"Sauver entièrement" : [DICTIER SUR TOURNAY] J'ay leut de toy une histoire auctenticque, Comme jadis l'humble Vierge sacree, Christiferente et matrone angelicque, Pour parsaulver le loenge et canticque, Te conserva (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 188).
 

A. -

MÉD. "Guérissable" : Toutes maladies es quartenaires sont salvables et le quartenaire a moult de dignités, car a peine est il maniaque ne melencolieux ne ladre ne spamat de replection, car toute la matiere se mundifie et purge en checun peroxime (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 6).

B. -

"Salutaire" : Et dyent que la région septentrionale, de tant qu'elle est plus arrière du soleil et plus froide, de tant est-elle plus salvable au corps des hommes et plus vertueuse à engendrer, tout ainsi au contraire toute la région de Midy, laquelle pour la prochaineté du soleil est chaulde, et communément plaine d'infections et maladies et très-prompte à mort. (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 461). ...toute tousse avec .I. petit de efforcement et grande alievation et legiere expulsion et sans labour et sans fatigacion, elle est tres bonne et salvable (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 4).

V. aussi sauvable
 

MÉD. "Veine salvatelle, sur la main" : ...faites saignee de la sophene de la partie senestre et se mestier est encores, si le faites de la salvatelle de la main senestre (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 6). En ce texte present declare l'acteur six aides ou bontés venant par la saignié de la vaine nommee salvatelle, laquelle gist sur le dos de la main entre le petit et le doit medecinal. (Rég. santé corps C., 1480, 165). ...se ramifie entre le doy annulaire et le auriculaire et la elle se appelle la salvatelle ou epatique ou splenetique (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 2).

Rem. MONDEVILLE ds T-L IX, 129 (salvatella). Cf. aussi : En la main grande, laquelle commence aux esselles jusques a la coulde sont vaines assaignier, selon Rasis au .VII. livre d'Almasor et selon Avicenne au chapitre de la saigniee. La premiere est appellee vaine ciphalique, et est la vaine de la teste. La seconde est la vaine baselique ou la vaine du foye. La tierce : la cardiaque ou nigra nommee par Avicenne et Rasis matris. La quarte : ascellaris. La quinte : funis du bras, en la petite main. Et en la main petite est sailes ou autrement nommee salvatella, et ainsi au bras qu'il contient la main grande et la petite sont .VI. vaines a saignier. (Rég. santé corps C., 1480, 166).
 

"Qui sauve, salutaire" : Rome, ce est ce qui te puet estre salvable et fructueuz en la cognoissance des choses car parpassees et faites que les enseignemens de tous boins examples qui sont par maniere de memoire ordenez et compris tu voelles regarder, et que de ceulz tu pregnes et rasambles ce qui est bon et profitable, et ce qui est mauvais et quant a fin et quant a commencement tu eschives et laisses ! (BERS., I, 1, c.1354-1359, Préf. 10, 2). ...ce est adonc que l'omme a ja passé L ans, lors cellui, qui est de sain et sage entendement, à soy a ja recueilli les vertus du sentement de clere cognoiscence des choses, qui savables lui pevent estre. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 33). Plaisance honnorable Est vie agrëable, Au corps prouffitable, A l'ame sauvable, Qui nully ne grieve (CHART., L. Plais., c.1412, 153). Si doit estre discipline de chevalerie et crainte d'onneur gardee es maisons des nobles comme en l'ost du prince, car la reverence et salvable doctrine des vaillans peres et anciens d'un lignaige peut plus aux jounes proufiter a vertu que la peur de la justice de leur chief. (CHART., Q. inv., 1422, 61). [Autre ex. p.53] Benoitte soit doncques ceste tresbieneuree table, par laquelle nous est donnee la viande tant grande et tant salvable ! (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 125). Quel lieu te est le plus estable, Mains dangereux, mains doubtable ? Quel jour te est le plus salvable ? (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 168). L'ANGE. ...Ma benediction salvable Je te [Jacob] donne pour asseurance. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 257).

V. salvable
 

"Habitant d'une seigneurie qui paie un droit au seigneur pour être sous sa protection (dans le Sud)"

Rem. Doc.1468 ds GD VII, 333a. (sauvatier)
 

A. -

"Fait de préserver, de sauver qqn ou qqc."

1.

Sauvement de qqc. : En grec aucunes fois ilz appellent actrempance ufrosis ; c'est a dire, salvement de pensee et de raison. Et prudence ilz appellent fronesis. (ORESME, E.A.C., c.1370, 338). Et neentmoins, aucunes fois la vie ou operacion pratique est plus eslisible et plus fructueuse et plus neccessaire, mesmement quant c'est pour l'acroissement ou pour le sauvement du bien publique. (ORESME, E.A.C., c.1370, 524). ...il est bien besoing et grant nécessité pour le sauvement de nostre demaine et la conservacion de noz noblesses, drois et seigneuries de prendre diligenment garde aux dittes chartres et lettres, de mettre en nostre trésor celles qui y appartendront estre mises et de les visiter soigneusement (Hist. Lille T., t.1, 1407, 87). ...puissiez vous tous (...) retourner au saulvement de voz ames et de voz honneurs (LA SALE, J.S. E., 1456, 310). ...estre constrainte (...) lui requérir sauvement de sa vie (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 307). ...i fault tout raser et abatre (...) Tous ediffices sans rabatre (...) Qu'il est prouffitable et utille Pour mieulx noz anemis combatre Et le sauvement pour la ville. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 230). ...pour le sauvement de la chose publicque (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 160).

