I. -

Subst. masc. "Fait de préparer, d'arranger qqc."

A. -

"Préparatifs" : Mon cor sonna quant eulz fait mon aprest, Et descouplay mes chiens selon l'usage (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 275). Mesmes, par ce que tous les jours sentoient et veoient à l'oeil, les Vénitiens, qui tant chaudement et par tant de fois avoient sollicité le duc par prières en ceste matière de la foi, les mirent hors de courage et de tout bon espoir, parce que mesmes ne firent nul apprest (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 47). Or advint qu'après ceste conclusion prise et que Gantois faisoient de grans apprests, le XXVIIe de mars en la sepmaine peneuse, en Gand et tout à l'environ de la ville et non ailleurs fit un grant tramblement de terre qui beaucoup espoentoit coeurs (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 407). ...mais de tout ne fist riens et leur laissa faire grant despence et grand apprest et puis les garda de partir (COMM., III, 1495-1498, 246).

-

Faire ses apprests de qqc. "Préparer qqc." : Chier pere, vostre enseignement Vient d'un entendement tres bon. Vecy grant planté de charbon, Le feu tout alumé et prest Si m'en vois faire mes aprestz D'un aigneau pour sacrifier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 22).

-

"Préparation culinaire, chimique"

.

[Dans un contexte métaph.] : Comme le sucre a la chaleur recuit, Quant il est prest Par recuittes et maint divers apprest, Quel part qu'il soit, ou en don ou en prest, Jamais ne fait si non bien ou il est : Doncques l'ardure De Jennesse (...) Est par Amour amenee a mesure Et bien passee Et de mainte grant foleur respassee (CHART., D. Fort., 1412-1413, 175). ...on pourroit penser ou doubter, voyre plainement dire, que la gresse des biens temporelz meslee de souffre d'envie, la chaleur de ambition et de luxure ont fait leur aprest pour mettre le feu en l'Eglise. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 177).

B. -

"Arrangement" : Se j'en pensoy [de la situation] trouver aprest, Voulentiers g'y travailleroye. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 134).

-

"Façon d'arranger, de disposer qqc." : Carneades en parler nect et prest, Et Cleantes, portant le ferme arrest D'opinion veritable et tresseure, George ymita, et tousjours monstré s'est En ses escriptz de grant et noble apprest De doctrine bien digeste et bien meure. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 174). Raison, voyant les advocas debattre Et soustenir leur cas comme dit est, Pour la rigueur des felons cuers abatre Voult sur le tout proferer son arrest ; Et chascun d'eulx fut ententif et prest Pour oyr droit sur le cas pretendu, Qui demené estoit en tel aprest, Bien assailly, bien aussy deffendu. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 85).

II. -

Adj. "Arrangé, disposé" : Puis que le fait est si aprest Qu'aler nous y fault sanz demeure, Alons men donc (Mir. chan., c.1361, 163).

V. aussi appreste, /apprestement
 

Apprestance de qqc.

A. -

"Préparation, préparatifs de qqc." : Et ne veoient fruit nul qui pouvoit naistre de leur entreprise ; car approchoit l'hiver sur les mains, qui ne faisoit point temps pour descendre en pays d'ennemi pour vivre ; et n'estoit apparence de nul bout du monde, que pape, ne Vénitien, ne autre nation, ne seigneurie, fissent armée, ne de riens apprestance. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 47). Comme doncques en l'apprestance de ce partement si soudain tout le monde murmurast par la ville, et que les officiers et les gens de justice entendoient la voix qui couroit et qui porta danger, se mirent ensemble trèstous (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 106). ...on voit ces deux puissans princes, le roy et le duc de Bourgongne, après toutes apparances et apprestances de guerre l'un contre l'autre, estre convenus en union et en acord par sainte paix (CHASTELL., Livre paix K., 1468, 355).

B. -

Apprestance d'ascout. "Fait de prêter l'oreille, d'écouter" : Que diray je de mon estat ? Je suis l'avieutie du ciel et des hommes, relenquie de toute parenté et propre sang, mise en l'abay de fortune et du monde par desvoyement de nature ; je suy celle a qui l'onneur du monde tourne le col par infraction de sa loy et a qui raison vee apprestance d'ascout par entendre a faveur oblicque (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 91).
 

"Préparatifs" : Quant on vouldra, Mère, point a nous ne tiendra ; Nous avons toutes noz aprestes. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 152). ...mais, au regard des apprestes que vous demandez, selon le contenu de ce que vous nous avez fait savoir, la diligence en a esté faicte (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 44).

-

Appreste de qqc. [un événement à venir]. "Préparation, préfiguration de qqc." : Mais cecy estoit comme une appreste des maulx qui puis advindrent au duc de Bourgongne. (COMM., II, 1489-1491, 89).

-

Faire les/ses apprestes ; faire son appreste. "Faire des préparatifs (en vue d'accomplir qqc.)" : Et de là ledit de Luxembourg s'en retourna à son chastel de Beaurevoir, veoir sa femme et faire ses aprestes, pour aler avecques le duc de Bourgongne ou voiage qu'il devoit faire brief ensuivant. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 371). Ce fait, voult ce propos mouvoir Et dist : "J'ay fait tout mon apreste, Mais les invitéz a la feste Ne sont pas dignes de tenir Si grant bien ne d'y pervenir..." (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 226). Nicodeme, il fault qu'on commence A cop a faire nostre apreste. Vecy l'eschielle toute preste, Tenailles de fer et marteaulx. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 358). Seulles ne la pourrions mouvoir, Qui sommes povres femmelectes ; Et ainsi toutes noz apprestes Aront esté faictes en vain. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 387). Sus ! beau filz, faictez voz aprestez ; Autrement perdrez vostre part, Se vous ne tirez ; il est tard : Trop long temps nous faictes atendre. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 378). Grant mercys, mais que nos apprestes Soient faictes, nous deux irons bien, S'il plait a Dieu. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 50). Je cuide qu'il fait ses aprestes Pour morir et riens ne gaignons A le garder. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 62).

.

