C.N.R.S.
 
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     PERDRE     
FEW VIII 221b perdere
PERDRE, verbe
[T-L : perdre ; GD : perdre ; GDC : perdre ; DÉCT : perdre ; FEW VIII, 221b : perdere ; TLF : XIII, 58b : perdre]

I. -

Empl. trans. [Sens passif]

A. -

[Le compl. d'obj. désigne ce qu'on avait (ou qu'on aurait pu avoir)] Perdre qqn ou qqc. "Subir le manque de"

 

Rem. On ne peut définir ce verbe comme un verbe d'état ("être privé de ce que l'on avait"). Perdre est un verbe de sens passif ; le sujet est le siège d'un changement (qui fait que l'on n'a plus ce que l'on avait).

 

1.

"Subir le manque de ce qu'on avait"

 

a)

[Le compl. désigne un objet externe, un bien matériel (enlevé, volé, détruit...) ou un bien abstrait] : Vostre chastellain ci m'envoye, Qui me fait dire (...) Que se brief (...) Ne li aidez a li deffendre, Vostre chastel li convient rendre, Et si perderés vostre terre (Mir. fille roy, c.1379, 65). ...l'en avoit desrobé la chambre d'une fille de vie appelée Gilete de Saint-Denis demourant en ladite rue des Escus et (...) elle avoit perdu un lit, une sarge et une paire de draps à lit, mais l'en ne savoit qui ce avoit fait. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 413). Cedit jour, J. Maignier, huissier, a dit que la veille de Pasques flories perdi son seel, si proteste que chose qui depuiz avoit esté seellée d'icellui ne lui prejudicie. (BAYE, I, 1400-1410, 316). ...le jour precedent, les seaulx de ladicte Ville avoient esté perduz par larrecin (FAUQ., I, 1417-1420, 50). ...et aussi declareront les dessus nommez la façon des calices qu'ilz ont perdus pour savoir que sera à faire (FAUQ., III, 1431-1435, 127). O lieu plain de felicité, Faut il que, par iniquité Et peché de nous, te pardon (...) ? (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 69). ...s'il est trouvé qu'il aille aultre part que a sa femme, il perdra son benefice. (C.N.N., c.1456-1467, 288). Par faulte d'un huys [à mon jardin] g'y perdiz Ung grez et ung manche de houe [sans doute par vol]. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 87). Que lui donrai ge que ne perde ["qui ne soit pas pour moi une perte"] ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 109). Maintenant, certes, je vouldroye Avoir perdu mon reaulme tout Et que Jehan vesquit, qui que l'oye ! De doleur ne puis dire mot. (Pass. Auv., 1477, 108). ...ainsi qu'il advint que le pays fut saysi par les adversaires et les hommes en fuite et lui eschappast nud, fut interrogié par autres s'il avoit tout perdu, respondit qu'il portoit ses biens, disant : "Je porte ma science que larrons ne me sauroient oster". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 62 r°). Perdirent les chrestiens, comme autre part est dit, XV cités, XII chasteaux et IIIc mil hommes mis à mort, qui fut piteuse chose (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 127 r°).

 

-

Perdre de l'argent au jeu : Lequel argent icelli prisonnier perdi tout, ausdiz jeux, aus trois compaignons qui illec s'estoient assemblez, sanz ce qu'ilz jettassent coup de dé, ne couchassent ou engaigassent aucunement leurdit argent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 139). J'ay perdu tout le myen aux dez (LA VIGNE, S.M., 1496, 386).

 

-

[Le corps de Jésus, au sépulcre, gardé par des soldats] : Il fault donc a Pilate aler Luy prïer qu'il y mecte garde Tantost, affin qu'on ne le perde, Car sans Pilate ne pouvons. (Pass. Auv., 1477, 271).

 

-

En partic. [Par une décision de justice] : ...et ne ly meffera, ne ne fera meffaire en quelque maniere que ce soit, à peinne de perdre tous ses biens et son corps à la volenté du Roy et de sa Court (BAYE, I, 1400-1410, 254).

 

-

[Un bien abstrait (honneur, réputation, droit...)] : Je perderoie tout mon regnom. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 191). ...force fut a la belle nonnain (...) de perdre le bruyt de sa treslarge courtoisie (C.N.N., c.1456-1467, 105). ...la tresbonne fille et entiere, amant plus cher morir que perdre son honneur, ne s'en effraya gueres (C.N.N., c.1456-1467, 116). ...il perdy sa grace (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 157). Par forse pardroint leur renom (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 465). Maulditz Juïfz, pleins de maleur, Vostre seigneur Advés tüé en vil torment. Vous en perdrés bien et honneur, En grant doleur ; Punis serés furieusement ! (Pass. Auv., 1477, 247). Mauldit pecheur, Suis fol et nice D'avoir ce Jhesus condempné, Car j'ay eu peur Perdre l'office De mon seigneur Doulx et propice. (Pass. Auv., 1477, 276).

 

-

[Une science] "Oublier l'usage d'une science" : ...et conserver ceste science [l'astrologie], car si vous la perdez, soyez seur que les autres princes estranges ne la perdront pas, mais s'en sauront bien servir en temps et en lieu (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 7 v°).

 

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[Un état psychique jugé positif (équilibre, bonheur, patience, courage...)] : ...car doubtance Le constraint Et le destraint Si qu'il en piert contenance (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 71). Et posé que infortunes li venissent, si ne pourroit il pas de legier estre mué ou osté de sa felicité, se il ne par estoient tresgrans et pluseurs, et se par ce il perdoit sa felicité, il ne reseroit pas beneuré en petit temps (ORESME, E.A., c.1370, 136). ...a cest coup, bon mary perdit pacience et n'en peut plus oyr (C.N.N., c.1456-1467, 465). ...ne suis si ancien, ne tant desfourny de puissance naturelle, que je ne doye soucier ne perdre esperance de non povoir jamais avoir generation. (C.N.N., c.1456-1467, 557). ...quand il la vit couchée au lict, demanda si pour ung seul jour qui restoit avoit perdu courage (C.N.N., c.1456-1467, 578). Frere, j'ay perdu ma plesance Et la joyeuseté que j'avoye, Deppuis que j'ay veu en ma presance Le chief de Jehan que tant amoye. (Pass. Auv., 1477, 108). ...je pers toute ma joye ! (Pass. Auv., 1477, 109). Je pers toute joye et soulas (Pass. Auv., 1477, 191). Je pers toutes joyes et saulx (Pass. Auv., 1477, 200). ...bien que jamais ne pardes pacience... (ALECIS, Dial. crucif. pèler. P.P., 1486, 108).

