C.N.R.S.
 
Famille de tendere 
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 43 articles
 
 Article 1/43 
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     ATTENDRE1          ATTENDRE2     
*FEW XIII-1 tendere
ATTENDRE, verbe
[AND : atendre1 ; *FEW XIII-1, 199b : tendere]

"Tendre, tresser" : Les rues furent du hault en bas tendues En plusieurs lieux de drap d'or et de soye ; Tapisseries de richesses attendues En broderie furent la estendues aussi a flac qu'est herbe soubz saussoye. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 165).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 2/43 
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     ATTENTE1          ATTENTE2          ATTENTE3     
*FEW XIII-1 tendere
ATTENTE, subst. fém.
[GD : atente2 ; *FEW XIII-1, 199b : tendere (?)]

[Sur attendre2 ?] "Ce qui sert à tendre ?"

Rem. Doc.1459 ds GD I, 472b-c (GD : "ce qui sert à retenir, à fixer" ; FEW XXV, 729c, attinere ? Mais la forme attentes fait difficulté).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 3/43 
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     BASTENDRE     
FEW XIII-1 tendere
BASTENDRE, verbe
[FEW XIII-1, 199b : tendere]

Empl. intrans. "Obliquer" : Son tour [de tel état de choses voué à l'instabilité] a fait le cercle en descendant, Qui a couru par mainte région, Or s'en reva monter en bastendant Tant par midy com par septentrion ; La se traira toute la mocion Au premier lieu qui long temps l'a tenue, Ou ja pieça fait preparacion ; Riens estable ne say dessoubz la nue. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 109).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 4/43 
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     DESTENS     
*FEW XIII-1 tendere
DESTENS, subst. masc.
[GD : destens ; *FEW XIII-1, 199a : tendere]

"District, territoire"

REM. Doc. 1449 (la pesche de destens de mon dit seigneur), ds GD II, 659a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 5/43 
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     DÉTENDEMENT     
FEW XIII-1 tendere
DESTENDEMENT, subst. masc.
[FEW XIII-1, 199b : tendere]

"Fait d'étendre" : Destendement : distensio et distencio (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 207).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 6/43 
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     DÉTENDRE1          DÉTENDRE2     
FEW XIII-1 tendere
DESTENDRE, verbe
[T-L : destendre2 ; GD : destendre ; GDC : destendre ; AND : destendre1 ; FEW XIII-1, 199a : tendere ; TLF : VII, 51a : détendre]

A. -

Empl. trans. "Relâcher (ce qui était tendu), détendre" : LUCIFER. Car, vifz dyables, quanques avez Tandus vos fillez et vos raix, Ilz ne sont sy fors ne sy rais Que tantost ne soient destandus Par le moyen du faulx Jhesus, Qui de vos fillès faulcement Vous tost la proye ocultement, Par une foy qui est si forte Qu'elle brise et ront nostre porte, Et enmeinne tous nous payens Qu'estoient serrez en nos lyens. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 109). LE PREMIER SOT. Sus, sus, destendez vostre vaine Socte en ce lieu icy logee, Jadis vous y fustes forgee Sote assotee soctement. (Feste roys, c.1475-1500, 308).

 

-

Destendre une arme : Et male aventure, si comme se aucun destendroit une arbaleste ou un enging et il n'i cuidast touchier. (ORESME, E.A.C., c.1370, 308). Quant Amours ot ouÿ mon cas Et vit qu'a bonne fin tendi, Il remist la flece ou carcas Et l'arc amoureux destendy, Et tel response me rendy : Amours. Puis qu'a ma court tu te reclames, J'en suis content et tant t'en dy Que j'en remet la cause aux dames. (CHART., E. Dames, 1425, 370).

 

-

"Détacher (ce qui est tendu)" : ...il a bien veu autresfoiz la dicte chambre en l'ostel dudit Cuer (...) et fut tandue aux nopces de maistre Jehan Thierry en la chambre des galées, et fut depuis détandue (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 154).

 

-

"Défaire (une tente)" : Il fist ses trés destendre et c'est acheminé (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 300). Pluseurs montoient à cheval, Li autre descendoient le val Qui estoit par devers la terre. Ni a celui qui ne s'esserre ; Tentes, pavillons destendoient Et sambloit qu'aler s'en voloient. (MACH., P. Alex., p.1369, 165). Loeurs tentes destendirent, chascung se desloga, En loeurs marces revont en loeurs paÿs dela. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 127).

 

-

Destendre (la sonnerie). "Débloquer le mécanisme de" : ...et ainsi [la roue du mouvement] fera 24 tours en ung jour naturel, et levera ladite destente a chacune heure, et quant elle luy eschappera elle cherra et frapera dessus la cloche, si fera destendre la sonnerie (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 278).

 

-

"Libérer de ce qui retient" : Sus, a coup, qu'il soit destendu Et le mectez hors de ses latz ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 346).

B. -

"Expulser par une détente" : ...quant On asist castiel ou citet soufisant, On puet ens celle boiste, quant elle est en estant, Metre quiens o carongnes ou ordures puant ; Plus c'uns cars n'en menroit, y va-on entassant, Et puis au descliquier gette çou si avant, C'on ara aségiet trestout va destendant, Siqu'on n'y puet durer de punaisie grant. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 439).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/43 
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     DÉTENDUE     
FEW XIII-1 tendere
DESTENDUE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : destendue ; GD : destendue ; FEW XIII-1, 199a : tendere]

"Étendue d'un pays, région" : ...pour la grant multitude que ilz estoient venus des aultres destendues... (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 28).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Demarolle

 Article 8/43 
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     DÉTENTE     
FEW XIII-1 tendere
DESTENTE, subst. fém.
[T-L : destente ; FEW XIII-1, 199a : tendere]

HORLOG. "Pièce qui tombe dans une entaille de la roue de la sonnerie (d'une horloge) et la stoppe" : En ce dyal, dont grans est li merites, Sont les heures vint et quatre descrites, Pour ce porte il vint et quatre brochetes, Qui font sonner les petites clochetes, Car elles font la destente destendre, Qui la roe chantore fait estendre Et li mouvoir tres ordonneement Pour les heures monstrer plus clerement. (FROISS., Orl., 1368, 91). Dont les heures, qui ens ou dyal sont, De sonner tres certainne ordenance ont, Mes que levee a point soit la destente. (FROISS., Orl., 1368, 105). [aussi p.93 et 97] Et si tu veulx faire une cheville en la croiz de la roe du mouvement pour lever la destente, tu la doiz moderer tellement qu'elle face a chacune heure ung tour precisement ; et ainsi fera 24 tours en ung jour naturel, et levera ladite destente a chacune heure, et quant elle luy eschappera elle cherra et frapera dessus la cloche, si fera destendre la sonnerie (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 278). ...et en l'aultre maniere qui arreste par une osche ou il n'a que une dent il a ung contrepois a la clenche, qui ne hausse ne n'abesse fors quant la destente fiert dessus la clenche que elle fait ung poy sourdre quant elle ist de la dent (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 279).

Rem. FEW : «destente f. "petite pièce de fer qui maintient un ressort (...) (d'une arme à feu)" (1386, Froiss)» ; il s'agit ici probablement de l'ex. de Froissart cité ci-dessus, texte daté de 1368 et non pas de 1386 (même erreur de date ds TLF).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 9/43 
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     DISTENDRE     
FEW XIII-1 tendere
DISTENDRE, verbe
[FEW XIII-1, 200b : tendere ; TLF : VII, 323b : distendre]

Empl. pronom. "S'étendre sous la tension, se distendre"

REM. PANIS (1478) ds TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/43 
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     ENTRETENDRE     
*FEW XIII-1 tendere
ENTRETENDRE, verbe
[*FEW XIII-1, 199b : tendere]

Entretendre le bec. "Rapprocher les visages en vue de s'embrasser" : D'entree je vois rencontrer Front a front une chamberiere (...) Nous entretendismes le bec. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 342).

Rem. Cf. tendre le bec : On tend le becq (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 28)
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Jean-Loup Ringenbach

 Article 11/43 
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     ÉTENDÉE     
FEW XIII-1 tendere
ESTENDEE, subst. fém.
[GD : estendee ; FEW XIII-1, 199b : tendere]

A. -

"Étendue, longueur" : Orgoeul poeult courre une estendée, Mais il chiet a la longue alée, Au jour du Jugement tout droit. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 4).

B. -

DRAP. "Ourdissoir long" : ...li grans draps ara 44 aunes de lon (...) en l'estendee et tout en lame de XIVe et nient mains (Doc. 1377. In : G. De Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.2, 1951, 81).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 12/43 
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     ÉTENDEUR     
*FEW XIII-1 tendere
ESTENDEUR, subst. masc.
[]

"Ouvrier qui tend l'ensemble des pièces de tapisserie servant à la décoration d'une chambre" : Premièrement, ung grant lit (...), ung autre moien lict et une couchecte que ledit Valenciennes dit avoir baillée à Perrinet de Lif, barbier du Roy, par le commandement et ordonnance dudit seigneur, pour porter à Mehun, et dit que Philippe des Essars et Jehainin, l'étandeur du Roy, lui dirent que le Roy les avoit fait délivrer à madamoiselle de Villequier (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 627).

REM. À rattacher à FEW XIII-1, 196 : tendere, mais peut-être faut-il lire le tandeur.
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 13/43 
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     ÉTENDRE1          ÉTENDRE2     
FEW III extendere FEW XIII-1 tendere
ESTENDRE, verbe
[T-L : estendre ; GDC : estendre2 ; AND : estendre1 ; FEW III, 325b : extendere ; FEW XIII-1, 199b : tendere ; TLF : VIII, 230b : étendre]

A. -

[Idée de déploiement, d'extension dans l'espace]

 

1.

Estendre qqc.

 

a)

"Donner à qqc. une plus grande étendue, déployer, étaler" : ...charbons ardans m'estendez, Sur lesquelz aler le ferons [Ignace] A nues plantes (Mir. st Ign., 1366, 84). Jehans Boucinel avoit pourveu deus harnois d'armes bons et souffisans, enssi que li affaires demandoit (...) si les fist là tout parellement estendre et mettre sus la terre, et puis dist à Nicollas : "Prendés premiers." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 48). ...ladite vaisselle d'argent (...) estoit mise et estendue sur le dreçoir de ladite sale (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 28). ...et, pour passer plus seurement et à moins de bruyt, estendirent dessus le pont ung fumier qui estoit auprès de la porte. (BUEIL, I, 1461-1466, 64).

 

-

"Déployer, déplier, dérouler (un tissu)" : Ma suer, noz surcoz estandons Cy devant nous. (Mir. Berthe, c.1373, 230). ...ceste nappe estendons Et ce pain sur table mettons (Mir. st Alexis, 1382, 283). ...XL aulnes de toile ou environ, en une piece, qui avoient esté estendues en icellui jardin pour blanchir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 79). Son mantel a terre estendy (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 49). Il vous covyent la nappe estandre, Puis nous appourtés pain et vin. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 263). Ung drap blanc estendu sera Sur ma chassë en souvenance Que nul homme n'emportera Autre chose de sa chevance. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 128). Vous cinq, estendés celle toelle ! Prenés encore celle royle Et finirons nostre parfait A l'onneur de Dieu, qu'a tout fait (Pass. Auv., 1477, 259).

 

.

En partic. "Hisser, déployer (une voile)" : Puis qu'il face tant qu'il la serve. Se tu estens au vent ton voile, Fait de main de maistre et de toile, Tu scez bien que ta nef ira La ou li vens la conduira, Pour ce, sans plus, que la franchise De ta nef au vent sera mise. (MACH., R. Fort., c.1341, 94). ...chil qui tenoient le gouvrenal de sa nef, le fissent tourner a force, et li aultre estendirent lor single contremont (FROISS., Chron. D., p.1400, 887).

 

.

[D'un tissu] S'estendre. "Être déployé" : Si fut le pavillon du chevalier ouvert, qui estoit adossé par dedans d'ung riche drap d'or noir qui s'estendoit sur une grande chaire et faisoit marchepied par tout le pavillon, et jusques dehors, plus de deux aulnes. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 183).

 

.

Part. passé (Estre) estendu : Et lors montre ly preudoms les degrez de la sale, et le roy aprez. Et quant ilz furent en la sale, si voient a un des boux une perche qui estoit de la banne de la licorne, et ot dessus estendu une piece de veloux, et fut l'esprevier dessus, et le gant emprez lui. (ARRAS, c.1392-1393, 303). A ta requeste si sera entendu Ains que d'icy je face departie, Car du manteau qu'est sur moy estendu Tu en auras la plus grande partie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 197).

 

-

Estendre un chemin. "Parcourir un chemin dans sa longueur" : LE GAUDISSEUR Je m'en allay sans plus attendre Tant que jambes peurent estandre Mon chemin tout droit a Saint Jaques. (Gaud. sot, c.1450, 10).

 

b)

"Étirer qqc." : Item, un ange quelcunque ne peut pas de sa vertu former tel corps de quelcunque figure, car une porcion de aer de la quantité d'un pey en touz senz, il ne la pourroit tant estendre que elle fust aussi longue comme est le dyametre de tout le monde (ORESME, C.M., c.1377, 290).

 

-

Estendre qqc. au double : Et semblablement, se par les parties proporcionnelles d'une heure une matiere estoit en la premiere rarefiee ou estendue au double (ORESME, C.M., c.1377, 252).

 

-

"Étirer (la peau)" : Il te convient ta peau ridee estandre Et te bouter en forme de Venus (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

 

.