En partic. "Faire des préparatifs (en vue d'une bataille, d'une campagne militaire)" : ...les Turcs de la ville (...) virent les apprestes que on faisoit pour combatre leur ville (Bouciquaut L., 1406-1409, 146). Pour lesquelles entreprinses ainsi faites couvertement, les dessusdictes parties furent très mal contens l'une de l'autre, et firent chascun d'yceulx leurs aprestes pour grever et faire guerre l'un à l'autre. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 204). ...ledit duc de Bourgongne fu fort et par diverses fois instruit et enhorté par ceulx de son conseil à lui préparer et faire ses aprestes à mener guerre contre lesdiz Anglois (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 211). ...mais le duc de Clocestre, subtilement conseillié et sachant le duc de Bourgoingne jeune prince et de hault cueur, luy fist offrir de le combattre corps à corps pour ceste querele. Ce que le duc de Bourgoingne accepta et luy fist voye pour aller en Angleterre faire ses apprestes ; prinrent et accepterent jour pour combattre devant l'Empereur Sigismond, lors vivant. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 92).

-

Faire son/ses appreste(s) de qqc. "Préparer qqc." : Mais, chiere amye, vous sçavez Que nous sommes moult indigens Des biens du monde et povres gens Si ne devons pas estre offrans L'oblation que font les grans. Seullement deux turtres devons Pour nostre offrande ou deux pigons, Se nous en fault faire l'apreste. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 95). DAVID [à Goliath]. Tu as faict toutes tes aprestes De lance, d'espée et escu ; Pour cela ne me tiens vaincu : Par tes instrumens ne auras los. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 129). Lors icy ceulx de la ville feront leurs aprestes de pierres, lances et autres habillemens de guerre qui se doivent faire en assault (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 643).

REM. Appreste est surtout empl. au plur. ; quand il est empl. au sing. (rarement), il peut coexister dans le même texte avec le plur., sans que ce changement entraîne une différence de sens.

V. aussi apprest, /apprestement
 

"Préparatifs (en vue d'un événement)" : Tous noz aprestemens sont faiz. Joseph, pere tres venerable, Faictes conclusion finale Et abregez, car il est tart. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 82). Or seroit-ce chose amirable à raconter les aprestemens qui se firent à tout effort en l'ost de ce duc et par espécial entre les grans et puissans et tous les nobles pour estre joli en ceste entrée, car chascun selon son estat et pouvoir laboroit à estre en point pour soy monstrer en ceste fameuse cité là où oncques roy, ne empereur n'entra par ce party. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 141). Or approchoit le jour que l'entrée se devoit faire et faisoient Gantois leur appareil tousjours et y alloient plusieurs gens de la court voir les apprestemens, entre lesquels en y avoit d'aucuns de l'hostel du dauphin qui y estoient allés aussy. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 408).

V. aussi apprest, /appreste
 

"Promptement, rapidement" : Gieffroys est malades couchiez Et fort se sent de mal touchiez ; Prendre ne puet vin ne vïande, Aprestement le prestre mande. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 328).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Apprester qqc.

1.

[L'objet préexiste à l'action]

a)

"Rendre qqc. prêt à l'utilisation" : Le champ est ordonné, aprestez et bastis (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 75). Lors a fait crier a la trompette que chascun appreste son harnoiz, et que chascun parte le matin, au tiers son de la trompette, en ordonnance, dessoubz sa banniere, et sieve la bataille de l'avant garde. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Ne me creez pas se je ne vous monstre, par le texte de l'euvangile presente, que le saint ange Gabriel, qui estoit comme fourrier de Dieu pour apprester son logeis, trouva ces trois pucelles, chamberieres ou damoiselles ou chambellaines, pour elle servir. (GERS., Annonc., a.1400, 232). Mais nature le corps ordonne Et appreste pour recevoir L'ame (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 30). ...il ne demourra gueres a t'enferrer, et j'aray appresté a l'environ de ton devant le las jolis ou il sera attrappé. (C.N.N., c.1456-1467, 456). Si fist sa bonne femme l'ostel apprester, tendre, parer, nectoyer et orner au mieulx qu'il fut possible. (C.N.N., c.1456-1467, 462).

b)

"Préparer, rassembler (un ensemble de choses)" : Or faictes que les veneurs et les chiens soient prestz demain, et nous yrons a la chace. Monseigneur, dist le forestier, a vostre plaisir. Ainsi se party du conte, et appresta tout ce qu'il appertenoit pour la chasse au jour que le conte lui avoit ordonné. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Je vous ay dit devant comme ceste armée de monsr de Warvic et ce que le roy avoit appresté pour le conduyre estoit prest à monter (COMM., I, 1489-1491, 200).

-

Apprester qqc. en qqc. "Utiliser, faire servir qqc. à qqc" : ...le noble seigneur de Croy, chevalier de bon âge, vert et vineux alors et en son premier venir, fit de grands et de hauts faits de sa main ; sy féroit, mailloit de l'espée, d'estocq et taille, rompoit mailles et charnières, et ne donna repos à son bras, ains l'apprestoit en la mort de chacun, fust devant, fust de costé, là où il pouvoit attaindre. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 264).

c)

Empl. abs. "Faire des préparatifs" : ...moult fu le roy d'Ausaiz doulent de la mort de son frere. Mais le dueil en convient passer quant il plaist a Dieu. Il fist apprester pour faire l'obseque moult honnourablement, et fut tout prest a la grant eglise. (ARRAS, c.1392-1393, 186). Venés tous ; je vaiz aprester. La maison est cy pres de nous. (Pass. Auv., 1477, 148).

d)

Apprester qqc. pour + inf. "Préparer, disposer qqc. à" : Vray est que ton corps [saint Georges] esprouvas, Quant la pucelle delivras Contre le serpent merveilleux, Et de plusieurs tormens crueux Souffrir voulz ton corps aprester Pour avec Dieu es cieulx monter. (Prières saints R., t.2, c.1400-1500, 246).

2.

