C.N.R.S.
 
Famille de consuetudo 
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 Article 1/35 
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     ACCOUTUMABLE     
*FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMABLE, adj.
[AND : acostumable ; *FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Qui s'acquiert par une pratique habituelle" : De la maison foldelitable, Au leccherie acoustummable, Ce dist dieus, 'Je destruierai Le septre et tout anientirai, Q'onour ne joye n'y lerrai, Ainz trestout bien fray descheable'. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 111).

REM. Cf. aussi : Et se boneürtés n'estoit mie dons de Dieu sans moiien, mais ele fust ens ès gens par vertut, si con chose acoustumable, u par doctrine si con chose aprendable, u par aucune exercise, toutevoies si sanle bonne eürtés estre chose divine : car comme ele soit li loiiers et li fins de vertu, il convient k'ele soit bonne et très-bonne et divine chose. (ARKEL, Art d'amour P., t.2, c.1350, 260). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Jean-Loup Ringenbach

 Article 2/35 
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     ACCOUTUMANCE     
FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMANCE, subst. fém.
[T-L : acostumance ; GD : acostumance ; GDC : acoustumance ; AND : acustumance ; DÉCT : acostumance ; FEW II-2, 1091b-1092a : consuetudo ; TLF : I, 442b : accoutumance]

I. -

"Habitude"

A. -

"Manière habituelle d'un individu d'être, de sentir, de se comporter..., acquise volontairement ou non" : Acoustumance est forte a transmuer pour ce que elle ensuit nature et li resemble (ORESME, E.A., c.1370, 399). Pour miex entendre cest livre l'en doit savoir que science morale est pour reguler les operations humaines voluntaires et pour adrecier les a bien et a vertu. Et de ceste science .III. parties. Une est dicte ethique, de ethos en grec, qu'est meurs ou acoustumance (ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 807). Quant voir dit [le menteur] d'aucune aventure, On ne le croit, car sa nature Ou longue accoustumence croire Fait aux gens qu'il ne saroit voire Chose dire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 49).

 

-

Accoustumance de + inf. : Einsi deveroit amans faire Qui averoit en son affaire Tendu la prise de maniere, Tant en bel samblant comme en chiere, Drecie emmy acoustumance De porter adès reverence A sa dame especiaument (MACH., D. Aler., a.1349, 267). ...les autres sont empeschiez par habondance de vices et de mauvaise vie, et par deffault de bonne doctrine, et par acoustumance de ouyr mauvaise doctrine (GERS., Trin., 1402, 153). Ce chaint sera de magnanimité Que l'on constrint par force de couraige ; Il sera noir pour monstrer fermeté Contre les vices et leur auctorité Mectant pechié soubz les pietz en servaige. La ferrurë et l'or fin et l'ouvraige Signifie la riche ascoustumance D'avoir vertu tousjours en souvenance. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 26).

 

-

Accoustumance de + subst. : O tresredoutable et perilleuse acoustumance de voluptez et d'aises O envieillie et enracinee norreture de pompes et de delices (CHART., Q. inv., 1422, 14).

 

-

Loc. adv.

 

.

Par accoustumance. "Par habitude" : Beau filz, mieulx vault faire silence Que promettre ; li homs s'afole De mentir par acoustumance : Tien toudis vraie ta parole. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 127). Le Deable est philosophe : il scet l'estat et la maniere d'omme et sa complexion, et en quel vice il est plus enclin, ou par nature ou par acoustumance, et d'icelle partie il assault plus fort : le colorique de ire et discorde, le sanguin de joliveté et de luxure, le fleumatique de gloutonnie et de paresce, le melencolieux d'envie et de tristesse. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 41).

 

.

Par la force d'accoustumance. "Par la force de l'habitude" : Neron lui portoit reverence [à Sénèque] Par la force d'acoustumance, Quant son maistre vëoit venir. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 30).

 

-

Loc. verb.

 

.

Avoir qqc. d'accoustumance. "En avoir l'habitude" : Quant les biens, qui sont en la ronde, Sont miens, et je [Fortune] les donneray Par grant largesse, dont j'abonde, Et aprés je les reprandray, Certes, a nul tort ne feray. Qui esse qui m'en blamera ? Je l'ay ainsi d'acoustumance. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 177).

 

.

Estre d'accoustumance à qqn. "Être habituel à qqn" : S'on rit, pleurer lui est d'acoustumance ; S'il peut, a part se met le plus souvent, Afin qu'a nul ne tiengne parlement (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 313).

 

.

Prendre accoustumance de + inf. "Prendre l'habitude de" : ...le curé avoit prins accoustumance d'aller estaindre le feu en son hostel comme paravant la defense. (C.N.N., c.1456-1467, 441).

 

-

Prov. : Acoustumance est moult poissant (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 2). Pour ce que grant chose est d'acoustumance Quant on la prant et poursuit des s'enffance Dure chose est qu'om se puist retenir De la laissier (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 203).

 

-

[Sens moral]

 

.

Bonne accoustumance. "Accoutumance au bien, persévérance dans le bien" : Ne te complains point doncques, o ame devote, des commandemens de ton amy, qui moult te seront legiers se parfaictement tu l'aymes (...) Et bonne acoustumance les te fera doulz et plaisans (GERS., Concept., 1401, 413).

 

.

Mauvaise / meschant /, male accoustumance. "Accoutumance au mal, persévérance dans le mal" : L'en peut afflictions charnelles Par la tenre [le brou de noix] taignant entendre, Par l'escale froisser ou fendre Rompre malvaise acoustumance. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 120). Desobeyssance l'envelope [l'âme] du linceul et du lien de mauvaise acoustumance. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Il n'est chose plus dangereuse que de user et perseverer en sa propre volunté maulvaise et meschante acostumance et ne s'en vouloir corriger (Trés. sapience G., a.1400, 358). Sy doivent toutes personnes les pechiez fuyr et mauvaise acoustumance car malice empesche a congnoistre Dieu et verité (GERS., Trin., 1402, 153). Tristifer en nes ung bien n'oevre, Ainchois s'acoustume en male oevre. Mais tres grant peril sans doubtance Y a en male acoustumance. (Pastor. B., c.1422-1425, 76). Et ainsi, sans autre confession, trespassa de ce siecle, ainsi parlant pour la mauvaise accoustumance dont il avoit en son temps usé et pour laquelle souvent les mauvais juges et advoctaz, a l'heure extreme et qu'ilz ont a faire de la plus grande sapience qu'ilz oncques eurent, meurent plus empeschiez du fait de leurs negoces acoustumees que de penser a faire le salut de leurs ames (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 197).

 

.

Retourner à ses premières accoustumances. "Retrouver ses mauvaises habitudes antérieures" : ...[les hommes] retournent des qu'ilz se sentent quelque peu deschargiez a leurs premieres acoustumances comme le chien a son vomissement. [Réf. biblique : Prov. XXVI, 11] (CHART., Q. inv., 1422, 50).

 

.

[Dans un cont. jur.] "Récidive" : Mais s'elle en tuoit ung autre, elle seroit arse pour ce que ce seroit acoustumance, selonc droit escript ou code (Arch. Nord, c.1300-1400, B 13567, f° 62, IGLF).

B. -

"Coutume, usage d'une collectivité, d'un lieu" : Tu taulx aulx preudommes leur bien, A telz qui riens n'y ont dis : "Tien !" ; Tu fais noeufves acoustumances, Nouvelles loix et ordonnances ; Tu fais de vielz païs tous noeufs, Ne tu ne scez que tu te voeulx. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 151). Et pour faire l'acoustumance du paÿs, le comte le porta [le nouveau-né] au temple du dieu Mars et luy donna autel nom comme il avoit, c'est a dire Pedracus. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 406). Tant n'y sceurent regarder qu'ilz peussent voir que de droit deussent aucun treu, fors par usaige qui estoit une abusion et folle acoustumance. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 415). ...pour l'ouvraige que chascun emporte, il est tenu de rendre loier, et par especial les chevaliers lui doyvent envoier leur anel. (...) Chiere damoiselle, dist Benuicq, ceste acoustumance ne vueil je pas rompre, mais tant ayme mon anel que pas voulentiers ne le lairoie pourter en sus de moy que present ne fusse (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1069). Vous congnoissez l'accoustumance De ce pays, c'est assavoir Comme l'en fait mari avoir Es filles qu'on a mis ceans, Quant vient qu'ilz ont attaint les ans De pouoir recevoir mary. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 230).

 

-

Il est d'accoustumance. "Il est d'usage" : ...on ne leur voet faire raison par ceux de Franche, Ne aconplir justiche, sicomme est d'acoustumanche (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 397).

C. -

"Relation habituelle, familière, avec qqn" : Lors ne ferez pas long sejour De maint grant serement jurer Au contraire, car pour l'ardour D'amour que vouldrez savourer, Lui vouldrez trop faire plaisir [à votre amie]. Par lui vouldra Amours merir Vostre accoustumance premiere ; Celle seule pourrez servir, Autre de vous ne fera chiere. (Cent ball. R., c.1388-1396, 92). En ce lieu estoit mon filz avec ceulx qui amoyent Crisis, et tres souvent se donnoit garde du corps, tout triste, et aucuneffoiz plouroit, et touteffoiz cela me pleut bien, et pensoye ainsi : "Cest enfant pour cause d'un pou d'acointance et d'acoustumance porte la mort de ceste femme tant familierement ; que eust il fait s'il l'eust amee ?..." (RIPPE, Andrienne, a.1466. In : Chrestom. R., 208).

D. -

"Endurcissement, aguerrissement" : ...il est si mat, si las, si dompté du traveil et tourment de mesnage qu'il ne lui chault plus de chouse que sa femme lui die ne face, mes y est adurcy come ung veil asne, qui par acoustumance, endure l'aguillon, pour lequel il ne haste gueres son pas qu'il a acoustumé d'aller. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 27).

E. -

"Pratique habituelle ; capacité acquise par apprentissage, par répétition" : Et de telx principes l'en a la cognoissance en diverses manieres ; car les uns sont cogneüs par induccion, les autres sont cogneüs par sens, les autres sont cogneüs par accoustumance et les autres en autre maniere (ORESME, E.A., c.1370, 123). ...l'en peut plus et mieulx eschiver desactrempance par acoustamance, car chascun a en sa vie tres souvent et moult de occasions et de oportunitéz a ce, et peut faire telz acoustumances sens peril ; mais en paours et couardies il est au contraire. (ORESME, E.A., c.1370, 227). Mais autres gens sont qui conversent civilement et qui font oeuvres politiques par une puissance, c'est a dire, par un habit acquis par acoustumance plus que ilz ne les font par science. (ORESME, E.A., c.1370, 537). ...c'est assavoir, se felicité est eüe par doctrine comme sont les sciences ou par acoustumance comme sont les vertus ou par excercitacion comme sont les arts manuelz ou par Dieu ou par fortune. (ORESME, E.A.C., c.1370, 128). La pericie, a droit juger, De bien parler se peut logier En .III. choses (...) En nature, quant en engin (...) En doctrine, quant a science ; Usage, quant a acoustumance. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 133).

 

-

Accoustumance de + inf. : Car autrement il s'ensivroit que les genz ne seroient pas fais plus politiques et plus habiles a mectre loys pour acoustumance de vivre en policie. (ORESME, E.A., c.1370, 537).

 

-

"Apprentissage, dressage" : Or vous diray d'acoustumance, Par quoy y ayez mieulx fiance, Ce qu'acoustumance fait faire, Comment a Nature est contraire, Et que ne diez que Nature Conserve ja tel nourreture. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 66).

 

.

[D'un animal] "Apprivoisement, dressage" : Un loup, un hours, un cerf et dain Pouez tant nourrir soir et main ; Delez le feu lez vous serra, (...) Pour vous laira et boiz et gaulx. Combien que boys est leur nature, Par acoustumer n'en ont cure Et par acoustumance héent Leur nature, et point ne y véent. A leur nature sont contraire ; Acoustumance leur fait faire. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 66).

II. -

"Redevance due en vertu d'une coutume" (GD I, 81b ; doc.1372 et ex. de FROISS.)
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/35 
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     ACCOUTUME     
*FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUME, subst. fém.
[*FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Habitude" : Et, si comme il estoit [Actéon] conforme et semblable as cerfs, quant de voiz et de face il s'efforçoit de chacier les chiens privéz par son vice de mauvaise acoustume au domage de toute sa substance, il cheÿ entre eulz et leur denz. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 101). ...avec tous les drois, privileges, et bonnes acoustumes d'icelle (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1386, 147).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Béatrice Stumpf

 Article 4/35 
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     ACCOUTUMÉE     
FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMEE, subst. fém.
[T-L : acostumee ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Coutume" : Dame, je say qu'acoustumée Est que l'evesque et li provoire Font hui moult grant feste, en memoire Que Dieu noz péres tant ama Que d'Egipte les delivra Hors des mains au roy Pharaon (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 228).
 

DMF 2020 - Synthèse Béatrice Stumpf

 Article 5/35 
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     ACCOUTUMEMENT     
FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMEMENT, subst. masc.
[T-L : acostumement ; GD : acostumement ; AND : acustumement ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Habitude" : Trop sont endurcy en tel estre. Et s'ont oublié leur bon maistre Et leur propre nativité Pour estre en grant chetiveté, Envis mais se retourneront, Mais leur tamps ainsi fineront. Dont n'est ce mye naturelment, Mais force d'acoustumement. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 67).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 6/35 
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     ACCOUTUMÉMENT     
FEW II-2 1091b consuetudo
ACCOUSTUMEEMENT, adv.
[T-L : acostumer (acostumeement) ; GD : acostumeement ; AND : acustumeement ; DÉCT : acostumeement ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Habituellement" : Pour son corpz large vestement Faisoit acoustuméement [Jules César], Et monlt lachement se chaingnoit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 222). Dites en l'aneur des cinc plaies Notre Seigneur Jhesu Crit cinc fois Pater noster. Et sachés vraiement que, se vous les dites acostumeement chacun jour de bon cuer, Diex ne vous laira desconseilliée. (Doc. c.1350-1400. In : Bibl. Éc. Chartes 66, 1905, 534). Et en tele maniere est il des vertus ; car, en conversant avecques les autres de la communité et en commutacions et contracts selon ce que nous faisons acoustumeement, nous devenons justes ou injustes. (ORESME, E.A., c.1370, 148). Consuetim : acoustumeement (Aalma R., c.1380, 83). Les buefs du genre masculin signifient, acoustumement, les princes pour les cornes ; et les vaches grasses signifient bons ans fructifians, et les vaches maigres et menus signifient povres ans et maigres ; et aussy les buefs gras signifient les princes benignes et debonnaires, et les maigres signifient princes malveillans et injustes. (Expos. songes B., 1396, 260). ...car le hebrieu est plus fort a exprimer a cause des aspiracions desquelles ilz usent tres accoustumeement (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 59). ...luy fera haïr de tout son cuer le vice de mençonge et amer verité, laquelle sera tant acoustumeement en sa bouche que on croira ce que elle dira (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 44). Et pour la grant habondance des fonteins et eauves, qui là sourdoient et estoient accoustumeement... (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 368). Je vous jure comme euvangile que quant une jone fille mengue acoustumeement lait bouilly en la paelle ou en un pot de terre, qu'il pleut volentiers et par coustume le jour de ses nopces. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84).