-

[À propos d'une chose concr.] "Préservation, conservation" : ...une traille de fil d'arein mise devant les dessus dictes deux derrenieres fenestres pour le sauvement d'icelles (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 256).

2.

Sauvement de qqn

-

"Fait d'échapper à un danger, d'être sauf" : En jeu party suy si estrangement Que je me rens et n'y voy sauvement (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 83). ...car les Cartagiens, espoentez de son tressoubdain advenement, rachetterent voullentiers leur saulvement pour le sauvement de Agatheoclès. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 47). ...le Senat, considerant leur saulvement par ces dames (LA SALE, Sale D., 1451, 217).

-

"Fait d'échapper à une maladie, guérison" : Qui vous a santé recouverte ? (...) Quelz herbees, quel lavemen[t], Quel racine vous a offerte Pour recouvrer ce sauvement ? (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 84).

-

"Vie sauve" : Clarïant occiray trestout premierement, Mais le roy Guintelins doit avoir sauvement, Car il m'a maint bien fait et nourry doucement (Tristan Nant. S., c.1350, 735). Et nul ne le fait voluntere ou volentiers, a parler simplement, mais il le fait pour le sauvement de lui et des autres qui sont en la naif. (ORESME, E.A., c.1370, 176).

-

"Refuge" : Sy se trayrent en une maison qui estoit là près, pensans y avoir sauvement, ce que non, car estoit trop faible et mal deffensable, et furent durement assaillis. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 436).

-

[Dans un cont. métaph.] : Pluseurs haulx biens sont a considerer En la vierge glorieuse Marie C'om peut arche du sauvement nommer (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 244). Si vous pri, vierge nef, (...) Que par vous soit ma nef si convoie Qu'arriver puist a port de sauvement. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 302).

3.

P. méton.

a)

"Lettre de sauvegarde" : ...le dit Philippe les a poursivi de certaines sommes de deniers qu'il leur imposoit qu'il devoient, tant à cause de l'arriereban d'Arras que d'un arriereban du seigneur de Partenay, que de autres debtes du roy nostre sire, ceulx qui ne povoient monstrer leurs sauvemens, il les a convenu de rechief à paier, et ceulx qui povoient monstrer leurs sauvemens, il les contraignoit à en prendre lettre soubz son seel, et en avoit des uns un escu et des autres cinq solz. (Doc. Poitou G., t.3, 1354, 176).

b)

"Droit dû au seigneur pour l'entretien des murs de défense" : ...je, Colinés de Warmeriville, escuiers, tains et avoue à tenir en fiés et en oumage (...) les sauvemans de Warmeriville et de Cheheny, c'est à savoir chacuns hommes chief d'otés VI deniers parisis, et si tien cheval, XII parisis. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1341, 44). ...les sauvemens de lad. ville, que les bourgeois d'icelle ville doibvent un chascun an au jour de la sainct Remy, c'est assavoir chascun bourgeois ung septier d'aveyne et deux poules (Trés. Reth. L., t.4, 1451, 350).

Rem. Cf. DU CANGE, VII, 290b, s.v. salvamentum. Cf. aussi, désignant un droit ou une rente : ...li diz habitanz qui sont à présent et qui seront ou tamps à avenir (...) doit et est tenuz de paier esdiz religioux, chascun anz, à la feste de Touz Sainz, un bichot d'avoine d'annuel rante, que l'on appelle sauvement (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1331, 197).

B. -

"Salut (de l'âme), fait d'être sauvé de la damnation" : ...de l'estat de dampnement Sui ramenez a sauvement. (Mir. prev., 1352, 266). Item, nostre Sauveur par soy et par ses disciples et par les sains docteurs la nouz a plainement desclaree [la Trinité de Dieu] en tant comme il souffist a croire pour nostre sauvement, et avec ce comment creature incorporelle est ymage de ceste divine trinité. (ORESME, C.M., c.1377, 56). Fillie, le vostre saulvemant Ne vouldroye pas destorbé. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 100). ...il [le Christ] volt (...) venir prendre l'umanité de vray homme ès flans de la très benoitte Vierge, comme dist est, pour nostre salvement (LA SALE, Sale D., 1451, 22). Et quant au sauvement du corps que j'ay dit que le vray amoreux tel puet estre sauvé en ame et en corps : aprés le sauvement des sept pechiés mortelz qui touchent a l'ame je vous diray le sauvement du corps (LA SALE, J.S., 1456, 29). Donne nous a tous saulvement. (Pass. Auv., 1477, 218). Souffert a volontairement Pour le saulvement des pecheurs (Pass. Auv., 1477, 255). Amour divin, peur de damnacion, Peines d'enfer n'espoir de saulvement N'ostent plus nulz de l'inclination D'offencer Dieu et son commandement. (Cene dieux, c.1492, 114). SAINCT MARTIN. En cest habit je veulx Dieu suivre Et mener vie solitaire, Pour mon saulvement aconsuivre Et es cieulx mon ame retraire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 363).

