 (Garde que tu ne soies chiches (...) ne aussi que es choses qui sont de tres petite value tu ayes regart, mais auras honte d'estre si pres prenant).

C. -

[Avec une idée d'attaque, de capture]

 

1.

Empl. trans. Prendre qqn / un animal / p. méton., le territoire de qqn. "S'emparer, se saisir de qqn, d'un animal, du territoire de qqn"

 

a)

"Se saisir, s'emparer de qqn" : Quant les chars furent eschaufées, Si commencerent a puir, Et les ennemis a courir Pour femmes prandre et violer, Pour pillier et pour desrober (DESCH., M.M., c.1385-1403, 336). ...tuer gens et prendre femmes à force (Doc. 1408. In : J. Petit, Bibl. Éc. Chartes 72, 1911, 86). ...car prendre ung malfaicteur c'est voye de droit et de justice. (JUV. URS., Nescio, 1445, 498). Il fist aussi prandre et tuer Joachin et le corps trayner aux champs, affin que les chiens le mengeassent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

-

[D'un bandit] : ...s'il nous advenoit meschef ou d'estre prins ou destroussez de biens (...) ce seroit un merveilleux desplaisir. (C.N.N., c.1456-1467, 171).

 

-

[Du diable] : ...quand tu fus nez, Le dyable vint abrivez, Qui te vouloit prendre et saisir (Mir. enf. diable, c.1339, 27).

 

-

[De la mort] : ...las ! la mort trop me demeure, Quant avant de luy ne m'a pris. (Mir. ev. arced., c.1341, 115).

 

-

Prendre sur qqn. "Attaquer qqn" : En ce temps, le bastard de Bourgongne et le mareschal de Bourgongne, acompaignez de grant quantité de gens de guerre de la compaignie dudit monseigneur de Charrolois, commencerent à courir sus aux villes et subgetz du roy par port d' armes, et vindrent prendre sur le roy Roye et Montdidier. (BUEIL, I, 1461-1466, 45).

 

b)

"Capturer (un animal)"

 

-

"Pêcher" : Toute la nuit, par mon serment, En grant labeur avons pesché ; Nous n'avons riens pris ne trouvé. (Pass. Auv., 1477, 125). Et pour ce les poissons prins en la mer de septentrion laquelle est plus agittee et plus impetueuse, et fluyt et refluyt legierement ; sont meilleurs que les poissons prins en mer meridionale ou de Mydi. (Rég. santé corps C., 1480, 74).

 

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[Métaph. évangélique : Luc 5, 10 : "tu seras pêcheur d'hommes"] : N'aye peur, Pierre ; je t'affie Que les hommes ainsi prendras. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

-

"Capturer à la chasse" : Si le suimes [le cerf] ci de près Tout parmy la haulte forest, Ou fu aconseuz et pris. (Mir. femme roy Port., c.1342, 171). Cilz chevaliers, je croy, cuide prendre les grues en voulant. (ARRAS, c.1392-1393, 59). On ne prent mie le lievre au tabour, ne l'oysel a la tartevelle. (Doc. 1400-1500. In : E. Legris, Bibl. Éc. Chartes 1899, 60). ...ses compaignons venoient, qui avoient prins proye. (BUEIL, I, 1461-1466, 37). Par Dieu, se nous sera grant blasme, Nous en retourner sens riens prandre ! (Pass. Auv., 1477, 140). J'en y ay pris aultrefois trois, Tout a ung cop entre mes cordes. (Pass. Auv., 1477, 141). J'ay chassé de nuyt a la torche En Poyto, France et Bretanhe, Et meinctenent suis en Aulvernge, Ou je n'y voy beste pour prandre. (Pass. Auv., 1477, 141).

 

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[D'un animal] : ...et tout environ elle estoyent sensues, couleuvres, laysardes, par lesquelz je entens gens vicieux ou desirs pervers qui sussoyent la partie de ceste beste jusques aux os, et a toutes choses estoyent a descort fors a ce faire comme deux loups s'accordent a prendre une brebis (GERS., Noël, p.1404, 308). ...jadis ung loup print un chievrot d'entre les chievres, qui estoit moult tendre et jeune (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 168).

 

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[D'un animal] Se prendre / prendre. "Se faire capturer" : ...la rois qui se destent de lui meismes quant l'oisel sauvage prant l'estolon ["engin destiné à prendre les oiseaux" ; prendre l'estolon "s'engager dans cet engin"] qui est en fourme, lequiel [lequel oiseau] se prant de lui meismes. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 162). [Éd., 341 : "l'oiseau est pris par le rets tout seul sans qu'on ait besoin d'être présent pour faire détendre le rets"] ...si que les bous des gluos ataignet cheulz qui sont devant, affin que l'oisel ne se puisse asseer entre-deuz qu'i ne praigne ["sans être capturé"]. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 300).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Bon à la chasse" : ...de tres bons levriers Pour lievre, vistes et legiers, Bien alans et tres bien prenans (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 398).

 

-

Au fig. : ...Cui ses cuers est de dame pris (MACH., D. Aler., a.1349, 289).

 

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[Au propre ou au fig.] Estre pris qq. part : Car il est pris en si estroit lïen Qu'il ne scet tour d'eschaper (MACH., J. R. Beh., c.1340, 129). Tuit serons pris à la ratiere. (MACH., P. Alex., p.1369, 102). ...ce lien De mariage, qui trop grieve A ceuls qui sont prins en ce piege (DESCH., M.M., c.1385-1403, 271). ...luy [qui] estoit prins ou las d'amours et feru bien a bon escient, ne veult pas pourtant sa queste abandonner. (C.N.N., c.1456-1467, 294). Je seroys prins au tresbuchet. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 304).

 

-

Part. passé en empl. adj. "En mauvaise posture" : Quant li diex d'Amours m'a veü Si pris et si despourveü, Il n'atendi plus (Echecs amour. K., c.1370-1380, 132).

 

c)

En partic. "Faire qqn prisonnier" : Mais assez tost après ce qu' il ot beu, il fu prins et admené prisonnier à S. Magloire, ne scet la cause pour quoy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 4). ...li rois est navrés et pris (FROISS., Chron. D., p.1400, 781). Cellui Cornelius Asina fut appellé de Hanibal le viel devantdit, pour traictier de la paix ; sy y alla follement avec sept nefz, et fut la prins et retenu. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 33). Les Hericiens prindrent la garde des Rommains, qui estoient sur une montaigne, et sceurent toutes les ensseignes ; puis le tuerent et firent vestir ung aultre de ses habis (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 53). ...les Bourgoignons tuerent un grand tas en venue de ceulx de Troyes, et prindrent des prisonniers ung grand nombre (C.N.N., c.1456-1467, 453). Tous laissames le bon Jhesus Quant il fust prys. (Pass. Auv., 1477, 187). Alexandre, diligenment, Sompna, Diatam, et vous, Janua, Prenés moy ce foulastre la Et l'alés mectre en prison ! (Pass. Auv., 1477, 268). Cestui predist au roy Charles la grande bataille d'Espaigne, qui fut ou mois d'avril mil IIIcLXVI, où la chevallerie de France ot moult à fere et y fut prins messire Berthrand du Guesclin. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 v°). Et ne fut prins prisonnier de noz gens que monsieur le bastard Mathieu de Bourbon pour homme de nom, lequel vertueusement deffendit la personne du roy, car il estoit tousjours auprés jusque a l'eure qu'il fut prins, en cuydant prendre ung des grans seigneurs de Venise qui s'enfuyoit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 288).

 

-

[P. oppos. à mourir "tuer"] : ...et furent tous que mors que pris. (ARRAS, c.1392-1393, 163). Et la furent descomfi les Englois et mis en cace et en i ot biaucop de mors et de pris. (FROISS., Chron. D., p.1400, 44). ...desconfit en petit d'eure Les orent et tous mors et pris. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 255). Mieulx me vault estre prins que mort. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 48). ...se je ne suis mort ou prins (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 118). ...se en la bataille demeures prins ou mort (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 189).

 

-

Prendre qqn outre. "Forcer qqn à se constituer prisonnier" : ...car ne tendoient les Bourgongnons que à les prendre outre, et pendre après ou tuer (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 125).

 

-

Prendre qqn sus. "Faire qqn prisonnier" : ...dont il en desplaisi grandement au conte de Hainnau, et euist volentiers veu que on l'euist pris sus et retenu en vie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 428). ...qui le prist sus pour son prisonnier (FROISS., Chron. D., p.1400, 437). Et dist, se Dieux le peuist aidier, que onques tout le jour de la bataille de Creci, il ne le vei ne oy parler, et que se il l'euist veu, il l'euist pris sus (FROISS., Chron. D., p.1400, 804).

 

-

Prendre prisonnier : ...plusieurs de noz bons vrais subgiez et obeïssans ont esté prins prisonniers (Paris domin. angl. L., 1421, 22). Et adonc les Anglois laissèrent couler la harce si hastivement qu'il en demoura d'eux iceulx premiers dedens, qui par ce moyen y furent prins prisonniers. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 84). ...et tant fist qu'il fist trahyr et prandre prisonnier le bon roy Richard et le degrada de sa couronne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 v°).

 

-

Prendre au corps : Cestui fut envoyé pour conduire l'ost dudit Demetrius contre le roy Anthioche et fut Lysias, et si bien se gouverna et bailla si bonne ellection de combatre, que ledit Anthioche fut prins au corps et aussi Lisias et admener à Demetrius, lequel ne les daigna veoir, mais les fist occire. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°).

 

-

Part. passé en empl. subst. "Prisonnier" : [Contexte métaph.] Et je, dame, com loiaus pris... (ACART, Prise am. H., 1332, 56). ...et les noms des mors et des pris (FROISS., Chron. D., p.1400, 786).

 

Rem. FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 10/2, 5.

 

-

Loc. Ci pris ci pendu / Ci pris ci mis / Ci pris là mis. "Aussitôt pris, aussitôt pendu / Aussitôt pris, aussitôt mis en prison" : Mal y venoyent pecheurs, traites et malfaiteurs qui forfaysoyent contre la magesté royale de Dieu, en trespassant sa loy et ses commandemens, car : cy pris, cy pendus. (GERS., Purif., 1396-1397, 61). ...car furent pendus, si pris, là mis. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 35). ...et ordonna de le faire pendre, cy-pris, cy-mis (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 105).

 

.

Au fig. "Sur le champ" : Je n'y vueil riens que faire ung trot : Vous me rarez cy pris cy mis. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 233). ...elle se delivra, cy prins cy mis, après ceste premiere course, d'ung tresbeau filz (C.N.N., c.1456-1467, 198). Il vint faire son message a sa maistresse, laquelle cy prins cy mis fist faire la response (C.N.N., c.1456-1467, 476). Et commanda que tout soudain Cy pris cy mis, on chapellast Cinq ou six douzaines de pain Et que bien tost on se hatast. (Repues franches K.V., c.1480, 95). Ne a peine croiray je jamais Qu'il se fust cordelier rendu (...), Et qu'il n'eust, cy prins, cy pendu, Jeté la son froc aux orties. (Amant cord. M., 1490, 57).

 

d)

"S'emparer de (une place forte, un territoire...)" : ...[il], a suy et frequenté routes de gens d'armes, et mené routes de gens par les fins et mettes du royaume de France, prins et aidié à prendre et espier les forteresses dessus dites (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 201). ...et faisoit fort assaillir la cité, car il avoit grant desir de la prendre (ARRAS, c.1392-1393, 182). Chasteauls et villes moult y prist Alixandre (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 47). ...apprès ce que les Rommains orent prins la cité de Messine (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 32). Mais monseigneur Robert, dit Guiscart, son oncle et frere dudit Geffroy, prist a soy viollamment la seignoirie de ladicte conté et en chassa hors ledit Bagellard, son nepveu. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 166). ...la place estoit bien garnye, comme celle qui jamais n'avoit esté prinse (C.N.N., c.1456-1467, 197). Peu de temps après par Nabusardam, son marechal, environ mynuit, fist prandre Jherusalem, où il y avoit eu si grande famine que les meres y avoient mengé leurs enfans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

-

Prendre d'assaut. "S'emparer (d'une place forte) en l'assaillant" : Aprés avoir un peu lavé leurs gorges, Car de partir sans boire estoit egrum, Pour ce disner prindrent d'assault les Forges Et au souper Nostre Dame d'Embrun. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 156).

 

-

Prendre (une place forte) sur qqn : ...au moïen de la science de astrologie, print sur les Anglois le chastel d'Andeli. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 114 v°).

 

-

Inf. subst. : Car je vi, si m'en guermentay, Que lors ne le porroie prendre Et qu'il me couvenoit atendre Une autre fois, mieus pourveüs, Mieus avisés et mieus meüs Et dou prendre un po plus soutils Et garnis de soutis outis Pour haut lever ou pour estendre, Pour a ce gent esprivier tendre. (MACH., D. Aler., a.1349, 260). Et s'est plus fort chose dou prendre Mil fois que ce n'est dou deffendre. (MACH., P. Alex., p.1369, 104). Pour ce s'enhardissent du prandre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 159). ...mais au prendre il fu ocis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 371).

 

e)

"Surprendre (et arrêter) qqn (en train de faire qqc. de répréhensible), prendre qqn en flagrant délit"

 

-

Prendre qqn au fait : ...il fut content de differer sa volunté jusques a tant qu'il eust prins au fait et l'un et l'autre. (C.N.N., c.1456-1467, 352). Demande. Pourquoy, se monniers sont larrons, n'en fait on bonne justice ? Response. Pou de plaintes s'en font ; et que plus est, ne sont prins au fait, et n'ont rien se on ne leur apporte. (Devin. R., c.1470, 161).

 

-

Prendre qqn (tout) prouvé./Prendre qqn à l'épreuve. "Prendre qqn en flagrant délit" : Vostre fille a perdu son pris, Car toute prouvée l'ay pris Avaic Amilles en son lit (Mir. Amis, c.1365, 26). Et s'elle estoit prinse prouvée Et en present meffat trouvée Avecques homme... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 99). ...qant je vous ai pris a l'esprueve (FROISS., Chron. D., p.1400, 874).

 

-

Estre pris en méfait. "Être pris en flagrant délit" : ...elle ne savoit que dire ne respondre, comme prinse en meffait evident, sinon de larmes (C.N.N., c.1456-1467, 240).

 

-

Estre pris saisi. "Être pris en flagrant délit" : Quant aucun clerc si est pris sayzi, par le juge seculier, de la chose amblee, se celluy a qui la chose amblee appartient vient en jugement et preuve la chose estre seue, se la justice seculiere luy rent et met au delivre, conme il appartient et selon rayson, nientmoins l'Eglyse demande estre restitué par lez gens du Roy de celle chose amblee, pour ce que, ainssi conme ilz dient, leur clerc en fust pris sayzi. (Songe verg. S., t.2, 1378, 183).

 

f)

Au fig. Prendre qqn. "Attraper qqn, le tromper" : Bref, les plus rouges ["les plus rusés"] y sont pris (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 230).

 

-

"Séduire" : ...mais c'est la grant beaulté de vostre cousine laquelle m'a prins (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 568).

 

Rem. G. Roussineau, Z. rom. Philol. 114, 1998, 148.

 

2.

Empl. pronom. Se / s'en prendre à qqn ou qqc. "S'attaquer à qqn ou qqc."

 

a)

Se prendre à qqn : ...chascuns a lui se prent, Si l'ont navré el corps, que li sans en descent (Bât. Bouillon C., c.1350, 148). ...l'umble supplicacion de Guillaume Eraut, contenant que comme, environ la Penthecouste darrainement passé, il eust trouvé Martin Gragaut nu à nu couchié avec sa femme et se feust prins à eulx (Doc. Poitou G., t.5, 1380, 128). ...et tantost après les diz Jehan de Saint Germain et Perrinet de Fleet, compaignons du dit Estor, se prindrent au dit Gressart et le batirent (Doc. Poitou G., t.6, 1391, 52). Si grant roy n'iert, qui s'osast prendre A luy (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 56). ...car homme ne se prenoit a lui qu'il ne s'en retournast a peu d'honneur. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 2). ...[Madame] se print a la pouvre Jehannette par si tres grand courroux qu'il sembloit bien qu'elle eust ung dyable ou ventre (C.N.N., c.1456-1467, 272). ...quand ilz virent (...) et qu'il les avoit ainsi abusez, ilz se vouldrent prendre au marchant (C.N.N., c.1456-1467, 384). A l'ame l'on ne se doit prendre (GARIN, Compl., 1460, 122). Lors, quand le prestre vid et oÿt (...) que cestes gens ainsi trompéz par eulx mesmes s'en penserent venir prendre a ly, sagement leur va dire : "Mes amis et amies, vous n'avez cause de vous prendre a moy..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 232).

 

-

Se prendre l'un à l'autre : Il avint à Syn que doy vallet se prisent de parolles li uns à l'autre. En ces parolles disant, li uns ala l'autre ahierdre as mains (Vie urbaine Douai E., t.4, c.1325-13, 327).

 

-

Estre pris. "Être à l'attaque, au combat (?)" : ...vous tous, tant d'un costé que d'autre, Allemens et François, avez au jour d'uy si haultement combatu et honorablement faites voz armes et voz devoirs que ne sont aucuns qui l'eussent peu mieulz faire. Et tant que a peine quant vous fustes prins pourroit on jugier lequel de vous tous ne quel parti avoit du meilleur (LA SALE, J.S., 1456, 267).

 

b)

Se prendre à qqc. : Si se prend a ceste langue de beuf, et de son coulteau bien trenchant en deffist tant de pieces qu'il n'en demoura oncques lopin. (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

c)

S'en prendre à qqn / qqc. : Las ! A qui doncques m'en prendray Fors qu'a moy seule (CHART., L. Dames, 1416, 277). A qui tu t'en prendras ? (CHART., Q. inv., 1422, 43). ...à cellui qui est obligé à toy, s'il est obligié sur ton honneur, prens-t'en à son honneur (BUEIL, II, 1461-1466, 29).

D. -

P. ext. [Sans idée de saisie ou d'accaparement ; mais le sujet reste un agent (il agit volontairement)] "Faire en sorte de disposer de qqn ou de qqc."

 

1.

Prendre qqc. "Faire en sorte de disposer de qqc. (en vue de l'utiliser)"

 

a)

[Objet concret] : Il souffit de prendre de sa berbis la laynne (LA SALE, J.S., 1456, 254). ...[l'ermite] va prendre son breviaire, et son service recommancer (C.N.N., c.1456-1467, 101). Je suis las ; plus ne puis piocher. Accopt, seste pelle prenés. (Pass. Auv., 1477, 104). Accop, pugnaiz, prent tes ostis ; Fay ces cloux et advance toy ! (Pass. Auv., 1477, 177). Prenés encore celle royle Et finirons nostre parfait (Pass. Auv., 1477, 259). ...voyant aussi qu'il n'y avoit homme qui se mist au devant pour les deffendre, lui, comme jeune audax et magnanime, print le gleve ou poing, voyant ses parans tous devant lui, print premier son pere par les cheveux et le mist l'espée ou corps et semblablement à sa mere, à sa femme, à ses enfans et à tous ses parens (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°).

 

-

[Contexte métaph.] : Praigne mon esperit eles comme une aigle, et vieigne jusques a la biauté de ta mayson (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 44).

 

-

Prendre la chasuble. "Revêtir la chasuble" : SAINCT MARTIN. Puis que j'ay heu Robe nouvelle, il fault entendre A l'aube et la chesuble prandre Pour faire le divin service. (Icy le vestent de tous poincts des habitz de l'autel, puis il vient audict autel.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 551).

 

-

Prendre l'habit. "Devenir religieux, entrer en religion" : SAINCT MARTIN. Il me semble qu'il a ja pris ung ply, A le voir la, qui jamais ne fauldra. Sur ce, ne soit son cas desacomply, Mais, s'il vous plaist, l'abbit present prandra. (LA VIGNE, S.M., 1496, 372).

 

-

Prendre le lit. "S'aliter" : Il luy convint prendre le lict et y continuellement demourer (C.N.N., c.1456-1467, 578).

 

-

Prendre la pie. "Boire copieusement" : ...il joue a la toupie, Il prend le pie (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 595).

 

-

Prendre son repas. "Manger" : Aprés qu'il fut dedens la ville entré, Et qu'il eult print son repas nutritif, Pour passetemps, tantost luy fut monstré Ung robuste homme de la Poille natif. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 157). Paisiblement prenoyent la leur repais (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 29).

 

-

Au fig. Prendre son repas à + inf. "Y prendre plaisir, s'y divertir" : Je seray, sans reigle et compas, Batu ; que mauldit soit ma vie ! Les deables prendront leur repas A charger sur moy par envie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 486).

 

-

Prendre son vin. "Boire (?)" : Et passa le roy les dictes crotes bien acompaigné, tant de grans seigneurs que ses gentilz hommes et ses gardes, et vint prendre son vin pres d'icelle petite ville cy davant nommee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 264).

 

-

Prendre sa vie. "Trouver de quoi vivre" : Et pour ce que eulz [des gens pauvres] y prennent leur vie [à la chasse aux oiseaux]... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 267).

 

-

Où pris ? "Où (la chose) sera-t-elle prise ?" : "...je vous bouteray ung quarteron d'enfans ou ventre, et puis je vous habandonneray, et les vous lairray seulle nourrir. - Vous ! dit elle ; mais ou prins ? Vous n'avez pour commencer..." (C.N.N., c.1456-1467, 519).

 

-

Prendre qqc. de qqc. "Prélever qqc. de qqc." : Et donques se l'en prent de cest corps infini .IIII. telles porcions, ce sera un corps fini pesant .IIII. livres (ORESME, C.M., c.1377, 106).

 

.

Empl. pronom. à sens passif. "Être extrait" : Pres ce chasteau une montagne y a La ou se prent le marbre blanc et noir (LA VIGNE, V.N., p.1495, 196).