REM. Doc. 1378 (Neuchâtel) ds GD I, 81b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/35 
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     ACCOUTUMER     
FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMER, verbe
[T-L : acostumer ; GD : acostumer ; GDC : acoustumer ; AND : acustumer1 ; DÉCT : acostumer ; FEW II-2, 1091b : consuetudo ; TLF : I, 443b : accoutumer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Accoustumer qqn/un animal. "Habituer"

 

1.

À l'actif

 

a)

Accoustumer qqn à/en qqc. : ...descongnoissance de Dieu et faulte de justice vous ont aconstumé a sacrilege. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 61). Des blasphemeurs ne sçay plus dire, Fors que souvent sont rempliz d'ire. L'un dict : "Ce n'est qu'acoustumance !" Mais son orgueil l'acoustume en ce (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 41).

 

-

"Inciter qqn à maintenir [une habitude]" : EUFEMIAN. Car laissier mie ne devons Nostre coustume. AGLAIS. Voir, ce qui plus m'i acoustume, C'est, sire, que souvent recors Ce que Dieu si misericors Nous a volu par sa grace estre (Mir. st Alexis, 1382, 281).

 

-

Accoustumer qqn à + inf. : Et comment que je vous aie toujours acoustumé a escrire ouvertement, et que pluiseurs scevent les amours de vous et de moi, n'est il nulz qui en sache parfaitement la verité, fors une et moi et vostre secretaire (MACH., Voir, 1364, XLVI).

 

b)

Accoustumer un animal. "Le dresser" : Alant faut mieulx acoustumer que nulle autre beste, quar il est mieulz taillé et plus fort pour fere mal que nulle autre beste. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 126). ...au commancement qu'il sera mis sur le poing [l'épervier] si lui baillez beaulx gectz sur longes que l'en dit "petites longes", "touret" et "grans longes" et [l'] acoustumez de petit a petit et de plus loing en loing a voler a vous sur vostre poing querir sa proie pour soy paistre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 152).

 

-

Inf. subst. "Apprivoisement, domestication" : Un loup, un hours, un cerf et dain Pouez tant nourrir soir et main ; Delez le feu lez vous serra, Se vous alez, il vous siewra Et par les mons et par les vaulx ; Pour vous laira et boiz et gaulx. Combien que boys est leur nature, Par acoustumer n'en ont cure Et par acoustumance héent Leur nature, et point ne y véent. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 66).

 

2.

Au passif

 

a)

Estre accoustumé. "Être habitué, avoir l'habitude"

 

-

Estre accoustumé de/à qqc. : [Le roi d'Angleterre est tout pensif, ne mange pas] de quoi toutes ses gens avoient grant merveille car il n'en estoient point acoustumés (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 134). ...le papegau vist bien et apperceut la voulenté de son seigneur, come cil qui estoit acoustumé de toutes choses ; et commença a chanter un lay d'amours (Chev. papegau H., c.1400-1500, 22).

 

.

"Être entraîné, exercé à" : ...mais avecques ce, meïsmes quant le joenne est fait homme et il est en aage, il convient trouver voies qui adrescent a honestement ouvrer et par quoy il soit acoustumé a bien. (ORESME, E.A., c.1370, 532).

 

-

Estre accoustumé (de/à) + inf. : Et a vous, li dieu non mortel, prie je que vous voeilliez donner et otroier aus nouveaux consulz et aus legions rommainnes que si prosperement puissent faire guerre contre les Samniciens comme li autre duc rommain sont acoustumé a faire. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 8.10, 14). Le commencement de troubler toutes choses est né de ceste fame, car elle estoit acoustumee de parler secretement avec le mari sa suer et n'espargnoit [nules] paroles injurieusez (BERS., I, 1, c.1354-1359, 46.7, 78). Hommes de conversation et de meurs francs et libres (...) ne sont endurez ne accoustumez d'estre gouvernez par tyrannie (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXXVII). Et semblablement en fortitude, par estre acoustumé de non tenir conte ou creindre trop choses terribles et de les soustenir forciblement, nous acquerons la vertu de fortitude (ORESME, E.A., c.1370, 151). Exemple en particulier celuy qui est ia acoustume de faire oeuures vertueuses comme viure humblement, viure actrempement et chastement (CIB., p.1451, 179). Et, pour chose que vous voyez, je vous conseille que vous ne desmarchiés point de devant l'huys du cappitaine. Car, se d'aventure nous sommes repulsez, nous nous retirerons là à vous, et vous les garderés de rallier ; car vous tendrés la place où ilz sont acoustumé d'eulx assembler. Car communement gens de guerre se ralient au logis et au lieu du cappitaine. (BUEIL, I, 1461-1466, 107). Saint Ambrose le nous enseigne, qui dit que on les doit querir [les conseillers], gens de bonne vye enclins a vertus, non a vices, et qui soient acoustumés de vivre en benivolence avec les hommes. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 149). Ledict conte de Warvic ne estoit jamais acoustumé vouloir descendre à pied, mais avoit de coustume, quant il avoit mis ses gens en besongne, il montoit à cheval. (COMM., I, 1489-1491, 214).

 

.

P. ell. Comme accoustumé estoit. "Comme il en avait l'habitude" : ...et la nuit ensivant, en secret et en sillence comme acoustumé estoit, il dist dictateur L. Papirius. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 38.14, 71).

 

b)

Rare. [D'une chose] Estre accoustumé de + inf. "Avoir pour effet habituel de" : Puiz s'ensuit la forme de faire Un précieux électuaire, Sur tout autre suppellatif, Cordial et préservatif, Contre tout air malicieux Et les maulx pestillencieux, Tant fièvres comme apostumés, Qui sont de fait acoustumés À tuer les gens promptement (LA HAYE, P. peste, 1426, 153).

 

3.

Part. passé en empl. adj. ou subst.

 

a)

Empl. adj. Accoustumé à qqc. "Habitué, entraîné à" : Mes pour ce que i [veoyt] que cestes choses ne se pueent faire en corages acoustumés a guerres et efferonchez par chevaleri, il se pensa car il couvendroit que la fierté des corages fust avant toute euvre atrempee et amolie par desacoustumances d'armes. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 19.2, 30). ...Achilles fut institué et enseignié les manieres et mesures de la harpe et de la citole et, de la oultre, porté as forés a la destruccion des bestes sauvages et bateures, et ainsi il, acoustumé a laide maniere de vivre, delaissa la reverence de nature et crainte de la mort. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 104). ...une grant multitude de gens ayans vertus de bataille, non accoustumee aux armes, ne baille pas victoire (JUV. URS., Verba, 1452, 237).

 

-

Accoustumé de + inf. "Habitué à" : Le jeudi, entre six et sept heures du vespre aprés souper, convindrent et s'assemblerent les matrones et femmes acoustumeez de venir a la serie, ensemble pluiseurs autres qui point n'avoient acoustumé d'y venir, pour oyr lire dame Sebile des Mares son euvangile. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 100).

 

-

Accoustumé. "Expérimenté, compétent" : Cils Poitevins dont vous parlés, Esce uns bregiers acoustumés ? Sauroit il faire un ongement, Une houce ou un vestement, Ou un jupel a alerons ? Cognoist il brebis et moutons, Les scet il garir de la rongne ? (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 159).

 

b)

Empl. subst. "Celui qui est habitué, entraîné, aguerri" : ...nul ne doit lors s'avancier A nouveau travail commencier [en période d'épidémie], Car forte chose est de coustume Que nature vaincre présume, Maiz aux accoustumez, sans fable, Est assez bon et tolérable, Travaillier gracieusement En ce temps, nom pas asprement (LA HAYE, P. peste, 1426, 84).

B. -

Accoustumer qqc.

 

1.

"Prendre l'habitude de qqc., avoir l'habitude de qqc., pratiquer qqc."

 

a)

[D'une pers.] Accoustumer qqc. : Cilz vice [la luxure] esprent et alume Cilz qui le fait et acostume (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 196). Trop mielx a bien amer s'adreice Qui aime Dieu de cuer loial ; Cest amour est noble et roial, Sans desconfort, sans amertume ; Qui s'y amort et l'acoustume La treuve par tout delectable. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 6). Et tel est en léesse doulx Qui en tristesse est moult escoux Ce vient de male acoustumance Qu'on acoustume dès s'enfance (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 8). Mon seigneur, selon la maniére De cest enfant et sa coustume, Si maintient ce qu'il acoustume, Je vous di qu'en religion Homs de si grand parfeccion Com li n'ara. (Mir. Theod., 1357, 118). ...en la court est de coustume, Laquelle assés gens acoustume, Que, quant le roy est en deduit, Combien qu'a pluseurs en ennuit, On fait au soir le grant soupper Et au matin petit diner (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 439). A che s'acorde che que dist saint Bernard a Eugene pape : "Le joug ou le fardeau de Nostre Seigneur au commenchement samble intollerable ou non portable. En aprés, se tu l'acoustumes, ne samblera pas si grief, aprés te samblera legier, et finablement te sera delitable". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 182). Li rois (...)fu (...) moult usés d'armes car de sa jonece il les avoit acoustumées et continuées (FROISS., Chron. D., p.1400, 820). ...ycelle Raison que tu tant auctorises dist que "ce n'est fors desacoustumance" en France : ce n'est mie desacoustumance, car onques ne l'acoustumerent ! Et dont vient que elles ne l'ont acoustume [l. acoustumé] ? Il vient de n'est mie chasciee de leurs frons. (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 123). Ceans s'est complainte une jeune bourgoise d'un galant qui luy veult soubztraire sa nourisse, disant que sans cesse il se joue et parle a elle, dont il ne luy plaist gaires, car au dernier il luy veult broulier son lait et [craint] qu'i luy en faille avoir une autre, qui luy seroit grant desplaisir pour ce que l'enfant a ja acoustumé sa mamelle. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 146). Vous savez assez la manière de descouvrir le païs, d'avoir gens devant et derrière et sur les costez, de ne passer nulz pas estroitz ne nulles embusches que tout ne soit descouvert, et avez assez acoustumé ces choses ; et, pour ce, je ne les vous vueil plus declairer. (BUEIL, II, 1461-1466, 34).

 

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[P. méton. du compl.] Accoustumer qqn. "S'habituer à la présence, à la fréquentation de qqn" : Illeuc le doit on abechier [le faucon] Et le faire souvent mengier Et li oster le chapperon Toutefoiz que on voit qu'il est bon Et ce faire si longuement Qu'il ait acoustumé la gent. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 351). Lors dist l'Amant : "La leur mercy, De mon cas sont mal informez [les frères du couvent] ; Las, je n'ay fait, ailleurs ne cy, Chose dont d'eulx doie estre amez ; Mes biens fais sy sont clers semez ; De moy ne leur en doibt challoir ; Quant les auray acoustumez, Je n'en porray que mieulx valloir." ["Je m'améliorerai à leur contact", v. la note de l'éd. : "Quand j'aurai vécu avec eux"] (Amant cord. M., 1490, 8).

 

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Accoustumer (de) + inf. : Car pource qu'il furent nourris en delices, il ne acoustumerent onques estre subjés a docteur ou a mestres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 186). ...les Anglois, qui n'acoustumerent oncques de souffrir longuement ung seigneur, (...) eulx surtrayans et ostans de la fidelité du roy Edred, appellerent Aulif leur roy pour regner (JUV. URS., T. crest., c.1446, 138). ...et par espasse de peu de temps eurent apriz de saillir sur les chevaulx par derriere les gens d'armes, et le acoustumerrent tant que les chevaulx le souffrirent sans espaourir. (LA SALE, Sale D., 1451, 187). ...qui aprent ou acoustume [ou l. a coustume ?] de piller et de rongier a grant paine s'en peust abstenir, car ung trompeur tousjours veult tromper. (MACHO, Esope R., c.1480, 108).

 

b)

[D'une chose] Estre accoustumé. "Être en usage" : A laquelle vocation faire, estoit la justice royale bien et duement garnie des personnes et solemnités qui y appartenoient, et qui y ont esté acoustumées de tous temps, comme le cas le requéroit (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 218).

 

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Prov. : Il ne fault point servir de rost Ou boullu est acoustumé. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 74).

 

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Estre accoustumé à dire. "Être dit habituellement" : ...et en sa maladie alloit et venoit en pluiseurs lieux, et disoit de merveilleuses choses qui sont acoustumees a dire a gens mallades de telles maladies (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 82).

 

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Empl. impers. Il est accoustumé de + inf./que + ind. "Il est d'usage de/que" : Par Mahon, dist le soudant de Barbarie, se ilz [les chrétiens] estoient tous cuiz, et il feust acoustumé de mengier telle char, il n'en y a pas assez pour nous repaistre. (ARRAS, c.1392-1393, 226). ...maiz par informations n'est pas accoustumé de condempner, maiz seulement de mettre parties en procès. (BAYE, I, 1400-1410, 110). Il n'est pas a coustume [l. acoustumé ?] que messagiers de roy doyent avoir mal pour quelconque legation qu'ilz facent (GUILL. DE TIGNONVILLE, Ditz moraulx philos., éd. R. Eder, c.1402, 979). Si ert acoustumé jadis, (...) Que tous hommes et toutes femmes Qui eussent loenges et fames D'avoir excellent sapience, Ilz honnouroient tant science Qu'ilz reputoient deité D'estre en si hault degré monté, Et les aouroient com dieux (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 223). ...il n'estoit pas acoustumé de offrir ne adourer deux dieux ensamble. (LA SALE, Sale D., 1451, 62). ...le lundi second jour de juillet, oudit an, maistre Jehan Balue, evesque d'Evreux, fist le guet de nuit parmy ladicte ville, et mena avecques lui la compaignie dudit Joachin Rouault, avecques clerons, trompetes et autres instrumens sonnans, par les rues et sur les murs, qui n'estoit pas acoustumé de faire à gens faisans guet. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 53).

 

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Si comme/ainsi qu'il est accoustumé. "Comme il est d'usage ; comme cela est habituel" : Bailliez ça ces oisellez vis Et ce cierge aussi alumé, Ainsi qu'il est acoustumé (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 226). ...mais sachiez que la compaingnie sampnicienne ne fu pas esbahie quant elle vit mort son duc, si [comme] acoustumé est, ainçois fu moult plus esmeue et irritee (BERS., I, 9, c.1354-1359, 22.7, 40). Mez, si comme souvent est acoustumé en guerrez qui par sieges se font, la bataille est plus longue que aigre, ceuls de l'ost avoient assez de loisir d'aler et de venir (BERS., I, 1, c.1354-1359, 57.4, 95). Les prelatz, seigneurs, contes (...) vindrent faire la reverence au roy ainsi qu'il est acoustumé de faire en tel cas. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 324).

 

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Plus qu'il n'est accoustumé. "Plus que d'ordinaire" : On ne doibt aux femmes grosses jamais donner a mengier de nulle teste de poisson, affin que par ymagination leur fruit ne apporte sur terre la bouche plus relevee et aguë qu'il n'est accoustumé. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 122).

 

c)

[D'une pers.] Avoir accoustumé. "Avoir l'habitude, avoir pour habitude"

 

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Avoir accoustumé qqc. : Si en feray Le jugement einsi com je saray. Car tel chose pas acoustumé n'ay, Et uns autres, vraiement, bien le say, Mieus le feroit. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 130). Et, s'il avoit besoign ou guerres, il ne saroit que ce seroit, quar il n'a pas acoustumé le travail, et couvenroit que autre feïst ce qu'il deüst fere, quar on dit touz jours : tant vaut seigneur, tant vaut sa gent et sa terre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 57). Encore veult Vegece aprendre Quel gent on doit eslire et prendre Pour a ce degré anoblir. Si dit que l'en doit establir Ceulx qui plus ont acoustumé A gesir souvent tuit armé A descouvert et a la pluie, (...) Et pou acoustumé leur aise Que ceulx qui leur aise pourchacent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 184). Le trucheman de ma pensee (...) M'a rapporté chose sauvaige Que je n'ay point acoustumee. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 411).

