I. -

Empl. trans.

A. -

Assagir qqn

1.

[D'une pers.] "Instruire qqn" : Biaus fils, c'est li degrés d'Emprise Et cils qui est sus, il t'atent. Je sench ja que tes coers y tent, Car je voi ta coulour rougir. Mais un peu te voel assagir Ains que tu soies sus trouvés (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 107).

2.

[D'une chose concr. ou abstr.] "Rendre sage qqn" : Son doulz parler m'assagissoit Par le bien que de li issoit (MACH., Voir, 1364, 3127). Robes de vair ne de gris n'ont puissance D'assagir nul ; mais puis que le sens as, Se robes vests pour ce ne le perdras ; Foulz sa foleur pour sa robe herminée Ne laissera, ne son sens l'omme bas : On ne congnoist aux robes la pensée. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 233).

B. -

Assagir qqn de qqc.

1.

[D'une pers.] "Instruire qqn de qqc., faire savoir qqc. à qqn" : Et pourtant laissez Dieu convenir de sa grâce envers moy, ainsi que son plaisir portera, mais vous autres assaigissez-moy de ce qui gist en vostre congnoissance par opération de nature. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 330). Or doncques, ce dit le roy lors, puisqu'il plaist à Dieu que ainsi soit, je vous prie que d'une chose m'assagissiez devant ma mort, à sçavoir, si vous savez ou si pourra plaire à Dieu qu'en mon lieu après moy, mon hoir pourra régner en France. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 340). Donc, et pour contenter et chacun assagir de cecy, je fais demande : "N'est l'hystoriographe (et doit estre vray délateur des choses), taiseur, s'il luy plaist, des cas honteux, non nécessaires à estre révélés, et prononcheur de toutes hautes glorieuses besongnes en chacune personne, pour lui donner renommée ?" (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 95).

2.

[D'une chose abstr.] "Faire connaître, révéler qqc. à qqn" : O folle orgueilleuse fortune, despite ennemye de paix et meurtrière des coeurs, comme tes soudains exploix m'assagissent de tes moeurs, et à ma dure cuisance me font exemple de ton estre, qui hier me tenoies encores à compagne, huy à ta serve, hier fière en amour d'autrui, huy toute indigne d'estre amée. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 53).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'assagir. "Devenir sage, apprendre qqc., s'instruire" : Se beau parler faisoit homme assagir Et beau maintien faisoit constance avoir ... (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 199). Tant grate chievre que maugist, Et tant caufe on fer qu'il rougist, Et li lyons si s'asagist : De sa nature Ne congnissoit, quant on le mist En le prison ou il gemist, Le grant force qui de li ist (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 135). Mais si je veux regarder aux mérites d'un et d'autres, et moy assagir et fonder sur la renommée commune des choses qui se voyent et trouvent par expérience (...) je ne voy et ne trouve chose en quoy je le puisse grandir en los (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 129).

B. -

S'assagir de qqc. "S'informer de qqc." : "...Et par ainsi lui mesmes se porra assagir de ce dont il est en doubte." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 307).

III. -

Part. passé en empl. subst. "Sage" : Et par ainsy, qui au premier avoit esté non agoustant sa felicité, devint assagi miserable, et qui en la veue du monde n'avoit apparence de ressourdre, redevint plus beatiffié qu'oncques et glorifié au double. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 109).
 

Assagissement de qqc. "Réponse à qqc., renseignements à propos de qqc." : Dame, je ne prie fors que oÿs soient, et que prestance leur soit faite de parler, qui prestement enfonseront ung tonneau dont ce qui en vuidera ne court pas a broce commune, mais te dourra assagissement beaucop de tes questions premiers que tu y entres. (CHASTELL., Vérité mal prise D., c.1460, 49).
 

Empl. trans. "Apprendre, chercher à savoir" : O pensent, pensent bien grands princes que c'est d'avarice, et mettent peine, je prie, à assapier un peu quelles sont et peuvent estre les dépendences et les conséquences ! (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 363). Que dirons-nous du Regard à ta glorieuse fortune ? Y siet-il droit-cy ramentevance, ne qu'on en fasse répétition ? Raison me juge que ouy, et que c'est chose convenable d'en tenir parole, et plus encore d'en assapier bien ce qui en est de l'effet. (CHASTELL., Avert. duc Ch. K., 1467, 314).

REM. V. assagir et cf. GD VII, 314b, s.v. sapiier.
 

Empl. pronom. "Perdre la raison" : Fol qui martyre Son corps et tyre Durant sa raige ; Plus devient pire, Moins en souspire ; Plus prent couraige, Tant plus enraige ; Plus se deshage [l. dessage ? var. descharge] Et moins il sent son grief martyre... (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 208).

V. aussi dessagir
 

Empl. intrans. "Devenir fou" : Aucuns vivent selon tous leurs desirs, et tousjours sont sains. Lez aultres gardent toutes lez ruiles d'Ypocras, et tousjours sont malades. Aucuns, en faignent folie, appierent sages. Lez aultres, en trop grant senz, desagissent [Traduit le lat. desipere]. (Songe verg. S., t.1, 1378, 236). [Seul ex.]
 

Empl. intrans. "Devenir sage" : ...Ung homme, s'il est fou et lourt, Elle [une pierre précieuse] le fera ensagir, Et est bien content de mourir [le marchand] Se tout cecy n'est verité (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 444).

-

"Être, devenir expert" : Ensagir : (...) calleo (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 89).
 

"Ignorant" : Mais la turbe insaige et indocte, Indiscrete et toute sote, Qui ne veult prendre en pacience D'apprendre, et qui n'a pas science... (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 812). [Seul ex.]
 

"Sot, stupide" : Et trop est fort que degré de honneur n'engendre enfleure et eslevacion en cuer mausage. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 69). Delirus (...) : radotés, redeur, mausages, rassotés, desvoiés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 112).
 

"Désagréable, déplaisant, pénible" : JOSAPHAT. Tant est, seigneurs, laide et mausade Celle chose que je la voy Qu'esbahiz en suis touz par foy. Quelle chose est ce ? DEUXIESME CHEVALIER. C'est un homme que moult apresse, Sire, mal de mesellerie, (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 258). Et celui qui deffaut, il est dit agreste et malsade ou malgracieus. (ORESME, E.A., c.1370, 168). Et ainsi, rudes et malsades qu'ilz estoient (...) vouloient avoir la ribauldelle (C.N.N., c.1456-1467, 549). ...Pour mettre avant griayches ambassades, Dures passades, de cadences maussades (LA VIGNE, V.N., p.1495, 133). Et pour monstrer sa vertu solempnelle, La il toucha et guerist les malades Des escrouelles et d'autres griefz maussades (LA VIGNE, V.N., p.1495, 236).

REM. Aussi Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 1203.
 

"Grossier, cruel" : Garin, qui est ce gros cadet, Nouvel venu en ceste ville ? Il est crueulx et mausadet Et a maisnie noire et vile. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 101).
 