 

-

Empl. abs. : Ilz furent longtemps en different pour choisir premier ; mais en la fin le mary vaincquit, qui print le premier et print le casier (C.N.N., c.1456-1467, 445).

 

-

Inf. subst. "Action de prendre qqc." : Et au prendre de la lance que Saintré fist, il baisa sa banerolle en faisant le signe de la croix (LA SALE, J.S. E., 1456, 258).

 

-

HÉRALD. Prendre ses armes. "Choisir ses armoiries" : Derechief, nous trouvons armes ou signes de personnes privees, de nobles et de non nobles, dezquelx aucuns prenent leur armes du congié et ordenance du Roy (Songe verg. S., t.1, 1378, 290). Lez aultres sont qui pregnent leurs armes de leur propre auctorité, laquelle chose ilz puent faire lysiblement, mez que ilz le facent sanz prejudice d'aultruy, come il a esté dit ; car, ainssi que lez noms sont mis pour recognoistre lez gens, conme dit la loy, (...) samblablement lez gens pregnent certaines armes pour estre recogneüs. (Songe verg. S., t.1, 1378, 290).

 

b)

[Objet spatial] : ...Afin que [le faucon] le pre ne preïst ["ne se pose dans un pré"] Et que a l'eaue il se meïst (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 218).

 

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Prendre l'adresse vers qqn. "Se diriger vers qqn" : PERE. Nous prenons devers vous l'adresse Pour vostre bonté souverayne Qui nous a esté si humayne Qu'a payne le puis exposer. (LA VIGNE, S.M., 1496, 469).

 

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Prendre le / son / ce chemin / sa route / sa voie... "Emprunter une certaine direction" : Qui ces chemins prant, il se tuert Et desvoie de bonne sente. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 192). Sy ont leur chemin pris et sont monteiz sur mere a Jaffe (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 81). N'est voye qu'il tant voulsist prendre ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 30). ...et porteray la lumiere de ma science par le chemin lequel eulz vouldront prendre, et y deussent rompre le col. (GERS., Noël, p.1404, 306). Après ce, Hanibal se party ; et Claudius le syevit droit a Venouse, ou il avoit pris son chemin. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 42). Je conseilleroie Quant a moi qu'on prensist la voye Tout droit devers le capitole (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 29). ...le bon hermite prend le chemin devers son reclusage en la montaigne. (C.N.N., c.1456-1467, 99). Il se partit de sa femme et prend son chemin devers Noyon. (C.N.N., c.1456-1467, 287). ...jamais ne povoit passer que par devant l'huys d'icelle maison, puis qu'il prenoit son chemin par ladicte rue. (C.N.N., c.1456-1467, 569). ...il prinst la petite route ou sentier (BUEIL, I, 1461-1466, 34).

 

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Prendre le grand chemin. "Se mettre en route" : LE ROY. Gentil herault, par toy fault que soit pris Le grant chemin et en voye te mectre Pour t'en aller vers l'empereur de pris, Et luy donras de par moy ceste lectre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 250).

 

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Prendre le chemin et sentier de + inf. "Se mettre en route pour" : En apprés, de vostre cartier S'en alla, par vostre licence, Et prist le chemin et sentier De venir faire residence En ce lieu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 579).

 

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Prendre la voie vers qqn. "Se mettre en route vers qqn, aller le trouver" : SAINCT MARTIN. (...) Car Jhesus en propre figure S'aparut au lieu ou j'estoye (...). Et me dist lors que je debvoye Sa foye et sa creance ensuivre : Pour quoy j'ay pris vers vous la voye Pour m'enseigner a le bien suivre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 261). GABRIEL. (...) Dieu ta priere a retenue, Dont maintenant vers toy m'envoye Affin que, sans plus de tenue, Vers l'empereur preigne la voye (LA VIGNE, S.M., 1496, 505).

 

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[D'une chose en mouvement] : Il peut bien estre, Balthazar, Car l'estoille qui nous convoye prent vers la son chemin et voie, Sievons le tant que nous porrons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 43).

 

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Empl. abs. "Suivre une certaine direction" : DEUXIESME SERGENT. Voire, ou envis ou volentiers Y venrez vous ; plus n'en parlons. Touz trois d'un front nous en alons. Pren de la, pren. (Mir. st Ign., 1366, 95).

 

Rem. Cet ex. est cependant douteux ; on pourrait comprendre aussi (l'homme d'armes s'adressant à Ignace) "recevoir des coups".

 

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Prendre champ. "Occuper le terrain" : Et, pour ce, on doit prendre champ de bonne heure, qui veult combatre à pié. (BUEIL, II, 1461-1466, 64).

 

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Prendre la mer / le large. "S'embarquer pour naviguer en mer" : ...et prindrent le large de la mer (ARRAS, c.1392-1393, 219). ...et prens le large (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 206).

 

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Prendre terre / rive / rivage / prendre port. "Débarquer" : Si attendirent tant qui li Gamelois furent venu a port et qu'il eurent tous pris terre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 128). Bien estoient plus de C. mille, Et s'en yssoit hors de la ville, Tant et si mervilleusement Que nuls homs nombrer bonnement Ne le peüst en verité, Tant en y ot grant quantité Qui empeschierent le descendre De ses vaissiaus et terre prendre (MACH., P. Alex., p.1369, 67). Il estoient en leur galée, Et bien veoient la meslée, Mais ne pooient terre prendre, Ne il ne pooient descendre (MACH., P. Alex., p.1369, 72). ...et tousjours fusmes en mer sans prandre port jusques au mardi apprès Penthecouste (Voy. Jérus., c.1395, 98). ...li contes de Qent avoit pris terre en Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 82). Certain s'apprestent a port prendre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 70). Aultre part veult prendre rivage (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 232). ...et firent tant que dedans peu de jours prinrent port a Aiguesmortes. (Belle Maguel. B., c.1400-1450, 68). ...puis le mirent en leur bateau et firent tant qu'ilz prindrent rive. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 157).

 

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Prendre (sa) place : Et quant le gallaffre et le soudant virent leurs gens qui estoient traiz a terre, ilz manderent par druchemant au roy Uriien trieves trois jours, et qu'il venist prendre place et se logast et rafrechesist ses gens, et au quart jour il lui livreroit bataille. (ARRAS, c.1392-1393, 221). ...nous sommes trois et elles trois, chacun prenne sa place quand elles seront endormies. (C.N.N., c.1456-1467, 202). ...le disner fut prest, et ceulx qui mandez y furent comparurent ; et print chacun place comme leur hoste l'ordonnoit (C.N.N., c.1456-1467, 321). Tantost aprés qu'es haulx cieulx alla l'ame Ou devant Dieu s'a elle sa place prinse Mil quatre cens et quatre vings et quinze (LA VIGNE, V.N., p.1495, 317). ...plusieurs femmes et enffans et aultres gens jeunes a une douzayne du mains viengnent prandre place devant la chaire sans dire mot. (LA VIGNE, S.M., 1496, 330).

 

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Prendre son tour vers. "Virer vers" : ...il vont trouver ces chevaliers poitevins qui avoient pris lor tour viers Bellain et Ierin et avoient fait bouter le feu dedens (FROISS., Chron. D., p.1400, 386).

 

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Prendre lieu et espace de + inf. "Prendre la liberté de (?)" : L'ABBÉ. De tous pechez Jhesus pardon vous face, Beau filz Martin ! Qu'esse qui vous amayne En ce couvant ? SAINCT MARTIN. J'ay pris lieu et espace De venir cy pour l'amour souverayne Et l'entiere devocion certayne Que j'ay en Dieu, mon benoist Redempteur, Pour delaisser ceste vie mondayne Et me tenir son loyal serviteur (LA VIGNE, S.M., 1496, 359).

 

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Prendre hostel. "Retenir un logis" : Et ainsi il avoit envoyé un de ces escuyers en la cité pour penrre hostel pour ly et pour ses gens (Cardenois C., c.1380-1400, 70).

 

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Prendre un lieupour giste. "S'installer, se loger qq. part" : Aprés disner, la Coste Sainct Andrieu Pour giste print, ou receu fu tres bien. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 321).

 

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Prendre une chambre. "Se loger dans une chambre" : Quant ilz furent a Saint Cler de Gommaiz, ensemble se logerent, prindrent une basse chambre aboutissant sur ung jardin (Nouvelles inéd. L., p.1452, 55).

 

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Prendre son giste. "Se loger" : Dedens Susanne lendemain fut disner, Car jusques la n'y avoit c'une course, Puis s'en alla sans personne indigner Prendre son giste a la prevosté d'Ourse. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 157).

 

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Prendre son logis. "Se loger" : ...et puis s' en retournerent viers Oizemont, ou li rois d'Engleterre et les Englois, pour ce jour, avoient pris lor logeis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 705).

 

c)

[Objet temporel]

 

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Prendre délai. "S'accorder un délai" : Pour ce .VI. jours pran de delay De respondre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 20). ...et soient [les lettres] seellées, expediées, publiées et executées le plus tost que bonnement faire se pourra, sans autre delay prendre pour quelconques occasions. (FAUQ., I, 1417-1420, 110). ...le recteur de ladicte Université, qui par avant avoit prins delay de parler en la congregacion de ladicte Université (FAUQ., II, 1421-1430, 46).

 

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Prendre une heure. "Fixer une heure pour un rendez-vous" : ...a l'heure prinse d'entre sa dame et luy, se vint rendre a l'endroit d'une fenestre (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

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Prendre l'heure que : ...l'eure fut prinse que l'escuier doit venir coucher avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 121).

 

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Prendre son heure. "Prendre son temps, se reposer, se détendre pendant un certain temps" : IPOLITE s'assiet a table. Lucille, venez a la table Devant moy, et vous aussi, dame. Après qu'on a pensé de l'ame, On doibt au corps sa nourriture ; Il fault pour soustenir nature Repaistre et prendre son heure. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 254).

 

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Prendre (le) jour / (la) journee (de). "Fixer la date (de)" : ...que prise Fust une journée d'acort (MACH., P. Alex., p.1369, 122). Et quant la journee qui par avant avoit esté prinse fut venue... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 152). Ilz fiancerent et prindrent jour d'espouser. Ce jour d'espouser prins, elle le fist savoir a Loys. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 12). Lors prindrent le jour du partir au XVe jour du prouchain mois de juillet ensuivant. (LA SALE, J.S., 1456, 90). ...à certain jour que vous prendrez (BUEIL, II, 1461-1466, 83).

 

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Prendre jour / journee de / pour + inf. "Fixer une date pour" : Il part de leans, et prend jour a demain de retourner pourveu et garny de medicine (C.N.N., c.1456-1467, 34). ...a la journee prinse pour combatre (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 215).

 

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Prendre bon jour. "Fixer une date et s'y tenir (pour de bon)" : Deux ans, trois ans, sont ja passez et expirez que, tousjours ainsi m'avez dit, mais vous n'en avez rien fait ; prenez bon jour, je vous en prie, si n'y faillez point. (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

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Prendre temps : Douce dame, prenés temps et loisir Pour moy garir de l'ardeur qui me tient (MACH., L. dames, 1377, 86).

 

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Prendre son temps de + inf. "Fixer le moment de" : ...et prist son temps de partir (BUEIL, II, 1461-1466, 143).

 

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Prendre terme de + inf. "Fixer une date pour" : Prenez terme d'aller vers elle quand elle sera couchée (C.N.N., c.1456-1467, 409).

 

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Prendre bon terme : L'on dit tousjours ceens, et si fait elle mesme, qu'elle s'en va et qu'elle se meurt, et rien n'en fait. Prengne bon terme, de pardieu, comme tant de foiz luy ay dit, et si ne faille point. (C.N.N., c.1456-1467, 459).

 

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Prendre fin : ...la mauldicte et pestilencieuse guerre de France et d'Angleterre regnoit, et qui encores n'a prins fin (C.N.N., c.1456-1467, 54).

 

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Prendre la longue crastine. "Faire la grasse matinée" : ...[il] laissoit sa femme prendre la longue crastine jusques a VIIJ ou a IX heures, ou si longuement qu'il luy plaisoit. (C.N.N., c.1456-1467, 492).

 

d)

[Objet abstrait]

 

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Prendre un impôt. "Lever un impôt" : [Contexte érotique] ...le chapellain de leens (...) se vint bouter auprès d'elle pour luy faire compagnie affin qu'elle n'eust paour, ou espoir pour faire l'essay ou prendre le disme advenir (C.N.N., c.1456-1467, 333).

 

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Prendre une mesure. "Évaluer, mesurer" : "Perrin, mon ami, pour combien avroye je diemenche prouchain un pourpoint pour moy tout fait, qui fust de damas bien cramoisy ?" Perrin qui l'avisa un petit, print sa mesure, puis lui dist : "Avez vous de l'argent ?" (LA SALE, J.S., 1456, 51). Sus, pren la grandeur de ce truant, Malbec, pour mieulx faire devoir. (Pass. Auv., 1477, 194). On dit que cestui ala aux mons de Ethna, qui tousjours ardent sans diminuer, et y ala plus avant que homme n'avoit encore fait, pour prandre au juxte le zeniq et centre d'iceulx, pour sçaver soubz quel ymage de la IXe espere ce povoit estre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°).

 

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Prendre la moison. "Établir les dimensions d'un objet" : C'est par ce que quant tu foras, Tu pris maisement la muyson, Or avise que j'ay raison, Il y a a dire ung quartier. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 187).

 

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Prendre un principe. "Adopter un principe" : ...car les principes de prudence sont pris selon les vertus moralz. (ORESME, E.A., c.1370, 524).

 

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Prendre une charge. "Assumer une charge" : Centurion est bien nostre amy ; Si luy plaisoit la charge prendre, Cortoisie nous faroit grande, Et nous l'en vouldrions bien prïer. (Pass. Auv., 1477, 273).

 

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Prendre qqc. devant. "Préférer qqc." : J'ayme tresbien voirement pastez d'anguilles (...) et n'est viande que devant je ne preisse. (C.N.N., c.1456-1467, 83).

 

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Au passif. [D'une chose, dans le domaine d'une opération intellectuelle] Estre pris de qqc. "Être emprunté à qqc., venir de qqc." : Vez ci donques une cause prise de la nature de la chose. (ORESME, E.A., c.1370, 171).

 

e)

En partic. "Appréhender qqc. par l'esprit, considérer" : ...et tout pour embellir et verifier nostre matiere, et le vueil-je prendre au commencement de creacion des dus de Guerles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 143). Or prenons la cause finale D'un autre pechié perilleux (DESCH., M.M., c.1385-1403, 347). Et si tost qu'il vey la lettre et qu'il en eut prins le sens... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 956). ...Affin que je preigne le fond De ma matiere (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 672).

 

Rem. L'ex. suiv. est sans doute à mettre ici : ...et le monstre bien en icelui livre ouquel il reduit à diverses plantes aucunes estoilles et aussi aux ellections qu'il enseigne prandre à planter, semer et anter ["qu'il enseigne à appréhender, à considérer en plantant..." (?)]. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 v°).

 

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Prendre qqc. (de telle ou telle manière) : ...a prendre generalment et en commun, spasme est quant... (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 377). Y. prent cy enffance pour le commencement de la nativité jusques en la fin de leur croissement (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 377). Et de telle fin en tant comme prinse pour fin ne conseille l'en pas. (ORESME, E.A.C., c.1370, 191). Or prenez chascune a sept ans Pour veoir combien, a bien compter, Les septante pourront monter. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 123). A prendre la signification de ce nom dieu selon la premiere maniere... (Somme abr., c.1477-1481, 130).

 

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Prendre qqc. à. "Considérer qqc. comme" : Se tu les prens [ces paroles] a rigoreuses... (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 42).

 

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Prendre qqc. pour. "Considérer qqc. comme" : ...et adont ce nom "le Saint Esperit" n'est que une diction, mais a le prendre pour deux dictions "sainct" et "esperit", adont le "saint" est adjousté par maniere de raison. (Somme abr., c.1477-1481, 122).

 

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À tout prendre : ...à tout prendre, ceste cité de Paris est la cité que jamais je veisse environnée de meilleur pays et plus plantureux (COMM., I, 1489-1491, 58).

 

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À le bien prendre. "À bien le considérer" : Mais Dieu y pourveut de remede, car comme se sc'eust esté par divin miracle ou ordonnance de Dieu, les ennemys qui estoyent dix contre ung, encore ung d'eulx en valloit trois des nostres a le bien prendre, veu le lieu ou ilz estoient et le grant voyaige qu'ilz avoient fait (LA VIGNE, V.N., p.1495, 288).

 

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Bien pris ou mal pris. "À tort ou à raison" : [Le prêtre qui vient de marier deux couples avec interversion des époux à cause de la pénombre] J'ay fait mes devoirs envers vous d'autant que g'y suis tenu. Se faulte y a au remanant, ne vient pas de moy (...). Et pourtant allez vous en voz maisons et faictes voz nopces telles qu'il vous plaira, car, bien pris ou mal pris, vous n'en poez avoir aultre chose. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 232).

 

Rem. Déf. de l'éd, p. 346 : «bien pris ou mal pris, 232, que ce soit une bonne ou une mauvaise chose».

 

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"Comprendre, interpréter qqc." : Item, qui met ensemble .I. et .II. et .III., ce sont .VI. lequel est le premier nombre parfait a prendre perfection si comme elle est prinse en arismetique (ORESME, C.M., c.1377, 50). Les divins jugemens sont inscrutables et dangereux a y bouter doit, et ne siet a homme de soy y plongier parfont, sy non en tant qu'il en peut prendre par ce qui en ensieut par effect (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 149).

 

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"Envisager, garantir qqc." : Oultre plus, vueil que la richesse Des biens d'Amours qu'avoir souloye Departie soit a largesse A vrais amans, et ne vouldroye Que faulx amans, par nulle voye, En eussent part aucunement ; Oncques n'euz amistié a eulx ; Je le prans sur mon sauvement Devant tous loyaux amoureux. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 97).

 

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Le prendre. "Considérer qu'il en est ainsi" : Filz, c'est bien dit ; or le prenons (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 124).

 

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Prendre son imagination sur qqn / qqc. "Se faire des idées sur qqn ou qqc." : Ha ! monseigneur, dit elle, par Dieu vous avez tort de prendre vostre ymaginacion sur luy. (C.N.N., c.1456-1467, 232). ...pour l'imaginacion que vous en pouriez prendre, elles ne vous feroient ja bien [À propos de perdrix que la parole d'un prêtre vient de "changer" en poissons] (C.N.N., c.1456-1467, 583).

 

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Prendre sa raison sus qqc. "Fonder son argumentation sur qqc." : Et telx se fondent et prennent leur raison sus ce que moult de gens qui sont en grant puissance - princes et autres - font choses semblables a ce que faisoit Sardinapalus. (ORESME, E.A., c.1370, 111).

 

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Prendre qqc. pour autre chose

 

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"Confondre" : Mais il prend opinion pour raison. (ORESME, E.A.C., c.1370, 184). Mais Anaxagoras use de cest nom et non pas bien, quar il prent ether pour feu. (ORESME, C.M., c.1377, 88). Quant les parolles sont equivoques ou doubles, l'en doit declairer leurs significacions ou sens afin que l'en ne preingne un sens pour l'autre. (ORESME, C.M., c.1377, 188). ...pource que le curé ne veoit pas trop cler, il print l'une pour l'autre, et changea a chascun homme la femme qu'il devoit avoir (C.N.N., c.1456-1467, 12).

 

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[Sans idée de confusion] "Tenir l'un pour l'autre, considérer comme" : ...cestes paines qu'ilz prennent pour joies (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 5). Et sont les jours de pardons pris pour les jours des penitences enjointes. (GERS., Déf., 1400, 237).

 

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Empl. pronom. à sens passif. Se prendre comme / de / pour / selon. "Être considéré, être interprété comme / pour / selon" : Notes que se "ung" se prend et entent comme commencement de nombre, par tele maniere pas ne compete a Dieu quant on dist ung Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 104). Et ceste diffinition se prend selon la nature de la chose. (Somme abr., c.1477-1481, 130). Ceste diffinition se prend selon l'ethymologie, c'est a dire l'interpretation de la diction et du mot, car personne selon l'interpretation du nom vault a dire comme chose par soy une. (Somme abr., c.1477-1481, 130). ...car, par ce moyen, l'on peut prevoir et remedier aux inconveniens qui par icelle congnoissance sont preveuz et congneux avant la main et descencion des infortunes, laquelle utillité ne se prent pas de la simple theorique des mouvemens, mais des autres parties de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°). ...pour chacune diversité de maladie, mist epithaphes et tiltres, pour advertir que l'un ne se print pour l'autre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 r°).

 

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Prendre une chose pour ce qu'elle vaut : Et se le vendëeur li disoit senz faire pris que il la preïst pour ce que elle vault, ce seroit plus juste chose que l'acheteur taxast le pris que le vendëeur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 454).

 

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Prov. : Bien peut le jeune mal fuyr, Si se veult regir par raison, Et qu'il s'en vayse recuillir Avec gens de bonne maison. Il n'est riens que n'aye saison, Quant par saison la chose est prinse. Il en vient du bien a foison, Aussi du jeune qui l'advise. (Pass. Auv., 1477, 119).

 

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Se prendre sur qqc. "Tenir compte de qqc." : Mes che n'e[st] point l'apointement Sus quoi nostre juge se prent (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 265).

 

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Se prendre au contraire. "Opter pour le contraire" : Or me pren du tout au contraire. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 116).