[L'objet est le résultat de l'action] "Rassembler, préparer ce qu'il faut"

a)

[Pour apprêter un mets] : ...que la viande Soit aprestée, Car il estoit ja près de la vesprée. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 132). Vez ci table et mès appresté, Sire, pour vous. (Mir. Oton, c.1370, 362). Belle niepce (...) Alez faire aprester diner (Mir. Berthe, c.1373, 239). Damp Abbés, tout plain de joye, fist grant foison toctees appareillier, et apprester ypocras et vins estranges de diverses façons (LA SALE, J.S., 1456, 257). ...leur disoient qu'ilz feissent bonne chere et qu'ils apprestoient leur desjeuner. (C.N.N., c.1456-1467, 355). Le diner est tout appresté. (Pass. Auv., 1477, 185). ...toutesfois luy firent aprester à disner (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 171).

b)

[Pour accomplir qqc. (une cérémonie, une expédition, une affaire...)] : Nus d'eux n'avoit ne soif ne fain, Quant il durent aler couchier. Lendemain firent aprester Unne messe c'on leur canta. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 246). Raoulet [le bourreau], je te truis bien a point. Vas, si apreste ton affaire, Car tantost fault justice faire (Mir. enf. ress., 1353, 52). Yris tantost a son oirre aprestee ; Ses eles prent ; en l'air s'en est volee (MACH., F. am., c.1361, 164). Remondin appresta son erre et prist congié de Melusigne, et se party a moult noble compaignie de chevaliers et d'escuiers, le nombre de bien deux cens gentilz hommes. (ARRAS, c.1392-1393, 51). ...Melusigne fu moult curieuse de apprester l'affaire de ses enfans. (ARRAS, c.1392-1393, 83). Alixandres a appresté Son erre, a grant host, pour conquerre Entierement toute la terre. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 36). Mes amies et voisines, il est jeudy qui est jour de recreation et le plus cras de la sepmaine. IL m'est avis qu'il seroit bon que feissons un petit banquet pour recreer noz esperis (...) Or sus donques, chascune se mette en ses devoirs, dist l'une, et je feray tout aprester. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 105). Tresorier, est tout appresté Ce qu'il fault pour dire la messe ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 543).

3.

[La chose, concr. ou abstr., est tenue prête pour qqn, lui est donnée, réservée] Apprester qqc. à qqn

a)

[Une chose concr.] "Fournir qqc. à qqn" : Si en furent occis jusques a vint mille hommes et li Rommain victeur s'en coururent a la proie, laquelle li ennemi leur avoient aprestee tout de leur volenté. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 31.16, 57). ...mes ce luy commenderent il dire au consul car, se il osoit mener son ost celle part, il apresteroient a l'ost romain vivrez de .XXX. jours (BERS., I, 9, c.1354-1359, 36.8, 66).

b)

[De l'argent]

-

"Prêter à qqn" : ...le dit C. ad aprestés al oeps del avantdit nostre seignur le Roy as ditz T[homas] de L[enne] et J. S., cessante et quinsze nobles, et nostre treschier et bien amé E. N. leur ad apprestéz semblablement cynqua[n]te francs, pur ent avoir repaiement de vyngt et cynk nobles (Lettres agn. L., p.1412, 227).

-

"Donner à qqn" : ...l'Evesque de V. ad apprestéz V. [C] li. par seuretee de deux tailles, l'un de CC. li. a H., et l'autre de CCC li. a C., et de l'apprest d'autres personnes n'est pas resceuz puis vostre departir outre la somme de C. li (Lettres agn. L., c.1399, 461).

c)

[Une chose abstr.] "Réserver qqc. à qqn" : Et tel estoit Cellui ou mon cuer s'arrestoit, Qui tant de joie m'apprestoit (CHART., L. Dames, 1416, 224). Mes jours si sont tournez en nuys, Mes plaisirs muez en ennuys Et j'ay iver en lieu d'esté, Si ne sçay plus la ou j'en suis, Si non que je chace et poursuiz Le maleur qui m'est apresté. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 23). ...Amour, qui ses serviteurs loyaulx aide et secoure quand bien luy plaist, leur appresta ung jour tresdesiré (C.N.N., c.1456-1467, 434). Elle luy appreste du ris, Qui en brief tornera en pleurs. (Pass. Auv., 1477, 183).

B. -

Apprester [un être animé]

1.

[Une armée] "La mettre en état" : ...il vint en l'ille de Rodes. Quant il y vint, il s'arresta, Lui et sa gent bien apresta, Et longuement se reposa (MACH., P. Alex., p.1369, 52). Cil d'Alixandre bien savoient Que li roys seur la mer estoit, Et que son armée aprestoit, Si qu'il estoient sus leur garde. (MACH., P. Alex., p.1369, 204).

2.

[Le coeur] "Le disposer (à faire qqc.)" : Et a l'amer tout apprestay Le cuer que de fendre prest ay, Que je lui donnay et prestay (CHART., L. Dames, 1416, 222).

3.

[Un animal] "Le rendre prêt à être utilisé" : Vraiment, je l'acheveray Ou de tous pions y demourray, Se vo blanc cheval me prestez. Or faites qu'il soit aprestez. (MACH., D. Aler., a.1349, 316).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'apprester (à/pour qqc.)

1.

"Se préparer (en partic. militairement)" : Et le cappitaine le manda tantost au roy Uriien, qui en ot grant joye, et s'appreste comme pour la bataille. (ARRAS, c.1392-1393, 132). Et chascun mist peine de soy aprester tellement que au jour fut prest chascun. Et, ce jour, en la presence du Jouvencel, les parties vindrent pour faire le serment sur le corps de Nostre-Seigneur. (BUEIL, II, 1461-1466, 107). Il est temps les persecuter [les Anglais], Que il ont leans trop esté ; Si vous vueillez tous aprester Et armer pour la seureté. (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 496). Et fut ung peu long à s'apprester, ne croyant point tout ce qu'on disoit (COMM., I, 1489-1491, 176). Et ainsi ceste armée s'appresta de la part d'Allemaigne, qui fut merveilleusement grande, et tant qu'il est presque increable. (COMM., II, 1489-1491, 12).

-

"Se préparer moralement (à qqc.)" : Theodore, de ceste vie Mondaine ennuit trespasseras Et en gloire sanz fin venras. Apreste toy. (Mir. Theod., 1357, 118). Apreste toy maintenant a cete benoite journee, a ceste faiste sacree, a ce jubilé, pour le dignement recevoir a l'exemple des apostres qui hodie repleti sunt, qui au jour d'ui furent remplis par la venue de ce glorieux hoste. (GERS., Pent., p.1389, 72).

-

"Se préparer pour paraître en public, s'habiller, se parer" : Ma dame, apprestez vous bonne erre S'a temps voulez au sermon estre (Mir. mère pape, c.1355, 350). ...l'empereur (...) vous conmande Que vous aprestez et parez, Qu'en l'eure espousée serez D'un vaillant homme. (Mir. fille roy, c.1379, 84). Sans plus parler, sailli hors de mon lit, Quant promis m'eut ce que devant est dit ; Et m'aprestay le plus joliement Que peu faire, par son commandement. (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 4). Si vous prie et requier que vistement vous veillez apprester et habiller (C.N.N., c.1456-1467, 122).

