C.N.R.S.
 
Famille de malus 
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 Article 1/19 
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     AMALER     
*FEW VI-1 malus
AMALER, verbe
[*FEW VI-1, 124b : malus]

Empl. trans. "Irriter, tourmenter"

 

-

Estre amalé de qqc. : Ce est de la dame jolie Laquelle maine male vie Pour amour de son amy Que longtemps a que ne le vy, Dont elle fu grant temps amalée En son pays en la contrée (...). Son chevalier a demandéz : "Foy, amis, ça entendés. (...) Alés mon amy compter Comment je suis haitiée Et de ma personne bailliée, Car puis qu'a moy feustes revenus Mon cuer fu si yrascus Que en present cuidoit mourir..." (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 110).

REM. Cf. FEW VI-1, 124b : «Apr. amalar v. a. "irriter" LvP. Apr. amalir, "rendre mauvais" (ca. 1100), Puiss.» et 126a : «Afr. maler v. a. "faire tort (à...), tourmenter" (12-anfang 13. jh. (...)), norm. "malmener, harceler, fatiguer"».
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 2/19 
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     DÉMALER     
FEW VI-1 malus
DEMALER, verbe
[T-L : demaler ; GD : demaler ; FEW VI-1, 127a : malus]

Empl. pronom. "Se lamenter" : En ung pré s'en est desvalé [= Renart] ; Illec s'est forment demalé. Sur ung mulon s'en est monté ; Illec a ses pechiez compté. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 119).

 

-

Estre demalé. "Être inquiet, soucieux, vexé" : Quant Virgille [suspendu dans une corbeille à mi-hauteur d'une tour] fut avalé De son meschief fut demalé Et de honte qu'il pot avoir ; Lors prisa monlt peu son savoir, Et dit jamais ne s'ara chier, Se de ce ne se poeut vengier. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 72).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 3/19 
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     MAL1          MAL2          MAL3          MAL4          MAL5     
FEW VI-1 123b malus
MAL, subst. masc.
[T-L : mal1 ; GD : mal3 ; GDC : mal2 ; AND : mal1 ; DÉCT : mal1 ; FEW VI-1, 123b : malus ; TLF : XI, 222a : mal3/maux]

I. -

[Domaine de l'expérience concrète] "Ce qui est contraire à la santé, au bien être des personnes, au bon état des choses"

A. -

"Souffrance"

 

1.

"Souffrance qui touche le corps"

 

a)

"Douleur " : LA DAME. Diex ! Diex ! Le ventre ! Dieux ! Le dos ! Doulce mere Dieu, que feray ? Ha ! Dieux ! Si grief mal n'enduray Onques mais jour ! (Mir. enf. ress., 1353, 18). Sa, aidiez moy a desvetir De cest habit pontifical : Savoir vueil quel bien ou quel mal Fait une haire. (Mir. pape, 1346, 375). Chiére dame, trop malement Vous voy souvent muer couleur : Aucun mal avez ou doleur, Si com je pens. (Mir. Clov., c.1381, 245). ...ses plaies [du roi] lui escreverent, et en yssi le sang a grant randon parmy les bendeaux. De quoy Uriiens fu moult doulent, et aussi tous ceulx qui le virent. Mais le roy se bouta ou lit soubdainement, et dist qu'il ne se sentoit nul mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119). Or vous commande je a tous et a toutes que vous laissiez ce dueil ester, et tendez et appareilliez ceste sale, et menez joye ; et faictes appareillier la messe ; et après le service faictes drecier les tables, et après disner faictes cy, devant moy present, la feste comme se je feusse sur piez, car sachiez que ce me allegera moult mon mal. (ARRAS, c.1392-1393, 121). ...la pouvre femme (...) s'en alla tantost a sa maison plaindre son mal et son martire [La femme a été battue jusqu'au sang] (C.N.N., c.1456-1467, 265). ...tousjours estoit tant de mal oppressée qu'on cuidast bien que l'ame en deust partir. (C.N.N., c.1456-1467, 458). Pour ung mal que vous soufferés, Cent biens laissuz en recevrez, En la joye de paradis, Ou vous avrez vostre desduis (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 126). Mon amy, n'en doubtez en rien, Car, pour ung mal, cent mile bien Vous recevrez pour ce martire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 155).

 

-

Au plur. : Las, quel torment ! Nepveu, coment-pouvés vous souffrir tant de maulx ? (Pass. Auv., 1477, 210).

 

.

Prov. Les maux viennent à cheval mais s'en vont à pied : C'est voir que les maux a cheval Viennent, mais a pié, sire doulx, S'en vont. Monstrez ça vostre poux. Gardez, ne vous dejettez point : Vous serez tantost en bon point (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 241).

 

-

Mal de teste/mal au/du chef/avoir mal en la teste : ...chil (...) l'ont en garde, tant que pour le medeciner et purgier dou mal dou chief (FROISS., Chron. D., p.1400, 784). Il vient a l'uis et puis rentre dedens, Il dit qu'il a mal en teste ou en dens, Au lit se met, puis envers, puis adens (CHART., D. Fort., 1412-1413, 162). ...il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242). Qui ne jette ne laisse ou feu jetter nulz os, jamais il n'ara mal au chief ne douleur aux dens. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 125). Car j'ay tres grant mal en ma teste. (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

-

Mal de dents/avoir mal aux dents : ...De mal de dens sans repos a jamais, Du mal des rains, de malles trenchaisons, Puisse mourir qui empesche la paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 277). C'est a dire, mon amy : Fuy tristesse de pensee plus que le mal des dens (LA SALE, J.S., 1456, 19). Av'ous mal aux dens, maistre Pierre ? (Path. D., c.1456-1469, 158).

 

-

Mal d'enfant/d'enfanter. "Douleurs de l'accouchement" : ...trespassa à Evreux de mal d'enfanter, comme l'en dit, tres noble dame la royne de Navarre, seur du roy de France (Chron. Valois L., c.1377-1397, 244). En sa chambre est toute esbahye Du mal d'enfant qui si l'argue. (Gris., 1395, 59). Ors avint que, droit la vigiel du Noel, ilz sont tous aleiz a matinez et Beatris fu en sa chambre mult destroite de mal d'enffant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 12). ...le mal d'anffanter la prinst et la travailla longuement (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 983). Et, durant ce qu'il fut ainsi assegié ou chasteau de Carlat, madame sa femme, fille de messire Charles d'Anjou, conte du Maine, acoucha d'enfant en icellui lieu de Carlat, et, tant par desplaisance de sondit seigneur et mary que dudit mal d'enfant, ala de vie à trespas, dont fut grant dommage, car on la tenoit bien bonne et honneste dame. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 11).

 

-

Avoir mal : Il n'i vint mies, ançois s'escusa pour tant que il avoit donc mal en une jambe, si ne pooit cevauchier. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 204). Vouer les fault a saint Espoint, Pour ce qu'ilz ont trop mal ou ventre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 100). ...notez du clerc qui pria que le bourgois eust mal encores en son autre jambe (GERS., Pent., p.1389, 78). Il [le roi] gist en celle chambre la. Chascuns y puet aler ainsi que s'il n'avoit mal ne douleur. Il a ja fait son testament, et donne a ses serviteurs tant que chascun s'en tient a bien paiez, et est confez, et a recu son Createur et tous ses sacremens. (ARRAS, c.1392-1393, 114).

 

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(Avoir) mal de (son) corps : "Damme (...) ne vous doubtez en riens, car ja de vostre corps vous n'arez mal..." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 257). Une pestillence de mortoere très grande et très espoentable se bouta en son host (...) et y morut de boce et de mal de corps plus de XX.M. personnes. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 267). "...vous seriés mis a courtoise finance, vous n'averiés nul mal de vostre corps." (FROISS., Chron. D., p.1400, 371).

 

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Loc. fig. Avoir mal en ses cheveux. "Se croire trompé" : Par fol cuider leur vient ceste folie [aux jaloux], Et cuident voir tout ce qu'ilz ont forgié Par le penser qui en dorment les lie ; A quoy ilz ont trop merancolié. Un tel cuidant devroit estre lié Com hors du sens, qu'onques cuers vertueux N'ymagina en dame qu'amitié : Pluseurs sanz cause ont mal en leurs cheveulx. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 155).

 

-

Faire mal à qqn

 

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[D'une pers.] : Vous n'avez garde, dit elle, je ne suis pas armée pour vous faire mal. (C.N.N., c.1456-1467, 280). Or gardez bien que tu ne dyes a personne que je sache parler de ceste matere, et je te promectz que je ne te feray ja mal. (C.N.N., c.1456-1467, 375).

 

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[D'un aliment] "Être indigeste" : ...si avons tout laissé pour venir icy, cuidans menger de la lemproye ; mais ad ce que nous voyons, elle ne nous fera ja mal. (C.N.N., c.1456-1467, 263). Advint toutesfoiz, je ne sçay par quel cas, ou s'il eut trop chault ou trop froit, ou s'il mengea quelque chose qui mal luy fist, qu'il devint tresmalade (C.N.N., c.1456-1467, 539).

 

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Se faire mal. "Attenter à sa vie" : Lequel Jehan Le Queu dist à lui qui parle que il feust et demourast avecques icelli Breton en ladite prison, et se prenist bien garde que icelli Breton ne se desesperast ne aussy se feist aucun mal. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 545).

 

-

Porter son mal. "Supporter sa douleur" : Ne te chaille, dit le chevalier, porte ton mal le plus bel que tu peuz. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Las, tant de mal me fault porter Que je ne le puis supporter, N'avoir ne puis longue durée Se tu ne me fais apporter Nouvelles, pour quoy transporter Je me puissë en ma contree. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 22).

 

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Prov. Douleur couverte fait plus de mal que l'ouverte : Ma douleur ilz ne scavent mie, Car on dit que douleur couverte Si fait plus de mal que l'ouverte. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 94).

 

b)

"Maladie, infirmité" : Aniaulx, affiches et fermaulx, Qui garissent de plusieurs maulx (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 65). Et aprés ce que chascun se fu longuement tenu de parler, cellui qui gisoit reversé sur la terre, plaintif et langoureux et tant actaint de mal que nulle vertu ne lui estoit demouree, si non la voix et le cry, prinst a parler et respondre ce qui s'ensuit (CHART., Q. inv., 1422, 20). Sans lesqueles [causes] avant cognoestre Nul Médicin, tant soit bon Maistre, Ne peut par art ne sagement Curer le mal aucunement (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). Pluseurs remèdes par diète Bien gardée, et tousdiz preste, Médicine préservative, À ce valant et curative, Pour éviter et pour extaindre Cellui mal, qui trop fait à craindre. (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). ...prenez courage ; mais dont vous vient ce mal si a haste ? (C.N.N., c.1456-1467, 134). Puis que mon mal est incurable et mortel si je n'y pourvoy de tel remede, loé soit Dieu, je prens la mort en gré. (C.N.N., c.1456-1467, 141). LE JUIF. (...) Ce Nicolas si fait merveilles. De ces miracles m'esmerveilles. (...) Aux sours il refait les oreilles, Contrefaictz il fait droit aller, Aveugles veoir cler, Parler les muetz, Tous maulx met au cler. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 79).

 

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Mal de (la) mort. "Maladie mortelle" : Du mal de mort dist le second philosophe : «Mort est ung sompne eternel, avenue que on ne peut eschiever, le laron de l'omme, la fuite de vie, la resolution ou desliement de toutes choses». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 346). Contre che mal [de mort] convient aussi avoir double remede, asscavoir que l'omme ne tiengne compte de la mort et que contre icelle s'apareille et se pourvoie. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 348). ...elle se volt baignier et là conchupt le mal de la mort. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 47).

 

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Prov. Quand mal est au chef embattu, Tous les membres en souffrent : En petit d'eure fu des Frans levez li hus Que Charlez li quiez d'iaux es pris et retenuz Et emmenet as trez qui a or sont batuz. A tant e vous Françoiz matez et recreüz (...). Point ne m'en esmerveil, car moult fu lais li juz Et se dist on : quant maux est ou quief embatuz, Tous li membrez s'en deulent. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 447).

 

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Selon le mal la medecine : Aux uns doit user de doulceur, Et aux autres faire rigueur ; Selon le mal la medecine, Pour curer toute la racine. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 243).

 

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Qui tue son chat, il tue son mal : Quoy que devant soit dit, qui ayme son chien, congnoist son bien. Qui tue son chat, il tue son mal. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 129).

 

Rem. Cf. A. Paupert, Les Fileuses et le clerc, 1990, 52-56.

 

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Avoir mal. "Avoir une maladie" : ...un qui a nom Gilet, et estoit vestu de pers royé de blanc, aagé de environ XXXIJ ans, et a mal ès jambes, et est assez hault homme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 3).

 

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[D'un animal] : ...[il] fist rere et appareillier sondit cheval, qui avoit mal sur le doz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 525).

 

c)

[Maladies désignées par des périphrases où mal est très souvent suivi d'un nom de saint (périphrases souvent employées dans des formules d'imprécation)]

 

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"Épilepsie"

 

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Le beau mal : ...ycellui André Guibretea, qui par avant pou de temps avoit esté detenu et cheu du mal caduc, appellé vulgalment le beaumal [sic] [l. beau mal], dont il est coustumier à souvent cheoir et estre malade, et d'estre furieux et fol à l'yssue d'icelle maladie, feust devenu tellement furieux et fol qu'il ne savoit qu'il faisoit (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 38).

 

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Le gros mal : ...La goute es flans et le mau saint Quentin Puist il avoir qui mari me donna, Et le gros mal au soir et au matin (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 28).

 

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Le haut mal : Selon les divers regars de la lune s'esmeuvent les humeurs et les maladies ou corps, si comme il appert de ceulx qui sont lunatiques, et de ceulx qui cheent du hault mal, qui sont plus grevez en un aage de la lune qu'en l'autre. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 354). ...je eu sa compaignie par plusieurs foiz (...) et pour ce (...) qu'elle estoit malade d'orrible maladie et chéant de hault mal, si comme l'en disoit, je la laissay. (Ch. VI, D., t.2, 1388, 71). ...elle estoit malade d'orrible maladie et cheant de hault mal (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 350). Et pour ce qu' il nous fu dit que elle estoit entechiée du hault mal, fu ostée et mise hors d'icelle question, et menée choffer en la cuisine en la maniere acoustumée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 261). [Les épileptiques étaient dispensés de la question]

 

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Mal caduc : ...ycellui André Guibretea, qui par avant pou de temps avoit esté detenu et cheu du mal caduc (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 38).

 

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Mal de la caduque : Elle [l'esmeraude] cure toutes fievres, et anichile tous mals de la caduch. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 178).

 

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Le mauvais mal : Et dient les maistres qu'elle [l'émeraude] acroit les richesses et fait biau parler, et pendue au col garit de mauvais mal, et conforte la foible veue, et conserve les yeux, donnant bonne memoire et gardant de tempeste. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 330).

 

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"Peste"

 

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Le mal de bosse : ...Ou user, à bon escient, De quelque fruit convénient Comme sont citrons ou grenades, Qui tant aux sains comme aux malades Pevent lors gramment proffiter Pour le mal de boce éviter (LA HAYE, P. peste, 1426, 100).

 

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Le mal d'epidemie : ...Et les sentences et escriz Des Philosophes de hault prix, Pour les corps humains préserver En temps de boce et énerver Le très faulx mal d'épidémie, Qui à cent mile oste leur vie (LA HAYE, P. peste, 1426, 18).

 

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Le chaud mal. "Fièvre continue" : ...li air est mout fort chose quant il est corrumpus, a muer legierement le corps d'ommes et de bestez, pour quoy le philosophe deffendent qu'enfant n'aprecent ["n'approchent"] a homme qui gist en chaut mal, quer enfans sont si tendre et si sont corrumpu tantost. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 365). Tel se dit estre medecin Qui ne congnoist chaumal [l. chau mal] ne fievre (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 109).

 

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"Gonorrhée" ( (Éd.)) : DEMANDE.A quelle heure se lieve le vit le plus souvent ? RESPONSE. Quant il a le mal chault. (Devin. R., c.1470, 170).

 

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Le mal d'Abraham. "Perte de sang périodique dont les Juifs étaient affligés, suivant une superstition fort répandue" : Des fievres mal leur advyenne, Et la mal d'Abräan les preinne ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77).

 

Rem. Déf. d'apr. l'éd. É. Roy, qui cite deux textes illustrant cette superstition.

 

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Le mal de broches. "Les hémorroïdes" : ...[elle] devint notoire a tout le monde par ce mauldit mal de broches, dont en la fin fut garie (C.N.N., c.1456-1467, 37).

 

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Le mal (du frisson) d'avertin. "Accès de folie ; maladie qui rend irascible" : ...en laquele boiste avoit IX feuilles d'une herbe appellé mateflon, laquelle herbe est pour guarir des poux, et sy y avoit une fueille qui garist de mal d'avertin. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 313). Est il que du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[Dans un contexte grivois] Le mal dont l'on choit deux à deux. "Accouplement" : Gouge qui va l'haquenee et l'ambleure, Pencez qu'elle a esté a la bataille ; S'elle a les reins par trop palesineux, Elle a ung mal dont l'on chet deux a deux Ou l'on combat plus d'estoc que de taille. (PH. BOUTON, Les Gouges, éd. A. Piaget, c.1454. In : Romania 47, 1921, 173).

 

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Le mal Nostre-Dame. "Érysipèle" : Le dyable t'en puisse pourter, Sanglant laron. Alame ! Alame ! Sire, que le mal noustre damme Vous puisse mangier la servelle. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 49).

 

Rem. Défini par "érysipèle gangréneux" ds H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1314.

 

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[Même maladie] Mal qu'on dit joyel Nostre Dame : Qui cueille ou eslit la poiree le samedy aprés nonne, pour le dimence cuire et mengier, il en vient de legier a celles qui ce font, le mal qu'on dist le joyel Nostre Dame. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 99).

 

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Le mal Roulant. "Cystite" ( (Éd.)) : Vous avez pissé contre bise, Sy vous est prins le mal Roulant. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 139).

 

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Le mal royal. "Écrouelles" : L'autre sur le peril de s'ame Jura que c'estoit verité, Si li aidast la Trinité Qu'il ne morust du mal roial. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 65). Le segont, qui n'avoit mes doubte De son desloial serement, Du mal roial fu soudement Espris des piez si qu'a la teste (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 69).

 

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Mal de saint

 

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[Pour désigner une des maladies pour lesquelles on a recours à l'intervention d'un saint] : ...il se laisent cheer comme se il fussent mors et traient la langue, et leur saut l'escume de la geule, et font acroire que il sont malades de mal de saint pour avoir et sourtraire l'argent des gens. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 152). Et aussi i avoit grant multitude de menues gens, comme ribaus en chemises, joueurs de dés et gens qui font semblant d'estre malades d'aucun mal de saint pour avoir argent (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 155).

 

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[Désigne ici une frénésie destructrice, un état de folie proche d'une possession démoniaque] : ...mais pour ce que sondit mary veoit bien que c'estoit par frenaisie et merencolie et que onques par entre eulz n'avoit eu rumeur par parolles ne autrement, et cuidant que ce feust par mal de saint ou autrement, et bien marry du piteulx gouvernement d'icelle, et sans la batre, tancier ou mal fere, esperant qu'elle retournast en son bon sens et advis, feussent et se tenissent paisiblement ensemble, come ilz avoient esté tousjours depuis leur mariage, tollera et souffry sadicte femme fere ce que bon lui sembloit (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 182).

 

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Le mal (de) (monsieur) saint Acaire. "Folie, mélancolie" : Je ressoingne aler au moustier Pour les larrons de Jhesucrist, Truans, caymans, qui aidier Se puelent bien, dont li uns dit : "Donnez au povre qui languit Du mal saint Fiacre en grief dolour, [Manque un vers] De saint Mor et de saint Mathieu, De saint Aquaire et de saint Flour !" (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 54). LA FEMME. ...Or dy, comme gaigneras-tu Ta vie ? Tu ne veulx rien faire. Du mal monsieur sainct Aquaire Puisses-tu estre tourmenté (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 37).

 

Rem. Cf. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 58.

 

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Le mal saint Aignan. "?" : ...ledit suppliant estoit et est encores malade et enferme d'une maladie que l'en nomme le mal Saint-Aignen, duquel saint l'en aoure l'image et representacion a l'eglise de Garennes, qui est a une lieue près ou environ d'Yvry (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 75).

 

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Le mal (monsieur) saint Fiacre. "Hydropisie" : Je ressoingne aler au moustier Pour les larrons de Jhesucrist, Truans, caymans, qui aidier Se puelent bien, dont li uns dit : "Donnez au povre qui languit Du mal saint Fiacre en grief dolour, [Manque un vers] De saint Mor et de saint Mathieu, De saint Aquaire et de saint Flour !" (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 54). ...disant qu'elle estoit malade du mal monsieur saint Fiacre saichant icelle suppliante estre près de son terme de avoir enfant, ce qu'elle avoit tousjours celé à son dit mary (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 240). L'YDROPIQUE. ...J'ay fievre lente et suis podagre, J'ars trestout du mal Saint Fïacre, J'ay ou cul lez esmorroïdes (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 150). Le mal de monsieur saint Fiacre Vous puisse estraindre la bedaine (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

 

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Le mal de saint Eloi. "Gangrène" : Est il que ["Le cas est que... vous soyez" (Éd.)] du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[À propos d'un cheval] "Petite excroissance, aphte dans la bouche du cheval" : Il mengüe tout son chevestre Et si est de mauvaise loi, Car il a le mal saint Eloi ; Les barbes a et le lenpas [lampas "tumeur au palais"] (Dit du Cheval hardi, éd. P. Meyer, c.1350. In : Romania 41, 1912, 93).

 

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Le mal saint Eutrope. "Hydropisie" : ...laquelle estant ainsi grosse dudit enffant, en fut advertie par plusieurs et mesmement par sesdiz père et mère, en lui disant qu'elle estoit grosse et qu'elle gardast le fruit qu'elle avoit, mais tousjours elle nyoit le fait pour honte et vergoingne qu'elle avoit, disant qu'elle estoit malade du mal saint Eutrope. (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 344).

 

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Le mal saint Faron. "?" : Que le feu saint Anthoine l'arde, Et le mau saint F[a]ront la farde (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

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Le mal saint Firmin. "Furoncles, gangrène, ergotisme..." : Le mal monseigneur saint Fermin L'arde ! (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 50).

 

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[Création fantaisiste] Le mal saint Foutin. "Désir sexuel" : Quant on est vieulx, li mauls du sant retarde Et faut du tout a voisine et voisin ; Si est saiges qui longuement se garde De ce grief mal ou trop nuit le connin ; C'est ce qui fail le mal de sainct Foutin Venir dessoubz, les corps esprent et art : Lors laisseront li viellart ce hutin, Maiz je me doubt que ce ne soit trop tart. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 281).