 

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Avoir accoustumé (de/à) + inf., que + ind. : Endementieres que li consul faisoient et despeçoient les choses divines et humainnes que il avoient acoustumé a faire quant il se devoient combatre, li legat Tarentin leur vindrent au devant et demanderent response de leur legation. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 14.3, 24). Et pour ce que c'est chose non commune ou qui avient peu souvent, c'est a savoir, que un homme soit divin en la maniere que les citoienz de Latone ont acoustumé apeller un homme (ORESME, E.A., c.1370, 364). Quar nous avons acoustumé a appeller ciel le derrenier corps qui est en haut sus tout autre et ouquel nous disons estre toute chose devine comme en son lieu. (ORESME, C.M., c.1377, 158). ...elle n'a peu entrer en sondit hostel, ne ouvrir son huis de sa clef de quoy elle l'avoit acoustumé à ouvrir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 526). ...mais [Claude] s'en vint a course de cheval vers le fort. Et quant il vint prez, si s'escrie en hault : Ouvrez la porte. Et ceulx si firent. Et il passe le pont et vint dedens, et vint descendre ou lieu ou il avoit acoustumé de descendre, avant ce qu'il se apperceust qu'il eust perdu sa forteresse. (ARRAS, c.1392-1393, 204). ...aucuns, eulx disans nobles, ont (...) accoustumé de faire le contraire de noblesse (JUV. URS., T. rever., 1433, 76). ...les parties adverses ont accoustumé en leurs demandes faire mention de Anjou (JUV. URS., T. crest., c.1446, 102). Aucuneffoys [noblesse] est prise pour richesses de grant antiquité, et en ceste maniere on a acoustumé en bonnes polices ès citez que ceulx qui sont descenduz et nez de parens, lesquelz ont longtemps habondé en richesses, sont appellez nobles, et plusieurs en ont esté fais et fait-on de jour en jour chevalliers. (BUEIL, II, 1461-1466, 70). Et, au plus matin les cappitaines qui avoient la charge d'aller devant (...) arriverent à Francheville, qui estoit une grosse ville champestre, où il y avoit grosses eglises cathedrales et abbayes et estoient riches et puissans et y avoit ung groz peuple, qui riens n'avoit acoustumé à perdre. Et saillirent au devant des cappitaines, armez comme gens de ville pevent estre armez, et firent toute la resistance qu'ilz peurent. (BUEIL, II, 1461-1466, 88). Le lundy soir, environ entre sept et huit heures aprés souper, s'assemblerent lesdictes six dames ensembles toutes les voisines qui acoustumé avoient d'y venir et pluiseurs autres qui y furent inviteez, qui aincoires n'y avoient esté, pour oyr le mistere que illec faire se devoit. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 81). Maistre Jaspart Layet, filz dudit Jehan Layet à Louvain, a esté moult aprecié de Jehan de Horne, evesque du Liege, pour les prenosticacions qu'il a acoustumé de fere par chacun an, qui courent par le pays de Flandres et en vient en France, touteffois mal translatées, aucunes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 164 v°). ...les officiers qui avoient acoustumé servir ledit seigneur de Beaujeu (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 326).

 

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Avoir accoustumé + anaphore pronom. ou adv. : ...g'iray Saluer la dame des cieulx Puis qu'acoustumé l'ay (Mir. march. juif, c.1377, 174). Et estoient les pluseurs tous traveilliez de porter leurs harnoiz, tant pour ce qu'il leur sembloit qu'il n'en estoit nul besoing comme pour ce que ilz ne l'avoient pas acoustumé, et en murmurerent ly aucun. (ARRAS, c.1392-1393, 155). ...il fault qu'ilz [les Anglais] facent guerre (...) et ce ilz ont accoustumé jusques aux personnes de leurs roys meismes. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 101). Les Romains, ainsin qu'ilz honoroient de coronnes ceulz qui faisoient les grans vaillances d'armes, si comme cellui qui passoit premiers le fossé ou le palis de l'ost aux ennemis estoit coronné de la coronne valere (...) et ainsy des autres vaillances pareillement avoient ilz acoustumé ; et semblablement coronnoient ilz tres solempnelment les femmes vesves (LA SALE, J.S., 1456, 4).

 

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(Si) comme/ainsi que qqn a accoustumé (de/à + inf.) : Mez au commencement de si grant oevre comme je entens a ordir, il ne couvient pas user de teles querimonies, ja soit que elles soient necessaires, mes de fere aus dieux et aus divesses oroisons et prierez, si comme les poetes ont acoustumé a fere, que aus chosez commenciés il veullent doner largez et prospres aquestemens. (BERS., I, 1, c.1354-1359, Préf. 13, 3). Et la ou les legions entrerent en la ville, ne cuides pas car il eust [brait], clamour ne temunte, si comme on a acoustumé en cités qui sont prises quant les portes et les murs sont brisiés par engins et les places de celles sont par force occupeez (BERS., I, 1, c.1354-1359, 29.2, 50). ...car tousjours sont les François telz comme ilz ont tousjours esté François, et les Angleiz sont Engleiz comme ilz ont acoustumé d'estre. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 198). ...Remond ouy sa messe et se ordonna ainsi qu'il avoit acoustumé. (ARRAS, c.1392-1393, 278). ...iceulx escuiers en venant au mandement de mondit seigneur en armes pour le servir et acompaigner furent loigiez sur la terre desdiz Mathelins et y prindrent vivres et forraiges, ainsi que gens d'armes pour leurs vivres et passaige ont accoustumé (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 425). Quant Gadiffer vint en la place, il regarde et voit qu'il y avoit grant plenté de poeuple assamblé, et estoient tous seans par terre et regardans tous en l'aer, car ilz attendoient que le paradis apparust comme il avoit acoustumé. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 106). Mais environ minuit en la praerie commença la noise telle que avoit acoustumé et esveilla Galaphur, Passelion et Ourseau. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 965). Retornons nous en ou pays Dont pertiz sommes, et vivons Loyaulment tous, com nous avons Acoustumez jusques icy, A Dieu, dame, que sans nul cy Vous traye a sa benoite gloire ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 188). Alors les damoiselles toutes ensemble, ainsin que femmes ont acoustumé loerent les largesses, la joieuseté et la belle personne de damp Abbés (LA SALE, J.S., 1456, 251). Et, se nous sommes une fois au hault de la tour, nous prendrons le guet et ne le tuerons point ; nous le ferons tousjours parler, comme il a acoustumé. Ainsi homme ne s'appercevra de nostre fait. Et quant l'arrière-guet viendra nous le prendrons sans bruyt, s'il se puet faire. (BUEIL, I, 1461-1466, 80). ...mais je y avoye pourveü par le moyen de ceste seüreté, laquelle j'euz, avecques très gracieuses lettres de monsr de Vaneloc, disant que je povoye aller comme j'avoye acoustumé (COMM., I, 1489-1491, 208).

 

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Plus ... que qqn n'a accoustumé : Et m'est avis que vous m'avés escript plus briément que vous n'avés acoustumé (MACH., Voir, 1364, XXXVII). Cestui Baxilliz donna congnoissance aux Pheniciens d'une estoille que nous appelons Mynor Ursa, par laquelle puis adrecerent leur navigage, plus adroit que n'avoient accoustumé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 r°).

 

d)

[D'une chose]

 

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Avoir accoustumé + inf. "Avoir pour effet habituel de" + inf. : Les humeurs qui demeurent aprez la determinacion ont acoustumé faire subjusion (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 59).

 

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Avoir accoustumé d'estre... "Être d'habitude..." : ...lequel tableau sera miz et affichiez en la chappelle où ledit office sera fait où a accoustumé d'estre fait. (BAYE, I, 1400-1410, 10). ...le baisier avoit toujours acoustume d'estre signe d'amour et de dilection. Mais le pervers Judas le permua en signe de trahison. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 136).

 

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Avoir accoustumé de faire. "Faire d'habitude" : ...les escriptures ont acoustume de ordonner les genealogies, non mie aux femmes, mais tant seulement aux maris. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 126). Furent ordonnez commissaires pour prendre et saisir toute la vaisselle qu'on povoit trouver à Paris (...) laquelle vaisselle estoit paiée raisonnablement, mais, nonobstant ce, en fut grande quantité mucée et ne fut plus veue es lieux où elle avoit accoustumé de courir. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 77).

 

e)

Part. passé en empl. adj. "Habituel" : Si avint que le similitude de eulz deux, c'est a dire de Tarquin et de Tullie, les adjousta assés plus de le fier, car c'est bien chose acoustumee que mal a mal a grande convenence. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 46.7, 78). Et si doit [le faucon] entendre le son Acoustumé, bien le savon, Avant ce qu'il soit descillié (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 98). Et ceste pensee acoustumee se finist et parfait as hommes en maniere de nature. [cf. le prov. "l'habitude est une seconde nature"] (ORESME, E.A., c.1370, 399). Et te prie, Justice, considere comment le souverain Empereur souventes foys pour trop meindre cause que pour honnourer sa mere et amie il mue et change le commun et acoustumé cours tant de nature comme de l'Escripture et faisant miracles souvent, graces, pardons et privileges. Enn'arresta il le soleil pour Josué ? Ressuscita les mors pour Helysee ? Garda le feu d'ardoir pour Daniel ? (GERS., Concept., 1401, 403). L'acoustumee maniere de son chevauchier estoit de notable ordre à tres grant compagnie de barons et gentilzhommes bien montez et en riches habiz, lui assis sus paleffroy de grant eslite (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 50). Et n'y aura traict en ladicte bataille, fors que chascun se aidera du corps que Dieu lui a presté, armé comme bon lui semblera, tant à l'un costé comme à l'autre, pour sa seureté, aians bastons acoustumez. C'est assavoir lance, hache, espée et dague, et chascun de tel avantage comme besoing et mestier sera pour sa seureté et pour soy aider, sans avoir alènes, broches, crocqs, poinçons, fers barbelez, aguilles, pointes envenimées, ne rasoirs (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 44). Qu'il me paie mes gages acostumés (Arch. Nord, 1435, B 17653, IGLF). Ce n'est que chose acoustumee, Quant Soussy voy vers moy venir, Se tost ne lui venoye ouvrir, Il romproit l'uis de ma Pensee. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 423). C'est griefve chose de delaissier choses accoustumees, mais encore est elle plus griefve aler contre sa volenté. (Internele consol. P., 1447, 296). ...selon les droiz d'Amours qui parlent de ceste matiere, la pugnicion y est si grande qu'on ne sauroit dire, et non pas seulement sont telz gens qui batent et frapent leurs dames dignes de mort acoustumee, mais doit l'on departir et detrencher leurs membres par pieces [Éd. : Mort acoustumee "pendaison"] (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 216). Se je oublioye la guerre, j'ay grant paour que je ne feisse gueres le seigneur, et feroye peu de jugemens ; pour ce, fault que je y aille. Messeigneurs, s'il vous plaist, je yray encore pour ceste foys comme Jouvencel : car dure chose est de laisser les choses acoustumées. Et puis je retourneray, se Dieu plaist, et vous me apprendrez comment je y doys aler comme lieutenant du Roy. (BUEIL, II, 1461-1466, 15). ...quant l'eaue mise sur le feu commence a eschauffer jusques au boulir, elle s'estent et espart tant qu'elle puet. Et pareillement la mer selon l'estat et le cours de la lune, elle s'estent et passe ses termes accoustuméz lequel mouvement commence du centre moyen et s'estent jusques aux extremités et encores les passe. (Somme abr., c.1477-1481, 145). Pareillement on porroit dire que Dieu se moeut naturelement, pour tant que par sa bonté accoustumee et naturele il se communique (...) a tous et a ung chascun. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

 

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Accoustumé + compl. circ. : ...car autrement se celi meismes orguel des Samniciens qui nous constrainsist a faire cestes couvenances nous eust constraint a user de langages et de paroles acoustumees en dedicions de citez, vous, tribun, vorriez dire que le pueple rommain et ceste cité et ces temples, contrees et rivieres, tout fust des Samnites ! (BERS., I, 9, c.1354-1359, 9.5, 15). Les choses acoustumees de longtemps, et s'elles sont pyres des choses non acoustumees, si moins molestent ; car (qui auroit acoustumé une pire chose pour ung pou de temps) il vauldroit mieulx qu'il la lessast et se transportast a l'autre. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 64). ...ne vous semble il pas que la chose acoustumee de longue main ne soit mieulx congneue de ceulx qui l'exercitent que celle qui est nouvellement emprise, et grieve moins ? (ARRAS, c.1392-1393, 155).

 

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[Dans un synt. prép.] : Si fu (...) menée choffer en la maniere acoustumée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 263). ...ouquel lieu, et en la place acoustumée, icellui jugement fu excecuté. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 100). ...pour te satisfaire briefment par exemple selon l'ordre aconstumé (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 179). Et a ces parolles, Madame, a l'usance acoustumee lui donna congié. (LA SALE, J.S., 1456, 84). Jamais le moinne ne failloit à sonner matines à l'eure accoustumée ne à esveillier les freres (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 177). Au terme accoustumé elle fist ung tresbeau petit charreton, ou pour mieulx dire ung tresbeau filz (C.N.N., c.1456-1467, 345). Le mercredy soir a heure acoustumee convindrent et s'assemblerent toutes les femmes qui avoient acoustumé d'y estre, ensemble pluiseurs autres qui paravant n'y avoient esté, par la induction de leurs voisines. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 95). ...je, aprés que j'eus prises mes agoubilles, papier, plume et enchre, me transportay ou lieu ou le soir precedent avions assemblé. Et moy illec venu, me assis en mon lieu acoustumé. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111). Ledict roy Charles, voyant son filz trop accompaigné de gens de bien et de gens d'armes à son gré, delibera de y aller en personne avec grant nombre de gens et de l'en mectre dehors ; et se meïst au chemin et print peine d'en retirer plusieurs, en leur commandant, comme ses subjectz et sur peines accoustumées, se retirer devers luy. (COMM., II, 1489-1491, 328). ...le deffendeur ou son procureur avra bien delay pour avoir coppie desdictes lettres et jour a deliberer en la forme acoustumee. (Ordonn. roy., c.1493. In : Chrestom. R., 270). Ilz luy apportent le reliquaire du Corpus Christi et une hostie non sacree en la maniere acoustumee (LA VIGNE, S.M., 1496, 566).

 

-

Accoustumé de + inf. : ...la ou il estoient arivet, il n'i a ne port ne havene acoustumé d'ariver fors a l'aventure [un port où les navires arrivaient habituellement] (FROISS., Chron. D., p.1400, 890). Vostre frere nous a dict que aucuns l'avoient adverty de donner de la vesselle d'argent ausditz Bourguignons, pour ce que c'est chose acoustumée de faire à ambassadeurs soit d'amys ou de ennemys et qu'on avoit ja trouvé laditte vesselle (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 223).