2.

Empl. pronom. à sens passif. [D'un repas] "Être préparé" : ...tantdiz que le soupper s'apprestoit, la dame et le bon chevalier se deviserent (C.N.N., c.1456-1467, 478).

3.

[D'une réf. spatiale, d'une échéance] "Être proche" : Seigneurs, tant avez voyagié Que vostre terme fort s'apreste, Car je voy l'estoille qui reste Et ne s'est qu'en ung lieu monstree Puis que nous avons fait entree Dedens Bethlëem la cité. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 91).

B. -

S'apprester à/de/pour + inf. "Se préparer à, se mettre en état de" : Sire, chascun de nous s'apreste A faire quanque conmandez. (Mir. emp. Julien, 1351, 180). Cupido entent sa requeste, Si li ottroie et tost s'apreste Pour traire au dieu une saiette (MACH., C. ami, 1357, 85). ...on ne saroit souhaidier Comment de moi aidier s'apreste Et comment la belle est tost preste (MACH., Voir, 1364, 4910). ...gardez que vostre semonce Soit a toutes voz gens si faicte Que chascun s'apreste et s'affaicte De tost venir. (Mir. st Lor., 1380, 127). ...la roÿne (...) s'appreste D'aler vers la mer (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 17). ...lors s'apreste L'ost des Romains de assaillir Jherusalem (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 23). Je me vois donc aprester A faire faire les trois croix Ou ces gens seront a destrois, Si que n'i fauldra a nul rien. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 57). Il estoit jà sur le tard ; toutesfois on se apprestoit de les assaillir. (COMM., I, 1489-1491, 97). De sortir hors maintenant qu'on s'appreste ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 222).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une chose] [Corresp. à supra I A 1 a] "Préparé" : Vostre commandement feray, Si que demain tout prest seray, Car nos naves et nos galées Sont garnies et aprestées (MACH., P. Alex., p.1369, 115). ...veu (...) le drap entier duquel icellui prisonnier fu trouvé saisi, contenant XIIIJ aulnes ou environ (...) qui est chose souspeçonneuse, consideré qu'il estoit et est tout mouillié et non apresté (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 174). ...je vous conseille de par le saige Zephir que vous recepvez l'ordre de chevalerie, et de celle heure en avant vous sarez mareschal du dieu Mars en sang espandre. Et adfin que n'aiez deffaulte de ce que a ce faire appartient, je le vous envoie en ce coffre tout appresté. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 271). ...car ilz s'estoient serrez en bataille et par ordre et leur artillerie aprestée de laquelle ilz greverent fort les gens du roy et en tuerent plusieurs gens de bien (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 66).

-

[Avec une nuance de menace] Estre appresté à qqn. "Être réservé à qqn, attendre qqn" : Certes ilz estoient garnis de petit de confort et de mauvaise nuit qui leur estoit apprestee, car il n'arresta gueres quant un orage mauvais commença a lever, de vent, de pluie et de tonnoirre, tellement qu'ils se trouverent en l'eaue jusques au cul, dont ilz eurent grant doute de mourir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 243). La mort vous suyt, ayez a Dieu recours ; Puis qu'aux damnez enfer est appresté, Pourvoyez y, car vos jours seront cours ! (J. MESCHINOT, Trois ballades, 1493. In : Romania 49, 1922, 430).

B. -

[D'une pers.]

1.

"Habillé, préparé, équipé pour sortir" : Belle fille (...) N'es tu pas aprestée ? qu'est ce ? Temps est que nous aillons a messe. (Mir. st J. Cris., c.1344, 271). Et quant il fu bien consilliez, Bien aprestés, bien abilliez, Il fist nagier tout droit au port, Et là se combati si fort, Que maugré tous est descendus. (MACH., P. Alex., p.1369, 213).

-

"Équipé de qqc." : ...avant soleil levant, aprestés de tous habillemens nécessaires pour faire exploit, vinrent jusques au plus près dudit lieu ranger et ordonner notablement et en manière de gens de bien (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 127).

2.

(Estre) appresté à qqc. "(Être) préparé à qqc." : Pour ce, je me tiens apresté A deduiz, en champs et en bois, S'Amours y prent nulz de ses droiz, Quelque bien m'y sera presté (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 511). L'omme fervent et diligent est apresté a toutes choses. C'est plus grant labeur de resister aux vices et aux passions que de suer aux labeurs corporelz. (Internele consol. P., 1447, 358).

-

Estre appresté à/de/pour + inf. "Être préparé, prêt, disposé à" : Alons, je suis touz aprestez De son gré faire. (Mir. enf. ress., 1353, 15). Devant son lit sont arresté De mal faire tuit apresté. (MACH., P. Alex., p.1369, 268). Qui a mestier d'avoir un bon servant ? Juenes homs suis, aprestés de servir. - De quoy sers tu ? - Je suis bien chevauchant, Je sçay trancher, moy en cuisine offrir, Male trousser et au besoing pestrir (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 23). Et icy, oultre la louange et deffense saint Pol, nous avons enseignement de nous contregarder de cheoir en perilz ou tribulacions sans neccessités ou proffit, a nous ou a autrui, tant soyons apprestez de morir et que ne nous chaille de ce monde. (GERS., P. Paul, a.1394, 500). [Les Anglais, mis en difficulté par les Ecossais, décidèrent qu'ils] se departiroient, le bon matin, tout apresté pour tantos combatre, se il besongnoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 774). A recommancer de plus belle, J'en voy ja les adjournemens Que font, vers vieulx et jeunes gens, Amours et la saison nouvelle. Chascun d'eulx, aussi bien lui qu'elle, Sont tous aprestés sur les rens A recommancer [de plus belle]. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 336). Soions aprestés de fort morir en la bataille, et ne inferons crieme a nostre glore ne ne fuyons point la croix. (Internele consol. P., 1447, 251). Quant a moy, je suis apresté, Mon chier pere, en temps et en lieu, De rendre sacrefice a Dieu Au mieulx que je le pourray faire. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 22).

REM. Apprester présente beaucoup de similitudes avec appareiller.
 

"Prêt de son côté ?" : Mais pour tant qe te voy tres prest A mi entendre et entreprest [var. interprés ; lat. promptissimum]... (Boece en rime A., c.1350-1375, 8298). [J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.75, 2011, 497]

Rem. J. K. Atkinson propose "absorbé, occupé", v. entrepris, s.v. entreprendre ; mais la forme fait difficulté.
 

