A. -

"Faire perdre sa couleur à qqc., décolorer, déteindre"

-

Empl. intrans. "Se décolorer"

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

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Part. passé en empl. adj. [D'un tissu] "Qui a perdu sa couleur" : Chappelles destaintes. Premièrement : Une chapelle cothidiane destainte, semée à croizectes noires et lys, garnye comme dessus. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 148). Couvertures d'autel. Premièrement : Une vieille couverture de veluiau, pallée de roys rouges et vers, et est doublée de bougran qui est destaint. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 151). Une pièce d'escalate vermeille tenant 1 aulne 3 quartiers et demi, en plusieurs lieux destainte, prisé l'aulne 4 escus (...). Une autre pièce vermeille tenant escharéement deux aulnes, prisé l'aulne 4 escus (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 88).

B. -

"Faire disparaître (la couleur du teint), rendre pâle" : Si que je di, Se bien m'avez entendu et oy, Que la doleur dont en morant langui, Qui mon viaire a desteint et pali Par sa rigour, Est de vos maus cent mille fois gringnour (MACH., J. R. Beh., c.1340, 90). Dous amis, comment te sens tu ? Et d'ou te vient ceste dolour Qui einsi desteint ta coulour ? (MACH., R. Fort., c.1341, 58). Car tel estoit Qu'en tout bien vers moy se portoit, Tant me honnouroit et redoubtoit, Et en mes maulx me confortoit. Or est extaint, Dont mon cuer est paly et taint, Et de toute douleur actaint, Qui ma couleur a ja destaint. Desir demeure Et est en mon cuer a toute heure, Qui en vain et pour nient labeure. (CHART., L. Dames, 1416, 218).

-

Empl. intrans. "Perdre (la couleur du teint), devenir pâle" : Amis, t'amour si m'ataint Que mon vis taint Et destaint Souvent de pluseurs coulours Et mon dolent cuer estraint (MACH., Bal., 1377, 541). Et ce mout durement m'arguë, Dont je tressue, Et ma coulour desteint et mue (MACH., Les lays, 1377, 333).

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Part. passé en empl. adj. "Qui a perdu sa couleur de teint, qui est pâle" : S'en eus le sang un pau meü, Et ce ne fu mie merveille, Quar trop plus pale que vermeille Estoit ma coulour et destainte, Qu'eü havoie dolour mainte Pour ce qu'avoie vraiement Esté malades longuement (MACH., Voir, 1364, 44). Mais sans doubte, ains que je l'eüsse, Il convint que j'en receüsse Mainte frisson, mainte doleur, Et que j'eüsse la couleur Souvente fois tainte et destainte Et feÿsse mainte complainte. (MACH., Voir, 1364, 178). Son frére est du mal si attaint De lepre qu'il est tout destaint (Mir. emper. Romme, 1369, 300). Le vis a de couleur de terre (...) Le nez destaint et alligné (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 103). La tierce estoit eschevellee, et sa robe pourfendue sur le pis, ses yeulx presque mortiffiez et enfoncez en sa teste, la couleur destainte, ung suaire sur son bras, le chevestre au col, et le coustel au poing. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 6).

C. -

Au fig. "Rendre triste, affliger" : Ta force veint Et seurveint, Bien le say, Tout ce qui teint Et desteint Mon cuer gay. (MACH., Les lays, 1377, 423).

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Empl. intrans. "Devenir triste" : ...ateindre Ne puis à riens qui esteindre Puist m'ardeur, ne qu'elle m'aint. Et se teindre Et desteindre Me fait, pour amer et creindre, Souvent et de divers taint, D'espoir greindre Me doy ceindre... (MACH., Les lays, 1377, 439).

-

Part. passé en empl. adj. "Pâle, triste, affligé" : Amours, je te lo et graci Cent mille fois et remerci, Quant mon cuer qu'avoies nerci, Tourblé, desteint et obscurcy et en ton Martire adurci, Par ta puissance As amé et vues amer si Que de ta douceur adouci Et de ta clarté esclarci (MACH., R. Fort., c.1341, 118).
 

DRAP. [Drap]

REM. Doc. 1392 (.VII. aulnes d'un destoint de Cuitron (...) .I. quart de destaint roige), ds GD II, 657b.
 

[À propos d'un tissu] "Endroit décoloré" : S'il y a sur robe de pers aucune tache ou destaincture, faictes prendre une espurge et la moulliez en clere et necte laissive, puis espraigniez et traingniez sur la robe en frotant la tache, et la couleur y revendra. Et se sur quelzconques autres couleurs de drap y a tache de destainture de couleur, faictes prendre de la laissive bien necte et qui point n'ait coulé sur drappeaulx, et mectre avec la cendre sur la tache et laissiez secher (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 133).
 