Estendu. "Étiré" : Au contraire dist saint Jerome a Eustoche : «Je desire que tu eschievez les compaigniees de celles que necessité fait estre vesves, desquelles la maison est plaine de convives et plaine de flateurs, desquelles la peau est extendue et les joes sont vermeilles, lesquelles tu cuideras plustost non avoir perdu leurs maris mais enquerir». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 432). Ceulx qui ont letendu cuir dur, sec et extendu, finiront sans sueur (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 89). ...ceulx qui sont en voye de mourir ont le cuir dur, et sec, et extendu (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 150).

 

-

Estendre qqc. de qqc. "Extraire qqc. de qqc." : Donc, attendant qu'on expulse et decerpe De mes raysins le maculé verjus, Cy j'estandré de la vigne ung vert jus. (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 412).

 

c)

Estendre (un membre, une partie du corps...)

 

-

"Tendre, allonger (les bras, les mains) en les raidissant" : Amis, vueilliez vos bras estendre, Si m'acollez. (Mir. st J. Cris., c.1344, 269). C'est, affin que en peu de chose je en mecte exemple, qu'il rie sans les dens moustrer, qu'il regarde sans les yeulx en bas fichier, qu'il parle sans extendre les mains et sans faire signe du doy (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 250). DEUXIESME FIL. Ha ! mére, estendez vostre main Et a baisier la me donnez (Mir. ste Bauth., c.1376, 154). ...et se garde l'en de toute hastiveté, et que l'espreveteur s'agenoille bellement et loing, et bellement estende ses bras et doulcement preigne et lieve sa proye et l'oisel dessus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 158). Sire, en toutes les choses dessusdittes j'ay tant mespris envers Dieu et envers vous que je voy bien que suis perdu, si vostre grant grace et misericorde ne si estend, laquelle, tant et si très humblement et en grant admertume et contriction de cueur que je puis, vous supplie et requier, en l'onneur de la benoiste passion de Nostre Seigneur Jesu Crist et merites de la benoiste vierge Marie et des grans graces qu'ils vous font, plaise vous me la m'octroier liberalement et donner. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 368).

 

-

Le bras estendu : ...le chevalier (...) tenoit le bras levé et estendu sans avoir puissance de l'avaler. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 910).

 

.

[De la paume de la main] S'estendre. S'ouvrir : Et science de Rethorique Ressemble a la paume publique, Pour ce que elle les estend [les paroles], Ainsi com la paume s'estend. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 130).

 

-

"Tendre, allonger (le cou)" : ...comme le cerf perceut le chevalier, il estendy son col, puis baissa la teste, comme s'il voulsist dire : 'Chevalier, trenche moy le col. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 240).

 

.

(Le) cou estendu : Sarrasins sont de si trez même manière que jamaiz, on ne verroit aller Sarrasin teste levée ne col estendu ne ... haulte poitrine (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 331). La cisterne ouverte et non recouverte est la beaulté de homme ou de fenme apparillee de fol atour pour prendre les ames, alant le col extendu, les cheveulx espars ou aournéz, a face descouverte. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 382). Pour che que les filles de Syon sont eslevees et ont alé le col extendu en faissant signes, actraiant des yeulx, en joignant les mains, en alant a pas ordonné, Nostre Seigneur fera les testes d'icelles filles devenir chauves et les desnuera des cheveux. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 398). Dieu regarde en priere cuer humble et devost et n'a cure de paremens ne de haulte maniere, comme font ces foles hardies qui vont baudement le col estendu comme serf en lande et regardent de travers comme cheval desréé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45).

 

-

[Des yeux] "Exorbité" : Personne qui a les yeulx esraillés[,] gastes et estanduz segnefie malice[,] vengence ou traison. (Comp. kal. bergiers C., 1493, 74 r°).

 

-

[Des seins] "Distendu, pendant" : Tu as ja tellement oblié ton espoux que graces tu ne as rendus de tous tes beneficez, tu es faitte comme une fole femme, tes memeles sont extendues, ta face ridee, tes joez macerés, tes yeulx tous plains de langueurs, tes levres sont cesches et ta peaul obruee, tes vertus corrumpuez, et de tous amans tu es faicte odieuse. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 275).

 

-

"Déployer (les ailes)" : [Cont. métaph.] De bien d'autrui Envie est si dolente Qu'adès s'en complaint et demente ; Soi mesme het et deshonneure ; Toudis rechigne ; toudis pleure. Elle a ses elles estendues, Si que dedens les bestes mues Qui n'ont raison n'entendement La voit on tout appertement. Et vous pouez apparcevoir, Se je men, ou se je di voir. (MACH., D. Lyon, 1342, 225).

 

d)

"Agrandir qqc."

 

-

"Repousser (les limites) de qqc." : ...et print ses couleurs, disant que ledict duc de Bourgongne estendoit ses limites plus avant que le traicté ne portoit. (COMM., I, 1489-1491, 171).

 

-

"Prolonger (une ligne)" : Soit faicte une ligne, laquelle soit estandue au compas sus la ligne .a.c. et illec soit fait .d. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 286).

 

-

"Agrandir, ouvrir plus grand (le compas)" : Puis d'icellui point qui est R2.1 1/4. jusques au point qui est entre .a. et .b. soit estendu le compas car c'est R2.1 1/2. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 288).

 

2.

Estendre qqn.

 

-

"Allonger, placer qqn (ou la représentation d'une pers.) de tout son long" : ...l'ymage a la pucelle Trouvay de l'autel descendue Et encontre l'uis estendue (Mir. nonne, 1345, 345).

 

-

Estendre qqn à/en la gehine. "Allonger qqn sur le banc de torture" : Et certes c'estoit grant durté, Et très grant inhumanité, De creature femenine Faire estendre et mettre à gehine. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). Et, après que ledit Charlot Tonnelier, dont est parlé devant, qui ainsi s'estoit incisée la langue, en fut guery, fut derechef amené en la question près d'estre estendu en la gehyne, pour ce qu'il ne vouloit congnoistre les cas à lui imposez. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 225).

 

-

Estendre qqn à la question : Et pour en savoir la verité, le feismes estandre en ladite question. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 17). Et pour ce que autre chose que dit est ne volt congnoistre qui lui portast prejudice, fu fait despouillier tout nu, mis, lié et estendu à la question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 33). Et, pour ce, fu fait despouillier, mis, lyé et estendu à la question (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 74). En enterinant lequel jugement, ledit prisonnier fu fait despouillier tout nu, mis, estendu et lié à la question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 113). ...ladite prisonniere fu faite despouillier toute nue, mise, liée et estendue à la question sur le petit tresteau et en après sur le grant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 430).

 

.

Estendre qqn sur le tresteau : ...furent de rechief, li uns après l'autre, remis et liez à ladite question, et sur le petit tresteau et sur le grant fu miz et estendu ledit de Warlus, qui aucune chose ne voult confesser (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 162). EN ENTERINANT lequel jugement, le dessus dit prisonnier fu despouillé, mis et lié à la question, et estendu sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 287).

 

-

[Dans un supplice] "Étirer qqn" : Et la dame li respondoit, Endementiers qu'on l'estendoit : "Sire, vous estes mes drois sires, Faire me poez tous martyres, Crucefier, morir ou vivre, Et hors de ci mettre à delivre..." (MACH., P. Alex., p.1369, 261).

 

-

Estendre (un mort) : Nicodemus, sans point tarder, Et Joseph atout unguemens, Suaires et abillemens, Sont alés au mont de Calvaire Une tres maise enfance faire, Car Jhesus ilz ont despendu, Et puis l'ont mis et estendu En ung monument entailliet, Pour quoy nous sommes bien tailliet, Que mal et perte en ayons S'alencontre ne pourveyons (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 221). Et incontinent ledit monseigneur de Liege, qui n'avoit aide ne secours que de ses serviteurs et familiers, se trouva fort esbahy, car ledit de la Marche, qui estoit sailly de sadicte embusche, s'en vint à luy, et, sans autre chose dire, luy bailla d'une taille sur le visaige, et puis luy mesmes le tua de sa propre main. Et après ce fait, icelluy de la Marche fist mener et getter ledit evesque et estendre tout nud en la grant place devant l'eglise Sainct-Lambert, maistresse eglise de ladicte cité de Liege, où illec fut magnifestement monstré tout mort aux habitans de ladite ville et à ung chascun qui le vouloit veoir. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 119).

 

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"Allonger (un animal) de tout son long" : Se fist son chien par force prendre, Loier, bersillier et estendre Et sa langue sachier a plain, Tant qu'on vit le ver tout a plain. (MACH., J. R. Nav., 1349, 229).

 

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Estendre qqn (Jésus) en croix/sur la croix : ...pour la pomme [qu'avait cueilli Adam] restablir [au pommier], Il convint que le fil Dieu fust Pommë et qu'en arbre de fust Atachie il fust et pendu Notairement et estendu. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 192). Tes oreilles soient faites entendentes en la voix de ma priere. En la quelle je te requier, tres doulx Dieu, pour la pitié et remembrance de ton digne corps, et de la doulour que il senti quant estendu sus la croix il fu, par piés et par mains detirés a cordes pour au partuis avenir, atachés a troies clos, que tous bourgois de bonnes villes, de Paris et de par toute Xpistiante, vueilles garder de mal et de peril (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 140).

 

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"Abattre qqn" : La male poissïon l'estande. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 155).

 

3.

(S')estendre

 

a)

[D'une chose] "Occuper une certaine portion d'espace"

 

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"Occuper plus d'espace" : Et pareillement la mer selon l'estat et le cours de la lune, elle s'estent et passe ses termes accoustuméz, lequel mouvement commence du centre moyen et s'estent jusques aux extremités et encores les passe. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

 

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(S')estendre qq. part : Et donques se un royalme ou une chose publique se estendoit par toutes terres, ce seroit aussi comme une infinité et une quantité enorme et immoderee (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 291). Et donques semblablement aussi comme nul royalme ne dure tous temps, nul ne se doit estendre par tous lieus ; mes ausi comme il a mesure en sa duration, il doit avoir mesure en son extension. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 292). ...jusqu'a la riviére d'Aire, Sire, vostre regne s'estent (Mir. Clov., c.1381, 258). Puis retornat à Mes qu'en Loheraine extente (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 553). Asie se extend devers oriant jusques a souleil levant, devers midi elle fine a la grant mer (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 179). Et les Belges commencent aux dernieres terres de Gaule devers occident, et se estendent vers la basse partie du fleuve du Rin (GAGUIN, Comment. César, 1485. In : Chrestom. R., 250).

 

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S'estendre (de qq. part) à/jusque qq. part : ...vous (...) tenés contre l'onnour et majesté roial dou roi d'Engleterre et de ses hoirs, la chité de Bervich et grant pais qui s'estent jusques a bonnes de la mer d'Escoce (FROISS., Chron. D., p.1400, 215). Dont son royaume s'estendoit du fleuve d'Oyse jusques a cellui de Meuze (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 231). Et cellui d'Orleans s'estendoit du fleuve de Loirre jusques a cellui de Saynne, ou estoit Beausse, Gastinoiz, Touraine, Anjou, le Mayne, Normendie, le Perche, Aussoire, Sens et Puissoie. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 231).

 

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[Autre façon de dire la même chose] S'estendre et comprendre tels territoires : ...ma fille sera hiretée de toute la conté de Guerles, ainsi que elle s'estent et comprent dedens les bornes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 149). Et treuve par les anciennes cronicques et escriptures que le royaulme de Bourgoingne s'estendoit et comprenoit Piemont, Ass, Prouvence, Dauphiné, Savoye, duchié et conté de Bourgoingne et jusques à Sens, du costé de Paris, que l'on dit encoires Sens en Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 50).

 

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Estendu. "Vaste" : Si est la ville de Kem grande et poissans et estendue durement et fort peuplee. (FROISS., Chron. D., p.1400, 693). ...Abbeville (...) est une ville grande et estendue et bien logans (FROISS., Chron. D., p.1400, 715). Et vouloit sur toutes choses que, après son trespas, on tint le royaume en paix cinq ou six ans, ce que jamais n'avoit peü souffrir en sa vie. Et, à la verité, le royaume en avoit besoing, car, combien qu'il fust grant et estendu, si estoit-il bien maigre et paouvre (COMM., II, 1489-1491, 317).

 

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[D'une plantation] S'estendre loin. "Occuper un grand espace" : Une haie dont merveilleus Fu, vy qui misë y estoit, Qui par semblant loing s'estendoit. Il y cressoit hous et fresgons, Bos espineus plain d'aguillons (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 203).

 

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[D'un végétal] Estendu de branches. "Qui est doté de grandes branches" : Ilz (...) trouverent (...) une moult belle fontaine qui sourdoit par dessoubz ung moult beau chesne, estendu de branches qui servoient a faire umbre a la belle fontaine. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 314).

 

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[Dans un cont. métaph.] "Qui déploie ses branches" : Celle damoiselle jolie Qui estoit a ce clerc amie, C'estoit li ente faitissete Comme une douce pucelette, Ou grant vergier d'Amours plantée. La pot estre si eslevée Et de branches si estendue Et de feuilles si bien vestue, De fleurs si cointement parée, Comme estre aus milleurs comparée. (MACH., J. R. Nav., 1349, 223).

 

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[D'une matière] "Se répandre (dans l'espace)" : Mais aussi com pluseurs rivieres Arrousent, et pluseurs lumieres Radient et leur clarté rendent En tous lieus ou elles s'estendent, Ces douse nobles damoiselles Qui de tous biens furent ancelles, Chascune selonc sa nature, En meurs, en maintieng, en figure, Embelissoient ceste dame... (MACH., J. R. Nav., 1349, 182). Et donques en procedant oultre en aval est terminee et finee toute transmutacion, quar oultre ne se puet estendre ne descendre la lumiere des corps du ciel. (ORESME, C.M., c.1377, 258).

