C.N.R.S.
 
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 2 articles
 
 Article 1/2 
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FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SAUF-VENIR     
*FEW XI salvus
SAUF-VENIR, subst. masc.
[*FEW XI, 134b : salvus]

"Permission accordée par une autorité pour se rendre à un endroit" : Et est assavoir que icelles persones, en rapportant leurs trieves, ont et doivent avoir sauf venir, sauf demourer et sauf raler, en ce faisant en toutes choses et en tous cas, exepté cas criminel et ban. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 88).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 2/2 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     VENIR     
FEW XIV venire
VENIR, verbe
[T-L : venir ; GD : venir ; GDC : venir ; DÉCT : venir ; FEW XIV, 239b : venire ; TLF : XVI, 984a : venir]

I. -

Empl. intrans. [Domaine spatial ; marque un déplacement qui aboutit au lieu où se trouve le locuteur ou bien la pers. au point de vue de laquelle on se place]

A. -

[Sans point de départ ni terme indiqués]

 

1.

"Se diriger (vers le lieu où se trouve le locuteur ou bien la pers. au point de vue de laquelle on se place)" : ...mon seigneur, venez. (Mir. ev. arced., c.1341, 111). Tant regarda qu'il vit sa dame venir le grand pas, qui fut tost d'emprès luy. (C.N.N., c.1456-1467, 307). ...comme il estoit en ce plaisant chemin dist a ses gens : "Venez tout a vostre aise, et ne vous chaille de moy suyvir..." (C.N.N., c.1456-1467, 111). ...pareillement vont venir a cheval deux ou trois gorgyas qui la devoient acompaigner (C.N.N., c.1456-1467, 312). ...son cheval, qui venoit de toute sa force, faillit de quatre piez et tumbe (C.N.N., c.1456-1467, 332). Venés tous ; je vaiz aprester. La maison est cy pres de nous. (Pass. Auv., 1477, 148).

 

-

[Avec une indication temporelle] : Venez si matin qu'il vous plaist. (C.N.N., c.1456-1467, 179). Venez ennuyt, a certaine heure qu'elle luy bailla, hurter a ma chambre (C.N.N., c.1456-1467, 183). ...sa maistresse l'envoyoit devers le curé pour savoir qu'il tardoit tant de venir oultre l'heure prinse entre eulx deux. (C.N.N., c.1456-1467, 355). ...la maniere comment se povoit faire, il ne le povoit ymaginer, si n'estoit que le curé viensist a l'heure qu'il forgeoit au plus fort avec son maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 493). ...[le médecin] ordonna les heures qu'il viendroit chacun jour pour le mettre a point. (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

-

[Avec voici] : ...vecy venir un grant clerc bien fourré de menu ver (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 5). [l. 93] ...veezcy bon chevalier qui va venir sur sa mulette (C.N.N., c.1456-1467, 211). Je n'y eu gueres esté que veez cy venir ung tel que ma femme mena tantost en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 323).

 

-

Venir un chemin. "Suivre un chemin" : Le chemin droit qu'il virent le belz Thiery s'an rallait (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 505). [cf. note de l'éd.]

 

-

Empl. impers. : ...s'il vient marchant, Escuier, moine d'abbaie, Ne clerc, ne m'eschaperont mie (Mir. march. larr., c.1349, 100). Il y va et vient trop de gent (Mir. march. juif, c.1377, 179). Quanqu'il venra vous admenrons, Femmes et hommes. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 278). ...il vendra ung roy grant et notable (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 7). ...il vint ung gentilhomme qui fist arriere requerre nostre damoiselle (C.N.N., c.1456-1467, 359).

 

-

Inf. subst. "Action de venir, venue" : ...et mainte grant paour il eut au venir (Bérinus, I, c.1350-1370, 244). ...il vint au port ou il avoit laissié sa nef au venir (Bérinus, I, c.1350-1370, 335). Refuser ne le devons mie De vo venir sommes liés, Le tres bien venu vous soyés. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 36). Sy rencontra en son venir Daniel des Mons, qui estoit yssu du tournoy pour prendre ung petit d'aer (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 55). Tres bien viengez ceans descendre, Je ne vous faisoye que attendre Car j'avoye bien eu congnoissance Du venir. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 40). [Autre ex. t.2, 312] ...au venir que devant Madame fist, (...) [damp Abbé] fist en l'air ung tour (LA SALE, J.S. E., 1456, 413).

 

.

Le tard venir. "Une démarche tardive" : Et, par ce point, mes bons amys, Ses motz, bien en substance mis, Vous demonstrent par clere voye Ce que nagaires vous disoye, Qu'a[u] regne du ciel acquerir Ne fault craindre le tard venir (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 596).

 

-

Aller et venir : Ahay, Jhesu Crist, trop est fort ; Contre toy ne vault nul effort. Tu m'as trop lourdement coyssy. Je suis tout roups et tout froyssy. Je ne puis aler ne venir, De male mort me fault mourir. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 132). ...tant y alla et tant y vint qu'il eut heure assignée de dire a sa dame, a part, le surplus de ce qu'il ne vouldroit dire, sinon entre eulx deux. (C.N.N., c.1456-1467, 316).

 

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"Faire un aller-retour" : ...plusieurs fois paravant ce, elle avoit veu icelle que l'en disoit devine aler et venir au marchié de Guerart, mais oncques elle n'avoit parlé à li. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 318). ...tout le voyage ilz ne coucheroient pas avec elles, mais en continence yront et viendront. [Des couples de pélerins] (C.N.N., c.1456-1467, 201).

 

.

"Aller en tous sens" : ...ainsi que elle l'appercevoit venir de loing, montoit et descendoit de sa chambre, alloit et venoit maintenant cy, maintenant la (C.N.N., c.1456-1467, 572).

 

.

Inf. subst. "Retour" : Et lors li vaissiaux s'en retourna par ou il estoit venuz, et fist assez plus grant tourment a l'aler que au venir, de quoy Aigre fu moult espouenté (Bérinus, I, c.1350-1370, 242). Car mon aler et mon venir Est tout en Dieu a convenir ; Riens n'y sçay de mort ne de vie (Mir. parr., 1356, 15). ...douze seniers pour l'allée et douze deniers pour le venir (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1451, 407).

 

-

Venir et retourner : Vous m'avez fait venir icy, et si vous somme que vous me rendez et mettez au lieu dont party, car ce n'est pas mon intencion comme de venir et de retourner. (C.N.N., c.1456-1467, 124).

 

-

Venir + inf. : Or venez boire, je vous proy, En ma despense. (Mir. abbeesse, 1340, 83). Ça, mon seigneur, venez seoir (Mir. Oton, c.1370, 362). ...trois ans a ou environ, il s'estoit parti dudit pays pour venir gaigner et ouvrer à Paris ou environ, où il eust peu trover à gaigner. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 339). Pour quoy ledit visconte, quant il sceut qu'il l'avoit refusé de venir parler à luy, et qu'il s'estoit transportés en ladite eglise, ala parler audit Hennequin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 382). ...il est nez du païs d'Espaigne, duquel il s'est partiz par povreté, et est venuz demourer ou royaume de France puis un an a, pour avoir sa vie à servir les juifs au mieulx qu'il eust peu et sceu. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 44). ...du commandement de bouche à eulx fait et ordonnance de la court de parlement ilz estoient venuz ouyr les causes d'appel d'icelle prisonniere. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 428). Et le roy envoyat a Gaufroit Engorans et Gaitier demander qu'il luy vingne III foys l'an servir a Xm hommez (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 23). ...l'eure fut prinse que l'escuier doit venir coucher avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...ces bons religieux ne pevent venir en voz hostelz querir leur disme (C.N.N., c.1456-1467, 224). ...[il] luy promist la venir veoir, et de bref. (C.N.N., c.1456-1467, 358). Ne m'en viegne parler jamais ! (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 307). Advancés vous ; venés nous ayder. (Pass. Auv., 1477, 126). ...car si le plus grant astrologien ou autre clerc en quelque science (...) venoit en leurs mains dire quelque chose plus qu'ilz ne scevent, (...) incontinent s'efforceroient lui faire oster sa liberté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°). ...et y acoustré une estude en laquelle je mis IIc volumes de livres, les plus singuliers que je peuz finer et aver et la decoré, en maniere que l'on la venoit veoir par plaisir. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

 

-

Venir pour + inf. : ...quand il vindrent pour joindre l'un a l'autre, l'ivroigne salua premier le prieur [De deux promeneurs] (C.N.N., c.1456-1467, 60). ...veez cy maistre curé qui vient pour allumer sa chandelle, ou pour mieulx dire pour l'estaindre (C.N.N., c.1456-1467, 442). Les diables deussent tous venir Pour fort punir Ces Juïfz qu'ont tué leur acteur. (Pass. Auv., 1477, 247).

 

-

Loc. fig. Voir venir qqn. "Deviner les intentions de qqn" : Je le voy bien venir et dire. Par iceulx façons et cautelles Veult avoir le miel et la cire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 366).

 

Rem. Trav. Ling. Philol. 30, 1992, 385 (Hist. de la Tois. d'or : Or je te voye venir. Je sçay ce que tu veulx dire).

 

2.

"Arriver (au lieu où se trouve le locuteur ou bien la pers. au point de vue de laquelle on se place)"

 

a)

[Surtout aux formes composées] : ...vint et fu present honorable homme et maistre Jehan de Cessieres, notaire du roy nostre sire et criffier criminel en son parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 379). Après tout ce vendra l'arriere garde, ou a duc, conte ou mareschal, bien acompaigniez et de vaillans gens, avec le trait qui s'y appartient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 236). Saint Jehan ! il vint a bonne heure ! (C.N.N., c.1456-1467, 346). Vrayement, dit elle, il vint a l'heure qu'il falloit venir. (C.N.N., c.1456-1467, 346). ...quand elle vit qu'il ne venoit point, elle commence a hucher tant qu'elle peut (C.N.N., c.1456-1467, 483). ...tousjours avoit l'oeil vers le chemin qu'il estoit venu ["par lequel"]. (C.N.N., c.1456-1467, 307). Ilz firent (...) appoincter a menger pour les gens du dit chevalier, qui n'estoient encores venuz. (C.N.N., c.1456-1467, 548).

 

-

Venir et arriver : Eulx la doncques venuz et arrivez, disposerent de leur fait comme de guerre et ordonnerent une gaitte sur ung arbre (C.N.N., c.1456-1467, 451). ...avec le porteur des lettres vient et arrive tantost après mynuyt a l'ostel de sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 480). ...pluseurs aultres [femmes] (...) a l'occasion de la feste de ce village, sont venues et arrivées (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

-

Prov. : Qui secourt au besoing, il vient assés a temps. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 470).

