C.N.R.S.
 
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     NAÎTRE     
FEW VII nasci
NAISTRE, verbe
[T-L : naistre ; GD : naistre ; GDC : naistre ; DÉCT : naistre ; FEW VII, 18a : nasci ; TLF : XI, 1306b : naître]

I. -

Empl. intrans.

A. -

[D'un enfant, d'une bête]

 

1.

"Venir au monde, sortir du ventre de sa mère" : Car tu es gracieus et doulx Et plaisant sur les enfans touz C'onques en ma vie vi naistre. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212). Par droit nommée est la vierge plaisans, Qui belle fu et bonne ainçois que née, Qui belle aussi et bonne fu naisçans ["en naissant, dès sa naissance"]... (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 246). Dont, quant la chiere dame regne Et uns enfes naist en son regne, Se Bonneürtez l'entreprent, Nature point ne l'en reprent, Eins l'en laist moult bien couvenir, Comment qu'il en doie avenir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 270). Li dieux qui est signeur et maistre, De quan qu'il ["qui"] puet morir et naistre, De quan qu'il ["qui"] est, fu et sera Et qui jamais ne finera, Qui est darreins et primerains, Et de tous les dieux souverains, Mist dedens et l'ame et la vie, Par sage et par noble maistrie. (MACH., P. Alex., p.1369, 3). Demandez quel enfant avez ; Car il est . (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 37). Aussi Diex naistre voloit De vous Vierge et si feroit Bien chose gringnour. (MACH., Lays, 1377, 402). Et se vostre grace n'ay, Dont je suis en grant esmay, Vierge, mar vi Le terme que je nasqui. Las ! où iray, Que feray, que devenray ? Tout en fremi, Car pas ne l'ay desservi ; Pour ce m'esmay. (MACH., Lays, 1377, 404). Quant du ventre de sa mere homme Naist, il n'apporte nulle somme De richece, et de tout prouffit Un petit de lait lui souffit, Et de povres drapiaux content Il est (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 198). Et pour tant l'homme, quant il naist, il commence aucunement a morir. (Somme abr., c.1477-1481, 141). ...et encores innascibilité, c'est a dire non estre et non pouoir avoir naissance de aultre, qui compete au Pere par privation de relation de se raporter a aultre principe (Somme abr., c.1477-1481, 151). Polistratus et Ypodides, freres jumeaux, nez en une ventrée, lesquelz furent en leur vivant grans philozophes et souverains astrologiens (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 r°).

 

-

[D'une bête] : Ce mois, en ung des hostelz de me J. Porcher, conseillier du Roy, nasqui ung veau ayant VIIJ piés et une teste. (FAUQ., II, 1421-1430, 311).

 

-

[D'un monstre] : Item, cel aucteur dist que les monstres des quelz saint Augustin fait question ou .XVIe. livre de La Cité de Dieu naissent en orient et met ou secont chapitre comment le aer de occident est plus benigne et plus convenable au salu de nature humainne que n'est celui d'orient. (ORESME, C.M., c.1377, 350).

 

-

[Dans une tournure factitive] : Je n'i say autre conseil mestre, Se je ne vueil l'amer demestre. Mais c'est chose qui ne puet estre, Car sans mentir, Se tous ceaus que Dieus a fait nestre Estoient tout aussi grant mestre Com Seneques d'art et de lettre, Li deguerpir Ne me feroient pour morir, Car seur toutes l'aim et desir. (MACH., R. Fort., c.1341, 47). Nous sommes les plus meschans hommes Qu'oncques Dieu fist au ciecle naistre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 842).

 

-

Naistre de rechief. "Renaître" : ...pour estre sauf, il fault naistre Tout derrechief. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240).

 

-

Sembler estre né à tout (tout armé) : Quant Cleriadus fut en la court, il trouva son destrier tout prest, car le roy lui avoit fait bailler le meilleur de son estable, et monte dessus tout ligerement que à merveilles. Il se sçavoit si bien aider en son harnoys et en ses armes qu'il sembloit que il fust nez à tout. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 35).

 

2.

À naistre : S'il advient que enffans ilz aient, Soient nez ou a nettre soient... (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 165). L'autre Redempcion fut faicte Pour ceulx qui estoient a naistre (Liber Fort. G., 1346, 189).

 

-

Ceux qui sont à naistre. "Les générations futures" : ...Dieu mercy, j'ay achevé Ceste simple translation À ma povre discrétion, Laquele peut fructifier, Qui la vouldra estudier, Encore à ceulx qui sont à naistre (LA HAYE, P. peste, 1426, 162).

 

-

Homme né ne à naistre. "Aucun homme" : Orpheüs qui sa harpe avoit Et qui seur tous chanter savoit Et de tous genres de musique Avoit le sens et la pratique Et en fu plus souverein mestre Qu'homme ne qui fust a nestre, Sa harpe acorda sans delay Et joua son dolereus lay (MACH., C. ami, 1357, 82). Orpheüs jouoit de la lire Mieus qu'homme ne le porroit dire, Qu'il en estoit souverain maistre, Trop plus qu'homme , ne a naistre. (MACH., F. am., c.1361, 203).

 

-

Il est à naistre qui. "Il n'est pas encore né celui qui, il n'existe pas celui qui" : Il est a naistre qui tant aisé sera (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 193).

