C.N.R.S.
 
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     FEMME     
FEW III femina
FEMME, subst. fém.
[T-L : feme ; GD : feme ; GDC : femme ; AND : femme ; DÉCT : feme ; FEW III, 449 : femina ; TLF : VIII, 736a : femme]

A. -

"Être humain adulte de sexe féminin"

 

1.

[Comme être ; p. oppos. à l'homme ; dans la procréation...] : C'est ci, ce sachiez, qu'est la fame Pour qui je vous amaine, dame. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 213). Tenez, regardez ma poitrine : G'y ay mamelle conme fame (Mir. Oton, c.1370, 386). Et pour ce ne cessa pas generacion, car lors Jupiter engendra Hercules en celle femme Almena. (ORESME, C.M., c.1377, 374). ...s'il estoit aucune femme ou fille qui eust son entencion et voulenté d'avoir par mariage aucun jeune homme ou autre qui la frequentast et hentast (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 322). ...consideré l'affirmacion faite par maistre Guillaume Certain, dessus nommé, que lesdites femme et fille estoient alées de vie à trespassement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 379). Et dit encores que les dictes faees se mettoient en forme de tres belles femmes, et en ont pluseurs hommes prinses pour moilliers (ARRAS, c.1392-1393, 4). En ceste partie nous dist l'ystoire que tant vira et revira Remond l'espee qu'il fist un pertuis en l'uis, par ou il pot adviser tout ce qui estoit dedens la chambre, et voit Melusigne en la cuve, qui estoit jusques au nombril en figure de femme et pignoit ses cheveulx, et du nombril en aval estoit en forme de la queue d'un serpent, aussi grosse comme une tonne ou on met harenc, et longue durement, et debatoit de sa coue l'eaue tellement qu'elle la faisoit saillir jusques a la voulte de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 242). Le nom de Brutus en osterent Et cil d'une femme y anterent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 23). C'est d'une femme a Romme qui ne fut pas de ces tres parfaites vesves, car elle espousa XXIJ maris (LA SALE, J.S., 1456, 5). ...jamais femme ne fut plus loyalement obeye ne servye qu'elle seroit (C.N.N., c.1456-1467, 49). ...et ou est la femme tant asseurée qui osast dedire ung homme ainsi eschauffé et enragé que cestuy ? (C.N.N., c.1456-1467, 52). ...vous aussi pourriez penser que je fusse homme naturel comme ung aultre, ayant puissance d'avoir compaignie avecques femme (C.N.N., c.1456-1467, 94). Si n'y avoit homme ne femme a l'ostel qui tresbien ne s'en donnast garde (C.N.N., c.1456-1467, 164). ...vrayement elle estoit homme, et non pas femme. [D'un homme qui se faisait passer pour une femme] (C.N.N., c.1456-1467, 304). Et, à cause de l'effroy qu'ilz fist, y ot plusieurs femmes grosses qui en acoucherent avant terme, et d'autres en moururent et perdirent leur entendement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 59). En ladicte année, au moys d'octobre, advint au pays d'Auvergne que, en une religion de moynes noirs appartenant à mons. le cardinal de Bourbon, y eut ung des religieux dudit lieu qui avoit les deux sexes d'omme et de femme ; et de chascun d'iceulx se aida tellement qu'il devint gros d'enfant ; pourquoy fut prins et saisy et mys en justice et gardé jusques à ce qu'il fut delivré de son postume, pour, après icelluy venu, estre fait dudit religieux ce que justice verroit estre à faire. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 79).

 

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[Dans des énoncés gén.] : Trop est fol qui dit mal des dames, Car tous sommes yssu des femmes (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 302). ...on congnoist femme a sa cornette (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 179).