 

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Le mal saint Garbot. "Dysenterie" : Bé ! dea, j'é le mau saint Garbot ! Suis des foyreux de Baieux. (Path. II, T., c.1475-1480, 273).

 

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Le mal saint Jean. "Épilepsie" : Du mal sanc Jham soys tu abatu ! (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 50). De fievre quarte, de caude maladie, De jaunice,de taingne et de mallons, Du mal saint Mor qui les gens affieblie, Du mal saint Jehan dont chient maint gloutons, (...) Puissent mourir ceulx qui empeschent paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 278).

 

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Le mal saint Loup. "Maladie de la peau, érysipèle" : De fievre quarte, de caude maladie, De jaunice, de taingne et de mallons, Du mal saint Mor qui les gens affieblie, Du mal saint Jehan dont chient maint gloutons, Du mal saint Leu (...) Puissent mourir ceulx qui empeschent paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 278).

 

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"(Peut-être) gangrène" : ...ledit quiqoy mourut dudit coup de cousteau ou d'une maladie nommee le mal Saint Jehan qui trois mois ou environ devant qu'il mourust le prinst en une espaule et ou cousté et le mengea jusques aux entrailles. (Berger Fr. K.-G., 1477, 179). Le grant mal sainct Jehan vous enbloque La peau et les oz ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 35). Et le mau saint Jehan si l'alume ! (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

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[Désigne aussi l'épilepsie] : Je chié souvent du mal Saint Lou, J'ay cors, j'ay le fil, j'ay le lou, Je suis roupt, j'ay maise fourcelle (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 151).

 

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[On dit, par ironie, d'une femme aux moeurs faciles, qu'elle est atteinte du mal saint Leu (d'apr. É)] : Cest cy marche a contre poix, J'ay veu ceste la en tel lieu - A telle puree telz pois : Tout n'en vault rien, par le sang bieu ! On rit, on fait le babaleu, Soubz manche fourree, longue chappe - Breviter, c'est le mal sainct Leu : Il est heureux qui en eschape ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 325).

 

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Le mal de sainct Loup de Fueilloy : Mes amies et voisines, quant vous alez au retrait, gardez vous de torchier vostre derriere de fueilles et pour aussi vray que euvangile, jamais ne serez malade du mal de sainct Loup de Fueilloy. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 103).

 

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Le mal saint Martin. "Mal de gorge" : Est il que du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[Désigne aussi d'autres choses, dont l'ivresse] "Ivresse" : "...espoir ont les aucuns [parmi les ennemis qu'on tente de surprendre] tant beu que le mal Saint Martin les tient es testes tellement qu'ilz sont ja endormiz, et ainsi cuident ilz de nous." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 301). [L'ex. est un ajout du ms. B2] ...Qui amer le voura [Du Guesclin], si le sieuve briefment, Car aux Englois s'en va, se dist isnellement [le héraut], Pour bataille livrer tost et hastivement Et responce donner pour le heraust Climent Que li maux saint Martin fist ceoir ensement. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 383). Visage de baffe venu, Confit en composte de vin (...), Malade du mal saint Martin Et ausi ront q'un tonnellet ; Dieu me le sauve ce varlet ! Il est enroué devenu, Car une pouldre de raisin L'a tellement en l'ueil feru Qu'endormiz l'a comme un touppin (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 145).

 

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Le mal de saint Mathurin. "Folie" : C'est un guippelin, Et le mal de sainct Mathelin Le tient au sommet de la teste. (Roy sotz, c.1450-1500, 222). Le mal saint Mathurin, Sans le mien, au cerveau vous tienne ! (Path. D., c.1456-1469, 100).

 

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Le chaud mal sainct Mathurin : Se n'est pas un trop grand seigneur ; C'est un nommé le beau Colin. Que le chaut mal sainct Mathelin Luy puisse ronger la cervelle ! (Mère Ofic. T., c.1500, 98).

 

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Le mal (de) saint Maur. "La goutte" : ...Car je ne vi onques encor Cheoir ou grief mal de saint Mor Honne nul sinon d'aventure Que dame eust de son amour cure. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 21). De fievre quarte, de caude maladie, De jaunice,de taingne et de mallons, Du mal saint Mor qui les gens affieblie, Du mal saint Jehan dont chient maint gloutons, Du mal saint Leu (...) Puissent mourir ceulx qui empeschent paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 278).

 

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Mal saint Messent. "Érysipèle, zona" : Et ce fait, vint un mire ou cirurgien qui appareilla et lia la jambe du dit Jehan Lainsné, mais assez tost après ycellui Lainsné la se fist deslier. Et depuis par faute de bon gouvernement ou autrement, par la voulenté de Dieu, vint en la dicte jambe une maladie que l'en appelle le mal Saint Messent, et d'icelle maladie et ferure le dit Jehan Lainsné jut au lit malade (Doc. Poitou G., t.5, 1379, 123).

 

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Le mal saint Quentin. "Hydropisie" : ...La goute es flans et le mau saint Quentin Puist il avoir qui mari me donna, Et le gros mal au soir et au matin (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 28). ...le ventre en ay enflé [de mauvais vin] comme uns pourceaux, Et se ne fust la porte desfermée Qui est dessoubz pour yssir la vinée, Je mourusse du mal de saint Quentin (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 219). ...Et disoient en hault [les Anglais] : "Escoutés Franchequin ! Alés boire a Paris la chopine de vin, Et la souppe humer et rotir le boudin, Car vous ne valés riens a maintenir hutin, N'a vestir le haubert et vous lever matin, N'a mengier le pain seq, boire l'eau au bacin ! Vous y pouriez bien prendre le grant mal saint Quentin !" (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 461).

 

2.

"Souffrance morale"

 

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"Souci"

 

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Se donner du mal en sa teste : ...[le roi] se donnoit beaucoup de mal en sa teste pour son fils qui guères n'y accoutoit, et désiroit bien à remédier aux sauvages entreprises que voioit en luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 199).

 

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"Angoisse" : ...la tresbelle Katherine estoit de mal tant oppressée, voyant et oyant la desloyauté de celuy qu'elle amoit plus que tout le monde, qu'elle se souhaitoit morte. (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

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"Tourment" : ...et pour la hoster des maulx, peines, et travaux, et courroux que elle veoit que ladite Marion disoit que elle souffroit pour sondit ami qui ce marioit, comme dit est, fist lors deux chapeaux d'erbe terreste et d'erbe aumosniere, et en la presence d'icelle Marion. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 355). Bien peut estre qu'en recompense de ses maulx la gouge en eut depuis pitié (C.N.N., c.1456-1467, 457). ...ung temps sera que vous arés Tant de maulx que vous mauldirés Vostre naiscence et vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 190). Oncques n'eust pis Femme du monde ; De pis en pis - tout mal m'abonde. (Pass. Auv., 1477, 240). Ja lie chere Jamaiz n'aroye De Dieu le pere, Veu qu'en la voye - j'ay tué son filz. Maulditz soyés, princes Juïfs, Que m'estes cause de ce mal ! (Pass. Auv., 1477, 276).

 

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Faire des maux à qqn. "Faire des soucis, du tourment à qqn" : ...que s'il se marioit ainsi sans la satisfaire de grans maux et frais qu'elle li avoit plusieurs fois [faiz] en maladies où elle avoit gardé, que elle estoit en aventure d'en yssir hors de ses sens (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354).

 

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Mal de jalousie : ...si n'estoit il pas encores bien asseuré, tant estoit fort feru du maudit mal de jalousie. (C.N.N., c.1456-1467, 256).

 

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Mal (d'aimer/d'amour) : Et quant le mal d'amer si fort me point Qu'il me couvient fremir, comment qu'il aille, Et que souvent a contenance faille, Par la vertu de quoi elle me touche, Tant que sus moi n'a mains, ne yex, ne bouche, Ne membre nul qui se puisse mouvoir, Mes tous pensis me fault arrest avoir, Ne je ne sçai au quel lés commencier Dont ma besongne puisse en riens avancier, Ains me couvient estre tous esbahis (FROISS., Orl., 1368, 107). Ce m'est assez bien, que pour elle J'aye du mal que mon cuer cele, Et que je l'ayme Sans plus par penser, en moy meisme, Et que seule dame la clayme Et en mes douleurs la reclaime, Quant autre chose Faire n'en puis, et que je n'ose Pas sans plus penser que desclose Lui soit l'ardeur que je tien close, Car se le dire Actraioit a soy l'escondire, Il n'y aroit plus de quoy rire (CHART., L. Dames, 1416, 204). Amours est droit maistre de l'oeuvre. Et qui pensee A sa vertu pou appensee, C'est maladie de pensee, Ou toute joie est despensee En desirant ; C'est le mal qui, plus va tirant A santé, plus est empirant. (CHART., L. Dames, 1416, 268). Se le mal d'amours vous meffait, Croiez qu'el n'en est mie saine ? (CHART., D. Rev., a.1424, 314). Nenny, car le grief mal d'amer Y met fievre continüelle Qui fait sembler le doux amer. (CHART., E. Dames, 1425, 369). Du tout me metz a vostre voulenté : Faictes de moy tout ce qu'il vous plaira. Je vous requiers - ou ce mal m'occira -, Si j'ay meffait, il me soit pardonné. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 220). ...toute crainte mise arriere, a sa dicte maistresse son tresgracieux et doulx mal racompta. (C.N.N., c.1456-1467, 91).

 

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Prov. Mal sur mal n'est pas santé : Si est mon cuer tant abrevé De douleur qu'a pou n'est crevé, Quant si planté Se sent de sa joie, en planté De tristour ou tant a hanté ; Et mal sus mal n'est pas santé Maiz grief dangier. (CHART., L. Dames, 1416, 235). Mal sus mal si n'est pas santé, Trop sus trop si est grant oultrage, Vostre baillif est tourmenté, Mal sus mal si n'est pas santé. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 171). Quant le souldan entendi le payen, de yre et couroux que en soy eult devint plus rouge et plus embrase [l. embrasé] que ung feu mais on dit communément que mal sur mal n'est mie sante [l. santé]. Car avant ce que on feust ale [l. alé] a demye lieue loings survint leans ung autre messaige qui moult fort estoit bleciez et navre [l. navré] en pluseurs lieux (Gil. Tras. W., c.1450, 48).

B. -

P. ext. "Ce qui est mauvais, dommageable, nuisible"

 

1.

"Dommage, tort, préjudice" : Nulle ame ne peut mal avoir, Doulce vierge, royne franche, S'en vostre secours a fiance. (Mir. enf. diable, c.1339, 19). Frére, a Dieu, qui vous gart de mal Et vous rende ceste bonté ! (Mir. enf. diable, c.1339, 38). Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...mais, a bien enquerir, il sera trouvé que gens de peuple et de bas estat, qui se mettent sus soubz le nom d'armes, sont coulpables de ces horribles excez, et naist d'entre ceulx du peuple le mal qui sur le peuple redonde, par quoy toute la charge n'en doit pas estre sur les nobles hommes, qui mieulx amassent vivre sur le leur, en leurs maisons, comme seigneurs, que estre hebergez a regret et comme hostes en autruy dangier. (CHART., Q. inv., 1422, 33). [En allant à l'église une femme reçoit le contenu d'un seau de cendres sur ses habits] Allez a l'ostel et les m'apportez [mes vêtements], et vous avancez de retourner, que nous ne perdons la messe avecques tout nostre mal. (C.N.N., c.1456-1467, 260). ...l'amant, a l'aide d'une bonne espée a deux mains dont il estoit saisy, se sauva sans nul mal avoir (C.N.N., c.1456-1467, 418). Et quant icellui roy Henry de Lencastre fut audit lieu de Londres, il le mena tout droit devant la tour dudit Londres, dedens laquelle estoient quatre barons dudit pays pour ledit Henry, ausquelz lesdits Henry et Warwyk parlerent par belles paroles, les tirerent hors d'icelle tour après ce qu'ilz leur promisdrent qu'ilz n'aroient nul mal de leurs personnes et qu'ilz les asseuroient ; lesquelz soubz umbre desdictes promesses, yssirent hors de la dicte tour. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 8). Tu n'auras mal ne viollence, Va-t-en, sans plus faire d'arrest. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 194).

 

-

Mal necessaire. "Quelque chose de mauvais dont on ne peut se passer" : Femme est d'amistié ennemye, Pril ["Péril"] de maison, bonté domye, Male aventure desviable, Mal necessaire. Quelle amye ! (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 206).

 

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"Défaut, vice (de qqc.)" : ...après ce que ledit maistre eust proposé XIJ raisons de la negligence dudit Benedic à l'union poursuir et avoir, et du mal et vice desdictes bulles excommunicatoires (BAYE, I, 1400-1410, 232).

 

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"L'aspect négatif de qqc. (p. oppos. à son aspect positif)" : Siques, tout consideré, le bien contre le mal, quant ce vint au matin, il trettièrent pour yaus rendre as Englès. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 149). Toutesfois finablement peset, aviset et comsideret le mal contre le bien, li rois d'Engleterre respondi as Flamens, par l'information faite et donnee des signeurs desus dis, que se il li voloient jurer et seeler que il li aideroient a parmaintenir sa gerre, il entreprenderoit tout ce de bonne volenté, et aussi il lor jurroit a aidier a recouvrer Lille, Douai et Bietune. (FROISS., Chron. D., p.1400, 341). Pour ce maintien, L'onneur gardant que des dames je tien, Et pour esbatre, a ceste fois soustien Qu'en amours a plus de mal que de bien. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191). Je ne sçay quoy, dit le bon escuier, quel bien et quel mal en adviendra (C.N.N., c.1456-1467, 122).

 

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Mal tourne à bien mais qu'on le veuille. "D'une réalité néfaste, nuisible peut sortir un bien" : Guerre est de mal preservative Contre paix et oysiveté, Et d'autre part est purgative Des biens qu'on a mal acquesté : Par elle est homme exercité En tout soing que mal ne l'acueille. Mal tourne a bien mais qu'on le vueille. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 184).

 

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Il n'est mal dont bien ne vienne : ...sainct Augustin dist que Dieu, qui est souveraine bonté, ne souffriroit point les maulx estre faiz ne avenir se non que des maulx il scet extraire le bien, ainsy que en commun proverbe il est dit : "Il n'est mal dont bien ne viengne". (PIGNON, Commenc. seigneurie V., c.1428-1432, 69).

 

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Nul mal ne peut estre evité s'il n'est d'abord connu : Auchunes choses aussi nous lisons ou aprenons pour che que c'est peril a icelles ignorer, car comme dist Boece : «Nul mal ne puet estre eschievé s'il n'est premier congneu». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 79).

 

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Pour le moins de mal. "Pour courir moins de risques" : Et avant que le soudant, qui s'estoit trop avanciez se peust tourner, le fery le roy de l'espee telement sur la teste que il l'abaty tout estourdy a terre. Atant vindrent les payens si fors qu'il convint, pour le moins de mal, le roy reculer entre ses gens. (ARRAS, c.1392-1393, 106).

 

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Dire (du) mal de qqn. "Dire de qqn des choses contraires à la vérité, faire du tort à qqn par des calomnies, des médisances" : Il [le magnanime] ne loe pas moult les gens et n'est pas mal parleur et mesmes de ses ennemis ne dit il nul mal se n'estoit pour cause d'aucune grant injure. (ORESME, E.A., c.1370, 255). ...depuis lequel temps, il, par plusieurs fois, avoient alé et venu en ladite abbaye bien et paisiblement, et sanz ce qu'il eussent ouy d'eulx dire aucun mal ou reprouche. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 213). ...veu l'ordonnance et dit jà pieçà fait par le roy Phelippe, sur ceulx et celles qui diroient mal de Dieu, nostre createur, de la vierge Marie, sa mere, en jurant le villain serement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 356). Quant on me dit mal d'aucun, je considere se cellui, qui le dit, a aucune particuliere haine à cellui de qui il parle, aussi se envie lui fait dire ou se il tent à le despointier d'aucun degré pour y estre lui meismes. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 175).

 

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Au plur. : Tous maulx de vous [le duc de Bourgogne] je voiz disant, Pour aveugler leur faulse envye [des Français] (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 149).

 

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Dire du mal à qqn. "Tenir des propos désobligeants à qqn" : ...sans cause et a tort et tresmal adverty vous ay chargée et dit du mal assez, dont il me desplaist ; et m'en repens (C.N.N., c.1456-1467, 466).

 

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Faire du mal à qqn : Ne oncques ne me fit Eür Autant de bien com Meseür A fait de mal, c'est son mestier, Mais ne puis Eür accointier. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 74). A toutes lesquelles doubtes ainsi faictes par ledit connestable lui fut solu et dit par ledit seigneur de Saint-Pierre que ce n'estoit point pour lui changer son logeis, et qu'il le meneroit seurement audit lieu du Palais, sans lui faire aucun mal. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 356).

 

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[D'une situation] Multiplier en mal. "Empirer, devenir plus dommageable" : Li contes de Flandres se tenoit le plus dou temps dalés le roy de France et ne savoit conment pourveira ces coses qui tous les jours mouteplioient en mal, et aussi li rois ne l'en savoit conment consillier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 271).

 

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Y penser à mal. "Avoir de mauvaises intentions (dans une situation donnée)" : L'ABBEESSE. (...) Je vous y mettray en tel tiltre Que vous devra bien souvenir De vous plus simplement tenir Une autre foiz. SUER YSABEL. Ha ! ma dame, (...) Sachiez qu'a nul mal n'y pensoie (Mir. abbeesse, 1340, 64). Et cil, qui a mal n'i pensa, Tost la vesti et endossa. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 23). Laquelle Sainteron, de bonne foy et sans y penser à mal, lui ait par aucunes fois envoié ladicte Robine. (Ch. VI, D., t.2, 1409, 219). Je n'é cure que l'en y pense A mal, car je n'y pense point. (Path. D., c.1456-1469, 114).

 

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Prov. Qui mal y pense, mal lui vient. "Le tort qu'on projette de faire (à autrui) vous retombe dessus" : LE PREMIER JUIF. Aman, nostre ennemy, Est dedens sa maison pendu Au gibet qu'il avoit esleu Pour Mardochée, il me souvient. LE SECOND JUIF. Par commun proverbe conclu : Qui mal y pense, mal luy vient (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 177). Qui mal y pense, mal luy vienne (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 664).

 

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[Idée similaire] Nul ne fait mal sans que le mal le touche : "E ! laz, dist li traïtrez, cy perderai le vie ; Nuz ne fait mal que maux ne soit de se partie." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 775).

 

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Qui le mal et la riote quiert, le mal et la douleur treuve : ...et sont loyaulx et justes vers leurs prouchains et visins, et sont paisibles, et, pour ce, Dieux les fait vivre en pais et paisiblement ; car qui le mal et la riote quiert, le mal et la douleur treuve (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 84).

 

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"Méfait, délit, exaction, crime" : ...en laquelle ville il avoit aprins le mestier de pelleterie, sanz ce que oncques il eust esté à fere ne fait aucun mal ou larrecin, feussent les choses dessus declarées ou autres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...et d'icellui cheval orent trois frans, lesquelx ilz despendirent ensemble en ladite ville, sanz ce que alors il feissent aucun autre mal, murdre ou larrecin quelconques. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). Or fu le mal encor greigneur De cil qui ot occis son pere Et espousee aprés sa mere ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292). Pesez, pesez voz vouloirs desraisonnables et le grand mal que vous voulez commettre a petite occasion. (C.N.N., c.1456-1467, 549). Il n'est mal que palhart ne face Quant putain le tient estaché. (Pass. Auv., 1477, 100). La chouse n'est pas fort honeste, Couper la teste D'un homme qui n'a riens meffait, Et, par Dieu, j'ay esté bien beste D'estre en feste Ou ung si grant mal a esté fait. (Pass. Auv., 1477, 107).

 

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Au plur. : ...liquels Hennequins a esté par ledit mons. le visconte prins en l'iglese de Saint-Quentin, et enprisonné, pour souspeçon et renommée d'estre Engleis, et d'avoir fait serement aus Englès, et fait plusieurs mauls et criesmes de leze-magesté. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). ...que sondit maistre et lui vindrent avec eulx en France et en Brie, jusques environ Colemmiers, et furent grant piece ou pays, faisans plusieurs maux comme Angloiz. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 94). ...lesquelx, tant deçà que delà, ont fait tous les maulx que l'en puet faire, hors bouter feulx publiquement (BAYE, I, 1400-1410, 340). ...et, pour ce qu'ilz avoient fait des maulz et dommages innumerables, il fu advisé que on les mettroit en justice (FAUQ., II, 1421-1430, 351). En ce temps vindrent aussi à Paris plusieurs des nobles de Normandie pour servir le roy en ses guerres, tous lesquelz furent logez aux faulxbourgs de Saint-Marcel lez Paris, entre lesquelz y en avoit aucuns particuliers qui firent moult de maulx et larrecins, et de ce en furent aucuns d'eulx reprins par aucuns des bourgois de ladicte ville, et qui, contre leur gré et voulenté, y vouloient entrer. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 103). Et, au commencement, lesdiz de Dynam firent de grans maulx et dommage ausdiz Bourguignons, et y en demoura plusieurs mors, qui gueres ne furent plains. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164). ...le larron qu'en desroy A fait de grans maulx et habus (Pass. Auv., 1477, 219). Audit temps, les gens d'armes bourguignons, qui estoient en garnison à Beaumont, à Bains et Maubauge, faisoient plusieurs maulx en la conté de Guise et autres pays estans en l'obéyssance du roy, en brulant les villaiges, et autres maulx. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 378).

 

2.

"Peine, malheur, calamité" : Ce qui les meut a tels opinions, c'est pour ce que ilz veulent fuir le mal et la misere ou il sont. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109). Notez comment par bonnez roynes et veritables, chastes et humbles les biens sont venuz a divers royaulmes, comme la foy s'acreut en France par Clotilde, espouse au roy Clovys ; et, par le contraire, n'est mal qui ne vienne en un royaume quant femmes d'estat se tournent a mal. (GERS., Annonc., a.1400, 239). Quant mon corps estoit en maladie au monde, tu, mon enfant, et vous, mes autres amis, plouriez et monstriez cuer moult doloreux, et vous offriez faire tout vostre pouoir pour mon alegement. Las ! toutesfoiz mon mal present [au purgatoire] et celuy de lors ne sont pas a comparer, car je soustiens tres plus angoisseuse peine que celle du monde. (GERS., Déf., 1400, 228). Il presdit sur une conjunction de Saturne et Mars (...) et, pour ce qu'elle signiffioit sur Occident, dist mal advenir aux riches hommes d'icelle partie, et à leur roy, ce qui advint. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

 

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[Tournure intensive] Mal sur mal : Quant nostre malleur je re[m]ire Excessive est l'adversité ; Car mal sur mal sur nous deux tire : En extreme perplexité, Par debilité Le corps alité, Mourant de famine Dont sur nous domine Desepoir par necessité. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 11).