Rem. Ex. innombrables : Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 86 ; Tristan Nant. S., c.1350, 315 ; Vie st Evroul S., c.1350, 91 ; 94 ; 109 ; DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 76 ; 79...

-

Sauvement de l'ame : Doulce vierge, moult lonc temps a Que diligenment monstré m'a (...) mon pére, (...) Que pour le sauvement de s'ame On vous doit servir (Mir. march. larr., c.1349, 94). ...il a prins et prent sur Dieu et en l'arme de lui, et aussy par sa part qu'il entend à avoir ou saint Paradis, et sur le jugement, sauvement ou dampnement que son arme attent à avoir, et la mort qu'il croit et pense aujourd'ui recevoir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 567). Et dit qu'il prent sur Dieu et sur l'arme de lui, par la part qu'il entend à avoir aujourd'uy en Paradis, et sur le saulvement ou condempnacion que l'arme de lui attent aujourd'uy à avoir et recevoir après sa mort (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 92). Et toute telle qu'elle est, elle me plaist. Et sachiez que c'est ly sourgons de tous mes biens terriens, et aussi croy je que c'est la voye premiere du sauvement de l'ame de moy. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Et à dire selon ce que aucuns usent de langage que, quant on muert, on ne scet où l'on va est mal dit et opinion et parole qui moult fait à reprendre, comme nous ne soions pas crestiens ne dignes d'y estre appellez, se foy n'avons et ferme creance en ce que la Sainte Escripture nous certifie du sauvement ou dampnacion des ames (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42). ...[il] la reconfortoit au mieulx qu'il povoit, l'ammonnestant de penser au sauvement de son ame. (C.N.N., c.1456-1467, 515). ...nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer, Fin que puissions admeriter Le saulvement de nostre arme. (Pass. Auv., 1477, 133).

Rem. PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1334, 208 ; Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 15 ; Doc. 1397, Bibl. Éc. Chartes 113, 1955, 123...

-

P. méton. "Celui qui sauve" : Mon Dieu, mon bien, mon sauvement, Mon recours, mon advancement... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 52). Saint Julien est sauvement (Prières saints R., t.2, c.1480-1500, 300).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Sauver qqn (ou un animal, ou ce qui se rapporte à qqn)

1.

"Soustraire qqn (ou un animal) à un danger, à un risque, faire que qqn reste indemne" : ...la mule (...) naigea tant par le Rosne qu'elle trouva la rive ; si fut sauvée. (C.N.N., c.1456-1467, 313). ...les Bourgoignons tuerent un grand tas en venue de ceulx de Troyes (...) et sauverent leur homme (C.N.N., c.1456-1467, 453). ...j'ayme mieulx me bouter la pour une heure ou deux et estre sauvé, que en aultre honeste lieu et estre trouvé. (C.N.N., c.1456-1467, 510). Pour ce dist il que cellui seroit eureux, qui se adventureroit gecter dedans pour apaiser et sauver tant de popullaire, lors Marcus Curtius, tout armé et monté à cheval se gecta dedans, comme dessus est dit et fut la plage cessée et la terre reclose. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 51 v°). Et ne fut point la victoire par la puissance des hommes qui batailloient, mais estoit Dieu qui batailloit pour eulx, tant que par sa bonté et vouloir divin, pour garder et sauver le tres crestien roy, pillier de la foy catholique, ensemble tous ses subjectz et bons amys, les ennemys furent vaincuz, tuez, meurtriz et mis soubz les piedz des vertueux Françoys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289).

-

Sauver qqn de qqc. "Préserver qqn de qqc." : ...Dieu, qui l'avoit sauvé d'aultres grands perilz, le preserva de ce dangier. (C.N.N., c.1456-1467, 425). ...au moïen de laquelle predicion, chacun ordonna de son cas et, par ce moïen, furent plusieurs sauvés de mort. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 v°). ...et, au moïen de la science de cestui Guido, fut icelui pappe saulvé plusieurs foiz de grans dangers. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 v°).

-

Sauver qqn que... ne. "Préserver qqn de" : Sa richesse ne sa puissance ne le sauverent qu'il ne mourust de maise mort (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 223).

.

"Exempter qqn de qqc." : ..et a ce faire seront contrains par toutes voyes deues et raisonnables, sans nulz en espargner, et n'en pourra icelui maire aucuns exempter ne sauver (Reg. Poitiers F., t.1, 1441, 294).

-

Part. passé en empl. adj. "Préservé, exempt" : ...et lors serez de ce maleureux pechié de paresse sauvé et quictes. (LA SALE, J.S., 1456, 25).

