C.N.R.S.
 
Famille de pensare 
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 Article 1/89 
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     APENS     
FEW VIII 197a pensare
APENS, subst. masc.
[T-L : apens ; GD : apens ; FEW VIII, 197a : pensare]

A. -

"Attention prêtée à qqc."

 

-

Avoir apens à/en qqc. "Penser à qqc., y faire attention" : Mais ce [ce nouveau désir] t'est en vouloir venu Qu'onques ne l'avoie sceü, Si n'y avoye nul appens, Maiz de bon cuer je m'y consens. Rien que vueilles ne me desplaist (Gris., 1395, 64).

B. -

DR. Apens des temoins. "Examen en justice par l'une des parties des témoignages qui lui sont opposés par la partie adverse" : ...des appens, debat et adit des tesmoings devant notre seneschal de Rennes (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1407, 60).

 

Rem. Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 203 ; 396 (...on ait acoustumé quant aucune partie produit ou presente tesmoings contre autruy, que la partie contre qui ils sont presentez demande terme d'appens sur les tesmoigns) ; La Régionalité lexicale, ELiPhi, 2016, 164 (J.-P. Chauveau).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 2/89 
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     APENSEMENT     
FEW VIII pensare
APENSEMENT, subst. masc.
[T-L : apensement ; GD : apensement ; AND : apensement ; FEW VIII, 197a : pensare]

A. -

"Fait de penser, de réfléchir"

 

1.

[En bonne part] "Prudence, réflexion" : Et par la bonte de mon Pere tu cognoistras tout ce que tu auras affaire, a qui tu doyvras foy et ceulx qui te devront desplayre, mais que tu te gardes de croyre legierement ne d'afermer en ton cuer les rappors sans grans appensement. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 237). ...quoy que les faiz de ceste seigneurie ne soient comme chascun bon cuer doit desirer, n'a pas esté sans paine, appensement et diligence de les remectre de si bas point en l'estat ou nous les voions jusques cy (CHART., Q. inv., 1422, 48).

 

2.

[En mauvaise part]

 

a)

"Préméditation" : ...la maniere du cas advenu, qui fu fait d'aguet appensé et de nuyt, la traïson et appensement des delinquans, le crime et force commise en l'eglise d'icelle ville de Rungy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 239).

 

b)

Faire qqc. [de répréhensible] par apensement. "Le faire en employant les ressources de l'intelligence calculatrice" : Item, les incontinens de concupiscences sont plus injustes en tant comme il sont plus couvers et font leurs choses par agueit et par appensement. (ORESME, E.A., c.1370, 384).

 

3.

"Intention, disposition (surtout négatives)" : Et Ninius, ly faulx emperere, Qui tant fu plain de vitupere, Vault sus Babilone ostoier Et tout le païs guerroier ; Par son malvais apensement Mist la cité a dampnement. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 197). Et tantost après icellui Sees de mal apensement ou autrement poursuy ledit Herouart dehors sa maison en la rue, tenant une hache en sa main (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 332).

 

-

De son apensement. "De sa pleine volonté, après mûre réflexion" : A tous ceuls qui ces presentes lettres verront et orront Jehans Baillès, baillis de Portiens, salut. Sachent tuit que par devant Pierre Buchet (...) et Robinet Alart (...) clerc jurez et establis de par haut et puissant damoisel Jehan de Chastillon, escuier, conte de Portiens, pour nous et en lieu de nous a panre et a recevoir les convenences et les recongnoissances en la ditte conté, vint personnelment Robers li Fevres de Chastel en Portiens et recongnut et confessa de son appensent [l. appensement], de son gré, volenté et sens contrainte avoir pris pour son evident profist a trecens ou seurcens perpetuelment, pour luy, ses hoirs et ses successeurs (...) une piece de terre et bois contenant quatre sextiers semeure ou environ avec telz cous et redevances comme elle puest devoir a autres que as dis gens du dit Hostel, se en aucune chose estoit tenue d'ancienneté (Comté Porcien R., 1346, 151-152).

 

4.

Avoir apensement de + inf. "Penser, veiller à" : Sy aiés donc apensement D'y pourveoir aulcunement Pour abaissier la vilonnie : Trop demeure ors qui ne se nie. (Pastor. B., c.1422-1425, 88). Le quart signe de garison est quant le malade a bon apensement et apetit de menger avecques desir de croire bon conseil du sage medecin. (Ovide mor. B., 1466-1467, 393).

B. -

DR. Jour d'apensement. "Délai accordé pour réfléchir avant de reprendre un procès" : ...se aucun demande heritage à aucun de Dijon, le rees aura ses dilacions de XVe en XVe jusques à response, c'est assavoir jour d'avis ou d'apenssement, jour de conseil, jour pour absence de conseil. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 145).

 

-

Demander apensement. "Demander un délai" : ...se aucuns d'aulx [d'eux] et des habitans en la Ville et en la Chastellenie de Chaigni, est adjornez pardevant li Prevost, contre aucune personne qui face demande audit adjourné, et lidiz adjournez demandoit appansement à la demande, et à celle journée qui li est donnée de respondre comme appansez, il cognoisse la demande qui li est faite, que il ne doit point d'amende [Éd. : «Si un homme assigné demande et obtient du temps pour consulter sur une demande qui lui est faite en justice et, qu'après le temps qui lui a été accordé, il comparaisse devant le juge et reconnaisse que cette demande est juste, il ne doit pas être condamné à l'amende»] (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1361, 381).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 3/89 
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     APENSÉMENT     
FEW VIII 197a pensare
APENSEEMENT, adv.
[T-L : apenser (apenseement) ; GD : apenseement ; FEW VIII, 197a : pensare]

A. -

[Avec une idée nég.] "Sciemment, par calcul, à dessein" : ...il estoit venu dire et faire savoir à la ville de Cherebourg coume les Angloiz des compaignes la venoient prendre apenseement (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 141). Car quant la nonnain ou autre personne fait et commence tout apenseement et par deliberacion aucun bien pour avoir louange du monde et pour ce que on la tiengne a bonne et non pas pour Dieu, c'est faulse ypocrisie et pechié mortel (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 246). ...le murtre dessus dit fait appenséement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 272). ...nous vous disons pour tous, en general, que vous mesmes [Mélusine] lui donnez nom [à la forteresse], car il n'a pas en tous nous ensemble tant de sens qu'il a en vous seulement. Et sachiez que nulz de nous ne s'en mesleroit jamais par dessus vous. Chiers sires, dist Melusigne, vous avez tout appenseement gardee ceste response pour moy rigouller. Mais, quoy qu'il en soit, je vous requier que vous m'en vueilliez dire vostre intencion. (ARRAS, c.1392-1393, 47). ...tous subjectz et vassaulx qui appenséement machinent contre la santé de leur Roy et souverain seigneur pour le faire mourir en langueur, par convoitise d'avoir sa couronne et seigneurie (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 217). ...en la prinse et detencion de nostre personne qu'ilz firent apansement en alant à... (Actes Jean V Bret. B., t.3, 1421, 76). ...toutesvoiez ilz s'entretindrent longue espasse sans eulx adommagier, mais tant y avoit que le seigneur de Moncade fu comme fort eschauffé et hors d'alaine par la paine qu'il avoit enduree et le conte d'Artois, qui tout apenseement le laissoit matter, ne s'efforchoit paz du tout, anchois se faindoit attendant son point (Comte Artois S., c.1453-1467, 56). "N'en croiés rien, sire", ce respondi Huon, "car mieux croiroye que Sarrasins le feissent tout apenceement, pour nous cuidier d'icy faire partir ad ce que mieux nous puissent avoir a leur advantage". (Saladin C., c.1465-1468, 55).

B. -

[Avec un sens positif ou neutre]

 

1.

"Attentivement" : Si qu'a mon assouagement Escoutay apenseement Oiselès qui se debatoient (MACH., D. Aler., a.1349, 394). Et la estoit elle servie de pluiseurs escuyers moult gentement, entre lesquelx en y avoit ung qui le servoit de l'escuyelle et le reghardoit de fois en aultre moult apenseement, et tant que en le reghardant lui ala souvenir de la bonne roynne sa mere (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 6).

 

2.

"Prudemment" : ...et doivent avoir devant eulz autres guieurs qui voisent avant, et doivent avoir autres derriere. Et voisent tout a trait et apenseement, ausi comme hommes qui doivent faire assaut. Et se il ne treuvent les anemis, bien soit, et c'est bonne coustume. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 96). Lors se part li Beaus Chevaliers Apensëement pour aidier Au lyon qui mestier en a. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 300).

 

3.

"En connaissance de cause" : Et quant ilz furent levez de table, le roy print par la main le roy de Chipre et luy demanda ou il vouloit aler. - Sire, dist il, je viens tout apenseement par devers vous, sy vous prie et requier que vous me vueillez donner vostre fille en mariage. (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 94). ...et quant l'eure fut venue et approuchée de son trespassement, il demanda moult sagement et apenséement tous ses sacremens, lesquelx il receut très bénignement comme vray catholique et parfaict chrétien (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 33). Et adonc ledit Alixandre moult ordonneement et apenseement leur remonstra de point en point. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 11).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 4/89 
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     APENSER1          APENSER2     
FEW VIII 196b pensare
APENSER, verbe
[T-L : apenser ; GD : apenser ; AND : apenser ; FEW VIII, 196b : pensare]

I. -

Empl. trans.

A. -

Apenser qqc.

 

1.

Apenser une pensee. "Concevoir, former une pensée" : Ce sont les trés douces pensées Selonc l'art d'amours apensées (MACH., D. Aler., a.1349, 399). Tu qui seul cognois les courages Au par dedans et les pensées Ains qu'elles soient apensées... (Mir. mère pape, c.1355, 380).

 

-

Apenser sa pensee à qqc. "Consacrer sa pensée à qqc." : Seneque raconte autressi Comment Democritus aussi Gitta ses richeces, disant Qu'elles lui estoient nuisant Et charge a sa bonne pensee, Qui ne povoit estre appensee A deux choses bien tout ensemble, Dont l'une a l'autre ne ressemble, Et que nulz desprisier ne doit Povreté, car nulz ne pourroit En cestui monde plus povre estre Qu'il estoit povres a son naistre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 205).

 

-

Pensee apensee sur qqc. "Pensée qui se tourne vers, qui se souvient de qqc." : S'en entray en une pensée, Sus le tans passé apensée, Ou je pris un courtois deport, Li quels me mena au droit port Pour passer de doleur en joie, Si comme autre fois fait avoie. (MACH., D. Aler., a.1349, 384).

 

2.

Apenser que. "Penser que" : Or diray du nouvel chevalier qui ja estoit venuz a l'entree du cavain, lui et sa route. Mais quant il ouy la freinte, il appensa tantost que Glaudes retournoit, et prist le couvert de la montaigne et leur laissa le chemin de la forteresse. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

3.

Apenser + interr. indir. "Imaginer" : Ossi eurent cil qui estoient dedens Haimbon, et ne pooient apenser ne trop imaginer comment leur dame avoit che aviset ne oset entreprendre. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 145). [L'armée anglaise, à l'aube, constate que les Écossais ont abandonné leurs positions] Si en orent li signeur grant mervelle et ne pooient apenser que il estoient devenu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 146).

 

4.

DR. Apenser des temoins. "Examiner en justice les témoignages qui sont opposés à l'une des parties par la partie adverse" : ...et sur la provision des tesmoings apensez... (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1407, 60).

 

Rem. La Régionalité lexicale, ELiPhi, 2016, 164 (J.-P. Chauveau).

B. -

Apenser qqn. "Conseiller, inspirer qqn" : Mas a considerer la divine escripture Nous trovons plusurs foiz qu'il mirent tres grant cure En mal faire, en mal dire et en grant mal penser, Mas la grace divine les vout si appenser Que par contriction et par sainte esperance, Par grant dilectiom et par ferme creance Furent puis ami Dieu (Gir. Ross. H., c.1334, 276).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

S'apenser. "Réfléchir" : Bien entendi Berinus ce que son pere lui disoit et la courtoisie qu'il lui promettoit, si s'apensa un pou et advisa, et en pensant, il lui souvint de sa marrastre, si ot grant doubte et paour que, se il se rembatoit avecques elle, qu'elle ne le meïst a mort par aucun venin ou atouchement (Bérinus, I, c.1350-1370, 33).

B. -

S'apenser qqc. "Penser qqc., se le dire en soi-même" : Comme doncques je les eusse survu maintenant en celuy estat, et que ceste vision, ce m'appensay-je alors, se rapportoit assez aux nouvelles que j'avoye oyes le jour devant, subitement me perçus arrière de nouvel mystère (CHASTELL., Livre paix K., 1468, 351).

C. -

S'apenser de/à qqc.

 

1.

"Imaginer, concevoir qqc." : Elle s'apensa d'un malice, pour sa mauvaistié et felonnie couvrir, et s'en vint par devers son mary, si lui dist: "Mon chier seigneur, que vous avez mal fait que vostre fils en avez ainsi chacié hors de vostre hostel !" (Bérinus, I, c.1350-1370, 31). Tantost que ce fu fait, le roy Absalon fist venir devant lui tous ses barons, et se apensa d'une moult grant traïson pour mieulx couvrir sa fellonnie : "Seigneurs, vous savez bien que princes, roys et empereurs m'ont maint message envoié pour ma fille avoir et demander, maiz je n'ay pas eü conseil jusques a ores du marïer..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 310). Sy se apenssa de une tresgrant malice. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 107).

 

2.

"Réfléchir à qqc." : Tu dois faire oblations, Dire messes et oroisons Et faire amonne et penitance Pour les ames qu'en penne sont. Tu seras tel, comme elles sont ; Remire toy et t'y apense. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 194). Croy la [la Raison], et j'octroy qu'on me tonde, (Se de ce qu'elle a dit t'apens ;) Se tu jà nul jour t'en repens (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 24).

 

3.

"Chercher à se souvenir de qqc." : Ung triste et malheureux chevalier vint apprés, criant inhumainement par rage de mort, pendant en corde en ung feu horrible par exploit de justice, lequel comme je veisse entrer droit cy et que multitude de petis enfans murtris le sievoient crians vengance, m'apensay de son nom et congneus que c'estoit le mareschal de Rays (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 39).

D. -

S'apenser (de) + inf. "Concevoir l'idée de, décider de, se proposer de" : Mais en passant il s'apensa De ses deux enfans regarder. Ce qu'on ayme il le fault garder. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 205). Le mauvais traïttre s'appensa lors d'aler voir s'ilz dormoient ; mais quant ils sentirent le chevalier approuchier, ilz se leverent et le saluerent (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 201). Le vouloir d'elle point ne comprenoit, dont grant mal elle souffroit. Elle ce voyant et appercevant s'appensa de prendre moyen pour luy dire (Nouvelles inéd. L., p.1452, 19). Pour lesquelles plus tost et plus honorablement acomplir se appensa venir en la tresnoble court de France, ou tous nobles et chevalereux hommes estoient tres honorez et bien receus, aussi pour avoir cognoissance et l'acointance d'eulz. (LA SALE, J.S., 1456, 144). Mais quant il vist que l'avangarde ne bougoit ou mouvoit et que le grant trait des canons et coulevrines, des ars et des arbelestes des deux esles grandement les dommaigoient, lors s'apensa de rompre son propos (LA SALE, J.S., 1456, 217). Luy estant en ceste rage [d'amour], (...) elle s'appensa de non plus comparoir, affin encores de luy rengreger et plus accroistre sa maladie. (C.N.N., c.1456-1467, 414). Ainsy fina le penitent Des accidens du temps passé, Ainsy qu'il met en ce patent Par les poins qu'il a confessé, Lesquelz je me suis appensé D'escripre en ce livre present (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 703).

E. -

S'apenser + prop. sub.

 

1.

S'apenser que

 

a)

"Estimer que, prendre conscience que" : ...[les ambassadeurs anglais] se apensèrent entre yaus que ce seroit grans confors pour leur signeur le roy (...) se il pooient avoir l'acort des Flamens (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 129). Aprés ceste entree s'aida le malin esperit de ce decepveur d'une seconde cautele, et s'apensa que extremité n'aquiert riens sans debat et que la voie moienne a ses adresses a tous chemins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). ...je me appense que (...) je vouldroye veoir a mon poveoir les honneurs et haulx faiz de cellui tres noble et tres chrestien royaulme... (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 3). ...lors elle s'apensa qu'elle vouloit plus a lesir veoir sa devise et a lui parler, car tant plus elle le regardoit, et tant plus il ly plaisoit (LA SALE, J.S., 1456, 56).

 

b)

"Concevoir l'idée de, décider de, se proposer de" : Lors s'appensa comme senee Qu'au filz Dieu se marïeroit Et nonne a saint Pierre seroit O dames qui lors y estoient Et moult sainctement y vivoient. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 89). Toutevoie je m'apensay Qu'outre iroie, si m'avansay (MACH., F. am., c.1361, 186). ...Et puis que l'avons [un biau filz], c'est assez, Dame : cy me sui appensez Que plus n'en vueil faire jamais (Mir. st Alexis, 1382, 282). ...[le roi d'Ecosse veut profiter de la déposition du roi Edouard II pour reconquérir ses possessions perdues] Si s'apensa que il desfieroit ce jone roi Edouart... (FROISS., Chron. D., p.1400, 110). Toute celle journee fut en pensement ou il les pourroit musser [les écus] (...) si s'appensa qu'il les musseroit en ses puissectes (LA SALE, J.S., 1456, 61).

 

2.

S'apenser + interr. indir. "Se demander" : Puis s'apensa comment il en pourroit ouvrer pour le mieulx, car il estoit en grant doubtance ou du dire ou du celler, et pour ce: car s'il le dit, il ne scet comment il puist le dommage apaisier, et se il le celle, il ne puet qu'il ne soit d'autrui aperceü, et doncques on avroit bonne occasion de mettre tout le malice sur lui. (Bérinus, I, c.1350-1370, 383). Vous estes vous point appensé, Qui estes un homme assensé, Conment vous pourriez avenir A un plus grant estat venir Qu'orendroit n'estes ? (Mir. st Lor., 1380, 138). Si en orent li signeur grant mervelle et ne pooient apenser que il estoient devenu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 146). J'en suis d'accord. Remisse, porte ceste paire. Mais je m'apense qu'il veult faire De ceste ëaue. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 152). Lors s'appensa comment elle mieulz le pourroit faire (LA SALE, J.S., 1456, 65). Toutesfois il s'apensa bien que c'estoit, doubtant que Madame n'eust cuer souffisant de veoir ses armes, ainsin que ja elle lui avoit dit. (LA SALE, J.S., 1456, 155).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une personne]

 

-

"Réfléchi" : Mais la dame bien apensée Moult sagement m'araisonna (MACH., J. R. Nav., 1349, 183). Onques puis que le Lion fut empeschié de la mort du Liepart, il ne fut tant apensé, ne tant n'eut en soy de soubtiveté comme devant, et pour ce n'entendit pas ce que segnifioient les parolles que le Serpent avoit dites. (Livre bêtes L., c.1450-1500, 134).

 

-

"Intéressé, préoccupé" : ...si fu si apensé Qu'il n'estoit chose en fait de guerre Que ne sceust et voulsist enquerre. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 214).

 

-

"Qui agit avec préméditation" : Et si li diz seurement Que la mére Dieu proprement Pour murtrier apensé le tient, De quoy respondre li convient. (Mir. ev. arced., c.1341, 135).

 

-

Apensé à qqc. "Qui a l'esprit tourné vers qqc." : Car riens n'y trouvay au fort Qui me peust donner confort D'un desplaisir que j'avoie, Dont voulentiers queisse voie De m'en oster la pensee, Ou trop estoie appensee. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 8).

 

-

Apensé à + inf. "Disposé, enclin à" : Madame Blanche vueil prier Qu'elle reçoive ce traitié, Qui a le cuer sain et haitié, A faire tous biens apensée. (JEAN DE CHAVENGES, Le Livre royal, 1345-1348. In : Bibl. Éc. Chartes 62, 1901, 325).

 

-

Apensé de qqc. "Au courant, instruit de qqc." : Mais je loe que quant lez dictes gens d'armes aront fait leur envaïe vers leur anemis, que il facent leur instrumens sonner, que il profite pour .IJ. causes : l'une, que il est avis aus anemis que ce soient grans gens et poissans, et pour ce [s'] espouentent il moult et doubtent, et pensent que les gens d'armes soient appensez de leur fait, et ne les osent suir, mais s'enfuient. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 97).

 

.

[Avec un subst. à valeur nég.] "Qui a l'esprit tourné vers qqc. (de mal), qui est rempli de qqc." : Sire, volentiers vous diray ; De m'enfance vous compteray. Dès que je eus sept ans passés, Tout devins de mal apensés, Menterres et faulx parjureres (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 27). De sy tres grant malice sy apensee estoit Que nul qui soit vivant(,) cë il n'aviseroit Que la dame advisa, pour Tristan qu'elle amoit, Et pour ce qu'elle ot mal ailleurs que sur le doit (Tristan Nant. S., c.1350, 364).

 

-

Estre apensé + interr. indir. "Savoir, avoir idée de" : LA MÉRE. Sire, ne suis pas appensée A quoy il tendent. LE PÉRE. Je vous diray. Il me demandent Nostre fille par mariage (Mir. chan., c.1361, 157).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[D'un événement]

 

a)

"Prévu" : Car oy l'advenement de luy il s'estoit mis en la dessus ditte ville la prochaine nuyt passee, pour ce que en eulx qui yroient desarmez et sans ordre il peust faire ung desrompement non appensé. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 67).

 

b)

"À quoi on est mentalement préparé" : N'y a cellui qui faire voeulle Nulle chose dont Dieu se doeulle. Nous n'avons mort desordonnée, Soubite ne mal apensée. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 150).

 

2.

[D'une chose abstr.] "Réfléchi, mûri" : Que chevaliers plus de pensee Et constance bien appensee Doient estre fors que de corps, Egesippus dit en ses recors Qu'a chevalier plus tost esleu En l'ost des Rommains par droit deu Estoit qui vertueux de meurs Fust que un qui fust fors, roide et durs. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 191).

 

3.

[D'un meurtre] "Prémédité" : Qui a si vilain fait pensé, Com de murtre faire apensé, D'un si preudomme ? (Mir. ev. arced., c.1341, 113). ...le cas et maniere du murdre, proposé et appensé de longue main (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 268).

 

4.

À/de fait apensé. "Avec préméditation, de propos délibéré" : Car il a, de fait appensé, Murtri cestui, soyez en fis (Mir. ev. arced., c.1341, 133). ...le dit Migonnet de fait apensé avec ses diz complices assailli à armes yceli clerc et sur il gecterent pluseurs cops, dont il fu navrez en pluseurs parties de son corps et mutelez en une de ses mains, par tele maniere que, se il ne se fust deffenduz, le dit Migonnet l'eust tué (Doc. Poitou G., t.3, 1359, 275). Tous lesquelz, veu l'estat et personne dudit prisonnier, la maniere dudit larrecin par lui fait et commis tapineusement et à fait appensé, la poursuite dudit larrecin, et ce qu'il a suy routes de gens d'armes, delibererent et furent d'oppinion que, pour savoir plus à plain des autres crimes et delis par lui fais et commis, il feust mis à question. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 291). Tous lesquelz, attendu l'estat et personne d'icellui, les denegacions par lui faites, avec les confessions par lui faites, les reiteracions des crimes par lui commis, tant de fait appensé comme autrement, et la multiplicacion d'iceulx, mesmement dudit homme jetté et noyé en la riviere, delibererent et furent d'oppinion qu'il estoit dignes de soufrir mort, et estre pugnis comme murdrier et larron très-fort, c'est assavoir: trainé et pendu. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 378). ...si son maistre l'oblyoit ou de fait apensé le laissoit quelque part... (C.N.N., c.1456-1467, 539). Ung nommé Hacquin Darras qui avoit a tort conceu hayne et malveillance contre le dit Arnoul, suppliant, vint de fait apensé et propos deliberé aissilyr icellui Arnoul. (Arch. Nord, 1482, B 1703, f° 53 v°, IGLF).

 

-

D'aguet/de guet/en aguet apensé. "Par une agression préméditée" : ...quant pluiseurs personnes estoient à faire aucun murtre ou autre crime capital, les dessus dis eschevins ne condempnoient criminelment que l'un des dis malfaiteurs qui le fait advooit, dont pluiseurs inconveniens sont ensievy, advisé est que toutezfois que aucun tel fait sera fait d'aguet appensé ou de certain propoz, tous en seront pugni criminelment. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379,,, 397). Voire si ce estoit en meslée : mes si ce estoit en aguet appensé, il seroit pugni tant comme homicide. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 208). Tous lesquieulx, veue l'informacion faite par ledit Gieffroy Le Goybe, les confessions faites par iceulx Phelipot Le Vachier et Maceot Beauté, et en leur charge, la maniere du cas advenu, qui fu fait d'aguet appensé et de nuyt, la traïson et appensement des delinquans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 239). ...veu le larrecin cy-dessus escript, cogneu avoir fait par icellui prisonnier, de nuyt et aguet appensé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 259). Et fist exposer tout au long ledit homicide, comment il fut espié, à quelle heure et à la place où il estoit quant il fut trahy et envoyé querre d'aguet appensé luy donnant à entendre que son seigneur et frère le Roy si le mandoit (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 169). Et encores plus luy veul prouver, mon corps contre le syen, que traytteusement d'agait apensé a cuidier faire murdrir le conte d'Ystrye qui cy est present, car sur les marches et passages entre le Friol et Ystrye avoit envoyet quatre chevalier armés (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 45). Tous lesquelz quatre de guet apensé et propos deliberé vindrent assaillir ledit Petit Jehan, qu'ilz trouverent au coing de la rue de Garnelles (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 59).

 

-

D'aguet et de fait apensé. "De façon préméditée" : Et quant ledit Jacotin percheut icellui Mahiot, et qu'il vit que aultrement ne pooit eschapper, froidement, à long trait et de longue pensée, jetta ung petit de gaige devant ledit Mahiot, disant de rechief que faulsement et traictreusement il avoit meurdry et occis son parent, d'aguet et de fait appensé, sans cause raisonnable, et que sur ceste querelle le combatteroit. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 299).

 

-

De cause apensée. "En connaissance de cause" : Car ce fu de cause apensée Que j'entray en une pensée D'amours (MACH., D. Aler., a.1349, 246).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 5/89 
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     APENSIR     
*FEW VIII pensare
APENSIR, verbe
[GD : apensir ; *FEW VIII, 192b : pensare]

Empl. trans. "Peser"

REM. Gloss. gall.-lat. (appensir ou peser en balance) ds GD I, 333c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 6/89 
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     APENSIVE     
*FEW VIII pensare
APENSIVE, adj. fém.
[GD : apensif ; *FEW VIII, 197a : pensare]

Empl. subst. "Fait de vivre (et de gouverner) selon un certain code moral" : Puis y sont trois autres choses en la dicte teste moult noblez et neccessairez. Ce sont apensive, retentive et la memoire ; cez .VIIJ. graces y sont. Apensive premierement senefie que prince doit estre apris en bonnes meurs, et en tel maintenir ses subgiz. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 998).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 7/89 
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     APESON     
FEW VIII pensare
APESON, subst. masc.
[T-L : apeson]

"Élément d'un rouet" : Si avint que un prefeit de Medie, Attrabatus, empetra a grande peine que il le peust veoir [Sardinapaulus] et le trouva entre ses concubines, ou il departoit appesons et fusaus. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 237).
 

DMF 2020 - Oresme Charles Brucker

 Article 8/89 
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     APOURPENSER     
FEW VIII pensare
APOURPENSER (S'), verbe
[T-L : aporpenser ; GD : aporpenser ; FEW VIII, 197b : pensare]

Empl. pronom. Région. (Picardie)

A. -

S'apourpenser de qqc. "Avoir l'idée de qqc., projeter qqc. (une action)" : Oiez or dont la damme s'alla aporpansant : C'espee getet a terre sur le prez verdiant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 57). Li duc en ot grant joie quant lez vait escoutant. Or escoutez de quoy se vait aporpansant : Une lettre fist faire ou il vait enbriefvant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 246). Mais la franche pucelle estoit enamouree De Guyon de Nanteul ou proesse est doublee ; Et pour ce, de ce point c'estoit apourpenssee ; Et on dit bien souvent raison bien averee Que dame vient a chef de cë ou elle bee (Tristan Nant. S., c.1350, 95). Or escoutez de coy il s'est apourpensés (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 76).

 

-

S'apourpenser de + inf. "S'aviser de" : Enssement Agrevains se va apourpenssant D'aler enviers le pappe (Flor. Rome W., c.1330-1400, 194). J'ai l'eust mis a ffin, per le mien ensiant, Quant li frans damoisialz se vait apourpansant De saichier ung coutelz que lou feir ot tranchant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 518).

B. -

S'apourpenser + prop. interr. "Se demander" : [C'est un lépreux qui parle à un jeune musulman] "C'est une maladie que Dieux envoïet m'a, Qui adès, sans descroistre, me montepliëra. Et loés en soit Diex qui me fist et fourma ! (...) Dieux est li tous-poisans qui che mal m'otria." Et Croissans respondi, quant le ladre escouta : "Onques ne fut preud'ons qui tel mal estora." Quant Croisans ot le ladre, si s'est apourpensés Quel coze ch'est de Dieu... ? (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 256).

C. -

S'apourpenser que + prop.

 

1.

"S'aviser que" : Ung jour s'apourpenssa ly traïtres falis Que Pières ly Hiermites n'y fu mie coisis (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 277).

 

2.

"Avoir l'idée de (faire qqc.)" : Aprés la fin la dame s'alla apourpenssant Que pour ce qu'i n'avoit nouvelles de Tristan, Passeroit haulte mer a nef et a chalant Et venroit voir sa mere dela la mer bruyant (Tristan Nant. S., c.1350, 666). Si estoit ce roy bien ancien et a marier estoit. Et pour ce qu'il (...) penssoit aucunement que une jeune damme ne l'aimeroit point por ce qu'elle pansseroit qu'il seroit fel et rioteux pour son ancienneté, il se appourpensa qu'il feroit jouxtes, tournoys... (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 5).

D. -

Empl. abs. "Réfléchir" : Et quant elle ot ce dit, sy s'est apourpensee. "Par foy, dist elle en bas que ne fu escoutee, Jourdain, trop s'est viers ty me parolle tourblee ..." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 224).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 9/89 
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     APPENSION1          APPENSION2     
*FEW VIII pensare
APPENSION, subst. fém.
[GD : apension1 ; *FEW VIII, 192b : pensare]

"Action de peser"

REM. Chron. et hist. saintes et profanes (ms. du XVe s., mane, thecel, phares, qui sonne nombre, appension et division) ds GD I, 333b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 10/89 
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     APPESANCE     
*FEW VIII pensare
APPESANCE, subst. fém.
[GD : apesance ; *FEW VIII, 194a : pensare]

"Accablement" : Oppressio : apesance (Abavus V, R., 1388, 415).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 11/89 
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     APPESANTER     
*FEW VIII pensare
APPESANTER, verbe
[*FEW VIII, 191a-b : pensare]

Empl. intrans. "Devenir lourd" : Selon l'allegorie prinse sur la fable cy dessus ditte, la Gourgoigne ["Gorgone"] signifie paour qui fait homme reffraindre de quelque chose faire. Et ce se fait en troys manieres, dont l'une paour affoiblist le cueur, l'autre paour le fait apesanter et affonder comme une pierre qui chiet en eaue, et la tierce paour le fait anublir, c'est à dire obscurcir et qu'il ne peut veoir ne appercevoir la verité de la mensonge. (Ovide mor. B., 1466-1467, 162).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 12/89 
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     APPESANTIR     
FEW VIII pensare
APPESANTIR, verbe
[T-L : apesantir ; GDC : apesantir ; AND : apesantir ; FEW VIII, 191a-b : pensare ; TLF : III, 293a : appesantir]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

"Faire peser un poids sur qqc." : Et quant ilz [les ceps de vigne] auront getté rainceaulx, en l'an d'aprés, on les coppera tous, excepté .IIIJ. des meilleurs, et ceulx qui demourront seront devisez chascun en .IIIJ., puis par lieures de perces et de liens, et appesanties par pierres, se il en est mestier, afin que ilz descendent des costez et ne montent point contremont. (Rustican H., 1373-1374, 86).

 

2.

"Alourdir qqn, le rendre moins agile" : Et comme gens qui là estoient affaméz, mengerent gloutement et burent des doulces viandes et vins mal appareilliéz pour eulx, car tous en furent apesantis, endormis et enyvréz tost. (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 42 r°).

B. -

Au fig.

 

1.

"Oppresser (le coeur)" : ...j'ayme vielesse, qui signiffie fin de vie, pour eschapper les tribulations qui le cuer me appesandissent (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 541).

 

2.

"Rendre (un mal) plus pesant, l'aggraver" : "Nous devons, dist-il [Sénèque], voulentiers endurer adversitéz", car par impacience nous ne faisons fors appesantir nostre mal et l'engregier. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 318).

II. -

Empl. intrans.

A. -

[D'un bateau] "Devenir lourd ; s'enfoncer" : ...il estoient tout esbahi, car la nef [qui faisait eau] apesandissoit fort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 887).

B. -

[D'une pers., de son corps, de ses membres...]

 

1.

"S'alourdir, devenir moins agile" : La belle Pryande, qui plus de demy an avoit esté mariee, fut tant en Escoce en toutes plaisances et esbatemens qu'elle commença apesandir, comme fort enchainte qu'elle estoit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 156).

 

2.

"S'engourdir" : Gentil prince, vous poués maintenant icy veoir de la bonne chevalerie, s'il fust qui les maintendist ; mais de faulte de chief souvent convient les membres apesantir et sommeillier. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 502).

 

3.

[Du coeur] "Être oppressé" : Car je sens en mon cuer plus tendrement un mal sur moy, ou sur mes amis, ou sur mon royaume, et mieulx voy apparant ung peril devant mes yeulx que ne souloye, et c'est ce qui me fait mes membres affoiblir et le cuer apesantir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 503). ...plus et plus lui commençoit à apesandir le coeur et à sambler qu'en ceste matère droit-cy pouvoit avoir un dangereux fardeau à porter et que mal s'en pouvoit continuer la chose que l'issue n'en fust difficile aux expectans. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 203).