 

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[Suivi de l'indicatif ou du subjonctif] Prendre que. "Admettre (comme une hypothèse plausible) que, considérer que" : Prenons c'uns amans est espris D'amer une dame de pris (MACH., D. Aler., a.1349, 327). ...prenons que aucun ait une fievre tierce vraye (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 377). Prens que tu aies ton talent, Aras te pour ce plus d'argent ? (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 8). Or preng ensi que sus soiiés Arrestés sans departement (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 107). Dont plainnement est entendu que, se il advient ce qui est dit de ces devineurs, non pas selon Dieu, il ne doit pas estre pris ne creu (,) que teles choses soient faites pour leur commandement et que l'en honeure ce que ilz honeurent. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 201). ...mais je prens, sur mon ame, Qu'il en est peu ou l'on se doibt fÿer. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 259). Et de ce, à parler en brief par similitude, je prens que un puissant seigneur soit tant detestable, malicieux, et mauvais que son inclinacion ne soit qu'à troubler toutes terres s'il pouoit. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 120). ...prenons par cas possible (...) que un roy de France n'eust que une fille (JEAN DE MONTREUIL, Traité cheval. G.O.O., 1413, 130). Et encores, par maniere d'esbatement, prenons que le gras mardy de quaresme Jehan, comme galant et gourmant, aprés souper dit que il n'yrat pas dormir jusques a la myenuit que quaresme encommencera (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 10). Croy que ne te failliray point, Prens que le temps soit mal utille ["si tu considères que, à envisager que"], Car tu es le filz de ma fille, Que jamais n'abandonneroye. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 230). Or bien, sire, prenons qu'il soit ainsin con vous dictes (LA SALE, J.S., 1456, 12). Je prens qu'aucun dye cecy (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 61). Et prenés qu'ilz fussent desconfis (BUEIL, I, 1461-1466, 115). Prenez que vous y soyez venu par enchantement. (BUEIL, II, 1461-1466, 239). ...prennons qu'ilz ne fussent pas au service du temps du deccés de son predeccesseur (Traité politique C., c.1492-1493, 147).

 

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"Considérer comme vrai" : ...disant qu'il prenoit sur sa dampnacion que sa querelle estoit bonne et juste (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 463).

 

2.

[À la suite d'une transaction avec qqn ou avec l'accord de qqn] Prendre qqc. (à qqn / de qqn). "Faire en sorte de disposer de qqc. (dont qqn d'autre disposait) ; accepter qqc. de sa part"

 

a)

"Faire en sorte de disposer de qqc. (dont qqn d'autre disposait)" : ...tant en voes, tant en prent (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 158). Je vous abandonne la forest pour prendre bois a charpenter (ARRAS, c.1392-1393, 75). ...avec ce a droit de prendre et avoir en ycelle forest bois pour son chauffer et user. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 40). Soiez plus content de prendre de moy ce qu'en vouldrez par mon accord et volunté (...) que malgré moy vous paroultrez vostre vouloir desordonné. (C.N.N., c.1456-1467, 157). Je prens ceste quictance a mon prouffit, et vous en mercye toutesfoiz, car je le doy faire. (C.N.N., c.1456-1467, 401).

 

-

"Acheter qqc." : Afin que vous me la vendez [ceste nef]. Je vous di (...) Que je la pren pour la royne (Mir. ste Bauth., c.1376, 158).

 

-

[D'un auteur] "Emprunter qqc." : ...et de lui [Galien] le prist et emprunta Serapion, et icy endroit, il en fu son regratier (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 377).

 

-

Empl. abs. : ...il donne volentiers et ne prent pas de legier. (ORESME, E.A., c.1370, 237).

 

b)

[Proche de l'idée d'acceptation] "Accepter qqc. (de qqn), recevoir qqc." : ...la subtillité aussy de Demostenès secourut noblement a une meschine, laquelle avoit prins peccune en garde de deux hostes, par celle condicion que elle leur renderoit a tous deux enssemble. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 32). ...quand le prestre vit que monseigneur le seneschal ne vouloit prendre la paix devant [luy], il laissa Dieu qu'il tenoit en ses mains, et print la paix et la porta a monseigneur le seneschal (C.N.N., c.1456-1467, 448). Prent cel argent ; Aultrement ne prendrey la toele ! (Pass. Auv., 1477, 237).

 

-

"Accueillir qqc." : Pour laquelle cause, Sigimont conte de Hohemberg, Sigmont de Stoeffee, Erard de Neuverouche, bailli dudit conté de Montbelliart et Wolffen de Nunhusen, eulx disans et portans conseilliers et officiers de nobles seigneurs, Loys et Horrich, contes de Wiertemberg et dudit Montbelliart, freres, et eulx disans avoir puissance de par eulx sont venuz par devers nous, en nous humblement requerant qu'il nous pleust ... prendre liberallement l'obbeissance des dits villes et chastel de Montbeliart (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 8).

 

-

Prendre mieux. "Accepter de recevoir plus" : ...quand il besoigne une foiz en ung moys, c'est au mieulx venir. Il ne fault ja que j'en face la petite bouche ; creez que je prendroye bien mieulx. (C.N.N., c.1456-1467, 248).

 

-

[De Dieu] : Dieu a exaussié la voix de ma priere ; Dieu a prins mon oroison. (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 87).

 

-

Inf. subst. : ...et de rechief le vous dy par tel sy que plus grant plaisir me feriez du prendre mille fois que du reffuser (Comte Artois S., c.1453-1467, 135).

 

c)

[L'obj. désigne de l'argent, une somme...] "Prélever, toucher" : ...lesquielx hommes darmes et servans avoient servi par divers temps ou fait des Bretons estanz à Champeaulx et à Genez pour resister à yceulz, et prenoit chascun homme darmes et chascun archier XV fr. par mois (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 276). ...certaine somme d'argent qui devoit estre prinse et levée. (FAUQ., I, 1417-1420, 313). Voyans aussi qu'ilz sont loing de leur pays (...) si furent contens de prendre argent pour leurs despens et s'en retourner dont ilz vindrent. (C.N.N., c.1456-1467, 337). ...[elles] voulrent paier l'oste et leur escot. Mais l'oste dist qu'il ne prendroit rien d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 410). Par quoy, [le duc de Milan] sentant que ce prince le duc de Cleves lui estoit si pres qu'il ne restoit qu'a passer la riviere qui ceurt devant Versay [pour entrer] en son pays, prestement manda a tous les ostelens par ou il devoit passer que riens ne prensissent de ly ne de ses gens (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 242). Prent cel argent ; Aultrement ne prendrey la toele ! (Pass. Auv., 1477, 237). ...amaroys mieulx morir Que si en prenoye ung denier [de cette toile] (Pass. Auv., 1477, 237).

 

-

Prendre (une certaine somme) sur qqn / qqc. : Gilles Rappiout, sergent a cheval, ou nom de lui et de Jehanne, sa femme, s'oppose pour la proprietté de IIII l. p. de rente que il prent et a droit de prendre sur le dit moulin (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1389-1390, 613). On lit que Pilate, avant que il fust envoyé a Romme de par l'empereur, il c'estoit meslé de finances et receptes, et une foys dit a l'empereur ou escripvist que se il vouloit il auroit foison argent, et que il ne faloit que le prendre sur le peuple et ceulx qui en auroient, et que tout estoit sien. (JUV. URS., Verba, 1452, 271). ...la somme De cent francs, prins sur tous mes biens. (VILLON, Lais D., c.1456-1457, 69). ...par le moyen des charges qu' i [le roi] prant sur son peuple (JUV. URS., D. Tours, 1468, 446).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Et moult fort Maudire je te devroye, Car ton envïeux remort Mist accort L'omme premier en ta voye ; Pour quoy le filz, que j'avoye Et amoye Plus que riens dessoubz les cieulx, De mort a pris la monoye, Qu'il employe A rachapter l'omme vieulx. (Pass. Auv., 1477, 245).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui reçoit qqc." : Mais toutesvoies, la retribucion doit estre faite a tant comme les prenans ou recevans le ordennent. (ORESME, E.A., c.1370, 455). Don recëu oblige le prenant, Et le donneur sa grant bonté acquite (CHART., B. Nobles, c.1424, 405).

 

d)

[L'obj. désigne un sacrement, la grâce qui en résulte...] : Et leur fist dire messez, chacun fu absolu, Prindrent leur sacrement en non du roy Jhesu. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 48). ...il estoit le plus vaillant chevalier tenu du royaume de France, lequel de sa vie naturelle fina ses jours en la ville du Saint Esperit sur le Rosne, aiant prins tous les sains sacremens, ainsin que tous bons et vrais chrestiens doivent faire (LA SALE, J.S., 1456, 308). SAINCT MARTIN. (...) Mon chier enffant, je te baptise In Nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, Amen. Puisqu'avez telle grace prise, Pencez d'estre bon catholique (LA VIGNE, S.M., 1496, 384).

 

-

Prendre le corps Jésus-Christ : De la maniere de recepvoir et prendre le corps Jhesu Crist. (Somme abr., c.1477-1481, 95).

 

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Prendre Dieu en soi. "Recevoir Dieu en son for intérieur" : LUCIFFER. Je congnois bien qu'il est plus dur que fer Envers le Dieu qu'en soy a volu prandre (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

 

e)

[L'obj. désigne une chose abstr.] : ...la dicte damoiselle luy pria moult doulcement que en gré il voulsist prendre le plaisir qu'elle luy avoit peu faire (C.N.N., c.1456-1467, 390).

 

-

Prendre la foi de qqn de + inf. "Obtenir de qqn la promesse de" : Madame, assise sur les piés du petit lit, le fist entre elle et ses femmes venir, et lors print la foy de lui de ly dire de toutes ses demandes la verité. (LA SALE, J.S., 1456, 7).

 

-

Prendre l'hommage de qqn. "Recevoir l'hommage de qqn" : Lors par son vexil ou baniere [le Pape] l'envestist a roy dudit royaume, et fust le premier roy par l'esglise. Et alors prist l'ommaige de lui personnellement, en l'an de nostre seigneur mil C et XXX, en la cité de Benivent (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 169).

 

-

Prendre le serment de qqn. "Recueillir le serment de qqn" : Après laquelle ordonnance ainsi faicte et declarée auxdiz André et Marcel, la Court, a pris le serment d'eulx de bien et loyaument faire, gouverner et exercer lesdiz garde, provision et gouvernement ou administration et d'en rendre compte selon ladicte ordonnance. (BAYE, II, 1411-1417, 247). Lors le roy a son mareschal commanda en prendre les seremens (LA SALE, J.S., 1456, 125).

 

3.

[Avec l'idée d'action commune, de collaboration...] Prendre qqn. "Faire en sorte de former un couple plus ou moins durable avec qqn dans tel ou tel dessein"

 

a)

[Dans le couple de l'homme et de la femme]

 

-

Prendre une femme "Épouser une femme" : C'est quant Pierre cuide prendre Katherine riche, puissant, noble et vierge, et il la prent corrumpue, povre et non noble. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48). Erreur de fortune, c'est quant il cuide prendre une femme sage et discrete, et elle est pou discrete, sage et pou prudente. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48).

 

-

Prendre qqn à / en / par mariage. "Épouser qqn" : ...comme environ la feste de l'Ascencion Nostre Seigneur derrainement passée, Jehan Roudet, de la duchié de Guyenne, eust prinse la dite suppliante par mariage, qu'il n'estoit guerre aucune entre nous et le prince de Gales, après lequel mariage, se fust trait ycellui Roudet devers le sire de Mirebeau, ou sez officiers, et li eust juré feaulté pour cause du fort de Ry et dez appartenances de ycelly, et finé du rachat (Doc. Poitou G., t.4, 1369, 13). Quand je vous prins en mariage a la male heure, vous ne apportastes gueres avecques vous (C.N.N., c.1456-1467, 420). ...ung jeune homme print a mariage une tendre jeune fille (C.N.N., c.1456-1467, 496).

 

-

Prendre femme / mari : ...Que jamais mary ne prandray (DESCH., M.M., c.1385-1403, 179). ...Ne soy tenir de femme prandre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 330). ...ne prenez jamais femme d'estrange nacion. (C.N.N., c.1456-1467, 330).

 

-

Prendre qqn à femme / à mari / à espouse / à moullier : ...ma fille ne vault mie De sens, d'avoir ne de lignie Tant qu'a femme la doiez prendre (Mir. femme roy Port., c.1342, 160). Li roys la fist tantost mander Pour li enjoindre et commander Que son servant à mari prengne. (MACH., P. Alex., p.1369, 260). ...se tu treuves homme qui te veuille prendre a espouse (ARRAS, c.1392-1393, 13). ...la prenderay a moulhier (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 8). ...il la prendroit a femme (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 21). Mais depuis ce il prist a femme madamoiselle Agnez, fille du conte Pietre, par dispense. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 178). ...il la prendroit a femme si son mary terminoit vie par mort. (C.N.N., c.1456-1467, 415). Comme dist Saint Ambroise : "Gardez", dist il, "que ne prendez a femme gentile, payenne ou heretique". (Sacr. mar., c.1477-1481, 66).

 

-

Prendre qqn pour femme : Je veux (...) que icy en ce saint lieu, devant tous, tu la espouses et la preignes pour femme. (Belle Maguel. B., c.1400-1450, 102).

 

-

Prendre qqn comme sa femme : ...[l'évêque] commenda au chaperon fourré qu'il la prinst comme sa femme ; car elle estoit sienne (C.N.N., c.1456-1467, 417).

 

-

Prendre qqn en femme : Pour conclusion il fault dire que veu simple empesche mariage a estre contrait, et tant que se cellui qui a simplement voué, aprez a donné jurement a aucune femme que il l'espouseroit et prendroit en femme, il doit son veu acomplir et faire penitance de son jurement illicitement presté et donné. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54).

 

-

Prendre qqn à mariage : D'uy en quinze jours sanz faillir Femme a marïage prendray. (Gris., 1395, 19). [Autre ex. p.23]

 

-

Empl. pronom. réciproque. Se prendre par nom de mariage. "S'épouser" : ...lui et la dicte Jourdaine avoient promis l'un à l'autre qu'ilz se prendroient par nom de mariage (Doc. Poitou G., t.7, 1412, 224).

 

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Prendre (un amant) : ...[elle] fut contraincte par son trop demourer [du mari] de prendre ung lieutenant, qui en peu d'heure luy fist ung tresbeau filz. (C.N.N., c.1456-1467, 127). Elles ont prins chacune ung compaignon et ont fait jusques a oultrance la folye. (C.N.N., c.1456-1467, 364).

 

-

[Union sexuelle] Se prendre à. "S'unir sexuellement à" : ADAM. (...) Or est vray que Dieu ordonna Que ensemble comunicasson, Affin que la terre emplisson ; Si me semble bien necessaire, Pour multiplicacion faire, Que Cayn se prenne a sa seur. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 75). ...il, tempté de l'ennemi et gardant les vaches ou les touchant ès marez de la Ronde, il se print à une vache, la congneut charnellement et eust sa compaignie charnelle une foiz seulement. (Doc. Poitou G., t.11, 1469, 217).

 

b)

[Prise en charge]

 

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Prendre qqn (avec soi). "Assumer la responsabilité de qqn, recevoir, recueillir qqn" : ...si vous prie tant que je puis qu'après ma mort, qui sera brefment, vous les prenez avecques vous et les entretenez, nourrissez et elevez [Ladite femme adultère à ses amants] (C.N.N., c.1456-1467, 328). ...après sa mort ilz les prendront et n'en ara jamais charge. [Une femme à l'agonie annonce à son mari que ses amants s'occuperont des enfants qu'elle a eus d'eux] (C.N.N., c.1456-1467, 329). Femme, ce filz te veulx donner. Or le prens ; je veulx qu'il soit tien ; Par ressussitacion estoit mien Pour ce qu'il m'a pleu le souver. [Réf. à Luc 7, 11-17] (Pass. Auv., 1477, 131).

 

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Prendre qqn à sa charge : Et à ce nous feist responce que seurement ilz povoient venir faire leur poursuite et qu'ilz les prenoit à sa charge, et que, sur son honneur, leur feroit baillier bonne provision de justice et commission pour adjourner en personne ledit messire Lancelot (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1483, 366).

 

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Prendre qqn à merci. "Accorder à qqn sa grâce" : Tantost aprés eulx mesmes sans attendre, Tres humblement au roy se vindrent rendre Luy apportant des portes de la ville Et du chasteau, en maniere serville, Toutes les clefz : luy suppliant aussi A joinctes mains qu'il les print a mercy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 247).

 

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Prendre qqn en garde. "Prendre qqn sous sa protection" : ...Comme eulx disans estre plus asseurez D'estre sans plus dessoubz la sauvegarde Du roy françoys, s'il les prenoit en garde Contre Tuscans, marranes poiltronnailles, Que de cent portes ne de mille murailles. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 224).

 

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En partic. : Mon pere, prens mon esperit ; Entre tes mains le recommande. [Réf. à Luc 23, 46] (Pass. Auv., 1477, 223).

 

c)

[Dans une collaboration] "Faire en sorte de disposer de qqn (en vue de qqc.)" : Prendons ung messaige ["un messager"] et sy l'envoyons a Charles dire qu'il s'en revoise a France (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 46).

 

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Prendre qqn avec soi. "Emmener avec soi (en partic. pour le combat)" : ...il s'arma de toutes pieces et print o lui un escuier qui savoit tout le pays (ARRAS, c.1392-1393, 198). ...maistre Symon prist avecques lui plusieurs de messieurs dudit Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 4). Sy prist de ses hommes grant foison (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 52). ...je t'advise Que preignes avec toy Sathan Et Asmo pour mectre en mal an Jehan baptiste, nostre contraire. (Pass. Auv., 1477, 94).

 

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Prendre qqn à témoignage / à témoin : Dieu preng a tesmoing sur mon ame Que tousjours me suis reputee Ta povre ancelle (Gris., 1395, 81). ...je le prens [Dieu] a tesmoignage qu'oncques en jour de ma vie je ne tins termes a cestuy dont vous parlez, ne a aultre, quel qui soit (C.N.N., c.1456-1467, 232).

 

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Prendre qqn en son service : Dieu, par ta benignité, Veulhe moy prendre en ton service. (Pass. Auv., 1477, 164).

 

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Prendre qqn de son costé : Et de ce je en prens Dieu de mon costé, qui me sera au jour d'uy en ayde. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 217).

 

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Prendre qqn à / pour. "Faire en sorte de disposer de qqn en qualité de, choisir qqn comme"

 

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Prendre qqn à : Et nous eslisons et prenons a conseilliers gens qui scevent discerner et cognoistre de grans choses et notables, aussi comme si nous ne fusson pas souffisans a ce de nous meïsmes. (ORESME, E.A., c.1370, 190). Le dimenche, .XXI. jour de juing, les habitans de Pise vindrent au matin devers le roy, et luy prierent et requirent qu'il luy pleust de sa grace les prendre a serviteurs et qu'ilz fussent subjectz a luy pour faire et acomplir des la en avant tout son bon plaisir (LA VIGNE, V.N., p.1495, 275).

 

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Prendre qqn pour : ...et pour ce lesdiz prisonniers prennent pour advocas maistre Pierre de Marigny et pluseurs autres (BAYE, I, 1400-1410, 235). ...Que j'ay pieça pour juge pris (CHART., E. Dames, 1425, 370). ...les Rommains prenoient pour chef ung laboureur (JUV. URS., Verba, 1452, 246). O femme, de Jehan seras mere ! Au monde n'aras aultre enfant ; A celluy te fauldré retraire. Or doncques pour ton filz le prent ! Jehan, mon cosin, pareilhement Pour mere prendras celle feme ! [Réf. à Jean 19, 26-27] (Pass. Auv., 1477, 220). Car, comme ilz disoient, ilz se donnoyent a luy, le recevant et prenant pour leur roy, seul seigneur et vray protecteur ; ce qu'il leur fut accordé. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 272).

 

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Prendre qqn. "Choisir qqn (comme chef)" : Quant a moy, je suis cellui qui, de ma part, a l'ayde de Dieu et de Nostre Dame le vous accorde [vous donne mon accord], remerciant quant vous m'avez en tel nombre et compaignie prins et esleu. (LA SALE, J.S., 1456, 230).

 

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Prendre qqn tel qu'il est. "L'accepter tel qu'il est" : Il fault temporiser, dit il ; il faut dissimuler ; tel me veulent, tel me prenent. (GERS., Annonc., a.1400, 235). Tel me veez, tel me prenez. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 199).

 

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Se prendre à qqn. "S'allier à qqn" : Bien voy que je puys vers le Pere advenir, A Jhesucrist son Fil me vueil prendre et tenir. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 59).

 

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Se prendre par compagnie. "Se rassembler par compagnies" : ...et aussy chascun jour les gens estans en icellui pays se prenoient par grans compaingnies, tous deschaus et à nues testes, où il passoit, devant lui, criant mercy ; lesquelz il recepvoit benignement. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 19).

 

d)

[De Dieu] "Amener, appeler à soi" : ...si Dieu vouloit prendre ma femme, jamais ne fu si eureux. (C.N.N., c.1456-1467, 284). Loué soit Dieu que vous a pris ! (Pass. Auv., 1477, 138). Plus n'accomplirey vostre veul, Palharde cher pugnaise et orde, Puis que Dieu m'a pris en sa corde. (Pass. Auv., 1477, 149). Je suis du tout de s'amour prise ; En penitence me suis misse, Affin qu'aye plus tost sa grace. (Pass. Auv., 1477, 151).

II. -

Empl. trans. [Le sujet désigne une pers., mais qui n'est pas un agent (qui n'agit pas volontairement), qui est sans plus le siège de qqc., qui subit qqc.]

A. -

"Être frappé de"

 

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[Coups] : La ot maint coup pris et donné (ARRAS, c.1392-1393, 180).

 

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[P. métaph. de l'obj.] : ...prent ces deux noix Et ceste figue mal rostie ! (Pass. Auv., 1477, 189).

 

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Empl. abs. : On dit que fol ne doubte jusqu'il prent ["ne craint rien jusqu'à ce qu'il reçoive des coups"]. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 145).