 

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Perdre le plus pour le moins : ...si elle accordoit au prestre sa requeste, son maistre (...) s'en donneroit bien garde, et ainsi perdroit le plus pour le mains. (C.N.N., c.1456-1467, 454).

 

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Donner tout perdu. "Désespérer de tout" : ...pour venir à son frère en secours, qui vouloit jetter la manche après la coigniée et donnoit tout perdu, honneur et bon temps (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 270).

 

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Prov. : Qui le sien ["son argent"] pert, a l'autrui tent [c'est un autre qui en profite]. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 103). A tout perdre est le coup perilleux. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). Ce que l'un pert, l'autre rechoit. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193). ...qui plus y a mis plus y a perdu. (C.N.N., c.1456-1467, 337). L'on scet qu'on perd, mais l'on ne scet qu'on treuve. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 398).

 

Rem. Ce qui est pardu est pardu (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 26410 ; Prov. H., 197 (P121)).

 

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Prov. : Et puis qu' elle ne puet ravoir Jamais son ami pour avoir, Pour pleindre, ne crier, ne braire, Ne pour chose qu'elle puist faire, Et aussi que de sa nature Oublie toute creature Legierement, quant ne la voit, On puet bien penser, s'elle avoit De ses amis damage ou perte, Que briefment seroit si aperte Que d'un perdu deus retrouvez Li seroit encor reprouvez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 241). Pour un perdu, .ij. recouvréz. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 469). Pour ung perdu, deux retrouvés. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 578). Pour ung perdu, j'en ay deux retrouvés. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 611).

 

Rem. CHAST., Temps rec. D., 1451, 553. Morawski, 1701. Nombreux ex. ds Prov. H., 197 (P122) et DI STEF., 666c.

 

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Empl. abs. : ...Qu'il ne s'en yront pas sans perdre. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 273). Je n'ay pas donc perdu granment Se de Paris ne m'ay meu. (Mir. chan., c.1361, 164). Vous perderez trop malement, Sire, se vous ce change faictes (Mir. st Alexis, 1382, 320). Pourquoy il est assavoir que perdre en latin signifie, en une maniere, non avoir ce que on avoit devant et en estre privé de la seignourie ou possession (LA SALE, Sale D., 1451, 232). ...il dist qu'il luy pardonnoit, mais pour ce qu'il pert a regret, le mot luy coustoit plus a pronuncer. [Il a "perdu" sa chemise, qui lui a été dérobée] (C.N.N., c.1456-1467, 400).

 

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Ne pas / ne rien y perdre. "Gagner largement" : ...vostre roy Alfons M'a courroucié ; il a mal fait : Si vous fault comparer son fait, Et li mesmes voir y perdra (Mir. Oton, c.1370, 336). Tu feras ce que te diray, Cochet, et riens n'y perderas : Un grant feu cy m'alumeras, Conme s'ardisses une famme... (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 19). Et je te mercye, m'amye, dist madame, et soies seure que tu n'y perdras rien. (C.N.N., c.1456-1467, 248).

 

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Estre perdant : ...pour ce que les clercs qui en avoint la ferme les tenoint a trop grant pris et y estoint grandement perdans comme ils disoient et onques n'avoit este acoustume que les fermes desd. clergies en faisant le retroit a leur despens... (Comptes Lamballe C.-L., 1449, 227).

 

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Empl. pronom. à sens passif : JUSTICE. Quoy que vous soyez protestans, Misericorde, belle amye, Mon droit si ne se perdra mie Ne, pour vostre hault langaiger, Ne pouez mon droit obliger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 689).

 

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Part. passé en empl. subst. : Il te reste encores ce qui t'est plus chier cent fois que tout ton perdu. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 105).

 

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Inf. subst. : M'amie, il fault regarder au moins perdre, car les despens sont grans. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 23).

 

b)

[Le compl. d'obj. désigne un objet inhérent] "Subir (définitivement ou transitoirement) le manque de"

 

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[Un organe, un membre...] : ...lasse ! mes mains Ay perdu. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). Di a ma dame que je vueil Tresvoulentiers perdre un mien oeil Pour li veoir. (Mir. emp. Julien, 1351, 218). Qui fit a Hanibal guerroyer Ytalie, passer les montaignes, souffrir extremes froidures jusques a perdre l'ueil ? Amour de vaine gloire (GERS., Concept., 1401, 412). Je pers les mains de froit se en vostre sain et près de vostre char ne les me mettez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167). ...perdu avoit un oeil en ung assault ou avec son prince s'estoit tresvaillamment porté. (C.N.N., c.1456-1467, 109). Perdre puissiés vous les artoys ! Or levés sus ! (Pass. Auv., 1477, 209). Homme vicieulx, Il voulsit mieulx - pour ton profit Perdre tes yeulx Faulx, envieulx, - que croire au dit De ce mauldit dampné, Veu qu'il s'ensuit Que Jhesu Christ - soit condempné. (Pass. Auv., 1477, 246). PREMIER [BRIGANT]. Il est saison Maintenant de faire merveilles. SECOND. Se je ne leur foys leur raison, Je veulx perdre les deux oreilles. (LA VIGNE, S.M., 1496, 271).

 

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Part. passé : ...sitost que maistre cyrurgien vit cest oeil il le jugea comme perdu (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

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[Sa substance, son corps] : Oncques ne heux pis En grief douleur. - Las, je pars toute ma substance ! (Pass. Auv., 1477, 188). [Ou est-ce partir "quitter" ?]

 

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Perdre corps et ame : Je m'en vaiz perdre corps et ame. Ne scey a qui moy retourner. (Pass. Auv., 1477, 208).

 

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Perdre corps et vie : Predist aussi à messire Pierre des Essars son affere s'il sailloit de la Bastille, ce qui advint, car depuis il perdit corps et vie par le duc de Bourgongne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 v°).