 

b)

Part. passé en empl. adj. ou subst. Nouveau venu. "(Personne) nouvellement arrivée" : ...et alassent aidier et secourir les chevaliers nouveaux venus (Bérinus, II, c.1350-1370, 118). Ne delaisse jamais tes anchiens compaignons pour auchuns nouveaux venus. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 268). Les bourgoys et gens de hault lieu et nom venoient tous au devant et aprés, quant ilz eurent salué leur roy, ilz saluoient les nouveaux venuz par grant exellance (Cleriadus Z., c.1440-1444, 330). ...car vous scavés que les nouveaux venuz doyvent le guet. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 72). Et, pour ce que, des ma jeunesse, j'ay sieuvy les armes et frequenté les guerres du très crestien roy de France, mon souverain seigneur, en soustenant sa querelle de tout mon petit povoir, j'ay peu veoir par l'espace de long temps plusieurs et diverses manières de faire que les jeunes et nouveaux venus ne puent pas sçavoir de prime face. (BUEIL, I, 1461-1466, 15).

 

c)

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui arrive, qui se présente" : L'ostellerie de Pensee, Plaine de venans et alans (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 481). Je vous pry que prenez bon cueur, Que s'il y a venent, j'é coraige De leur faire telle rigeur Qu'i ne l'aront pas daventaige. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 532).

 

-

Tous venans. "Tous ceux qui se présentent" : ...pour tenir table reonde a tous venans (Bouciquaut L., 1406-1409, 69). Dont vous supli que me faictes sentir Par tous venans, s'il vous vient a plaisir (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 117). ...le roy Cleriadus est en son royaume d'Angleterre où il fait, lui et Meliadice, festes jouxtes et tous esbatemens à tous venans (Cleriadus Z., c.1440-1444, 711). ...grant quantité aussi y avoit de fruiz nouveaulx de moult de sortes, violetes fort odorans gettées et semées tout parmy le basteau, et vin à tous venans y fut baillé et distribué tant qu'on en vouloit avoir et prendre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 178). ...le lieu solacieux La ou on tient a tous venans bouticle. (Sots mal., c.1480, 91). Y nous convient ainsi le faire, Que demain nous tandront frontiere Et main armee a tous venant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 535). Parmy les rues on dressa bancs et tables, Et fut si bien ceste chose conduyte, Qu'a tous venans, par mains dames notables Fut presenté pain, vin, vïande cuicte. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 185). Or nous appointon noblement Affin d'attendre tous venans. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 160).

 

Rem. DI STEF., 870a.

 

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"Tous ceux qui se présentent pour une joute" : La estoient les joustes a tous venans, grandes et plainieres. (Bouciquaut L., 1406-1409, 34). La seroient les .III.chevaliers attendans tous venans, prests et appareilliez de livrer la jouste a tous chevaliers et escuyers qui les en requerroient (Bouciquaut L., 1406-1409, 67). ...a ce jour le Blancq Chevalier, Gadiffer et le Chevalier Doré firent crier unes joustes contre tous venans qui a honneur pretendoient. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 330). ...pour livrer joustes a tous venans (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 331). Comment treze gentilshommes de la maison du duc de Bourgongne teindrent le pas d'armes à tous venans, près Digeon, en une place nommée l'arbre Charlemaigne. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 290). Comment monseigneur Adolf se presenta sur les rens au jour du bancquet de monseigneur pour jouster contre tous venans. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 345).

 

Rem. Sur les joustes à tous venans (hors des tournois), cf. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 1981, 85.

 

3.

[Avec un compl. adv.]

 

a)

[Avec un compl. spatial]

 

-

Venir après qqn. "Suivre qqn" : Et, quant ilz furent venuz, il marcha, luy et toute sa compaignie, jusques à quatre lieues de là, et se arresta pour attendre aucuns seigneurs qui venoient aprez luy, lesquieulx lui manderent qu'il les attendist (BUEIL, II, 1461-1466, 115). Le Jouvencel leur fist moult grant chière pour la peine qu'ilz avoient prinse de venir aprez lui. (BUEIL, II, 1461-1466, 189). Or alons nostre office dire ; Mes amis, venés aprés moy. (Pass. Auv., 1477, 115). Que les chiefz de maisons trestous Maintenent vieignent aprés nous Au cruxiffiement de Jhesus (Pass. Auv., 1477, 180).

 

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Au fig. "Vivre après qqn, succéder à qqn" : Dieu a envoyé Jehan baptiste (...) Pour mieulx preparer la concience Des pecheurs en terre vivans, Pour ce que aprés luy en brief temps Devoit venir le redempteur. (Pass. Auv., 1477, 114). Et puis tous viendrés aprés moy Au monde pour complir la loy, Et d'ilec tous irons es cieulx (Pass. Auv., 1477, 253). ADAM. Las ! ceulx qui aprés moy viendront, Cent fois le jour me mauldiront (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 75). Touteffois aucuns dient que cestui ne eut pas celui surnom de Seculo, mais que ce fut ung autre qui vint après lui (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 v°). ...et est recité et alegué quasi de toux ceulx qui sont venuz après lui, comme docteur auctentique. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°).

 

-

Venir avec qqn. "Accompagner qqn" : Quil m'amera avec moy vienne. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 125). Si vous prie tant que je puis que anuyt vous venez avecques moy (C.N.N., c.1456-1467, 107).

 

-

Venir avant. "S'avancer" : Damoiselle, venez avant (Mir. marq. Gaudine, 1350, 137). "...Venez avant, villain", dist il. (C.N.N., c.1456-1467, 59). Sus, chavalier ; venés advant ! Tenés vostre lance a la main. (Pass. Auv., 1477, 230).

 

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Au fig. "Avancer, progresser" : ...plus viens avant Et mains suis amé de ma dame. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 204). ...ung tel joine filz, si taillié de venir avant, [son père l']ostoit et reculoit a tout povoir du service et de l'usaige de la chose publicque (LA SALE, Sale D., 1451, 151).

 

-

Loc. fig. Venir plus haut. "Occuper un rang plus élevé" : Je sçay bien qu'on me diffame Et infame, Mes certes il ne m'en chault. Pour ce le Dieu d'Amours clame Et reclame, Que me doint venir plus hault. (Pass. Auv., 1477, 135).

 

b)

[Avec l'adv. bien ou mal marquant des conditions favorables ou défavorables]

 

-

[Avec l'adv. bien] : Dame, bien puissez vous venir, Quant a si povre creature Conme je suis, (...) Vous estes volue apparoir (Mir. enf. diable, c.1339, 18). Chier fil, bien puissez vous venir Et toute vostre compagnie ! (Mir. enf. diable, c.1339, 54). Bien venés vous, mon tresdoux maistre ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 144).

 

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Bien vienne N . "Que N soit le bienvenu" : Renart, bien vegniez ! (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 154). Ceste compaignie bien vienne, Car grant joie ay de la vëoir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 134). Tres bien viengnez, Marie (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 280). Et quant le roy l'encommença a veoir (...) dist : "Bien viengne ce beau commencement d'escuier !" (LA SALE, J.S. E., 1456, 174). Bien viengnez, sire, n'y a celuy De ma famille et de nous tous Quil ne soit tres joyeux de vous, Beaucop plus qu'on ne penseroit. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 642).

 

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Bien venir qqn. V. bienvenir "Accueillir qqn" : L'ARCEDIACRE. Chier sire, saint Pierre de Romme Vueille Dieu prier que sa grace Vous ottroit et de vivre espace, Par son plaisir. L'EVESQUE. Et vous puissiez le bien venir, Arcedyacre, mon amy. (Mir. ev. arced., c.1341, 107).

 

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Bien venant. "Bienvenu" : Messaiger, bien soyez venant ! (Pac. Job M., c.1448-1478, 246). Bien veignant, frere et amy chier ; Vous soyés le trés bien venu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 9). Amy, tu soyes le bien venant (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 105).

 

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Part. passé en empl. adj. Estre bien venu. "Arriver à propos, être bien accueilli" : ...laquelle, sitost comme elle vit lesdiz trois compaignons, leur dist tout hault, ou au moins telement que elle qui parle le ouy bien et entendi, ces paroles ou en substance : Vous soïez les bien venuz. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 264). Il fut tresbien venu et receu de l'orfevre. (C.N.N., c.1456-1467, 65). ...en peu d'heure il fut vers elle si tres bien venu (...) qu'il se povoit vanter d'en avoir autant obtenu (C.N.N., c.1456-1467, 228). ...specialement estoit il bien venu des femmes (C.N.N., c.1456-1467, 302).

 

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[Formule d'accueil] : L'EMPERÉRE. (...) Bien soiez vous venuz, Amis Sevestre. SAINT SILVESTRE. Sire, en vous vueille grace mettre Dieu qui tout peut. (Mir. st Sev., 1362, 208). Vous soiez le tresbien venus. (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 632). "...Il soit le tresbien trouvé, dist Conrard. - Et vous le tresbien venu", ce dit Gerard. (C.N.N., c.1456-1467, 173). "Monseigneur, vous soiez bien venu, veez la madamoiselle en sa chambre qui vous attend." (C.N.N., c.1456-1467, 209).

 

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Pour la bien venue de qqn. "Pour fêter l'arrivée de qqn" : Sire, pour nostre bien venue, je vous supplie que ce soir avec la royne dormez. (LA SALE, J.S. E., 1456, 340).

 

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[Avec l'adv. mal] Mal y venir : Mal y venoyent pecheurs, traites et malfaiteurs qui forfaysoyent contre la magesté royale de Dieu, en trespassant sa loy et ses commandemens, car : cy pris, cy pendus. (GERS., Purif., 1396-1397, 61). Sur toute riens moult fort menassoyent le desloyal tirant Pechié, disant que ce chetif et maleureux et souillart mal y vouldroit venir, et que riens ne se prisoyent se devant elles ou aprés en son logis y entroit. (GERS., Concept., 1401, 406).

 

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Part. passé en empl. adj. Mal venu. "Dont l'arrivée ou la présence est fâcheuse" : Par Dieu, se vous ne wuedeiz incontinent, vous seréz mal venus (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 183). JUDAS. (...) Je ay peché trop apertemant, Ja ne viendroy a sauvemant, Quar je ay pechié trop appremant, Je suis pour tout mal venus. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 188). Alons acoup tous d'ung acort Pour vouer que dyable se sera. Par le sanbieu qui m'en croyra, Il en y aura de mal venus. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 166). A ! sires, que le tres mal venu soyez vous ! (LA SALE, J.S. E., 1456, 403). Alés, ribaux, et vous taisiés, Au jour d'uy mal venuz serés. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 83).

 

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Estre le mal venu : Que tu soies le mal venu ! (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 193).

 

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Voici mal venu. "C'est un malheur" : "...on nous a desrobé noz chemises. - Saincte Marie ! que dictes vous ? dit Montbleru, contrefaisant l'endormy, veez cy mal venu." (C.N.N., c.1456-1467, 398).

 

-

Faire beau venant à qqn. "Faire bon accueil à qqn" : Aux messaigiers a dit et fet tres beau veignant : ... (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 396).

 

4.

