C.N.R.S.
 
Famille de mandare 
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 15 articles
 
 Article 1/15 
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     CONTREMAND     
FEW VI-1 mandare
CONTREMANT, subst. masc.
[T-L : contremant ; GD : contremant ; AND : contremant ; FEW VI-1, 152a : mandare]

A. -

"Contrordre"

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1401 (HaustRég 2) ds FEW.

B. -

"Renvoi, ordre de se disperser et de retourner chez soi" (synon. contremandement) : Mais garde le contremander, Car li contremant dou roiaume Ont fait ardoir maint toit de chaume, Dont encor apperent les traces En mains lieus et en maintes places. (MACH., C. ami, 1357, 110).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L et GD. Doc.1380 ds GD II, 275c.

C. -

"Excuse dilatoire" : S'a moy tu viens en la bataille, Ne quier que contremant ne faille ["ne t'attends pas à ce que une excuse dilatoire vienne à manquer"] (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 123). Que tous contremans et essoines voluntaires, et qui ne sont causés de loyal et necessaire essoine que li essonnans ou contremandans veullent jurer, soient osté, nonobstant coustume ou usage au contraire. (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1356, 144). Nulz au jour d'ui ne puet regle tenir, Ne seureté trouver en son estat (...). Les contremans font maint homme homnir Des mandemens, dont li pluseurs sont mat D'eulx endebter (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 154). Sires, dist-ilh [le messager du roi Johain au roi Philippe], vouz aveis fait somonre le roy, me sire, devant vous ; si vous requiert sen contreman [d'accepter ses excuses et de lui donner un délai]. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.4, a.1400, 553).

 

Rem. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.2, 1958, 388.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 2/15 
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     CONTREMANDE     
FEW VI-1 mandare
CONTREMANDE, subst. fém.
[T-L : contremande ; GD : contremande ; FEW VI-1, 152b : mandare]

"Contrordre" : L'évesque de Tournay (...) proféra et décréta par avis que le duc devoit faire continuer ce voyage sans contremande ; et, fust perte, fust gaigne de gens ou d'argent, il y devoit persister et le parbouter outre, vu et considéré ce qu'il avoit promis et fait dire au pape derrainement par messire de Lalaing et par luy-mesme (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 53).

REM. Ou sans contremande signifie-t-il seulement "sans tarder" ? C'est ainsi que l'interprète T. Reinhard dans le FEW. L'ex. de T-L II, 797, peut faire préférer le sens de "contrordre", proposé par l'Ed. et par GD.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 3/15 
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     CONTREMANDEMENT     
FEW VI-1 mandare
CONTREMANDEMENT, subst. masc.
[T-L : contremandement ; AND : contremandement ; FEW VI-1, 152b : mandare]

"Contrordre, message annulant un message précédent" (synon. contremand) : ...le duc d'Angou manda ung contremandement au roy Henry d'Espaingne comme le duc de Lencastre s'estoit retrait à Bordeaux et que l'en n'auroit point de bataille (Chron. Valois L., c.1377-1397, 248).
 

DMF 2020 - Synthèse Denis Lalande

 Article 4/15 
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     CONTREMANDER     
FEW VI-1 mandare
CONTREMANDER, verbe
[T-L : contremander ; GD : contremander ; GDC : contremander ; AND : contremander ; FEW VI-1, 152a : mandare]

I. -

Empl. trans.

A. -

Contremander qqn (de qqc.). "Donner un contrordre à qqn (à propos de qqc.), avertir qqn de ne pas exécuter un ordre qui a été donné, avertir qqn de ne pas se rendre à l'ordre, à l'invitation qu'il avait reçu de venir" : ...ilz dirent à l'evesque qu'il pouoit bien contremander son parlement (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 316). ...et fist ycelui prince grant semonce de genz d'armes pour mener en Castelle (...) et par pluseurs foiz les contremanda. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1375, 23). Li sires de Labreth fu contremandés de ses mil lances. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 230). Qant les nouvelles vinrent a Jaquemon d'Artevelle qui se tenoit sus un pas que on dist le Pont de Fier sus la riviere dou Lis et avoit fait son mandement pour assegier Tournai, si fu durement courouchiés ; et i prist si grant desplaisance que il en brisa son fait et contremanda tous ceuls que mandé avoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 372). ...et renvoya le connestable et contremanda le conte de Pardriac, pour ce que le seigneur de la Tremouille craingnoit qu'ilz ne vousissent entreprandre a avoir le gouvernement du Roy (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 138-139). Je ne scay comment entendez De les vouloir par la surprandre. Tantoust pourront contremander Leurs gens, qui viendront sans atendre, De toutes parts vers eulx se rendre ; Que a toute heure peuvent passer (Voire) [vous] pourront decepvoir et prandre, Voire jusques a Jargeau chasser. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 442). Or vous avez ouy de l'arrivée de ceste armée de Bourgongne arrivant à Peronne presque aussi tost que le roy ; car ledict duc ne les eust sceü contremander, pour ce que jà estoient avant en la Champaigne, quant la venue du roy se traictoit (COMM., I, 1489-1491, 131). Aussi j'ay mandé à Cadorat et tous ses frans archiers ; et, si en chemin j'ay nouvellez que lesditz Bourguignons s'en soient partiz, incontinant contremanderay vosditz gens et les autres aussi, et leur feray scavoir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 253).

 

-

Contremander une armee. "Renvoyer une armée, la disperser" : Quant li messagier l'entendirent Moult humblement le requeïrent Qu'il vosist laissier ceste armée, Et qu'elle fust contremandée, Car leur gent, qui sont arresté, Seroient mort et tempesté Des Sarrasins, sans nul respit, S'on leur faisoit aucun despit. (MACH., P. Alex., p.1369, 119). Et quant li princes l'entendi, Tout en l'eure, li respondi : "Je loe et conseil qu'on li mande Que son armée contremande, Et que li Turq sont desconfit à s'onneur et à son profit." (MACH., P. Alex., p.1369, 170).

 

-

Contremander qqn que. "Donner à qqn l'ordre de (contraire à un ordre précédent)" : Cils consaulx fu tenus, et contremandés li maires que il se tenist tous quois et ne fesist nul samblant de esmeutin. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 110).

 

-

Empl. abs. : Mais garde le contremander, Car li contremant dou roiaume Ont fait ardoir maint toit de chaume, Dont encor apperent les traces En mains lieus et en maintes places. Et s'il faut que tu contremandes, Garde toy bien qu'a Dieu commandes, Et mercie tres humblement Ceuls que tu porras bonnement, Et leur offre chiens et oiseaus A chevaliers, a damoiseaus. (MACH., C. ami, 1357, 110).

 

.

"Avertir de l'annulation d'un engagement" (ici, d'une rupture de fiançailles) : Fault maintenant contremander, A Myolans noctifier Cestuy mechief, et declarer La bessoignie anssy qu'elle passe. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 92).

 

-

Inf. subst. : Se tu sens que tes anemis Veingne, mande tous tes amis Et fai tantost ton mandement Si bien, si bel, si sagement Que nuls n'i sache qu'amender. Mais garde le contremander, Car li contremant dou roiaume Ont fait ardoir maint toit de chaume, Dont encor apperent les traces En mains lieus et en maintes places. (MACH., C. ami, 1357, 110).

B. -

Contremander qqc. "Annuler ce qu'on avait mis sur pied" : Et quant li bons roys les oy, En son cuer moult se resjoy. Si fist son amirail mander Pour tout faire contremander. Ce fist li roys à leur priere, Car d'amour certeinne et entiere Le commun de Venise amoit Et ses bons amis les clamoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 119). ...et fu le tournoy ralongiet de .VIII. jours pour avoir espasse de le contremander jusques au dit jour, et ainsy en fu fait. (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 187).

 

-

"Refuser qqc." : Et debvoit estre le roy de Navarre (...) feable et loyal au roy Jehan de France et contremander les convenances du roy d'Angleterre (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 211).

 

-

Contremander la treve. "Rompre la trêve"

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

II. -

Contremander à qqn. "Répondre à qqn (par message à un message que l'on vient de recevoir)" : Il ne nous souvenoit plus d'eulx [des Français] Qu'i nous voulsissent riens mander ; Mes c'est du bien qui est en eulx Sy leur vueil bien contremander. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 263).

 

-

Contremander à qqn que. "Répondre à qqn que" : Les messagiers firent leurs messages, c'est a sçavoir que les Crestiens estoient devant Cordonne, dont ilz [les alliés du roi de Cordoue à qui sont délivrés les messages] furent moult marris, sy se renforcerent et contremanderent au roy qu'il se tenist bien et seur, qu'il avroit briefment nouvelle d'eulx. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 166-167).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 5/15 
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     DESMANDER     
FEW VI-1 mandare
DESMANDER, verbe
[GD : desmander ; FEW VI-1, 151b : mandare]

"Donner un contrordre à qqn (en révoquant une convention)" (synon. contremander)

Rem. Ex. d'afr. et doc.1430 ds GD II, 608c.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 6/15 
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     ENTREMANDER     
FEW VI-1 mandare
ENTREMANDER, verbe
[GD : entremander ; AND : entremander ; FEW VI-1, 152a : mandare]

"Échanger des informations"

Rem. Cf.  ; AND : entremander.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 7/15 
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     MAND     
FEW VI-1 mandare
MAND, subst. masc.
[T-L : mant ; GD : mant ; FEW VI-1, 149b : mandare]

