C.N.R.S.
 
Famille de musus 
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 Article 1/48 
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     AMUSARDER     
FEW VI-3 musus
AMUSARDER, verbe
[GDC : amusarder ; FEW VI-3, 281b : musus]

Empl. trans. Qqn amusarde qqn. "Rendre musard, faire sortir du droit chemin, dévoyer, débaucher" (synon. amusardir) : Fame qui est fole musarde Trop bien resamble a la laisarde Qui est dite de despecier ; Ne cesse de sac plain vuidier. (...) Male fame est un mauferas. Quant tele fame homme amusarde, Il faut c'ou feu d'enfer en arde (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 162).

REM. «Le substantif amusarderie, ainsi que les verbes amusardir (...) et amusarder (...) semblent être des innovations lexicales» (Éd.).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 2/48 
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     AMUSARDERIE     
*FEW VI-3 musus
AMUSARDERIE, subst. fém.
[*FEW VI-3, 281b : musus]

"Action d'amusarder, de débaucher ; résultat de cette action" : Je pri Dieu et dame Marie Que me gart d'amusarderie De fame qui musart conchie. De musarde ne fai t'amie, Mes de la pucele Marie Qui ne t'amusardira mie, Ne a la mort ne a la vie, Mes te rendera gracïeus (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 162).

REM. «Le substantif amusarderie, ainsi que les verbes amusardir (...) et amusarder (...) semblent être des innovations lexicales» (Éd.).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 3/48 
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     AMUSARDIR     
*FEW VI-3 musus
AMUSARDIR, verbe
[*FEW VI-3, 281b : musus]

Empl. trans. Qqn amusardit qqn. "Rendre musard, faire sortir du droit chemin, dévoyer, débaucher" (synon. amusarder) : El ne vieut mes que sauver t'ame ; Ce ne quiert pas dame Rebourse, Mes s'esforce a vuidier ta bourse (...). Or es vuidés de toutes pars. Dire pués : "Je sui un musars." Mout ont fames amusardi Et homme et couart et hardi, Mes fame n'amusardi mie Qui vieut aidier dame Marie (...). De musarde ne fait t'amie, Mes de la pucele Marie Qui ne t'amusardira mie (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 162).

REM. «Le substantif amusarderie, ainsi que les verbes amusardir (...) et amusarder (...) semblent être des innovations lexicales» (Éd.).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 4/48 
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     AMUSEMENT     
FEW VI-3 musus
AMUSEMENT, subst. masc.
[GDC : amusement ; FEW VI-3, 281a : musus ; TLF : II, 889b : amusement]

A. -

"Action d'amuser, de détourner l'attention et/ou l'action de qqn en l'occupant d'autre chose ; état de distraction ; ce qui dérive l'intérêt de qqn vers un objet secondaire" : Je fus de joye sy espris Qu'a paine je pris hardement De danser comme bien apris, Et l'eusse fait certainement Se je n'eusse eu l'amusement De Valentin qui me survint, Qui me fit ung long preschement Du chasteau Venus dont il vint. De ce chasteau tant me compta Mon compaignon que tant amoye Qu'en la voulenté me bouta De veoir Venus et sa joye. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 39). ...prestement (...) commença un tel discord et desroy entre ceux qui l'avoient prise [la reine] et desconfite, pour cause du butin et du gagnage de sa despouille, que furieusement tuans l'un l'autre, comme gens enragés, n'entendoient plus à la très-douloureuse desconfortée royne (...). Par quoy, quand ceste povre royne vit ce, (...) parla piteusement à un escuier qu'elle vit là, et luy prya qu'en l'honneur de la passion de Nostre-Sauveur Jésus-Christ il prist pitié d'elle (...). Sy monta [sur son cheval] la royne et son fils. Et donna Dieu tel amusement à tous les autres que nul d'eux oncques ne perçust leur partement (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 301).

B. -

"Action de détourner du vrai, de jeter dans l'erreur ; état d'égarement, d'illusion" : Quant je la vi si hautement Assise, et si trés noblement De grans richesses acesmée (...), Dedens mon cuer venirent doubtes Qui y entrerent par folie Et par droite merencolie. Car j'estoie trop esbahis (...) Et d'erreur telement temptez, Que je cuiday estre enchantez. Mais en si fait amusement Ne demouray pas longuement ; Car j'usay dou conseil d'Avis Qui fist retourner mon avis Justement par devers Raison, Qui est tout adès en saison Des loiaus cuers remettre a point Qui sont issu hors de leur point. (...) Si que depuis en sa garde a Mon cuer, mon sens et mon penser, Pour resister et pour tenser Aus fausses cogitations, Et oster les temptations Qui cuidoient avoir victoire A moy faire faussement croire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 183). ...avec le mauvais lenguage et blasme qui puet sourdre a femme par abit desordenné et par maniere malhonneste, y a un autre plus perilleux inconvenient : c'est l'amusement des folz hommes qui peuent penser que elle le face pour estre convoitee et desiree par fole amour. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 179).

C. -

Rare. "Ce qui fait passer le temps agréablement, ce qui divertit, égaie" : ...ma dame Sensualité, qui me charroye le demy temps [Demy Temps, nom d'une plaine] en doulces parrolles ycy devant narrées et en petitz amusemens et folz aisiers (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 237).

REM. Cf. aussi amuserie en agn., M. fr. 39-40-41, 1995-1997, 635.
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

 Article 5/48 
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     AMUSER     
FEW VI-3 musus
AMUSER, verbe
[T-L : amuser ; GDC : amuser ; DÉCT : amuser ; FEW VI-3, 280a : musus ; TLF : II, 891a : amuser]

I. -

"Détourner l'attention de qqn, le retarder"

A. -

Empl. trans. Qqn / qqc. amuse qqn. "Détourner l'attention, l'action de qqn en l'occupant ailleurs à des choses secondaires ; en partic., dans le domaine militaire, détourner l'attention (de l'ennemi), le tromper, le retarder par des escarmouches, des actions dilatoires" : ...lesquels s'y gouvernèrent fort vaillement et chaleureusement, mesmement les francs-archiers, qui avoient esté logez près desdits chastel et ville de Honnefleu, l'espace de dix ou douze jours, pour tousjours escarmocher et amuser iceulx Anglois, en attendant que la seigneurie sus mentionnée y vint. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 188). ...faignant qu'il vousist passer par la, pour admuser les François... (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 236). ...Bourgongnons et Anglès qui ne cherchoient que la bataille (...), marchèrent tousjours à l'encontre de leurs ennemis, comme pour les constraindre à combattre. Mais Françoys qui ne cherchoient point ce que les Bourgongnons désiroient (c'estoit de combattre à pied), ne firent riens que livrer escarmuches auxdits Bourgongnons pour les amuser tousjours et tenir en travail (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 99). Bien vingt-cinq jours demora à Hesdin, à grans frais et despens du duc de Bourgongne ; et disoit-on que, avecques ce qu'il devint malade de gouttes, mal [fut] en estat pour partir de là. Sy en vint l'aventure bien au gré du roy, de son long séjour, car c'estoit ce qu'il désiroit, pour tant plus amuser le duc là en attendant l'octobre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 42). Et le Jouvencel (...) congneust qu'ilz [ses ennemis] s'en retournoient et ce qu'ilz avoient fait n'estoit que pour le amuser tant que leur puissance aloit combatre l'autre logeiz. Et sus piedz demande son cheval en disant : "Tout le monde à cheval ! Car seurement ces gens yci vont combatre noz gens, et, pour ce petit bruit qu'ilz ont fait yci, nous cuident amuser. Sus ! tost ! faictes dilligence et passons le pont." (BUEIL, I, 1461-1466, 144). Et le prindrent [monsr de Lingny] ceulx de Senes pour leur cappitaine et luy promisdrent certaine somme d'argent l'an, dont il n'eut riens, et cecy amusa le roy six ou sept jours. (COMM., III, 1495-1498, 144). J'ay envoyé des gens où estoit l'advangarde veoir s'ilz le font pour admuser quelc'un. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 315).

 

-

Qqn amuse qqn de qqc. : Et sur ce vint ung compaignon, qui dit : "Messeigneurs, vecy ung herault qui vient devers vous o sa cotte d'armes et desire parler à monseigneur le conte." Et le conte dist : "Il nous amusera de quelque chose, tandiz que ses gens tireront aux champs. C'est la cause de sa venue. Mais ouir le fault..." (BUEIL, I, 1461-1466, 209).

 

-

P. ext. rare. Qqn amuse qqn. "Décaler l'action de qqn dans le temps, le retarder" : ...voulons et ordonnons, que tous les Fermiers qui auront fait adjourner aucunes parties, soient tenues d'icelles faire appeller et expédier au jour de leur assignation, sans acunement les délayer ne amuser (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1452, 242).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. "Se détourner de faire le plus important en se laissant accaparer par qqn / qqc., perdre son temps en portant son attention, son action sur qqn / qqc. de peu d'intérêt ; en partic., dans le domaine milit., se laisser dévier de ses objectifs par des manoeuvres fallacieuses" : Le roy se fery en l'ost, et y porta moult grant dommage, car il avoit commandé a sa gent, sur paine de la hart, que nul ne prensist prisonnier, mais meist tout a mort, quanqu'il en pourroit aconsuivre. Et ce fist il pour ce que ilz ne s'amusassent par avarice, a la fin qu'il les peust tenir ensemble pour retraire sans perte. (ARRAS, c.1392-1393, 105).

 

-

P. anal. [D'un animal] : En ung pays de vieilles ventes S'en vint devant les chiens ruser. Il va et revient par ses sentes Pour cuyder les chiens abuser, Mais garde n'ont d'eulx amuser Pour bestes qui devant eulx saillent (...). De le relancer se travaillent Et y mectent tout leur effort. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 38).

 

-

S'amuser + compl. de lieu. "S'attarder en un lieu sans obligation primordiale" : Vous povez partir d'ici au matin et chevaucher tout le jour, et vous en yrez repaistre à ung petit villaige (...) Il n'y a que cincq ou six maisons ; et tant mieulx vault, affin que vos gens ne s'i admusent pas. (BUEIL, I, 1461-1466, 178). De noz gens plusieurs sont blessez, Et mors une grant quantité ; Dont de plus icy se amuser Il n'est point de neccessité. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 543).

 

-

S'amuser à qqn : Puis lui dist qu'il retournast, lui et Gervaise, mettre leurs gens en ordonnance pour retourner en la ville de Crathor, et qu'ilz ne s'amusassent point à lui ; qui ainsi le firent. Et ordonnerent que le Mareschal fust porté par les archiers en une maison du villaige conquis, où l'en lui fist une lictière. (BUEIL, I, 1461-1466, 110). LE LARRON RESSUSCITÉ. (...) Pour ce, ceulx qui ont leur actente Icy, ne qui a moy ["à ma nature mortelle, à ma dépouille"] s'amusent Sur la sepulture presente, Ilz perdent leur temps et s'abusent ; Leur saison despendent et usent Ainsi que bestes et follastres (LA VIGNE, S.M., 1496, 429).