III. -

Empl. pronom.

A. -

"S'engourdir (ici tomber en léthargie)" : Tant s'appesanti illecquez Estonné qu'il s'endormy quasi, et ne sçavoit comment d'illecq partir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 170).

B. -

"Devenir pesant" : Ton corps forment s'apesandist, Ta complexion t'aneantist, Tes dens te faillent au besoing. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 15).

 

-

Au fig. : Ainsi mon cuer, qui estre seult Grevé de mains divers propos, S'apesandist comme il esceult Et prist la joie de repos. (Chev. dames M., c.1462-1477, 54).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 13/89 
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     APPESER     
FEW VIII pensare
APPESER, verbe
[T-L : apeser ; GD : apeser ; FEW VIII, 192b : pensare]

I. -

Empl. trans. Appeser qqn. "Constituer une circonstance aggravante pour qqn" : Et ce greva et apesa trop grandement le conte Ainmon de Qent en la grace et renonmee des Londriens, que il avoit sa cousine la soer au roi d'Engleterre donné et acordé en mariage au roi David d'Escoce, sans que li pais en seuist riens (FROISS., Chron. D., p.1400, 184).

II. -

Empl. intrans. "Peser, être pesant" : "Seur", dist Margon, "ce sachiés, moult m'en poise Mais dittes moi comment li fais apoise ?" (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 80).

 

-

[Du plateau d'une balance] Appeser jus. "Descendre sous l'effet du poids" : Le bacin [de la balance] si jus appesa Quë en l'autre rien ne sembla Chose quë y ëusse mis (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 80).

III. -

Empl. pronom.

A. -

Au propre. "Se charger, s'alourdir (de qqc.)" : Siz mains ai pour eus grapeler En siz maniers et glenner, Pour eus en mon sac ensachier, Pour moi apeser et charchier, A fin que, se trebuche jus, Relever ne me puisse plus. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 292). Je sui le grant goufre de mer Qui tout recoit sans regeter, Qui tout absorbe et engloutist Et rien ne rent et rien n'en ist. Je me hourt, trousse et apoise Du metal que voi, (que) plus poise (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 293).

B. -

Au fig. S'appeser à qqc. "Être contrarié par qqc." : Mais l'endemain le chevalier se parti au congié de la dame et se mist au chemin parmy la forest pour sçavoir se il ne trouveroit jamais le Pas aux Trois Rivieres, car moult estoit troublé quant ainsi avoit failli a achever l'aventure. Mais a ce se appesoit, car mauvaisement puet l'omme estre maistre de son mestier devant qu'il ait la main mise a l'oeuvre. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 795).

 

-

Empl. pronom. à sens passif. [D'une chose] "Être pesé, être réfléchi" : PYLATE. Ha, gens, vous ne regardez point En quel dangier juge s'affuste Qui juge a mort ung homme juste ! Tel mort se doit bien souspeser [var. apeser] Et a la balance peser : C'est grant chose que de mort d'omme. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 315).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 14/89 
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     CONTREPENSÉE     
FEW VIII pensare
CONTREPENSEE, subst. fém.
[FEW VIII, 197b : pensare]

"Fait de contrepenser, de penser à une parade ou à des représailles" : ...mais comme le duc guerlois avoit pensé contre luy et empris de le mettre en meschief, s'avisa de la contre-pensée et de rompre tout et en petit de heure ce qu'avoit brassé et forgié avecques les villes, et mesmes le feroit honteux et confus du mesme baston dont il le cuidoit menascier (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 176).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 15/89 
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     CONTREPENSEMENT     
*FEW VIII pensare
CONTREPENSEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : contrepensement ; GD : contrepensement ; *FEW VIII, 197b : pensare]

"Fait de contrepenser (ici de considérer ce qui doit faire réagir)" : Tes parolles ont esveillié et esvertué nos esperis tous mors, endormis et passez, par le contrepensement de l'infameté de Lichaon. Ta hardiesse nous a enhardis. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 147).

REM. MANSEL, Fleur hist., c.1446-1451, ds GD II, 277a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/89 
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     CONTREPENSER     
FEW VIII pensare
CONTREPENSER, verbe
[T-L : contrepenser ; GD : contrepenser ; AND : contrepenser ; FEW VIII, 197b : pensare]

A. -

"Réfléchir en pesant le pour et le contre" : Lors fu en grant merencolie Comme cils qui pense et colie, Contrepense, estudie et muse, S'a certes estoit, ou par ruse, Ou se ses cuers einsi plaier Me voloit, pour moy essaier. (MACH., R. Fort., c.1341, 153). Et vous dy que bien pensers vault petit, qui ne contrepense (Bérinus, I, c.1350-1370, 159). ...puis s'en ala en sa chambre, si commença a penser et a contrepenser, et com plus pensoit et plus estoit en malaise du cuer (Bérinus, I, c.1350-1370, 169). Lors pensa et contrepensa longuement pour sçavoir s'il se donneroit a cognoistre au chevalier (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 190). Mais vous devez croire que tout pou y reposa, tant pour le desir qu'il avoit d'acomplir son entreprise comme pour penser a sa dame, laquelle il veoit a son advis emprainte devant sez yeulx ; il tressailloit, souspiroit, soushaidoit, pensoit et contrepensoit, disant a par luy... (Comte Artois S., c.1453-1467, 7). Tant penserent et contrepenserent qu'ilz s'arresterent a faire ce qui s'ensuyt. (C.N.N., c.1456-1467, 238).

 

-

Contrepenser qqc. "Réfléchir sérieusement, intensément à qqc., méditer qqc." : Je ne scay que tu contrepenses, Je voy ton vouloir tant tendu Se me semblë en desplaisances, Ton sang si est tout respandu (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 117). ...de penser et contrepenser les mesaventureux fais en armes qui peuent avenir a leurs amis et aviennent par moult de fois. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 874). ...pourquoy, tout contrepensé et debatu, elle conclud en son leal courage de non jamais avoir repoz, et deust elle mourir en la paine, d'icy atant que vraye nouvelle sçavroit de son seigneur et en oultre qu'elle le verroit en chiere et en fache (Comte Artois S., c.1453-1467, 101). Ymaginez et bien contrepencez L'enseignement que present vous ordonne (LA VIGNE, S.M., 1496, 192).

 

.

Contrepenser + interr. indir. : ...mais se il eüst esté bien advisez et il eüst contrepensé quel meschief lui en peüst estre avenu, il n'eüst pas emprins le jeu (Bérinus, I, c.1350-1370, 43). Si s'en ala en son hostel, A tel dueil qu'onques homs n'ot tel, Si que toute la nuit pensa, Et landemain contrepensa, Qu'il feroit ne qu'il devenroit, Et quel fin la chose penroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 226).

B. -

"Réfléchir contre, à l'encontre, au contraire"

 

1.

Contrepenser (à l'encontre). "Réfléchir contre qqn ou qqc. (et chercher la parade)" : Ensi que je vous recorde, estoit li chastiaus d'Agillon et chil qui le desfendoient, asalli par pluissours manieres (...) Et aussi chil dou chastiel, pour euls garder et desfendre, contrepensoient a l'encontre tousjours. (FROISS., Chron. D., p.1400, 664). Et vit tous les rois dessus nommés et leur puissance et bien advisa tout, car Charles estoit subtil et bon prince de guerre pour entreprendre et contrepensser. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 186).

 

-

Contrepenser sur qqn : Si contrepenssa sus les penseurs, et ordonna secretement à tous les cappitaines des blans capprons, à centeniers, chienquanteniers et diseniers : "Dites à vos gens que il soient toudis nuit et jour pourveu et sus leur garde." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 175).

 

2.

Contrepenser qqc. "Penser qqc. tout au contraire" : Et comme je recueillisse en ma souvenance la puissance et diligence des ennemis, la desloiaulté de plusieurs subgiez et la perte des princes et chevallerie, dont Dieu, par maleureuse bataille, a laissié ce royaume desgarny, qui me fait durement ressongnier l'issue de ceste infortune, je contrepensoye et pensoye à l'encontre la grandeur et distance des parties de ce dit royaume (CHART., Q. inv., 1422, 6).

 

-

Contrepenser le contraire. "Penser le contraire" : Ossi li rois d'Engleterre et ses consaulz estudioient nuit et jour à faire engiens et instrumens, pour chiaus de Calais mieulx apresser et constraindre. Et cil de le ville de Calais contrepensoient le contraire, et faisoient tant à l'encontre que cil engien ne cil instrument ne lor portoient nul damage. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 30).

 

3.

Contrepenser contre qqc. "Contester qqc." : ...ly sages homs dist, (...) C'on doit contre-pensser contre l'autrui penssée. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 456). SATHAN. (...) Ce Nicolas contrepenser Vient tousjours contre mon conquest. Je ne sçay trouver tant d'acquest Que ung arrest Ne soit par Nicolas tout prest. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 147).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 17/89 
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     CONTREPENSEUR     
FEW VIII 197b pensare
CONTREPENSEUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : contrepensëor ; GD : contrepenseur ; FEW VIII, 197b : pensare]

"Celui qui met en cause une pensée, une intention, qui contrecarre les pensées d'un autre" : On dit souvent et veoir est : "bon saroient les penseurs se n'estoient les contrepenseurs." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 307).

Rem. Aussi FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 437.

V. aussi contrepenser
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 18/89 
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     CONTREPESER     
FEW VIII pensare
CONTREPESER, verbe
[T-L : contrepeser ; GD : contrepeser ; GDC : contrepeser ; AND : contrepoiser ; FEW VIII, 192b : pensare ; TLF : VI, 94a : contrepeser]

A. -

Au propre Contrepeser qqc.

 

1.

"Vérifier le poids de qqc." : Deux bourses à mettre mereaux. Unes balances neufves... pour contrepeser argent (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1421-1422, 287).

 

-

[Cont. métaph.] : ...poiser le male et le ben come bone merchant et loial, et c'est une merchandise qe homme appelle avoir de pois ; et bien poet estre ensi appellee, car elle poise et doit estre poisee et contrepoisee. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 122).

 

2.

"Ressentir le poids de qqc. (en y résistant)" : Tenez, chargiez vo croix, Jhesus, Il le vous fault contrepeser, Se n'arez garde d'envoler Tant qu'arez ce billet au col. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 183).

 

3.

Contrepeser les malades

 

Rem. Doc.1451 ds GD II, 277b ; pour l'interprétation, cf. GD..

B. -

Au fig.

 

1.

Contrepeser ses pensees. "Évaluer ses pensées, examiner le pour et le contre" : "...[Loth, porte-parole du peuple à Appollon :] Zechius et Zethephius te mercient du grant honneur que tu leur fais, et eulz adjoins avoeuc le poeuple voeulent que tu ayes sus nous et la cité souveraine seignourie. Et pour ce ne quiers plus pensees tant contrepesees, ploye toy selon le goust de nos desirs..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 181).

 

2.

"Contrebalancer, équilibrer, compenser qqc." : Et uncore me serroit bosoigne moelt grante d'avoir un contrepoys pur bien contrepoiser les grantz mals et vils pecchez qe j'ai fait quant ils serront en la balance. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 234). ...car, quant la passion, si comme seroit la bateüre, est mesuree et prisee ou contrepesee, donques ce que un a souffert est appelé damage et ce que l'autre a fait est appellé proffit quant a lui. (ORESME, E.A., c.1370, 289). ...ceste escripture regarde miex ceulz qui sont portéz de plumes volans et contrepesans (FOUL., Policrat. B., VIII, 1372, 93).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

Contrepeser à qqc. "Faire contre-poids à qqc." : ...et nient soulement pur guerdoun avoir ne pur contre-peser a les maux qe j'ai fait, mes tout entierment pur l'amour de vous, ensi comme vous feistes, Sire, pur l'amour de moi (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 4).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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     DÉPENSER1          DÉPENSER2     
*FEW VIII pensare
DESPENSER, verbe
[GD : despenser2 ; *FEW VIII, 196b : pensare]

[Dans un jeu de mots] "Faire le contraire de penser : oublier ou imaginer, rêver" (Éd.) : Quant bien au faict d'Alexandre je pense, Si grant seigneur et de telle despence, Qui du monde fut gouverneur unicque, C'est a bon droit se ma joye suspence. Mon mestier est que je pense et despence, Chargé de dueil, comme homme fantasticque. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 5).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/89 
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     DÉSAPENSÉ     
FEW VIII pensare
DESAPENSÉ, adj.
[T-L : desapenser (desapensé) ; GD : desapensié ; FEW VIII, 197a : pensare]

"Induit en erreur" : ...se comparuit en jugemant Perrenoz li Barbiers, li quelx Perrenoz, de son gray et senz controinte, se louhai de Jehannot Chambollant (...) et de Girardot le Prestot, combien qu'il se fust claméz au maihour que li devant nomméz l'avient feru et batu, en disant que li dessus nomméz ne l'avoient onques feru, ne batu, ne faite vilenie, mas comme maultalantiz, et desapansséz, s'estoit claméz d'aux et en façoit en jugemant l'escondit. (Echevin. Dijon L., 1341, 19).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Edmonde Papin

 Article 21/89 
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     EMPENSER     
FEW VIII pensare
EMPENSER, verbe
[T-L : empenser ; GD : empenser ; AND : empenser ; DÉCT : empenser ; FEW VIII, 197a : pensare]

Empenser qqc. "Projeter, penser qqc." : Lonc-temps l'ot empensé, or convient qu'ele die Telle cose dont puis fu au cuer courouchie. (Chev. cygne R., c.1356, 115). Je feray Çou que j'ay enpensset ; jà n'el relenkiray. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 281). Qu'ont ore les gens enpensé D'avoir telle chose pensé Sur moy sanz cause et sanz raison ? (Mir. femme, 1368, 184). Si sentoient encores le duch de Normendie sus les frontières, et ne savoient qu'il avoit empenset. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 23). Mais m'en vois devers li le pas Dire li ce qu'ay empensé (Mir. Clov., c.1381, 271). Cirrus, quoy qu'il eust enpensé, Avoit ja le flun trespassé D'Axariés, qui avoit l'onde Laide, noire, trouble et parfonde (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 202). Chier sire, nous sommes tous Yci em poim pour vous servir. Comandés nous voustre plesir Et se que advés empanssee. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 265). A ces parolles, force lui fust [à Saintré] de en nommer une, dont ses yeulx commencherent a plourer et sa vive face a coulleur changier, comme a cellui qui oncques ne l'avoit empenssé. (LA SALE, J.S. E., 1456, 39). ...ce que j'ay empenssé et que vous vueil dire ce n'est que pour acroistre noz honneurs (LA SALE, J.S. E., 1456, 345). PHEBUS. Bien enpensé je l'ay Et le feray de bon couraige. (Cene dieux, c.1492, 124).

 

-

Empenser qqc. à/de faire : ...je la t'iray si tempter Que des faiz qu'elle a empensez A faire demourra assez (Mir. mère pape, c.1355, 378). Et ne fist nul semblant à ses compagnons de cose que il euist empensé à faire. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 73). ...pour aucuns molestes et griés fais ou empensés à faire de par nostre très chier fil le prince de Galles ès pays dessus dis, certaines plaintes et murmurations s'i sont nagaires eslevées. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 210). ...jusques ad ce [que] il ot fait ce qu'il avoit empensé de fere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 31). ...et [ly chastellains] leur compta toute l'aventure, et comment Jossellins et ses filz avoient esté pendus, et qu'ilz avoient en pensé [l. enpensé] d'en faire, ou de lui vengier de Remondin qui lui avoit pourchacié cest ennuy, et a eulx fait si grant blasme et si grant hontage, ou de le laissier en ce party. (ARRAS, c.1392-1393, 68).

 

-

Empenser que : Empensé a qu'il s'enfuira, Et puis dist : "Ce ne vaudroit riens. Vengier me fault..." (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 260). Bien ay enpansé des hui main Que par grant debonnaireté Te monstrasse ta fausseté. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 237).

 

-

Empenser de + inf. "Projeter de, se proposer de" : Il a empensé de destruire Et de gaster ceste cité (Mir. emp. Julien, 1351, 196). ...li rois et ses gens (...) eurent ce jour empensé de logier en une bonne et grosse ville que on claime Noielle. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 154). ...ledit Huguelin ne mist oncques la main ou fery icellui Gieffroy, ne ne sceust la volenté que il qui parle avoit empensé de batre ou villener icellui feu Gieffroy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171). Et par mon serment, monseigneur, De ce dites vous verité, De dire l'avoye empensé, Quant le vous oy prononcier. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 84). Certes, seigneurs, j'ay empensé D'aler encore ung peu avant. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 267). Ne doubtés, j'ay bien empancer D'y faire mon loyal debvoir, Ainsi que pourrés percevoir, Et pour doubte que ne soyons Assarrés la ou nous tendons. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169).

 

.

Empl. pronom. S'empenser de + inf. : Je me suis empensé ennuy De jouer a David finesse. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 135).

 

-

Empl. abs. "Penser, réfléchir" : Item , que ladicte dame Agnes vous fachiez principalement et songeusement et diligemment penser de vos bestes de chambre: comme petis chienectz, oiselectz, de chambre. Et aussi la beguine et vous pensez des autres oiseaulx domesches ["se préoccuper de, soigner"] ; car ilz ne peuent parler, et pour ce vous devez parler et empenser pour eulx se vous en avez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 130). Pour entrer en la ville avoient empensé, Mais cela fut pour nient (Cip. Vignevaux W., p.1400, 62). Ses prisons fit servir, noblement empensa, Et leur a dit... (Cip. Vignevaux W., p.1400, 63).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 22/89 
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     EMPESANTIR     
FEW VIII pensare
EMPESANTIR, verbe
[T-L : empesantir ; GD : empesantir ; AND : enpesantir ; FEW VIII, 191b : pensare]

Empl. intrans. "Devenir pesant"

REM. ORESME [DAUDIN], Remedes fort., 1378 (legiereté empesantist par espace de temps) ds GD III, 59b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 23/89 
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     EMPESER1          EMPESER2     
FEW VIII pensare
EMPESER, verbe
[GD : empeser2 ; AND : enpeser ; FEW VIII, 192b : pensare]

"Peser"

 

-

Au fig. : Pacience la trescertaine Vueilles en ton cueur empeser, A Desconfort point ne te maine, Car il te devroit trop peser. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 102). Quant ung beau temps perdu est fait Doulcement et bien empesé... (CHAST., Temps rec. D., 1451, 62).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 24/89 
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     EMPOISÉE     
*FEW VIII pensare
EMPOISEE, subst. fém.
[GD : empoisee ; *FEW VIII, 192b : pensare (?)]

"Grosse pierre de taille (?)"

REM. Doc. 1438 (quatre empoisees mises es molins de Loire) ds GD III, 67c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 25/89 
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     ENTREPENSANT     
*FEW VIII pensare
ENTREPENSANT, adj.
[*FEW VIII, 197b : pensare]

"Préoccupé" : J'estoie hier entrepensant, Mais je suys joyeux et haytié ! (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 158).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 26/89 
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     ESPENS1          ESPENS2     
FEW VIII pensare
ESPENS, subst. masc.
[T-L : espens ; GD : espens ; AND : espense1 ; FEW VIII, 196b : pensare]

"Pensée, préoccupation"

Rem. Nombreux ex. d'a.fr. ds T-L et GD.

 

-

Avoir epens à. "Aspirer à" : Mes gens ne veulent que paix querre, Ne d'autre riens ilz n'ont espans Fors de mener les grans despens, Jouer, dancier et eulx esbatre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 126).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 27/89 
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     ESPENSEMENT     
FEW VIII pensare
ESPENSEMENT, subst. masc.
[T-L : espensement ; GD : espensement ; FEW VIII, 196b : pensare]

"Réflexion, méditation"

REM. BERS. (ainçois y veissiez triste silence et espensement) ds GD III, 521c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 28/89 
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     ESPENSER     
FEW VIII pensare
ESPENSER, verbe
[T-L : espenser ; GD : espenser ; FEW VIII, 196b : pensare]

I. -

Empl. pronom. S'espenser de + inf. "Concevoir l'idée de" : Et elle savoit bien que c'estoit celui qui avoit deffié son seigneur, le roi Modus, si se penssa [var. si s'espensa] de lui dechevoir, et li dist... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 137).

II. -

Empl. trans. "Imaginer" : Je vois querir de la mengaille Tant que vous pourrez expenser. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 93).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 29/89 
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     IMPENSER1          IMPENSER2     
*FEW VIII pensare
IMPENSER, verbe
[*FEW VIII, 197b : pensare]

"Envisager, mettre qqc. dans sa pensée, imaginer" : ...le roy d'Angleterre va dire a Jehan de Paris en ceste maniere : "Jehan de Paris, mon bon amy, si vous voulez venir avecq nous jusques a Burgues, et vous avouer pour moy, je vous donray de l'argent bien largement, et si verrez une belle assemblee de dames et de seigneurs." "Sire", dit Jehan de Paris, "d'y aller je ne sçay que j'en feray, car ce sera selon le vouloir qu'il m'en prendra. Et quant de m'avouer a vous et a vostre subjection, cela ne vous fault impencer, car par Dieu, pour vostre royaulme ne le feroye, ne de vostre argent je n'en ay que faire, car j'en ay plus que vous." (Jehan de Paris W., 1494-1495, 43).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/89 
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     IMPOURPENSABLE     
*FEW VIII pensare
IMPOURPENSABLE, adj.
[*FEW VIII, 197b : pensare]

"Inconcevable" : Inexcogitabilis (...) : que on ne peut pourpenser ne trouver par pensee .i. impourpensables (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 234).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 31/89 
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     IMPOURPENSABLEMENT     
*FEW VIII pensare
IMPOURPENSABLEMENT, adv.
[*FEW VIII, 197b : pensare]

"De manière impourpensable" : Inexcogitabiliter (...) : impourpensablement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 234).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 32/89 
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     MALPENSER     
FEW VIII pensare
MALPENSER, verbe
[T-L : maupenser ; GD : malpenser ; AND : malpensant/malpenser ; FEW VIII, 194a : pensare]

"Penser mal, avoir de mauvaises pensées, imaginer à tort" : Ne vueillez croire es estrangiers N'en leurs fantosmes entravees Et leur parolles malpensees Pour laisser noz dieux qui jamais Ne faillirent. (Actes des Apôtres, c.1473-1478, f°58b). [Simon Gréban. Le Mystère des Actes des Apôtres. CNRS-Lamop (UMR 8589). [en ligne]. http://eserve.org.uk/anr/]

 

-

Inf. subst. : Six sont que dieux unques n'ama ; L'un est cuer q'ymaginera Du malpenser l'autry dammage (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 54). Car ja leur cuer irrous ne pense, Ne ja leur langue en ire tence Par malpenser ne par mesdire (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 155).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 33/89 
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     MÉPENSER     
FEW VIII pensare
MESPENSER, verbe
[T-L : mespenser ; GD : mespenser ; AND : mespenser ; FEW VIII, 196a : pensare]

I. -

Empl. trans. "Soupçonner" : Saigremor, qui voloit parfaire Ossi ce qu'il avoit empris, A son oisiel sur le poing pris, Et dist qu'il voet aler voler Et tost arriere retourner. Et pour ce qu'il avoit d'usage D'aler souvent en tel voiage, Sur ce on ne mespense rien, Mais li ordonnent a grant bien. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 86).

 

-

"Avoir de mauvaises pensées sur" : Et Renier, qui le oit en le cartre enermie, Remenoit si gran deul, ne le mespensez mie, C'onques nuz hons de char c'o monde soit en vie N'oÿ sy gran pité ne si gran crïerie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 59). [Autre ex. p. 482]

II. -

Empl. pronom. Se mespenser de qqn. "Soupçonner qqn" : Et estoient entre aulx moult esmervilliés de ceste aventure [que les Anglais aient pu faire irruption dans leur chambrée] ; sy se mespensèrent de che Hue de Bielcoroy, pour che que pluiseurs fois puis huit jours il awoit esté plus de fois hors que les autres fois accoustumé n'estoit : si le prirent, car il estoit adonc avoecques yaus (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 348).

III. -

Empl. trans. indir. Mespenser sur. "Penser du mal de, exprimer un mauvais jugement sur" : "Traytre hongnart !" respondy Jason. "Comment osez tu mespenser sus la fleur des dames, ou tant a bonté, beauté, sens et vertu que c'est un habisme ? Foy que je doy Amours, tu le comparras a ceste heure !" (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 144).

 

-

Empl. abs. "Penser mal d'autrui" : ...iueir, iengleir, bourdeir et rier, Mespenseir et d'aultruy mesdire Leur fai(e) ie (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 214).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 34/89 
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     PANSEMENT     
FEW VIII pensare
PANSEMENT, subst. masc.
[T-L : pensement ; GD : pensement ; GDC : pansement ; FEW VIII, 198b : pensare ; TLF : XII, 872b : pansement]

"Soin, attention (apportés à qqn de malade ou à son propre état de santé)" : ...et ung jour ou deux après ledit coup par luy ainsi donné et au moyen d'icelluy, ou par faulte de bon pensement et gouvernement, ledit Hervé ala de vie à trespassement. (Doc. Poitou G., t.9, 1456, 430). ...elle envelopa ledit petit enfant de deux vieilles poches sans luy donner nul pancement et tout de nuyt l'aporta au chapitrain de l'église Saint-Martin de ce lieu de Vitré, et ainsy le laissa pour ce qu'elle n'avoit de quoy le nourrir, et de paours d'estre scandalisée (Cartul. Laval B., t.3, 1480, 286).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 35/89 
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     PANSER     
FEW VIII pensare
PANSER, verbe
[T-L : penser ; GD : penser ; GDC : panser ; FEW VIII, 198b : pensare ; TLF : XII, 873a : panser1]

A. -

Panser qqn / un animal. "Prendre soin de"

 

1.

Panser qqn / (un malade, un blessé...). "Soigner qqn" : Dont, le terme durant, advint que Baudius fust très malade ; mais Quincius le fist garder et penser aux dames de son hostel (LA SALE, Sale D., 1451, 111). ...il la fist garder et en une chambre mener, et la tresbien penser, dont elle avoit bon mestier, a cause des grans labours et travaulx qu'elle avoit eu (C.N.N., c.1456-1467, 70). ...il (...) demanda a ceulx qui en prindrent la charge de la penser, garder et aider en sa gesine. (C.N.N., c.1456-1467, 147). Et, le lendemain dudit assault, environ le point du jour, fut derechef envoyé par ledit sire Denis Hesselin, prevost des marchans, audit lieu de Beauvais grant quantité de traict à arbalestre et des cordes pour y servir, des pouldres à canon et coulevrine, et des cirurgiens pour penser et guerir les navrez. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 277). Laquelle ouverture et incision fut faicte ou corps dudit franc archer, et dedens icellui quis et regardé le lieu desdictes maladies. Et, après qu'ilz orent esté veues, fut recousu et ses entrailles remises dedens, et fut, par l'ordonnance du roy, fait très bien penser, et tellement que, dedens XV jours après, il fut bien guery et ot remission de ses cas, et ot remission sans despens, et si lui fut donné avecques ce argent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 323). En remuant, ung de ces pouvres gens nudz commença à demander à boire et on luy gecta un peu de tysanne en la bouche, de quoy ledict seigneur avoit beu : le cueur lui revint et fut congneu (...) et fut pensé et guery. (COMM., I, 1489-1491, 35). Et de ce propoz, vous, monsr de Vienne, en sçavez plus que moy, comme celuy qui l'aydastes à penser en ceste malladie (COMM., II, 1489-1491, 129). Jà commançoit à vieillir et devenir mallade, et estant aux Forges près Chinon, à son disner, luy vint comme une percution et perdit la parolle. (...) Sur l'heure y arrivastes-vous, monsr de Vienne, qui pour lors estiez son medecin. à la mesme heure luy fust baillé ung clistère et feïstes ouvrir les fenestres et bailler l'air ; et incontinent quelque peu de parolle luy revint et du sens (...). Ledit seigneur fut bien pensé, et faisoit des signes de ce qu'il vouloit dire. (COMM., II, 1489-1491, 281). ABBÉ. Mes amys, il fault qu'on s'assemble A ce povre doulant pencer ; Du moins mectez vous deux ensemble Pour ses affaires dispercer. (LA VIGNE, S.M., 1496, 377).

 

2.

Panser qqn. "Prendre soin de qqn, le traiter avec soin" : Et pour ce que je scay qu'il est de bonnes gens, qu'il a esté tendrement nourry, bien peu, bien pensé, bien chauffé, bien couché et bien couvert a mon pouoir, et que je voy que de luy bien aisier vous avez peu de quoy, j'ay plus cher que vous et moy le gardons en santé que je seule le gardasse malade. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 114). Femmes a en ceste contrée Que presque toute la journée Ne finent de leur apprester Vin et viende a grant planté [aux prisonniers], Et les pensent a diligence Es tourmens et en la meschance En quoy tu cuide que ilz soient (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 134). Sy furent lesdits chevaliers logés honorablement et reçus par l'ordonnance du roy et bien pansés et songniés, car savoit jà bien les causes pour quoy venoient devers luy, sy les vouloit tant mieux recevoir et faire conjoïr comme qui ne venoient pour nulles matères ruyneuses... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 16). Le duc [de Bourgogne] se mit à sa destre [à la droite du duc de Savoie] et tousjours chevaucha emprès la litière jusques à son descendre, et au descendre le logea en la mesme place où avoit esté logé le roy jà deux fois. Et là le fit panser et aiser de tout ce qui estoit possible, toutes ses gens livrer et fournir de tout ce qu'il falloit, les nobles et les chambellans servir en pareil comme le seigneur de Croy (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 39). Et les adversaires estoyent en leurs pays, sur leurs fumiers, prestz, promps et appareillez, bien nourriz, bien pensez, frais, sejournez et bien acoustrez eulx et leurs chevaulx (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289). Je l'asseüray que tous les prisonniers seroient bien traictéz (...). Les prisonniers estoient bien aiséz à penser, car il n'en y avoit point (COMM., III, 1495-1498, 200).

 

-

Panser un enfant : Et disoit oultre que sa dicte nourice, a cause de l'accointance qu'elle a nouvellement prinse avecques ce galant, ne fait pas si ben son devoir de penser son dit enfant comme elle souloit, mais devient tout sec et en chartre (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 146).

 

3.

[Un animal, en partic. un cheval] "Soigner en lui donnant (à l'animal) les soins de propreté, le repaître" : LE MENEUR DE CHAMEAULX. Voz chameaulx sont tresbien pensez, Mon maistre Job, n'en ayez doubte. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 13). ...elle remercya assez son seigneur de bon cuer et des lors luy fu delivré le cheval, sur quoy elle monta et le mena ou logis ou son bon viellart, Olivier, estoit qui recongnu a coup le bon Blanchart et sy tost que la dame fu descendue, elle le fist establer et penser, Dieux scet comment (Comte Artois S., c.1453-1467, 139). De telz ordures [les escrocs, les voleurs, les histrions] te reculles, Labourre, faulches champs et prez, Sers et penses chevaulx et mulles, S'aucunement tu n'es lectrez, Assez araz, se prens en grez (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131). Au dit lieu de Fournoue, plusieurs gendarmes, seigneurs et gentilz hommes se refraichirent et firent menger, penser et traicter leurs chevaulx, mesmement ceulx de l'artillerie. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 282).

 

Rem. Ex.1376 ds TLF. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

B. -

P. métaph. Panser une plaie : Est vrai toutefois que les nobles et les notables y avoient mis de la peine assez entre deux, pour les introduire et mettre en ceste bonne voie de recognoissance ; et les avoient priés et exhortés de main à main, que, pour Dieu, chacun, endroit soy, voulsist entendre et panser ceste griesve plaie que Gand avoit reçue, et dont jamais l'offence ne seroit esteinte, sinon par la plorer et par monstrer semblant d'en avoir deuil (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 290).

V. aussi penser
 

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 Article 36/89 
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     PANSEUR     
FEW VIII pensare
PENSEUR, subst. masc.
[GD : penseur ; FEW VIII, 199a : pensare]

"Celui qui panse" : Et vous serez ung penseur de chevaulx (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 93).
 

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 Article 37/89 
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     PARPENSER     
*FEW VIII pensare
PARPENSER, verbe
[T-L : parpenser ; GD : parpenser ; *FEW VIII, 198a : pensare]

I. -

Empl. trans. "Concevoir" : Tout lesquelles choses et chescune d'elles, se par diligent conseil vous perpensiez comme le salut de la chose publicque (...), ne doubtons aulcunement que... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 628).

II. -

Empl. intrans. "Réfléchir" : Ce m'est assez bien, que pour elle J'aye du mal que mon cuer cele, Et que je l'ayme Sans plus par penser [l. parpenser], en moy meisme, Et que seule dame la clayme Et en mes douleurs la reclaime, Quant autre chose Faire n'en puis (CHART., L. Dames, 1416, 204).
 

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 Article 38/89 
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     PENS     
FEW VIII pensare
PENS, subst. masc.
[T-L : pens ; GD : pens ; DÉCT : pens ; FEW VIII, 195b : pensare]

"Pensée" : Se je ne suys heüe a ce glorïeux temps, Au moins y mectray toute m'entendue et mon temps De recorder trestout quant je sent et pens, Pour mectre et pour tenir m'arme adés en bon pens. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 60).
 

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 Article 39/89 
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     PENSANCE     
FEW VIII pensare
PENSANCE, subst. fém.
[T-L : pensance ; GD : pensance ; FEW VIII, 195b : pensare]

"Fait de penser à qqc., préoccupation" : Et dist li Pourvéus, en riant sans pensance : ... (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 377).
 