"Mal préparé" : Le mourmaistre fu appellé pour asseoir les bonnes ["bornes"], laquelle chose il trouverent maupreste. (Arch. Nord, 1417, 17623, B 11475, dossier Le Moere, IGLF). LE FOL. Suis je maulprest, dy, happemousche ? (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.4189). [Seul ex.]
 

"Rapide, prompt"

-

[Avec un terme de compar.] : Je suis plus preste qu'ung cheval A en fere vostre plaisir (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 98).
 

"Promptement, aussitôt" : ...les dons, donnéz prestement et tost, deservent plus de loenge et de grace. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 231). Et je vueil bien estre a ce fait donnez, Tant qu'en ce mont vous plaira que je vive. Mais si grant fait n'oseroie entreprendre, Se je n'avoie avec moy prestement Vos trois enfans pour moy duire et aprendre, Com dit m'avez ici presentement. (MACH., Prol., c.1377, 3). Et ce que nous voulons si prestement parler de si haute matiere, l'en doit reputer que nous le faisons aveques verconde, par desir de enquerir verité plus que par trop grant hardiesce ou par presompcion. (ORESME, C.M., c.1377, 496). ...le peril si est trop plus grant ez causes espirituelles que ez causes temporelles et, pour tant, il en est plus grant besoing d'y remedier plus praistement (Songe verg. S., t.2, 1378, 68). Et ceulx (...) estoient moult joyeux ou cuer de l'appareil du noble secours qu'ilz veoient si prestement appareillier, car ilz l'eussent bien pris en demy an aprez autel, dont ilz louent devotement Jhesucrist et sa doulce chiere mere. (ARRAS, c.1392-1393, 151). Mais lever m'estuet prestement. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 30). ...l'un d'iceulx lui lança une javeline parmy le corps droit au cuer, si doloreusement qu'il chey prestement mort (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 7). Faictes les prestement entrer Et venir cy a ma presence. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 51). Alors a tresgrande et lie chiere tous deux a Madame sont venus, et lors le seigneur de Saintré la prie ; et quant Madame l'a entendu prestement lui reffuse, disant qu'elle a moult a besoingnier (LA SALE, J.S., 1456, 288). Vostre femme est fort aggravée de chaulde maladie et en dangier de mort, s'elle n'est prestement secourue. (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...la damoiselle s'en alla prestement coucher. (C.N.N., c.1456-1467, 381). Or sa, menestiers, prestement Vulhés toucher vous [e]strumens ! (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 501).

-

Prestement que. "Dès que"

Rem. Mabrien V., 1462, gloss. ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.
 

A. -

[D'une pers., dans une situation donnée]

1.

"Entièrement préparé (à qqc.), en état de faire immédiatement qqc." : L'ESCUIER. Sire, ne dites plus qu'il tiengne A moy : prest sui. (Mir. nonne, 1345, 333). Je suis prest et appareilliez (Mir. ev. N.D., c.1348, 74). "...Or ne soiez lens ne remis, Mandés vos gens apertement." Et il dist : "Sire, liement Vostre commandement feray, Si que demain tout prest seray, Car nos naves et nos galées Sont garnies et aprestées ; Et pour ce à moy ne tenra pas." (MACH., P. Alex., p.1369, 115). Et ! comment, Saintré ? estes vous ja prest ? (LA SALE, J.S., 1456, 94). ...il est temps de partir ; soiez demain prest au point du jour, et aussi seray je. (C.N.N., c.1456-1467, 179). Quand elles furent prestes, elles vindrent trouver leurs mariz, qui desja estoient comme tous prestz et en pourpoint (C.N.N., c.1456-1467, 204). ...si jamais puis rien faire pour vous, me trouverez preste de corps et de biens. (C.N.N., c.1456-1467, 263).

-

Prest comme un chandelier : Vemecy present aussy prest Vraiment comme ung chandelier est. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 10).

Rem. chandelier.

-

[Collectif] : Li roys se coucha en son lit, À grant joie et à grant delit ; Et faisoit à chascun la feste De son armée, qui est preste. (MACH., P. Alex., p.1369, 60). L'armée est au port demourée, Toute preste et toute ordenée, Pour partir quant li roys vorra, Et quant son milleur point verra. (MACH., P. Alex., p.1369, 122). L'armée ordena li bons roys De C. voiles et XXIIJ. Et quant elle fu toute preste, Il ot si grant mal en sa teste Que par tout le corps se doloit. (MACH., P. Alex., p.1369, 130).

-

Prest de qqc. "Prêt à qqc., préparé à qqc." : Mais le noble chevalier, qui estoit tout prest de la jouste... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 190).

-

Prest à + inf. : ...ilx estoient plus de Vm à Paris tous prests à le recevoir et ly ouvrir la porte de Montmartre ou de Saint Honoré. (BAYE, II, 1411-1417, 229).

-

Prest de + inf. : ...que il se tiegne touz preps et appareillez de aler, se mestier est, ou dit hostage (Mand. Ch. V, D., 1365, 143). Six mois entiers fu à Venise, À grant despens et à grant mise ; Et s'en parti en moys de May, Si com laissié dire le m'ay. Li roys, sa gent et sa navie, Et toute sa chevalerie, Furent prest de monter en mer. Or les vueille Dieux tant amer Qu'il les vueille mener à port De bien, de joie et de deport (MACH., P. Alex., p.1369, 50). Li roy fu au piet de la tour Et sa gent li furent entour, Tuit prest de faire leur devoir, Mais vraiement petit pooir Ont, se Dieux n'est de leur bataille, Qui toudis pour les siens bataille, Car L. contre X. mille Ce n'est mie pareille bille. (MACH., P. Alex., p.1369, 98). Nous avons dit aussi que elle doit avoir cuer d'omme, c'est qu'elle doit savoir des drois d'armes et toutes choses qui y affierent afin que elle soit preste d'ordonner ses hommes se besoings est (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 151). ...le roy Thoas des Mons, qui estoit prest de jouster, picqua sur le Chevalier Doré (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 333).

-

Prest pour + inf. : Ce jour (...) J. Le Beguinat, procureur d'aucuns, n'estoit pas prest pour plaider leur cause appelée au roole (BAYE, II, 1411-1417, 17). ...ainçois qu'il le feist venir devant les hommes desja tout prest pour le juger (...), parla a luy a part (C.N.N., c.1456-1467, 159). Pour la recevoir [la tête de Jean-Baptiste] je suis preste. (Pass. Auv., 1477, 99). BOURREAU (en admenant l'autre tout lyé et garroté, prest pour l'espedier.) Que grant deable esse que tu foille Au pourpoinct në a ce bonnet ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 318).