 

-

S'amuser à qqc. : Noz gens ont fait beaucoup de petites diligences qu'il n'est jà besoing de vous racompter ; car ce ne seroit que perte de temps (...). Et vault mieulx que vous exploictez le temps à ordonner que ferez demain, que de vous en compter : nous avons fait cela, nous avons dit cela ; à quoy gens se amusent. (BUEIL, II, 1461-1466, 87). Or vous en allez ; et je pry à Dieu qu'il vous vueille conduire. Et, affin que nul ne se amuse au pillaige, nous serons tous à butin. (BUEIL, II, 1461-1466, 126). ...le roy devoit tirer son chemin et ne se amuser à ces folles offres qui ne sauroient durer une sepmaine (COMM., III, 1495-1498, 143).

 

.

P. anal. [D'un animal] : ...quant il verra que le videcoc commenchera a errer, donques le parsieue, et se le videcoc s'areste sans avoir la teste levee, il doit ferir ses deus bastons l'un contre l'autre tout en pais, et le videcoc s'i amuse et afolle tellement que celui qui le parsieut l'aproche de si pres que il prent sa verge et li met tout bellement le las qui est u bout de la verge u col, et ainsi est prins. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 294).

 

-

S'amuser à + inf. : Et à l'endroit que vous verrez que je chargeray et que je donneray dedans, venez tous après moy et me suivez de bien prez. Je vais devant sur vostre sceureté. (...) Et ne vous amusez point à prendre prisonniers, ne chevaulx, ne pillaige, ne à chacer personne pour fuitte que vous voyez, pour paour du raliement, tant que vous voyez bien que soyez les maistres. (BUEIL, I, 1461-1466, 145). ...se vous aviez vostre entendement de donner [un coup] tousjours à vostre adversaire en ung lieu et vous veissiez qu'il y donnast provision, pareillement devez changer propos ; car j'ai veu beaucoup de gens, pour tousjours se amuser à faire une chose, estre deceupz et leur en advenir mal. (BUEIL, II, 1461-1466, 102). Aprez ceste bataille faicte, il sembla au duc Baudouyn que le Jouvencel estoit amusé à veoir faire armes et à faire du seigneur et qu'il ne lui souvenoit plus de la guerre. (BUEIL, II, 1461-1466, 112). ...lequel [duc d'Autriche] vint frapper sur les frans archiers, dont aucuns se amuserent a pillier le bagaige et les autres estoient hors d'ordre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 392).

 

-

S'amuser en + gérondif : ...mais il ot sur la porte une grosse tour et assez haulte, et estoit bien couronnee, et monstroit grant deffense ou lez febles et bas murs estoient. Mais Gieffroy avisoit de venir pourveu de manteaulx et de cloies pour les pierres de faiz. Et ainsi qu'il s'amusoit en ce pensant, il entra en une estroicte charriere qui remontoit la montaigne, a revenir autour de la forteresse, pour repairer a son logeiz. (ARRAS, c.1392-1393, 199).

II. -

"Détourner l'attention du vrai, tromper qqn, l'abuser"

A. -

Empl. trans.

 

1.

Qqn amuse qqn : Mes li aucun sont bettourné Et de leur grant avoir mal usent, Quar les povres souvent amusent. Marie ne les amusa ; De ce qu'ele avoit bien usa. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 35). De ceaus qui si trés bien savoient Requerir, flater, losangier Et leurs paroles arrengier, Aucunes en y avoit d'elles Qui savoient tours et cautelles Et faindre si trés proprement Qu'il cuidoient certainnement Meinte fois qu'elles les amassent La ou penser ne le deingnassent, N'il ne pouoient de parler Tant savoir, ne de bas voler, Qu'il ne fussent d'elles rusé, Acornardi et amusé ; Car on doit ruser les ruseurs (MACH., D. Lyon, 1342, 215). Lors parfis je ma traison Quant tant, frére, vous amusay Que si aigrement l'acusay Que la feistes a mort mettre Sanz raison (Mir. emper. Romme, 1369, 307). ...il a ainsi rusé Franc Vouloir et si amusé (DESCH., M.M., c.1385-1403, 327). Peuple croit, se on l'appercevoit, Plus mensonges que ce que on voit ; Ainsi deboutent Verité, et droit ne redoubtent. Les trouveurs des bourdes escoutent, Qui en sedicïon les boutent. Lors amusez Sont les simples et abusez Par gens en mauvaistié rusez, Et pour leurs delis refusez Occasïon Leur donnent par decepcïon Et faulse machinacïon De querir leur destructïon (CHART., L. Dames, 1416, 295). Espoir, confort des malheureux, Tu m'estourdis trop les oreilles De tes promesses non pareilles, Dont trompes les cueurs doloreux. En amusant les amoureux En faisent baster aux corneilles, Espoir, confort [des maleureux, Tu m'estourdis trop les oreilles.] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 460). Se celle que jadiz servoye (...) Se dit m'eust au commancement Sa voulenté, mais nennil, las ! J'eusse mis paine aucunement De moy retraire de ses las. Quoy que je lui voulsisse dire, Elle estoit preste d'escouter Sans m'acorder ne contredire. Qui plus, me souffroit acouter Joingnant d'elle, pres sacouter... Et ainsi m'aloit amusant Et me souffroit tout raconter, Mais ce n'estoit qu'en m'abusant. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 67).

 

2.

Qqc. amuse qqn : Voulsit Dieu que vous, François, ne fussez point amusés par ceste sophistique esperance, ne legiers a souhaitz fantastiquez, et inutiles desirs, ainçois meissés l'engin a l'esgart, et la main a l'oeuvre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 102).

 

-

Qqc. amuse qqn à + inf. "Inciter fallacieusement à" : Il est encores une quarte desesperable esperance, que je ne sçay proprement nommer, sy non que je la dye frustrative. Et ceste [l'esperance frustrative] amuse les legiers en crainte a esperer leurs secours, et attendre leur bien, de chose qui ne peult prouffiter ne aider. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 113).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. "Se (laisser) détourner du vrai, s'égarer sur une fausse piste, être victime d'une illusion" : L'AMOUREUX. Helas ! Je n'ay pouoir n'espace D'aler avant ne de retraire. Je suis le poisson en la nasse, Qui entre ens et ne s'en puet traire (...). LE DORMEUR. En actendant sans soy lasser, Në autre que vous acuser, Vous convient il le temps passer ; Actendre bien n'est pas muser. Trop grant actrait fait amuser Souvent, et deçoit et aluche (CHART., D. Rev., a.1424, 317).

 

-

S'amuser à + inf. "S'abuser à" : Pour Dieu ! boutons la hors Ceste Merencolie (...). Trop lui avons amors D'estre en sa compagnie, Ne nous amusons mie A croire ses rappors (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 409). ...assez de gens, comme vous savés, ont été miz hors de villes et chasteaulx par deffault de gouvernement ; et, pour se amuser à cuider gaigner, ilz perdoient tout. (BUEIL, II, 1461-1466, 126).

III. -

"Capter l'intérêt, occuper l'esprit par des choses plaisantes (généralement considérées comme frivoles et vaines, détournant des choses sérieuses")

A. -

Empl. trans.

 

1.

Qqn amuse qqn : L'ABUZÉ. Des petiz dons m'entretenoit, Par ce point m'estoit amusant : L'ung jour ung pourpoint me donnoit Ou quelque drap a l'avenant. [Éd : «estre s'amusant : s'amuser, s'occuper à des vanités» ; s'il s'agissait ici d'un pronom. on aurait : m'estois, et non : m'estoit] (Abuzé D., c.1450-1470, 96).

 

-

Qqn amuse qqn à + inf. : ...aucuns ont escript en vers rimez certaines nouvellectez (...). Et ont tant fait, comme on dit, pour destorner aux autres la joie a quoy ilz ont failli que leurs escrips sont venuz en voz mains et pour l'attrait d'aucunes parolles doulces qui sont dedens vous ont amusees a lire leur livre que on appelle la Belle dame sans mercy. Ou quel, soubz ung langage affaittié, sont enclos les commencemens et ouvertures de mettre rigueur en la court amoureuse (CHART., B. Dame, 1424, 36).

 

2.

Qqc. amuse qqn : DESESPERANCE. Fol amusé a neant, deceu par la vanité de ceste briefve vie, qui prens ton plaisir a vivre pour trainer en langueur et angoisse porter, pour quoy te plaist ce qui te tormente, et comme ne laisses tu de bon grey ce qui maugré toy te laissera ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 17). ...cestuy seigneur a nom Abuz et madame nostre maistresse est appellee la Court, car en son hostel et service nous nous tenons. Auquel lieu a monseigneur Abuz plusieurs personnes menees, tant hommes que femmes, qui bien s'en fussent sceu passer. Mais la delicieuse compaignie et le nom de monseigneur seulement, avecques la tresbelle et gracieuse entree que madame nostre maistresse leur a monstree, les a tellement amusez que a peine s'en sont sceu ne se vouldroient departir (Abuzé D., c.1450-1470, 35).

B. -

Empl. intrans. ou pronom. "Prêter son attention à des choses vaines (au lieu de mieux occuper son temps) ; se laisser distraire par des choses plaisantes (en oubliant l'essentiel)" : De l'esgarder ne fust lassez (...) ; La, remirant la beauté d'elle, Se prent com mouche a la chandoile ; De sa façon trop s'esmerveille, Car onq ne vid beauté pareille ; La, s'amuse, la, se remire, De s'ennemie fait son mire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 114).

 

-

S'amuser à qqc. "Se plaire à qqc." : ...sachiés que videcos sont les plus fouz oisiaux du monde, auquiel oisel moult des gens de ce monde resemblent, qui sont si folz que il s'amusent aus delices terrianes, et ne leur souvent de Dieu ne des biens celestieus, et dont, le diable, qui les dechasse, leur met le las u col et les tire a ssoi. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 294). Ainssi prent le diable homme a la foletore, quer il li met devant les yex, pour lui faire affoler et dechevoir, les choses en qui il est plus enclin, qui sont contre son ame, et tant home s'amuse au fait de l'anemi que il li met le las u col. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 308). Achillés la belle regarde ; De tous ses maintiens se prent garde ; Sa contenance moult lui plaist (...). Achillés arrier s'en repaire (...). Des yeulx celle qui lui plaisoit Suivoit cil, qui s'i amusoit. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 115). Si pevent estre comparez lesditz juifz au roy Mydas, qui par sa convoitise desordonnee se mist en peril de mourir de fain. Car ilz ont refusé le pain et la chair de vie eternelle pour eulx amuser a l'ombre qui tousjours fuit sans arrester et point n'aporte de viande salutaire. (Ovide mor., 1466-1467. In : Chrestom. R., 203). Ostez de vous toute folie Qui les pensees des folz lie. Serchez doctrine par laquelle Vous vient salutaire sequelle. Serchez doulce philozophie En qui tout homs saige se fie ; Que volunté n'ayez aucune De vous amuser a pecune, Mais vous joignez a Sapience (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 145).

 

-

S'amuser à + inf. "Se donner du bon temps en..." : ...il envoya en France le seigneur de Craon pour avoir de la pecune vers sa femme, lequel, la pecune receue, se amusa à fere bonne chere et son maistre et tous ses gens estoient nudz et mors de fain (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

-

S'amuser en qqc. "Trouver de l'agrément dans" : Moult prist le roy grant plaisir en ceste histoire et en pluseurs autres qui y furent. Et ainsi se deduisi jusques au tiers jour qu'il aloit par leans. Et appercoit une tres belle chambre (...), et y voit grant foison de chevaliers pains, armez de leurs cottes d'armes toutes armoiees de leurs armes (...). Tant s'amusa le roy en la chambre que pour poy qu'il ne sommeilla. Mais il s'appercoit, et vint hors, et voit que le soleil estoit ja tout bas. (ARRAS, c.1392-1393, 304).