A. -

"Ordre, commandement (transmis par un messager), message" : SECOND CARDINAL. Nous ne savons qu'a faire avez, Saint pére, mais a vostre mant Venons (Mir. pape, 1346, 369). Et li Rouges-Lion, quant il oyt le mant, Fist querquier le sommier qui valoit maint besant (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 40). Quant la damme entendit le mant du Creatour Et la voix qui li dit per si grande doulsour Qu'ancor raveroit son filz et signour, Dont dit ... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 86). [Autres ex. p.200, 202] Quant cil de Rochebrune entendirent le mant, A Florine le vont isnellement mandant (Tristan Nant. S., c.1350, 617). Pour les frais et despens dou dit prouvost, lui XIIe de compaignons d'armes a XXVIII chevaus, alant et venant a Enghien au mant le bailliu de Haynnau... (Arch. Nord, 1352, B 11658, f° 4, IGLF). LE PAPE. Emperiére, en vostre mant vieng. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 72). Venuz est en vostre demaine Par vostre mant. (Mir. Clov., c.1381, 206). LEGERET (messagier). Est-il quelque mand a fournir ? Dictes le moy, sire prevost, et je l'aray fait et plus tost Que la pie n'a fait ung sault. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 61). Je vois vostre mand acomplir Tout ainsi que le devisez. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 273). Ma duché et mes gens de Perse Sommes a vostre vueil et mand (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 4). A vostre mand sommes venu : Dictes nous vostre bon vouloir. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 144). ...ledit nostre Saint Pere, aiant grant ceur a la journee que avoit establie a Mantue, tousjours sollicitoit d'icelle et affectoit fort que fruit en peust venir a la crestienté par l'assistence que les princes lui donroient. Dont (...) maintenant s'avisa que, s'il le pooit traire [le duc de Bourgogne] par priere jusqu'a ladicte assamblee de Mantue, ce eust peu estre ung grant exemple (...). Et ainsi cuidant venir a celle fin, envoya ung evesque devers ledit duc (...). [Le duc] Tint toutevoies longues et amples devises aveuc ledit evesque, et beaucop lui ouvri de son secré, tellement qu'enfin il lui dist que (...) certes devant toutes aultres choses du monde il mettroit peine d'accomplir le mand de nostre Saint Pere et de soy trouver audit [lieu] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 233). Maieur tres saige et tres prudent, Voiés ce mand imperatoire. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 102).

B. -

"Convocation"

 

-

Au mand de : Mandez contez et dus et chiaus de vo lignie (...), Soient tout a vo mant (Hugues Capet Lab., c.1358, 276). ...que chascun viengne a son mand (Cligès C.T., 1455, 80). A vo mant suis venuz con vo povre servans. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 290).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 8/15 
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     MANDANT     
FEW VI-1 mandare
MANDANT, part. prés.
[FEW VI-1, 149b : mandare]

MÉD. Membres mandants. "Organes dont la finalité est d'envoyer des humeurs ou des matières" : ...ou pour raison des membres mandans, c'est a dire le sang menstru vient a la marris du membre retenant, c'est assavoir de la marris, ou pour les voies moiennes par ou le sang menstru est porté a la marris (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 108). Et puis quant la matiere sera engrossee en aulcune maniere et que le membre mandant sera conforté, faites saignee (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 4). ...et puis devons conforter le membre mandant et puis le membre a qui on mande affin qu'il ne reçoive (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 19).
 

DMF 2020 - Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 9/15 
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     MANDE1          MANDE2     
FEW VI-1 mandare
MANDE, subst. masc.
[GD : mande2 ; FEW VI-1, 149b : mandare]

"Huissier, sergent" (GD)

REM. Doc. 1485 (Agen, a oultraigé les officiers et mandes des consulz) et autres ex. du XVIe s., tous d'Agen ds GD V, 137c. Dans l'ex. des Ordonn. rois Fr. V., t.9, 1405, 83 (Languedoc, Guyenne) cité par GD, mande ne semble pas avoir le même sens : ...et de entendre proceder et besougner diligeamment en ceste reformation, de jour en jour, prestement et sans delay, et tant de leur noble Office et par les voyes et mandes qu'ils [Capitols, Consuls, Receveurs, Gouverneurs et Administrateurs] verront plus convenables et meilleurs ; on traduirait plutôt par "procédés, méthodes, manières...".
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 10/15 
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     MANDÉ1          MANDÉ2     
FEW VI-1 mandare
MANDÉ, subst. masc.
[FEW VI-1, 149b : mandare]

"Celui qui est mandé, celui qui est invité à se présenter ou qui en a reçu l'ordre" : ...et appela maistre Estienne de Bar, son secrétaire, lui commandant escripre lettres de mandement en grant nombre (...). Si fut aux mandés assigné jour à Montluçon (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 312).

 

-

"Celui qui fait partie d'une levée de troupes" : Or est li temps qu'on ne fait que mander [faire des levées de gens d'armes] Mais li mandez destruisent leur contrée (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 160).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/15 
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     MANDÉE1          MANDÉE2     
FEW VI-1 149b mandare
MANDEE, subst. fém.
[GD : mandee ; FEW VI-1, 149b : mandare]

"Levée de troupes" : S'il est gentil home et le prince face sa mandee et son armee, si la dame vieult, il ira. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 90). ...et joissent des previleges de noblesce (...), pourveu qu'ilz nous servent en armes selon leur puissance, à la foiz que ferons noz mendées (Actes Jean V Bret. B., t.5, 1441, 7). Moy, j'ay esté pres et loing En batailles et destresses Et a prandre des fortillesses, Ou j'ay souffert mains bastement, Mes mon cueur a esbatement Quant le roy fait de nous mandee. (Pac. Job M., c.1448-1478, 257).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 12/15 
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     MANDEMENT     
FEW VI-1 mandare
MANDEMENT, subst. masc.
[T-L : mandement ; GD : mandement1 ; GDC : mandement ; AND : mandement1 ; DÉCT : mandement ; FEW VI-1, 149b,150 : mandare ; TLF : XI, 291a : mandement]

A. -

"Message impératif"

 

1.

"Commandement, injonction (principalement écrite) émanant d'une autorité donnant ordre d'exécuter qqc. ; proclamation émanant d'une autorité"

 

a)

P. méton. [Teneur du message]

 

-

"Commandement émanant d'une autorité" : MESSAGIER. (...) Vezci lettres qu'il vous envoie ; Lisez les, sire. LE CHEVALIER. Maintenant les me verras lire. Je voi assez son mandement. (Mir. nonne, 1345, 340). Se lez bailliz, ou lez prevos, ou lez sergens dez seigneurs seculiers obeïssent a tieulx mandemens, quant a executer lez sentences de l'Eglyse contre lez excomuniés, ilz sont contrains de venir, en leurs propres cous et despens, aux cours dez prelas (Songe verg. S., t.2, 1378, 170). Ne vous chault, dist Gieffroy, j'en cheviray bien. Sachiez que il n'y a si grant, se il ne veult obeir a mon mandement, que je ne face mourir de male mort. Et aussi, seigneurs, se je voy que il soit besoing, je vous manderay querre. (ARRAS, c.1392-1393, 197). Au jour d'ui, maistre Guillaume de Celsoy (...) a protesté que la reception de maistre Pierre Buffiere en la Grant Chambre par vertu de certein mandement royal ne lui prejudicie point (BAYE, I, 1400-1410, 92). ...car mesme le Roy en ses ordonnances, en ses lettres et mandemens les honeure grandement, les appellans maistres de son Parlement et tous autres seigneurs (BAYE, I, 1400-1410, 152). ...le serviteur a contrait le seigneur consentant ou ignorant ou contradisant. Au premier cas, il doibt rendre le deu, car se le seigneur a concedé et ottroyé le principal, c'est le mariage, il s'entent qu'il a accordé les choses de mariage. Au second cas, il samble qu'il doibve acomplir le mandement du seigneur, ce n'est que probablement il doubte le peril de adultere pour la dilation. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50). ...affin que les payéz [les draps] selon les pris contenuz es brevets impriméz soubz les seaulx desdits juréz selon la forme du mandement sur ce ordonné (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1482,,, 449).

 

-

Exprès mandement. "Ordre explicite" : De deffendre ou faire deffendre de par nous à tous generalement et par cry publique, si mestier est, que personne vivant, de quelque auctorité ou estat qu'il soit, et especialement à noz cousins les contes de Foix et d'Armaignac, duc de Nemours, seigneur de Lebret et conte d'Estarac, qu'ilz ne soient si hardiz de mettre sus ne entretenir gens d'armes sans avoir sur ce exprès mandement ou commandement de nous ou de noz lieutenans, bailliz, seneschaulx ou commis ayans sur ce povoir ou commission expresse de nous (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 229).

 

-

"Ordre, autorisation de payer (délivré par le trésorier)" : Sur quoy ledit de Fleury a respondu que, sans mandement du tresorier, gouverneur des finances, il ne pourroit delivrer lesdictes sommes. (FAUQ., III, 1431-1435, 87).

 

-

En partic. "Commandement, précepte (de Dieu)" : ...il n'est nulle plus doulce chose Qu'es mandemens Dieu regarder Pour eulx acomplir et garder (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 119). Joseph, eu temps de son angoisse, Qui son cuer destreint et angoisse, Garda et tint le mandement De la loy son Dieu telement Qu'il en fu puis sires d'Egypte, Qui ne fu pas chose petite. (MACH., C. ami, 1357, 58). Grant retribucion aront ceulx qui se excerciteront a garder les mandemens de Dieu. (CIB., p.1451, 177). Il [Adam] te fist desobeissance, Quant trespassa ton mandement. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 46).

 

.

Mandement de + inf. "Mission de" : Et primo, que par celle pitouse voulunpté que le benoist Filz de Dieu eust de vouloir mourir pour le salut du monde, Dieu le Pere lui donna ce mandement de mourir, et non pas par constrainte, ne aussy il ne le cogit point a celle passion. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 177).

 

-

Mandement de bouche. "Ordre donné verbalement" : ...et ledit graphier lui respondi que ordonnance estoit ceans faicte de par le Roy, que l'en n'obeist point à mandemens de bouche (BAYE, I, 1400-1410, 81).

 

-

Mandement especial

 

.