 

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Avoir du bien et du mal. "Avoir des succès et des échecs" : "Il fault, qui voelt vivre en che monde et avoir honneur, avoir dou bien et dou mal." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 216).

 

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Faire qqc. à mal. "Faire qqc. pour son malheur" : Basin, se dist Charlez, vostre requeste feray : je socouray mes hommez et vous promet : a mal le pensat Jehan, car il serait destruis et tout son linaige mis en servaige ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 223).

 

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Prendre à mal que + sub.. "Prendre en mauvaise part le fait que" : Et là venu, le chevalier du duc fit honneur à la royne et luy dit ce qu'il avoit en charge : c'estoit que le duc son maistre se recommandoit par moult de fois en sa bonne grâce, priant que en mal elle ne voulsist prendre que luy-mesme n'estoit venu devers elle pour la visiter (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 281).

 

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[D'une situation] Tourner/se tourner/venir à/en mal. "Tourner en catastrophe" : Jehans de le Faucille (...) quant il veï (...) que on avoit outrageusement ocis le baillieu dou conte, senti bien que les coses venroient à mal. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 180). Il convient et vous savez que les choses aient aucun commencement de mal quant elles se tournent en mal. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23). ...avec ce affiert au dit grant courage, si que dit est desprisier basses choses esquelles sont entendues qu'il ne perde le temps qu'il doit emploier au bien du gouvernement de sa seigneurie et subgiéz en fatras et choses enfantelines et femenines en fait et en parolles, ne qui à preu ne peuent venir, car de telz choses henter pourroit ensuivre despris de ses subgiéz, qui à trop grant mal lui pourroit tourner que on le reputast tout fol ou nices et simple qui ne sont les proprietéz de grandeur. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 107).

 

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Vouloir (du) mal à qqn : Je ne vueil mal a personne qui vive, Et me souffist ce que Dieux m'a donné (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 91). Lors envoya deux chevaliers de hault affaire devers Remondin, assavoir mon qu'il queroit en alant par my le pays de Bretaigne ainsi armez, ne se il vouloit point de mal au roy ne a son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Vray Dieu, se cilz nobles homs avoit prins nostre damoiselle pour moillier, bien nous yroit, nous n'aurions mais doubte de payens, ne d'omme qui nous voulzist mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119). J'ay voulu avoir et user de vengence et avoir pugnicion de ceulx que j'ay seulement pensé qui m'avoient voulu mal ou mal fait, et en ay voulu avoir haultement et estroitement mon desir acomply, feust tort ou droit, sans les espargnier ne avoir d'eulx aucune mercy. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 26). ...aucuns publioient à Paris, comme avoit ledit Berry entendu, qu'il haioit les habitans de Paris et leur voloit mal (BAYE, II, 1411-1417, 19). ...si luy en vouloit tant de mal qu'on ne le vous saroit dire [Une jeune femme se croit trahie par son ami] (C.N.N., c.1456-1467, 213). Il me veult tout le mal du monde pour une pouvre foiz que j'ay voulu ronciner sa mere (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

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Au plur. : Et quelconques choses sont faites ou pour paour de plus grans mals eviter ou pour aucun grant bien obtenir (ORESME, E.A., c.1370, 176). Nous (...) enterons en la matere des gerres de Bretagne (...) par lesquelles moult de mauls et de violenses sourdirent (FROISS., Chron. D., p.1400, 461). Ainsi furent Troyens desmis De tous leur plus prochains amis, Dont ilz orent douleur assez ; Mais ne sont pas leurs maulx passez ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 131). ...vanité est norrice de tous mauls, la fontaine de tous vices, la voie de iniquité, qui met l'omme hors de la grace de Dieu. (LA SALE, J.S., 1456, 27). Item, ne sçay qu'a l'Ostel Dieu Donner n'a povres hospitaulx. Bourdes n'ont icy temps ne lieu, Car povres gens ont assez maulx. Chacun leur envoye leurs oz : Les Mendïans ont eu mon oye ; Au fort, ilz en auront les oz ; A menues gens menue monnoye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 127). ...et là, faignant que fust le dieu Anubius, eut sa compagnie, qui estoit femme mariée et moult grande et estymée chaste et pudicq, dont il vint plusieurs maulx, car ledit empereur Thibere les fist tous mectre en croix et subverser ledit temple et fist exiller ledit Mundus, qui l'un des grans de Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 v°). Cestui prenostica moult amplement de l'eslevacion des Escorcheurs desquieulx fut aucteur le duc de Bourgongne et Symon Caboche et Haqueville et se commança par les bouchiers de Paris et firent moult de maulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

 

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Dire maux à qqn. "Souhaiter des malheurs à qqn" : Et elle tant plus montoit sur son chevalet, et disoit de maulx et maledictions a son pouvre mary (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

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Prov.

 

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A mal prochain hastif secours. "Quand un malheur est proche il est urgent de trouver un remède" : Ou futur gisoit l'aventure De ma dolleur ou de ma joye ; Aultre espoir n'aultre couverture N'aultre remede n'y songoye, Fors qu'en pensant mon frain rongoye En la face de mes ans cours : A mal prochain hastif secours. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 135).

 

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Aprés un mal en viennent dix : ...Congnoissons que Dieu crea l'homme, Et de labourer luy enjoint En paine et sueur sans qu'il chome, Pource qu'en paix mengea la pomme En son terrestre paradis. Apres ung mal en viennent dix. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 177).

 

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Un mal vient rarement seul : Helas, puisque parler convient, On dit que quant ung mal si vient Que voulentiers seul ne vient mye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 150).

 

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De deux maux il faut choisir le moindre : Dont doit-on, qui bien veult eslire, De deux maulx prendre le moins pire (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 42). Mieulx vault mariage suïr Qu'ame et corps ardoir et bruïr. Si est bon de deux maulx eslire Le meilleur et laissier le pire. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 214). Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. Et me semble que je me mefferoye trop et en seroye blasmee moult durement en derriere ; et tel me monstre belle chiere qui en tendroit moins compte de moy. A ce respondy le roy : Ma belle niepce, grant chose a ou faire l'estuet, et de deux maulx on doit prendre le plus petit, quant l'un en fault avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 189). "De dois mails doit-ons faire le mainre por le plus grief laissier ; ilh vaut mies que chu soit vostre maris, que vos soyés ochis et nostre pays gasteit." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 31). ...Car de deux maulx, puis que tu peuz eslire, C'est le meilleur que preignes le moins pire. (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 9). De deux maulx le moins pire est a eslire. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 197). [Olivier de la Marche, qui ne veut pas risquer un affrontement pour libérer deux prisonniers]... choisy de .II. maulx le mendre[,] si conclud que mieulx valoit .II. hommes pris que .IIII.m. en grans perilz. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 51). Non pour tant ne le devez faindre, Car de deux maulx certainement On y doit obvier au maindre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 148). De deux maulx fault le plus grant eviter. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 62).

 

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Il n'est nul mal dont bien ne vienne : Ayes de lui recongnoissance Et du surplus ne fais doubtance Qu'il n'est nul mal dont bien ne viengne. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 34). Tu as ta part des biens de France, Prendre les te fault en souffrance, Il n'est nul mal dont bien ne viengne. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 35).

 

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Mal d'autrui est grand passement de temps : ...et quant il me souvenoit du triboulement que la avoie veu [dans la maison de Fortune], si passoye aucquez la doulour de m'amie, que avoye perdue. Adonc me souvint du dit qui dist : "Que mal d'autrui est grant passement de temps !" (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 886).

 

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Nul ne doit despire le mehaing ne le mal d'autrui : Nul ne doit despire le mehaing ne le mal d'autruy, car nul ne scet qui ["ce qui"] à l'ueil lui pent, (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 160).

 

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Nul mal n'advient sans raison : ...Car sçavoir doib, qui sui fais hom, Que nulz maulz n'avient sans raison. Sy m'en passe comme contens Et a Dieu du tout m'en attens (Pastor. B., c.1422-1425, 100).

 

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Loc. prov. Ni pour grand bien trop se resjouir, ni pour grand mal esbahir. "Ne pas trop se réjouir pour un grand bonheur, ni s'effrayer pour un grand malheur" : Ainsi vous pouvez veoir comment fortune vient aucunefois aux ungs et aucunefois aus aultres. Et pource les sages dient par maniere de proverbe : "Ne pour grant bien trop s'esjouir ; ne pour grant mal esbahir" (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 34).

C. -

P. ext. "Simple difficulté"

 

-

Avoir du mal. "Éprouver des difficultés (dans une situation donnée)" : ...madame, qui avoit encores la langue a commendement, quelque mal qu'elle eust, commença une grande et longue harengue (C.N.N., c.1456-1467, 141). ...je suis bien gouverné, quand avec tout le mal que j'ay eu l'on ne me fait que farser (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

Avoir du mal de faire qqc. : ...n'est ce pas bien raison que avec tout le mal que j'ay eu d'amasser et espergner, pour accroistre et embellir vostre hostel et le mien, je soye reprochée (C.N.N., c.1456-1467, 463).

II. -

[Domaine de la norme (morale, religieuse, sociale...)]

A. -

"Ce qui est contraire à la morale, au bien"

 

1.

"Disposition à nuire, méchanceté..." : Ainsi Raison et Loyaulté fauldroit, Et Crainte et Honte, Ne on ne sçaroit plus qu'Honneur vault et monte Car bien et mal seroit tout en un compte, Ne Hault Vouloir qui tout vaint et seurmonte Ne cerche guiere A s'empeschier en basse euvre et legiere. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 166). Qui ne la bryde de bonne heure, Jeunesse en mal les gens incluz (Pass. Auv., 1477, 117). En jeunesse tout mal est mis Et compris (Pass. Auv., 1477, 118). Bien peut le jeune mal fuÿr, Si se veult regir par raison, Et qu'il s'en vayse recuillir Avec gens de bonne maison. (Pass. Auv., 1477, 119). Lazer, mon amy, mon bon frere, Comme sçavés, nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer, Fin que puissions admeriter Le saulvement de nostre arme. (Pass. Auv., 1477, 133). ...il luy plait [à Jésus] Que soit deffait - le mal de m'ame (Pass. Auv., 1477, 151). ...en toy Jhesus, nul mal Je [Pilate] n'ay trouvé par renommee Celon la loy imperïal (Pass. Auv., 1477, 176). Par Dieu, ce sont maulvaiz Juïfz, Remplis de mal et de malice. (Pass. Auv., 1477, 269).

 

2.

"Ce qui est mauvais, ce qui est contraire au bien" : A ce propos narrent les histoires rommaines que la longue paix descongneue, la plenitude des biens qui enorgueillist les couraiges des ingras et la delicieuse oysiveté qui donne occasion de soy subtilier a mal, furent cause des batailles intestines, guerres et discors d'entre les Rommains es temps de Catilina, de Silla et de Marius, dont la seigneurie rommaine, plus par eulx-mesmes que par estranges ennemis, est decheue du tout et sans ressource, qui fut tele et si haulte comme les ruines le demonstrent. (CHART., Q. inv., 1422, 26). Ne say que vous appellez "bien" - Mal emprunte bien autruy nom - Mais il est trop large du sien Qui par donner pert son renom. (CHART., B. Dame, 1424, 346). Car, selon ce que les princes et les haulx hommes se maintiennent en estat et en vie, le peuple y prent sa rigle et son exemple soit de bien ou de mal, de paix ou d'esclandre. (CHART., Q. inv., 1422, 37). Et de tant comme le bien est plus universel et commun, est il plus excellent, et par le contraire le mal plus damnable, comme par une mesme discipline se jugent deulx contraires. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 46). ...il te propose faire le bien contre le mal et ne rendre point malediction pour malediction, et ainsi des autres exhortations, conseilz et bonnes admonicions. (CIB., p.1451, 188). Se voullez aller a cheval Et estre homme de grant affaire, Premier il nous fault contrefaire Du saige et du bon entendeur, Dire le mal et le bien taire Et estre tresparfait menteur, Bourdeur, mensongeur, raporteur, Jurant fort d'estoc et de taille. (Sots triumph., c.1475, 45). Par une famme qu'on cognoit Tout mal croit, Si elle non est de bon affaire. (Pass. Auv., 1477, 107). Pere et mere, juge, predicateurs Seuffrent a mal leurs subjetz convertir, Et par ce point perissent bonnes meurs. (Cene dieux, c.1492, 110).

 

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Mal de qqc. "Ce qui est mauvais pour qqc." : A vous parle, compains de galle, Mal des ames et bien du corps : Gardez vous tous de ce mau halle Qui noircist les gens quant sont mors ; Eschevez le, c'est ung mal mors. Passez vous au mieulx que pourrez, Et, pour Dieu, soiez tous recors : Une foyz viendra que mourrez. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 132).

 

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Science de bien et de mal. "Connaissance du bien et du mal" : A Eve vint et si lui dist Que du fruit deffendu goustast Et son mari amonnetast D'en mengier, si eussent fiance Qu'aussitost aroient science De bien et de mal, et pareil Seroient a Dieu non pareil. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 136).

 

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Condescendre à mal. "Consentir à, accepter de faire ce qui est mauvais" : Se Dieu m'eust donné rencontrer Ung autre piteux Alixandre Qui m'eust fait en bon eur entrer, Et lors qui m'eust veu condescendre A mal, estre ars et mis en cendre Jugié me feusse de ma voys. Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

 

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Discerner le bien du mal : De ceste Discrecion, de quoy elle sert ou puet servir, dist l'Ecclesiaste que c'est une vertu par laquelle se puet congnoistre ce que est bon et ce que est mauvais en discernant le bien du mal en l'election du bien pour ce que il est valable et deboutant le mal pour ce qu'il est nuisible. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66).

 

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D'un mal faire mais. "Accroître une chose mauvaise" : O Belzebut, d'enfer ministre, Et vous diables d'enfer maulvaiz, Charchés quelcun bon artumiste Qui sache d'un mal faire maiz, Et je luy donrey charge et faiz D'aler Herodïas tempter, Pour faire la mort actempter A Jehan baptiste, de Dieu voix. (Pass. Auv., 1477, 92).

 

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Dire mal : L'omme qui veult mener rigle de bonne vie pour avoir beaucoup de bien en ses jours doit garder sa langue de dire mal et que de ses levres ne yssent quelconques parolles de faulseté ne tricherie, delaisse le mal et l'eschieve et face le bien, quiere paix et la suivre. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 83).

 

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Enhorter/tirer qqn à mal : Et dient les docteurs que Dieu leur fit grant cortoisie, car leurs parens lez eussent tirez a mal. (GERS., Pent., p.1389, 80). Et pour ce je adjouste le second enseignement. Ne retenez, sire, envers vous quelzconques personnes qui vous enhortent a mal et au contraire de verité (GERS., Noël, p.1404, 310).

 

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[D'une chose] Attraire à mal : ...les aultres oïent paroles attraihans a mal et qui boutent le feu mauvais es maisons Dieu et es hospitaulx du Saint Esperit, c'est a dire es ames. (GERS., Pent., p.1389, 80).

 

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Faire mal/mal faire. "Agir d'une façon contraire au bien" : De che dist saint Gregoire ou livre dessus nommé : «Jamais par obedienche ne doit on mal faire, mais auchunefois doit on laissier auchun affaire par obedience». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 226). Auchunes sont chastes pour che que pas ne sont requises, ou pour che que la puissanche de mal faire leur est par terreur ou crainte ostee. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 408). Et le invercundeus n'a honte de faire mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 274). Toutefoiz ne vueil je pas dire Ces choses affin de mesdire, Ne diffamer le tres noble ordre Angelique, a qui n'y veult tordre, Ne de nul singulierement, Mais reprendre pulierement Les vices, qui ne sont a faire, Et ce peut chacun, sanz meffaire, Dire, tant soit simple personne, Affin que le renom, qui sonne Desplaisamment, facent cesser Ceulx qui, par mal faire et penser, L'ont acquis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 9). Ensi sçavoit messires Hues li Espensiers aler au devant de ses besongnes et bien sçavoit que il faisoit mal, mais tant estoit endurcis en ses malisces que il n'en savoit ne voloit issir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 53). Sans nul grever, sans mal faire, Son affaire Veult parfaire (CHART., L. Plais., c.1412, 149). Il vous semble que seigneurie est autant a dire comme puissance de mal faire sans punition. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 68). ...ilz [Des "sergents" venus arrêter un homme] avoient grand volunté de mal faire ; il(z) sembloit qu'ilz voulsissent tuer quaresme ! (C.N.N., c.1456-1467, 508). Job si voult tout son temps user A bien fairë et a bien dire, Oncques ne se voult abuser A mal fairë et a mal dire, Rien a nul ne sceut refuser Ne creaturë esconduire, Tout son temps voult, sans plus muser, Au vouloir Dieu du tout conduire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 104). Et, pour parler d'Allemaigne en general, il y a tant de fortes places et tant de gens enclins à mal faire et à piller et robber et qui usent de force et violence les ungs contre les autres pour petite occasion, que c'est chose merveilleuse (COMM., II, 1489-1491, 210).

 

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Faire mal de + inf. : A viz m'est que le marquis fist Trop mal d'espouser Griseldis La bonne vierge qui toudiz Avoit paix en sa povreté, Car moult durement s'est porté Envers elle jusques a ci, Qui ses deux enfans lui toli Et maintenant la vuelt laissier, Et pour sa noblesce essaucier En vuelt une de hault lignage. (Gris., 1395, 79). ...ne aussi ne les congnoissoit, ne savoit qui ilz estoient, et faisoient mal de le ainsi injurier, en rappellant ycelles injures à son courage (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). Vous faites mal et pechié de batre ceste povre fille, qui riens ne vous demande. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 146).

 

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Prov.

 

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Qui mal fait, il hait lumière : ...car l'en dit communement que qui mal fait, il hait lumiere. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 469).

 

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Qui fait mal s'oblige à tourment : O aveuglez, vous vous rïez Quant aulcun homme avez trompé ; Mais une fois vous vourrïez N'avoir mangé que pain trempé En bel eaue, et qu'atrempé Eussez vos langues aultrement. Qui faict mal s'oblige a torment. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64).

 

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Penser mal : Qui pense mal, bien ne lui vieigne Dieu doint a chascun sa desserte ! (CHART., B. Dame, 1424, 344).

 

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Penser mal de qqc. "Juger qqc.comme mauvais" : ...luy sembla qu'elle pourroit aller veoir son chanoine accompaignée de sa voisine, sans qu'on y pensast mal (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

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Se tourner à mal : ...et, par le contraire, n'est mal qui ne vienne en un royaume quant femmes d'estat se tournent a mal. (GERS., Annonc., a.1400, 239).

 

3.

"Mauvaise action, faute" : Punit serey Du mal commis (Pass. Auv., 1477, 276). Grant mal sera, par mon serment, De faire morir Jehan babtiste. (Pass. Auv., 1477, 97).

 

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Au plur. : Pour ce conclus : de bien faisons effort, Reprenons cueur, ayons en Dieu confort ; Nous n'avons jour certain en la sepmaine. De noz maulx ont noz parens le ressort, Par offencer et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 63). Nous advons de grans maulx commis, Desqueulx justement portons poine (Pass. Auv., 1477, 218).

 

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Faire du mal. "Commettre une action contraire au bien" : Tais toy, tay toy, dit le bon prelat, qui avoit toutes les mains grasses (...).Je ne fais point de mal. [Un prêtre mange des perdrix un vendredi] (C.N.N., c.1456-1467, 583).

 

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Loc. prov. Faire mal et prendre du pis. "Semer le vent et récolter la tempête" : A chascun [le jeune] menasse la mort, Et s'en va courant d'uys en huys ; Quelcun l'assomme comme ung porc, Jeune fait mal et prent du pys. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

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Rendre mal pour mal : Ne vous contrevengiez de frappeures de langue, car c'est grant vertu de ne blecier cellui qui a blecié, et grant force de courage de non rendre mal pour mal, lesquelles choses commande Nostre-Seigneur en son Saint Euvangille. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 33). Pour Dieu, seigneurs, ostez vos mains ! On ne doit pas mal pour mal rendre. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 129).

 

-

Prov.

 

.

On ne fait mal que mal ne soit fait : Je ne fais mal que mal ne me soit fait (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 309).

 

.

Nul mal ne demeure impuni : ...il n'est bien qui ne soit mery et mal qui ne soit puny. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 121). ...Mais justice bien lui promet Que mors en sera et honnis : Nulz maulz ne demeure impunis. (Pastor. B., c.1422-1425, 98). Justice venra tost ou tart Et sera ["saura"] qui mangea le lart. Croy de vray ce que je te dis : Nul mal ne demore impugnis (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 209). ...par équité telle que tout bien fait est rémunéré également, comme le mal fait pugni. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 263).

 

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On fait mal pour le pis esloigner : Mieux vaut coper .I. doit c'unne tieste trenchier Qui poet le loy de Dieu acroistre et essaucier, Il fait bon reculer pour li pluz avancier, Et sy fait on bien mal pour le pis eslongier : Ce dist Catons li sages. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 373).

B. -

RELIG.

 

-

"Ce qui est répréhensible du point de vue religieux, péché" : A justement parler, c'est mal ou pechié tout che qui est contraire a la voulenté divine. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 226). Toutesfoys escoutez encores la fraude et decepcion de l'ennemy ! Car il ne souffist pas que l'ame qui se est mise sa parrochienne et sa subjecte soit tellement ensevelie ; mais affin d'acroistre le mal, et que d'aucune aventure remede n'y soit mis par misericorde, il gette dessus l'ame ung drap fait et tissu d'ypocrisie, de faintise et simulacion pour apparoir belle au monde. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). ...par son feu - [Jésus] m'a fait lacher Ma meschant cher, Que trabucher - en mal m'a fait. (Pass. Auv., 1477, 151).

 

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Donner cause de mal à qqn. "Être ocasion de péché pour qqn" : ...mais l'ordure du pechié, duquel la parole corrompt l'air, me contraint a les taire, affin aussy que je ne donne cause de mal aux innocens. (GERS., Pent., p.1389, 78).

 

-

Le mal pardurable. "La damnation éternelle" : Et doit icellui pecheur avoir regard que puis que creature doit desirer la santé du corps, qui est estour lourgable [l. escoulourgable ?] et trespassable, par plus forte raison doit il curer de la noble ame qui est ordonnee a recevoir le bien perpetuel ou le mal pardurable. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 17).

 

-

Mal d'Enfer : Du mal d'Enfer dist saint Jerome sur Jeremie ou .IIIe. livre : «Mieulx vault non estre que vivre en tourment». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 351).

 

-

Le mal de tel défaut. "Le péché de (tel défaut)" : Contre ces .II. maulx est dit en Ecclesiastique el .XIe. chapitre : «Esjoÿs toy, jenne homme, en ton adolescence», asscavoir contre le mal de ire enflee, «et soit ton cuer en bien es jours de ta josnesse», asscavoir contre le mal de luxure. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 281).