Empl. trans. "Teindre"

A. -

"Plonger dans une teinte, p. ext. dans un liquide" : ...la royne d'un aspergez entaint oudit galice espargera les faces de chascun combatant (MÉZIÈRES, Epistre lamentable C.P., 1397, 164).

B. -

P. anal.

1.

"Imprégner, souiller" : Et l'air ne estent pas son effect tant seulement a ce, mes il entaint et entouche par force toutes les choses a quoi il touche en tout ou en partie. (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 74v°a). Et aussi quant l'yaue queurt par les liex ou serpens habitent, ele est entainte de venim (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 77v°b). Et ces serpens sont apelez en ebrieu dispades, et en latin situle, car il tuent honmes sus coi il s'asieent, et sont si petis que l'en les voit a painne quant l'en monte desus. Et leur venim est si soutil que l'en n’en sent point quant il entaint, et ne sent l'en point d'angoisse en mourant. (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 401). ...et en cele ysle il a vermés qui ont eles ausi conme serpens volans. Et quant il volent, il entaingnent de leur venim ceus desus qui il volent, et enflent si fort que a po que il ne crievent (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 401).

2.

"Teindre, illuminer" : Ainsis en l'un et l'autre monde Sera ta ligniée feconde [de la femme mariée] Ne ta lumière n'yert estincte Ainçois sera ta lampe entincte De clarté mieulx des sotes vierges Qui n'avoient oille ne cierges, Quant aux noces entrer cuiderent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 16).
 

[D'un cheval] "D'une couleur laide" (FEW) : A Gilles de Has, marchant de chevaulx, pour un cheval achetté de lui en laditte foire, brun mal taint (Comptes écurie Ch. VI, B., t.2, 1384,,, 118). Un cheval morel mautaint, le pié destre devant et celui derriere blanc, qui fu achaté dudit Taufin (Comptes écurie Ch. VI, B., t.2, 1399,,, 70). A lui, pour un roncin brun mautaint, longue queue (Comptes écurie Ch. VI, B., t.2, 1400,,, 100).
 

I. -

Empl. trans. "Mal teindre" : Le tainturier qui mestaindra ung drap, sera tenu de l'amender a l'ordonnance des seelleurs. (Arch. Nord, 1472, B 19478, pièce 6, IGLF).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Mal teint"

Rem. Doc. 1343-1451 (Tournai, ou cas que il aroit plus des .VI. s. parisis de mestaint (...) que yciuls draps soit dessaielles [l. dessaiellés] et despoins) ds GD V, 306b.
 

"Teindre une nouvelle fois" : ...tant comme au buillon, li taintulier devront taindre bien et soffissamment et de bonnes estoffes passant le esgart ou caltre. Et ou cas qu'il ne passeroit li esgart, on leur bailleroit à amender à leurs cous ; et se il ne fussent bien amendé, on rebailleroit as taintuliers les dis draps à retaindre de autre coleur selon le fourme qui s'enssuit : ... (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, c.1350-13, 329).

REM. Ex. d'a. fr. et doc. 1420 (Tournai) ds GDC X, 563b.
 

"Teint sur une précédente teinture"

Rem. Aalma R., c.1380, 4534 (fucosus : seurteint).
 

"Qui peut être teint" : Tingibilis (...) : teingnables (Aalma R., c.1380, 416). Tingibilis (...) : taingnable (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 395). ...tingibile (...) teignable. (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 127).

REM. Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500 (tingibilis, tainnable) ds GD VII, 624b.
 

"De manière à être teint" : Tingibiliter (...) : taingnablement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 395).
 

"Caractère de ce qui est teignable" : Tingibilitas (...) : taingnableté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 395).
 

"Action de teindre" : Tinctio (...) : taignement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 395).
 

"Teinturière" : Tinctrix (...) : teignerresse (Aalma R., c.1380, 416).
 

"Teinture"

Rem. Doc.1419 (taindaige) ds GD VII, 628b.
 

"Teinturier"

REM. Gloss. lat.-fr. (1348, tandeur [Gloss., Paris B.N. lat. 4120 ?]) et doc. 1447 (Liège, tindeur) ds GD VII, 660a-b. Rare en comparaison de teinturier.

V. aussi teinturier
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Tremper, mouiller" : Prendre au matin du pain tosté Taint en vin aigre, sans mesleure, Ou en vin aigre et eaue pure, Ou en bon vin mixtionné De tel liqueur comme est sonné (LA HAYE, P. peste, 1426, 125). JHESUS. (...) Et de mon grey, tu le sauras : Regarde a qui tu me verras Donner du pain ung morceau taint : C'est celuy, et le tien estaint Et secret, n'en fay mencion Devant ce que ma passion Soit faicte comme je desire [Jean 13, 26 : intinctum panem]. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 659).