Mandement especial de + inf. "Procuration pour" : ...la dite venderresse fist et establi sanz aucun rapel le devantdit Mahy, son mary, son procureur et certain messagé especial, auquel elle donna et ottroia plain pooir, auctorité et mandement especial de soy dessaisir de la dite rente vendue es mains des gens dudit nostre seigneur le roy, pour elle et en son nom (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 54). ...donnerent et ottroyerent les diz mariez pardevant nous a leurs diz procureurs, ensemble et a chascun par soy pour le tout, plain pooir, auttorité et mandement especial de faire, ottroyer, passer et accorder lettres de vente ou de ventes des diz heritages aus diz religieux souz seel auttentique (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 133). Et lui avons donné et donnons, par cesdittes presentes, plain povoir, auctorité et mandement especial de soy transporter en et par tous lesditz pays, mesmement en nostre place de Blaye et en toutes les autres de nostredit pays de Bordeloys (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 227). ...confians à plain de ses grans sens, vaillance, loyaulté, preudommie, diligence et grant experience, à celluy nostre cousin de Dampmartin avons donné et octroyé, donnons par ces presentes plaine puissance, auctorité, commission et mandement especial de et sur toutes questions, poursuites et demandes faictes et que pourroit faire nostredit procureur à l'encontre dudit de Nemours, transigier, pacifier, appointer, traicter, conclure et accorder pour et au nom de nous avec icelluy Jacques d'Armignac, duc de Nemours (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 245).

 

-

Au mandement de qqn. "Sur l'ordre de qqn" : "...Or t'en reva a li tantost, Car je me merveil qui li tost A ci venir. Si li diras Par plus briés mos que tu porras Qu'il veingne ci apertement. Et se li di hardiement Que ce soit sans querir essoingnes, Non contrestant toutes besoingnes, Et que c'est a mon mandement." - "Dame, a vostre commandement," Dist li escuiers, "sans nul si, Je li vois dire tout einsi Com vous dites, ou au plus près Que je porray ; j'en sui tous près." (MACH., J. R. Nav., 1349, 158). Aprés, suppliat Ogier a son oncle, le pape Lyon, de benir et consacrer l'eglise qu'il avoit edifiee au mandement la benoite Vierge Marie. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 89).

 

-

Par (le) mandement (de qqn.). "Sur l'ordre de qqn" : Cedit jour, par mandement du Roy nostre Sire sont alez maistre R. Mauger, president, le procureur general du Roy et moy à Saint Pol devers icellui Seigneur (BAYE, I, 1400-1410, 330). Autre despense pour deniers paiez par mandemens et cedules de monseigneur et autrement pour le temps de ce present compte. (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 274). À mondit seigneur le duc, comptant en ses mains, la somme de 200 frans pour faire ses plaisirs et voulenté, comme il appert par mandement de mondit feu seigneur, signe et non seellé (...) et par les lettres patentes de relievement de monseigneur le duc Philippe (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 152). ...pourquoy le procureur du Roy, par l'ordonnance et mandement du Roy et des gens de son Grant Conseil, entend à faire les requestes et conclusions qui s'ensuivent (FAUQ., I, 1417-1420, 31). ...pour ce que ledit receveur ne pourroit vérifier sa recepte et despense par mandemens, certifficacions et quictances ainsi que font et ont acoustumé de faire les autres receveurs, ledit contrerolleur qui sera et demour[e]ra ordinairement sur le lieu desdictes mines de Pampalieu pour contreroller la recepte et despense dudit receveur, aura et tiendra telz et semblables papiers et livres que ledit receveur, esquelz il escripra et enregistrera son contrerolle tant de la recepte que de la despence (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 351).

 

-

Avoir mandement de + inf. "Avoir l'ordre de" : ...et il a respondu qu'il avoit eu mandement de soy opposer et non point de soy desister (FAUQ., II, 1421-1430, 193).

 

-

Avoir mandement en qqn. "Avoir qqn sous sa dépendance, sous ses ordres" : Et doit avoir mandé toutes les genz en quoy il a mandement un ou deux jours devant et prié touz ses voysins qui seront pres de lui qu'ilz li vieignent aidier a chascier les loux, et ilz le feront voulentiers pour le dommaige qu'ilz leur font de leur bestiaill. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 240).

 

-

Avoir en mandement que + subj.. "Avoir reçu l'ordre de" : ...ilx avoient en mandement que, se ladicte Court ne voloit renvoier ladicte cause à Orleans, intimassent cessations. (BAYE, I, 1400-1410, 122).

 

-

Donner en mandement à qqn que + subj./à + inf. "Commander à qqn de faire qqc." : Et donnons en mandement a tous noz justiciers et subgets qu'il vous obeissent et a chascun de vous quant a ce et aussi aux deputez de par vous ou l'un de vous a faire les dictes contraintes. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1344, 65). ...fu donné en mandement comme autresfois au sergent a qui il appartient, que il reintegre ledit Colart de certains biens pris pour cause dudit procès (Mémor. Echiq. Archev. S., 1381, 16). Si donnons en mandement au verdier et tous autres sergens et officiers à qui ce peult touchier et appartenir, que desdits usages, droitz, franchises et libertés souffrent et laissent joïr et user plainement et paisiblement sans aucun contredit, reservé le bois d'entrée, la sye et les chievres (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 344).

 

-

Faire le mandement de qqn. "Accomplir le comandement de qqn" : LE MESSAGIER. Sire, n'y avra vaulz ne mons Que ne passe legierement Pour faire vostre mandement : Vers vostre bonne suer m'en voiz (Gris., 1395, 76).

 

-

Faire mandement à qqn de + inf. "Donner à qqn l'ordre de" : Sur quoy a esté advisé que l'en feroit mandement à tous bailliz et prevosts royaulx de faire crier l'ordonnance du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 264).

 

-

Faire faire un mandement que + subj. "Faire publier l'ordre que" : Et fist li rois faire un mandement que toutes gens tenans de li, portans armes, fuissent, le premier jour d'aoust, a Evruich. (FROISS., Chron. D., p.1400, 208).

 

b)

"Support matériel qui contient le mandement." : "...Ung mandement ferons qui sera saielés, Qui sera contenans que li rois les a mandés Que nobles et non nobles tous soient aprestés..." (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 390). Il fault exploicter mon devoir D'un mandement que j'ay en mains De par l'empereur des Rommains (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 61). Prens ce mandement que tu voix Et t'en va par toute la terre De Judee, bonne et grant erre, Generalment le publier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 61). Et, après ce, le roy envoya à Paris ung mandement pour y estre seellé, et fut signé M.. de Villechartre, par lequel le roy vouloit que, pour bien repeupler sa ville de Paris (...), que toutes gens de quelque nacion qu'ilz feussent peussent de là en avant venir demourer en ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 174). Mons. le grant maistre, je vous envoye le mandement en blanc pour mettre le nom de celluy qui logera voz gens, tel que vous adviserés, et aussi vous envoye maistre Loys Toustain, lequel creez de ce que vous dira. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 330).

 

2.

"Ordre, commandement, injonction (souvent écrite), émanant d'une autorité, par laquelle on fait venir qqn ; appel au secours ; invitation à venir (à une cérémonie, une fête...), levée de troupes"

 

a)

"Convocation émanant d'une autorité" : Quant ouyrent le mandement, Tuit y vindrent et loings et pres. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 260). Après cestui fut en fleur Zour le medicin et eslevé en bruit pour sa science de astrologie ès parties d'Avignon et puis fut au mandement du roy de France où il fut eslevé en honneur et atiré à Paris (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 114 r°).

 

-

Aller/venir au mandement de qqn. : Mon seigneur, sanz arrestoison Vieng ci a vostre mandement (Mir. st J. Cris., c.1344, 295). Et quant il furent tuit venu, Grant, petit, moien et menu, Li sires de Lesparre estoit Avec les autres, qui estoit Piessa venus au mandement Dou pape, et tout premierement. Et li gentils roys sans orgueil Se seoit en un fausdestueil. (MACH., P. Alex., p.1369, 241). Cedit jour, se leva avant l'eure la Court, et d'icelle pluseurs des seigneurs alerent au mandement du Roy au Grant Conseil (BAYE, II, 1411-1417, 138). ...mais pour ce qu'il (...) ne se sentoit mie assez fort, avoit mandé deux rois ses alliés et consors, qui à son mandement vindrent à Thunes (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 234).

 

b)

DR. Mandement de cour. "Citation à comparaître" : ...lesquelz vindrent en la Chambre de Parlement au mandement de la Court, qui les redargua et blasma (FAUQ., I, 1417-1420, 308). Si aucun vieult intanter action contre autre pardavant aucun juge commissaire ou extraordinaire, ou par vertu de mandement de court, il convient que en l'ajournement soit fait mencion de la commission ou du commandement (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 52).

 

c)

"Appel au secours" : Et puis envoia grans messages par devers monsigneur Jehan de Haynau, en priant moult affectueusement qu'il le vosist venir secourir (...) Quant li sires de Byaumont oy che mandement, il envoia ses lettres et ses messages par tout là où il cuidoit recouvrer de bons compagnons. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 42).

 

3.

En partic.

 

a)

"Convocation, levée (de troupes)" : Mandons de noz amis et nous tenons secretement ensemble (...). Or nous delivrons de faire nostre mandement si brief et si celeement que on ne le saiche se le moins non que on pourra. Et ainsi le firent ilz, et orent, dedens le second jour, jusques a IIIJc. hommes d'armes, que de leur lignaige, que aliez, et les firent logier en un bois, ou moult pou de gens les sceurent. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Et les messaiges repairent aux tentes et racontent le mandement et la priere de la damoiselle aux deux damoisiaux. Et ilz orent conseil de y aler, et ordonnerent le mareschal de l'ost pour gouverner leurs gens tant qu'ilz revendroient (ARRAS, c.1392-1393, 164). Chil de Valenchiennes, le mandement dou conte veu et oi, il s'ordonnerent a ce et cargierent enghiens sus chars, tentes et trés, pourveances et artelleries. (FROISS., Chron. D., p.1400, 423). Li rois de France (...) estendi ses mandemens et conmandemens parmi tout son roiaulme, et mandoit et conmandoit tres estroitement que tout venissent sans nul delai (FROISS., Chron. D., p.1400, 821). ...grans mandemens et assemblées de gens d'armes (Ch. VI, D., t.1, 1410, 329). Dont [Jugurta] s'orgueilly si grandement Que ne prisoit leur mandement [des Romains] ; De ce Rommains trop s'ayrerent, Ne l'eussent cuidié, si tirerent En son regne, pour tout derompre. Par ses dons cuida l'ost corrumpre, Mais ce faire ne pot il mye. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 269). ...grans mandemens et assemblées de gens d'armes (Ch. VI, D., t.1, 1410, 329).