DR. Faire venir qqn. "Convoquer, amener qqn devant la justice" : Veue laquelle informacion par les dessus diz conseillers, ledit mons. le prevost de rechief fist venir ladite Margot, prisonniere, en jugement sur lesdiz quarreaux (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 350).

 

-

Au passif : ...fu faite venir en jugement sur les quarreaux Marguerite de Bruges, femme Pierre Le Mareschal, marchant de chevaux (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 255). ...fu fait venir et attaint en jugement sur les quarreaux dudit Chastellet le dessus nommé prisonnier Jehannin de La Montaigne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 100).

 

5.

[D'une chose]

 

a)

[D'une chose mobile (au propre ou au fig.)] : LE MAISTRE MARINIER. (...) Dame, vent a sohait nous vient (Mir. emper. Romme, 1369, 289). Quant au tiers point, je pose que la terre fut perciee et que l'en veist par un grant treu tout d'outre en oultre siques de l'autre part la ou seroient les antipodes se la terre estoit partout habitee ; je di premierement, se l'en lessoit cheoir une pierre par ce treu, elle descendroit et passeroit oultre le centre en montant tout droit vers l'autre partie siques a un terme, et puis retourneroit siques oultre le centre par deça, et apres redescendroit arriere et passeroit le centre moins que devant et iroit et vendroit pluseurs fois en appetizant teles reflexions siques a tant que finablement elle reposeroit ou centre. (ORESME, C.M., c.1377, 572). ...le socour vint (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 98). Pour ce ne venra La paix plus tost (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 120).

 

-

Venir + inf. : ...les raiz du soleil (...), malgré les voirrieres des fenestres, vindrent descendre enmy la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 99).

 

-

"Jaillir" : ...Charité (...) Qui ces fontaines fist venir (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 78).

 

-

ASTR. [De deux planètes] Venir ensemble. "Être en conjonction" : ...et, entre autres, dit que quant les trois planetes haultes viennent ensemble et que le Soleil les regarde, que c'est grande conjunction et fait les grans roys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 v°).

 

b)

[D'une chose que l'on apporte, que l'on transporte] : ...moult de gent (...) vivres ont fait ci venir Pour ton ost plus aise tenir (Mir. emp. Julien, 1351, 178). ...donques vous prieray Que me faciez venir un coffre. (Mir. femme, 1368, 194). ...et aussi avoit pourveu à ses vivres, qui venoient aprez lui sans ce qu'on lui eust peu donner aucun empeschement (BUEIL, II, 1461-1466, 231). Acquiz de desrees meslees allans et venans par mer... (Comptab. Dieppe M., 1474-1475, 120). Ce hocqueton rouge Ne pourroit mieulx a poinct venir : Se sera pour emplir le bouge (LA VIGNE, S.M., 1496, 319).

 

-

Part. prés. en empl. subst. Premier venant. "Ce qui arrive en premier, ce dont on peut disposer en premier" : Faictes moy ces potz descharger, Despeschez ce premier venant (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 151).

B. -

[Avec point de départ et/ou terme indiqués]

 

1.

Venir qq. part

 

a)

[D'une pers.] : Venez avec moy jusques la (Mir. abbeesse, 1340, 60). Or venez en ma chambre ça (Mir. abbeesse, 1340, 72). Nous venins a une espinette Qui florie estoit toute blance (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 156). ...il convenoit qu'ilz venissent au giste à Paris, pour besoigner à une journée qu'ilz avoient en parlement audit landemain. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 318). ...afin qu'il ait cause de aidier à gouverner elle qui parle et sondit filz, est venue à Paris pour ces choses dire audit sire de Nouvion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 121). ...et les a veuz venir à Chalusset, et là forgoient monnoye d'argent au coing du roy, et entreprenoient de forger or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 180). Et puys vinent a Monluisant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 11). La sont alleiz les messaigiers et vinnent devant les tables (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 33). ...mander et requerir audit roy Loÿs tiers, que a Romme estoit, son adversaire, comme dit est, que pour Dieu, pour honneur et pour l'affinité, a cause de l'ostel de France, la vensist ou envoiast prestement secourir (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 196). ...venue a la posterne, ne fist que ung sault en sa maison, ou elle attendoit son mary (C.N.N., c.1456-1467, 27). Ilz eurent si bon vent qu'ilz sont venuz au port d'Alixandrie (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...[le couvreur] monta a mont son eschelle, et vint jusques a la cheminée (C.N.N., c.1456-1467, 276). ...[il] dist a sa femme : "Venez jusques en la chambre." (C.N.N., c.1456-1467, 321). Ne vous travailhés plus ; Trop estes courtois et benigne, Car, raby, je ne suis pas digne Qu'ad ma maison, sire, veignés. Car par ung seul mot que dirés, Mon enfant recepvra sancté. (Pass. Auv., 1477, 128). Or y venés tous sans mesprendre (Pass. Auv., 1477, 180). Il te fault aux limbes venir, Ame sancte, a Dieu plaisent (Pass. Auv., 1477, 251).

 

-

"Fréquenter un lieu" : ...luy vindrent faire rapport ses yeulx suspeçonneux que nostre gentil homme ne venoit en son hostel fors a l'occasion de sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

-

Venir çà / ci / ici : Or venez ça : grant desir ay De parler a vous en secré. (Mir. enf. diable, c.1339, 8). Messire Simon, venez ça : Regardez cy. (Mir. ev. arced., c.1341, 113). ...ycellui Jehan de La Ramée, qui estoit à son huis, appella ledit deffunt en disant : Vien çà, vien çà. Lequel defunt respondi auquel s'estoit que il parloit, et il respondi : à toy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 413). Nason, mon amy, sa venés ! (Pass. Auv., 1477, 104). Il luy conviendroit passer Loere Et Alier, si venoit ycy. (Pass. Auv., 1477, 223). Dy, comment auses tu cy venir (Pass. Auv., 1477, 266). Colin, vien cy, où que tu soyes. (Mère Ofic. T., c.1500, 100). Or vien çà. (Mère Ofic. T., c.1500, 101).

 

-

Venir en bas : La damoiselle, oyant son amoureux arrivé, ne se peut tenir de venir en bas a l'encontre de luy (C.N.N., c.1456-1467, 572).

 

-

Venir à + subst. d'action ou subst. apparenté : Si une femme avoit rude mary, fel et mauvais, elle venoit au remede a ce bon maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 468). ...maistre moyne happa cest argent, promectant de venir au disner (C.N.N., c.1456-1467, 485). Et pourtant, dist il, disposez vous de venir ceste sepmaine a confesse ["venir vous confesser"] (C.N.N., c.1456-1467, 514). Il vint a sa journée, et de plain bout s'en alla devers monseigneur l'evesque (C.N.N., c.1456-1467, 540).

 

-

Venir qq. part + inf. : Pendant lequel temps, se vint loger, oudit hostel de l'Escu de France, un escuïer, si comme il lui estoit lors en advision, de bel estant et de grant, nommé Jaquet Le Bastart (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 56).

 

-

Venir qq. part pour + inf. : Il vient seans pour nous guaster tous. (Pass. Auv., 1477, 226). Je viens ycy Pour avoir mierre et aloés. (Pass. Auv., 1477, 235).

 

-

Venir au monde. "Naître" : Tout aussi a haste qu'il vint au monde, aussi soudainement en est party. (C.N.N., c.1456-1467, 130).

 

-

En venir qq. part : Tout fin droit au gue nous en vinsmes Et passasmes aprés les chiens. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 41). [Ou est-ce un empl. pronom. ?]

 

b)

[D'une chose]

 

-

[D'une chose mobile] Venir qq. part : Du cuer me vient la lerme aux iex (Mir. st Ign., 1366, 113). Mais il convient que le corps qui est meu en bas et celuy qui est meu en haut puissent venir as termes asquelz il tendent, quar l'un a inclinacion au milieu et l'autre au contraire. (ORESME, C.M., c.1377, 106). Quant on voit sa querelle bonne et son sang bien combatre, la larme en vient à l'ueil. (BUEIL, II, 1461-1466, 21).

 

-

[D'une chose immobile] "Atteindre, aller à, s'étendre jusqu'à" : ...et doit venir vostre roi jucques a ches deus pieus. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 280). ...et doit venir le neu du fourc endroit les deuz pieus des cordes qui tiennent la roi par dessus. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 284). ...et un chapel de feutre de celle couleur, qui soit si lonc que il viengne jucques aus espaules quant il l'ara en sa teste (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 294). ...car il y a une barrière à l'entrée du grant chemin, qui vient à l'entrée de la porte, qui est fossoyée de deux costés, là où ilz se pevent retraire (BUEIL, I, 1461-1466, 131). Il apporte a sainct Martin une meschant robe qui ne luy vient que jusques aux genoulx (LA VIGNE, S.M., 1496, 551).

 

2.

Venir à / vers qqn : ...si venez vers moy. (Mir. enf. diable, c.1339, 36). Venez tantost a mon seignour : Vostre fille veult espouser (Mir. femme roy Port., c.1342, 179). Soit eslargi le chemin par ou tu viegnes a elle (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 44). ...elle apella à son ayde [le diable] en la maniere qui ensuit, c'est assavoir : Ennemi, je te conjure, ou nom du Pere, du Fil et du Saint Esperit, que tu viengnes à moy ycy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 356). Tant fist toutesfoiz que la bouchiere ne venoit plus vers luy comme elle avoit de coustume. (C.N.N., c.1456-1467, 274). ...[il] luy dist : "Venez vers moy a telle heure et en telle chambre..." (C.N.N., c.1456-1467, 279). ...elle fist prestemon savoir a ung de ses amys qu'il vensist vers elle (C.N.N., c.1456-1467, 320). ...fut ce bon filz appellé de ceulx qui gardoient sa mere, et luy dirent que bien a haste a sa mere venist, car seurement elle s'en alloit. (C.N.N., c.1456-1467, 459). [P. personnif. du suj..]Goubelet, beau Gobelet, venés a moy de mactin ; De grant cuer vous baisarey, mes que soyes plein de vin, Car tout le jour a vous j'ay ma pensee (Pass. Auv., 1477, 178). Adieu, affin Qu'a moy venir ayés coracge ! (Pass. Auv., 1477, 224).

 

-

[Tour impers.] : Ilz sont venuz deux hommes vers ma mere (C.N.N., c.1456-1467, 329).

 

-

Venir devant qqn : ...la bonne femme, a la semonce de son mary, fait venir devant eulx tous leurs enfants (C.N.N., c.1456-1467, 127).

 

-

Venir sur / contre qqn. "Se diriger vers qqn pour s'opposer à lui, pour l'attaquer" : GONDEBAUT. Je pense a ce qu'ay oy dire, Que Clovis veult venir sur moy ; Mais, s'il vient, mal sera pour soy (Mir. Clov., c.1381, 218). ...pria Josias, filz Amon, qu'il lui donast congié passer par sa terre, qui ne voulut, pourquoy lui, acompagné du roy Adromon Nichouen, vint contre lui ou champ de Magedo (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 43 r°). ...lequel il advertit de faire la grande armée de huit cent mil hommes armés, pour resister à l'entreprinse des François, qui venoient contre lui. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 62 v°). ...car tantost après le duc de Berry, qui lors estoit en Advignon, devers le pappe, vint à puissance sur eulx et les mist à mort (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 r°).