 

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[Empl. conjoint avec homme pour marquer la totalité] : A mort ! a mort ceulx de ceens ! Hommes et femmes, touz mourront (Mir. Oton, c.1370, 333). ...ouquel hostel il n'y avoit homme ne femme. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 223). ...et lui estant oudit hostel, veant que en icellui n'avoit homme ne femme, ou garde aucun, entra en la chambre dudit hostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 278). ...car en la place n'ot homme ne femme qui n'en plourast de pitié. (ARRAS, c.1392-1393, 289). ...onques durant le disner le bon Gerard ne demanda après homme ne femme de Brabant (C.N.N., c.1456-1467, 173). ...depuis ne fut en puissance d'homme ne de femme de la faire menger ne dormir (C.N.N., c.1456-1467, 425). Phebus ay non qui porte en mon hëaulme L'auriflamme qui le trosne enlumine, Mais deposer me fault mes rays de flamme Que rien n'enflamme et que tout homme et femme, Que tant ayme, voye ma face divine... (Cene dieux, c.1492, 108). ...et tout le peuple, tant femmes, hommes que petis enfants (LA VIGNE, V.N., p.1495, 275).

 

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[P. opp. à fille "pucelle, jeune fille"] : Avec ce ai aussi oÿ dire en icelluy temps qu'il avoit esté actaint d'avoir viollé et efforcé plusieurs filles et femmes dedens Paris, soubz umbre de son auctorité. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 195).

 

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[P. oppos. à pucelle] : Faittes en une chambre mettre Vostre fille et avec elle estre Une quantité de pucelles Ou autres femmes damoiselles (Mir. fille roy, c.1379, 95).

 

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Jeune femme : ...il espousa une jeune femme nommée Mariete (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 32). Et si advint en ce temps audit lieu de Paris que une belle jeune femme nommée Jehanne du Bois, femme d'un notaire du Chastellet dudit lieu de Paris, se party et absenta hors de la maison de sondit mary et s'en ala où bon lui sembla, et depuis par long temps fut perdue. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 33).

 

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La premiere femme. "Ève" : ...Le chief du mauvais Sathenas, Qui deçut la premiére fame (Mir. ev. N.D., c.1348, 70).

 

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Femme naturelle. "Femme normale, ordinaire" : Mais desormais je [Présine] te donne [à Mélusine] le don que tu seras tous les samedis serpente du nombril en aval. Mais, se tu treuves homme qui te veuille prendre a espouse, que il te convenance que jamais le samedy ne te verra, non qu'il te descuevre, ne ne le die a personne, tu vivras cours naturel comme femme naturelle, et mourras naturelment. Et, non contretant, de toy ystra noble lignie moult grant, et qui feront de grans et haultes prouesces. (ARRAS, c.1392-1393, 13). ...je pris a examiner moy meismes et mes meurs comme femme naturelle, et semblablement discutoye des autres femmes que j'ay hantees (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 618).

 

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Ligne de femme. "Descendance de la fille" : Tiercement, une loy dit que, se lez enffens descendens de la ligne de fame, conme sont lez enffens de la fille, sont obliés ou testament, le testament est nul (Songe verg. S., t.1, 1378, 244).

 

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En appellatif : Femme, pour toy remunerer, Tes pechés te sont pardonnés ! [Réf. à Luc 7, 48] (Pass. Auv., 1477, 154). O femmes, voz lermes müés [;] Sur vous mesmes[,] femmes, plorés ! [Réf. à Luc 23, 28] (Pass. Auv., 1477, 191). JHESUS. O femme, de Jehan seras mere ! (Pass. Auv., 1477, 220).

 

2.

[Stéréotype de la femme, qualités et défauts qui lui sont attribués] : Paoureux, foibles comme fames... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 142).

 

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Bonne femme : Item, à Pevriers, à un bon homme et à une bonne fame, IIIJ fr., deux en or et deux en menue monnoye. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 28). Item, confessa que, demi-an avoit ou environ, par jour, il embla à une bonne femme vefve, demourant à Saurain, IIIJ escuelles d'estain, qu'il vendi, à Paris, IIIJ s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 223).

 

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Prude femme : Requis de la vie et renommée de ladite Marguerite, dit que il a oy dire à aucuns de ses voisins que elle n'estoit pas proude femme de son corps, et que son mary l'avoit prinse au bordel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 259).