"Insensé"

REM. Ex. d'a. fr. et Gloss. lat. fr. (Montp., Procax, effronté, nonsage ou glout) ds GD V, 526a.
 

A. -

"Qui plaît au goût, savoureux" : Vez la cy [la pomme] si bonne et si sade ; C'est droite santé a malade : Or la mengiez. (Mir. abbeesse, 1340, 76). ...qui conforter me voloit Des maus dont mes cuers se doloit, Car il n'est viande si sade Com bon confort a un malade (MACH., R. Fort., c.1341, 58). ...il me souvient de la tresdouce pasture et sade nourreture dont vous m'avés si doucement nourri et repeu (MACH., Voir, 1364, 368). Esperance qui m'asseüre, Joie sans per, vie à mon vueil, Dous penser, sade nourriture, Tres bon eür, plaisant accueil Et maint autre grant bien recueil, Quant Amours m'a tant enrichi Que j'aim dame, s'aten merci. (MACH., Bal., 1377, 548). Chacun scet que les racines cuites et de petit priz sont saines et sades a mangier. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 335).

B. -

P. ext. [D'une pers. ou d'une chose]

1.

"Agréable, gracieux, charmant" : Ou se hors dou païs vues traire Et aler en estrange terre Honneur et vasselage aquerre, Soit en Castelle ou en Grenade, Qui est une voie moult sade, En Alemaingne, en Rommenie Ou en Prusse ou en Lombardie, Plus priveement t'aideras Dou tien que ne l'emprunteras. (MACH., C. ami, 1357, 116). Car voirement, tant qu'a ce fait, Ens ou douls viaire parfait De ma dame et de sa samblance Qui est sade, vermelle et blance, Fui en peu d'eure si atains Qu'encor en est mes coers tous tains. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 54). Item, pour ces veilles flestries Qui ont la coulleur sale et fade, Vecy, en escript, drogueries Pour leur faire le visaige sade. (Dorib., p.1480, 250).

-

"Agréable à la vue, élégant" : Vous me semblez ung dorelot, Sade, faictis, propre et mignot, Ung droit petit dimenchereau. (Copp. lard., a.1488, 163). Dessus le chief la bien clere sallade A cloux dorez fourniz de pierrerie, Dessus le dos le hocqueton fort sade Tout sursemé de fine orphaverie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 213).

2.

[D'une pers., de son coeur, de son comportement...] "Doux, aimable, charmant" : Quant elle ot finé sa balade, Qui moult me fu plaisant et sade Dedens le cuer et a l'oïe, Pour ce qu'onques mais armonie Si trés douce n'avoie oy, Moult durement m'en esjoy. (MACH., R. Fort., c.1341, 106). Douce Pensee est une chose Qui est en cuer d'amant enclose, Engendree par Souvenir - D'ailleurs ne puet elle venir - Si douce et si melodieuse, Si plaisant et si amoureuse, Qu'il est po de choses plus sades A cuers qui d'amours sont malades. (MACH., C. ami, 1357, 76). Oïl, dame, de sentement Et de coer amoureus et sade Ai ordonné une balade (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 79). Mais ainçois fis ceste balade De joli sentement et sade, Et en ces lettres l'encloÿ, Dont ma dame moult s'esjoÿ (MACH., Voir, 1364, 182). ...ç'a fait vostre filz vraiement, Qui m'a tant ris, (...) Et d'un ris sade. (Mir. Clov., c.1381, 257). ...Jhesus le mire sade (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 111). A ! vray Dieu, quel ambassadeurs ! Pluseurs a il le cuer sy sade De m'envoyer telle ambassade Comme Flaterie et Envie ? (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 220). Item, a la Grosse Margot, Tres doulce face et pourtraicture - Foy que doy, brulare bigot, A si devocte creature, Je l'ayme de propre nature, Et elle moy, la doulce sade -, Qui la trouvera d'aventure, Qu'on lui lise ceste ballade. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 124). Tirez vous sça, mon sade groing. Si je puis, vous serez jolye Quoy qu'i couste. (P. Jouh. D.R., a.1488, 19). Et la le roy, pour le plus abregé, Acompaigné de princes cinq ou six, Dix jours entiers fut plaisamment logé. Tant qu'il y fut, le tres humain et sade Ouÿoit sa messe comme bon catholique A Saint Laurens, puis a la Nuncïade (LA VIGNE, V.N., p.1495, 220).

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 25 ; Chasse am. W., a.1509, gloss. ...
 

"Agréable, doux, gentil, gracieux" : C'est une petite noirette, Non pas noirette, mais brunette, Une mignonne tant sadine, Une robbe d'ung gris bien faicte... (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 275). O estoille tres montaine, Royne en celle loingtaine, Tres haultaine. Tres saintisme, tres divine, Tres benigne, tres encline, Tres saudine et tres digne, Fleur virgine, Marie tres souveraine. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 365). Loué soit Dieu quant t'ay trouvée ! Vous estes ma sadine troigne. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 166).

V. aussi sade
 

I. -

Adj. dimin. de sade, sadin "Gracieux, charmant, gentil" : Mademoiselle Bonnette, Propre, doulce, sadinette, Sage, belle, bonne, nette, Comme gauriere de court, Je cuiday, sans menchonnette, Que deussiés estre nonnette Et demourer virginette (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 810). J'alloie, je faisoie la voustade, Regardant ces musequinets Esmerillonnez, sadinets, Barbetans de leurs babinettes. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 363). [Autres ex., p.288, 289, 355] Affin de deffendre et purger Noz jeunes dames et trongnettes De ce qu'avoit voulu forger, Pour sur elles se desgorger, Ce prescheur en maintes sornettes, Veu qu'elles sont si sadinectes, Si frisques, si sades, si belles, Il a mal fait de parler d'elles. (MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 17).

-

[D'un petit enfant] "Propret, mignon" : Mon beau petit enfançonnet, Godinet, Sadinet, Godinet, Il est force que je t'acolle ; De ton amour suis toute folle. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 282).

Rem. Cf. H. Lewicka, La Dér., 1960, 323.

-

Empl. subst. "Personne gracieuse, charmante" : Dessus son chief mirent le chapellet De franc lorier et de nobles fleurettes (...). Et doulcement les plaisantes trongnettes En le posant, humblement le baiserent ; Puis en aprés comme humbles sadinettes, Prenant congié : "Vive le roy !" crierent. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 172).

II. -

Subst. masc. "Sexe de la femme" : [Que sont devenus] Ces gentes espaulles menues [que j'avais moi, la belle Heaumière, dans ma jeunesse], Ces braz longs et ces mains traictisses, Petiz tetins, hanches charnues, Eslevees, propres et faictisses A tenir amoureuses lices, Ces larges reins, ce sadinet Assiz sur grosses fermes cuisses Dedens son petit jardinet ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 55). Le front ridé, les cheveux griz (...) - C'est d'umaine beaulté l'yssue... -, Les braz cours et les mains contraictes, Des espaulles toutes bossues, Mamelles, quoy ? toutes retraictes, Telles les hanches que les tectes, Du sadinet, fy ! Quant des cuisses, Cuisses ne sont plus, mais cuissectes Grivelees comme saulcisses ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 56).
 

