Empl. trans. Assaoulir qqn. "Rassasier qqn" : Et Diex scet se lez freres Mendyens sont chargens au pueple, quia juxta verbum Psalmiste : "Si non fuerint saturati, murmurabunt" : "se ilz ne sont bien saulz et se l'en ne leur donne ce que ilz demandent, ilz murmurent et a poine puent estre assouliz". (Songe verg. S., t.2, 1378, 230).

REM. FEW XI, 247b : satullus qui atteste soulir, mais pas le dér.

V. aussi assaouler
 

Empl. trans. "Rassasier" : Car jo prenoie tel plaisance En la noble flor reguarder Que pas mes ieuz assaoler Ne pooie de li veïr. Adonc jo vi Amors venir, Et si me dist a chiere lie : "Ne sés tu pas que senefie Icele flor que tu vois ci ?" (Songe vert C., c.1348, 523).
 

"Qui ne peut être assouvi" : Femme est la vie des malades, Elle est refectïon des saints, Vigueur et vitesse des froides, Pilier, soustiennement des vains, Un desir insolable aux plains, Le vray repos des traveillez (Chev. dames M., c.1462-1477, 157). Par avarice il avoit appetit insaoulable de faire tresor, et embloit par tout ou il pouvoit avoir. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 331). Ardeur d'avoir et d'acquerre insolable Point ne habandonne les mortelz. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 13).
 

"De manière inassouvie" : Insatiabiliter : insaulablement (Abavus IV, R., c.1350, 370).
 

"Rassasier"

REM. Ex. d'a. fr. et Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD VII, 82b.
 

"Rassasié (?)" : ...Verite la royne, adroissa ses parolles aux grans Sangliers Noirs parez des liepars, qui avoient les grans dens ressorlees [l. ressoelees ?] et toutes rouges du sang des Crestiens (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 396).

REM. À rattacher à FEW XI, 247b : satullus.
 

"Enflure" : Et regardez s'il [le cheval] a piez gras et combles, piez fenduz, faulx quartiers, piez avalez, crapaudines ou fourme. (Fourme sur couronnelle est quant au travers sur le coup du pié a une subaudeure [var. soubaudreure, sibaudrure] qui se hausse, et en huit jours est fourmee aussi derriere comme devant. Et durant ce qu'elle est entiere l'en l'appelle fourme, et fait piez avalez ; mais quant elle est crevee l'en dit crapaudines, et ne garist l'en puis, et est sur le bout de la couronnelle du pié.) (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138).
 

I. -

Adj.

A. -

"Rassasié, repu" : PREMIER HERMITE. Or seons cy en cest biau lieu Et mengeons cest precieux mès. LE FILZ. Je puis bien dire qu'onques mais Si precieux mès ne mengeay. Plus saoul suis quant veu l'ay Que se touz biens du monde avoie. (Mir. enf. diable, c.1339, 37). Daniel se mist en estant Et si menja de ce mes tant Qu'il fu saous et repeüs Et de l'amour Dieu embeüs. (MACH., C. ami, 1357, 43). ...ou estre trop saoul, avec vouloir de vomir sans getter, et est appellee telle maladie sacietas nauseativa, saouleur nauseative (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 110). ...cavernes ordes et sales Es queles li mauffés se boute Quant säoule est sa pance gloute. (MACH., Voir, 1364, 622). ...et donront a mangier aux grans seigneurs de leurs charge et aux estranges, en donnant a mangier a ceulx qui sont saoulz et aux yvres a boyre, et souventesfois les vaillans chevaliers et escuiers et arbalestiers n'auront que mangier ? (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 402). Laiséz moy mangier et bien vivre ; Jusques je soie saoul et yvre, Decy [l. De cy] mes ne me lieuveray. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 134). ...elle voyant que son hoste n'estoit encores saoul, fist signe a la chambriere qu'elle apportast ung gros jambon (C.N.N., c.1456-1467, 487).

-

P. anal. [Sexuellement] : ...la mignonne, qui n'estoit pas encore saoule, fist de rechief encores ung pet et fut contrainct son mary d'entretenir son langaige et luy aller de rechief monter sur la cropiere (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 221).