-

Se faire prest. "Se préparer" : Le jour de partir vint, et se firent prestz les serviteurs de madame la presidente et ses femmes qui la devoient servir (C.N.N., c.1456-1467, 312). Ilz furent tantost d'accord et luy dirent qu'il se feist prest au premier bon vent qui survendroit. [Des marchands veulent s'embarquer avec un ami] (C.N.N., c.1456-1467, 560).

2.

"Disposé, enclin, décidé (à qqc.)" : ...combien que au temps de la substraction [ledit Benedic] ne fust pas conseillez de ceder, toutevoie de present estoit prest (BAYE, I, 1400-1410, 31).

-

Prest à + subst. : Je sui leur ressort, leur recours Par coustume et par entrecours ; A tous besoins me truevent preste Par penser, sans autre requeste, Car j'oubeï a leurs pensées, Se trop ne sont desordenées. (MACH., R. Fort., c.1341, 79). Uns oiselès en une cage N'a pas l'entendement si dur Com tu as. Juré t'ay, et jur, Qu'a tous besoins me trouveras Preste, quant mestier en aras, Biaus amis, et tu ne m'en crois, Dont tes maus durement acrois. (MACH., R. Fort., c.1341, 115). Et tristece de mal est mal en tant comme elle empeeche que l'en n'est pas si prest ou si ententif a bien. (ORESME, E.A.C., c.1370, 404).

-

Prest à + inf. : ...un prince doit estre tardif à peine, c'est assavoir à pugnir, et prest à guerdonner (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 143). ...il trouva pou paisible sa femme toute preste a tanser, qui de si loing qu'elle le vit commença la souffrance accoustumée (C.N.N., c.1456-1467, 543). [Prov.] Tous bons sont a bien faire prests (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 122). Baiser vous veulx, las, tout atrest, En grant regré, Et en destret, - et voz playes acoler veulx ! Las, mon cuer nect Est ja tout prest - a morir si ce m'est le mieulx ! (Pass. Auv., 1477, 257).

-

Prest de + inf. : Belle amie, De ma promesse ne te doubte ! Je suy prest d'accomplir la toute. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 111). Moy renoia et me tourna la joe, Quant elle [Fortune] m'ot assis dessus sa roe, Puis la tourna, si cheï en la boe. Mais ce fist elle, La traïtre, toudis preste et isnelle De ceaus traïr qu'elle met dessous s'elle (MACH., J. R. Beh., c.1340, 83). SEUR YSABEL. Dame, noz deux corps sont tout prest D'aler par tout ou vous plaira, Ne nulle ne vous desdira. (Mir. abbeesse, 1340, 98). Et s'il te plaist qu'einsi demeure, Ou que je muire sans demeure, Tout prest d'obeir à toute heure Me trouveras. Mais si tu fais que joie aqueure Et que de confort me sequeure, Par quoy de ses douçours saveure, Tres bien feras. (MACH., Compl., 1340-1377, 246). Assez de foys vous ay dit et prié que il vous pleust à moy dire pour quoy vous me portez malivolence, ne se aucuns vous avoit reporté aucune chose de moy qui fust contre vostre honnour ou la moie. Car se ainsi estoit que nuls le vous heust raporté, j'en estoie prest de moy descuser par devant vous, en disant que il avoit menti faussement et mauvaisement, et que je m'en deffenderoie par mon corps, einsi comme J. chevalier se doit deffendre en gardant son honnour. (MACH., P. Alex., p.1369, 229). Et quant au fait de la lettre en la quele je vous estoie tenus, je la pense bien avoir acomplie tellement comme je doy, car je vous ay fait presenter par le maistre de l'Ospital et par le conte de Herford que j'estoie prest d'aler en ceste presente armée et de vous tenir tout ce que je vous avoie promis, eu cas que vous me tenriés aussi tout ce que vous m'aviez promis. (MACH., P. Alex., p.1369, 229). ...car il signifie que tel homme n'est pas punitif, mais que il est prest de pardonner. (ORESME, E.A., c.1370, 260). Ay ! Fortune, Qui es forte une, Preste et commune De baillier prune Verte ou meüre, quant tu veulz (MACH., Lays, 1377, 476). [De la mort personnifiée] Sont tuit li vent contraire pour ma mort, Si qu'il n'i a confort ne garison, Merci n'espoir, ne d'eschaper ressort, Ne riens de bien pour moy, car sans raison Je voy venir la mort amere à tort Preste de moy mettre à destruction ; Mais celle mort reçoy je par ton sort, Fausse Fortune, et par ta traïson. (MACH., Motés, 1377, 498). [Inf. subst.] Sire, se mon prest Me voulez rendre, je sui prest Du recevoir. (Mir. march. juif, c.1377, 218). Proteste que se aucune chose il a baillié de ce que il a dit devant nosseigneurs, il est prest de l'escripre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 541). ...comme le prince naturel soit entre ses subgiéz si comme le pere sus ses enfans ou le pasteur en la garde de son parc, prest de exposer sa vie pour la deffence d'icellui (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 143). ...et disoit le Chancelier qu'il estoit prest de oïr sur ce l'advis de la Court. (FAUQ., II, 1421-1430, 41). Vecy mon corps ["me voici"] prest de tous martires souffrir, s'il puet furnir a l'amende ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 399). ...si plus eust osé demander elle estoit preste d'accomplir. (C.N.N., c.1456-1467, 146). Quand ce gentil chevalier vit son hostesse preste d'oyr, d'entendre et escouter ce qu'il vouldroit dire, pensez qu'il fut joyeux (C.N.N., c.1456-1467, 432). Coeur leal (...) fust prest de la consoler (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 97). Vous plaise le moy pardonner Et mesdisans habandonner, Qui sont tousjours prestz de reprandre. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 49).

.

[D'une bête] : Les chiens estoient la tous prestz D'ouyr le fort hu (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 46).