 

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[D'un élément naturel] Estendu. "En expansion" : ...quant l'air est estandu, il fait le beau temps et sery (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 1, 183 r°).

 

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[Du soleil] "Darder ses rayons" : ...Quant le soleil fut levé sy hault qu'il s'estendoit par tout, a ce point failly l'enchantement que Bruiant avoit fait sus les quatre chevaliers. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 319).

 

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[D'une partie du corps] "S'allonger, croître" : LE COURBE HOMME. Les os m'estendent et me croissent : Je croy que je me vueil drescier. (Mir. st Panth., 1364, 348). La mort le fait fremir [celui qui est en train de mourir], pallir, Le nez courber, les vaines tendre, Le col enffler, la chair moslir, Joinctes et nerfz croistre et estendre... Corps femenin, qui tant est tendre, Poly, souëf, si precïeulx, Te fauldra il ces maulx attendre ? Oy, ou tout vif aler es cieulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43).

 

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[D'une partie de vêtement] Estendu. "Ouvert"

 

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Travailler à col estendu. "Travailler avec le col ouvert, travailler en se donnant du mal" : Soing et Cure (...) m'admonnestoient Que j'ouvrasse à col estendu Et que bien me seroit rendu (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 39).

 

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[D'un élément liquide] "Déborder" : ...les maistres ou seigneurs conseilliers ceans (...) ne povoient venir au Palaiz ne en la Chambre de Parlement seurement pour le grant excès de la riviere qui s'extendoit en pluseurs rues moult impetueusement (BAYE, I, 1400-1410, 219).

 

b)

[D'une pers., d'un animal] "S'étirer"

 

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[D'une pers.] : ...et fit une maniere comme de soy estendre et esveillier ainsi qu'il yssist d'un grief somme. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 18). ...il vey le chevallier illecq gisant, qui faindoit de dormir. Mais quant Gadiffer vey qu'il s'estendoit comme en soy esveillant, il commença a dire... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 175). ...quant il fut armé, il se commença a soy estendre et pollir en ses armez (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 285).

 

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Ne pas oser se crampir ni s'estendre. "Ne pas oser bouger du tout" : Et ainsi que ils estoient en conclave, ils ne se osoient crampir, ne extendre pour les Rommains qui crioient comme gens hors du sens que, se ils ne avoient pappe rommain ou néapolitain, que ils turoient tout (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 155). ...Alixandre avoit tousdis sur mer, au plus pres de son ost, cent et .IIII. xx gros vaissiaulz plains de bonne gent d'armes et de tous vivres, et par ces vaissiaus ychi estoient tous cheux qui estoient ou marchissoient en mer si constraint que nulz ne se osoit crampir ne estendre. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 224).

 

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S'estendre d'un sentiment. "Allonger ses bras, s'étirer pour exprimer tel sentiment" : ...Et quant li Bastard l'ot, de la joie s'estent (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 252).

 

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[D'un animal] "S'étirer, se redresser" : Si vint un levrier pour le prendre. Le lievre adonc se va estendre En saillant par telle maniere Que tous les levriers mist darriere. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 405).

 

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[D'un animal] Estre estendu de une forte émotion. "Étirer tous ses membres sous l'effet d'une forte émotion" : Souvent est li faucons de paour estendu, Et fuyoit toudis l'aigle et li faisoit reffus, Mais pour che ne voloit l'aigle aler ensus Et le bequoit si fort que sans en est issus. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 594).

 

c)

[D'une pers.] "Se coucher de tout son long, s'allonger"

 

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"Se coucher (à terre), se prosterner (en signe d'hommage, de prière...)" : Encore selon mon avis Me vault il miex que je m'estende En repentance, et que j'atande La grace de la vierge mère. (Mir. pape, 1346, 395). Si tost que vous orrez sonner Nos instrumens et resonner La trompe, le fretel, la harpe (...) Et la tres douce melodie De tous les genres de musique, N'i ait celui qui ne s'aplique Pour aourer l'idole d'or. Et se vous commandons encor Que chascuns a terre s'estende Et honneur et gloire li rende. (MACH., C. ami, 1357, 19).

 

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S'estendre à la mort. "Se coucher pour mourir" : MUNIER. A la mort me convient estandre. Avant que je parte d'icy, Pourtant je crie à Dieu mercy (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 233).

 

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Estendre mort. "Tomber mort" : Noyer ou pendre Vouldroye ou morte estendre Plus tost que attendre Faire a mon mary tort. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 202).

 

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Estendu : Roland, quy cogneut bien sa fin, par contemplacion entiere, les yeulx au ciel levés et les mains joyntes, tout estendu au pré va dire : "O beau sire Dieu, mon createur, mon redempteur, filz de la Vierge Marie, mere de tout confort, tu sçais mon intencion, tu sçais que j'ay fait par la bonté qui est en toy..." (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 209).

 

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"S'allonger" : ...Que, quant il [Polyphème] ot son oeil perdu, Il ot le cuer si esperdu Que li anemis s'estendi Si qu'en .II. la roche fendi. (MACH., Voir, 1364, 624).

 

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[De Jésus] : LE DRAPPIER. C'est il, sans aultre, vrayëment, Par la croix ou Dieu s'estendit ! (Path. D., c.1456-1469, 160).

 

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S'estendre en/sur qqc. "S'étirer, s'allonger, se mettre en exension en prenant appui sur qqc. (les étriers)'" : Par les chemins et par les camps Estoit si liez, gais et cantans Et sy s'estendoit en l'estrier Que le cuir faisoit eslongier (Dit prunier B., c.1330-1350, 66). ...et par ung souldain souvenir que Amours luy donnoit il s'estendoit sur les estriers, brochoit le cheval, sy le faisoit saulter, virer et tourner. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 22).

 

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Estendu en croix. "Allongé sur la croix" : Et, pour bien rafreschir les entrans en ladicte ville, y avoit divers conduis en ladicte fontaine gectans lait, vin et ypocras, dont chascun buvoit qui vouloit. Et, ung peu au dessoubz dudict ponceau, à l'endroit de la Trinité, y avoit une Passion par personnages et sans parler, Dieu estendu en la croix et les deux larrons à destre et à senestre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 28).

 

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(Mort) estendu. "Allongé, couché (mort)" : Et mon pere le fery du pommeau de l'espee en la temple grant coup. A ce qu'il estoit fors et aspres chevaliers, et la coiffe d'acier estoit feble et mal seure, et le pommel de l'espee estoit pesant, l'aventure fu telle qu'il le tua tout mort estendu a la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Quant le corps virent sanz couleur, Enmi le palais estendu, Pere et mere et freres tendu Et les seurs ont a eulx occire, Qu'i les laissast (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 108). SOTOUART. Or est il mort et trespassé, Mais ce c'est de soif je ne scay. Tous ensemble. Vele la, vele la tout estendu, Dont le deul nous est chier vendu. (Vig. Trib., c.1480, 232).

 

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Abattre / jeter / ruer qqn tout (plat) estendu : Sy s'en vint prestement a lui, ne nul mot il ne dist, jusques a tant qu'il le tint et le haherdi de tel ravine qu'il le abati enmy la nef tout estendu (Bérinus, I, c.1350-1370, 217). ...maiz Aigres prinst le cuvert de tel vertu et le bouta en sus de lui tellement qu'il le getta contre terre tout estendu, puis print un hestal en sa main et se deffendi moult viguereusement contre ceulx qui le cuidoient mehaigner, et fery sur eulx a grant exploit, si que pluseurs en abati mors. (Bérinus, I, c.1350-1370, 372). ...et de ce cop rua l'Angloix, la visiere dedans le sablon, et tout plat estendu (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 128).

 

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Choir estendu : "Lasse !" dist elle, "quel remors Puis avoir de ceste nouvelle !" A cest mot chey la pucelle A la terre, toute estendue. (MACH., J. R. Nav., 1349, 201). Quant Sipio le second Affricquant, alla par mer en Auffricque, au saillir de la mer qu'il fist, il tresbucha et cheit tout estendu a terre. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 56). ...sy prit sa hache à deux mains, et de l'ance d'icelle le rebouta de rechef la teste en terre, et de ce coup luy donna de la peine parmi son derrière, et le fit cheoir tout estendu (Faits Lalaing K., c.1470, 178).

 

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Gesir estendu : Et Rollant s'y girat stendus ainsy que ung mort homme (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 216). Icy devant en ceste terre, Gist tel et tel bailly d'Aucerre, Tout estendu, le dos envers, Lequel, par fortune de guerre, A Beauvais vint la mort acquerre, Et sur ce voult faire ces vers. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 133).

 

d)

[D'un groupe] "Se déployer, s'installer" : JOSEPH. Nous sommes bien tard arrivéz, Car la cité est ja comblee De gens a si grant assemblee Qu'ilz ne se scevent ou estendre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 63). Car je void tant de gens venir Qu'on ne se scet plus ou estandre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 193).

 

-

[D'hommes de troupe] "Se déployer" : Ensi se conmença li bataille (...) Et les archiers d'Engleterre s'estendirent au lonc et donnerent moult grant confort as gens d'armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 778).

 

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"S'installer, prendre position" : Li rois se desloga et toute son host (...) et s'en vint logier sus le rivière d'Yonne à Kon desous Vosselay. Si s'estendirent ses gens sus celle belle rivière, c'on dist Yone, et comprendoient tout le pays jusques à Clamisi. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 227). Si se estendirent et firent leurs logeis sur ces biaux prés au lonc de la rivière de Dourdonne, et estoit grant plaisance au regarder. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 5). Nuls n'osa desobeïr ; tous s'apparillièrent des bonnes villes de Flandres et dou Francq de Bruges, et vinrent mettre le siège devant Audenarde, et s'estandirent par champs, par prés, par marès tout à l'environ. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 246). Et, oudit voyage, ledit grant maistre, usant dudit povoir de lieutenant du roy, logea [et] fist loger l'armée et ses gens de guerre d'icelle armée, dont il avoit la charge et conduicte, et leur ordonna les villes, lieux et pays où ilz se porroient estandre pour avoir leurs vivres, logis et provisions. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 248).

B. -

[Idée d'extension dans la durée]

 

1.

Estendre (une durée, la durée de qqc.). "Prolonger (une durée)" : Par trois jours le chemin est estendu, affin que par grant soing et labeur le pere fust traveillié ou tourmenté, affin que tout cel espace si long le pere, regardant son filz, mengast avec lui et que autant de nuis l'enfant fust embrachiés de son pere, se reposast sur sa poitrine et se couchast en son geron. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 217). Cedit jour, a ordonné la Court que maistre Loiz Blanchet, prisonnier, duquel la prison avoit esté extendue par le Palaiz jusques à au jour d'ui, demourra en cest estat jusques à lundi prouchain (BAYE, I, 1400-1410, 145).

 

2.

S'estendre

 

-

[D'une chose abstr.] "Se prolonger" : Item, delectacion et tristece se extendent et durent par toute nostre vie. (ORESME, E.A., c.1370, 496).

 

-

[D'une somme d'argent] "Durer et suffire à la dépense" : Mon chier cousin, si avant que mon or, mon argent et tout mon tresor que j'ai amené par de deça, qui n'est pas si grans de trente fois comme cilz de par de delà est, se pora estendre, je le voeil donner et departir à vos gens. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 208). ...comptez doulcement à tous et si avant comme le vostre peut courrir ne estendre pour paier leurs menus frais (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 100). J'ay cecy, j'ay cela pour mettre pour vous et pour atendre tout vostre advenir ; et ne faudrez du vostre tant qu'il s'estend, si Dieu ne nous faut de nos biens, premier que le voudriez (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 336).

C. -

Au fig.

 

1.

Estendre qqc. "Donner plus d'ampleur à qqc., en augmenter le champ d'action" : Mais moult d'autres cas sont selonc diverses choses asquelles pueent estre comparees les puissances, si comme de la distence a laquelle une puissance puet alterer ou faire son action, quar puet estre qu'elle est determinee absoluement par la tres plus petite distance de toutes celles asquelles elle ne puet estendre son action, si comme un feu puet eschaufer ou illuminer jusques a une distance a laquelle il ne puet ne oultre, mais puet a toute mendre, ceteris paribus. (ORESME, C.M., c.1377, 192). Li rois de France (...) estendi ses mandemens et conmandemens parmi tout son roiaulme (FROISS., Chron. D., p.1400, 821). Et si est vray que ou prejudice tant de la jurisdiction spirituelle que temporelle les juges royaulx eslargissent et extendent trop les cas que ilz dient estre privilegiés, tellement que se une personne voit une chevre entrer en ung jardin ou se une josne fille se mesfait de sa voulenté sans force ou violence ou se deux s'enterbatent ou chemim publique et semblables plusieurs cas, ilz diront que il y a saulve garde enfrainte et que ilz en auront la congnoissance, et ne seuffrent pas que les juges ordinaires de la jurisdiction temporelle ou spirituelle en congnoissent. (JUV. URS., Verba, 1452, 382).

 

-

[D'une institution] Estendre sa main à un cas. "Accroître le champ de son autorité à tel cas" : ...maiz parce qu'est innocent, lui ne doit point estre puni, attendues les conjectures, et lui plaist que la Court extende à ce cas sa main, à quoy s'atent et y a fiance. (BAYE, I, 1400-1410, 107).