 

3.

Venir de qq. part

 

a)

[D'une pers.] : Dont venez vous ? Conment vous est ? (Mir. st Guill., c.1347, 15). Mais toy, qui es-tu ? Lequel leur respondi : Je suis un presbtre de ceste ville qui vien de Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 223). ...comme il estoit en chemin, fut par un Anglois sur les champs rencontré, lequel, le voyant François, tantost luy demande dont il venoit et ou il alloit. (C.N.N., c.1456-1467, 54). Nany, j'en viens ! Aultre repere Il a fait, ou qu'il soit alé. (Pass. Auv., 1477, 123). Dieu t'a tramis en ceste place ; Tu es son filz ; j'en voy la trasse A ta face, Venu des cieulx pour tous saulver. (Pass. Auv., 1477, 131).

 

Rem. Dont viens-tu a souvent le sens de "que se passe-t-il, qu'as tu fait pendant tout ce temps-là", cf. COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 294, et la note du v. 394.

 

-

Venir de + inf. : Filz, venez vous de labourer Ou de quel lieu ? (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 296). Chier sire, a vous nous radressons. Nous venons de vostre tresor Cerchier (Mir. Clov., c.1381, 219). Je vien de soupper de vostre maison pour coucher ceans. (C.N.N., c.1456-1467, 212). ...venons d'esbatre et querre les lievres de ceste marche (C.N.N., c.1456-1467, 476).

 

-

Venir de... à : ...l'abbesse vous mande ainsi Qu'a li vous en venez de ci Sanz demourée. (Mir. nonne, 1345, 323). ...sa voye estoit, en venant de sa maison au marché, de passer devant son huys (C.N.N., c.1456-1467, 576). Et de là vindrent à Sainct-Denis (TRING., c.1477-1483, 281).

 

b)

[D'une chose mobile ou considérée comme telle] : Les vents sont trestous divisés ; Grant tempeste nous adviendra. Le vent d'Aquilon vient de la, Et le vent de Septentrion D'aultre part court, par grant frison. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 180). ...et aussi le soleil vient de ce costé (BUEIL, II, 1461-1466, 201).

 

-

[D'une chose qu'on apporte] : En ses mains deux boistes avoit Et lettres, dont les gens sont meues, Qu'ilz requierent estre veues, Pour ce que de mauvais lieu vindrent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 372).

II. -

Empl. intrans. p. anal. au fig. [Domaine temp. ou notionnel]

A. -

[Sans origine ni terme indiqués ; marque l'insertion dans la réalité à un certain point du temps]

 

1.

"Survenir, arriver"

 

a)

[Le suj. est de nature temporelle] : ...si nous appareillons De nostre enfant a garantir, Ains que le terme puist venir (Mir. enf. diable, c.1339, 24). ...le temps venra Que Dieu de cy me jettera (Mir. prev., 1352, 249). ...l'eure et le temps venra, (...) Qu'encores griéve penitence En arez a mort ou a vie. (Mir. parr., 1356, 6). Je n'eus contenance ne sens, A terre chéy estendus Cuidant que mon jour fust venus Et que la mort me venist querre. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 254). ...si je l'y trouve jamais, son derrenier jour sera venu (C.N.N., c.1456-1467, 231). ...si la nuyt qui vient il ne vous fait aultre chose, dirent elles a l'espousée, [tirez] vers luy (C.N.N., c.1456-1467, 299). ...l'année qui vient, si Dieu plaist, sera plus doulce (C.N.N., c.1456-1467, 514). ...je suis en vostre dangier, sire, et ne me puis encores venger. Mais ung jour viendra que je vous feray souvenir ! (C.N.N., c.1456-1467, 506). Il t'en prent bien, Pour ce que le grant sabbat vien. (Pass. Auv., 1477, 267). Ça, messeigneurs, l'eure est venue, Il est dix heures proprement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 160). ...puis mourut bien et sainctement, le jour et heure de son periode venu, comme longtemps devant avoit prenostiqué. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 157 v°).

 

-

Empl. impers. : Pensés qu'il viendré la journee Que noz princes en pluraront ? (Pass. Auv., 1477, 261).

 

b)

Part. prés. en empl. adj.

 

-

[Marquant le futur immédiat] Venant. "Qui suit (dans le temps), prochain" : Il n'y a haultesse, tant soit grant, Soit seüre du temps venant (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 45).

 

.

Dimanche / Pasques... prochain / la nuit prochaine... venant. "Dimanche prochain, la nuit prochaine..." : ...dedens Pasques venant prochain (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 8). Qu'au mains la plus grosse partie Des gens devroit perdre la vie, Et par Arrest trop éminent Fut condempnée incontinent À ce faire, dedens troiz ans Prouchainement d'illec venans, Par faulx venim en l'air jeté (LA HAYE, P. peste, 1426, 40). ...la nuit prouchaine venant, IIIIm Galz se devoient ferir en son ost. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 60). ...il dist qu'il vouloit avoir au disner, dimenche prochain venant, son pere et sa mere (C.N.N., c.1456-1467, 321).

 

.

[D'une chose] "Suivant" : Au chapitle precedent et au chapitle veniens ce est a plain declarié. (Sacr. mar., c.1477-1481, 64).

 

-

Venir venant / venir venu. "Venir, arriver sur le champ" : Sy ton maistre venoyt d'avanture Venant, ne luy fais ouverture Sans nous advertir. (Retraict T., c.1490, 206). Il est venu venir venu. (Gent. Naudet T., c.1500, 270).

 

-

[Marquant (en plus du mouvement) le passé immédiat] (Tout) venant : Et, se je sçay trouver beau plat De vïande fresche venant [" qui arrive toute fraîche"] Et de bon vin a l'avenant... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 93). ...desirant savoir que son maistre vouloit faire de ces perdriz, si les luy mist devant luy toutes venantes de la broche ["tout juste sorties de"] (C.N.N., c.1456-1467, 582). De ceste espee tout venant de la forge ["tout juste sortie de"], Des coups aurez plus de deux et demy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 173).

 

-

Venir (tout) venant. "Venir, arriver à l'instant" : Il vient d'avec moy tout venant ["Il vient tout juste de me quitter"] (Path. D., c.1456-1469, 90). Il en vient tout venant ["Il en vient tout juste"], N'a pas la moitié d'ung quart d'heure. (Path. D., c.1456-1469, 96).

 

2.

[Le suj. désigne une action, un fait, un événement] "Survenir, se produire, s'inscrire dans le temps" : Et dedans quans ans peut venir La mort a homme ? (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 260). Toutesvoies, Solon ne vouloit pas que l'en affermast les gens estre beneurés en leur vivant pour les transmutacions qui povoient venir et pour ce que il cuidoit bien que felicité fust chose permanente et non pas muable ou variable de legier. (ORESME, E.A., c.1370, 132). ...il n'y ala point, pour ce que, avant que ladite feste feust venue, il fu prins et emprisonné comme dit est (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 448). ...avant que le jour venist, il fist tant que le cerf eut VIIJ cornes accomplies (C.N.N., c.1456-1467, 358). Et ne voy tu venir la nuyt Et la mort, que tant nous menasse ? (Pass. Auv., 1477, 218). Leur dist et monstra icellui Jacob plusieurs signifficacions des grans conjunctions de Saturne et de Mars, mesmement quant venoient en signes contraires à leurs natures, par especial au signe ascendant du monde. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 v°). Cestui escripvit à venerable Hugues de Paris des choses venues selon sa predicion (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°). Prenostica aussi la cherté des vivres qui vint à faulte que les labeurs demourerent, qui fut si grande que le septier de blé se vendoit dix livres t. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 130 r°).

 

-

[À qqn / en qqn] : Venir me pourroit grant ennuy (Mir. ev. arced., c.1341, 119). Et toutes les choses y peuent et proffitent qui appartiennent a vertu et telles viennent en nous et sont causees par faire maintes foiz et souvent choses justes et actrempees. (ORESME, E.A., c.1370, 156). ...par ce leur vient rememoracion et se recordent des choses concupiscibles. (ORESME, E.A., c.1370, 220). ...tant que cest anel y fust, jaloux il ne seroit, ne cause aussi jamais venir ne luy pourroit que de ce le tentast. (C.N.N., c.1456-1467, 86).

 

-

[D'un sentiment] "Se développer, se manifester" : Ja Dieu ne veuille, sire, que par une telle maniere ou par autre, de trop grans demandeurs vous chargiez tant vostre bon peuple povre sans evidente et juste necessité, que tout se doye rompre, et que pour amour viengne hayne (GERS., Noël, p.1404, 314).

 

-

[D'une maladie] : Fut celui qui deffendit l'usage du pavot, en tant que touche les maladies qui peust venir aux yeux et aux oreilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 r°).

 

-

Venir après. "Se présenter, se produire après qqc." : Cestui prenostica l'eresie qui vint après, par les livres saint Augustin, mal entenduz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 93 v°).

 

-

Venir par qqn. "Se produire, survenir du fait de qqn" : ...ceste faulte vient par nostre curé, qui voit si mal (C.N.N., c.1456-1467, 341).

 

-

Faire venir. "Faire en sorte que qqc. se produise" : Comme jadiz à beau loisir Fist Dieu venir le grant Déluge, En punissant, comme droit juge, Les maulx des gens et les péchiez (LA HAYE, P. peste, 1426, 61).

 

-

Prov. : Toute cose vient a point, Mais qu'on ait loisir d'atendre (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 35).

 

-

Empl. impers. : ...vindrent en leur chambre Conrard et Gerard, parlans de beaucop de choses, mais il n'y venoit nulz propos en termes que pleussent a Conrard. (C.N.N., c.1456-1467, 174).

 

-

[D'une combinaison de points, aux dés] "Apparaître, sortir" : Que ne soit venu trois foiz six ? (Pass. Auv., 1477, 202). Or salhés, tous diables d'enfer ; Faictes moy venir trois foiz six ! (Pass. Auv., 1477, 203).

 

-

Inf. subst. En son premier venir. "Au premier abord" : ...il avoit ung terrible regart en son premier venir. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 112).

 

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"Dès l'abord" : ...le noble seigneur de Croy, chevalier de bon âge (...), en son premier venir (,) fit de grands et de hauts faits de sa main ; sy féroit, mailloit de l'espée, d'estocq et taille, rompoit mailles et charnières (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 264).

 

3.