-

Au fig. : "Un povre honme si est a chascun chargent et l'a chascun en heyne, mez lez riches ont plusieurs amis". Et Diex scet se lez freres Mendyens sont chargens au pueple, quia juxta verbum Psalmiste : "Si non fuerint saturati, murmurabunt" : "se ilz ne sont bien saulz et se l'en ne leur donne ce que ilz demandent, ilz murmurent et a poine puent estre assouliz". (Songe verg. S., t.2, 1378, 230).

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"Satisfait, comblé" : Nous sommes soulz. Il ne fault rien plus demander, Car pour le monde remander Dieu a envoyé Jehan baptiste, Lequel a mené vie triste Au monde, preschant penitence, Pour mieulx preparer la conscience Des pecheurs en terre vivans (Pass. Auv., 1477, 114).

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Tout son coeur saoul : ...il cuidoit bien veoir a loisir sa maistresse et deviser tout son cueur saoul (C.N.N., c.1456-1467, 476).

B. -

[Avec une idée plus ou moins marquée d'excès, de lassitude] Saoul de. "Las de" : Tout maintenant ne fait que commencier. Et si say bien qu'elle mesmes dira : "Il n'est deduit qui vaille celui là". À dire voir, onques jour de ma vie N'en fu saoul : tant l'aim à regarder Et tant me plaist estre en sa compaignie Que nullement n'en vouroie esloignier. (MACH., App., 1377, 647). Quant est de lui, veult en sa terre Aler, saoul est de celle guerre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 118). ...j'en suys aussi saoul que tu es de pastez [D'un homme las de sa femme] (C.N.N., c.1456-1467, 83). Du monde, certes, je suis soulz, Car tous maulx y sont allougez. (Pass. Auv., 1477, 120).

-

Estre saoul de + inf. : Si n'ay confort, amis, fors que tant plour Que je cuevre ma face de mon plour. Et quant je suis saoule de plourer, Souvenirs vient mon las cuer acorer ; Car il n'est biens ne joie qu'il m'aporte, Einsois toudis me grieve et desconforte, Dont j'ay souvent estranglé maint souspir, Pour ce que trop parfondement souspir. (MACH., Compl., 1340-1377, 255). Et quant je sui saoule de plourer, Souvenirs vient mon las cuer acourer (MACH., Voir, 1364, 158). ...Estoie saoulz de plourer (MACH., Voir, 1364, 666). ...amours tres faulses, mauvaises et traitres, semblerez vous tousjours enfer qui de angloutir ames onques ne fut saoul ? (LA SALE, J.S., 1456, 300). Il n'estoit pas encores saoul de voyager (C.N.N., c.1456-1467, 129). Jehan, mon nepveu ; Mon filz est soulz - d'estre en ce lieu. (Pass. Auv., 1477, 241).

II. -

Empl. subst. "Saoul, satiété" : ...Et qu'il l'en devroit requerir, Puisqu'il en a devotion ; Et que c'est grant confusion, Et que Dieu courresce et offent Quant son service li deffent, Car à saoul et à geun Son digne service est commun, En tous cas, à tous et à toutes ; De ce ne fait il nulles doubtes. (MACH., P. Alex., p.1369, 226). Pour la caleur qui estoit grans, Fu Narcissus forment engrans Que de la fontainne il peuïst Boire et son sool en euïst. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 162). Tu n'auras pas dormy la nuyt la moitie de ton saoul ne ce qui estoit neccessaire a la substantacion de ta nature ; quelle devocion, doncques, et reverence a Dieu pourras tu avoir qui seras moitie endormiz a la messe ? (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 207). Quand elle vit ce, comme celle qui n'en avoit pas son saoul, elle luy osa bien dire [D'une femme avide de plaisir] (C.N.N., c.1456-1467, 348).