 

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Estendre (une faculté) à + inf. "Développer (une faculté) jusqu'à + inf." : O qui est ce qui bien estendra son intelligence a contempler par dilatacion de pensee en tant de diuerses choses qui sont au corps et aussi en lame [l. l'ame] : certes qui bien est usagie de contempler en ceste maniere de contemplacion, il y a commencement de soy esleuer aulx choses inuisibles et passera legierement aulx autres manieres de contempler sur soy par la seconde maniere et par la tierce maniere de contemplacion, cestassauoir [l. c'estassavoir] par subleuacion et par alienacion de pensee. (CIB., p.1451, 186).

 

-

Estendre qqc.(une force, une puissance) en + inf. subst. "Déployer, employer qqc. dans toute son étendue" : Et il, en gardant courtoisie, Toudis de bon cuer l'ameroit Et son pooir estenderoit En li chierir et honnourer ; Et pour li mieus enamourer Il maintenroit toute noblesse, Honneur, courtoisie et largesse. (MACH., J. R. Nav., 1349, 169).

 

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[D'une émanation du pouvoir] "Être diffusé qq. part" : Li mandemens dou roi s'estendi par toutes les parties d'Engleterre jusques ens ou fons de Cornuaille (FROISS., Chron. D., p.1400, 208).

 

-

"Embrasser, contenir qqc."

 

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[Sentence] C'est folie d'entreprendre Plus que pouvoir ne peut estendre. "C'est folie d'entreprendre un projet qui dépasse ses forces" : C'est folie d'entreprendre Plus que pooirs ne puet estendre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267).

 

2.

"Répandre qqc." : Dyaletique si ressemble Au poing cloz, qui se tient ensemble, Pour ce qu'elle assemble et abstraint Les parolles et les restraint ; Et science de Rethorique Ressemble a la paume publique, Pour ce que elle les estend, Ainsi com la paume s'estend. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 130).

 

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Estendre qqc. sur qqn. "Distribuer largement qqc. à qqn" : Les enfans aus méres rendez Et de mes biens leurs estendez Et donnez tant qu'ilz si n'en noisent Et que liement s'en revoisent (Mir. st Sev., 1362, 200). Hee, vueillez vostre aumosne estendre Sur le povre qui ne voit goucte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 188). Vueillez donc vostre aumosne estandre Sur le povre qui ne voit goutte. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 444).

 

-

Estendre (une chose abstr.) (à/sur qqn) : ...requerant que de ce ledit lieutenant voulsist de lui avoir pitié et lui extendre sa grace. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 227). Et li pri (...) Qu'il [Dieu] vous regart de ses doulx yex Et sur vous si sa grace estende Qu'en brief la parole vous rende (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 291). ...car a toutes manieres de gens, soient prestres, clercs ou aultres, et pour quelconques cas que ce soit, voire de ceulx que on dit ecclesiastiques, voire de falcificacion de bulles papalles, peut extendre sa clemence en donnant remission aux delinquans, sans ce que la jurisdiction ecclesiastique y ait plus que congnoistre. (JUV. URS., Verba, 1452, 308). Pour Dieu, sire, ayez pitié de moy et de mes povres enfans et estandés vostre misericorde, et à tousjours mais ne cesserons de vous servir et de prier Dieu pour vous, auquel supplie que par sa grace, Sire, vous doint très bonne vie et longue et acomplisement de tous voz bons et haulx desirs. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 369).

 

-

Estendre qqn à qqc. "Amener qqn à qqc. (une position d'infériorité)" : ...je les ay conquis de fait Et a ce mis et estenduz Qu'il se sont com subgiez renduz Tout plainement. (Mir. st Lor., 1380, 135).

 

-

Estendre qqc. à qqn. "Attribuer, par extension, qqc. à qqn" : Mais le nom de prodigalité, nous le actribuon et extendon aucune foiz a ceuls qui sont desactrempéz. (ORESME, E.A., c.1370, 230).

 

-

Estendre qqc. sur qqn. "Porter un coup à qqn" : LE ROY. Fil a putain, bien m'as blecié Du cop qu'as sur moy estendu (Mir. fille roy, c.1379, 75).

 

3.

S'estendre

 

a)

[D'une chose]

 

-

"Se disséminer, se multiplier" : Et ainsi diversement en innombrables guises et differenciées manieres s'estendent les maulx et persecucions que mauvais tirant seigneur scet trouver à faire selon les inclinacions, les uns d'une maniere, autres d'une autre se donnent. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 122).

 

-

S'estendre qq. part. "Se trouver, estre inclus dans qqc." : A Johan celle lettre porteras eramment, Et dis qu'il fache che qui par dedens s'estent, Erant sans atendue. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 746).

 

-

[D'une science, d'une technique, d'une oeuvre...] "S'appliquer" : ...il fut recousu et toutes ses plaiez mises en bon point si avant que medecine naturelle se peut estendre. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 823).

 

b)

S'estendre à/en qqc.

 

-

"S'appliquer à qqc. (une autre science)" : Cestui fut souverain medicin et parfait astrologien en tant que estandre se peut astrologie ès maladies de corps humain. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 r°).

 

-

"Insister sur qqc." : En la loenge de la vierge benoite se peine toute sainte escripture et estent tant comme elle peut (Mir. st J. Paulu, c.1372, 91).

 

-

[D'une chose abstr.] S'estendre à qqc. "Aller jusqu'à qqc., atteindre qqc." : Car ceste vertu dont nous voulons parler et liberalité ne se extendent pas ou ne ataingnent pas jusques a grandeur. (ORESME, E.A., c.1370, 258).

 

.

S'estendre (sur qqn). "Se répandre sur qqn" : C'est ta grace vraiement Qui s'estent à tous ceus qui en recoy Pleurent et plaingnent souvent. (MACH., Les lays, 1377, 411).

 

.

[D'une oeuvre littéraire] "S'ouvrir à (tel sujet nouveau)" : ...si s'estendra elle toutesfoiz, a cause de la fresche advenue, a ung cas a Romme nagueres advenu [L'auteur présente une nouvelle qui sort du cadre géographique habituel] (C.N.N., c.1456-1467, 302).

 

.

[D'une chose abstr.] Estendu. "Déployé (de telle ou telle manière)" : ...le corps du ciel a en soy seulement ame intellective appellee intelligence, laquelle est indivisible et non pas estendue par quantité ne par parties, mes est toute en chascune partie de ce corps. (ORESME, C.M., c.1377, 314).

 

-

[D'un texte officiel] "Concerner qqc." : Ce nonobstant, les appellans ont obtenu lettres qui ne s'extendent pas aux biens ou terres tenues par autre que par le roy, qui aussy sont surreptices par plusieurs moiens dessusdis (CAGNY, Chron. M., Pièces diverses, 1413, XVII).

 

-

[De l'esprit] S'estendre à qqc.

 

.

"Parvenir à comprendre qqc." : Tu vois aussi le mortel corps Clerement laver par dehors ; Mais du [l. au ?] lavement plus parfait Qui par grace en l'ame se fait, Ton sens ne se puet pas estendre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 155).

 

.

"Être en mesure d'intervenir (dans un domaine)" : Et quant il vouldroit user à force de rigueur, monsieur, quant à moy, du rendre ou du garder [l'otage], mon sens ne s'y estent plus. Je n'ay serment que à vous (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 9).

 

.

S'estendre à + inf. "Aller jusqu'à + inf." : Or regardons la subtillece de l'entendement de nostre prince, comment grandement s'estendi à comprendre et concepvoir toutes choses, tant speculatives, comme ouvrables (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 20).

 

.

S'estendre à qqc. + interr. indir. "Parvenir à comprendre + interr. indir." : ...se nous voyons aucune chose advenir soit en ciel ou en terre ou nostre sens se puet estendre dont ce vient et comment ce puet estre par raison naturelle, loer en devons cellui qui tel pouoir a donné a ses creatures humaines. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 563).

 

-

SPIRITUALITÉ [De la pensée hum. ; corresp. à l'activité de l'esprit au premier degré de la contemplation] "S'élargir, se dilater" : Dilatacion de pensee est quant lentendement [l. l'entendement] se extent et se espant en plusieurs choses mediter lesquelles on peult assez aisiement congnoistre comment, mais que on applique son engin et entendement. (CIB., p.1451, 185).

 

.

Estendu à qqc. "Appliqué à qqc." : Mais je ne les vëoie mie, Car dou chemin estoie arriere, Et, d'autre part, pour la maniere De ce que j'estoie entendus Et tous mes engins estendus A ma queste tout seulement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 156).

 

-

[D'une qualité, d'un sentiment...] S'estendre à qqc. "S'appliquer à qqc., exercer son action (dans tel cas)" : Ycelle sobrece, qui est la premiere, ne s'estendra pas seulement en boire ne en mengier, mais en toutes aultres choses esquelles elle pourra servir et restraindre et abaicier superfluitéz. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 43). Encores, et jassoit que par les anciennes coustumes de nostre royaume, l'appellant doit estre ou champ avant l'eure de dix heures et le deffendant devant l'eure de midy, et quiconcques deffault de l'eure, il est tenu et jugié pour convaincu, se nostre mercy, ou du juge, ne s'y estend (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 214).

 

-

[D'un pouvoir, de l'émanation d'un pouvoir, d'une puissance] S'estendre (sur qqn/qq. part). "S'exercer sur qqn/qq. part ; avoir une certaine portée" : Quant vers euls le voient venir, Il ne scevent que devenir : Il s'en fuient et se tapissent, Et cil qui puelent le guenchissent, C'est assavoir cils ou il tent Et sus cui ses pooirs s'estent. (MACH., D. Aler., a.1349, 326). ...si di que il s'est meffet envers vous et que son pouair ne s'etent mie si avant que il deust entreprendre les choses que j'ai pourposees contre lui (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 22). Depuis encores, par l'avis et regard dou roy de France et de son estroit conseil (...) fu requis li rois d'Engleterre que il volsist donner et acorder une commission general qui s'estendesist sus tous ciaulz qui pour le temps tenoient en l'ombre de se guerre villes, chastiaus ou forterèces ou royaume de France. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 47). Nous le aiderons et conforterons en toutes coses. Nous i sonmes tenu, et le volons faire si avant que nostre poissance se pora estendre, mais c'est petite cose, de nous et de nostre pais, encontre la poissance dou roiaulme de France. (FROISS., Chron. D., p.1400, 250). Il doivent venir chevaliers qui porteront mailles de fier et seront moult crueuls ; mais il n'averont point de chief, et ne s'estenderont point lors poissanches ne lors oevres hors de l'empire d'Alemagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 896).

 

-

[D'une chose quelconque] "S'appliquer (à qqc.)" : ...c'est confort aus chetifs que d'avoir compaingnons de leurs paines ; et ce s'estent seulement en fait de guerre. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 91).

 

-

S'estendre à + inf. "Tendre à, aspirer à" : Mais le forfait de si haut desirer Vuet penre Amours, qu'elle vuet que j'endure Autant de peinne et de male aventure Com mes desirs à joie avoir s'estent ; Et s'ont esté par son consentement Tuit mi desir fait en loyauté pure. (MACH., L. dames, 1377, 57).

 

-

[D'un traité] "Avoir une certaine portée" : Li rois de Cipre euist volentiers amoienet ces besongnes, se il peuist, et veu que li enfant de Navare se fuissent mis sus lui, mès leurs trettiés ne s'estendirent mies si avant. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 89).

 

c)

[D'une pers.]

 

-

"Se montrer large, généreux" : ...Et si doiz A tes hostes, sans trop reprandre Leur vouloir ; tu te doiz estendre Une fois pour avoir gré d'eulx (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 259).

 

-

S'estendre à qqn. "Élargir ses relations à qqn" : ...car qui se voudroit estendre a ses parens et as prouchains et amis et as amis de ses amis, ce seroit une chose senz fin. (ORESME, E.A., c.1370, 118).

 

-

S'estendre à qqc. "Élargir son action à qqc., s'appliquer à qqc." : ...il s'efforçoient hanter guerres ensemble, si que il convenoit que il s'estendissent avec leurs gens [a leur] deffension, et a leur garde (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 25).

 

.

S'estendre à + inf. "S'efforcer de" : Et par semblable me estent je a escrire ce que j'ay ordené estre escript (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 36). ...le seigneur s'estent si vigueureusement a si pou des gens a la garde et la deffense de son honneur garder en deffendant sa terre et sez hommez (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 90). ...Mais a bien faire s'extende ; Ses biens vende S'il doibt restitution. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 71).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 14/43 
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     ÉTENDRE1          ÉTENDRE2     
FEW XIII-1 tendere
ESTENDRE, verbe
[T-L : estendre ; FEW XIII-1, 199b : tendere ; TLF : VIII, 230b : étendre]

[Le préfixe es- est augmentatif] (synon. tendre)

A. -

DRAP. "Tendre (un drap afin d'en effacer tous les plis et de lui assurer une longueur et une largeur uniformes et précises)" : ...aucuns drappiers ne estende ne fache estendre sen drap après l'esward en plus grant longhece ne larghece qu'il a au tamps de l'esward, le drapier, sour perdre sen drap et sen mestier an et jour ; et le licheur, sour 60 lb. et sen mestier perdre an et jour. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1356, 308).

 

Rem. Cf. G. de Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 122 et t.2, 1951, 81-82.

B. -

"Tendre pour redresser, pour rendre droit (un objet arrondi)" : De sa force ce n'est pas peu de fait, car ung chevalier armé sur son cheval a ung coup d'espee il le fendoit dés le hault de la teste jusques au bas, et se il tenoit quatre fers de cheval de la forge, sans esprouver guayres sa force, il les estendoit et mectoit en pieces, et plus oultre a une seule main il pregnoit ung chevalier tout armé, luy estant tout droit sur la terre, et le levoit tout hault jusques a l'ault de sa teste moult legierement. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 16).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 15/43 
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     PARTENDRE     
FEW XIII-1 tendere
PARTENDRE, verbe
[GD : partendre ; FEW XIII-1, 199b, 200b : tendere]

I. -

"Tendre (des tentes)" (synon. pourtendre) : Et partendues les tentes [,] il attendy la Gaffarion par deux jours (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 82).