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 Article 40/89 
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     PENSANT     
FEW VIII pensare
PENSANT, adj.
[T-L : penser (pensant) ; GD : pensant ; FEW VIII, 194b : pensare]

"Absorbé dans ses réflexions, songeur, pensif" : Moult estoit tristres et pensans. (Dit prunier B., c.1330-1350, 69). Mais tout einsi, com je me delitoie En son trés dous chanter que j'escoutoie, Je vi venir par une estroite voie, Pleinne d'erbette, Une dame pensant, toute seulette Fors d'un chiennet et d'une pucelette ; Mais bien sambloit sa maniere simplette Pleinne d'anoy. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 59). LE MARI. (...) J'ay le cuer si endormi Et si pensant, au dire voir, De dueil, que je ne sçay avoir En moy maniere. (Mir. enf. ress., 1353, 72). Pensant, pensif, perplex... (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 388).
 

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 Article 41/89 
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     PENSE     
FEW VIII pensare
PENSE, subst. fém.
[T-L : pense ; GD : pense ; FEW VIII, 195b : pensare]

"Pensée" : Car ses pences [ou l. pencés ?] sont sy [tant] fines Qui ["qu'il"] vous turoyt (Gent. moun. T., c.1500, 367).

 

-

Avoir pense de. "Se préoccuper de" : Quant aurez pense [ou l. pensé ?] au depart du Serf asservy en vous servant ? (Abuzé D., c.1450-1470, 101).

 

-

Avoir qqc. en pense. "Penser à qqc., avoir l'intention de faire qqc." : Quant Providence out oÿ parler la vielle, il se penssa que il li verroit faire ce que elle avoit en pense [enpensé ?] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 58). Dites (...) ce que vous avés en pense [enpensé ?] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 136). Et leur dist tout chen que il avoit dist et ce que elle avoit en pense de faire [var. empensé a faire]. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 137). Dame (...), ce avoie bien en pense [enpensé ?], en quas que il rompra les trieves. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 141).

 

-

Faire qqc. à pense. "Faire qqc. avec préméditation" : ... nonobstant le cry et deffence qu'il faisoit de son povoir, fut par led. seigneur de Mirebel et ses complices mys sur ung cheval (...), ce faict à pense [ou l. pensé ?], et le lyèrent par les piedz dessoubz le ventre dud. cheval (Doc. 1455. In : J. Marion, Bibl. Éc. Chartes 7, 1845-1846, 258).
 

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 Article 42/89 
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     PENSÉ     
FEW VIII pensare
PENSÉ, subst. masc.
[T-L : pensé ; GD : pensé1 ; DÉCT : pensé ; FEW VIII, 195a : pensare]

"Façon de penser, intention" : Qui bien congnisteroit mon coer et mon penssé, Appieller me devroit Judas le restoré (Flor. Rome W., c.1330-1400, 194). Pour ce te vueil mon cuer ouvrir Et tout mon pensé descouvrir. Je voulsisse de ta cousine Faire en lieu de Berthe royne. (Mir. Berthe, c.1373, 162). CLOTILDE. (...) Mon seigneur a fain de venir A baptesme et veult devenir Crestien (...). L'ARCEVESQUE. (...) m'en vois devers li le pas Dire li ce qu'ay empensé, Puis que dit m'avez son pensé Et son courage. (Mir. Clov., c.1381, 271).

Rem. LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 3330 ; 10462 ; 11992 (T-L VII, 665).

 

-

Avoir en pensé de + inf. "Avoir l'intention de faire qqc." : L'iermites (...) avoit en penssé qu'il le feroit prestrer (Chev. cygne P., c.1356, 45). De le dire en pensé avoie. (Mir. Berthe, c.1373, 226).

 

Rem. V. aussi empenser.
 

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 Article 43/89 
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     PENSÉE1          PENSÉE2     
FEW VIII pensare
PENSEE, subst. fém.
[T-L : pensee ; GDC : pensee1 ; DÉCT : pensee ; FEW VIII, 195a : pensare ; TLF : XIII, 11a : pensée1]

A. -

"Faculté de penser, esprit, entendement" : Belzebus, trop est esmarie La pensée de celle femme, Mére Dieu, qui si nous diffame Qu'ame ne nous peut demourer. (Mir. enf. diable, c.1339, 5). Vierge royal, (...) Qui ne vous sert pensée a lente (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 217). ...par traison l'ay perdue [la femme], Dont j'ay la pensée esperdue Et moult souvent triste et dolente (Mir. Berthe, c.1373, 226). Et de ceste delectacion ici le corps ne en sent ou sueffre aucune chose principalment, mais la pensee s'i delicte. (ORESME, E.A., c.1370, 220). Car yres ou courrous et concupiscences charnels et quelconques teles choses tiennent la pensee liee (ORESME, E.A., c.1370, 372). Et aussi les melancoliques, pour ce que il ont en leur pensee trop forte impression de la chose delitable. (ORESME, E.A.C., c.1370, 391). ...tant de viellesce de corps comme de pensee. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 346). Adont celle commence a lire Voire ou secret de sa pensee, Car d'aultre chose ert appensee Que Noblece n'ot recité. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 137). A jeu ne tien pas ne a feste Ces paroles que vous me dittes, Monseigneur ; mais bien sont escriptes En mon cueur et en ma pensée. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 113). Au doulx Jhesus je m'abandonne ; Et ma pouvre ame je luy donne, Mon corps et toute ma pensee (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 34). ...avez maintenant necte pensée, courage chaste et honeste (C.N.N., c.1456-1467, 562).

 

-

Pensee divine : ...se il entendoit une forme examplaire qui est en la pensee divine, ce n'est pas la felicité humaine (ORESME, E.A.C., c.1370, 113).

 

-

[P. oppos. à coeur] : Princes, servons de cuer et de pensée L'arche en qui fu la sainte char fourmée De Jhesu Crist (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 245). ...quant le cuer et la pensee est apesantie de la mole du corps où elle est emprisonnee (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 280). ...et que il te amesure ton cuer et ordene ta pensee (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 342).

 

-

[P. oppos. à fait] : ...onques en fait ny en pensée ne pot pechier (Mir. emper. Romme, 1369, 242).

 

-

[Dans le préambule d'un testament] Sain de pensee. "Sain d'esprit" : Ou nom du Pere et du Filz et du Saint-Esperit, amen. Charles, filz et frere du roy de France, duc de Guienne, conte de Saintonge et seigneur de La Rochelle, bien souvenans de nostre salut et sains de pensée, jaçoit ce que de corps soyons fort malades, pensant tousjours à la parolle de Nostre Seigneur disant au roy Ezechie : "Dispose de ta maison, car demain tu mourras," comme si ceste parolle nous feust singulierement transmise (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 281).

 

-

Avoir qqc. en pensee. "Songer à qqc., avoir qqc. à l'esprit" : ...elle est dite plaine de grace pour quatre choses qu'elle avoit touzjours en sa pensée... (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 207). ...n'est point de doubte que c'est grant recreacion a homme de bien quant il vient en son hostel, se il a quelque anuy en pensee, et il treuve sa femme qui sagement et gracieusement l'accueult. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 175).

 

.

Avoir en pensee que + complét. : Messeigneurs, tres joieulx en suy, Et avoye bien en pensee Que Dieu l'avoir voulu ainsi (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 390).

 

-

Issir de la pensee de qqn. "Sortir de l'esprit de qqn" : En ce party, passerent la nuitiee. Mais qui que reposast, ce ne fu pas Hermine, car elle ne puet yssir de la pensee de Uriien, et le desire tant a veoir, pour le bien que on lui dit de lui, qu'elle dit a soy mesmes que, se il avoit le visaige plus contrefait c. foiz que il n'a, si est il tailliez, pour sa bonté et pour sa prouesse, d'avoir la fille du plus hault roy du monde a amie. (ARRAS, c.1392-1393, 104).

 

-

Venir à la pensee de qqn : ...la sage ancienne femme doit estre sur ce avisee en telle maniere que quant aucun mouvement lui venra en pensee ou en parole contre joennes gens pour leurs joenneces que elle ne puisse pas bien souffrir, pensera en soy meismes : Beaux sire Dieux ! Tu as esté juene (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 199). Il m'est venu a ma pensee Ung fait qui nous menra a chiefz De cil par qui vient se meschiefz. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 243).

B. -

"Fait de penser, réflexion" : ...quant je repense a la joie Qui de mon clerc me peut venir Si me veult amie tenir, Qu'amours me face tant valoir, Ce me fait mettre en nonchaloir Touz autres maux et touz annuiz. Diex, con longues me sont les nuiz, Quant je suis en ceste pensée ! (Mir. abbeesse, 1340, 66). Et de ce disoit Enetius le poëte en ceste maniere : "Je di que la meditacion et pensee longue et durable demeure es genz amiablement et delictablement." (ORESME, E.A., c.1370, 399). C'est a dire, mon ami, que oisivetez sont tres souvent le venin de la pensee des josnes gens, car le repos des josnes est l'especiale cause des vices. (LA SALE, J.S., 1456, 25). Le bon compaignon, jasoit ce qu'il fust fort courroucé et malmeu par avant, toutesfoiz, pour ce qu'il voit son tort a l'oeil et le rebours de sa pensée, refraint son ire (C.N.N., c.1456-1467, 29). Nostre mignon (...) ne porta gueres sa pensée sans la deceler a monseigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 83).

 

-

De longue pensee. "De manière réfléchie" : Et quant ledit Jacotin percheut icellui Mahiot, et qu'il vit que aultrement ne pooit eschapper, froidement, à long trait et de longue pensée, jetta ung petit de gaige devant ledit Mahiot, disant de rechief que faulsement et traictreusement il avoit meurdry et occis son parent, d'aguet et de fait appensé, sans cause raisonnable, et que sur ceste querelle le combatteroit. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 299).

 

-

Avoir sa pensee à qqn/à qqc. "Penser à qqn ou qqc." : Goubelet, beau Gobelet, venés a moy de mactin ; De grant cuer vous baisarey, mes que soyes plein de vin, Car tout le jour a vous j'ay ma pensee ; De grant amour vostre sçaveur m'agree. (Pass. Auv., 1477, 178).

 

-

Estre en cette pensee. "Être en cette réflexion" : ...et [le neveu du capitaine] appercoit la cité si advironnee de Sarrasins qu'il ne scet quelle part traire pour entrer en la ville ; et la fu grant temps en ceste pensee. (ARRAS, c.1392-1393, 95).

 

-

Mettre toute sa pensee à qqc. "Mettre toute sa réflexion, son attention à qqc." : NOSTRE DAME. (...) celle femme, Qui par vous a esté tensee De mort, met toute sa pensee A vous servir et mercïer, A vous loer et gracïer (Mir. enf. ress., 1353, 79).

 

-

Mettre à qqn le coeur en pensee. "Faire penser qqn, le faire réfléchir" : LE PÉRE. Dame, savez que viennent querre Ces hommes qui de cy s'en vont ? Je vous dy bien que le cuer m'ont Mis en pensée. LA MÉRE. Sire, ne suis pas appensée A quoy il tendent. (Mir. chan., c.1361, 157).

C. -

"Façon de penser" : Car le bien et le mal de pensee speculative, c'est absoluement vray ou faulz (ORESME, E.A., c.1370, 332). JHESUS. (...) Peuple de pensee enterine, Gouste de mes ditz la saveur, Sans donner ne prester faveur A ypocrisie la fainte, Embrace devocion saincte. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 388).

D. -

"Ce que l'on pense"

 

1.

"Ce que l'on pense, ce que l'on a à l'esprit" : Et pour ce, tant de preterit comme de futur et de present il a en son cuer pensees delitables, et par ce quant il est seul il convit avecques soy meïsmes delitablement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 465). ...nous pareillement le ferons comme vous, affin que vous n'ayez pensée ne ymaginacion qu'en temps advenir vous en sourdist reprouche de nulle de nous. (C.N.N., c.1456-1467, 144). ...tant furent conjoinctes les voluntez, desirs et pensées de luy et d'elle, qu'ilz n'avoient pour eulx deux que ung seul cueur. (C.N.N., c.1456-1467, 147). ...estant en ceste ymaginacion et pensée, subitement le dur courage que tant rigoreux avoit envers son serviteur porté fut tout changé (C.N.N., c.1456-1467, 479). Mon doulx seigneur, point ne savoie Que vous cogneussez ma pensee. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 37). SAINCT MARTIN. Voz voluntez particulieres, Entendement, sens et esprit Et voz pencees singulieres Mectez au benoist Jhesucrist (LA VIGNE, S.M., 1496, 296).

 

-

Dire à qqn sa pensee. "Dire à qqn ce que l'on pense" : Et Guyon et la damoiselle s'entredirent moult de gracieuses paroles. Et sachiez que, se Guyon eust eu loisir, qu'il lui eust dit aucques sa pensee. Mais entrementiers que ilz estoient en leur greigneur soulaz, vint une gallyote au port, qui venoit de Rodes. (ARRAS, c.1392-1393, 127).

 

-

Prov. Deux gens ont bien une pensee. "Les grands esprits se rencontrent" : LE IIIe PRINCE. (...) Se j'estoye prince du pays, Sur tous lui donroye le pris, Car a lui affiert grant honneur. LE PREMIER PRINCE. Et par mon serment, monseigneur, De ce dites vous verité, De dire l'avoye empensé, Quant le vous oy prononcier. (...) Deux gens ont bien une pensée, Il ne pouoit quil ne fust dit. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 84).

 

2.

En partic.

 

a)

"Ce que l'on pense faire, projet, visée, intention" : Sire, ma pensée et m'estude Sont de moy mettre en hermitage (Mir. emp. Julien, 1351, 213). LE CHEVALIER. Mon seigneur, huy a quinze jours Que vous promistes a venir En ce chastiau la pour tenir Voz assises. Il est grant jour ; Alons y sanz faire sejour, S'il vous agree. LE CONTE. Par foy, c'estoit bien ma pensee ; Oublïé ne l'avoie pas. (Mir. enf. ress., 1353, 42). Sire, or entendez ma pensée. Vous semble il point que bon feust, Ains que le pape le sceust, Que devers mes deux filz alasse Les cardinaux et leur contasse Tout mon affaire ? (Mir. mère pape, c.1355, 360). Et lors ledit Pierre lui respondi que c'estoit sa pensée de soy en aler par Tours. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 473). ...et en celle pensee s'arresta totalement. (LA SALE, J.S., 1456, 6). ...le dolent amoureux malade (...) fut contraint d'estre notaire du plus grand desplaisir que au monde advenir luy pourroit, et dont la seule pensée en son pouvre cueur remirée estoit assez et trop puissante de le mettre en desespoir (C.N.N., c.1456-1467, 254).

 

-

En pensee. "En intention" : LE PERE. (...) Mais que tu pence ton forfait Admoderer dorenavant, Aultant en pencee qu'en fait, Cella je te mets au devant. (LA VIGNE, S.M., 1496, 291).

 

-

Avoir la pensee de. "Avoir l'intention de" : LE CHASTELAIN. [Et] gardez d'encourir En deshonneur. (...) LA FILLE. Certes, seroye bien felonne, Oultrageusement insensee. Seigneurs, n'en ay pas la pensee. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 78).

 

.

Avoir (la) pensee à/de + inf. "Penser faire qqc." : Michiel, de faire oir noz voiz Arons nous pensée soingneuse. (Mir. ev. N.D., c.1348, 76). Moy et ma femme avons pensée D'aler a Romme, se Dieu plaist (Mir. roy Thierry, c.1374, 321). ...qu'il [Dieu] permette la terre ouvrir qui me englotisse et devore toute vive, au jour et heure que je n'y pas commettray, mais auray une seule et legiere pensée a la commettre [Une jeune femme se défend de jamais commettre la faute d'adultère] (C.N.N., c.1456-1467, 564). ...[Que Dieu me punisse] si jamais le jour vient ou je doye non seullement commectre desloyauté en nostre mariage, mais sans plus en avoir une breve pensée de le commettre (C.N.N., c.1456-1467, 566). Semblablement pas n'eult pensee vayne Pour soulager noz peines et travaulx De faire amas tant de foin que d'avoine, Laquelle chose ayda bien aux chevaulx. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 183).

 

-

Avoir pensee vers qqn. "Avoir des visées sur qqn, chercher à séduire qqn" : Et pour ce la sage dessusdicte, si tost que elle aperçoit par aucun signe ou semblant que quelque homme a vers elle pensee, lui doit donner toutes occasions de s'en retraire en manieres, paroles et semblans (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180).

 

-

Estre en pensee + inf. "Avoir le dessein, l'intention de" : Herodes est ja en pansee La filhe Herodias honnorer Et grandement remunerer, Pour ce que pour sa dancerie A resjoy la companie Des nobles que avec luy sont. (Pass. Auv., 1477, 93).

 

-

Garder une pensee à qqn. "Ne pas cesser de penser à qqn (en attente de l'action)" : A tant se part, et emmaine le filz dont il n'estoit pas pere, a qui il a pieça gardé une bonne pensée. (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...vous nous avez fait et faictes tousjours tant de peine et de meschef que nous vous avons gardé ceste pensée (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

b)

"Ce que l'on pense quand on est en souci, quand qqc. vous tient à coeur, préoccupation" : En toute maladie, c'est bonne chose d'avoir confort en pensee, et aussi quant le pacient prent bien ce que l'en lui donne ; et le contraire est mauvaiz. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 62). A ! Jourdain, biaux amis, me pensee est fenie ! Quant te voy sain et sauf, riens n'ai qui me cuvrie [Mon incerrtitude est levee]. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 521). ...[il] parle a luy tous les jours (...) mais qu'il y ait entretiennement, rien ; ains tiens que ce soit la maindre de ses pensées (C.N.N., c.1456-1467, 232). Adieu, mon filz ; mon filz ; adieu ! (...) Las, en quel lieu Trouvarey je ce que m'agree ? A qui diré je ma pansee ? Helas, mes seurs, a vous me rens. (Pass. Auv., 1477, 263). LE PELERIN. [Haut] principal tout ira bien. N'ayez pensee ne soucy. LE PRINCIPAL. Mes suppostz, je le vueil aussi. (Sots gard., a.1488, 114).

 

-

Estre en grant pensee de. "Être en grand souci au sujet de" : Lors print congié ledit Voyau de Mons. de Bourbon et s'en alla droit à Saint-Fergeau, où il ne trouva que madamoiselle la contesse de Dampmartin, avec laquelle n'avoit que Loys du Solier, gouverneur de Dampmartin, laquelle estoit en grant pensée dudit conte son mary, pour ce qu'elle ne savoit où il estoit ; et ne sejourna ledit Voyau à Saint-Fergeau que demy jour qu'il se mist en chemin pour trouver son maistre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 154).

 

-

Mettre sa pensee que + subj. "Avoir pour préoccupation que" : Valerius le ramentoit Et dit que tout prince mettoit Anciennement sa pensee Que vraie loy fust essaucee. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 243).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 44/89 
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     PENSÉE1          PENSÉE2     
FEW VIII 195b pensare
PENSEE, subst. fém.
[GDC : pensee2 ; FEW VIII, 195b : pensare ; TLF : XIII, 16b : pensée2]

"Pensée (fleur)" : Le jour ensuivant encores vint il sur les joustes, houssé, lui et son destrier, d'un autre nouvel parement tout de satin vert a fleurs de pensees. (LA SALE, J.S., 1456, 88). ...pour enrichir et embelir le dict cordon, il luy avoit fait mectre quatres ou cincq perles et des menus pensees tout alentour. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 36). Il peult (...) Porter sur l'aureille ung boucquet De mesnues pensees et soussyes Et de belles melencolyes (Serm. maux mar. K., c.1500, 362).

Rem. Cf. aussi l'éd. Puttonen de MART. D'AUV., 239-240.

 

-

[Représentation de cette fleur (en broderie, en orfèvrerie...)] : De pensees son chapperon A brodé le povre cueur mien (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 327). ...une chaesne d'or à fleurs de pensées, de lambeaulx et de gouttes, toute persée à jour et esmaillée (Comptes roi René A., t.1, 1451, 285). ...pour la façon, pour le déchiet et pour l'esmailleure d'ung petit collier d'or, fait en façon de pensées (Comptes roi René A., t.1, 1452, 291). ...pour avoir fait les ferrures d'une troussouere et deux jartières d'or pour madame la duchesse, esmaillées à larmes et à pensées (Comptes Lille L., t.3, 1455, 352). Un petit collier d'or, fait à pensées et à larmes pendans à jour (Comptes Lille L., t.3, 1456, 377).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 45/89 
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     PENSEMENT     
FEW VIII pensare
PENSEMENT, subst. masc.
[T-L : pensement ; GD : pensement ; FEW VIII, 195b : pensare]

A. -

"Pensée" : De volenté, de desir se sambloient ; Un bien, un mal, une joie sentoient Conjointement, N'onques ne fu entre eaus deus autrement, Mais ç'a toudis esté si loiaument Qu'il n'ot onques un villein pensement En nos amours. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). Je ne fine nuit ne jour de penser À ma dame que j'aim de vraie amour, Et si ne puis nullement saouler Mon cuer d'assés penser à sa douçour ; Car la joie de la plaisant savour Que mes cuers sent en ce dous pensement M'i fait penser adès desiramment. Car il ha tant en son viaire cler De scens, de pris, de bonté, de valour Que vraiement, à raison regarder, Il n'est de li plus belle ne millour (MACH., L. dames, 1377, 53). ...ay en peinne et en labour Moult longuement, de toute ma vigour, Servi Amours et ma dame jolie, Sans esperer garison ne aïe. Et si l'ay fait toudis si loyaument Que pour la mort dont je sui en paour Onques en moy n'ot .J. seul pensement Contre l'onneur ma dame de valour ; Et de ce tray je à tesmoing vraie Amour Qui scet comment ma dame me maistrie, Sans esperer garison ne aïe. (MACH., L. dames, 1377, 86). Helas ! je l'aim si amoureusement, De si vray cuer et si sans decevoir Qu'onques en moy n'ot un seul pensement, Ne long ne près, d'autre amer ne voloir ; Et certes bien scet et voit Que mes vrais cuers autre amer ne porroit. (MACH., L. dames, 1377, 174). ...traire En sus se doit d'amoureux pensement Toute dame d'onneur (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 32). Mais pour donner fin aux commandemens de Madame, et pour estre diemenche ainsin joly, fist en son cuer maintes petis joieux pensemens. (LA SALE, J.S., 1456, 51). Comme elle fut couchée, ou profond pensemens des nouvelles qui en teste luy [reviennent], l'ypocrite pervers, de sa montaigne descendu, luy mect son baston creux a l'oreille (C.N.N., c.1456-1467, 102). Qui me saroit dire au certain Ce que je pencë a ma teste Repputé ne seroit pas beste De racompter mes pensemens. (Est., p.1460, 25). L'envoy du Saint Esperit est de deux manieres come celle du Filz. L'une est visible, comme il apparut sur Jhesu Crist en maniere et espece de coulon, et sur les apostles en figure de langues ardantes comme feu. L'aultre est invisible, par laquelle est envoié es cuers et pensement de l'ame pour sainctefier la creature. (Somme abr., c.1477-1481, 118).

 

Rem. Ponthus Sidoine C., c.1400, gloss. ; WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 138/13...

 

-

"Ce que l'on pense, intention" : Tressour de grace souvereyne Que j'eyme si parfectement, Vulliés ouÿr mon pansemant (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 77). Et y le tint tres bien sans mauvaiz pensement. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 503). [aussi v.16197] Il avoyent en pensement De mectre tout a finement, Et en fusion de bataille ; Mais ont trouvé resistement Encontre leur faulz pensement Que y n'ont fait chose qui vaille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 166). CAŸN. O Caÿn, quel grief pensement ? Qu'as tu cy entreprins de faire ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 108).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

B. -

En partic.

 

1.

"Méditation, réflexion" : Si m'en alay les saus menus, Pour ce que, s'aucun encontrasse, Que tant ne quant n'i arrestasse, Et par quoy on n'aperceüst Qu'en moy plour ou tristece eüst. S'alai einsi moult longuement, Sans issir de mon pensement, Tant que vi un trop biau jardin Qu'on claimme le Parc de Hedin. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). En Dieu et vous semblablement, Devostement, Mon pencement Est mys affin que charitable Me soyez singulierement, Doulcement, Begnignement, Par requeste a cecy vallable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 491).

 

2.

"Souci, préoccupation" : Li chevaliers, sans faire plus de plait, Dist doucement : "Dame, il n'affiert ci nul pardonnement, Car il n'y a meffait ne mautalent ; Mais je vous pri que vostre pensement Me vueilliez dire." Et la dame parfondement souspire Et dist : "Pour Dieu, laissiez m'en pais, biau sire ; Car mestier n'ay que me faciez plus d'ire Ne de contraire Que j'en reçoy". (MACH., J. R. Beh., c.1340, 60). Sachiez sans variation Qu'il [le Christ ressuscité] fera demonstration Par devant vous tout clerement, Laissiez tristesse et pensement Car bien brief devers nous venra. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 268). Mon bel [sire], je suis venu Avec nostre hostel cy present ; Nous avient trés grant pensement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 140). ...il aprouvoit et louoit plus une petite maisonnette riant et seure que ung grant sale royale et plaine de douleurs, de soussis, de perilz et de pensemens (LA SALE, Sale D., 1451, 168). Or ça, il ne m'est desormais mestier, obstant le nombre de mes ans, tourmenter ne troubler de doleurs, d'angoisses ne de pensemens. (C.N.N., c.1456-1467, 557). Nul de vous n'en soit corrocié Allons voir que l'empereur fait J'ay grant pensemant de mon fait Je me sens trestout troublés (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 67).

 

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (pencement).

 

-

Ne pas avoir pensement que : Lors dist en bas Li chevaliers par maniere de gas : "Je croy qu'il ait oy tous nos debas." Et je li dis : "Sire, n'en doubtez pas, Que voirement Les ay j'oïs moult ententivement Et volentiers ; mais n'aiez pensement Que j'y pense fors bien ; car vraiement Venus estoie Sus un ruissel, par une herbue voie, En ce vergier ou je me delitoie Es oisillons que chanter escoutoie..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 105).

 

.

P. méton. "La personne à qui l'on pense, pour qui l'on est préoccupé" : Las, mon filz, mon seul pensement, Voicy piteuse destinee ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 357).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 46/89 
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     PENSÉMENT     
FEW VIII pensare
PENSEEMENT, adv.
[GD : penseement ; FEW VIII, 195a : pensare]

"En pensant, avec réflexion"

REM. Ex. de DESCH. (ms.) ds GD VI, 86c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 47/89 
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     PENSER     
FEW VIII 194a pensare
PENSER, verbe
[T-L : penser ; GD : penser ; GDC : penser ; DÉCT : penser ; FEW VIII, 194a : pensare ; TLF : XIII, 17a : penser1]

I. -

[Marque une activité de l'esprit, appliquée ou non à un objet]

A. -

[Activité de réflexion]

 

1.

Empl. intrans.

 

a)

"Se livrer à la réflexion" : En l'omme sont deux sens lesquelz laborieusement doivent estre excercitéz en doctrine, c'est asscavoir oÿe et veue et, par dedens, engien et entendement. L'escolier dont doit excerciter son oÿe en escoutant, sa veue en lisant, son engien en enquerant, et son entendement en pensant. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 39). Et, finablement, par l'advis et deliberacion des gens dudit Conseil, monsegneur le Chancelier encharga aus dessusdis que plus à plain ilz voulsissent penser pour adviser et trouver manieres promptes et prouffitables d'avoir finances selon le contenu desdictes lettres, et eulz assembler (FAUQ., I, 1417-1420, 211). ...et fault bien penser avant que on die son opinion (JUV. URS., Nescio, 1445, 469).

 

-

Prov. : Pour nient pense qui ne contrepense. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 592).

 

-

[Avec un adv. de temps ou de quantité] : Quant le duc de Bretaigne ot oy parler l'evesque de Lengres, il pensa ung petit, et bien y ot cause qu'il fust pensieus, car les parolles dictes et monstrées faisoient bien à gloser (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 15). ...après qu'il eut ung peu pensé, affin d'estre de son yvroigne despeschié (...) il saisist et prent le cousteau (C.N.N., c.1456-1467, 62). ...je veil bien que vous sachez que j'ay bien cause de beaucop penser (C.N.N., c.1456-1467, 200). Tant penserent et contrepenserent qu'ilz s'arresterent a faire ce qui s'ensuyt. (C.N.N., c.1456-1467, 238). Tant pensa et advisa qu'elle conclud de luy envoyer [un poisson] par une vieille qui savoit de son secret. (C.N.N., c.1456-1467, 261).

 

-

Penser tout environ. "Faire le tour d'une question" ( (Éd.)) : Et pour ce que j'ai par oultrage Mal usé de franc arbitrage, et qu'ai par fole induction Empirié ma condicion, Et qu'ai besoing pour mon meschief D'estre dispensé derechief, Quant j'ai pensé tout environ, Je retourneray ou giron De Sainte Eglise nostre mere. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 116).

 

-

[Avec un adv. indiquant à quoi s'applique la réflexion] Penser dessus : Or ça, bailli, le roy vous a envoié par devers moy, pour une telle chose dont je le mercie humblement, de quoy il lui en plaist prendre tel soing. Je vous ai dit que je penseroie dessus et m'y emploiroie volentiers sans nulle fiction et désirez bien à en avoir response. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 25). Le seigneur de Croy musa un petit en cest offre, et par semblant il difficulta fort de y respondre, car craignoit fort l'accepter leégèrement, et pesa le refuser non moins ; enfin toutesvoies il respondit et prit délay jusques au lendemain, car vouloit penser dessus, ce disoit, celle nuyt, et le jour venu, il en feroit response. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 186).

 

-

Empl. pronom. Se penser : Hanibal estoit pour passer la riviere du Rosne ; sy n'avoit pas batteaux grans et souffissans pour passer ses elinphans ; dont estoit moult en soussy comment ilz passeroient. Sy se penssa et fist venir ung gladiateur de ses gens, qui nagoit merveilleusement bien (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 51). Et quant Madame l'eust enttendu, se penssa ung bien peu, et puis lui dist... (LA SALE, J.S. E., 1456, 406).

 

-

À l'impér. [Suivi d'une interr. directe, pour amener l'interlocuteur à s'interroger] Or pense/pensez : Or pense, amis, ay je assez de meschiés ? Foy que tu dois Amours, qui est mes chiés, Pleure avec moy et complain ma dolour (MACH., Compl., 1340-1377, 252). Or, pensés doncques, quel dueil est ce A ung prince chevallereux Qui, soy moustrant plain de prouesse, Se voit desemparé de ceulx Qui lui doyvent service et foy, Dont il est et chief et seigneur ? (CHART., D. Her., p.1415, 429).

 

b)

En partic.

 

-

"Être absorbé dans des rêveries amoureuses" : Quant il ot merencolié, Pensé, musé et colié, Tant qu'il ne savoit mais que dire, Tantost fist une lettre escrire. (MACH., P. Alex., p.1369, 228). Et quant penser le remort, Par plaisance il s'i endort Si longement Qu'on li feroit painne et tort, Qui li torroit le ressort De pensement. Car en pensant il s'oublie Et deduit et esbanie, Et se ne sont si penser Aresté sus nulle envie, Mes en toute reverie, Qui me fait dire et chanter : Je ne sui etc... (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 50). Un entre les autres y vy, Qui souvent aloit et venoit, Et pensoit comme homme ravy Et gaires de bruit ne menoit. (CHART., B. Dame, 1424, 334). Et quant les pansses furent comme remplies, a l'eure que les langues commencent a deslyer, damp Abbé se commença a resveillier et dist : "Ho ! monseigneur de Saintré, resveilliez vous ! resveilliez ! Je boy a vostre pensee, et qu'est ce cy ? Vous ne faites que penser" (LA SALE, J.S., 1456, 276). Le pouvre mary, voyant sa femme ung peu muser et ententivement penser, et ne savoit a qui ne a quoy, la regardoit tresfort (C.N.N., c.1456-1467, 184).

 

.

P. anal. [D'un animal] : [A propos des cerfs en rut] Et illeuc demeurent, qui ne leur fera annuy, toute la saison jusques a la fin d'aoust. Et lors commencent a muser et a penser et eschaufer, a errer et remuer de la ou il auront demouré toute la sayson pour aler querir les bisches. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 60).

 

-

"Être absorbé dans des pensées douloureuses" : Par ma foy, il s' est mis a matin a table, mes il n' y a oncques coulé de viande, quar, quant il avoit mis ung morcel de viande en la bouche, il ne le pouoit avaller et le gitoit, et puis il se prenoit a penser sur la table en se merencolliant, et est auxi palle et deffiguré comme ung homme mort. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 109). Plus penser que dire Me couvient souvent, Sans moustrer comment N'a quoy mon cueur tire. Faignant de sousrire, Quant suis tresdolent, Plus [penser que dire Me couvient souvent.] En toussant, souspire Pour secrettement Musser mon tourment. C'est privé martire, Plus [penser que dire !] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 315).

 

2.

"Appliquer sa réflexion à un objet, y réfléchir"

 

a)

[Avec une sub. interr. indir.] "Réfléchir pour savoir..."

 

-

[Avec une sub. interr. indir. totale] Penser si : En ce tourment de doleur que j'avoye, Je m'esveillay, puis a pencer me prins Se lors songay ou si je le veoye Ou que c'estoit, dont ainsi fu seurpins. Lors a pencer de nouveau entreprins Se vray estoit, et au lyt me remy. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 103).

 

.

Empl. impers. N'est pas à penser si. "Il est évident que" : ...apprès les amiables parolles et salus, luy deist : comme nous sommes venus et laissient nostre ost pour venir a son ayde, et qu'il me mande par vous se il vuelt que je voise a lui, de jour ou de nuit, et se il vuelt que je face nouvel logis dehors le scien ou se logerons en ung ost. De laquelle nouvelle n'est pas a pensser se Livius fut tresjoieulx ; car a celle journee Hasdrubal estoit venus logier, a tout sa grant puissance, devant luy. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43).