Empl. trans. "Faire la cour à" : De Fausseté et de amer loiaument Parllent plusieurs, dont aucun veulent dire Qu'il vault trop mieux, pour vivre liement, Prier Belon et sadaier Mabire, Guignier d'un oeil a Agnez et sourrire A Marote, qu'estre vray amoureux D'une sans plus (Cent ball. R., c.1388-1396,). ...Rosain et sa femme avec aulcuns de leurs voisins se mistrent a table pour disner. La juene femme assise en front contre son mari guinaioit, blandissoit et sadaioit Rosain. (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 1081).

-

"Flatter, caresser" : ...quant elle veult avoir de lui [le vieillard amoureux] aucune chose, elle le scet le mieulx entretenir du monde et le flater en le baisant et sadayant, mais quant vient au fort, lui respond nescio vos ["je vous ignore"], en luy faisant la renchierie. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 148).
 

I. -

Adj.

A. -

"Qui sait, qui dispose d'un certain savoir ou d'un certain savoir-faire"

1.

Sage de qqc. "Qui sait qqc., qui est assuré de qqc., qui est sûr de qqc."

-

Estre sage de qqc. : ...de tant fust seüre et sage Qu'el seroit laidement barbee (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 90). ...pour lors ilz n'en sceurent a qui rendre graces, ce dequoy ilz furent sages tantost aprés. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 252). ...mais pour estre sage de son fait et où il estoit, [le duc égaré dans la forêt] demanda au bonhomme vers quelles marches et vers quelle ville il estoit droit-là en celle povre maison (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 260).

-

Faire qqn sage de qqc. "Faire savoir qqc. à qqn" : Dame, faites me sage Pourquoy c'est que... (Dit prunier B., c.1330-1350, 63). Je li requis moy faire sage Pour quoy il souffroit telle rage (Mir. prev., 1352, 270). Et pourquoy, dame ? Par amour Faites m'en sage. (Mir. mère pape, c.1355, 394). Mais tu ne congnois ton lignage, Pour ce je t'en vueil faire sage : Atlas, li grans, li fiers, li fors, D'Ayse la grant, par ses effors, Fu roys et regna longuement, Bien et bel et hardiement. Une fille ot, ce dit la lettre, Qui estoit appelle Eslectre. (MACH., F. am., c.1361, 211). Thibaut, faites nous sage Ou est mon nepveu, savez vous ? (Mir. chan., c.1361, 141). Car entre gentilz ne villaines Ne fu, bien a ja trois sepmaines, Veu, de ce vous fas je sage (Mir. Amis, c.1365, 35). D'un autre point vous faceons sage (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 129). "Seigneurs, pluiseurs foiz avez oÿ racompter la destruction de ce royaume, dont n'ay aucun mestier de le renouveller, ains d'autre chose vous feray saiges." Lors leur racompta la complainte que... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 960). ...je te jure et fais saige Que... (Abuzé D., c.1450-1470, 82). Faites-moy sage de vostre courage et de vos volontés. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 501). Si luy bailla Fusy le poursievant les lettres que le duc luy envoya et par lesquelles il le fit saige de son vouloir et plaisir (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 31).

-

[D'une chose (information, indice, document...)] : Vecy la lettre de Jehan Coustain, escrite et signée de sa propre main, qui de tout vous en fera sage. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 250). ...et l'expérience vous en fera sages["l'expérience vous le montrera"] à telle heure que ne le cuideriez point. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 422). Par vous mesmes le poés veoir ; Le temps passé vous en fait sage. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 411).

2.

"Qui dispose d'un certain savoir, qui est instruit, savant" : ...conforter me voloit Des maus dont mes cuers se doloit, Car il n'est viande si sade Com bon confort a un malade, Com fisicienne soutive, Sage, aperte et confortative, D'une bele vois, clere et seinne, Plus douce que nulle douceinne, Me dist, quant elle m'ot sentu : "Dous amis, comment te sens tu ? Et d'ou te vient ceste dolour..." (MACH., R. Fort., c.1341, 58). ...Tant soit grant clerc ne sage maistre (Mir. st Sev., 1362, 219). [Y] fu sage, subtil, et de tres grant entendement et auctorité (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 380). Conment le filz Chaton le sage A gari de son grief malage (...) ? (Mir. st Val., c.1367, 151). Car, quant nous parlons des meurs d'un homme, nous ne disons pas que il est sage et entendant, mais nous disons que il est debonnaire ou sobre. (ORESME, E.A., c.1370, 145). Mais aucun pourroit faire question pour quoy .I. peut bien en joenesce estre mathematicien et ne peut pas estre sage methafisicien ou naturien. (ORESME, E.A., c.1370, 347). Et teles raisons font les sophistes pour conclurre choses inopinables, affin que il apperent sages quant il peuent a ce attaindre. (ORESME, E.A., c.1370, 368). Ce sont les sages philosophes qui dient que felicité est es biens de l'ame. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109). ...il y fut très expert, et tellement que par disputacions il fist condescendre les plus sages de toute Egipte à son oppinion touchant le cours du Soleil, et, selon ce, il ordonna et divisa l'an en trois cens soixante cinq jours et VI heures ou environ (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°). Cestui Aomar, ainsi que dit Albumasar, fut moult sage astrologien et suivoit la doctrine de Jehan (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 81 v°). Cestui fut tenu le plus sage, tant en lectre que en sens naturel que l'on sceut. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 v°).

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Sage de qqc. "Qui connaît bien qqc." : ...vous li menderez Que les plus sages de la loy De Judée amaine avec soy (Mir. st Sev., 1362, 217). ...le segretain (...) estoit saige de sciences (Livre bêtes L., c.1450-1500, 54). Boene, medico et astrologo, fut environ ce temps, très sage et subtil instigateur du cours celeste (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°).

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Sage en droit. "Qui connaît le droit" : ...maistre Lorens Poussart, clerc, sage en droit, bourgois de la Rochelle (Doc. Poitou G., t.2, 1345, 304). ...ès dictes derrenieres assises, d'office et du consentement du dit procureur, fu commis et mandé à mestre André Belea, sage en droit, et à Jehan des Forges, advocat en cour seculiere, et à chascun d'eulx pour le tout, que il se informassent savoir si les diz freres murtrirent ou occirent le dit Alaudon (Doc. Poitou G., t.6, 1392, 104). ...maistre Regnault Joly, saige en droit (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 375).

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Honorable homme et sage : ...par le commandement dudit mons. le chancellier, vint et fut present en jugement sur les carreaux, oudit Chastellet, honorable homme et sage maistre Simon Foison, president du roy nostre sire en son parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 85). ...par devant honorable homme et saige maistre Jehan Truquan, lieutenant de mons. le prevost (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 30).

3.