II. -

"Continuer, persévérer"

REM. Therence en franç. (éd. 1500-1503, pertendre) ds GD VI, 5c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/43 
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     POURTENDRE     
FEW XIII-1 199b tendere
POURTENDRE, verbe
[T-L : portendre ; GD : portendre ; DÉCT : portendre ; FEW XIII-1, 199b : tendere]

Empl. trans.

A. -

"Tendre complètement" : ...l'aygle est le roy des oyseaulx, le plus hault volantet celui qui estent et portent les plus grandes esles (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 503).

B. -

"Étendre (des draps, des tapisseries...)" : Et fait pourtendre dras par se cyté garnie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 25).

 

-

Pourtendre de. "Tapisser, tendre entièrement de" : ...ilz vindrent en la grand sale, qui estoit pourtendue de belle tapisserie (C.N.N., c.1456-1467, 335).

 

Rem. Ex. d'a.fr. et Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD VI, 316a.

C. -

Au fig.

 

1.

Pourtendre qqc. "Continuer, poursuivre qqc. à bonne fin" : ...mais que le fait en soit tel et qu'il soit bien praticquié et pourtendu (Actes Etats gén. Pays-Bas C., t.1, 1477, 302).

 

-

"Faire le récit de qqc. en exposant tous les détails" : Que vous seroit la chouse si longe portendue ? (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 594).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 231. GD VI, 316a.

 

2.

Pourtendre (sa grâce, sa miséricorde..) sur qqn. "Étendre sur qqn (sa grâce, sa miséricorde..)" : ...que en l'onneur de la passion de nostre seigneur Dieu Jhesucrist vouleissons pourtendre sus ledit Jehan nostre grace et misericorde (Lettres rémission René II P.D.H., 1496, 275).

V. aussi partendre
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 17/43 
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     POURTENDU     
FEW XIII-1 tendere
POURTENDU, adj.
[]

"Entièrement tendu" : ...ilz vindrent en la grand sale, qui estoit pourtendue de belle tapisserie (C.N.N., c.1456-1467, 335).
 

DMF 2020 - Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 18/43 
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     POURTENDUE     
FEW XIII-1 tendere
POURTENDUE, subst. fém.
[GD : portendue ; FEW XIII-1, 199b : tendere]

"Exposition (du saint Sacrement, d'une relique...)"

Rem. Doc. 1402 (Aube, la pourtandue du saint Sacrement) ds GD VI, 316b.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 19/43 
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     PRÉTENDUE1          PRÉTENDUE2     
*FEW XIII-1 tendere
PRETENDUE, subst. fém.
[GD : pretendue ; *FEW XIII-1, 196a : tendere]

"Chemin allant jusqu'à tel ou tel lieu" : ...de Liège c'estoit la pretendue Qui par les preis aloit u la capelle drue De saint Capraise astoit nouvellement creue (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 415).

REM. Le préfixe équivaut sans doute à per-, par-.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/43 
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     PROTENDRE     
FEW XIII-1 tendere
PROTENDRE, verbe
[FEW XIII-1, 200b : tendere]

Protendre de. "Provenir de, procéder de" : ...afin que l'aide que ils feroient (,) protendit de leur bonne volonté sans contrainte (Ordonn. rois Fr. V., t.9, 1404, 27).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/43 
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     RETENDRE     
FEW XIII-1 tendere
RETENDRE, verbe
[T-L : retendre ; GDC : retendre ; FEW XIII-1, 198b : tendere ; TLF : XIV, 1014a : retendre]

A. -

"Tendre de son côté (la joue)" : Celui ausi qui l'autre fiert, Quant voit le feru retendre L'autre goe pour attendre Autre foiz estre referu, De soi refrener esmëu Doit estre [Réf. à Luc VI, 29] (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 272).

B. -

"Tendre (le rideau, au théâtre) vers les côtés (pour laisser voir le spectacle)" : Sy leur jetta [Jason] icelle liqueur ; et prestement se rendirent lesdis boeufz, comme matz et convaincus. Ainsy fu la courdine retendue retirée, et le mistère quant ad ce achevé. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 146).

C. -

Au fig. Retendre à qqc. "Tendre vers qqc., s'efforcer de l'atteindre" : A t'amour tendre, Tousjours contendre, Sans fin actendre Et y retendre Par bon remort Qui poinct et mort. (LA VIGNE, S.M., 1496, 475).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 22/43 
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     TENDABLE     
FEW XIII-1 tendere
TENDABLE, adj.
[GD : tendable ; FEW XIII-1, 198b : tendere]

"Qu'on peut tendre, étendre" : Tensibilis (...) : tendables (Aalma R., c.1380, 411).

REM. Jardin de santé, c.1500, ds GD VII, 674c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 23/43 
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     TENDABLEMENT     
*FEW XIII-1 tendere
TENDABLEMENT, adv.
[GD : tendablement ; *FEW XIII-1, 198b : tendere]

"En tendant, en étendant"

REM. GARBIN 1487 (tensim, tendablement) ds GD VII, 674c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/43 
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     TENDAGE     
FEW XIII-1 tendere
TENDAGE, subst. masc.
[T-L (renvoi) : tendage ; GD : tendage ; FEW XIII-1, 197b : tendere ; TLF : XVI, 59a : tendre1 (tendage)]

"Action de tendre, étendage (de draps)"

REM. Doc. 1350 (tandage) et 1368 (Tournai, tendage) ds GD VII, 674c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 25/43 
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     TENDAILLE     
FEW XIII-1 tendere
TENDAILLE, subst. fém.
[T-L : tendeille ; GD : tendaille ; FEW XIII-1, 198a : tendere]

"Membrane interdigitale, palmure" : Et a u pié [la loutre] tandeilles comme en la pate d'un[e] oue (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 93). [Seul ex. ; trad. erronée ds GD]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 26/43 
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     TENDAMMENT     
FEW XIII-1 tendere
TENDAMMENT, adv.
[GD : tendamment ; FEW XIII-1, 197a : tendere]

A. -

"Promptement" : Bien voit que Florantine enmoynent tandamment. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 269). ...il avoit fait assemblee de IIc milz Françoys pour venir sour Jehan, sy venoit tendamment (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 227).

 

Rem. JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., a.1400, v. 2570, 7395, 19396, 34547 (Scheler, Gloss., 292).

B. -

"Diligemment" : Ly ainsnée fut mariée à monssaingnor Renier de Viseit, qui fut marissaz delle evesqueit de Liege ; si fut tuweis par monssaingnor Ameyle de Houlgnoul et alcons siens aydans, qui sy tendanment furent resiiez de ce faite qu'il furent assegiez et ars en mostiers de Meliens. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 211). ...car tout enssi com les fevres battent tendamment le fier quant il est chaut, ains qu'ilh refroide, tout enssi... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 497). ...un povre homme, lequel, comme chacun, il eut besoing d'avoir l'aumosne pour soustenir sa vie, s'en aloit deçà et delà par plusieurs lieux et gaignoit tendamment son vivre, tant des bons dons que les bonnes gens lui donnoient, comme du labeur de ses deux mains (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 85). Les seigneurs de Bruges et aucuns notables bourgois de la ville labourèrent fort tendamment de deffaire et separer l'armée qui se tenoit sur le marchiét (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 641).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 27/43 
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     TENDANCE     
FEW XIII-1 tendere
TENDANCE, subst. fém.
[GDC : tendance ; FEW XIII-1, 197b : tendere ; TLF : XVI, 53a-54b : tendance]

"Fait de tendre à qqc., aspiration à qqc." : Car prudence enclot rectitude de l'appetit et tendence a bonne fin (ORESME, E.A.C., c.1370, 357). La voix d'espoir que nous prenons icy generalment pour desir, se nomme tendence, expectacion, fain, soif, ardeur, hardiesse, jalousie, emulacion, souspire, concupiscence. (GERS., Canticordum G., c.1425-1430, 130).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 28/43 
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     TENDANT1          TENDANT2     
FEW XIII-1 tendere
TENDANT, subst. masc.
[GD : tendant3 ; FEW XIII-1, 197a : tendere]

"Tendon" : Et Uriien le fiert de la bonne espee entre le chief et les espaules. Le soudant estoit embrunchiez, et le heaume estoit court par derriere, l'espee trouva le col nu, excepté le gambison de la gorgerete, et trencha l'espee le ganbison tout oultre et les deux maistres vainnes et les tendans jusques au gorgeron. (ARRAS, c.1392-1393, 113). Le roy entoise l'espee et fiert le soudant de si grant force qu'il lui envoye le bras jus, tant qu'il ne tenoit qu'a deux tendans dessoubz l'aisselle. (ARRAS, c.1392-1393, 236).
 

DMF 2020 - Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

 Article 29/43 
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     TENDANT1          TENDANT2     
FEW XIII-1 tendere
TENDANT, adv.
[GD : tendant2 ; FEW XIII-1, 197a : tendere]

"Promptement" (synon. tendamment) : ...li trayteur (...) L'enmenerent tandant per haie et per boixon. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 21). Va s'ent Ogier tendant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 191). Et l'en mainnent tendant jusques o maistre tré (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 47).

REM. HEMRICOURT, Miroir Hesb. (éd. 1673), 1353-1398 ; JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 155 ; t.4, 72 ds GD VII, 675a.
 

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 Article 30/43 
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     TENDEMENT     
FEW XIII-1 tendere
TENDEMENT, subst. masc.
[T-L : tendement ; GD : tendement ; FEW XIII-1, 198a : tendere]

A. -

"Érection (sexuelle)" : Priapismus (...) : tendemens et passion du membre (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 395).

B. -

"Ce à quoi on tend, intention" : Mes pour la chose ainsi parfaire, Feray a mon tendement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 590).

 

-

"Préparatif" : Le tornoy commancerent tout li plux souffisant, Li sire dou chaistel c'on clamoit Gallerant Avuec le mairier faisoit le tandement ; Dis chevalier ot qui furent tout attandant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 755).
 

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 Article 31/43 
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     TENDERESSE     
FEW XIII-1 tendere
TENDERESSE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : tenderesse ; GD : tenderesse ; FEW XIII-1, 198b : tendere]

"Celle qui tend les draps qu'on vient de teindre"

REM. Doc. (Tournai) 1312 et 1434 ds GD VII, 675c.
 

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 Article 32/43 
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     TENDERIE     
FEW XIII-1 tendere
TENDERIE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : tenderie ; GD : tenderie ; FEW XIII-1, 198a : tendere ; TLF : XVI, 59b : tendre1 (tenderie)]

A. -

"Métier de tendeur de draps"

 

Rem. Doc. 1334 (Tournai) ds GD VII, 675c.

B. -

"Action de tendre (ici des tapisseries d'apparat, sur les façades, en vue du passage d'un cortège)"

 

Rem. Doc. 1435 ds GD VII, 675c.

C. -

"Chasse (aux oiseaux) moyennant des pièges"

 

Rem. Cf. : Le Seigneur de Lilloe tient, par don de Ma dicte dame Jehanne, les vogeleriez qu'on dist tenderiez aux oyseaulx de riviere, pescheriez et dycgrefsceip en Wallant, dont il n'a encoire's fait apparoir de son tiltre. (Arch. Nord, 1446, B 19514, f° 12 v°, IGLF).
 

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 Article 33/43 
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     TENDEUR     
FEW XIII-1 200b tendere
TENDEUR, subst. masc.
[T-L : tendëor ; GD : tendeor ; FEW XIII-1, 200b : tendere ; TLF : XVI, 55b : tendeur]

A. -

DRAP. "Celui qui est chargé de tendre les draps sur des rames afin de leur donner les dimensions voulues" : ...que tout tendeur de polies, qui tenront plus de une huisine de polies, tiengnent et aient ouvertes toutes les huisines qu'il tenront, et soient pourveut de mesnies et de tout chou qu'il appertenra a le huisine, par coy li drapperie en puist iestre siervie souffissanment (Drap. Valenc. E., 1358, 320). ...fu accordet as compagnons tendeurs as polies chou qui ci-apres s'ensuit pour le exsaucement dou mestier et por avoir une tente et pluiseurs hostius a chou appertenans... (Drap. Valenc. E., 1364, 39).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF. Doc.1398 ds GDC X, 390b, s.v. poulie.

 

-

"Celui qui tend des tapisseries" : A Pierre le Boursier, tendeur de chambres et tappiseries... (Invent. des tapiss. du Roi Ch. VI, 1422. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 48, 1887, 424).

B. -

[Domaine de la chasse, de la pêche]

 

1.

Tendeur (d'oiseaux). "Celui qui dispose les filets, les pièges" : Un faucon est pris a la roy (...). Il se debat sur l'erbe vert Pour le filé, qui l'a couvert, Et voit le tend[e]eur venir (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 95). Si donnons en mandement à touz les preneurs et tendeurs aus diz oiseaux que touz les oiseaux que ils prendront es diz lieux ils portent aus vicontes, receveurs ou noz autres officiers à qui il est acoustumé yceuls estre portez (Mand. Ch. V, D., 1365, 122). Et quant [l'escoufle] perchoipt tendeur sans art, A cop il descent et a part L'amorse du lach dehors tire. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 75). ...à plusieurs tendeurs d'oiseaulx de deduit pour monseigneur en Flandres, à cause de leurs gaiges ordinaires et de la prinse de certains oiseaulx, 45 escuz au pris dessus dit (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 158). À Jehan Debbout, Gherard Le Costre (...), tendeurs d'oyseaulx de deduit et lieutenant du maistre faulconnier de monseigneur en Flandres, sur les tendues de Hulsterloo (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 289). Le millan regarde sa proye De hault, ainsi qu'il est decent, Mais jamés elle ne descend Tant que les latz du tendeur voye. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 96).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF. Aussi Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 110 et 111.