 

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[Une maladie, un mal...] : DEUXIESME CHEVALIER. (...) S'il [le roy] n'a trouvé aucun recet Ou ait esté, par m'ame c'est Pour prendre une grant maladie (Mir. roy Thierry, c.1374, 309). Qui par froit prant la maladie, Par chaleur doit estre garie (DESCH., M.M., c.1385-1403, 238). ...de dueil elle prist le mal dont elle morust (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 198). ...femme qui nouvellement a pris les fievres (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 114). Le bon roy de France (...) print une maladie que longuement luy dura (Jehan de Paris W., 1494-1495, 16).

 

-

Au fig. "Subir" : Mes Barlabam dist que ce seroit mal fet car messagier ne doit penre mal ne vilannie pour chose qu'il die, pour tant qu'il ait de commandement. (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 66). Et tout prenoit pacïemment, Remerciant devotement Nostre doulx saulveur Jhesuchrist. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 219). ...[il] leur dist qu'il vouloit encores une foiz visiter Alixandrie (...) mais il ne leur declara pas les troubles qu'il prenoit a l'occasion de son mariage. (C.N.N., c.1456-1467, 560). Tropt grand troublys Prennés, ma seur ; - il fault que vous ayés pacience. (Pass. Auv., 1477, 188). Mes vous advés mal besoignhé, Quant vous l'advés cruxiffié, Et mal vous en prendré, se croy ! (Pass. Auv., 1477, 267). Qui pour son profit mal conseille, s'il en prent mal n'est point merveille [ou : s'il lui en prent mal ?] (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 239).

 

.

Prendre qqc. à coeur / au coeur / en coeur. "Être touché par qqc." : ...n'estoit nul qui conforter le sceust ; tant fort mesmes le print il au cueur (...) que au bout de XV jours de dueil il en mourut. (C.N.N., c.1456-1467, 460). Si fort prens en cuer ce diffame Que j'en pers du tout le parler (Pass. Auv., 1477, 208). Plus fut content le roy de ce mistere Que qui luy eust cent mil escuz donné, Et print a cueur tellement la matiere Que tost aprés de volunté entiere Leur petit don fut bien reguerdonné, Car il estoit large et habandonné En toutes choses luy seul plus c'un millier. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 172).

 

.

Prendre coeur douloureux : Prens en toy cuer doloreux et le nettoye de toute ordure, car autrement tes larmes et ta doleur ne proffiteroyent que bien peu. (GERS., Déf., 1400, 230).

 

-

[P. allusion au cercueil de plomb] Prendre son dernier plomb. "Disparaître, mourir" : Ainsi royal racine Print la son darrain ploncq (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 293).

B. -

Se prendre qq. part. "Être comme saisi et fait prisonnier qq. part" : ...et me prenoie Com papeillons a la chandeille (ACART, Prise am. H., 1332, 41). ...gluos ["la glue"] a quoi il [les oisaux] se pranent (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 299). ...remirant la beauté d'elle, Se prent com mouche a la chandoile (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 114).

III. -

[D'une chose]

A. -

Empl. trans.

 

1.

[Le sujet est source de qqc.] Prendre qqn. "Saisir, envahir qqn, faire entrer qqn dans tel ou tel état"

 

a)

[D'un mal, d'une maladie, du sommeil...] : ...n'a guéres que si prise Estoit de sommeil (...) Qu'elle est alée dormir un poy (Mir. marq. Gaudine, 1350, 137). ...se l'andemain la fievre le prent en la mesme heure, telle fievre est de malle terminacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74). Les corps qui sont en fievre quarte ne sont pas souvent pris de spasme (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 89). Je friçonne toute, par foy, Et sens bien que d'acès sui prise (Mir. femme, 1368, 189). ...une maladie la print (LA SALE, J.S., 1456, 270). ...une toux le va prendre, si grand et horrible que merveille (C.N.N., c.1456-1467, 436). ...une maladie le print en l'oeil (C.N.N., c.1456-1467, 502). Pou de temps aprés, les fievres le prindrent si fortes et si tres agües qu'il devint si malade qu'il ne se pouoit aidier. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 231). Tel mal fut si soubdain prenant Vostre novice... (LA VIGNE, S.M., 1496, 380). LE MESEL. Sire a moy ne vueillez toucher Car ma maladie vous prendroit (Myst. st Martin K., a.1500, 299).

 

-

[De la nuit] : ...car il est de necessité que nous soions en la haulte mer ains que la nuit nous prende (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 126).

 

-

[De la mort] : Jusques atant que la mort me prendra (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). La nourrice qui m'alaicta La malle mort la puisse prandre (LA VIGNE, S.M., 1496, 321).

 

-

Prendre sur qqn. "S'emparer de qqn" : L'occasion ou cause de sa maladie print au disner sur le premier president premier jour de Parlement. (BAYE, I, 1400-1410, 179).

 

b)

[D'un sentiment] : Et que pité de moy vous preingne (MACH., R. Fort., c.1341, 135). J'ay bien cuidié qu'en deux partir Deust mon cuer pour s'amistié, Tant me prist de li grant pitié (Mir. ste Bauth., c.1376, 113). Quant vous plaira, de moy merci vous prengne (MACH., L. dames, 1377, 104). ...je suis au lit ou j'ars, Prins de desir dont je ne me depars (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 390). Pour le frimas, pres du tison, Me prinst le vouloir de briser La tres amoureuse prison Qui me souloit bien debriser (VILLON, Lais D., c.1456-1457, 65). [Leçon Me vint ung vouloir ds l'éd. R.H., 11] Douleur m'assault, rigueur me prent (LA VIGNE, S.M., 1496, 488). Jamais ne te prenne envie De faire telle mocquerie (Myst. st Martin K., a.1500, 346).

 

c)

[D'une chose qui produit tel ou tel effet] : Car par ta biauté sommes pris Et de t'amour forment espris. (MACH., C. ami, 1357, 6). ...c'est a dire, il est aësey ou legier a vener et a estre tost pris et veincu par chose delectable. (ORESME, E.A., c.1370, 179). Le regart de celle m'a prins (VILLON, Lais D., c.1456-1457, 66).

 

2.

[Le sujet est le siège de qqc.] "Occuper (un certain espace)" : Pren donques ton reseul, qui doit estre si lonc que il praigne tout le chemin de travers (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 163).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. [Le sujet est à la fois source et siège de qqc.]

 

1.

"Se figer, se cailler" : ...frommage pris (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 155). ...la terre y est encore condée et blanche comme lait prins (Voy. Jérus., c.1395, 33).

 

Rem. Gloss., c.1400-1500. In : P. Nobel, Lexique 4, 1986, 169.

 

2.

"Se fixer, s'attacher" : ...glu si est si ardant et si tenant que il n'est rien qui deserdre s'en puisse : elle se prent et aert a tout chen qui la touche (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 309). Ceste couleur se tient moult fort ou elle se prent et ne l'en puet on oster que il n'y pere tousjours. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 378). C'est forte chose que vignes se prengnent et viengnent en terre rouge (Rustican H., 1373-1374, 73). Et sachez que ce est ainsi fait pour ce, qui brayeroit le frommage avec les herbes et oeufz, quant l'en cuideroit frire son alumelle, le frommage qui seroit dessoubz se tendroit a la paelle. Et ainsi fait il d'une alemelle de oeufz, qui mesle les oeufz avec le frommage. Et pour ce l'en doit premierement mectre les oeufz en la paelle, et mectre le frommage dessus, et puis couvrir des bors des oeufz ; et autrement se prendroient a la paelle. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 244). Quant vous serez amont, il vous fault de bons, gros et fors bastons, que vous mettrés au travers des anneaulx de voz eschielles de corde et les ferez traverser et prendre entre deux creneaulx affin de tenir voz eschielles plus ferme. (BUEIL, I, 1461-1466, 90). Tien sur le cul ! tien sur la cuisse ! (...) Tien ! tien ! c'est pour ta peau escourre, Afin que la pouldre n'y prengne. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 224).

 

-

Se prendre qq. part : ...affin que feu ne s'y puisse prendre (BUEIL, II, 1461-1466, 50).

 

-

"S'unir, se souder" : ...fist sculper deux pierres precieuses en certaines constellacions, l'une de telle efficace, après qu'elle fut mise sur le bort d'une couppe d'or à l'endroit où l'on beuvoit, que souldainement, se aucun homme qui eust faulté ou rompu son mariage, sa bouche se souldoit et prenoit, comme si les levres feussent d'une piece. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°).

 

3.

Se prendre à. "Attaquer" : ...[il] entretenoit son ouvrouer de paour que le rouil ne s'i prenist. (C.N.N., c.1456-1467, 507).

 

-

[D'une maladie] Prendre à. "S'attaquer à" : Aussi, si chien enfondu ou roigneux y avoit, il le doit traire hors des autres du chenill, affin que la roigne ne preigne aux autres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 149).

 

.

Se prendre à : Ceste rage ne se prent point aux autres chienz ne a homme ne a rien. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 115).

 

.

Empl. abs. Se prendre : L'autre maniere de rage s'apelle rage de teste, combien que toutes les rages soient de folie de teste et de chaleur de cuer, pour ce que la teste leur devient grosse et enflee et les yeux gros et enflez et ne menjuent point, et einsi muerent. Et ceste rage aussi ne se prent point. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 115).

 

4.

Prendre sur qqc. "Être plus fort que qqc." : ...ne fut oncques en sa puissance de tirer sa dague pour esprouver et savoir s'elle pourroit prendre sur ses cuirasses. [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 194).

C. -

[Tours impers.]

 

1.

(Il) prend (à qqn) + subst. (de + inf.) "Il arrive, il advient (à qqn / un animal)"

 

a)

[Une maladie, de la fièvre, une douleur...] : Autre maladie qui leur prent dedens la teste [aux chiens ; il leur prend une maladie...] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 100). ...Li prist une grant maladie (MACH., P. Alex., p.1369, 130). L'evesque de Biauvais là estant, une maladie luy prist, dont il s'alitta (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3). Si luy prist une grosse apostume ou corps. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113). En ce moment print grant soif au roy Elinas (ARRAS, c.1392-1393, 6). ...et, au revenir, luy prinst ung vent sur mere que le b(a)alhat tant par mere qu'il l'at geteit a Bolongne. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 20). ...le traveil d'enffantement lui print (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 193). A me blasmer a tort te prens, Mes, pour Dieu, plus ne t'y reprens Car par moy ne t'est nul mal pris (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 109). ...il luy print une moult grande maladie en ung oeil (C.N.N., c.1456-1467, 18). Ma foy, dit elle, il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242). Ceste maladie luy prit d'une fièvre très-aspre (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 200).

 

b)

[Un sentiment, une volonté...] : Je croy qu'il vous a pris voloir De ses disciples devenir Et de vos erreurs relenquir ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 101). Freres, alons premierement Par Samarie et Galilée, No voie soit par la trouvée, Il m'en est prise volenté. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 109). Moult print grant pitié aux dames (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 158). ...j'ayme bien vostre mary, il me prend pitié et compassion de vostre fait. (C.N.N., c.1456-1467, 40). ...il luy print volunté d'aller voyager et veoir païs. (C.N.N., c.1456-1467, 332). Comme il estoit ung soir avec ses gens, après souper, devisant et esbatant avec eulx, fain luy print d'aller au retrait. (C.N.N., c.1456-1467, 428). ...et de nul meffaire, tant pust-il estre horrible, ne leur prent pité (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 460). ...par aucunes frénésies qui lui prirent par trois ou quatre jours routiers (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 169). ...au roy prit faim aussi de l'envoyer devers le duc à Bruges (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 394). Las ! y m'est prins une faillance En se lieu (Gent. moun. T., c.1500, 380).

 

-

Prendre envie à qqn de + inf. : PREVOST. Sans plus aultre chose sçavoir, De vous juger m'est pris envie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 315).

 

2.

(Il) (en) prend à qqn (de telle ou telle manière). "Les choses se passent pour qqn (de telle ou telle manière)"

 

a)

(Comment / comme) il (en) prend à qqn. "(Comment) les choses se passent pour qqn" : ...pour racompter comment il lui print de son emprinse. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 94). Et, sans de rien avoir doubtance, si verras comme t'en prandra (Abuzé D., c.1450-1470, 88). Voyez comment il vous em prent. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 227). Le .Vme. [chapitre] de Sacrilege traicte de la paix des Roumains et du roy Anthiocus, et comment lui prit du temple de Jupiter qu'il desroba (LA SALE, Sale D., 1451, 19). Et lors de mot a mot l'istoire compte (...) et, pour abregier, comment ilz furent en la cité digner, comment ilz furent armez, et leur bataille, comment a l'abbé en print, aussi les parolles que Madame dist a l'amant... (LA SALE, J.S., 1456, 304). ...je le desireroye beaucop (...) mais au fort j'essaieray comment il m'en prendra. (C.N.N., c.1456-1467, 178). Est ce cela ? dit il. Or bien, bien : vous verrez comment il vous en prendra (C.N.N., c.1456-1467, 189). J'en ay au cueur des douleurs plus de vingt ; Je ne sçay pas commant il m'en prandra, Car oncques joye depuis ne me survint ; Conseillez moy que faire me fauldra. (LA VIGNE, S.M., 1496, 178).

 

-

(Comment) il (en) prend à qqn de + inf. "(Comment) les choses se passent pour qqn quand" : ...le roy lui demanda comment il lui print de garder la tombe Darnant (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 63). Cestui par avant avoit esté Anglois, mais le roy lui fist des biens entour Mente, où il predist aux Anglois plusieurs de leurs infortunes et ne le voulurent croire, dont il leur print comme l'on scet. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 v°).

 

-

Comment qu'il prenne. "Quoi qu'il advienne, quoi qu'il en soit" : Et si me font amer, comment qu'il preingne, Celle qui ha plus qu'autre de douçour. (MACH., L. dames, 1377, 97). Chaussemente fault et solers, Pour les venues, pour les alers, De blanc, de noir et de vermeil, L'un de blanc, l'aultre despareil, Qui soient fait comment qu'il prangne, Estroiz, escorchiez, a poulaine Ronde, deliée et ague, Tant qu'om la voye par la rue (DESCH., M.M., c.1385-1403, 49). ...senon luy donra bataille Comment qu'il luy en doye prendre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 233).

 

b)

[Avec un adv.] : ...il estoit povrement pris encore de leur voyage ; car avoient despendu jà temps et argent et longuement vaucré par mer en divers périls. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 47). Ainsi en prent a maint et maintes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57).

 

-

En prendre bien à qqn. "Bien lui en advenir" : Sy en prist bien à aucuns qui furent détenus pour prisonniers, et aux autres mal, car il furent pendus (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 35). ...tant m'en est bien pris que... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 122). Tay toy, dissimuleur, tay toy, Car il est tart ! Il t'en prent bien, Pour ce que le grant sabbat vien. Si ne fut si tart, je t'adffie Qu'on t'eust mis a la companie De Jhesus, et t'eussions fait morir (Pass. Auv., 1477, 267). SAINCT MARTIN. Qui en Jhesucrist se confie, En la parfin bien luy en prend. (LA VIGNE, S.M., 1496, 449).

 

-

En prendre grand bien à qqn. "Lui en advenir grand bien" : Veille toy donc a eulx tous revertir Sans jamais jour leur pouoir divertir ; Par ce moyen grant bien t'en pourra prandre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 145).

 

-

Mal (en) prendre à qqn. "Mal lui en advenir, lui en arriver malheur" : Elle ne se peut gueres tenir qu'elle ne demandast a son mary qu'il avoit fait de leur filz. "Ha ! m'amye, dist il, il ne le vous fault pas celer : il luy est tresmal prins..." (C.N.N., c.1456-1467, 130). ...ou aultrement mal leur en prenderoit. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 608). Aussi m'en est-il mal prins (Cuv. T., c.1475-1500, 74). ...si Dieu ne destournoit les influences celestes, il lui en prendroit mal (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 7 v°). ...à ceste cause mal leur en print et fut leur duc tué, par quoy ilz desemparerent et s'en allerent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 v°). Maistre Jehan Spirink, grant et expert astrologien en ce temps, fut moult aprecié, pour ce qu'il fist sçavoir au duc Charles de Bourgoigne que s'il alloit sur les Suissez, comme il estoit deliberé faire, il lui en prandroit mal. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 160 v°). Et au regard des sommiers, bagaiges et autres gens de suyte, pource qu'ilz se mirent en desordre, mal leur en print. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284). Mais mal luy print certes a ceste foys (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 304).

 

-

Ainsi t'en prend. "Que cela te soit profitable (?)" : Pour ce je te dy maintenant Que, car elle m'a bien amé, Mains pechés luy ay pardonné A peu d'amour, petit pardon. Certes, ainsi t'en prent, Simon ; Garde toy de plus murmurer ! (Pass. Auv., 1477, 154).

IV. -

[Par affaiblissement de sens : valeur inchoative]

A. -

Empl. intrans. ou pronom. [D'une pers. ; le sujet est un agent] (Se) prendre à + inf.

 

1.

Prendre à + inf. "Se mettre à" : A lui mesmes print il a dire : ... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 11). ...si print a rire (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 36). Si prist a chanter sans demeure (MACH., R. Fort., c.1341, 128). Lors prist ses cheveus a tirer ["se mit à tirer ses cheveux"] (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Une fois presins a danser (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 79). S'il y a prestre ne convers Qui mot en die de travers Ou qui a groucer vueille prendre, Qu'en celle heure (...) Soit mis a mort. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 6). Lors prinst il a dire : ... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 147). Grant joye pristrent a mener (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 44). Adont Hanibal a plourer Prist (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 231). ...je prins fort a considerer les manieres diverses par lesquelles Male Voulenté ostoit la gloire a Dieu. Et ainsy comme je pensoye, me fut avis que Male Voulenté se apparut a moy en maintes guises (GERS., Noël, p.1404, 303). ...en laquelle place lesdis brigans prindrent a ferir mortelment sur lesdites femmes (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 185). Car ilz prindrent a getter pain en pluiseurs lieux. Et quant les Galx les virent, ilz furent tous esbahis, et cuiderent qu'ilz eussent infinie plenté de froument, et laisserent le siege. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 38). Adont le chevalier la prinst treshumblement a mercier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 94). ...et le [l. la ?] prindrent a regarder les merveilles que le Chevallier Sauvage faisoit. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 60). ...puis appella la royne et Lyonnel et leur print a lire les lettres qu'il avoit receues ["et se mit à leur lire"] (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 315). Sa mere, toute enragée, forcenée et tant marrie qu'on ne pourroit plus, la voyant ainsi deshonorée, si prend a la tanser (C.N.N., c.1456-1467, 69). ...[le prisonnier] print a hurter du poing a sa huche tant que la damoiselle l'oyt (C.N.N., c.1456-1467, 380). Et le bastard (...) prist a dire ces parolles... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 162).

 

-

Prendre de + inf. "Entreprendre de, prendre l'initiative de" : ...le duc (...) prit en luy-mesme et en son propre avis de mettre sus un prévost des maréchaux (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 421). Ma mere, j'ay pris d'estre frisque Entre les nobles chavaliers ; Pour ce avec les escuyers Je feray une doulce dance. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

2.

Se prendre à + inf. "Se mettre à" : Cil Paulin se prist des s'effance A Dieu et a touz biens amer ["se mit à aimer Dieu et à aimer tous les biens (spirituels)"]. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 103). Pour ce me pris a frequenter Aucuns des faitis damoiseaus (MACH., D. Aler., a.1349, 293). La se prist (...) Premier a s'espée sachier Thibert pour li le chief tranchier (Mir. Berthe, c.1373, 228). Ceste condicion emprist Qu'a donner largement se prist (Mir. march. juif, c.1377, 180). Ains se mist de son lit au bort Et se prist a plourer moult fort (Mir. fille roy, c.1379, 94). ...et, ce fait, lui et ledit Jehannin Favas, demourant en la rue au devant dudit huys, et par maniere d'esbatement, se prindrent à chanter haut et cler de leur povoir, afin que les voisins ne peussent pas si aisiement oïr aucune noise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 102). ...et, lui ainsi cheu, icellui curé de present se print à batre et navrer très-inhumainement ledit predecesseur curé, et de fait lui coppa, li present, tous les dois d'une de ses mains (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 109). Quant je me prens a resveiller ["quand je commence à me réveiller"]... (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 219). Lors je me prins a despoiller ["alors je me mis à me déshabiller"] (Vir. H., c.1400-1500, 101). ...leurs deux chevaulx se prindrent a mener grant bruit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1106). Alors toutes se prindrent a rire des grans assaulz que Madame lui faisoit (LA SALE, J.S., 1456, 60). Si se prend a meiser, et, a chef de sa meditacion, se tire près d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 29). Quand ses compaignons ouirent ceste conclusion, ilz se prindrent a rire (C.N.N., c.1456-1467, 543). Quand ce bon mary eut finé sa parolle, la belle, doulce et debonaire sa femme, la face rosée, se print a trembler (C.N.N., c.1456-1467, 564). ...et messire Jacques de Lalaing (...) les prist à suivir ["se mit à les suivre"] (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 316). LE PERE. (...) Ne doi ge pas ta vie bien mauldire Quant devant moy tu te prens a mesdire De celuy Dieu en qui j'ay ma fïance ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 143). Adoncques je me prins a rire (Myst. st Martin K., a.1500, 322).

 

-

Se prendre + inf. : S'un grans portoit mantel envers, Incontinent un vilain sers Aussy se prent envers porter ["se met lui aussi à porter (le manteau) à l'envers"] Pour les bien nobles ressambler. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 29). Si me pris d'elle m'approcher (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 162).

 

-

Se prendre à qqc. "S'adonner à qqc." : ...mielx se volt prendre Aux noces espirituelles (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 90). ...Combien encores il se prent a la dance, Cuidant fairë ung peu de chiere lye (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 176). ...voicy tresbeau jeu. Si je m'y prens, par le corps bieu, De vous faire dresser devant ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 34).