 

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Femme de bien : ...cest honneur et avancement, dont la plus femme de bien de ce royaume se tiendroit pour bien eureuse (C.N.N., c.1456-1467, 192). ...ilz estoient beaulx compaignons tous deux, et valoient bien d'estre retenuz serviteurs d'aussi femmes de bien qu'elles estoient. (C.N.N., c.1456-1467, 362). Et estoit ladicte bourgoise moult honnourée entre toutes les femmes de bien de ladicte ville, et fort priée et requise de estre et soy trouver en tous banquetz, festes et honnestes assemblées qui se faisoient en icelle ville. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 222). Trop femme de bien me retien Pour estre a cela vostre basse (P. moyne, a.1500, 46).

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 73.

 

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Femme d'honneur : ...en femmes d'onneur et nom (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 60).

 

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Prov. [La plupart des prov. sont misogynes] : ...en cuer de femme n'a riens ferme (MACH., J. R. Nav., 1349, 241). Chius qui se fie en femme a bien coer de briçon (...) Qui trop se fie en femme, poy en poet amender. (Bât. Bouillon C., c.1350, 335). Pis vault le malle femme que l'omme plain d'outraige. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 329). Car trop muable est cuer de femme (Mir. marq. Gaudine, 1350, 158). Qui asne et femme maine sans paine ne va mye. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 123). Car nulz ne doit estre tenuz pour sage Qui femme croit se ce n'est sur bon gage (MACH., App., 1377, 641). ...femmes scevent dire Ainsi que leur vouloir les meust. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 395). De femme croire, c'est follye de s'en plaindre. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 353). Conseilh de famme bien souvant, Quant on le prent, A sages gens porte profit, Mes qu'il soit pris d'entendement, Le dirigent Par raison que tout dirigit ! (Pass. Auv., 1477, 278). Celluy est bien fol qui en femme trop se fie (MACHO, Esope R., c.1480, 2094). De folle entreprise, De femme requise, Ne vient que mechief. (Rapp., c.1480, 70).

 

Rem. Cf. Prov. H., 109-110.

 

3.

En partic. [La femme et la débauche] "Prostituée" : ...il est homme vacabond, alant par le pays, frequentant foires et marchez, suyant les ribaux et ribaudes, menant femmes par le pays, et houllier publique (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 150).

 

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Femme abandonnee. "Prostituée, femme de mauvaise vie" : Ce a bien esté a vous mal dit Dire que fammes habandonnees Sont a Paris ou alouees Les a ce fault, maistre enrimé, Infame Bourguignon salé Lequel est de vostre aliance. (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

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Femme amoureuse : ...semblablement des ceintures et habis dissolus, defenduz aux femmes amoureuses (FAUQ., II, 1421-1430, 163). ...deux femmes amoureuses demouroient ensemble, et avoient chascune ung enfant (Nouvelles inéd. L., p.1452, 107).

 

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Femme commune : ...A poursuir femmes cloistrieres, Ou communes, ou vilotieres (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 329). Lieve-toy, le moine est couchié avec la femme commune, qui aime par amours. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 288). ...dont ung jour, luy [Jean le Meingre, maréchal de France] chevauchant par la ville, rencontra deux femmes communes, de draps de soye vestues (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 12). Ung homme qui tresexcellentement amoit son filz, pour le retraire de une foursenee et non loisible amour de une femme de laquelle la hantise estoit tresperilleuse, sy lui pria que, ainchoiz qu'il allast devers celle que il tant amoit, que il usast de une aultre femme commune et loisible ad ce faire (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 29). ...et leans [Sanson] dormi une nuit avecques une femme commune (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 121).

 

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Femme dissolue : ...et mesmement à la complainte d'une nommée Marion, femme de Colin Panier, et d'une autre femme dissolue, qui chargeoient ledit Daniel de les avoir efforcées et en elles fait et commis l'ort et villain pechié de sodomie (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 65).