-

(Tout) mon/ton/ son saoul. "À satiété, autant qu'on veut" : De ces poissons je mengay tout mon saoul. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 39). La pourront plourer tout leur saoulz (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 88). Mais qu'il ait le jour une miche Et ung oignon pour sa pitance Et [a] boire son so de despence, Il sera grandement pourveu. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 194). ...[il] luy dist (...) qu'il retourne quand il aura bien besoigné et tout son saoul. (C.N.N., c.1456-1467, 76). ...la mule, quand elle eut beu son saoul, naigea tant par le Rosne qu'elle trouva la rive (C.N.N., c.1456-1467, 313). ...de quoy il eut bientost ris son saoul, pour ce qu'ilz avoient perdu grant temps et si avoit beaucop fraié et despendu à l'avitaillement desdiz navires et au soudoy desdiz gens de guerre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 245). Et adonc s'en party ledit Mathurin de la place et manda audit suppliant, par ung page, qu'il l'avoit menacé de batre, mès qu'il le batroit tout son saoul et le mettroit en pourpoint, ou il ne sortiroit pas dehors. (Doc. Poitou G., t.11, 1469, 145). Or sa, plus n'en fault parler ; Je m'en vaiz plorer mon soulz. Plus ne porroye parler. (Pass. Auv., 1477, 278).
 

"Fainéant" : Et s'il est impotent ou piffre ["bon à rien"], Desnaturé ou tavernier, Sauldouvrer qui semble une ciffre, Hasardeur qui n'a ung denier, Ribault ou pire que monnier, Je tais les aultres mauvaistiez, Encor le malostru asnier D'elle se dira mal traictiez. (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 139).

REM. Cf. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 157 et FEW, n.13, p.250b-251a. Employé comme nom propre : : BARATHA. Vien a mon seigneur, et aporte Les ostilz de charpenterie. SAOUL D'OUVRER. A cella ne fauldray je mie ; Drille ne gagnay de cest an. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 140).
 

A. -

"Qu'on peut rassasier, assouvir" : ...et esprent toutefoiz par convoitise de user de chose non saoulable (VIGNAY, Le Miroir historial C, 1333, IV, 735). Saciabilis (...) : saoulables (Aalma R., c.1380, 365). Saciabilis (...) : saoulables (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 440). ...l'universe partie du monde convenoit estre serve et troublée par seule affection orgueilleuse, et peut-estre procédant d'un seul tyran, comme du non solable calamiteur du monde, Alexandre, qui par multitude de ses osts supplanta la terre, humilia les régions, espouvanta les peuples (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 4). Qui fait les loys varïer et droiture, Faulx exaulcer, vertueux bas gesir ? Elle [Envie] qui a non saoulable desir ! (Lyon cor. U., 1467, 60).

B. -

"Qui rassasie" : La .XII.^e estoille, qui est la principale de leur gloire, sera la vision de celle benoite Trinité en unité d'essence divine, où ilz se mireront et la contempleront incessamment, dont la joye et delectacion est à nous incomprenable et non mie à eulx, saoulable si comme sont à nous noz communs plaisirs et joyes (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 51).
 

"À satiété"

REM. Gloss., Montpellier Éc. de Méd. 110, c.1380 (satiabiliter : saoulablement), ds GD VII, 312c.
 

"Rassasiement"

REM. Gloss., Montpellier Éc. de Méd. 110, c.1380 (satiabilitas : saoulableté), ds GD VII, 312c.
 

"État de qqn qui est comblé" : Sacietas (...) : saoulance (Aalma R., c.1380, 365).

REM. Gloss., Montpellier Éc. de Méd. 110, c.1380 (satietas : saoulance) et Gloss., Paris B. N. lat. 17881, c.1400 (sacietas : saoulances) ds GD VII, 312c.
 

"Celle qui se soûle de nourriture, qui est gorgée de nourriture" : Orgueil trebuchera qui si hault y veult monter, Ire la forcenee n'i pourra demourer, Luxure, la paillarde, et Gloutonnie, la soullarde, et autres Vices mauvais n'i pourront dedens entrer. (GERS., Pent., p.1389, 74).
 

"Ivrogne" : LE PREMIER GENTIL HOMME. C'est faict ! nous voela deservys. A tous les deables le saulard ! LE MOUNYER. Que se vin icy est gaillard Et un souper prins d'un bon zelle ! (Gent. moun. T., c.1500, 368).
 