 

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Prenons nous y. "Commençons, allons-y" : Avant ! Avant ! Qu'il soit batu ! Prenons nous y, comment qu'il aille. (Pac. Job M., c.1448-1478, 385).

 

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Empl. abs. Se prendre. "Se livrer" : ...ilz sont tres diligens regardeurs et considereurs du temps, que ["car"] ilz ne dient rien ne mectent avant trop hastivement, mais par un entremés, ou quant aucun sera esjoÿ pour cause de vin ou pour autre delice, la se prennent. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 214).

 

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Se prendre près de. "Entreprendre de s'occuper au mieux de, entreprendre de" : ...j'espoir qu'ilz se prendroient pres de faire paix a Permenion. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 129). ...dittes moy quelle elle est, et je m'en prenray moult pres (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 46). ...Par quoy il se prenra plus pres De vous accorder Bellissent. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 14).

 

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Se prendre près de + inf. "Se tenir prêt à, être sur le point de" : ...il se prist prez de parler au duc (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. [D'une chose. ; le sujet est le siège de qqc.]

 

1.

Qqc. (se) prend

 

-

Qqc. prend. "Survenir" : Aux armes ! chevaliers, car le besoing en prent. (Tristan Nant. S., c.1350, 613).

 

-

Qqc. se prend. "Se former" : Mais Fortune, la traitresse, comme dit le bon Boece, a sa destre plaine d'orgueil, veult ses sergens mectre en dueil. Plus soudainement les surprent que le flot de mer ne se prent (LA SALE, J.S., 1456, 303).

 

-

Qqc. se prend. "Avoir son origine, commencer" : Lesquelles ceinctures sont mises et assises en et sur un manteau de veluiau vermeil en graine : C'est assavoir, l'une par devant, qui se prent en la poictrine du costé destre et descent tout au lonc dudit manteau, et l'autre par derrière, semblablement assise, et avec ce deux renges d'annelès de fil d'or et d'argent de Chippre, assises semblablement sur ledit mantel. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 195). ...une autre piece de chaussée en ladite rue, à commancer à la jambe d'entre les maisons Simon de Bucy et Andriet d'Azy, drappier, en allant vers la porte de Paris, jusques au comble d'icelle rue qui se prent devant la maison Thomas Corneille (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1446-1447, 509). Lors le cry se prist des gens de ladite avant-garde (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 303).

 

-

Caresme prenant. "Carême commençant" : LE FOL. (...) Je vueil que karesme prenant Soit venredy. (Mir. parr., 1356, 49). ...et y furent jusques à karesme prenant. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 42).

 

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V. carême

 

-

Prendre à declin. "Commencer à décliner"

 

Rem. Galien D.B., c.1400-1500, 3187 (le jour prent a declin "la nuit commence à tomber").

 

2.

(Se) prendre à + inf. "Commencer à" : Le temps se prist si a troubler, Obscurcir... (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 220). La couleur me print a muer Quant je vy son tresdoulx regard (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 100).

 

-

Se prendre + inf. "Se présenter de manière à" : Adont se prist la chose estre menee par conseil ; sy orent trois opinions. (LA SALE, Sale D., 1451, 183).

C. -

[L'objet de prendre désigne une action ou un état saisi dans sa phase initiale ; prendre est sans plus un verbe "support"]

 

1.

[D'une pers. (qui est agent)] "Commencer à faire qqc. ou entrer dans un état plus ou moins voulu"

 

a)

Prendre + subst. d'action ou d'état

 

Rem. De très nombreux autres syntagmes pourraient être relevés (prendre ses aises, prendre aventure, prendre baptesme, prendre conroi, prendre contenance, prendre courroux, prendre deduit, prendre deport, prendre envie, prendre esbat, prendre esbattement, prendre esperance, prendre espoir, prendre estrif, prendre fornication, prendre fuite, prendre hardiesse, prendre le parti de, prendre mariage, prendre peine, prendre soulas...). Ils sont (ou seront) illustrés sous le mot de base.

 

-

Prendre allee. "Se mettre en mouvement, se déplacer" : Le fille enfantera le mere ; Lyons nagant en mer sallee, Poissons es bois prenront allee (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 546).

 

-

Prendre assurance : Ne demoura gueres, toutesfoiz, que la rougeur s'evanuyt, et print asseurance, en fermant et appuyant son courage de constance. (C.N.N., c.1456-1467, 564).

 

-

Prendre bataille. "Engager la bataille, décider la bataille" : Et trouva son frere et sa soeur en grant debat pour la couronne, dont la bataille fut prinse (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 329). [Autre ex. p.301]

 

-

Prendre confort : L'arme de mi n'ait uolut panre confort ne consolation. (Psaut. lorr. A., 1365, 77). ...Car je prenc confort souverain Es choses (Echecs amour. K., c.1370-1380, 157). Vous advés tort Si grand remort - faire, et aquarrés ung blasme ! Prenés confort (Pass. Auv., 1477, 240).

 

-

Prendre congé (de / à qqn) : A ces parolles chascun sailli dehors et le petit Saintré a genoulz print congié. (LA SALE, J.S., 1456, 7). Nostre Escossois, après ceste haulte adventure, prend de sa dame congé jusques une aultre foiz (C.N.N., c.1456-1467, 51). ...après les congez a madame sa femme prins et de pluseurs ses parens et amys, se mect a voye (C.N.N., c.1456-1467, 109).

 

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Prendre son congé : ...le curé se partira de leens et prendra son congié (C.N.N., c.1456-1467, 353).

 

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Prendre conseil : Conseilh de famme bien souvant, Quant on le prent, A sages gens porte profit, Mes qu'il soit pris d'entendement, Le dirigent Par raison que tout dirigit ! (Pass. Auv., 1477, 278).

 

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"Délibérer" : Noz ennemys nous requierent d'avoir Treves et paix : pour ce, faisons debvoir De sur ce cy prandre conseil vaillable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 252).

 

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Prendre conseil et conclusion que. "Décider, après réflexion, que" : Si prindrent conseil et conclusion ensemble que le curé se partira de leens (C.N.N., c.1456-1467, 353). Lors print congié debonnayre et humain Le roy du pape, en luy baisant la main. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 240).

 

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Se prendre conseil de + inf. "Prendre la décision de" : Sy eurent paour telle qu'ilz se prindrent conseil de eulz retourner ; dont en retournant, laisserent le plus des choses qu'ilz portoient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 81).

 

-

Prendre considération sur qqc. "Veiller à qqc." : Prens sur cecy consideracion : Si les seigneurs sont en discencion, Ne laisse poinct le sang humain espandre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 249).

 

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Prendre courage : Il convient doncques que prenez maintenant courage, bon et ferme. (C.N.N., c.1456-1467, 561). Il l'ammonesta si doulcement qu'il luy fist prendre courage (C.N.N., c.1456-1467, 578). BOURREAU. (Il sont sur l'eschaffault.) Sa, sa, que je vous mecte a poinct, Mon amy, prenez bon couraige ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 323).

 

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Prendre coeur : Alors le pouvre desconfit print cuer et dist : "Oÿ, ma dame, puis qu'il vous plait." (LA SALE, J.S., 1456, 10). Vous serez tantost en bon point, si Dieu plaist, madame, dist la religieuse messagiere ; faictes bonne chere et prenez cueur (C.N.N., c.1456-1467, 140).

 

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Prendre confort : OFFICIAL. Hellas, monsieur, prenez confort ! Ne vous chaille, vous guerirez Se Dieu plaist. (LA VIGNE, S.M., 1496, 559).

 

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Prendre cure et soin pour qqc. "S'occuper, se préoccuper de qqc." : Ja Dieu ne veille que pour le ventre d'une femme je prende si estroicte cure ne soing (C.N.N., c.1456-1467, 560).

 

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Prendre cure de + inf. "Veiller à" : ...car il n'est pas possible bonnement que une ait grans peccunes ou richesces qui de les acquerir ou garder ne prent cure, sollicitude et diligence, et ainsy est il en autres choses. (ORESME, E.A., c.1370, 234).

 

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Prendre entendement. "Acquérir la faculté de raisonner" : Mais les filz actendent a amer leur parens par un procés de temps jusques a tant que ilz prennent entendement ou sens. (ORESME, E.A., c.1370, 441).

 

-

Prendre excusation : Et si tu prens excusacion que tu ne pues venir à moy, certes si pues en tant qu'il m'est besoing (GERS., Déf., 1400, 227).

 

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Prendre exemplaire / exemple à / de. "Prendre modèle sur" : Si que la prenoit exemplaire De tout ce qu'elle devoit faire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 177). ...car nous devons a Dieu prendre exemple. (Bérinus, II, c.1350-1370, 131). Et pour ce que nulle ribaulde ne regne a l'exemple de Lucresse, qui vouldra prendre exemple au pechié et au forfait, si prengne aussi exemple a l'amende. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 54). Assez le peut on noter et prendre exemple du roy Roboan, qui, pour les oppressions de son peuple qu'il ne voult amendrir ne cesser en delaissant le conseil des saiges anciens et ensuivant la sote oppinion des jounes et non saichans, perdy de sa seigneurie dix lignies et demie. (CHART., Q. inv., 1422, 23). Prende qui veult a ses fais exemplaire (TAILLEV., Rég. fort. D., c.1445, 233). LA MERE. Mon chier enffant, prens a ton pere exemple Et sa doctrine en ce cas cy bien ample, Quoy qu'il en soit, ne vueille aneantir. (LA VIGNE, S.M., 1496, 145).

 

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Prendre fiance en qqn. "Avoir confiance en lui" : ...en lieu que celuy [qui] luy est tant estrange et prend si peu de fiance en luy, il s'accointera de sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 228). ...je m'esbahis bien que vous prenez si peu de fiance en moy (C.N.N., c.1456-1467, 229).

 

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Prendre foi de qqc. "Croire à qqc." : Mais que a mouvement circulaire nul autre movement local n'est contraire, l'en puet de ce prendre foy par plusseurs raysons. (ORESME, C.M., c.1377, 88).

 

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Prendre garin. "Se mettre à fuir, fuir" : Si tourne bride et print garin, et aux aultres la queste abandonna. (C.N.N., c.1456-1467, 462).

 

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Prendre garde à

 

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"S'intéresser à, veiller à" : Et qu'est cecy ? dit l'un, et ne prenez vous point garde a la bonne chere que nous fait nostre hoste ? (C.N.N., c.1456-1467, 199). SAINCT MARTIN. (...) Dieu suppernel, doulx Createur, Dorenavant prens a moy garde, Comme mon benoist Redempteur Et me tiens en ta saulvegarde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 302).

 

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"Être sur ses gardes" : ...le chemin de cy a Saint Nicolas n'est pas bien seur (...) et a quoy on doit bien prendre garde. (C.N.N., c.1456-1467, 171).

 

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Se prendre garde de qqc. "Constater qqc." : ...elle le refusa plainement devant tout le monde, dont pluseurs se prindrent garde. (C.N.N., c.1456-1467, 181).

 

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Prendre gloire : Congnoissant que Alexandre prenoit trop haulte gloire, vint au devant lui, dist, comme Democrites le philozophe avoit dit, qu'ilz estoient plusieurs mondes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

 

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Prendre guerre. "Entrer en guerre" : ...un grant roy ou pays d'Asie prinst guerre contre deux freres (BUEIL, I, 1461-1466, 125).

 

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Prendre hardement de + inf. : ...toutesfoiz print cueur et hardement et vouloir de soy defendre (C.N.N., c.1456-1467, 428).

 

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Prendre loisir à / de + inf. : ...tant ne le fut [ébahie] qu'elle ne print bien le loisir de mucer son amoureux le curé en ung casier (C.N.N., c.1456-1467, 443). Ad ce faire prendray loysir (Pass. Auv., 1477, 90).

 

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Prendre le loisir de + inf. "Vouloir bien" : DIEU. (...) Mes anges, prenez le loisir De descendre la bas grant erre Et veillez le temple choisir En façon que nul plus gesir N'y puisse ; mectez tout par terre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 436).

 

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Prendre loyauté. "Opter pour la loyauté" : Laissons envie, sy prendons loiaulteit et soyons toudis bons compaingnons (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 106).

 

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Prendre plaisance : O Jehan, mon filz, dy moy a qui Je prendrey plaisance ne joye ? (Pass. Auv., 1477, 265). ...en se Veyent je prens plaisance Si tresgrant que plus ne veulx mie ! (Pass. Auv., 1477, 280).

 

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Prendre plaisir en qqc. "Trouver du plaisir à qqc., se réjouir de qqc." : ...il scavoit bien que les graces qui estoient en luy estoyent plus a louer que les pechiés qui estoient es aultres, mais il ne prenoit pas plaisir en ceste louange (GERS., P. Paul, a.1394, 504). Et, en apprés, plaisir prenons en bledz Qui ne sont poinct desrobez ne enblez, Puisque Jhesus chascun an les envoye Par cy par la, en chemin et en voye, Sur terre, roche et en souefve arayne, Par sa grace begnigne et souverayne (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

 

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Prendre plaisir à + inf. : Il faut dire que vous prenez plaisir a abuser femmes, qui par ma foy n'est pas bien fait. (C.N.N., c.1456-1467, 81). ...[il voyait] les peres et les meres prendre grand plaisir a veoir les enfans jouer et faire soupplesses et apertises (C.N.N., c.1456-1467, 555).

 

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Prendre plaisir de + inf. "Se réjouir de" : Donques, pour amour de ses vaillances, j'ay prins plaisir de veoir ou son corps gist (LA SALE, J.S., 1456, 309).

 

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Prendre plait. "Conclure un contrat" : Encor vous puis je commander Si qu'il vous couvient amender Un autre fait qui me desplait, De ce que vous prenistes plait Contre dame de tel vaillance Et de si trés noble puissance... (MACH., J. R. Nav., 1349, 268).

 

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Prendre possession. "Instaurer son autorité" : Mardy deuxiesme de decembre, le roy En excellence de pondereux arroy Pour demonstrer sa dominacion Sans estre mis de nul en desarroy, Fit mettre aux champs de son ost le charroy, Pour aller prendre vraye possession Et maintenir en sa protection Pour desormais, Senes la ville antique (LA VIGNE, V.N., p.1495, 222).

 

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Prendre possession de : ...[le curé] print congié de son maistre pour ung espace de temps, a venir par deça a leur ville prendre possession de sa cure. [Elle vient de lui être attribuée] (C.N.N., c.1456-1467, 287).

 

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Prendre règle que : ...la belle dame commença le lendemain a faire son abstinence, en prenant regle et ordonnance que durant le temps de son jeune ne mengeroit son pain et eaue jusques après soleil couché. (C.N.N., c.1456-1467, 576).

 

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Prendre règle de + inf. : Par l'ordonnance de sa dame, il print regle et coustume de la venir visiter a toutes les foiz qu'il sentoit le mary estre absent (C.N.N., c.1456-1467, 441).

 

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Prendre réjouissance. "Se réjouir" : LE SOUBDAN. Beaux chevaliers, a petit de langaige Dedens voz cueurs prenez resjoyssance, Car nostre roy plain de grant vassellaige Je voy venir avecques sa puissance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 234).

 

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Prendre répit : Prenés ung poy - joyeux respit. (Pass. Auv., 1477, 242).

 

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Prendre séjour. "Demeurer" : Puis le corps print sejour Dedens Vendosme a pourrir sous la lame (LA VIGNE, V.N., p.1495, 317).

 

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Prendre autre séjour. "S'arrêter davantage, prendre davantage de repos" : Le vendredi vingtdeuxïesme jour Du moys d'aoust, sans prendre autre sejour, Le roy, la royne de Vïenne partirent Et en vollant allerent la autour (LA VIGNE, V.N., p.1495, 142).

 

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Prendre soin pour + inf. : Ho ! il me vault mieulx vivre que morir pour prendre soing pour la garder [la chasteté de sa femme] ! (C.N.N., c.1456-1467, 560).

 

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Prendre le soin de + inf. "S'appliquer à" : LE TIERS CHEVALIER. (...) Au fort aller, Martin n'est pas trop loing ; Notiffïer je luy voys tout cecy Et de venir en luy prandra le soing. (LA VIGNE, S.M., 1496, 238).

 

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Prendre suspicion à qqc. : ...ce nous sera la plus convenable voye du monde pour prendre nos delictz et plaisances, et mesmement en sa chambre, affin que l'on y prenne mains de suspicion. (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

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Prendre trêve : Atant sont sus courut, sy sont combatus longuement et asseiz et tant qu'ilz furent sy laisseis qu'ilz prisent triwez l'ung a l'autre. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 154). Moult fort me griefve, Sans prendre tresve - si grant effort. (Pass. Auv., 1477, 240).

 

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Prendre vengeance. "Se venger" : Et quant ilz ont retribué pugnicion et pris venjance, ilz sont apaisiéz. (ORESME, E.A., c.1370, 262).

 

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Prendre vengeance de qqc. "Se venger de qqc." : ...si n'eust esté son cousin, il en eust prins vengence criminelle et de main mise (C.N.N., c.1456-1467, 352).

 

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Prendre vengeance sur qqn : SAINCT MARTIN. (...) Veulx tu vengence sur moy prendre De tes dieux s'on les a deffaiz ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 448).

 

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Prendre telle ou telle qualité ou défaut : Et se nous avion toutes les choses par lesquelles nous povons estre bons et prendre ou acquerir vertu, ce nous devroit estre chose chiere et amable. (ORESME, E.A., c.1370, 531). ...l'en peut dire que se il sunt tant soit peu ovecques serfs il prendront ou aprendront illiberalité ou deshonesteté par les choses qu'il orront et verront. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 337).

 

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Prendre vouloir de + inf. "Vouloir bien" : DIEU. Pour ce que l'empereur forfait A commys au jour d'uy matin, De courage rude et infect, Envers mon bon amy Martin, Touteffois, en son advertin, Preigne vouloir de retourner Audict empereur Constantin ; Et que tantost, sans sejourner, Soit certain, avant que tourner, Il aura tout ce qu'il demande. (LA VIGNE, S.M., 1496, 505).

 

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[Du Christ] Prendre chair./Prendre humanité./Prendre humaine nature : ...Dieu tout puissant qui descendi en terre pour penre char humaine. (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 48). Sire, vecy le corps en quoy Tu preis vraie humanité, Sanz corrompre virginité. (Mir. prev., 1352, 255). Doulz Jhesucrist qui en Marie Preinstes corps humain sans pechié (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 113). Dy pourquoy Nostre Seigneur attendi tant pour prendre char humaine ? (GERS., Annonc., a.1400, 230). Amés vertus et le filz de Dieu, Que a pris humaine nature Pour la tourner en son hault lieu. (Pass. Auv., 1477, 125).

 

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Prendre son corps arriere. "Ressusciter" : Mon corps quil fust crucifïé Est a present gloriffïé, Dont je randix l'ame a mon Pere, Et depuis mon corps prins arriere, Mes a mon Pere veul monter Pour vous pechïers surmonter. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 257).

 

b)

Prendre + dét. + subst.

 

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Prendre du passe-temps. "Trouver de l'agrément" : Mais la marquise souvent y frequentoit Pour y prendre du passe temps assez. Car il y a l'une des belles places, Des gorgïases et des bien acoustree De grosses tours, rivieres, boys et chasses Qu'on saiche point en toute la contree (LA VIGNE, V.N., p.1495, 178).

 

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Prendre du bon temps : ...[il] laissoit sa femme prendre du bon temps a la bonne ville (C.N.N., c.1456-1467, 507).

 

-

Prendre du repos. "Se reposer, se délasser" : ...quand je seray seulle je prendray quelque pou de repos. (C.N.N., c.1456-1467, 242). DOYEN. Monsieur, pour milleur repox prendre, Coucher vous fault en ung bon lit. (LA VIGNE, S.M., 1496, 560).

 

-

Prendre la défense pour qqn. "Défendre qqn" : CLAUDE. Dieu preigne pour moy la deffence, Car je ne doybs rien a personne ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 518).

 

-

Prendre la charge de + inf. : ...il la demanda a ceulx qui en prindrent la charge de la penser, garder et aider en sa gesine [sa dame]. (C.N.N., c.1456-1467, 147).

 

-

Prendre le hardement de : Et convint que en sa presence Je preisse le hardement De li demander plainement Un baisier (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154).

 

.

Prendre la parole : Ce maistre curé (...) commence a prendre la parole a ce trenchecoille et luy va demander de son mestier (C.N.N., c.1456-1467, 403). Alors la mere print la parolle, et a part dist a sa fille... (C.N.N., c.1456-1467, 472).

 

-

Prendre de la peine. "Se donner du mal" : OFFICIAL. (...) Or ça, nous en chevirons bien. Neantmoins touteffois, combien Que de la payne qu'avez prise, Vous en remercyons tresbien ; Nous retournons a nostre eglise. (LA VIGNE, S.M., 1496, 407).

 

.

Prendre la peine de + inf. : ...vous prendrez bien la peine de les coudre [des chemises]. (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

Prendre la querelle sur qqn. "S'en prendre à qqn" : LE TURC. Pour achever la presente entreprise A l'excercice de perilleuse guerre, Sur l'empereur la querelle avez prise ; Pour ce, pençons tous de courir sa terre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 230).

 

-

Prendre cest age. "Atteindre cet âge" : ...et ceulx sont bien eureux qui prennent cest aage. (JUV. URS., Verba, 1452, 333).

 

-

Prendre une conclusion. "Décider qqc." : Et il, qui ne se peut plus tenir de executer la conclusion prinse entre son compaignon et luy, luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 239). ...fut prinse conclusion par eulx tous ensemble que chacune d'elles aroit habit de religieux (C.N.N., c.1456-1467, 373). ...celle conclusion prinse, le marchant alla a l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 380).