Empl. impers. "Advenir" : Il l'en pourroit bien mal venir Et a bon droit. (Mir. chan., c.1361, 158). Si en feray tant que briément Revenra ou mal li venra. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 250). De ce ne peut que bien venir En verité. (Mir. fille roy, c.1379, 14). De ce vient que aucune foys une simple personne qui sera devote et aymera Dieu, aura trop plus haulte et digne congnoissance de la Divinité (...) que n'ont eu les philosophes, ou que n'ont eu pluseurs grans clers theologiens (GERS., Trin., 1402, 170). ...s'il venoit qu'il eust besoing, Tout le monde seroit pour luy (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 217). ...il vous est assez bien venu de vostre emprise, dequoy je suis moult joyeulx, car je n'eusse jamais cuidié que vous en deussiez sy bien venir au bout en sy brief temps (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 160). ...le damoiseau se tint tout quoy, sy l'en vint bien. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 913). ...vous entreamerez et entretiendrez l'un a l'aultre par lectres, actendans que mieulx vous vienne. (C.N.N., c.1456-1467, 165). Il fault qu'a la premiere foiz que vous yrez, ou moy, ainsi qu'il viendra, que vous dictes que vous avez bien cogneu et apperceu que je suis amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 230). ...mais quant vint que l'autorité de la court lui fut mise entre mains avecques les grans honneurs... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 334). ...bien l'advertit que d'aller piller la cité de Elmaidam lui viendroit dommage et ainsi advint (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°).

 

-

Vienne que pourra. "Advienne que pourra" : Viengne ce qui en pourra venir. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 49). Asalt, asalt ; vieignhe que pourré, Car le plus fort l'emportera, Ou je mourrey a la parsuite. (Pass. Auv., 1477, 205).

 

4.

[À l'inf.]

 

a)

µ venir. "Futur" : Doulx Dieu, qui par ta sapience Toutes choses scez et congnois Et aussi ceulz a venir vois Com les presentes et passées (Mir. st Guill., c.1347, 6). ...il ne verra qu'esbaz et jeux Et leesces, pour le tenir De penser au temps a venir (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 244). Quar le temps infini seullement en futur et a venir puet estre commencié hui ou demain ou de cy a mil ans. Il me semble que Aristote implique ycy .II. raysons assés obscurement. (ORESME, C.M., c.1377, 232). ...après plusieurs parolles dites entre elles, et que elles orent promis l'une à l'autre non eulx entre-acuser, à nul temps de leurs vies et jusques en la fin de leurs jours, de chose que elles deissent ou diroient, ores ou pour le temps à venir, ensamble, icelle Macete dist à elle deposant [ceci] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 305). ...Ou temps présent et à venir (LA HAYE, P. peste, 1426, 41).

 

-

Estre à venir : Car l'en ne conseille pas de chose qui est passee mais de chose qui est a venir et qui est contingente et qui peut estre ou non estre. (ORESME, E.A., c.1370, 333).

 

-

[Par agglutination de la prép.] : ...[je] te repute et tieng dudit fait et de la mort, se elle ensuivoit, pour pure et vraye innocent, et ne vueil pas que, pour cause de ce, l'en te puisse, par justice ou autrement, aucune chose demander ou temps advenir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 272). ...pour ce, par lui, comme juge ordinaire, avoit esté eslargi à certain jour avenir, moyennant certaine caucion par lui receue. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 403). ...c'est assavoir que son pays soyt pourveu pour ung an ou deux advenir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 17).

 

.

GRAMM. : Le temps qu'est a venir est appellé le future, si come je aymerey (DonatOxf., p.1400. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 132).

 

b)

[D'une pers.] Estre à venir / en son venir. "Être jeune, appelé à se développer, à progresser" : Et d'or en avant penseront De toi, car tu ies a venir (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 109). Vis ["avis"] li fu il avoit assés Avoirs et tresors amassés, Et si estoit en son venir (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 63). Monsigneur et biaus cousins, vous este jones et a venir : si ne vous devés pas refroidier de demander vostre droit et de calengier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 229). ...Du temps qu'il fust adollescent Et qu'il estoit en son venir (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 149).

 

-

Estre en son grant venir. "Être à l'âge adulte" : ...le seigneur de Charny qui estoit en son grant venir... (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 19). ...moult estoit vaillant chevalier et de grant coeur, et estoit encore en son grant venir (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 44).

 

-

[D'un fruit] En son venir. "En cours de développement, en train de mûrir" : ...ly fruis est en son venir Trop durs et amerz a sentir (Dit prunier B., c.1330-1350, 41).

 

c)

Inf. subst. Le venir de. "Ce qui est à venir, l'avenir de" : Et aincores tiens je que plus grans merveilles de lui advendront, car ce a esté comme faerie au regard de son maistre, et est aincores de son venir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 255).

 

5.

[Avec l'adv. bien ou mal]

 

-

À bien venir. "En mettant les choses au mieux" : Et par le contraire ceulz sont en enfer ou, a bien venir, en purgatoire, qui ont ensuy leurs plaisirs mondains (GERS., Déf., 1400, 220).

 

Rem. Cf. DI STEF., 870a, s.v. venir : au bien venir.

 

-

Inf. subst. Au bien / au mieux venir. "Dans le meilleur des cas" : Se des .XX. en y a les quatre De quoy il se puist bien esbatre (...), Je di que c'est au bien venir (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 471). [Autre ex. v. 7259] ...car, se ilz estoient là ne pris ne attrapez, ilz auroient perdu leur fait et oultre, au mieulx venir, tous les fors que ilz tenoient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 220). Ainsi muert homs au mieulx venir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 209). Ma fille, merciez ces nobles hommes du secours qu' ilz ont fait a moy et a vous, et a nostre royaume, car, se ne feust la grace de Dieu et leur puissance, nous estions tous destruiz, et, au mieulx venir, exilliez de nostre pays. (ARRAS, c.1392-1393, 119). Pour ce n'ay vouloir de cerchier Un mal plaisant au mieulx venir, Dont l'essay puet couster si chier. (CHART., B. Dame, 1424, 350). ...nous y morrons, ou au bien venir nous serons pris et retenus, en la volenté de nostre anemy le roy Charles (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 142). ...quand il besoigne une foiz en ung moys, c'est au mieulx venir. Il ne fault ja que j'en face la petite bouche (C.N.N., c.1456-1467, 247).

 

-

Venir mieux. "Valoir mieux" : Et se aucunz demandoient pourquoi on lesse courre si poi de chiens au premier, la cause si est que, se il a u buisson rouges bestes comme cerfs, biches ou chevreus, un poi de chiens les boutent hors du buisson, et vient mieux que poi de chiens se desgastent a les bouter hors et que on estuie ceulz du hardouer pour brisier le buisson. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 110). Il vient miex par humble priiere Et par doulz parler raisonnable Poursivre s'amie honnourable... (Echecs amour. K., c.1370-1380, 225). Mieux vous en vendra, se Dé vient (Cent ball. R., c.1388-1396, 128).

 

-

À / de bien venir. "Par bonheur, par chance" : Encor sera ce a bien venir Se jamais il le peut tenir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 108). ...[le couvreur] vint jusques a la cheminée, et destacha sa corde ; et de bien venir, bouta sa teste dedans la cheminée, ou il vit nostre bouchiere (C.N.N., c.1456-1467, 276). ...de bien venir n'y avoit que une paroy [entre ces deux chambres, qui n'estoit que de terre...] (C.N.N., c.1456-1467, 333).

 

-

De mal venir. "Par malheur, par malchance" : Je n'aroye meshuy bien, ne de sepmaine, si je n'avoie dit le tant pou de service que je luy sçay faire [à Dieu] ; et encores de mal venir je n'eu pieça tant a dire que j'ay maintenant. (C.N.N., c.1456-1467, 271). De mal venir, tout a ce beau cop que ses amours se faisoient, veez bon mary d'arriver, qui trouve la compagnie en besoigne (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

-

Estre a mal venir. "Ce serait malheureux, malencontreux" : Car ce seroit a mal venir Se le vostre ["votre faucon"] l'aloit querir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 356).

B. -

[Avec idée d'origine]

 

1.

Venir de qqn

 

a)

[D'une pers.] "Naître de qqn, être issu de qqn" : ...les enfans qui en venront Bastars et avoultres seront (Mir. Berthe, c.1373, 222). ...suis assez d'aage Pour femme avoir par mariage Dont lignie me puist venir Royal qui ou temps a venir Gouverne mon royaume (Mir. Clov., c.1381, 197). Ne fut uncque de mere venue Fame si deconforter que je suis. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 211). ...[l'ermite] cognoistra ta fille, et d'eulx viendra ung filz eleu de Dieu et destiné au saint siege de Romme (C.N.N., c.1456-1467, 98).

 

b)

[D'une chose] "Provenir, émaner de qqn" : ...maniere et façon de faire estoient sagement advisées, et ne povoient venir que d'homme bien sage. (C.N.N., c.1456-1467, 578). Malicieux font pis que les dyables ; De malicieux vienent tous maulx. (Pass. Auv., 1477, 111). J'en mue ma coleur et sorte, Quant je recorde Une si forte - et tresinurbaine malice, Que vient de l'orde Nacïon torte - que vous est si tresmal propice. (Pass. Auv., 1477, 257).

 

-

Venir de... à qqn : ...[il] conclud a ceste heure de soy oster de tous poins de l'amour de celle qui si lourdement avoit refusé la compaignie, et dont si peu de bien luy estoit venu (C.N.N., c.1456-1467, 477).

 

2.

[D'une chose] Venir de

 

a)

Venir de qq. part. "Tirer son origine, provenir de qq. part" : ...tout ainsi que l'argent c'on affine Seroit sur l'or qui vient de noble mine (Mir. st Sev., 1362, 239). En tous corps qui sont en fievre ou il vient grant multitude de sang, de quelque partie que tel sang viegne, les ventres sont fais fluxibles quant ilz commencent a convaloir. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74). ...vint veoir Sampson du tribu Dam, pour les merveilles que lors courroient de ses faiz et congneut que la nativité de lui venoit d'en hault d'un dieu souverain, plus que par constellacion celeste. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°).

 

b)

Venir de qqc. "Provenir de qqc." : Et pour ce semble il que telles distinccions ou diversitéz que l'un desire une chose et l'autre l'autre viengne de nous et de nostre volenté ou eleccion. (ORESME, E.A., c.1370, 223). Et semble que ceste opinion soit faite et viengne de ce qui avient es delectacions et es tristeces qui sont vers viandes. (ORESME, E.A., c.1370, 501). Je vous demant que me diez Se savez dont ce peut venir Que je ne me puis abstenir De mauvaistié (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 26). ...et aussi est trouvé saisi de chose souspeçonneuse, venue et yssue du larrecin fait audit lieu de Villebon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 408). Mais a vray dire, comme je apparceu, c'estoit fole et dampnable prodigalité, ou fole largesse et crueuse pitié, venant de desir de vaine gloire. (GERS., Noël, p.1404, 308). Cogitacion vient de lymaginatiue, meditacion vient de raison, contemplacion vient de lintelligence. (CIB., p.1451, 181). Arreguardés quel mal et parde Vient de ribaulde palhardise ! (Pass. Auv., 1477, 99). Les especes de adoption sont trois. L'une est des descendans, la seconde comme venans du costé, la tierce qui comme affinité legale puet estre dicte. (Sacr. mar., c.1477-1481, 60). Affinité est une proximité de personnes, venans et descendans de copule charnele (Sacr. mar., c.1477-1481, 74).