 

-

[Avec une sub. interr. indir. partielle] : Elle [Marie] pensa donc quelle estoit ceste salutacion, dont il avint que quant li anges vit qu'elle pensoit, il la conmença a conforter et a confermer ce dont elle doubtoit (Mir. nonne, 1345, 314). Adonc en un anglet me tray De la chappelle et si pensay Que c'estoit, et a merveillier Me pris forment (Mir. ev. N.D., c.1348, 84). ...en son dormant, comme il se seoit et lisoit, lui fut avis que deux fenmes assés belles vinrent seoir emprés de lui, l'une a dextre l'aultre a senestre ; lesquelles, a l'occasion de sa chasteté, quant il les perchupt, se commencha a mervillier, pensant qui elles estoient ne quel chose lui voloient. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 85). Lors que je euz assez escouté De la valeur, de la bonté Dë icelle dame Nature, Sy mis, des lors, ung pou ma cure A penser que ce povoit estre ; Et pour sçavoir plus de son estre Luy dis... (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 10).

 

b)

Empl. trans. indir.

 

-

Penser à qqc. : Li aubre qui le lieu parfont, Qui bien y vuet penser parfont, Ce sont toutes bonnes vertus Dont ses cuers doit estre vestus. (MACH., D. Aler., a.1349, 399). Je me puis bien comparer a l'orloge, Car quant Amours, qui en mon coer se loge, M'i fait penser et mettre y mon estude, G'i aperçoi une similitude. (FROISS., Orl., 1368, 83). Doncques la creature ne se doit pas pener par oultrageuse presumpcion que les jugemens et fais de Dieu vueille comprendre en son entendement, mais y penser et soy esmerveillier ; et, en soy esmerveillant, considerer comme il saiche doubter et glorifier Cellui qui si celeement juge. (ARRAS, c.1392-1393, 2). Vrayement qui bien penseroit a ces deux manieres de mors, il maudiroit la mort des pecheurs et beniroit celle des sains en desirant comme Balaam : Moriatur anima mea morte iustorum (GERS., P. Paul, a.1394, 491). ...elle eut temps et loisir de se confesser et penser a ses pechez (C.N.N., c.1456-1467, 327). N'as tu honte, par ton serment, Quant tu voy tes moynes meffaire, De si tost et legierement De leurs pechez pardon leur faire ? Se bien tu pence a ton affaire, Tu congnoistras en verité Que cella te fera retraire Enffer a perpetuyté. (LA VIGNE, S.M., 1496, 484).

 

.

Sans y penser : "Et comment ?" dist maistre Julien a damps Abbés, "Madame va elle chassier volentiers ?" - "Volentiers ?" dist damp Abbés sans y penser "oy, deux ou trois jours la sepmaine, que a cheval que a pyé, puis a une chasse puis a l'autre." (LA SALE, J.S., 1456, 259).

 

.

Y penser sus : ...ce que je vous dis est vray. Et vous dis encore une autre fois que vous y pensiez sus ; et je vous donne an et jour d'y penser. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 117).

 

-

Penser de qqc. : Cilz fait plus acceptable chose a Dieu qui pense de la grandeur de ses pechiés et de la petitesse de ses vertus et com loing il est de la perfection des sains, que celui qui dispute de leur majorité ou de leur petitesse. (Internele consol. P., 1447, 260). Alors du cas dont se vit accusé Pour repliquer, ung bien petit pensa. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 157).

 

-

Penser en qqc. : Pensez en ce que j'ay compté, Ma Dame, car en verité Mon cueur de foy vous requerra, Quant temps et besoing en sera. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 50). Or pense es choses deuant dictes qui ont ete assez desclairees, et sans toy remuer de ton lieu, tu verras la terre que Dieu ta donnee et contempleras par dilatacion et eslargissement de pensee sur ton corps. (CIB., p.1451, 186). Sy se party du roy tout gros de coeur et laissa le roy penser en ses paroles, tout reconforté en ce qui s'y pouvoit entendre. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 117). Monseigneur, et vous, Monseigneur, j'ay parlé avec aucun mon bon amy et pensé en la matière dont vous me parlastes hier de par le Roy (BUEIL, II, 1461-1466, 163).

 

-

Penser sur/sus qqc. : Si avoit bien le conseil de France grandement à faire, à penser sus ces besoingnes, car elles estoient moult grosses. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 182). Tu tesleueras a contempler plus hault par la congnoissance que tu aras de toy selon estat moral, et subleueras ta pensee quant tu congnoistras ce qui a este dit en la seconde partie : quant tu penseras sur la iustice de Dieu quil excerce en homme pour la cause de pechie (CIB., p.1451, 187). Mais au regart du pris que me adjugiés, si treshumblement que puis je vous supplie que sur ce vous plaise trop mieulz penser et bien adviser comment monseigneur mon frere qui cy est me a de sa haiche bien festoié (LA SALE, J.S., 1456, 128). Ce bon seigneur pensa ung peu sur l'advis de sa fille et en parla a madame sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 171). ...comme il fut parvenu a l'eage dessus dicte, ainsi que une foiz pensoit sur son estat, voyant qu'il avoit despendu tous ses jours et ans a rien aultre chose faire que cuillir et accroistre sa richesse (C.N.N., c.1456-1467, 554). Monseigneur, pensez sur ce que vous je dis et sentez si je vous dis vray. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 117).

 

-

[Le compl. est le relatif ] : ...et encores avroient actente de voustre secours et que Bel Acueil et Doulx Actrait les remeissent sus, se ne fust qu'il est venu a leur congnoissance que aucuns ont escript en vers rimés certaines nouvelletez ou ilz n'ont gueres pensé. Et puet estre que Envye, rebutement d'amours ou faulte de cuer qui les a fait demourer recreuz en chemin et laissier la queste qu'ilz avoient encommenciee avecques nous les fait ainsi parler et escrire. (Lettres Chart., 1425, 361).

 

c)

Empl. trans. dir. "Examiner" : 6 Et premierement les choses que nature a creés il enquierent et demainent soubtillement et determinent maintenant comment elles sont en leur parties, maintenant enquierent comment elles sont composees de matiere et de forme ; 7 et, afin que plus legierement le puissent faire, il pensent les forces et vertus des cinq sens et mesurent et poisent la vertus de l'entendement. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 158). Penses a toy, car tu as trop musé, Et advise le bien que je te nomme ; Et puis regarde si je t'ay conseillé, A ton advis, l'onneur de ta personne. Prens tous ces poins et les gecte a somme, Et, par ma foy, se tu les scez penser, Tu n'auras pas parfait courage d'omme, S'il ne te prent grant voulenté d'amer. (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 66). Ou se il avient cas que aucun prince voisin ou estrangier vueille movoir guerre pour aucune chalenge a son seigneur ou que son seigneur la vueille mouvoir a aultrui, la bonne dame pesera moult ceste chose en pensant les grans maulx et infinies cruaultéz, pertes, occisions et destruction de païs et de gent qui a cause de guerre viennent, et la fin qui souventes fois en est merveilleuse (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 33).

 

-

En partic. [Examen d'ordre spirituel] : Ne me delaisses, doulz Sires, croistre en ma ignorance, et ne me laisses multiplier mes defaillimens. (...) Trop de biens m'as fais, les quieulz seroit a moy doulce chose touz temps parler et touz jours penser et touz jours fere graces,par quoy je te puisse davant touz les autres biens loer et amer de tout mon cuer et de toute m'arme. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 61). Tu vois l'esperit et ou va et ou vient et ou est, et, certes, en toutes choses regardes plus l'entention que l'uevre. Et, quant toutes ces choses diligentement je pense, Sire Dieu mien terrible et fort, de paour et de tres grant vergoigne je suy confondu. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 62). ...premierement tu doiz penser la vilté et l'ordure dont tu es engendree en pechié (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 40). Je t'enseigneray, dist Verité, quelz choses droiturieres sont plaisans devant moy. Pense tes pechiez en grant paour et desplaisance, et ne repute jamais rien estre pour bonnes euvres. (Internele consol. P., 1447, 73). Ainsi est lame qui par contemplacion en ce pelerinage vient iusques a penser, a mediter et a veoir en esperit la grant gloire du vray salomon en sa maison de paradis (CIB., p.1451, 190). Tu trouueras en toy matiere et cause dumilite quant tu penseras la fragilite de nature humaine. Tu trouueras matiere de magnanimite quant tu penseras la dignite de humaine nature. (CIB., p.1451, 196).

 

-

Au passif : Et si peut on dire que clemence, bien prinse, pensee et consideree, est en ung prince plus honnorable, et se monstre mieulx et plus apparanment vicaire de Dieu que justice. (JUV. URS., Verba, 1452, 308).

B. -

[Marque la mobilisation de l'attention sur un objet préexistant]

 

1.

"Tourner ses pensées vers qqc. ou qqn"

 

a)

Empl. trans. indir.

 

-

Penser à qqc. : Car les vertus ne se oublient pas si tost comme font les sciences. Et est verité que un bon homme geometrien avroit plus tost oubliee sa geometrie que il ne avroit oubliee le bien ou delaissié a bien faire. Et la cause est car continuelment tant come il vit, il vient matiere de bien faire et non pas de penser a geometrie. Et pour autre cause, car il se delite plus en telles nobles operacions de vertu que en nulle autre chose. (ORESME, E.A.C., c.1370, 134). Que diray je de Gloutonnie qui fait l'ame toute yvre de vins et de viandes, tellement que elle oublye Dieu et soy meismes, et tourne tout a fable et moquerie tout ce que on luy dit des joyes de paradis et des peines d'enfer, car a riens ne peut penser fors a sa panse ? (GERS., Purif., 1396-1397, 65). Pencés a la gloire des cieulx ; Laissés ces tristes passïons (Pass. Auv., 1477, 257).

 

.

Avoir autre chose à penser. "Avoir des préoccupations plus importantes" : Et a ces paroles vint un chevalier, que les dames envoierent, qui leur dist : Beaulx seigneurs, ne le rigoulez pas, car sachiez qu'il a bien autre chose a penser. Par foy, dist le conte de Poictiers, je croy bien que vous dictes voir. Et ly chevaliers leur dist : Beaulx seigneurs, admenez Remondin, car les dames le demandent. Sa partie est toute preste. (ARRAS, c.1392-1393, 41).

 

.

[Dans certains cont. nég.] "Ne pas/plus avoir présent à l'esprit" : ...et aprouchierent [les combattants] Saint-Fagon et entrerent en la ville sans nul gait que les chitoiens firent sur eulx ; car ilz n'y pensoient plus et cuidoient bien que tout fust oubliet et que jamais ne se deust le maltalent renouveler (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). Et pour ce entreprist il le dit voiage si liement, et ne resongnoit painne ne peril qui li peuist avenir. Aussi il n'i pensoit point, et estoit et fu toutdis ens ou vassiel la roine d'Engleterre et de son fil. (FROISS., Chron. D., p.1400, 71). "Monseigneur, dit le Jouvencel, ilz estoient allez à la ville et ne pensoient en riens à l'escarmouche et, quant ilz ont veu le bruit, ilz sont sailliz..." (BUEIL, I, 1461-1466, 196). Ne pencés plus ad ce tourment, Ma doulcete tante Marie, Je vous en prie doulcement, Car vous abregés vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 253).

 

-

Penser de qqc. : Ce dit il pour aucuns qui sont de si perverse nature, ou perverse acoustumance, que il ne pensent en rien de felicité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 108). ...et n'estoit pas, creez, son engin oiseux, mais labouroit a toute force pour fournir la promesse a son serviteur ; maintenant pensoit d'un, puis maintenant d'un aultre, mais rien ne luy venoit a son entendement (C.N.N., c.1456-1467, 183).

 

.

En partic. "Se préoccuper de trouver une solution au problème que pose qqc." : "Ma dame, au regart de vostre corps je le treuve tresbien disposé mais vostre cuer ne l'est pas qui a en soy aucune grant doleur secrete que se pourveu n'y est briefment vous tumberez en une grant langueur tres forte d'en garir. Et pour ce, ma dame, ostez de vous ceste doleur et je penseray du surplus." (LA SALE, J.S., 1456, 241). ...car avecques propre peur sentoient leur maistre craintif encore plus, et par ainsi visans à la seurté de lui qui n'estoit pas légère à trouver, pensèrent ensemble de leur refuge qui donroit asseurance à tous deux. Et s'avisèrent, ne sçay de qui conseil mus, ou de Dieu ou d'autre, de eux embler à privée maisnie, et de venir secrètement en Bourgogne... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 168).

 

-

Penser en qqn/qqc. : Car com usaige fait bon maistre, Et non usaige le fait tristre, Cuidiez vous que pour estuver, pour doux vivre, pour deporter, Pour penser tousjours en veandes, Pour mengier les choses friandes... (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 24). [Phrase inachevée] ...eulx assis a table, firent bonne chere sans penser en leur male adventure. (C.N.N., c.1456-1467, 375). Or laissés ces plaintes mondaines, Ma bonne seur ; pensés es cieulx, Ou Jhesus a joyes aultaines (Pass. Auv., 1477, 254). A ta deïté ce jour pence Pour avoir de joye le pris. Si en toy, pere, plus fort pence, Je varrey avec toy mon filz. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

-

Penser sur qqn. : . Et faisant ceste visitacion, l'empereur estoit present et dis a Fyrebras : "Se devant toy estoit Olivier et les aultres personnes, nous serions bien contens." Et se tint la Charles courroucé, assis et marris, moult fort penssant sur ses barons qui estoient pris, plus qu'il n'en faisoit ne demonstroit semblant. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 69).

 

-

Penser pour qqc. : Beau sire, respondy le preudhomme, je fus en mon jenne eage bachelier comme vous estes et estoie en mon pais homme riche, mais en mes anciens jours je demouray vef de femme et d'enffans. Et quant je me trouvay ainsi esseulez, ymaginant que j'avoye esté assez au monde et qu'il estoit desoremais temps de penser pour l'ame, je prins lors de mes biens et m'en vins en ceste forest (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 238).

 

b)

Empl. abs. [Avec un adv. de lieu indiquant à quoi s'applique l'attention du sujet] : LE ROY. Chastellains, amour me semont De vostre fille en foy amer, Car tant me plaist a regarder Son cler vis et sa doulce chiére Et sa gracieuse maniére Que surpris m'a. LE CHASTELLAIN. Mon seigneur, ne pensez pas la. Bien sçay que vous truffez de nous ; Ce n'est pas femme encontre vous : C'est cler a voir. (Mir. femme roy Port., c.1342, 160). Se j'ai pensé plus haut qu'a moi n'afiere Ne que tailliés ne soie de venir, Pardonnés moi, pour Dieu, ma dame chiere, Se j'ai pensé [plus haut qu'a moi n'afiere] ; Car vostre aquoel et vo frisce maniere Et vo gent corps m'ont donné ce desir, Se j'ai pensé [plus haut qu'a moi n'afiere Ne que tailliés ne soie de venir]. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 71). Douce dame, que j'aim tant et desir, Que je ne pense ailleurs ne nuit ne jour, Je ne vous vueil prier ne requerir Que me donnés merci ne vostre amour (MACH., L. dames, 1377, 20). Qui parle a moy, je l'escoute et me tais Et pense ailleurs s'a force ne me vains. (CHART., Compl., 1424, 326). Illes sont tres belles et gentes, Demourant a Saint Generou Prez Saint Julïen de Voventes, Marche de Bretaigne a Poictou. Mais i ne dis proprement ou Yquelles pensent tous les jours ; M'arme ! i ne suy moy si treffou, Car i vueil celer mes amours. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 91).

 

2.

P. ext. "Evoquer, faire venir à l'esprit qqc. ou qqn"

 

a)

Empl. trans. indir.

 

-

Penser à qqn

 

.

[Cont. religieux] : Avis m'est que le voy [l'ermite] seoir, Le chief hors de sa fenestrelle ; Je croy qu'a la vierge pucelle Pense forment. (Mir. ev. N.D., c.1348, 64).

 

.

[Cont. amoureux] "L'avoir présent à l'esprit" : Si qu'en escoutant le deduit Des oisiaus, Amours qui me duit A faire son trés dous plaisir De fin cuer et de vray desir Me fist a ma dame penser Bonnement, sans villain penser (MACH., D. Lyon, 1342, 166). Et le Chevalier du Papegau chevauche, luy et sa compaignie, pensant a la dame moult (Chev. papegau H., c.1400-1500, 44). Si ne dormoit ne nuyt ne jour, de force de penser a sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 315). Et quelque chose que on die, je ne croyray jamaiz que les nobles qui font faulte aux armes, soient descenduz des bons et vaillans peres dont ilz portent le nom ; et fault dire que leurs meres pensoient à quelques paillars, quant elles les engendrerent, ou l'ont fait de fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 82). Pechié est fait en cincq manieres entre l'homme et la femme ensemble joincts et mariéz, comme il appert par cest mettre : Premierement en temps deffendu, secondement en pensee, comme en pensant a aultre femme que la sienne... (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

.

Faire penser à qqc. : Par foy, dist Anthoine, se j'eusse eu voulenté de leur porter contraire, je leur eusse fait savoir. Et aussi je n'ay pas cause de le faire, car je ne scay pas que ilz m'aient riens meffait, ne aux miens, combien que ilz m'y font penser quant ilz se deffient de moy qui oncques riens ne leur meffiz. (ARRAS, c.1392-1393, 175).

 

-

Penser en qqc. : LUCIFFER. Deables remplis d'oultrecuidance, Miserables, maulditz paillars, Je meurs, j'enraige quant je pence, Tout par moy, en voz villains ars. (LA VIGNE, S.M., 1496, 514).

 

b)

Empl. pron. Se penser de qqc. "Se souvenir de qqc." : ...par quoy il se penssa de la faulse subtillité que Titus Livius traitte ou second livre de la fondacion de Romme (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 35).

 

c)

Empl. trans. dir. Penser qqc. : Mere, ce seroit beau cop [l. beaucop] mieulx Que ne pancessiés plus ces paines. (Pass. Auv., 1477, 254).

C. -

[Marque la mobilisation de l'attention sur la réalisation de qqc.] "Se préoccuper de qqc. (dont la réalisation est à venir)"

 

1.

[Avec un subst.]

 

-

Penser à qqc. : "Mon seul desir et toute ma pensee, jour et nuyt je ne cesse de penser a l'acroissement de vostre honneur, et me suis appensee que a tant d'armes que avez faites, ne vous estes encore point fait cognoistre aux Anglois..." (LA SALE, J.S., 1456, 173). ...[il] se vint rendre aux piez d'elle (...) l'ammonnestant de penser au sauvement de son ame. (C.N.N., c.1456-1467, 515).

 

.

[Avec un subst. signifiant l'évaluation morale d'un comportement] (Y) penser à mal/à vice/à fausseté... : Et ce vergier ci baptisa Qu'il fust appellez a tous jours : "L'Esprueve de fines amours", Pour ce qu'il n'est nuls qui compasse Si bien son erre qu'il y passe, Puis qu'a fausseté penseroit, Et li loiaus y passeroit ; Car nuls n'i vient qui ne se prueve Tous tels comme il est, sans contrueve. (MACH., D. Lyon, 1342, 222). Et li dieus d'Amours, qui mes sires Est et des maus amoureus mires, Vuet que j'aie bonne Esperance, Dous Penser et douce Plaisance En faisant son trés dous service Bonnement, sans penser a vice (MACH., Prol., c.1377, 6). Et quant elle ot esté un petit par ville en cest estat, porta icelles herbes aumousniere en l'ostel d'icelle Margot, sans ce que lors elle pensast à aucun mal (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 339). Haa, folz, ce dist ly contes, se tu savoies la grant et riche et merveilleuse adventure que je voy, tu en seroies tous esbahiz. Resmondin, qui n'y pensoit a nul mal, lui respondy : Mon tres redoubté seigneur, plaise vous a moy dire que c'est, s'il se puet faire, et aussi se c'est chose que je doye savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

-

Penser en qqc. : Parquoy, ma treshonoree dame, Fille du roy treschretien, Ne me vueillez tourner a blasme Ce que j'ay faict pensant en bien. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 48).

 

2.

[Avec un inf.]

 

-

Penser à + inf. : Et quant l'instruction fu faite, Li roys, qui ne pense ne gaite Fors à ses annemis destruire, Fist beccuit et vitaille cuire ; S'en fist leur galée garnir Largement jusqu'au revenir. (MACH., P. Alex., p.1369, 127). En mon temps j'ay trop peu pensé A amasser, dont je suis nice, Helas, se j'eussë amassé A present me fust bien propice (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 12). Entre lesquelles [choses] lui dist [l'esprit] qu'il se gardast de jamais ne entrer en Florence et que il y devoit morir. Par laquelle chose comme deceu, pensant a tousjours a la mort fouir, oncques puis ne approucha de Florence. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 171). Se tu veulx bien penser a toy congnoistre tu trouueras en toy grant tresor pour forger larche de sapience. (CIB., p.1451, 195). ...[il avait vécu] sans jamais avoir eu ung seul moment ou minute de temps ouquel sa nature luy eust donné inclinacion pour penser ou induire a soy marier (C.N.N., c.1456-1467, 554).

 

-

Penser de + inf. : Tu dois panser et travaillier, Des qu'ilz sont nez d'eux adrecier, Quart tu ne scez ton finement. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 207). Quoy qu'il me fust joieusement, Me couvint il songneusement Penser, viser et travillier De ma besongne apparillier. (MACH., D. Aler., a.1349, 265). Je t'avoie fait chevalier, Pour ce que les maulx delaissasses Et que de bien faire pensasses (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 3). ...laquele lui dist qu'elle ne se souciast de sadite fille et qu'elle l'avoit bien mise en ladite eglise, et qu'elle pençast de gaignier pour la nourrir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 532). ...elle dist a ses femmes en riant : "Je croy que nous perdrons bien nostre temps, et qu'il n'a point encores tant de sens que il entende d'avoir dame, ne que il pensast onques d'estre amoreux ; mais au moins nous en avons ris, et encores rions." (LA SALE, J.S., 1456, 51). ...a tant se part et s'en va, et sa dame aussi, chacun pensant et desirant d'achever ce qui est proposé. (C.N.N., c.1456-1467, 193). ...tantdiz que le seigneur de leens pensoit et s'efforçoit de faire finance de pluseurs choses pour festoier son hoste, l'oste se devisoit a sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 247).

 

.

À l'impér. : Pense donc de toy affaittier, Car maintenant nous en yrons... (Mir. nonne, 1345, 333). Cousine, avant, sanz plus cy estre. Pensez de vous mettre a chemin ; Alez, devant, alez, cousin, Appertement. (Mir. enf. ress., 1353, 79). Pense d'amer et de celer, Endure et sueffre par tel voie Que tout mien te doie appeller Et qu'à toy tout seul estre doie (MACH., App., 1377, 652). Or vous en alez, et pensez de bien faire, que j'aye bonnes nouvelles de vous, et a Dieu soiez. (LA SALE, J.S., 1456, 50). Or pensez bien de vous defendre, car vous estes venue a la bataille [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 156). Et j'ay grant paour que, se nous sejournons plus, nous pourrons changier coustumes. Et pour ce, messeigneurs, je vous prie, pensons d'aller dehors et de travaillier. (BUEIL, I, 1461-1466, 150). SECOND CHEVALIER. Pour le vouloir de l'empereur parfaire, Gentil portier, pence de bien traictier Ce chevalier ; entens a son affaire, Car retourner nous fault sans arrester. (LA VIGNE, S.M., 1496, 247).

 

.

[Avec un inf. subst.] : Gentil seigneur, si bien savez la voie Par ou vous vintes, pensez du retourner ; Ne m'y venez point icy rigoler ; Allez vous en, que jamès ne vous voye. (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 56).

 

-

Penser + inf. : LA MERE. (...) Ne pence plus aultre dieu subvertir, Mais a eulx tous veille toy convertir Et en ton cas n'y aura que reprendre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 145).

 

-

Empl. pronom. Se penser de + inf. : Et pour ce que n'ay pas assez Gens contre lui, me sui pensez D'aide vous venir requerre (Mir. Oton, c.1370, 328).

 

3.

[Avec une sub.]

 

a)

[Avec une sub. en que au subj.] "Veiller à ce que telle chose se produise" : Et vous savez tout ce qu'il faut à tel fait. Pour ce vous en charge De tous poins et si m'en descharge. Mais pensez souvereinnement Qu'armez soie seürement, Et aussi que ma monteüre Soit bonne et belle et bien seüre. (MACH., P. Alex., p.1369, 235). ...Nostre Seigneur ne dit mie que sez Apostres ne deüssent labourer, mez dist que ilz ne devoient mie penser que ilz mangassent. (Songe verg. S., t.2, 1378, 229). Or pensons bien que nul ne se forvoye, Que l'ennemy en ses las ne nous lye, Pensons y bien ou nous ferons folie. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 179). Mon ami et mon cuer, je apparçoy que Monseigneur et Madame, la merci Dieu, aussi, vous ont bien en grace. Il nous fault penser que vous vous y puissiez bien entretenir, laquelle chose est en court tres forte par le faulz parler des envieux (LA SALE, J.S., 1456, 71).

 

b)

[Avec une interr. indir.]

 

-

[Avec une interr. indir. totale au futur ou au futur du passé] Penser si : Alors elle commença a penser s'elle se donneroit a cognoistre a lui tant seullement. Mais elle delibera et conclut qu'elle le serviroit encores en tel estat (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 268). Adont elle pensa s'elle iroit plus avant, car bien sçavoit que la voie estoit sceure, jassoit ce qu'elle sambloit perileuse a regarder. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 553).

 

-

[Avec une sub. interr. indir. partielle]

 

.

[Le v. de la sub. est au futur ou au futur du passé] : Quant je le vi, je m'arrestay, Et pensé en mon arrest ay Un petitet, que je feroie, Ne comment je me cheviroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 112). Moult pensa la dame a qui aucunement pourroit descouvrir son fait, si les declaira a aucuns maistres qui en celle science estudioient (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 523). En pensant de laquelle [jeune fille] il diroit, ainsin que nature desire et actrait les cuers a son semblable, se appensa de nommer une josne fille de la court en l'aige de dix ans (LA SALE, J.S., 1456, 15). Ta grand richesse et tes comblés thesors sont bien vains, lesquelx soubz perilleuses adventures, en peines dures et sueurs, as amassé et amoncelé, et pour lesquelx tout ton temps a despendu et usé, sans avoir oncques une petite et passant souvenance de penser qui sera celuy qui, toy mort et party de ce siecle, les possidera et a qui par loy humaine les devray laisser en memoire de toy. (C.N.N., c.1456-1467, 556). Qui voeult eschever les aguets et perilz de son chat quant il est mascle, si lui coupe tout jus une paulme de sa queue ; car aprés que il a quatre ans, il pense nuyt et jour comment il pourra son maistre estrangler. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 137).

 

.

[Le v. de la sub. est au subj.] : Pour ce en doubtant, Leurs raisons ensemble adjouxtant, Me taisoie en les escoutant Comme elles aloient comptant ; Et n'entendoye Qu'a penser que dire j'en doie. (CHART., L. Dames, 1416, 274). Mon frere, je vous prie que a ceste chose furnir pensons comment en puissons venir a chief, adfin que de tout l'empire soyons les gouverneurs (Flor. Octav., a.1454. In : Chrestom. R., 142).

II. -

[Marque l'élaboration par l'esprit d'un objet]

A. -

[Le compl. désigne un obj. préexistant dont on n'a pas la connaissance directe] "Se représenter qqc."

 

1.

[Le plus souvent en phrase nég.] Penser qqc.

 

a)

[Avec un subst.]

 

-

[En phrase nég.] Ne pas pouvoir/savoir penser qqc. : Nulle dolour ne se puet comparer, Ce m'est avis, à la moie dolour N'il n'est nulz cuers humeins qui puist penser La detresse de ma dure langour (MACH., L. dames, 1377, 118). ...quar chascune [chose] a parties et ne puet l'en dire ne penser si grant nombre de ses parties que encore ne soit il plus grant (ORESME, C.M., c.1377, 46). La ot si grant foison de mors Qu'on ne pot passer, pour les corps Occis, et tous jours, sanz cesser, Occioient ; ne nul penser Ne pourroit la confusion, Qui la fu, ne l'occision ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 248). ...je ne sçauroye ne ne pourroye dire, proferer ne penser ta royalle Majesté plaine de bonté, de si grant et bienheuré renom que nul homme, nul roy, nul prince ne nul seigneur vivant en ce monde ne peult attaindre ne approcher. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 297).

 

-

[En phrase affirm.] : Et la trouva la tresbonne royne Marie de Betaigne, sa mere, qui fille estoit a monseigneur saint Charles de Bloys ; dont chascun doit pensser la grant joye que elle en eust. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 189). Et se tu le diz a tel seigneur, a tel ou a tel encores, aucun d'eulz pourroit penser la cause. (LA SALE, J.S., 1456, 65). La response qu'il eut de prinsault, chacun la peut penser et savoir (C.N.N., c.1456-1467, 163).

 

-

À l'impér. : Pensez la belle pacience que ceste bonne femme eut (C.N.N., c.1456-1467, 276).

 

b)

[Avec une interr. indir. partielle] : Et si tost qu'elle dit le m'ot, Je n'eüsse dit un seul mot Pour toute l'empire de Romme ; Car nuls cuers ne penseroit comme Je perdi maniere et vigour (MACH., R. Fort., c.1341, 26). Item, en velocité, car l'en ne pourroit penser comme ce est grande admiracion de considerer la velocité ou ysneleté du mouvement du ciel, attendue la grandeur de lui et du tour ou circuite que il fait en un jour. (ORESME, C.M., c.1377, 282). Mais moult souffrirent de griefté Par ycelle voye au passer, Car il n'est nul qui peust penser Comment ce chemin est estroict, Combien qu'il soit et hault et droit, Ne qu'il ne soit lait, ne terrible, Mait tant est roite et penible Qu'a peine est il nul qui se peine De monter par la (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 120).

 

c)

[Avec le pron. neutre le] : Deus dames de tele fasson Qu'il n'est ne peintre ne masson Qui leur biauté peüst escrire, Ne bouche qui le sceüst dire, Ne cuer qui penser le peüst (MACH., F. am., c.1361, 199). Et avoit Alain de Quemeniguingamp et ses deux filz si grant joye que nulz ne le pourroit penser. (ARRAS, c.1392-1393, 66). Et quant le soir fut venus il [Saintré] ouvry le preau et la actendi Madame qui ne tarda pas longuement. Et lors la chiere fut entr'eulz telle qu'il n'est cellui ne celle qui penser le peust se amours ne leur eust fait savoir (LA SALE, J.S., 1456, 69). Des tresdouces et amiables chieres aussi que Madame a lesir lui fist ne fault plus escripre ne demander, car chascun le puet et doit bien penser (LA SALE, J.S., 1456, 173). Si la tira a part et luy demanda, comme assez on le peut penser, dont elle venoit en cest estat (C.N.N., c.1456-1467, 69).

 

2.

[Le compl. est effacé, penser se trouvant en compar.] : Qant il furent la venu, si travilliet et si fourmenet que casquns puet penser, il passerent outre la riviere a gué, moult a malaise (FROISS., Chron. D., p.1400, 132). Finablement, les delis mondains y sont telz que cuer porroit [pensser] ne langue dire, qui ne sont deveés a nulles personnes de leans. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 97). ...[il] sceut a la porte que le mary de sa dame estoit arrivé, dont il fut aussi joyeux que vous povez penser. (C.N.N., c.1456-1467, 480).

 

3.

[Dans des tours de sens passif] : ...[les deux amants] firent ce pourquoy ilz estoient assemblez, qui mieulx vault estre pensé des lysans qu'estre noté de l'escripvant. (C.N.N., c.1456-1467, 186). De quoy leurs propos furent, il se peut assez penser. (C.N.N., c.1456-1467, 418). JHESUS. (...) Quant la grant peine considere Par laquelle me fault passer, J'ay tel paour qu'i n'est a penser. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 682).

 

-

Être merveille à penser : Et i ot tant de nobleces, ce jour, que mervelles seroit a penser ne a recorder. (FROISS., Chron. D., p.1400, 181). Et fu tous li pais pilliés, courus et robés, selonc la marine, et avoient cargiet lor navie de si grant avoir de draps, de pennes, de lainnes, de filles et de vassielle que mervelles estoit a penser (FROISS., Chron. D., p.1400, 680).

B. -

"Imaginer, concevoir par l'imagination"

 

1.

[Un obj. concret] Penser qqc. "Inventer qqc. au terme d'une réflexion" : Ne hurtez plus [a l'uis de ma pensee, Soing et Soussi, sans tant vous traveiller.] Pour la guerir Bon Espoir a pensee Medecine qu'a fait apareiller (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 462).

 

2.

[Un obj. abstrait]

 

a)

[Avec un subst.]

 

-

Penser qqc. : Puet on penser chose plus digne Ne faire plus gracieus signe Com d'essaucier Dieu et sa gloire, Loer, servir, amer et croire, Et sa douce mere, en chantant (MACH., Prol., c.1377, 9). Et de toutes ces choses tu dois dire en ta confession : Sire, en toutes ces choses que j' ay cy devant nommees j' ay moult grandement pechié ; car de mon cuer je l'ay pensé et de mon mauvaix ouvraige je l'ay fait, et de ma faulse bouche je l'ay dit et semé ou j'ay peu. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 27). Et ce en avint que li dus de Bretagne pensa et imagina en son temps. (FROISS., Chron. D., p.1400, 464). Tu scez bien, mon Ame, que nostre Dieu doit avoir toute puissance et toute perfection car il doit estre la tres plus parfaicte chose que on puisse penser ou trouver : Maius quo cogitari non potest. (GERS., Trin., 1402, 159). ...et se par aucune occasion que je ne sçay ne puis penser de vostre promesse me defailliés, je me tenroye de mon veu pour tres honnestement et honnorablement quicte et delivré. (LA SALE, J.S., 1456, 107). Ha dya, Jehanne, gardés que vous dictes ; ja penser pourroit on quelque chose entre elle et moy. (C.N.N., c.1456-1467, 370). ...comme ung cheval ou ung cerf, qui, de sa voulenté, saulte une haye ou ung fossé ou rochier là où il se met ung pal ou ventre ou se romp le col et les membres pour saillir de hault en bas sans penser le peril qui lui en peult advenir. (BUEIL, II, 1461-1466, 22).

 

.