 

.

[D'une chose personnifiée] : Qui hier cuidoit que fortune eust osé attrister la fille d'un roy, la mignonne d'un empereur françois dont le trosne resplend comme le ciel ? O folle abusée, rencontrée de ta mesme folye qui te frappe au front, or te appert que ny de toy, ny de luy, elle fait estime, ny si elle ressongne la menasse de l'un, ny si elle s'amuse en l'amityé de l'autre. Certes nenny ! ny de ton ris, ny d'autruy couroux ne luy est si peu non. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 53).

C. -

Part. passé en empl. subst. "Personne qui s'occupe de choses vaines, qui se laisse facilement distraire" : ...certes j'ay bien esperance que moy, a l'aide de Dieu et de Folcuider, ensemble avec nous Follebobance, te conduirons en tel estat, se nostre conseil tu retiens, que le despartir d'avec nous te sera en fin desplaisant (...). Aprés Abuz plusieurs s'amusent, Abuz les amusez abuse, Par Abuz suivir ceulx s'abusent Dont peu est sage qui si muse ; Au dangereux son de ma muse Fais les abusez amuser (Abuzé D., c.1450-1470, 38).
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

 Article 6/48 
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     AMUSERIE     
FEW VI-3 musus
AMUSERIE, subst. fém.
[GD : amuserie ; AND : amuserie ; FEW VI-3, 281a : musus]

Région. (anglo-normand) "Amusement"

Rem. Cf.  ; AND : amuserie.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 7/48 
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     AMUSEUR     
FEW VI-3 musus
AMUSEUR, subst. masc.
[GDC : amuseur ; FEW VI-3, 280a : musus ; TLF : II, 896a : amuseur]

"Celui qui amuse, qui trompe" : Je suys nommé Hocquelerie (...). Je suy de gens ungs amuseurs Qui à moy se veullent aherdre, Et suys de gens ungs cabuseurs Qui leur fais chevance perdre. (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 119).

Rem. GDC et TLF : XVIe s.

V. aussi amuser
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 8/48 
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     AMUSIF     
FEW VI-3 musus
AMUSIF, adj.
[GDC : amusif ; FEW VI-3, 281b : musus]

"Qui trompe, fait illusion, induit en erreur" : ...il me livra et le tyra [un bourdon] de son tresor ensemble une amusive escharpe, tyssue de folles oeuvres et de mauvais pensemens, et si me dist. (...) de ceste escharpe precieuse et riche vous veulx parer. Si vous dy bien que maint passant fust roy, fust prince, fust fol ou saige de telle ou semblable armoyrie au partir pour son cours parfaire s'est bien voulu fort decorer (...). Icelle donc que de bon cueur vous offre, non desdaigneusement accepterés, car en tous lieux où passerés par l'advenir serés loué et regardé de maintz et maintes pour telle enseigne, et se nomme sans faillir ceste escharpe Oultrecuydance. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 80).

REM. L'éd. traduit à tort par «Hidden» ("caché, secret"), comme si amusif venait de amusser "cacher" (GD I, 281c). J. Lemaire, M. fr. 3, 1978, 101 le définit par "trompeur" : «God. (...) fait erreur sur son sens en le traduisant par "qui sert d'amusement". Le F.E.W. (...) le date erronément de 1509». Le cont. gén. de l'histoire (où le héros est sans cesse abusé, détourné de la bonne voie) oriente effectivement l'interprétation vers l'idée de tromperie.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 9/48 
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     CAMARD     
FEW VI-3 musus
CAMARD, adj.
[GDC : camard ; FEW VI-3, 276b : musus ; TLF : V, 65b : camard]

"Qui a le nez plat et écrasé"

Rem. GDC VIII, 415c (XVIe s.). Est-ce ce mot ds l'ex. suiv. (?) : Riches camars, de finance dismars Laissez voz mars, poix, godetz, coquemars, Pour mieulx de Mars, plains d'ennuy et d'esmoy, Plaindre l'enfant, roy de vous et de moy ! (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 400).
 

DMF 2020 - Synthèse Annie Bertin

 Article 10/48 
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     CAMUS     
FEW VI-3 musus
CAMUS, adj.
[T-L : camus ; GDC : camus ; AND : camus ; FEW VI-3, 276a : musus ; TLF : V, 89a : camus]

A. -

[D'une pers.] "Qui a le nez court, arrondi et aplati (ce qui peut donner l'air niais)" : ...comme seroit du nays d'un homme qui est hors de la droite figure qui est tres belle, et lequel nays decline a ce que il est camus ou au contraire, et est aquilin ou trop haut (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 231). ...un homme hault et camus, appellé Mathelart (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 33). Baudine Camuse (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 96).

B. -

P. anal. [D'une chose] "Arrondi" : Et, par aventure, ce que dit est sera fait plus manifeste en ceste maniere : quar se camuseté est courveté en neis ou en char, et char est la matiere de camuseté, se de toutes les chars qui sont et qui pueent estre, estoit faite une char et elle fust une chose camuse, nulle autre chose camuse ne seroit ou pourroit estre. (ORESME, C.M., c.1377, 156). À Jaquot Chauchart, sellier, demorant à Dijon, Bertholomi Gentil, serrurier, et Jehan de Dijon, esperonnier, la somme de six vins deux livres huit solz quatre deniers tournois, qui deuz leur estoient tant pour harnois de cuir, selles, brides, chevestres camues à boiste crusié de fer comme pour esperons par eulx faites (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 173).

 

-

[D'un couteau] "Dont la lame est aplatie, émoussée" : ...ung autre petit coutel vielz, camus, qui a le manche de boys, à deux virolles d'argent blanc. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 242).

 

Rem. Attest. de couteau camus, tirée d'un texte du XVes., ds LITTRÉ.

C. -

Au fig. [D'une pers.] "Hébété, penaud, pantois" : Mains a rendus matz et camus (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 117). ...au pont de Saint-Clo, (...) Fu Antonnes de Croy pour garder pourvéus, Mais une garde y mit, qui puis par faus abus Le garda maisement ; car par luy fu vendus Aus faus Hiermygnasgois. Se s'en tint pour chamus (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 504). Or ne fault il pas demander si monseigneur le curé fut bien camus de se veoir ainsi desgarny. [Il vient d'être castré !] (C.N.N., c.1456-1467, 405). Item, le camus seneschal, Qui uneffoys paia mes debtes, En recompence mareschal Sera pour ferrer oyes, canectes, En luy envoyant ces sornectes Pour soy desennuyer ; combien, S'il veult, face en des alumectes : De beau chanter s'ennuyt on bien. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 138). J'ay veu tel en hault estat bruyre Qui depuis ay veu bien camus. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 173). Vela le gallant bien camus : Je crois qu'il en a bien sa part. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 340). Car de l'orgueil ou nous fusmes boutez Si rudement, tu nous as reboutez ; Qu'on ne nous vit oncques mais si camus, Puis que sommes en ce point surmontez, Et par toy seul, non d'autre, desmontez, Tous noz haulx faitz soubz toy Dimittimus. (LA VIGNE, Patenostre Genevois B., 1507, 171).

 

-

Faire qqn camus. "Rendre qqn pantois, étonner qqn" : LE JUIF [aux deux sergents]. Avec vous iray a ceste heure. Ha, brief, je le rendray confus [le chrétien] Et me rendra mes cent escus Que luy ay foncéz. LE .II. SERGENT. Il n'est tel. Monstrez nous ou est son hostel Et nous le ferons bien camus. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 114).

 

-

[Terme d'injure] "Benêt, balourd (?)" : ...et l'un desdiz cordouanniers lui dist qu'il estoit un camus punaiz (BAYE, I, 1400-1410, 48). Or venés sa gros camux (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 61).

 

.

[Sobriquet] : Le Petit Meschin, Ernaudon de Paus, Perros de Savoie, le bour Camus, Antone le Nègre, Lamit, Jakes de Bray et grant fuison de leurs routes s'estoient tenu toute le saison environ Chaours. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 222).

 

.

[Désignation ou sobriquet d'un marchand ?] : Pour le vantre bieu, je luy dis Qu'il s'en alast droit au landis Pour en revandre au camus, Mes ma femme me ruast jus Et me livrast d'ung gro baston. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 46).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/48 
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     CAMUSE     
FEW VI-3 musus
CAMUSE, subst. fém.
[GD : camuse ; FEW VI-3, 276b : musus]

"Récipient utilisé à la cuisine ?" : Deux dozaines d'escuelles, 18 platz, deux potz et une camuse, tout d'estain, 11 livres. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 372).

REM. GD I, 775a, à propos de cette attest. : «Peut-être encrier» (autre ex., XVIe s., camuse de ancre). Compte tenu des objets cités conjointement, plutôt ustensile de cuisine ?
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 12/48 
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     CAMUSET     
FEW VI-3 musus
CAMUSET, adj.
[T-L : camuset ; GD : camuset ; GDC : camuset ; FEW VI-3, 276b : musus ; TLF : V, 89b : camuset]

[Du nez] "Légèrement camus" : ...S'a le fronc plain et cler comme polit ymage, Les yeux vairs con faucon qui prent l'oisel sauvage, Nez .I. poi quamuset seant en biau visage (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 172).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 13/48 
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     CAMUSETÉ     
FEW VI-3 musus
CAMUSETÉ, subst. fém.
[GD : camuseté ; FEW VI-3, 276b : musus]

[À propos d'une chose] "Fait d'être camus" : Et, par aventure, ce que dit est sera fait plus manifeste en ceste maniere : quar se camuseté est courveté en neis ou en char, et char est la matiere de camuseté, se de toutes les chars qui sont et qui pueent estre, estoit faite une char et elle fust une chose camuse, nulle autre chose camuse ne seroit ou pourroit estre. (ORESME, C.M., c.1377, 154).
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 14/48 
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     CAMUSETTE     
FEW VI-3 musus
CAMUSETTE, subst. fém.
[T-L : camuset ; GD : camuset ; GDC : camuset ; FEW VI-3, 276b : musus ; TLF : V, 89b : camuset]

"Jeune fille aux formes rondes" : Robin souffloit en sa museyye, Et une gaie camusette Refaisoit ung doulz mirely En chantant a gringot poly (Pastor. B., c.1422-1425, 126). Mais encor par le sang de my Me souvient de la camusette Tousjours le fol bec a musete. (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 31). Filles gentellettes, Gentilz combattans, Ne soyés doubtans (...) Chantez camusettes, Musars bien musans, Musicques honestes (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 92).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 15/48 
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     EMMUSELER     
FEW VI-3 musus
EMMUSELER, verbe
[T-L : enmuseler ; GD : enmuseler ; GDC : emmuseler ; FEW VI-3, 278b : musus ; TLF : VII, 942a : emmuseler]

A. -

"Mettre une muselière à (un animal)" : Monlt fu forment enchaïnés Et monlt forment enmuselés [le cheval Bucéphale]. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 107). Et le furon doit estre enmuselé quar autrement il occiroit le connin dedanz [le terrier] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 228). Celui qui chiet en ce point n'a rien affere, sinon prier Dieu qu'il lui doint bonne pacience a endurer et souffrir tout, come ung veil ours enmusellé, qui n'a nulles dens, lié d'une grosse chaigne de fer (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 100).