 

-

Arriere mandement. "Convocation supplémentaire" : ...tout n'estoient pas au siege de Tournai. (...) Sus cel estat, li dis mesires Robers d'Artois et mesires Henris de Flandres s'en vinrent en la valee de Cassiel, et la se logierent ; et fissent un arriere mandement qui s'estendi par tout le pais de Flandres, et pour garder les entrees de Flandres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 444).

 

-

Mandement de l'arriere-ban : ...lesquelz, prenant sur ce excusation, ne comparoient point, non obstant son mandement de son arriereban quant il le fist publier: et pour ce les deniers du roy ne pouvoient estre levez esditz pays. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 225).

 

-

Lettre de mandement : Et cedit jour, fu leue et advisée certeinne lettre de mandement pour faire venir au mandement du Roy tous vassaulx et subgiés du duc de Bourgoigne, subgiez du Roy, contre les Angloiz que l'en attendoit de jour en jour en France (BAYE, II, 1411-1417, 264).

 

-

Faire un mandement de/sur des gens susceptibles de servir/sur un territoire donné : Faictes ung mandement sus tous ceulx qui sont tailliet de vous servir, jentilzhommes et aultres (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 59). Et s'en vint li dis contes a Valenchiennes ou il fu requelliés a joie, et fist son mandement et sus heure, des chevaliers et esquiers de son pais et des conmunautés des villes (FROISS., Chron. D., p.1400, 399). Si fist un mandement et semonse de gens d'armes a estre a Londres as octaves de la Saint Jehan Baptiste. (FROISS., Chron. D., p.1400, 672). ...attendans la venue, ayde ou assistence du duc de Bourgongne, qui avoit fait et faisoit grant mandement de gens d'armes, ses subgiez et alyez, en intencion de resister et combatre messire Charles de Valois et ses gens d'armes (FAUQ., II, 1421-1430, 317). Sy luy promit le roy secours. Et à ceste cause fit grant mandement et ban et arrière-ban sur tout son royaume (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 225).

 

-

Venir au mandement de qqn : Monsigneur, vous m'avés mandé, et je sui venus a vostre mandement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 485). Et cedit jour, fu leue et advisée certeinne lettre de mandement pour faire venir au mandement du Roy tous vassaulx et subgiés du duc de Bourgoigne, subgiez du Roy, contre les Angloiz que l'en attendoit de jour en jour en France (BAYE, II, 1411-1417, 264). Le XXIIIme est comment les marquis et contes se doivent contenir, venir et maintenir en guerre, au mandement et service du roy. Le XXIIIIme est comment barons et bannerez doivent venir en guerre, au mandement et service du roy. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 6). "Sire cousin, je viens a vostre mandement pour vous aydier, se mestier en avez, a l'encontre des Rommains..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 597). Et retournons au Jouvencel, lequel festoya tous les chevaliers, escuiers et cappitaines qui estoient venuz à son mandement, grandement et notablement. (BUEIL, II, 1461-1466, 93).

 

b)

P. méton.

 

-

"Rassemblement d'hommes de troupe convoqués" : Entrues que cil gens d'armes s'assambloient et que cil mandement se faissoient, se tenoit messires Guillaumes de Linac (...) ens es marces par de delà. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 207). Si s'en vint reposer et rafreschir à Poitiers, et là fist un grant mandement et amas de gens d'armes. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 102). Li captaus (...) avoit fait son mandement de quatre cens hommes (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 67). Et fist faire tantos grant amas de naves et de vassiaus et de nefs passagieres, et traire viers les pors de Pleumude, de Wesmude et de Dardemude, et fist un moult grant mandement de gens d'armes et d'archiers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 577).

 

-

"Hommes de troupe convoqués" : Li dus de Normendie envoia là son mandement, car en personne il n'i vint mies, monsigneur Moriel de Fiennes, connestable de France (...) et pluiseurs bons chevaliers et escuiers de Pikardie (...) de Brie de Campagne, et estoient bien troi mil lances. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 161). ...là y devoient estre avoecques lui tout li signeur dessus nommet, avoech leur mandement de chevaliers et d'escuiers (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 43).

 

.

Faire son/un mandement estre à tel endroit : Li dus Jehans de Normendie, de bonne volenté, obei a l'ordenance dou roi son pere, et fist son mandement partout le roiaulme de France a estre a tel jour qui nonmés estoit a Angiers et au Mans (FROISS., Chron. D., p.1400, 581). Si fist faire un tres grant mandement de gens d'armes a estre, les Normans, les François et les Piqars en la chité d'Orliiens, et la faire lor monstre a ..I.. jour qui nonmés i fu, et les Lorrains, Barrois et Bourghignons a Lions sus le Rosne, et les Prouvenciaus et ceuls de la Lange d'Oc a estre a Montpellier (FROISS., Chron. D., p.1400, 647). Si fist un mandement et semonse de gens d'armes a estre a Londres as octaves de la Saint Jehan Baptiste. (FROISS., Chron. D., p.1400, 672).

 

c)

P. ext. "Lieu de séjour"

 

-

"Demeure, résidence" : Le puchelle emmena lassus ou mandement, Et si le fist servir bien et souffissaument (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 53). ...Et Bauduins estoit lassus el mandement : Il prist .I. viés escut, du tamps anchiènement, Puis vint sur crestiaus (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 199). Baudewins s'escria à se vois clèrement : "Puchelle, chuis vo gart à cui li li mons apent ! Porroie avoir hostel lassus ou mandement ? ..." (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 94). ...Ogier le pongneour Al mandement Charlon faisoit droit là sojour (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 731).

 

-

[Domaine militaire]

 

.

"Lieu où se rassemblent les hommes de troupe ; place forte" : Tout troy furent d'acord, si s'anfuient ; vont s'ent Par dever Monterose le riche mandement ; Ver ceu chaistel s'an vont tout droit (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 279). ...appourter vous ferai tout appertement Tretoute nous vitaille qu'avons es mandement Pour vivre et pour mengier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 544). Onques ne s'aresta, se vint au mandement Ou la roïne estoit, que le corps Dieu cravent. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 228). Si estoient venu et venoient encores efforciement tous les jours dalés lui où ses mandemens estoit. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 10). Tantost apriès Paskes revinrent devers le duch d'Ango toutes manières de gens d'armes (...) et estoit li mandemens dou duch assignés en le ville et en le cité de Pieregorch. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 172). ...ainsy comme il pour lors estoit varlet d'un escuïer nommé Guillaume, du surnom duquel il n'est record, ala avec sondit maistre, et au mandement de mons. de Luppres, chevalier, en un villaige dont il n'est record du nom (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 566). Item, et que mondit seigneur de Bourgoingne, et tous ses feaulx et subgiez et autres qui par cy devant ont porté en armes l'enseigne de mondit seigneur, c'est assavoir la croix saint André, ne seront point contrains de prendre ne porter autre enseigne, en quelque mandement ou armes qu'ilz soient en ce royaume ou dehors, soit en la presence du Roy, ou de ses connestable et mareschaulx, et soient à ses gaiges ou souldées, ou autrement. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 231).

 

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"Territoire" : «...Les Fransois sont entré en nostre mandement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 223). «...De la tierre de Franche venront sy frère gent, Qu'il prenderont par force ton riche mandement...» (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 12).

 

.

Maistre mandement. "Quartier général" : Puis ont prins la baniere du roy ou France appent Se le mirent tout hault au maistre mandement. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 61).

B. -

"Message informatif (sans idée d'injonction) ; message d'invitation"

 

1.

"Message d'information (ici assorti de menace)" : Anthoine (...) manda [à ceux de Couloingne] (...) comment il s'en aloit pour lever le siege du roy de Craquo (...) et que ilz lui mandassent se ilz estoient de la partie des Sarrasins, et il auroit sur ce adviz, et aussi que mal gré leurs dens il trouveroit bien passage, mais non pas si brief que par leur ville, et que, se ilz se destourboient d'une journee, il savoit bien la maniere comment il en feroit retour de quatre. Quand ceulx de Couloingne oyrent ce mandement et ilz furent bien informez de la fierté et de la puissance des deux freres, si orent grant doubte et envoierent par devers le duc Anthoine quatre des plus notables bourgois de la cité, qui moult humblement lui firent la reverence, et furent moult esbahiz de sa fiere contenance. (ARRAS, c.1392-1393, 175). Quant ceulx entendirent la parole, si prennent congié, et noncierent aux bourgois le mandement du duc. (ARRAS, c.1392-1393, 175).

 

-

Mandement (public). "Proclamation publique de la part d'une autorité" : Je treuve en l'Ystoire Tripertite, ou premier Livre, que Constantin voulant esprouver la loyaulté de ceulz qui le servoyent faignyt ung mandement publique que tous ceulz qui vouldroyent regnier leur loy crestienne demourroyent a honneur avec luy, les autres a desonneur s'en partyroient. (GERS., Concept., 1401, 410). LE DUC DE FALAISE. Trompete, va legierement Partout publier cest affaire Et dis par cueur ton mandement, Comme tu sces qu'il est de faire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 158).