 

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[Une faculté, une fonction naturelle] Perdre un sens / le sens / la mémoire / la parole... : Lasse ! j'ai perdu le taster. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). De joie ont perdu la parole Touz deux et sont en paumoisons (Mir. emper. Romme, 1369, 310). ...car ceuls qui sont fors en telz cas ne ont pas esperance d'eschaper ou evader, et ne font force de tele mort souffrir et sont constants sens perdre pour ce usage de raison. (ORESME, E.A., c.1370, 206). Aucune fois par teles choses il perdent sens et avis (ORESME, E.A.C., c.1370, 364). ...pour ce qu'il estoit chargié de proposer en la Court, dont perdoit senz et memoire quant il consideroit sa foiblece et petitesse de son entendement et suffisance (BAYE, I, 1400-1410, 171). Il n'est homme, s'il n'a le sens perdu, Qui de cecy trop ne se merveillast (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 60). ...el en changea coleur, mua semblant, et pour ung peu en perdit la parolle. (C.N.N., c.1456-1467, 156). Il fut tant joyeux et tant surpris, quand il vit sa dame si belle et en si bon point, qu'il perdit force, sens et advis (C.N.N., c.1456-1467, 194). ...[l'âne] commença a recaner si hideusement qu'il n'y eut la si hardy qui ne perdist sens et memoire. (C.N.N., c.1456-1467, 383). Je vueil qu'elle perde la veue. (P. Jouh. D.R., a.1488, 30).

 

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Perdre le manger. "Ne plus avoir d'appétit" : Alors ce tres enflamé dart d'amours fiert le cuer de l'un et puis de l'autre tellement qu'ilz en perdirent le mangier (LA SALE, J.S., 1456, 249).

 

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Perdre faim : Ne luy chaloit de perdre fain De mengier pasté ou levain (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 24).

 

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Perdre appetit. V. appetit

 

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Perdre le goust. V. goust

 

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[D'une femme] Perdre son terme / perdre ses fleurs. "Ne plus avoir ses règles" : Et se femme a son terme perdut, sy fache fumigation de la poudre de celle pierre [de sayete] en ses partyes desoubz. Et ly fumiere de ly ayde a ceuls qui ont la caduch. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 184). ...ou pour la retencion de ses fleurs car elle les pert ; fame qui a perdu ses fleurs (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 318).

 

Rem. Cf. A. Goosse, Les Dial. belgo-rom. 17, 1960, 73.

 

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[Du chevreuil] Perdre ses sauts. "Ne plus faire de sauts, ne plus en être capable" : Aucuns dient du chevrel qu'il a perdu ses saux, et c'est mal parlé, car tousjours laisse il les saux quant il est bien hasté et aussi quant il est las. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 76).

 

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[La santé, la vie...] : Car il pense, ains qu'il perde vie, Sire, a vous de plus en plus nuire (Mir. Amis, c.1365, 11). Qu'au mains la plus grosse partie Des gens devroit perdre la vie (LA HAYE, P. peste, 1426, 40). Et maintenant par fortune de guerre En dangier suis que ne perde la vie (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 135). ...il ayma mieulx confesser verité et son peché (...) et eschapper, que le celer et tenir clos et estre en dangier de perdre sa vie. (C.N.N., c.1456-1467, 220). ...medicins solent ordonner [des remèdes] tant a conserver la santé de l'homme que pour la recouvrer s'elle est perdue (C.N.N., c.1456-1467, 467).

 

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P. méton. Perdre la teste. "Perdre la vie" : Si comme de ce qu'en une cité fu deffendu sur painne de perdre la teste que nul estrange ou forain ne montast sus les murs de la cité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 324).

 

c)

"Subir le manque de qqn (qui ne veut plus avoir de relations avec vous, qui vous a quitté ou qui est mort)"

 

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"Subir le manque de qqn en ne pouvant plus avoir de relation avec lui" : [ Le nain, à cause de sa traîtrise, est chassé par le papegau ; c'est le papegau qui parle] ... [le chevalier] ne scet il que je perdys huy mon nain en la forestz ? (Chev. papegau H., c.1400-1500, 20). Ainsi qu'avez oy perdit le desloyal sa femme. [Elle ne lui a pas pardonné sa trahison] (C.N.N., c.1456-1467, 181). ...oncques si bonne lavendiere ne fut, et avoyent bien grand regret que si meschantement l'avoient perdu. (C.N.N., c.1456-1467, 304).

 

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Perdre la présence / l'accointance / la compagnie de qqn : ...me despleut beaucop par aucuns pou de jours d'avoir perdu sa presence [La vie a séparé deux amants] (C.N.N., c.1456-1467, 177). ...elle n'eust pas voluntiers perdu son accointance [Un amant souhaite rompre sa liaison] (C.N.N., c.1456-1467, 237). Helas, que fera la pouvre Marie Quant de sont enfent pert la compaignie ? (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 141).

 

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Perdre qqn de vue. "Cesser de voir qqn" : Le quel Sazillé, semblant estre iré et courroucié, les poursuy un trait d'arc ou environ, disant qu'il sauroit quelz gens ilz estoient, dont ilz venoient et où ilz aloient, avant que il les perdesist de veue, et que il y avoit larrons sur le pays. (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 152).

 

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Perdre la vue de qqn. "Cesser de voir qqn" : ...et quant il avoit yceulx eslongiez tant qu'ilz povoient avoir perdu la veue de lui, il se retournoit tout court par un autre chemin, le plus couvert qui savoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57).

 

Rem. V. vue

 

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"Subir le manque de qqn par la séparation de la mort" : Se perdu avez une femme, Cent en arez, se vous voulez (Mir. emper. Romme, 1369, 309). La compaignie fut moult troublée, qui eut perdu madame [Elle s'est noyée sous les yeux de ses gens] (C.N.N., c.1456-1467, 313). ...doubtant la perdre, se vint rendre aux piez d'elle et luy donnoit esperance de garison (C.N.N., c.1456-1467, 515). Hee, filz, beaulx filz, or est tu mors ! Mon cueur trespaces de vie a mors. Helas, comme suis en grand doleur, Quant je voy que je part mon seigneur ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 119). Adonaÿ, Dieu tout puissant, Que doy je faire, pouvre doulente, Puis que j'ay pardu mon enfant ! (Pass. Auv., 1477, 130). Jamays plaissance Certes n'aré, - puis que je pars mon amy doulx. (Pass. Auv., 1477, 188). La femme ne puet adopter, se n'est par mandement de prince, qui lui soit donné en soulas d'enfans mort ou perdus. (Sacr. mar., c.1477-1481, 60). ...car il veoit bien qu'il perdoit ung des bons amys qu'il eust au monde et ung des loyaulx, des beaulx et des bons princes de son royaulme. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 312).

 

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Prov. : Nulz ne congnoist qu'est d'ami, Jusqu'à tant qu'il l'a perdu. (MACH., Lays, 1377, 475).

 

2.