-

Sauver la vie à qqn / de qqn / sauver sa vie / se sauver la vie : ...bien aourer vous doy (...) Quant vous avez sauvé la vie De cel enfant que je queroie (Mir. enf. diable, c.1339, 51). Pour ce qu'ay plus eu envie Des ynocens sauver la vie Que de la santé de mon corps... (Mir. st Sev., 1362, 208). ...car en la bataille ou ilz estoient, il leur sembla que laide chose estoit fuyr et que la mort estoit mieulx a eslire que sauver sa vie par tele maniere. (ORESME, E.A., c.1370, 213). Et a falu pour sauver leur vie que par neccessité pluseurs de divers estas soient partiz de Paris et alez, ou à Orleans, ou à Bourges, ou ailleurs (BAYE, II, 1411-1417, 85). Pour tant pluseurs sauvent leur vie Et se gardent de pestillence Par long usage ou coustumance De la prendre et boire o du vin (LA HAYE, P. peste, 1426, 130). ...ayme mieulx vous abandonner en me sauvant la vie, qu'en me perdant maleureusement vous entretenir. (C.N.N., c.1456-1467, 210). ...[il] luy pria qu'il luy sauvast la vie (C.N.N., c.1456-1467, 452). Haro ! N'avez vous pas ouÿ Qu'il a appellé Helie Pour lui venir sauver la vie (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 70). Mon amy, tu es dont Angloys, Venu en la grant compaignie ? Dy moy le voir, la ou tu vois, Ne (en) quel lieu, ne en quelle partie ; Aussi que tu ne mentes mie, Mais dire toute verité, Je te promes sauver la vie, Te renvoyer en seureté. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 192). Quant je vis noz gens aculer Et nostre bataille perie, Je pensay de sauver ma vie Et m'en eschappay, Dieu mercy ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 165). Meschans gens, vueillés vous retraire De vostre erreur et fantasie, Et je vous sauveray la vie, Mesque vueillés sacrifier Noz bons dieux et les deprier (Myst. st Laur. S.W., 1499, 263).

-

Sauver l'honneur de qqn / sauver son honneur : Aiglentine estoit a l'entree de l'eglise, qui moult humblement fist la reverence aux deux freres et les mercia humblement du noble secours que fait lui avoient, car, après Dieu, ilz luy avoient sauvé son honneur, sa vie et son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 187). Le chanoine fut contraint, pour sauver son honneur, de s'accorder. (C.N.N., c.1456-1467, 522). Prenons y garde tellement Que nostre honneur y soit saulvé (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 761).

-

Sauver (une collectivité, une armée, une lignée, une terre, l'autorité qui la gouverne...) : Une [fin] est pour avoir ligniee et pour sauver et continuer humaine espece. (ORESME, E.A.C., c.1370, 444). Car on dit et on v(e)oit bien la chose averee Que par bon condutteur est bien une ost sauvee. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 778). Chevalier n'est de tel renom : Maintes grans terres a sauvees Et maintes guerres achevees (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 138). Tout est salvé, roix et ducz et regens, Par bon advis et gouvernement (TAILLEV., Ress. relèv. hôt. D., p.1440, 276).

-

P. ext. Sauver qqn qq. part. "Mettre qqn à l'abri qq. part" : ...car elle ne savoit ou le sauver, pour ce que ou grenier ne l'eust jamais envoyé, elle le fist bouter en la ruelle du lit [L'accent est mis sur le lieu choisi pour sauver un amant surpris par le retour du mari] (C.N.N., c.1456-1467, 243).

-

Inf. subst. "Fait d'échapper à un danger" : Quoy qu'il en soit, il fut souffisant astrologien et, lui estant en mer, congnoissant la tempeste et voyant l'influence contre lui, pour son sauver gecta grande somme d'or en la mer, disant qu'il aymoit mieulx sa richesse submerger que lui estre submergé par icelles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°).

2.