-

Prest pour + inf. : Amours, je t'ay donné le bail De moy, et encor le te bail. Mais bien voy qu'en vein me travail, Qu'adès te truis Preste pour moy faire travail. (MACH., Compl., 1340-1377, 244). [Les chevaliers de Rhodes se joignent au roi de Chypre] Li roy leur pria, ce me samble, Que o li fussent en ceste armée, Qui estoit faite et ordenée En l'onneur de Nostre Signeur. Tantost li grant et li meneur Respondirent que il iroient Volentiers, et que prest estoient Pour aler où le roy vorra, Et que ja piet n'en demorra. (MACH., P. Alex., p.1369, 59). Quant Aroès eut tout ce ainsi fait, il se leva sus piez, et tantost l'avironnerent tres grant quantité d'ames prestes pour lui faire honneur. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 93). ...nous sommes pres pour mourir En soubtenant ta sainte foy. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 200).

Rem. MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, XVI, 6 (prest pour oyr droit).

3.

"Sur le point de faire qqc."

-

Prest de + inf. "Sur le point de + inf." : LA VOISINE. (...) Vous estes preste d'acouschier. LA DAME. Ce suis mon : Diex m'en vueille aidier ! Mon seigneur, alez hors de cy. (Mir. enf. diable, c.1339, 13). Devers li ses dous yeus tourna, Dont le lion mal atourna, Car quant il vit que li espars De ses dous yeus estoit espars Sus li et sus les autres bestes Qui de li destruire sont prestes, Il se parti de sa presence A tel meschief que sans doubtance A po que ses cuers ne partoit, Quant de la dame se partoit. (MACH., D. Lyon, 1342, 180).

4.

"Disponible (pour qqn)"

-

Prest à qqn / à son vouloir : Je sui a vostre vouloir prest, S'il est mestiers. (Mir. st Guill., c.1347, 15). ...je n'y puis remede mettre, car je suis tellement née soubz telle estoille pour estre preste et servant aux hommes ! [Aveu d'une femme luxurieuse] (C.N.N., c.1456-1467, 519).

Rem. Peut-être faut-il lire prest à ds l'ex. suiv. : Lors fut la cause proclamee par le greffier ; sy se leverent les advocas des parties. Et au dextre lez du parquet fut Vray Rapport prest la demande de l'acteur (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 8).Éd. : "à la disposition du demandeur". À moins qu'il ne s'agisse, ce qui semble plus vraisemblable, de la prép. près.

-

Prest pour qqn : ...aussi quant ilz virent tant de gendarmes pour le roy prestz et appareillez de donner dedens, ilz mirent en terme la paix (LA VIGNE, V.N., p.1495, 318).

.

[D'une bête] : ...une beste, Qui a tous ses vouloirs est preste. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 76).

B. -

[D'une chose, dans une situation donnée]

1.

"Entièrement préparé, qui est en état d'être utilisé sans modification et sans délai"

-

[D'une chose concr.] : Vostre lit est tout prest aussi : Despoillez vostre chape cy, Si entrez ens. (Mir. ev. arced., c.1341, 111). Tous lesquieulx, veu ledit blanchet, lequel contient six aulnes et demie à l'aulne de Paris, et est tout prest et retondu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 276). ...parmi ce qu'il [le hucher] rendra tout [les sièges et les bancs de la chambre du parlement] prest et assiz à ses despens hors ferreures dedans la Toussaint prouchain venant (BAYE, I, 1400-1410, 155).

-

[D'un repas, d'un plat, de la nourriture...] : ...la char [pour l'oiseau de proie] doit estre toute prestre [var. preste] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 224). Et quant la viande fu preste, Là vinrent li clerc et li preste, Et dirent Benedicite. L'empereur par grant amité Prist le roy et le fist seoir À l'onneur, pour li mieus veoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 37). Quant le souper fut prest... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 21). "Et faictes, dist il, que le disner soit prest a XII heures (...). - Tout sera prest, dit elle, amenez qui vous vouldrez." (C.N.N., c.1456-1467, 261). Mes il fault premier que tramecte Chasser pour avoir viande necte. Maulbec, Mallegorge, tous deux, Faictes qu'ayons de viande preste, Car avec Jhesus disner veulx. (Pass. Auv., 1477, 139).

-

[D'un canon] Prest en bataille : Nous fault aller sur la muraille ; De noz canons ne s'en fault riens, Et ne croy pas que ung s'en faille. Sont tous chargez, pretz en bataille, Des le dimenche apres disner (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 195).

-

[D'une chose plus abstr., d'un texte, d'une réponse...] : Ma main mis a ma gibessiere, S'ataingni sa complainte entiere Et dis : "Sire, vostre requeste Tenez ; vesla ci toute preste". Il la prist et puis la lut toute ; Onques n'i fist arrest ne doute Qu'escripte ne fust mot a mot, Einsi com devisé la m'ot. (MACH., F. am., c.1361, 197). ...incontinent ara sa responce preste (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 210).

-

Prest de + inf. (à valeur passive) : Quar ce fut une tresgrant route De gens armez o blanches armes Et les escuz par les enarmes, A destriers blans preis d'eslesser, Les lances prestes de besser ["à être baissées"]. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 78). Le rost est tout prest de menger ["à être mangé"]. (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 86).

-

Faire qqc. prest : ...[elles] vindrent a l'ostel faire tout prest pour recevoir le prescheur (C.N.N., c.1456-1467, 486).

-

[Dans un phénomène naturel] : Et ausi en un corps vif quant le nourrissement ["la nourriture absorbée"] est prest, il est meu au membre ou il doit aler se empeeschement n'i est. Et semblablement est meu et alteré un corps a santé. (ORESME, C.M., c.1377, 682).

-

[D'un oiseau que l'on a préparé pour la chasse] : Dont je sceus bien qu'il s'acorderent Que cils gerfaus me fust donnez, Ou sus le mains abandonnez, Si qu'adès le trouvasse prest, Aussi que par voie de prest. De ce furent il bien d'acort, Fors un qui en fu en descort (MACH., D. Aler., a.1349, 371).

2.

"Disponible"

-

[D'une somme d'argent] : ...Alexandre des Marez, changeur de Paris, a dit en la Court qu'il avoit IJ mil frans touz prest de par messire Charles de Savoisy (BAYE, I, 1400-1410, 114). ...afin d'adviser à avoir argent prest et prompt pour la necessité du royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 16). Et, assez tost aprez ceste conclusion, alerent aucuns conseilliers de ceans de par la Court par devers sire Jehan de Precy, tresorier, qui leur dit qu'il n'y avoit mie argent prest pour faire promptement ledit paiement d'un mois (FAUQ., III, 1431-1435, 53). ...avoit, ce disoit-on, bien six mille escus d'or de rente par an, sans son argent prest (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 44).