 

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Folle femme / femme folle. "Femme qui fait folie de son corps, prostituée" : Car plenté parler en fenme est signe de legiereté et de non chaste, selonc le dit en Proverbes ou .VIIe. chapitre ou il parle de la fenme fole [meretrix] (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 420). Comme se aucun souffroit de sa volenté que une fole femme li ostast le sien (ORESME, E.A.C., c.1370, 311). Fole femme toult et efface Honneur, sens et chevalerie, Puissance de corps et clergie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 182). Femme fole est fosse parfonde (DESCH., M.M., c.1385-1403, 198). ...et sembloit mieulx estre fole femme, à son maintien et contenance, que autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354). ...rien n'est plus desconvenable Que femme fole et mal traictable (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 82). ...tu es faitte comme une fole femme [meretrix], tes memeles sont extendues, ta face ridee, tes joez macerés, tes yeulx tous plains de langueurs, tes levres sont cesches et ta peaul obruee, tes vertus corrumpuez (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 275). A laquelle chose les cytoiens leurs voisins ne aultres nulz y voult oncques entendre, mais (...) disoient (...) qu'il auroit assez de folles femmes et que celles leur appartenoyent et non aultres. (LA SALE, Sale D., 1451, 189). ...multitude de povres folles femmes (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 403). ...la folle femme ne t'ayme pas mais ton argent (MACHO, Esope R., c.1480, 121).

 

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Femme folieuse : ...et [le prevost] supportoit partout les femmes folieuses, dont trop avoit à Paris par sa lascheté (Journal bourgeois Paris T., 1446, 383).

 

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Femme joyeuse : ...depuis lequel trespas s'est trouvé en la compaignie d'aucuns de ladicte ville de la Rochelle, en la maison de Regnault Testart, à prendre une jeune femme joyeuse, qui estoit mal famée et renommée de son corps, dont icellui Testart s'est d'icellui Jehan Jeudi depuis tenu pour content, comme il peut apparoir par appointement entre eulx sur ce fait. (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 608).

 

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Femme pecheresse : ...mais vivent sur povres pécheresses femmes, et tous les jours résidamment sont en tavernes et bordeaux (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 460).

 

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Femme perdue : Elle seroit femme perdue : Estre tempestée, morfondue, Cheminer avec la briga(r)de, Coucher vestue sur la paillade Avecques ces palefreniers (P. moyne, a.1500, 48).

 

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Femme publique : ...ce aussi que elle avoit esté tout le temps de sa vie femme de petite renommée, et d'avoir esté en plain bordeau comme femme publique (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 268). ...feust venue furieusement et impetueusement une femme publique, de vie dissolue, chamberiere et concubine d'un appellé Guillaume Roz, anglois, et en effect et substance toute esbauleurée (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 114). Touz gens sont receuz en tesmoignaige en cas de symonnie et de bougrerie, mesmement femmes publicques. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 209).

 

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Femme de bordel : ...Car elle porte aussi penson Chapperon fort a la façon De ceulx des femmes de bordeau. (Sots mal., c.1480, 88).

 

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Femme de peché : ...veu l'estat de sa personne, qui est femme de pechié et petite renommée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 196). ...une femme de peché, leur chambrière, nommée Guillemine (Doc. Poitou G., t.11, 1469, 194).

 

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Femme de vie (dissolue) / de mauvaise vie : En laquelle bataille il avoit une tripière, qui portoit leur banière, et estoit ossi que toute esragié et femme de malvaise vie (Camp. Flandres P., c.1383-1385, 53). ...une femme de très mauvaise vie, blasmée et publiquement diffamée de son corps et de larrecins (Doc. Poitou G., t.5, 1389, 379). ...attendu l'estat et personne d'icelle prisonniere, qui est femme de vie dissolue (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 323). ...veu l'estat d'icelle prisonniere, qui est femme de dissolue vie et mauvaise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 129). ...dit et afferma par son serement que verité est que elle est femme joyeuse de vie et laquele de son corps fait à son povoir le plaisir des compaignons (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 422).

 

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Femme de legere vie : ...Jehannete (...) femme de legiere vie (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 356).

 

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Femme de vie et commune : ...Jaques Ferré, frere du dit Jehan Ferré, avoit leans mené une jeune femme de vie et commune (Doc. Poitou G., t.7, 1415, 288).