 

-

En partic. [D'un mal] : De l'artation et indisposition qui est en la femme, par quoy elles ne sont convenables a amplexemens viriles, il fault tenir, jassoit que ce viengne de nature, se on leur puet aidier et subvenir par benefice de medecine, il n'empesche pas le mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76).

 

-

ARITHM. "Être le produit de" : Je vouloye .5. par quoy je me tyre vers la rigle de trois en disant se .2. me sont venuz de .48. de combien me viendront .5. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 639).

 

-

Empl. impers. : D'un vray amant et d'une vraie amie Nous vient nos biens, no joie et noz proufiz, Dont li amie est la vierge Marie Et li amans est Dieu de paradis (Mir. st Sev., 1362, 239). Onques mais Ne vy a mon maistre avenir Tel mal. Dont li peut il venir ? (Mir. march. juif, c.1377, 202). Il n'est riens que n'aye saison, Quant par saison la chose est prinse. Il en vient du bien a foison, Aussi du jeune qui l'advise. (Pass. Auv., 1477, 119). Il te vient bien de cuer parfont Et d'une bonté merveilheuse De pardonner a ceulx qui t'ont Donné poine si angoysseuse ! (Pass. Auv., 1477, 216).

 

c)

Venir de qqc. "Revenir (en profit ou en coût) de qqc." : PREPOSITUS. Or me dites tout en effait Que vous vient de cest ouvrage (...) CARPENTATOR. (...) Il nous vient dix soubs et demy (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 88).

C. -

[Avec idée de terme, d'aboutissement]

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

Venir à qqc. "Arriver, aboutir à qqc." : ...comme saint Pol vint a conversion par la priere saint Estienne. (GERS., P. Paul, a.1394, 516). Ainsy pluseurs viennent a la parole de Dieu, laquelle est dicte pour laver l'ame et la faire blanche par pureté, et plaisant a Dieu, mais ilz s'en partent souvent ainsy noirs comme par avant ou plus. (GERS., Concept., 1401, 427). Et de ceste memoire tu viens a intelligence actuelle (CIB., p.1451, 201). ...et quant vous serez divisez, chascun de vous n'avra pas assez pour vivre comme avez acoustumé, si ne le pourrez endurer, parquoy vendrez a povreté (Nouvelles inéd. L., p.1452, 111). ...le couvreur ne vint a l'oeuvre jusques au lendemain bien matin, pource qu'il fist trop grand pluye (C.N.N., c.1456-1467, 276).

 

-

"En venir à, aborder, entamer qqc." : Et quant l'enfant vient a sa gramaire adonc le maistre doit commencier a user ung peu de plus subtiles paroles et sa doctrine selonc ce qu'il voit l'entendement de l'enfant abile a les concevoir (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 8).

 

-

Venir (à) + inf. "En arriver à" : Dont veroit [var. venroit] elle a estre en sy povre mainage ? (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 514). ...[l'abbesse] vint descendre ses parolles a parler de sa maladie, qui estoit mortelle (C.N.N., c.1456-1467, 141).

 

-

Venir à plaisir à qqn : ...suis celuy a qui vous povez ordonner et commender tout ce que bon vous semble, et qui vous vient a plaisir (C.N.N., c.1456-1467, 166).

 

-

Venir en la grace de qqn : ...entre ses loables vertuz celle de liberalité ne fut par la maindre, car par icelle vint en la grace des princes (C.N.N., c.1456-1467, 23).

 

-

Venir en la merci de qqn : Là plusieurs hommes et femes aymerent mieulx se gecter ou feu, que venir en la merci de leurs ennemis. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 v°).

 

-

Venir à (vilaine) mort. "Finir par mourir (misérablement)" : ...il trouvoit des estoilles fixes, qui ont nature de eslever les hommes à grande sublimité et en bref temps et souldaiment descheoir et venir à villaine mort ou mendicité (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°).

 

b)

[Idée de finalité] Venir à / en qqc. "Parvenir à qqc." : Alez a Dieu, mon chier enfant, Qui vous doint la venir a joie. (Mir. enf. diable, c.1339, 41). Et aprés l'en doit estudier comme par euls et de euls l'en viengne aus termes et as conclusions des sciences. (ORESME, E.A., c.1370, 124). Et ceci appert manifestement par ce que ilz s'efforcent de venir a honorables estas ou de faire choses honorables. (ORESME, E.A., c.1370, 257). Toy qui requiers le Temps avoir Comme souloyez ["comme tu en avais l'habitude"], plus n'y venras (Abuzé D., c.1450-1470, 97). ...si vous n'euss[i]ez voulu, jamais ne fust venu a ses attainctes. (C.N.N., c.1456-1467, 52). ...cest hostel luy avoit delivré, affin de mieulx (...) venir aux fins et intencions ou il entendoit (C.N.N., c.1456-1467, 502). ...le Roy, depuis qu'il est venu à la couronne, a mis toute la peine qui luy a esté possible de mettre à garder et entretenir son royaume en paix (Roi René vie L., 1465, 310). Se venons a noz entreprises... ["Si nous venons à bout de"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 53).

 

-

Venir au dessus de qqc. "Mener qqc. à bien" : Sire chevallier, dist la pucelle, vint il a chief de ce qu'il queroit ? - Oÿl, a son honneur, fait le chevallier, et certes il est tel qu'il n'est nulle riens en terre que corps de homme puist achever dont il ne viengne bien au dessus devant tous. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 102). ...se nous venons au dessus, A ce cop, de nostre entreprise... (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 263).

 

-

Venir au-dessus de qqn. "Vaincre qqn" : ...et jura que se jamais il venoit au dessus d'aucun chevalier du Francq Palais, qu'il les murdriroit sans nul respit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 131). Qu'il ne vous y crient riens, et qu'il vendra bien au dessus de vous. (LA SALE, J.S. E., 1456, 412).

 

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Venir sus à qqn. "Attaquer qqn" : ...et quand il voudroit mettre à effet ses menaces par luy venir sus... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 232).

 

-

Venir en aide à qqn : ...la rencontre où fut tué le roy de Frige et plusieurs autres, qui estoient venuz en aide audit Antipater (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 v°).

 

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Venir en fleur. "Parvenir au sommet (de la gloire)" : Bambrany vint en fleur, en ce temps, en la science des estoilles et en icelle eut plusieurs disciples de diverses et loingtaines regions (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 32 r°).

 

-

Venir à / au bout de qqc. : ...il vous est assez bien venu de vostre emprise, dequoy je suis moult joyeulx, car je n'eusse jamais cuidié que vous en deussiez sy bien venir au bout en sy brief temps (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 160). ...si vous y eussez tant pou soit resisté, jamais n'en fust venu a bout. (C.N.N., c.1456-1467, 161). Si s'efforcerent a ceste occasion de faire sa paix a son pere. Et tant si employerent qu'ilz en vindrent au bout (C.N.N., c.1456-1467, 326). ...nous n'en vendrions point a bout. (Astr. P., 1498, 228).

 

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Venir en avant de qqc. "En arriver à bout de qqc." : Fait avez ouvraige excellante A Saint Lou et Saint Jehan le Blanc, Qui estoit une chose pesante Dont estes venue en avant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 458).

 

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Venir à chef de qqc. : Car penser me met a meschief Tel que n'en puis venir a chief (Mir. ev. arced., c.1341, 108). Sire chevallier, dist la pucelle, vint il a chief de ce qu'il queroit ? - Oÿl, a son honneur, fait le chevallier, et certes il est tel qu'il n'est nulle riens en terre que corps de homme puist achever dont il ne viengne bien au dessus devant tous. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 102). ...il advisa une maniere par laquelle bien luy sembloit, s'il en povoit venir a chef, que monseigneur raroit beurre pour oeufs. (C.N.N., c.1456-1467, 43).

 

.

Venir au dessus et à chef de qqc. : Si regarda qu'il ne luy fault que lieu pour venir au dessus et a chef de sa bonne entreprinse (C.N.N., c.1456-1467, 258).

 

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Venir à / de + inf. "Parvenir à" : Qu'il [Dieu] nous veulle tous inspirer De sa grace et enluminer, Affin que nous puissons venir D'avoir ung homme a son plaisir Lequel soit taillié d'estre apostle. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 278). ...vous ne pouez venir A vostre requeste obtenir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 284).

 

c)

[Dans le discours] Venir à qqc. "Passer à qqc., se mettre à parler de qqc." : ...je n'oy preschier Homme qui si bel depeschier Sceust ses introduccions Pour venir aux conclusions De ses premisses. (Mir. mère pape, c.1355, 352). Laisses ces noces temporeles ; Venons aux espiritueles Dont les embracemens sont doulz (DESCH., M.M., c.1385-1403, 221). ...et finons la premiere partie pour venir a la seconde, comme j'ay touché au commencement. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). Et a venir ad ce que nous avons dit devant, c'est assavoir a parler du contens et mal accort qui est communement entre vieilles gens et joennes... (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 199). La response qu'il eut de prinsault, chacun la peut penser et savoir, que pour abreger je trespasse, et vien ad ce que Gerard et Katherine par succession de temps s'entr'amerent (C.N.N., c.1456-1467, 163). Je passe tous ces bienviengnans, et vien ad ce que monseigneur son mary, quoy que coquard fust et estoit, se donna garde (C.N.N., c.1456-1467, 462). Et, pour venir ad ce que vous avez à faire pour ceste heure, il est de neccessité que... (BUEIL, II, 1461-1466, 82). Or venons au texte et a la lettre. (Somme abr., c.1477-1481, 115).

 

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Venir à un propos : Pour venir doncques au propos encommencé, le galant susdit estant en garnison avec les Bourgoignons a Sainte Manehot, mist une journée en termes (C.N.N., c.1456-1467, 449).

 

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Venir au fait (de) : Pour venir au fait de ceste histoire, ou cloistre des blancs moynes avoit ung jeune et bel religieux (C.N.N., c.1456-1467, 105). Or, pour venir au fait, ce chaperon fourré (...) devint amoureux a Paris de la femme d'un cordoannier (C.N.N., c.1456-1467, 414).

 

d)

[Idée d'opposition] Venir contre qqc. / à l'encontre de qqc. "Aller à l'encontre de qqc." : ...ou cas que le juge ne peut ce faire senz venir contre verité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318). Or avant, ma fille, faictes ce que vous devez faire, et gardez de venir a l'encontre de l'appoinctement de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 501).

 

-

Venir encontre. "S'opposer, contrevenir à qqc." : ...tenir et acomplir le contenu ès dictes lettres sans venir encontre en quelque manière que ce soit. (Ch. VI, D., t.1, 1403, 252).