 

-

Prov. : Tendeur se prent bien a sa raiz. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 349). Tendeur se prent bien a sa roix. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 70).

 

2.

"Pêcheur (au filet)" : ...touz aians en plus les poissons et revenües de la riviere de Somme, en la Prevosté de Perronne et circuite de ladite ville, où lesdiz marchanz tendeurs et pescheurs sont demoranz et peschanz. (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1343, 208).

C. -

Tendeur (de haut chemin). "Voleur de grand chemin" : ...il estoient murdrour et tandour sur les halt chemin (AUBRION, Journal L., 1475, 81). ...lesquelx estoient famés d'estre tandeurs de hault chemins (AUBRION, Journal L., 1500, 432).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 34/43 
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     TENDIS     
FEW XIII-1 tendere
TENDIS, subst. masc.
[T-L (renvoi) : tendis ; FEW XIII-1, 198a : tendere]

"Tente"

Rem. CHR. PIZ., Oeuvres poét., éd. M. Roy, t.2, 266 (Un tendis et lit faisoient De Fueilles vers).
 

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 Article 35/43 
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     TENDOIS     
*FEW XIII-1 197b tendere
TENDOIS, subst. masc.
[*FEW XIII-1, 197b : tendere (?)]

"Cloisonnement (?)" : ...comme led. supliant ait fait les tandaiz de bouays des douffves de nostre ville neuffve de Rennes... (Actes Jean V Bret. B., t.3, 1429, 257). ...pour faire les tandaiz et belouars (Actes Jean V Bret. B., t.3, 1429, 258).

REM. J.-P. Chauveau suggère de lire taudaiz au lieu de tandaiz et de rattacher à taudis "Abri fortifié" ; l'article tendois serait donc à supprimer.

V. aussi tendue, tendure
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 36/43 
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     TENDON     
FEW XIII-1 tendere
TENDON, subst. masc.
[T-L : tendon ; GD : tendon1 ; GDC : tendon ; FEW XIII-1, 198a : tendere ; TLF : XVI, 56a : tendon]

"Bugrane" : Je voy l'ortie et le chardon, Le jonc marin et la sicue [ciguë], La cauppe treppe [chardon] et le tendon, Et toute herbe qui point et tue, Ou qui a tout mal s'esvertue, Que chascun veult prandre et avoir (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 107).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 37/43 
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     TENDRE1          TENDRE2     
FEW XIII-1 196a tendere
TENDRE, verbe
[T-L : tendre1 ; GD : tendant1 ; GDC : tendre2 ; DÉCT : tendre1 ; FEW XIII-1, 196a : tendere ; TLF : XVI, 56b : tendre1]

I. -

[Empl. trans. ; idée de tension, de traction exercée sur qqc.] Tendre qqc.

A. -

"Soumettre qqc. à une tension"

 

1.

"Déployer (une chose souple, un textile) en l'allongeant en tous sens" : ...mardi derrenierement passé, environ heure de vespres, il, à l'aide d'aucum de ses gens et serviteurs, tendi le drap entier de XVIIJ aulnes, duquel icelles quatre aulnes et demie sont yssues, et ont esté coppées, ès poulies communes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 113). À Didier le fustier, qui a fait le boys sur quoy le paintre qui a fait Rome avait tendu sa toyle, II fo VI go. Au sarurier qui a fait les crampons pour assembler ledit boys, VIII go. (Roi René vie L., 1476, 366).

 

-

Part. passé "Sans plis" : ...Et puis quatre paires de chausses, Voire d'ung drap de fine laine Net, gent, saieux et bien tendu (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 62).

 

2.

"Tirer sur qqc. pour le rendre rigide"

 

a)

"Bander par un mécanisme de traction" : Jehan Brulé, demorant au Bois de Vincennes, pour don à lui fait par le Roy, pour ce qu'il tendoit illec l'arbaleste dudit Seigneur quant il tiroit aux buttes. (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1421-1422, 275).

 

b)

"Dresser, grâce à des cordes soumises à une traction (en partic. une tente)" : ...en son grant pavillon, que elle fist tendre au milieu de la grant place en ladicte cité. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 170). ...il [Saintré] vint descendre en sa grant loge, toute bien tendue, que le roy aux deux entrees, hors des lisses, pour chascun avoit fait faire (LA SALE, J.S. E., 1456, 180). ...le conte de Charrolois fit tendre ses tentes et ses pavillons sur la riviere de Saine, et sembloit que ce fust Remondin qui eust fait une nouvelle ville. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 20). Et fut telle diligence faicte par tous les maistres de l'artillerie, que toute la dicte artillerie estoit environ huit heurers du matin au dict camp ou estoit les tentes et pavillons tendus ainsi qu'il appartient en tel cas. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

-

MAR. Tendre une voile : [Cont. métaph.] N'est merveille se cil forvoie Qui veult entrer par double voie Et tent a chascun vent ses veles (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 104). Patron, vostre veelle grant erre Tendés et dressés aultrement, Affin que ayés assés vant Ou pays ou debvons aler. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169).

 

3.

CHASSE "Disposer (des filets, un piège...) pour attraper du gibier" : LE PREMIER VENEUR. Ordener les alons au tiltre Tellement, et les raisieux tendre, Que beste n'y pourra descendre Qui ne soit prise. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 100). Et les dains faisoie esveillier, Et par mes levriers traveillier, Qui chaçoient sanz sejourner, Tant qu'il les convenoit tourner Aux tiltres, où les attendoie Où mes engins contre eulx tendoie. (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 46). Item, ont la chace et leur courir ou dit buisson à toute beste au pié clos, et peuent prendre du menu boiz pour leurs haiez à tendre leurs filléz. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 90). J'advanceré ung peu mes pas Pour tandre sy nous rects et las, Et puis nous ferons vune trappe. (Pass. Auv., 1477, 140).

 

Rem. Nombreux ex. ds HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377 (gloss.) et ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389 (gloss.).

 

-

Inf. subst. : Le tendre des roiz se puet fere et drescier aux meins ou a une fourchete pour mettre sus les bastons, qui est plus legiere chose. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 254).

 

-

Empl. abs. : ...La beste savoir destourner (...) Et des vens savoir l'avantaige Quant vouldra tendre (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 305). ...et la première sepmaine qu'ilz tendent, paient quatre mauvis prins entre le jeudi et le dimence (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 58). Car je semble celluy qui tent Et qui chasse, et rien ne prent. (Pac. Job M., c.1448-1478, 356).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : NOSTRE DAME. Or alez tendre ailleurs vo roit : A ceste prise avez failli. (Mir. enf. diable, c.1339, 45). Petis et grans, Bourgoix, marchans, Nobles, vilains [l. nobles et vilains] en ung tas, Jeunes, anfans, Sont tous nuysans Les ungs es autres en tous cas. En leur repas Tendent leur las Ad nuyre pour prandre vengence. (Pass. Auv., 1477, 110).

 

.

Tendre mal coup. "Tendre un piège, une embuscade" : Mais derriere lui et sa route Le suit, veoir s'il le peut prendre Despourveu, pour mal coup lui tendre. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 84).

 

.

Tendre tel fait. "Fomenter telle chose" : Quant envers le sien pere avoit tel fait tendu, Je l'ai mort pour ce cas (Bât. Bouillon C., c.1350, 149).

 

.

[Cont. érotique] : ...comme il avoit proposé et dit, il tendit son filé ou son las, lequel qu'on veult, tout a l'endroit de la partie ou maistre prestre avoit plus grand desir de hurter. (C.N.N., c.1456-1467, 456).

 

-

[L'obj. (les filets, le piège...) reste inexprimé] Tendre à + subst. désignant le gibier : Item, qu'ilz pevent prendre le chevreul en icelle forest à l'arq et au bougon, et tendre aux oyseaux en ladicte forest sans congié. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 10). Item, avoir raiz pour oyseller ou faire oyseller par un de ses varlés, et aller à la pipée par toute ladicte forest hors deffens, et faire haiez pour tendre aux lievres au vespre et au matin. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 49). Item, deux perquez pour tendre aux vitecos et aux mauvis es clers de ladicte forest, hors deffens, et en paient pour le premier vitecoq qu'ilz prennent V d. au roy (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 58). ...autrefois madame la royne eust donné et ottroyé congié et licence au sire de Laval que il peust chacier, tendre et thesner par lui, ses gens et officiers à toutes bestes rouges et noires en ses boys (Cartul. Laval B., t.2, 1399, 360). ...nous tendons aux butors et hairons (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 111). À René de Fleurenville, pour aller en Avignon quérir du gluz pour tendre aux oyseaux, III fo. (Roi René vie L., 1476, 371).

 

-

Tendre aux cocus : Il apprent a tendre aux cocus. (Sots, c.1480-1500, 270).

 

4.

P. anal. Tendre qqn. "Jeter son dévolu sur qqn" : Mainte dame j'ay voulu tendre Qui n'en a pas pourtant jouÿ (Narcissus, p.1426, 313).

 

-

Empl. abs. : TIERS BRIGANT. (...) J'ay en tous maulx trop consommé mon temps Tandis qu'estoye en la fleur de jeunesse ; Jeu n'esse pas, puis qu'anchor je pretens ; Prés tend de moy la mort dure et parverse, Par vers ce corps [;] en terre a la renverse Versé sera, car le cueur me deffault. (LA VIGNE, S.M., 1496, 324).

B. -

Tendre qqc. qq. part./Tendre un lieu

 

1.

Tendre qqc. (qq. part). "Disposer en étendant qqc. de souple qq. part, en guise de décoration" : ...10 sargotes vers, délivrées en ladicte chambre pour mettre et tendre aux huis et fenestrages d'icelle (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 111). ...il wida la bourse de Perrin Le Boursier, varlet de garde-robe, qui tendoit tapis du roy en une sale (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 187). ...VI tapis à tendre. (Comptes roi René A., t.2, 1432, 246). Les fourriers d'Esté sont venus Pour appareillier son logis, Et ont fait tendre ses tappis, De fleurs et verdure tissus. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 307).

 

2.

[L'obj. désigne un lieu] "Orner (un lieu) de tentures, tapisser" : Item, cogneut ledit prisonnier, avoir emprumpté de la dessus dite Fremine Jehenne, environ la feste de Saint-Eustace derreniere passée, une paire de draps et une custode, pour aider à tendre et parer icelle eglise de Saint-Eustace (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 179). À Jehannin de Pames, ledit jour, cent IIIIxxXIIII l. six solz et huit deniers pour achat de IIIIcXXIIII aulnes de sarges et de bonneval (...), pour faire chambres pour tendre la chambre de la royne, dont Dieu ait l'âme ; la chambre dudit seigneur, son retrait, la grant chambre de parement et y faire cielz et dossielz et courtines (Comptes roi René A., t.1, 1453, 10). La chambre estoit tresbien tendue, nectee, tapissee et verree (LA SALE, J.S., 1456, 247). Quand elle fut arriere en la chambre a parer, qui estoit bien tendue de belle tapisserie, elle vit le beau grand feu (C.N.N., c.1456-1467, 339). Si fist sa bonne femme l'ostel apprester, tendre, parer, nectoyer et orner au mieulx qu'il fut possible. (C.N.N., c.1456-1467, 462). Le dit chasteau fut tendu et paré De draps de soye et de tapisserie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 185).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une tenture] "Disposé sur un mur" : ...une chambre de taffectas vermeil brodée à angelots, lesquelx ont depposé que l'iver devant la prinse de Jacques Cuer, ils la virent tandue ou grant hostel dudit Jacques Cuer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 141).

 

-

Tendre une couche de / un cercueil de : Le cercueil si sera tandu D'un poelle de vert perdu (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 74). La couche de ceste chambrete Estoit toute tendue de noir (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 58).

 

-

En partic. "Recouvrir les façades d'une rue, d'une ville, de tentures en vue d'une fête" : Et furent les rues parées et tendues à grant solempnité, selon la possibilité et puissance dez bourgois, manans et habitans de ladicte ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 389). ...lesquelz [rois de France et d'Angleterre] furent moult joyeusement (...) receuz en la ville de Paris, et furent les rues parées et tenduez à grant solempnité (Ch. VI, D., t.1, 1420, 409). ...et tous nous accompaignèrent au palays, qui estoit bien tendu et tapissé (Doc. 1459. In : [Anonyme], Bibl. Éc. Chartes 3, 1841-1842, 187). Si furent les rues a tous léz, a destre et a senestre, tendues somptueusement, et y avoit a tous quarrefours des personnages et des misteres de grant entendement (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 220). ...car jamais je [Charles VIII] ne fus en pays où je fusse mieulx recueilly et tout plain de gens de bien venir au-devant de moy, clefz me présenter et joyaulx, les rues tendues. (Doc. 1494. In : L. Le Grant, Bibl. Éc. Chartes 55, 1894, 147). Si s'en allerent moult joyeusement en devisant de moult de choses jusques en la ville, laquelle fut toute tendue le plus richement que l'on peut faire. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 12).

 

-

[Un bateau] : ...leurs bateaulx, et tous couvers de tapisserie (...) ...en plusieurs bateaulx bien tandus. (Doc. 1459. In : [Anonyme], Bibl. Éc. Chartes 3, 1841-1842, 187).