"Qui sait faire, qui dispose d'un certain savoir-faire, qui est habile, adroit, expérimenté" : Alez, si me faictes armer une petite galleote de XVI. rammes, et me querez le meilleur maronnier et le plus sage patron de galee qui nous soit demourez par deca, pour conduire mon frere devers monseigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 216). ...tant estoit sage Qu'a tous vens bien savoit conduire Mon patron la nef et droit duire. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 46). ...et si soient les maistres patissiers si saiges. et bien advisiés qu'ilz actremprent leur sel avecques leurs espices (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 140). Le sage medicin, vrayement du cas de madame informé (...) voulut ordonner le regime. (C.N.N., c.1456-1467, 139). Il n'est si advisé ne si sage qui s'i sache souvent conduire [en amour]. (C.N.N., c.1456-1467, 175). Par Nostre Dame, je y pensoye, Dont on chante en advocassaige ; Mais on ne vous tient pas si saige Des quatre pars comme on soulloit. Je vis que chascun vous vouloit Avoir pour gangner sa querelle ; Maintenant chascun vous appelle Partout advocat dessoubz l'orme. (Path. D., c.1456-1469, 48). Encor ne le dis je pas pour me Vanter, mais n'a, au territoire Ou nous tenons nostre auditoire, Homme plus saige fors le maire. (Path. D., c.1456-1469, 48). Et, pour ce, celluy qui est saige doyt bien regarder comment il se doit jouer avecques celluy qui est plus saige et plus fort de luy. (MACHO, Esope R., c.1480, 185). De bien parler pas ne furent debilles, Veu les beaulx motz que lors elles disoient, Car tout ainsi que les saiges Sibilles De Jesucrist furent d'escrire habilles, Le temps futur du roy prophetisoient (LA VIGNE, V.N., p.1495, 170).

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Sage de / en + subst. désignant une activité, un domaine. "Compétent en" : Puis il enquist qu'il savoit faire. "Sire", dist il, "je ne suy sage Certainement de nul ouvrage Fors tant que bien coultiveroie Un beau jardin se je l'avoie." (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 112). Je n'en veul autre tesmoignage Fors de ceulz qui d'oyseaulx sont sage. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 330). Et plus sages de guerre et plus avisés contre nous et ainsi des autres choses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 207). Il (...) estoit saiges du mestier d'armes et de la guerre... (ARRAS, c.1392-1393, 147). ...Grolans, ung saige paien d'armez et bien parchivans (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 144). Cestui fu sage et duit de guerre. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 26). ...et sur tous aultres il [le connétable] represente la personne du roy, comme le seigneur plus saige en armes et le plus vaillant (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 235).

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Sage de + inf. "Capable de" : ...les païsans (...) sont saige De prendre les lievres es vignes A leurs chiens (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 408).

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Trop sage. "Trop habile (à son profit)" : Les fols et ceuls qui sont trop sages et jugleeurs tu fuyras et eschiveras (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 88).

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[D'une chose, d'un comportement] : Ains lui respondi par cautele saige : ... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 115).

Rem. "Compétent (d'une juridiction)" : cf. J. Gilissen, La Coutume, 1982, 74.

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Sage femme. V. femme "Celle qui sait accoucher" : Espoir sant elle mal es rains Du fais de l'enfant qu'elle porte, Si lui est avis qu'elle est morte, Se tantost n'a la sage femme (Mir. enf. ress., 1353, 19). LA DAMOISELLE. Dame, ne vous decevez mie : La ventriére mander vueilliez, Que je tien que vous traveilliez D'enfant (...).Pour certain, ma dame, bien voy Que traveilliez : je vois bonne erre Envoier la ventriére querre. Puis que je vous truis ci, Robert, D'aler querre soiez appert Katherine, la sage femme (Mir. Clov., c.1381, 246). Perrette Faytos, sage femme, dist qu'elle avoit receut pluiseurs enfans qui avoient leur debout plus long oultre mesure que les autres. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 87).

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[Du chien] "Fiable, qui ne prend jamais le change" : Pluseurs bons chiens courans avon, Lesquelz saiges chienz appellon (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 293). [cf. gloss. de l'éd.] ...tout ce que bon et sage chien doit et scet faire il estoit le passe route (C.N.N., c.1456-1467, 539).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 42. Nombreux ex. ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, cf. gloss.

B. -

"Qui a des qualités d'intelligence ou de bon sens ; qui est raisonnable, avisé"

1.

"Qui est doué de bon sens, d'intelligence, de clairvoyance" : Et en puet l'en bien dire ce mot de l'Escripture : "Audiens sapiens sapientior erit" - "le sage sera plus sage de oÿr ceste science." (ORESME, E.A., c.1370, 99).

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[De la nature] : La raison est car nature, qui est sage, envoie les esperilz et les humeurs as membres qui sont desoléz et desconfortéz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 273).

2.

"Qui est raisonnable, avisé, prudent" : ...pour l'amour d'eulx je vous proy Que nous ouvrons conme gent sage (Mir. enf. diable, c.1339, 29). Il [le clerc] est sage et de bon advis Et bien besongnant en touz lieux (Mir. abbeesse, 1340, 68). Cuides tu que dame honnourée, Sage, loial et avisée, Prise celui qui s'amour rueve Par mos polis, pleins de contrueve, Et qui, en priant, son langage Farde pour mieus faire le sage, Ou qui la requiert baudement De s'amour, et hardiement ? Certes, nennil ! (MACH., R. Fort., c.1341, 62). Avec ce porra avenir Par vray amoureus couvenir Que de ces dames la plus sage Concevera en son corage Un dous amoureus sentement Qui sera par consentement En son cuer d'un gracieus trait Que cis damoiseaus ara trait De si près qu'il ne faurra mie, Eins devenra tantost s'amie Dedens son cuer secretement. (MACH., D. Aler., a.1349, 303). Je le di pour les riches hommes : S'il ne sont loiaus et preudommes, Hardi, large comme Alixandre Pour leur grant richesse despendre, Et sages aussi pour vëoir A leurs grans fais et pourvëoir, Sans gieu de dez, sans taverner, Il ne puelent bien gouverner. (MACH., F. am., c.1361, 185). Et eu chastel Se retreïrent bien et bel, Com gent sage et bien ordenée. Plus n'i ot fait ceste journée. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Et a dire verité, nous cuidons que tout homme bon et sage soustient et porte amiablement et convenablement toutes fortunes (ORESME, E.A., c.1370, 135). David le prophete dit que les jugemens et punicions de Dieu sont comme abysme sans rive et sans fons, et n'est pas saige qui les cuide comprendre en son engin. (ARRAS, c.1392-1393, 2). Mais endementiers Melusigne pensoit a l'estat de ses deux filz, et leur fist faire moult de riches et grans habiz. Et se pourvey de nobles hommes et saiges pour eulx gouverner honnourablement partout ou ilz yroient. (ARRAS, c.1392-1393, 149). Et, pour ce, en devins trop plus belle, Plus sage et trop plus souvenant Et, en tous cas, mieulx avenant. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 26). Qui par la ne va n'est pas sage ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 121). ...Hester la preux et la sage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 271). ...Amours, Meismes aux sçavens change mours Et avugle si et deçoipt Que le plus sage n'apperçoit Sa follie, par trop amer (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 45). Alixandres le preus et sage, Par engin, fist faire une cage (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 58). Et comment, sire, ne estes vous pas assez saige pour scavoir ce qui est a faire ? Voulez vous amendrir vostre estat ? Voulez vous estre gouverné comme ung enfant ou pucelle soubz la verge des autres ? (GERS., Noël, p.1404, 307). Le procureur du Roy dit au contraire que messire Mensart d'Ayne est grant seigneur et sage et advisié (BAYE, II, 1411-1417, 242). ...on avoit deliberé de pourveoir à aucuns bailliages de ce royaume de chevaliers sages et puissans de chevauchier en armes en leur bailliage (FAUQ., II, 1421-1430, 126). ...au fort l'ermite fut creu comme le plus sage. (C.N.N., c.1456-1467, 102). ...le prevost, homme discret et sage et en justice tresexpert, fist assembler les hommes (C.N.N., c.1456-1467, 159). ...ung peu de jalousie (...) vous tourmente, ce me semble, de laquelle, si vous estiez bien sage, n'ariez cause de vous accointer. (C.N.N., c.1456-1467, 234). ...elle l'oyoit priser et renommer pour le plus sage de toute la cité. (C.N.N., c.1456-1467, 569). Je change le roy en ung page ; Las, au change ne suis pas sage. Veez cy piteuse mutacion, Müer la joye en passïon. (Pass. Auv., 1477, 221). Je croy qu'il n'est sy soubtil ne sy..., Qui en amour puisse demourer sage (P. Jouh. D.R., a.1488, 17). Le premier conte fut le seigneur Despenssier, conte de Gloucestre, le IIe le conte de Salisbusry et y fut l'arcevesque de Cantorbie, qui ot nom Baudoyn et l'evesque de Calin et l'abbé de Wastimoustier et ung nommé Magdelain, qui proprement ressembloit au bon roy Richard, leur maistre et ung encien et sage baron, nommé Thomas Blont, lesquieulx firent une conjuracion disant entre eulx estre bons et loyaulx au roy Richard (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°). ...et plusieurs autres grans et saiges conseilliers du royaulme (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 158).