B. -

"Faire prendre (à une étoffe) une couleur différente en la plongeant dans un bain" : Et ce pendant, vint à Paris, et puis les retourna querir et les aporta à Paris, chez un freppier (...), excepté les trois aulnes et demie de drap vermeil, que il fist taindre en brunete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 18). En ce lit estoit la gisant, vestue de drap de soye taint en cramesy (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 185). ...une piece de veloux cramoisy taint en poulpre (LA SALE, J.S., 1456, 239). Item, y avoit toutes autres toilles tainctes comme bougrans, futaines de toutes sortes, sarges et sayettes de toutes couleurs ung nombre infiny (LA VIGNE, V.N., p.1495, 262).

-

Teindre en laine : Cestuy cy [ce drap] est il taint en laine ? ["A-t-on teint celui-ci avant de le tisser ?" (Éd.)] Il est fort comme ung cordoen. (Path. D., c.1456-1469, 64).

C. -

P. ext. "Donner telle ou telle couleur à qqc., colorer qqc." : Si s'avisa d'une grant subtiveté, car celle nuit il monta sur sa maison et assist un heaume sur le crepon devant, puis descendi aval et taignist l'une partie de son huys de vermeil et l'autre partie de blanc. (Bérinus, I, c.1350-1370, 413). Homs de Dieu maudit et hais, De ton sanc sera taint le fer De ceste lance (Mir. emp. Julien, 1351, 196). Vezci un fer qui a coru Parmi le corps (...) De Julien. Vezci le sanc Dont encore est taint et soullié (Mir. emp. Julien, 1351, 211). ...a moult noble compaingnie Se combati par tel maniere Eu milieu d'une grant riviere Que l'eaue en fu vermeille et teinte Une demi lieue d'enseinte (MACH., C. ami, 1357, 106). ... le roy estoit, du senestre costé de la hanche jusques au talon, tous rouges de son sang, et la place ou il arrestoit, toute tainte et arrousee du sang de son corps. (ARRAS, c.1392-1393, 106). Et si est si durement froide Que comme marbre y devient roide Toute personne en petit d'eure, Noircie et tainte comme meure (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 128). Je cuide que je l'ay actaint. Le baston ma lance en est taint. Je croy que veez cy de son sang. (Pass. Auv., 1477, 231). ...lui bailla jour et heure de ellection de soy mectre en ung grant vaisseau d'arain, plain d'eaue, tainte en rouge, au raiz du Soleil, en aucune chambre, devers les fenestres orientalles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°). ...et l'orrible bataille qui fut entre le roy Philippe de France et Edoard roy d'Angleterre, qui fut si vehemente que la mer fut tainte du sang des mors par plusieurs jours (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 135 v°).

-

[Du soleil] "Hâler" : Et messire Jacques fut tout esbay, car il ne pensoit pas que ce fut il, car il ne le cognoissoit en cest habit, et aussi qu'il estoit molt teint et noircy du soleilh (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 304).

D. -

Au fig.

1.

Teindre qqn. "Faire changer qqn de couleur, faire pâlir qqn" : Or te pri, Virgne purainne, Que, se pechiés nous constraint Et nous taint, Que no claint Aient vois en ton demainne, La ou toute joie maint. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 239). ... douze mille saudoiiers et gens... n'avoient de quoi vivre et ... estoient ja tout taint et velu de famine (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 203).

-

Teindre le coeur. "Affecter le coeur" : Qu'Amour, ma dame, Qui son cuer art, teint, bruit et enflame, Et moy qui sui encor a tout ma flame, En ceste amour le tenrons (MACH., J. R. Beh., c.1340, 128). ...c'est ce qui mon cuer teint Et qui mon vis et ma couleur desteint Et qui muer la fait en divers teint Et fait esteindre Mon bon espoir, dont ma vigour esteint. (MACH., F. am., c.1361, 159).

-

Teindre sa couleur. "Changer d'attitude à l'égard de qqn" : Bien voi que sa couleur a taint Pour conclure que par viellesce, Par fragilité, par foiblesce, Sui d'avoir respit decheü. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 16).

2.

Teindre qqc. "Donner son apparence à qqc." : ...au monde qui est tains De villains Pechiez tres horriblement (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 314). Je me complains qu'a nostre deshonneur Nature humaine [,] en peché salle et tainte, Croist, multiplie et prospere en valeur, Où nous avons dommaige et perte mainte [Interprétation proposée par J. Frappier, qui voit en salle "sale" et tainte des adj. qui qualifient Nature humaine (Bibl. Hum. Ren. 24, 1962, 508). Le glossaire de l'éd. interprète salle comme une forme du verbe saillir et tainte comme une forme du verbe teindre "qui veut dire viser" ; interprétation également contestée par F. Lecoy, Romania 84, 1963, 416]. (Cene dieux, c.1492, 109).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Déteindre"

Rem. Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 55/103.