Au passif : Car li mondes est si divers, Si mesdisans et si pervers Et pleins de si fausse contrueve Qu'au jour d'ui on dit et contrueve Ce qui onques ne fu pensé. (MACH., R. Fort., c.1341, 154). "Sire, nous creons que tu ez une chose tele que plus grande ne puet estre pensee" (Somme abr., c.1477-1481, 30). Pour recompense en ton cueur soit pencee Aulcune chose dont vouldras amender, Et ta personne sera recompencee, Se tu la veulx ou daigne demander. (LA VIGNE, S.M., 1496, 255).

 

-

Penser qqc. + relative déterminative : ...je ne sçay penser ne lieu ne place ou ce se puisse faire (C.N.N., c.1456-1467, 306). ...en toute la cité je n'ay sceu penser homme qui soit plus ydoine que vous, car vous estes jeune et sage. (C.N.N., c.1456-1467, 573).

 

-

Penser qqc. + comme : [Un homme soupçonne son voisin, qui lui rend souvent visite, d’être amoureux de sa femme] Si n'estoit pas bien a son aise, et ne savoit penser comment il se pourroit honnestement de luy desarmer, [car] luy dire la chose comme il la pense ne vauldroit rien. (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

b)

[Avec une interr. indir. totale] Penser si

 

-

À l'impér. [Pour attirer l'attention du lecteur] : ...tout ce veoit a l'oeil son pouvre mary par une petite treille. Pensez s'il estoit a son aise ! (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

c)

[Avec une interr. indir. partielle]

 

-

À l'impér. : ...monseigneur est de trop legier somme, et ne s'esveille jamais qu'il ne taste après moy ; et s'il ne me trouvoit point, pensez que ce seroit ! (C.N.N., c.1456-1467, 247). Or pensez que c'eust esté si ung aultre que moy vous eust trouvez ! (C.N.N., c.1456-1467, 433).

 

-

Rare [En phrase assertive affirm.] : Elle pensa tantost ce qui estoit. [Des indices permettent à une femme de comprendre ce qui se passe] (C.N.N., c.1456-1467, 275).

 

-

[En phrase nég.]

 

.

Ne pas penser : Pour ce que Guerles n'est pas ung trop riche pays, ne si grant comme est la ducié de Brabant, ce conte [de] Guerles vint à sa terre et seignourie, joenne homme et de grant voulenté pour bien despendre, et ne pensoit point à quelle fin ses besoingnes pourroient traire fors que à sa plaisance accomplir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 144). Sy en vinrent les plaintes au duc de tant de lieux et par tant de fois que constraint s'argua et s'avisa de remède, et fit mettre en sa main tout ce que ledit conte tenoit de luy. Lequel adverty du cas s'en donna merveilles, car ne pensoit pourquoy. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 340).

 

.

Ne pas savoir/pouvoir penser... : Pour ce ne sçay penser que je feroie, Douce dame, s'en vo grace n'estoie, Fors tost morir (MACH., L. dames, 1377, 169). Sus ceste parole, li signeur d'Engleterre se consillierent ensamble et ne pooient penser ou ceste baniere se vodroit traire (FROISS., Chron. D., p.1400, 149). Dieux ! Aussi, quant m'en souvient, Je ne puis penser dont il vient A chevaliers et nobles gens D'estre ore si tres diligens De grans delices pour leur corps Avoir ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 33). ...[il] ne scet penser de quel courage, ne a quel propos elle part. (C.N.N., c.1456-1467, 294).

 

-

Empl. pron. : ...si vous ne le me feistes [un enfant] au partir, je ne sçay moy penser dont il peut estre venu (C.N.N., c.1456-1467, 128).

 

d)

[Avec une complét. en que] : En ce temps estoit le roy encores en Florence ; et s'il eust trouvé resistance à Viterbe, comme ilz cuidoient, ilz eussent envoyé des gens, et à Rome encores, si le roy Ferrande fust demouré dedans, et n'eussent jamais pencé qu'il eust deü habandonner Rome (COMM., III, 1495-1498, 123).

 

e)

[Avec un pron. interr.] Ne savoir que penser : Elle ne voit point son filz si ne scet que penser. (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...il trouva ses bons disciples sur le bord d'un fossé qui l'attendoient, qui ne seurent que penser quand ilz le voyent ainsi atourné. (C.N.N., c.1456-1467, 158). ...il cuidoit tant estre en grace que merveilles ; si ne savoit que dire ne penser. (C.N.N., c.1456-1467, 230).

C. -

"Former en soi (un projet)"

 

1.

Penser qqc.

 

-

[Avec un subst. désignant une entreprise ou le moyen de faire qqc.] : Se pensay pluseurs autres voies Non samblables, et toutes voies Seur une voie m'arrestay (MACH., D. Aler., a.1349, 259). Car Sextus Tarquinus, qui eust indignacion de ce que son pere par force ne povoit vaincre la cité de Sabine, sur laquelle estoit assiegé, cestui Sextus penssa maniere qui plus vallut a la prendre que force d'armes (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37). Lequel, pour [y] trouver expedient et convenable remede, pensa tel moien que je vous diray. (C.N.N., c.1456-1467, 441). ...devint maistre moyne amoureux d'elle, et ne cessoit de penser et subtilier voies et moiens pour pervenir a ses attainctes (C.N.N., c.1456-1467, 534). Neantmoins que le Jouvencel, luy estant prisonier, projecta et pansa la prinse de Sablé sur le sire de Raiz, ce qu'il fit. (TRING., c.1477-1483, 284).

 

-

[Avec un subst. signifiant l'évaluation morale d'un comportement] Penser folie/outrage... : Or vueille Dieu que ja si ne m'ahonte Qu'en li servant pense outrage ne honte (MACH., F. am., c.1361, 180). Certes, grant folie pensastes Quant a li plegier vous boutastes (Mir. Amis, c.1365, 35). Ha ! frére, conment fuz tu tel Que pensas telle tricherie Pour acomplir ta lecherie ? (Mir. emper. Romme, 1369, 308). ...a tort, dame, Sui accusée de meffait Qu'onques ne pensay ne n'ay fait (Mir. Oton, c.1370, 354). Jugez, amans, et voiez ma dolour ! Comment Amours et ma dame ensement M'ont fors bani de leur plaisant sejour Et esloigné de merci durement, Sans avoir fait ne pensé Envers ma dame que bien et loyauté (MACH., App., 1377, 653). Devant celledicte cité, furent lesdiz Freres .VIJ. ans a sieige, et prendre ne la povoient par engins ne par assaulx, par iceulx .VIJ. ans. En la fin les Freres penserent ung grant malice contre icelle cité (Voy. Jérus., c.1395, 92). O trechiere Enee, sedicieux et tres cruel, comment as tu eu le cueur tant desloyal de pencer une si grande traïson comme de t'en vouloir aller de ma terre soudainement, sans me le dire ? (Eneydes, 1483. In : Chrestom. R., 231).

 

.

Y penser folie/outrage... : Et, salve soit la grace de monseigneur et de messeigneurs ses oncles et de leurs consaulx, que jou aye pour la prise de Olivier de Clichon rompu ne brisiez le voyaige de mer, de ce me vueil-je bien escuser, que nul mal je n'y ai pensé ne ne pensoye au jour que je le pris ; car partout doibt-on prendre son ennemy là où on le treuve. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 17). Si que despuis l'ay cherie Et servie De cuer, de corps, de vigour, Loyaument, sans tricherie, Qu'eins folie N'i pensay ne vilonnie Fors honnour. (MACH., Ch. bal., 1377, 609). Car sans sejour ay mise ma pensée à bonne Amour faire ce qui agrée, Ne à nul fuer n'i pensasse folage (MACH., Motés, 1377, 491).

 

.

Prov. Qui (y) pense mal, bien ne lui vienne/mal lui vient : Qui pense mal, bien ne lui vieigne Dieu doint a chascun sa desserte ! (CHART., B. Dame, 1424, 344). LE PREMIER JUIF. Aman, nostre ennemy, Est dedens sa maison pendu Au gibet qu'il avoit esleu Pour Mardochée, il me souvient. LE SECOND JUIF. Par commun proverbe conclu : Qui mal y pense, mal luy vient. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 177). LE MOUTON. (...) Tondés moy dont a souhaidier, Et despoulliés ma garnison, Et puis me donnés garison, Sans mal engin, quoy qu'il avienne. LE LOUP. Qui mal y pense, mal lui vienne. Se je faulx, ne me crois jamés (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 664).

 

-

Empl. pron. Se penser de qqc. : Car bien savoit qu'en petit d'eure Lui courroient les femmes seure (...) Si se pensa de grant boisdie : Les tables commanda a mettre Es tentes et par la champestre De vins et viandes chargier, Et asseoir fist au mengier Ceulx de l'ost (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 203).

 

2.

[Avec un inf.]

 

a)

Se penser de + inf. "Former e projet de faire qqc." : Menno, le roy de Rodes, avoit plus et de meilleurs gens de cheval que ses anemis n'avoient. Lesquelx il ne povoit combattre, pour les montaignes ou ilz se tenoient. Sy se penssa de les vaincre, s'il povoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 53). Dont cestui Hasdrubal, de qui ceste histoire fait mencion, tenoit le siege a Vesasius, preffect des Rommains, au chastel de Tarente. Lequel Vesasius se penssa de decepvoir son anemi Hasdrubal (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 61). ...madamoiselle, qui actendoit son curé, ne savoit que penser qu'il tardoit tant ; si se pensa d'y envoyer sa chambriere, affin de le faire avancer. (C.N.N., c.1456-1467, 354).

 

b)

Penser (à) + inf. "Avoir l'intention de"

 

-

Penser + inf. : Li ennemis s'est envais Contre moy et m'a fait pechier, Mais voir je le pense trichier. (Mir. Theod., 1357, 86). "Dame, il est temps que nous nos metons a voiage, car ceuls que je pense amener avoecques nous en Engleterre, sont tout prest et nous atendent au pasage." (FROISS., Chron. D., p.1400, 70). Tieulx sont ses tours, ou n'a repos, Ce fait assez ! A mon propos, Si vueil oultre l'istoire escripre, Mais ne pense pas toutes dire Leur serimonies et [leurs] fais, Car mes dis n'yert jamais parfais (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 186). Plus avant ne pense je pas me bouter es debas de ceste matiere et m'en rapporte a ceulx qui ont les faiz publiques a conseillier d'en acquitter leurs loiaultez plainement. (CHART., Q. inv., 1422, 63). Et, pour ce que aise ne se peult souffrir, il y eust quelque filz de bonne mere qui dist au Jouvencel, pensant mettre quelque grant brouilliz et quelque grant debat entre le roy Amydas et lui, et lui remonstra comment il estoit trompé et que le roy Amydas avoit ung petit filz (BUEIL, II, 1461-1466, 252).

 

-

Penser à + inf. : Non feray, dame, car je pense A moy faire assez tost seignier. (Mir. abbeesse, 1340, 83). Ne le pourray j'a mechief mettre ? Oil, car je pense une lettre A faire, plaine de desroy, La quelle mesdira du roy... (Mir. st J. Cris., c.1344, 293). Nequedont que chil de Bruges, d'Ippre et de Courtrai lor fuissent contraire et rebelle, il pensoient bien tant a esploitier, et dedens briefs jours, que li pais seroit tous en une unité. (FROISS., Chron. D., p.1400, 262). Je ne pense pas tout a dire, Quanque la Bible nous tesmoigne, Trop emprendroye grant besoigne ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 139). Helas et pourquoy ne comment La me veult Fortune fortraire ? Je ne say qu'elle pense a faire Mais, s'elle m'est tousjours contraire, Je ne puis vivre longuement (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 382). ...et aussy le mect Frontin en son livre des estrantegemens, duquel j'en pensse a mettre et reciter pluiseurs en la fin de ceulx icy (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 38). Ilz commençoient, quant je partiz, à fortiffier contre la ville et rompre les saillies là où ilz descendoient leur artillerie ; et de là pensoient à batre la ville. (BUEIL, I, 1461-1466, 169).

 

-

Penser de + inf. : Icy feray ma fin, plus ne pense d'escripre, Si prie tous ceulx qui ce livre vouldront lire Que pardonner me vueillent s'il y a a redire (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 168). Ilz seront plus de dix mil et cinq cens Contre toy seul : que pence tu de faire ? Montez, bardez, armez, fors et puissans, Assez pour l'ost de l'empereur deffaire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 247).

 

c)

P. anal. [D'une chose] : ...et là se agenoilha et, toute la nuyt furent en oroison, requerant le Dieu inmortel que icelle mer se pense retraire affin de passer et, à sa priere, la mer se retira de IX piez, tant que lui et son banage fust passé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

 

3.

[Avec une sub. en que dont le suj. est coréférent au suj. de penser] "Décider de faire qqc."

 

a)

Penser que : Madame, qui de tout ce estoit tres aise, et tant plus quant le veoit si humble et innocent, l'amoit trop mieulz, pensant que se elle pouoit par bonne façon en son service l'acquerir, que elle le mectroit bien a son ploy (LA SALE, J.S., 1456, 13). ...et pour ce pensa qu'il le diroit a messire Pierre de Pruilly, auquel moult se fioit (LA SALE, J.S., 1456, 138).

 

-

Penser en soi-même que : Le roy se teust a ceste foiz et pensa en lui meismes qu'il lui vouloit aidier, et quant il fut revenu en sa chambre manda querir son tresorier et ordonna que Saintré eust Vc escus. (LA SALE, J.S., 1456, 78).

 

b)

Empl. pron. Se penser que : Si se pensa qu'il partiroit De son païs et qu'il iroit En France, pour honneur acquerre. (MACH., P. Alex., p.1369, 16). Sy ne sceust [le prêtre] que faire, de aller apprès ou de les attendre, comme ilz le avoient tresintanment requis et aussy il leur avoit promis. Sy se penssa qu'il attenderoit encore ung peu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 84). Ceste dame, comme dit est, aiant emprins, pour quelconque occasion que ce fust, de jamais plus soy marier, et non obstant ce, elle aiant son cuer en diverses pensees, entre lesquelles par maintes fois se pensa qu'elle vouloit en ce monde faire d'aucun josne chevalier ou escuier un homme renommé, et en celle pensee s'arresta totalement. (LA SALE, J.S., 1456, 6). Qui fut bien mal content, ce fut nostre homme, qui se pensa (...) qu'il jouera d'un tour. (C.N.N., c.1456-1467, 122). ...[il] se pensa qu'au plus tost qu'il pourroit il courroit a Romme (C.N.N., c.1456-1467, 285). Il [Lahire] alla courir devant, ainsi que souvent luy et ses gens faisoient, et pour ce que les Bourguignons saillirent hors de leur place bien avant, Lahire se pansa qu'il iroit courir devant (TRING., c.1477-1483, 272).

 

4.

[Avec un pron.]

 

-

[Avec un pron. rel.] : Sire, il a grant paour qui tremble. Cilz chevaliers, je croy, cuide prendre les grues en voulant. Par foy, il fauldra bien a ce qu'il pense. On ne prent pas tels chaz sans moufles. Sire roy, je vous dy qu'il a menty de quanqu'il vous a dit, car mon pere est preudoms et loyaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 59).

 

-

[Avec le pron. neutre le] Mar/mal le pensa. "Il a eu tort de concevoir ce projet" : Et comment diable, dist Gieffroy, mes deux freres et moy avons tant fait que nous avons treu du soudant de Damas et de ses complices, et ce mastin puant, qui est tout seul, tendroit le pays de mon pere en patiz ! Par mon chief, mal le pensa, car il lui coustera moult chier, car ja n'y lerra autre gage que la vie. (ARRAS, c.1392-1393, 239). ...et luy fut compteit a son hostel que le roy Charlez sy aloit prendre l'enffant Ogier, le filz Gaufroit, son frere ; et luy comptat tout le fait. Quant Doon de Natuele entendit ce, tout taint de coroche et escrie ses hommez : "Or sus tantost ! Ma[r] le pensat le roy trahiteur puelent !" (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 27).

 

5.

Au passif : "Ne fut oncques par moy penseit : les Sarasins diroient que trahis avroie leurs gens, sy seroye deshonoreiz. Maiz aultre foy, avray bien aultre volenteit." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 59). LA MOUNYERE. Les maistres de nostre moulin Sont fort amoureulx de mon corps. Sy vous faignyés aler dehors Environ vingt jours ou un moys, Nous aurions des escus de poys En leur faisant la ruze acroyre. Et puys revenés sur vostre erre, Quant de l'argent serés muny. (...) LE MOUNYER. Par la mort bieu ! c'est bien pencé. (Gent. moun. T., c.1500, 341).

 

6.

Empl. abs.

 

-

Bien / mal penser. "Avoir de bonnes, de mauvaises intentions" : Car honneur, pris et loiauté, Largesse, prouesse, bonté Avoit, avec tout ce qu'il faut A preudomme sans nul deffaut, N'il ne se pot onques lasser De bien faire et de bien penser, Car toutes bonnes gens ama, Les mauvais haï et blasma (MACH., D. Lyon, 1342, 220). Bien penser, bien dire, bien faire Et eschuer tout le contraire, Cils .IIII. poins, je n'en doubt mie, Attraient toute bonne vie. (MACH., D. Aler., a.1349, 239).

 

-

Penser contre qqn. "Intriguer contre qqn" ( (Éd.)) : ...mais comme comme le duc guerlois avoit pensé contre luy et empris de la mettre en meschief, s'avisa de la contre-pensée et de rompre tout et en petit d'heure ce qu'avoit brassé et forgié avecques les villes, et mesmes le feroit honteux et confus du mesme baston dont il le cuidoit menassier (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 176).

 

-

Prov. Fol pense et Dieu ordonne : Et avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213).

D. -

[Verbe d'opinion]

 

1.

[Opinion résultant d'un raisonnement]

 

a)

[Avec une compl. en que]

 

-

Penser que + v. à l'ind. : Et aviserent [les Français] que il departiroient lor hoost en quatre parties (...) ; car il pensoient que li desfendant ne poroient porter si grant faix que pour soustenir la painne toute jour ajournee, et pour estre en armes sans reposer, boire ne mengier, ne euls rafresqir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 661). Deux gisoient en une couche, Dont l'un veilloit qui fort amoit ; Mais de long temps n'ovrry (sic) sa bouche, En pensant que l'autre dormoit. (CHART., D. Rev., a.1424, 306). ...il s'esveilla, et regarda que son compagnon estoit levé ; si pensa qu'il estoit tard (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...quand vous penserez que la royne sera couchée, vous viendrez tout secretement (C.N.N., c.1456-1467, 193). Et, quant ilz furent venuz, il marcha, luy et toute sa compaignie, jusques à quatre lieues de là, et se arresta pour attendre aucuns seigneurs qui venoient aprez luy, lesquieulx lui manderent qu'il les attendist ; et, de paour de leur faire desplaisir et qu'ilz pensassent qu'il voulloit attribuer tout l'honneur à lui, il dissimula ce jour et fit grant folye. (BUEIL, II, 1461-1466, 115). Aussi, quant le serviteur voit que le maistre ne se veult servir de lui, il peult bien penser que le guerredon qu'il en aura sera petit. (BUEIL, II, 1461-1466, 260). Quant ungs homs fait sa jument copuler de estalon, si tost qu'il pense qu'elle a retenu, on la doibt mener en lieu ou elle voie de beaulz chevaulz et hardis, affin que sa portee prende plus vigeureuse inclination. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 139). ...lesquelz donnerent et chargerent sur le bagaige, tellement que les ennemys pensoyent que la dicte bataille se descamperoit et mettroit en desarroy, en conformant et adjouxtant foy ad ce que par autres foys ilz avoyent ouy dire des Françoys : c'est assavoir que les Françoys tenoient aux champs la plus mauvaise ordre que toutes nacions du monde. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

.

Penser en soi (même) que : ...elle, de ce advertie, pensant en soy que elle pourroit avoir en ce villenie et deshonneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 300). ...le bon compaignon sault dedans la chambre, pensant en soy que aucun mistere y avoit, qui devant l'huys l'avoit retenu. (C.N.N., c.1456-1467, 25). Elle pensoit bien en soy mesmes que si elle accordoit au prestre sa requeste, son maistre (...) s'en donneroit bien garde (C.N.N., c.1456-1467, 454).

 

-

Penser que + v. au subj.

 

.

Je ne pense pas que : Monseigneur, dist il, je vous ay ja dit comment il en va, et je ne pense pas qu'elle dye au contraire. (C.N.N., c.1456-1467, 161). ...j'ay bien tout regardé, je ne pense pas que ma langue eust la puissance de descouvrir la tresgrand infortune que j'ay si longuemen portée. (C.N.N., c.1456-1467, 93).

 

.

[Penser sous la nég., à une autre pers. et/ou un autre temps] : Ainsi fut la ville gaaignié, ne oncques deffense n'y eubt, car les hommes de la ville qui point ne pensoient que Franchois deussent faire telle emprinse estoient encoires en leurs lis. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 194). Je ne pensasse nullement, Vraiement, Que muer peüst einsi Son cuer et que departement Si briefment Feist de moy et de li. (MACH., Ch. bal., 1377, 586).

 

.

[En phrase interr., souvent rhétorique] Pensez-vous que..., Doit on penser que ? : Pensez vous que ceulx qui ont eu les grans dons de vous et les grans pourfiz, les vous doient rendre ? Mes Dieu, nennil ; mais vous defuiront (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 144). Et pensés vous pour ce, se nos rois a a fenme la serour dou roi d'Engleterre, que nous en doions mieuls valoir et estre deporté a non estre guerriiet, mais Dieus, nennil ! (FROISS., Chron. D., p.1400, 221). Quant un amant est si estraint, Comme en resverie mortelle, Que force de mal le contraint D'appeller sa dame crüelle, Doit on penser qu'elle soit telle ? Nenny, car le grief mal d'amer Y met fievre continüelle Qui fait sembler le doux amer. (CHART., E. Dames, 1425, 269). En verité, vous poursuyvez et faictes grand diligence d'obtenir ce que a droit ne sariez fournir. Et pensez vous que je ne sache bien par oyr dire quelz outilz vous portez ? Croiez que si faiz. Il n' y en a pas pour dire grans merciz. (C.N.N., c.1456-1467, 106). "...Comment, dit il, et pensez vous que je soye yvre ? - Ma foy ouy, dirent lors et le curé et les aultres..." (C.N.N., c.1456-1467, 262).

 

.

[Hors de la nég. et de l'interr.] : ...et pour ce que elle qui parle pensa que [icelli] Miserelle eust hayne aucune à elle depposant, ala par devers lui et lui dist : Miserelle, pourquoy ne daigniez-vous parler à moy ? (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 62). Je vi le temps que je souloye Vivre en espoir d'estre joyeux, Et pensoye qu'il m'en fust mieulx ; Mais je pers ce que j'actendoye. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 379). Je pense que ores Lesignien le herault soit la. Et par aventure pour moy delivrer je le trouveray sur le chemin. (LA SALE, J.S., 1456, 90). Quant damp Abbés, qui per a per de Madame estoit, vist chevaulz courir, qui fut seur ne fut il pas, car il pensa que fussent aucuns parens de Madame qui se fussent advisez de leurs amours et lui voulsissent son abit fourrer (LA SALE, J.S., 1456, 272). Monseigneur mist assez longue espace a soy deshabiller tout a propos, pensant que desja madame fust endormie (C.N.N., c.1456-1467, 75). "Mon tresbon maistre, il est vray que jasoit que pluseurs gens et vous aussi pourriez penser que je fusse homme naturel comme ung aultre, ayant puissance d' avoir compaignie avecques femme, et de faire lignée, je vous ose bien dire et monstrer que point je ne suis tel, dont, helas ! trop me deulz." (C.N.N., c.1456-1467, 94).

 

-

Empl. pron. Se penser que + ind. : Un ymage d'or moult notable Chut adont tout devant la table ; Dont Daire a plourer commença, Car moult doubta et se pensa Que c'iert male signifïance, Car en l'image avoit fïance. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44). ...quand il vit ce, il se pensa qu'il estoit heure de jouer son jeu. (C.N.N., c.1456-1467, 238). Elle veoit, durant sa maladie, ses enfans trotter devant elle, qui luy bailloient au cueur tresgrand regret de les laisser. Si se pensa qu'elle feroit mal de laisser son mary chargé de la pluspart d'eulx, car il n'en estoit pas le pere (C.N.N., c.1456-1467, 327). Si la [la vache du Capitaine] print et emmena, sans ce que ceulx de Verset y peussent donner aucun remede. Et, quant le cappitaine sceut ceste adventure, il en fut moult doullant ; car sa femme en avoit du lait pour soy nourrir et son enfant. Si se pensa qu'il la failloit rachetter (BUEIL, I, 1461-1466, 25).

 

b)

[En constr. imbriquée] : Car il est vostres tous entiers, Et si fait bien et volentiers Tout ce qu'il pense qui vous plaise (MACH., D. Lyon, 1342, 320). ...lequel Guillemin (...) il feri d'une massue en la teste, dont il le tua, en entencion d'avoir l'argent qu'il pençoit que ycellui Guillemin portast sur soy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 11). J'ay voulu avoir et user de vengence et avoir pugnicion de ceulx que j'ay seulement pensé qui m'avoient voulu mal ou mal fait, et en ay voulu avoir haultement et estroitement mon desir acomply, feust tort ou droit, sans les espargnier ne avoir d'eulx aucune mercy. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 26). Item, le samedi aprés venant, nous eumes tant allé par le met que je fuy a la vehue de le ditte cipté de Saragoce ou je ne pance qu'il eusse plus de .X. milles (CAUMONT, Voy., p.1420. In : Chrestom. R., 72). Et fist cercher par toutes les compaignies les vielles gens et ceulx qu'il pensoit qu'ilz ne peussent soustenir la peine, pour les retenir à sa requeste (BUEIL, II, 1461-1466, 168). Comment pensez tu que ma puisance doye sourdre suz et se relever, qui en tel et si bas lieu est enchainee et detenue ? (MICHAULT, Doctr. temps prés., 1466. In : Chrestom. R., 200).

 

-

[Avec ellipse de la 2e sub., dans une formule de dénégation] Je ne suis mie celui que vous pensez : Et Remondin leur respond tous honteux : Beaulx seigneurs, ferez du plat, et ne me donnez ja tant de loz, car je ne suiz mie cellui que vous pensez. Vous me recongnoissiez pour cellui aux armes blanches, mais ce ne suys je pas. Je vouldroye bien que Dieu m'eust donné la grace que je feusse si bons. (ARRAS, c.1392-1393, 41).

 

c)

[Avec une prop. inf.] Penser qqn/qqc. + inf. : Et le mena es lieux qu'il pensoit estre les plus dangereux. (BUEIL, I, 1461-1466, 203). GUILLOT. Que je l'ay dict, il n'est pas vray. Jamais n'en parlis, mon maistre. LE MARY. Vertu bieu ! que pence cy estre ? Je l'ay ouy de mes horeilles. (Retraict T., c.1490, 227). ["Que penses-tu (...) qui soit ici ?" "pour qui me prends-tu ?" (Éd.)] Et quant ledit conte sceut les nouvelles, comme soy pensant estre pur et innocent de tous crimes, esperant que justice et raison luy seroit faite, se vint rendre en la Conciergerie du Palais, à Paris, non obstant que ce fust contre le gré d'aucuns de ses amys, pour ce qu'ils savoient que ses ennemys avoient grant auctorité envers le roy, lesquelx injustement l'avoient accusé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 156).

 

d)

[Avec un inf.]

 

-

Penser + inf. : Et quant au fait de la lettre en la quele je vous estoie tenus, je la pense bien avoir acomplie tellement comme je doy (MACH., P. Alex., p.1369, 229). Le duc ne refroida pas de sa parolle, mais mist clers en oeuvre et envoya devers ceulx desquelx il pensoit estre servis et aydiez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 162). ...cuidant, par ces causes et moyens, estre remis à son premier estat et obeissance dudit roy de France, non pensant ou saichant en ce aucune chose avoir mal fait, ne en aucune maniere offendu contre ledit roy de France (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 188). ...lors commença en son cuer la joye telle qu'il ne pensoit pas estre mains riche que le roy. (LA SALE, J.S., 1456, 51). Et l'aultre, qui ne pensoit point avoir compaignon, en avoit tout au long du bras (C.N.N., c.1456-1467, 228). ...si ne savoit que dire ne que faire ce pouvre homme, sinon qu'il pensoit estre a son derrain jour. (C.N.N., c.1456-1467, 452).

 

-

Penser à + inf. : Et tous les signeurs manda et pria li rois de France, desquels il pensa a estre aidiés, car ce estoit se intension que il leveroit le siege et combateroit les Englois, et pour tant faisoit il si grandes pourveances. (FROISS., Chron. D., p.1400, 822). Et ne sui pas consilliés dou tout faire a sa devise ne a se aise, ne de eslongier ce que je pense a avoir conquis, et que je ai tant desiret et comparet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 831).

 

e)

[Avec un subst.]

 

-

Y penser mal : ...luy sembla qu'elle pourroit aller veoir son chanoine accompaignée de sa voisine, sans qu'on y pensast mal ou suspeçonnast. (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

-

Penser le contraire : Car sans li [Dieu] ne se porroit faire : Homs ne doit penser le contraire. (MACH., P. Alex., p.1369, 38). Si vouloient aler d'aultre part pillier, car le conte d'Armignac leur prommettoit qu'il les menroit en Lombardie, et le conte de Foix, qui n'est mie legier à decepvoir, pensoit tout le contraire. Tout quoys se taisoit pour veoir la fin de ceste besoingne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 188).

 

.

Penser du contraire : ...en tele maniere que n'en y avoit nul qui ne cuydast que la nef et toux quans estions dens fussions perilz et noyés et qui jamais penssace eschaper a vie. Et gens qui eussent peu veoir le maniere comment nous alloyt ne eussent pancé du contraire (CAUMONT, Voy., p.1420. In : Chrestom. R., 72).

 

-

Penser autrement : HANNEQUIN LE VALET. A iceulx [les chevaux] seray bien traictable, De cela ne vous soucïez : Avayne et fain ay proffitable ; Du surplus fïance faciez. Et si aultrement pencïez, Tenez, regardez se je mens (Il luy monstre de l'avayne en ung crible.) Je veulx bien que vous congnoissiez Que se n' est pas grain a jumens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 201).

 

2.

[Sans idée de raisonnement] "Tenir pour vrai ou probable"

 

a)

[Avec un complét. en que]

 

-

Il fait à penser que + v. à l'ind. "Il faut croire que" : Il fait assez a croire et penser qu'elle ne souffrit pas la volunté de l'Escossois pour plaisir qu'elle y prensist (C.N.N., c.1456-1467, 53). Or est chacun logé, monseigneur avec sa chambriere, et son hoste avec madame. Et fait a penser qu'ilz ne passerent pas toute la nuyt a dormir. (C.N.N., c.1456-1467, 250).

 

-

À l'impér. Pensez que + v. à l'inf.

 

.

[Dans le dialogue entre personnages] : Pensez que s'il me fust possible, vous estes celle que sur toutes je doy le plus obeïr (LA SALE, J.S., 1456, 234). Tout aussi a haste qu'il vint au monde, aussi soudainement en est party. Et pensez que j'en fuz et suis bien desplaisant. (C.N.N., c.1456-1467, 130). ...s'il est en moy de vous faire autant de service, pensez que j'aray cognoissance de ceste courtoisie. (C.N.N., c.1456-1467, 258).

 

.

[De l'auteur au lecteur (pour attirer l'attention sur un point important, en particulier dans l'économie du récit)] : ...il regarda [la malade] tout a son beau loysir, et se fist fort de la garir. Pensez qu'il fut tresvoluntiers oy (C.N.N., c.1456-1467, 34). ...il s'en vint a son seigneur et luy compta tout du long le cas du disme, comme il est touché cy dessus. Pensez qu'il fut bien esbahy (C.N.N., c.1456-1467, 221). "...Ha ! dist l'escuyer, par la mort bieu ! vous dictes voir. Saint Anthoine arde la louve !" Et pensez qu'il n'estoit pas bien content. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

 

.

Ne pensez pas que + v. au subj. : Je me metz en vostre mercy, Tresbelle, bonne, jeune et gente, On m'a dit qu'estes mal contente De moy, ne sçay s'il est ainsi. De toute nuit je n'ay dormy, Ne pensez pas que je vous mente ; Je me [metz en vostre mercy,] Tresbelle, [bonne, jeune et gente.] (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 231). Ne pensez pas que nous soyons si bestes que nous avez tenuz jusques cy. (C.N.N., c.1456-1467, 239). Ce que je pourroye faire pour vous, dist elle, ne pensez pas que je ne m'y employe de tresbon cueur. (C.N.N., c.1456-1467, 258).

 

-

[Avec effacement de la conj.] : L' ERMITE. Mes amis, de voulenté grande Iray, puis qu'il m'envoie querre. Alons. Que me veult il requerre ? Dites le moy. SECOND SERGENT. Biau pére, je pense, par foy, C'est pour conseil. (Mir. pape, 1346, 371).

 

b)

[Avec une prop. inf.] : Le clerc, pensant sa femme estre morte et la cure de sa ville vacquer, conclud en soy mesmes qu'il happera ce benefice (C.N.N., c.1456-1467, 286).

 

-

[Avec effacement de être] Penser qqn + compl. de lieu : Or avint que, le quatrime jour au matin que li Englés orent la esté logiet, il regarderent par deviers la montagne ou il pensoient les Escos, si ne veirent nului, car il s'en estoient parti a la mienuit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 146).

 

.

Ne pas être où on pense. "Ne pas être arrivé à ses fins" : Pierre le Sourt ? A, quel briffault ! Encor n'est il pas ou il pence ; Puisque si soubdain il m'assault, Il fault pourvoir a ma deffence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 513).

 

c)

[Avec un pron.]

 

-

[Avec le neutre] : Il n'en est rien, non, dit monseigneur, et estes vous bien si fole que de le penser ? (C.N.N., c.1456-1467, 113). "Et que diriez vous, dit l'autre, si vous aviez compaignon ? - Compaignon ! dist il, quel compaignon ? En amours, je ne le pense pas, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 230). LE TESMOING. (...) Mais sy vous dirai-ge, sans rire Et sans mentir, que sy on faict D'oeuvre des noces en effaict Comme on faisoyt au temps passé, Tout en est moulu et cassé. Je je jure certainnement. L'OFFICIAL. Tu le pense donc vrayement ? LE TESMOING. Ouy, monsieur, et sy le tesmoingne, Sy on faict ainsy la besongne Comme on faisoyt quant je fus né. (Mère Ofic. T., c.1500, 118).