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[P. opp. à fou] : Et ainsi, par Grace Divine, Parfornie est ceste doctrine, Et s'aucun, ou soit fol ou sage, Esméu de quelque courage Quant à ce faire et excité, Vouloit impugner ce dité (LA HAYE, P. peste, 1426, 159).

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RELIG. [Oppos. fou / sage, aux yeux de Dieu et aux yeux du monde] : ...c'est le commencement de ceste saige amour que on deviengne fol selonc la doctrine de celuy meismes saint Pol. Comment fol ? Fol au jugement des folz de ce monde pour estre saige au jugement de Dieu et des saiges de paradis. (GERS., P. Paul, a.1394, 515). ...mais a l'issue de la mort et a la fin, quant on venra a la lumiere de verité, lors on verra qui saiges aura esté ! (GERS., P. Paul, a.1394, 515).

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[D'une chose (d'un dire, d'un faire...)] "Judicieux, raisonnable, prudent" : Je tien bien ta response a sage (Mir. abbeesse, 1340, 69). Amours t'a fait loial amant A la milleur et la plus bele Qui vive ; mais encor t'a elle Fait une moult grant courtoisie Laquele tu ne congnois mie, Qu'elle li a par sa puissance Donné certeinne congnoissance Par maniere sage et soutive De l'amour qui en toy s'avive, En approuvant par son decret Que cuer as loial et secret, Par la maniere dessus ditte Qui est celle qui plus profite Et qui doit estre receüe Plus en gré et plus chier tenue (MACH., R. Fort., c.1341, 65). On dit que tu as la science Des haus dieus et la sapience Et qu'il n'est chose si secrete Que par voie sage et discrete Tu ne saches la verité. (MACH., C. ami, 1357, 28). Et encor fu il devisé, Quant bien y eurent tuit visé, Par bon conseil, seür et sage, Que cils qui fera le message Emmenra toutes les galées Qui furent à Courc arrivées (MACH., P. Alex., p.1369, 159). Certes c'est chose ferme que la raison de verité doit estre quise par tele ardeur que douce et sageentencion recognoisse sa grant foiblece et sa povre fragilité (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 177). ...par sage et caute discrecion (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 153). ...il vous plaise, très-redoubté sire, pour pitié et aumosne interroguer sur ce ladite Marion qui est prisonniere ou Chastelet pour autre cas, pour estre par vous sur ce pourveu audit suppliant de tel remede comme vostre saige et bonne discrecion le saura bien faire, et vous ferés bien et aumosne. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 431). Le pere ne fut pas moyennement joyeux d'oyr le bon vouloir et la sage response de sa fille (C.N.N., c.1456-1467, 170).

-

Prov. : Moult est cil sage qui se tait. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 2). Car si saiges n'est pas, j'en doubt, Qui aucune fois n'ait folie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 319).

Rem. Prov. H., 223 [S7 / 10].

C. -

"Qui sait se conduire, qui est irréprochable dans sa conduite, qui est moralement irréprochable" : Et li bons rois, Qui moult estoit sages en tous endrois, Loiaus, vaillans, liberaus et adrois, Et envers tous dous, humbles et courtois, En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie, Et ot un clerc que nommer ne saroie (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). Et certes, si bonne et si sage Est ma dame, qu'a mon visage Sceüst tantost se je bourdasse, Ja si bien ne li coulourasse. (MACH., R. Fort., c.1341, 27). Nompourquant vous estes si sage, Dame, et de si noble corage, Que vëoir pouez a mon plaint Qu'assez rueve qui se complaint. (MACH., R. Fort., c.1341, 138). Et pour ce treuve l'en peu de femmes sages et fortes ou vertueuses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 382). Gentilz dame, douce, plaisant et sage, Bonne, belle, gracieuse et jolie, D'umble voloir et de loial corage Vous vueil servir tous les jours de ma vie, Sans penser nul villain tour (MACH., L. dames, 1377, 36). Sire, devez vous choisir dame qui soit de hault et noble sang, saige, et qui ait de quoy vous aidier et mectre sus a voz besoings (LA SALE, J.S., 1456, 16). Le mary, bon et sage, preu et vaillant, comme après vous sera compté, se courroussa amerement (C.N.N., c.1456-1467, 48). ...amours l'ont party de la nonpareille des aultres, de la plus belle, de la plus sage, de la loyalle et toute bonne. (C.N.N., c.1456-1467, 80). ...dame Ambroize de Loré, femme dudit d'Estouteville, qui estoit moult sage, noble et honneste dame (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 12). Grant esmay me fait ce messacge. Pour ce que Jhesus est si saghe, Ne sçay si me vouldré oÿr. (Pass. Auv., 1477, 127). Or varrey je piteux desroys En grans esfroiz, Quant ceste injustice et oultracge J'adnunciarey en mort visacge A celle saige Doulce virge, piteuse mere. (Pass. Auv., 1477, 180). Mon mary estoit homme saige Et de tresbon gouvernement (LA VIGNE, S.M., 1496, 525).