 

-

En partic. [Dans le lang. jur. ou admin.] Serment accoustumé : Un des parenz d'Auberi vint a la journee, et, pour ce qu'il vit la grant mervoille dou levrier, il dist qu'il vouloit jurer le serement qui est acoustumé, pour le levrier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 111). Et puiz fu ledit Marle installé oudit premier lieu par ledit monseigneur le Chancellier et fit le serement accoustumé. (BAYE, I, 1400-1410, 64). Ledit de Gamaches fera en ycelle Court le serment acoustumé (FAUQ., I, 1417-1420, 39). Sur ce, le conte appela maistre Guiet, son secrétaire, auquel il commanda ses lettres, dont tous, grans et petiz, furent tant joyeux que merveilles. En la presence desquieulx maistre Guiet reçeust le serement du Jouvencel, en tel cas acoustumé, par le commandement de monseigneur le conte, lieutenant du Roy. (BUEIL, II, 1461-1466, 5).

 

-

Mort bois accoustumé. "Essences de bois répertoriées par la coutume" : Et tout le mort bois acoustumé est auxdiz habitans par païant les rentes dessus dictes (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 255).

 

-

Saint accoustumé. "Saint qui, sans avoir été officiellement canonisé, fait l'objet d'un culte traditionnel reconnu par l'Église" : Pour ce saint Bernart en l'espitre que il feist aux chanoines de Lyon, les reprent car trop hastivement ilz vouloyent celebrer la feste de ceste concepcion, comme on devroit faire maintenant qui vouldroit faire la feste d'un saint non canonisié ou non acoustumé sans aucune auctorité de l'Eglise romaine. (GERS., Concept., 1401, 423).

 

-

Péj. "Constamment pratiqué, invétéré" : ...vous avés par une (...) aconstumee blapheme despité le nom de celui a qui tout genoil se doit flechir (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 74).

 

-

Non accoustumé

 

.

"Inhabituel" : Si commença a occuper les membres de chascun aussi comme une stupeur ou un endormement non acoustumé (BERS., I, 9, c.1354-1359, 2.10, 4). ...ledit seigneur et moy ne feusmes mye d'oppinion que il [le roi] en fist riens, car la maniere [une trahison] estoit chose non accoustumee et tres deshonneste (JUV. URS., Nescio, 1445, 460).

 

.

"Extraordinaire, hors de coutume" : ...le menu peuple s'en plaint trop fort, car on demande tailles sur tailles et aydes sus aydes, et si a esté le royaulme plus taillié et plus grevé de telz choses non accoustumées puis le couronnement du roy, que il n'avoit esté chinquante ans en devant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 25).

 

2.

"Établir qqc. en coutume"

 

-

"Établir [un impôt, une taxe]" : Dedens Jherusalem furent a grant destroit Bourgois et chitoien de ce qu'on les tailloit ; Maudissant vont Ourry, qu'ensi les maintenoi[t], Qui telle maletote acoustumee avoit (Bât. Bouillon C., c.1350, 127). Biaulz signour qu'an la neif estes la, Paiez voustre treu a mon chaistel desa Tel que merchant le doient et ont deut piessait, Car c'est mes droiture et si l'acoustumait Trestout li mien ancestre, ne vous mantirait ja. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 594). Sairaisin, dit Lion, se Dieu plait, non ferait. Jai treut dou mien corpz li voustre n'averait. Mauldite soit li arme qui ains l'acoustumait ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 595). La maison d'un bourgois orent toute fustee Pour la grant malletoste c'on ot acoustumee, Qu'i n'avoit point païe, s'estoit l'eure passee, S'eust forfete les lois qu'il ot en la contree : De .X. livres tournois estoit la loy nommee (Tristan Nant. S., c.1350, 359).

 

3.

COMM. Accoustumer une marchandise. "Payer, sur cette marchandise, la redevance appelée coutume" : Item le prevost de Harfleu a suicte pour faire retourner à icelle prevosté toutes les marchandises qui seront menées ou transportées, par quelque voys que ce soit, hors des mectes d'icelle, sans les avoir acquictez ou acoustumes, ainsy qu'il appartient et comme contenu est cy devant entre les parties des coustumes montantes ou devallantes la rivière de Saine (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1387, 163). Item. Tu dois savoir que fromages qui sont apportés premier eulx doivent estre accoustumés en la nef. Et se ilz sont ostez de la nef sanz congié eulx doivent estre perdus. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1396, 246).

 

Rem. Même sens ds GD II, 327b, s.v. costumer2.

C. -

Accoustumer qqc. à qqn/à un animal

 

1.

"Accorder à qqn la jouissance habituelle d'un droit" : Car li trompeur et li corneur orent en despit ce que les censeurs derreniers leur avoient deffendu que il ne mengassent dedenz le temple de Jovis, combien que d'ancienneté il leur eust esté acoustumé et ottroié (BERS., I, 9, c.1354-1359, 30.5, 54).

 

2.

"Laisser qqn prendre l'habitude de qqc." : T. Il est chose manifeste que de ce doit l'en donner a ses servans ou nient ou peu. G. Ce est assavoir, de vin et de tout nourrissement delicatif. Car qui leur acoustume en jennece, l'en les trouve apres contumaux et rebelles (ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 819). Ma commere, (...) ne lui acoustumez pas ainxin a vous lesser mectre soubz les piez, car il vous en feroit autant ou pis l'annee a venir a voz aultres acouchemens. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 19).

 

-

Accoustumer mauvaises coustumes à qqn. "Inciter qqn à de mauvaises moeurs" : Le dit suppliant lui dist qu'il vouloit acoustumer maintenant et autrefoiz malvaises coustumes a bourgois de la ville (Arch. Nord, 1468, B 1693, f° 42 r°, IGLF).

 

3.

Accoustumer à un animal à + inf.. "Habituer un animal à + inf." : Si a failli [le valet] la leçon Que l'en doit aprendre au faucon, Quar on li doit acoustumer Le chaperon a endurer (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 98).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.] "S'habituer à"

 

-

S'accoustumer à/en qqc. : ...car quant une personne en son enfance, en joenesce, se acoustume a aucunes operacions, se il les maintient, gueres a grant painne les puet aprés delaissier. (ORESME, E.A.C., c.1370, 148). Certes ceuls qui se acoustument a ces estudes ou desirs sont demy sauvages et a moitié cruelz et, la plus noble partie de humaine nature laissiee, se conforment et acoustument a monstres et choses estranges par force de leur meurs. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 104). Tres grande difference a de soy acoustumer a une chose en joennece ou a autre. Et de ce depent toute la vie (ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 833). Tristifer en nes ung bien n'oevre, Ainchois s'acoustume en male oevre. Mais tres grant peril sans doubtance Y a en male acoustumance. (Pastor. B., c.1422-1425, 76).

 

.

[En tournure factitive] : Qui lairroit trop acoustumer Les gens en euvre temporelle, Bien tost pourroyent presumer Contre nous aulcune querelle (LA VIGNE, S.M., 1496, 329).

 

.

Prov. : C'est des amoureus la coustume : Qui bien aime a ce s'acoustume (MACH., Voir, 1364, 1580).

 

-

S'accoustumer de/à + inf. : ...car ceuls qui mectent et ordenent les loys estudient, labeurent et font par leurs loys que les citoiens se acoustument a estre bons par bonnes operacions. (ORESME, E.A., c.1370, 147). Puis qu'a bien faire s'acoustume Et de voir dire a la coustume Jeunes homs (Mir. st J. Paulu, c.1372, 103). Item, se sont aucunes gens acostumeis de peskier en cheste saison de roos en la meir (Arch. Nord, 1386, B 5702, f° 2 v°, IGLF). Car, certes, li homs mençongieux Soit ou a certes ou par jeux, Se souvent il s'i accoustume [à mentir], Ne peut, s'il a ceste coustume, Estre vertueux (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 48). Acoustumez-vous d'estre content de pou et vous congnoistrez que c'est meilleur (GUILL. DE TIGNONVILLE, Ditz moraulx philos., éd. R. Eder, a.1402, 946). ...tu dois excerciter a vertu acquerir par frequentacion et excercite de bonnes operacions, comme tu te acoustumeras a bien faire en delaissant toutes tes mauuaises inclinacions. (CIB., p.1451, 187). Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume, (...) Raison ne veult que je desacoustume - Et en ce vueil avec elle m'assemble - De vous servir, mais que m'y acoustume, Et c'est la fin pourquoy sommes ensemble. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

 

.

[En tournure factitive] : La droite discipline de joennes gens est faire les acoustumer de eulz esjoïr du bien et trister du mal (ORESME, E.A.C., c.1370, 152).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[D'une substance matérielle] S'accoustumer à. "Acquérir [une propriété contraire à sa nature]" : Et une raison est a ce ; car nulle chose ne se puet acoustumer au contraire de ce que elle a de nature, si comme la pierre ne se puet acoustumer a monter haut par soy ja soit ce que elle y fust jectee .X. mile foiz (ORESME, E.A., c.1370, 146).

 

2.

Au fig. "S'installer durablement, s'enraciner" : ...orgueil et dissolution se accoustuma tres excessivement en moult de personnes (JUV. URS., T. crest., c.1446, 119).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 8/35 
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     ACCOUTUMEUR     
*FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMEUR, subst. masc.
[*FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Celui qui crée une habitude" : Solitudinarius (...) : acoustumeur (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 364).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 9/35 
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     ACCOUTUMIER     
FEW II-2 1091b consuetudo
ACCOUSTUMIER, adj.
[T-L : acostumier ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Fréquent" : Car bonnement je n'ousoye d'elle faire mon approuche pour les acoustumiers et effrayeux regars qu'elle gectoit ça et la (LA VIGNE, Ress. chrest. B., App., 1495, 178).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Annie Bertin

 Article 10/35 
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     ACCOUTUMIÈREMENT     
*FEW II-2 consuetudo
ACCOUSTUMIEREMENT, adv.
[T-L : acostumier (acostumierement) ; GD : acostumierement ; *FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"Habituellement" : Toutes personnes sur qui teles denrées seront trouvées acoustumierement, perdront leur mestier an et jour, et sans ce qu'ils y puissent revertir durant icellui an (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1424, 83). [= GD I, 82a] Cedit Éracle avoit veu, par le cours des estoiles où il estudioit accoustumièrement, que l'empire des Rommains seroit destruit par les circoncis (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 114).
 

DMF 2020 - Synthèse Béatrice Stumpf

 Article 11/35 
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     CONSUÉTUDE     
FEW II-2 consuetudo
CONSUETUDE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : consuetude ; GD : consuetude ; AND : consuetude ; FEW II-2, 1092a : consuetudo]

A. -

"Habitude, goût" : Si tindrent le roy et la royne [d'Angleterre] ce jour [à Paris] grant court et pleniere oultre la consuetude francoise (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 411). En yver doibvent disner a .xi. heures ou environ. La consuetude doit estre gardee. (Rég. santé corps C., 1480, 107). DIEU. Ma doulceur et mansuetude, Ma compassïon et concorde, Resveillent ma consuetude Pour leur faire misericorde. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.1005).

 

Rem. Chron. et hist. saintes et profanes (ms. du XVe s.) et trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des Princes, 1444 (ms. déb. XVIe s.), ds GD II, 259a.

B. -

"Coutume, impôt"

 

Rem. Doc. non daté ds GD II, 259a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/35 
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     CONSUÉTUDINAIRE     
FEW II-2 consuetudo
CONSUETUDINAIRE, adj.
[T-L (renvoi) : consuetudinaire ; GD : consuetudinaire ; FEW II-2, 1092b : consuetudo]

"Coutumier"

REM. Doc. 1382 (droit consuetudinaire) ds GD II, 259a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/35 
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     CONSUÉTUDINAL     
*FEW II-2 consuetudo
CONSUETUDINAL, adj.
[T-L (renvoi) : consuetudinal ; GD : consuetudinal ; *FEW II-2, 1092b : consuetudo]

"Coutumier"

REM. Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des Princes, 1444 (ms. déb. XVIe s.), ds GD II, 259a (force consuetudinale ou par acoustumance ; force consuetudinelle).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/35 
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     COUTUMABLE     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMABLE, adj.
[T-L : costumable ; GD : costumable ; AND : custumable ; FEW II-2, 1092a : consuetudo]

"Assujetti à une redevance par la coutume" : Item, la coustume dou fillé de laine que on vent, c'est de cascun vendeur coustumable, obole. (Arch. Nord, 1324, B 4026, f° 80, IGLF). Les hostes que les diz doyan et chapitle ont acquis depuis la date des dictes lettres, sont et demourront coustumables en touz cas. (Arch. Nord, 1347, B 1573, f° 70, IGLF).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 15/35 
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     COUTUMACIER     
*FEW II-2 consuetudo
COUTUMACIER, adj.
[*FEW II-2, 1091a : consuetudo]

"Qui a l'habitude (de)" : Nobles censiers, chevaliers, officiers, Grans financiers yssuz de grant lignaige, A grans ruades, pennades de grans messiers, Coustumaciers de suyvre, plumaciers, Sergens, massiers a tout leur carïaige Pour faire raige (LA VIGNE, V.N., p.1495, 160).
 

DMF 2020 - Synthèse Annie Bertin

 Article 16/35 
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     COUTUMAL     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMAL, adj.
[T-L : costumel ; GD : costumel ; FEW II-2, 1091a : consuetudo]

I. -

"Qui agit par habitude, à son habitude (?)" : ...se les vois coutumas, De poindre les [de les poindre] bon congiet as. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 17).

 

Rem. Interprétation des Éd. ; mais ne faut-il pas lire contumas et rattacher à contumace2 ("récalcitrant") ?

II. -

"Imposition ou redevance à laquelle on est par coutume soumis"

 

Rem. Doc.1338 (costumel) ds GD II, 327a.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 17/35 
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     COUTUMANCE     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMANCE, subst. fém.
[T-L : costumance ; GD : costumance ; FEW II-2, 1091a : consuetudo]

"Habitude, accoutumance" : Pour amis ne pour gentilece Ad ce ne faire contumace [var. coutumance, coustumance] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 105). Et pour ce, si que dit est que cestui vice de mentir est tant deshonnorable en prince, et meismes en toute personne n'en est mie bonne la coustumance meismement es petites choses, car sans faille qui à ycelles s'acoustume semblablement le devendra es grans. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 163). Pour tant pluseurs sauvent leur vie Et se gardent de pestillence Par long usage ou coustumance De la prendre [la bole d'Arménie] et boire o du vin (LA HAYE, P. peste, 1426, 131). ...et soit contraire [la viande] a cause de la maladie de tant que costumance et complexion et l'aage le seuffrent (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 4).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/35 
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     COUTUMATION     
*FEW II-2 consuetudo
COUTUMATION, subst. fém.
[*FEW II-2, 1091 : consuetudo]

"Habitude"

 

-

Avoir coutumation. "Avoir à sa disposition" : Et pour entretenir et avoir toujours coutumacion de ouvriers en lad. ville, lesd. maistres pourront prendre et avoir tel et nombre de apprentiz et les louher et retenir à tel temps et terme que bon leur semblera (Anc. corp. dijonn. C., 1454, 270).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 19/35 
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     COUTUME     
FEW II-2 1091a,1092a consuetudo
COUTUME, subst. fém.
[T-L : costume ; GD : costume ; GDC : coustume ; AND : custume ; DÉCT : costume ; FEW II-2, 1091a,1092a : consuetudo ; TLF : VI, 385a : coutume]

A. -

"Manière de faire ou de se comporter, usage, habitude"

 

1.