En partic. [Le compl. d'obj. désigne qqn, un animal ou qqc.] "Ne plus pouvoir trouver qqn ou qqc., égarer qqc. ; laisser échapper un animal ou qqn"

 

a)

"Ne plus pouvoir trouver qqn ou qqc., égarer qqc."

 

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[qqn] "Subir l'absence de qqn dont on ne sait pas où il peut être" : LE ROY. M'amie, (...) Par devers vous retourneray, Quant ma gent retrouvé aray Que perdu ay. (Mir. femme roy Port., c.1342, 165). ...quant ilz s'en revindrent, ilz obliérent l'enfant Jhesu en Jherusalem et le perdirent trois jours (Mir. Theod., 1357, 80).

 

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Part. passé : JOSEPH. (...) Conment ! Jhesus est il perduz ? (...) NOSTRE DAME. E ! lasse ! grant douleur m'espoint. Je ne scay ou il est alez. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 230). Cet homme ne trouverons pas, Il est perdu. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 294).

 

-

[qqc.] "Égarer qqc." : ...il avoit perdu, entre Chasteauleraut et Poitiers, ses bouges esqueles il avoit ces lettres, que il portoit à mons. de Berry et à l'evesque de Poitiers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538). ...celuy qui perdu avoit le dit dyamant ne le vouloit laisser partir de ses mains (C.N.N., c.1456-1467, 393). ...mais leurs livres ont esté perduz ou ne sont translatez (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 33 r°).

 

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Part. passé : ...l'en disoit que elle estoit devinerresse, et s'entremettoit d'enseigner les biens perdus (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 296). La queste de ce dyamant dura longuement (...) pource qu'il estoit meschantement perdu (C.N.N., c.1456-1467, 44). ...des choses perdues on le tenoit vray enseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 469).

 

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Perdre son chemin. "S'égarer" : Mais en pensant conme esperdu Ay je mon droit chemin perdu (Mir. march. larr., c.1349, 115).

 

b)

"Laisser échapper"

 

-

[un animal] : ...ung laboureur avoit perdu son veau qu'il avoit mis paistre dedans un pré (C.N.N., c.1456-1467, 88).

 

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[une proie, à la chasse] : Garde bien de pardre la proye ! (Pass. Auv., 1477, 140).

 

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[qqn] : ...si comme le prophette dist a Dieu : "Perdes omnes qui locuntur mendacium". Ce n'est pas a dire que Dieu perde en la premiere significacion les menteurs ; car il saura trop bien qu'il seront devenus et en aura la seignourie (LA SALE, Sale D., 1451, 232). Maulditz, alés vous en trestous A la porte ! Sarrés la fort Et gardés qu'il non entre a nous, Affin que ne perdions nul mort [l'âme d'un défunt]. (Pass. Auv., 1477, 226). BURGIBUS. Suy le de prés, Treshumblement, par motz exprés : Vella commant tu le prandras. BERITH. Tu es plus flairant que cyprès ; Jamais ainsi ne le perdras. SATHAN. Suis jë en poinct ? BURGIBUS. Tu l'assauldras Au premier par doulces parolles, Puis apprés tu le surprendras Par menaces et parabolles. (LA VIGNE, S.M., 1496, 538).

 

-

P. plaisant. Perdre ce qui choit à terre : LA FEMME. Ha ! monseigneur, il m'a frappé : Ne m'en ferez vous aultre droit ? CAYPHAS. Il a perdu ce qui cheoit A terre, dont ce poise moy (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 181). [Cette loc. semble signifier qu'une pers. en a frappé une autre comme par inadvertance, le coup lui ayant échappé, ainsi qu'un objet qu'on laisse tomber par maladresse]

 

3.

"Subir un manque en utilisant mal, en gâchant, en gaspillant qqc., en ne recueillant aucun profit"

 

a)

[Une chose concrète] : LA MERE. J'ay dont bien perdu mes chandelles, Mes grans offrandes et prieres, Puisque, par leurs faulces cautelles, [les dieux païens] Me procurent tant de myseres. (LA VIGNE, S.M., 1496, 296).

 

-

Perdre les ongles / les pieds. "Abîmer les ongles, les pieds" : Le plus que on puet fere a chienz pour leur garder les piez et qu'ilz ne perdent les ongles, c'est que on ne les leisse trop soujourner, quar au soujour perdent ilz voulentiers les ongles et les piés. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 121). ...voulentiers au soujour les chienz perdent les piez ou les ongles, et les autres maladies en viennent (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 147).

 

-

Empl. pronom. à sens passif [D'une chose] "Être gaspillé, gâté" : Helas, fait elle, je travaille tant a gouverner la maison et tout ce que je puis faire et amasser se pert ["est gaspillé" (ou "disparaît" ?)]. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 12). Grant bien leur feissent mains loppins, Aux povres filles, ennementes, Qui se perdent ["sont gaspillés"] aux Jacoppins (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 123). ...mais sur l'heure se reconcilièrent le duc de Bretaigne et luy, congnoissans tous deux leurs erreurs et que par division se perdent ["se gâtent" (ou "sont perdues" ?)] toutes les bonnes choses du monde. (COMM., I, 1489-1491, 91).

 

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Prov. : Par ung seul clou se pert ung fer ["on gâche, on peut gâcher un fer"]. Par ung fer se pert bien ung pié. Par ung pié se pert ung cheval. Par ung cheval se pert ung homme. Par ung homme se pert ung regne. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

b)

[Une activité, ce qu'on fait] "Effectuer, faire en vain" : Perdre aussi bien va son langage Conme s'il aloit batre Saine (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 235). Lesquelles parolles par lui oyes et conceues, en soy regarda et advisa qu'il avoit perdu son voyage, et s'estoit pené et traveillié, et encores peneroit et traveilleroit sanz cause (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 521).

 

-

Perdre un bienfait : Jamais bienfait ne se pert en nul sens Mais quelque foiz sur son maistre redonde. (CHART., B. Nobles, c.1424, 406).

 

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Perdre ses pas : Musehault, certes, il me semble Que noz pas gastons et perdons. (Mir. st Alexis, 1382, 328).

 

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Perdre ses pas de + inf. "Entreprendre inutilement de faire qqc." : ...il leur dist qu'il avoit trouvé ledit Cheverron, en disant telles parolles ou semblables : "J'ay trouvé Cheverron là ou bois qui vient après nous et nous menace fort, et dit que nous perdons noz pas d'aler à Mauleon, et qu'il aura deux blancs de chacun de nous pour chacune lieue". (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 168).