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[De Dieu] "Parfait" : Justice bien se apparceut estre notee, et aprés pluseurs langaiges, pour soy descharger, protesta publiquement que sur toutes ces choses dictes et proposees elle se rapportoit a la bonne justice et saige ordonnance de Dieu (GERS., Concept., 1401, 404). Le Filz dont est apellé la sapience du Pere, non pour tant que le pere est sage par la sapience engendree, mais pour ce qu'il a engendré son Filz, auquel est approprié sapience. (Somme abr., c.1477-1481, 110).

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[D'une femme] "Chaste, pudique" : ...trop sera nice, Ou fera trop la sage femme. (Cent ball. R., c.1388-1396, 127). Erreur de fortune, c'est quant il cuide prendre une femme sage et discrete, et elle est pou discrete, sage et pou prudente. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48). En bancquet n'entendra langaige Que de mesdire sur chascun, Sur quelque bourgoise que saige ["qui n'est autre que chaste"] (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 237).

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[D'une chose] "Plein de sagesse" : Ballade sage sus le reffrain dessudit (Jeu quatre pers. L., a.1465, 197).

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Prov. : De saige mere saige enfant. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 44).

II. -

Subst. masc.

A. -

[Correspond à I A]

1.

"Savant" : Le sage que Chaton on nomme, La fleur de science de Romme, De ce joiau (...) vous fait present (Mir. st Val., c.1367, 132). Et il [Socrate] deffendi que il ne fust appelé sage, mais amant et desirant science ou sagesce. (ORESME, E.A.C., c.1370, 269). Et par ce sembleroit que le Sage a la lettre entende de cest arc supercelestiel, car celui n'est pas si glorieux que nous voions ici bas en aer tenebreux et plain de obscurté (ORESME, C.M., c.1377, 728). Dieu est en soy mesmes comme alpha et o, principe et fin. Comme dist ung sage : dy moy ou adonc estoit Dieu quant riens n'estoit que lui seul. Et respond a sa demande : il estoit adont ou il est maintenant, en soy mesmes. (Somme abr., c.1477-1481, 139).

2.

En partic. "Celui qui connaît le droit, homme de lois" : Tous lesquelz semblablement respondirent qu'ilz avoient eu de ce deliberacion avec plusieurs sages, [oïz] leurs avis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 238). ...furent iceulx conseilliers d'oppinion que sur ledit procès l'en eust plus à plain conseil et advis à saiges, afin de faire et proceder en ceste matiere, qui est grande et pesante, et dont les cas ne sont aucunement advenus dont ilz ayent eu cognoissance (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 339). ...et aussi avons entendu par noz dis conseilliers que a nos Eschiquiers de Normendie affluent tous les saiges de Normendie ayans experience des cause, comme baillis, vicontes, advocats solempnez en grant multitude, qui tous desirent de grant affection et de tout leur pouvoir le bien de justice et que correction et interpretation soit mise en icelles coustumes, stilles et usages que plusieurs dient estre corruptelles [sic]... (Echiq. Normandie S., 1391, 69). ...a quoy ledit Plessart n'a voullu obéir mais a plédé jugement, pour lequel jugier les parties ont esté envoiés dehors, et d'icellui demandé aux sages par l'avis desquels tous d'un accord trouvé a esté (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1451, 275).

-

"Docteur de la Loi" : D'Isaÿe j'ay veu l'escript Que de Messïas parloit (...) Pour se, s'il [Jésus] dit entre les saiges Qu'il est celluy [le Messie], je le croy bien ; Car de Messias ne lizons rien Que ce Jhesus n'aye tout fait. (Pass. Auv., 1477, 120).

B. -

[Correspond à I B] "Celui qui est raisonnable, avisé, prudent" : Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie, car les saiges reculent pour plus loing saillir. Et aussi le saige, quant il voit qu'il n'a pas puissance de resister a la force de son adversaire, il pourchasce longs traictiez pour dissimuler tant qu'il se voye en puissance qu'il puist nuire a son ennemy, et lors en pou d'eure treuve voye dont le traictié soit nul. (ARRAS, c.1392-1393, 87). O Adonay, quel tempeste Et quel meschief vient de luxure ! Le plus saige en devient beste, Layssent raisonnable nature. Je l'ay veu en ceste advanture, Car Herodes a fait murtrir Jehan batiste, personne pure, Pour faire a Herodias plesir. (Pass. Auv., 1477, 110). Tousjours pertuis Trouve malvaitié, forte espice ! Maintenant le malvais fait le nyce Fin qu'il ysse, Sans estre cogneu des bien saiges, Puis se monstre faire service Fort propice (Pass. Auv., 1477, 111). ...et, par ce moyen et des saiges du royaulme, toutes les divisions seroient apaisées. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 188).

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Faire que / comme sage. "Agir sagement, se conduire de façon sensée" : Certes, moult que sage feistes De lui prier. (Mir. abbeesse, 1340, 97). Je crus Avis et ses usages, Dont je bien sçay que fis que sages, Se m'adressay ou il disoit, Et il mon cuer y conduisoit. (MACH., D. Aler., a.1349, 341). Juges, se vous apointerez Comment seürement tenrez D'avis les poins et les usages. Faites le, si ferez que sages. (MACH., J. R. Nav., 1349, 257). Si te lo que tu la repreingnes Et que dedens ton cuer la teingnes Avec l'ymage gracieuse : S'aras compaingnie amoureuse, Aussi comme une trinité, Car ce sera une unité De toy, d'espoir et de l'image. Pren la dont, si feras que sage. (MACH., C. ami, 1357, 80). Devoit on bien tel homme amer ? Fai einsi, si feras que sages, Car c'est uns bons et biaus usages, Et cils qui a Dieu souvent compte, Il li rent bon et juste compte. (MACH., C. ami, 1357, 122). Biaux seigneurs, faisons conme sages : Alons nous maishui reposer... (Mir. Clov., c.1381, 237). ... il s'estoit partiz pour doubte que il ne feust prins dedens la forteresse. Par foy, dist Girart, beaulx oncles, vous avez fait que saiges, car, a ce qu'on m'a dit, cellui Gieffroy est chevalier de hault et puissant affaire, et si est terriblement crueulx. (ARRAS, c.1392-1393, 207). Hastons nous, nous ferons que saige (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 115). [Autre ex. p.149] Couche toy, tu feras que saige. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 287). Veez la l'huys, prenez garin ; et si vous faictes que sage ne vous trouvez jamais devant moy ! (C.N.N., c.1456-1467, 420). Par ainsi fattes vous que sage D'estre obëyssant a moy (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 84).

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Faire moult que sage : Je croy que je fis moult que sages, Car nous fermasmes nos usages Entre li et moy si d'acort Qu'encor m'en plaisent li recort. (MACH., D. Aler., a.1349, 365).

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Dire comme sage. "Parler sagement, parler de façon sensée" : Joseph, vous dictes comme saige Que la vierge a femme prenéz (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 53).