B. -

P. anal. "Masquer" : L'une estoit enmuselee D'un faus visage, et sous celee Avoit sa chiere et sa fachon (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 93).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 16/48 
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     MOREILLE     
*FEW VI-3 musus
MOREILLE, subst. fém.
[GD : moreille ; *FEW VI-3, 277a : musus]

"Museau" : Par ung petit que ne vous donne De mon poing sur vostre moreille ! (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 165).

Rem. Cf. note de l'éd., p.625. Rapprocher de musaille, mureau2 "museau" (avec rhotacisme).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 17/48 
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     MUREAU1          MUREAU2     
*FEW VI-3 musus
MUREAU, subst. masc.
[*FEW VI-3, 277a : musus]

[Forme de museau] (Synon. de museau) : C'est ce qui rougist le mureau, Car il prent la couleur du maistre Et faict manger le gras morceau, De quoy souvent l'homme pert l'estre. Gardez vous bien de ce faulveau, Car c'est une mauvaise beste. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 196).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 18/48 
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     MUSABLE     
FEW VI-3 musus
MUSABLE, adj.
[T-L : musable ; GD : musable ; FEW VI-3, 279a-b : musus]

"Qui préoccupe, qui rend pensif (?)" : Nully n'est notable S'il n'est acointable, Plaisant, amïable, Joyeux, secourable. C'est ce qui l'achieve. Car Tristeur musable, Aigreur detestable, Chagrin redoubtable Font homs miserable Et sa vie brieve. (CHART., L. Plais., c.1412, 153). Sy estoit jà my nuit passée Et presque une heure davantage, Qu'oncques la dame trespassée Ne pouvoit faire sa passée Dehors de mon veillant courage ; Et puis de mon amy la rage Me cuisoit tant qu'ainsi gésir M'estoit plus force que plaisir. Plus m'efforçay d'en estre hors De ceste essoigne tant musable Et mettre en amoureux accords Le coeur avec le grevé corps, Comme pour le plus convenable, Que plus trouvay non profitable Le grand labeur que j'y mettoye, Et moins d'effet y acquestoye. (CHASTELL., Outré am. K., 1449, 70).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 19/48 
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     MUSADE     
*FEW VI-3 musus
MUSADE, subst. fém.
[*FEW VI-3, 279b : musus]

"Rêverie" : PLAISANT REGARD. Les doulces oillades Mignotes et sades, Plaisantes non fades Ne aquariades Sur jeunes fillades En donnant aubades Vostre amant fera ; Puis belles gambades, Joyeuses pennades, Droictes, retrogrades Sans faire musades N'aultres ambassades Sur chevaulx et bardes Par moy parfera. (Chasse am. W., a.1509, 39).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 20/48 
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     MUSAGE     
FEW VI-3 musus
MUSAGE, subst. masc.
[T-L : musage ; GD : musage ; AND : musage ; FEW VI-3, 279b : musus]

"Perte de temps, folie" : De le suivir [le fol] en tel musage Point ne nous chaut. (Mir. parr., 1356, 29).

 

-

Faire long musage. "Perdre du temps" : Bien reconnoist l'ensaigne sans faire lonc musage (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 354).

 

-

Payer (le) musage. "Payer la folie qu'on a eue de perdre son temps, de faire perdre du temps" : ...il en paieront le musaige (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 101). Se tuit cil qui de vray corage Te servent n'ont autre avantage Fors de languir en ton servage Sans autre aïe, Ains leur yes contraire et sauvage, Je ne tieng pas celui pour sage Qui einsi paie le musage, Car c'est folie. (MACH., Compl., 1340-1377, 249). Adont s'est Foy en piez drecie Comme sage et bien adrecie De droit, de coustume et d'usage ; S'a dit : "Guillaume, le musage Avez bien paié ci endroit, Par dehors la voie de droit, Au mains en aucune partie..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 216). Alons, dist il, la bas, nous ferons .I. passage, Car je croi que Maugis nous fait payer musage ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 463). Amours scet bien ses biens abandonner Aus fins amans qui sont en son hommage ; Et les mauvais qui n'ont cure d'amer Et font semblant d'estre en son dous servage Comme musars leur fait paier musage, N'il n'aront ja merci, je n'en doubt mie : Telle est d'Amours la noble signourie. (MACH., L. dames, 1377, 102). Ensement ["ainsi"] dist li Turs, mais il dist faux langage, Car a Jourdain para qui tant a de barnage, Cieux li fera paiier de son dit musage (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 310). [pour d'autres ex., cf. gloss. de l'éd.]

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 230.

 

.

Rendre le musage : Tropt de gens par malvais usaige Rendent au siegle leur musaige (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 181).

 

-

Sans payer long musage. "Sans attendre longtemps" : Si qu'einsi leur alay emblant Le scens de savoir la noblesce L'esprivier et sa gentillesce Et de sa gaie norriture, Selonc sa trés franche nature, Tant que j'en sceus auques l'usage, Sans avoir paié lonc musage, Car briefment m'en tins pour content. Moult bien m'en pos tenir atant, Car j'en apris après assés Tout par moy, sans estre lassés, A l'aïde d'un trés gentil Esprivier cui je par soutil Engin l'amay et le tins près. (MACH., D. Aler., a.1349, 245).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/48 
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     MUSAILLE     
*FEW VI-3 musus
MUSAILLE, subst. fém.
[*FEW VI-3, 277b : musus]

Péj. "Museau, gueule (d'un humain)" : Mais je vous diray qu'i nous fault Que les dames et les bourgeoises Facent boullir huilles et chaulx Pour leur gecter sur le(ur)s musailles. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 157).
 

DMF 2020 - Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 22/48 
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     MUSARD     
FEW VI-3 musus
MUSARD, adj. et subst. masc.
[T-L : musart ; GD : musart ; AND : musart ; DÉCT : musart ; FEW VI-3, 279b : musus ; TLF : XI, 1241a : musard]

A. -

"(Celui) qui perd son temps, qui est désoeuvré, paresseux" : Car je n'avoie a homme né Riens a faire n'a marchander, Fors sans plus pour moi eschauder Au feu qui esprent maint musart Et qui plus en est prés plus art. (MACH., Voir, 1364, 288). Pour ce a ledit pelerin esperance en la misericorde de Dieu que, combien qu'il soit venus bien tart comme musart et a l'onzime eure, ou darrain quartier de ses jours, soubz l'onbre des benois Celestins (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 320). Peleus, oyant ceste response, fu moult esbahy et se mist au retour tant triste qu'il sambloit nez et nourry en tristesse et destiné de morir triste, pensif et musart (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 165). A Chartreux et a Celestins, A Mendïans et a Devoctes, A musars et clacque patins, A servans et filles mignoctes Portans seurcoz et justes coctes, A cuidereaux d'amours transsiz Chauçans sans mehain fauves boctes, Je crye a toutes gens mercys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 148). Somes nous gens musarde ? (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 196). Regardez moy quel musart ! Hay avant ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

B. -

"Étourdi, sot, tête en l'air, dupe" : Quart femme par son beal parler Fait bien saige musart muser [en muasart ; var. clamer] Par sa faulse sorselerie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 94). Trop seroie quoquarz, foux ou musarz ou yvres, Se j'am dioie plus ne que m'an dit mes livres (Gir. Ross. H., c.1334, 119). Uns fous musarz y vint qui se prit au moquer (Gir. Ross. H., c.1334, 295). L'estature que ci propose Estre ne me samble autre chose Que Fortune qui ne repose Heure ne jour. La teste a d'or, se dire l'ose, Ou toute richesse est enclose, Ce samble aus musars qu'elle alose, Qui en errour Vivent tele qu'il n'est gringnour ; Qu'elle n'a pooir ne vigour De donner, fors peinne et labour. (MACH., R. Fort., c.1341, 37). ...il faisoit moes et visages et grant risees, si que chascun avoit grant joye de lui et de ses diz, et le tenoient tuit pour fol, et il les tenoit aussi tous pour musars (Bérinus, I, c.1350-1370, 90). De quoy les barons furent moult courrouciez de ce qu'ilz se veoient ainsi amusé, pour quoy ilz laissierent la queste par ennuy et dirent tous par maltalent que bien estoient tous musars, quant, pour le songe de Cycero, ilz avoient toute jour musé et trassé la ville pour neant. (Bérinus, I, c.1350-1370, 417). Autre chose le vrai chief est, Autre le timbre qui sus est, Le chief se tient et se deffent, Et le timbre a .I. pou de vent Ou a .I. cop est abatu, Car en li n'a point de vertu Fors de cornes ou dens monstrer Pour les musars espouenter (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 249). Il estoit grans et lons et fors, Et plus vif c'un alerion, Et s'ot corage de lion. Trop le doubtoient Sarrazin, Qu'en li avoient mal voisin ; Entour li faisoit grant essart ; Je tieng celi pour trop musart Qui se metoit enmy sa voie Pour estre mors ; et toute voie Dieu, honneur amoit et vaillance ; Et si estoit nez de Provence. (MACH., P. Alex., p.1369, 73). Chascun me doit bien diffamer, Et apeller fole musarde. Tant ay mal que l'eure ne garde Que perde vie. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 37). ...le bon homme se repentoit et se reputoit pour musart de ce qu'il avoit commaincie la querelle. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 498). Comment, dist-elle, sire musars, estes vous si despiteux que vous ne me daigniez respondre ? (ARRAS, c.1392-1393, 24). Par foy, dist cil qui fu fier et escoux, damp musart, avant fauldra bien que nous saichons qui vous estes, que nous retournissions pour vous. Par foy, dist Gieffroy au grant dent (ARRAS, c.1392-1393, 200). Mais je vueil avoir le corps de vous pour moillier. Et lors que la dame l'entendy parler, si fu moult courroucee, et lui respondy en hault : Par foy, sire, fol musart roy, a ce don avez vous failly. Demandez autre chose, car cestui ne aurez vous pas. (ARRAS, c.1392-1393, 305). ...comme suis je folle et musarde de pencer aux rassis maintiens d'Alixandre (Cligès C.T., 1455, 77). ...il creoit fermement qu'elle en luy son cuer et amour avoit ; comme font ces quoquars et musars qui tiennent et cuident que telles femmes paillardes les ayment pour ce que leurs amys les appellent et par devant leur font le beau beau, et en derriere le syzeau (Nouvelles inéd. L., p.1452, 40). Qui fait ainsi muser musars ! Se n'est pas engin de busars Qu'avoir tel art et stile en teste. ["Qu'est-ce qui fait ainsi les sots perdre leur temps"] (Pipée R., c.1470-1480, 169). LEVIATAN [un diable]. (...) Car il nous fault en verité Aussi toust que aurons tempté Ung homme quant le trouvons fol Que tantoust luy rompons le col Adonc ferons sambler musart Ihesu crist car il sera tart Du repantir après la mort (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 76). LA TROMPETE. (...) J'ay si tresbien escornyflé Qu'il fault deslascher mon pourpoint. LE PERE. A quel propos songe tu en ce poinct ? Qu'as tu mengé ? Pourquoy es tu musart ? Ne te veulx tu mectre aultrement a point Et pourchasser desormais ton hazart ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 159).