 

-

[D'un animal] Venir à. "Attaquer" : ...Les oyseaulx a qui yl [ces tercelés] venoient. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 431).

 

2.

[D'une chose]

 

a)

Venir à qqn

 

-

"Se présenter, s'offrir ou s'imposer à qqn" : ...car reprouche De honte ne de vitupére Ne peut venir a qui se pére De vous amer (Mir. parr., 1356, 51). ...touz jours seult honneur venir A l'enfant qui se veult tenir Obediant et doubtant pére (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 280). Notez comment par bonnez roynes et veritables, chastes et humbles les biens sont venuz a divers royaulmes (GERS., Annonc., a.1400, 239). ...ung jour j'estoie par ung matin en nostre grand jardin ou, tout a coup, me vint ung soudain appetit de menger (C.N.N., c.1456-1467, 128). ...predist la destruction de Babillone et la grande bataille qui puis fut entre les Gres et les Barbares, et aussi celle qui fut entre les Italiens et ceulx d'Alexandrie et l'infortune qui vint aux Rommains (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 r°). Giberien (...) recite que le peuple estoit si ententif et curieux de observer les prenosticacions des astrologiens que merveilles pour les grandes utillités qui en venoient au peuple (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 112 r°).

 

-

[D'une possession concr. ou abstr.] "Passer à qqn" : À ceste cause icelui Tales en fut saisy et depuis [cette table] fut baillée à Byali et à Byas et en la fin vint à Solonem. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°). Bien dist que après seroient delivrez de leur captivité et que le resne de Nabugodonosor et ses filz ne povoit durer que 70 ans et que le regne viendroit aux Perses et Medes pour LIIII ans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

-

En partic. "Se présenter à l'esprit de qqn" : Et aucunefois, Sire, si me vient (...) que... (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 36). ...quand on s'endort en aucun desplaisir ou melencolie, au reveiller c'est ce qui vient premier a la personne (C.N.N., c.1456-1467, 366).

 

.

Venir devant à qqn / au devant à qqn / au devant de la pensée de qqn : Car aultres sens me vint devant, Qui me fist taire et arester. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 52). ...ainsi, dy je, comme je vouloye m'arrester ad ce, vint au devant de ma pensee, et se presenta une hydeuse figure, un monstre merveilleux. (GERS., Annonc., a.1400, 233). ...le songe qu'il avoit songié en l'Estrange Marche lui vint au devant (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 342). Lors luy vint au devant le compte du songe (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 172). ...aultre chose ne luy venoit au devant, que le curé estoit son lieutenant tantdiz qu'il alloit marchander. (C.N.N., c.1456-1467, 443).

 

.

Venir en la teste de qqn. : Tant de propos luy venoient en la teste qu'il ne savoit sur lequel s'arrester. (C.N.N., c.1456-1467, 534).

 

.

Venir à memoire à qqn : ...le sens subit qui luy vint a memoire a ce coup luy descendit en la vertu du clerc (C.N.N., c.1456-1467, 282).

 

-

Venir au gré de qqn : ...pluseurs gentilz hommes du païs demanderent ceste damoiselle (...) a mariage. Mais nul ne venoit a son gré (C.N.N., c.1456-1467, 359).

 

-

Venir à plaisir à qqn : Seigneurs, noz besongnes nous viennent a plaisir (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 169).

 

-

Venir à qqn + inf. "Survenir et avoir pour effet de" : ...desir luy eschaufa le cueur et si luy vint ramantevoir les plaisans passetemps qu'elle souloit avoir (C.N.N., c.1456-1467, 146).

 

-

Empl. impers. Venir à bien / à gré / à plaisir / à regret... à qqn : Nonpourquant, puis qu'il esconvient Faire, alons men : s'a bien nous vient, J'en ay grant joie. (Mir. st Guill., c.1347, 14). Mez je lez vous diray, s'a Dieu vient a plaissir. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 136). Sire, il me plaist et a gré vient ; Je sui tout prest. (Mir. emp. Julien, 1351, 210). Sire, vostre beneiçon Me donnez s'a plaisir vous vient (Mir. parr., 1356, 45). ...a grand regret leur venoit d'eulx trouver en ce party, car il faisoit bien chault (C.N.N., c.1456-1467, 397). Le bon mary d'usage demouroit tressouvent aux champs, en une maison qu'il y avoit, aucunesfoiz trois jours, aucunesfoiz quatre jours, aucunesfoiz plus, aucunesfoiz mains, ainsi qu'il luy venoit a plaisir (C.N.N., c.1456-1467, 507).

 

.

[Prop. complét.] : ...luy vint en courage, puis que sa femme restoit en santé, qu'il semondroit a disner ung jour ses parens et amys (C.N.N., c.1456-1467, 137). ...a primes luy vint en teste qu'il avoit mal fait (C.N.N., c.1456-1467, 540).

 

-

(Il) vient bien à qqn. "Les circonstances lui sont favorables" : Si tresbien luy vint, ce propre jour son amy le picard faisoit ses nopces, dont elle fut bien joyeuse ! (C.N.N., c.1456-1467, 70).

 

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(Il) vient bien à qqn que (+ compl.) : Ma foy, dit il, c'est ung tresmauvais mesnagier, il vous est bien venu que je suis arrivé pour vous secourir, et luy aider a parfournir ce qui n'est pas bien en sa puissance d'achever. (C.N.N., c.1456-1467, 247).

 

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(Il) vient si bien à qqn que (+ consécutive) : ...si bien vint a ces bons freres qu'ilz trouverent la clef de la chambre aux femmes dedans l'huys (C.N.N., c.1456-1467, 202). Quelque maladie qu'on luy apportast ou denunçast, tousjours faisoit bailler clisteres. Et toutesfoiz si bien luy venoit en ses besoignes et afferes que chacun estoit content de luy, et garisoit chacun (C.N.N., c.1456-1467, 467).

 

-

Si Dieu vient. "S'il plaît à Dieu" : ...conseil donner Vous vouldray bien bon, se Dé vient (Cent ball. R., c.1388-1396, 110). Mieux vous en vendra, se Dé vient (Cent ball. R., c.1388-1396, 128).

 

b)

Venir à / en qqc. "Arriver à ; parvenir à" : ...despoullier vous convient Puisqu'a ce point la chose vient : Faire l'estuet. (Mir. emper. Romme, 1369, 279). Treschier sire, puis qu'a ce vient, Dites moy : et l'amiez vous tant Com vous en faites le semblant... ? (Mir. emper. Romme, 1369, 310). ...parce qu'il veoit les choses qu'il disoit tousjours ou le plus souvent venir à la verité. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 104 v°).

 

-

Venir à moins. "S'affaiblir" : Car chascun content a soy meismes ; par quoy la justice publicque : c'est la divine, vient a moins. (LA SALE, Sale D., 1451, 95).

 

-

Venir à néant. "Diminuer jusqu'à disparaître" : ...que noz corps venront a nient, Et par ce filz resucitez Seront (Mir. st Val., c.1367, 142). ...et les grans oyseaulx de quinze couldées de hault, qui premier se monstrerent en Archadie le long du cours d'une Lune, cressoient comme la Lune croissoit, puis decreurent et vindrent à neant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 v°).

 

-

Venir à perdition. "Périr" : Et les cinq cités pecheressez en vindrent a perdition par feu du ciel (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

-

Venir au mieux. "Se présenter de la manière la plus favorable" : Car les choses qui sont selon Dieu et nature viennent au mieux que il est possible, en tant comme il sont habiles et nees a bien. (ORESME, E.A., c.1370, 129).

 

-

Venir au fort. "Se présenter de manière critique" : ...puis que ce venoit au fort, plus chier avoit d'eschapper a l'escharnissement de Zephir que morir a tel honte (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 892).

 

-

Venir à l'oreille / en l'audience de qqn : ...n'eust esté, espoir, leur cas jamais descouvert ou au mains si publicque que de venir a l'oreille de vous ne de tant d'aultres gens, si n'eust esté le mary (C.N.N., c.1456-1467, 433). ...est advenue une petite histoire qui est digne de venir en l'audience de vous, mes bons seigneurs. (C.N.N., c.1456-1467, 512).

 

-

Venir à la connaissance de qqn : Lesqueles choses venues à la cognoissance de la justice dudit lieu de Villers-Adam, ilz envoyerent en l'ostel et domicille dudit prisonnier, pour le cuider prendre et emprisonner (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 286). Ceste maniere de faire dura beaucop et longuement sans qu'elle venist a la cognoissance de ceulx qui se fussent bien passez de ceste disme nouvelle. (C.N.N., c.1456-1467, 217).

 

.

Empl. impers. : ...vous avez forfait une emende, s'il venoit a la cognoissance de la justice, qui vous seroit beaucop plus tauxée (C.N.N., c.1456-1467, 291).

 

-

Venir à l'entendement de qqn : ...maintenant pensoit d'un, puis maintenant d'un aultre, mais rien ne luy venoit a son entendement qui peust eloigner ce maudit mary (C.N.N., c.1456-1467, 183).

 

-

Venir à + inf. "En arriver à" : ...tant vindrent d'unes parolles en aultres par motz couvers, que leurs devises vindrent a toucher du train de derriere. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

-

Venir en avant. "Réussir" : Que bien souvent qui trop s'avance Son fait ne vient pas en avant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 491).

 

.

Venir en égalité avec qqc. : Et se aucun disoit que la pesanteur du petit corps fini ne mesure pas celle du grant corps fini, ce ne fait difference ne force, quar l'en puet tant de foys rapliquer la petite que, se elle ne vient en egalité aveques la grande, toutevoies elle la passe. (ORESME, C.M., c.1377, 108).

 

-

Venir en qqc. "Se transformer en qqc." : Et de tymocratie par transgression et corrupcion leur tourne et vient en democratie. (ORESME, E.A., c.1370, 435).

 

-

Venir en fait. "Se réaliser" : Je respon et di premierement que possibilité a non-estre n'est pas chose positive et ne s'ensuit pas se elle ne vient en fait que Dieu ou nature aient rien fait pour noient (ORESME, C.M., c.1377, 216).

 

-

Venir en jeu. "Se présenter" : Motz rigoreux vindrent en jeu par la bouche de monseigneur, quand il perceut que par doulceur il ne faisoit rien (C.N.N., c.1456-1467, 116). ...après pluseurs devises, monterent et vindrent en jeu d'unes et d'aultres materes, tant que monseigneur commença a loer beaucop le digne sacrement de baptesme (C.N.N., c.1456-1467, 426).

 

-

Venir jusque. "En arriver à" : ...si la chose fust venue jusques aux horions, celuy du grenier et l'aultre de la ruelle l'eussent servy (C.N.N., c.1456-1467, 244).