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Les Sept Sages (de la Grèce). "Les sept philosophes et hommes d'État qui, au VI^e siècle av. J.-C., se sont illustrés par leur sagesse" : ...et fut cest Bias l'un des sept saiges (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 31).

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Le sage seigneurira sur les estoiles / le sage aura domination sur les estoiles. "La sagesse, le libre arbitre l'emporte sur l'influence du ciel" : Tholomee, souverain astrologien, dit que sapiens dominabitur astris, c'est a dire que les saige aura dominacion sur les estoilles ; doncques n'y sera il ja subgiez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 611). Et pour ce dit Aristote que nous somes seigneur et maistre de nos faiz et de noz oeuvres tant come nous vivons. Et pour ce dit Ptholomeus aussi que le sage seignourira sur les estoilles ; et ainsi peut on dire de toutes les autres choses qui sont a fortune subgectes et a nostre franchise. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 117).

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[P. opp. au fou] "Celui qui est raisonnable, qui a tout son bon sens" : Je puis faire d'un fol un sage, Se je le met en mon servage ; Car nuls n'iert ja si desapris, Se jel pren, qu'il ne soit apris De scens, d'onneur, de courtoisie, Et que ne mette s'estudie En bien et en toute valeur (MACH., D. verg., a.1340, 23).

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Prov. : Par deffaulte de sage, On met fol en chayere. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 73).

Rem. Prov. H., 223 [S9].

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[Dans un couple d'anton. avec fol, exprimant la totalité] : Et quant il estoit bien armez, Bien montez et bien acesmés, La lance eu pong, l'escut au col, Il n'i avoit sage ne fol Qui ne deïst à grant murmure : "Cils roys fu nez en l'armeüre ;" Tant estoit gens, joins, lons et drois, Hardis, puissans en tous endrois. (MACH., P. Alex., p.1369, 27). Li roys dedens la ville entra, Qu'onques Sarrazin n'encontra, Grant ne petit, ne fol, ne sage, Amiraut, ne prince, ne page ; Car tuit avoient fait la vuide. (MACH., P. Alex., p.1369, 99). En ce palais, dont je vous conte, Avoit mil chevaliers par compte, Chascuns à dorez esperons, Et n'avoient nuls chaperons, Car chascuns avoit faciole Sus sa teste, fust sage ou fole ; Chascuns avoit l'espée ceinte Et tenoient moult grant enceinte, Tant estoient serré et joint L'un devant l'autre et si à point Qu'estre ressambloient IJ. murs. (MACH., P. Alex., p.1369, 196). Il n'y a ne fol ne sage, dit il, vous la vestirez. [Un mari contraint sa femme à revêtir une certaine robe] (C.N.N., c.1456-1467, 322).

C. -

[Correspond à I C]

1.

"Celui qui sait se conduire, qui est irréprochable dans sa conduite, qui est moralement irréprochable" : Et duquel la doctrine, pour la valeur et l'excellence de elle, a esté multipliee et en grant reputacion vers les sages presque par tout le monde. (ORESME, E.A., c.1370, 97).

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Les sages du paradis. "Les hommes vertueux, élus de Dieu" : Comment fol ? Fol au jugement des folz de ce monde pour estre saige au jugement de Dieu et des saiges de paradis. (GERS., P. Paul, a.1394, 515).

2.

En partic. "Celui qui sait conseiller, guider" : Et pour ce de elle dit le sage es prouverbes, provverbiorum ultimo... (Mir. ev. arced., c.1341, 104). Li rois riches dons li donna Et maistre et signeur l'ordonna Et fist de toutes les provinces Sus les sages et sus les princes De son païs de Babiloine. Adont Daniel sans essoine, Pour bien et par le gré dou roy, Pour gouverner de bon arroy Les provinces, y mist Sydrac (MACH., C. ami, 1357, 18). Roys Prians ses sages manda Et par leur conseil commanda Que, sans nulle essoinne querir, Toy né, qu'on te feïst morir. (MACH., F. am., c.1361, 213). Et avoient juré que ilz feroient le roy Uriien mourir en croix crucifié, et sa femme ardoir et ses enfans, mais, comme dit le saige : Fol pense et Dieu ordonne. (ARRAS, c.1392-1393, 213). ...la parolle nottoire, Qu'a Alixandre dit un sage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 28).

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"Auteur de préceptes moraux" : Et donques sus ceste terre qui est vers le centre et non pas en elle est faite generacion et corrupcion comme dit est, et elle demeure tousjours, et ainsi le dit le Sage : Generacio preterit, generacio advenit : terra vero in eternum stat, et parle yleques comme philosophe. (ORESME, C.M., c.1377, 260). Item, en autre lieu en la sainte Escripture le Sage excite cuer humain a desirer la veue de cest arc glorieux en disant ainsi : Vide arcum, et benedic eum qui fecit illum : valde speciosus est in splendore suo ; il est tres bel et tres resplendissant, car il est si comme dist David : Speciosus forma pre filiis hominum. (ORESME, C.M., c.1377, 728).
 

A. -

"À la manière de qqn qui sait ou sait faire, qui dispose d'un certain savoir, de connaissances, ou d'un certain savoir-faire, qui est habile, adroit, expérimenté" : Mais leurs regars, Merci donnant par samblant, aus musars N'estoit mie folettement espars ; Car quant lancier voloit un de ses dars, Si sagement Le savoit faire et si soutivement Que nuls savoir nel peüst bonnement, Fors cils seur qui il chëoit proprement. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70). Ma chiére dame debonnaire, Sagement parlez et a point. (Mir. abbeesse, 1340, 71). Et leur compte toute la maniere comment il leur avoit compté leur fait, en denoncant que ce seroit aumosne de aidier a la damoiselle, sans que les deux freres sceussent qu'il feust de rien tenu a elle. Vrayement, dirent les deux barons, c'est tres saigement besoingnié. (ARRAS, c.1392-1393, 151). Qu'en sa [du marquis] court y a maint saige homme. Si loeroie, voir, que, comme La chose soit bonne et loisible, Nous en preïssons un sensible Qui la parole prononçast Pour tous et au marquis moustrast Ceste besoigne saigement. (Gris., 1395, 9). Qant li Hainnuier perchurent que li hoos s'estourmissoit, quoique il se tenissent tout ensamble, sans euls desrouter, il criierent : "Fauquemont a la retraite !" et se retraissent bellement et sagement et se missent sus les camps et se trouverent tout, sans ce que il euissent riens perdu (FROISS., Chron. D., p.1400, 381). Et cevaucierent le bon matin tout sagement pour venir au Pont a Tresin, car par la convenoit passer (FROISS., Chron. D., p.1400, 440). Et avec la grant escience, Qu'il avoit en bien gouverner, Moult savoit sagement mener Une nef en toute saison. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 40). Longtemps regna, bien gouverna Son pays, sagement mena Ses guerres (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 71). ...attendu que ledit N. a longuement, louablement, notablement et sagement et aussy loyaument exercé sondit office (BAYE, I, 1400-1410, 119). ...la Court, qui est moult sage en telx et autres cas et qui trop bien et sagement scet trouver la verité de telx cas (BAYE, I, 1400-1410, 284). Sans lesqueles [causes] avant cognoestre Nul Médicin, tant soit bon Maistre, Ne peut par art ne sagement Curer le mal aucunement (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). Flaminus, fut esleu dittateur, et mena sy saigement l'ost des Rommains que c'estoit l'omme de Romme que Hanibal hay et creniy le plus (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 34). ...[la servante] s'adressa au clerc qu'elle queroit ; et (...) luy fist son message bien et sagement, ainsi que sa charge le portoit. (C.N.N., c.1456-1467, 571). Et, avecques les nobles seigneurs, cappitaines et seneschaulx de ladicte armée, y estoit aussi monseigneur le cardinal d'Albi, qui moult bien et sagement se y gouverna. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 296). Johan netoye la robe De sa femme qu'est crotee, A prins la verge en sa main Saigement l'a nectoyéee. (P. Jouh. D.R., a.1488, 21).