[À propos d'une communauté, d'un peuple] : Et, douce dame, La coustume est partout, d'omme et de fame, Que, quant dou corps s'est departie l'ame Et li corps est en terre sous la lame, Qu'en petit d'eure Est oubliez, ja soit ce qu'on en pleure. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 99). La seconde cause est que la coustume aus infernaus est telle que nul d'icheulz n'ose respondre en nulle court de nul cas sans la liberté et licence de nostre maistre Lucifer. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 25). ...le gentil clerc monstra bien a madame la coustume des clercs qu'elle beaucop loa (C.N.N., c.1456-1467, 281). ...il fist, ainsi qu'on a de coustume en Picardie (...), charger son chariot de blé a mynuyt (C.N.N., c.1456-1467, 441). C'est grant pitié ! ung jeune homme, qui viendra en la guerre nouvellement, par faulte de savoir l'usance ou la coustume de la guerre, perdra son bien et son adventure ! (BUEIL, II, 1461-1466, 11). Or t'en va ! Tout t'est pardonné Pour la reverence de la feste De Pasques, ou coustume honneste Est es Juïfz que delivrer Je doiz pour eulx ung prisonier, Celluy que leur plait requerir. [Réf. à Matth. 27, 15] (Pass. Auv., 1477, 173). JEUNE AFFRICQUEE. Jouhan, comme un bon filz et sage, Regardez qu'il n'y ait deffault Dessus mon corps, ne bas ne hault, Affin que briefment on me voye, Autrement je me courceroye Se veoye une seulle plume Dessus moy, car c'est la coustume De noz nouvelles mariees, Si nous sommes cointes, parees, A droit avons nostre regard. (P. Jouh. D.R., a.1488, 18).

 

-

Selon leur rite et coutume : En somme il fault noter que les empeschemens cy dessus expliquiéz ont lieu quant ceulz qui doivent contraire mariage sont tous deux fideles et catholiques, et sont conjoints ensemble selon leur rit et coustume (Sacr. mar., c.1477-1481, 80).

 

-

Us et coutume : ...je vuell et ordenne que li personne qui ce feroit ou pourroit faire, n'ait riens de chose qui de par mi li peust venir ou eskoir par lais ni en autre maniere, anchois l'en prive du tout en tout, tant de droit comme de us et de coustume de pays. (Test. saint-quentinois D., 1352, 70). Et s'aucune personne (...) contredisoit ou empeschoit ce mien present testament (...) ou voloit maintenir que, par droit ou par us et coustume de pays, je ne peusse faire ou avoir fait les choses dessus dites en son prejudice (...) je voeill et ordenne que li personne (...) n'ait riens en aucuns de mes biens. (Test. saint-quentinois D., 1358, 105). Par loy, par us et par coustume. (MACH., P. Alex., p.1369, 18). ...deliverra et defendra toutes et chascune d'icelles a ses propres coux et despens, (...) envers tous et contre tous, de touz troubles et empeschemens quelxconques, toutes foiz et quantes que mestier sera et requis en sera, aux us et coustumes du païs (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1381, 513). ...à toutes autres choses quelsconques qui tant de fait comme de droit de us, stille ou coutume aidier et valoir lui pourroient à dire, faire ou venir contre ces lettres (Canarien,, Pièces justificatives C., 1395, 390). ...et seront bailliez et delivrez [les boeufs] ausdis marchans à bonne caucion bourgeoise, et seront vendus par vendeurs jurez ou marchié de Paris et non ailleurs, selon les us et coustumes dudit marchié. (FAUQ., II, 1421-1430, 54).

 

-

Pieuses coutumes : Item je doins et laix a mon curié d'Uhanne, por m'amone et toutes autres pidouses costumes, sexangte solz d'estevenans, hun bichet de fromant et hun muy de vin a la mesure de Monmertin. (Test. Besanç. R., t.1, 1335, 342).

 

-

À la coutume./Selon la coutume : Tanaquil fut meu alegre de cest prodige et de ceste merveille celestial, comme femme qui mot savoit de la science d'augurement et deviner selonc la coustume des Etrusquez, dezquels elle estoit nee. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 34.9, 60). ...ses parens et Jhesus montérent ou temple en Jherusalem selon la coustume du jour de la feste (Mir. Theod., 1357, 80). L'obseque fu fais et fu enseveliz moult honnourablement en l'eglise de Nostre Dame de Poictiers, selon la coustume du temps. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Et cilz prennent congié de leur pere et de leur mere et entrerent en leur vaissel, et furent les ancres tirez et le voile levé. Et firent les patrons leur recommandacion a Dieu, selon leur coustume, que Dieux leur laissast faire bon voyage, et puis s'empaingnent en la mer (ARRAS, c.1392-1393, 88). L'EVESQUE, espousant Griseldis au marquis selon la coustume du païs (Gris., 1395, 41). ...si a fait le serment acoustumé ledit d'Avaugour, et s'en est constitué plege selon la coustume de Bretaigne messire Alain de la Mote, chevalier. (BAYE, I, 1400-1410, 209). ...s'en estoit allé ledit conte (...) en Zeellande tenir la Vierscare - qui vault autant comme ung parlement a la coustume du pays -, que nul ne peut tenir que le prince en sa personne ou son filz aisné. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 129).

 

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À la coutume de (qqn / qqc.) : ...Jusqu'à heure de desjuner, Qui vault desjuner et disner A la coustume des ouvriers. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 38). Quant l'Aubigeant l'ouÿt, il se commença à seigner à la coustume de la loy de Mahommet en disant : "Mahom ! Quel fier Doolin vecy !..." (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 125).

 

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Estre de coutume (de/que) : En un villaige est alé, La ou le diner fut tout prest, Si n'y fera pas lonc arrest, Car en la court est de coustume, (...) Que, quant le roy est en deduit, (...) On fait au soir le grant soupper Et au matin petit diner (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 439). Tantost qu'il eut mis pié a terre, comme il est de coustume aus dictes marches, son hostesse luy vint au devant (C.N.N., c.1456-1467, 431). ...comme il est de coustume de mectre en toutes lettres de saufconduit : Reservé tout vray habillement de guerre, l'Anglois note sur ces motz (C.N.N., c.1456-1467, 55). Or est il de coustume que l'espousé et l'espousée se confessent a tel jour. (C.N.N., c.1456-1467, 298). Le roy s'en alla à son retraict ; et tous s'en allerent au menger, chascun chieux soy, comme il est de coustume, et les ungs avecques les autres. (BUEIL, I, 1461-1466, 174).

 

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Il est coutume que : Or estoit coustume, se dedens un terme qui estoit, ne venoit un qui voulsist estre hermite et demourer ou lieu, il convenoit que le plus prouchain d'embas venist demourer ou lieu, et cellui de dessoubz ou sien (ARRAS, c.1392-1393, 272).

 

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Maintenir la coutume. "Garder la tradition" : Trop long temps vous voy sommeillier, Mon cueur, en dueil et desplaisir ; (...) Alons au bois le may cueillir, Pour la coustume maintenir. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 70). Et si savez qu'en ma maison Une coustume se maintient, C'est assavoir que qui se tient Pour serviteur de mon hostel, Maintesfoiz souffrir luy convient : L'usaige de mes gens est tel. (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 283).

 

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Loc. verb. L'avoir de coutume. "S'être habitué" : Les hommes respondirent que, l'andemain de Noël, il faisoient une feste qu'il appelloient la bachelerie et disoient que ainsi l'avoient de coustume (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 226). Premièrement, il [le Roy] vous deffent que ne faciez riens à l'entreprise de vostre ennemy. Aprez il vuelt que vous chevauchez tousjours en ordonnance, quelque part que vous alliez, soit en paix, soit en guerre, pour duire voz gens à estre tousjours prestz. Car, quant ils l'auront de coustume, quant le besoing y viendra, ne vous ne eulx, ne traveillerez point à le faire. (BUEIL, II, 1461-1466, 32).

 

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Loc. prov. Selon les pays, les coutumes : Sire, selonc les paÿs les coustumez ! Maintenant estes en Grece, et pour ce selon la maniere et coustume de Grece vous convient faire la feste. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 137).

 

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En partic. "Épreuve coutumière, rituelle" : ...il respondy : Je demande l'adventure et la coustume de ce chastel. Et ly preudoms lui respond : Vous soiez ly tres bien venuz, et venez aprez moy, et je vous menray ou vous trouverez l'adventure. (ARRAS, c.1392-1393, 303). Lors lui demande qu'il queroit ; Ly roys respont qu'il demandoit La coustume du noble lieu. Cilz respont : "Venez, de par Dieu. Je vous menray grant aleüre Ou vous trouverés l'aventure." (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 303).

 

2.

[À propos d'une pers., d'un individu] : En grec "ethos" c'est meur ou coustume, et "ethica" c'est vertu moral. (ORESME, E.A.C., c.1370, 146). ...Mais avoit coustume et maniére Que touz jours estoit en priére (Mir. st Alexis, 1382, 361). ...selon la simplece de mes sens non encore du tout parcreus m'informoye ades des coustumes manieres et condicions de la ditte dame. (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 76). Je cognois bien mon mary, dit elle ; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard (C.N.N., c.1456-1467, 28). Par l'ordonnance de sa dame, il print regle et coustume de la venir visiter a toutes les foiz qu'il sentoit le mary estre absent (C.N.N., c.1456-1467, 441). Et sa coustume est telle que jamais il ne delibere chose, que grandement et meurement elle ne soit debatue, avant que la conclurre... (BUEIL, I, 1461-1466, 175). Et, à la vérité, il n'eust point failly à ceste tierce ouverture, car ledict duc avoit une coustume que, aussi tost qu'il estoit descendu de cheval au lieu où il venoit pour loger, il ostoit le menu harnoys et retenoit le corps de la cuyrasse et se montoit sur ung petit cheval, huyt ou dix archiers à pied avec luy seulement. (COMM., II, 1489-1491, 142). Athabary fut, selon aucuns, environ ce temps souffisant astrologien et sa coustume estoit, chacun an, de prenostiquer sur le pris des choses par la revolucion de l'an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

 

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En partic. [souvent p. rapport à la santé] "Mode de vie" : ...car cecy nous faut il mesurer selon la vertu du malade ; avec ce nous convient il regarder le temps de l'an, la region, l'aage du malade, et la coustume. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 56). Maiz, s'aucun homme avoit amors à baignier et laver son corps, Continuer le peut et doit, Car mains beaucop qu'il ne souloit, Car maintes foiz il est mestier à coustume satisfier. (LA HAYE, P. peste, 1426, 86). Et, s'aucuns de noz Anciens, Qui furent bon Phisiciens, Aient défendu la béverie De vin en temps d'épidémie, Ilz le firent, com l'en présume, Pour ceulx qui n'orent pas coustume De le boire communelment (LA HAYE, P. peste, 1426, 99). Et jaçoice que la digestive soit fortifiee de nuyt, toutesfois la fortification ne souffit pas pour digerer grandes replections de viandes et les humeurs suparflues. En oultre est a noter que en prenant grande quantité ou petite de viande au disner ou souper, toute coustume doit estre conservee, car coustume est chose tresgrande et merveillieuse pour conserver la santé et pour maladies curer (Rég. santé corps C., 1480, 13).

 

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Plus que par coutume. "Plus que d'ordinaire" : Sy advint un jour qu'(...)il fit une partie à la paume, et de fait joua une bonne espasce de temps de bon hait, soy donnant largement traveil et plus qu'à luy ne séoit, car s'eschauffa plus que par coustume. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 442).

 

3.

"Habitudes"

 

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"Habitudes, comportement" : Et aprés ce que j'auray vehues et considerees les coustumes et les meurs du Pape et samblablement de ses freres cardinaulx... (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 56). ...car Amours a mis vostre cueur en tiel lieu qu'il ne le povoit mieulx loger, pour ce vrayment qu'elle [la dame] vault trop et en couraige, en beaulté, en coustume, en doulceur et en gracieuseté, en honneur et en noblesse. (BEAUVAU, Troyle, c.1455. In : Chrestom. R., 92).

 

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Noble coutume. "Bonne éducation, bonnes manières" : ...pour le grant et noble lignayge dont il vient, pour les bonnes et nobles coustumes et vaillances qui sont en luy (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 291). Administracion de nourreture et estat lui fut baillié si nottablement comme droit et noble coustume requiert à telz royaulx enfens (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 15).

 

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Male coutume./Mauvaise coutume : Grant dommaiges est que Berinus li enfes avoit enchargié si mauvaise coustume par le mauvais chastiement du pere et de la mere. (Bérinus, I, c.1350-1370, 9). Et as uns adviennent les concupiscences dessus dites de leur mauvaise nature, et as autres par mauvaise coustume que il ont aprise en enfance. (ORESME, E.A., c.1370, 381). ...et cheent les peux en l'environ de la plaie ou vulnere, et qui sont avec de malle coustume ou de malles meurs, telles plaies ou vulneres sont fraudulentes decepvans et malvaises. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 156). ...non obstant que pour sa viellece et noureture delicieuse et male coustume ja convertie en meurs, pour sa fragilité ausi, tepidité et negligence, il n'ait pas fait telle penitance come ses grans pechiés le requeroient (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 320). Et se la coustume est mauvaise tu pues dire ainsi : se il a mespris on lui doit pardonner, car mauvaise coustume lui a fait ce pechié faire, et par usage il est a mal enclin. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 99). Et pour lesdis cas plusieurs en furent batus au cul de la charette, pour leurs jeunes aages et premier mefait, et les aultres, pour leur mauvaise coutume et perseverence, furent penduz et estranglez au gibet de Paris, nommé Montigny (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 4).

 

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Dire de / par coutume : ...comme l'en dist par coustume, haste ou besoing fait la vielle troter (Comte Artois S., c.1453-1467, 82). ...car on dist de coustume : "tel maistre, tel varlet ; selon seigneur, maisnye duitte", car se le maistre estoit mauvays, pareillement le furent les serviteurs qui la dame avoyent a conduire. (Flor. Octav., a.1454. In : Chrestom. R., 144). ...on dit de coustume : A la tierce foiz va la luycte. (C.N.N., c.1456-1467, 102).

 

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De coutume./Par coutume./Pour coutume : Je leur sui phisicienne et garde ; De tous maus les deffen et garde ; Il m'aourent ; je les honneure ; Il me prient, et je demeure ; Je sui leur ressort, leur recours Par coustume et par entrecours (MACH., R. Fort., c.1341, 79). ...et toute inclinacion naturele ou acquise par coustume est plus tenant que opinion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 340). Du premier mès, nul à lui ne parloit ; foison de volille par coustume mengoit, les elles et les cuisses tant seulement mengoit, et guaires aussi ne buvoit. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 78). ...les Escos faisoient par coustume si grans feus, et tant, et si grant bruit de juper et de corner, que ce pooit estre une mervelle. (FROISS., Chron. D., p.1400, 145). ...le nouveau maryé n'eust pas dit ung mot pour cent francs, dont ceulx de dehors ne savoient que penser, car il n'estoit pas muet de coustume (C.N.N., c.1456-1467, 198). ...son mary passe par devant l'ostel au cordoennier avec ung aultre son voisin qui alloit de coustume a la taverne. (C.N.N., c.1456-1467, 528). Pour aussy vray qu'euvangile, je vous dy que quant un jone homme pucel espouse une fille pucelle, le premier enfant qu'ilz ont est par coustume fol. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 85). Nous avons anticipé l'eure Que les bestes de se pays Pour coustume font leur logis Aux champs, es vignhes ou es boys. (Pass. Auv., 1477, 141).