 

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Prov. : Femme qui prent elle se vent, femme qui donne s'abandonne, femme qui veult son honneur garder ne doit prendre ne donner. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 583). Femme est ung gand a toutes mains. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 209). Femme qui prent, elle se vent. Femme qui donne s'abandonne. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194).

 

4.

[Statut social de la femme] : Seigneurs barons, dist le roy, il vous fault entre vous adviser comment vous ayez un vaillant homme pour gouverner le royaume de ma niepce, car terre qui est en gouvernement de femme, c'est petit de chose. (ARRAS, c.1392-1393, 188). ...femme non dame, mais serve (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 52).

 

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Bonne femme. "Religieuse se consacrant au service des malades dans un hôpital" : Raoul le Peure, prestre, maistre et gouverneur de l'Ostel Dieu des bonnes fames que fu ["feu"] Estienne Haudri fonda à Paris en Greve... (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1339, 6). Item, aux bonnes femmes de Sainte Avoye et aux treze femmes de la rue de Paradis, à chascune en sa main II solz Parisis (Test. Parlem. Paris T., 1407, 432-433). ...aux religieux dez Billetes, [le pain] de ung sextier, à ceulz des Blans-Manteaux, de ung sextier, aux Beguines, d'un sextier, aux Bonnes Femmes de Sainte-Avoye, d'un sextier, à celles de la Chappelle Estienne Haudry, d'un sextier (FAUQ., I, 1417-1420, 378).

 

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Gentil femme. V. gentil

 

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Noble femme : Doulceur, courtoisie, amitié Sont les vertuz de noble femme (CHART., E. Dames, 1425, 365). ...De trouver dame ou quelque noble femme (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 583). Le Roy Jehan, vostre bisayeul, dont je reprens presentement la ramentevance, fut filz naturel et bastart du Roy dom Pietre de Portugal, et l'engendra icelluy Roy en une noble femme du royaume de Cecille, nommée Marie, fille d'un chevalier baneret qui se nomma de son propre nom messire Gonsalve Pardo. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 107).

 

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Sage femme / femme sage. "Sage-femme" : Espoir sant elle mal es rains Du fais de l'enfant qu'elle porte, Si lui est avis qu'elle est morte, Se tantost n'a la sage femme (Mir. enf. ress., 1353, 19). ...Jehanne la Merciere, femme saige (Comptes Paris M., t.2, 1458-1460, 164). Perrette Faytos, sage femme, dist qu'elle avoit receut pluiseurs enfans qui avoient leur debout plus long oultre mesure que les autres. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 87).

 

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[Considérée comme une sorcière] : [En même temps sorcière] ...j'ay un filz qui est bien joane, qui desaiche tous les jours. Et ne savon que il a, et semble mieux mort que vif, si avoye envoié querre une sage feme, qui demeure en cest païs, pour li donner santé. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 58).

 

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Femme mariee : ...en l'ostel de Jehennete La Bougueigne, femme marié (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 118). Si furent toutes les femmes mariées de la ville mandées. (C.N.N., c.1456-1467, 222). ...une femme mariée, qui n'estoit pas des plus seures du monde, fut requise d'un tresgentil compaignon de faire la chose que savez. (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

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Femme seule. "Célibataire" : ...[elle] congnut et confessa, sanz aucune force ou contrainte, que elle est femme seule, non mariée, et qui a acoustumé querre et avoir sa vie pour Dieu en alant par le païs d'environ la ville et parroisse d'Aveisié (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 475).

 

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Femme veuve : ...[ils] ont leur chambre auprez de l'hostel des Marmous[ez], en la Cité, en un porche au dessus d'une pasticiere, vefve femme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 108). Jaquete de Claye, femme vesve (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 214).

 

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Monastere de femmes : ...il plaisoit au Roy et à sa Court que ledit monastere de fames fust converti en couvent d'ommes (BAYE, II, 1411-1417, 60).