"Satiété"

-

Toute sa saoulee. "Tout son saoul" : Elle [Marie] s'en va au monument De Lazaron, en mon entente, Affin que son frere lamente Et pleure toute se sollee. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 200). Vous [Jésus] arez de si fais esbas, Anuyt, toute vostre saoullee ; Vostre crupe sera frollee A poste(,) mocquant et jouant. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 263). Vous arés de sy faiz esbas, Ennuyt, toute vostre soulee ; Vostre croppe sera foullee A poste en mocquant et jouant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 738).
 

A. -

"Rassasiement" : Quant a la consideration de la vanité des choses est dit en Ecclesiaste ou premier chapitre : "J'ay veü toutes choses qui se font dessoubz le soleil. Et vechy partout vanité". A bon droit sont dittes vanité, car pas ne donnent plenitude ou rasasiement a chelui qui les contient, ne aide a chelui qui se apuie, ne saoulement au mengant, c'est chelui qui en use. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 339). Saoulement : saciacio (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 260).

B. -

"Satiété, lassitude" : Et par ainsi, il vivera tousjours en jenne eage tant qu'il lui plaira, sans sentir maladie, langeur ou aucune douleur, mais que tousjours joie et deduit, sans saoulement ne desplaisance avoir, lui soient presens. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 48).
 

"De manière à rassasier, à satiété" : Sature (...) : saoulement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 445).
 

A. -

[Idée de satiété]

1.

"Faire boire ou manger à satiété, repaître" : Encor, dist elle, te demant Se point ses sa capacité Et de combien assasié Ou saoulé estre pourroit (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 280). Il [le Christ] ot fain pour nous saouler, Et s'ot soit pour nous abuvrer De sainte pardurable vie. (Mir. st Sev., 1362, 233). ...a tel couppe Boire te feray, ou seras Saoulé, car tu sanc buras (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 209).

-

Se saouler de qqc. "Manger ou boire de qqc. à satiété" : ...et toutesfoiz ilz sont si peu ceulx qui lui ouvrent la porte que du relief du souper, helas, pou en y a qui s'en peussent saouler (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 443).

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Se saouler de sang : Cestui prenostica audit Cirye que par la collere d'une femme seroit saoulé de sang humain, ce que advint. Car la royne Tamiris le print en bataille où furent tuez IIm de ses hommes, du sang desquelx elle fist emplir ung vaissel et lui fist coupper la teste et gecter en icellui, disant : "Saoule toy du sang humain duquel tu as eu si grant soif et desir de le espandre". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 r°).

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Saouler la famine : Elle adoucira ta dolour Et refroidera ta chalour ; Ta famine saoulera Et ta grant soif estanchera. (MACH., C. ami, 1357, 78).

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Se saouler de manger : ...après qu'ilz furent saoulez de menger demoura de relief XIJ corbeilles (C.N.N., c.1456-1467, 488).

2.