 

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Outre coutume. "De façon inhabituelle" : Fortune, sanz merite attendre, Oultre coustume la voult rendre D'autres pluseurs assez meilleure ; Plus [qu'en] moult d'autres en toute heure Y mist assez honeur, richesse, Puissance, valeur et noblesse. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 203). Adonc n'attendi pas grant pause Et m'eslargi oultre coustume, Car sanz dons ne vault une plume. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 225).

 

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Avoir coutume que./Avoir coutume à faire qqc. : Sire roys, mes peres (...) avoit coustume qu'il aloit tous les matins en la forest qui joint a la forteresse, disant ses heures tous seulz. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Il a coustume a fort ferir Et a grans labeurs soustenir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 366).

 

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Avoir coutume et usage de + inf. : Par ce point me pris a servir, Nom pas de mon corps asservir En subjection de servage, Mais d'avoir coustume et usage De savoir la gent honnourer... (MACH., D. Aler., a.1349, 319).

 

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Avoir à / de coutume que + subj. : Mais elle m'a, sans nul aligement, En desirant fait trop lonc temps languir Pour ma dame que j'aim sans repentir. Et s'Amours a de coustume et d'usage Qu'elle face morir pour li amer Ceulz qui sont sien et en son doulz servage Et qui vers li ne saroient fausser, Ce poise mi vraiement (MACH., L. dames, 1377, 91). Qant les varlés de ce d'Artevelle les veirent ensi venus, si furent tout esmervilliet que il demandoient, car il n'avoient point a coustume que chil de Gaind, ne aultres gens venissent ensi de fait et en cel estat parler a lor mestre et voloir esforchier la maison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 637). Et dient ceulx du pays que jamais ne se fist nul mal en la dicte crote, ne soir ne matin ; et ont de costume qu'ils tiennent le costé de la mer a quelque heure que se soit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 264). [mode indéterminable]

 

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Avoir à coutume de : ...qant il les veirent venir a cevauchant en ordenance de bataille, et tout en une brousse, banieres et pennons ventellans, ce que a coustume il n'avoient pas de veoir, si se conmencierent a esfraer (FROISS., Chron. D., p.1400, 690).

 

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Avoir de coutume (de). "Avoir l'habitude" : Si alay tout seulet, ainsy Que l'ay de coustume (CHART., L. Dames, 1416, 198). L'oste prend congé de luy et se retrait en sa garderobe, comme il avoit de coustume pour soy deshabiller. (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...folz, yvres et enfans ont de coustume de vray dire (C.N.N., c.1456-1467, 153). Il a de coustume, comme tu scez, de se virer par nuyt vers moy, et me taster ung peu (C.N.N., c.1456-1467, 248). ...les Anglois ont de coustume après qu'ilz ont oy la messe d'aller desjeuner en la taverne au meilleur vin (C.N.N., c.1456-1467, 392). Et, après ledit trespas, son corps, depuis qu'il fut appareillé comme on a de coustume de faire, fut porté inhumer dudit lieu des Montilz en l'eglise Nostre-Dame de Clery (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 137). Il le faisoit seullement peur leur donner occasion de parler ensemble et de gaigner temps, car ilz avoient de coustume, et ont encores, d'aller tout le peuple ensemble au palais de l'evesque quant il survenoit matières nouvelles, et y sont appelléz au son d'une cloche qui est leans. (COMM., I, 1489-1491, 112). Tousjours avoyent de coustume le roy et le duc de Bourgongne, dès que l'yver venoit, de faire trève pour six moys ou pour ung an ou plus. (COMM., I, 1489-1491, 242). Cestui avoit de coustume chacun an de prenostiquer et, entre autres choses, predist de ce qu'il fut veu en France le jour devant les nones d'avril, à l'aube du jour, c'est assavoir la conjuction de plusieurs estoilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 v°). Et adonc ledit grant maistre, qui avoit de coustume de mener la bataille, pour ce qu'il estoit lieutenant du roy en l'abscence du connestable (...) vint devers icelluy connestable et l'advertist du nombre de gens qu'estoient lesditz ennemys (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 303).

 

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Avoir qqc. à / en coutume. "Être habitué à qqc. (que l'on pratique constamment)" : Et ancores de la discipline dist Valerius : que tant la maintenoit le roy Pirro sur ses gens, lesquelz l'avoient tant en coustume que par elle, au .XIIIIm. Grecz, il desconfit les Barbares qui estoient .Cm. (LA SALE, Sale D., 1451, 123). Ces gens se chauffent de charbon de terre qui fait mal à ceulx qui ne l'ont à coustume. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 109).

 

-

Il est de coutume que + subj. : Et aprez la bataille, (...) vous savez qu'il est de coutume que on en parle et devise et dist l'en les biens et les maulx et ce qui y a esté fait et ce qui n'y fut oncques fait (BUEIL, II, 1461-1466, 204).

 

-

Prendre la coutume. "Prendre l'habitude" : ...les hommes foibles de sens et faciles a pernicieulx exemples ont depuis prins la coustume de adourer et prier les ydoles, et faire ymage a leurs proismez et bienfacteurs, ou a ceulx qui en leur vie avoient esté puissans et redoubtez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114).

 

-

Loc. prov. [Coutume en cooccurrence avec nature] : Non pourquant fust ceste loy tres contraire es choses acoustumees et a nature, car coustume vaint nature. (GERS., P. Paul, a.1394, 494). Dont il appert évidemment à tout homme d'entendement Que nul ne doit lors s'avancier à nouveau travail commencier, Car forte chose est de coustume Que nature vaincre présume (LA HAYE, P. peste, 1426, 84). Car coustume rent maistre et devient nature. (BUEIL, II, 1461-1466, 32). Et par diete on doibt entendre aministration de boyre et de mengier. Et la cause de celuy enseignement est car de trangresser la diete acoustumee nuyst grandement car coustume est la seconde nature, et pour ce come il fault garder nature, il convient de garder coustume c'elle est louable. (Rég. santé corps C., 1480, 104). Ceste chose vient par accoustumance, car, comme dit le Philosophe, "Coustume est une autre nature". La force de coustume est si grande que, ce que l'homme fait en veillant, aucunes fois il le fait en dormant ou aux yeulx cloz. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 196). Mais, comme dit le Philosophe : "Coustume est une seconde nature". (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 259).

 

Rem. Cf. aussi DI STEF., 214c.

 

4.

P. ext.

 

a)

"Manière de faire en face de qqc., en conformité avec qqc."

 

-

Avoir la coutume de qqc. : Tele appropriation ou tel appropriement a la coustume des saintes escriptures, laquelle a donné les euvres manifestans la puissance au Pere (Somme abr., c.1477-1481, 159).

 

-

Savoir la coutume de qqc. : ...mesires Lois d'Espagne, qui bien savoit les usages et coustumes de la mer, se pourvei de barges et de balengiers, et mist sus la mer sen armee (FROISS., Chron. D., p.1400, 566).

 

b)

"Manière de faire avec les animaux, dressage" : Au point du jour, que l'esprevier s'esbat, Meu de plaisir et par noble coustume, Bruyt la mauviz et de joye s'esbat, Reçoyt son per et se joinct a sa plume, Offrir vous vueil, ad ce desir m'alume, Joyeusement ce qu'aux amans bon semble (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

B. -

DR.

 

1.

"Droit établi par l'usage, à l'origine non écrit" : Item a curié de ladicte eglise mon seignour saint Ypolite de Poloigney quinze soulz estevenans par une foiz, pour touz le droit que leur puest competir en mon enterrement, tam de droit comme de costume. (Test. Besanç. R., t.1, 1361, 426). Ce fait, la fausse gent ont pris Toutes les chartres dou païs, Où les coustumes et les loys Estoient, et les drois des roys ; Si les ont arses et brulées Et en un ardant feu getées Si que mais ne seront veües, Ne retrouvées, ne leües. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). Ce furent les deux princes (...) qui sont le plus à recommander, car ilz vivoient largement et honnestement du leur, sans grever ne travaillier leur peuple, ne de mettre nulles mauvaises ordonnances ne coustumes en leurs terres. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 160). Et si veons, conme experience le nous enseingne, que plusieurs cytés et persones priviligiees par privileges dez princes, par prescripsion ou longue costume, que taille ou aide ou subvencion ne doient païer, toutevoies, au jour d'uy, telles cytés ou persones se soubmetent a la volanté du Roy conme lez aultres (Songe verg. S., t.1, 1378, 44). Tant de Droit escript que de coustume, un clerc puet convenir celluy qui luy fait aucune injure ou celluy de qui il a juste cause de se doubter, en la court de l'Eglyse (Songe verg. S., t.2, 1378, 175). Enquel buisson nul n'a coustume en pasturage ou autrement, soit la forest vendue ou non, excepté lesdis bourgois, reservé la guarenne du roy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 18). ...garder et tenir en droit et soustenir les coustumes et libertés normandes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 673). Et pour ce comme dessus requierent et supplient à la Court qu'elle les laisse joïr et user de leurs dessusdis usages, privileges, coustumes et possessions (FAUQ., II, 1421-1430, 299). Qui sera cellui qui me puist mectre avant ung hault honneur rendu pour vertueux service ne une seule correction pour deliz infiniz commiz en chief contre toute ordonnance d'armes et au revers des loys et coustumes des preux et des vaillans ? (CHART., Q. inv., 1422, 59). Coustume est droit non escript constitué et ordonné par raisonnables acoustumances et usaiges de tout le peuple d'aucun pais ou de la maire partie d'iceluy, droictement et bien commencez et par plusieurs foiz par dix ans fréquentez, aiant auctorité et puissance de lay. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 454). Loy et coustume different comme chose expresse et chose taisible ; car lays sont expressement escriptes es livres, et les coustumes ont auctorité par taisible consentement de peuple, ou autrement du consentement d'aucun hoir. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 455). Entre les aultres chevaliers de Bourgoigne ung en y avoit nagueres, lequel, contre la coustume et usage du païs, tenoit a pain et a pot une donzelle (C.N.N., c.1456-1467, 454). Et, le mardi XXVIe jour de may, fut crié à son de trompe et cry publique par les carrefours de Paris, comme de toute ancienneté il soit de coustume et qu'il ne loise à nulz, de quelque estat qu'ilz soient, de faire assemblées de gens en la ville de Paris, sans le congié et licence du roy et sa justice (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 71). Le prince ou bon chevalier desire le bien commung et de ses subgectz ; le tirant demande et quiert son prouffit particulier et l'oppression du peuple. Les tirans font loix et coustumes iniques pour opprimer leur peuple. (BUEIL, II, 1461-1466, 73). ...mais, s'il n'y avoit riens à faire, qu'il desiroit aller à Paris faire publier leur appoinctement en la cour de parlement, pour ce que c'est la coustume de France d'y publier tous accordz, ou autrement ne seroient de nulle valleur. (COMM., I, 1489-1491, 164). ...car tous ces seigneurs d'Allemaigne y estoient à leurs despens, comme il est de coustume, quant il touche le faict de l'empire. (COMM., II, 1489-1491, 20).

 

-

Par coutume : Item, ont et pevent faire prendre et lever par coustume en ladicte forest coings pour fendre leur coustume, pourveu que la teste soit faicte avant que le forestier les voie ou treuve (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 248).

 

2.

"Ensemble des règles coutumières d'un groupe donné" : Item, selon la general coustume de France, le mort saysit le vif plus prochain en degré, de celluy costé duquel la succession descent, et si exclut tous lez aultres plus lointains en degré (Songe verg. S., t.1, 1378, 260). Coustumes sont ce que estoient gardées d'ancienneté et esprové des princes et gardé du pueple, qui devisent à qui chascune chose doit estre et ce qui appartient à chascun. Lois sont establissemens que les princes ont fait et que le [pueple] a gardé en la contrée, pourquoy touz comptens sont finéz. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 108). Et combien que, selon la coustume, XL jours de souffrance soient ordonnez, quant aux amis de l'une partie et de l'autre, esquelz quarante jours les deux parties qui ont commaincie la guerre doyvent mander et faire assavoir a tous leurs amis et parens qu'ilz se doyent garder (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 416). ...car s'en estoit allé ledit conte (...)tenir la Vierscare - qui vault autant comme ung parlement a la coustume du pays -, que nul ne peut tenir que le prince en sa personne ou son filz aisné. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 129).

 

-

Par / selon la coutume de (+ nom de lieu) : ...le dit évesque estoit tenuz à respondre et procéder en noz assises pour cause dudit patronage par la coustume de Normandie (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 199). ...selon l'us et coustume de Champaigne, selon laquelle ceste conté de Rethel, du moins ladite ville de Maisieres, se rieugle (Trés. Reth. L., t.3, 1448, 240). ...par l'usaige et coustume du pays d'Anjou, le juge ordinaire ne doit congnoistre de nulles actions, soient reelles, mixtes, ou personnelles hors les assises (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1458, 5). Car par la coustume de Bourgoingne, cellui qui est condempné a induces de VII jours et doit paier la condempnacion ; et aussi le doit condempner es despens de la partie, reservée au juge la tauxacion. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 114).

 

3.

"Règle de droit déterminée" : ...la dicte partie qui avoit gaigné sa cause pendant ou procez demandoit par aventure despens ou autre chose un pou plus largement que, selon le texte de la coustume, faire ne devoit (Echiq. Normandie S., 1391, 71). Si aucun meffait en paix et il se transporte en autruy pais voisin, et les coustumes des deux pais sont adverses, question est qui en congnoistra. La responce est que le juge du pais où il a fait le meffait en cognoistra ... (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 155). Coustume nupcialle n'est autre chose fors que coustume particulliere pour le dedens d'aucune cité. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 455).

 

-

De droit et de coutume./De droit et par coutume : Renonçans en ce fait, par leur foy et par leurs seremens, a action en fait (...) et a toutes autres choses qui, de fait, de droit, de us et de coustume ou autrement, leur pourroient aidier et valoir a venir contre la teneur de ces lettres (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1344, 127). Il doivent de droit et par coustume labourer les terres des gentils hommes. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 95).

 

4.

"Ce que l'on possède ou ce dont on a la jouissance par droit d'usage" : Item, s'ilz prennent boiz vert en icelle forest et coustume, ilz en sont tauxés selon la coustume d'icelle forest, selon le meffait raporté par les sergens d'icelle forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 122). [Il a le droit de vendre sa] coustume, maisons et tous autres bois et tieulle aux aultres coustumiers, en payant au roy le XIIIe denier par congié du verdier. (Doc. 1424. In : M. Prevost, Étude sur la forêt de Roumare, Bull. de la Soc. libre d'émulation du commerce, 1904, 510).

 

-

(Bois de) coutume. "Bois (sec ou de qualité inférieure croissant dans des parcelles non réservées) auquel s'applique le droit d'usage dont peuvent bénéficier les habitants des villages voisins de la forêt" : Fere closture d'espine pour clorre sur rive de leur coustume (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 41). Lez commun et habitans de la ville et parroisse de Forgez en Bray ont acoustumé de prendre en la forest de Bray les coustumez qui enssuivent, c'est assavoir le mort bois et le sec (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 208). Item, ont et pevent faire prendre (...) coings pour fendre leur coustume (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 248). Item, se yceulx bourgoiz amenent ou font amener bois à somme de ladicte forest et leurs crocs de somme rompent ou despiesent, eulx em pevent faire de bois de coustume en ladicte forest sans païer amende, autant comme eulx en aront despiecé. (...) Et en oultre, se ilz cloent ou veullent faire clore leurs terres ou leurs jardins et ilz y mettent gaulles, sitost que la gaulle sera lié à la haie ou à un des piéx seullement, lesdictes gaulles sont leurs sans aucune amende, mais que le bois soit de coustume. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 249). ...et quant leurs dictes coustumes aront reposé une nuit ou plus à leurs maisons ou dehors ladicte forest, ilz la pevent vendre et livrer l'un à l'autre, et mener par toute ladicte coustume à charete ou à chevaulx ; (...) et se ilz coupent un arbre tout sec qui rompe un autre au cheoir, soit vert ou sec, ledit arbre rompu sera de leur coustume et sans amende. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 331).