 

-

[D'un comportement, d'un sentiment...] "Irréfléchi, sot" : Ceulx donques qui par lor lettreure Tendent a avoir glore vaine Ou a quelque chose mundaine Lor amour est fole et musarde, Et pour ce mie ne les garde Lor scïence d'iniquité, Quant a savour de charité N'ont ordené leur appetit (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 104). On ne doit pas croire ses songes. Raisons est que tu la veÿsses Ainçois que d'elle(s) te plaingnisses ; Et s'en bon estat la trouvoies, De li plaindre te dev[e]roies, Car amans qui se plaint a tort A cuer rude, nice et entort. Esveille toi et la resgarde, Car t'amour n'est pas si musarde Qu'elle jamais rien te deïst De quoi le contraire feïst. (MACH., Voir, 1364, 492). Si gard que parolle N'en tiengne, ou trop musarde et folle S'en pourra trouver, quant si ose Est qu'elle cuide qu'il repose D'y aler (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 98). Vouloir sans vueil et sans gré consentir, Crainte hastive, Seure päour, hardïesce craintive, Desir forcé et force volentive, Advis musart, muserie soubtive, Clarté obscure, Loyal meschief, desloyale droitture... (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191).

C. -

"Frivole, libertin" : L'ENNEMI. Fole musarde deputaire, Qui brisié as ton mariage, As tu pris cest abit sauvage ? (Mir. Theod., 1357, 94). Amours scet bien ses biens abandonner Aus fins amans qui sont en son hommage ; Et les mauvais qui n'ont cure d'amer Et font semblant d'estre en son dous servage Comme musars leur fait paier musage, N'il n'aront ja merci, je n'en doubt mie : Telle est d'Amours la noble signourie. (MACH., L. dames, 1377, 102). Mais que doit faire la sage jeune femme qui cheoir ne veult en blasme, et qui bien est avisee que de telle amour ne puet venir que tout mal prejudice et deshonneur, par quoy nulle voulenté n'a d'entendre a tieulx museurs, et ne veult mie faire comme aucunes musardes a qui trop bien plaist que on les poursuive par grans semblans, et leur semble belle chose de dire : je suis amee de plusieurs, c'est signe que je suis belle et que il a en moy assez de bien (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/48 
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     MUSARDER     
FEW VI-3 musus
MUSARDER, verbe
[T-L : musarder ; FEW VI-3, 279b : musus ; TLF : XI, 1241a : musarder]

"Perdre son temps à des riens, musarder"

Rem. Ex. d'afr. ds T-L et TLF. Pas d'attestation ds la doc. du DMF
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 24/48 
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     MUSARDERIE     
FEW VI-3 musus
MUSARDERIE, subst. fém.
[GD : musarderie ; FEW VI-3, 279b : musus ; TLF : XI, 1241b : musarderie]

"Fait de perdre son temps" : Prise d'amer me rens a ty sans vilonnie, Car de foleur penser ce seroit musardrie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 163).

 

-

"Sottise" : Ne dis point que ce soit pour nulle couardie, Ains est pour l'amour Dieu ou li miens cors s'otrie, Car trop j'ai atendu, dont j'ai fait musardrie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 346). "Par foy, sire, dist il, vous ditez musardrie, Jourdains est .I. preudons et de gran signourie..." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 434).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 25/48 
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     MUSARDIE     
FEW VI-3 musus
MUSARDIE, subst. fém.
[T-L : musardie ; GD : musardie ; AND : musardie ; DÉCT : musardie ; FEW VI-3, 279b : musus]

"Sottise, folie" : Ne pensés pas que je vous die Que j'en rien tiengne a musardie Se j'aim ma douce dame gente, Car ce ne fu onques m'entente, N'onques mais si grant bien ne fis Ne tele honneur, j'en sui tous fis, Com de li amer entreprendre, Si que nulz ne m'en doit reprendre. (MACH., Voir, 1364, 288). Sus pensement fait bon avis avoir, Ou pensers n'est fors que grant musardie (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 79). Sire roy, dist Anthoine, c'est par vostre musardie et par vostre pechié, qui guerroiez les pucelles sans cause, et les voulez avoir par force. (ARRAS, c.1392-1393, 163). O hommes forvoiez du chemin de bonne cognoissance, feminins de couraiges et de meurs, loingtains de vertuz, forlignez de la constance de voz peres, qui pour delicieusement vivre choisissez a mourir sans honneur, quelle musardie ou chetiveté de cuer vous tient les mains ployees... ? (CHART., Q. inv., 1422, 10). Rougis pour ceste musardie... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 349).

Rem. Flor. Octav. L., t.1, c.1356, var. après 4343, musardrie ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.
 

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 Article 26/48 
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     MUSE1          MUSE2          MUSE3          MUSE4          MUSE5     
FEW XIX mauz FEW VI-3 musus
MUSE, subst. fém.
[T-L : muse1 ; GDC : muse2 ; AND : muse3 ; FEW VI-3, 246b : musa]

MYTH. "Chacune des neuf déesses qui présidaient aux arts libéraux, muse" : ...voulit le dit boys dedier et sacrer aus Camenez, c'est aus deesses de musique et de sapience que on appele les muses (BERS., I, 1, c.1354-1359, 21.3, 34). ...et les nimphes ou les muses ilz firent dieuesses des yaues et les diviserent selon la diversité des yaues (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, III.12, glose, f° 113d). ...selonc les poëtes il sont .ix. muses, desquelles parle en noble stille Fulgence (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.6.Ext.3, glose, f° 43b). Musique des Muses est dicte, Et fu premierement edicte Et trouvee de Tubal, qui Oncques jour ne la relainqui (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 116). Et le nom te vueil enseignier Des dames que tu vois baignier, A quoy ententivement muses : On les appelle les neuf muses. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 43). ...Dame Clyo, la premiere des Muses (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 50).
 

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 Article 27/48 
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     MUSE1          MUSE2          MUSE3          MUSE4          MUSE5     
FEW VI-3 musus
MUSE, subst. fém.
[T-L : muse4 ; GD : muse2 ; AND : muse1 ; DÉCT : muse4 ; FEW VI-3, 282a : musus]

MUS. "Musette (instrument à vent)" : Viële, guiterne, citole, Harpe, trompe, corne, flajole, Pipe, souffle, muse, naquaire, Taboure, et quanque on puet faire De dois, de penne et de l'archet Oy j'et vi en ce parchet. (MACH., R. Fort., c.1341, 146). Il ont musez et chalemeles (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 70). ...chans excercez par nostre voix humaine ou par aucuns instrumens faiz par l'art ou par engin humain, si comme sont vieles, psalterions et harpes, orgues, muses, fleutes, timbres, tabours, cimbales et moult d'autres instrumens qui a ces .IIJ. manieres peuent bien estre ramenez. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 70). ...il (...) entrerent dedens la ville a grant fuisson de menestrandies, de tronpes, de tabours, de claronchiaus, de muses et de canemelles (FROISS., Chron. D., p.1400, 852). Par devant les enfans demainent grant tintin Cornes, tronpes et muses sonnoient maint bacin (Ami Amile A., c.1400-1500, 37). Ma muse te aurés sans failly : Que est belle, bonne et certaine. (BOSCO, Jeu Neuch. M., c.1481-1503, 86). Puis Amphion (...) concorde Avesques Pan, qui ses muses accorde. (Cene dieux, c.1492, 108).

Rem. FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 2642 ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1062/287.

 

-

Muse d'Aussay (d'Alsace) : Cornemuses, flajos, chevrettes, Douceinnes, simbales, clochettes, Tymbre, la flaüste brehaingne, Et le grant cornet d'Alemaingne, Flajos de saus, fistule, pipe, Muse d'Aussay, trompe petite, Buisines, eles, monocorde Ou il n'a c'une seule corde, Et muse de blef tout ensemble. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Cornemuses et chalemelles, Muses d'Aussay, riches et belles (MACH., P. Alex., p.1369, 36).

 

-

Muse de blé. "Cornemuse dont le soufflet est gonflé à la bouche grâce à un court chalumeau de paille" : ...Buisines, eles, monocorde Ou il n'a c'une seule corde, Et muse de blef (MACH., R. Fort., c.1341, 146). Guigues, rotes, harpes, chevrettes, Cornemuses et chalemelles, Muses d'Aussay, riches et belles, Et les fretiaus, et monocorde, Qui à tous instrumens s'acorde, Muse de blé, qu'on prent en terre, Trepié, l'eschaquier d'Engletere, Chifonie, flaios de saus. (MACH., P. Alex., p.1369, 36).
 

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     MUSE1          MUSE2          MUSE3          MUSE4          MUSE5     
FEW VI-3 musus
MUSE, subst. fém.
[T-L : muse3 ; GD : muse1 ; AND : muse4 ; DÉCT : muse3 ; FEW VI-3, 279a : musus]

"Perte de temps"

Rem. Chasse am. W., a.1509, 6363.

 

-

Faire (la) muse. "S'attarder, perdre son temps" : LA CHAMBERIÉRE. (...) Ma dame, se jamais voulez Veoir vostre fille, venez A la recluse. LA MÉRE ANTHURE. Di que je vois sanz faire muse (Mir. st J. Cris., c.1344, 304).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

 

-

Faire attendre qqn à muse. "Faire attendre qqn en vain" : Jeunece plus ne t'excuse Senecte cedens intruse. Se m'as fait atendre a muse, Jam non cedit tempus muse. Ren[t] qu'as promis, ne refuse Aut erit tibi confuse. Fouls est qui de moi se ruse Nec satisfacit deluse. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 62).

 

-

(Faire) payer la muse. "(Faire) payer la perte de temps" : LE CHEVALIER. Haro ! je croy que le pouoir De Dieu est du tout mis au nient Quant celle que j'atens ne vient, Ou je ne say s'elle me ruse Pour moy faire paier la muse Ci toute nuit. L'ESCUIER. Vraiement, mon seigneur, je cuit Qu'elle se soit de vous moquée (Mir. nonne, 1345, 326). THEODORE. (...) Vous estez, je croi, hors du senz, Qui requerez c'on vous ahonte. (...) LA FILLE. Theodore, je vous affi Que je ne l'ay dit que par ruse, Pour vous faire paier la muse Se je pouoie. (Mir. Theod., 1357, 98).

 

Rem. Semble, dans ces deux cont., équivaloir au fr. mod. se payer la tête de qqn. Synon. de payer le musage, v. musage : DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 89.

 

-

Bailler/servir de la muse à qqn. "Se jouer de qqn, lui débiter des balivernes" : Bien me baille mon ami de la muse Qui ensement sur mon honneur s'excuse. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 127). Ne me servez point de la muse : Comptez moy le fait tout au cler. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1038).

 

-

Souffler à la muse. "Perdre son temps"

 

Rem. Chasse am. W., a.1509, 3691.