 

-

[Dans une formule d'imprécation, de malédiction ; souvent p. réf. à Marc 14, 21] Mieux lui vausist qu'il fust à naistre / qu'onques ne fust né : Par l'un mes corps est ja vendus, Par lui seray en crois pandus. Bon ly fust que il fust a naistre ; Se n'eüst point traÿ son maistre. (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 277). Alons ! Dieu nous peul delivrer ; Quil ara poür cy ce couche. C'il y a nully quil l'aproche, Je ly bailleray tel baudee Que de cest an n'est amendee ; Mieulx vaudroit celluy estre a naistre. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 144). Avec moy mangue et boit Celluy quil mon corps trahir doit. Mieulx luy vausit qu'il fust a naistre Que ce qu'il traïra son maistre Ne qu'il hut pensé tel outraige. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 169). Comme vaillant compain te tiem. Es piedz ly feray tel fenestre, Mieulx ly vaulsist qu'il fust a naistre, Le faulx guars quil tant sceit de guille. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 211). JHESUS. Touteffois, douleur a celluy Par qui j'auray la traÿson ! Il luy seroit bon par raison Qu'oncques de mere ne fust . (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 655).

 

3.

Naistre de + subst. désignant le père, la mère ou la lignée : Mar furent pecheur d'Adam Se par pechié sont condampné. (Mir. femme roy Port., c.1342, 189). A .III. suers cyroperiennes, Qu'elle [Pallas] tenoit pour toutes siennes, En Athenes bailla la garde [de Erichthon] Et deffendi qu'on ne regarde Dedens le coffre nullement, Qu'elle vuelt que celeement Soit nourrie la creature Qui est nee contre nature ; Et s'est voirs qu'elle fu, sans mere, Nee de la semence au pere. (MACH., Voir, 1364, 694). ...Quant naistre voult de li [la Vierge] maternalment Cil dont tout le bien descent (Mir. femme, 1368, 234). La crois est li plus nobles signes Des crestiens et li plus dignes, Car Dieus y fu crucefiez Pour nous tous et martyriez, Qui nasqui de sa Vierge mere, Par le comandement dou pere, Et d'enfer tous nous racheta, Et ses bons amis en geta. (MACH., P. Alex., p.1369, 14). ...ce que je ne croy pas avoir esté donné a nul autre de femme. (Mir. Berthe, c.1373, 157). Il ne se porte bel ne gent ; Il samble que de bonne gent Ne soit pas nez (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 17). Dieu qui nasqui de vierge pure Vois prier, quar il est raison (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 24). Et n'est pas de merveille car elle ne ot quelconque travail, ains naquit d'icelle cest benoist enfant sans blessure du corps virginel de nostre Dame, comme la raye du soloeil passe par la verriere. (GERS., Noël, p.1404, 298). Car ma mère estoit pure Brète, Donc n'avoit point la langue preste, Ne le sens, ne l'entendement, À parler si congruement Comme un Françoiz ledit langage, Et je suiz de son lignage. (LA HAYE, P. peste, 1426, 165). Suivés Jhesus, car il est filz De Dieu le Pere vrayement, de vierge sa bas vivant Pour mourir a nous donner vie. (Pass. Auv., 1477, 87). Quant je pense a ce dur dengier Ou j'ay choisy tant de dampnéz, Et puis nous voy tous, d'Adam néz, En ce peril vivre sur terre, Qui vouldra, joye [l. Qui vouldra joye,] l'aille [q]uerre ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 539). Et les enfans qui d'eulx encore naistront Doresnavant comme eulx le congnoistront, En regretant la mort du noble sire, Las bailleront devant Dieu veux de cyre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 316).

 

4.

Naistre + attribut : ...Fortune qui rit et pleure Et tume les siens en po d'eure, Qui a tel force et tel maistrie Que tu vois que pluseurs maistrie Qui furent riche et noble ["qui étaient nés nobles"], Et si ne leur a riens donné, Mais quant li plaist, elle moult tost Ce que pas n'a donné tout tost. (MACH., C. ami, 1357, 68). ...consideré que un homme naist pur lay, et qu'il doit estre tenus et reputez toute sa vie pour tel, s'il ne appert de lettre de tonsure, ou qu'il sache lire ou escripre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 78). Je say bien que c'est cy mon filz Et que tout aveugle nasquit (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 129). Maistre, a quoy a desservi Cest homme qu'aveugle il est  ? A ce par son pechiet esté Ou par pechiet de ses parens ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 99). Meschant nasqui ["je naquis"] soubz constellation D'Infortune (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 13). Pietre Alphonce, Juif, puis reduit et bon catholique, souverain et experimenté ès influences celestes, fut après son baptesme appellé Moyse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 93 v°).

 

5.

Naistre de bonne / male heure. "Naître sous une bonne / mauvaise étoile, sous de bons / mauvais auspices, pour son bonheur / pour son malheur" : Car, mon enfant, il vault miex naistre De bonne heure que de bons estre, Selonc m' entente. (Mir. enf. ress., 1353, 23).