 

-

[De Dieu] Rendre mal pour mal/bien pour mal/mal pour bien : Saint Augustin dist que Dieu rend mal pour mal, c'est a dire paine pour pechiéz, et ce par justice, car il est juste. Item rend bien pour mal, c'est a dire grace aux injustes, car il est bon. Item rend bien pour bien, c'est grace pour grace, car il est bon et juste. Jamais ne rend mal pour bien, car point est injuste. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

-

Les maux. "Les mauvaises actions, les péchés" : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11). ...Que Humain Lignage en tout uni Deust à mort estre puni Et effacé son nom de Terre, Par fort venim, famine ou guerre, Selon les maulx et les péchiez Dont il estoit moult entechiez. (LA HAYE, P. peste, 1426, 37). Marte, ma seur, elle est infame Et ostinee en ses maulx. (Pass. Auv., 1477, 134). Pour estre monde Vaiz rendre compte - de tous mes maulx ; De mes deffaulx (...) vaiz quarre grace. (Pass. Auv., 1477, 152). De doleur j'ay le cuer tout vain, Par desdain, Des maulx qu'ont fait tous les pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 197). Ainsi Dieu prevoit les maulz que fait cestui qui les euvre, et toutevoies pas n'est cause des maulz qu'il fait, et neentmoins, il sera se il est preveu de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

C. -

THÉOL. Le principe (de) mal. "La cause active de tout ce qui est contraire au bien" : S'ainsi est que l'un des deux a estre en l'aultre ou par l'aultre, mais estre par soy et non par aultre est bon, et le principe mal seroit plus mal se il n'avoit cellui estre qui est bon, ergo le principe de mal, qui se dist mal, n'est pas souverain mal, car s'il avoit estre par soy qui est bon, pas ne souffreroit qu'il fust souverain mal. (Somme abr., c.1477-1481, 106). Item se il estoit ung mal souverainement duquel procederoient tous maulz, il s'ensievrroit que, selon le corps, Cristus seroit de ce mal principe, car en son corps a esté le mal de paine, comme sa passion et sa mort et aultres paines qu'il souffrit demonstrent, laquelle chose dire est abus, comme puet apparoir par les choses dessus dittes. (Somme abr., c.1477-1481, 107).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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FEW VI-1 malus
MAL, adj.
[T-L : mal1 ; GD : mal1 ; AND : mal1]

I. -

[Correspond à mal1 >I] "Qui est cause de désagrément, de dommage, de souffrance, de difficulté"

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Méchant, malfaisant, mauvais"

 

a)

[Attribut] : Se male est et de durs accors, Et qu'elle me riote et tance, Ce sera trop dure sentence, Paine et travail non supportable, Vie a moi et a lui dampnable, Car Salemon dit en appert Que mieulx vault il vivre en desert Qu'avec male femme habiter. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 25). Je vous prometz qu'il [Danger (personnification)] semble bien mau sire ; A tous propos il est prest d'escondire (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 100). Trop male et perilleuse fu celle roine de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 182). Comme au roy Richart fus tu male, A qui longtemps esté amie Avoyes, mes ne faillis mie De le destruire, a dure honte ! (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 75). ...si Dieu luy eust donné ung souhait a choisir, il eust demandé la mort de sa femme, "laquelle, disoit il, estoit tant male et obstinée en malice que, si je la savoye en paradis, je n'y vouldroye jamais aller" (C.N.N., c.1456-1467, 490).

 

b)

[Épithète] : "...Murdry a vo mouller par sa grant tricherie ; Espoir que vous cuida aussy tollir la vie ; C'est une malle femme et de mauvaise vie." (Tristan Nant. S., c.1350, 193). Je te conjur, mal felon, de par Dieu omnipotent et de par le Pere et de par le Fil et de par le Saint Esperit et de par tous les sains... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 141). "...il i ot une male roine en ce pais, qui tout nous tolli." (FROISS., Chron. D., p.1400, 108). Une bonne femme vieille prioit tousjours à haulte voix que les dieux lui donnassent longue vie, et comme il l'oist dire, demanda et voult savoir qui la mouvoit : "Certes, dist-elle, j'estoie pucelle chieux mon pere, si avoit un roy en ceste terre moult mal et qui trop grevoit le peuple..." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 78). Tant fut loyale Que Fortune si dure et male Ne puet amenrir son cuer pale Vers s'amour tresespecïale. (CHART., L. Dames, 1416, 297). Mais c'estoit grant pitié comme de voir le povre Bethidés qui se sentoit et voioit deceu par sa male femme (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 600).

 

-

Males gens/male gent : ...car nous avons a faire a moult male gent, qui maint preudomme ont mis a douleur et a tourment, et toute leur entente si est a gens conchïer et rober. (Bérinus, I, c.1350-1370, 62). Et disoient couvertement qu'il ne se acquittoient mies bien envers le roy de France, quant il n'aidoient à bouter hors ces males gens dou dit royaume. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 184). "Je ne venrai pas aisse à men entente de ces blans capprons : che sont male gent et fourconsilliet." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 217). Onques si malles gens que Escos sont en un païs il ne veïrent, ne trouvèrent si faus ne si traïtres, ne de si petite congnissance. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 278). Lors dist Gieffroy a Thierry : Beau, tres doulz frere, encores vous faut il demourer icy, car sachiez que je vueil aler veoir noz deux freres en Alemaigne, le roy Regnault de Bahaigne et le duc Anthoine de Lussembourc. Mais je n'y yray pas desgarny de gens d'armes, car il y a males gens en ce pays la, et qui voulentiers desrobent le trespassans. (ARRAS, c.1392-1393, 279). Il n'est plesir Que desplesir Ne rue bas en peu de temps ; Je voy courir Et decourir En ce monde de male gens. (Pass. Auv., 1477, 110).

 

c)

Empl. subst. "Personne méchante" : Nom recouvré [Marie d'Orléans porte le nom que la Vierge a paré de grâces], joye de peuple, Confort des bons, des maulx retraicte ["refuge contre les méchants" (Éd.)], Du doulx seigneur [Charles d'Orléans] premiere et seule Fille de son cler sang extraicte, Du dextre costé Clovis traicte, Glorïeuse ymage en tous fais, Ou hault ciel creee et pourtraicte Pour esjouyr et donner paix. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 40).

 

2.

Mal parleur. "Personne qui fait du mal par ce qu'elle dit, personne qui médit, qui calomnie" : Il [le magnanime] ne loe pas moult les gens et n'est pas mal parleur et mesmes de ses ennemis et ne dit nul mal se n'estoit pour cause d'aucune grant injure. (ORESME, E.A., c.1370, 255). ...si a mandé la Court les prevost de Paris et des Marchans et leur a enjoint que se informent et enquierent de telx malx parleurs et en facent bonne justice, et se il ont mestier de la Court, elle s'est offerte et offre à eulx ayder à faire bonne justice. (BAYE, II, 1411-1417, 20). Que bon accors Tu ensuyves pour saulver ame et corps, Car envye ne poursuyt que discords Et souvent vient par mansongiers records Que Male Bouche S'en va semant, faisant aultruy reproche : Fuy son venin, ta personne ne touche, Et mal parleur de ton hostel n'approche, Car aultrement Temperance n'auroit gouvernement De ton affaire (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 84).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Mauvais, néfaste"

 

a)

[Avec un subst. désignant une chose concrète] : Sy veult que on le nomme Roy du pays de toute Ytale, Si leur fera guerre moult male. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 265). A vous parle, compains de galle, Mal des ames et bien du corps : Gardez vous tous de ce mau halle Qui noircist les gens quant sont mors ; Eschevez le, c'est ung mal mors. Passez vous au mieulx que pourrez, Et, pour Dieu, soiez tous recors : Une foyz viendra que mourrez. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 132). A vous parle, compains de galle, Mal des ames et bien du corps : Gardez vous tous de ce mau halle Qui noircist les gens quant sont mors ; Eschevez le, c'est ung mal mors ["morsure"]. Passez vous au mieulx que pourrez, Et, pour Dieu, soiez tous recors : Une foyz viendra que mourrez. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 132).

 

-

Mal oeil : Trop les regarde de mal oeil [d'Envie] Et, se nullement accrochier Les peut, jus les fait trebuchier. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 113).

 

-

Prov.

 

.

Male herbe croist volontiers : Mal herbe croist volentiers. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 587).

 

.

C'est à la fin qu'on peut voir quelle est la chose bonne ou male selon son effet : Or est le temps de venir au terme de mon euvre, de laquelle, ainsi que veult dire le proverbe cy dessus, tousjours à la fin puet on veoir quelle est la chose bonne ou male selon son effect. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 181).

 

-

[Avec un sens affaibli] "De mauvaise qualité" : Turquer denrees et changier Mauvais pour bon, par losangier, Et par jurer, et par promettre Que chose ["marchandise"] ne pourroit mieulx estre, Qui estoit male et contrefaite, Et, tout pour decevoir gent faite, Vendre a terme par faulx contras. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71).

 

-

[D'un phénomème astronomique] "Qui porte malheur ; funeste" : De laquele [mortalité], sans contredit, Fut principale occasion Une faulse conjonction De Jupiter, Saturne et Mars, Avecquez autres maulx regars D'aucunes des autres Planètes Et éclipses lors eschéetes, Qui sont deffaulx espéciaulx De certains Corps Célestiaulx (LA HAYE, P. peste, 1426, 24). Que Jupiter, l'estoille clère, Et Saturnus, son triste père, Par leur male conjonction Et triple permutation Gastent maint règne, en vérité, Par guerre et par mortalité. (LA HAYE, P. peste, 1426, 26). Et disoit aussi estre signe de paix quant Saturne ne regardoit de mal aspect Jupiter ne Mars, et touteffois que Mars estoit receu regardant Saturne debille, disoit estre les guerres et contrarietés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°).

 

-

[D'un phénomène atmosphérique] : Arrestons sanz plus faire nage, Tant que soit passé cest orage Et ce mal temps. (Mir. emper. Romme, 1369, 286). ...il attendit dessoubz quelque auvent que le maulx temps fust passé et la pluie cessee. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 206). Males de[s]tinees Les puissent trestous craventer, Et mal vent puist contre eulx venter ! (S. fol, c.1480-1490, 8). Sortez dehors, que la malle tempeste, La malle rage et malle mort aussi, Villaynement, ains que partez d'icy, Vous puisse a tous fouldroyer corps et teste ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 137).

 

b)

[Avec un subst. désignant une chose plus abstr.]

 

-

[Avec un subst. à valeur neutre ; mal est souvent opposé à bon] : En la denudacion de l'oz, herisipille est mal signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 98). Et pour ce, elle qui parle, en entencion de bien faire, pour cuider refresner l'ire, courroux et male volenté de ladite Marion, li dist que elle se appaisast (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 355). Et ne vy je leur mere, le samedy que mon frere de Forests m'acointa les males nouvelles, en forme de serpente du nombril en aval ? (ARRAS, c.1392-1393, 253). L'avoir d'aucun, sanz raison, prendre, La voye d'Enfer fait apprendre, Et si n'est garde se pou non, Hayne engendre et mal renom. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 28). ...moult doubta et se pensa Que c'iert male signifïance (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44). ...s'en retourne a l'ostel pour entendre a la cuisine, que le humet ne soit espandu comme par male garde il avoit esté la nuytée (C.N.N., c.1456-1467, 369).

 

-

[À propos d'une pers.] De mal(e) affaire

 

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"De mauvaise conduite" : Je scey bien qu'elle a le cuer autain Et qu'elle est bien de mal affaire (Pass. Auv., 1477, 134).

 

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"Naturellement mal disposé (en l'absence d'éducation ou de lumière religieuse)" : Femme plainne de mal affaire Fait en tout par tout le contraire De quant c'on li prie et deffent. S'aulcuns hons la cuide retraire Pour chastïer de folie faire, Adonc en a plus grant talent. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 149).

 

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"De mauvaise réputation" : Vezla le duc de mal affaire. (Mir. st Guill., c.1347, 16).

 

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"Qui a de mauvaises intentions" : LA PELERINE. Maistre, vez la qui nous regarde Trop malement ; j'ay grant paour Qu'il n'y ait gent illec entour De mal affaire. (Mir. emper. Romme, 1369, 287).

 

-

Male aventure : Il ne prent pas ici pechié pour vice et pour culpe, mais pour erreur et male aventure. (ORESME, E.A.C., c.1370, 307). ...et avoit fait pourveir et rafresqir tous les castiaus de Cambresis de bonnes gens d'armes, a la fin que il ne fuissent souspris de nulle male aventure. (FROISS., Chron. D., p.1400, 313). Si leur pourra, par aventure, De ce venir male aventure (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 124). L'autre, tresdesplaisant de ceste male adventure, conforte le chevalier au mieulx qu'il peut (C.N.N., c.1456-1467, 77). ...son mary donna le tresdoulx advertissement de sa dure cheance et male adventure, convertie (...) en joye non pareille (C.N.N., c.1456-1467, 184).

 

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Male cause

 

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À male cause. "À tort" : "Nanil [le conte refuse l'offre de ne pas se battre], par Dieu, felon chevalier," respondy le conte, "se tu ne veulx ycy recongnoistre que a male cause tu az acusee le bonne pucelle..." (Comte Artois S., c.1453-1467, 57).

 

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Mal chef

 

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Aller à mal chef. "Connaître une mauvaise fin" : Et de ces nobles Dieux consent, Et tout le monde si assent Que par toutes les nacions Du monde ou gent ont mansions, Le plus noble si soit le chief De tous, autrement a mal chief Yroient toutes seignouries Et moult tost seroient peries, Se noblece ne les gardoit. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 150).

 

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Male façon. "Mauvaise action" : ...Amours me moustra par feauté Qu'il estoit des oiseaus assez, Et que point ne fusse lassez D'entre les oiseaus pourquerir Aucun qui me peüst garir, Et loe qu'einsi le face on, Car point n'i a male façon, Dès qu'on ne puet, par bien ouvrer, Ce qu'on a perdu recouvrer. Et dès qu'Amours le me loa, J'eus droit, se mes cuers l'avoua. (MACH., D. Aler., a.1349, 292). ...Maix Longis n'ot pas cuer de Judas le griffon, Car quant vit qu'il ot fait si mallefaisson [l. malle faisson], Per devant Jhesu Crist se mist a genoillon (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 882). ...item, doivent garder les bestes qui sont prinses es malles fachons [ici, "délit de pâturage illicite"] d'icelle forest (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 45). En ce temps avoit grant ranqune entre le roi d'Engleterre et les Espagnols, pour auqunes malles façons et pillages que li dis Espagnols avoient fait sus mer as Englois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 880). ...pour quoy en toutes choses communement, se faultes y sont, on les peut amender, excepté en fait de chevalerie, car la male façon ne se peut jamais reparer de ceulz, qui sont mors (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 210).

 

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Male fin/male issue : Faire puist elle male fin ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 112). Car, contre les princes crueulx, Qui n'ont misericorde en eulx, Dit un aucteur que cruaulté De prince, en especiaulté, Destruit le regne, et male fin En a lui meisme en la parfin. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 25). Elles sont clamees Influences et destinees, Qui a ce sont predestinees Que aussi tost que l'omme naist Ou la femme, ja si grant n'est, Ceulx yci de sa vie ordenent Et sa droite fin lui assenent, Bonne ou male, selon les cours Ou les planetes ont leurs cours A l'eure que l'enfant est né. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 92). ...et predist à Hieroboam qu'il resneroit sur Israël, tant qu'il seroit bon, mais il fut par traict de temps très mauvais et induisit le peuple à ydollatrie et resembla son pere, de beau commancement et malle fin, combien que je estime la fin Salomon par penitence estre bonne, mais de Hieroboam aucuns le configurent à Machomet, comme Anthiochus à l'Antecrist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 v°). Cestui Hugues prenostica qu'il y auroit neutralité ou concille de Balle, dont l'effect monstra assez tost l'experience et dist raison, c'est assavoir pour ce qu'il fut principié ou signe de l'Escorpion, dont le comancement et chef a beau semblant et la fin laide et de malle yssue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 r°).

 

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Male fortune : Et quant il li vendra bonne fortune, il n'en sera pas moult joieus ne pour male fortune moult triste. (ORESME, E.A., c.1370, 251). Item, il ne s'esjoïst de bonne fortune ne n'a tristece de male fortune fors bien peu. (ORESME, E.A.C., c.1370, 252). LE PREMIER BARON. (...) Durement vous a assailly La male fortune a ce tour. (Gris., 1395, 84). Mais Remondin qui estoit eschauffez, et qui ne ressoingnoit sa vie, ne fortune bonne ne male qui lui peust avenir, le suit asprement, et il estoit bien montez, et tousjours le suit le conte qu'a trace qu'a veue. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Tollir ne le peut Meseür, Ne male Fortune, n'Envie, Tant comme cellui soit en vie, Qui monte par ycelle voye, Qui es haulx estages l'avoye. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 119). ...se sa male fortune n'est digne d'estre ou dit livre de Boccace, j'en fais juges tous ceux qui l'orront racompter. (C.N.N., c.1456-1467, 191). Et, le jour Saint Jehan Baptiste, XXIIIIe jour de juing, aucuns qui se baignoient à leurs plaisances en la riviere de Seine, par male fortune, se noierent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 49).

 

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Mal gré

 

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Bon gré mal gré. "Qu'on le veuille ou non" : ...comme aulcuns incitoient le roy de le faire ployer [le duc de Bourgogne] bon gré maugré [l. mau gré] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 157).

 

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Encourir le mal gré de qqn. "Déplaire à qqn" : Prince amoureux, des amans le greigneur, Vostre mal gré ne vouldroye encourir, Mais tout franc cueur doit, par Nostre Seigneur, Sans empirer, ung povre secourir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 84).

 

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Savoir mal gré à qqn de qqc. "Reprocher qqc. à qqn" : Et ne cuidiez pas qu'il m'anoye Se mettre volez vostre cure En my sur toute creature : Ja mal gré ne vous en saray Ne en men coeur ne vous harray, Mais m'amisté pas nen arez Conme escuier, n'y entendez ! (Dit prunier B., c.1330-1350, 68). Car il m'est vis, se par Fortune sui Jus dou degré ou jadis montez fui Par li en qui je ne me fi, n'apui, A dire voir, Que nul mal gré ne li en doy savoir, Car elle fist dou faire son devoir (MACH., J. R. Beh., c.1340, 85). Doulce mére Dieu debonnaire, Ne me vueillés mau gré savoir De ce fait (Mir. femme roy Port., c.1342, 175). "Nennil, dist li princes, je ne vous en sçai nul mal gré, fors ceulz qui chi vous envoient." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 97). Mais si aucun m'en vouloit demender de bouche, je lui en diroie mon avis, mais orendroit je me tais, pour ce que aucune dame, damaiselle ou aultre m'en savroit mal gré, combien que, en bonne foy, tout est a la louenge des femmes, comme j'ay dit (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 115). ...combien que je ne pense avoir dit ne fait chose dont me devez savoir mal gré, je ne sçay, moy, qu'on vous a rapporté. (C.N.N., c.1456-1467, 156). ...vous requier que ne m'en sachez nul mal gré, et me veillez pardonner le maltalent qu'avez vers moy conceu. [Une jeune fille a refusé tous les partis que lui proposait son frère] (C.N.N., c.1456-1467, 359).

 

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Mal heur. "Mauvaise chance, mauvaise destinée" : Ou mieulx te plaist qu'onneur ceste meschance : Que respondras a ceste consequence ? - J'en seray hors quant je trespasseray. - Dieux ! Quel confort ! Quelle sage eloquence ! Plus ne t'en dis. - Et je m'en passeray. [Le coeur de Villon :] - Dont vient ce mal ? - Il vient de mon mal eur : Quant Saturne me fist mon fardelet, Ses motz y mist, je le croy. - C'est foleur (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 71).

 

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Mal(e) oeuvre

 

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"Mauvaise action, méfait" : ...Et chacun pense a son cuidier : Par lui [Fortune] sont tous cheüz Templier, Mais Fortune n'a pas ce fait, Ains leur malle oeuvre et leur malfait. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 31).

 

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Bastir mal oeuvre pour qqn. "Mal se conduire envers qqn" : ...la royne Vasti, Qui mal oeuvre pour lui basti. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 262).

 

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Mal port. "Mauvaise destination" ; au fig. "mauvaise situation" : Je suis arivé a mal port. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 232). Et les negligens a mal port Arriveront, n'en doubte mie. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 62). Nous serions bien a mal port Au moins sil estoit ytel (Myst. st Martin K., a.1500, 368).

 

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Male soudee. "Mauvais salaire ; ici au fig. punition" : Si leur rendi male souldee De ce qu'ilz s'ierent rebellez ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 237).

 

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Male veuillance. "Animosité, hostilité" : ...non pas qu'ilz s'en voulsissent vengier par mal voeillance, ains le faisoient pour esprouver le hardement et fierté de lui (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 282).

 

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Male voulance. "Animosité, hostilité" : ...monseigneur de Berry (...) vous prye que vous vueilliez (...) que duc de Bretaingne doit avoir à son naturel seigneur, le roy de France ; pour quoy vous n'entrez en son indignation et mal voulense. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 235).

 

c)

En partic. [Souvent dans des formules d'imprécation, de malédiction, de menace] Mal + subst. désignant une période

 

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Mal an. "Mauvaise année ; au fig., "malheur" : Maiz ceulz que Hastivet afaite, Que Dieux en grant malen [l. mal en] le mette, Sont diffamés a grant pechié, Car il les fait mal enteichié. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 360). Biaux seigneurs, que pourrons nous faire ? Veez ci Sathan, nostre adversaire, Qui nostre malen [l. mal en] renovelle. Contre nous esmuet la querelle Et remettre nous veult arriere En la maison d'enfer chartriere ! (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 62). ...va t'en. Que Mahon te mette en mal an ! (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 256). Dieu mette en mal an qui en ment, Oncques nul ne vint au devant Sinon deux malastrus racletz. (Gaud. sot, c.1450, 12). ESTONNÉ. Nostre maistre est douleur plain d'ire ; Je ne sçay que deable il luy fault. MALCUIDANT. Et c'est pour ce villain marpault A qui Dieu doint senglant mal an ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 282). Dieu mecte en mal an l'orde beste qui m'a encusé, dist le bon seigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 213). Sil vient il souffrira mal an (Myst. st Martin K., a.1500, 246). Ne te conseille par merdaille, Qu'il ne valent rien en bataille, N'a garsons, quar, se tu les crois, Je te jur sur toutes les croix Qui furent en Jherusalem, Il te mettront en si mal an Que tu n'i porras conseil mettre Par cop d'espee ne par lettre. (MACH., Voir, 1364, 482).