V. aussi musage
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 29/48 
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     MUSE1          MUSE2          MUSE3          MUSE4          MUSE5     
FEW XIX mauz FEW VI-3 musus
MUSE, subst. fém.
[T-L : muse2 ; GD : muse5 ; FEW XIX, 126a : mauz ; FEW VI-3, 275a : musus]

"Pomme de paradis, banane" : Avec ce y a si beaux jardins comme l'en pourroit deviser, et sont peuplés d'arbres portans fruit de paradis terrestre, lequel fruit l'en appelle selon l'usage du pays "muse" ; et est vray que ce vous coppés cellui fruit au travers en .X. coppons ou en plus ou en moings, tousjours y verrés vous l'empraintte du Crucify figurée en chescun cospon. (Voy. Jérus., c.1395, 38). Muses. Ce sont fruitz qui ressemblent a fruitz que l'en appelle citrules, et les appellent aucuns pommes de paradis, et croissent oultre mer (Grant herb. C., c.1450, 137).

REM. Cf. R. Arveiller, Mél. H. Naïs, 1986, 3-10.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 30/48 
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     MUSEAU     
FEW VI-3 musus
MUSEAU, subst. masc.
[T-L : musel1 ; GDC : musel ; FEW VI-3, 277a : musus ; TLF : XI, 1247b : museau]

A. -

"Figure, bouche de certains animaux, museau" : Quant ilz [les éléphants] la grant chalour sentirent [des statues en cuivre imitant des soldats et remplies de feu], Leurs dens feroient la endroit, La chaleur es dens leur entroit ; Quant ilz feroient es fourniaulx, Si s'ardoient tous les musiaulx. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 143). Li motton paissent l'erbe, en furquant du musel, Trestout se sont espars contre val le praiel ; Pasturant vont sous l'erbe li petit moutoncel (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 10). Et le lion qui estoit demourez avoit si grant duel de son compaignon qui estoit mehaingnez, qu'il bruyoit et escumoit de fin aïr, et s'aherdi a Aigres tellement que pou s'en failli qu'il ne l'abatit. En la fin Aigres le fery si durement que il lui coupa tout le musel jusques aux yelx et l'un des piez jusques au genoul (Bérinus, I, c.1350-1370, 317). "...une truie (...) avoit ung musel long et agu et tout affamé." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 180). Elle marchande, elle a sa part De tout ce qu'om vent et achate ; Elle est plus glote que la chate, Qui boute par tout son musel. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 119). Le levrier de quoy j'ay parlé, qui touz jours estoit avec le roy Apollo, quant il vit que on eut geté son seigneur en la riviere, il sailli aprés et fist tant aux denz qu'il tira son seigneur hors de la riviere, et fist une grant fosse aux ongles, et aprés y mist son seigneur, et le couvri aux ongles et au musel au mieulz qu'il peüt. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 108). [Autres ex. passim] Et cedict jour, vindrent autour de nostre navire plusieurs grans poissons qui getterent le museau hors de l'eau, comme gros pourceaulx (Voy. Jérus., c.1395, 40). Et adonc la beste print l'enfant a son musel, si entra ens et se coucha devant luy et fist tant par son engin que l'enfant ot sa mamelle en sa bouche. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 83). Cul de femme et museau de chien Si sont tousjours froiz comme glace. (Menus propos P., 1461, 108). En servelle de chat qui hait pescher, Noir et si viel qu'il n'ait dent en gencyve, D'un viel matin qui vault bien aussi chier, Tout enraigé en sa bave et sallive, En l'escume d'une mulle poussive Detrenchee menu a bons cyseaux, En eaue ou ratz plungent groins et museaux, Regnes, crappaulx et bestes dangereuses, Serpens, laissars et telz nobles oiseaux, Soient frictes ces langues ennuyeuses ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 114). Qui jamais ne voeult perdre ung bon chat quant on le a tel, oindre lui couvient de bure le museau et les quatre pattes par trois jours, et jamais de l'hostel ne s'en fuira. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 137). Jason gecta sa lance contre les beufz et mit la main à l'espée, et, en soy combatant, luy souvint que Medée luy avoit donné une fiolle pleine d'aucune liqueur ayant telle vertu que, au moyen de ladicte liqueur, il pouvoit lesditz beufs matter et subjuger et esteindre leur ardent feu, qui luy nuysoit fort. Si print la fiolle et gecta la liqueur contre les museaulx desditz beufs, et prestement ilz se rendirent domptez, veincus et matez (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 358). J'avoye ung cheval extrèmement las, vieil cheval. Il beut ung sceau plain de vin. Par aucun cas d'aventure, il y mist le museau. Je le laissay achever : jamais ne l'avoye trouvé si bon ne si fraiz. (COMM., I, 1489-1491, 37). Quant ilz furent joinctz, celuy qui avoit esté sur l'arbre demanda à son compaignon par serment ce que l'ours luy avoit dit en conseil, qui si long temps luy avoit tenu le museau contre l'oreille ; à laquelle demande luy respondit : "Il m'a dit que jamais je ne marchandasse de la peau de l'ours jusques ad ce que la beste fust morte." (COMM., II, 1489-1491, 21).

B. -

Fam.

 

-

"Figure, visage (d'un homme, du diable)" : Point n'arez a mary le conte desloyel, Car dusquez au menton a fendu le musel (Hugues Capet Lab., c.1358, 108). ...Leur cul monstrent et leurs museaulx Cueuvrent, qui a descouvrir font ; Et par ainsis ces gens nouveaulx Leur propre nature deffont. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 195). Je ly barray sur son museaul, De par le diable, sa la peaul ! Mon varlet me fault pour souffler, Car ce lourt villain bourranfflé, De traïson c'est entremis, Jamés n'an sera mon ami (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 203). CERBERE [un diable]. (...) J'en crieve de dueil et d'ayr, Tout le cuer du ventre me tremble A peu que je ne m'en estrangle Par mon sanglant crapaut musel. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 92). BROYEFORT. Nous sommes cinq, comme il me semble, Messeigneurs, comptez a vostre aise. GRIFFON. Tu n'en es point, ne te desplaise : Tu as ung peu trop lourd museau. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 341). M'ame, tu y seras trainee, Avant vieille, passez avant, Vous recev(e)rez ce passe avant Et tant moins sur vostre museau. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33). ...Vois tu cest oeul esbourbelé, Ce rechingnet, ce reboulé, Ce lait musel, ce narinart, Ce crochu bochu, ce hinart Et celle tigneuse caboce ? C'est Riagal de Papagoce (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 232). SATHAN [à Lucifer]. (...) Et, quant je vis ceste hideur, Je cheuz le museau contre terre (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1039). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 25502]

 

-

"Bouche" : ...Et puis prenoient [les ouvriers] le bacin, A deux mains, plain d'eaue et buvoient A plain musel, tant qu'ils povoient. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 38). ...Esopet ja n'en mengera : Il est trop saffre de museau. Repaisse du pain et de l'eau(e), S'il veult (Coust. Esop. T., c.1500, 165).

 

-

[Comme terme d'injure] : M'as tu frappé, ord vil museau, La croix bieu, je le te rendray... (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 31/48 
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     MUSEAU DE BOEUF     
FEW VI-3 musus
MUSEAU DE BOEUF, subst. masc.
[FEW VI-3, 277b : musus]

"Ustensile de cuisine" : Nycolas Remon, demourant à Meleun, pour ferrer de neuf 1 museau de beuf et rapareiller une puisète, et mettre pluseurs pièces en II chauderons dudit office (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 72). Guillaume de Laigny, demourant à Paris, aideur de cuisine et meignen, pour appareiller d'arain X paelles à boux, II paelles à queue, I chauderon moyen à potaige, le museau de beuf, et pour ressouder une broche de fer (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 227).
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 32/48 
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     MUSELER     
FEW VI-3 musus
MUSELER, verbe
[GDC : museler ; AND : museler1 ; FEW VI-3, 278a : musus ; TLF : XI, 1249a : museler]

"Mettre une muselière à (un animal)" : Et le furon doit estre enmuselé [var. muselé] quar autrement il occiroit le connin dedanz [le terrier] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 228).

Rem. Cf. TLF.
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

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     MUSELET     
*FEW VI-3 musus
MUSELET, subst. masc.
[*FEW VI-3, 277b : musus ; TLF : XI, 1249b : muselet]

[Comme terme d'affection] "Petit museau" : Venez ça, venez muselet, Venez et faictes bonne chere. (P. Jouh. D.R., a.1488, 25).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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     MUSELIÈRE     
FEW VI-3 musus
MUSELIERE, subst. fém.
[GDC : museliere ; FEW VI-3, 278a : musus ; TLF : XI, 1249b : muselière]

"Muselière (en partic. comme partie de la bride)" : Buron, or la tiend fort [l'ânesse], beaul frere, Tiend la fort pour la museliere. Beaul filz, Jodon, monte dessus. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 155). ...let sont les gens qu'il mainne en guerre contrefaiz et non semblables aux autres, car ilz abayent comme mastins et hurlent comme toreaulx ; leurs visages sont aguz devant comme muselieres de chiens (Mabrien V., 1462, 216).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     MUSEQUIN1          MUSEQUIN2     
FEW VI-3 musus
MUSEQUIN, subst. masc.
[GD : musequin1 ; FEW VI-3, 25b : musus]

A. -

Dimin. de museau "Petit museau, minois" : Sang bieu, qu'el a le bec friant, Elle a (le) musequin bien plaisant Mais [vrayement] c'est grant dommaige Qu'elle va ainsi boyteusant, Car elle porte beau corps saige. (Sots mal., c.1480, 86). JOHAN. Helas ! quel petit musequin ! JEUNE AFFRICQUEE. Suis je des mignotes fringans ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 23).

 

-

[Comme appellatif affectueux, adressé à une femme] "Petit museau, minois" : Adieu, petit musequin, A Dieu soyez, ma popine. (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 8). Vous le sçaurez, doulx musequin, Vous le sçaurez, doulce trongnecte, Vous le sçaurez, ma mignonnecte (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 30). Clouez voz beaux vers rians yeux, Mon enfant, mon musequin doulx (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 283). Comment vous va, mon musequin ? Ou est monsieur vostre mary ? (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 312). Mon beau petit musequin doulx, Ouvrés nous l'uys, ma doulce amye. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 278). L'AMOUREULX. Acolés moy, mon musequin. Quant je vous voys, je suys transy. (Retraict T., c.1490, 211).

B. -

"Jeune homme ou jeune femme à la mode" : Que je voy porter brodequins A ces povres frans musequins Par dessus leurs chausses persees. (Rapp., c.1480, 59). SATHAN. (...) Ses musequins atout leurs papillotes, Leurs fanfrelluques et leurs grox culz bardez, Grans chapperons, cabinetz et callotes, Qui contrefont des sucrees mignotes, Auront leurs corps de grans dragons lardez (LA VIGNE, S.M., 1496, 221).