 

-

Né de bonne / male heure : Moult sui de bonne heure née, Quant je sui si bien amée De mon doulz ami Qu'il ha toute amour guerpi Et son cuer à toutes vée Pour l'amour de mi. (MACH., Ch. bal., 1377, 630). Helas ! je sui de si male heure nez Qu'Amours me het et ma dame m'oblie, Tous biens me fuit, tous maulz m'est destinez. (MACH., L. dames, 1377, 71). ...là ses cuers tent Et si desir, Là sont mis entierement Tuit si plaisir. Si sui de bonne heure née Quant si bien sui assenée Que j'aim et si sui amée De fin cuer et vray Et d'amour pure et secrée (MACH., Lays, 1377, 346). Or parle SEINT PIERRE. Or suis je bien deseperé ! De malle heure suis je , Quar pour mon grant peché Mon segnieurs ay renyé. Mes non pas de ceur ! (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 186). JUDAS. (...) De malle heure suis je neyssus, Maudicte soye celle que m'a porter ! (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 188). Tu fus a tres bonne heure (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 127). Monseigneur, de bonne heure nez Fustes, et benoy en ce monde, Qui plus ordoye qu'i ne monde, Quant pris avez ce bon propos D'estre mis cy en vray repos, Et en celle felicité Qui durera en verité Tous temps sans terminacion. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 107). Noble enfant, de bonne heure ... (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 41). ...et est bien nez de male heure et de male heure concheu qui ce fait [var. bien de mal heure conceu et venu au monde qui ainsy fait]. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 187). Sil enchanteur, de malle heure, S'a fait, affin qu'il ne honnore Les dieux et craingne les tourmens Lesquelz sont devant luy presens, Et les princes courcer vers luy. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 233).

 

.

Estre né de pauvre heure. "Être né pour son malheur" : Ha, quesse cy ! Que je suis de povre heure née ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 58).

 

-

[Dans une formule d'imprécation, de malédiction] Mar fust il né : ...il choisi un chahuant, Un oisel lait, vil et puant, Dont li gentil oisel n'ont cure, Et pour sa villainne nature Qui fait forment a reprochier Se ne le deingnent aprochier. Et le gerfaut (mar fust il nez !) Y fu si forment encharnez Qu'il ne s'en pooit desaërdre. (MACH., D. Aler., a.1349, 383).

B. -

[D'une plante] "Pousser" : Pour ce lor vient la mauldiçon Qui a Adam fut proposee, Quar quant lor terre est coultivee, Chardons et espines lor nessent Qui de poindre lor cuer ne cessent. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 106). S'alay tant amont et aval Que je m'embati en un val Ou je vi une fontenelle Qui estoit moult clere et moult bele, D'arbres et d'erbe environnée ; Et si estoit environ née Une haiette d'esglentier. (MACH., R. Fort., c.1341, 30). ...Et de freses, se tu les aimes, Qui naissent au bois suz les raimes, Cueillir en porras a loisir Tant com te vendra a plaisir (MACH., Voir, 1364, 634). Il n'est riens qui si glouttement naisse comme la vigne (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 55). ...de laquelle [la terre] naissirent les roseaux (LA SALE, Sale D., 1451, 192).

C. -

P. anal. [D'une chose]

 

1.

"Commencer à exister"

 

-

[Des dents] "Percer" : ...elles [les canines] mettent plus longtemps a naistre (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 308).

 

-

[Du jour] "Se lever" : Einsi toute nuit [Hero] se maintint Et l'ardant sierge en sa main tint, Jusqu'a tant qu'il fu adjourné. Mais mar vit pour li ce jour , Qu'entre les flos vit Leandon Qui floteloit a abandon. (MACH., J. R. Nav., 1349, 250).

 

-

[De la nuit] "Tomber" : Alons le dire a l'evesque Affin qu'ansoix que la nuyt naisce Que la seürté y soit mise (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 233).

 

-

[D'une source] "Jaillir" : Voicy fontaine clere et pure : Grant plaisir prens a la veoir naistre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 629).

 

-

[De varices, d'une excroissance sur le corps...] "Apparaître" : ...grans varices leur nessent et vienent (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 308).

 

-

[Du vent] "Se lever" : La seconde cause peut estre le redoubté vent, qui seult naistre Es lieux et mètes de Medi Dont apporte, pour voir le di, Grosses vapeurs, de leur nature Disposées à pourreture. (LA HAYE, P. peste, 1426, 47).

 

Rem. FEW VII, 18b : «"se lever (d'un vent)" (Fur 1690 - Trév 1752)».

 

-

[D'une action, de paroles...] "Avoir lieu, se produire" : Et quant li chevaliers ot nestre Tels parlers et jetter en place, Saciés que pas ne s'en solace (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 23). Pour aventure (...) Qui lui puist nestre... (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 85).