En partic. RELIG. "Procurer à qqn (aux hommes) le salut éternel, le soustraire à la damnation" : Dame qui as des ames maintes Sauvé par ta misericorde... (Mir. ev. arced., c.1341, 110). Mais en celui vous confortez Qui pour sauver les pecheurs vint En ce monde (Mir. ste Bauth., c.1376, 154). Et illeques en sa compaingnie seront les corps de ceulz qui seront salvéz apres la resurrection final. (ORESME, C.M., c.1377, 724). Jhesucrist prist tous seulx la guerre pour nostre salvacion, et par sa digne mort seront tous crestiens sauvez qui ses commandemens tendront. Dont vous devez savoir que tous ceulx qui en ceste besoingne mourront, seront sauvez et auront la gloire de paradis. (ARRAS, c.1392-1393, 108). ...pourquoy Dieu saulve les ungs et non pas les autres ? (GERS., Trin., 1402, 163). Mais que doit faire la bonne servante qui veult desservir estre sauvee ? Certainement, elle doit savoir que Dieu, qui tout cognoit et voit, ne demande que le cuer (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 208). ...tu ne dois point entendre que Dieu n'eust puissance d'aultrement saulver le monde, mais dois entendre que le Filz indeclinablement vouloit mieulx mourir que le monde ne fut saulvé (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 179). De Dieu estes le grant amy. Je m'en fy Que par vous nous serons saulvés. (Pass. Auv., 1477, 103). Garde bien ta ferme creance ; Ta foy t'a fait estre saulvee. [Réf. à Luc 7, 50 : "Ta foi t'a sauvée"] (Pass. Auv., 1477, 156). Car cestuy [Jésus] sans cause, contraire A nul bien, maiz virtueux et doulx, La mort prent pour nous saulver tous (Pass. Auv., 1477, 218). Tiercement se le fait contredist a sa bonté come de dampner Saint Pierre et saulver Judas le traytre. (Somme abr., c.1477-1481, 161). Car Dieu par sa premiere voulenté "veult tout homme estre saulvé", en tant qu'il est homme. (Somme abr., c.1477-1481, 169). SAINCT MARTIN [à Dieu]. (...) Et sur ce poinct je conclus ma priere, Genoulx flecix, joignant a toy les mains, Te suppliant d'amour tressinguliere Qu'il te plaise de saulver les humains. (LA VIGNE, S.M., 1496, 476).

-

P. iron. : ...actendant que par sa grace enseigner me voulsist cest estat, ou aultre plus seur, pour saulver ma pouvre ame. [Dans un refus de mariage] (C.N.N., c.1456-1467, 170).

-

[Dans une formule d'invocation, de salutation] : Ma chiére dame, Dieu vou sault Et vous doint joie. (Mir. ste Bauth., c.1376, 136). Or me dites, damoiselle Anne, Cel home la, se Dieu vous sault, Ressemble il bien a Musehault Le messagier ? (Mir. fille roy, c.1379, 35). ...mais, se Dieux me sault, Bonne Conduite... (TAILLEV., Psaut. vil. D., a.1440, 124). Dieu te sault, maistre (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 136). Ave Maria (...), c'est-à-dire Dieu te sault Marie (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 83). Le Dieu qui regne sen finir (...) Vous doint joye, senter et honneur, Pilate, qui estes vaillant seigneur, Et aussy saulgart [l. saul, gart] et begnie Toute vostre belle compaignie ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 123). Le grand Dieu que est lassus haul Ses chevaliers garde et saul ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 134). Amy, Dieu vous sault ! (Pass. Auv., 1477, 128). Monseigneur, Dieu vous sauf et gard ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 776).

.

[De Mahomet] : Cil Mahomés qui est des Sarrasins servis, Il sault et beneÿe ceste dame de pris Et tous les Sarrasins qui sont en ce pourpris ! (Tristan Nant. S., c.1350, 544).

-

Part. passé en empl. subst. "Celui qui a trouvé le salut éternel" : ...selon le nonbre des angelz le nonbre des sauvez doit estre constituez (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 193). ...au nonbre des eslus et saulvés (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 252). ...mais successivement leurs joyes accroissent au regard de l'acomplissement du nombre des saulvéz, qui sera en la fin du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 142).

-

Se sauver. "Obtenir le salut" : Si n'est point de doubte que Dieu veult estre servi de gens de touz estas, et en chascun estat on se puet sauver qui veult (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 28). SECOND PREBSTRE. (...) Ne usez d'erreur ne de chaulde colique, Fuyez orgueil, glotonnye, avarice ; Luxure, comble d'euvre dyabolique, A vous saulver ne vous est pas propice ; De envie aussi relinquez le supplice ; Semblablement d'assiduacion, Et d'avarice habandonnez la lice, Si vous voulez avoir salvacion. (LA VIGNE, S.M., 1496, 216).

B. -

Sauver qqc.

1.

Sauver qqc. (qqc. de positif) "Sauvegarder qqc. (de valeur positive), le conserver intact, le préserver, en empêcher la destruction"

a)

[Une chose concr.] : À lui, qui encores a soyé par trois jours et demi pour soyer aix de chesne pour couchier sur le mur de l'espoye pour sauver ledit mur à l'encontre des nefz au passer par ilec (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 635). À Robin de Lennoy, tailleur d'image, pour avoir fait le journer estant en l'Ostel de ladicte ville, en la chambre de Mesdits Seigneurs, où il y a ung crucifix, Nostre Dame, Saint Jehan, entaillés, enlevés et ung escu au dessous et à l'environ des arbres de lis, 24 s. p., et à Pierre Berlays, paintre, pour avoir paint icelluy journer, 24 s. p., et à celuy qui a fait le treillis de fil d'archal pour saulver ladicte painture, 11 s. p. (Comptes Paris M., t.2, 1458-1460, 200). ...se le medicin voit que il ne puist guarir son malade, il use lors de la severité de medicine et coppe le membre pourri pour saulver le surplus du corps. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 141).