 

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Male semaine

 

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"Période critique; mauvaise passe" : Deffendez leur le mentir, jouer a jeux illicites, de laidement jurer, et de dire parolles qui sentent villenies ne parolles deshonnestes ne gouliardes comme aucunes mescheans qui maldient de males senglentes fievres, de male senglente sepmaine, de male senglente journee. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 129). LE DRAPPIER. Male sepmaine M'envoye Dieu se vous ne l'avez [mon drap] ! (Path. D., c.1456-1469, 162). Or ça, que la male sepmaine Vous envoie huy Dieu le pere ! (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 59). Dieu le met[e] en male sepmaine ! Fault il maintenant la troter ? Que c'estoit bien pour moy froter, S'il m'eust ja cela oÿ dire ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 692).

 

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Estre dans une mauvaise semaine/avoir une mauvaise semaine. "Être dans une mauvaise passe" : Et quant j'ay tout regardé, Ceulz sont en male sepmaine Qui ont cuer enamouré, Car c'est vie trop grevaine, Quant mort y gist si prochaine ; Et pour ce ensement conclus Que longue vie m'est saine. (MACH., App., 1377, 638). Ilz avront tresmale semainne, Celle quocardaille de Parthe ! Ilz seront galez, tout acerte, Sy bien qu'i n'y avra que dire, Puisque l'empereur nostre sire Leur court sus par tresgrant fureur. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 55). Il sera en mal sepmaine S'une foiz je le puis happer (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 363).

 

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Mal jour/male journee/mal(e) nuit. "Mauvais jour, mauvaise nuit" ; au fig. "malheur" : Morel, beste de grant pris, comme nous avons entre toy et moy souffert mainte grande destresse et mainte male journee, que onques sur toy ne mis selle. (Bérinus, I, c.1350-1370, 260). ...Que malle nuit puist il avoir [le fauconnier malhabile] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 339). Tu dys vrai, Robin, turelure. Que le maul jour te soit donné ! (Pac. Job M., c.1448-1478, 187). Mieulx te voudroit estre en infert, Palliars, quar tu auras mal jour. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 130). LE VALET, à l'aveugle. Mal jour dont Dieu, qui t'a les yeulx Anssy gariz ; dolent j'en suis Ne resteray de querir huy, Tam que je treuve ung aultre orbache (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 183). Sa, ribaudaillie, que mal nuyt Et mal jour et malle tempeste Vous puisse choer dessus la teste. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 209). ...après tantes males nuictz et jours doloreux, Amour, qui ses serviteurs loyaulx aide et secoure quand bien luy plaist, leur appresta ung jour tresdesiré (C.N.N., c.1456-1467, 434). [Des rois et des reines]...ont fait de necessité vertu et ployé dessoubz fortune (...), ont fait de mal jour feste (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 141).

 

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Male heure

 

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De male heure/à/en (la) mal(e) heure. "Pour son malheur" : Et cilz est nez de moult male heure Qui de cuer vous servir n'entent. (Mir. nonne, 1345, 316). Si li prist volenté et plaisance d'aler ou royaume de Navarre veoir sa mere et son oncle ; ce fut bien à la maleheure [l. male heure] pour luy et pour ce pays. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 81). Et s'en vint vers la prison où son filz estoit, et tenoit à la male heure ung petit long coutelet, dont il appareilloit ses ongles et nettioit. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 88). "Par Dieu, Jehan Lion nous destruira tous. A mal heure fu, quant vous ne m'en laiastes convenir, car, se je l'euisse occis, j'en fuisse trop legierement venus sus." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 173). Le roy meismes, qui de neant S'estoit vantez, en la male heure, Sur un destrier fuit grant aleure (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 7). ...nous, chetifz et de male heure nez, Avons estoy a naistre destinez, Quant le hault pris du royaulme dechiet, Et nostre honneur en grief reprouche chiet, Qui fut jadis franc, noble et beneuré. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 2). Se la faulte par toy si vient Tu l'auras faictë a mal heure, J'en ay le cueur plus noir que meure, Toute douleur en soy contient, Se tu es sage, si labeure Pour moy commë il appartient. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 54). SECOND SERGENT (a celluy qu'i tient.) Ne souffit il pas une fois C'on vous a laissier barbeter ! Alez devant et cheminez En la male heure ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 76). Quand je vous prins en mariage a la male heure, vous ne apportastes gueres avecques vous (C.N.N., c.1456-1467, 420). Comme il fut dit il fut fait, en la male heure, et vint trouver monseigneur et madame, et fist son personnage (C.N.N., c.1456-1467, 480). Sil enchanteur, né de malle heure, S'a fait, affin qu'il ne honnore Les dieux et craingne les tourmens Lesquelz sont devant luy presens, Et les princes courcer vers luy. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 233).

 

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Mal temps. "Période funeste" : ...pour entretenir paix et concorde en ce mal temps de guerre (FAUQ., III, 1431-1435, 62).

 

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Au fig. Se donner mal temps. "Se faire du souci" : ...ne se donnerent garde [deux amants] que le mary les surprint ; dont ne se donnerent nul mal temps (C.N.N., c.1456-1467, 435).

 

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Faire la male vie. "Faire beaucoup de bruit, pousser des cris (ici pour exprimer la souffrance)" : Et bon curé de cryer, et de faire la plus male vie que jamais fist homme. [Il vient d'être châtré par surprise] (C.N.N., c.1456-1467, 405).

 

d)

[Avec un subst. à valeur positive ; inverse la valeur du subst.]

 

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Male aise : Et m'est avis que vous m'avés escript plus briément que vous n'avés acoustumé : si ne sai se vous avés loisir ou se vous le faites pour ce que je vous escrive plus briément ; mais c'est une chose que je feroie a mal aise, car quant je commence, je n'i puis faire fin. (MACH., Voir, 1364, 592). Se Dieu plaist, n'arez se bien non ; N'en soiez de rien a mal aise, Dame (Mir. abbeesse, 1340, 76).

 

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Faire qqc. à mal aise. "Faire qqc. avec déplaisir" : Et m'est avis que vous m'avés escript plus briément que vous n'avés acoustumé : si ne sai se vous avés loisir ou se vous le faites pour ce que je vous escrive plus briément ; mais c'est une chose que je feroie a mal aise, car quant je commence, je n'i puis faire fin. (MACH., Voir, 1364, 592).

 

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Vivre à mal(e) aise. "Avoir une existence pénible, désagréable" : Ung gentilhomme [avait] (...) sa mere bien ancienne et tresfort debilitée de maladie, plus languissant et vivant a mal aise que nulle aultre de son eage (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

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Male amour : Par voie de disimulation il dist que il i escriroit, car il n'i voroit mie nourir toute le haïne ne male amour que il poroit bien. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 280). Ne de la hayne du roy Perceforest ou de la male amour des chevaliers du Francq Palais avecq toute la vueillance mauvaise du lignage de Estonné n'en donroie ung poys, fors de son filz Passelyon qui me doit occire (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 224).

 

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Mal engin. "Ruse, tromperie" : Mais toutes pas teles n'estoient, Car maintes dames le faisoient Einsi comme Amours le devise, Sans mal engien et sans feintise, De fin cuer loial, sans meffaire, Dous, humble, courtois, debonnaire, Par franche liberalité Et de fine pure amité. (MACH., D. Lyon, 1342, 218). Mais en la fin, Com fins loiaus amoureus, de cuer fin Espris d'amer, sans penser mal engin, Moult humblement li dis, le chief enclin, Et sans effroy... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 81). ...promettons par ces presentes lealment et en bonne foi, sens mal engin tenir fermement (Trés. Reth. S.L., t.2, 1366, 81). Et fu la aresté (...) que casquns sires (...) venroient (...) devant Tournai, et la tenroient le siege tant que ordenance dou tenir se porteroit, sans fraude, mal enghien ne dissimulation. (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). Dieu les me doint bonnes et belles, Et qu'elles puissent estre telles Sans mal engin et sans cautelles Par qui j'aye delivrance. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 32). ...pensant (...) que trente jours [de jeûne] n'arresteroient gueres, elle promist de les faire sans fraude ne mal engin. (C.N.N., c.1456-1467, 576).

 

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Male estrainne : Qu'or fust il a sa male estraine, Lez Marigny droit en la plaine, Nuz et deschaux com j'ay le doy, Et toutes femmes par la loy Mariées et sanz mari Fussent chascune delez li Atout un ramon de behourt ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 318). Jupiter vous doint malle estraine ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 307). ...et quant ses gens recognurent que c'estoit le seigneur de Saintré, "Dieu," dist elle, "vous mecte tous et toutes en male estrainne !..." (LA SALE, J.S., 1456, 273).

 

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Male grace

 

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"Disgrâce" : ...oy dire audit Guespin que une foiz mons. le connestable avoit esté en male grace et amour de nosseigneurs les ducs de Berry et de Bourgongne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 516). ...aussi qui ne feroit declaracion des armes des ungs comme des autres, j'en pourroye estre en male grace (LA SALE, J.S., 1456, 218). ...elle fut ad ce menée que s'elle ne vouloit estre en la male grace de pere, de mere, de parens, de amys, de maistre et de maistresse, qu'elle ne tiendroit la promesse qu'elle avoit faite a Gerard son serviteur. (C.N.N., c.1456-1467, 170). Et reviendrons à parler comment se conduisit le filz en soy veant en la male grace de son pere, qui s'en alla à Termonde, luy et son estat, escoutant et attendant nouvelles de son pere (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 418). Tout n'en valloit pas ung festu, Nous fusmes bannis en tous lieux En la malle grace des dieux (Sots gard., a.1488, 104).

 

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"Malveillance, mauvaise humeur" : Jehanneton la Chapperonniere, Gardez qu'amy ne vous empestre ; Et Katherine la Bourciere, N'envoyez plus les hommes paistre, Car qui belle n'est ne perpestre Leur male grace mais leur rie, Laide viellesse amour n'impestre Ne que monnoye c'on descrye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 58).

 

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Male joie. "Malheur" : La manequine male joye Ara, se fas ce que queroie. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 54). Si les peut on de legier prendre, Car, par les champs s'en vont fuyant, Et les Juïfs les vont huyant,Qui les occient a troppiaulx, Male joye y ont de leur piaulx Les Persens (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 228). Delivre toy ! que male joie T'anvoie Tavergant nostre dieu ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 112). Et lors respondit la royne : "Elle fist sa male joye, que pour un moynne laissier cellui qui tant l'amoit." (LA SALE, J.S., 1456, 303). Lucifer luy dont malle joye, Sathan et le faulx Belezebust, Et l'etrangle d'une coroye, Puis es enfers soit son tribust ! (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 599). Ie puisse auoir malle iournee Mal an malle heure et malle ioye. Si plus tost me soustiendroye Sur la teste que sur les piedz. (Myst. st Martin K., a.1500, 191).

 

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Male paix. "Discorde" : ...si elle ne doubtast mettre male paix entre monseigneur et madame, il ne luy chauldroit guere de la desloyaulté de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 116).

 

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Mal repos. "Absence de repos" : ...j'aymeroie mieulx vous veoir noyer que seans vous bouter. Allez couscher en mal repos dont vous venez. (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

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Male santé : ...Et aussi que malle santé Te doint celuy qui te forma ! (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 38). Malle mort et malle santé Puisse avoir qui vous a mys cy ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 507).

 

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Mal talent. "Irritation, colère, esprit d'hostilité" : Semblablement est de rancune et mal talent qui par armes c'est demonstrée fort à tost remectre et appaisier, et pour ce, en cestui fait destruisant comme le feu à l'estaindre convient grant continuacion de l'eaue de doulceur et benignité à getter sus, laquelle viengne et sourde de toy mesmes comme de droite fontaine de clemence, leesce et debonnaireté. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 63). ...et sans nulles haynes, envies, ne mal talens, fors seullement pour acquerir honneur et bonne renommee et les tresdesirees graces de leurs tresbelles dames. (LA SALE, J.S., 1456, 125). Le mal talent de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et a son droit, ne se monstra meshuy si aspry (C.N.N., c.1456-1467, 30). Car ou soit ly sains appostolles, D'aubes vestuz, d'amys coeffez, Qui ne seint fors saintes estolles Dont par le col prent ly mauffez De mal talant tous eschauffez, Aussi bien meurt que cilz servans, De ceste vie cy buffez : Autant en emporte ly vens ! Voire, ou soit de Constantinobles L'emperieres au poing dorez (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 48).

 

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Avoir male feste de qqn. "Être mal accueilli par qqn" : Hay, hay, la teste ! Des hommes ait on malle feste. Vous m'avez pres que descoeffee. (P. Jouh. D.R., a.1488, 25).

 

e)

[Avec un subst. à valeur nég. ; renforce la valeur du subst.] : L'ADVOCAT. (...) Et si est sanz nul mal reprouche (Mir. enf. ress., 1353, 15). A mal gibet les puist on pandre ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 282). Au pere et au filz a perfaictement L'Empereur grant chiere faicte, Qui nulle souspeçon vers eulx N'a, en riens, adont, l'un des .II. Enfens, ce fu Cassandor, parle A son frere de la tres male Trahison, qu'ilz ont ordonnee, Si couvient que tost soit donnee La poison, mes qu'il voye point, A l'Empereur ; (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 63). Tu riffles comme ung droit porceaulx. Esgar quel lanssiés de sangler ! Quant sera plain vostre peut ventre ? Que male fievre vous y entre, Et mal farsin et male guoute ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77). Item, donne [quelque chose, ici : un poème] a ma povre mere, Pour saluer nostre Maistresse, Qui pour moy ot douleur amere, Dieu le scet, et mainte tritresse - Autre chastel n'ay ne forteresse Ou me retraye corps ne ame Quant sur moy court malle destresse, Ne ma mere, la povre femme -. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 78). Or meurs je les membres tous sains, Et tout en bon point se me semble : Je n'ay mal sinon que je tramble De peur et de malle froidure. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 41). De malle fievre soit il oingt. (Sots, c.1480-1500, 277).

 

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Male faim : Et ce estoit pour nourrir l'autre part de ceste beste, comme j'ay dit qui estoit toute rungee jusques aux os ; et n'estoit riens qui y parust de tout ce que on luy bailloit né que a ung gouffre de mer, ainsoys mouroit de male fain comme les poetes faingnent de Eusutonnus. (GERS., Noël, p.1404, 309). Mais ou peult estre allee ma femme ? Je meurs de male faim, j'afemme, Elle me fait ronger mon frain. (P. Jouh. D.R., a.1488, 32).

 

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Mal feu. "Feu d'enfer" : Fortune dort pour nous quant a present, et a ja fait grant temps, mais elle veille pour les crestiens ; il y pert bien a nous quant a ore, et aussi bien a il paru a nostre cousin le soudant qui a esté mort et desconfit, il et toute sa gent, en ceste ysle. Que de mal feu soit elle bruye ! (ARRAS, c.1392-1393, 131). Que mau feu toutes les engloute ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 92). Je prie a Dieu que mal feu l'arde ! (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 2335). "Sire, alons nostre chemin et laissons ces vielles. Que mal feu les arde !" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 183). Que du mal feu souy tu brulé, Orde villain detestable. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 16). Moynes, que le mal feu les arde Tant portent ilz la cuille verd (Rapp., c.1480, 64). Tost, Arsenicq, que mau fu t'arde, Va querir mortier et palette (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 194).

 

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Male hart. "Corde de malheur (en partiC corde de pendu)"" : Et da, hay, que de malle hart Ou des loups soyes-tu [la bête (l'âne)] estranglée ! (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 102). Qu'a malle hart soyez vous tous pendus ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 223).

 

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Avoir la male sanglante hart. "Jouer de malchance (p. allusion à la corde du pendu)" : PREMIER DYABLE. (...) Dont viens tu ? ne te vi pieça. Tu as bien jetté ça et la, Je croy, ton dart. SECOND DIABLE. J'ay la male sanglante hart : Je n'ay fait qui vaille un festu. (Mir. ev. arced., c.1341, 135).

 

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Faire sa male hart. "Aller à sa perte" : Et il fera sa malle hart : Il a bien a penser ailleurs. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 736).

 

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Male honte : Quant Hanibal ot finee sa raison, li aveugle, cui Dieu doint male honte, se presenta et se mist devant le seneschal et dist : "Seigneur, je me plaing de Berinus qui cy est, qui mes yeulx m'a tolus et emblez." (Bérinus, I, c.1350-1370, 83). Male honte ait le chevalier qui se depart de la bataille ains la fin de victoire, car a ceulz apertient la couronne de laurier qui perserverent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 8).

 

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Male meschance : Se nous avons perdu Ippre ceste fois, une autre fois nous le recouverons à leur malle mescheance. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 194). Veulz tu avoir male meschance Et espargnier je ne scé quoy Pour autrui, et non pas pour toy Faire plaisir a ton vivent ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 281). Et ledit de La Ramée lui dist : Tu quiers ta male meschance. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 413). Ne me creez jamais s'il n'est icy venus pour nous faire quelque male meschance. Sachiez que je me mectray en tel lieu qu'il ne me trouvera pas, se je puis. (ARRAS, c.1392-1393, 276). Considere lez discors de l'infortune presente et tu y trouveras correspondence, combien que ce n'est pas m'atente de ramentevoir ceulx que leurs coulpes, selon le dit divin, ont semblablement tiré et tirent chacun jour notoirement a despourveue mort ou a publique male meschance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 77). De riens ne sert a cueur en desplaisance, Chanter, danser, n'aucun esbatement, Il lui souffit de povoir seulement Tous jours penser a sa male meschance. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 312). Helas ! le povre chrestïen A assés de male meschance : Unze sepmaines sans laschance A esté illec, le povre homme ! (Path. D., c.1456-1469, 112).

 

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Male mort. "Mort cruelle, ignominieuse" : Sachiez que il n'y a si grant, se il ne veult obeir a mon mandement, que je ne face mourir de male mort. (ARRAS, c.1392-1393, 197). ...ensi (...) il en est esceu et pris au roi Edouwart, pere de cesti qui resgne en present, que si honme ont fait morir de male mort ens ou chastiel de Bercler (FROISS., Chron. D., p.1400, 221). Et ainsi furent li duy frere Occis par male mort amere, Dont cilz de l'ost tant s'esbahirent Que d'ambedeux pars s'en fuïrent, Mais ainçois tant y ot de mors Qu'on ne pot passer, pour les corps. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 320). ...car aux autres qui estoyent malicieux ou qui se donnoyent a orde charnalité, Dieu ne se monstra pas sinon a leur horrible mort, comme dit saint Jerome que ceulz qui pour lors faisoyent le pechié abhominable de la cher, qui est tres cruel, et qui ne fait nez a nommer, morurent de male mort. (GERS., Noël, p.1404, 297). Et sur ce dit saint Gregoire en l'epistre A Nepontiam : Je ne suis point souvenant avoir leu ne oÿ parler que nul soit mort de male mort qui ait voulentiers acomplies les euvres de misericorde (LA SALE, J.S., 1456, 39). Le mal de monsieur saint Fiacre Vous puisse estraindre la bedaine, Et malle mort ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 35). La nourrice qui m'alaicta La malle mort la puisse prandre, Ne qui aux boys me transporta Puisqu'au jour d'uy me convient pendre ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 321).

 

-

Male rage : Bien est mauldit de male rage Qui tel oultrage A la chrestienté procure, Car destruit en est maint lignage De grant parage,Villes, chasteaulx et maint village, Et maint passage, Et le surplus en adventure. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 62). Les Infernaulx, remplyz de malle rage, Envers luy ont leur bataille actraicte Encontre ceulx qui ont mis leur courage Pour decorer la joyeuse fleurette. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 99). LA FEMME. Esse tout ? Que [l]a malle raige Te doint Dieu, villain malostru ! (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 37). Hay avant ! hay ! lasche journee, La malle rage forcenee Tressanglante le cueur vous hape. (P. Jouh. D.R., a.1488, 35). Sortez dehors, que la malle tempeste, La malle rage et malle mort aussi, Villaynement, ains que partez d'icy, Vous puisse a tous fouldroyer corps et teste ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 137).

 

-

Male tache. "Vice, défaut" : Li fil enforcierent et crurent, Qui maintes males taches eurent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 293).

 

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Mal vice : Et en tout ce n'a nul mal vice, Mais toy trop pou as de malice Pour t'en engraissier ne nourrir, Car ton delit est de courir Par ces biaux lieux (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 42).

 

2.

P. ext. "Difficile" : Item de Canilho a l'Espital de sainte Suzanne III lieues et l'on passe ung grant port de neges et de males montees et d'avalhees moult dangereuzes de passer. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 77).

 

-

Mal à/de inf. "Difficile à" : Et devez savoir que le demourant de cest chapitre est mal a entendre (ORESME, E.A.C., c.1370, 113). ...la rivière est grosse et parfonde et trop malle à passer. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 286). L'unne s'apelle vive roigne, qui poile le chien et li fet fendasces ou cuir, et se fet le cuir gros et espés. Et ceste ci est bien male de garir, quar, si le chien garist, elle li revient voulentiers. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 117).

II. -

[Correspond à mal1 >II ; idée de norme morale, religieuse, sociale...] "Mauvais (au regard de telle norme)"

A. -

[Au regard de la morale]

 

1.

[D'une pers.] De males moeurs. "Qui vit dans l'immoralité" : ...que maniere tenissent les dis princes que les mauvais fussent pugnis sans nulle espargne de faveur qui qu'ilz fussent selon les cas de leurs deliz et non par hayne nullement mais en droituriere justice, et les vicieux et de male meurs et non vallables deboutéz, quelque grans ou riches qu'ilz fussent conte n'en fust fait ne a court bien venus (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 101).

 

2.

[D'une chose] "Moralement repréhensible, mauvais" : Item, l'incontinent scet bien que il fait males oeuvres (ORESME, E.A., c.1370, 365).

 

-

Mal acquest/mal gain : ...je ne reprouve que l'excez et l'abuz et l'orgueil et le mal acquest. (GERS., Annonc., a.1400, 238). Les uns, pour estre diligens, L'ont gaigné par aucune office, Aultres par tenir benefice, Aultres par sens et bon conquest, Aultres par fraude et mal acquest (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141). Et d'autres marchans, vous plevi, Faulx et mauvais assez y vi, Par couvoitise si menez Que l'avarice, ou sont donnez, Peut estre les fera ancors Perdre, se Dieu n'en a recors, Tant sont fort ahers a mal gaing (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 72).

 

-

Prov. Les males oeuvres menent à mauvaise fin : ...les males euvres amainnent à male fin. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 189).