 

-

[Avec ce neutre] : Par ce point sera il murdriz (...) Et ainsi evesque seray, Ce pense je (Mir. ev. arced., c.1341, 112). Demain, ce pens, aousterons, Si me vueil de gens pourveoir. (Mir. femme, 1368, 191). Trop bien luy jugeoit le cueur que ceste assemblée ne se despartiroit point sans conclure ou procurer aucune chose a son prejudice ; dont il n'avoit pas tort de ce penser et dire. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

 

d)

[Le compl. est effacé]

 

-

[En compar. exprimant la conformité] : Tu iés assés bien coustumiers De faire un lay, sicom je pense. Or y met bonne diligense (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 64). Si cogneut bien tantost que sa voisine avoit eu afaire de son corps, comme elle pensoit bien. (C.N.N., c.1456-1467, 265). ...pour ce que ce qu'elles avoient dit me sembloient choses toutes sans aucune raison ou bonne consequence, comme j'avoie au commencement pensé (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 116).

 

-

[En compar. de disparité] : Mais ces ici qui sont ignorans et deceüs, si tres tost que la chose est autre que il ne cuidoient ou pensoient, adonques il s'en fuyent. (ORESME, E.A., c.1370, 216). ...[ils] demourerent a Envers plus qu'ilz ne pensoient quand ilz partirent de la court (C.N.N., c.1456-1467, 397). ...si je vous aideray ; si feray par Dieu, et me deust il couster plus que vous ne pensez ! (C.N.N., c.1456-1467, 536).

 

-

[Pour rejeter l'opinion de l'interlocuteur (?)] Ne pensez pas : [Le mari reproche à son mari d'avoir cédé à un Ecossais épris d'elle] Et ne pensez pas, j'eusse trop mieulx amé la mort que d'avoir de moy mesmes consenty ne acordé ce meschef. (C.N.N., c.1456-1467, 52). [Seul ex.]

 

3.

Empl. abs. "Avoir une opinion"

 

-

Bien penser de qqn. "Avoir une bonne opinion de qqn" : ...et ne sera nul qui de tel prince puisse pensser que bien et dire. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13).

 

-

Ne/n'en penser pas moins : "...Comment, dit il, et pensez vous que je soye yvre ? - Ma foy ouy, dirent lors et le curé et les aultres. Nous n'en pensasmes aujourd'uy mains..." (C.N.N., c.1456-1467, 262). ...il se tira ung peu en arriere sans dire mot, mais en son cueur n'en pensa pas moins. (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 100).

 

.

"Avoir sa propre opinion, que toutefois on n'exprime pas" : Sus ces parolles ne respondy point le conte de Foix, mais se tourna d'aultre part, et rentra à ses gens en aultres parolles et, pour ce, ne pensa il pas moins et retouilla couvertement et grandement la besoingne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 139). Et en devisant avec damp Abbés il vist en son doy le tresbel et gros rubi balay qu'il avoit a Madame autrefoiz veu porter, si n'en dist mot, mais ja pour tant n'en pensa mains. (LA SALE, J.S., 1456, 260). Il ne sceut ce faire si celeement que sa femme ne s'en donna tresbien garde, qui n'en pensoit pas mains (C.N.N., c.1456-1467, 264). ...[il] fist une grand brassée a sa femme, et luy donna le bon jour ; et aussi fist elle a luy. Et pour ce ne pensoit point mains. (C.N.N., c.1456-1467, 369).

III. -

[Marque la présence ou la venue à l'esprit d'un contenu prop.]

A. -

[Avec une complét. en que]

 

1.

Penser que + v. à l'ind. : Le roy, qui moult l'amoit, le regarda en sousriant, comme esmerveillié en pensant que un si josne homme et de assez menue façon avoit cuer a si fortes armes emprendre a un si grant et puissant homme comme ce chevalier poulain estoit (LA SALE, J.S., 1456, 147). Mon cueur s'employe A panser qu'il me fault morir. (Pass. Auv., 1477, 110). L'homme content Par droit n'entent Trop despenser, Mais doit pencer Que Mort l'actent (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 131). Je me remembre en moy mesmes et pense Que au jugement dernier l'assistence Dieu destruyra par feu toute machine (Cene dieux, c.1492, 120). Puisque, moyne, suis divisé Du monde, conte je ne foys, Car, quant je pence maintes fois Qu'il fault aller a pourriture, L'ame me tremble plusieurs foys De sa perilleuse adventure. (LA VIGNE, S.M., 1496, 415).

 

-

À l'impér. Pensez que : Laissez aigreur et faiz contencïeux, Orgueil, fierté, vouloir ambicïeux, Affettïons, appetit vicïeux, Pensez que tout n'est que une vanité, Et que les durs et les presumpcïeux Vivent dolens et melencolïeux (CHART., L. Paix, a.1426, 420). Mere, ce seroit beau cop [l. beaucop] mieulx Que ne pancessiés plus ces paines. Pencés qu'il est Dieu glorïeux Et qu'il a graces souveraines. (Pass. Auv., 1477, 254). La fin tousjours couronne mal D'estre en degré seigneurïal. Pencez que l'Ennemy ne dort poinct (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).

 

2.

Empl. pronom. Se penser que + v. à l'ind. : En Egipte ala et trouua illec vng homme solitaire, qui menoit droictement vie angelicque, au quel homme il recita son cas. Cest homme se pensa que en Alexandrie estoit vng homme saint et deuot, qui estoit merueilleusement bien en la grace de la vierge Marie. Cest homme cy reputoit toute folie la science du monde (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 18).

B. -

[Avec une sub. en comme/comment] : Mais quant je pensay ensement Comment je l'aim trés loyaument, Et elle n'a cure de moy, Einsois me fait peinne et anoy Et me fait en dolour languir (...) J'eus tel doleur, a dire voir Que nuls n'en porroit concevoir La moitié toute ne demie (MACH., D. verg., a.1340, 17). Si que la merencolioie Tous seuls en ma chambre et pensoie Comment par conseil de taverne Li mondes par tout se gouverne (MACH., J. R. Nav., 1349, 138). Pense comment tu dois a jour morir ne scez quant, ou t'ame yra. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 40). Mais, or m'esteut la grant griefté Dire de sa mort [la mort d'Hector] et li termes De sa fin, dont piteuses larmes A peu me font le cuer fremir, Quant je bien pense et remir A la valeur de si noble homme, Si fort et si preux, pensant comme Fortune est decevable et dure (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 104).

C. -

Penser + discours direct : ...adonques l'incontinent prent la proposicion singuliere senz la seconde universele, en disant ou pensant : "ceste chose est a gouster," et ainsi il oeuvre selon ce et gouste. (ORESME, E.A., c.1370, 374). Et Dieux scet les envies qui pour ceste cause sourdent et les mautalens, et meismement en laissent, pluseurs y a, a accointier l'une l'autre et faire amistiéz ensemble pensant : se je accointoye ceste la, il convendroit que je alasse au dessoubz d'elle, et que devant moy fust mise ; si ne le pourroit mon cuer souffrir : pour ce n'yray point en sa compagnie. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 160). Mais le povre jouvencel, qui ne pensoit pas a ce ou Madame vouloit venir, ly promist et en ce faisant pensoit : "Las ! et que ay je fait ? Mes que sera ce cy ?" (LA SALE, J.S., 1456, 7). On s'entr'ayme tant à la guerre. On pense en soy-meismes : Laisseray-je ad ce tirant oster par sa cruauté le bien d'autruy, où il n'a riens. (BUEIL, II, 1461-1466, 20). En ce lieu estoit mon filz avec ceulx qui amoyent Crisis, et tres souvent se donnoit garde du corps, tout triste, et aucuneffoiz plouroit, et touteffoiz cela me pleut bien, et pensoye ainsi : Cest enfant pour cause d'un pou d'acointance et d'acoustumance porte la mort de ceste femme tant familierement ; que est i fait s'il l'eust amee ? Helas ! que fera il pour moy qui suis son pere ? (RIPPE, Andrienne, a.1466. In : Chrestom. R., 208).

D. -

[Avec un pron.]

 

-

[Avec un pron. interr.] : Hé ! lasse moy doulante, et que as tu fait, ne que pensoies tu quant tu conseillas et mis en voye de telz perilz cellui que en ce monde plus amoyes et que sur tous et toutes l'en devoies desmouvoir ? (LA SALE, J.S., 1456, 149). Dont vient cecy ? Que deable pence tu ? Veulx tu avoir a ton pere debat ? A quelle fin de venir entens tu ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 169).

 

-

Empl. pronom. : Maiz pour donner couleur a aucuns enseingneurs ou autres qui ceste matiere ont trouvee fault il dire aucune raison pour laquelle on puisse excusser cestui debat et question, et veez cy que ["ce que"] je me pense (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 406).

 

-

[Avec un pron. rel.] : Certes, et je leur respondoie Moult long de ce que je pensoie, Car toudis leur fis dou blanc noir (MACH., R. Fort., c.1341, 142). Ma dame a fait faire ce beau bourc et cette belle tour puis que vous partistes, et veez la ca ou elle vient contre vous. Adont fu Remondin moult esbahiz, et ne dist pas quanqu'il pensoit. Mais quant il lui souvint comment elle avoit fait le fort de Lusignen et chastel en si pou de temps, si ne s'en donna plus de merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 77). Qant li evesques de Lion les vei en celle volenté, il ne dist pas tout ce que il pensoit quoique ce fust li plus grans de euls tous et li mieuls enlinagiés (FROISS., Chron. D., p.1400, 525). Si ne doit avoir difference De ce qu'il [l'amant] dit a ce qu'il pense (CHART., L. Dames, 1416, 278).

 

.

Prov. : Et ainsi qu'il vaucroit par la marine et cuidoit bien estre eschappez du peril des mains des crestiens ; mais de ce que fol pense la plus grant part en demeure le plus de foiz (ARRAS, c.1392-1393, 139). Mais assez remaint de ce que fol pense (BUEIL, I, 1461-1466, 163).

E. -

Empl. interj. : JOYEULX. Et dea, de quelque grant ribault Eust monté après toy en hault Pour cuider avoir la coquarde ? BEAUCOP. Pensez, j'eusse eu belle vesarde, Il estoit jà de moy sué. (B. veoir, p.1480, 17). Pensez, on m'a bien gouverné Depuis vingt ans sans mesprison. (Sots, c.1480-1500, 278).

IV. -

"S'occuper de quelqu'un ou de quelque chose"

A. -

Empl. trans. dir. V. panser

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

Penser de qqc. : "Sire, dist li contes, pensés de vostre santé, et ne vous merancoliiés point, tant que vous en valés mains..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 785). Sire, a ce que je voy, trois de noz compaignons s'en vont en leurs affaires pour penser de leurs besongnes, combien que je ne soye point sy meschant que je n'aye bien autre part a besoignier. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 10). "Ma dame," dist maistre Hues, "j'espoir en Dieu que oy. Et je vois penser de ses viandes et d'aucuns laituaires confortatis." (LA SALE, J.S., 1456, 243). Quant une femme nourrit ses enffans, quant elle pense de son mesnage ou elle propose a le faire pour l'amour de Dieu... (OLIVIER MAILLARD, Serm., 1475. In : Chrestom. R., 220). PREMIER. Allons pencer de la besongne Et sçavoir s'il viendra plus rien. (LA VIGNE, S.M., 1496, 280).

 

-

Se Dieu n'en pense : Et au regard de moy, je n'eus oncques depuis aucune joye au cuer, car tant est fiere, orguilleuse et de mauvaise nature et mal pensant que d'elle ne vendra aucun bien ; et par ce sera tout le royaume deshonnouré, se Dieu n'en pense. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 503). Certes, se voir dire vous vueil, Prevost, c'est nostre mort escripte ; Car, se d'ardoir on les respite, Et ne faisons son mandement, Mourir nous fera laidement ; Se nous les ardons, mal sera, Car le peuple sur nous courra : Ainsi n' y puis je regarder Que de mort nous puissons garder, Se Dieu n'en pense. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 56).

 

2.

Penser d'un animal : Marie toy, mieulx en vauldras ; Femme scet bien buer et cuire, Draps filer, maisgnée conduire, Penser des bestaulx, s'elle en a (DESCH., M.M., c.1385-1403, 287). Item, que ladicte dame Agnes vous fachiez principalement et songeusement et diligemment penser de vos bestes de chambre : comme petis chienectz, oiselectz, de chambre. Et aussi la beguine et vous pensez des autres oiseaulx domesches (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 130). Et elle meismes yra, se elle est sage, souventes fois ou toit a tout une de des femmes veoir comment on les [les bêtes] ordonne, et par ainsi sera le bergier plus soingneux qu'il n'y ait que redire. En fera bien penser ou temps que devront agneler, et prendre grant soing des aigneaulx, car souvent se meurent par faulte d'en penser. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 155). ...quatre tres beaux et puissans destriers, que quatre beaus petis paiges chevaucheront tout le pas, conduiz par deux varlez a cheval qui les conduiront et en pensseront (LA SALE, J.S., 1456, 89).

 

3.

Penser de qqn

 

a)

"Prendre soin de qqn" : Plus bel enfant pieça ne vi. Si convendra penser de lui Et la garder treschierement. (Gris., 1395, 49). Or luy faictes, dit il, de bon feu, pour soy chaufer, car il en a bon mestier ; et en pensez comme du vostre. (C.N.N., c.1456-1467, 360). L'OSTE. De vous si bien on pencera Que vous vous en contenterez, Mais, tandis que tout se fera, Ung petit vous esbaterez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 207).

 

-

Penser de soi : Par droit nous devons entramer Et amis l'un l'autre clamer. Ne vous di plus, pensez de vous. Je m'en vois ; a Dieu, sire doulx ! (Mir. emper. Romme, 1369, 261).

 

b)

En partic. "Donner des soins à (un malade, un blessé)" : Li roys moult volentiers les vit Et moult amiablement dit À ses chevaliers et à tous : "Biaus signeurs, rafreschissiez vous, Car vous estes forment grevez, Et faites penser des navrez, Si tres bien qu'il n'i ait deffaut, Car certeinnement il nous faut Avoir conseil par quele guise Ceste grant cité sera prise." (MACH., P. Alex., p.1369, 79). L'autre [chose] si est que se l'un de vos serviteurs chiet en maladie, toutes choses mises arriere, vous mesmes pensez de luy tresamoureusement et charitablement, et se le revisetez et pensez de luy ou d'elle tresamoureusement en avançant sa garison (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 136).

V. -

Part. prés. en empl. adj. Pensant

 

-

"Absorbé dans ses pensées, songeur" : Par devant chou moult desiroit Que cause eüst de demourer, Or s'en desiroit a raller Pour voye trouver et querir De ses chevalliers devenir. Moult estoit tristres et pensans. (Dit prunier B., c.1330-1350, 69). Mais tout einsi, com je me delitoie En son trés dous chanter que j'escoutoie, Je vi venir par une estroite voie, Pleinne d'erbette, Une dame pensant, toute seulette Fors d'un chiennet et d'une pucelette (MACH., J. R. Beh., c.1340, 59).

 

-

Mal pensant

 

.

"Qui a de mauvaises pensées" : Et, quant il est a l'ostel, encore est il moins oyseus et moins mal pensant doit estre, quar il a assez a fere de penser de souper et de soy aysier, lui et son cheval, de dormir et de reposer, pour ce qu'il est las, de soy ressuier ou de la rousee du boys ou par aventure de ce qu'il aura pleü. Einsi di je que tout le temps du veneour est sanz oyseuseté et sanz mauveises ymaginations et pansementz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 54). Autrement pour seur vous tenez Que de gage je vous appelle, S'a Leauté ne vous rendés. Vous estes tous temps mal pensant Et plain de faulse soupeçon ; Ce vous vient de mauvais talant, Nourry en courage felon. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 66). Les cheveux noirs et crespes segnefient homme melencolieux, luxurieux, malpensant et fort large. (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 265).

VI. -

Part. passé en empl. subst. masc. Pensé

A. -

"Ce que l'on a en tête" : Quant le varlet senti le cop, si fu tous esbaÿs et se mist tantost a la voye, courrouciez et enflez, ne pas n' en osa dire son pensé. (Bérinus, I, c.1350-1370, 17). ...et puis dist Berinus: "Se m' aït Dieux, sire Gieffroy, je ne lairay mie que je ne vous die mon pensé. Veritez est que je sui moult entreprins et sanz raison, pour quoy je vous jure sur l' ame de moy que, s' il estoit nulz en qui je m' osasse fïer et qui tant fust sagies qu' il me peüst delivrer de l' empeschement ou je sui, je devendroie ses hommes liges a tousjours, et vouldroye qu' il fust sire de quanque j' ay" (Bérinus, I, c.1350-1370, 59-60). Et se tu scez lire, tu vois Que Socratès deux femmes ot, Et si leur fist le mieulx qu'il pot (...) Mais sanz cause et sanz tenir bride De raison, par leur foul pensé Depuis qu'elles l'orent tencé, Pour ce que po les poursuioit Et que trop l'estude suivoit, Et fait a lui pluseurs reprouches Et villenies de leurs bouches, Combien que riens ne leur fausist, Fallu Socratès s'en fuist (DESCH., M.M., c.1385-1403, 84).

B. -

En partic.

 

-

"Intention" : Pour ce te vueil mon cuer ouvrir Et tout mon pensé descouvrir. Je voulsisse de ta cousine Faire en lieu de Berthe royne. (Mir. Berthe, c.1373, 162). CLOTILDE. (...) Mon seigneur a fain de venir A baptesme et veult devenir Crestien (...). L'ARCEVESQUE. (...) m'en vois devers li le pas Dire li ce qu'ay empensé, Puis que dit m'avez son pensé Et son courage. (Mir. Clov., c.1381, 271).

 

.

Avoir qqc. en pensé : De le dire en pensé avoie. (Mir. Berthe, c.1373, 226). De quoi li rois de France qui faisoit son amas de gens d'armes, en envoia grant fuisson en garnison a Saint Omer, a Lille et a Bietune et par tous les chastiaus, sus les frontieres d'Artois et de Boulenois, car on ne sçavoit que les Flamens avoient en pensé (FROISS., Chron. D., p.1400, 825).

 

-

"Sentiment" : Et je me vois a genouz mettre Devant l' image nostre dame A qui j'ay donné corps et ame A lui servir, et mon pensé. (Mir. nonne, 1345, 317). Et si sachiez : Mon cuer y est si atachiez Et mes pensés tant enlachiez, Noz biens, noz maulx entrelachiez Que, sans mentir Et sans jamaiz s'en repentir, Bonne amour me fait consentir A pareilz maulx ou biens sentir Que sont les siens (CHART., L. Dames, 1416, 233).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Corinne Féron

 Article 48/89 
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     PENSERESSE     
*FEW VIII pensare
PENSERESSE, subst. fém.
[GD : penseresse ; *FEW VIII, 196a : pensare]

"Celle qui pense (à)" : Cogitatrix (...) : penserresse (Aalma R., c.1380, 71). Cogitatrix (...) penseresse (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 164).

REM. GARBIN 1487 ds GD VI, 87a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 49/89 
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     PENSERET     
FEW VIII pensare
PENSERET, subst. masc.
[FEW VIII, 196a : pensare]

"Pensée" : Car estre aimé de vous mieulx aimeroye Que de nule autre en bien, sans decevoir. Mez penserez sont en vous main et soir Par le vouloir d'Amours qui me doctrine. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 329).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 50/89 
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     PENSERIE     
FEW VIII pensare
PENSERIE, subst. fém.
[FEW VIII, 196a : pensare]

"Action de penser (péj. ?)" : Il ont oublïé le penser Et ne pensent qu'a enmasser. Si a trop male enmasserie, Quar maise en est la penserie. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 155).

REM. Cf. H. Lewicka, La Dér., 1960, 107.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 51/89 
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     PENSEUR     
FEW VIII pensare
PENSEUR, subst. masc.
[GDC : penseur ; FEW VIII, 196a : pensare ; TLF : XIII, 24a-b : penseur]

"Celui qui pense" : Si contrepenssa sus les penseurs, et ordonna secretement... (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 175). [Allusion au prov., cf. l'ex. suiv.] On dit souvent et veoir est : "bon saroient les penseurs se n'estoient les contre-penseurs". (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 307).

REM. Cf. Prov. H., 196.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 52/89 
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     PENSEUX     
FEW VIII pensare
PENSEUX, adj.
[T-L : pensos ; FEW VIII, 196a : pensare]

"Pensif, triste" : Ne soies mornes ne penseux ; Soies baux et liez et joyeux (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 95). Ces femmes que sont rechaigniez Sont touz jours mornes et correcies Et sil ne savront ja pour quoy. Penseuses sont et regroingnies. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 151). Comme doncques me feusse arresté droit la longuement, penseux [var. pensant, pensif, pensieux]... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 15).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 53/89 
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     PENSIF     
FEW VIII pensare
PENSIF, adj.
[T-L : pensif ; GD : pensif ; GDC : pensif ; DÉCT : pensif ; FEW VIII, 196a : pensare ; TLF : XIII, 24b : pensif]

A. -

"Absorbé dans ses pensées" : Si vi que dessus [l'arbre] s'esbatoit Uns gentils espriviers ramages, Et se vi bien que ses plumages Ne tenoit nul affaitement, Fors que de li tant seulement, Combien qu'il fust moult agensis. Et je qui estoie pensis Vi aussi que d'un oiselet Qu'il avoit pris tout nouvelet Qu'un petit s'en estoit peüs. (MACH., D. Aler., a.1349, 258).

 

-

Estre pensif à qqn/à qqc. "Avoir l'esprit occupé par qqn ou qqc." : ...je vous vueil Demander, pour ce que vous voy Moult pensis et ne scé a quoy, (...) Avez vous point une parole Oye (...) Que Salomon le sage dit ? (Mir. ste Bauth., c.1376, 98). Je suis aussi com cils qui est ravis, Qui n'a vertu, scens ne entendement, Car je ne sui à nulle riens pensis, Jour ne demi, temps, heure ne moment, Fors seulement à m'amour Et sans partir en ce penser demour. Soit contre moy, soit pour moy, tout oubli Fors li qu'aim miex cent mille fois que mi. (MACH., Bal., 1377, 551). Ne je ne suis onques ne nuit ne jour Que je ne soie adès à li pensis ; Car mes cuers est de li et de s'amour Par sa bonté si durement espris, Qu'elle me fait souvent, com vrais amis, Teindre, palir, fremir et tressuer Et en plaingnant sa douceur regreter. (MACH., L. dames, 1377, 96). ...Que je ne sui onques ne temps ne heure Que je n'aie penser ou souvenir De sa biauté, comment que je demeure Long de sa fine doucour ; Dont il avient souvent que pour s'amour Je sui à li si durement pensis Que je ne sçay se je sui mors ou vis. Car je pers tout le veoir et l'oïr Et le parler, quant en pensant saveure Sa tres fine douçour que tant desir À reveoir (MACH., L. dames, 1377, 149). Voirs est qu'à vous sui durement pensis, Belle et bonne, quant vous m'estes lonteinne, Et qu'en pensant souvent, comme homs ravis, Remir vos biens ; mais cis pensers m'ameinne Joieuse vie et me fait mettre en peinne Vers tous, à fin qu'en bien croisse et habunde M'amour premiers et ma dame seconde. (MACH., L. dames, 1377, 157).

 

.

Ne pouvoir estre pensif ailleurs : Ne mes loiaus cuers aillours Ne porroit estre pensis, Pour ce que c'est mes retours Et mes humeins paradis. Et s'il vuet autre deport, Je di que fois en li dort Et qu'il est d'Amours partis (MACH., Les lays, 1377, 341).

B. -

"Absorbé dans ses pensées, préoccupé, soucieux" : Et elle me fait desperer, Et s'est a tous de dous acueil Fors a moy qui pour li me dueil, J'eus tel doleur, a dire voir, Que nuls n'en porroit concevoir La moitié toute ne demie, Non pas la centisme partie ; Car tant fui en mon mal pensis Que je fui en doleur transis, Si que je ne sos ou j'estoie, Ne bien ne mal je ne sentoie. (MACH., D. verg., a.1340, 18). Et li enquis Pourquoy son cuer estoit einsi pensis. Finablement tant parlay et tant fis Qu'elle me dist tout ce que je li quis (MACH., J. R. Beh., c.1340, 115). Bien s'en est alée le pas Nostre abbesse et pensive en cuer. Certes bien est jettée en puer Sa bonne vie. (Mir. abbeesse, 1340, 84). Einsi laissai ma dame chiere, Et m'en parti a simple chiere, Tristes, pensis et souspirans, Merancolieus, desirans De venir en aucun destour Ou finer peüsse mon plour, Tant qu'a moy fusse revenus. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). Car doubte ay, dont je me marvoy, Que ses gentis cuers envers moy Ne soit irez. Dont je sui trop mal atournez, Tristes, pensis, desconfortez, Quant tous mes biens as destournez, Ne say pourquoy. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Lasse ! je voy la mon mari. Je croy pour moy est moult marri, Car je le voy pensis et morne. (Mir. Theod., 1357, 92). Si deving merancolieus, Tristes, pensis et plain d'anoi, S'au pis assez c'onques mais n'oi ; Quar vraiement j'estoie en doubte De perdre m'esperance toute. Et s'estoie flewes assés Et de maladie lassés, Ne nulz ces meschiés ne savoit, Qu'aveuc moy personne n'avoit A qui je m'osaisse complaindre. Si prins a palir et a taindre Et mes cuers trop fort a fremir, Si que j'en perdi le dormir Et le mangier, car ne manjoie Se petit non ne ne dormoie. (MACH., Voir, 1364, 86). Sachiez pour ma fille sui touz Pensis et melencolieux (Mir. st J. Paulu, c.1372, 104). ...Estre vuet seuls, mournes, tristes, pensis ; Ne puet veoir qu'on joue ne qu'on rie, Contre lui pense, et si le prent au pis. (MACH., L. dames, 1377, 67). Comment puet estre vrais amis Amans tristez et desconfis, Merencolieus et pensis, Qui dist que demeure toudis En doleur et en rage ! À son mal est si ententis Qu'il entroublie le cler vis, Par qui il est en ce point mis (MACH., Les lays, 1377, 454). Si [la dame] dist a son varlet : Arreste et attendons ce chevalier, car je croy qu'il a oublié quelque chose a la fontaine, ou nous dire partie de sa voulenté dont il n'estoit mie pour l'eure advisié, car nous l'avons veu fort pensif. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Or dit l'ystoire que tant porta le cheval Remondin, ainsi pensif et plein d'ennuy et de meschief qui lui estoit advenu, qu'il ne savoit ou il aloit, ne il ne conduisoit pas le cheval, mais le portoit partout la ou il lui plaisoit a aler, sans ce que il lui tournast le frain a dextre ne a senestre ; ne Remondin ne voit ne oit ne entent. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Tristes, mornes, mas et pensifs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 297). La fu appresté a loisir Le soupper ; si furent assis, Joyeux et liez et non pensis. (CHR. PIZ., Dit rose F.E., 1402, 94). SATHAN. Ibi loquatur judici. Juge, tu es cy tout pensif ; Que fais tu ? Te souvient il plus De ce que l'empereur laissus Te dit, il a desja longtemps, Que tous ceulx qui ne sont creans En ses dieux fussent par toy prins Et em prison estroicte mis, Sans leur donner aucung confort ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 111). ...pour rapaisier les pensifz coeurs des dames sur ce que j'ay dit (LA SALE, Sale D., 1451, 129). ...et quant il fut approuchiez de Madame tout pensiz ly dist : "Hélas, ma dame, est ce a bon essiant, ou pour moy essayer, que si feible response m'avez faite..." (LA SALE, J.S., 1456, 273). ...sans les povoir plus adviser ne regarder, triste et pensif retourna en sa maison, et seulet se rendit en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 555). Je voy qu'i sont tres grosse armee Et se sont mis en trois parties, Si requierent avoir meslee Et batailler a quelque pris. Noz gens sont matez et pensis, Que de ce y ne se doubtoyent (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 651). Et puis luy demanda où il avoit laissé sondit maistre, et ledit Voyaul lui respondit qu'il l'avoit laissé à Meun sur Yevre bien troublé et pensif. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 148). Et quant le duc de Bourgoigne le vit, il luy demanda où estoit le conte de Dampmartin ; et ledit Voyau lui respondit qu'il l'avoit laissé à Saint-Fergeau deliberé de s'en aller à son adventure là où Dieu le conseilleroit, et qu'il estoit tant pensif et courroucé que plus ne povoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 153).

 

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. (pensieu).

 

-

Pensif de qqc. : Mais toute voie Einsi venus d'aventure y estoie, Pleins et pensis des maus qu'Amours m'envoie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 114).

 

-

Pensif que. "Préoccupé que" : Je suis terriblement pensif Que je ne voy ici personne. (Copp. lard., a.1488, 158).

 

-

Empl. subst. : ...des joyeux et des pensifs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 70).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 54/89 
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     PENSIVEMENT     
FEW VIII pensare
PENSIVEMENT, adv.
[T-L : pensif (pensivement) ; GDC : pensivement ; FEW VIII, 196a : pensare ; TLF : XIII, 25a : pensif (pensivement)]

"De manière pensive" : Ainsi chevauchant devant Pensivement m'en aloie. (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 78). [GDC X, 314b ; éd. Roy, t.3, 70]

REM. Ex. d'a. fr. ds T-L et TLF.
 

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 Article 55/89 
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     PESAGE     
FEW VIII pensare
PESAGE, subst. masc.
[T-L : pesage ; GDC : pesage ; FEW VIII, 192a : pensare ; TLF : XIII, 159a : pesage]

"Action de peser, pesée ; poids de qqc." : ...en tous cas de pesaige, ly marc fait demée livre collengnis ; ly fierton est toudi appelleis fierton ; ly demy fierton fait une onche ; ly demée onche est appellée une quinzien, qui fait X esterlins, et ly demy quinzien est appelleit I setin et poise V esterlins. Et enssi poieis savoir que ly mars collengnize dont ons use à Liege, poise VIIIxx esterlins, assavoir VIII onches ; et li livre pois XVI onches. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 124). Veues lesquelles depposicions par lesquelles appert clerement qu'il y a eu erreur en l'inventoire et pesage de ladicte ferreure, j'ay dit et ordonné que ladicte ferreure sera vendue avec les autres biens dudit Cuer comme estant d'argent sans avoir aucun regard audit inventoire et pesage. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 46).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1396 et 1461 ds GDC X, 326a.
 

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 Article 56/89 
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     PESAMMENT     
FEW VIII pensare
PESAMMENT, adv.
[T-L : peser (pesanment) ; GDC : pesantment ; FEW VIII, 191a, 193b : pensare ; TLF : XIII, 159b : pesamment]

A. -

"Lourdement, de manière à peser" : Li pluseurs estoient blecié, Et s'estoient trestuit à pié ; Et si estoient moult foulez Dou chaut, et pesamment armez, Car chaut faisoit à desmesure Dessus la roche haute et dure (MACH., P. Alex., p.1369, 165). ...de tant comme leur nef sera plus pesantement chargiee et plus encombree (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 447).

 

-

"De manière à peser, à empêcher" : ...et la dame, a qui il souvient d'aultre chose, voullist estre ailleurs et le lesse faire et se tient pesantement et ne se aide point ne ne se hobe ne que une pierre. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 38).

B. -

"Lentement"

 

-

[À propos de la démarche, de l'allure...] "Lentement, avec lourdeur" : Item, le magnanime se meut et va pesanment et lentement. Et avecques ce il a grosse voiz et parle estroit a loisir et ordeneement (ORESME, E.A., c.1370, 256). Autre maniere de chienz y a qui chascent lentement et pesantement, mais de leurs aleüres ilz chasceroient tout le jour. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 131). Et lors qu'elle fut entrée en son vaisseau (...), commencèrent les mariniers à singler et prendre le chemin pour aler audit Royamme d'Escosse. Et avoit ledit seigneur de la Vère une caraque moult puissant, en quoy estoit toutte son esperance de deffence, se aucuns adversaires fussent venus pour lui envahir, laquelle aloit assez pesamment, au regard de l'autre navire. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 177).

 

-

[À propos de la prononciation] "Lentement, avec insistance" : Car la briefve sillabe veult estre prononciee legierement sans arrester sur elle longuement, et la longue veult estre prononciee pesantement et qu'il y ait plus long arrest sur elle et plus longue demeure. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 70).
 

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 Article 57/89 
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     PESANCE     
FEW VIII pensare
PESANCE, subst. fém.
[T-L : pesance ; GD : pesance ; DÉCT : pesance ; FEW VIII, 191b, 193b : pensare]

A. -

"Pesanteur, poids" : J'ay souffert mes membres detraire De grans clox et parfons fichéz, Percer mes deux mains et mes piéz, Mon chef d'espines couronner, Mon corps tout de sang randonner, Mes nerfz tendre de la pesance Et mon corps percer de la lance (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1078).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

B. -

Au fig.

 

1.

"Fait de peser (au fig.), ce qui pèse" : ...lors fu l'arbre coupé Dont la terre trembla de grant pesance Et le soleil noircy de desplaisance (Mir. Berthe, c.1373, 253). Pour ce dit il aussi que la proprieté et le droit de constance, par laquelle il entend perseverance, c'est d'avoir en toutes fortunes une maniere de gravité, c'est a dire une pesance meure et arrestee par laquelle on se doit contenir constanment, sanz ly mouvoir, ne pour prosperité ne pour adversité quelconques (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 731).

 

-

"Épreuve douloureuse" : Les autres ont tant de moleste Et de pesances et d'ennuis Qu'ilz n'ont bons jours, ne bonnes nuis (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150). Et de plus en plus lui accuert Pesance et grief mesaventure (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 256). Pesance doloreuse et noire Aux Rommains avint (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 243).

 

2.