 

-

Parole perdue. "Parole vaine, futile" : ...et feignant estre la plus mondaine des autres, livrant ascout à toutes paroles perdues... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 218).

 

-

Prov. : Molt bien ont dit ly saiges du temps ansïenneur C'om pert testut le biem c'om fait a voisseür. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 183).

 

-

Perdre sa peine : Yver a sa peine perdue, Car l'an nouvel l'a fait bannir, A vostre joyeuse venue ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 130). Toutesfois conclurent a la fin que nul ne perdist sa peine et son droit, si ordonnerent que l'un le paiast a l'autre (LA SALE, J.S., 1456, 179). ...m'amye, vous perdés vostre peine, ce n'est pas chose a nettoyer si en haste. Vous n'y sariez faire chose maintenant qui valust rien. [À propos d'une robe souillée] (C.N.N., c.1456-1467, 259). Qui fut bien mal content, ce fut celuy qui estoit venu de si loing perdre sa peine et despendre son argent, dont ce ne fut pas dommage. (C.N.N., c.1456-1467, 286).

 

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Peine perdue : Meschief ara il qui yra ja ne y mettra la main, car ce seroit peine perdue. (Bérinus, I, c.1350-1370, 212). ...de lui conseillier est peine perdue (ARRAS, c.1392-1393, 283). Consydera aussi de la battre ou injurier de parolles que c'estoit peine perdue (C.N.N., c.1456-1467, 419).

 

c)

Perdre son temps / du temps / l'heure : Tu crois avoir perdu ton temps Et si te tiens pour deceu : Sachiez le moinne qu'a veu Si est ta femme en verité. (Mir. Theod., 1357, 93). Car, saces, l'amoureuse vie, Qui est deduisans et jolie, Voelt estre bellement menee, Et, s'elle est en riens fourmenee, On piert son temps et sa saison. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 55). ...quant il est perdu [le temps], l'en ne le puet recouvrer (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 99). ...lesdictes gens des Comptes dirent en delaiant que ilz ne diroient autre chose touchant ladicte cause, sinon en la presence du Roy, pour ce qu'il disoient que ce touchoit le Roy et son demainne, et par ce fu perdue l'eure. (BAYE, I, 1400-1410, 27). Mon mary n'est point revenu, vous perdez temps. (C.N.N., c.1456-1467, 509). Ledit maistre d'ostel perdoit son temps, car, quelque chose chose qu'il sceut remonstrer, si [l'évêque] ne le voulut il croire (C.N.N., c.1456-1467, 582). LE CONTE. (...) A noz maisons ne pouons proffiter : Le temps perdons et si ne faisons rien. Pour ce, les champs nous volons frequenter Pour requerir bruyt et lox terrïen. (LA VIGNE, S.M., 1496, 186).

 

-

Part. passé : Neantmoins je scay bien que c'est grande consolacion d'oïr parler de Dieu et des choses divines, et n'est pas temps perdu, jassoit ce que on ne entent pas tout, comme les simples gens oÿent a proffit le service de l'eglise en latin combien que ne l'entendent mie. (GERS., Trin., 1402, 155).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : ...la moytié du temps se pert avant qu'il y ait rien conclud ne accordé. (COMM., I, 1489-1491, 91). Ainsi mon temps se degaste et se pert (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 113).

 

4.

"Manquer, laisser passer qqc. (une possibilité, une éventualité...)" : Allez a l'ostel et les m'apportez, et vous avancez de retourner, que nous ne perdons la messe avecques tout nostre mal. (C.N.N., c.1456-1467, 260).

 

-

En partic. [De l'argent] : ...contraint fut d'abandonner le [mesnaige] et aller aux affaires qui tant luy touchoient, que sans y estre en personne il perdoit une grosse somme de deniers, et par sa presence il la povoit conquerir (C.N.N., c.1456-1467, 435).

 

-

Perdre son aventure de + inf. "Laisser passer l'occasion unique de" : En la fasson qu'avez oy dessus perdit monseigneur le curé son adventure de joïr de sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 301). ...quand le dit Thomas vit qu'il avoit perdu l'adventure de la treuve du dit dyamant, fut bien desplaisant. (C.N.N., c.1456-1467, 394).

B. -

[Le compl. d'obj. désigne le lieu où s'exerce une rivalité] "Ne pas obtenir l'avantage dans (un procès, une bataille, un jeu, un pari...)"

 

1.

Perdre qqc.

 

-

Perdre une bataille : Au mains ont il perdu sanz faille Ceste premeraine bataille (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 58). Et se il pert la bataille, nous noz en fuyrons bien a temps, ainçois qu'il soit ocis. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 73).

 

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Perdre le champ : L'emperiere qu'estoit puissans Vint avant, sy les combaty, Mais en la fin le champ [en champ] perdy, Sy s'en fouy en Constantin (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 50).

 

-

Perdre sa cause : ...sur peinne de perdre sa cause et d'estre banny des royaumes de France et d'Angleterre (FAUQ., III, 1431-1435, 59). ...et s'il ne se oppose dedans ledit jour, il ne sera plus receu et perdra sa cause. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 92). LE JUGE. Si de vous en brief n'est desdit, Claude, vostre cause perdez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 520).

 

-

[Dans un pari] Perdre la gageure : Or, monseigneur, vous avez perdu la gaigeure, vous le cognoissez [bien], faictes pas ? (C.N.N., c.1456-1467, 185). Cela feray je bien, monseigneur, dit elle, mais ce ne sera pas devant que vous ayez promis de moy paier de la gaigeure qu'avez perdue (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

2.

Empl. abs. "Connaître la défaite, être perdant" : Il faudra (...) que croie sanz contredit Ce que le prisonnier m'a dit, Si que, doie perdre ou gangnier, Certes nu le verray [mon gendre] baignier (Mir. fille roy, c.1379, 97). ...et aussi aucune fois perdoient les nostres, mais plus gaignoient ["plus souvent"], aucunes fois couroient jusques en Angleterre, boutoient feu es villes, prenoient prisoniers, ainsi que coustume est de faire en tel cas. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 240). ...vous priant tous que chascun perde ou gaigne ou que soyez honorablement (LA SALE, J.S., 1456, 203). Or bien force est que je perde ; si vault mieulx tost que tard. (C.N.N., c.1456-1467, 540). Maliferas ; tu as perdu ! Janus et tu estes dehors. (Pass. Auv., 1477, 202). Pour l'heure de ce siège d'Arras estoit madamoyselle de Bourgongne à Gand entre les mains de ces très desraisonnables gens, dont luy en survint perte et prouffit au roy : car nul n'y pert que quelcun n'y gaigne. (COMM., II, 1489-1491, 190). [Prov.]