 

-

Mandement patent. "Message sous forme de lettre ouverte qui accorde une faveur, une autorisation... ou qui informe publiquement d'un état de choses" : Et fu envoiez au Chancellier pour avoir son adviz se l'en plaideroit la cause des dames Jehanne et Mathe d'Armignach à l'encontre du conte d'Armignac, lequel Chancellier dist que c'estoit l'entention du Roy que ladicte cause fust plaidée, et que aussi la Court avoit sur ce mandement patent, et pour ce fu plaidoiée icelle cause, comme s'ensuit : Samedi, XIIJe jour de septembre. (BAYE, I, 1400-1410, 334). Et eurent congié et mandement patent de par le duc de Bourgongne, de assambler et entretenir par certaine espace de temps les dessusdiz. Lesquelz, la plus grand partie, estoient povres compaignons, qui de long temps avoient acoustumé à vivre d'avantaige et à tenir les champs, tant en leurs marches comme ailleurs. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 457). Et, le mercredi XIIIIe jour d'icellui mois de fevrier, furent leues et publiées es carrefours de Paris le mandement patent du roy signé : G.. de Cerisay, par lequel le roy mandoit au prevost de Paris qu'il estoit deuement acertené que le roy Edouart d'Angleterre et les princes, seigneurs et populaire dudit royaume, qui par long temps avoient esté en grant guerre et division entre eulx, avoient fait leur paix et pacificacion entr'eulx, et que tous iceulx, estans assemblez en conseil, avoient conclud, promis et juré de venir descendre en plusieurs et divers lieux de ce royaume, en entencion de y prendre, saisir et gaster villes, places, pays et forteresses et destruire ledit royaume et les habitans d'icellui, tout ainsi que autrefoiz ilz avoient fait. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 235).

 

2.

"Invitation, message d'invitation" : Et manda lors au conte de Forestz qu'il venist a sa feste, et admenast trois de ses filz ainsnez, car il les vouloit veoir. Le conte de Forez vint a son mandement le plus honnourablement qu'il pot, et admena ses trois filz. (ARRAS, c.1392-1393, 16). ...sa femme le fist tantost savoir a son amy, qui n'eust pas failly voluntiers a son mandement, mais vint tout incontinent. [Le mari est absent] (C.N.N., c.1456-1467, 290). Luy estant en ceste rage, pour mandement, priere, promesse, don, ne requeste qu'il sceust faire, elle s'appensa de non plus comparoir (C.N.N., c.1456-1467, 414).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     MANDER     
FEW VI-1 mandare
MANDER, verbe
[T-L : mander ; GD : mander ; GDC : mander ; AND : mander ; DÉCT : mander ; FEW VI-1, 148a : mandare ; TLF : XI, 291b : mander]

A. -

"Transmettre, faire parvenir à qqn (un ordre, une prière, une requête, une question...)"

 

1.

Mander qqc. (à qqn)

 

a)

"Transmettre (un ordre, un commandement) (à qqn)."

 

-

Mander qqc. "Ordonner que qqc. se fasse" : ...l'empereur manda le premier cry, du seigneur de Saintré nommeement et de ses neuf compaignons, lesquelz au second appel furent venus. (LA SALE, J.S., 1456, 266).

 

-

Mander qqc. à qqn. "Ordonner, demander qqc. à qqn" : Mais envoie l'en [ton hoste] sanz demour (...) La ou Dieu te conseillera. A Dieu ! fai ce que il te mande. (Mir. enf. diable, c.1339, 39). Et, mon tresdoulz cuer, ne vous doubtés que, quant je serai venus a vous, qui sera bien tost se Dieu plaist et je puis, je ferai sagement et secretement ce que vous m'avez mandé, et du sourplus m'attendrai a vostre noble cuer. (MACH., Voir, 1364, 680). ... s'il ne veult faire ce que nous lui manderons, il se puet tenir tout seur de la bataille (ARRAS, c.1392-1393, 157).

 

.

Empl. abs. : ...luy defendit par motz exprés et menasses que jamais ne s'i trouvast s'il ne luy mandoit (C.N.N., c.1456-1467, 440).

 

-

Mander (à) qqn (de) + inf. "Ordonner, enjoindre à qqn de" : Et dist que celle nuit mesmes, que par ses maistre et maistresse il fu mandé leur porter boire à un soir, de nuyt, en leur chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 495). ...[le Turc] manda faire deux pars de ses gens a pié qui derrire lui estoient (LA SALE, J.S. E., 1456, 327). Qu'en diray je : Peleus manda pluseurs ouvriers de faire nefz. Et entre les autres un en y eut nommé Argos, qui lui en fist une, la plus belle et la plus subtille qui jamais eust esté veue ; et fu nommee Argine a cause d'Argos. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 167). Et, pour ce, à grant diligence envoya le roy devers ses embassadeurs estans à Bouvynes, leur mandant ne conclure riens contre ledict connestable pour des raisons qu'il leur disoit, mais qu'ilz allongeassent la trève selon leur instruction, qui fut d'ung an ou de six moys, je ne sçay lequel. (COMM., I, 1489-1491, 246). ...desquelles il nous fist bailler et delivrer la possession, en quitant et dechargant tous les vassaulx et autres subjectz d'icelles villes et terres des fidelités et sermens qu'ilz avoient à luy, en leur mandant de nous faire les sermens et fidelités et nous estre bons, vrais et obeissans subjectz, ce qu'ilz ont fait, tant à la personne de noz commis ambassadeurs que à nostre personne. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 258). Et le landemain, XIIe jour dudit moys, ledit connestable fut averti que les Bourguignons tyroient vers ledit lieu de Hem. Pourquoy il manda au seneschal d'Agenès et à monseigneur de Moy aller vers luy ; et en escripvit audict grant maistre ainsi qu'il s'ensuit: ... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 318).

 

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Mander qqn à + inf. "Prier qqn de, ordonner à qqn de" : "Comment, ribaus, dis tu que ies mon prisonnier, pour ce se je t'ai mandé à venir parler à moi ?" (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129).

 

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Au passif "Ordonner que qqn soit" : ...en les priant [les senateurs] moult et par grant instance que icellui Jhesus fust mandé a consacrer et aourer comme vray Dieu (LA SALE, J.S., 1456, 23).

 

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Mander + prop. inf. "Ordonner que" : ...avec autres lettres patentes par lesquelles le Roy mandoit ladicte publicacion estre faicte cum certa modificacione (FAUQ., I, 1417-1420, 281).

 

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Mander à qqn que + subj. "Prier qqn de bien vouloir, inviter qqn à ; ordonner à qqn de" : Mon doulz cuer, vous m'avés mandé de bouche et par escript que je n'envoiasse point vers vous jusques vous envoieriés vers mi (MACH., Voir, 1364, 514). De quoy Virgile raconte, comme chose revelee de par Dieu, que Anchises, aprés sa mort, manda as Rommains que ilz sceüssent ceste doctrine. (ORESME, E.A., c.1370, 98). ...ladite Katherine lui dist que messire Jehan Braque, chevalier, lui avoit mandé que elle alast parler à lui pour une chambre que il lui vouloit louer pour sa demeure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 43). ...ledit mons. le chancellier, son maistre, mandoit audit mons. le prevost que lui, son lieutenant, le procureur et conseil du roy nostre sire, feussent, après disner, par-devant lui, en son hostel, en la rue de la Verrerie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 84). ...et pour doubte que ledit Hennequin ne feust là venus pour espier ou porter damaige à ladite ville de Saint-Quentin et au royaume, il manda audit Hennequin que il alast parler à lui, pour savoir la cause pourquoy il estoit là venus et arresté en ladite ville (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). ...unes lettres closes seellées du seel secret du roy nostredit seigneur, et signées de son saing manuel, par lesqueles apparoit que ledit seigneur mandoit à il qui deppose, ou au premier autre sergent d'armes qui sur ce seroit requis, que tantost et sans delay il excecutast par prinse de corps et explettacion de biens Heran du Port et Rose de Moustereuil, juifs, de la somme de quatre cens frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 20). Ly contes Emeris manda moult noble baronnie pour l'amour de la chevalerie de son filz. Et manda lors au conte de Forestz qu'il venist a sa feste, et admenast trois de ses filz ainsnez, car il les vouloit veoir. Le conte de Forez vint a son mandement le plus honnourablement qu'il pot, et admena ses trois filz. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Il me fault appaisier [Remondin] a Gieffroy avant qu'il face plus de dommages. Lors lui manda par Thierry, son frere, qu'il venist par devers lui a Lusegnen. (ARRAS, c.1392-1393, 269). A Hasdrubal son frere mande Qu'atout grant host vers luy descende (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 226). ...comme le segnifie l'evangile qui dit que Augustus Cesar Octovien manda que tout le monde fust nombré et descript (GERS., Noël, p.1404, 300). Laquelle dame (...) ne sceust nul remede plus fors soy a Dieu recommander, et soubitement, par favourable ambaxade, mander et requerir audit roy Loÿs tiers (...) que pour Dieu, pour honneur et pour l'affinité (...) la vensist ou envoiast prestement secourir (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 196). Et quant furent mesurees et a chascun party livrees, le roy manda a Saintré qu'il saillist le premier, et ainsin fist il. (LA SALE, J.S., 1456, 114). ...[le Turc] manda (...) que chascune part courust sups aux batailles des gens de trait. (LA SALE, J.S. E., 1456, 327). ...[il] luy manda qu'il venist celeement le plus [tost] qu'il pourroit. (C.N.N., c.1456-1467, 546). ...le chevalier estoit en une maison, et (...) il luy mandoit qu'elle y allast avec eulx (C.N.N., c.1456-1467, 551). Touchant canons, je lui en ay dit mon advis, et me semble que se seroit mal fait de en prendre plus à Saint-Quentin. Mais à Paris il y a une très belle serpentine que Mons. de Monglat a, laquelle vous devez mander à Mons. de Gaucourt qu'il la vous envoie. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 294).

 

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[Sans que] : LE SERGENT. (...) entendez, petiz et grans, Mon seigneur le conte vous mande A touz ensamble, et si commande, De chascun hostel un homme ysse, Et si s'en viengne a la justice (Mir. enf. ress., 1353, 50).