 

-

Empl. abs. : Pareillement l'en y tendra [dans l'église] De rouge et de vert (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 70).

 

3.

P. ext. "Étendre, disposer (des objets) qq. part" : Item sur ung faitiz pulpitre Estoit tendue sa librarie Dont la couverture et le tiltre Estoit fait d'or, sans moquerie. (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 70).

C. -

[L'obj. désigne une partie du corps]

 

1.

Tendre le cou, la main, la jambe... "Allonger le cou, la main, la jambe..." : Et lors ledit Jehan de Bloys tendi la main en disant : Sà, l'argent. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 428). ...alors il abandonna sa prinse et se siet dessus l'erbe, et tend sa jambe ; et la belle fille luy oste l'esperon (C.N.N., c.1456-1467, 157). EMPEREUR. (...) Et de l'espee (...) Je vous donray devant tous la colee. (Il fault que l'empereur ait une moult belle espee toute nue. Et sainct Martin se mectra a genoulx devant, auquel il baillera trois coups du plat d'icelle sur le dox en disant ce qui s'ensuyt.) Tendez le col, haulsez ung peu la gorge, En vous mectant a genoulx, mon amy ; De ceste espee tout venant de la forge, Des coups aurez plus de deux et demy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 173).

 

-

Tendre la / les mains. "Allonger la main en direction de qqn pour recevoir l'aumône" : A ces trois povres donner vueil Qui ci viennent de mon argent. Tendez les mains, ma bonne gent (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 255). Je voy Clotilde qu'il attendent Venir a eulx ; et ilz li tendent Les mains touz pour l'aumosne avoir. (Mir. Clov., c.1381, 204).

 

-

Tendre la face vers qqn : DEUXIESME CHEVALIER. (...) il me semble Qu'il nous attendent. L'EMPERERIS. Au main les faces vers nous tendent ; Sire, je croy que dites voir. (Mir. emper. Romme, 1369, 303).

 

-

Tendre qqn. "Tirer la peau (pour en atténuer les rides)" : Vous estes laide et horrible a tous yeux : De vous caicher vous n'en vauldrés que mieulx, Si vous n'estes bien tendue [sans doute à l'aide d'une coiffe] et fardée (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 94).

 

2.

Au fig.

 

a)

Tendre la main. "Demander assistance" : Il est en vous de vous garir et sauver, et ne vous fault que tendre la main et requerre ayde, vous la trouverez preste. (C.N.N., c.1456-1467, 142).

 

-

Tendre les mains. "Prendre l'attitude du suppliant" : Mes bonnes seurs, dit madame, j'ayme mieulx a la mort voluntairement tendre les mains, soubmettre mon col et honorablement l'embrasser, que par la fuyr je vive deshonorée. (C.N.N., c.1456-1467, 143).

 

b)

Au fig. Tendre l'oreille. V. oreille "Écouter attentivement" : Ouvrez doncques les oreilles espirituelles de vostre cuer, tendez les en hault, et escoutez leur humble requeste et leur plainte doloreuse, pour les aydier, secourir et delivrer. (GERS., Déf., 1400, 226).

 

-

[Contexte métaph.] : Pour ce l'oreille du cuer tens Et ce que te dira entens. (Mir. march. juif, c.1377, 216).

 

-

Tendre l'oreille + interr. indir. "Être attentif (à ce qui peut se passer)" : ...monseigneur le curé tendoit tousjours l'oreille quand sa nouvelle mariée viendroit a l'eglise, pour luy ramantevoir ses besoignes (C.N.N., c.1456-1467, 301).

 

3.

Empl. intrans.

 

a)

[Du sexe masculin ; de l'homme] "Être en érection" : La force et pouoir sont perdus, Car tendre ne veult mes harnés (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 229). ...par esclaves sont guardees [les femmes du sultan] Qui tous ont les coulles coupees Ensemble tout ce qui peut tendre. (GARIN, Compl., 1460, 120). J'ay ung ostil bel et droit, Une foiz crombe, l'autre droit, Dieu ! qu'il est bel quant il tent ! (Devin. R., c.1470, 55). Car mon aguille ["aiguille / membre viril"] ne veult tendre A perchier pel sy fort usee ["une peau ou une fourrure aussi usée / un sexe aussi fréquenté"] (Six dessins dialogués à double sens, éd. K. Baldinger, c.1470. In : Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 23). [Doc. de 1333 ds le même sens]

 

-

Tendre le sexe : Margot, tu es sotte, Mon arc broye et frote, Mais ne le puis tendre. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 94).

 

b)

[D'une veine] "Gonfler" : La mort le fait fremir [celui qui est en train de mourir], pallir, Le nez courber, les vaines tendre, Le col enffler, la chair moslir, Joinctes et nerfz croistre et estendre... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43).

D. -

[Doubles constr.]

 

1.

Tendre qqc. (à qqn). "Présenter, offrir qqc. (à qqn)" : Plaise vous cest anel a prendre Que par fine amistié vous tens (Mir. nonne, 1345, 318). Dont li tandit sa foid et li ot fiansie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 28). Il [Dieu] meismez de sez mains fourma L'omme, qui si bele fourme a, Et si noble don li tendi Que l'ame ou corps li espandi (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 41). A painnes puet son droit deffendre Povres homs, quant il n'a que tendre. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 79). Lors tire une petite boyte pendant a sa couroye, ou son saufconduit estoit, et a l'Anglois le tendit (C.N.N., c.1456-1467, 55). Mais, se chanvre broyes ou tilles, Ne tens ton labour qu'as ouvrez ["le produit du travail que tu as effectué"] Tout aux tavernes et aux filles ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131).

 

-

Tendre un gage contre qqn : La dame, quant elle vist que il tendoit son gage contre le Chevalier du Papegau, elle preist son gage et le bailla a quatre barons du lignage le quens Doldoys. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 32).

 

2.

Au fig. Tendre qqc. sur qqn. "Déployer, faire porter qqc. (d'abstr.) sur qqn" : LE POVRE. (...) Pour ce en l'onneur de haulte Trinité Et de Jhesus qui fut en crois pendu, Pour satisfaire a la divinité, Vostre pouoir soit desur moy tendu ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 196).

 

-

Empl. abs. Tendre sur qqn. "Chercher à atteindre qqn, chercher à s'emparer de qqn" : ...je tendray sur luy ; et fust il plus grand maistre cent foiz, si je l'y puis rencontrer je luy osteray la vie du corps (C.N.N., c.1456-1467, 234). ...desjà il avoit entendu que les Anglois de Calais tendoient sur elle [la reine] et taschoient à la prendre (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 285). ...le roy fit tendre sur ledit messire Jasques, et pareillement sur son lieutenant ledit Antoine, pour leur faire mauvaise compagnie ; et en furent en tel danger, tel fois vis-je, que ne se fussent osé trouver au royaume (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 15).

 

.

Au fig. "Chercher à exercer son emprise sur qqn" : ...pour donner coeur à cestuy escuyer sur qui il tendoit pour cause de sa ribaude, luy dist que : qui luy sauroit avancer son désir, jamais ne l'abandonneroit, ni povreté n'auroit, ains l'esleveroit en gloire et en estat semblable à luy. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 240).

 

3.

Au fig. Tendre qqn à qqc. "Exposer qqn à qqc." : LE PERE SAINCT MARTIN. (...) Temps est qu'il soit desormais aux vacarmes ; Carmes, moynes, pour ses rudes alarmes Larmoyer face, a cela je pretends ; Tendre le vueil a noyse et a contens Tant qu'il ait fait plusieurs gens mal contens, Tendis qu'il est en la fleur de jeunesse. (LA VIGNE, S.M., 1496, 142).

II. -

[Empl. trans. indir. ; idée de visée, de tension vers]

A. -

Tendre qq. part, tendre à / en / sur / vers / jusques à...

 

1.

[D'une pers.] "Se diriger quelque part ; se diriger, venir, aller vers qqn" : LE DYABLE. Haro ! haro ! grant despit ay De ce larron Jehan, (...) Qui si ensus de lui me boute Que je ne say tant a lui tendre Qu'en aucun mal le puisse prendre. (Mir. st J. Cris., c.1344, 293). ...le pacient tent a la mort ["se dirige vers la mort"] (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 346). ROY DE GRENADE. Revas a eulz, et dy qu'il tendent Et chevauchent sur Rommenie Chascun atout sa baronnie (Mir. Oton, c.1370, 366). CLOVIS. Seigneurs, je vous vueil mon courage Descouvrir. Touz a moy tendez, Et ce que diray entendez (Mir. Clov., c.1381, 196). La mort eust en cendre Mué ma chair tendre Et peché fait tendre Aux enfers hydeux ["le péché m'aurait dirigé vers l'enfer"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 89). JESUS. (...) Et retournons droit en Judéee La parolle Dieu denoncer. S. PIERRE. Il est temps de nous advancer Si nous y voulons meshuy tendre. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 142).

 

-

Au fig. "Diriger ses désirs (qq. part)" : Et pour vous monstrer et aprendre Par quel voie nous devons tendre Es vroiz biens qui ne faillent mie... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 95). La doit tendre humaine pensee Ou touz vroiz biens sunt a plenté. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 102). ...croire en Dieu en le amant et tendant en lui par amour, apartient seulement aux bons. (Somme abr., c.1477-1481, 100).

 

2.

[D'une chose] "S'étendre, se diriger, aller vers, jusqu'à" : Chis messires Wilhelmes est ensevelis en l'engliese des Freires Meneurs ... Liege, al devant delle porte qui tent vers l'enclostre (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 251). ...car ilz [les mouvemens] different en espece selon les termes dont ilz sont et es quelz ilz tendent et selon diverses especes et manieres de mouvoir, comme sont voler, aler, saillir et teles choses. (ORESME, E.A., c.1370, 505). Et je di celui estre en montant qui est en soy esloingnant du milieu, et celui estre en descendant qui est en soy approchant du milieu. Et donques est neccessaire que tout mouvement local simple soit : un en soy esloingnant du milieu, autre en tendant a milieu et autre environ le milieu. (ORESME, C.M., c.1377, 60). ...lequel hostel joint d'un costé à la rue qui tent de la rue Saint Pierre es Pilliers (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1453, 280). ...si Adam leur monstra comme la premiere et plus haulte spere mouvoit sur deux poins (...) et, comme elle estoit divisée en deux parties, l'une depuis le sercle de la Lune, (...) tendant jusques à la dixieme spere (...) et l'autre partie seconde d'embas il comprint depuis ledict cercle de la Lune jusques au centre de la terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°).

 

-

Tendre en bas / tendre en haut : Et la chose est tres pesante qui est en bas dessous toutes autres qui tendent en bas, et celle est tres legiere qui est sus toutes choses qui tendent en haut et tent en haut. (ORESME, C.M., c.1377, 78). Et est neccessaire que toute chose qui monte ou tent en haut soit en ce lieu, quar se non, il convendroit que aucune telle chose fust dehors. (ORESME, C.M., c.1377, 150).

 

-

Au fig. : Donques s'ensuit il que vertu resgarde et conjecture et tent et s'adresce au moien. (ORESME, E.A., c.1370, 161). En tele resolucion l'en commence a la fin, car elle est premiere proposee et descent l'en par les moiens de l'un a l'autre siques au derrenier et ileques ou derrenier commence l'en execucion en retournant ou tendant vers la fin (ORESME, E.A.C., c.1370, 191).

B. -

P. anal. [D'une chose] "Tirer sur, s'approcher de (sans atteindre)" : ...c'est a dire apostume enflambee tendant a couleur rouge ou de sang qui soit frez (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 83). ...l'orine qui doit tendre a rougeur... (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 346). Quant nous semble le corps célestre, Habitué de grant douleur, Maintesfoiz de rouge couleur, Ou de jaune à rougeur tendant, Pour la vapeur en l'air pendant, Entre lui et nostre véue (LA HAYE, P. peste, 1426, 53). Qui peut avoir provision Face sa fumigation, En temps d'iver et de froidure, Qui soit redolent par nature Et tendant à stipticité Sans excès de calidité (LA HAYE, P. peste, 1426, 80).

 

-

[D'un oiseau (de son plumage)] : Austour tendant à noir et qui a plume superflue sur la teste... (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 26).

 

-

Au fig. "S'approcher de (sans atteindre)" : Mes aucunes autres [policies] sunt appellees aristocracies qui ont differences et propretés tendentes a celles qui sunt olygarchizees et a celle que l'en appelle policie (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 179). ...une inclination ou une aptitude ou disposition estant es choses corporeles et materieles, par quoy elles tendent a corruption. (Somme abr., c.1477-1481, 165). Et par ainsi entre deux nombres entiers prochains innumerables moyens se pevent trouver les ungs declinans au mineur extreme et les aultres tendens au maieur (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 653).

C. -

Au fig. [D'une pers. ; ce à quoi on tend est une chose abstr., un état, un résultat] Tendre à qqc.

 

1.

"Avoir en vue (une certaine fin), aller intentionnellement vers (tel but)" : Si appella sa baronnie : "Seigneurs, dist-il, or entendez, Vous qui haux ["aux"] grans honneurs tendez..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 7). Et qui au contraire veult tendre Conme mauvaix fait sanz entendre : C'est ma sentence. (Mir. st Guill., c.1347, 9). LA MÉRE. Sire, ne suis pas appensée A quoy il tendent. LE PÉRE. Je vous diray. Il me demandent Nostre fille par mariage Pour un homme de leur lignage (Mir. chan., c.1361, 157). C'est malice simplement quant raison et l'appetit tendent a mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 377). Sur quoy s'excuserent les presidens par la bouche de messire H. de Marle, premier president, en disant qu'il ne tendoient tousjours que à paix (BAYE, I, 1400-1410, 152). ...laquelle ordonnance leur sembloit estre à eulz moult prejudiciable et tendant à la dissolution, deffondation et dissipation desdis colleges et Université. (FAUQ., III, 1431-1435, 123). ...quant sera faicte La redempcion ou tendons... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 34). Le vray et loial amoreux qui est gentil homme, sain et net de sens et de corps et qui jour et nuyt tent a l'amoreuse queste et grace de sa tresbelle dame (LA SALE, J.S., 1456, 29). Oyés du meschant desvoyé Les grans blasphemes ou il tend ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 122).