Au fig. "Satisfaire, combler (qqn, son coeur, ses désirs...) (de qqc.)" : Qu'Amours, qui est de si noble nature Qu'elle scet bien qui aimme sans fausser, Scet bien paier aus amans leur droiture : C'est les loiaus de joie saouler Et d'eaus faire savourer Ses douceurs en habundance (MACH., R. Fort., c.1341, 73). Dieux, te venroit il a plaisir A moy de grace pourveoir, Tant que cil oeil ci de veoir Ycellui soient saoulé, Par qui de mon cuer reveillé Seront li oeil ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 221). La dousisme estoit Souffissance Qui de trés humble pacience Estoit richement aournée Et abondanment saoulée Et pleinne de tous biens terriens. (MACH., J. R. Nav., 1349, 181). ...nul vivant ne puet estre si saoulé de bonnes meurs que encore n'en veulle bien plus (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 290). ...en regardant s'i console Et son coer en pest et soole [d'une image] (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 71). Com plus le voi, et mieuls le prise ; Mes soëlés je n'en puis estre. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 96). Ces parolles et aultres que li rois leur disoit les soela un petit, mès nonpourquant toutdis recommençoit leur rihote (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 57). Car je l'aim tant et si desiramment Qu'adès vorroie aveuc li demourer Et son parler, dont tel douceur descent Qu'autre douçour ne s'i puet comparer, Toudis oïr ; ne mes yex saouler Ne porroie jamais de li veoir. (MACH., L. dames, 1377, 34). Ne riens ne puis veoir qui me puist plaire, Ne je ne sçay nulle chose penser Qui tout ne soit à mon desir contraire, Ne je ne cuit plus mes yex saouler De sa biauté veoir et remirer Qui si destruit mon las cuer et martire Que je ne sçay congnoistre joie d'ire. (MACH., L. dames, 1377, 44). Je ne fine nuit ne jour de penser À ma dame que j'aim de vraie amour, Et si ne puis nullement saouler Mon cuer d'assés penser à sa douçour ; Car la joie de la plaisant savour Que mes cuers sent en ce dous pensement M'i fait penser adès desiramment. (MACH., L. dames, 1377, 53). Mais plus cuidoit on estaindre ce feu, et plus fort s'alumoit. Et maintenant son desir est saoulé et rempli de [l]a fontaine de vie et de justice. (GERS., P. Paul, a.1394, 512). Ou, diable, prenderoit il la finance pour soeler ces Alemans ? (FROISS., Chron. D., p.1400, 337). : Mais ja avoient les Englois pris et levés tant de biens et de bons meubles, que bien lor devoient sousfire ; et tant en avoient amené des aultres villes conquises et dou plat pais que tout en estoient cargiet et soelet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 695). Mais ton orgoeul intollerable et ton avarice insaciable ne te poeult emplir ne saouller (LA SALE, Sale D., 1451, 86). Or sa, pour m'amie souler, Maintenant va le decouler [Jean-Baptiste], Et mect la teste dens ce plat. (Pass. Auv., 1477, 98). Aultrement ne nous peult souler Messïas, si non qu'il soit Dieu. (Pass. Auv., 1477, 156). Sy fault pour saouler mon envie Qu'i passe son commandement, Tant que la ligne en soit ravye Avec nous en peine et torment. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 47). Soit la mort saoule(e) et assouvie, Faictes tout gerre humain mourir. (Cene dieux, c.1492, 112).

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 54/34.

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Saouler ses yeux de dormir. "Dormir tout son saoul" : ...en ly [le paresseux] non a aultre desduit Si non a bien souler ses yeulx De dormir et n'est curïeulx En rien de sa salvacion (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 8).

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(Se) saouler de pleurs. "Pleurer tout son saoul" : S'en est mes vis descoulourez Et mes cuers de plours saoulez, De griés souspirs entremeslez, Et tout par toy. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Doulx yeulx, je vous veulx regarder. Premier de pleurs me soularé. (Pass. Auv., 1477, 105).

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Saouler qqc. (un besoin, une tendance...) : Et com plus la boy plus me seche Ceste yvresce, et touzjours m'esleche, Et me fait joir et doloir, Et en saoulant mon vouloir Se reemplist de convoitise. (Mir. emp. Julien, 1351, 222). ...combien que avarice ne se puisse saouler (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 365).

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Se saouler : [Dieu] Fist la mort issir de sa cage, Pleinne de forsen et de rage, Sans frein, sans bride, sans loien, Sans foy, sans amour, sans moien, Si trés fiere et si orguilleuse, Si gloute et si familleuse, Que ne se pooit saouler Pour riens que peüst engouler. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149).

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Se saouler de : [Dieu] Fist la mort issir de sa cage, Pleinne de forsen et de rage, Sans frein, sans bride, sans loien, Sans foy, sans amour, sans moien, Si trés fiere et si orguilleuse, Si gloute et si familleuse, Que ne se pooit saouler Pour riens que peüst engouler. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149). De plaisance me veulx souler, Pour consouler Mon corps a tout son beau plaisir. (Pass. Auv., 1477, 135).

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Se saouler de + inf. "Se satisfaire de, se contenter de" : ...les tresnobles et sains roys, empereurs, (...) par tresgrant devo[cion] ne se pouoient saouler de donner a l'eglise, non tant seulement rentes communes et bien revenans sans grant travail (...) mais par grande devocion (...) donnerent les citez et chasteaux et haultes et royales seigneuries sans nombre (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 299).