 

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[D'une pers. qui détient une autorité] Mander et deffendre que. "Faire savoir qu'il est interdit de" : Encores le roy nostre seigneur, ou le juge, vous mande et deffend que nulle personne, de quelque condicion que elle soit, ne doye entrer ou champ ne entre les deux lisses (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 213).

 

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[Sans compl. second] : Roys, tu es tenus A garder raison et justisse Et que ton edit ne perisse. Tu as par ton païs mandé Et seur la vie commandé Qu'il ne soit homs, tant ait hautesse, Qui aoure dieu ne deesse N'homme nul, fors toy seulement, Jusqu'a trente jours. (MACH., C. ami, 1357, 38).

 

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[Empl. conjoint de deux modes] : ...[elle] s'advisa de luy mander par la damoiselle qu'il eust encores ung peu de pacience, et que au plustost qu'elle saroit se desarmer de son mary qu'elle viendra vers luy. (C.N.N., c.1456-1467, 268).

 

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[L'ordre est exprimé au style dir.] : ...et manda au maistre de l'artillerie: " Ne tirez plus". (COMM., III, 1495-1498, 179).

 

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Inf. subst. "Ordre, commandement" : Tu ne feras que commander, Chascun vendra à ton mander (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 25).

 

b)

"Transmettre (une requête à qqn), demander qqc. à qqn"

 

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Mander qqc. (à qqn). "Demander qqc. (à qqn)" : ...Je doy de reste De ma prevosté ["droit à payer au prévôt de l'Université"] dix escus, Et ne treuve homme qui me preste : Je vous mande argent et salus ! (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 96). Et le paien luy dist sens demouree qu'ilz aient pris aultrez lancez. Le duc l'oitroie, sy en mandat II, et le roy II. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 112). Sire, se il estoit vostre bon plaisir pour aucuns jours moy donner congié de aler VIIJ ou X jours veoir madame ma mere qui le m'a mandé, treshumblement vous en vouldroye supplier. (LA SALE, J.S., 1456, 271).

 

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Mander secours à qqn : La dame (...) manda secours à ses gens, dont elle pensoit à estre aidie, mais onques nuls n'aparu ne se mist sus les camps contre le marquis de Blancquebourc. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 250). ...sy tost comme il [le roy de Grenade] seult sa honteuse desconfiture, tout argüé et plain de couroux, il manda secours aux rois de Thunez, de Barbarye et de Fez (Comte Artois S., c.1453-1467, 80).

 

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En partic. Mander bataille à qqn. "Demander, proposer le combat à qqn" : "Or avant ! Nostre ennemi nous atendent ; il est heure que nous chevauchons. Nous leur mandames la bataille, il le nous ont acordé et tiennent la journée selonc leur convenant." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 194). ...il me semble le milheur que je mande I caple contre celluy qui veult avoir ma terre : qui la peult conquesteir, sy l'ait. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 157). ...ung povre gentilhomme luy mande batailhe, car il a perdut le sien, sy aime mieulx morir que vivre. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 192). ...ce est Ogier qui at mandeit l'estour (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 193).

 

c)

"Transmettre (une question) à qqn, chercher à savoir qqc. auprès de qqn"

 

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Mander à qqn + interr. indir. : Sire roy, je suiz cy envoiez devers vous de par Anthoine et Regnault de Lusegnen, son frere, pour vous monstrer la faulte et l'oultrage que vous faictes et avez fait a ma damoiselle de Lucembourc ; dont ilz vous mandent se vous lui voulez restablir ses dommages et lui admender raisonnablement l'injure et la vilennie que vous avez faicte a elle, a ses gens et a son pays, vous ferez ce que vous devez. Or m'en respondez ce que il vous en plaira a faire. (ARRAS, c.1392-1393, 158).

 

2.

Mander qqn

 

a)

"Faire parvenir à qqn l'ordre, la demande se présenter, faire connaître à qqn sa volonté" : Ne sçay que face pour son miex, Ou que le mande ou qu'a li voyse. Je doubt (...) Se je le mande qu'il n'en deigne Tenir compte, et que point ne veigne (Mir. st Guill., c.1347, 6). Fusicien furent mandé, Et la leur fu il demandé S'elle averoit de la mort garde (MACH., J. R. Nav., 1349, 202). Frigonde la pucelle (...) Manda le chartrenier qui y vint liëment (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 33). LA CHAMBERIERE. Dame, ne vous decevez mie ; Mandez la ventriere briefment. Vous traveilliez certainement, Bien dire l'os. (Mir. enf. ress., 1353, 18). Pape Sevestre manderas, Qu'as chacié en une montaigne, Si li requerras qu'il t'ensaingne Avoir de ton mal medicine (Mir. st Sev., 1362, 204). Li empereres (...), Si tost que la nouvelle oy, Ses gens et ses barons manda, Et en l'eure leur commanda Qu'il fussent tost aparilliez, Tous montez et tous abilliez ; Qu'aler li voloit à l'encontre. (MACH., P. Alex., p.1369, 33). ...le prevost de ladite ville de Villeblovain, en l'ostel duquel estoient logiez un chevalier ou escuïer, ne scet lequel, qui estoit à troys chevalx, le avoit mandé afin que ilz convoyast iceulx chevalier ou escuïer (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 318). Ly contes Emeris manda moult noble baronnie pour l'amour de la chevalerie de son filz. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Lors fait le roy son ost semondre et mande par tout ses amis et aliez. Et en pou de temps assembla bien de VJ. a VIJ. mil hommes. Et se part de son pays et y laissa bon gouverneur. (ARRAS, c.1392-1393, 173). LE QUINT CHEVALIER [au marquis]. Chier sire, il vous faulsist avoir Un vostre secret secretaire (...). LE MARQUIS. C'est bien dit. Je vueil et comans Qu'on en mande un presentement. Faites en venir un present (Gris., 1395, 20). LA MARQUISE. (...) Mon seigneur, vous m'avez mandé. Que vous plaist il a commander ? (Gris., 1395, 89). Si manda ceulx de son lignage, Et assembla moult grant bernage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 147). Car n'osoit venir, ne aler Devers le roy nulle personne, S'il ne la mande ou il la sonne (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 266). ...le Roy estans à Chartres manda, environ quaresme, XIJ des seigneurs de ceans et son procureur general et ses IJ advocat (BAYE, I, 1400-1410, 281). Et au surplus plaise vous moy mander et commander pour tres lyement a mon pouoir obeir, au plaisir du Saint Esperit, ma tres redoubtee et souveraine dame (LA SALE, J.S., 1456, 260). Quant Madame refut atournee et que toutes eurent assez plouré et que damp Abbés fut desarmé, fut le serurgien mandé. (LA SALE, J.S., 1456, 299). "Ame n'est ceans entré que nous qui y sommes et le musnier ; si me sembleroit bon qu'il fust mandé." On le mande, et il y vint. (C.N.N., c.1456-1467, 44). Si manda pluseurs ses amis et sa fille aussi (C.N.N., c.1456-1467, 169). ...j'ay la charge de (...) vous dire en bref la cause pourquoy vous estes icy mandées. (C.N.N., c.1456-1467, 222). Car au tiers jour furent icellui Mella et Dellos mandés de l'empereur, pour dire où estoit icelui riche homme, lesquieux trouverent, par la subtilité de l'autre astrologien, que icelui riche homme estoit ès parties d'Orient en la Mer Rouge (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°). ...de soy transporter en nostre ville de Bordeaulx et autres villes et places quelzconques dudit pays, et, s'il voit que besoing soit, acompaigné de tant et telz gens qui luy plaira, mander et faire venir devers lui les nobles, officiers et autres dudit pays (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 228).

 

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Mander qqc. "Envoyer chercher qqc." : Quant ilz eurent ce deliberé, ilz manderent le coffre qui estoit envoyé au noble Passelyon. Et Troÿlus, qui la clef en gardoit et qui l'avoit ouvert autrefois, l'ouvry. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 26).

 

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Empl. abs. "Faire levée des gens d'armes" : Or est li temps qu'om ne fait que mander, Mais li mandez destruisent leur contrée, Prannent, pillent quanqu'ilz puelent trouver. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 160).

 

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Mander qqn qq. part : Et puis s'en vinrent rengié et ordonné devant le chastiel de Subise. Et mandèrent en leur navie encores grant fuison de Genvois et arbalestriers. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 70). Adont furent li Flamenc mandé au palais. Il vinrent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 284). ...il vouloit tant honnourer les deux chevaliers Franchois (...) qu'il (...) les manda en sa chambre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 106).

 

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Mander qqn pour + inf. "Faire venir qqn auprès de soi et le charger de" : Victorien, souverain clerc, fut en ce temps, à cause de sa science de astrologie, mandé par le pappe Hillaire pour amender le Paschal de l'abbé Denis, qui moult est neccesaire à l'Eglise (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 r°).

 

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Faire mander qqn : Anthoine fist mander le roy d'Ausaiz et le fist premierement seoir, et puis la pucelle, et puis lui et Regnault, son frere. (ARRAS, c.1392-1393, 167).

 

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Mander qqn (à) venir. "Faire savoir à qqn qu'il doit venir, convoquer qqn" : ...Gaufroit fit faire lettrez et mandat son peire et ses frerez a venir a Paris a VI mois. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 2). ...monseigneur se trait arriere et mande venir vers luy ses maistres d'hostel (C.N.N., c.1456-1467, 81). Or furent mandés les deux chebvaliers à venir devers le roy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 16). ...[le duc]...manda venir devers luy le bailli, et lui venu, lors lui dist... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 25). Si le manda vers luy venir par une citation que ung cicaneur luy apporta. (C.N.N., c.1456-1467, 540).

 

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Au passif : La fu mandé uns evesques, qui les fianca. Et commenca la feste grant. (ARRAS, c.1392-1393, 190). Adont fu moult grant ost mandee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 214).