-

"Conserver (une chose concr.), en assurer la conservation" : Mais seroit par aventure une derision de vouloir bien au vin que l'en aimme. Car, se l'en veult que il soit sauvé et gardé, ce n'est pas pour son bien finablement, mais afin que l'en en ait aucun bien. (ORESME, E.A., c.1370, 416).

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Empl. pronom. à sens passif : Et, le venredi ensuivant [5 juillet], la compaignie ou la pluspart desdiz Bourguignons vindrent et arriverent à Saint-Denis en France eulx loger ilec. Et, ce jour, venoit à Paris XXX chevaulx de marée, dont lesdiz Bourguignons en prindrent les XXII. Les autres huit chevaulx se saulverent ["on réussit à les sauver (comme son bien), à les conserver"] et vindrent à Paris. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 56).

-

P. ext. Sauver qqc. qq. part. "Mettre qqc. à l'abri qq. part, cacher qqc. qq. part" : ...si y mist la main, et fut en grand effroy ou il les pourroit sauver. [L'homme vole les chemises de ses compagnons] (C.N.N., c.1456-1467, 398).

b)

[Une chose plus abstr.] : Et semblablement, amistié est sauvee et gardee comme dit est par ce que chascun fait a l'autre selon ce qui est digne d'estre fait, car adonques est equalité. (ORESME, E.A., c.1370, 450). C'est assavoir ou secont chapitre de cest secont livre ou il fu dit que chascune vertu est causee et sauvee par les operacions qui sont ou moien. (ORESME, E.A.C., c.1370, 159). ...pour le prouffit du mesnaige acroistre, acquerir amis, et sauver le sien (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 3). ...Que j'y eusse saulvé mes drois. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 245). LE PERE. Si desormais mieulx tu ne t'entretiens, Saiche de voir que tu nous courceras. Croy mon conseil et mon advis retiens, Et soye seur que bien t'en trouveras. Cecy faisant, m'amour tu saulveras Et de ta mere aussi semblablement, Et la grant hayne de noz cueurs priveras, Qu'avons receue par ton gouvernement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 167).

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Sauver une question. "Tenir compte d'une question, y répondre" : Maistre, sauvez la question Que se seigneur vous a touché. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 183).

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Sauver un serment. "Tenir un serment, s'y conformer" : ...non pensant ou saichant en ce aucune chose avoir mal fait, ne en aucune maniere offendu contre ledit roy de France, mais pour sauver sondit serement, fait par la maniere que dit est cy-dessus, se estoit tousjours tenu et tenoit en l'obeissance et service d'iceulx Engleis (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 188). Icellui chevalier print icelle duchesse et jeut avec elle une nuyt pour son serement sauver. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 52). ...[elle rappela] le pelerinage qu'elle emprint pour sauver son serment et se rendre a luy [Lettre à celui qui a trahi sa confiance] (C.N.N., c.1456-1467, 179). ...pour saulver le serment dudict duc (COMM., II, 1489-1491, 80).

-

Sauver qqc. à qqn. "Garder, conserver qqc. à qqn" : Che souvenir Diex le me saut, Car moult il me rajovenist. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 73). ...ce que donné leur avoit esté au traictié de leur dit mariage, mesmement que ainsi leur avoit esté sauvé et reservé au traictié d'icellui mariage... (Sent. Chât. Paris M., II, 1409, 504). [Autre ex. p.505]

c)

[Dans l'ordre de l'argumentation, de l'explication] "Prendre qqc. en compte en le sauvegardant (et ainsi en n'ayant pas à y renoncer)" : Et ainsi pourroit l'en dire pour salver les dis d'Aristote ; mais il me semble que ce ne soffist pas. (ORESME, C.M., c.1377, 70).

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"Sauvegarder qqc. (dans l'explication qu'on en propose), lui conserver sa place, le justifier" : Mais je tien que tel moien ne est en rien cause efficiente de tel mouvement, soit naturel, soit violent, et ceulz qui tiennent le contraire ne pourroient par ce salver pluseurs experiences ; si comme d'une secte qui seroit tracte fort parmi une fieble pel, elle seroit meue bien oultre non-obstant que la pel eust arresté le aer qui la suivoit (ORESME, C.M., c.1377, 610). ...par l'autorité d'aucunes proposicions, les quelles contiennent et sauvent l'argument (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 80). Cest esclipse est desnaturel, Voyre et si fort contre nature Qu'il n'est tant saige crëature Qui le sceust sauver par raison. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 348).

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Sauver les apparences. "Sauvegarder l'apparence des choses, donner leur place aux choses (dans l'explication qu'on en propose)" : Or est il ainsi que pour salver les apparences des mouvemens du ciel lesquelles ont esté apparceues et cogneues ou temps passé par observacions, il convient par neccessité mettre que aucuns des cielz sont excentriques et aucuns epycicles. (ORESME, C.M., c.1377, 284). ...car selon les experiences certaines qui ont esté pieça par les anciens observees et gardees quant au mouvement de la lune, l'en ne pourroit salver les apparences que l'en voit et a veues touz temps sans metre cecle epicicle ou ciel de la lune, si comme mettent les astrologiens. (ORESME, C.M., c.1377, 458). Et donques puisque touz les effetz que nous voions peuent estre faiz et toutes apparences salveez pour mettre en lieu de ce une petite operacion, ce est a savoir le mouvement journal de la terre qui est tres petite ou resgart du ciel, sans multeplier tant de operacions si diverses et si outrageusement grandes, il s'ensuit que Dieu et nature les avroient pour nient faites et ordenees ; et ce est inconvenient, comme dit est. (ORESME, C.M., c.1377, 536).