 

-

Au fém. : Il n'estoyt poinct sy grant besoing De de[scro]ter robe à vasquine Pour ma dame la mousequine, Ny de monsieur l'acoustrement, Qui chevauche en cuir seulement. O chamberieres bien faschés De veoir sy bien enharnachés Voz metresses de belle crote ! (Mère Ofic. T., c.1500, 106).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 36/48 
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     MUSEQUINET     
FEW VI-3 musus
MUSEQUINET, subst. masc.
[GD : musequinet ; FEW VI-3, 275b : musus]

Dimin. de musequin1 " Minois ; jolie personne" : Et avec ce, le petit page Qui me bailloit mon grant psaultier, Quant j'estoie dedens le monstier, Couvert de satin et d'ostade. J'alloie, je faisoie la voustade, Regardant ces musequinets Esmerillonnez, sadinets, Barbetans de leurs babinettes. Bibi, baba, tant de mynettes, Joindre les mains, lever les yeulx Droit au ciel, et puis entre deux, Oeilleter du coing en passant D'un oeil esveillé et perchant ; C'estoit une forte risee. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 362).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 37/48 
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     MUSER1          MUSER2     
FEW VI-3 musus
MUSER, verbe
[T-L : muser1 ; GD : muser ; AND : muser1 ; DÉCT : muser1 ; FEW VI-3, 279a : musus ; TLF : XI, 1250b : muser1/muser2]

I. -

"(Littér.) Rester là bouche bée"

A. -

"Perdre son temps, s'attarder, tarder"

 

1.

"Perdre son temps, rester sans rien faire" : Quart femme par son beal parler Fait bien saige musart [en musart] muser Par sa faulse sorselerie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 94). [autres ex., cf. gloss. de l'éd.] LE CHEVALIER. E ! doulce amie, en convenant M'aviez d'estre a moy venue : Par deux nuiz vous ay attendue Et a toutes deux musé ay, Dont j'ay esté en grant esmay (...). Pour Dieu, a moy dire vous playse Qui m'a ce fait que ne venistes Dès le convenant que me fistes Premiére foiz. (Mir. nonne, 1345, 330). Mon tresdoulz cuer, je vous envoie le chant du rondel ou vostre nons est (...). Si vous pri si chier que vous m'avés que vous le veilliez savoir, se vous poés. Et ne dittes a nelui comment vostre noms y est, car je n'en feroie plus par ceste maniere ; et laissiés muser les museurs [et laissez les oisifs perdre leur temps en cherchant inutilement]. (MACH., Voir, 1364, 572). Non ferez, car il est pour une Cure faire alé jusqu'au Pas, Si que, cousin, n'y alez pas : Vous museriez. (Mir. st Panth., 1364, 321). ...les advocas principaulx de ceans n'estoient pas ancores venus pour plaider leurs causes, jà soit ce qu'il fust desjà VIJ heures et demie, et que la Court eust fait appeller advocas, et estoit la Court en aventure de muser en attendant iceulx advocas (BAYE, II, 1411-1417, 2).

 

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. ; Chasse am. W., a.1509, gloss.

 

-

Muser à qqc. "Prendre son temps à qqc. ; s'attarder à qqc." : Et par ainsy il est trop bien possible selon ce que dit est que pour la forte ymaginacion et pour la grant attencion de l'ame que moult de fantasies et de apparicions se monstrent a lui sy clerement qu'il lui sera advis que ce soit proprement chose reele et vraie par dehors apparant en la fiole ou en son miroir, dont il ne sera riens selon la verité, ains sera tout en son ymaginacion et en sa fantasie seulement, si comme il apparroit assez legierement se un autre y musoit bien disposé de sens, car il n'y verroit riens (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 102). Or me couvient cy excuser Un petit, car ne puis muser A rimer, pour fievre soubdaine Qui m'a seurpris (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 155). S'ilz se vantent couchier soubz le rosier, Lequel vault mieulx ? Lit costoyé de cheze ? Qu'en dictes vous ? Faut il ad ce muser ? Il n'est tresor que de vivre a son aise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 117).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

 

2.

"S'attarder, flâner" : ...elle s'en revint à chiere joyeuse par devant le roy qui encores musoit (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 292). Et ainsi qu'il musoit en la ville, il vit ledit Jaques Reboutin emmi la rue, qui lui sembla estre riche homme et de grand estat (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 17). Il en dit toute verité ; Se vous allez ailleurs muser, Ilz fortiffieront leur cité De vivres comme vins et blez, Et manderont leurs allyez, S'enfforceront de jour en jour La ou se vous les susprenez. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 128).

 

3.

"Tarder" : Et je t'offre toute m'aïe, Com ta bonne et parfaite amie. Si ne dois pas ci tant muser Que tu la doies refuser ; Qu'on dit : "Qui ne fait, quant il puet, Il ne fait mie, quant il vuet ; Et le fer chaut, on le doit batre." (MACH., R. Fort., c.1341, 75). LA DAME. (...) Je n'attendoie fors que toy. (...) J'ay devant cest autel Musé grant piece. Est a l'ostel Ton maistre ? (Mir. enf. ress., 1353, 8). Dame, venez appertement A l'offrande ; trop longuement Muse le prestre : si offrez. C'est mal fait quant vous le souffrez Attendre ainsi. (Mir. femme, 1368, 227). Aussi fault-il, sans muser trop, Prendre dedens aucun syrop, Ou autre propre médicine À ce valant, plaisant et digne (LA HAYE, P. peste, 1426, 121).

 

-

Ne pas muser : Et quant je vi qu'a moy parla, Je fui honteus, si tressailli, Car mespris avoie et failli, Quant devant li venus estoie Et nulle riens ne li disoie, Si que tantost m'en excusai Mieus que pos, ne plus ne musay, Eins li dis toute la maniere, Comment je vins sus la riviere, Comment outre la traversay Eu batel et pas ne versay, Comment le lyon seur moy vint (MACH., D. Lyon, 1342, 186). Et quant elle vit mon message, Elle, com bonne, aperte et sage, Moult longuement ne musa mie, Ainçois fist comme bonne amie, Car en l'eure me volt rescrire Ces lettres que cy orrés lire (MACH., Voir, 1364, 92). LE CONTE [au messagier]. (...) Mon ami, se d'aler est temps, Mon frere me salüerez (...). LE MESSAGIER. Donques ne museray je mie. Mon seigneur, a vostre congié ! (Gris., 1395, 78). Aussi pren aprèz, et ne muses, De pouldres, qui sont précieuses, De dyanthos et de pliris, Electuaires de hault prix, Confitz o musc, comme l'art baille (LA HAYE, P. peste, 1426, 157).

 

-

Sans muser : Mais or me respon sans muser, Car encor la vueil excuser De ce que devant as prouvé Que tu l'as amere trouvé, Et ç'a demander m'a meü : Di, douquel tu as plus eü De li, ou de mal ou de bien ? (MACH., R. Fort., c.1341, 95). Aucuns y ot qui, sans muser Et sans conseil, li respondirent Par tel maniere et deïrent Que, par saint Pierre le martyr, Il se voloient departir, Et que tenir ne la porroient, Et pour ce plus n'i demourroient. (MACH., P. Alex., p.1369, 100). LE IIe SERGENT. Avec les autres sans muser Te convient venir, il est dit (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 157).

 

-

Faire muser qqn. "Retarder qqn, le faire attendre" : Egar ! je fais muser la hors Mes deux sereurs trop longuement ; Je vois a eulx hastivement. Mes seurs, pour sainte trinité, Se j'ay un poy trop demouré, Ne vous desplaise. (Mir. abbeesse, 1340, 66). Je pri à Dieu qu'il te peut mescheoir du corps, car tu m'as fait icy longtemps muser (Man. lang. G., 1396, 55). Allez le querir ; qu'on se haste ; Il nous feroit meshuy muser. Or sus, il vous fault delivrer. A luy, a luy, a luy, a luy ! (Roy sotz, c.1450-1500, 221).

B. -

"Se perdre dans ses pensées, sa rêverie, être absorbé sans ses réflexions, songer, réfléchir" : Lors fu en grant merencolie Comme cils qui pense et colie, Contrepense, estudie et muse, S'a certes estoit, ou par ruse, Ou se ses cuers einsi plaier Me voloit, pour moy essaier. (MACH., R. Fort., c.1341, 153). Si muse, pense et se retourne Et sa pensee en maint tour tourne, Mais riens n'i vaut le retourner : Il li couvient son cuer tourner Et sa pensee en autre tour, S'il vuet issir de ceste tour. (MACH., C. ami, 1357, 51). Einsi pense, muse et tournoie, Mais il couvient qu'a ce tour noie Les ydoles qui bestourné Ont son scens et si mal tourné Que ja sans mort n'en tournera, Se sa pais a ce tour ne ra. (MACH., C. ami, 1357, 51). Quant il ot merencolié, Pensé, musé et colié, Tant qu'il ne savoit mais que dire, Tantost fist une lettre escrire. Moult bien la seela et ploia, Et au gentil roy l'envoia. (MACH., P. Alex., p.1369, 228). Elle s'en revint à chière lie par devers le roy, qui encores pensoit et musoit fortement, et li dist : "Chiers sires, pour quoi pensés vous si fort ?..." (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 132). Quant li rois Edouwars eut oy le relation de ses deux mareschaus, si n'en fu mies plus liés ne mains anoieus. Et commença fort à muser et à merancoliier, et commanda que l'endemain au plus matin il fuissent tout, parmi son host, appareilliet. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 156). Or a li contes de Flandres, qui se tient ens ou chastel de Lisle, assés à penser et à muser, quant il voit tout son païs plus que onques mais rebelle à lui (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 243). SAINCT BERNARD. Nous debvons bien estre mal liez : L'archidyaque est trapassez. L'EVESQUE. A ce fayre sommes tous nez ; Il n'a remede ne excuse. Mes frere, maintenant, je muse, Puys que Dieu a fait son plesir Du bon seignieur, il fault furnir Son lieu d'ung aultre soffisant. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 109). ...si vous maintenez ceste folie, jamais vous n'arez bien et ne ferez que songer et muser (C.N.N., c.1456-1467, 177). Le pouvre mary, voyant sa femme ung peu muser et ententivement penser, et ne savoit a qui ne a quoy, la regardoit tresfort (C.N.N., c.1456-1467, 184). Si fut plus esbahy qu'on ne vous saroit dire, et se print a muser et largement penser (C.N.N., c.1456-1467, 266).

 

-

Muser à qqn. "Se perdre dans ses pensées, sa rêverie, en regardant qqn" : ...par devotes oroisons (...) et non mie en musant au pueple (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 325).

 

-

Muser à qqc. : Et la tiray par le pan dou giron. S'en tressailli, dont sa belle façon Coulour mua. Si respondi, que plus n'i arresta, Et durement envers moy s'escusa De son penser a quoy elle musa. Et li enquis Pourquoy son cuer estoit einsi pensis. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 115). Si osteras premierement Une sillabe entierement Au commencier dou ver onsieme Et une lettre dou disieme Pres de la fin ; la les saras [nos deux noms], Quant un petit y museras. Einsi les met, se Dieus m'aïe, Seulement pour la muserie. Et sces tu, quant on les sara ? Quant ma dame chevauchera. (MACH., C. ami, 1357, 2). Et le nom te vueil enseignier Des dames que tu vois baignier, A quoy ententivement muses (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 43). IMPERATOR. (...) Et saches que je les feray Morir [les chrétiens] d'une mort tres honteuse (...) Puisque je y devroe muser Ung jour au deux hardiemant trois Je te certiffie touteffois Qu'il la comparront cheremant Car femme ne home vrayment N'echappera que mort ne preignye (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 56).