 

-

Male voie. "Mauvaise voie, voie de la perdition" : Or veons, se li homs refuse Sa femme a aucun qui la ruse Plus grant de li, et n'en scet rien, Ou a un prince terrien, Pour aler a jouste ou a feste, Ou a un sien parent honneste Qui sera de ce fait requis, Il sera de pluseurs hais, Et dira l'en qu'il est jaloux, Et qu'il est felon et estoux, Et met sa femme a male voye. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 59). Et tel gourmanderie envoye Souvent maint d'eulx en male voye, Car c'est un vice trop grevable ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75). ADAM. (...) Tantost comme j'enn euz mangier, Et je recogneu mon pechier, Las, je vis bien que deceuz estoye, Et que m'estoye mys en male voye. Mon oultraige ay bien comparer : Helas, long temps a cien [en enfer] demeurer ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 139).

 

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Aller le mal chemin : Flateur porte la lumiere de science ou de conseil a la volenté de ses seigneurs, tant saiche bien qu'ilz vont le mal chemin. "Il fault temporiser, dit il ; il faut dissimuler ; tel me veulent, tel me prenent". (GERS., Annonc., a.1400, 235).

B. -

"Au regard de la norme religieuse" : ...je ne scé que faire de parler affin que les innocens s'en gardent, soient grans ou petis, et celles personnes qui en auront esté deceues s'en repentent et confessent. Car je leur afferme que mangier cher le grant vendredi n'est pas si mal, et que mieulx devroient souffrir que on les despellat membre a membre que souffrir telles injures, et plus y devroient resister que ne feroit une noble pucelle qui la vouldroit violer ou par force despuceler. (GERS., Pent., p.1389, 78).

 

-

Male vie. "Vie dans le péché" : Je sçay bien qu'elle se mourra De dueil, par vostre male vie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 122). Ung homme fut, qui fut de male vie, plain de pechiez.. (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 7).

C. -

"Mauvais, inférieur d'un point de vue social" : Et la doulereuse royne, Qui les enfens de male orine Porta, si ot du dueil assez Tout son temps en elle amassez (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295). ...Se la femme serve contrait avec l'homme qui est franc et non pas serf, et l'homme cuide qu'elle soit de franche condition, le mariage ne tient pas. Au contraire conclusivement a parler, erreur de condition deteriore ou male et servile empesche le mariage, mais erreur de condition de pareille ou meilleur condition ne l'empesche pas (Sacr. mar., c.1477-1481, 50).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     MAL1          MAL2          MAL3          MAL4          MAL5     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
[T-L : mal1 ; GD : mal2 ; AND : mal1 ; FEW VI-1, 125b : malus ; TLF : XI, 220a : mal2]

I. -

[Correspond à mal1 >I et à mal2 >I ; idée de désagrément, de dommage, de souffrance ...]

A. -

[Avec un verbe en constr. impers.]

 

-

Aller mal. "La situation est douloureuse" : DAME BERNOLINE. Il me semble que j'ay ouÿ Mon seignieur plandre : qui y a ? L'ESCUIER. Hélas ! ma dame, trés mal va. Bernard s'en est alez anuyt. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 90).

 

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Aller mal de qqc. "Qqc. est dans une situation critique" : Si dit au roy tout clerement "Que mal iroit de la bataille, Car n'en revendroit pié, sanz faille..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 311).

 

-

Aller mal à qqn. "La situation est mauvaise, fâcheuse pour qqn" : Atant esvous venu l'admiral qui leur escrie en hault : Par ma foy, gallaffre, mal vous va. Vostre navire avez vous perdu et vostre trait. Crestiens nous ont rencontrez sur la mer et nous ont tous desconfiz, que mal soit de plus qui en soit eschappez que nous qui cy sommes ; et est tout perdu, a un brief mot. (ARRAS, c.1392-1393, 131). LA FEMME. Au dernier, mal nous en yra S'il n'est faict bien secrettement. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 126).

 

-

Aller de mal en pire/pis (à qqn). "La situation est de plus en plus mauvaise" : O tu, tres nobles et tres vaillans homs, or me va de mal en piz. Vostre haulte, noble et puissant chevalerie ne m'a pas tant seulement maté ne amenry de mon honneur, mais avec moy le plus preudomme et le plus vaillant roy qui feust en toute la langue tudesque et qui plus vaillaument a deffendu nostre foy catholique contre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 172).

 

-

Estre mal. "Être dommageable" : ...car aucuns maulx sont lesquelz il convient craindre simplement et est bien de avoir en paour, et qui ne les craindroit ce seroit mal (ORESME, E.A., c.1370, 204).

 

.

Être mal de + inf. : Et pour ce, par aventure, n'est ce pas mal de determiner et de savoir de ces circonstances quelles elles sont et quantes ou en quel nombre. (ORESME, E.A., c.1370, 181). Donques c'est bien ou ce est mal de querir tele chose. (ORESME, E.A., c.1370, 293).

 

-

Estre du mal au pire : Envoyés y vous hommes tous [à la guerre] Et demeurez en vostre empire, Pour garder vous berbis des loups, Lesquelz, sy venoient entre nous, Se seroit bien du mal au pire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 40).

 

-

Estre mal fait de + inf. "Il est dommageable de" : ...de destruire la terre d'ung si vaillant chevalier, comme le duc de Jullers estoit, ce seroit trop mal fait (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168). Et me semble que c'est mal fait d'ainsi barater, decevoir et essaier son mary (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 91).

 

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Estre mal fait que : "Sire, c'est trop mal fait que vous n'envoiiés plus especiaulment deviers nostre signeur le conte, par quoi il soit bien acertes segnefiiés de l'estat de son pais..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 396).

 

-

Faire mal à qqn à + inf. "Il pèse à qqn de" : C'est a savoir que magnifier ses faiz et soy venter fait mal a oïr as autres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 268).

 

-

Mal advenir/venir à qqn : Et sachiez que la fille du roy maine tel douleur que c'est pitié a veoir ; il a ja deux jours qu'elle ne voult ne boire ne mengier. Il nous sera bien mal advenu se nous perdons nostre roy et nostre damoiselle. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). L'ystoire dit que moult fu le roy Uriien et ses deux freres et le maistre de Rodes courrouciez de la perte de leur gent, et bien voient que, se Sarrasins croissent de gens, qu'il leur en pourroit bien mal venir, car ilz avoient bien perdu VIIJm. de leurs gens, que uns que autres. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Aussi ne verrés vous seigneur Qui teulz gens advoue ne tiegne, Qui face riens de son honneur N'emprise dont mal ne lui viegne. (CHART., D. Her., p.1415, 426). Plus ne te voy en mon usage, Trop mal me seroit advenu Se tu ne remetz ton courage, Se par toy il n'est soustenu, Je n'auray que douleur et rage. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 96). ...si mal, helas ! luy advint, que ce ris a force retenu fut converty en ung sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 35). LE PREVOST. Comment, dea, quant il m'en souvient, Ce juif si n'est point revenu Ne son homme ! Mal advenu Leur sera s'i faillent au jour. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 128).

 

-

Mal en prendre à qqn. "Les conséquences sont fâcheuses pour qqn" : ...se il fait le contraire et mauls en viengne, mal l'en prendera, ensi que il fist a ce roi Edouwart (FROISS., Chron. D., p.1400, 43). Or se perchut li dis messires Hues li Espensiers que on murmuroit sur lui ; si doubta trop fort que mauls ne l'en presist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 48). Et, souvent en tel voye met Plusieurs, qui s'en treuvent deceü, A tart s'en sont apperceü Maint, a qui si mal en est pris Qu'ilz en ont esté mors ou pris. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 94). Le deuxiesme enseignement que mon pere me bailla fut que jamais ne courusse mon cheval a la valée. Je ne le retins pas bien ; ung jour qui passa, si m'en print mal Car, en courant [en] une valée après le lievre et mes chiens, mon cheval se rompit le col (C.N.N., c.1456-1467, 335). ...si vous le reffusez, il vous en pourroit bien mal prendre. (BUEIL, I, 1461-1466, 194). ...et mal leur en print après, car habandonnéz furent de ceste maison de Bourgongne et, perdu leurs intelligences du royaulme, se prindrent à perdre et à diminuer. (COMM., I, 1489-1491, 52). Et ainsi fut ceste praticque rompue et tout ce peuple bien mué d'essiens ny ne se fust trouvé homme de ceulx qui paravant avoyent esté devers nous qui plus eust osé parler de la marchandise, et aux aucuns en print mal. (COMM., I, 1489-1491, 57).

 

-

Mal sonner à qqn. "Qqn a un mauvais pressentiment" : PYLATE. ......Puisque vostre couraige vois Qui pour riens ne vous veult reffraindre De ce povre homme a mort contraindre, Neantmoins qu'il me sonne tres mal, Je me vois seoir ou tribunal Pour le juger comme il fauldra. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 310).

 

-

[Formule d'imprécation]

 

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Mal soit de qqn. "Malheur à qqn" : Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz, si que mal soit de cellui qui eschappast qu'ilz ne feussent tuit pres que mort que prins. (ARRAS, c.1392-1393, 113). Vecy la fleur de chevalerie du monde qui vient a secours avecques le roy d'Ausaiz, et les verrez tantost commencier la bataille ; ja Sarrasin n'en eschappera qui ne soit ou mort ou pris. Et quant ceulx l'entendent, si gettent tous ensemble un cry hault et grant, et se prindrent a deffendre par tele maniere que mal soit du Sarrazin qui osast demourer ou pié du mur. (ARRAS, c.1392-1393, 183).

 

.

Mal de qqn. "Malédiction sur qqn" : "...ains demain vous trencherons la teste, ou vous croireiz Dieu !" Adont dist Fernagus : "Mal de Dieu et de Charlez et des Cristiens !" (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 149).

B. -

[Avec un verbe en constr. pers.]

 

1.

[À propos d'une pers.]

 

-

Avoir à mal qqc. "Être vexé par qqc." : "Dame, or oiez Ce que diray et a mal ne l'aiez: N'est merveille se vous vous esmaiez, Car bien est drois que dolente soiez...". (MACH., J. R. Beh., c.1340, 66).

 

-

Avoir à mal si + sub. "Considérer comme vexant, injurieux si, prendre mal si" : Avec ce, prince de tres haulte excellence, supplie ta doulce humilité que à mal n'ait s'en singulier nom je parle à toy, car ton bon sens ja inbués et aptes en fait de lectres n'a pas à savoir que, selon usage de rethorique, c'est le plus propre stille d'escripre mesmement à empereurs et roys. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 60). Et, tres noble et redoubtée dame, avant que plus oultre je procede en ceste matiere, suppli humblement ton humaine debonnaireté que n'ait à mal se en singulier je parle à toy, c'est assavoir par "tu", ainsi come meismement autrefois ay parlé, en mes petites escriptures et epistres, à ton tres noble pere, l'excellent duc de Berry (dont l'ame soit au ciel !) (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 18).

 

-

Estre mal. "Être indisposé, souffrant" : ...pour la joye qu'elle eut de ce que son mary [qui a feint d'être souffrant] n'estoit point si mal ne si desvoyé qu'elle esperoit, ny que son cueur luy avoit jugié, elle s'en alla querir ses enfans (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

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[D'une partie du corps] "Être en mauvais état, malade" : Comment ! dit il, je ne vis oncques tel mal ; cest oeil cy est plus mal qu'il y a XV jours. (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

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Estre mal de qqn. "Subir l'animosité de qqn, être mal vu de qqn, être en mauvais termes avec qqn" : ...Se nos diex despisez, vous seres mal de nous. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 110). ...et estoit adoncques mal de son pere le conte de Juley (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 42). ...ce duc d'Irlande (...) estoit mal de ses cousins germains (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). ...ce seroit grans confors pour le signeur le roy (...) se il pooient avoir l'acort des Flamens, qui adonc estoient mal dou roy de France (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 129). Miserelle, pourquoy ne daigniez-vous parler à moy ? Que vous ay-je mesfait ? Estes-vous mal de moy ? Je veuil savoir la cause pourquoy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 62). Si dit la letre Q'un an entier ou plus de deux En fu Achillés moult mal d'eulx, Ne onques ne s'i volt armer, Ne pour prier, ne pour blasmer. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 119). Adont la royne print le chevalier par la main et dist en approuchant les pucelles : "Cuer d'Acier, je suis mal de mon filz pour l'amour de vous." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 368). "...et ne sont pas gens qui voisent cherchant que vous soiez mal monseigneur vostre fils..." (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 164). "...je suis tanné de ma fortune qui me brasse indignation là où je n'eus onques desserte et me fait mal estre du fils dont j'aime le père pour mourir pour eux deux." (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 286).

 

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Estre mal de cour. "Être mal vu à la cour" : Depuis avint que messires Jehans de Gistelles fu si mal de court, qui estoit cambrelens dou roi, que on l'i veoit envis, et bien s'en perchut. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 131).

 

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Estre mal en point : Et dedens les vignes près Saint-Anthoine des Champs furent prins bien XX ou XXIIII povres paillars Calabriens et Bourguignons tous nuz et mal en point, qui furent venduz au butin, et en donnoit on quatre pour ung escu, qui est audit pris VI sous VI deniers parisis la piece. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 108).

 

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Finir mal. "Subir un châtiment sévère, connaître une mauvaise fin" : "...je vouldroye que il m'eust cousté grandement et les pillars qui s'en sont partis, fussent ores tous dedens Montferrant enclos, car, se ilz y estoient, ilz fineroient mal..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 225).

 

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Mal avoyer qqn. "Mettre qqn dans une situation très fâcheuse" : Mors et pris et mal avoyez Furent tous par la grant proece Scipïo, qui les siens adrece. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 224). L'endemain, Rommains tant y firent Que leur ennemis desconfirent, Et du champs fuyant les enchacent, Et ceulx, qui leur salu pourchacent, Sus le pont se fichent a tas Plus tost qu'en haste, et fu le tas Tel que le pont soubz eulx rompi, Le faiz des gens le desrompi, Dont moult mal furent avoyez, Car bien en y ot de noyez .C. et .Lm. et plus Qu'en la bataille, qu'es palus. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 266). Grant host contr'eulx fu envoyé, Qui trop y fu mal avoyé, Car bien .IIIIxx. mille et plus Rommains furent mors et conclus, Dont grant dueil y ot demené. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 1).

 

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Mal mettre qqn. "Créer des difficultés, infliger une défaite à (un ennemi)" : Pluseurs foiz, les Rommains troublé Ot, et desconfiz, et mal mis, Si qu'onques plus dur ennemis Ne trouverent depuis le temps Hanibal, ne qui plus doubtans Fussent, car trop mal les menoit. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 254).

 

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Mal mettre qqc. "Détruire, ruiner (un pays)" : ...avoit à la fois contre lui des desconfitures, son pais ars et mal mis, de ses gens, amis et familliers, qu'il amoit de grant amour, pris et occis (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 213).

 

-

[Équivalent de mar] Mal (pour qqn). "(Faire qqc.) pour son malheur" : "Par ma loy, crestïen, mal vo corps y entra ! Jamaiz vous n'en irez, car on vous pendera :" (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 112). Et comment diable, dist Gieffroy, mes deux freres et moy avons tant fait que nous avons treu du soudant de Damas et de ses complices, et ce mastin puant, qui est tout seul, tendroit le pays de mon pere en patiz ! Par mon chief, mal le pensa, car il lui coustera moult chier, car ja n'y lerra autre gage que la vie. (ARRAS, c.1392-1393, 239). Lors quant elle pot parler, si [Mélusine] regarda Remond moult piteusement et a dit : Haa, Remond, la journee que je te vy premiers fu pour moy moult douleureuse. Las ! Mal vy oncques ton gent corps, ta facon, ne ta belle figure, mal convoitay ta beauté, quant tu m'as si faussement trahie. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Mal pour elle l'a accointié ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 35).

 

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[En incise, en constr. nominale, après une sub. cond. à l'irréel] Mal pour qqn. "Pour le malheur de qqn" : Et, se li evesques dou lieu euist esté tenus, mal pour lui, car il en fu accusés, et depuis ne s'en peut il escuser ; mès il se parti adonc secretement. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 130). Chil de Montpellier obeïrent, car faire leur convint. Se il heussent desobey, mal pour yaulx ; car li dus d'Ango et li connestables de France estoient sur le païs à tout grans gens d'armes qui ne demandassent mies mieux que la guerre à chiaux de Montpellier. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 58).

 

2.

[À propos d'une chose]

 

a)

"D'une façon qui choque les sens (ici, l'odorat)"

 

-

Sentir mal. "Sentir mauvais" : Et je vaiz achapter De mirre et aloés livres cent Pour garder le corps Jhesus longuement De sentir mal, aussi de porrir. (Pass. Auv., 1477, 235).

 

b)

[D'une action, d'une situation]

 

-

Aller mal. "Être dans une mauvaise passe" : ...la chose alloit mal pour eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 7). Mais quant il vei que la cause aloit mal pour yaus, il s'en parti. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 178). Ancore moult me poise Que la chose si tres mal voise Que justice y soit maugardee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 26).

 

-

Tourner mal. "Tourner en catastrophe, devenir critique" : ...et ceulx de dedens se deffendoient moult laschement. Bien s'en appercoivent Sarrasins et assaillent tant plus courageusement. Et ja feust la besoingne mal tournée quant cellui chevalier vint, qui bien apperceut l'assault et la feble deffense de ceulx de dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 182).

 

-

Se porter mal : ...les choses y sont esté prez mal portées, si comme vous avez veu et sceu que, se Dieux proprement n'y eust ouvré, le royaulme d'Angleterre eust esté perdus (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 26). ...il veoient bien que les besongnes se porteroient mal pour le roi et ses complisses. (FROISS., Chron. D., p.1400, 82).

 

c)

Estre/faire qqc. de mal en pis : Tant lui firent de grans despis Ses .II. enfens de mal en pis, Que le pere si fort se yra, Un jour, que tout se dessira Le visage, et les yeulx du chief S'esrachia (ce fu grant meschief) ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295). De mal en pis le nourrissent et boutent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186). Et, par icelui arrest, fut ramené à fait le cas et crimes à lui imposez et la condemnacion jadis contre lui prononcée à Vendosme, durant la vie du bon roy Charles, dont Dieu ait l'ame, et le pardon et grace que de ce lui avoit depuis fait le roy de lui laisser la vie saulve, et que depuis il avoit encores continué de mal en pis, comme ingrat. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 316).

 

-

Mal mourir : Beau sire, vous ne devez mie Vous eslïessier d'oïr dire Q'ung homme de meschante vie Face meschant fin, ou mal muyre. (CHART., D. Her., p.1415, 427). [V. male mort]

 

3.

P. ext. [Emploi proche de la négation] : ...Nabugodonosor, roy de Babiloine, feist mettre troys enfans en une fournaise ardent, lesquelz meurent mal par la puissance de Dieu. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 186). Sur ma foy, vous monstrez mal que vous soiez gentil homme. (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

-

Mal retenir. "Oublier" : Et est à noter que, [de] ceulx qui se meslerent de ceste matiere, les aucuns en moururent confez et repentans ; et avoit le patriarche mal retenu ung proverbe qui se dit en basque, qui s'ensuit : "Reguia contraqeue ereua," c'est-à-dire : "Qui se rebelle contre le roy est fol." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

C. -

[Avec un adj. ou un part.]

 

1.

[Avec un adj., un part. de valeur neutre]

 

-

Mal assené. "Mal loti" : - Sire, ly chevaliers dont je suis embrasee, C'est Guyon de Nanteul a la brasse quarree ; Ençainte suis de lui, c'est bien chose prouvee. - Dame, ce dist le duc, mal estes assenee Car Guyon de Nantuel a mouller espousee Aiglantine qui est de mon lignaige nee (Tristan Nant. S., c.1350, 107). Tu m'ayderoy bien a chanter. L'espouse se peult bien vanter Qu'elle sera mal assenée. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 33).

 

.

Estre mal assené à + inf. "Être mal inspiré de, avoir tort de" : [Le chevalier vient de reprocher au conte de le haïr à mort] "Chevaliers," dist li contes, "ne sai homme vivant Que je hache ["haïsse"] de mort, chertes, né tant né quant. Mal estes assenés à dire tel rommant." (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 303).

 

-

Mal bailli

 

.

"Mal loti" : ...moult est mal bailli Cellui qu'ils pevent entraper Et dessoubs leur trappe atrapper. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 12). Mais s'Espoir m'estoit defailly Et j'estoie plus mal bailly, Au moins n'ay je mie failly A choisir bien, Car a mon gré ainsi le tien De doulceur et de beau maintien (CHART., L. Dames, 1416, 206).

 

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"Malmené, maltraité" : Quant virent qu'estoie dehaitiéz Et mon corps trestout mehaingniéz Et que avoie le visage Mal baillis a grant oultrage Car je l'avoie tout liés Et le costé trestout bandéz. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 124). Jadis fut une damoiselle Trespassant par celle vaucelle Qui aloit veoir son amy De navreure tres mal bailly. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1110).

 

-

Mal conditionné. "Qui a une mauvaise disposition, qui se comporte mal" : Si mesprent qui enfens desvoye, Car, a grant peine, on les ravoye, Et qui bien notter que ce monte Vouldroit, il tendroit moult grant compte D'en enfance bien ennorter Ses enfens, car, sanz point doubter, Tel est mal condicionné Et a vices habandonné, Qui le tient plus par nourriture Qu'il ne fait de droite nature, Car nourriture en lonc espace Meurs natureulx vaint et trespasse. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 52). ...car il apertient a dame qui a tel charge, que elle se prengne bien garde que environ la fille du prince ne repaire fille ne femme ou il ait reprouche ne qui soit mal condicionee, legiere ou fole, ne de laide maniere, afin que l'enfant n'y peust prendre aucun mauvais exemple. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 61). Cestui fut stippendié d'un grant prince, tirant et mal condicionné, et, voyant qu'il ne le povoit corriger par nulle discipline, ne retirer par nul enseignement de ses mauvaises inclinacions, à ceste cause, pour exemple familliere, il lui composa le jeu des eschetz, qui est de grande consideracion et dure jusqu'à present. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°).

 

-

Mal dispos/disposé. "Indisposé" : Je conseil que nous envoions dire a noz commeres que ne viennent point, car je suy trop mal dispouse. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 25). De nuit mes yeulx n'ont reposé, Car de jour moustrer n'ay osé Cuer triste en corps mal disposé, Foible et tremblant. (CHART., L. Dames, 1416, 242). ...obstant ce que je me suis trouvé mal disposé, je n'y ay peu aler, je y ay envoié Jehan Briçonnet, receveur des condempnacions et amendes dudit Cuer et luy ay chargié et ordonné et pareillement ay rescript audit maistre Pierre Granier qu'ilz fissent visiter ladicte montaigne de Saint-Pierre. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 320). La royne, qui la voit mal disposee, pale et pensive, pluseurs fois ly demande qu'elle a. (LA SALE, J.S., 1456, 240). ...auquel Voyau ledit maistre Jehan de Reilhac respondit qu'il ne pourroit bailler lesdictes lettres, pour ce que ledit duc estoit ung peu mal disposé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 149).

 

-

Mal emparlé

 

.