 

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Femme de chambre (de qqn). "Femme attachée à la personne de qqn" : Pour douze aulnes de drap tanné, donné aux quatre femmes de Monseigneur Messire Charles de France, c'est assavoir Jehanne du Mesnil, la barseresse, la femme de chambre et la nourrice, 22 livres 4 sous parisis. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1403, 256). ...Margot de Sommevère, jadis femme de chambre de M. de Pontieu (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1404, 263). ...Marie, norrice, Jehanne, femme de chambre de mademoiselle Anne de Bourgoingne, Bertande, berceresse, Jehanne, norrice, Anne, femme de chambre, Marguerite, lavandiere de mademoiselle Agnes de Bourgoingne (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 393). ...Marie de Montreale, femme de chambre de madame de Claves (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 838).

 

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Femme de corps. "Serve" : ...comme elle soit nostre femme de corps, et de Eustace de Bruyères, escuier, c'est assavoir en la tierce partie, de nous, et ès deux pars, du dit escuier (Ch. VI, D., t.2, 1382, 129). Premierement, une lettre de messire Jehan de Bethune, dit de Loques, chevalier, seigneur de Baye, faisant mencion que ledit chevalier a manumis et afranchi Marion, fille feu Laurens le Convers, niepce dudit maistre Nicole de Baye, qui estoit femme de corps et de condicion dudit chevalier (Invent. N. Baye T., 1419, XCVII).

 

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Femme de cuisine : A la femme de cuisine (...), II s. (Doc. 1491. In : P. Marchegay, Bibl. Éc. Chartes 19, 1857-1858, 92).

 

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Femme de village. "Paysanne" : ...en guise d'une femme de village, portant ung cretin en brach et .III. ou .IIII. couples d'oygnons sur la teste. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 599).

 

5.

En partic.

 

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"Dame d'honneur, attachée à la personne d'une femme de haut rang" : Madame, qui darriere lui [Saintré] veoit ses femmes rire, s'en tenoit le plus qu'elle pouoit (LA SALE, J.S., 1456, 12).

 

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"Servante" : Madame, qui faisoit grand chere avecques ses femmes (...) abandonna le baing (C.N.N., c.1456-1467, 44). L'une des femmes s'advisa et dist... (C.N.N., c.1456-1467, 44). ...a tant vindrent femmes et serviteurs qui bien beneirent monseigneur et le deshouserent (C.N.N., c.1456-1467, 114).

 

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"Maîtresse du logis" : ...et se logèrent en une hostellerie [var. chastellenie] aux champs, assez près du chastel du costé devers Caux, et là trouvèrent la femme toutte seulle, qui ot grant paour, car son mary estoit alé dehors. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 165).

B. -

En partic. [Par rapport au mari] "Épouse" : Or demourerent le mary et la femme. (C.N.N., c.1456-1467, 418). Si quelque femme mary a Ou mary ait femme espousee Dont souvant le cueur marry a (LA VIGNE, S.M., 1496, 421).

 

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Femme espousee : ...ledit Hainsselin, son ami, et sa femme espousée, danssoient ensemble et s'entretenoyent par les mains (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 342). Ce bon seigneur avoit femme espousée desja ancienne et maladive (C.N.N., c.1456-1467, 115).

 