B. -

[Avec une idée plus ou moins marquée d'excès, de lassitude] "Lasser" : Quant Rosemonde fu saoulee de son second mari, elle vault avoir le tiers et vit le seigneur de Ravanne qui estoit biau chevalier. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 239). Apres aucun temps Rosemonde fu saoulee du second mary qui tant avoit fait pour elle, et veit le seigneur de Ravenne, plusbeau chevalier que lui. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 349). ...et ne soit à nostre calumpniateur thedieux de oyr ce reciter que tant de gens ont escript en la science des estoilles, encores sont plusieurs choses demourées intactées que je espere, aidant Dieu, aucunes d'icelles à joindre à ces parties et, pour le saouller, sache que c'est science ronde, qui n'a point de fin. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 112 v°).

-

[Sexuellement] : ...ce lourdault (...) s'i ingera faire son devoir envers sa femme et si sottement s'i porta qu'elle en fut saoullee des la premiere fois (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 96).

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Se saouler (de) + inf. "Se lasser de" : ...li princes de Galles... ne fu onques soelés ne lassés... de guerrier et de tendre à tous haus et nobles fais d'armes (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 216). Je ne me puis saouler De penser, d'ymaginer Que je feray Ne quel maniere j'aray, Quant le vis cler De ma dame qui n'a per Premiers verray. (MACH., Motés, 1377, 625). Sinope fu celle appellee, Qui oncques ne fu saoulee De combatre et de guerroyer. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 11). Ne serez vous aussi jamais saoulez de traveillier cuers et les murtrir ? (LA SALE, J.S., 1456, 300). ...retourne arriere et gette l'oeil de rechef sur ce dit mal, et ne se peut saouler de assez regarder. (C.N.N., c.1456-1467, 35). L'on fit apporter le bras Sainct Leu et jura le Roy de France la paix entre luy et le duc de Bourgoingne, et ne se povoit saouler de se fort obliger en ceste partie ; et le duc de Bourgoingne jura ladicte paix et promist de la tenir et entretenir envers et contre tous. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 84). Pour toy servir et honnorer, Abandonner Tout ce que j'ay, Jhesus, vouldroye. Je ne me sçaroye souler, Toy adourer, Ne gracïer si que devoye. (Pass. Auv., 1477, 131).
 

"Satiété, rassasiement" : "Mon Dieu, ainsi com prent medicine, ainsi doi ge prendre viande et quant je venois au repolz de sacieté [var. saoulesce] et j'avois oustés les molestes de indigence, en ce passage, me sourve[n]oit le lien de concupiscence..." (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 806). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348] [Dans un passage sur les bienfaits de la prière] L'on list ou tiers livre des Roys, ou premier chapitre, que Bersabee, qui est exposé puiz de saouletez [var. saoulesce (le puits de Bersabée, le puits qui abreuve à satiété)], c'est a dire l'Eglise triumphante, dist a son filz, c'est l'Eglise militante, qu'il avoit eu le regne par ses prieres. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 1026). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348]

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"Source de satisfaction, ce qui comble" : Elisabeth vaut autant a dire comme mon Dieu la cognut ou elle est septiesme de mon Dieu ou saoulesse de mon Dieu (...). Et si est dite de mon Dieu saoulesse, car Dieu l'a saoullee et remplie de resplendeur de verité, de doulce souefveté et de vigueur de eternité. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 1069). [Le mot est déjà dans Vignay]
 

"Satiété, rassasiement" : Sacietas (...) : assasiemens, saouletés, repletion, refection (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 440). Saouleté : sacietas (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 260). [Dans un passage sur les bienfaits de la prière] L'on list ou tiers livre des Roys, ou premier chapitre, que Bersabee, qui est exposé puiz de saouletez [var. saoulesce ; (le puits de Bersabée, le puits qui abreuve à satiété)], c'est a dire l'Eglise triumphante, dist a son filz, c'est l'Eglise militante, qu'il avoit eu le regne par ses prieres. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 1026). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348]

REM. GOULAIN (1374, la tierce chose est saouleté ou refection apres [l. aprés] faim) et Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s.) ds GD VII, 313b.
 

MÉD. "Rassasiement, indigestion" : ...ou estre trop saoul, avec vouloir de vomir sans getter, et est appellee telle maladie sacietas nauseativa, saouleur nauseative (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 110).