 

-

[D'une chose abstraite, d'un sentiment, d'un état psychique...] : Car Esperance, la seüre, Li promet et bien l'asseüre Qu'onques biauté si affinée Ne pot estre sans Pitié née ; Et puis que douceur est en li, Franchise y doit bien estre aussi ; Pour ce ne croiroit a nul fuer Que Pitié ne fust en son cuer. (MACH., D. verg., a.1340, 38). Cils souvenirs, par son engin soubtil, Me ramentoit le viaire gentil Et le gent corps pour qui mon cuer essil, Mès engendrez, Nez et fenis est et continuez Tous en doleur. Pour quoy ? Pour ce qu'amez Cuiday estre, quant amis fui clamez Trés doucement. Helas ! dolens ! or est bien autrement, Quant ma dame aimme autre nouvellement. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 96). Et quant dou quart de vostre amour puis estre Mis hors d'enfer en paradis terrestre, Se je ne l'ay, y ne me porroit nestre Doleur ne peinne Qui tant me fust oublique ne senestre, Car ce seroit pour l'onneur et le mestre Perdre dou tout, et la joie celestre Et la mondainne. (MACH., F. am., c.1361, 154). Juno maintenoit le contraire Et dit que bien se deüst taire, Qu'on puet acquerir par richesse Scens, avoir et toute noblesse, Quanqu'il vient, naist, croist et habunde En l'air, en terre, en mer, eu munde, Plus tost qu'on ne l'aroit par scens. (MACH., F. am., c.1361, 206). Quant Nostres Sires fist le monde, Où tous biens naist, croist et abonde, Il fist premiers le firmament, La terre et quanqu'il y apent ; Le biau soleil et les planettes, Les estoiles cleres et nettes, Et la lune... (MACH., P. Alex., p.1369, 190). Adont fait la plaisance nestre En la pucelle .I. grant pourpos (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 218). Si sui com servans sans maistre, Mis hors de toute priere, N'en moy nulz biens ne puet naistre, Fors toute doleur pleniere. (MACH., L. dames, 1377, 68). Pour ce soiés de moy asseürés, Car envers tous mes loyaus cuers se vée, Ne ja nulz n'iert de moy amis clamés Fors vous ; s'ay droit. Car loyautés est née En vous ne n'en puet mouvoir Et tant de bien aveuc qu', à dire voir, Pour la bonté dont vostre corps est pleins De vous me vient li souvenirs prochains. (MACH., L. dames, 1377, 126). Et se raison vuet dire le contraire, Je n'en puis mais, je ne li fais pas faire. Amours qui m'a nouvellement espris Fait que dolour est avec l'amour née, Qu'elle me fait amer dame de pris Plus fort qu'onques dame ne fu amée. (MACH., L. dames, 1377, 215). ...en toutes manieres eschevera a son pouoir que contens ne aucune rancune naisce ne discorde entre eulx. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 58).

 

2.

Naistre de

 

a)

"Sortir de (comme une partie de qqc.)" : ...trois belles plumes en façon d'ostrisse, faites de tresriche broderie nervees de petis dyamans, rubis balais et autres pierreries, naissans d'un tres riche et tres bel afficquet ou estoit un tres gros dyamant environné de trois tresgros balais et de trois tres grosses pelles (LA SALE, J.S., 1456, 123).

 

-

Empl. abs. HÉRALD. [Synon. de issant] Naissant. "Qui paraît sortir des bords de l'écu ou d'un meuble" : ...le demi heaume de messire Anguerrant, sur lequel estoit un demi cerf d'or naissant pourtant ["portant"] un colier ou estoient par tiers un tresbel rubi, un tresbel dyamant, un tresbel balay, chascun encloz entre deux moult grosses perles. (LA SALE, J.S., 1456, 113).

 

b)

[D'une chose concr. ou abstr.] "Provenir de (qqn, qqc., qq. part)" : Ainsi nuist beauté doublement, Quar tost fault et naist de nïent, Quar tout a pourreture vient. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 87). C'est fins deduis, joie esmerée, Qui vient d'une douceur parfaite Qui tous en deduit les affaite, Jusques a tant qu'une chaleur, Qui naist d'une amoureuse ardeur, De ceste pointure s'engendre Es cuers qui aimment sans mesprendre ; Car chascun d'euls d'amer esprent Par Desir qui ce leur aprent. (MACH., D. verg., a.1340, 31). Et mes cuers moult s'y deduisoit, Quant ma dame a ce me duisoit Qu'a sa loange et a s'onnour Me faisoit chanter pour s'amour. Car chanters est nez de leëce De cuer, et plours vient de tristece. (MACH., R. Fort., c.1341, 16). Saches que le pers signefie Loiauté qui het tricherie, Et le rouge amoureuse ardure Naissant d'amour loial et pure ; Le noir te moustre en sa couleur Signefiance de douleur, Blanc joie, vert nouveleté, Et le jaune, c'est fausseté. (MACH., R. Fort., c.1341, 68). Car savoir doiz (...) Que ce qui de char naist char est, Et ce qui de l'esperit naist Est esperit (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 239). SAINT PÉRE. Sire, de qui naiscent touz biens, Vostre conmandement feray. (Mir. pape, 1346, 365). Car quant sires, qui vuet honneur Et qui het toute deshonneur, Vuet faire ordener une chose, Se son serviteur s'i oppose, Qui plaint et pleure ce qu'il donne, S'onneur esteint et abandonne, Si que ce sont larmes perdues, D'envie nées et venues. (MACH., P. Alex., p.1369, 53). Mais quant ceulz qui sont equalz reçoivent en distribucion porcions inequales ou ceulz qui ne sont equalz reçoivent porcions equales, d'ileques viennent et naissent les mellees, contencions et accusacions. (ORESME, E.A., c.1370, 285). ...Et ce qui de ce pora nestre. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 83). Si seroie faus traïtres prouvés, Douce dame, se je ne vous amoie Tres loyaument, car tous mes biens est nez De vostre bien ; dont si fort me resjoie, Quant bele et bonne sans per Et des dames la flour vous oy nommer, Que tendrement de joie en riant pleure En lieu dou cuer, dame, qui vous demeure. (MACH., Bal., 1377, 545). Par un dous regart que vi vray, Naissant de vo gracieus vis, Douce dame, tant com vivray, Sera mes cuers à vo devis. (MACH., L. dames, 1377, 211). Dit(te) que une estoille de valleur De l'estoille Jassois nasseroit (Jeu Etoile T., c.1400-1500, 105). De memoire naist congnoissance, et de memoire et congnoissance procede voulenté et amour. (GERS., Trin., 1402, 166).