B. -

[D'une pers., du visage...] "Changer de couleur, pâlir, être altéré dans son teint" : Il l'art, il l'alume, il l'esprent, Et puis d'autre part le reprent, Car il le fait palir et teindre (MACH., D. verg., a.1340, 37). Sire, nuls ne m'en puet aidier, Ne nuls fors Dieus ne porroit alegier La grief dolour Qui fait palir et teindre ma colour (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). Car sans faillir Teindre, trambler, muer et tressaillir, Pleindre, plourer, souspirer et gemir, Et en paour de desespoir fremir Me couvendra (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). Nompourquant, quant de son regart Sentoie le trés dous espart, Je perdoie toute vigour Par sa force et par sa rigour, Et me faisoit teindre et palir, Fremir, trambler et tressaillir (MACH., R. Fort., c.1341, 14). Car quant elle me fait plus teindre, Dementer, gemir et compleindre, Tant plus m'enseint. (MACH., R. Fort., c.1341, 52). ...Et tournai vers li a grant peinne Ma chiere teinte, pale et pleinne De maniere desconfortée, Triste, dolente et esplourée. (MACH., R. Fort., c.1341, 57). Mais coulour pluseurs fois muay, Einsi com je parloie a li, Dont j'eus le vis teint et pali. (MACH., R. Fort., c.1341, 125). Je voy le roy, ce m'est avis, Qui de courrous a taint le vis (Mir. femme roy Port., c.1342, 197). LE ROY. Pour nient n'a pas la face tainte, Dame : si a dure nouvelle. (Mir. st J. Cris., c.1344, 273). Helas ! pére, le vis vous taint Et palist. Bien voy que morez. (Mir. st Guill., c.1347, 49). ...Dont il convint la vierge debonnaire D'ire, d'annuy, de dueil et de grevance Taindre, fremir, rogir, palir et taire. (Mir. prev., 1352, 277). Voit le ly connestablez, sy taint comme carbon [qui devient rouge comme braise (de colère)] (Hugues Capet Lab., c.1358, 120). Pour vostre amour palis et tain Souvent et ay cuer esperdu (Mir. Oton, c.1370, 344). D'ardant desir pris et atains, Tains sui, et ceste ardeurs m'afine. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 187). Mais no plaint Sont remis a voie sainne Par ton Fil, qui nous ramainne La crois, ou on Le vit taint Et destraint Et ataint De mort horrible et villainne. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 239). ...dolans, si m'estuet pleindre Souvent en dolereus pleint, Quant trambler, fremir et teindre Ensus de li et mal maint Me fait (MACH., L. dames, 1377, 47). Tout taint et de noire couleur Et si maigre, bien dire l'os, Qu'en tout son corps n'a que les os Et la pel (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104). ...et s'en tourne En ses chambres, ou moult fu morne Plusieurs jours, et pallye et tainte, Pour l'amour Jason (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 36). Posé qu'on soit au cuer attains Du mal d'Amours qui fait pasmer Ou qu'on en soit palles et tains... (TAILLEV., Bien allée D., p.1440, 261). ...plourer, lamenter et gemir, tordre leurs poins et leur face taindre et pallir pour la douleur que ils avoiient de la mort de la bonne dame (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 114). ...et lui commencha le visage a taindre et a palir de viergoingne (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 123). Et pour deux enffans que j'avoye Commençay a palir et taindre, Voyant que jamais ne savoye Pour eulx a quelque bien actaindre (CHAST., Temps rec. D., 1451, 47).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 375 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ; Trois fils rois P., c.1454-1463, gloss. ...

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Au fig. [Du coeur] (Se) teindre. "Être affecté" : Or ne soit point vostres cuers teins De paour pour trop loing aler (MACH., J. R. Nav., 1349, 161). Car ses cuers demorroit espris, Et li cuers de l'amant de pris Seroit selonc nature esteins, Dont li siens cuers seroit plus teins Pour cause de la departie (MACH., J. R. Nav., 1349, 170). Mais l'amoureuse litargie Dont mes cuers est feruz et tains... (Mir. emp. Julien, 1351, 216). ...Dont j'ay cuer teint et vis pali : Certes, riens tant ne me tourmente (MACH., C. ami, 1357, 75). Pour ce mes cuers gemist, pleure et se teint. (MACH., F. am., c.1361, 159). Car Fortune, qui trop me fait doloir, De moy grever fait tous jours son pooir, Dont j'ay cuer teint et viaire pali. (MACH., L. dames, 1377, 182). ...dessous la mamelle Mes cuers teint, tramble et chancelle, Fant, fremist, mue et sautelle (MACH., Les lays, 1377, 313). Car de dueil a si son cuer taint Que jamais n'en ert alegiez (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 306).

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Le coeur me teint. "J'éprouve une grande affliction" : De deul que j'ay le cueur me taint Tant suis remply de deul et d'ire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 480).