-

Avoir qqc. prest. "Disposer immédiatement de qqc. (de concr. ou d'abstr.)" : Tu qui vues avoir mon cheval, Je te di qu'amont et aval, Sans faillir, au tiers pas s'arreste, S'on n'a toudis la verge preste Ou l'esperon à son costé Dont cent mille fois l'ay osté ; Dont il trebuche, quant il marche. (MACH., Compl., 1340-1377, 263). Atant m'en tais ; je n'en di plus, Mais que venir vueil au seurplus Des deus poins dont condempnez estes ; Et s'ay mes raisons toutes prestes Dou tiers point que je vous diray, Dou quel je vous condempneray. (MACH., J. R. Nav., 1349, 274).

3.

[D'une action (en partic. d'un paiement), d'un événement (en partic. de la mort)] "Propre à se réaliser sans délai, à se produire immédiatement, imminent" : ...Aussi fui com tous desvoiez De scens, de memoire et de force Et de toute autre vigour. Pour ce Estoie je cheüs en transe Aussi com cils qui voit et pense Sa mort devant li toute preste. (MACH., R. Fort., c.1341, 54). Qui se vosist esbanier, Dancier, chanter ou festier De tables, d'eschaz, de parsons, Par gieus, par notes ou par sons, Qui la ne trouvast sans arrest A son vueil l'esbatement prest. (MACH., R. Fort., c.1341, 146). [La calendre] Qui est de si noble nature Que, quant aucune creature Malades gist, et on li porte, On scet a li tantost, se morte Sera de ceste maladie Ou s'elle en doit estre garie, Car se la kalendre l'esgarde, On est certeins qu'elle n'a garde ; Et s'elle li tourne la teste, On scet bien que sa mort est preste Et que mais garir ne porra De ce mal, einsois en morra. (MACH., D. Lyon, 1342, 161). ...mais qu'ilz [lesdis presidens et conseilliers] eussent prest paiement de l'autre mois et qu'ilz aient seurté d'estre paiez pour le temps à venir de mois en mois (FAUQ., III, 1431-1435, 85).

-

"Qui peut se réaliser de manière imminente" : Sy s'en mist le duc en la volenté de Dieu et en l'attente de ce qu'il en poroit avenir, car (...) lui sambloit bien aussi qu'encore n'estoit-ce pas chose bien preste de tirer le dauphin hors de son Dauphiné pour faire venir à court ["il lui semblait que de tirer... n'était pas chose qui pouvait se réaliser dans l'immédiat"] (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 54).

-

Legerement et prest. "De manière imminente, prestement" : Tout se paiera ensemble, c'est droiture ; Mais ce sera legierement et prest (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50).

C. -

[D'une pers. ou d'une chose ; marque une qualité, une propriété permanente (indépendamment d'une situation particulière)]

1.

[D'une pers.]

a)

"Habile (bien préparé)" : Mais la nature ne puet estre si bonne que la personne ne soit plus preste et plus certaine pour jugier vraiement se elle a eü experience. (ORESME, E.A.C., c.1370, 538). Car elle est au gieu si tres preste, Qu'il samble (,) qu'elle en ait sans doute Par droite nature l'art toute. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 116). ...lequel ramena environ .XIIc. Suisses, gens de fait et prestz à la torche (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 444).

b)

"Prompt, vif" : Et sont préz et appareilliéz et se exposent hardiement as perilz et parmuent leur vie a petit gaaing. (ORESME, E.A., c.1370, 218). Et ainsi lui manda le roy Par message avisé et prest, Qui le command fist, sanz arrest (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 262). Premièrement vint à la feste, Comme la plus mouvable et preste, La belle Déesse des boiz ; C'est la Lune, qui maintes foiz Par sa clarté tolt et destruit La grant obscurté de la Nuit (LA HAYE, P. peste, 1426, 32).

-

Prest à + inf. "Prompt, vif à" : Et n'est pas a entendre que tele punicion ne puisse bien aucune foiz estre faite senz yre, mais communelment yre nous y esmeut et nous rent plus prés et plus habiles a ce faire deüement, fors que elle soit moderee par raison. (ORESME, E.A.C., c.1370, 261).

.

Prest de + inf. : Adont lessay sa compaignie [d'une nonnette], Quant ainsi m'oy ramponer ; N'onques ne voult estre m'amie Pour promettre ne pour donner. Riens n'i vault le desconforter, Car de respondre estoit moult preste : "Alez, à Dieu ; l'aumosne est faite". (MACH., App., 1377, 648).

-

De preste volonté. "Prompt, vif dans sa volonté" : Et les fols hardis sont au premier de grant ou preste volenté avant les perilz. (ORESME, E.A., c.1370, 209).

2.

[D'une chose]

a)

"Bien préparé à son usage, bien agencé" : Et la tierce sinstasis est, Qui rent le parler propre et prest. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 128).

-

Prest exemple. "Exemple bien choisi, qui ajoute de la force à ce qui vient d'être dit ; exemple probant" ; "exemple remarquable" (Éd.) : ...conme nous en avons prest exemple en la cité de Cesaine, en Ytalie, en laquelle tout le pueple, par la guerre de Nostre Saint Pere, a esté destruit et mis a mort. (Songe verg. S., t.1, 1378, 212). Et aussi, n'avons nous prest exemple dez divisions, pestilances, guerres et tribulacions lezquellez regne[n]t a present en Ytalie, par la tres dampnable secte et lygue dez Florentyns (Songe verg. S., t.1, 1378, 319).

b)

[De la langue, de la parole...] "Vif, agile" : ...entre elles celle qui avoit la langue plus preste alla dire... (C.N.N., c.1456-1467, 203). ...la subtille et double damoiselle le cuidoit abuser de parolles, qu'elle avoit tant a main et si prestes, que ses bourdes sembloient autant veritables comme l'Euvangile. (C.N.N., c.1456-1467, 236).
 

A. -

"Apprêter de nouveau (les armes)" : Le roy Othovïen comanda a sa gent Que tous soy raffreichissent bien et souffisemment Et pensent d'eulx aprester bien et diligemment [var. Et pensent de leur armes raprestee [l. raprester ?] fermement] (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 401).

B. -

"Réparer"

Rem. LE FÈVRE (éd. s.d.n.l.) ds GD VI, 602c.