 

.

P. méton. "Cantonnement auquel s'applique le droit d'usage" : Et contre iceulx habitans le procureur de mondit seigneur eust dit et proposé comme ilz avoient mené et fait mener et encores faisoient par chascun jour leurs bestaulx es boys nommés et appellez les Boys des Coustumes, et en iceulx boys avoient prins et prenoient boys pour maisonner et boys mort pour leur ardoir et chauffaige, sans en faire aucune reddevance a mondit seigneur le conte (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1397, 711). ...et quant leurs dictes coustumes aront reposé une nuit ou plus à leurs maisons ou dehors ladicte forest, ilz la pevent vendre et livrer l'un à l'autre, et mener par toute ladicte coustume à charete ou à chevaulx (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 331).

 

5.

"Impôt, redevance, taxe"

 

a)

[Sens général] : ...de coillours des costomes, countreroulers, tronetaries, botillers, et lour assocyez (Chron. London A., c.1350, 88). Et pour ceu vous yert ceu guerrandon randu Que ma fille averez et s'arez au sorplux La terre de Sezille, lez chaistialz et lez mur, La citeit et lez ville, la coustume et lez huix Aprés ceu que du ciecle serait mort et perdut, Car viez hons sus et fraille si que ne valt rien plus. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 253). Tel coustume alleva ains l'annee acomplie, De quoy en la cité fut la gent sy honnye Que d'un seul huis ouvrir qui sciet sur la chaussie Paioit on .vi. deniers la sepmaine acomplie (Tristan Nant. S., c.1350, 112). Et soiez tousjours sur vostre garde, tant que la puissance soit vostre, car, se vous vous laissiez sourmarchier, il vous fauldroit gouverner a leur voulenté. Mais toutesfoiz gardez vous que, quelx qu'ilz soient, durs ou debonnaire, que vous ne leur alevez nouvelle coustume qui soit desraisonnable. Prenez sur eulx vostre droit, sans eulx taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables, car, se peuple est povre, le seigneur est mendiz (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

-

Fausse coutume. "Impôt injuste ou impôt perçu à tort" : Les ducz, les princez, les barons Hont faitte composition Par convent de faulse costume. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340 [c.1450], 77). Chevaliers en la vielle loy Estoient eslehuz pour faire droit, Mais acrotis sont comme enclume. L'un ment pour voir, l'autre pour foy, Trop savent de chaitiz traffoy Et de lever faulse costume. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340 [c.1450], 87).

 

b)

En partic. "Redevances et prestations dues au seigneur"

 

-

"Redevance en argent ou en nature due au seigneur pour une habitation ou l'usage d'un terrain" : ...chascun an quatre deniers parisis de fons de terre, demie coustume dont la coustume vault par an un sextier d'avoine, un minot de fourment et deux chappons qui se paient le jour de Noël (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1390, 621). Philippe de Villiers eust dit, que en ladicte ville et ou terrouoir d'icelle, il avoit XX et quatre arpens de coustumes, dont il ne devoit que quatre solz parisis par ans (Ch. VI, D., t.2, 1403, 48). ...les coustumes desd. maisures, qui sont pour chascun feu une geline, deux bichetz avene et environ quarante s. t. chacun an en argent (Trés. Reth. L., t.4, 1480, 376).

 

-

"Droit levé sur les productions et les marchandises mises sur les étals du marché" : ...car ensi com en une vile si homme vendist partout, le seignur perdroit sa coustome, et pur ceo est ordenez qe tout soit vendu en une place de la vilee, et c'est comunalment en une carfour la ou touz les chemyns s'assemblont. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 121). ...en tant qui touche l'estaillages ou cornaiges de nos hommes de la Chapelle d'Antenaise, que nous disions estre francs à Laval et nostre dit cousin dict au contraire, lesdits hommes payeront ledict estalaige comme les autres et n'en seront point quictes de coustume en faisant despry. (Cartul. Laval B., t.2, 1401, 371).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Le diable si est seignur de ceo marchee et prent ses prises et ses droitz, et le pavage si est tout soen - c'est l'alme, q'est paiee pur le tool ["la taxe"] - c'est la coustome qe ne se prent nule part fors en marchee (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 121). Et la se vient le pecché mortel et nule autre part, car nule peecché est mortel tantqe il vient en coer, ne nul coustome de l'alme ne poet le diable chalangier forsque la. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 121).

 

-

"Droit levé sur le transport des marchandises" : Item, je treuve que, quant la guerre fu entre les Espaingnoz et ceulz de la Rochelle, que les Espaingnoz emporterent environ XVm tonniaus de vin et furent touz portez hors du royaume sanz paier la coustume (Doc. c.1330. In : H. Moranvillé, Bibl. Éc. Chartes 64, 1903, 573). ...et disions en oultre à nous appartenir les costumes et les planchaiges de touz les vessiaus entrans le chenau de Jart (Doc. Poitou G., t.1, 1333, 413). ...pour deniers paiez par li, pour le Roy, au viconte de Londres, pour la coustume des vins qui darrainnement sont venuz de Gascoigne (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 210). Et en ce que touche les draps que lesdits supplians et marchans détailleurs de draps mèneront es foires et marchez du païs d'Anjou, iceulx seront tenuz payer pour la cloaison cinq soulz pour chascune charge ou fardeau, la coustume, le trespas de Loire (Roi René vie L., 1461, 295).

 

.

Coutume de (+ nom du produit ou du service taxé) : ...le dit sire recognoist que le demourant de la dicte coustume nous appartient, sauves les coustumes et le boutage du vin que l'en vent au dit bourgc (Cartul. Laval B., t.2, 1332, 171). ...lesdiz magnans et habitans de nostre dicte ville de Saint Ligier sont frans de coustume de havaige en la ville de Chevreuse (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1412, 807). Item, plus est à rabatre, qui a esté prins et retenu par les grenetier et contreroleur dudit grenier pour la coustume de 288 bestes qui ont amené ledit sel (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 589).

 

6.

"Péage" : ...[certaine quantité de bestiail] conduite et acquittée du trespas et coustume par Denis le Lou (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1447, 211). : Si marchant ignorant coustumerie aiant cause de ignorance, trespasse sa denrrée par la brancherie et non par le corps d'icelle sans l'acquiter, en jurant ladicte ignorance, et paiant la loy d'amende avecques la coustume, il s'en ira. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 156).

 

-

P. méton. "Lieu où l'on paie le péage" : S'aucun marchant forain trespasse par les branchières d'aucune coustume par la terre du conte, du baron, ou du seigneur chastellain, sans acquicter sa denrée, s'il ygnore l'acquict pour ce que autres foiz n'y ait passé, il sera receu de le jurer par serement (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 287).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

 Article 20/35 
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     COUTUMER     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMER, verbe
[T-L : costumer ; GD : costumer ; AND : custumant ; FEW II-2, 1091a-1092a : consuetudo]

A. -

"Habituer"

 

-

Coutumer qqn (à faire qqc.) : ... Et ont [les laboureux] les braz usez pour donner Grans coupz et longuement tenir, Car ont usé paine souffrir ; Sy ne fault que les coustumer Tant seulement harnoys porter. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 28).

 

.

Coutumer (un animal à faire qqc.) : Elle enseigna a ses subgiez a compter et aprivoisier les buefs et a les coustumer a estre acoupplez au jouc (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 743).

 

-

Coutumer qqc. "S'habituer à qqc." : Vous tenez qu'ilz ne vauldriont rien [les gens de labour] : S'ilz avoient un pou coustumé Simple cote en leur costé, Ilz nous feroient plus grant guerre Que tous les gentilz d'Angleterre (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 27).

 

.

Avoir usé et coutumé de. "Avoir l'habitude de" : [Il] ont veu que les gens du dit pays ont uzet et coustumet des coustumes de Haynnau (Arch. Nord, 1329, B 19486, pièce 4, f° 3, IGLF). Requis, il qui parle, se il scet que lesdis lombars aient usé et coustumé, quant ilz comptoient à leurs debteurs, de mettre et faire obligier lesdis debteurs des montes avec le principal, et de faire obligier de ce que le sort et montes valent en somme au double, dit que oy. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 404).

 

.

(Estre) usé et coutumé de. "Avoir l'habitude de" : ...chil Alemant estoient droite gens d'armes, et bien usé et coustumé de tels besongnes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 431).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Habituel" : ...et chacun jour y aura offrande coutumée comme le premier jour. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 187).

B. -

DR. COUTUM.

 

1.

"Payer (sur les marchandises) la redevance acoutumée" : Item, que ceuls de le coustume dou Dam soient tenus de jour et de nuit et toutes fois que requis en seront, de coustumer les avoirs des dis marchans d'Espaigne, quant il ariveront au Dam en escutes ou autrement (Arch. Nord, 1366, B 1566, f° 35, IGLF). ...que ceulx de le coustume du Dam soient tenus de jour et de nuit et toutesfois que requis en seront de coustumer les avoirs desdiz marchans d'Espaigne quant il arriveront au Dam en escuttes ou autrement (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1384, 37). [reprise en 1384 du texte de 1366]

 

-

Empl. pronom. à sens passif : [Edouard III projette de faire de Calais une ville entièrement anglaise] Et seroit a Calais li estaples des lainnes d'Engleterre, dou plonc et de l'estain ; et se venroient ces trois marceandises coustumer a Calais, et feroient la le qai et le havene. (FROISS., Chron. D., p.1400, 854).

 

Rem. Ph. Ménard, Rom. Philol. 30, 1976, 293, en suivant FEW, corrige la déf. de l'éd., "être dédouané", en "payer la redevance".

 

2.

Coutumer un heritage. "Remplir les charges auxquelles est tenu un héritage en vertu du droit coutumier" : ... et est à savoir que Lothars Cordowans, clers, est en l'yretage en non de personnage pour l'yretage coustumer pour l'églize de Felines (Cartul. Flines H., t.2, 1340, 442). ... et qu'elle [l'abbesse] y mesist homme vivant et morant pour ledit hiretage coustumer as us et as coustumes que le hiretage doit (Cartul. Flines H., t.2, 1343, 587).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 21/35 
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     COUTUMERIE     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMERIE, subst. fém.
[GD : costumerie ; FEW II-2, 1092a : consuetudo]

DR. COUTUM.

A. -

"Droit de coutume, droit de péage" : Et s'il trespasse hors les bournes secretement, soit par eaue ou par terre, au dedens desquelles se recoit ladicte coustumerie sans acquicter la denrée, ses chevaulx, charretes et voitures sont confisquez s'ilz sont prins (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 157).

B. -

"Lieu soumis à un droit de péage, étendue de la seigneurie dans laquelle est perçu ce droit" : Et si aucun marchant a trespassé aucun peaige sans acquicter et retourne par ladicte coustumerie, le seigneur d'icelle coustumerie le peut contraindre à poier LX s. d'amende et la coustume (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 261).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 22/35 
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     COUTUMIER     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMIER, adj. et subst. masc.
[T-L : costumier ; GDC : coustumier ; AND : custumer1 ; DÉCT : costumier ; FEW II-2, 1091a, 1092a : consuetudo ; TLF : VI, 386a : coutumier1]

I. -

Adj. [Idée d'habitude]

A. -

[D'une pers.] Coutumier de qqc. "Qui a l'habitude de qqc." : ...chil Normant et chil Genevois estoient tout esqumeur et coustumier de la mer, et trop bien en pooient la painne, car en tout lor vivant il n'avoient fait aultre cose que poursievir les aventures d'armes sus la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 406).

 

-

(Estre) coutumier de + inf. "Avoir l'habitude de faire telle ou telle chose, d'être dans tel ou tel état" : Li chevaliers Qui sages fu, courtois, et biaus parliers, Grans, lons, et drois, biaus, et gens, et legiers, Et d'onneur faire apris et coustumiers, Sans plus atendre, Courtoisement me vint mon salut rendre. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 103). Mais li portiers La porte ouvri de cuer et volentiers. Je qui hurtay et qui fui li premiers Et de laiens estre assez coustumiers Parlay einsi... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 111). J'estoie juenes et petis, Nices, enfes et enfantis, Nus de scens et pleins d'innocence, D'assez petite congnoissance, D'estre en oiseuse coustumiers, Dame, quant je vous vi premiers, Ja soit einsi qu'encor en soie Mieus garnis que je ne vorroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 131). Et ne dormoit que sus fumiers, Et de ce estoit coustumiers (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Un jour estoit Susenne alee En vergier en tele maniere Comme elle en estoit coustumiere, O deus pucelles seulement, Car en vergier secretement Pour la chaleur qui grande estoit Baingnier et laver se voloit. (MACH., C. ami, 1357, 6). Li dux parla tous li premiers, Car il en estoit coustumiers, Et vraiement bien afferoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 44). ...les bourgois (...) n'estoient mies bien coustumier de guerriier. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 12). ...un appellé Lucas Rochier, qui estoit homme de petite conscience et coustumier de prendre à loier buefs, vaches et autres bestaux des granz seigneurs du païs (Doc. Poitou G., t.5, 1377, 23). De tous biens est coustumiere ; N'est doubliere, Mais entiere (MACH., Les lays, 1377, 393). ...un nommé Jehan Bouchart demourant au dit Cherveux, qui estoit homme coustumier de mener vie dissolue, maintenoit la femme du dit Gilet (Doc. Poitou G., t.6, 1394, 167). ...Couvoitise est tousjours coustumiere D'amer honneur assez escharcement Et tout a coup par son aveuglement Entrerompre l'ordre de bon ouvrage. (CHART., B. Nobles, c.1424, 400). Considere la petite conclusion des grans faitz de Hanibal, et cest exemple te pourra suffire pour tous. Car celuy duc, redoubtable patron de chevalerie et maistre dez victores, fust si constumier de vaincre, qu'il luy sembloit avoir surmonté fortune et desconfit maleur, et que Dieu et les destineez fussent jureez avecquez luy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 141). ...sitost que maistre cyrurgien vit cest oeil il le jugea comme perdu, ainsi par adventure qu'ils sont coustumiers de juger des maladies (C.N.N., c.1456-1467, 503). ...les jeunes galans, luy present, estoient coustumiers de passer souvent devant son huys pour la veoir [la jeune femme] (C.N.N., c.1456-1467, 559). Maintenant, quant nous sommes clers en la science, devons-nous lesser l'euvre ? Que vauldroit ce que nous aurions aprins à si grant peril, se nous n'en faisions l'exercite ? Nous l'oublierions et apparesserions nos coeurs, qui maintenant prisent petit une grant chose et feroyent de une petite grant. Car par l'usance de la guerre, que nous avons menée, nous sommes coustumiers de gaingner et ne craignons rien fors Dieu. Et j'ay grant paour que, se nous sejournons plus, nous pourrons changier coustumes. (BUEIL, I, 1461-1466, 150). ...or ne m'en puis je assez venger, veu le desplaisir que elle m'a fait, et qu'elle est coustumiere de faire (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 155).