 

-

[Dans un cont. métaph.] "Prendre sa source dans" : La dignité de nostre empire De la fontaine de pitié Sourt et naist par grant amistié, Qui a ordené (...) Que qui enfant tue en bataille Il doit estre decapité. (Mir. st Sev., 1362, 198). [Dans un cont. métaph.] Fai tant que de li m'estorde : Car il n'a maison ne borde Qui vils, sale, obscure et orde Ne soit, pleinne de puour Et de laidour, Et mes cuers vuet et t'acorde Que ton dous salut recorde, Tant que de li naisse et sorde Une fonteinne de plour Et de tristour, Pour laver et nettoier En tele maniere Les vices qui de pechier Me donnent matiere. (MACH., Lays, 1377, 413).

 

3.

Naistre en. "Ressortir de (comme une partie naturelle)" : Aprés je di que il est bien possible que aucuns ont bien gouverné senz avoir veüz telx livres, par ce que ilz avoient si bon sens naturel et si bonne prudence et si tresgrant desir au bien publique que ceste science estoit en leur cuer naturelment entee, nee et plantee. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

4.

Empl. pronom. "Apparaître, se produire" : Mais un descort s'est nez ouan Entre nous cardinaux de Romme (Mir. st Guill., c.1347, 7).

II. -

Empl. trans. "Mettre au monde"

 

Rem. Cf. HUG. V, 393a. La transitivité de naistre n'est pas assurée. Tous les ex. sont au passé antérieur ou à un temps surcomposé : on peut considérer aussi que la valeur de ces temps grammaticaux est celle de l'accompli (fut né = "fut dans l'état de celui qui est né" ; cf. Marc Wilmet, R. Ling. rom. 37, 1973, 283). Mais cet usage ne se retrouve pas dans d'autres verbes. Par ailleurs, la coordination avec des verbes transitifs comme concevoir ou nourrir plaide en faveur de la transitivité.

 

-

Avoit esté né : ...selonc l'eure que l'enffant avoit esté neys (Flor. Octav., a.1454. In : Chrestom. R., 142).

 

-

Fut né. "Fut mis au monde" : Lors parlai, si com je pooie, Et li dis, sans faire demeure : "Dame, ce fu a la bonne heure Que fustes née et conceüe Et que vous estes ci venue, Quant li bien dont estes garnie M'ont rendu santé, joie et vie..." (MACH., R. Fort., c.1341, 77). Diex, Biauté, Douceur, Nature Mirent bien toute leur cure En vo douce pourtraiture, Dame desirée, Car tant est plaisant et pure, Sage en port, belle en figure Qu'eins plus gente creature De vous ne fu née. (MACH., Ch. bal., 1377, 604). ...pour ce croy qu'onques mais ne fu née Dame qui fust si tres bien assenée. (MACH., L. dames, 1377, 176). Lequel prisonnier (...) cogneut et confessa que il avoit esté et fu en la ville du Mans, où sa mere demeure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 184). Colete Phelipe, prisonniere ou Chastellet de Paris (...) confesse qu'elle fu née à Briteville-sur-Odon prez de Caen et furent ses pere et mere feu Pierre Phelipe et Genevote, sa femme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 530). Dieu fut neiz et nouris en Nazareth (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 72). Dont ainsi furent les enfans engendrez, nez, nourris et rescoulx de mort, et puis par Faustulus et par Leurence, qui les nommerent : l'un Remus, et l'aultre Romulus. (LA SALE, Sale D., 1451, 171). Onque ne fut de mere nee Femme sy dolente ne tant essaree Que je suis, laisse doloreusse Qu'on soloit dire la plus eureuse. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 113). ...ceulx qui avecques moy furent nays m'ont des pieça laissé et abandonné (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 89).

 

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Fut né + attribut : Et quant sa grant renommée De tous est loée, Je ne doy estre blasmée, S'à li sui donnée, Qu'onques dame ne fu née Si bien assenée, Puis qu'il est miens et il m'a. (MACH., Lays, 1377, 364).