"Affliction, tristesse, peine qui en résulte" : Lors renouvela ma pesence, Et cheï en une doubtance Si grief, si pesant et si pesme, Que de joie ne que de cresme Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Dous amis, tant ay grevance, Tant ay grief souffrance, Tant ay dueil, tant ay pesance, Quant jamais ne te verray, Que doleur me point et lance De si mortel lance Au cuer qu'en desesperance Pour toy mes jours fineray. (MACH., L. plour, 1349, 289). Si me parti de sa presance, Plain de dolour et de pesance Et sans vëoir sa douce face. (MACH., Voir, 1364, 472). [Polyphème à Galatée] Mais trop hai desdaing et pesance Que tu desprises moi, gaiant, Pour amer un chetif noiant, Accin, de cui tu te solaces, Si le baises et si l'embraces, Et moi ne daignes embracier Ne deduire ne solacier. (MACH., Voir, 1364, 642). Dame, vous et moy gart Diex d'ire Et de pesance ! (Mir. Amis, c.1365, 26). Mais la chose faite pour ignorance, de laquelle quant l'en se apparçoit l'en ha tristece, desplaisance et pesance ou repentance, elle est involuntaire. (ORESME, E.A., c.1370, 179). Tu as, ce m'est avis, pesance Des maux qu'as faiz et repentance (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 39). Dame, en qui j'ai mis toute ma fiance, À vous complein mes dous maus en chantant, Car je ne puis mon mal ne ma pesence Ne ma dolour descouvrir autrement. (MACH., L. dames, 1377, 117). C'est ce qui de joie me pait, Ce me norrit, ce me refait, C'est ce qui en mon cuer ne lait Doleur, tristece ne pesence, Tout pour l'amour dou bon parfait Qui m'a si doucement attrait Que c'est mon cuer et mon retrait, Mon bien, ma pais, ma souffisance. (MACH., Les lays, 1377, 370). Si ne puis nul mal avoir, Tant comme j'ay cest espoir Qui me fait vivre et valoir, Ne je n'ay pesence, Anoy, grieté ne souffrance ; Et se desirs trop s'avance, Douce et jolie plaisance M'est, à dire voir. (MACH., Les lays, 1377, 451). Je ay au cuer trop grant pesance, Quant je voy tieux gens foloier (Jour Jug. R., c.1380-1400, 237). A Dieu qu'il vous gart de pesance, Ma gentil dame gracïeusse. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 57). J'ay au cueur grant pesance Quant ont mys a mort ung tel homme. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 228).

 

Rem. DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 3672 ; DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 181 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

 

-

[D'une chose] Estre en pesance. "Être une source de chagrin" : Et comme ainsi soit que operacion soit dite involuntaire selon aucune tele ignorance, encore convient il avecques ce que l'operacion soit triste et en pesance. (ORESME, E.A., c.1370, 182).

 

-

"Inquiétude, souci" : TROTIM. (...) Il [Hérode] ne sceit ce c'est pour guarre Que vous entrés dedans sa terre Sans son congié, sans sa licence. TERCIUS REX. Il n'an doit ja avoir pesance, Car nous ly dirons bien la cause. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 84).

 

-

"Rancoeur, ressentiment" : Moult ot Assuaire pesance De celle desobeïssence. De s'en vengier se conseilla. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 262).
 

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     PESANDIÈRE     
*FEW VIII pensare
PESANDIERE, subst. fém.
[*FEW VIII, 191a : pensare]

"Celle qui pèse, qui est chargée de la pesée" : Je ne sçavoie Encor ma ballance tourner Quant la Vierge m'aprint la voye De la gentement demener. (...) Benoite soit la dame chiere ! Tant bien en moy se confia Qu'elle me fist sa despensiere [var. pesandiere] (MARTIN LE FRANC, Champion dames V, D., 1440-1442, 146).
 

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     PESANT     
FEW VIII 190a pensare
PESANT, adj. et subst. masc.
[T-L : peser (pesant) ; GD : pesant ; GDC : pesant ; FEW VIII, 190a : pensare ; TLF : XIII, 160a : pesant]

I. -

Adj.

A. -

Au propre "Lourd" : Adont fu une pierre ostee Qui moult estoit pesant et lee, Si le mirent sans demourer, Pour li mangier et devourer, Comme l'aignel entre les leus, Avec les lions familleus. (MACH., C. ami, 1357, 40). ...Fu pris et loiés Manassès, N'onques n'i ot autres prosès, Einsois fu menez sans pité En Babiloinne, la cité. Mais uns fers avoit si pesans Que, qui li donnast mil besans, Il ne s'en peüst deffergier. Et puis on l'ala habregier En une chartre moult obscure, Pleinne de puour et d'ordure. (MACH., C. ami, 1357, 51). Et a Sisiphus point ne grieve La grant roche pesant et grieve. (MACH., C. ami, 1357, 90). Li roys commanda qu'on l'enserre, Et qu'on le mette estroitement Uns fers en ses piez, telement Et si pesans qu'il ne s'en vole, Car mettre le vuet en géole, Ou apenre un autre mestier, Dont cure n'avoit, ne mestier. (MACH., P. Alex., p.1369, 258). Et sont telz corps plus pesans que legiers, et pour ce, il tendent en bas naturelment par simple mouvement, aussi comme feroit la terre qui seroit simple element. (ORESME, C.M., c.1377, 66). Gieffroy le fiert par telle vertu, a ce que l'espee fu dure et pesans et qu'il y mist toute sa force, que l'espee lui coula jusques en la cervelle, que oncques le bacinet ne l'en pot garantir, et l'abat a terre mort jus du destrier. (ARRAS, c.1392-1393, 235). ...et de l'autre leez est le surplus de la montaigne toute plaine et toute environnee de pierres noires et pesantes comme fer (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 142). ...elle demoura en chemin, sans se povoir ravoir, ne monter, ne avaler, quelque peine qu'elle y mist, et ce a l'occasion de son derriere qui estoit beaucop gros et pesant (C.N.N., c.1456-1467, 275). Sus, seigneurs, venés tous ayder ! Je vous dy qu'elle [la pierre] est bien pesante. (Pass. Auv., 1477, 261). Sur la terre n'a herbe ne plante, A chault et froit la laissent descouverte, Faulx et courtes parmy la terre on plante. Par dens de herces et rateaux est ouvree Tant quë Athlas soubz sa charge pesante Ont rendu las qui faisoit si grant serte, Et n'y a plus beste en terre vivante Que les humains (ne) destruissent sans desserte. (Cene dieux, c.1492, 110).

 

Rem. Fém. pesande (FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss.).

 

-

Pesante. "Gravide"

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 4844.

B. -

P. anal.

 

1.

"Qui donne une impression de pesanteur, dont la masse est imposante" : Mais li dieu si fort se courcierent Que crueusement s'en vengierent : Ne [Typhée] fu adjournez ne semons, Eins fu mis entre quatre mons Trop pesans et trop mervilleus. Tout enmi fu li orguilleus, Qu'i voloit les dieus desprisier Et li plus qu'eaus faire prisier. (MACH., C. ami, 1357, 84).

 

2.

[D'un coup] "Plein de force" : Puis traist l'espee et fiert a dextre et a senestre grans coups et pesans. (ARRAS, c.1392-1393, 161). ...grans coupz et pesans (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 843). ...et en fiert le jenne chevallier de toutte sa force sus son escu ung coup tant pesant qu'il fut constraint soy mettre a ung genouil. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 133). Le [prieur], du dos du cousteau, fiert au col de l'yvroigne ung grant et pesant cop (C.N.N., c.1456-1467, 63).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

3.

[De la nourriture] "Consistant, lourd" : C'est vïande [les hures de loup] ung peu plus pesante Que duvet n'est, plume ne liege ; Elle est bonne a porter en tante Ou pour user en quelque siege. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 95).

 

4.

[Du sommeil] "Oppressant, troublé, agité" : ST JEHAN. Choses grans misteres portans Habondanment et en grant somme Ay veües en mon pesant somme (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 659).

C. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.]

 

a)

"Lourd, engourdi" : Toutevoie je me levai Et mon vis et mes mains lavai, Car j'estoie tous estourdis, Tous pesans et tous alourdis. (MACH., Voir, 1364, 230).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 169.

 

-

"Qui manque d'énergie" : Touz jours verras le paresseux Pensant [var. pesant] et melancolieux (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 178). Et est a savoir que pluseurs causes sont par quoy un homme peut estre negligent de bien faire : une est la malice de sa complexion, qui le rent pesant, pereceus et negligent, si comme seroit un homme qui est trop fleumatique. (ORESME, E.A.C., c.1370, 198).

 

.

Empl. subst. : Vous contrefetes bien le pesant De ceulx qui sont contrefeysant Gens qui sont de lache corage. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 173).

 

-

Pesant à + inf. "Lent à" : JHESUS. O foles gens de fol penser Et encor pesans et tardis A croire les faiz et les ditz Que les prophettes par escript Vous ont denoncé et escript ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 922). [Réf. à Luc 24, 25]

 

b)

"Fatigué, las, accablé" : Je sçay bien que je ne puis mie Vivre en ce monde longuemant. (...) Je me vueil ore transmuer En mayson ; je suis tout pessant. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 105).

 

-

"Soucieux, préoccupé" : Il estoit anuyt tout pessant : Je ne sçay comme[nt] il se pourte. Va hurté ung po a sa porte Et l'esveiller toust doulcement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 87).

 

c)

[Avec une valeur positive] "Sérieux, réservé, pondéré" : Dessus celle chaire seoit Une dame, a qui bien seoit Sa maniere pesant et sage. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 99).

 

2.

[D'une chose]

 

a)

"Difficile, pénible à supporter" : Me fu vis qu'elle estoit changie, Et pensay qu'elle le faisoit Pour autre qui mieus li plaisoit. Lors renouvela ma pesence, Et cheï en une doubtance Si grief, si pesant et si pesme, Que de joie ne que de cresme Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Je li priai devotement Que de la joie et dou tourment Que li lions avoit eü, Si com je l'avoie veü, Et des bestes qui sont entour Qui li font meint pesant estour Me vosist dire l'ocoison - Car ce n'estoit pas sans raison - Et l'ordenance dou pourpris Ou je me tenoie pour pris, Se n'estoie a port de salu Par le lion qui m'ot valu, Et la vertu de la nacelle. (MACH., D. Lyon, 1342, 187). ...Quar je ne sçay Escript en vray Qu'onques cuers eüst tant De grief esmay, Si comme j'ay, Ne de dueil si pesant. (MACH., Les lays, 1377, 474). Moult fu l'enfez Jourdains liez dedens son corage Et li paiiens dolans de son pesant damage. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 282). [autres ex., cf. gloss. de l'éd.]

 

-

Estre pesant à qqn : Si me couchai dedens mon lit, Tous nus, sans joie et sans delit, En pensant a ceste aventure, Qui trop m'estoit pesant et dure ; Si m'endormi a moult grant painne (MACH., Voir, 1364, 682). ...Grant martire qui tant pensant T'estoit (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 332).

 

b)

"Grave, lourd de conséquences" : Et comme dit Tulles en son livre de Achademiques, les choses pesantes et de grant auctorité sont delectables (ORESME, E.A., c.1370, 101). ...ceste maniere de guerre n'est mie permise ne droit ne l'octroie mie, maiz en est tant pesant (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 405). C'est ung conseil doubteux et pesant Et dangereux, a mon cuider. Se d'avanture vous saillez Et contre eulx ne soyez puissant, Vous ne vous pourrez reculler De la presse bien aisement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 253).

 

c)

[Avec une valeur positive] "Exceptionnel" : De grans et de pesans merveilles (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 143). Moult ot roy Ninus noble femme Espousé, dont il est grant fame Et grant renom es escriptures, Pour les pesantes avantures, Qu'elle acheva grandes et fieres (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 182).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Poids" : ...est a entendre que tout grant blanket et li grant drap de couleur doivent estre trouvet apparilliet de 28 lb. de pesant (Drap. Valenc. E., 1344, 300). En telz cas ceste est tres petite, et pour ce n'en font compte les aucteurs qui mettent que la chose qui noe fait ceder souz elle autant pesant de eaue comme elle poise. (ORESME, C.M., c.1377, 718). La ville de Masseille donna six vingts ducatz, qui furent convertis partie en son pesant de cire à Saint-Loys, et le demourant elle en fist à son plaisir. (Roi René vie L., 1471, 353). Faictes noz trompetes sonner Pour ralyer tousjours noz gens, Et sus les murs sans sejourner Soit porté pierres de grant pesant Pour acraventer toutes gent Qui voudront monter par eschelles ; Sans espargner petit ne grant, Faictes y euvres immortelles. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 551).

 

-

Son pesant d'argent / d'or. "L'équivalent de son poids en argent, en or" : ...pour d'or fin men pesant (Hugues Capet Lab., c.1358, 87). Avant, seigneurs chevaliers ! Penons nous de prendre la cité avant que le secours leur viengne. Par Mahon, cil qui premiers pourra entrer dedens, je lui donray son pesant d'argent en tel estat qu'il y entrera. (ARRAS, c.1392-1393, 110). Mais sachiez, se vous nous voulez croire, il vous souffira d'avoir veue la tour, et en revendrez avec nous, car, quant a nous, nous n'yrons plus avant pour le pesant de nous de fin or. (ARRAS, c.1392-1393, 245). A ce besoing point ne fauldré Pour guainnier d'argent mon pesant. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 104). Mais il ne voulsist pour son pesant d'or que autre joutast a luy. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 750). Donner vouldroye mon pesant D'or fin, et vous fussiez en vie (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 480).

 

.

Valoir son pesant d'or plus de cent fois : Et il [l'épervier] de sa propre nature Se metoit a sa norriture Si a point que riens n'i failloit. Pour quoy son pesant d'or valoit Plus de cent fois, ce m'iert avis. (MACH., D. Aler., a.1349, 276).

B. -

"Mesure de poids (pour les matières sèches)" : IIIcXXII quartiers I b. et II raseaulx davoine (...) VII quartiers I demeel de fevez, VIIc pesant de burre (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 61).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     PESANTÉ     
FEW VIII pensare
PESANTÉ, subst. fém.
[FEW VIII, 191a : pensare]

(Synon. de pesanteté)

REM. Ex. du XVe s. (Trad. de Bruno de Longoburgo) ds GD VI, 121a.
 

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     PESANTETÉ     
*FEW VIII pensare
PESANTETÉ, subst. fém.
[*FEW VIII, 191a : pensare]

"Fait de peser (sur), ce qui pèse, poids" : Onerosus (...) : chargant, pesant (..). Onerositas (...) : pesanteté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 263).

 

-

[Moralement] : Gravitas (...) grieftés, pesandetés .i. ponderositas, molestia, duricia, sevicia (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 200).
 

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     PESANTEUR     
FEW VIII pensare
PESANTEUR, subst. fém.
[T-L : pesantor ; GDC : pesanteur ; FEW VIII, 191a : pensare ; TLF : XIII, 161a : pesanteur]

A. -

Au propre

 

1.

"Poids" : ...pour ce que il n'a point de pesanteur il [le feu] tent toujours en hault (CORBECHON, Propriétés, 1372, X, 4, 180 v°). Elle [la couleur jaune] segnifie oultre aussi humilité pour la grand pesandeur que l'or a, qui tousdiz par nature tend au plus bas. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 624). ...l'ame raisonnable (...), sans laquelle le corps n'est fors terre et pourreture, est detenue emprisonnée et liée dedens le corps, tant come elle y est voire si contrainte et empeschiée par la pesanteur et rudece du dit vaissel, qu'elle n'a povoir fors en bien petite partie d'user de ses propres inclinacions et vouloirs (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 19). ...par la pesanteure de l'eaue et des mesons et mesriens qui descendoient à bas, les pons (...) s'en alerent aval ladite riviere. (CAGNY, Chron. M., 1436, 229). Pensez que je ne puis porter Ceste croix pour sa pesanteur. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 185). SCIENCE. Quant ung cerveau est refroidé Les humeurs a cop s'en descendent Tant que les oyes sourdes rendent. Or des peusanteurs et des fes Je te supposeoie estre faiz Sourt. PARIS. Sourt ? A cela ne pensez La Dieu merci, j'os cler assez. (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 44). Item par les trois doigs desquelz est soustenu et pendu comme en une balance la grosseur et pesanteur de toute la terre. (Somme abr., c.1477-1481, 125). Aultre espesse est de flume fort grosse blanche appellee flume gipse, et est flume de laquelle les parties soubtiles sont resoluees a cause qu'elle a demouré es joinctures longtemps et les parties grosses ce sont lapidifiés, et icelle flume fait le podagre nodeuse et le ciragre incurables. L'autre espesse est flume vitreuse et est flume grosse semblable a voir liquide en couleur, viscosité et en pesandeur. (Rég. santé corps C., 1480, 139). Dessus ce pont a grans volees Vindrent chacer leurs adversaires, Puis la pesanteur frusa les pees, Dont en l'eau trestous trebucherent. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 531).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss.

 

2.

[Comme propriété]

 

a)

"Propriété de ce qui a du poids" : Et touz corps sensibles ont pesanteur selon Democritus ou, au moins, la terre et l'eaue, si comme Plato meisme diroit. (ORESME, C.M., c.1377, 592).

 

-

Faire pesanteur. "Avoir un certain poids" : Car il disoient que .II. poins ou .III. mis ensamble ne poisent rien, mais quant il sont en grant multitude, il font pesanteur. (ORESME, C.M., c.1377, 594).

 

b)

"Lourdeur" : Item, ceste dominacion est a entendre quant as qualités motives lesquelles sont gravité et levité, ce est a dire pesanteur et legiereté. (ORESME, C.M., c.1377, 66).

 

c)

"Puissance, force (d'un coup)" : ...pour la pesanteur des horions les deux chevaulx creverent illecq (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 52). ...par la pesanteur du cop... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 253).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

3.

MÉD. "Lourdeur (ressentie)" : ...quant elles sont austrines cotidianes, elles dissolvent les corps, les amoistissent, font douleur du chief, grevent l'oye, font advertin, engendrent pesanteur en tous les membres, font les ventres moistes. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 68).

B. -

Au fig.

 

1.

"Caractère contraignant de qqc. (d'une nécessité physique)" : Or ie te pry considere se tu ne te dois pas humilier en ceste vraie congnoissance de toy quant tu vois clerement ton ame chargee de pechiez, aggrauee de la pesanteur de ce corps mortel, intriquee et enlassee de cures et sollicitudes terriennes (CIB., p.1451, 198). ASTANÏUS [un soldat]. Ainsi, nous dormans d'aventure Pour la pesanteur de nature Qui ne peut pas tousjours veiller, (...) Sont venuz, de fait et de force, Prendre le corps comme a mynuyt (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 909).

 

2.

"État d'accablement" : ...car l'Anemi, en tant que il puet, si se efforce d'anduire lez creatures humaines a oppynions faulses et vaines, et quant il scet que l'amy d'aucun a infortune en lointain paÿx, il tourmante celluy de tritesse et de pesenteur, en celle heure que son amy a a souffrir, afin que il tiengne, aprés, que celle pesenteur ou tritesse luy soient advenues naturelment, pour celle fortune de son ami. (Songe verg. S., t.1, 1378, 400-401). Et tant se lamenta et complaindist que par force de traveil et de pesandeur elle s'endormist auprés de ses enffans. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 129).

 

3.

"Qualité d'une pers. qui sait peser les choses" : ...cruaulté est propre a l'eage de juenesse, honorableté et poisanteur de manieres est propre a virilité (PREMIERFAIT, Vieillesse M., 1405, 93).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 63/89 
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     PESANTIE     
FEW VIII pensare
PESANTIE, subst. fém.
[GD : pesantie ; FEW VIII, 191a : pensare]

Région. (anglo-normand)

A. -

"Sensation de lourdeur" : ...adonqes le gette [le pied] cele peresce par sort en une pesantie de dormir, si qe n'ad talent d'aler en nule bone part (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 80).

B. -

Au fig. "Poids" : ...vous faisoms savoir q'a la fesance de cestes noz lettres nous estoioms par la grace de nostre seignur en bone sauntee du corps et en toute quiete, aise et prosperitee, si ne feusse le grevous pesantie de la mort de nostre treschiere compaigne la Roine (Lettres agn. L., 1394, 48).

 

Rem. AND, s.v. [peisantie].
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 64/89 
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     PESANTIR     
FEW VIII pensare
PESANTIR, verbe
[T-L : pesantir ; GD : pesantir ; FEW VIII, 191b : pensare]

"Devenir pesant" : Nulle moisteur en eulx n'avoient [les anges], Ne sceurent de quoy pesandir Ne de quoy leur fait refroidir. De tel matere se sentoient : Legiers furent, de nient estoient. L'ange pour muer n'eust de quoy ; Pesandeur, moisteur n'eust en soy (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 72).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 65/89 
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     PESANTUME     
FEW VIII pensare
PESANTUME, subst. fém.
[T-L : pesantume ; GD : pesantume ; FEW VIII, 191a : pensare]

"Masse, poids, charge ; pesanteur, lourdeur" : Moles : pesantume vel fes ["faix"] (Abavus IV, R., c.1350, 399). S'il boit ce n'est pas telement Qu'il coure plus isnellement, Et qu'au labour se rappareille, Fors pour la soif qui le traveille, Car l'eaue engendre pesantume. (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 49). Le ciel est legier par coustume, N'en soy n'a point de pesantume. (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 204). ... grauedo (...) gravitudo (...) : pesentume, griectez ou impregnancion (Aalma R., c.1380, 173).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 66/89 
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     PESANTURE     
FEW VIII pensare
PESANTURE, subst. fém.
[GD : pesanture ; FEW VIII, 191a : pensare]

A. -

"Pesanteur, poids" : ...par la pesanteure de l'eaue et des mesons et mesriens qui descendoient à bas, les pons (...) s'en alerent aval ladite riviere [ou forme du mot pesanteur ?]. (CAGNY, Chron. M., 1436-1438, 229).

B. -

"Sensation de lourdeur" : [La Vierge] En portant sans dolour ne pesanture, en l'enfanter sans traveil, aprés et pardurablement sa digne serrure et le seau de flourie virginité... (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 181).

V. aussi pesantume
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 67/89 
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     PESÉ     
FEW VIII pensare
PESÉ, subst. masc.
[FEW VIII, 189a : pensare]

"Ce qu'on a pesé en une fois, pesée" : Et si te di que tout aussi Fas comme la balance qui Sa lengue encline celle part Où du pesé [var. peser, pesant] a plus grant part (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10066). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 68/89 
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     PESÉE     
FEW VIII pensare
PESEE, subst. fém.
[T-L : pesee ; GDC : pesee ; FEW VIII, 191b : pensare ; TLF : XIII, 163a : pesée]

"Quantité pesée en une fois"

REM. Doc. 1331 ds TLF ; ex. de 1344 ds GDC X, 327b.

V. peser
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 69/89 
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     PESEEMENT     
*FEW VIII pensare
PESEEMENT, adv.
[*FEW VIII, 191a, 193b : pensare]

"Posément (au risque de peser)" : Si estoit le roy assis en sa chaiere de magesté (...), adestré et acostoié des princes et seigneurs de son sang (...) ; et assiz droit la, fit convoquier tous estrangiers et estre a la responce rendre, afin que la teneur en fust divulguee par l'univers monde (...). Et alors le chancelier de France (...) en hault commença lire a trait et bien peseement ce qui s'ensieut. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 189). Lesquelles [responces] leues par la bouce du chancelier de France bien peseement et par grant arrest (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 209).

V. aussi posément
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 70/89 
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     PESEL1          PESEL2     
*FEW VIII pensare
PESEL, subst. masc.
[T-L : pesel1 ; GD : pesel2 ; *FEW VIII, 192 : pensare]

"Balance"

REM. Doc. 1427 (pesiaux) et 1431 (pesial) ds GD VI, 124a. Peut-être même mot que pessel ds le second doc.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 71/89 
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     PESEMENT     
FEW VIII pensare
PESEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : pesement ; GD : pesement ; FEW VIII, 192a : pensare]

"Action de peser" : Libratio (...) : poisemens, balanchemens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 274). Libratio (...) : poysement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 198).

Rem. Ex. d'afr. ds GD VI, 124a.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 72/89 
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     PESER1          PESER2     
FEW VIII pensare
PESER, verbe
[T-L : peser ; GD : peser/pesant ; GDC : peser/pesant ; DÉCT : peser ; FEW VIII, 191b : pensare ; TLF : XIII, 163b : peser]

I. -

Empl. trans. [Objet externe désignant l'objet à peser]

A. -

"Déterminer le poids de qqc., en le comparant à un poids pris comme unité de mesure" : Et qui ["qu'il"] ne soit nuls si hardis qui poiseche nulle denrées appertenans à l'eswart de le craisse (Vie urbaine Douai E., t.4, 1353, 353). ...ilz arresterent en la rue de la Vennerie, en l'ostel d'une femme qui serence chanvre, à laquelle femme icellui homme emprumpta un pois, illec pesa ladite tasse d'argent, et dist lors à lui qui parle que icelle tasse il ne donnast aucunement pour moins de quatre livres parisis (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 345). Nature donc les tient [les quatre éléments] en ses lyens, qui les poise et les mesure et les ordonne, chascun en son lieu propre et convenable aussy a sa nature, les legiers au plus hault devers le ciel et les pesans en bas. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 67). ...après ce que je leur avoie fait faire serment solennelment que bien loyaument et justement à leur povoir priseroient et peseroient les choses dessusdictes. (BAYE, I, 1400-1410, 177).

B. -

Au fig. [Idée d'importance]

 

1.

Peser qqc.

 

a)

"Examiner qqc. avec attention, considérer qqc., soupeser qqc." : Li oisiaus fu aparilliez Et en la main dou roy bailliez, Et li roys en l'eure le prist. Or diroit aucuns qu'il mesprist, Car en tel maniere en ouvra Que la teste li dessevra Tantost en l'eure de son corps - Einsi m'en fu fais li recors - Et le geta sans nul respit Jus a la terre par despit. Dont tuit cil qui ce fait veïrent A merveilles s'en esbahirent, Et moult le damage peserent. Si ot de telz qui en parlerent, Nom pas qu'il eüst fait outrage, Mais en regretant le damage. (MACH., D. Aler., a.1349, 358). Quant il [le roi] ot finé sa parole, Qu'on ne tint mie pour frivole, Einsois fu moult bien escoutée, D'eaus tous et pesée et notée (MACH., P. Alex., p.1369, 80). Tiercement, je dy que en ceste matiere l'en doit penser et peser d'une part la prouchaineté du lignage, la vertu ou valeur de la personne et les biensfais ou benefices que l'en a receüs de luy. (ORESME, E.A.C., c.1370, 461). ...Les parties Des raisons qui cy proposees Nous ont esté, soient pesees Par mon conseil, qui ordener Bien en sara et discerner Tel droit comme il y puet avoir. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 258). ...ne soiez ja si presumptueux de cuider que le chevalier la vous laisse mener sans la defendre. Pesez, pesez voz vouloirs desraisonnables et le grand mal que vous voulez commettre a petite occasion. (C.N.N., c.1456-1467, 549). Et en escrips volentiers, afin que tous nobles, cy-après, poisent et balancent leur honneur, apprennent à demander et à taire, apprennent premier à valoir que à demander, premier à déservir que à obtenir. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 99).

 

-

Peser à drame. "Examiner avec la plus grande minutie, le plus grand soin, la plus grande attention" : Justice dois faire a toute ame Et si la dois peser a drame, C'est a dire si lealment Qu'a tous soit faitë egaument (MACH., Voir, 1364, 476).

 

.

À tout conter et bien peser à drame : ...mais tien pour le millour Qu'a tout compter et bien peser a drame Je voi assés, puis que je voi ma dame. (MACH., Voir, 1364, 588). ...à tout conter et bien peser à drame, Je voy assez, puis que je voy ma dame. (MACH., Bal., 1377, 562).

 

-

Peser à la balance de + inf. : Non merveille si le roy mort a pesé à la balance de luy mouvoir estrif et d'avoir contenu son courroux en boiste par mongue délayance (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 113).

 

-

Peser par contrepoids. "Examiner à plusieurs reprises" : ...de ses edis pesez par contrepoix (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 354).

 

-

Peser que. "Considérer que" : ...car nous peson et mecton que despense soit donacion. (ORESME, E.A., c.1370, 236).

 

-

Empl. pronom. : ...chascun mot se poise a la balance De bon conseil (BRÉZÉ, Louanges Anne France T., c.1488-1490, 65).

 

b)

"Accorder du prix à qqc." : Mais por ce ne fait pas li fais mains a peser, Mais adont le doit on plus hautement loër (BRIS., Restor paon D., a.1338, 106). ...car en tele amistié, l'en ne doit pas moult peser l'affeccion du donnant pour ce que il entent principalment a son proffit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 448). Sy devez sçavoir que celle jouste fut moult pesee ["appréciée"] des dames et des chevaliers et que les deux chevaliers faisoient moult a loer. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 253).

 

-

Peser le fait de qqn. "Prendre fait et cause pour qqn, avoir soin des intérêts de qqn" : Et alors le seigneur de Croy, qui beaucoup pesoit le fait de son maistre, respondy : ... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 23). ...car, comme connestable de France, devoit peser le fait du roy, comme gardant son honneur (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 356).

 

2.

Peser qqn. "Prendre qqn en compte, tenir compte de qqn" : ...en ceste considération et en ceste hautesse, [Louis XI] pesa peu, ce sembleroit, le duc de Bretagne (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 6). ...[le duc de Bourgogne] estoit celui en qui cestui maleuré prince [le duc d'Alençon] se fioit pour cause de sa preudommie et bonté, tant aussy pour cause que le roy au plus tard et au plus dur, ce luy sambloit, luy feroit refuz de ses requestes, non pas par amour que avoit envers luy, mes par ce que le scentoit estre cely de son royamme le plus a peser. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 121).

 

-

Se peser. "Se donner un air important" : S'elle est grave, s'ele se poise (...), S'elle est fiere... (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 140).

II. -

Empl. trans. [Obj. interne]

A. -

[Obj. interne indiquant le poids] "Avoir tel ou tel poids" : Uns telz fers vous seront lassez, Sire, par les piez et les mains Qui poisent bien deux cens du moins (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169). Et en ce cas appert que tout ce cors infini ne pesera que une livre (ORESME, C.M., c.1377, 110). ...un pain de cire pesant environ livre et demie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 50). ...consideré que la fonture trouvée en la possession dudit prisonnier pese VIIJ mars d'argent et plus, ce que ne pevent peser lesdites quatre tasses, au regart des deux tasses d'argent par lui cogneues cy-dessus avoir vendue (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 404). Et avoient trouvé que ladicte croix et pommeau d'icelle pesoient VJ mars, J once, XVIJ estarlins et obole, et le baton d'icelle pesoit IX mars IIJ onces et demie (BAYE, I, 1400-1410, 177). Il sera dit que la Court a moderé et modere les arrerages desdis IIJc grans pains blans, dont chascun pain doit peser XXXIIIJ onces cuit (FAUQ., III, 1431-1435, 48).

B. -

Peser autant / plus que

 

1.

Au propre "Être aussi / plus lourd que" : Li plus chargiés plus pesera [Contexte métaph. ; éd. : "dans la balance du Jugement"] (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 115). Ha ! ma dame, vraiement cest harnois poise plus que le mien, mais il me souffist puis que je l'ay gaynié. (LA SALE, J.S., 1456, 294). Ce beau cheval au partir je vous donne : De chevaulcher je le vous habandonne, Car il vault d'or quasi aultant qu'il poise (LA VIGNE, S.M., 1496, 192).

 

2.

Au fig. [Idée d'importance] "Avoir autant / plus d'importance que" : Et ces choses poisent plus que toutes les raisons que telz docteurs mectent au contraire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 456).

III. -

Empl. trans. indir.

A. -

Au propre [D'une chose]

 

1.

Peser sus qqc. "Exercer un certain poids sur qqc." : Et pour ce, se une goute ou porcion de eaue estoit ou centre et autre chose plus pesante ne fust par desus elle et qui la compremsist ou pesast sus elle, ceste eaue reposeroit illeques naturelment, car a ce lieu pourroit elle estre meue naturelment selon le cas devant mis en la penultime rayson. (ORESME, C.M., c.1377, 706).

 

2.

Peser à qqn. "Exercer un certain poids sur qqn" : DEUXIESME SERGENT. (...) par touz noz dieux, Je ne fu onques mais portant Chose qui me pesast autant Com ceste a fait. (Mir. Clov., c.1381, 243). RACHEL. Je sens le ventre qui me poise Tant est fort plein (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 229). ...la teste luy poise ["lui devient lourde, il lui faut la baisser"] (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 39).

B. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers. ; idée d'importance] Peser sur qqc. "Examiner qqc. avec attention, considérer qqc., soupeser qqc." : ...ne de luy faire faire légèrement ce sur quoy il pouvoit et devoit longuement peser ains le faire. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 404).

 

2.

[D'une chose ; idée de désagrément] Peser à qqn.

 

a)

"Être pénible, insupportable à qqn" : Car se demie morte fust Et si prés de lui me sceust, Son mal point tant ne li pesast, Que ne m'acolast et baisast. (Mir. Berthe, c.1373, 214). ...une [seule] chose (...) me donne ung petit et legier empeschement a mectre a execucion ce dont la dilacion aigrement me poise (C.N.N., c.1456-1467, 574). Ce poise moy que doleur te deffait. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 634). DOYEN. Ad ce mon corps vous complaira, Car le faict me poise trop fort, Lequel pas ne vous desplaira Quant sçaurez de mon cas l'effort. Vous sçavez le grant desconffort En quoy est la ville de Tours Pour ce que Mort, par son renffort, Du pasteur abat les atours (LA VIGNE, S.M., 1496, 404). Et moult me paiseroit que ceulx qui m'ont mon enfant ainsi trahyteusement transporté s'en allassent sans ce qu'ilz eussent comparé la follie qu'ilz ont faicte (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 239).