B. -

[D'une chose] "Qui devient une habitude, qui s'acquiert par l'habitude" : Et philosophie morale, combien que elle enseigne de acquerir vertus coustumieres comme fortitude, prudence, justice (...), toutevoies point n'enseigne comment on doibt et puet acquerir charité (Somme abr., c.1477-1481, 98).

II. -

DR.

A. -

Adj.

 

1.

[D'une pers.] "Qui est soumis aux redevances appelées coutumes" : Femme coustumière a la moitié en doaire de la terre son seigneur espoux, et la moitié ès meubles ; et paie la moitié des debtes. Mes elle ne met riens en l'aumosne de son seigneur. Et doit tenir son doaire en bonne estance. Et doit metre la moitié en toutes les coustumes et devers que les choses deivent ou nom de héritiers. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 339). Et einsi n'a home coustumier bail d'enfant coustumier se il n'est son père ou sa mère, puis que il scet bien dire à qui il vieult aler. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 341).

 

Rem. Doc.1415 ds DU CANGE II, 525c : femmes (...) tant nobles que coustumieres.

 

-

[Marquant le mépris dans la bouche des scribes et des pharisiens] : Rabi, fait nous ung jugement De ceste femme costumiere, Prinse l'avons en adultere. Dy nous ce la lapiderons Ou se grace nous ly ferons ; Nous voulons que chascun le saiche [Réf. à l'épisode de la femme adultère, Jean 8, 3-11]. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 162).

 

2.

[D'une pers., d'une communauté, d'un lieu] "Qui est soumis au droit coutumier" : ...ilz pevent prendre et abattre le boiz vert en forest coustumiere par amende sans perdre le ferement, mes qu'ils le puissent abattre par sec. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 9-10). Les habitans de la ville de Rossay, ville coustumiere en la forest de Lions, ont autel usage en ladicte forest comme les villez du ramage de ladicte forest (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 14).

B. -

Subst.

 

1.

"Celui qui est sujet aux redevances appelées coutumes, qui est soumis au droit coutumier" : Et par telle voie est entre les coustumiers quant aux chosses tenues noblement. Et quant aux chosses rousturières, se partent rousturièrement. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 186). Et pour chacun feu des habitans et coustumiers, paient chacun an au roy notre dit sire un pot de vin, II d., et III oeux par an au terme de Pasques (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 41).

 

-

Franc coutumier. "'Coutumier qui ne paie pas le droit de coutume" (synon. usager) : Item, ont droit de demander en ladicte forest de Lions (...) le vert boiz en gesant et le sec en estant ; boiz pour maisonner et faire ediffice, par livrée du verdier, sans en païer amende ; hochier le glan au pié et à la main ; fiens blanc et fiens noir, avecques toutes les autres franchises, libertés et usages qui ont et pevent avoir les frans coustumiers d'icelle forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 4).

 

-

Menu coutumier. "Celui qui a des droits et usages limités" : Item, la branche de plain poing et de mains pour clorre et ramer les lins, ovecques toutes les menuez coustumes que les menus coustumiers ont en ladicte forest, par païant semblable rente comment les menus coustumiers paient pour iceulx menuz drois. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 175).

 

-

Gros coutumier. "Celui qui a des droits et usages étendus" : Le seigneur du Fontenil a en la forest d'Eavy, comme gros coustumiers, la branche et le tiers fourq, franc herbage, pasturage et franc pasnage pour ses pors et à toutes ses bestez de son hostel dudit lieu de Fontenil. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 174).

 

2.

"Celui qui est versé dans la connaissance des coutumes, spécialiste du droit coutumier" : Le dit conte proposant et disant à son desblasme, que des dites renunciacions et acort ce qui en avoit esté fait avoit esté fait à la requeste de sa dite mere et en la presence de pluseurs de ses amis charnels, et par leur conseil, c'est assavoir du vidame de Chartres, (...) et de pluseurs autres sages et coustumiers du païs d'Anjou (Doc. Poitou G., t.2, 1347, 377). Et puis fisent toutes manières de gens, petis et grans, partir ; et ne retinrent que trois hommes, un prestre et deux aultres anciiens hommes, bons coustumiers des lois et ordenances de Calais, et fu pour rensegnier les hiretages. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 63). Cheste roïne de Navare morte, murmurations se eslevèrent en France entre les sages et les coustumiers, que la conté d'Ewrues, qui sciet en Normendie, estoit, par droite hoirrie de succession de leur mère, revenue as enfans dou roi de Navare qui estoient desoubz sage et ou gouvernement dou roi Charle de France, leur oncle. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 47). Samblablement, un philosofe moral scet bien lez principes, en general et en confus, de toutes loys et de toutes constitucions, mez, pour tant, il ne scaroit descendre, ne jugier de cas particuliers, car ce appartient a un Juriste ou bon coustumier qui a la practique et l'experience dez cas particuliers. (Songe verg. S., t.1, 1378, 410). Et pour ce parlerons nous de coustumes verifiées par les bons coustumiers de France, selon ce qu'il en ont veu user es chastellenies qui se gouvernent par coustumes de France. Si demande le roy nostre seigneur aux coustumiers qui lui responderoit sur ce comment il en ont veu user es chastellenies qui se gouvernent aux coustumes de France. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 214). ...et estoit cellui Gaiget un moult subtil homme, et bon coustumier. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 163). ...et que sur le dit cas nous eusmes eu advis à plusieurs saiges et notables coustumiers et assistens estans es dictes assises (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1452, 247). ...depputons par ces présentes, appellez avecques [vous] les officiers des barons et chastelains, anciens coustumiers, et autres expérimentez de nostredit païs d'Anjou que verrez estre à faire, à interpréter et déclairer lesdites coustumes, par manière que pour le temps advenir ne puisse avoir ambiguïté ou différance (Roi René vie L., 1458, 287).

 

3.

"Collecteur des coutumes" : ...aucuns fermiers, peagiers, coustumiers et autres pourroient faire difficulté ou revocquer en doubte se les dis marchans et mesnagiers sont ou seront cy apres demourans et residens en nos dite ville (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 473).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/35 
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     COUTUMIÈRE     
*FEW II-2 consuetudo
COUTUMIERE, subst. fém.
[*FEW II-2, 1092a : consuetudo]

I. -

"Lieu soumis à un droit de péage" : Et si aucun marchant trespasse aucun péaige sans acquicter, et il retourne par la coustumière qu'il a trespassée, le seigneur d'icelle le puet contraindre à païer LX s. d'amende, et la coustume (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 389).

II. -

"Celle qui a l'habitude de faire qqc." : De soy renommer droituriere Dame, vraye possesseresse, Et comme de ce coustumiere, Par droit juste detenteresse, Maistresse, amie singuliere, Par raison occupateresse Comme du sien propre heritaige. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 10).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 24/35 
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     COUTUMIÈREMENT     
FEW II-2 consuetudo
COUTUMIEREMENT, adv.
[T-L : costumier (costumierement) ; GDC : coustumierement ; FEW II-2, 1091a : consuetudo ; TLF : VI, 386a : coutumier1 (coutumièrement)]

A. -

"Habituellement" : La Lune coustumierement Gouverne tout premierement L'enfant (...) Et sus sa nourechon regarde. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 102). ...il s'arresta devant la duyere du lyon où cest enffant estoit, qui d'aventure ploroit pour ce que ja pouoit avoir quatre ou cinq jours qu'il n'avoit point esté nettoyé des inmondances dont nature est coustumierement passionnee en tel eage. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 132). Sy manderent a deux de leurs escuiers qui coustumierement les pourveoient de chars que le matin les pourveissent, et par especial de venoison (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 272). Au païs de Brabant, qui est bonne marche (...) bien garnye de belles filles, et bien sages coustumierement... (C.N.N., c.1456-1467, 461). ... enfin me requist qu'en faveur d'elle et par compassion de son annui, comme piteux, ce me dist, coustumierement, sur nobles femmes desolees, je voulsisse faire aucun petit traittié de fortune (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 5).

B. -

"Selon le droit coutumier" : ... nous ont monstré que (...) ledit feu Pierre (...) eust et posseust plusieurs rentes et heritages (...) desquelles aucunes en sont tenues en fief et les autres coustumierement, que les seigneurs des fiez ont pris et saisi (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1335, 273).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 25/35 
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     DÉSACCOUTUMANCE     
FEW II-2 1092a consuetudo
DESACCOUSTUMANCE, subst. fém.
[T-L : desacostumance ; GDC : desacoustumance ; FEW II-2, 1092a : consuetudo ; TLF : VI, 1234a : désaccoutumer (désaccoutumance)]

"Perte d'une habitude" : Mes pour ce que i [veoyt] que cestes choses ne se pueent faire en corages acoustumés a guerres et efferonchez par chevaleri[e], il se pensa car il couvendroit que la fierté des corages fust avant toute euvre atrempee et amolie par desacoustumances d'armes. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 19.2, 30). ...de non nobles sont descendus nobles et de nobles non nobles, car noblece puet estre acquise ou perdue par acoustumance et par desacoustumance, et noblece puet estre prescripte (Songe verg. S., t.1, 1378, 297). ...ycelle Raison que tu tant auctorises dist que "ce n'est fors desacoustumance" en France : ce n'est mie desacoustumance, car onques ne l'acoustumerent ! Et dont vient que elles ne l'ont acoustumé ? Il vient de raisonnable honte, qui - Dieux mercis ! - n'est mie chasciee de leurs frons. (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 123).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 26/35 
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     DESACCOUTUMEEMENT     
FEW II-2 1091b consuetudo
DESACCOUSTUMEEMENT, adv.
[GD : desacoustumeement ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

"De manière insolite" : Insolite : desacoutumement (Abavus IV, R., c.1350, 370).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 27/35 
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     DESACCOUTUMER     
FEW II-2 1091b consuetudo
DESACCOUSTUMER, verbe
[T-L : desacostumer ; GDC : desacoustumer ; FEW II-2, 1091b : consuetudo ; TLF : VI, 1233b : désaccoutumer]

I. -

Empl. trans. Desaccoutumer qqc. "Perdre l'habitude de qqc." : Mais je croy que saiges laira Ce mariage seculer, Dont je voy pluseurs reculer ; Et quant est de moy, foibles suy : Souffrir ne pourroie l'anuy De mesnagier ne le tourment De gesir continuelment Avec femme, et si doubteroie Que de souvent suir la voie De la char, que je ne pechasse, Et qu'autre femme n'atouchasse. Qui a delit acoustumé, Tantost est en autre tumé ["tombé"] Et usaige fait la coustume Que d'un pechié en autre tume Souventefoiz l'acoustumant, Et, puis qu'om y va si tumant, Je n'y pense pas a tumer, Ains vueil tout desacoutumer [ var. descoutumer ] Ce mariage coustumier, Que m'admonnestastes premier. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 351). ...l'abundance des biens que ont aucuns par le moyen de la guerre, lesquelz ilz n'avoient mie paravant, et leur feroit mal de les laisser et desaccoustumer Ambicion et Convoitise que en eulx regne (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 238).

 

-

Desaccoutumer de + inf.. "Rompre l'habitude de, cesser de" : Et c'est la fin pourquoy sommes ensemble. Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume, Lorrier soüef qui pour mon droit combat, Olivier franc m'otant toute amertume. Raison ne veult que je desacoustume - Et en ce vueil avec elle m'assemble - De vous servir, mais que m'y acoustume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

II. -

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Dont on n'a pas l'habitude" : ...les choses desacoustumees (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 258).

 

Rem. Ex. de BERS. ds GDC IX, 310c.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 28/35 
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     DESCOUTUMANCE     
FEW II-2 consuetudo
DESCOUSTUMANCE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : descostumance ; GD : descostumance ; FEW II-2, 1092a : consuetudo]

"Désaccoutumance" : Absuetudo (...) : descoustumanche (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 4).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 29/35 
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     DESCOUTUMÉMENT     
*FEW II-2 consuetudo
DESCOUSTUMEEMENT, adv.
[*FEW II-2, 1092a : consuetudo]

"De manière à désaccoutumer" : Absuete (...) : descoustumeement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 4).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/35 
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     DESCOUTUMER     
FEW II-2 consuetudo
DESCOUSTUMER, verbe
[T-L : descostumer ; GD : descostumer ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

A. -

"Désaccoutumer" : Absoleo (...) : decoustumer (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 3). Absueo (...) : descoustumer (...). Absuetus (...) : descoustumés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 4).

 

Rem. Ex. de FROISS., DESCH. et De Vita Christi (XVe s.) ds GD II, 567c.

 

-

Empl. pronom. : Et tel est en léesse doulx Qui en tristesse est moult escoux ["secoué, remué"]. Ce vient de male acoustumance Qu'on acoustume dès s'enfance, Car qui aprent une coustume, Moult à envis s'en descoustume. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 8).

B. -

"Mettre fin à, abolir" : Jà ne me puist aidier, li Pères qui ne ment, Sé je ne descoustume, ains mon département, Che servaige villain [l'asservissement d'une jeune fille], qu'ensi honnist la gent ! (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 228).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 31/35 
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     ENTRACCOÛTUMER     
*FEW II-2 1092a consuetudo
ENTR'ACCOUSTUMER, verbe
[*FEW II-2, 1092a : consuetudo]

Empl. pronom. réciproque. "S'habituer l'un à l'autre, se côtoyer" : Car, se l'en desassamble les personnes qui se sont entracoustumees et font leur ordenance et leur decret de fortune ensamble, il avient souvent que ycelles, parties, a toutes choses que il ont a faire, rien ne valent (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 226). ..les bons aiment les bons et se entreacoustument ainsi come s'ilz fussent conjoins par prouchaineté de lignage et par nature (PREMIERFAIT, Vraye amistié D., 1416, 383).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 32/35 
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     ESCOUTUMER     
FEW II-2 consuetudo
ESCOUSTUMER, verbe
[GD : escostumer ; FEW II-2, 1091b : consuetudo]

Empl. impers. "Être de coutume" : Et sicom il est escoustomez de estoper la court de renars de peres et de espinys, tout ensi covendra estoper la court de mon corps par dures et poignantes penancez, dures com pieres et poignantes com espynes. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 107).

 

-

Empl. intrans. "Avoir coutume"

 

Rem. Consol. de Boèce, c.1380 (ms. du XVe s., elles [les dignités] n'ont pas escostumei de malvaistiei osteir) ds GD III, 428c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 33/35 
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     INACCOUTUMANCE     
FEW II-2 1091b consuetudo
INACCOUSTUMANCE, subst. fém.
[FEW II-2, 1091b : consuetudo ; TLF : IX, 1298b : inaccoutumance]

"Caractère de ce qui est inaccoutumé" : ...c'est principalment pour l'inacostumance que elle est ainsy si longuement laissie (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 230).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 34/35 
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     INACCOUTUMÉ     
FEW II-2 1091b consuetudo
INACCOUSTUMÉ, adj.
[GDC : inaccoutumé ; FEW II-2, 1091b : consuetudo ; TLF : IX, 1298b : inaccoutumé]

"Qui n'est pas coutumier" : Je prans grant admiracion En moy d'estre ainsi saluee, Et me mets en turbacion Comme chose inacoustumee. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 155).

REM. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), ds GDC X, 1a.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 35/35 
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     INCOUTUMABLE     
*FEW II-2 consuetudo
INCOUSTUMABLE, adj.
[T-L : incostumable ; GD : incoustumable ; *FEW II-2, 1091a : consuetudo]

"Inaccoutumé"

REM. Doc. 1373 ds GD IV, 568a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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