 

c)

Venir sur qqn. "S'abattre sur qqn" : Ainsy puet estre dez mortalitez qui viennent sur les enfans. (GERS., Pent., p.1389, 80). Sire, je souffriray voulentiers pour toy tout ce que tu vorras venir sur moy ["tout ce que tu voudras qui vienne sur moi"] (Internele consol. P., 1447, 118). Vous dictes : "Ce sang soit sur nous Et puis sur nous enfans trestous." Dorenavant vous cognoistrés Ce sang sur vous, quant vous varrés L'ire de Dieu sur vous venir Et vostre lignhee gemir, Car Dieu vous batré aigrement. (Pass. Auv., 1477, 268). Cestui predist la fin des Templiers et à Henry l'empereur diverses choses, par especial aucune infortune devoir venir sur les Juifz ès parties occidentales (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 129 r°).

 

-

[D'un argument] Venir contre qqn. "S'opposer à qqn" : Or voy je contre moy venir l'argument des presens mondains. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 209).

 

d)

[En sub. temporelle ; suj. impers. ou neutre] Quant vient + indication temporelle "Au moment de" : Et quant vint au matin que le juglëeur actendoit et requeroit les promesses, l'autre li respondi et dist que il li avoit rendu delectacion pour delectacion. (ORESME, E.A., c.1370, 453). Et, quant vendra deux lieues devant le jour, on doit aler tendre toute la lisiere du boys, entre les champs et le bois, tout au long, ses panniaux. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 285). Quant ilz vint a l'endemain au matin (...), sy allerent a messe (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 11). Quand vint sur le soir, la posterne fut desserrée (C.N.N., c.1456-1467, 24). Quand vint après disner, Conrard fist tant qu'il destourna Gerard des aultres (C.N.N., c.1456-1467, 175). Quant vint au point du jour, le gentil serviteur se partit de sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 186). Quand vint au lendemain, environ VJ heures du matin, le mary de ceste vaillant femme se leve (C.N.N., c.1456-1467, 242). Quant vint aprez disner, le Jouvencel vint devers le Roy et la Royne pour prendre congié d'eulx (BUEIL, II, 1461-1466, 185).

 

-

Quand c'est venu que... "Quand ce fut le cas que" : Et quant c'est venu que mondit seigneur a voullu partir pour retourner ès parties de par delà, les dames... (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1454, 444).

 

-

Quand (ce) vient à + subst. / inf. subst. : ...quant vint au faire (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 185). Compains, puis qu'a ce faire vient, Avant : despoullier le convient [Panthaleon] Premiérement. (Mir. st Panth., 1364, 350). Ne ne me semble pas encore Que pour aide qu'aiez ore Vous puissiez a eulx contrester, Quant ce venra au fort traicter (Mir. ste Bauth., c.1376, 134). ...soies fort chevalier, Quant ce venra au bataillier Pour ceste foy. (Mir. st Lor., 1380, 185). ...car trop redouterent la fiereté des chevalliers et des chevaulx quant ce vint au monter. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 967). Et quant vint au vin du congié prendre, Madame, qui vit le petit Saintré qui portoit une tasse a servir, le fist a soy venir (LA SALE, J.S., 1456, 11). ...quant vint a l'enfanter, ce fut une fille (C.N.N., c.1456-1467, 4). Elle mist a point ung grand tas de bon poisson. Et quand vint a la lemproie, elle la souhaicta aux Cordeliers, a son amy (C.N.N., c.1456-1467, 261). Ce disner se passa. Et quand vint a dire graces, monseigneur se mist en son reng (C.N.N., c.1456-1467, 281). ...quand vint au partir et au dire adieu, il n'en peut oncques finer (C.N.N., c.1456-1467, 316).

 

-

Quand se vient à + inf. : Les bons cappitaines, quant se vient à joindre et assembler ["quand on en vient à se joindre et à s'assembler"], dient tousjours : ... (BUEIL, II, 1461-1466, 246).

 

-

Quand (il) vient au fait : Et quant vient ou fait, il esmeuvent et adjoustent fureur et yre affin que ilz puissent plus asprement et plus continuelement soy combattre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 214).

 

-

(Il) vient au... "Le moment arrive de" : Et puis que au morir vient, plus noblement morrons (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 609). ...et se au morir vient, je requiers qu[e]... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 611).

D. -

Venir + attrib.

 

-

Région. (francoprovençal) Venir + adj.. "Devenir" : Il est gra comme une tarpe, Mes je vous feray venir meygre. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 192).

 

-

Venir (au subj.) + part. passé. "Être (au subj.) + part. passé" : Aussi te plaise que (...) parfaitement vieigne absoult et mundé de touz mes pechiez. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 47).

 

-

Venir tel. "Naître tel" : ...neccessaire chose est de confesser icelui Dieu estre venus Dieu et homme (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 257). ...et n'estoit que un bourgeois de Bruges, venu et fait tel (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 44).

III. -

Empl. pronom.

A. -

Se venir. "Venir" : Et ceulx qui vont aux huéez doivent avoir chacun derrée de pain quant eulz vont aux dictes huéez et aporter quant eulz se viengnent chacun une perche de boul ou d'autre bois se il leur plaist. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 296).

B. -

S'en venir

 

1.

"Venir, revenir" : "...il vous en fault venir avecques nous. - Non feray, dist l'yvroigne, ou yrois je ?..." (C.N.N., c.1456-1467, 63). Il s'en venoit royde et bandé, La lance au poing (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 10). Elle s'en venoit pas a pas (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 12). ...et son maistre et tous ses gens estoient nudz et mors de fain et lui fut forcé laisser tout et s'en venir par Venize et par Itallie, où il mourut plusieurs de ses gens de pouvreté et si très noble chevallerie qu'il avoit menée, pouvre et lasse fut contrainte s'en venir, ung baston blanc en la main, et mourir par les chemins et hospitaulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

-

[À l'impér.] : Venez vous en, je vous en proy (Mir. ev. arced., c.1341, 120). Ma chiére dame, sanz demour Faire plus ci, venez vous en. (Mir. femme roy Port., c.1342, 200). Nenny, nenny, dirent ses gardes (...) ; venez vous en, car on voit bien qu'elle s'en va. [Au fils d'une malade] (C.N.N., c.1456-1467, 459). Or vous en venés, compaignons ; Alons querir ces trois larrons, Ainsi qu'on nous a enchargé. (Pass. Auv., 1477, 172). Vien t'en en siege emperial Et on te varra de plus loing. (Pass. Auv., 1477, 206).

 

-

S'en venir la voie de qqn. "Accompagner qqn" : Puet estre, esse aucun grant seigneur Qui s'en veult venir nostre voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 80).

 

-

S'en venir après qqn. "Suivre qqn" : Or en venez donc après mi. (Mir. femme roy Port., c.1342, 202). Dame, après nous vous en venez ; Je vois devant. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 124).

 

-

S'en venir + inf : ...avec moy vous en venez Argent gaingnier. (Mir. st Guill., c.1347, 26). ...et il qui parle et ladite Jehennete de Valenciennes s'en vindrent cedit jour gesir à Soissons par la maniere que dit est (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 156). Vientent [viens t'en] recevoir la promesse Que mon doulz seigneur t'a promis (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 204). ...si vous pry que vous en venez coucher emprès moy. (C.N.N., c.1456-1467, 366). ...sur ce point ilz s'en vindrent disner (C.N.N., c.1456-1467, 400). Romain, vien t'en a moy parler (Pass. Auv., 1477, 167).

 

2.

S'en venir qq. part. "Se rendre, arriver qq. part" : ...avec moi vous en venez En Nazareth. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 243). ...sadite femme et enffens il avoit lessiée puis trois sepmaines ença, et s'en estoit venus à Paris pour gaigner et ouvrer de pionnerie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 93). ...mercredi darrerement passé, ot XV jours, il se parti de laditte ville d'Aucerre et s'en vint à cheval à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 126). ...il ne fist que passer parmi icelle ville et soy en venir droit à Paris. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 132). ...a tout sa longue robe s'en vint au lict ou madame l'attendoit (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...en ce point s'en vint a l'huys et l'ouvrit (C.N.N., c.1456-1467, 194). Fabius s'en vint à Romme et racompta sa promesse aux Rommains (BUEIL, II, 1461-1466, 71). Et s'en vint au grenier au foing, Une grande fourche en son poing (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 292). A une caverne s'en vindrent (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 209).

 

-

[À l'impér.] : Mallegueype, ne dy plus mot ; Vien t'en en noustre compaignie ! Tout temps tu seras noustre amye. (Pass. Auv., 1477, 147). Accop, vien t'en a ceste feste ? (Pass. Auv., 1477, 208). Or t'en vien a noz cacabus ! (Pass. Auv., 1477, 249). De ton bien Dieu soit honoré ! Vien t'en a luy, il te demande (Myst. st Laur. S.W., 1499, 250).

 

-

S'en venir à / devers qqn : ...si vous en venez, Sire, a lui tost sanz demourée (Mir. nonne, 1345, 339). ...après qu'il est levé, s'en vient devers son compaignon (C.N.N., c.1456-1467, 77). Si s'en vint ce clerc a son compaignon (C.N.N., c.1456-1467, 286).

 

-

S'en venir à qqc. "En arriver à qqc." : Fromons (...) S'en vient a repentance de se grande folie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 38).

 

-

S'en venir à + inf. : ...et, icelle charrete chargée, se partirent ensuïent de ladite ville de Pontoise, environ heure de soleil levant, et s'en vindrent à boire à Saint-Denis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 349).

 

3.

S'en venir de qq. part. "Venir de, revenir de" : De Sarragoce m'en venoie (Mir. roy Thierry, c.1374, 307).

 

-

S'en venir de + inf. "Revenir de" : Vezci le roy qui ja s'en vient D'espouser (Mir. ste Bauth., c.1376, 92).

IV. -

[Formant une périphrase verbale]

A. -

[Périphrase verbale marquant le passé récent] Venir de + inf. : ...cela Venons de faire que savez, Ainsi que dit le nous avez (Mir. roy Thierry, c.1374, 282).

B. -

[Périphrase verbale marquant la soudaineté, l'inattendu] Venir + inf. : ...[le mari] picque tant qu'il peut au Mont-Saint-Michel, et vint descendre ["descendit inopinément"] tout secretement avant que sa femme a l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 408). Pour quoy ilz saisirent chascun vne roide lance et les vindrent asseoir de toute leur force sur les nobles princes (Chron. conq. Charlem. G., t.1, 1458, 182).

 

Rem. Ou est-ce sans plus le sens spatial ?

 

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Venir arriver. "Arriver inopinément" : Ainsi que Cleriadus devisoit au Chevalier Lombart, le connestable vient arriver en la chambre (Cleriadus Z., c.1440-1444, 592). ...le prescheur (...) en la conduicte d'un serviteur de la dicte damoiselle vint arriver a l'ostel, ou il fut receu bien honnestement. (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

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S'en venir arriver : Sy chevaucherent tant qu'ilz s'en vindrent arriver sus une moult belle fontaine [var. qu'ilz ne se donnerent de garde que ilz se retrouverent au pres d'une moult belle fontaine] (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 36).

V. aussi venue
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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