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La femme de qqn / poss. + femme : Diex ! quant ma fame Verra ce fait, qui est leur mére, Conme elle ara douleur amére Au cuer ! (Mir. Amis, c.1365, 60). Et nous disons la chose estre par soy souffisant non pas quant elle est bonne pour .I. qui vit pour soy ou a soy tout seul, qui mainne vie solitaire, mais a celui qui vit a soy et a ses parens et a ses filz et a sa femme et universalment a ses amis et as citoiens (ORESME, E.A., c.1370, 118). ...Marguerite de Gerondellez, ma fenme et espeuze (Comté Porcien R., 1389, 194-195). ...[il] dist et afferma par son serement qu'il est homme de labour, qui gaigne sa vie à porter la hoste, servir les maçons, et aler par le pays quant il treuve qui lui veult envoyer, pour avoir la substentacion de lui et de sa femme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 50). Perrete, ma femme, qui es cy devant moy, je te dy devant ces bonnes gens que, dymenche darrenierement passé, souppay en l'ostel de Guillot Gartdamours, ton frere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 272). Ma dame la royne Presine, vostre femme, vous a apporté les trois plus belles filles qui oncques feussent veues. Sire, venez les veoir. Ly roys Elinas, a qui il ne souvenoit de la promesse qu'il avoit fait a Presine, sa femme, dist : Beau filz, si feray je. (ARRAS, c.1392-1393, 9). Gardez que vous ne promettez chose que vous ne puissiez tenir ; et, se vous promettez aucune chose, ne la faictes pas trop attendre, car longue attente estaint moult la vertu de don. Gardez vous de convoictier la femme de nul de qui vous veulliez estre amez. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Ne creez ja envieux, ne ne mettez ja en justice aver ne felon. Ne vous accointtiez de femme d'autruy. Departez a voz compaignons loyaument de ce que Dieu vous donrra. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Beau frere, la commune renommee du peuple court partout que vostre femme vous fait deshonneur et que tous les samedis elle est en fait de fornicacion avec un autre. (ARRAS, c.1392-1393, 241). Ce jour, la femme de Robin Chapeau a miz devers la Court VIIJ frans que son mari devoit à maistre N. d'Orgemont (BAYE, I, 1400-1410, 84). ...je ne lui feray sa niepce renvoyer, Ains prenderay la belle a mouller et a per Et si sera ma femme (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 169). En cellui temps, en la court de la royne Bonne de Bouesme, femme dudit roy Jehan, avoit une assez josne dame vesve (LA SALE, J.S., 1456, 2). ...ung grand clerc (...) convertit, par sa sainte et doulce predication, la femme d'un bouchier (C.N.N., c.1456-1467, 273). Et si mangerez de mon oye, Par Dieu, que ma femme rotist. (Path. D., c.1456-1469, 76). ...pour faire guerre à l'encontre dudit roy Henry de Lancastre et de la royne sa femme, fille du roy René de Cecille et de Jherusalem (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 6). N'est ce pas [Jésus] le filz de Josep Et de Marie sa femme ? (Pass. Auv., 1477, 120).

 

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Femme + nom propre : Katherine, femme Henryet du Roquier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 41). Asseline, femme Jehan de Warluz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 66).

 

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Madame sa femme : ...à la feste que fist le roy nostre sire, nagueires, au mariage de messire Loys de Namur, chevalier, et de madamoiselle de Harecourt, il servy iceulx de Haguenonville et madame sa femme tant en l'ostel d'iceulx mariez, où ilz estoient lors logez, près de Saint-Pol, comme en l'ostel de feu messire Gerart de Montagu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 359). ...attendu ce que par ledit sire de Haguenonville est tesmoignié ladite madame sa femme estre de present à Paris en l'ostel dudit feu messire Gerart, son pere (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 361). Et lui fut ilec fait grant honneur ce jour, car le roy et la royne, monseigneur de Bourbon et madame sa femme, monseigneur de Nevers, madame de Bueil et toute leur noblesse qui les suivoient y furent et se y trouverent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 179).

 

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La premiere femme de qqn : Il est verité qu'il ot jadis un roy en Albanie qui fut moult vaillans homs. Et dit l'ystoire qu'il ot de sa premiere femme pluseurs enfans, dont l'ystoire dit que Mataquas, qui fu pere Florimont, fu ses premiers filz. (ARRAS, c.1392-1393, 5). ...laditte contesse de Sancerre, premiere femme dudit Lourdin de Salligny (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 161).

 

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Avoir qqn à femme : Savary de Champaingne, trop faitez grant follour De mener tel posnée en ce pallais maiour. Avoir vollez no dame à femme et à oisour (Hugues Capet L., c.1358, 35). Gervaise propre nous met en exemple d'un chevalier nommé Rogier du Chastel de Rousset, en la province d'Auxci, qui trouva une faee et la voult avoir a femme. Elle s'i consenty par tel convenant que jamais nue ne la verroit. (ARRAS, c.1392-1393, 4). ...une vierge que Isaac devoit avoir a femme (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 127). ...[il] trouva façon et maniere, au pourchaz de luy et de ses bons amis, d'avoir a femme une tresbelle jeune fille (C.N.N., c.1456-1467, 289).