 

-

Prendre un danger. "S'exposer à un danger" : L'EMPEREUR. Vella bien dit. Il n'aura dens sa main Aulcun baston pour sa vie deffendre. Mahon n'est poinct tant mon cousin germain Que je voulsisse pour luy ce dangier prandre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 248).

 

-

Prendre un état. "Adopter une condition" : ...[ils] luy dirent qu'il estoit temps qu'il se mariast (...). "Vous avez aussi, dirent ilz, desja XXIIIJ ans, si ne pourriez en meilleur eage prendre cest estat..." (C.N.N., c.1456-1467, 131). Or est il temps de me retraire ; Temps est il d'un aultre estat prandre, Qui a cestuy sera contraire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 256).

 

-

Prendre un autre pli. "Adopter une autre conduite" : LA MERE. Mais qu'aultrement vers vous il [saint Martin] ne mefface Et a noz dieux en rien ne se defface, Du demourant il est tout acomply. LE PERE. Que dictes vous ? Prent il ung aultre ply ? A il son cueur d'une aultre loy emply ? N'est pas Mahon son vray Dieu naturel ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 142).

 

-

Prendre un sort de qqc. "Se référer à qqc. pour imaginer le sort" : Item, dist Justin que la cause du sort qu'ilz prinrent du soleil levant et du hanissement du cheval, fut pour ce que les Persans adoroient le soleil (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 31).

 

-

Prendre un train. "Se conduire d'une certaine façon" : LUCIFFER. Ce paillart, deshonneste, Coquin Martin, villain filz de putain, La cervelle de tous poincts me tempeste Pour ce qu'il prend ung tresterrible train. (LA VIGNE, S.M., 1496, 352).

 

-

Prendre un voyage. "Entreprendre un voyage, une expédition" : Si prie le Roy à mesdiz seigneurs qu'ils ne veuillent croire ne penser que pour cause nulle autre que dessus est dicte, qui tant touche son honneur et bien, il ne prent celui voiage (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1442, 46).

 

-

[Du faucon] Prendre ses perches. "Percher" : Faucons perchent en haus arbres de fous ou de chesnes et ne pranent mie leur perches dedans le bois (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 270).

 

-

Prendre ses delits. "Trouver de l'agrément" : ...ce nous sera la plus convenable voye du monde pour prendre nos delictz et plaisances (C.N.N., c.1456-1467, 504). Deliberans en leurs cueurs et pensees Que des affaires en France pourpensees A leur povoyr en estre executeurs, Et tellement par armee dompteurs Que Lombardye et toutes les Ytalles, Les regions dictes orïentalles, Et autres lieux pour prendre leurs delitz, Cliner feroyent aux nobles fleurs de lis. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 138).

 

.

Prendre de l'esbattement. "Trouver de l'agrément" : Tandis, veillez vous disposer D'aller jouer dessus l'erbecte, Au long de celle belle umbrete ; Prenez ung peu d'esbatement Soubz la ramee nouvellete, Vous promenant tout bellement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 206).

 

.

Prendre ses esbats à + inf. "S'occuper de" : Martin, mon filz, conte bien et rabats : A les servir fault prandre tes esbats Et pour tes dieulx fault que tu les provocque. (LA VIGNE, S.M., 1496, 145).

 

-

Prendre sa plaisance en qqc. "Trouver plaisir à qqc." : SAINCT MARTIN. Je suis seur qu'en telle boubance Jamais Dieu ne vinct sur la terre Ne ne prist oncques sa plaisance En nulle precïeuse pierre. Dont nous vient cecy ? Trop tu erre : Dieu ne fut oncq si bien vestu, Veloux ne volut onc acquerre Ne couronne aussi ; qui es tu ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 541).

 

-

Prendre son chant / la chanson. "Se mettre à chanter, entreprendre son chant" : Dont pour l'amour de la loiielle, Que ma tres souverainne appielle, J'ai mon chant pris. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 135). ...tu es ung chanteur, Commence, prens la de bon ton. (Sots, c.1480-1500, 279). [Ou est-ce prendre le la "donner le la" ?]

 

-

Prendre son régime. "Suivre sa course (?)" : Auprès de luy j'ay faict mectre Saturne De par lequel l'essence dyuturne Prent son regyme au zodïaque bas (LA VIGNE, S.M., 1496, 145).

 

-

Prendre telle audace vers qqn. "Se comporter avec cette liberté envers qqn" : FRANCEQUIN. Humblement pardon vous demande De prandre vers vous telle audace. SAINCT MARTIN. Poinct n'en serez mys en l'amende ; Sus, a coup, prenez vostre place Devant moy ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 203).

 

-

Prendre tel goust à qqc. que : ...ayma tant la science de astrologie et les autres ars liberaux et print tel goust à sçavoir, qu'il assembla cinquante mil volumes de livres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

 

-

Prendre tel propos que. "Se mettre à soutenir que, soutenir que" : L'ygnorant gent prent tel propos, Duquel vrayement ne me los, C'un prince... (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 10).

 

-

MUS. "Entamer, commencer" : CHANTRE. Or sus, messieurs, veillons donc prandre En bon ton le present office. LA TENEUR. Je veulx faire a Dieu sacriffice De ma voix a mode nouvelle. (LA VIGNE, S.M., 1496, 551).

 

c)

Prendre qqc. / qqn + à / en + subst.

 

-

Prendre qqc. en dédain. "Se désintéresser de qqn" : De regenter lieu si haultain, Incertain, Sans vostre aÿde ne pourroye, Car j'ay trop pris l'estat mondain En desdain (LA VIGNE, S.M., 1496, 419).

 

-

Prendre qqc. en gré. "Agréer qqc." : ...monseigneur d'Estampes (...) le deffrayoit, qui est une chose qu'il prend assez bien en gré. (C.N.N., c.1456-1467, 396). ...pourquoy, s'il y a quelque erreur ou negligence de grande investigacion, vous plaise à supporter mon imbescille science et prandre en gré seullement mon bon vouloir (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°). Et je n'ay nul mal, fors qu'alaigre Ne suis par ceste maladie Dont, s'elle m'est ung petit aigre, En gré prens, quoy que l'on me dye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 567).

 

.

Empl. abs. Prendre en gré. "Accepter" : C'est, dist il, ce que je vous puis maintenant donner ; prenez chacune en gré, je vous en prie. (C.N.N., c.1456-1467, 523).

 

.

Prendre gré de qqc. : ...si n'eussions sceu de vray qu'il n'eust pas bien pleu a madamoiselle, encores y fussez vous. Et prenez en gré. (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

Prendre qqc. en mémoire. "Fixer qqc. dans sa mémoire" : Donques, pour amour de ses vaillances, j'ay prins plaisir de veoir ou son corps gist, et de la lasme couchee sur lui prins en memoire les lectres entaillees (LA SALE, J.S., 1456, 309).

 

-

Prendre qqc. en sa main, protection et sauvegarde. "Placer qqc. sous sa domination" : Et pour avoir plus grant reverence et honneur envers luy, aussi pour plus facillement le mouvoir a pitié et compassion, la pluspart d'icelles dames, bourgoises et autres femmes estoient nudz piedz et en dueil, et se misrent a genoulx, mains joinctes, en luy priant et suppliant tres humblement que son bon plaisir fust de prendre la dicte ville de Pise, ensemble hommes, femmes, enfans et tous leurs bien entierement en sa main, protection et saulvegarde. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 275).

 

-

Prendre en fantaisie à qqn de + inf. "Avoir l'intention de, décider de" : LE ROY DE BARBARIE. Mes chevaliers, escoutez moy parler Et vous orrez ce qui m'est advenu. En fantasie m'est pris de m'en aller Pour aulcun cas en mon cueur survenu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 249).

 

-

Prendre qqc. sur soi. "Assumer la responsabilité de qqc." : Alors le seigneur de Loissellench dist : "Vous voiez mielz que moy mon honneur et ma honte : je les remetz en vos mains." Alors ilz dirent que sur eulz ilz le prenoient pour le tresgrant dengier ou ils le veoient (LA SALE, J.S., 1456, 157).

 

-

Prendre qqn à despourvu : Car on les cuide prendre à despourveu (BUEIL, II, 1461-1466, 244).

 

-

[Aux échecs] Prendre à descouvert : Mais ayes tousdis l'oeil ouvert, C'on ne te prende a descouvert (Echecs amour. K., c.1370-1380, 221).

 

-

Prendre qqn à merci : Et je croy qu'il vous penra a mercy. (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 118).

 

-

Prendre qqn en haine. "Se mettre à haïr qqn" : Cestui predist au roy qu'il seroit prins en hayne de ses vassaulx en celui an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°).

 

-

Prendre qqn en sauvegarde : Mais celuy n'a besoing de soy armer Que Dieu et Droit prendent en sauvegarde. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 100).

 

2.

[D'une pers. (qui est le siège de qqc.)] "Entrer involontairement dans un état, entrer dans un état que l'on subit, auquel on se résigne ou que l'on accepte"

 

-

Prendre estre. "Naître, exister" : ...Qui est ung cas enorme et nompareil, Car oncques d'ueil n'en fut veu le pareil Depuis le temps qu'omme prist a terre estre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 137).

 

-

Prendre mort. "Mourir" : ...car il print mort de cellui coup (ARRAS, c.1392-1393, 106). Est il si pres de prandre mort ? (Pass. Auv., 1477, 187). ...mon enfant (...) Qui prent piteuse Mort, ne se greuse (Pass. Auv., 1477, 211). [Jésus] La mort prent pour nous saulver tous (Pass. Auv., 1477, 218). Benoist Jhesus, tu t'es fait mien En prenent mort et passïon, Et a cel'heure m'as fait tien (Pass. Auv., 1477, 252). Puisque mort tu as volu prendre Pour moy et les aultres pecheurs, Je veulx desormais entreprandre De frequenter tes bons prescheurs (LA VIGNE, S.M., 1496, 152).

 

.

Prendre la mort : Et si m'est un grant reconfort -- Et en deusse prendre la mort -- Que nul ne puet dire, " Il a tort De celle amer " (CHART., L. Dames, 1416, 205). ...il y print la mort. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 203). Mais un gavelot qui courut soudainement par my son cousté le navra, si que il en print la mort. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 827). [Var. ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348 : emprist]

 

-

Prendre naissance. "Naître" : Se le fol par descongnoissance Fais ou lieu ou preis naiscence Afin que nulz ne t'aperçoive... (Mir. parr., 1356, 9).

 

.

Prendre sa naissance. "Naître" : SAINCT MARTIN. (...) Mects dont mon cas en parfaicte croissance Affin qu'es cieulx en la parfin j'ascence, En l'absence Du faulx deable qui, nuyt et jour, m'ensence, Depuis le jour que je pris ma naissance Sur la terre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 349).

 

-

Prendre desplaisance / desconfort à qqc. : ...faictes, je vous requier, bonne chere, et vous monstrez joyeuse ; et ne prenez ne desplaisance ne tristece en ce que je vous veil declarer. (C.N.N., c.1456-1467, 561). Ce voyage, doncques, ne vous doit gueres ennuyer, et n'en prenez ja desconfort, car le retour en sera bref. (C.N.N., c.1456-1467, 561). A ce prophete, qui penitance Preschoit en vie virtüeuse, Elle prist si grant desplaisance (...) Que luy a fait coupper la teste. (Pass. Auv., 1477, 110).

 

-

Prendre qqc. à desplaisance : ...toutesfoiz le [celoit] il a sa femme, doubtant qu'el ne le print a desplaisance. (C.N.N., c.1456-1467, 559).

 

.

Prendre devotion de qqc. "Être saisi du désir de qqc." : ...[il] demanda a monseigneur si en son village avoit rien de beau pour aller courre l'aguillette, car la devocion luy en est prinse après ces bonnes cheres [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 75).

 

-

Prendre indignation. "S'indigner" : Et se le Roy prent indignacion contre aucune persone de l'Eglyse, par la priere dez evesques, le mautalent et l'indignacion si est remisé et rapaisié. (Songe verg. S., t.1, 1378, 238).

 

-

Prendre humilité. "Éprouver de l'humilité" : Par ceste consideracion prenoit saint Pol en soy humilité vraye et sans faintise, laquelle est reputee par les orguilleux comme une menconge. (GERS., P. Paul, a.1394, 504).

 

-

Prendre patience. "Se résigner, accepter" : SAINCT MARTIN. Nul de vous ne se desespere ; Mes amys, prenez pascïence. Quelque chose qu'en moy appere, N'en ayez nulle desplaisance, Puisque c'est de Dieu la plaisance Que mourir au jour d'uy me faille, Pour avoir es cieulx mon aisance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 570).

 

.

Prendre patience de qqc. "Accepter de supporter qqc." : Je ne sçay ou mieulx loger, prenez en pacience ! (C.N.N., c.1456-1467, 243).

 

.

Prendre la patience : ...il s'en fust bien passé, combien que pour obeir il fut content de prendre la pacience pour ceste nuyt. (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

.

Prendre qqc. en patience : ...elles qui doivent obeir, le prindrent bien en pacience, sans dire mot (C.N.N., c.1456-1467, 203).

 

-

Le prendre (de telle ou telle manière). "Accepter la chose (de telle ou telle manière)" : ...il troussa sa dame, et luy monstra le courroux qu'il avoit sur elle, laquelle le print paciemment. (C.N.N., c.1456-1467, 381). ...et nous semble bien voz raisons en aucunes choses avoir lieu et en aucunes que vous le prenez un peu chauldement. (BUEIL, II, 1461-1466, 230).

 

3.

[D'une chose (qui est le siège de qqc.)]

 

-

Prendre commencement de. "Trouver son origine dans" : Toute multitude et compaignie, comme dist Saint Denis, se commence de unité et prend commencement de ce qui est ung. (Somme abr., c.1477-1481, 106).

 

.

Prendre croissance. "Croître" : Item, le ciel ne puet crestre, quar tote chose qui prent cressance, c'est de chose conveniente qui vient dehors et est resolue en la matiere. (ORESME, C.M., c.1377, 82).

 

-

Prendre effet. "Arriver" : Mes freres de vouloir parfaict, Notez bien ce que vous viens dire : Quelque chose prandra effect Que l'on ne pourroit contredire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 557).

 

-

Prendre fin. "Se terminer" : Mais quant nostre voyaige prendra fin... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). ...que ceste feste prende fin a l'onneur et a la recongnoissance du Dieu Souverain (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 22).

 

-

Prendre naissance. "Commencer" : Par quoy appert evidamment le trouble et le conflict d'icelle mortelle pestillence avoir prins naissance, origine et commencement d'une seulle personne (BUEIL, I, 1461-1466, 13). Les anciennes servitudes, ainsi que racomptent aucuns jurisconsulz, ont prins naissance et commencement par les batailles, victoires et triumphes des anciens guerroyers. (BUEIL, I, 1461-1466, 50).

 

-

Prendre semblance à qqc. "Ressembler à qqc." : ...ce que j'ay fait par cy devant prenne semblance et comparaison aux oiselletz qui font leurs nidz (C.N.N., c.1456-1467, 557).

 

-

Prendre son cours : ...si la maladie, par faulte d'ayde, peut prendre son cours comme el s'efforce, jamais homme a temps n'y viendra. (C.N.N., c.1456-1467, 140). ...il failloit que la maladie print son cours (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 176). Ainsi print la douleur son cours. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 107).

 

.

Prendre sa dénomination : Et selonc ceste rayson, la fin de tout le monde et tout le temps et la perfection qui contient infinité est pardurableté, et prent sa denominacion ou est ainsi dicte de ce qu'il est chose inmortelle et divine. (ORESME, C.M., c.1377, 162).

 

-

Prendre son departement. "Trouver son départ" : ...ce penser prent son departement D'un vrai desir amoureus (FROISS., Orl., 1368, 94).

 

-

Prendre sa source. "Trouver sa source" : C'en est la fonteine et la source, Dont les autres prennent leur source (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 134). Et combien que chascune sourse Par deux ruisseaulz prengne sa sourse... (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 76).

 

-

Prendre le fond. "Aller au fond, couler" : Entre aucunes choses, escripvit la nature du figuier de Egipte, les branches ou bois duquel, gectées ès l'eaue, prennent le fons et ne nagent point sur l'eaue, comme autre bois (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 r°).

V. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers.] "Surpris par qqc." : Ceste pouvre fille, autant prinse et esbahie que si a la mort fust adjugée, ne se vouloit accorder nullement qu'on la meist en fasson que son mal fust apperceu (C.N.N., c.1456-1467, 33). Elle ne savoit que respondre, tant estoit a celle heure prinse, soupprinse. (C.N.N., c.1456-1467, 239). Elle, qui estoit prinse et soupprinse, vit bien que le refus n'estoit pas de saison (C.N.N., c.1456-1467, 309).

B. -

Bien pris. "Bien fait" : ...Hommes bien pris, bien formez et fondez (LA VIGNE, V.N., p.1495, 211). DUC DE FALAIZE. (...) Regardez, est il droit, Bien pris, bien mys, de gracïeuse taille ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 176).

C. -

[D'une fleur, d'une femelle] Prise. "Fécondée" : Et le fleur est tost anullee Ains qu'elle soit prinse et nouee (Dit prunier B., c.1330-1350, 41).

 

Rem. Plus ou moins confondu avec un autre mot : preinz de praegnas, FEW IX, 295b. Cf. note de l'éd. p.91-92.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 66/77 
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     PRENERESSE     
FEW IX prehendere
PRENERESSE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : prenerresse ; GD : preneresse ; FEW IX, 343b : prehendere]

"Celle qui prend à bail" : ...icelle preneresse et sesdiz aians cause en seront tenuz rendre et paier ausdiz seigneurs bailleurs, leurs successeurs ou au porteur de ces lettres pour eulx... (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.1, 1495, 320).

REM. Doc. 1391 (prenneresse) ds GD VI, 384a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 67/77 
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     PRENEUR     
FEW IX prehendere
PRENEUR, subst. masc.
[T-L : prenëor ; GDC : preneor ; FEW IX, 343b : prehendere ; TLF : XIII, 1083b : preneur]

A. -

Preneur (de qqc.). "Celui qui prend qqc. (une chose concr. ou abstr.)"

 

1.

"Celui qui prend (des animaux), chasseur ou pêcheur" : En mer est devenu pescheur Et d'oisiaus et bestes preneur. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 232). Pierre quil est en celle nefz, Et André, ton frere l'ené, Quil des poissons estes preneurs, Venéz, je vous feray piescheurs Non pas des poissons mes des hommes. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 122). [Réf. à Marc 1, 17]

 

2.

"Celui qui prend (une place fortifiée)" : Item en ce mesme temps les gens du seigneur de Ternant, qui se tenoient à Rethers, prinrent la rouge croix des Anglois, faignans du tout tenir leur parti. Et en ung certain jour, en larecin, prinrent la forteresce de la Boue à deux lieues près de Laon. Et estoit chief et conducteur desdiz preneurs, ung homme d'armes nommé Nicolas, chevalier. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 41-42).

 

3.

DRAP. "Celui qui prend, qui achète (les draps) à un certain prix" : Deffendus soit que aucuns hosteliers, qui rechoit werdeghelt, ne rechoive que un d. de le lb., et les deniers de tel valeur à le quantité selonc le lb., sour 60 s. sour le donneur et sour le prenneur. Item, que aucuns couretiers ne rechoive que un d. de le lb. comme dessus, sour 60 s. sour le donneur et sour le prenneur. Item, que commandéz soit que tout hostelier rechevant werdeghelt viengnent faire seureté de 500 lb. dedens 7 jourz et 7 nuis, sour 60 lb. qui font 10 lb. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1363, 312).

 

4.

DR. "Celui qui prend à bail" : ...et recongnut lui avoir adcensié, prins et retenu a crois de cenz ou de rente, desorendroit a touz jours, pour lui, pour ses hoirs et pour les ayans cause de lui, de religieuses personnes et honestes l'abbé et couvent de l'eglise de Saint Magloire de Paris, trois quartiers de terre que les diz religieus avoient en une piece, seant ou terrouer de Charronne, ou lieu que l'en dit Charronniau, tenant, d'une part, a maistre Jehan de Joncheri et, d'autre part, a Regnaut Arroust, en la censive des diz religieus, c'est assavoir pour demye coustume que le dit preneur, ses hoirs ou les ayans cause de lui en sont et seront tenuz rendre et paier, chascun an d'ores en avant au terme de Noël, aus diz religieus et a leurs successeurs ou aus ayans cause d'eux portans ces lettres. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 202). [Très nombreux ex. ds ce texte, 219, 228, 229, 359, 360, 390...] ...fait et acordé que ledit prenour ne ses hoirs ne paieront riens de ladite rente des deux premiers enz (Cartul. St-Victeur B., 1356, 188). Et quant à cen tenir et emplir, ledit preneour obliga soy et ses hers, et touz lour biens meubles et héritages, présenz et avenir, à vendre et à despendre par la justice du lieu, pour deffaute de cen enterignier (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1375, 182). ...ladite ville sera tenue de tout soutenir de gros murs et grosse charpenterie à ses despens, se besoing en est, parmi le soutenement et habitation desdits lieux, pourveu aussy que lesdits preneurs seront tenus de y demourer, ou mettre gens suffisans que y demoureront (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 16). En transport de heritaige baillé à rente à touz jours mais, n'a point de retrait sy le preneur ne retournoit argent ou autre meuble (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, a.1458-14, 403). [Très nombreux ex. ds ces textes]

 

5.

"Celui qui prend (ce qui lui est offert)" : Tant est Largesce en tous cas advenant, Qui a soy plaist et a autry prouffite, Que c'est rente d'onneur bien revenant Dont l'un acquiert gaing et l'autre merite : Au preneur vault et au donneur delitte (CHART., B. Nobles, c.1424, 405).

B. -

"Celui qui prend, qui recueille pour autrui, pour la collectivité"

 

1.