 

-

[Au jeu] : Et dist qu'il n'est pas en la poissance d'omme, quel qu'il soit, s'il ne scet la maniere comment l'en jeue audit jeu, qu'il ne perdist à icellui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 169). ...[il] parloit et intreduisoit eulx qui parlent de jouer aus croix et aus piles, et aussi au jeu de dez, disant qu'ils jouassent hardiment, et s'ilz perdoient, qu'il en paieroit la moitié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 139). J'ay perdu aux cartes et quilles (LA VIGNE, S.M., 1496, 386).

 

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Jouer à perdre. "Jouer à qui perd gagne" : Ils jouaient a un jeu appelle(e) a perdre et si aucunement avoient frappé ledit Pasquerea seroit esté en joiant, sans ce qu'ilz eussent prepoux et entencion de li faire mal (Doc. 1416. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 428). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

 

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Inf. subst. "Fait de perdre au jeu" : Certes, je n'oust onques sy grand deul De perdre que fisse en jeuz Que maintenent j'oy de cestuy ! Maul gain t'an adviengne au jour d'uy ! Mais foy que je doys a l'ame mon pere, Le comparera Jhesus, le larre ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 110).

 

-

[Pour signifier le caractère aléatoire de l'issue d'une guerre] C'est pour y perdre ou pour avoir : Nulluy ne se doit esmouvoir Des grans fortunes de la guerre ; C'est pour y perdre ou pour avoir ; Nulluy n'est point sceur y conquerre. A qui y survient la tonnerre Ne se peut de ce garantir ; C'est la planete qui defferre Les combatans a son plaisir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

 

-

Prov. : ...nus ne pert, queune saquy [l. que n'i a quy] ne gaigne (JEAN DE HAYNIN, Mém. B., t.1, 1466-1477, 171). Nul ne pert que autre ne gaigne ["S'il y a un perdant, il y a un vainqueur"] (Danse macabre femmes H., p.1480, 118).

 

3.

[Avec un pronom neutre, comme dans l'emporter] "Être perdant" : ...sans demander qui l'a perdu ne gaigné, le dit Thomas trousse la damoiselle sur le lit (C.N.N., c.1456-1467, 391). Nostre Seigneur se taist tout quoy, Car au tancer il le perdroit. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 52).

 

-

Tu l'as perdu. "Tu es perdant, tu te trompes" : ROUGE GORGE. Mais vrayment, dont il est sailly ? Je regarde moult sa faiczon : Esse ung merle ? VERDIER. C'est ung moesson. ROUGE GORGE. Tu l'as perdu : C'est ung mauvy, Ad ce que puis cognoistre au signe. (Pipée R., c.1470-1480, 153).

C. -

P. ext. [Le compl. d'obj. désigne qqc. de négatif] "Ne plus être affecté par" : En ceste joyeuse estanpie Et en ce chant melodïeux, Doleurs pers ; plus ne suis marrie, Pour ce que voy Dieu glorïeux. (Pass. Auv., 1477, 280). Aussi à l'umeur peccante vit la disposicion du ciel convenable pour y fere applicacion et le fist, au moïen de laquelle, le roy Daire, qui longtemps avoit esté sans avoir reppox nuyt ne jour, perdit incontinent toute doulleur et fut gary (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°).

 

Rem. Dans cet emploi, perdre reste un verbe de sens passif (le sujet est le siège d'un changement) ; mais ici le sujet n'est plus affecté par ce qui l'affectait (alors que, dans les emplois A et B, il ne dispose plus de ce dont il disposait).

II. -

Empl. trans. [Sens actif ; empl. factitif, action volontaire] "Faire subir un manque"

A. -

Perdre qqn

 

1.

"Conduire qqn à sa perte, à la défaite" : Notez : (...) de Roboam, auquel les joennes disoient qu'il valoit plus que son pere Salomon, et perdi son peuple (GERS., Annonc., a.1400, 234).

 

2.

"Faire périr, causer la mort de" : Tout [ce] je feis, Orgueil, parce que je leur feiz desirer avoir science semblable a Dieu ; et depuis quans en ay je perduz et confonduz des plus grans comme les [geans], comme Nabugodonosor, Holofernes, Anthioche, Zersés et autres sans nombre. (GERS., Noël, p.1404, 304). ...l'ennemy qui jamais ne dort, comme il veoit ce prince droit-cy si esseulé et hors de heure, aiant matère d'impatience et de désespoir devant ses yeux, toudis le sievy de près affin de le bouter en quelque meschief pour le faire perdre (...) ..cest ennemy droit-ci le mena en bas d'une vallée là où il y avoit une rivière courant, et de laquelle lui fit à croire que ce fust un beau chemin frayé [le cheval résiste, en sorte que le duc est sauvé malgré le diable]. ...commença à entendre le cas et à rendre grâces à Dieu, de quoy il l'avoit préservé de subite mort, car veoit que le prince des ténèbres, l'ennemy de nature humaine, l'avoit voulu perdre. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 253). [Zenas vend Esope comme esclave et dit à l'acheteur, pour le cas où il ne serait pas satisfait] ...ou le bas ou me vens ou le donne ou le pers (MACHO, Esope R., c.1480, 9).

 

-

Au passif : Nous lisons que ou diluge et en la subversion des V citez peccherresses les petis enfens furent perdus avec les grans. (GERS., Pent., p.1389, 80). ...il fut blecié à mort et ses gens perduz, mors et desconffiz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 r°).

 

3.

"Damner qqn" : Sique comme humain délit est toujours rémissible, procuré et repenti en temps, et que, pour exemplier les hommes à estre miséricors, Dieu baille les exemples tousjours de sa miséricorde pour les introduire, et ne veut nulluy périr, ne perdre, quand il est requis... (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 301).

 

-

Part. passé. : Se je crestiennez ne suyz, Perdu seray et mal bailliz. (Mir. enf. diable, c.1339, 50). Ha ! sire, le doulx roy haultismes Me het, et il a bien raison (...). S'en cest estat fas plus demour, Je suis perdue. (Mir. nonne, 1345, 344). Las ! je suis perduz et dampnez Se je ne met en moy deffense. (Mir. chan., c.1361, 169). Helas, que farey, mes amis ! Si a mort condempne Jhesus, Je suis perdu - il est conclus -, Comme Percula m'a mandé, Car ceste nuyt elle a songé Choses terribles et contre [l. terribles contre] moy. (Pass. Auv., 1477, 169). Si le temps avez despendu En quelque mal, je vous promectz : S'amender, ains qu'on soit perdu, Il vault trop mieulx tart que jamais. (LA VIGNE, S.M., 1496, 284).