 

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Avoir une femme à moullier. "Avoir une femme pour épouse" : ...li boins rois Garssilez, (...) A grant desir d'avoir unne fenme a mouillier (Flor. Rome W., c.1330-1400, 143).

 

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Demander qqn à / pour femme : Et scot comment le seigneur de la terre estoit trespassez, et ne lui estoit demouré que une fille, laquelle estoit moult bonne et tant belle qu'a merveilles. Le roy la fist demander pour femme. Mais la pucelle ne s'y voult accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 147). Mes tres chiers seigneurs, plaise vous savoir que le roy d'Ausay l'a demandee a femme, mais elle ne s'i est pas voulu assentir, pour ce que autrefoiz avoit esté mariez. (ARRAS, c.1392-1393, 150).

 

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Donner qqn à femme à qqn : C'est une jonne damoiselle Qui m'a esté donnée a fame, Qui n'a pas plus de treize ans, dame (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212). ...à qui le roy avoit fait tant de honneur de lui donner sa fille ainsnée en femme et espouse (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 265).

 

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Espouser qqn à femme : Et Clarice la belle fu moult reconfortee Quant Regnaut le gentil l'ot a femme espousee (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 282). ...car il avoit sa fille espousee a femme (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 137).

 

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Estre femme à qqn. "Être l'épouse de qqn" : ...nostre dite fille, qui sera fame au dit Jehan, filz du dit sire de Partenay, pour son mariage (Doc. Poitou G., t.1, 1331, 376).

 

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Faire de qqn sa femme. "Épouser" : Mon amy, sy vous atalente, Vostre fame de moy ferez - De chascun miex prisiez serez Se vous deportez gentement, Qu'a vivre sy müaclement, C'est grant doulour. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 19).

 

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Fiancer femme. "Donner une promesse de mariage à une femme" : La .VJe. partie est des eleccions. Ceste partie sert de eslire temps propice et convenable a toute euvre commencier, si comme temps convenable pour saignier (...), temps de fiancier femme et temps de l'espouser et temps d'entendre au fait de generacion pour engendrer ou filz ou filles (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 30).

 

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Estre la femme fiancee. "Être unie à un homme par une promesse solennelle de mariage" : Et ledit exposant lui dist qu'il vouloit avoir Alips de Vendac, sa femme (...). Et après plusieurs paroles, ledit exposant dist qu'elle estoit sa femme fiancée (...) et que (...) se elle vouloit venir avec lui, il l'emmeneroit. (Ch. VI, D., t.2, 1413, 60).

 

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Prendre qqn à femme. "Épouser qqn, prendre qqn pour épouse" : Je vous prie que aprochier Veulliez de mon filz par tel guise Que il vous ait a fame prise. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 18). ...[il] dist par son serement qu'il a longuement frequenté et suy icelle Jehennete de Valenciennes, laquelle est s'amie, et que oncques il ne l'espousa ou fiança, ne ne promist la prendre à femme ou espouse (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 150). Dont, dist la dame, qui bien savoit qu'il estoit espris de s'amour : Se vous me voulez prendre a femme et jurer que, se nous avons enfans ensemble, que vous ne mettrez ja peine de moy veoir en ma gesine, ne ne ferez par voye quelconques tant que vous me voiez, je suiz celle qui obeiray a vous comme loyal moillier doit obeir a son espoux. Et le roy lui jura ainsi. (ARRAS, c.1392-1393, 9). ...[il] promist aussi de rechef qu'il la prendroit a femme. (C.N.N., c.1456-1467, 415). Il prist a femme Serena (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 6).

 

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Prov. : Qui trop sa femme croit, en la fin s'en repent. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 145). Qui sa femme ne croit en la fin s'en repent ! (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 377). Qui femme a, noize a. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 829). ...qui femme a noise a. (P. Jouh. D.R., a.1488, 39).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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