"Pourvoyeur d'une maison seigneuriale" : ...car ne vouldra pas son ame chargier de l'avoir des povres gens pour ce que toute informee sera des grans extorsions que preneurs de seigneurs et de dames font souvent sus le commun (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 87).

 

2.

"Percepteur des amendes" : ...les baillis et collecteurs des dis complaignans, que on nomme preneurs, qui ont fait le dit serement, ne pevent ou doivent exploitter soubs umbre de justice ne autrement prandre ne faire prandre ou dit pais, mener ne faire mener ne traire les subgiéz et habitans d'icellui (Hist. dr. munic. E., t.3, 1428, 70).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 68/77 
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     PRENOIR     
FEW IX prehendere
PRENOIR, subst. masc.
[GD : prenoir ; FEW IX, 344a : prehendere]

Estre hors du prenoir de. "Être hors de portée de, hors d'atteinte de" : BERIC. Je ne l'iray pas la querir Puisqu'il a pris si hault manoir. ASTAROTH. Il est hors de nostre prenoir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 441). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 69/77 
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     PRESUR     
*FEW IX 346a-b prehendere
PRESUR, subst. masc.
[*FEW IX, 346a-b : prehendere]

[Rapprocher de présure ?] : Don à ung enfant de cuisine, venu dessus les galléasses de France, (...) qui a donné au roy ung faulcon, des sopressades et presurs, et autres choses de Levant (Comptes roi René A., t.2, 1478, 370). ...plusieurs presurs et fromaiges de Calabre (Comptes roi René A., t.3, 1478, 305). ...ung présent (...) de présurs, et massepans, de confiture de Sicile (Comptes roi René A., t.3, 1479, 308).

Rem. J.-P. Chauveau : "Les contextes manifestent que les réalités dénommées viennent d'Italie ou par l'Italie et qu'il s'agit de produits alimentaires. [Sans doute] FEW 9, 346ab, prehendere I.1.b : afr. prisure f. « matière dont on se sert pour faire cailler le lait » (ca. 1190), etc., et apr. prezor m. « présure » (1297), ce dernier type étant partagé par l'occitan et le norditalien".
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 70/77 
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     PRÉSURE     
FEW IX prehendere
PRESURE, subst. fém.
[T-L : presure1 ; GDC : presure ; FEW IX, 346a : prehendere ; TLF : XIII, 1151a : présure]

A. -

"Matière acide dont on se sert pour faire cailler le lait" : Coagulum (...) : la presure que l'en met ou lait pour coaguler (Aalma R., c.1380, 70). Coagulum (...) : presure qui fait le lait prendre et matonner (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 70). La IIe proprieté est que le froumaige est constipatif, et par especial se doit entendre du froumaige vieulx auquel il y a beauco[u]p de presure. La tierce est que le froumaige engendre grosses humeurs, car tout froumaige est fait de la plus grosse et plus terrestre partie du laict. (Rég. santé corps C., 1480, 84).

B. -

"Germe" : Je moruch pour euls delivrer D'Infer (...). Mais bien s'i poeent rendebter Et en l'ort Infer retourner, Car j'ai laissiet de la presure Qui les poet remettre en l'ardure (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 134). Figure Ou ventre de ma mere pris Et dix mois fus de sang presure, De semence humaine compris. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.5, 1440-1442, 87).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 71/77 
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     PRISE1          PRISE2     
FEW IX 344 prehendere
PRISE, subst. fém.
[T-L : prise ; GD : prise ; GDC : prise ; FEW IX, 344 : prehendere ; TLF : XIII, 1209b : prise]

A. -

"Action de prendre qqc., de se rendre possesseur de qqc. ; p. méton. ce que l'on a pris ou acquis"

 

1.

La prise (de qqc.) : Si comme se aucun me bailloit une masse et je cuidoie que elle fust d'argent et je apparcevoie aprés que elle fust d'or. L'operacion ou la prise que je avroie faite de ce seroit non voluntaire et si me plairoit bien. Mais se je trouvoie aprés que ce fust plun, il me deplairoit. Et l'operacion et la prise de celle masse seroit involuntaire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 180). Ce que le prestre prent le corps Jhesucrist (...) signifie que la sumpcion et prise du corps... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 629). Trop bien tout doulcement laissa sa prinse, sans rougir ne changer coleur. Regret eut elle assez en soy mesmes d'abandonner de la main ce que aultre part luy eust bien servy ? [Une demoiselle est priée d'ôter sa main qu'elle a posée sur le corps de son voisin] (C.N.N., c.1456-1467, 254).

 

-

Faire la prise de qqc. : Si comme se aucun me bailloit une masse et je cuidoie que elle fust d'argent et je apparcevoie aprés que elle fust d'or. L'operacion ou la prise que je avroie faite de ce seroit non voluntaire et si me plairoit bien. Mais se je trouvoie aprés que ce fust plun, il me deplairoit. Et l'operacion et la prise de celle masse seroit involuntaire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 180).

 

-

Au plur. "Fortune, biens" : Le jeune homs est fort destiné A folyes et paillardises ; Putains tantost l'ont encliné A despendre toutes ses prises [Cf. Prov. 29, 3 : "celui qui fréquente des prostituées dissipe son bien"]. (Pass. Auv., 1477, 117).

 

-

Prov. : Tant embrasse on que chiet la prise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

 

2.

En partic.

 

a)

"Perception, droit perçu" : Il apertient a tel dame ou damoiselle que elle soit toute aprise es drois des fiefs, des arriers fiefs, des censives, de droictures, de champars, de prises de plusieurs mains, et de toutes telz choses qui sont en droit de seigneurie selon les coustumes de divers païs (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 153).

 

b)

"Fait de prendre en location, en bail" : ..lesdits prinse et bail lors faiz (Doc.1464 [1489]. In : Brunel-Tardy, Paris, l'Église et le roi, 2016, 176). Guillaume Lamy, laboureur demourant a Victry sur Seine, confesse avoir prins et retenu a tiltre de cens (...) ung quartier de terre assis ou terrouer dudit Victry (...), ceste prinse faicte moiennant le pris et somme de quatre solz parisis de cens... (Doc.1491. In : Brunel-Tardy, Paris, l'Église et le roi, 2016, 128).

 

3.

Au fig. "Adoption, choix de qqc." : Et encores, pour certain, ceste faulseté seroit pire que en la mutacion du poix, car elle est plus sophistiquée et moins appercevable, et plus peult nuyre et blessier la communaulté ; et pour ce, ou telle mixtion ou noire monnoie se fait, la communaulté doit pour elle garder, en lieu ou lieux publicques, l'exemple et prise d'icelle proporcion et qualitez d'icelles mixtions, à eschever les périlz (ORESME, Monnoies W., c.1365, XLII).

B. -

"Action de prendre (qqn, un animal, qqc.) par la force, action de s'emparer de qqn, de qqc."

 

1.

[Un animal]

 

a)

"Action de capturer un animal, en partic. à la chasse ou à la pêche ; p. méton. animaux capturés" : ...à plusieurs tendeurs d'oiseaulx de deduit pour monseigneur en Flandres, à cause de leurs gaiges ordinaires et de la prinse de certains oiseaulx, 45 escuz au pris dessus dit (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 158). ...[il] les mena tous en la maison de son cousin, et illec leur compta toute la chose ainsi qu'elle estoit, et la prinse du rat. [Le rat est le galant pris au piège par le mari] (C.N.N., c.1456-1467, 380).

 

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss.

 

-

"Les poissons que l'on a pêchés" : Je ne vis onc telle prise. (Pass. Auv., 1477, 126). Je vois traire la raiz a port, Sy verrés toute nostre prise. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 966).

 

-

Faire bonne prise : Bien pouvons faire bonne chere, Puis que avons fait si bonne prise. Cher et poisson avons en mise (Pass. Auv., 1477, 147).

 

-

Prise de la forest. "Bétail échappé ou non gardé, trouvé en forêt, qui a été confisqué" : Et si doit trouver parc à Saint Saen pour mettre et enparquier les prinses de la forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 174).

 

-

P. métaph. : [Orgueil] di que sui de grant lignage De haut et (de) noble parage, Que nee fu en grant maison Ou appent grant possession ; Que bien sai faire et ce et quoi Et que bien me connoist li roi Et assez d'autres cornemens Qui ne sont que forhuemens ; (Et) li fol cuident que soit prise Qui ne sevent pas la guise ["que ce soit une prise (à la chasse), alors que ce ne sont que des cris trompeurs"]. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 243).

 

.

"Capture (dans le filet du démon)" : NOSTRE DAME. Or alez tendre ailleurs vo roit : A ceste prise avez failli. (Mir. enf. diable, c.1339, 45).

 

-

Prov. On a souvent corné sans prise. V. corner

 

b)

P. méton. "Piège, trébuchet" : Lors vola si appertement Que sans avis, isnellement, Dedens la prise se bouta. Li oiselés ne le doubta, Car la prise estoit de tel guise Faite a point et soutilment mise Qu'il y avoit un entredeus Qui faisoit esconse entr'eaus deus, Si qu'il ne le pouoit touchier. Cependant j'oÿ desclichier La prise ; a ce sceus que fu pris Le gentils espriviers de pris. (MACH., D. Aler., a.1349, 995).

 

2.

DR.

 

a)

"Arrestation d'une personne" : Et ne feres ne feres faire ne souffreres estre fait prinse ou arrest par qui que che soit ne où que che soit dedens les destrois et le jugement d'eschevins par vous ne par autrui (Hist. dr. munic. E., t.1, c.1325-1350, 336). ...se la cache estoit refroidie, selonc le coustume des caches, et se depuis sans nul present, auchuns des gens de nous, singneurs dessus dis, ont prins ou prendoient pour ceste cause en ledite ville de Sauville, la prinse qui faite seroit ainsinc, sera et seroit remise en le main de le justice (Trés. Reth. S.L., t.2, 1331, 14). Lez officiaux, sanz garder aucune ordre de Droit, font prendre plusieurs personnes layes et leur imposent que ilz ont comis, en aucun cas, contre la foy catholique, et lez detienent en prison fermee. Et, toutevoies, la prise et la detencion deveret appartenir au Roy, juques a tant que telles personnes soient convaincues dez crimes lezquelx leur sont imposés. (Songe verg. S., t.2, 1378, 179). Et icelle Ameline cogneut avoir acheté dudit Perrin Quatredois, un mois au devant de sa prise, la sarge vermeille trouvée en son hostel par maistre Jehan Soudant, examinateur, la somme de XX s. par. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 162). Et d'aucunes prinses qui avoint esté faites de pluseurs des hommes du dit sires de sa baronnie de Vitré qui estaint détenuz à cause de fouages, a esté dit que ceulx hommes seront mis au délivré de l'arrest où ils sont par donnant capcion suffisante. (Cartul. Laval B., t.2, 1395, 354).

 

b)

"Confiscation, réquisition de biens" : ...toutes les debtes bonnes et loyaulx, recongnues ou prouvees par lettres, instrumens tesmoingns ou autres loiaux enseignemens que vous trouverés estre deuz audit Jehan ou a sa dicte nieche, de laquelle il est tuteur et curateur, comme dit est, ou a sa dicte niece appartenans, vouz, ou l'un de vous, levés et recevez en contraignant ou faisant contraindre les debteurs a les paier par prinse et vendue de biens (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1344, 65). Et, quant la court se remuoit d'un lieu en autre, il faisoit crier que tous ceulx à qui il devoit rien venissent, fussent de prinse ou de denrrees que l'en lui peust demander, a lui ou à ses officiers, et faisoit tout paier [éd. "qu'il s'agisse de ce qui a été pris sans être acheté en vertu du droit de prise (réquisition) ou qu'il s'agisse de marchandises"] (Ponthus Sidoine C., c.1400, 185).

 

-

Prise des biens. "Action de saisir les biens de qqn en vertu d'un acte de juge" : Nous veons que lez officiaux, pour aucune debte, si excomunient une personne et l'engregent et rangregent. Et si amonestent les juges seculiers, subz poine de excomuniement, que, par prise dez biens et aultrement, ilz contraingnent ceulx excomuniés a faire satisfaction a partie (Songe verg. S., t.2, 1378, 169).

 

.

Prise de corps et de biens. "Arrestation de la personne et confiscation de ses biens" : ...de veoir et visiter les inventaires autresfoiz faiz des biens dudit Cuer, de contraindre toutes manières de gens par prinse de corps et de biens à vuider leurs mains et à vous baillier et délivrer toutes les lectres, papiers, registres, caternes et autres enseignemens. (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 15).

 

-

Lettre de prise : ...est demourée icelle ferme à bailler jusques au samedi 1er jour de decembre, oudit an, qu'elle fut baillée par Mesdits Seigneurs à Mre Loys Venheue dit de la Rochete, chevalier, capitaine de la Bastille, du jour de Noel ensuivant oudit an jusques à six ans prouchains entresuivanst [l. entresuivants], comme il appert par les lettres de prinse faictes soubs ses scel et seing manuel (Comptes Paris M., t.2, 1458-1460, 140).

 

3.

"Action de capturer (une rivière), écluse au moyen de laquelle on retient une partie de l'eau pour la détourner"

 

Rem. Voy. Jérus., c.1395, T-L VII, 1887.

 

4.

"Action de s'emparer de qqc., de voler qqc., vol, pillage" : ...disoient les diz religieus que le dit noble avoit fait, par soy ou par autres, pluseurs prinses sur eulz et sur aucuns des religieus de leur dit moustier de chevalx et d'autres biens meublez, et fait faire pluseurs torsfais et excès, desquelz il se estoient complains en pluseurs et diverses cours contre le dit viconte par voie d'applegement, de reffus et autrement, concluans à restitucion de leurs diz biens et à eulx desendomager. (Doc. Poitou G., t.3, 1351, 77). "...Mes gens me dient que tout va bien." Le prescheur respondi que tout le contraire estoit vray, quer on le maudissoit de toutes pars, quer luy ou ses officiers pilloient tout, ravissoient tout, ne laissoient riens, tant par prises comme par tailles, comme par imposicions et gabelles et gens d'armes (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

5.

"Action de s'emparer militairement de qqn ou de qqc."

 

-

[D'une ville, d'une place-forte...] : ...pour le paiement de charrios de prinse qui ont amené les canons de Dijon au siege devant la ville de Meleun (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 227). ...la somme de deux cens frans monnoye royal pour tourner et convertir (...) paiement des charois de prinse de la ville de Douay (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 266). ...et l'un d'iceulx estoit nommé le Petit Bailly, qui autrefoiz avoit esté de la compaignie de Joachin Rouault, mareschal de France, et qui avoit esté cause de la prinse de Pontoise contre le roy (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 150). ...le XIIIIe jour dudit moys ensuivant, maistre Jehan de la Driesche, tresorier de France, maistre Robert Fessier, maistre Pierre de Boienval et autres officiers de mondit seigneur le connestable firent faire ung cry publique à son de trompe à la table de marbre, au palais royal, à Paris, en faisant savoir la prinse et entrée ainsi faicte oudit Saint-Quentin par mondit seigneur le connestable, et que de ce on merciast Dieu, en lui priant de donner bonne prosperité au roy et audit connestable (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 251). ...lesditz traictez et promessez, lesquelz vous ne ignorés pas estre violez ne enfrains par la cautelleuse et deceptive prinse de nostre ville de Saint-Quentin par le conte de Saint-Pol, connestable, par les courses, pilleries, murdres et occisions faictes par les gens du roy en nostre conté d'Aucerre, et les feuz boutez et homicides faitz es eglises en nostre conté de Bourgoigne (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 260). ...et ce voyant, les gens d'armes qui estoient dedans pour le roy et qu'ilz n'y peurent resister, se retirerent au chasteau jusquez au nombre de soixante combatans, tant de ceulx qui estoient audit chasteau à l'eure de laditte prinse, que de ceulx qui estoient eschappez de la ville, et se mist le seigneur de Mauves, capitaine pour le roy, dedans ledit chasteau. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 379).

 

.

[D'une embarcation] : Et, après ladicte prinse faicte, plusieurs Picars et Flamens disoient et publioient que dedens icellui [balenier] le roy les avoit envoiez pour prendre prisonnier monseigneur de Charolois : dont il n'estoit riens. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 35).

 

-

[D'un combattant, d'un chef militaire...] "Capture, captivité" : ...la prise ou mort du prince pourroit estre la perdicion de tous les subgiez (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 115). ...le pris du premier tournoy auquel il avoit failly pour cause de sa prinse (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 147). ...son cheval et son harnoys, et tout son bagaige que au jour de sa prinse avoit, luy fist rendre et bailler. [Talbot fait libérer un chevalier, fait prisonnier par traîtrise] (C.N.N., c.1456-1467, 58). ...après que la desconfiture devantdicte ot ainsi esté faicte par ledit conte de Warwyk que le duc de Sommerset, cousin dudit roy Henry d'Angleterre, acompaigné de plusieurs autres jeunes seigneurs, parens et heritiers des autres princes et seigneurs qui avoient esté tuez à la prinse dudit roy Henry de Lencastre, firent de grans amas de gens d'armes et vindrent tenir les champs à l'encontre du dit duc de York. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 14). Et, au regard dudit Capdet, il fut prins prisonnier et mené par asseurance devers ledit d'Autriche ; lequel, nonobstant ladicte asseurance et trois jours après sadicte prise et de sang freit et rassis, ledit d'Autriche le fist pendre et estrangler. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 94). Ce jour, messire Virgille et le conte de Petillane vindrent au roy aprés leur prise. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260).

C. -

"Entreprise (?)" : Quant le bielle l'entent, se fu toute effraee Et moult li a blamet ceste prise doutee [cest enprise], Mais chou ne li vali une pomme pelee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 264).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 72/77 
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     PRISER1          PRISER2     
*FEW IX prehendere
PRISER, verbe
[*FEW IX, 345b : prehendere]

"Prendre, avoir prise" : ...car aucuns y laissent ung braz de la croyz plus loing que l'aultre, si y actaint ung tenon que on fait en la cloche quant elle chiet en aucune des osches de ladite roue des heures, et par ceste maniere l'arrest entre en son osche par ung ressort qui prise tousjours dessus, et quant la destente frape dessus a l'aultre bout elle le fait yssir de son osche (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 278-279).

Rem. Éd. : «L'idée est celle de l'engrenage de deux pièces. La leçon du manuscrit est incompréhensible. Je voudrais rétablir qui a prise. L'expression avoir prise n'est pas attestée, à ma connaissance, dans les dictionnaires avant le milieu du XVIe s. (...) Elle aurait ici apparemment un sens technique précis».
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 73/77 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PRISURE     
*FEW IX prehendere
PRISURE, subst. fém.
[*FEW IX, 345b : prehendere]

"Prise, tenure, domaine" : Ferans aurat bin pres de sa prisure, Fosse, Cowien, Tuwin... (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 623).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 74/77 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SOUSPRENDRE     
FEW IX 351a prehendere
SOUSPRENDRE, verbe
[T-L : sosprendre ; GD : sousprendre ; FEW IX, 351a : prehendere]

A. -

Au propre

 

1.

"Prendre, enlever qqn ou qqc."

 

-

"Prendre, attraper qqn, se saisir de qqn à l'improviste" : D'une [corde] sans plus je te dirai Pour ce que plus m'efforcerai De toi dedens li encorder Quë es autres et arrester. (...) C'est la corde au bourrel d'enfer Qui plus quë arrement est ner, Celle dont il trahine et pent A son gibet ceus qu'il sousprent. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 225). Se vous saviez un po tencier, Bon seroit et pour certein cas Ou vous devenez avocas ; Car on vous porra bien sousprendre, Se vous ne vous savez deffendre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 162).

 

-

[L'âme (saisie par les démons)] : S'ame des ennemis sousprise Sera, s'il persevére ainsi En sa rancune, sanz mercy A Dieu requerre (Mir. parr., 1356, 4).

 

-

[Un animal] : Car a son retour s'embati Vers une aigle, se l'abati. Mais on dit qu'elle fu sousprise ; Pour ce fu elle a mort sousmise. Car il s'estoit mis en office Avec sa force de malice. (MACH., D. Aler., a.1349, 356). En celle cusançon estoie Pour honneur a quoy je tendoie. Cusançon avoie et desir Que je peüsse, a mon loisir, Aucuns lievres a point sousprendre, Par quoy je les peüsse prendre. Or porroit aucuns enquester Se c'est honneur de levreter. A ce point ci responderoie Que c'est honneur, solas et joie (MACH., J. R. Nav., 1349, 154).

 

-

"Enlever qqc." : ...et n'est point mon entente de riens souprandre sur mond. sgr ; et si aucune chose avoye delaissé ou souprins, de remectre et mectre en estat deu toutes foiz qu'il viendroyt à ma congnoissance (Cartul. Sires de Rays B., t.2, 1410, 447).

 

2.

En partic. [En contexte guerrier] "Attaquer à l'improviste" : Si estoit sen entente que de chevaucier jusques à Mortagne, et de sousprendre le ville qui se tient dou royaume (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 154). ...les gardes de la porte ... quant ilz oyrent l'effroy et le buschier et gens parler et chevaulx hannir, cogneurent tantost qu'ilz estoient deceus et souspris. Si se leverent et vindrent aux fenestres de la porte et commenchierent à cryer : "Trahy ! trayhi !", à haulte voix. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 216). ...j'entens Que la ville de Meleun Et la duchié et le conmun (...) Veulent a moy estre rebelles ; Si vous y vueil touz envoier : Pensez de vous tost avoier Pour les sousprendre. (Mir. Clov., c.1381, 243). La fu grant ly abbateys. Quant le gallaffre se sent ainsi souspris, si se part de la bataille, lui Xe, le plus coyement qu'il puet, et s'en vint a la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Mandons de noz amis et nous tenons secretement ensemble, et verrons quel conroy ilz prendront, afin que, se ilz viennent sur nous, que ilz ne nous treuvent point a descouvert, et aussi, se Remondin se part, que il ne soit pas souspriz d'eulx, car, se ilz ont entencion de lui mal faire, ce n'est que de lui oster sa vie. (ARRAS, c.1392-1393, 70). ...le respit durant, li rois d'Engleterre faisoit toutdis esforccer son hoost et faire grans fosses sus les dunes, par quoi li François ne les peuissent sousprendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 833). ...adfin que de leurs ennemis ne peussent estre souspris ne envays. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 301).