B. -

Perdre qqc. "Faire disparaître, anéantir, détruire qqc." : Doncques le vers de la response de Apollo veult dire : quand Cresus aura passé Alin, qui est ung fleuve qui estoit entre lui et Cirus, il perdera très grans royames (...). Dont Cresus entendi perdre : "id est", destruira (LA SALE, Sale D., 1451, 233).

 

-

Part. passé : Et à celle heure y ot dedens Paris gens affectez ou corrumpuz, qui esleverent une voix en toutes les parties de la ville deça et delà les pons, crians que tout estoit perdu, et que les ennemis estoient entrez dedens Paris (FAUQ., II, 1421-1430, 322). ...il dit et veult conclure que le monde est perdu si son filz n'est tantost marié. (C.N.N., c.1456-1467, 296). Le mercredy vint une faulce poste En diligence, comme tout esperdu, Qui apporta quelque escript fait a poste Que tout estoit dessus la mer perdu. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 174).

 

-

Empl. pronom. à sens passif "Être ruiné" : Et quesse cy ? A il que recongnoistre En mes pays ? Dont nous vient cest oultrage De se ruer par dedens nostre cloistre ? Il n'aura pas de tous poincts l'avantaige. A il trouvé en son faulx tripotaige, Sans coup ferir, que ma terre se perde ? Veult il avoir ainsi mon heritaige ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 236).

III. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"S'égarer" : ...fist tenir et observer le cours de la Lune et autres corps celestes aux navigans de Phenice, de quoy ilz se trouverent bien et en fut moult estymé des seigneurs et du peuple car par avant plusieurs se perdoient et aloient si avant navigant, qu'ilz ne se sçavoient retourner. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 32 r°).

 

-

[D'un animal] "S'égarer, se sauver" : On garde telle beste et par bois et par plaine, Qui de sa voullenté se pert et se foraine. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 146). ...et ont esté [les crapauds] soubz ledit auge jusques à hier, que l'un s'est perdu, et l'autre, lui qui deppose l'a fait tuer par ledit Jaquemin (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 339). L'oyseau s'essore et le cerf va au change, Le chien se pert, le fauconnier s'enfange (CHART., D. Fort., 1412-1413, 177).

 

-

Part. passé. "Égaré, éloigné (?)" : PROSERPINE. Si tes beaux ditz ne sont present tenus, Je suis contant d'estre au gibet pendue. Propres habitz j'ay pour ce retenus ; Bailler me fault au paillart la tondue. (Pause de menestriers. Elle se mect en guise de dame bien paree et bien acoustree, fors que devers les piedz, et s'en revient.) Se j'ay esté ung bien petit perdue, De revenir ne fus oncques rebelle. LUCIFFER. Sans faire icy plus prolixe actendue, Despesche toy ; que deable tu es belle ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 480).

 

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[Allusion biblique (Matth. 18, 12-14)] Brebis perdues. V. brebis

 

2.

"Disparaître" : Icy sainct Martin s'en fuyt cacher et le prince tire son espee pour le tuer. Nota qu'il fault faire que sainct Martin se perde soubz terre, puis revenir tantost aprés. (LA VIGNE, S.M., 1496, 435).

 

3.

"Périr, mourir" : Lors m'alai si dou tout offrir A anois, as merancolies Et a toutes aultres folies, Que j'en fui en peril de pierdre. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 89). Mes bien voi que, se plus atarge, Tu en ies en peril de perdre (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 79). Chienz aussi ont maladie ou vit, qui s'apelle fiz, et de cela se perdent. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 121). ...or es tu une femme perdue et qui fait bien a reproucher, quand par ta negligence as laissé cest homme perdre ! [Elle croit avoir, par négligence, causé la mort de son mari] (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...car d'autant que les personnes sont plus dignes et plus hautes en divine commission, d'autant contendent plus et mettent subtils aguets les déables pour les faire perdre confusément (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 249). ...l'ennemy qui jamais ne dort, comme il veoit ce prince droit-cy si esseulé et hors de heure, aiant matère d'impatience et de désespoir devant ses yeux, toudis le sievy de près affin de le bouter en quelque meschief pour le faire perdre (...) ..cest ennemy droit-ci le mena en bas d'une vallée là où il y avoit une rivière courant, et de laquelle lui fit à croire que ce fust un beau chemin frayé [le cheval résiste, en sorte que le duc est sauvé malgré le diable]. ...commença à entendre le cas et à rendre grâces à Dieu, de quoy il l'avoit préservé de subite mort, car veoit que le prince des ténèbres, l'ennemy de nature humaine, l'avoit voulu perdre. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 252).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 223 : Le peuple qui perdoit par le fol morsel glos (v.1698).

 

4.

"Subir des pertes" : S'il venoit ores en apert A l'endroit ou no gent plus pert, Nos ennemis jus porteroit Et forment nous susporteroit (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 129).

 

5.

Au fig. "Aller à sa perte" : Car nulz homs ne se puet mieux perdre Que a oisiveté soi aerdre (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 121). Et pour ce trop je me merveil De mariaige temporel Encontre lespirituel, Et comment ceuls qui s'apperçoivent Ou temporel tant se deçoivent, Ou il n'a que doleur et paine D'ardeur, de cuisançon mondaine, Comment a l' autre ne s'aerdent, Ne pourquoy tant de gens se perdent Souventefois sanz ce congnoistre, Qu'a paine puent ceuls du cloistre Eulx sauver. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 246). Convoitise de gloire a decheu tant maint. Elle [a] fait perdre les conquereurs de terres (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 185). Croyés mes parolles et dicts Pour faire aux diables desfarde. Nulz de vous amis ne se parde Par ire, orgueulh ne luxure ! Le feu d'avarice nul n'arde ! (Pass. Auv., 1477, 125). Ou le pouvre homme commence estre ennemy au riche, illecq se perille et se pert (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 119).

 

-

"Se damner" : Je di que tout homme se pert Et se met a dampnacion Qui a foy ny entencion A autre dieu qu'a Jhesu Crist (Mir. st Panth., 1364, 344).