 

-

Muser à/de + inf. : ...pour pitié, ne me rusez N'a moy rigoler ne musez (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 65). L'EVESQUE. Mes seignieur, vous veé le reffus De Bernard, que ne vuel entrer En dignité [d'archidiacre]. LE PREMIER CHANOYNNE. Il fault muser D'en fayre ung aultre, puis que ly N'y veut entendre, dont je suis Bien esbaÿ et mal content. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 111).

 

-

Muser sur qqc. : Lors musa Gieffroy grant temps, tant sur le tablel comme sur la beauté du lieu (ARRAS, c.1392-1393, 266).

 

-

Muser + interr. indir. : Seez vous ci sanz plus ruser, Et je vueil penser et muser Par quelle voie miex l'aray Ou se bel a li parleray, Ou autrement. (Mir. st Ign., 1366, 89).

 

-

Inf. subst. Le muser de qqn. "Les réflexions que se fait qqn, les pensées intérieures de qqn" : Et pour ce que merencolie Esteint toute pensée lie, Et aussi que je bien vëoie Que mettre conseil n'i pooie, Et que, s'on sceüst mon muser, On ne s'en feïst que ruser, Laissay le merencolier Et pris ailleurs a colier, En pensant que s'a Dieu plaisoit Qui pour le milleur le faisoit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 141). Au roy s'en vint grant aleüre, Qui pensoit fort a l'escripture, Et lors li dist moult hautement : "Bons roys, vif pardurablement ! Tu ne dois mie einsi penser. Lay ton muser, lay ton penser, Car il a un homme en Caldee Par qui tu saras ta pensee. Il a la science des dieus, Si te dira dont vient tes dieus Et de la main la vision.." (MACH., C. ami, 1357, 27). ...nulles larmes des plourans n'estoient si agues comme estoit desconfortable son muser qui le murtrissoit [le duc de Bourgogne devant son fils gravement malade] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 142).

II. -

[Du cerf] "Entrer en rut" : Et illeuc demeurent [les cerfs], qui ne leur fera annuy, toute la saison jusques a la fin d'aoust. Et lors commencent a muser et a penser et eschaufer, a errer et remuer de la ou il auront demouré toute la sayson pour aler querir les bisches. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 60).

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 70, 13.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 38/48 
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     MUSER1          MUSER2     
FEW VI-3 282a musus
MUSER, verbe
[T-L : muser2 ; GD : muser2 ; FEW VI-3, 282a : musus]

A. -

"Jouer de la musette" : Chanter, corner, lirer, muser... (Pastor. B., c.1422-1425, 41).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 210 ; CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 5891 (T-L VI, 458).

 

-

Inf. subst.

 

Rem. WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 79/2 ("musique").

B. -

P. anal. "Péter" : LE VILLAIN. Voy te cy mon cu ! Or il muse. Que vuel tu plus que je te dye ? ARRANT. Villain, Jupiter te mauldie ! Té nous a bien cy refardés Par divers motz entrelardés. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 22).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 39/48 
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     MUSERESSE     
FEW VI-3 musus
MUSERESSE, adj. et subst. fém.
[GD : museor2 (museresse) ; FEW VI-3, 280a : musus]

"(Celle) qui muse, étourdie, sotte" : Et desservir avant vous fault Les biens d'amours a grant destrece, Et souffrir le froit et le chault, Que vous en aiez tel largece ; Bien me tendriez a musarresse, Vous meismes me devriez blasmer, Sire, de si tost vous amer. (CHR. PIZ., Cent balades, éd. M. Roy, début du 15e s., 70).

 

-

Foire museresse. "Foire où l'on s'amuse"

 

Rem. Doc.1411 (Aller a la foire museresse ...pour chanter et danser) ds GD V, 455c.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 40/48 
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     MUSERIE     
FEW VI-3 musus
MUSERIE, subst. fém.
[T-L : muserie ; GD : muserie ; AND : muserie ; FEW VI-3, 279b : musus]

"Fait de muser (muser1), baliverne" : La leur fais je vëoir baleurs Gieus de bastiaus et de jugleurs, Gieus de tables et d'eschequiers, De boules et de mereliers, De dez (et), d'entregeterie Et (de) mainte autre muserie (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 210). Si osteras premierement Une sillabe entierement Au commencier dou ver onsieme Et une lettre dou disieme Pres de la fin ; la les saras [nos deux noms], Quant un petit y museras. Einsi les met, se Dieus m'aïe, Seulement pour la muserie. Et sces tu, quant on les sara ? Quant ma dame chevauchera. (MACH., C. ami, 1357, 2). Si commenceray sans delay, Mais qu'aie nommé a delivre Celui pour qui je fais ce livre, Et mon nom aussi, car sans faille, Il n'est pas raison qu'a ce faille, Car j'y sui contreins et tenus Et oubligiez trop plus que nus, Qu'amours fine le me commande, Et deduis vuet que j'y entende ; Et toutevoie ne vuet mie Deduis nulle grant muserie. Avec mon cuer y ha bon gage, Car mes corps en est en ostage, Qui jamais jour ne cessera Jusques atant que fais sera. (MACH., F. am., c.1361, 144). Or me couvient ce roy nomer, Qui est venus d'outre la mer, (...) Et se je l'ay mis autrement Et le mien, au commancement De ce livre, par tel maniere : "Adieu, ma vraie dame chiere, Pour le milleur temps garde chier, Honneur à vous qu'aim sans trichier !" C'est pour ce que chascuns n'a mie Scens de trouver tel muserie. De Chipre et de Jherusalem Fu roys : Pierre l'appela l'em. (MACH., P. Alex., p.1369, 43). Vouloir sans vueil et sans gré consentir, Crainte hastive, Seure päour, hardïesce craintive, Desir forcé et force volentive, Advis musart, muserie soubtive, Clarté obscure... (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191). ...ung basteleur qui estoit venu au dedans de la barrière de la dicte forteresse, lequel faisoit agenoillier les bonnes gens devant lui et leur preschoit plusieurs gabuseries et museries (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 99).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 366.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 41/48 
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     MUSETTE1          MUSETTE2     
FEW VI-3 musus
MUSETTE, subst. fém.
[T-L : musete ; GDC : musette ; AND : musette1 ; FEW VI-3, 282a : musus ; TLF : XI, 1251a : musette1]

A. -

MUS. "Petite cornemuse, musette (instrument de musique champêtre)" : LE SECONT BERGIER. (...) j'en ay grant joye [que Griseldis retrouve ses enfants et sa place de marquise]. (...) Et pour ce, par grant reverie, Ma musette accorder feray, Et avecques toy y diray, S'aidier me vuelt ceste tousette, Une amoureuse chançonnette. (Gris., 1395, 100). ...je vous prie pour Dieu (...) que je puisse jouer une chanson de ma musette (C.N.N., c.1456-1467, 452). À Didier, varlet de garde-robe (...) Pour une musette et ung jeu de fleuttes que le roy a donné à Jehan Loys, paige du maistre d'ostel Honnoret de Fos (Roi René vie L., 1476, 368). ...Faillon, qui joue de la musète (Comptes roi René A., t.3, 1478, 72). Ma musette y sera portee De quoy je luy feray present. (BOSCO, Jeu Neuch. M., c.1481-1503, 79).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 40, 89.

 

-

[Plaisanterie grivoise] Raccorder sa musette : ...sans plus dire [le mari qui, pourtant, vient de surprendre sa femme en flagrant délit d'adultère] tire l'huys et s'en va. Et bonnes gens de raccorder leurs musettes, et de parfaire la note encommencée. (C.N.N., c.1456-1467, 433).

B. -

JEUX "Pièce du jeu de babouin" : ...ung jeu de babouyn, à XIII musetes d'argent (Comptes roi René A., t.1, 1477, 326).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 42/48 
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     MUSEUR1          MUSEUR2     
FEW VI-3 musus
MUSEUR, subst. masc.
[T-L : musëor1 ; GD : museor2 ; FEW VI-3, 279b : musus]

"Celui qui muse, qui est oisif" : Mon tresdoulz cuer, je vous envoie le chant du rondel ou vostre nons est (...). Si vous pri si chier que vous m'avés que vous le veilliez savoir, se vous poés. Et ne dittes a nelui comment vostre noms y est, car je n'en feroie plus par ceste maniere ; et laissiés muser les museurs. (MACH., Voir, 1364, 572). Mais que doit faire la sage jeune femme qui cheoir ne veult en blasme, et qui bien est avisee que de telle amour ne puet venir que tout mal prejudice et deshonneur, par quoy nulle voulenté n'a d'entendre a tieulx museurs, et ne veult mie faire comme aucunes musardes a qui trop bien plaist que on les poursuive par grans semblans, et leur semble belle chose de dire : je suis amee de plusieurs, c'est signe que je suis belle et que il a en moy assez de bien (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 43/48 
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     MUSEUR1          MUSEUR2     
FEW VI-3 musus
MUSEUR, subst. masc.
[T-L : musëor2 ; GD : museor1 ; FEW VI-3, 282a : musus]

"Celui qui joue de la cornemuse, de la musette"

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 241.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 44/48 
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     ORGEMUSE     
FEW VI-3 musus
ORGEMUSE, subst. fém.
[]

"Coup" : Et toy, di, taille bien m'espée ? Es tu de m'eschaper engrès ? Tien cela, passe, va après. Et toy, tien, pren celle orgemuse ; Avecques vous me jeue et ruse. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 24).

REM. C'est la trad. que donne F. Bonnardot ; le cont. montre, en effet, Robert le Diable s'en prenant violemment aux ermites d'un ermitage que sa bande met à sac.
 

DMF 2020 - Miracles Pierre Kunstmann

 Article 45/48 
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     PATRIMUSE     
FEW VI-3 musus
PATRIMUSE, subst.
[GD : patrimeuse ; FEW VI-3, 279b : musus]

"(Mine de) marmotteur de patenôtres" : Quel patremuse ! Voyse ailleurs faire la grimace ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 141). Tu frappes si fort qu'il en seigne. Roullart, garde sa patrimuse [var. patrimeuse (GD)]. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 328).

REM. Patri- vient de patrenostre.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 46/48 
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     RAMUSÉ     
FEW VI-3 musus
RAMUSÉ, adj.
[T-L : remusé ; GD : ramusé/remusé ; FEW VI-3, 276a : musus]

"Au nez camus" : ...bien ay empenssé De veer mariage et puis prendre casté, Ainschois que ja euisse un tel roy espousé, Lait et viel et hideux, fronchiet et ramuzet (Flor. Rome W., c.1330-1400, 146).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 47/48 
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     RAMUSELER     
FEW VI-3 musus
RAMUSELER, verbe
[GD : ramuselé ; FEW VI-3, 278b : musus]

I. -

Empl. trans. "Retailler (les aluchons)" (Éd.)

 

Rem. Doc. 1398. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 843.

II. -

Part. passé en empl. adj. [Du nez] "Camus" : Il est bochu devant et derierre, il a la bouche tortue, le nez ramuselé, les yeulx moult grans et esrailliés (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 76).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/48 
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     REMUSELER     
*FEW VI-3 musus
REMUSELER, verbe
[*FEW VI-3, 278b : musus]

"Retailler (les alluchons), remettre au pas" (Éd.)

REM. Doc. 1399. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 856 («Est-ce un dérivé de musus (...) ou faut-il associer le v. au west-flam. muzeel, qui est lui aussi apparenté à musus et qui désigne le tranchant en biseau d'un ciseau ?»).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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