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ASTR. Sauver les apparences. "Expliquer par calcul les mouvements apparents des planètes" : Briefment, toutes ces choses nous enseigne et aprent la science dessus dicte des mouvemens du ciel et des estoilles et moult d'autres merveilles avecques les demonstracions et les raisons certaines pour lesquelles toutes les apparances et les diversitez qui sont ou ciel sont clerement sauvees et sy a plain ramenees a possibilité que Avenrois ne Alpetragius ne autre quelconques ne les pourroit sauver par si bonne maniere. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 19).

Rem. FEW XI, 128b : dep. 1662.

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Sauver que. "Sauvegarder (dans une explication) le fait que, justifier que" : Et donques se l'en peust salver que Dieu aloingna le jour ou temps de Josué par arrester le mouvement de la terre... (ORESME, C.M., c.1377, 536).

d)

P. ext. Sauver (qqn). "Justifier (qqn)" : Pour ce fait bon l'excusateur Oyr apres l'accusateur, En excusant s'accusera En accusant s'excusera, Se sauver povoit s'excusance, Par tres bonne et vraye excusance, Par raison deveroit souffire. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 156). Quelle raison droit-cy, hélas ! ne quel titre te sauve en cestui exploit ? sinon que tu peux alléguer infraction et trespas de ton édit. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 145).

-

Se sauver de qqc. "Se justifier de qqc." : ...ne vous ay je pas bien veu après disner tenir voz longues parolles a une femme en la sale en bas ? On voit trop bien que c'est, vous ne vous en sariez excuser ne sauver. (C.N.N., c.1456-1467, 71).

2.

Sauver qqc. (de négatif)

a)

"Éviter qqc. (de négatif)" : Et les glaces firent de grans dommaiges, car ilz rompirent et emporterent grant quantité de basteaulx, dont partie s'en alerent frapper contre les ponts Nostre-Dame, Sainct-Michel, d'icelle ville de Paris ; lesquelz bateaulx sauverent plusieurs grans heurs ["heurts, chocs"] que eussent fait lesdiz glaçons contre lesdiz ponts, qui furent en bien grant dangier d'estre abatus (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 104).

-

Sauver qqc. (de négatif) à qqn. "Éviter qqc. à qqn" : Pour Dieu, sauvez luy cest ennoy ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 152). Pour Dieu, saulvés luy se desroy ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 69).

b)

En partic. [Dans le débat] "Réfuter (les arguments de l'adversaire)" : [Dans le débat de Miséricorde et de Justice] ...vous n'arez raison[dit Misericorde à Justice], Tant soit estrangement prouvee, S'i Dieu plaist, qui ne soit sauvee. Dictes ; il n'en fault riens celer. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 39). Et pour tant, juge droicturier, Mes argumens tres bien prouvéz Et ceulx de Justice saulvéz, Je requiers que... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 43). [Autres ex., cf. gloss. de l'éd.]

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Échapper à un danger ; se tirer d'affaire" : Les aultres a volu saulver, Et saulver soy meisme ne puet. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 193). [Réf. à Marc 15, 31] ...il fut si honteux que a peine savoit il tenir sa maniere ; et ne se sceut aultrement sauver que de dire... (C.N.N., c.1456-1467, 371). ...et le demourant fut mort ou prins et bien peu s'en sauva. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 39). Il soloit malades guerir, Les mors en vie revenir ; Maintenant ne ce peult saulver Ne d'entre noz mains eschaper. Il monstre qu'il est bien beste ! [Réf. à Matth. 27, 42] (Pass. Auv., 1477, 211). Et lors lui commanda faire l'arche pour soy saulver au deluge en leur donnant 120 ans pour faire penitance (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°). Ainsi se saulva pour celle heure et evita la fureur, qui couroit contre lui alors. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°). Et, ainsi qu'ilz passoient, avoit à Cosne des francs archiers qui saillirent sur eulx, et ledit Voyau, Jehan de Hormes et autres chargerent sus lesditz francs archiers et passerent par dessus la riviere, et enmenoirent ledit Geuffroy Cueur au port Saint-Tybault, et Guynot, le bastard, Jehan de Harmes et autres de leur compaignye portoient le faitz et recueillirent lesditz francs archiers, tant qu'ilz arriverent audit port et se saulverent. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 182).

-

En partic. "Échapper à la mort" : ...vous estes de vous mesmes homicide ! Il est en vous de vous garir et sauver (C.N.N., c.1456-1467, 142).