 

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"Dépérir" : ..elle ne meurt pas, ainchois pert aprés son amoureux [Éd. : "dépérit dans l'attente de son amoureux"] (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 111).

B. -

[D'une chose] "Cesser d'être, disparaître" : Car en corrigant le filz asprement, jamais parfaitement ne se pert l'amour du pere (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 197). Toutdis ne poet durer une fortune, Un temps se piert et puis l'autre revient. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 96). Le cuer me fent, mon sens se pert (Mir. st Alexis, 1382, 322). ...leur nom perist et leur avoir se pert, et leur lignage chiet en desertion en ung moument. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47). ...comme il soit aussi que la memoire de plusieurs se soit perdue par la depopulacion des royaulmes et destruction des cités et des grandes universitez, combustion de livres et choses semblables (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 v°).

 

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Prov. : Tout se pert fors que le bien faict. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 57).

 

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[D'une activité, d'un métier] "Cesser d'être pratiqué"

 

Rem. G. LE MUISIT, c.1347-1353, ds TLF XIII, 61b.

 

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[Le suj. désigne qqc. de nég.] : PERE. Affin que vostre douleur forte Par le moyen de Dieu se perde Et du sainct dont cecy procede, Par devocion la vous baille, Esperant que brief vous concede Guerison et que le dueil saille De vostre corps. (LA VIGNE, S.M., 1496, 467).

IV. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers.] "Conduit à sa perte, condamné, deshonoré" : SUER MARIE. (...) Bien voy que nous sommes perdues, Puis que l'evesque a main nous prent (Mir. abbeesse, 1340, 95). LA FILLE. (...) Aidiez moy, ou perdue sui. J'ay meschief et assez annuy A porter, voir. LA BELLE ANTE. Et de quoy ? je le vueil savoir Ysnellement. LA FILLE. Je suis malade vraiement D'enfant ; le celer riens n'y vault. (Mir. Theod., 1357, 104). Nous sommes perduz et honnis. (Mir. Berthe, c.1373, 204). ...a effors Viennent ci, et est leur entente De vous conquerre sans attente. Perduz sommes et essilliez, Sire, se ne nous conseilliez Sur cest affaire. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 55). ...ledit Perrin Amiot lui dist qu'il faisoit que fol qu'il ne portoit tonsure, veu que souvent il se entrebatoit avecques compaignons, et que se d'aucune aventure il estoit prins par la justice laye, qu'il seroit perdus (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 80). ...si d'adventure mon maistre ou ma maistresse venoient icy, comme assez est leur coutume au matin, et vous trouvassent, je seroie perdue et gastée, et vous ne seriez pas le mieulx party du jeu. (C.N.N., c.1456-1467, 122). Ha ! dit le curé, je suis perdu, mon fait est descouvert ; quelque ung nous a pourchassé ce passage. [Le mari l'a fait tomber dans une fosse] (C.N.N., c.1456-1467, 354). ...or es tu une femme perdue et qui fait bien a reproucher, quand par ta negligence as laissé cest homme perdre ! [Elle croit avoir, par négligence, causé la mort de son mari] (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...or suis je bien femme deffaicte, deshonorée et perdue ; et que dira mon mary, Nostre Dame ! quand il saura ce meschef ? (C.N.N., c.1456-1467, 39). Or pensez que c'eust esté si ung aultre que moy vous eust trouvez ! Et, par Dieu, vous estiez gastez et perduz [Dans un flagrant délit d'adultère] (C.N.N., c.1456-1467, 433). SATAN. (...) Nous sommes perdus, Luccifer, Car ce Jhesus, qui a pris mort, Est homme Dieu. Las, quel remort ! Il vient seans pour nous guaster tous. (Pass. Auv., 1477, 226).

 

Rem. Ces emplois correspondent soit à II 1, soit à III A 4.

 

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Ange perdu. "Ange déchu" : Il est dont chose neccessaire que Dieu parface de humainne nature ce qu'il a encommencié, c'est assavoir acomplir le nombre imparfait des esleus et la reparacion des anges perdus (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 210). [Autre ex. p.193]

B. -

[De choses]

 

1.

[De fruits, d'une récolte] "Gâté, détruit" : ...au moïen duquel yver l'on ne peut labourer et ce qui estoit en terre fut gelé et perdu, dont vint famine et de famine mortalité (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 v°). ...survint si grande tempeste et tumba si grosse gresle que les blez en furent perduz et les vignes et les forestz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 120 r°).

 

2.

Oeufs perdus. "Dessert aux oeufs" : Oeufz perduz. Prenez .IIII. moyeux d'oeufz et les batez, et du succre en pierre batu, et en pouldre ; et soit tout batu ensemble tresbien ; puis coulé en l'estamine ; puis frit au fer de la paelle et apres trenchié par losanges. Puis avecques autres alumelles d'oeufz pochez soient icelles losanges mises ou plat, et fine pouldre pardessus. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 244). Oeufz perdus. Rompez l'escaille, et gectez moyeulx et aubuns sur charbons, ou sur brese bien chaude ; et apres les nectoyez et mengiez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 244). Bons vins ont, souvent embrochez, Saulces, brouestz et groz poissons, Tartes, flans, oefz fritz et pochetz, Perduz et en toutes façons. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 39).

 

3.

[D'une couleur] "Qui n'a plus son intensité"

 

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Vert perdu. "Vert sombre" : ...I quartier de fin vert perdu dont on a fait pour mondit sr de Charrolois une robe et un chapperon (Comptes Lille L., t.1, 1412, 76). Le cercueil si sera tandu D'un poelle de vert perdu (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 74). Le premier jour du mois de may, De tanné et de vert perdu, Las ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 312). [C]hiere contrefaicte de cueur, De vert perdu et tanné painte, Musique notee par Fainte, Avec faulx bourdon de Maleur ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 525).

 

Rem. Cf. A. Planche, Charles d'Orléans ou la recherche d'un langage, 1975, 186 : "Quant au vert perdu, il s'oppose au vert gai, c'est-à-dire vif ; il n'est pas forcément sombre, il est rompu, impur (...) le vert perdu ne passe pas toujours pour une couleur triste. La maison d'Orléans et en particulier le père du poète ont apprécié les vêtements ainsi teints".

 

4.

Dimanche perdu. "Dimanche de la Passion (dernier dimanche de Carême, avant celui des Rameaux)" : Et le dimenche ensuivant, que on dit le dimenche perdu, gela si fort et si asprement que (...) tout fut ars et bruy de la gelée. (Journal bourgeois Paris T., 1432, 282).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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