"Qui a un défaut d'élocution" : Contre lesquelz dist Boece : «J'aime mieulx estre endoctriné d'un maistre besgue ou mal emparlé que d'estre adoulchié des paroles d'un avugles seduisant ou qui veult decepvoir». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 54).

 

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"Qui calomnie, médit" : Adont se leva Souffissance Et dist : "Guillaume, sans doubtance, Vous estes or mal emparlez. Resgardez comment vous parlez ; Car nuls homs qui vueille voir dire Ne porroit des dames mesdire, Qu'en elles est, ce scet on bien, Tant quanqu'on puet dire de bien..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 244).

 

-

Mal morigené. "Qui a reçu une mauvaise éducation" : Et pour ce, ou dit temps des rommains, quant venoient à visiter les livres de la chevalerie où estoient escrips les dis bien faiz d'un chascun, selon les rapors d'iceulx on les eslisoient à chevetains et gouverneurs des autres, et semblablement s'enqueroient de leurs meurs, car quelque proesse que ilz eussent, ja homme mal moriginéz n'y fust esleuz. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 102). "Vous, qui si mal avez chastié vostre filz en jeunesce que à present tel offense vous ose faire, vostre ignorance vous condempnera, qui mieulz ne vous gaita[s]tes de vostre filz mal moriginé." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 72). C'est a dire, mon ami, que le filz de la chambriere bien moriginé vault assez plus que le filz du roy qui est mal condicionné. (LA SALE, J.S., 1456, 21).

 

-

Mal né. "De basse origine" : Tout lui messiet et reconfort l'enaigre, Car si mal nee, Venimeuse, dangereuse et dampnee Est de nature -- et si desordonnee -- Jalousie la felle et forsenee,Que des qu'elle entre Dedens le cuer qui nous est le droit centre Et le milieu, et du corps et du ventre, Tout bien s'enfuit, s'il en a point dedentre ["à l'intérieur"], Sans nulz respis; (CHART., D. Fort., 1412-1413, 185). Maleureux et mal nay, vile et reboutee personne, destitué de biens et delaissié d'amys, bersaudé de toutes pars des adversités de fortune, quel conseil pense tu prendre a conduire desormaiz ton estat et ta vie ... ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7).

 

.

Mal venu : JUDAS. (...) Je ay peché trop apertemant, Ja ne viendroy a sauvemant, Quar je ay pechié trop appremant, Je suis pour tout mal venus. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 188). Et pour ce, quant les gens du païs, qui ad ce prendent moult grant garde, y treuvent aucum, il est le mal venu. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 70). Alons acoup tous d'ung acort Pour vouer que dyable se sera. Par le sanbieu qui m'en croyra, Il en y aura de mal venus. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 166). A ! sires, que le tres mal venu soyez vous ! (LA SALE, J.S. E., 1456, 403).

 

2.

[Avec un adj. de valeur positive que mal inverse (emploi proche de la négation)]

 

a)

[D'une pers.]

 

-

Mal agreable. "Désagréable" : Et celui qui en ce deffaut et est de dure et triste conversacion, il puet estre apellé litigieus, discole, mal amyable et mal aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168).

 

-

Mal aisible. "Mal aisé, difficile" : ...la pourriere du delié sablon commencha à lever à l'empainte des chevaulx et à estre si très grande et si mal aisieue, que point ilz ne veoient l'un l'autre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95).

 

-

Mal amiable. "Discourtois" : Et celui qui en ce deffaut et est de dure et triste conversacion, il puet estre apellé litigieus, discole, mal amyable et mal aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168).

 

-

Mal appris. "Sans éducation" : Y pert bien de leur faulx abus, De penser estre remis sus Par une fille mal aprise, Qui de faulceté est reprise Et de paillardise surprise. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549). Aussi je veulx certifier Que le cas est à femme laict Faire de son maistre son varlet, Tant soit [il] sot ou mal aprins. (Cuv. T., c.1475-1500, 74).

 

-

Mal content. "Mécontent, fâché" : Et se vous donnez par plaisance, gardez que fole largesce ne vous surpreingne, tant que on s'en puist escharvir de vous, car ceulx qui auroient desservy que vous leur feissiez bien, s'en tendroient pour mal contens, et les estrangiers vous en blasmeroient en derrier. (ARRAS, c.1392-1393, 85). ...et le [le dauphin] menerent ou chasteau du Louvre pour estre plus seurement, dont se tindrent mal contens lesdiz duc d'Orleans et la Royne (BAYE, I, 1400-1410, 138). Qui fut bien mal content, ce fut nostre homme (C.N.N., c.1456-1467, 122). ...[elle] cuidoit bien enrager tant estoit mal contente (C.N.N., c.1456-1467, 124). ...[il] le dist a sa femme, qui fist semblant d'en estre tresmarrie et mal contente. (C.N.N., c.1456-1467, 129). Sire, ce que leur ay dit me sembloit que devoie dire à vous et non à autre, et pour ce vous supplie qu'il ne vous plaise en estre mal content, car riens jamais ne vous veulx celer ne celeray. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 368).

 

-

Mal courtois. "Discourtois" : ...les deffiances qui vinrent du duc de Guerles (...) furent felles et mal courtoises (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 1). Maistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre terre, se nous ne lui faisions recongnoissance si honnourable comme il lui appertient. (ARRAS, c.1392-1393, 125). ...[elle] fut si mal courtoise qu'oncques vers eulx ne se monstra. (C.N.N., c.1456-1467, 478).

 

-

Mal délitable. "Indélicat" : Et est a savoir que en .II. manieres puet aucun estre mal delitable en visitant son amy bienfortuné (ORESME, E.A.C., c.1370, 493).

 

-

Mal fortuné. "Malchanceux" : Sire roy, je vous dy qu'il [Remondin] a menty de quanqu'il vous a dit, car mon pere est preudoms et loyaulx. Et pren la bataille ainsi comme il l'a ordonnee, et veez la mon gaige. Je seray bien mal fortunez s'il me puet desconfire, et un de mon lignaige, que je congnoiz, avec moy. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Lors dist en beaulx et piteux termes, Aiant aux rïans yeulx les lermes, Qui de plorer furent enfermes : "Haa, Destinee Tresdure, et maudicte journee Douloureuse, mal fortunee Qui toute ma joie as tournee En desconfort !" (CHART., L. Dames, 1416, 214). ...mais il fut aussi mal fortuné : par la grant paour qu'ilz avoient, furent tous mors de fain (LA SALE, Sale D., 1451, 239). ...je ne doubte point qu'il [Boccace] ne l'eust adjoustée [une aventure] et mise ou reng du compte des nobles hommes mal fortunez. (C.N.N., c.1456-1467, 191).

 

-

Mal gracieux. "Discourtois, désagréable" : Je croy que Dieu ne mist onc soubz les cieulx Tant ords paillards ne si mal gratieulx : Celuy gaigne certes moult qui les pert. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 12). ...je ne pense pas que soiez si mal gracieux, attendu le bien qui est en vous et le plaisir que vous ay fait (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

-

Mal plaisant. "Rustre" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant, et encores aussi mal plaisant, si avoit il une industrie de bien garder le sien (C.N.N., c.1456-1467, 131).

 

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Mal sené. "Insensé, non intelligent" : Frére, je vous voi mal sené, Qui amez miex ainsi morir Que vostre pechié regehir. (Mir. emper. Romme, 1369, 306). LA FILLE. (...) Anne, avecques moy sanz demeure Vous en venez. ANNE. Je seroie trop mal senez Se je disoie : Non feray. (Mir. fille roy, c.1379, 111). S'il fait chaut, on souhaide froit. Pourquoy est on si mal sené ? (DESCH., Art dictier R., 1392, 279). ...mais a Cathon, Combien que d'umble lieu fust née, Impotent du corps, mal senée Lui fut, tresorgueilleuse et felle, N'onq ne trouva douçour en elle, Fors tout tourment et villenie, Et lui fist mainte tricherie Que nuls hom croire ne pourroit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 84).

 

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Mal talentif. "Animé de mauvaises intentions" : Adont [le géant] se lieve moult mal talentiz, et prent un grant levier entre ses poings, un fort vilain auroit assez a faire de le lever. (ARRAS, c.1392-1393, 263).

 

-

Mal traitable. "Désagréable" : Car rien n'est plus desconvenable Que femme fole et mal traictable, Et si n'est chose plus plaisant Que femme doulce et appaisant, Et a homme est grant reconfort, Quant il se treuve en desconfort. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 82). ...tousjours trouvoit sa dame dure et mal tractable, et luy monstrant mains de semblant d'amour que par raison ne deust (C.N.N., c.1456-1467, 473).

 

b)

[D'une chose]

 

-

Mal fondé. "Qui ne repose pas sur des certitudes" : Pour ce te vueil je donner a congnoistre quelles sont les contrefaites esperances, qui les personnes mainent a confusion lez bras au col, et en riant, par consolation faintive, et folle fiance mal fondee, lez tirent a gemissemens et a lermes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101). Mes, entre Dieu et moy, ce fut a son tord et en estoit l'oppinion mal fondee (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 261).

 

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Mal seant. "Qui ne convient pas, déplacé" : Que luxure doie fuir Le prince et chasté suir, Dit Valerius en son livre Cinquiesme, qui maint bon dit livre, Que la chose plus desseant A un prince et plus mal seant C'est luxure (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 235). ...laquele luxure est mal seant es princes et generaument en toute chevalerie. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 358). Et pour ce se doit tenir voulentiers en presence des nobles et des siens sans trop grant difficulté d'estre veuz, donner convenable audience à heures competans à ceulx qui ont à besongner à lui, ne prendre nulles manieres ne usages desconvenables et mal seans à prince (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 107). Et tout ainsi qu'assés est avenant A jeunes gens en l'amoureuse voye De temps passer, c'est aussi mal seant Quant en amours un vieil homme folloye (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 100). Mal seant suis avec noire couleur Et n'appartiens qu'à personne joyeuse. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 139).

 

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Mal seur. "Qui offre peu de garantie" : Et mon pere le fery [le neveu du roi] du pommeau de l'espee en la temple grant coup. A ce qu'il estoit fors et aspres chevaliers, et la coiffe d'acier estoit feble et mal seure, et le pommel de l'espee estoit pesant, l'aventure fu telle qu'il le tua tout mort estendu a la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Celle les fait tourner arriere, Si les met ens, maugré Eür, Par sa porte en lieu mal seür. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 95).

D. -

[Devant un adv., une loc. adv.]

 

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Mal à droit. "De manière injuste" : Ceulx devons blasmer qui les partent [les biens], Qui si mal a droit les departent, Et, pour ce qu'ilz sont mau partis, Ne ne sont a droit deppartis, Peut on dire que Meseür Les nous tolt et les donne Eür. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 82).

 

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Mal courtoisement. "De manière incivile" : Li baillieus retourna à l'Escluse et vint au chevalier dou roi mal courtoissement, car il l'aresta de main misse de par le conte. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129).

 

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Mal duement. "D'une façon non convenable" : "Il sont dedens Montalben et sont robeur et pilleur, qui ont robet et pilliet et pris et couru mal deuement sus le royaume de France : ce ne fait mies à souffrir." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 221).

 

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Mal honorablement. "De façon indigne" : "...vostre mestres (...) guerrient mal honourablement, quant une anciienne femme (...) il ont pris et l'en voelent mener et ravir comme prisonnière." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 218).

 

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Mal ordonnement. "En désordre" : ...il fu consilliés de faire ce que je vous dirai : de mettre une enbusqe sus au plus priés dou chastiel conme il poroit par raison et puis deslogier de la mal ordonneement ensi que gens font qui ne sevent que c'est de gerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 470).

 

-

Mal à gré

 

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Avoir qqc. mal à gré. "Trouver qqc. mauvais" : Ce couvenant mal a gré a Le roy, touteffoiz l'agrea Sus son pis, dont le cuer luy deult, Mais aultrement estre ne peut ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 242).

 

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[D'une chose] Venir mal à gré. "Déplaire" : Tant estoit plain de felonnye Roy Mitridatés d'Armenie Et d'Aise, et tant faisoit de griefs A sa gent que trop mal a grez Leur vint sa signeurie et luy, Par quoy plus obeyr nulluy Ne luy vouloit, et ses citez, Pour les dures adversitez Qu'il leur faisoit, se rebellerent (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 11).

 

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Mal à point

 

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Faire qqc. mal à point. "Faire qqc. sans être regardant sur les moyens" : Veulent aaise, dont qu'il viengne, Dont je suppose qu'il couviengne, Maintes choses mal a point faire, Pour soustenir si fait affaire. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75).

 

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Choir/venir mal à point. "Venir auu mauvais moment" : JOSEPH. (...) Enseigniez nous une maison (...) Ou (...) huimais puissons estre Herbergié, dame. ZEBEL. Sire preudons, (...) Vous estes venuz mal a point : Car je ne sçay de maison point Ou il n'ait gent a grant planté (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210). Et chei adonc si mal à point à chiaus de Chaalons que Pières de Bar (...) s'en estoit nouvellement partis. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 154).

 

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[D'une chose] "Être source de tracas, d'ennuis" : Mais li maufez les en destourne, Qui la roe ma dame tourne Et les assiet en si dur point Que trestout leur vient mal a point, Voire tous ceulx, qui par ses mains Passent, dont il en y a mains, Qui par lui sont mal atourné Et du plus hault au bas tourné. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 72). Joseph, cher parent debonnaire, Il m'est torné a tres grant grief D'aler en Bethlëen si bref, Car le cas mal a point nous vient. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 190). Hellas, faiz tu poinct conscïence De tuer ung homme en ce point Et meurtrir le sang d'ignoscence ? Cella te vient trop mal a point. (LA VIGNE, S.M., 1496, 281).

 

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"Aller de travers" : Et s'il est duc ou connestable, Tout soit il moult entremettable D'armes et en sache l'usage Et en tous cas prudent et sage, Si ne peut il riens a chief traire, Se Fortune lui est contraire, Car tout lui vendra mal a point, Nonobstant qu'il ne faille point A ses batailles ordener Et a ses gens bien gouverner, Se Fortune le gieu ne taille, Le pis ara de la bataille (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 88).

II. -

[Correspond à mal1 >II et à mal2 >II ; idée de norme (sociale, morale, religieuse...)]

A. -

"D'une manière qui ne correspond pas à ce qui est attendu, espéré, souhaité"

 

1.

"De manière défectueuse"

 

-

[Avec un verbe désignant une activité manuelle, un travail] : ...si comme par bien edefier l'en devient et est l'en fait bon edifieeur, et par mal edifier l'en est fait mauvais edifieeur. (ORESME, E.A., c.1370, 147). Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. (Pass. Auv., 1477, 178). Or tien, Jhesus, prent ces deux noix Et ceste figue mal rostie ! (...) Mange ceste poere boulie Et de ce guasteau mal prestit ! (Pass. Auv., 1477, 189). Ceste croix est mal raboutee ; Elle me racle tous les dois ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

-

[...une activité intellectuelle] : ...pour ce que à moy n'appartient, et que pour ce fayre n'ay pas esté ordonné et ne m'a esté permys, mais seulement pour donner aucun petit passe temps aux lisans, regardans ou escoutans icelles, en leur priant humblement excuser et supployer à mon ignorance et adresser ce qui y seroyt mal mis ou escript (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 2).

 

-

Faire qqc. au/le moins mal que on peut/sait. "(Faire qqc.) du mieux qu'on peut" : ...quand il sceut trouver temps et lieu, le mains mal qu'il peut compta son tresgracieux et piteux cas (C.N.N., c.1456-1467, 48). Le serviteur s'excusa et les aultres aussi, le mains mal qu'ilz sceurent (C.N.N., c.1456-1467, 314). Si adviserent ensemble que, par signe ou aultrement, ilz les avertiroient de eulx rendre au moins mal et au meilleur marché qu'ilz pourroient (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 45). ...au rapport de vaillans hommes qui ont suivy la guerre et de ce qu'ilz ont veu ou escript, ou moins mal qu'ilz ont peu et le plus à la verité que possible leur a esté... (TRING., c.1477-1483, 266). Milles personnes autres charges n'avoient Que de servir sans aucune reprise Les gens du roy au moins mal qu'ilz povoient, Car telle estoit l'ordonnance de Pyse. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203). Dont je dispose pour matiere abreger, Et pour l'esprit de plusieurs alleger Qui se delectent et font trop plus d'estime Cent mille fois de prose que de ryme, Que desormais, affin que bon leur semble, Puis qu'ainsi est, de prose et ryme ensemble Sur le retour quant le besoing verray, User des deux, au moins mal que pourray. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 251).

 

2.

"D'une manière non satisfaisante (au regard de ce qu'on aurait souhaité)" : ...[il] n'estoit point si mal logé en la dicte ville que ung bien grand maistre ne se tenist pour content et honoré d'avoir ung tel logis. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...luy vint tantost en memoire le IIJe advisement que son bon pere luy donna, lequel il avoit mal retenu. (C.N.N., c.1456-1467, 333). Galans, vous estes mal lougés. Salhés de leans [de prison] ; venés parler Au prevost que vous fait hucher. (Pass. Auv., 1477, 172). Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. Aussi en serons mal payees. (Pass. Auv., 1477, 178).

 

-

[Dans une litote] Ne pas mal faire qqc. "(Faire qqc.) très bien" : Saint Jehan, c'est bonne viande, ce dist le maistre, vous n'avez pas mal choisy. [Le jeune homme a demandé du pâté d'anguilles] (C.N.N., c.1456-1467, 81). Saint Jehan, ce dist ma dame, monseigneur, ce n'est pas mal demandé (C.N.N., c.1456-1467, 463).

 

3.

"De façon insuffisante (au regard de ce qui serait nécessaire, de ce qui est dû)" : ...et disoient les routiers que la guerre les avoit gasté et apovris, et le roy de Castille mal paiez de leurs gaiges. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). ...il ont tant mengié de char mal quite que lor estomac samble estre wape et afoiblis (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). ...il donna pour Dieu à un compaignon qu'il ne cognoist, qui estoit mal vestu. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 219). Par foy, dist ly uns, vous estes mal informez de ceste besoingne, car vostre oncle a fait son hoir de Hervy de Leon, et en sont les lettres passees. (ARRAS, c.1392-1393, 49). Et se vous veez un bon homme de la main qui viengne devers vous mal vestus et mal montez, si le honnourez et l'appellez humblement et lui donnez robes et chevaulx et harnoiz, selon la valeur de sa personne et selon le povoir que vous aurez pour lors. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Car les riches ne font nul compte De leur povres parens, ains honte Ont de les veoir mal vestus (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 85). ...il estoit plus expedient et mains prejudiciable ou dommagable de faire baillier et delivrer ladicte forteresse, qui estoit mal emparée, mal garnie et mal avitaillée, et laquelle n'estoit mie tenable contre grant puissance (FAUQ., I, 1417-1420, 352). Si doubte que en ce pas ne soient bien gardees leurs regles et que erreur soit en la distribucion par trop despendre et se eslargir ou il n'affiert et mal recompenser ou donner a qui dessert. (CHART., Q. inv., 1422, 51).

 

-

Estre mal à soi. "Être somnolent, inattentif" : Et pour ce doit personne assegee vivre sobrement car qui est chargié de viande, il est pesant et mal a soy et ne veult que dormir (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 414).

 

4.

"D'une manière erronée" : ...pluisseurs gens (...) l'en tenoient a fol et a mal consilliet, qant a tout une puignie de gens, ils se mist en l'aventure d'aler en Engleterre a l'encontre dou roi (FROISS., Chron. D., p.1400, 67). ...et comment qu'il soit, a l'ayde de Dieu, nous yrons secourir la pucelle que le roy d'Ausay veult avoir par force, dont il me semble mal conseilliez, car quant on les a par leur bon gré et accort en mariage, si y a il a la foiz grant riote. (ARRAS, c.1392-1393, 150). ...renommée estoit que tant en general, es faiz d'estude comme autrement, et es particuliers et singuliers supposts ladicte Université se gouvernoit mal (BAYE, I, 1400-1410, 122). Lez meschans se promettent liberté et restitution de leurs pays par lez escriptures mal entenduez, et glosent et lisent a leur entente. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 109). JEHAN. (...) Las, il [Judas] nous a mal gouverné ! LA MARTE. Mal gouverné ? Mon doulx amy Jehan, qu'a il fait ? (Pass. Auv., 1477, 184).

 

-

C'est mal dit/mal parlé. "C'est dit de façon inexacte, d'une manière qui ne convient pas (à telle situation)" : Et à dire selon ce que aucuns usent de langage que, quant on muert, on ne scet où l'on va est mal dit et opinion et parole qui moult fait à reprendre, comme nous ne soions pas crestiens ne dignes d'y estre appellez, se foy n'avons et ferme creance en ce que la Sainte Escripture nous certifie du sauvement ou dampnacion des ames selon les fais et commande à croire la foy et loy de Dieu. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42). Aucuns dient du chevrel qu'il a perdu ses saux, et c'est mal parlé, car tousjours laisse il les saux quant il est bien hasté et aussi quant il est las. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 76). LE CHRESTIEN. (...) Brief, il faudra finablement, Se j'en vueil avoir [du bien], que j'en emble. Embler, c'est mal dit. On pent les larrons, Ha, sans contredit. Brief, nous en aurons. A l'oeil nous voyons Que bref n'on n'a rien Que ne pourchasse les façons D'avoir d'autruy avec le sien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 74).

 

-

[D'une expression verbale] Mal sonnant. "Qui exprime mal qqc. ; qui ne s'accorde pas" : Quant on dist de Dieu courir ou ambuler ou pareille chose, la signification de ces mots, comme ilz sont de fait, n'est pas convenable a Dieu. Et la maniere de signifier laquelle emporte imperfection au regard du mouvement lequel est de necessité approprier ou convenir a Dieu, est assez mal sonant et inutilement. (Somme abr., c.1477-1481, 153).

 

5.

"D'une façon inconvenante, grossière"

 

-

Parler mal : En ladicte année, ou mois de mars, le jeudi XVIIIe jour dudit mois, ung gentilhomme nommé Horiolle, natif du pays de Gascongne, qui auparavant avoit eue la charge et conduicte de par le roy de cent lances de son ordonnance, laquelle charge et ordonnance le roy avoit nouvellement fait casser avecques autres, laquelle chose il prinst à desplaisance, et à ceste cause fut rapporté que ledit Horiolle parloit mal et usoit de menasses, et que avecques ce aussi qu'il mist en deliberacion avecques le lieutenant desadicte compaignie de delaissier le roy et son service et aler servir en guerre son adverssaire le duc en Autriche (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 84).

 

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Prov. Plus brasse on la fange, Et plus doit mal sentir : Car plus brasse on la fange, Et plus doit mal sentir. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 46).

 

-

"D'une façon contraire au code de la vassalité et de l'honneur" : Ledit du Lau honnoura mal [son] veu, quant il voulut mettre en servitude le roy et qui tant luy avoit fait de biens et honneurs. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

B. -

"De façon contraire à la morale, à la justice..."