-

Se sauve qui peut : ...il se sauve qui puet ! (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 122). Qui pot, il se sauva (Cip. Vignevaux W., p.1400, 180). La bataille trop lor anuie, Sy s'en fuit et sauve qui poet (Pastor. B., c.1422-1425, 153). Tout est perdu, se sauve qui pourra ! (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., p.1436, 223).

Rem. Prov. H., 226 [S41] (ex. de FROISS., GERS., FLAMANG...).

-

Se sauver de qqc. "Se préserver en alléguant qqc." : ...le deffendeur s'il ne se puet sauver desdits deffaulx... (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 105).

-

Se sauver de + inf. "Se préserver de" : LE PERE. (...) Pour ce, mon filz, je vueil, Si vostre cueur quelque vigueur reçoit, Que vous fuyez sur toute chose orgueil Et que sur payne voire de perdre l'ueil, En l'advant garde ou a l'arriere garde, Pour vous saulver de porter quelque dueil, Que vous soyez tousjours sur vostre garde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 191).

B. -

"S'enfuir"

1.

Se sauver qq. part. "S'enfuir qq. part, s'y réfugier" : Et toutesfoiz le roy d'Anthioche se sauva ou vaissel de l'admiral, et fu tantost son vaissel pris et ce de bon qui estoit dedens, et puis effondré en la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 218). ...il vint a rive et se sauva en son chastel (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 324). L'autre ne fut oncques si joyeux quand il se fut sauvé dehors (C.N.N., c.1456-1467, 221). Quand vous serez en ce point atournée, vous ferez bien de l'esbahie et vous sauverez en ceste maison (C.N.N., c.1456-1467, 259). ...furent assaillis et destruiz, excepté environ VIm qui se sauverent par la Garone en la mer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°). ...et fut de rechief tellement batue la dicte place d'artillerie que ceux de dedens ne se sçavoient ou eulx saulver. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

2.

Se sauver de qqn. "Échapper à qqn" : Si tost que de luy s'estoit sauvée, tout le plaidoyé d'entre eulx estoit au maistre par elle racompté [D'une femme victime de harcèlement sexuel] (C.N.N., c.1456-1467, 455).

3.

Se sauver. "S'enfuir (devant le danger)" : Et à celle heure y ot dedens Paris gens affectez ou corrumpuz, qui esleverent une voix en toutes les parties de la ville deça et delà les pons, crians que tout estoit perdu, et que les ennemis estoient entrez dedens Paris, et que chascun se retrahist et fist diligence de soy sauver. (FAUQ., II, 1421-1430, 323). Le filz, oye ceste menace, si sault sus, et s'en picque par derriere et se sauve. Son pere le suyt (C.N.N., c.1456-1467, 325).

REM. Forme saver, plutôt saner : Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 206 (La serons gariz et savez) ; Chev. papegau H., c.1400-1500, 70 (ainçois fu en trois jours savés, aussi sain come ung mois devant) ; Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 98 (je vous saveray de toutez voz maladies) ; MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 177, v.10805. Saulver pour saluer (mauvaise traduction du lat. salutare) : MACHO, Esope R., c.1480, 33 (312 ; gloss.).
 

"Réservoir pour poissons" : Item, II viviers et IIII salverealz, contenans environ de II boniers, du pris de VI sols de vies gros le bonier. (Arch. Nord, c.1400, B 17473, f° 67, IGLF).

V. aussi sauvoir
 

S'enfuir à sauvette (?). "Fuir pour éviter un danger" : ...et gettant son escu a terre il s'enfouy a soulvette. (LA SALE, Sale D., 1451, 113).

Rem. Ex. très incertain. Sauvette est un mot du XIXe s. Forme corrompue pour sauveté ?
 

"Réservoir pour poissons" : ...un fosseit plain d'iave, appelé sauvoir, en lieu con dit la Folie, derier la maison de la Folie couverte d'escaille (Trés. Reth. S.L., t.2, 1346, 61). Pour despens de Jehan de Burlez, Durin (...), en peschent VI lus ou sauveoir de Becoisel (...) en esperence que on les menast lors es sauveoirs ma dame à Braye Conte Robert, les quelz on n'i pot lors mener, pour ce que il faisoit mout chaut, et pour ce, furent arrier remis on dit sauveoir de Becoisel (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 448). ...estans, viviers, sauveuours et autres eaues (Doc. 1351. In : É. Decq, Bibl. Éc. Chartes 83, 1922, 70). ...Moulins tournans, beaus plains a regarder, Et beaus sauvoirs pour les poissons garder (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 156). Jardins y a [au château de Cachan], riviere pour voler, Sauvoirs dedens, garanne prouffitable (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 305). Item, près d'illec, deux petiz sannoirs [l. sauvoirs] à eaue contenant environ un quartier. (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.1, 1379, 470).

Rem. Doc. 1353 (Loiret, la fontaine et le petit sauvoir), 1396 ; 1478 (Tournai, seuwoir) ds GD VII, 333b-c.