 

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[Dans une formule d'imprécation, de malédiction] : Mauldite soit l'eure et le jour Qu'oncques je fus née de mere (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 58). Mauldit l'eure qu'onque fut nez, Quar je ne voyt souloil ne lune. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 110). Jamaiz ne fusse je esté  ! (Pass. Auv., 1477, 206). Or suis je entre tous maulditz, Le plus mauldit qu'onques fut . (Pass. Auv., 1477, 207). Maudit [l. Mauldit] soit mon premier parent Qu'oncques fus en ce monde . (Pass. Auv., 1477, 217). Que mauldite soit la journee Que je fus en ce monde , Car ay jucgé Le juste sans cause approvee ! (Pass. Auv., 1477, 277). Et toy aussi, faulce Pucelle, Qui au deable tu t'est donnee, Tu en auras froide nouvelle, Et en maudiras la journee, Voire, de quoy tu fuz onc nee Et le pere qui t'engendra. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 569).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

A. -

Empl. adj.

 

1.

Né de. "Natif de, originaire de" : Et jà soit ce que Saturnus Fust à l'assamblée venus, Et qu'il soit rudes et contraires Aus hommes et à leurs affaires, Je croy qu'il fu là nez d'Artois, Car il li fu dous et courtois, Et pour l'enfant, car il s'efforce Pour son bien, de toute sa force. (MACH., P. Alex., p.1369, 6). Et messires Robers li Rous, Uns bons chevaliers ; et si vous M'en volez plus avant enquerre, Plus n'en say ; nez fu d'Engleterre. (MACH., P. Alex., p.1369, 138). Messires Thommas de la Marche, Qui n'est pas nez de Danemarche, Eins fu François, le desconfist En Angleterre, et tant fist Par s'espée, qui très bien taille, Qu'il ot l'onneur de la bataille. (MACH., P. Alex., p.1369, 249). Et concupiscence si est aussi comme les anciens disoient de Venus, c'est a savoir que Venus la tricheresse nee de Cypre avoit une diverse courgiee ou courroie. (ORESME, E.A., c.1370, 384). ...et que lez esleüs soient proudes homes et vertueux docteurs en Theologie, en Droit canon ou civil, et que ilz soient du païs nez ou norris, teulx qui cognoissent lez meurs et lez condictions dez subjecs et ce qui appartient au salut de leurs ames. (Songe verg. S., t.1, 1378, 97). Girart Fourre, cherpentier, de la ville de Bausmes les Nonnains, oultre la Sone, et à present demourant en la ville d'Aucerre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 126). Raoulet Fouquart, eschardeur de laines, du pays de Bretaigne, et demourant ad present en la ville de Tours (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 266). ...maistre Nycole Gomaud, du diocese de Reins (BAYE, I, 1400-1410, 191). ...messire Jehan de Coymbre (...), de Portingal. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 386). Estoit de Douay... (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 46).

 

2.

Né à / pour

 

-

Né à. "Né pour, destiné à" : Car les choses qui sont selon Dieu et nature viennent au mieux que il est possible, en tant comme il sont habiles et nees a bien. (ORESME, E.A., c.1370, 129). Or vaille que vaille, Dit l'ay ; se la destinée Chiet seur moy, forment m'agrée Ceste devinaille, Se de telle heure suis née Que, sans villeinne pensée, à t'amour ne faille. (MACH., Lays, 1377, 421). Et pour ce li prie Qu'oie ma clamour Et qu'il ne m'oublie, Qu'en lui sont tuit mi retour. Pour quoy ne sui je ad ce née Qu'avec toi, sans dessevrée, Fusse, dous amis ! (MACH., Lays, 1377, 445).

 

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Né à + inf. : Mais d'autre partie, pluseurs sont lesquelz l'en ne puet par sermons ou par quelconques paroles provoquer, convertir ou actraire a bonté, pour ce que ilz ne sont pas néz ou enclins a obeïr a vercunde, mais a paour. (ORESME, E.A., c.1370, 531).

 

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[D'une chose] "Fait pour" : Et la puissance motive en chascun de ces .II. mouvemens use de aer aussi comme de un instrument, ce est a savoir en mouvement violent qui est ou en haut ou en bas, car le aer est nay a estre legier et pesant. (ORESME, C.M., c.1377, 610).

 

-

Né pour : Se vous n'estes pour mon guerredon née, Dame, mar vi vo dous regart riant. Jamais ne m'iert joie guerredonnée, - Se vous n'estes pour mon guerredon née - Car par vous m'iert la grief guerre donnée Qui me fera morir en guerriant. (MACH., Rond., 1377, 571).

 

-

Né de telle fin que : ...einsois sera mes corps finez Et mes cuers li trés affinez Partis en deus pars, que je fine D'amer de loyal amour fine Li et s'onneur, de cuer si fin Qu'elle me mettra a ma fin, S'elle n'est de tele fin née Et par Pitié si affinée Que le mal face definer (MACH., D. verg., a.1340, 56).

 

3.

Bien né

 

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[D'une pers.] "De bonne naissance, favorisé par la naissance" : Et celui est bien qui a tele disposicion en soy bien nee et bien entee de sa nativité et de nature. (ORESME, E.A., c.1370, 201). Car une meïsme personne n'est pas habile de nature ou bien nee a toutes vertus. (ORESME, E.A., c.1370, 359).

 

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"Noble de naissance, de bonne famille" : ...et que a aucune fois il se entremet de ouvrer de mestier de cordouennier, homme bien nez, de bonne vie et renommée, sanz avoir esté reprins d'aucun meffait (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 50). ...icellui de Ruilly est homme bien et renommé, et n'est pas à presumer que un homme de tel estat eust prins par mariage une tele fille si diffamée (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 321).