 

1.

[Contraire à la morale]

 

-

Mal besogner/faire/oeuvrer : LE PAPE. Seigneurs cardinaux, il m'est tart Que grace puisse recouvrer Que perdu ay par mal ouvrer. (Mir. pape, 1346, 375). Se vers moy ne vous amendez, Mal fait sera. (Mir. parr., 1356, 5). Haa, dist Presine [à ses filles], qui bien le savoit, faulses et mauvaises, et tres ameres et dures de cuer, vous avez mal fait, quant cellui qui vous avoit engendrees vous avez ainsi pugny par vostre faulx et orguilleux couraige, car c'estoit ce ou je prenoye toute la plaisance que j'avoie en ce monde mortel, et vous la m'avez tollue. (ARRAS, c.1392-1393, 12). Dans Achillés, li cuvers sire, Y ot par plusieurs foiz navré, Dont contre lui ot mal ouvré, Car, par agait et par malice, Et non par corps a corps en lice, Achillés l'occist au derrain, Mais cil l'abati premerain. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 131). Il vous semble que seigneurie est autant a dire comme puissance de mal faire sans punition. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 68). Sçachés qu'a mon monument l'ay mis Et l'ay ployé en draps polis. Mes vous advés mal besoignhé, Quant vous l'advés cruxiffié, Et mal vous en prendré, se croy ! (Pass. Auv., 1477, 267).

 

-

Faire mal/mal faire de + inf. "Mal se comporter (en faisant qqc.)" : LE PREMIER BERGIER. A viz m'est que le marquis fist Trop mal d'espouser Griseldis (...) Car moult durement s'est porté Envers elle jusques a ci, Qui ses deux enfans lui toli Et maintenant la vuelt laissier (Gris., 1395, 79). ...et en oultre la Court condempna ledit Drouart à faire amende audit maistre Guillaume Rose et lui dire sur sondit batel qu'il lui desplait et a mal fait de avoir dit à maistre Guillaume Rose que, s'il venoit en son batel pour mettre à pris sa busche, il le bouteroit dedens la riviere (FAUQ., I, 1417-1420, 222). Si se pensa qu'elle feroit mal de laisser son mary chargé de la pluspart d'eulx [ses enfants], car il n'en estoit pas le pere (C.N.N., c.1456-1467, 327). Josep n'y a point fait d'abus, Car le corps il a demandé A Pilate, qu'a ordené Qu'il l'ensevelit a son aise. Pour ce faictes mal prendre noyse Contre ce Josep, si me semble. (Pass. Auv., 1477, 268). J'avoye esté bien asseuree Et advisee Que mal fariés de le jucger [Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 277). MATHATIEL, varlet du juif. Une Espanicle Qui seroit ung peu mal du corps, Quant il y auroit bons accors, De une fois de rosette, Pour passer temps a la chosette, Feront ilz mal ? (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 80).

 

-

Juger mal. Porter un mauvais jugement (sur qqn) : Ainsi comme orgueil est comparé a folie, en mal respondre, en fourcenerie, en peu souffrir, desloyauté ou foiblesse de bien faire, volenté ou pensee de mal jugier par arrogance contre autruy, et pluseurs autres mauvaises branches que tu peus avoir oy cy dessus sur le pechié d'orgueil, ainsi actrempance pour tout bien escouter, force de cuer de tout doulcement souffrir, justice pour tout le plaisir de Dieu acomplir sans mal faire a autruy ne a ses faiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 39). Et dist l'apostre : Homme qui juge mal sus les autres condampne soy meismes. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 171).

 

-

Penser mal : Qui pense mal, bien ne lui vieigne Dieu doint a chascun sa desserte ! (CHART., B. Dame, 1424, 344).

 

-

[D'une pers.] Mal disposé. "Qui a un penchant, une tendance vers ce qui est mauvais" : Et les choses qui sont tristes au vertueus il ne sont pas delitables simplement, mais seulement en apparance et a ceuls qui sont mal disposés. (ORESME, E.A., c.1370, 514).

 

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Mal mu. "Disposé, poussé à une mauvaise action; irrité, en colère" : ...il, mal meu et tempté de l'ennemy, se tint derriere ledit homme, et, d'um gros baton de nefflier qu'il portoit en sa main (...) fery icellui homme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 288). LE MARQUIS. Griseldis, suis je mal meüz ? Que te semble de ma nouvelle Espousee ? Est elle pas belle Et honneste souffisanment ? (Gris., 1395, 93). Parseüs, roy Phelipe filz, Dont cy dessus mencion feïs, Aprés la mort son pere fu Rebelle a Romme, et, en reffu Mist des Rommains la signeurie, Et, par luy et sa flaterie, Li Bastarnain furent esmeu Contre Rommains et mal meü (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 245). ...la bonne condicion en officier de cour ou servant, qui qu'il soit, car par lui moult de biens peuent estre faiz, si comme appaisier meismement seigneur s'en aucune chose le voit mal meu contre qui que soit et par ses doulces parolles, s'il est tel qu'il lui appartiengne à parler, à lui le desmouvoir se aucune pugnicion vouloit faire sur aucun acusé à tort par envie, si que maintes fois est fait à court. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 87). ...illec eschauffé, mal meu et tempté de l'ennemi, tira ung espée qu'il avoit, et en cuida donner du plat audit Ylaire ; mais de male aventure elle lui tourna en la main et le frappa de courage marry ung seul cop sur la teste (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 98). ...il se leva sur piez tres courroussié et mal meu (C.N.N., c.1456-1467, 325). ...il se transporta devant son huis et illec, comme malmeu [mal meu] et eschauffé, vint ruer deux ou trois grosses pelottes de neige contre les fenestres de la dite dame (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 204).

 

2.

[Contraire à la justice, à la loi] : Et bien voulsisse qu'a memoire Eussent la parolle nottoire, Qu'a Alixandre dit un sage : "Se tu es homme, par usage, Consideres que es mortel, Et ne vueilles avoir chatel Mal acquis, et de couvoitise Ne te charges, car gent atise..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 28). Lez chevances mal acquises mettent l'acquerent en mesaise et en peril, et, en soy espartant comme elles vindrent, laissent tousjours lui ou ses hoirs reprouchés et souffreteux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 50). Bien est deceue la folle fiance de ceulx qui cuident faire grant oeuvre quant ilz offrent en l'eglise en viellesse ce qu'ilz ont en leur jeune aage mal acquis. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 174). ...car proufit ou chevance mal acquise et contre honnesteté et bonnes meurs apporte souvent a son maistre ou a celluy qui le posside plus de dommage que de prouffit. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 216).

 

-

Prov. C'est mal cueilli qui l'arbre coupe. "Ce n'est pas en coupant l'arbre qu'on améliore la récolte ; ce n'est pas en mettant à mort le criminel qu'on respecte la justice" : Quant tu auras a condanner Aulcun homme, de crime actaint, Garde toy bien de te danner Et d'estre d'omicide tainct, Car si haine pitié extainct Tu seras de sa mort en coulpe. C'est mal cuilly qui l'arbre couppe. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 62).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 6/19 
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     MAL1          MAL2          MAL3          MAL4          MAL5     
FEW VI-1 malus
MAL, subst. masc.
[T-L : mal2 ; GD : mal4 ; FEW VI-1, 123b : malus]

"Mât" : En leur vaissiaus entrèrent, dont haut furent li mal (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 109). Malus (...) : maulz de nef (Aalma R., c.1380, 244).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 7/19 
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     MALAGE     
FEW VI-1 malus
MALAGE, subst. masc.
[T-L : malage ; GD : malage ; AND : malage ; DÉCT : malage ; FEW VI-1, 127a : malus]

"Mal, souffrance, maladie" : Il est une gent mal senee Qui dient que c'est par pechié Quant qui que soit est entechié D'aucune telle maladie, Et que Dieu cellui n'aime mie Qui est malade laidement De son corps, mes certainement Ne peut chaloir que corps endure, Qui doit tourner a pourreture, N'a quel torment n'a quel malage Parte l'ame de son hostage, Qui doit aller en paradis. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 94). Les parens et amis sont mors, L'un par glaive, l'autre en vieillesce L'un par malage, l'autre en presse (DESCH., M.M., c.1385-1403, 208). Ceste [une pierre précieuse] garist de tous malages, Meismes les affollez fait sages (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 17).

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1102/198 (malaige) ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

[Cont. métaph., à propos du mal d'amour] : L'EMPERERIS. (...) Descouvrez moy hardiement Vostre courage. LE FRÉRE. Certes, dame, de mon malage Estes fisicienne et mire (Mir. emper. Romme, 1369, 260).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/19 
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     MALAGEUX     
FEW VI-1 malus
MALAGEUX, adj.
[AND : malagus ; FEW VI-1, 127a : malus]

"Malade, maladif"

Rem. Cf.  ; AND : malagus.

V. aussi malage
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 9/19 
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     MALEMENT     
FEW VI-1 malus
MALEMENT, adv.
[T-L : mal1 (malement) ; GD : malement ; AND : malement ; DÉCT : malement ; FEW VI-1, 124a : malus]

A. -

"Mal, de mauvaise façon" : Pierre, malement ouvré a Le pape qui Romme maintient (Mir. pape, 1346, 364). Je fais pour bien mon paiement, Pour mal trés cruel jugement, Car je suis de tout jugeresse, De ce te fais je bien promesse, S'ay a chascun vraye amité, Mais je n'ay de nullui pité, Non qui chiesse en punition, Dont il dessert correction. Et cils malement le dessert Qui a merencolie sert. Tu l'as servi ; se plus la sers, De plus en plus seras ses sers, Et je meïsmes y seray Qui tout adès te puniray. (MACH., D. Aler., a.1349, 390). ...les coses aloient en Engleterre trop mallement, et (...) justice n'i avoit point de lieu ne de audiense (FROISS., Chron. D., p.1400, 54).

 

-

"Durement, rudement, fâcheusement, cruellement" : Sire, je sui ja malement Traveillie (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 209). Puis vinrent pensées diverses, Assés contre mon cuer parverses, Qui moult malement m'argüoient Et moult forment me contraignoient Que de ce lieu me destournasse, Afin que je l'entroubliasse, Car jamais jour ne le verroie, Quant de la me departiroie. (MACH., D. Aler., a.1349, 260). ...Dont j'ay orendroit moult d'amer, Amer qu'on appelle amertume, Par quoy mes cuers en amer tume. Tume ? mès y est ja tumés Et malement amertumés, Qu'il morra de dueil entumis, Se briefment ne le destumis. (MACH., D. Aler., a.1349, 291). Se cil a destre sont paié, Si qu'il ne sont point delaié, Cil de la senestre partie Ont aussi tost leur departie, Si desservent et si reçoivent De quoy malement se deçoivent, Quant dames cuident decevoir. Je croy bien dire de ce voir. (MACH., D. Aler., a.1349, 339). Mais au departir li loien De grieté forment me loierent Qui malement me formenerent, Et bonne Amour me chastia, Qui dès lors mon cuer deslia Des pensers qui mains bons cuers lient Et aus grans grietés les alient. (MACH., D. Aler., a.1349, 367). Or dit aucuns ceste raison Que chascune chose a saison D'estre selonc son temps loée, Car quant loange est affermée D'une chose, s'elle en dechiet, Au loant malement meschiet, Dont il puet estre diffamez Et meins prisiez et meins amez, Car trop a esté deceüs, Quant li contraires est sceüs De qui il avoit mis avant (MACH., D. Aler., a.1349, 376). ...trop m'anuioit malement De ce gerfaut qui tellement M'avoit honteusement laissié Et l'onneur de lui abaissié, Dès qu'il n'avoit d'onnesté cure Et s'estoit pris a tel laidure, Pour la bonne proie laissier. (MACH., D. Aler., a.1349, 386). Vous avez dit et devisié Et jugié de fait avisié Par diffinitif jugement, Que cils a trop plus malement Grieté, tourment, mal et souffraite Qui trueve sa dame forfaite Contre lui en fausse maniere, Que la trés douce dame chiere Qui avera son dous amy Conjoint a son cuer, sans demy, Par amours, sans autre moien, Puis le savera en loien De la mort ou il demourra, Si que jamais ne le verra. (MACH., J. R. Nav., 1349, 172). LA DAME. Mon enfant, je suis malement Traveillie de toy tenir. Egar ! Que met tant a venir De la ou est ma chamberiere ? (Mir. enf. ress., 1353, 31). Assailliz sui malement fort Et temptez si diversement Ne scé que faire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 293). Et se un cirurgien fendoit ou trenchoit aucun membre pour garir .I. homme et il le occioit et se aucun vouloit monstrer a un autre comment champions se doivent combatre, et en ce faisant, il le ferist par quoy il le bleçast malement contre son entencion. (ORESME, E.A., c.1370, 182). En ce temps, nouvelles vinrent au duch de Normendie et as trois estas que messires Godefrois de Harcourt herioit et guerrioit malement jusques ens ès fourbours de Kem le bon pays de Normendie. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 74). Et entrèrent (...) en le terre le visconte de Rochewart. Si le ardirent et gastèrent malement, ne riens n'i laissièrent fors les forterèces, que tout ne fust essillié. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 169). Si commenchièrent à murmurer mout de gens parmi la ville de Gaind, et especiaulment li navieur asquels la cose touchoit trop mallement. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 166). Au departement dou roi de la ville de Courtrai, elle fu mallement menée, car on l'ardi et destruisi sans deport. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 70). ...qu'il s'en voise, Et plus ne lui meine de noise, Ou malement lui en yra ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 305). Or a Fromon le cors moult malement navré (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 110). Alors Madame se fait devestir sa robe et se met a dormir, et ainsin font toutes, dont a pluseurs ce long parler de Madame a Saintré, pour le talent de dormir, leur ennuye malement. (LA SALE, J.S., 1456, 51). Qui n'eust, ce dit il sans mentir, Ung lambeau de son cotillon, Quant de ce monde voult partir. Il est ainsi et tellement : Quant [Villon] mourut, n'avoit q'un haillon ; Qui plus, en mourant, mallement L'espoignoit d'Amours l'esguillon ; Plus agu que le ranguillon D'un baudrier lui faisoit sentir - C'est de quoy nous esmerveillon -, Quant de ce monde voult partir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 151).

 

-

"Mal, difficilement" : "Que povez-vous suposer ne ymaginer des Englois, ne comment se porteront-ils ceste saison ?" - "Par ma foy, respondirent les aucuns et chascun par lui, sire, malement le povons savoir, car Englois sont couvers..." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 321). ...gens d'armes (...) fissent pluisseurs destourbiers et grans anois a ceuls qui voloient par mer (...) et tant que tous li pais de Flandres s'en contentoit malement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 273).

B. -

P. ext. [Marquant le très haut degré] "Extrêmement, excessivement" : Vous l'amés [Saint Prist] de cuer malement, Ne sçay se ja vous amera, Mais au mains sçay je bien qu'il a L'amour de vous. (Mir. prev., 1352, 233). Je vous voi malement lepreux ; N'avez mais biauté ne couleur (Mir. Amis, c.1365, 58). IGNACE. (...) Et pour Dieu aiez m'en memoire En voz priéres. L'ERMITE. Elles sont malement ligiéres ; J'ay trop greigneur mestier des vostres, Sire, que vous n'avez des nostres. (Mir. st Ign., 1366, 107). Si tretos que li escarmuce fu commencie, il ne volt pas estre des darrains, mès se arma et monta sus un coursier fort et rade malement. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 4). Si fu la ditte cités courue, toute pillie et robée. Et y trouvèrent et conquisent li dit Englès trop fier avoir, car elle estoit malement riche et trop plainne de grans biens. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 15). ...la belle nefs qui se nonmoit Cristofle (...) estoit malement grande (FROISS., Chron. D., p.1400, 344). Entre les assaus qui furent fait et livret a Aubenton, il en i ot un le samedi que on dist des Brandons, mallement grant (FROISS., Chron. D., p.1400, 358).

 

-

Trop malement : Il aime son Dieu d'amour fine Trop malement. (Mir. st Ign., 1366, 99). Li rois retint ceste cose en grant orgueil et grant presumption, et dist qu'il ne voloit nul mestre en France fors lui. Ceste cose se couva un petit avoecques aultres haynes que on y atisa, tant que li rois Jehans fu trop malement dur enfourmés sus le roy de Navare. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 176). Ensi que li François eurent passé Tournehen (...) il oïrent nouvelles de chiaus dou pays et furent segnefiiet que li Englès chevauçoient et estoient hors d'Arde. Si en furent trop malement joiant. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 185). Rousselet, ou vas tu, par t'ame ? Tu vas trop malement grant pas. (Mir. st Alexis, 1382, 300). Chils avoit aultres brigans desous lui, et (...) fu trop malement apers et soubtieus a embler et esqieler villes et fortereces. (FROISS., Chron. D., p.1400, 858). Et par tels cas asamblerent chil pillart trop malement grant finance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 858). Se vin est mauvais a taster, Il regibe trop mallement. (Tr. Men., c.1480-1500, 287). SAINCT MARTIN [au premier prestre payen]. (...) Veulx tu vengence sur moy prendre De tes dieux s'on les a deffaiz ? Saichez, s'ilz estoyent parfaiz, Que pas ne fussent desrompus ; Mais pour ce qu'ilz sont imparfaiz, Tu voy qu'ilz ont les corps rompus. Trop mallement vous ont repeux De bon salut en les servant, Ains vous ont du tout corrompus Tant que d'eulx chascun fut servant. (LA VIGNE, S.M., 1496, 448).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/19 
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     MALER     
FEW VI-1 malus
MALER, verbe
[T-L : maler3 ; GD : maler1 ; FEW VI-1, 126a : malus]

Empl. trans. "Attaquer, tourmenter" : Donc sont fourriers par tout alez Et ont ceulz du païs malez Qui cuidoient estre asseür Soubz le duc (Vie st Evroul S., c.1350, 119). ...Et fermons chacune barriere De si tresbonne fermeture Que s'il y vient rien d'aventure Pour essaier a nous maler, Nous l'en faczons tantost aler (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 132).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 11/19 
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     MALEUR     
*FEW VI-1 malus
MALEUR, subst. fém.
[AND : malousement]

"Méchanceté" : O felons durs d'entendement, Qui frapés tant, Bien estes de maleur remplis ! (Pass. Auv., 1477, 198).

REM. Dér. de l'adj. mal au moyen du suff. -eur. Occitanisme (cf. malou "âpreté, malice" ds l'Hérault, "malignité" à Toulouse, d'apr. FEW VI-1, 124b, s.v. malus ; cf. aussi Fr. Mistral, Lou Tresor dóu Felibrige, t.2, 1886, 258, s.v. malour).
 

DMF 2020 - Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 12/19 
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     MALEUSEMENT     
*FEW VI-1 malus
MALEUSEMENT, adv.
[AND : malousement ; *FEW VI-1, 124b : malus]

"Dans une mauvaise intention"

Rem. Cf.  ; AND : malousement.

V. aussi maleux
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 13/19 
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     MALEUX     
FEW VI-1 124b malus
MALEUX, adj.
[GD : malous ; FEW VI-1, 124b : malus]

"Méchant, mauvais" : ...il a mandeit Ambrose, Unc sien noble balhies, se ly at dit qu'il vouse [voise "aille"] A noble roy franchois, qui si forment golouse, Qu'ilh ly fache soccour contre la gens malouse. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 565).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 14/19 
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     MALICIDE     
FEW VI-1 malus
MALICIDE, adj.
[GD : malicide ; FEW VI-1, 124a-b : malus]

"Qui détruit le mal"

REM. Ex de GOULAIN, 1374 (car le justicier, comment que on ne le doie mie dire homicide, mais appeler malicide, pource qu'il n'entent que a destruire le mal principalment), ds GD V, 122b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 15/19 
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     MALINGEUX     
FEW VI-1 malus
MALINGEUX, adj. et subst. masc.
[T-L : malingos ; GD : malingeus ; FEW VI-1, 125a : malus]

"Malingre, souffreteux" : Quant yver est chaut et pluvieux, et ver est sec et boreal, les fames grosses, pour petite cause avortent ; maiz se elle enffante, l'enffant est foible et malingeux (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 67).

 

-

Empl. subst. : ...[Si] le malingeux par mehaing ou par aage se vousist eschangier, fust appelleur ou deffendeur, droit donroit que il s'eschangeast. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 355).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 16/19 
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     MALINGRE     
FEW VI-1 malus
MALINGRE, adj. et subst.
[T-L : malingre ; GD : malingre ; GDC : malingre ; FEW VI-1, 124b-125a : malus ; TLF : XI, 262a : malingre]

I. -

Adj. "Mauvais" : Elle, quy estoit moult malingre, raemplye de toutte faulseté, afferma en son corrage de a son pooir aidier et secourir Liziart jusques ad ce que de sa damoiselle aroit le joïssance pour en faire sa volenté. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 11).

II. -

Subst. masc. Pommier de malingre. "Pommier donnant une pomme aigre" (Éd.) : LE PREMIER. (...) Son non quel ? LE SECOND. Pommier de malingre, Franc, courtoys, doulx et amyable. (Feste roys, c.1475-1500, 309).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 17/19 
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     MALOT1          MALOT2     
*FEW VI-1 malus
MALOT, adj.
[*FEW VI-1, 124b : malus (?)]

"Mauvais, enclin au mal (?)" : Ahy, malotte gent, félon et récréant ! Mengiés vous nostre gent ensement maintenant... (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 125).

Rem. Plus probablement maloite, "maudite", de maleir.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/19 
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     MAUTÉ     
FEW VI-1 malus
MAUTÉ, subst. fém.
[GD : malté ; FEW VI-1, 124b : malus]

"Méchanceté" : [Polyphème à Galatée] : Fai mon voloir, fai mon plaisir ! Et se tu fai[s] de moi refu, Onques plus crueuse ne fu ; Se tu ne fais me[s] volentés, Onques toriaus qui n'est dantés Ne fu de si grant cruauté, De tel orgueil, de tel mauté. (MACH., Voir, 1364, 632). ...et nul sens ne pourroit estre sans attrempance, laquelle ne demande maleté ne felonnie ne trop de language, qui est chose qui moult messiet a femme (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 177).

Rem. A. Thomas, Romania 41, 1912, 398.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 19/19 
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     MAUTURE     
FEW VI-1 malus
MAUTURE, subst. fém.
[FEW VI-1, 124b : malus]

"Mauvais état" : JOSEPH. Il est saison que je m'advoye De faire icy quelque closture De ces genees ["genêts" (FEW IV, 101a : genista)] pour la maulture Du temps, se de nuit sourvenoit. MARIE. Amy, bien il m'en souvenoit Quant l'avez dit. JOSEPH. Si plait a Dieu, J'appliqueray si bien le lieu Que le vent mal ne nous fera. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 135).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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