B. -

"À la manière de qqn qui est doué de bon sens, d'intelligence, de clairvoyance, qui est raisonnable, avisé, prudent ; d'une manière avisée, clairvoyante, prudente" : Se j'ay tourment, Aligement N'en vueil, fors souffrir humblement Ma douce maladie. Celeement Et sagement, Patienment Et nettement Iert et trés amoureusement Dedens mon cuer norrie (MACH., R. Fort., c.1341, 23). Je les met d'onneur en la voie ; Je leur doing cuer et hardement D'entreprendre hardiement ; A haute honneur les fais venir ; Amoureus les fais devenir ; Je les fais sagement parler, Rire, jouer, chanter, baler ; Je les tieng gais et envoisiez ; Je rapaise les despaisiez ; Je les norri ; je les alaite ; Je leur sui mere, amie et gaite (MACH., R. Fort., c.1341, 78). Et, biau sire, Bonne Esperence Qui moult a valour et puissance, Comme sage et bien doctrinée, Loial, juste et bien avisée, Vous a consillié sagement, Ce m'est avis. (MACH., R. Fort., c.1341, 139). Dame, il n'en convient point doubter Qu'a grant estat d'onneur ne viengne, Mais qu'a court sagement se tiengne Et humble soit. (Mir. st J. Cris., c.1344, 266). Et le faisoit secretement, Sagement et meürement, Sans trop parler, sans trop plaidier, Par quoy il s'en peüst aidier. Car il ne pooit autrement Joïr de son fait bonnement. (MACH., P. Alex., p.1369, 12). [En parlant de la conférence avec les rois de Hongrie et de Pologne] "...En Cracoe la metterons Et, se Dieus plaist, nous y serons Sans querir essoinne, n'alongne Pour parler de ceste besongne ; Car la matiere est grosse et grande. C'est bien raison qu'on y entende, Et qu'on la traite sagement, Si qu'elle ait bon definement." Quant il ot finé sa parole, Chascuns dit : "Sagement parole." (MACH., P. Alex., p.1369, 39). Et en tout et par tout se contendra et fera sagement et prudentement comme celui qui est veritablement bon et tetragone senz vitupere. (ORESME, E.A., c.1370, 134). Mais ly pays du royaume d'Albanie estoient moult esbahiz qui celle dame [la reine Présine] estoit, combien qu'elle gouvernast saigement et vaillaument. (ARRAS, c.1392-1393, 9). ... li rois d'Escoce... lor remonstra, ... moult sagement de point en point, les articles de ses imaginations. (FROISS., Chron. D., p.1400, 236). ...li evesques de Lincole et li baron respondirent bien et sagement, et tant que li dis contes s'en contenta. (FROISS., Chron. D., p.1400, 249). Qant li prelat et li baron qui la estoient, l'orent honnouré et fait seoir jus, il fu moult sagement examinés, pour quoi il estoit la venus, et requis que il le vosist dire (FROISS., Chron. D., p.1400, 479). La premiere [pucelle] se nomme discrete et saige Verité ; la seconde pure et nette Virginité ; la tierce obeissant Humilité. La premiere fut celle qui la fist penser sagement quelle estoit la salutation de l'ange, et enquerir diligemment la manière d'acomplir son annunciation (GERS., Annonc., a.1400, 232). ...aussi ceulx qui se donnent a estude ou a contemplacion et mesmes a indiscrete oroison sans prudence et cuident acoup et tantost y estre parfais et ne procedent pas saigement et atrait en faisant grief a leur ymaginatiue qui se doit conduire tout en paix (CIB., p.1451, 213). ...[le meunier] se conduisit si bien et si sagement que oncques mondit seigneur ne se perceut qu'il se doubtast de la tromperie qu'il luy avoit faicte (C.N.N., c.1456-1467, 42). ...[elle] jugea que maniere et façon de faire estoient sagement advisées, et ne povoient venir que d'homme bien sage. (C.N.N., c.1456-1467, 578). L'EMPEREUR. (...) Pour et affin que mieulx on y pourvoye Et que le cas sagement je prevoye, En la presence de notables preudoms, Si a nully quelque chose debvoye, A celle fin que poinct ne se desvoye, Je vous feray maintenant de grans dons. (LA VIGNE, S.M., 1496, 243). Et, s'il tourne de vostre costé, tenez vous seur que nous luy serrerons la queue ; mais nous attendons bien à vous bonnes discrections que vous y conduirés si saigement que ne mettrés riens en hazart, et comme sçavez que le roy le desire. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 371).

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"Courtoisement, poliment" : Si m'appella La dame, et puis m'enquist et aparla Moult sagement dont je venoie la. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 104). Mais il ne fu pas esbahis De li requerir humblement Confort et aïde ensement, En li disant tout son affaire Et tout ce qu'il avoit à faire. Quant li roys ot fait sa requeste, Li marquis, par maniere honneste, Li respondi moult sagement : "Sire, bien ay oy comment Le saint voiage avez empris, Dont je vous lo forment et pris, Si que à moy me conseilleray Et seur piés vous responderay..." (MACH., P. Alex., p.1369, 28). Et quant ly chevaliers vint devers le conte, si lui fist la reverence tres saigement. Beau sire, dist ly contes, vous soiez ly tres bien trouvez. (ARRAS, c.1392-1393, 38). A toutes ces paroles et remonstrances parla li chevaliers moult doucement et sagement, et tousjours en reconfortant la dame. (FROISS., Chron. D., p.1400, 60).

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"Avec délicatesse" : ...la mere l'enferma et tira l'huys, et luy pria qu'il se gouvernast sagement avec sa fille. [Un soir de noces] (C.N.N., c.1456-1467, 497).

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"Avec réserve, avec mesure" : ...se tu chantes de pensee et sagement mesures encore si melodieusement que pour l'articulacion des notes on entende moins la lectre... (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 116). ...par aventure le saint juste si risist aucune foiz. Mais ce fu si sagement que nulle chose temporelle et desconvenable n'i moustra disolucion quelconques (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 317).