 

-

[Constr. impers.] : Et se je faiz semblant d'avoir grant ire, Si poise moy si m'en peusse tenir. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 392). Gayus Mayus respondoit a ung grant Almant, qui l'appelloit de combattre corps a corps : se il me pesast de vivre, j'ay bien ung coustel, ou je eusse bien pieça trouvé une corde pour moy ochirre. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62). M'amye, je ne vous puis celer ma folie, dont beaucop il me poise que jamais l'entreprins (C.N.N., c.1456-1467, 77).

 

-

Ce / il me pese de / de ce que / dont : De son ennuy me poise monlt. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 179). N'est il donc alé autrement ? N'est pas faicte nostre besoigne ? Ce me poise dont tant s'esloigne, Car ce nous tourne a grant contraire. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 61). ...si me poise de ce que je vous ay courroucé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 94). Prine, dict le benoict sainct, De la fortune me poise. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 212). Et non mie fera si comme nous veismes une fois - et n'a pas moult - de noz yeulx avenir, dont moult nous pesa, a une court du monde de prince ou de princepce que ce fust (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 79). Or suisie [l. suis je] contrainct de dire verite, dont il me poise (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 10). Ce poise nous de vostre malheur (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 146). Dont ce poise moy toutevoies que la pité du cas me constraint d'en escrire. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 325). PILATE. (...) Et saichés que me poisse fort De ce que les Juifz l'on mys a mort, Et saichés de voir sen mantir Qu'onque sa mort ne porchassir, Mais le delivrer il me plaisoit. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 124).

 

b)

[Idée d'importance] "Importer à qqn" : ...Ceulx aussi a qui ton fez poise (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 49).

 

-

Qui qu'en poist. "[Littér.] Quel que soit celui à qui cela importe" : Li fors rois de Behaigne en prison vous tenra, Qui qu'en poist ne qui non (Voeux héron G.L., c.1346, 86). SATHAN. Il sera nostre qui qu'en poit. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 106).

IV. -

Empl. intrans.

A. -

[D'une chose] "Être lourd, faire sentir son poids" : ...il [le foie] poise et chiet (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 320). Qu'elle poise ! Je ne puis pas Porter ceste croix tout fin seul. (Pass. Auv., 1477, 193).

 

-

[Avec un adv. comparatif] : Et donques ne soufist il pas dire que les corps sont equalment pesans qui sont de equalz nombres des premiers corps indivisibles, car touz corps peseroient equalment qui seroient de equale quantité. (ORESME, C.M., c.1377, 662).

 

-

[Avec un adv. d'intensité] : ...et moult voulentiers l'eust enterré s'il peust oncques, tant pesoit il. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 50). O mort sure et mauvaise, Tant ton fardeau pesant a porter poyse ! (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 96). Ce fardeau terriblement poise ; Aydés moy ung peu a charger. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 9).

 

-

[De la main qui porte un coup] : Ennuit sçauras que ma main poise ! (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 102).

 

-

[Du cerf] "Laisser une trace profonde et nette" : Et aussi, s'il voit qu'il [le cerf] poyse bien et ront bien la terre et presse bien l'erbe, c'est signe qu'il est grant cerf et pesant. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 155).

 

-

[D'une pers.] Peser dessus. "S'appuyer là de tout son poids" : On doit ferir le sangler, avant qu'il fiere, par devant le piz de son cheval a la droite main, et doit on ferir grant coup et se laissier trestout peser dessus. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 235).

B. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers. ; idée d'importance] "Examiner avec attention, soupeser" : Il [Mercure] poise, il bicque, il scet l'arismeticque (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 378).

 

2.

[D'une chose ; idée de désagrément] "Être pénible, insupportable à qqn" : Tu m'as engendré griefve noyse, Que tant poyse Que je ne le puis supporter. (Pass. Auv., 1477, 246).

V. -

Part. prés.

A. -

Part. prés. en empl. adj.

 

1.

Au propre

 

a)

"Lourd"

 

-

[D'une pers., d'un animal] "Lourd d'allure" : Mais viellesce vint en la fin A ce chien, si devint pesans (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 169). Cedit jour, monseigneur Loiz de France, ainsné filz du Roy nostre Sire, Dauphin de Viennoiz et duc de Guienne, moru de l'aage de vint ans ou environ, bel de visaige, suffisamment grant et gros de corps, pesans et tardif, et po agile (BAYE, II, 1411-1417, 231).

 

.

[D'une femme, d'une femelle] "Enceinte, gravide" : A grant peinne prent on regnarde preigns, car, quant elle se sent preigns et pesant, elle demeure tousjours environ ses tesnieres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 99). JOSEPH [à Nostre Dame]. (...) Encor vous, qui estes pesante, N'avez de grant travail mestier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 68).

 

-

[D'un objet matériel] "Lourd" : Onques mais n'aiday a porter Corps si pesant con cesti ci (Mir. roy Thierry, c.1374, 286). Et dit que yceulx quatre nouëz estoient bien aussy gros et aussy pesans comme ceulx qui bailliez lui furent à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430). ...mais pour faire vaisselle et autres grans et pezans ouvrages d'or, lesdis orfevres ne les pevent faire sans congié du Roy (FAUQ., II, 1421-1430, 233). Et Mars aprèz, au vray compter, Qui trop est sec et forment chault, Les embrase par tant en hault, Dont descendent, pour la matière Estant pesant plus que légière, En forme de pouldre ou de cendre (LA HAYE, P. peste, 1426, 27). ...la terre (...) le plus pesant de tous les quatre ellemens. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 76).

 

-

[D'un coup donné] : Maiz en la fin luy donat Ogier ung cop pesant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 108). Ilz s'entrefierent sur les heaulmes, sur les haubers et sur les escus grans coups et pesans (Chev. papegau H., c.1400-1500, 47). Adont il devalle l'espee et en fiert le jenne chevallier de toute sa force sus son escu ung coup tant pesant qu'il fut constraint soy mettre a ung genouil. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 133). ...et s'entredonnerent mout pesans coups. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 859).

 

-

S'armer trop pesant. "S'armer trop lourdement" : ...vous vous armés trop pesant, Tant que quant estez tout armez, En pou d'eure estes foulez (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 26).

 

b)

"Ayant le poids de"

 

-

Pesant de. "Ayant le poids de" : Parmy icelui tonoirre tumba une perre de glace, pesante de deux cens L livres et plus (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 165 r°).

 

-

[Avec un compl. introduit par la prép. à (À tant "avec tant")] : Et sur iceluy avoit ung grant cierge pesant a deux cens livres de cire et plus (LA VIGNE, V.N., p.1495, 302).

 

-

D'argent pesant. "Pesant son poids en argent" ; d'où "d'argent pur" : ...pourquoy le roy lui envoya sa courone dès ce qu'il fut entré en son païs et lui fist presenter cent mille livres d'argent pesant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°).

 

2.

Au fig. [D'une pers.]

 

a)

[Idée d'importance] "Qui examine les choses avec attention, qui fait la part du pour et du contre" : Pesant et meür estre doit (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 30).

 

-

"Hésitant" : Cousine, je me sench pesande Pour les parolles que vous dittes. (...) Je ne sçai se j'ai droit ou tort, Mais or me dittes vostre avis. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 331).

 

b)

[Idée de désagrément] "Qui est ou qui semble accablé, las, sans vivacité" : Touz jours verras le pareseux Pensant [var. Pesant] et melancolieux (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 178). ...vieulx, chetifz, matz et pesans (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 71). ...se le pacient est pesant aprez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 318). La bonne dame [qui ne s'est pas réveillée à l'heure], qui eust honte d'avoir tant jeu, ne sceut que dire, fors qu'elle estoit moult pesante, et tellement qu' elle ne le sceut dire. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 107). ...triste et pesant (Berg. agn. France L., 1485, 22). Le fleumatique a nature d'eaue, froit et moite ; si est triste, pensif, paresceux, pesant et endormy (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 265). ...nous voyons qu'ilz [les corps célestes] causent toute generation et corrupcion et qu'ilz inclinent et disposent les corps des creatures à plusieurs passions, les ungs à chault ou à froit, à estre ligiers ou pesans, melencoliques ou joyeulx, sains ou malades et à plusieurs autres choses très utilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°). Lors, tout pesant, convint prandre repos Dessoubz ung saulx, contraint a sommeiller (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 52).

 

3.

Au fig. [D'une chose]

 

a)

[D'une affaire, d'une question, d'un procès... ; idée d'importance] "Important, grave" : Tous lesquelz, veue ladite accusacion faite contre ledit hermite (...), la matiere qui estoit grande et pesant, delibererent et furent d'oppinion que pour savoir plus à plain par sa bouche la vie et estat dudit hermite, et aussi desdites herbes et poisons, qu'il feust mis à question (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 316). ...furent iceulx conseilliers d'oppinion que sur ledit procès l'en eust plus à plain conseil et advis à saiges, afin de faire et proceder en ceste matiere, qui est grande et pesante, et dont les cas ne sont aucunement advenus dont ilz ayent eu cognoissance (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 339). ...pour ce qu'il avoit aucuns procès ceans moult grans et pesans (BAYE, I, 1400-1410, 186). ...pour ce que c'estoit moult grant et moult pesant chose, il pleust à la Court, quant vendra au juger appeller toutes les Chambres (BAYE, I, 1400-1410, 186). ...l'ostel chargié de pesans faiz [Éd. : "lourd d'un glorieux passé"] (TAILLEV., Ress. relèv. hôt. D., p.1440, 276). Les choses grandes et pesantes ne se portent pas ne ne se font par force, par legiereté de corps ne par cruaulté de membres, mais par conseil, par meureté et par science. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 148).

 

b)

[D'une chose, d'un événement ; idée de désagrément, de difficulté] "Pénible" : Or en vueil penitence avoir Dure et pesant. (Mir. femme roy Port., c.1342, 191). Pour joie m'est dolours representee, Pour bon eür pesande destinee (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 6). Se cestes [aventures] vous sont trop pesandes... (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 236). ...la commensat batailhe ruste et pesant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 11). Et l'estour estoit fort et pesant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 29). Qui dit que les commandemens de Dieu sont trop durs et pesans, il fait Dieu mensongier qui le contraire afferme : Jugum meum suave est et onus leve. (GERS., Concept., 1401, 413). ...ma doulour pesande Me fu ostee. (WERCHIN, Songe barge G.-W., c.1404-1415, 85). Le chemin est long et pesant (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 111). ...il commença a merancolier en pesantes fantasies (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 170). ...maintez parolles estranges, diverses et pesantes (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 310). La bataille fut terrible, grande, mortelle et pesante (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 625). ...jà estoit venu à haut et pesant eage (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 34).

 

-

"Qui produit une sensation pénible" : L'ABBEESSE. (...) je me doubt d'estre malade, Tant ay le cuer pesant et fade : Ne say pour quoy. SUER YSABEL. Dame, c'est (...) Pour ce que trop avez dormy, Que vous l'avez si estourmy Et si pesant. (Mir. abbeesse, 1340, 75).

 

-

"Difficile" : ...les parolles sont pesans et chargiees de difficultez (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 377). Mais j'ay emprins une pesante besongne qu'il me convient mettre a fin (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 74).

B. -

Part. prés. en empl. subst.

 

1.

"Poids" : ...en mesures, en pessans (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 68).

 

-

Le pesant de. "Le poids de" : Il est cheü a terre du destrier aufferrant, Qui ne se soubstenist pour fin or son pesant. (Tristan Nant. S., c.1350, 720). ...et lui fist presenter cent mille livres d'argent pesant, cent espées richement garnies, cent chevaux enhernachés moult richement, cent pomes d'ambre et IIm fines pelices, le pesant de deux mille dragmes de muscz fin, IIc livres de bois aloé, mille aubergeons et autant de heaulmes, affin que Alexandre le laissast vivre et son peuple en paix. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°).

 

-

Son pesant d'or : Pour quoy son pesant d'or valoit Plus de cent fois, ce m'iert avis. (MACH., D. Aler., a.1349, 276). ...il n'eust point failli a celle feste pour son pesant d'or. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 20).

 

Rem. Prov. H., 198 (P136). Proche de besant "monnaie de Byzance" : L'admiral, content par leur affection, jura qu'il croistroit Mahon et augmenteroit d'ung millier pesant d'or, scelon leur coustume, tant de fin or comment d'aultres precieusetés. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 154).

 

2.

"Élément plus lourd que l'air" : Nature donc les tient [les quatre éléments] en ses lyens, qui les poise et les mesure et les ordonne, chascun en son lieu propre et convenable aussy a sa nature, les legiers au plus hault devers le ciel et les pesans en bas. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 67).

 

3.

"Ce qui a du poids, argent" : Vous ne portés point le visaige D'estre des mieux endoctrinés, Se du pesant vous ne tenés. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 787).

 

4.

[Idée d'importance] "Celui qui a de l'importance, du poids" : Pour contrefaire les pesans Et pour faire acroire aux paisans Qu'ilz sont comme seigneurs montez... (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 110).

VI. -

Part. passé

A. -

Part. passé en empl. adj. "Soupesé (ici p. iron.)" : Illecques parloient des ferrures, Des estas, des larges saintures Et des gorgias empesez, Des chappellons et des vestures, Et Dieu scet quelz judicatures Il y avoit et quelz motz pesez. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 32). [Éd. : "être pénible, désagréable" ; peu vraisemblable au part. passé]

B. -

Part. passé en empl. subst. "Quantité pesée en une seule fois"

 

1.

Subst. masc. : ...tout aussi Fas comme la balance qui Sa lengue encline celle part Ou du pese [l. pesé] a plus grant part (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 313).

 

2.

Subst. fém. : Pour IIc et demi de pesées de fer et pour IIc de plat fer achatez à Orbec de Messire Sanson Bertran, prestre (...) pour la garnison dudit chastel (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 79).

 

Rem. Doc. 1331 ds TLF ; ex. de 1344 ds GDC X, 327b.

VII. -

Inf. subst. "Action de peser, moment où l'on pèse" : ...se aucuns dras au peser estoit trouvés mains pesans qu'il ne deuist, par quoi li langhe de le balanche traisist viers le pois, si que on peuist entrer dou taillant d'un coutiel entre le pointe de le langhe et le vingne de le balanche, li dras, quels qu'il fust, seroit copés (Drap. Valenc. E., 1344, 300).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 73/89 
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     PÈSERESSE     
FEW VIII pensare
PESERESSE, subst. fém.
[T-L : peserresse ; GD : peseor (peseresse) ; FEW VIII, 192b : pensare]

"Celle qui pèse"

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 9633.

 

-

En partic. DRAP. "Celle qui pèse les draps, la laine..." : ...que nuls couletiers de lanage, hostes ne hostesse, qui ait le loge du lanage, peseres ne peseresse, censiers ne censisseresse, ne nuls eswarderes de lanage, ne voist mignier ne boire avoec marcant qui ait vendut lanage, soit de le ville u de dehors, mis hors les 2 couletiers par qui li markiés sera fais. (Drap. Valenc. E., 1344, 271).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 74/89 
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     PESEUR     
FEW VIII pensare
PESEUR, subst. masc.
[T-L : pesëor ; GD : peseor ; FEW VIII, 192b : pensare ; TLF : XIII, 166a : peseur]

"Celui qui pèse" : ...qu'il [les marchands] aient un peseur qui leur pesera au droit et au juste pois dont on usoit en anchien temps en nostre vile de Bruges, en donnant al achateur et au vendeur le leur, justement et loyaulment. (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1384, 34). Appensor (...) : qui poise, peseur (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 26). Peseurs : appensor (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 244). Appensor (...) : cil qui poise, peseur (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 21).

Rem. Doc.1402-1404 ds GD VI, 124a-b.

 

-

En partic. DRAP. "Celui qui pèse les draps, la laine..." : ...que nuls couletiers de lanage, hostes ne hostesse, qui ait le loge du lanage, peseres ne peseresse, censiers ne censisseresse, ne nuls eswarderes de lanage, ne voist mignier ne boire avoec marcant qui ait vendut lanage, soit de le ville u de dehors, mis hors les 2 couletiers par qui li markiés sera fais. (Drap. Valenc. E., 1344, 271). Item, doivent li peseur trouver les couvretures de 21 ausne, pesans 21 lb. ; les dras u couvretures de 15 ausnes, de 15 lb. ; et de 10 ausnes, de 10 lb. Et les deveront demener ensi que les autres dras dessus dis et par otelle corrigance a leur cantitet. (Drap. Valenc. E., 1344, 286). ...que tous courtiers et peseurs de laine faichent serment que s'il voient denrées souppechonneus aux draps, à le laine, à le houppe, au fillé, que le noncheront aux eswardeurs ad ce commis ; et se en ce a défault, il seront pugni de prison et perte du mestier an et jour. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1383, 338).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 75/89 
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     PESON     
FEW VIII pensare
PESON, subst. masc.
[T-L : peson2 ; GD : peson ; GDC : peson ; FEW VIII, 192a : pensare ; TLF : XIII, 166b : peson]

A. -

"Pesage" : Tous marchans qui achettent ou vendent fille en la ville de Chastillon le mercredi, doivent de la livre IIII deniers tournois de vente, et s'ils vendent ou achettent le jeudi, jour de marchié, ils ne doivent point de vente ["ils ne paient pas de taxe sur la vente"] fors que ung denier pour le peson. (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 386).

B. -

"Charge d'un bateau"

 

Rem. Doc. 1418 ds FEW.

C. -

"Masse de plomb fixée à l'extrémité du fuseau à filer pour en faciliter la rotation" : C'est mal compilé, Mal entendu et mal filé De prendre fuseau sans peson. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 247).

D. -

"Poids qu'on attache à un lacs pour le fermer" : Et est le las chelé contre la branche et contre l'arbre a crochés de fer ou de bois bien fors, et est le peson atachié au las par telle mesure que, quant le las est fermement clos, le peson est a terre. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 275).

REM. Ds l'ex. suiv., il devrait s'agir non pas de peson, mais de paissonpaisson1 : : Vieillesse dit, qui me tourmente : Pour toy n'y a pesson, ne vente ["pour toi, il n'y a ni droit de pâturage dans la forêt ni vente de bois", FEW VII, 757b et FEW XIV, 232b] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 419). [Même ex. ds Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 134 ; cf. le commentaire de G. Roques ds Z. rom. Philol. 103, 1987, 418-419]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 76/89 
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     POURPENS     
FEW VIII pensare
POURPENS, subst. masc.
[T-L : porpens ; GD : porpens ; DÉCT : porpens ; FEW VIII, 198a : pensare]

"Réflexion" : ...Dont je moustre par exemplaire, A ce qu'on dit, que mieus doit plaire Chose desirée et requise, Lonc temps pourchacie et pourquise, Acquise a peinne et a despens, A grant scens et a grant pourpens, Que celle qui en un moment Seroit acquise ligement, Sans travail et sans consirée Et sans point estre desirée (MACH., D. Aler., a.1349, 296). Le prodigue gaste sans nul pourpens : Et au large le bien sourt et habonde, Dont il rent soy et les autres contens (CHART., B. Nobles, c.1424, 405).

 

-

Avoir qqc. en pourpens. "Penser à qqc., avoir qqc. en tête" : L'EMPERERIS. (...) Bailliez moy celle hopellande, Ysabel : c'est ce qu'il [l'emperiére] demande, Si com je pens. LA DAMOISELLE. Je l'avoie aussi en pourpens. Tenez, ma dame. (Mir. emper. Romme, 1369, 251).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 77/89 
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     POURPENSÉ     
FEW VIII pensare
POURPENSÉ, subst. masc.
[GD : porpensé ; FEW VIII, 198a : pensare]

"Pensée, réflexion, impression" : Tous noz menus pourpensés Descouvrons, a lye chiere, L'un a l'autre, sans priere. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 310). Des bas et des haults instrumens A on joué le temps passé, Doubter n'en fault tres doulcement Chascun selon son pourpensé (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 68).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 78/89 
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     POURPENSEMENT     
FEW VIII pensare
POURPENSEMENT, subst. masc.
[T-L : porpensement ; GD : porpensement ; FEW VIII, 198a : pensare]

"Pensée, préoccupation" : Tout mon pourpensement [var. pourposement] ay mis en biaus moz dire (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 136). La Royne ouoit très souvent messe ceans en oroisons, en pleurs et en gemissements et mena ceste vie bien deux ans que oncques elle ne se voult confesser jusques à tant que ung jour elle fu en grant pourpensement et dist : ... (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 105). Et luy vault le pourpensement Qu'il a fait en luy cautement Maint bon repoux et bon sejour. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 98).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     POURPENSER     
FEW VIII pensare
POURPENSER, verbe
[T-L : porpenser ; GD : porpenser ; DÉCT : porpenser ; FEW VIII, 197b : pensare ; TLF : XIII, 948a : pourpenser]

I. -

Empl. trans. Pourpenser qqc. "Penser mûrement à qqc., se représenter qqc. par la pensée, projeter qqc. après réflexion" : Thibert, or entens (...) Une chose qu'ay pourpensé. (Mir. Berthe, c.1373, 162). Car, ains c'on ait la chose pourpensée, L'ont il ja dit par tout et revelée. (MACH., L. dames, 1377, 66). ...ce que, contre le mary, la mauvaistié pourpensée par la femme contre lui est cas très-detestable (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 321). ...ce que, contre le mary, la mauvaistié pourpensée par la femme contre lui est cas très-detestable (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 321). ...pour bien desservir leurs gages, pourpensent saveurs, saulses et mistions nouvelles pour plus plaire la viande a ton goust (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 18). ...elle s'avertist et pourpense les folies et divers perilz ou maintes fois s'est trouvee (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 118). ...comment approuvera-il la maniere du fait qui fu par aguet, par fait pourpansé, par trayson, par flaterie (BAYE, II, 1411-1417, 261). ...sur la mort inhumaine, trahiteuse, advisée, pourpansée du duc d'Orleans, frere germain du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 261). ...d'aultre chose ne tenoient leurs devises que de pourpenser et adviser moien par lequel leur souverain desir pourroit estre accomply par legitime mariage. (C.N.N., c.1456-1467, 546). Certainement il n'est point possible a mon eage de faire ou pourpenser ung tel meschef ou defaulte. (C.N.N., c.1456-1467, 565). ...la bonne damoiselle ne prouffita rien en la façon qu'elle avoit pourpensé et advisé. (C.N.N., c.1456-1467, 570). La chose, sachez, est si grande Qu'i n'est nul qui le peust pencer. Ne en moy n'est sens qui se tende A savoir cecy propencer. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 293). DOYEN. (...) J'ay la besoigne pourpencee En raison et en conscïence, Contemplee et bien repencee Selon ma petite scïence (LA VIGNE, S.M., 1496, 395). Trescher seigneur ceste ordonnance Est totallement pourpensee (Myst. st Martin K., a.1500, 155).

 

-

Pourpenser + interr. indir. : ...desirant delaissier les choses basses et tendre aux hautes beatitudes, porpensa comment et par quel maniere pourroit attraire et aluchier meurs vertueux par continuacion de vie salutaire (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 37).

II. -

Pourpenser à qqc. "Réfléchir mûrement à qqc." : Avec ce, pourpensera a ce qui a elle apertient, tant au fait des meubles comme a son douaire. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 84). Qui ce fist peu y pourpensa De faire en France tel tourment, Et de bien peu il avança, Se me semble, son sauvement. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 59). Dont pour ung aultre en assister, Tous ensemble y avons pencé, Contemplé et bien pourpencé, En treshumble devocion. (LA VIGNE, S.M., 1496, 400).

 

-

Pourpenser (à/de) + inf. "Projeter de, décider de" : Sy pourpensa, en faisant sa devocion, de tailler une piece d'icelle croix (Voy. Jérus., c.1395, 83). La seconde portoit ung court mantel, et dessoubz ycellui comme en respostaible avoit l'ung de ses bras couvert, de quoy elle tenoit unes tres singlans escourgeez, ainsi comme se elle eust pourpensé par vengence aucun en surprinse fuster ou batre (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 6). Oultre plus, nous convient pencer De ceste tres diverse guerre Et tous ensemble propencer A ces Orlenois cy conquerre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 161). ...et pourpensa dès lors soy evader et s'en aller hors du royaulme (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 143).

III. -

Empl. pronom. "Réfléchir mûrement" : Et quant elle se fu longuement pourpensee, si dist a soy mesmes : ... (Bérinus, I, c.1350-1370, 275). Pour ce qu'il [maistre Robert Valee] est de lieu honneste Fault qu'il soit mieulx recompensé, Car le Saint Esperit l'admoneste, Obstant ce qu'il est insensé. Pour ce, je me suis pourpensé, Puis qu'il n'a sens ne q'une aulmoire, De recouvrer sur Mau Pensé, Qu'on luy baille, l'Art de memoire. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 17).

 

-

Se pourpenser + interr. indir. : Lors s'assist Aigres et sommeilla un petit, et lorsqu'il fu esveilliez, il se pourpensa qu'il feroit (Bérinus, I, c.1350-1370, 326). Aigres se pourpensa en quelle maniere il se pourroit maintenir. (Bérinus, I, c.1350-1370, 352). ...en toutes manieres se pourpensa comment le pourroit selon sa dignetté honnourer et festoier (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 89). Je me souloye pourpenser Au commencement de l'annee, Quel don je pourroye donner A ma Dame la bien amee (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 83).

 

-

Se pourpenser (de) qqc. "Réfléchir mûrement à qqc., projeter qqc." : Si se pourpensa d'un moult grant engin. (Bérinus, I, c.1350-1370, 409). Thamaris, qui fu de sens plaine, De grant agait se pourpensa, Car Cirus plus avant laissa Entrer es destrois des montaignes, Ains que montrast nulles enseignes De lui combatre, ne mal mettre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 206). Sur ce point, le Mareschal partit d'avec son maistre et se disposa de faire son entreprise et se pourpensa de moult grandes subtillitez (BUEIL, II, 1461-1466, 219). ...il tourna sa pensee a rapines, lesquelles il se pourpensa en maintes manieres. (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 327).

 

-

Se pourpenser (de) + inf. "Projeter de, se décider à" : Or fault qu'un chascun se pourpence Desormais estre sur sa garde (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 579). Pour ce, je me suis pourpensé, Puis qu'il n'a sens ne q'une aulmoire, De recouvrer sur Mau Pensé, Qu'on luy baille, l'Art de memoire (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 17). ...et, quant il se vit au-dessus de son frere, il se pourpensa de le faire mourir (BUEIL, I, 1461-1466, 128).

 

-

Se pourpenser que. "S'aviser après réflexion que" : Et bien en son cuer se pourpense Que mal fait quant ainsi la blame (DESCH., M.M., c.1385-1403, 121). Et puis aprés Raymon se pourpensa Que sa femme fait mesprison Et vers lui tort et traÿson. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 210).
 

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     PRÉPENSER     
*FEW VIII pensare
PREPENSER, verbe
[GD : prepenser ; *FEW VIII, 197b : pensare]

"Envisager préalablement par la pensée" : ...à cestui regart convient trois autres poins ; l'une est prepenser les choses passées ès semblables cas et y prendre exemple (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 67).

 

-

Prepenser à. "Penser par avance à" : ...la grant plaie que ce royaume a souffert nouvellement, par faulte de penser et prepenser aux besongnes (JEAN DE MONTREUIL, Lettre seigneur G.O.O., 1416, 45).
 

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     RAPENSER     
FEW VIII pensare
RAPENSER, verbe
[T-L : rapenser ; GD : rapenser ; DÉCT : rapenser ; FEW VIII, 197a : pensare]

Empl. pronom. "Remettre en cause ses pensées, se raviser" : Pour che dist on : mal pense en aucun mal penser Cieux qui ne se rapense. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 426). Et quant yl ot ce dit, il s'ala ravisant [var. Mais Kalefrins s'ala tout tantoz rapensant]... (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 744).
 

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     RAPOURPENSER     
*FEW VIII pensare
RAPOURPENSER, verbe
[*FEW VIII, 198a : pensare]

Empl. pronom. "Se replonger dans ses pensées" : Et quant elle ot ce dit, sy s'est apourpensee [var. rapourpensee]. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 224).

V. aussi repourpenser
 

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     REPENSER     
FEW VIII pensare
REPENSER, verbe
[T-L : repenser ; GDC : repenser ; FEW VIII, 196b : pensare ; TLF : XIV, 859b : repenser]

Repenser à qqc. "Penser (à nouveau, à son tour ou au contraire) à qqc." : L'ABBEESSE. (...) Lasse ! et se je fas ceste emprise, Je perderay de Dieu l'amour (...). Et quant je repense a la joie Qui de mon clerc me peut venir Si me veult amie tenir, (...) Ce me fait mettre en nonchaloir Touz autres maux et touz annuiz. (Mir. abbeesse, 1340, 66). La fis je moult de departies, Pensant a meintes avenues Trespassées et avenues, Et puis repensay aus presentes Par moult de moult diverses sentes, Lors a celles a avenir Qu'elles porroient devenir. (MACH., D. Aler., a.1349, 256). On mist ces coses en noncalloir : on repensa à un autre mariage pour le dit conte à la fille le signeur de Mellans, qui seroit hoirs de toute Lombardie (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 251).

 

-

Repenser qqc. "Penser (à nouveau, à son tour ou au contraire) qqc., peser qqc." : Et l'autre repensera : mais je suis plus riche, ou en plus grant office, ou je meine plus grant estat, ce n'est pas pareil (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 161). DOYEN. (...) J'ay la besoigne pourpencee En raison et en conscïence, Contemplee et bien repencee Selon ma petite scïence ; Mais, pour en gecter ma sentence, Mon vouloir du tout se consonne, Pour avoir de nous la regence, A Martin, la saincte personne. (LA VIGNE, S.M., 1496, 395).

 

-

(Se) repenser que. "Penser (à nouveau, à son tour ou au contraire) que" : Et Gieffroy si repensoit et soustivoit aucune voye qu'il n'y fust mie receü (Bérinus, I, c.1350-1370, 161). Et cil se repensoit ainsi endroit soy et se doubtoit que Aigres ne fist autel et qu'il ne fist mention de son deduit, par quoy la dame feust diffamee. (Bérinus, I, c.1350-1370, 399). ...mais quant vient la passion adonques ou commencement il vacille et varie et pense une fois que avoir delectacion avecques ceste femme est bon et puis repense que c'est mal et mue pensee pluseurs foiz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 373).

 

-

Repenser + interr. indir. : Einsi pensoie et repensoie Comment ma dame serviroie. (MACH., D. Lyon, 1342, 169).

 

-

Empl. abs. : Ainsi pensoie et repensoie, Et en la pensee ou j'estoie Je pensai que j'avoie tort, Et que cilz fait mal et se tort Qui met creature en prison Ou il n'a nulle mesprison. (MACH., Voir, 1364, 710).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 84/89 
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     REPESER     
FEW VIII pensare
REPESER, verbe
[T-L : repeser ; GDC : repeser ; DÉCT : repeser ; FEW VIII, 192b, 194a : pensare]

"Peser de nouveau"

REM. Doc. 1400-1412 ds GDC X, 547c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 85/89 
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     REPOURPENSER     
FEW VIII pensare
REPOURPENSER, verbe
[T-L : reporpenser ; GD : reporpenser ; FEW VIII, 198a : pensare]

Empl. pronom. "Se replonger dans ses pensées" : Quant elle eut dit ce mot, si c'est reporpansee (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 74).

 

-

Se repourpenser que. "S'aviser que, se décider à la réflexion que" : Vous n'avez pas bien ouvré envers le juste homme, si ne vous estes pas repourpensez que vous ne le crucifrissiés mie, mais vous l'avez lancié. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 846).

V. aussi rapourpenser
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 86/89 
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     SOUPESER     
FEW VIII pensare
SOUPESER, verbe
[T-L : sospeser ; GD : souspeser ; GDC : souspeser ; FEW VIII, 193a : pensare ; TLF : XV, 769a : soupeser]

Empl. trans.

 

-

"Soulever (un objet) avec la main pour en évaluer approximativement le poids"

 

Rem. FOUL. (ms., il les cognoissoit au pois [les perles] en les souppesant a la main) ds GDC X, 704a.

 

-

Au fig. "Évaluer l'importance, la qualité de" : Et ceulz yci [les palpeurs et tasteurs (une variété de flatteurs)] agueittent et considerent le penser des gen et suppoisent leur volenté afin que ilz acordent leur volenté a quelconques chose que tu vouldras (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 212). PYLATE. ...Tel mort se doit bien souspeser Et a la balance peser : C'est grant chose que de mort d'omme. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 315).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 87/89 
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     SOUS-PENSER     
*FEW VIII pensare
SOUS-PENSER, verbe
[*FEW VIII, 196a : pensare]

"Supputer" : Supputo (...) : souspenser ou soustrenchier, tailler sicome vigne ou nombrer, conter (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 488).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 88/89 
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     TRESPENSER     
FEW VIII pensare
TRESPENSER, verbe
[T-L : trespenser ; GD : trespensant/trespensé ; DÉCT : trespenser ; FEW VIII, 197b : pensare]

"Être soucieux"

 

-

Part. passé en empl. adj. "Préoccupé, soucieux" : Quant Bauduins le voit, si fu tous effraés, De ce qu'en air le vit tous en fu trespensés (Bât. Bouillon C., c.1350, 95). LE MARQUIS. Oncles, je sui touz trespensez. Que ferons nous de la marquise ? (Mir. marq. Gaudine, 1350, 147). ...mon corps [je] en est tout trespencés (Tristan Nant. S., c.1350, 399). Amours par son plaisir m'a si enamouré Que j'ai cent foys le jour mon courage mué, Et me sent nuit et jour en amant trespensé. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 128). Scez tu qui ce peut avoir fait ? Touz esbahiz sui de ce fait Et trespensez. (Mir. Clov., c.1381, 220). Quant Gerart l'entendi, moult en fu trespensés (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 28). Quant Jourdain ot le bielle qui tez moz a contés, Dont devint en son cuer durement trespensés, Moult crient quë il ne soit escarniz et gabez (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 216).

 

Rem. Bien attesté en a.fr.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     TRESPENSIF     
FEW VIII pensare
TRESPENSIF, adj.
[T-L : trespensif ; GD : trespensif ; FEW VIII, 197b : pensare]

"Plongé dans ses pensées, soucieux"

REM. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488, si esbahy ne si trespensif) ds GD VIII, 58c.
 

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