 

-

[D'une chose] "De belle allure" : Et celui est bien né qui a tele disposicion en soy bien nee et bien entee de sa nativité et de nature. (ORESME, E.A., c.1370, 201).

 

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En partic. [De la tête du cerf] "Dont le bois est haut, bien fourni" : ...teste bien nee et bien trochiee (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 17). Et aussi leurs testes sont de diverses fourmes, l'une est apelee teste bien nee, bien chevillee et bien tronchee ou bien paumee et bien rengiee. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 60). Et, s'il voit un cerf qui ait la teste grosse de marrien et d'antoilliers et est bien rengiee et bien chevillee et bien haute et ouverte et on li demande quelle teste il porte, il doit respondre qu'il porte belle teste par touz signes et bien nee. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 157).

 

4.

Subst. +

 

a)

Creature nee. "Être humain, personne (quelle qu'elle soit, qui soit au monde)" : ...les nimphes et les fees [à la fontaine] faisoient leurs assamblees Et qu'encor souvent y venoient Et leur parlement y tenoient, Leurs gieus, leurs festes, leurs caroles Et leurs amoureuses escoles, Et aussi qu'elle est destinee Si qu'il n'est creature nee, S'elle en boit, qu'il ne li couveingne Estre amoureus, comment qu'il pregne. (MACH., F. am., c.1361, 193). En s'amour sui si fermée Et mise sans dessevrer Que pour creature née Ne le porroie oublier. (MACH., Ch. bal., 1377, 611). S'onneur et sa renommée, Qui "tout passe" est appellée, Toudis garderay, Et tant com durer porray Plus que creature née Li obeyray. (MACH., Ch. bal., 1377, 632). Car si amoureusement Sui enamourée De vo gracieus corps gent, Qui seur tous m'agrée, Que pour creature née Mes fins cuers ne vous laira ; Et s'il est autres qui bée À m'amour, il y faurra. (MACH., L. dames, 1377, 180). Pour ce te pri, ne vueilles oublier Moy qui plus t'aim que creature née ; Car s'il avient, je te puis bien jurer Que ma vie sera par toy finée, Briefment et en desespoir (MACH., L. dames, 1377, 205). Si qu'amis, n'aiés pensée Que pour longue demourée, Pour Fortune, la dervée, Ne pour creature née Te mette en oubli, Qu'à tous jours, sans decevrée, Est m'amour en toy fermée, Com suer, amie et amée (MACH., Lays, 1377, 357). A Langny ay moult longuement Hanté et prise demouree, Mais oncques crëature nee N'y vint de quoy point miex vasisse (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 36). La Pucelle de[s]mesuree Y est triumphant que c'este rage, Que james creature nee Ne vit armee de tel coraige. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 638).

 

-

Personne née. "Personne (quelle qu'elle soit, qui soit au monde)" : Humble vierge, a qui ne ressamble Personne née... (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 225).

 

b)

Homme (de chair) né. "Être humain (quel qu'il soit, qui soit au monde)" : Seur lui furent si encharnez, Qu'onques mais uns homs de char nez Ne vit homme avoir tant de plaies, De la teste jusques aus braies, Ne telles comme il li feïrent (MACH., P. Alex., p.1369, 270). Pleure la foy de Jhesu Crit, Car je ne truis pas en escrit Que de puis le tans Godefroy De Buillon, qui fist maint effroy Aus Sarrazins, fust home Par qui si mal fussent mené, Ne qui tant leur feïst contraire ; Car de Chypre jusques au Quaire Les faisoit trambler et fremir. (MACH., P. Alex., p.1369, 273). LE FRÉRE. (...) Mais ja ne le revelleray A homme . L'EMPERIÉRE. Frére, je vous voi mal sené, Qui amez miex ainsi morir Que vostre pechié regehir. (Mir. emper. Romme, 1369, 306). Quar bien say que mes fils doit estre Plus puissans que hons nez n'a nestre (Jour Jug. R., c.1380-1400, 221). Il n'est ce jourd'huy homme nay Qui sceut icy prendre [deduit]. (Cuv. T., c.1475-1500, 58).

 

Rem. Cf. aussi : Nous vous faisons telle demande : Tout le monde nous tient a sire, Cy vous prions vuillés nous dire Ce jamés sera homme naisse Quil nostre puissance abaisse ["S'il se produira jamais qu'un homme naisse qui..."]. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 80).

 

-

Femme née. "Femme (quelle qu'elle soit, qui soit au monde)" : Il n'est homme ne femme née Que s'il estoit aux champs assis, Qui de froit ne fust touz transis. (Mir. mère pape, c.1355, 396). Je vous pry, vray Dieu, que touchiez Ne soit mon corps de famme nee, Ne que nulle ne soit entree Ou lieu ou je reposeray (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 27).

 

-

Homme de femme né : Je viz Apolin le cortois, Qu'est des Perthes dieu souverain, Tourner le doz au dieu romain, Sans que homme de femme L'ait ainsi viré ne tourné (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 32).

 

-

Femme de mère née : Femme ne sçay de mere née, Qui soit plus aise que vous estes ! (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 197).