B. -

P. anal. [D'une chose] "Prendre qqn par surprise, surprendre qqn" : ...Affin que mort soubite ne me souprengne mie (Prières saints R., t.2, 1300-1400, 454). Je sench le feu qui me sousprent, Qui tous me bruïst et esprent. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 154). Entre Albidos et l'autre dunne Fu il souspris d'une fortunne Et la quelle il ne peut passer. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 159). Et faisoit pourveir ses cités, villes et chastiaus moult grossement en Pikardie, et tenoit par tout en garnison grant fuison de gens d'armes, par quoi li pays ne fust souspris d'aucune mal aventure (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 34). Soupris me sent de maladie. Il fault que je soie couchiez. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 27). ...le vespre les sousprent (Cligès C.T., 1455, 87). Et avec ce, puys hier nonne, Nous ne mengeasmes que du pain, Ung bien petit, par quoy la fain Nous commence fort a supprendre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 997).

 

-

"Tromper qqn" : Li tamps me sousprent, Qui point ne m'aprent Nullement De seüre grasse (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 172-173).

 

-

Estre souspris : Il se fait bon aviser, anchois que on soit soupris . Tout ce ne nous coustera riens, et si en serons plus cremu (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 183).

C. -

Au fig.

 

1.

"Surprendre, séduire, circonvenir qqn" : Je ne di pas qu'en tel attrait Que ce fust par engingneus trait, Pour eaus sousprendre ne sousduire, Mais pour li aviser et duire Aus amiables poins discrés, Nompas pour savoir leurs secrez Selonc especialité, Mais en la generalité De ce qu'on porroit bonnement Dire a tous bons generalment. (MACH., D. Aler., a.1349, 247).

 

-

[D'un sentiment, du péché...] "Prendre, saisir qqn, s'emparer de qqn" : Et son humilité parfaite M'estoit escuz, deffense et gaite Qu'orguieus ne me peüst sousprendre, Qui mains maus norrist et engendre, Et qu'envers tous trés doucement Me maintenisse et humblement. (MACH., R. Fort., c.1341, 7). Grant ardeur le vint enorter Et l'amonnesta et sousprist (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 160). Et souprix de mortelz pecchiés... (Prières saints R., t.1, 1400-1500, 133).

 

.

Estre souspris de l'amour de qqn : Et lors print Remondin congié d'elle [Mélusine] en la acoulant moult doulcement, et la baisa tres amoureusement, comme celle ou il se confie du tout ; car il estoit ja si sousprins de s'amour que quant qu'elle lui disoit, il lui affermoit toute verité... (ARRAS, c.1392-1393, 27). ...et fu tellement soupris de l'amour d'elle que a ceste fois il ne lui osa dire la cause pour quoy il estoit la venus (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 126). ...il estoit soupris d'amour d'elle par convoitise charnelle (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 129).

 

-

[En contexte amoureux, de la beauté, des qualités d'une femme] "Séduire qqn" : ...li doulz maintiens, li parfais sens, la grant noblèce et la fine biauté que jou ay veu et trouvet en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient que je soie vos amans (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 133).

 

-

Estre souspris de + inf. "Être séduit en sorte de" : Je fui, ma dame de pris, Sanz mespris, En qui tout bien est compris, Par vo tres douce maniere De vous bien amer espris Et souspris, Si qu'encore sui tout pris, Quant je voy vo lie chiere. (MACH., Les lays, 1377, 467).

 

2.

[D'une pers. ou d'une chose] "Susciter la surprise, l'étonnement" : S'elle fut soupprinse et esbahie de se veoir tenue et saisie de monseigneur le conte, ce ne fut pas merveilles (C.N.N., c.1456-1467, 156). Helas ! monseigneur, ce dist la jeune fille, toute esbahye et soupprinse qu'elle estoit, je vous cry mercy ! (C.N.N., c.1456-1467, 156). Elle, qui estoit prinse et soupprinse, vit bien que le refus n'estoit pas de saison (C.N.N., c.1456-1467, 309). ...ilz furent autant souprins que si cornes leur venissent. (C.N.N., c.1456-1467, 339). ...sa tresbelle et bonne dame et espouse (...) fut bien esbahie, et de tous ses sens tant alterée et soupprinse qu'elle ne savoit sa contenance. (C.N.N., c.1456-1467, 424). Helas ! monseigneur, ce dist la jeune fille, toute esbahye et soupprinse qu'elle estoit, je vous cry mercy ! (C.N.N., c.1456-1467, 156).

 

-

Part. passé "Stupéfait" : Anne, ma suer, quelz songes m'esbahissent soupprise ? (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 149). ...Dieu scet que la pouvre donne Margarite estoit honteuse et soupprinse ! [Longtemps déguisé en femme, l'homme a été démasqué et promené, nu, par la ville] (C.N.N., c.1456-1467, 304).

V. aussi surprendre
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 75/77 
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     SOUS-PRÉSURE     
FEW IX prehendere
SOUS-PRESURE, subst. fém.
[T-L : sospresure ; GD : souspresure ; FEW IX, 351b : prehendere]

Par sous-presure de. "Sous l'emprise de" : Colart Delaire (...) par souspresure de vin, avoit en une tavierne a Mons pris une cloque qui n'estoit point sienne, ycelle emportee en le ville reponre, se le mescongneult quant aprochiés en fu, qui despuis fu sceu (Arch. Nord, 1400, B 10354, f° 13, IGLF).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 76/77 
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     SURPRENDRE     
FEW IX 350b, 351a prehendere
SURPRENDRE, verbe
[T-L : sorprendre ; GDC : sourprendre ; DÉCT : sorprendre ; FEW IX, 350b, 351a : prehendere ; TLF : XV, 1184a : surprendre]

Empl. trans. [Composé de prendre]

A. -

[Sans idée de surprise]

 

1.

"Prendre, s'emparer de"

 

a)

Surprendre qqc. (à qqn). "Prendre, ravir, enlever qqc. (à qqn), s'emparer de qqc. (au détriment de qqn)" : [Charles "soi disant de Bourgogne" se substitue à son père] ...il a seurprins l'obeissance et auctorité de ses païs et seigneuries tellement que pour ses commandemens bon n'eust riens fait se led. Charles soy disant de Bourgoigne ne l'eust commandé, luy osta ses gens et serviteurs (...) et luy en bailla d'autres a sa poste ["à sa propre convenance"] (Doc. 1470. In : Bessey-Paravicini, Guerre des manifestes, 2017, 185). Grant don m'a donné Dieu, mon pere, A qui rien n'est qui ce compere ; Et ce que mon pere aura pris, Jamais ne luy sera sourpris, Car mon pere et moy sommes ung [Réf. à Jean 10, 29]. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 470).

 

-

Surprendre la vie de qqn. "Faire mourir qqn" : Par sa faulseté et malice De Clery desroba l'eglise ; Mais Dieu en a fait la justice, Que sa vie a esté surprise. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 205).

 

b)

Surprendre qqn/un animal

 

-

Surprendre qqn. "Prendre qqn, s'emparer de qqn" : Se Fortune si m'a fait prendre Et surprendre Sans attendre, Ne me vueilles habandonner, Mais te plaise moy reprendre Et deffendre De cueur tendre (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 16). LUCIFFER. Je congnois bien qu'il est plus dur que fer Envers le Dieu qu'en soy a volu prandre ; Mais pour trop mieulx a peché l'eschaulfer Et en noz las gayement le surprendre, Il te convient ta peau ridee estandre Et te bouter en forme de Venus, Car, par ce poinct, comme tu peulx entendre, En nostre enffer cent mille sont venus. (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

 

.

[D'un animal] Surprendre un animal : Or vëons comment ce seroit Qu'une dame ressambleroit L'esprivier qui l'oiselet prent Et vers le vespre le sourprent, Pour les piez tenir en chaleur, En signe d'aucune valeur. (MACH., D. Aler., a.1349, 286).

 

-

Surprendre un animal. "Prendre un animal (dans les rets)" : Mais la vanité de l'onneur mondain et le delit que l'erreur humain prent d'avoir povoir sur autrui aleche les folles pensees a tousjours vouloir rentrer en cest experimenté peril, comme l'oisel qui se fiert en la rethz ou il a veu les aultres surprendre et couvrir (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8).

 

2.

Surprendre qqc. "Entreprendre qqc." : Comment fut la chose surprinse ? Sathan, dy nous tout par ton ame. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 83).

B. -

[Avec l'idée de surprise] Surprendre qqn. "Prendre qqn au dépourvu, à l'improviste, par surprise"

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Prendre qqn au dépourvu" : ...ilz mirent le feu en leurs propres maisons et, à l'advantage du vent, surprindrent, bruslerent et occirent plusieurs de nos gens, et la pluspart mirent en desroy et en fuyte (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 248).

 

b)

"Attaquer qqn (une troupe) par surprise" : Lors s'en vont logier tous ensemble a la fin que on ne les peust surprendre. (ARRAS, c.1392-1393, 110). Mais, en la fin, ceulx de ladicte ville de Dynan, par traïson et autrement, furent surprins, et entrerent lesdiz Bourguignons dedens icelle ville, qui d'icelle en gecterent et bouterent dehors hommes, femmes et enfans, et retindrent prisonniers les plus notables gens d'icelle ville, et puis la pillerent tellement qu'il n'y demoura rien. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164). Pour ce dist-on que l'homme propose et Dieu dispose, ainsi qu'il appert par le Jouvencel, qui cuidoit surprendre ses ennemys (BUEIL, I, 1461-1466, 63). Et nous irons là où sont les gens d'armes logiés, et ferons une grande traicte et, à la grace de Dieu, nous les surprendrons et les destrousserons. (BUEIL, I, 1461-1466, 150). ...c'est ung des plus grans dangiers qui soyt en la guerre que de aller surprendre gens loing (BUEIL, II, 1461-1466, 242). Par quoy les surprendroient de si près qu'ilz les tueroient ou prendroient avant que leurs gens fussent assembléz (COMM., I, 1489-1491, 154).

 

c)

"Prendre qqn sur le fait" : ...elle fut bien esbahye, et encores plus monseigneur et Jehannette, qui se trouverent ainsi sourprins. (C.N.N., c.1456-1467, 272). ...l'aultre, qui se trouve surprins et en meffait present achopé, ne savoit sa contenance (C.N.N., c.1456-1467, 290). ...ne se donnerent garde que le mary les surprint (C.N.N., c.1456-1467, 435).

 

2.

[D'une chose] "Prendre qqn au dépourvu"

 

a)

[D'une chose nég., maladie, faim, défaut, péché...] "Prendre qqn au dépourvu, se saisir, s'emparer de qqn" : Dame, sauf vostre reverence, De mon ombre n'ai pas doubtance. Mais je ne say quele chalour Qui s'est convertie en froidour M'a seurpris et me tient au cuer Si soudeinnement qu'a nul fuer Ne porroie dire en quel point Sui, ne comment elle me point, Car j'ay chaut et froit si ensamble Que tout a un cop sue et tramble (MACH., R. Fort., c.1341, 114). Mais il est bien tout autrement : Car avant que homs son sens perde, Ne que forsens a lui s'aërde, Le prent et seurprent maladie Qui le trait a forcenerie. Si vueil faire un po d'argument Qui vous moustrera vivement Comment m'entente prouveray Dou droit que pour moy trouveray. (MACH., J. R. Nav., 1349, 227). ...Toutes foiz que je t'ay monstré Les offenses et les pechiez Dont surpris es et entechiez (Mir. parr., 1356, 12). Car se j'y vois en verité J'ay grant doubte d'estre tempté Et que pechié ne me surprengne (Mir. st J. Paulu, c.1372, 113). ...il, par fain de dormir qui le surprint, s'en ala coucher dormir sur un siege estant auprès de l'autel et en la chappelle Nostre-Dame (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 364). Et se vous donnez par plaisance, gardez que fole largesce ne vous surpreingne, tant que on s'en puist escharvir de vous, car ceulx qui auroient desservy que vous leur feissiez bien, s'en tendroient pour mal contens, et les estrangiers vous en blasmeroient en derrier. (ARRAS, c.1392-1393, 85). En ce temps la, Herculés fu seurpris d'une griefve pestilence (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 160). Tel maladie le surprist, Dont tost aprés la mort le prist. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 242). ...et par especial en la chambre de Parlement, aux jours des Plaidoiries, a telle tousserie de touz costez que à peinne le graphier, qui a esté surpriz de la dicte maladie à VIIJ heures, puet enregistrer au vray. (BAYE, I, 1400-1410, 90). Et moy mesme fu hier au vespre en venant de Nostre Dame surprins de ladicte maladie telement que je ne me puiz soustenir (BAYE, II, 1411-1417, 173). ...elle se trouvera en pou d'espace si adicte et de mal souprinse que la mort luy sera derrain remede. (C.N.N., c.1456-1467, 140). Y pert bien de leur faulx abus, De penser estre remis sus Par une fille mal aprise, Qui de faulceté est reprise Et de paillardise surprise. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549). A peine que le cueur me fault, Tant de doleur je suis surpris (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 561). Mais gardons nous que le sommeil Ne nous surpreingne ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 820). ...par quoy la fain Nous commence fort a supprendre (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 997). ...mais il fut tant surprins de maladie qu'il vesquit peu et mourut (COMM., III, 1495-1498, 90). SAINCT MARTIN. (...) Mes freres de vouloir parfaict, Notez bien ce que vous viens dire : Quelque chose prandra effect Que l'on ne pourroit contredire. Pour ce, ne soyez surpris d'ire Si le cas ung petit vous touche (LA VIGNE, S.M., 1496, 557).

 

-

Se laisser surprendre : Priéz par grant devocïon Que n'antrés en temptacïon, Car la char est enferme et tendre Et se laise tretost surprandre. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 176). [Réf. à Marc 14, 38]

 

.

Estre surpris. "Être pris au dépourvu" : Avec ce pris dou tout la cure De li amenistrer pasture [à l'épervier], De baillier par condition De certeinne proportion, A point et ordenéement, Ne trop ne po, rieugléement, Une fois plus, une autre meins, Et tout passer par mi mes mains. Mais de piessa l'avoie apris, Se ne pooie estre sourpris. Et il de sa propre nature Se metoit a sa norriture Si a point que riens n'i failloit. (MACH., D. Aler., a.1349, 276).

 

-

Part. passé en empl. adj. Surpris (de vin). "Ivre" : Et burent de ce vin tant qu'il furent sourpris (Hugues Capet Lab., c.1358, 163). ...ilz (...) entrerent en une taverne, pour illeuc prandre leur refection, et illuec burent si largement de vin que ilz furent surpriz et chargiez de vin (Doc. Poitou G., t.5, 1384, 214). ...le dit exposant qui estoit yvres et seurprins forment du dit vin, courroucié de ce que le dit Perrot par force lui avoit voulu oster en la dicte taverne un grand coustel qu'il avoit, dist au dit Perrot que il avoit battu tellement sa femme que elle avoit eu deux enfans senz baptesme (Doc. Poitou G., t.6, 1391, 55). ...ledit Jehannin Morisse hastivement, come surprins de vin, respondi que oncle ne compere n'y serviroit de riens. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1434, 278). ...lequel Laem, qui lors estoit fort chargié et surprins de vin... (Doc. 1467. In : Ch. Petit-Dutaillis, Doc. nouv., 1908, 212).

 

-

[Plus rarement d'une chose perçue positivement, comme la joie, l'amour, la beauté d'une femme, le rire...] : S'estoit mes cuers certeinnement Seurpris si amoureusement De joie, quant penser pooie Et quant appertement vëoie Qu'Amours, pour moy plus amender, Me fait servir et honnourer Loyaument, sans penser folour (MACH., D. verg., a.1340, 17). L'ONCLE. Certes, niepce, se sceussiez Conment de vostre amour forment Sui surpris, je croy qu'autrement Respondissiez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 133). Mais onques vo vueil ne repris, Ains ay apris, Com bien a pris, De vous une noble apresure, Qui telle est que ma peinne dure Aveuc m'ardure, Qui moult me dure, De cuer endure, Pour vo biauté qui m'a sourpris. (MACH., Les lays, 1377, 281). Et ad ce propos dit un sage qu'il n'est chose qui tant surprengne les cuers de subgiéz ne tire vers leur seigneur, comme quant ilz treuvent benignité et doulceur en lui (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 71). ...si ne se peut elle contenir (...) que force de rire ne la surprint, qu'elle cuida longuement retenir. (C.N.N., c.1456-1467, 35). Le roy, de prime face, fut tant surprins de la joye qu'il eut de ceste nouvelle, que à grant peine sceüt-il quelle contenance tenir. (COMM., II, 1489-1491, 159).

 

b)

[De la nuit, du jour, du temps qu'il fait...] "Prendre qqn au dépourvu, se présenter à qqn sans qu'il s'y attende" : ...retraiez vous tandis que la lumiere du jour avez et ains que la nuit vous surpregne (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 212). Car lui estant en chasse apprès son tresgrant sengler, la nuit tout seul le sousprinst, sy ne sceut plus ou aller. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 166). ...le jour les sourprenoit si largement qu'elles ne savoient comment saillir de l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 373). Pource qu'aprés l'yver froit nous surprent... (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 31). Une tempeste la surprent (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 141). Et la nuyct les surprint, qui saulva la vie à beaucoup de Liégeoys (COMM., I, 1489-1491, 106).

 

3.

[D'une pers. ou d'une chose] "Susciter la surprise, l'étonnement" : Il fut tant joyeux et tant surpris, quand il vit sa dame si belle et en si bon point, qu'il perdit force, sens et advis (C.N.N., c.1456-1467, 194).

 

-

Part. passé "Stupéfait" : Tandis que ma povre fantasie tormentee de diverses considerations recuilloyt lez parolles en la prose dessus recitees, debatant a par moy tous ces partis, et que cha ne la je ne trouvoye fors espoventement et contrarieté, je demouray tout suspens et surprins, et mes pensees vagues et esgarees, sans ordre et sans certaine fin, ne vraye election (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 17). Seigneurs, je reviens tout surpris Et saichés que, puis le partyr, J'ay eu grant peine de bastir Mon fait pour eviter dengiers. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 673). Mais incontinent que les Françoys arriverent devant la dicte tour, ilz furent bien esbahiz, et non sans cause, car ilz n'avoient pas adverty de veoir tant de testes armees devant, ne si grosse artillerie qu'on leur monstra de prime face ; parquoy comme gens estonnez et surpris pour chose qu'on sceust dire ne faire, parler ne voulurent, mais firent les sours (LA VIGNE, V.N., p.1495, 293).

V. aussi sousprendre
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 77/77 
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     SURPRISE     
FEW IX 351a prehendere
SURPRISE, subst. fém.
[T-L : sorprise ; GD : sourprise ; FEW IX, 351a : prehendere ; TLF : XV, 1186b : surprise]

A. -

[En lien avec prendre]

 

1.

"Impôt extraordinaire, prélèvement supplémentaire" : ...tailles, prises, surprises, courvées, ne autres debites quelconques (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1354, 301). ...les surprinses faictes sur la dixme de Naintré (Reg. Poitiers F., t.1, 1448, 370).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF (T-L IX, 919 ; GD VII, 38c). Doc.1365 et Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1484, 360, ds GD VII, 538c.

 

-

"Obligation extraordinaire" : ...mais s'aucune chose avoit esté fait ou attempté au contraire, le remettent ou facent remettre tantost et sanz delay au premier estat et deu, non obstans quelxconques usages ou seurprises et lettres quelxconques, (...) empetrées ou à empetrer au contraire. (Doc. Poitou G., t.5, 1377, 30).

 

2.

"Prise supplémentaire ; exaction" : Toutes ces choses par ordre furent acomplies, et fut la penitance tardive de la chetive surprinse de mort hastive. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 380). ..touchant les seigneurs de Saint Hillaire qui ont fait nouveau cours a l'eauve qui vient de la porte de la Tranchee par la grant rue et la font descendre contre les murs de ladicte ville, et aussi touchant certaines autre surprinses qu'ilz ont fait en ladicte ville en prejudice d'icelle et de la chose publique (Reg. Poitiers F., t.2, 1459, 107). ...a esté mis en deliberacion le fait du prevost et les exactions et surprinses qu'il fait (Reg. Poitiers F., t.2, 1460, 125). ...qui se sont absentéz des villes d'Arras et de la cité depuis la surprinse d'icelle (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 364). J'entens et veulx que mes droiz me soient gardez (...) et aussi que ma seur joysse de ce dont elle et ses predecesseurs joyssoient lors, et que aucune surprise ne soit faicte sur moy ne sur elle. (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481-1482, 101). ...et que les seurprinses faictes par ladite mairie et officiers d'icelle cessassent et feussent abolies ou corrigées (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1484, 360). ...en passant par pays, il pourroit faire quelques surprises sur aucunes de nos villes et places (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1487, 183).

 

-

En partic. "Empiètement sur les terres avoisinantes ou sur le domaine public" : ...les surprinses faictes par plusieurs au long des murailles de la ville (Reg. Poitiers F., t.2, 1465, 287).

B. -

[En lien avec surprendre B] "Action de surprendre" : Les aultres, qui viennent pour les surprendre, sont las et travailliez et fault qu'ilz viennent à la file, ou aultrement ilz ne feroient point de dilligence pour la surprise (BUEIL, II, 1461-1466, 243).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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