 

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Sans mander. "Sans y être invité" : Mais li hostes qui riens n'aporte Et baudement hurte a la porte, S'il n'i a trop grant congnoissance, C'est folie ou outrecuidance. Monsigneur, je l'ay einsi fait, S'en corrigerez le meffait, Car je suis venus sans mander Pour moy a vous recommander. Mais on m'a dit que vous m'amez Et que souvent me reclamez, Et c'est ce qui m'a esmeü A venir, quant je l'ay sceü. (MACH., F. am., c.1361, 188). Discorde la sans mander vint. Et scez tu de ce qu'il avint ? La mauvaise et la decevable Devant nous getta sus la table Ceste pomme d'or que tu vois, Et puis cria a haute vois : "Donnee soit a la plus belle !" (MACH., F. am., c.1361, 204). ...Si s'enclina jusques a terre, Puis se leva tantost grant erre Et s'assit près de luy [le roi] sans mander. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 251).

 

b)

DR. Mander qqn. "Convoquer qqn en justice" : Après lesqueles choses ainsi faites, ledit mons. le prevost, en la presence dudit maistre Jehan de Cessieres, et aussi desdiz presens conseillers, manda et fist venir ledit Ernoulet de Lates, prisonnier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 296).

 

-

Estre mandé en jugement (sur les carreaux). "Être convoqué au tribunal devant les juges" : Veu lequel jugement interlocutoire donné [contre] icellui prisonnier, ledit prisonnier fu mandé en jugement sur les carreaux, oudit Chastellet, et par ledit lieutenant lui fu dit que de ses autres larrecins il deist et confessast plainement la verité (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 186). Et après plusieurs parolles sur ce dites, fu mandée et faite venir en jugement oudit Chastellet Marion La Liourde, fille de vie, demourant devant Saint-Denis de la Chartre, amie dudit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 281).

B. -

P. ext. "Envoyer qqn (un messager) ; transmettre une information, faire savoir qqc. ; envoyer (une chose concr.)"

 

1.

Mander qqn. "Envoyer qqn (un messager)" : En Cartage ont mandé messages, Disant qu'ont entrepris voyages (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 250).

 

-

Mander (qqn) +inf. "Envoyer (qqn) pour" : ...le cappitaine de Lypre vous salue et me mande savoir dont vous estes et qui vous estes. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 147).

 

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[Avec ellipse du compl. d'obj. (qui est en même temps le sujet de l'inf.)] Mander + inf. : Un prince, qui heoit le mire, Qui l'ot en cure manda dire A Alixandre que "de luy Se gardast bien..." (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 46).

 

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En partic. Mander querre/querir qqn/qqc. : Quant tel seigneur vous mande querre, Venez a li. (Mir. emper. Romme, 1369, 300). ...Priant manda partout querre Pyonnïers, pour fouïr en terre. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 58). Le roy se teust a ceste foiz (...) et quant il fut revenu en sa chambre manda querir son tresorier (LA SALE, J.S., 1456, 78). Ton mary me viendra ou mandera querir (C.N.N., c.1456-1467, 134). ...par vostre Dangier manderez querre une aultre robe (C.N.N., c.1456-1467, 259). ...le mary se fist mander querir par un messagier (C.N.N., c.1456-1467, 353). ...il se partit du païs et manda vers le roy querir sa remission (C.N.N., c.1456-1467, 355). Le roy estoit a sa messe ; si attendirent illeuc jusques que le roy les manda querre et venir vers luy en sa chambre de parement (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 58).

 

2.

Mander qqc. (à qqn). "Faire connaître qqc., apprendre, annoncer qqc. à qqn" : LE COUSIN. Cousin, il n'i ot puis un an Tant comme il a de bonnes choses. Ce m'a mandé par lettres closes Nostre hoste (Mir. enf. ress., 1353, 12). LE MARI. (...) Et li diras que je li mant Que l'estat de maison me mande Tout (Mir. enf. ress., 1353, 52). Et vous envoie ce rondel ; et s'il y a aucune chose a faire, je vous pri que vous le me mandés. (MACH., Voir, 1364, 72). Je vous suppli humblement que vous me veilliez mander vostre bon estat, et quant vous partirés de la ou vous estes, car trop le desir a savoir ; et les quelz vous volez de mes livres, si les ferai tantost escrire. (MACH., Voir, 1364, 154). Sus cel estat (...) se ordonna Perrot Le Bernois et manda secretement aux cappitaines de ses fors (...) tout son fait et la voulenté de son emprinse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 206). LE MARQUIS. Chevaliers, faites moi avoir Un message viste et appert Qui s'en voist tantost et appert Ou je lui vouldray commander, Car en certain lieu vueil mander Une besoigne qui me touche. (Gris., 1395, 75). ...messires Carles de Blois (...) manda et escripsi tout l'estat de Bretagne a son oncle le roi Phelippe (FROISS., Chron. D., p.1400, 568). Son vueil mande par son message. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 133). Le jeune homme manda à sa femme (...) la grant somme en quoy il s'estoit assis pour eschever la mort (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 171). ...nostre clerc fut logié avecques ce cardinal, laquelle chose il manda a sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 284). ...car avoit gens qui tout luy mandoient et rapportaient (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 314).

 

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Mander une nouvelle à qqn : Ceste nouvelle manderent au seigneur de Pacs ou de Pacques, son frere, qui tant en fut dolant que plus ne povoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 117). Lors luy va dire tout au long l'angelicque nouvelle que en ceste nuyt Dieu luy manda (C.N.N., c.1456-1467, 99).

 

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[Avec un article partitif] : ...luy arresté, tantost manda et fist savoir a sa dame de ses nouvelles (C.N.N., c.1456-1467, 169). Promist aussi, s'il ne retournoit de bref, de luy souvent escripre et mander de son estat. (C.N.N., c.1456-1467, 344).

 

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Empl. abs. : Si a mort condempne Jhesus, Je suis perdu - il est conclus -, Comme Percula m'a mandé, Car ceste nuyt elle a songé Choses terribles et contre [l. terribles contre] moy. (Pass. Auv., 1477, 169).

 

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Mander +interr. indir. : Si luy vueille mander quel jour Veult combatre (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 43). ...qu'il me mande par vous se il vuelt que je voise a lui, de jour ou de nuit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43).

 

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"Donner des conseils, des recommandations" : ...à son filz, qu'il appelloit roy, manda plusieurs choses ; et se confessa très bien et dist plusieurs oraisons servans à propoz, selon les sacremens qu'il prenoit, lesquelz luy-mesmes demanda. Et, comme j'ay dit, parloit aussi sec comme si jamais n'eust esté malade, et parloit de toutes choses qui povoyent servir au roy son filz. (COMM., II, 1489-1491, 316).

 

-

Mander que + indic. : Tu metteras : "Au roy d'Escosse, Nostre chier seigneur, reverence, Salut et toute obedience. Nous vous mandons que la royne Vostre femme gist de jesine..." (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 45). Ne me mandastes vous par lettre Que dire a droit vous ne saviez Quel enfant d'elle eu aviez... ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 69). ...li Alemant (...) manderent au roi que euls et lors gens estoient tout prest, mais il fesist traire avant le duch de Braibant son cousin germain, qui se apparilloit assés froidement (FROISS., Chron. D., p.1400, 288). Aristote tramist message Et lui manda qu'oir masle avoit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 53). Ce jour dessusdit, messire J. de Poupaincourt, premier president, qui devoit pronuncer les arrest, a mandé à la Court que ne povoit venir, obstant certeinne maladie qui ceste nuit l'avoit arresté. (BAYE, I, 1400-1410, 59). ...[elle] luy manda qu'elle viendroit ennuyt soupper et coucher avecques luy. (C.N.N., c.1456-1467, 261). LE MESSAGIER. (...) Hault empereur, je suis vers vous venu Par le vouloir du roy de Barbarie, Lequel vous mande qu'il est ja survenu En voz pays, ou voz gens il harie Et en mains lieux estant sa seigneurye, Car ses gens sont par chemin et par voye (LA VIGNE, S.M., 1496, 236). Audit temps, ledit grant maistre se mist dedans Saint-Quentin pour la garde d'icelle ; ce qu'il manda au roy estant es marches de Bretagne, en luy faisant sçavoir que, se le duc de Bourgoigne se povoit retirer, il le iroit veoir. De quoy le roy fut bien content et manda audit grant maistre que le duc de Bretaigne envoyoit devers luy adfin de faire traicté de paix, et luy envoya unes lettres missives desquelles la teneur s'ensuit: ... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 316).

 

3.

"Envoyer qqn ; envoyer, offrir qqc."

 

a)

Mander qqn qq. part. "Envoyer qqn qq. part" : Et envoya mesme en Angleterre pour y trouver aide, et y manda son vice-chancelier, sur lequel et sur son message se fondera maintenant une dure et difficile matière (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 75).

 

-

Empl. abs. : ...Charles (...) dist qu'il la redefieroit plus belle qu'elle ne fut onques [une cité]. Sy mandat en Allemaggne par tout tant qu'il oit IIIc ovriers et les fist entreir en ovre a redifier Ays le Grain. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 68).

 

-

Mander une ambassade : Pour quoy est necessaire que tu mandes une ambassade a ceulx de Samye qu'ilz te envoyent Esope (MACHO, Esope R., c.1480, 54).

 

b)

Mander (une chose concr. ou abstr.)