 

-

Tendre à une fin. "Viser un but" : ...a autre fin ne doit vraiz amans tendre Qu'a ceste vierge et son chier filz amer (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Mais la fin a quoy il [un tyrant] tent, c'est soy enrichir et son peuple mectre en servitude et non pas au bien commun. (ORESME, E.A.C., c.1370, 191). Et est accident et, comme dit est, honme a pluseurs telles actions tendantes a une fin principal qui est felicité. (ORESME, C.M., c.1377, 504). ...lesquelz advis semblerent à la Court estre bons, bien deliberez et tendans à bonne fin. (FAUQ., I, 1417-1420, 341). ...la fin principale a quoy tendoit son exercice et tout son estude estoit de savoir et cognoistre les façons et manieres et quoy et comment femmes pevent decepvoir leurs mariz. (C.N.N., c.1456-1467, 255). ...car je ne tends que à une seulle fin principalle, c'est, Sire, que vous puissez congnoistre clerement et evidemment que la science de astrologie est vraye et certaine science (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 v°).

 

-

Tendre à fin de + inf. "Avoir pour but de" : ...foison d'aultres raisons luy amena (...) tendans a fin de l'oster de son propos. [Le maître veut dissuader son clerc d'entrer en religion] (C.N.N., c.1456-1467, 95). ...ce fist il tendant afin d'estre mieulx premuny et sur sa garde si sa femme a l'adventure vouloit user de telles querelles (C.N.N., c.1456-1467, 256).

 

.

"Chercher à obtenir en justice de" : Ouye laquele confession et requeste faite par ledit maistre Simon Foison, soy portant comme heritier dudit defunct maistre Jehan Soulas, tendant à fin d'estre restituez dudit larrecin en et sur les biens quelconques dudit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 88).

 

-

Tendant à fin que. "Visant à ce que" : Si comme l'armeürier tent afin que le chevalier soit bien armé, et le chevalier le veult afin que il se combate et se combat afin d'avoir victoire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 104). Et si fut tel du bon seigneur le gré Que Florentins tous les premiers marchassent Affin que nulz les Françoys n'empeschassent, Mais fust a tous ceste entree famee, Tendant affin que Florentins goutassent L'excellence de sa pompeuse armee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 210).

 

-

Tendre haut : Ainssy fina roy Alexandre, Que Fortune fist si hault tendre Que tout le monde avoit soubz soy (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 66).

 

-

P. méton. [D'une action humaine] : Car j'en vorrai .I. faire [un preu, un profit] Qui tendera a toute honnour (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 56).

 

2.

Tendre (à / de / pour) + inf.

 

a)

Tendre à + inf. : ...car le politique hors son accion, qui est converser civilement ou ordener la policie, il tent oultre a querir autres choses, si comme sont puissances et honeurs. (ORESME, E.A., c.1370, 521). Et la cause est, car justice tent a ramener ou remectre en equalité les choses inequales. (ORESME, E.A.C., c.1370, 427). Il est meshuy temps que je tende A aler oir le sermon (Mir. st J. Paulu, c.1372, 91). ...ceulz qui honeurent pecunes et qui tendent a les aquerir (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 69). ...a tout povoir, chascun tend a garder son droit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 20). A bien morir doit chascun tendre. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). Je laisse de peur de estre trop prolix, fors que iceulx susnommez personnages augmenterent si haultement la science de astrologie que chacun tendoit à y mectre ses enfans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 27 v°).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Tendant à. "Désireux de" : PREMIÉRE NONNE. Dame, alons ; j'ay le cuer tendant A faire vostre voulenté. (Mir. nonne, 1345, 312).

 

b)

Tendre de + inf. : Lez Apostres tendoient, et estoit tout leur desir, d'atraire et de ramener lez princes seculiers a la voie de verité et a la foy catholique et non mie de lez retraire de la foy. (Songe verg. S., t.2, 1378, 45). Et quant Saintré fut en l'aige que j'ay dit, Madame, a qui tous ses esperilz tendoient de le faire homme de bien et renommé, se appensa que vraiement il il avoit [l. il avoit] cuer et corps assez pour faire parler de lui. (LA SALE, J.S., 1456, 79).

 

-

[D'une pers.] Estre tendant de + inf. : ...Or suis tendant De vous dire ma voulenté Sur ce que m'avez relaté. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 135).

 

-

[D'une chose] Tendant de. "Susceptible de" : Les rues furent tendues et parees Si bien ou mieulx que ay dit ici davant : Es grans maisons tendant d'estre emparees Drap d'or fut mis par despit a l'esvent (LA VIGNE, V.N., p.1495, 220).

 

c)

Tendre pour + inf. : Long temps y a que j'ay tendu Pour le cuyder prandre en ma tente (Pac. Job M., c.1448-1478, 230). Nous tendons et serons tout ung Pour porter bende a tous venans. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 353).

 

d)

Tendre + inf. : Compere, entendez, Qui bons morceaulx mengier tendez (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 26). LE BOURGEOIS. (...) Moussé, je te pri qu'a mes diz Un po entendes. LE JUIF. Voulentiers, mais que tu ne tendes Moy decevoir. (Mir. march. juif, c.1377, 190). Sire, quel part aler tendez ? Dites le moy. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 269). Bien regarday, puis descendismes, Car autre part aler tendismes. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 55). ...l'expedicion du roole que mondit seigneur avoit fait faire pour beneficier aucuns de ses serviteurs qui estoient et tendoient estre d'Eglise (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 114). Cestui Alpetragius contredit aucunement aux supposicions de Ptholomée "de ecentricis et epiciclis" et tend monstrer apparantes causes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°). DIEU. (...) Pour ce, Martin, desormais te fault tendre, Commant qu'il soit, et vivement pretendre, Pour mieulx ton cueur en ma loy atiser Et pour aussi quelque bon chemin prandre Dorenavant et en ma foy contendre, Dedens brief temps te faire baptiser. (LA VIGNE, S.M., 1496, 210).

 

3.

Tendre que + subj. "S'efforcer d'obtenir que" : Or voy que Justice tent Et Droit que Gracë et Pitié N'aient en rien auctorité Avec [moi], mais soient privees De mon conseil et deboutees (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 145). ...le duc dessusdit escripvoit que la Court tenist les mains à la besoigne devers le Roy, et ly voulsist remonstrer pour l'onneur et prouffit du Roy et du royaume, et tendoit que chascun moiz eust cent mil frans pour les gens d'armes paier. (BAYE, I, 1400-1410, 183).

 

-

Tendre que + indic. "Prétendre, exiger que" : Or quant veint a l'ame juger Le dyable tendoit instantment Qu'on la luy devoit adjuger Tant par lettre que instrument. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 128).

 

4.

[Suivi d'une prop. interr. indir.] "Chercher" : Mais je ne vois conment l'approuche, Se n'est par la mort de mon gendre. Certainement il me fault tendre Conment je la puisse approuchier. (Mir. femme, 1368, 186).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 38/43 
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     TENDRIÈRE     
FEW XIII-1 tendere
TENDRIERE, subst. fém.
[GD : tendriere ; FEW XIII-1, 200b : tendere]

"Filet tendu, piège" : S'ilz se mettent au chemin pour eulx en aller, et ilz vous ayent une foys le doz tourné et vous leur donnez au doz, les premiers ne tourneront jamaiz pour aider aux derreniers. Et encore attendroys-je qu'ilz fussent prez de leur place, avant que les assaillir, si entre cy et là vous ne trouvez quelque tendrière. (BUEIL, I, 1461-1466, 198). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/43 
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     TENDUE     
FEW XIII-1 tendere
TENDUE, subst. fém.
[GD : tendue ; FEW XIII-1, 200a : tendere]

A. -

"Ce que l'on tend, qui est tendu"

 

1.

CHASSE "Filet qui est tendu pour prendre du gibier ; capture du gibier" : À Jehan Debbout, Gherard Le Costre (...), tendeurs d'oyseaulx de deduit et lieutenant du maistre faulconnier de monseigneur en Flandres, sur les tendues de Hulsterloo (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 289). Et à George de Lille, lieutenant du maistre faulconnier de Flandres, pour despence qu'il a faiz à visiter les tendues ausdiz oyseaulx es lieux dessus diz, pour loingnes, tourets, chapperons et autres menues choses appartenans ausdiz oyseaulx, 10 livres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 290). ...des tendues es bestes sauvaiges (Lettres rémission René II P.D.H., 1481, 116).

 

Rem. Doc.1338 et 1468 ds GD VII, 677b-c. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 244.

 

2.

"Tenture" : Les rues estoient tendues et encortinées de haut en bas, et n'y veoit-on maison nulle part où on passoit, ne à peine le ciel par en haut, pour les tendues qui alloient au travers. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 16).

 

3.

"Cloison, paroi (?)"

 

Rem. Lettres Louis XII, V., t.4, 230, 1513 (GD VII, 677c). V. aussi tendure.

B. -

Au fig. "Direction, tension vers"

 

-

Avoir tendue en qqc. "Tendre à qqc." : ...ceuls qui (...) en bien penser ont tendue (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 207).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 40/43 
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     TENDURE     
FEW XIII-1 tendere
TENDURE, subst. fém.
[GD : tendure ; FEW XIII-1, 197b : tendere]

"Cloison, paroi (?)" : ...lui ont prins deux faulx, dix huit telliz d'abelestre, ung chappel de faultre, ung lindet, ung bauderel, IIc de trait, trois paires de soulers, trois haiches, lui ont despecié et brulé quatre grans arches de chasne, rompuz les parrois et tendures de sa maison, rompuz ung fournot, descouvert son toit (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 329).

Rem. GD VII, 677c.

V. aussi tendue
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 41/43 
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     TENT     
FEW XIII-1 tendere
TENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : tent ; GD : tent2 ; FEW XIII-1, 200a : tendere]

"Droit de tendre des filets de pêche"

REM. Doc. 1390 (Amiens) ds GD VII, 681c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 42/43 
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     TENTE1          TENTE2          TENTE3          TENTE4     
FEW XIII-1 tendere
TENTE, subst. fém.
[T-L : tente3 ; FEW XIII-1, 200a : tendere ; TLF : XVI, 90b : tente2]

A. -

"Action de tendre les lacs, un filet ; lacs, filet" : Chascune de ces tentes est bonne, mes celle du costé n'est que pour la venue d'une beste d'une part et celle de dessus si est de toutes partz, et faut remuer de l'autre part les bastons quant on veult chascier de l'autre part, et, quant ilz sont tenduz au bout dessus, non pas. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 253).

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, gloss.

 

-

P. métaph. : De li te garde, se m'en croys, Et de ses tentes et ses rois ! C'est celui dont Saint Pierre dit Qui circuie jour et nuit Qui i puist penre et devourer. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 368). ...mieus doit plaire Chose desirée et requise, Lonc temps pourchacie et pourquise Acquise a peinne et a despens, (...) Que celle qui en un moment Seroit acquise ligement, Sans travail et sans consirée Et sans point estre desirée (...). Et encor s'elle estoit bien quise Et selon aucun droit acquise, Si averoit il tant a faire Que li cuers viveroit en haire Par une fort et tirant tente, Baillie d'une longue attente, De quoy li cuers seroit destrains Et de desir adès contrains, Quant lonc temps aroit atendu Et son pooir forestendu (MACH., D. Aler., a.1349, 297).

 

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 144 (T-L X, 234).

B. -

DRAP. "Châssis sur lequel le tendeur tend les draps pour leur donner les dimensions requises" : ...fu accordet as compagnons tendeurs as polies chou qui ci-apres s'ensuit pour le exsaucement dou mestier et por avoir une tente et pluiseurs hostius a chou appertenans... (Drap. Valenc. E., 1364, 39).

 

Rem. À rattacher à FEW XIII-1, 197b : tendere.

C. -

[Sens grivois] "Sexe masculin" : Ung coq quinze poulles contente. Cent hommes, non pas, trois milliers, Peuent a femme bailler tente, je vous dy, entre deux pilliers. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 101). L'AFFINEUR. Se ploye avoit patente, FINE MYNE. Mectre y fault une tente (Sots mal., c.1480, 91). LE DESMONYACLE. (...) Haro, je m'y en vois le cours ! Ou sont ilz ? J'en tueray trente, S'il y a villain qui m'actente ! Maulgré Mahon, Mars et Venus, On me faict bien foultre ma tente. Que deables sont ilz devenus, Les grox, les grans et les menus ? Brou, brou, ha, ha, ric, rac, roque ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 457).

 

Rem. Cf. Médecine de Me Grimache, Recueil d'anc. poésies franc. I, 168 (Éd.).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     TENTILLON     
*FEW XIII-1 tendere
TENTILLON, subst. masc.
[*FEW XIII-1, 198b, 200a : tendere]

"Étrésillon, bâillon" : Quant le sainglier est priz, tu dois faire li ouvrir la geule a forche enchiex qu'i soit trop refroidié, et puis metre un esteselon [var. estresillon, estenceillon, tesillon, tentillon] qui li tiengne la geule ouverte (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 82). [Var. ms. XVe s.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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