 

-

Nul de mère né : ...à mon moulin, Où, plus que nul de mere née, J'ay souvant la trousse donnée A Gaultier, Guillaume ou Colin. (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 235). [Accord dû à la rime]

 

c)

Riens nee

 

-

"Personne au monde" : LE FRÉRE. (...) Pour Dieu mercy, ne m'aprouchiez: De pueur sui touz entechiez Envenimée. L'EMPERIÉRE. Et pensez vous qu'il soit riens née Qui vous vaulsist ? LE FRÉRE. Il n'est nul qui m'en garisist, Ce m'ont dit les cirurgiens (Mir. emper. Romme, 1369, 297).

 

-

"Aucune chose qui soit au monde" : Pour ce ne savoie Comment de moy faire devoie, Car je n'eus coustel ne espée, Hache, guisarme, ne riens née Dont je me peüsse deffendre ; Et li lions, sans plus atendre, S'en est par devers moy venus Legierement, les saus menus. (MACH., D. Lyon, 1342, 169). Dame, mon pensser vous vueil dire ; Sachiez : j[e] ay au cuer grant yre. Toutes fois que mon filz regarde, Je croy par Dieu, qui lez siens garde, Que il ne vauldra ja riens nee. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 17). Se mon mary me fait offensse Ou veult estriver de riens nee, Puis que il a brache brisiee, Contre terre le bouteray (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 32).

 

-

Plus que riens nee. "Plus que tout" : Elle scet bien que plus l'aim que riens née Et que je l'ay servi sans mesprison ; Si m'en donne si mauvaise saudée Que mal pour bien en est le guerredon. (MACH., L. dames, 1377, 71). Car j'ay desir qui se traveille et peinne De moy deffaire, et ma dame honnourée Ne scet mie que j'aie si grief peinne Pour li que j'aim plus que nulle riens née ; Si que pour ce ma joie est si finée Que riens ne puet mon cuer reconforter, Puis que desirs ne me laisse durer. (MACH., L. dames, 1377, 133).

 

-

Chose nee. "Chose qui soit au monde" : Ja ne vous puist il meschëoir Pour chose nee (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 22). Car il dit que plus agreable En toutes choses neyes Ne que de Dieu furent creyees Est la fame (Serm. femmes K., c.1450, 236).

B. -

Empl. subst. "Vivant" : Roys Prians ses sages manda Et par leur conseil commanda Que, sans nulle essoinne querir, Toy , qu'on te feïst morir. Quant fus nez, Ecuba te vit Si bel qu'autrement s'en chevit : Porter te fist chiès une serve Et li manda qu'elle te serve Et bien te garde et qu'a tous die Que ses fils yes ; mais c'est folie. (MACH., F. am., c.1361, 213). Et se je muir ainsi, tres belle nee, Pour vostre amour, je serai vrai martir, Et ce sera mon milleur sans mentir (MACH., Voir, 1364, 280). Puis que ma dolour agrée À la de bonne heure née, Qui par droit est apelée Des dames la flour, Certes, noble destinée M'avint l'eure et la journée, Qu'en mon cuer fu engendrée Si douce dolour. (MACH., Ch. bal., 1377, 587). Sans departir est en mon cuer entrée Nouvelle amour par si noble maistrie Que la millour et la plus belle née Qui onques fust amée ne servie Vuet que mette sens, temps, cuer, corps et vie, Penser, desir en son tres dous demainne Et qu'elle soit ma dame souverainne. (MACH., L. dames, 1377, 216). C'est que j'ay paeur, sans vous mentir, Que ne m'ayez, tresbelle nee, Mis en oubly (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 78).

 

Rem. FREDET, in CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 269 (...la meilleure nee Qui en France se trouvast oncques).

 

-

Chacun né. "Chaque homme né, tout homme" : ...Quelque misterïeuse choze Qui serat bonne et salutare A checun qui le suppose. (Jeu Etoile T., c.1400-1500, 102).

 

-

Premier né. "Nouveau-né" : Vienent selon ces IIII aages, des premiers nez, ulceracion de la bouche, vomite, toux, paour, apostumes du nombril, veilles, humiditez des oreilles. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 69).

IV. -

Inf. subst. "Naissance" : Son naistre donques orïent Est apelé ; mais occident, Di moy, freres, que segnefie ? L'umilité de Marie. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 132). ...par destinée Qui au naistre leur fut donnée. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 18). ...puis .IIII. ans apriés ton nestre... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 60). Pour ce m'a le parler rendu, Que j'oy dès mon naistre perdu. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 73). Certes a po j'amasse miex Qu'a mon naistre je fusse morte, Tant ay dueil et me desconforte De cest affaire. (Mir. fille roy, c.1379, 49). Les enffens male quil naissoient Les bailles aux maistres [l. naistre] estrangloient. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 41). [Réf. à Exode 1, 16. Lecture naistre proposée par E. Langlois ds Bibl. Éc. Chartes 66, 1905, 316 et par A. Jeanroy ds R. Lang. rom. 49, 1906, 223] Eu pais d'onc il a prins son naistre... (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 6). L'humain amour, que Dieu voult mectre Entre l'ame et corps en mon naistre... (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 341).

V. aussi nasquir
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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