 

-

"Envoyer, faire parvenir, offrir (une chose concr.)" : Et, par m'ame, mon tresdoulz cuer, onques m'entention ne fu que je vous envoiaisse les lettres sellees dont vous estes un po meue contre moi ; et toutesvoies je l'ai fait par quoi vous sceussiés a quel meschief j'ai esté des lettres et du mandement que vous me mandastes par Th., vostre frere. (MACH., Voir, 1364, 556). Le noble roy de France (...) Manda és bonnes villes qui furent environ Chevaulz et armeüres en itelle saison, Qui n'y eust oncques moisne qui n'eust a habandon Bon healme et gorgiere et espee et blason. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 124). Alors par la destresse des vivres, les patrons envoyerent le escripvain de la nave dedens le palescarme et escript audit messire Nicolle, cappitaine dessusdit, soy merveillant que par l'omme qu'il avoit envoyé n'avoit de lui plus nulles nouvelles, et que seurement mandast largement de pain, de vin et d'aultres vivres ; car la ne avoit fors que chevaliers et escuiers françoiz, pellerins et marchans, qui payeroient bien. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 157). S'ainsi estoit qu'aucun n'eust pas Receu le laiz que je lui mande, J'ordonne qu'aprés mon trespas A mes hoirs en face demande. Mais qui sont ilz ? Si le demande Morreau, Prouvins, Robin Turgis : De moy, dictes que je leur mande, Ont eu jusqu'au lit ou je gis. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 72). Esope presenta le plat et la viande a une petite chienne (...) en lui disant : "Mon seigneur te mande ceste viande precieuse." (MACHO, Esope R., c.1480, 28).

 

-

[Une chose abstr.] : Jhesu Crist une bonté grande Te fait : c'est que par nous te mande Conseil conment tu gariras (Mir. st Sev., 1362, 204). ...le duc d'Angou manda ung contremandement au roy Henry d'Espaingne comme le duc de Lencastre s'estoit retrait à Bordeaux et que l'en n'auroit point de bataille (Chron. Valois L., c.1377-1397, 248). Et finablement il mandat au roy Charlez amour et luy parroffroit son service (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 97). ...si tost que se sentit couronné, envoya à toutes les nations, aux uns mander amitié, aux autres menace (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 204).

 

-

[Formule d'écriture] : LE MESSAGER. (...) Dame, vezcy que vostre fiex Vous envoie, et salut vous mande, Et a vous moult se reconmande. Veez que c'est. (Mir. st Sev., 1362, 216). LE SECRETAIRE en lisant. (...) Je, de Saluce le marquis, Leur feal freres et amis, Salus mande et dilectïon [au conte de Panice, son frère]. (Gris., 1395, 23). ...il luy mandoit par lettres a luy presenteez salut et amisteit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 117).

 

c)

MÉD. Membre mandant. "Membre qui secrète" : ...ou pour raison des membres mandans, c'est a dire le sang menstru vient a la marris du membre retenant, c'est assavoir de la marris, ou pour les voies moiennes par ou le sang menstru est porté a la marris (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 108). Et puis quant la matiere sera engrossee en aulcune maniere et que le membre mandant sera conforté, faites saignee (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 4). ...et puis devons conforter le membre mandant et puis le membre a qui on mande affin qu'il ne reçoive (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 19).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 14/15 
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     REMANDER     
FEW VI-1 mandare
REMANDER, verbe
[T-L : remander ; GD : remander ; DÉCT : remander ; FEW VI-1, 151a : mandare]

A. -

"Transmettre à nouveau, de son côté ou en retour, faire parvenir à qqn (un ordre, une requête, une demande ; en partic. la demande de se présenter)"

 

1.

Remander qqc. (à qqn). "Ordonner qqc. (à qqn)" : Et avoit juret li dus de Normendie que le siege d'Agillon ne leveroit par nulle condition que ce fust, se li rois son pere ne le remandoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 666).

 

-

Remander que. "Ordonner que" : Aprés, yceulx leur remanderent Que tantost leur cité guerpissent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 250). ...point n'i fu grantment, quant on li remanda Qu'il fust à ung jour à Amiens, c'on nomma. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 311). Mais le senat qui fut grandement indigné contre Pillate (...) fist ung edit par despit, que incontinent manderent en Jherusalem prendre et persecuter tous les disciples et croyans en icellui Jhesus de Nazareth. Et d'aultre part, sentant l'emperreur ceste chose, semblablement par despit de eulx, remanda que ilz fussent aydiez, favourisiez et soustenus a tout povoir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 66).

 

-

Remander + interr. indir. "Demander de nouveau + interr. indir." : Laquelle confession ledit visconte envoye par devers ses très-chiers et grans seigneurs mons. le chancellier d'Orgemont, et nos seigneurs de parlement, et chascun d'euls, enclosses soubz son seel, pour avoir sur ce advis, et luy remander s'il leurs plaist, ce que il leur plaira qu'il en soit fait. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381).

 

2.

Remander qqn. "Faire parvenir à qqn, à nouveau, de son côté ou en retour, l'ordre, la demande de se présenter, faire revenir, rappeler qqn" : Ta dame te remandera, Certaine en sui, et si fera Tant que de li te loeras Et a s'amour ja n'i faurras (MACH., Voir, 1364, 228). Et se il vous demande ou vous vos vodrés retraire, vous vos fainderés et li dirés que vous avés oy nouvelles dou roi vostre mari, et que il vous remande et que la vous vos retrairés au plus tos que vous porés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 56). ...et remanda toutes ses gens, qui estoient espars en Hainnau et en Braibant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 298). Et mesmement le connestable remanda ses gens d'armes des frontières de Normendie à venir devers lui à Paris, pour lui fortifier. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 208). ...le roy les remanda come si faisoit il tous les haulx jours et toutes les festes que il faisoit et tous venoient à son mandement bien et voulentiers, come tenuz y estoient. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 267). Le Roy remanda tous ses cappitaines de gens de guerre et leur dist : ... (BUEIL, II, 1461-1466, 170). ...toutesfoiz je fuz remandé, disant que tout estoit rompu. (COMM., III, 1495-1498, 35).

 

-

"Faire parvenir un ordre à qqn" : Et remandoient li rois de France et la roine lor fil, le duch de Normendie, et li enjoindoient expresseement et especiaulment, toutes paroles et ensongnes misses arriere, il se partesist et desfesist son siege, et retournast en France pour aidier a desfendre et garder son hiretage. (FROISS., Chron. D., p.1400, 749).

B. -

"Envoyer à nouveau, de son côté ou en retour, qqn (un messager) ; transmettre à nouveau, de son côté ou en retour, une information à qqn, faire savoir qqc. à qqn"

 

1.

Remander qqn qq. part. "Envoyer à nouveau qqn qq. part" : ...ces pelerins cy ne sont pas venuz par devers vous tant seulement pour aprendre nostre arquemie, mais pour vous humblement supplier qu'il vous plaise de nous remander au monde. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 205-206).

 

-

Remander qqn. "Renvoyer qqn" : Alors Fabrice (...) remanda le messaige et (...) il fist a luy venir le medecin. (LA SALE, Sale D., 1451, 95).

 

2.

"Faire savoir qqc. en réponse, faire répondre" : Et ceulx mirent leur conseil ensemble, et par les anciens trouverent qu'ilz ne avoient oncques eu discort aux ducs de Lucembourc, ne a leurs complices, et que, puis qu'il estoit si vaillans homs et si veritables, qu'ilz le lerroient passer. Et lui remanderent ces paroles, et avec ce lui envoierent moult de beaulx presens, tant d'avoine comme de pain, de grant foison vins, de chars, de vollaille et foison de groz saumons. Quant le duc Anthoine ouy la response et vit les grans presens, si les mercia moult. (ARRAS, c.1392-1393, 175). Si leur rendra dure souldee, Dont tel responce ont remandee, Par quoy grant sanc ert espandus (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 214). Je vous pri que me veulliés conseillier quel chose j'en ay a faire, car vous veéz par la teneur de la lettre que mes seneschaulx me mandent que je leur en remande mon bon talent. Mais, par ma foy, je ne leur sçay que remander sinon par vostre conseil, car nullement je ne polroiie souffrir que on en feist nul mal a celle que tant j'ay amé, car par adventure ce n'est point sa coulpe, mais le mienne (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 171).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss.

 

-

Remander que : Mais Ganor n'ot mie conseil d'aler y, sy lui remanda qu'il n'yroit point et qu'il fist d'autruy roy a sa volenté, car il le vouloit bonnement (Bérinus, I, c.1350-1370, 185). Et li roys de Franche au pape remanda Qu'il estoit assés vieux pour aler par delà ; Mais il avoit ung frère, qui son lieu li tenra (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 88). Et le landemain manderent a Gieffroy qu'ilz estoient tous prestz de venir par devers lui pour eulx excuser, et Gieffroy leur remanda qu'il estoit tous prest de eulx ouïr. (ARRAS, c.1392-1393, 210). ...et lor remanda, par ceuls meismes qui ces lettres avoient aporté, que il ne fuissent en nul soussi: il lor en menroit assés (FROISS., Chron. D., p.1400, 367). Li Flamenc li remanderent par ses gens meismes que il n'avoient point de signeur, puisque il se absentoit de euls et ne les voloit croire (FROISS., Chron. D., p.1400, 823). Adont la royne Vasti, Qui mal oeuvre pour lui basti, Comme nice et mal conseillee, Par quoy depuis fu exillee, Remanda au roy fellement Que " vers lui n'iroit nullement, Ains tendroit sa feste en ses chambres, O les dames et tart et tempres..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 262). Quant le pape ouÿt la demande, il remanda a Pepin que celluy par droitte raison et equité se doit appeller roy qui gouverne et desduit son fait a l'euvre publique et qui la fait continuelle. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 11).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 15/15 
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     REMANT     
FEW VI-1 mandare
REMANT, subst. masc.
[T-L : remant ; GD : remand ; FEW VI-1, 151a : mandare]

"Action de remander, de donner un nouvel ordre (ici de remander une armée, de lui ordonner de battre en retraite)" : ...on s'arresta à ce, et s'y consenti le duc, qu'on remanderoit l'armée, et envoieroit-on à Marseille et en Avignon homme propre pour recevoir l'artillerie qui estoit dedens la navire, et la mettroit-on en Avignon sous la garde de la ville jusques au mars prochain, que le duc espéroit soi mettre sus. Et furent les nobles de la cour plusieurs joyeux de ce remand (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 59).

REM. MONSTRELET (éd. 1516) ds GD VI, 770c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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