"Prouver"

Rem. Cf.  ; AND : aderener.
 

[Sur araisner] "Susceptible d'être accusé"

Rem. Cf.  ; AND : arenable.
 

"Accusation"

Rem. Cf.  ; AND : arenement.
 

"D'un abord facile" : Raisonnables en tous avis, Araisonnable en vrai devis (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 83). AFFABILIS : (...) bien enparlés, bien araisonnables (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 10).
 

"Fait d'adresser la parole à qqn" : Amistié advient moins entre les homes severes et viellars de tant come ilz sont plus ydiotes et moins arraisonnans, car les parlers et les arraisonemens sont choses amiables et qui font les amistiés. (PREMIERFAIT, Vraye amistié D., 1416, 274). Affamen, affaminis : araisonnemens allocutio (...). Affatus (...) : araisonnemens bel et douls apparlemens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 10). Affamen (...) : arraisonnement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 10).
 

"Raisonnablement, en développant son argumentation"

REM. BERS. ds GD I, 373b (et araisonneement a parlé a eulz).
 

A. -

"Faire entendre raison à qqn ; le ramener à la raison" : ...il couvenoit Que les dames les arraisnassent [var. arrestassent] Tellement qu'elles les ostassent De ce tourment, de ceste rage (MACH., D. Lyon, 1342, 197). Mes amys, n'ayez souspeçon, Vueillez voz cuers araisonner, Car c'est Dieu qui nous veult donner Le Saint Esperit ; il est saison. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 447).

-

"Mettre qqn à la raison, le remettre en place" : Enferez les bien seurement [les prisonniers] En fers tout neufz, gros et pesans, Rudement faiz et fassonnez, Affin qu'ilz soient araisonnez L'autre fois quant on parlera A eulx, quant ordonné sera Par monseigneur. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 86).

B. -

DR. "Citer qqn en justice pour qu'il expose ses raisons de droit, à propos d'un litige" : Jugement (...) que dit coment que une femme qui est hoirs d'un sien oncle truevet que ung homme thient une piece d'eritaige que la femme de son oncle a laixiet a cens pour son treffons, et qu'il l'ont bien tenus .XVIII. ans sans estre araisonner. Li maistre-escheivin dit que li femme l'ait bien a avoir de pairt son oncle. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1346], 250).

-

Arraisonner qqn [d'un délit dont il s'est rendu coupable] devant [un conseil, une juridiction...] : ...nous vous signiffions que nous envoiasmes nadegairs pur un Thomas Brigge et lui avons fait aresoner devant nostre conseil a Londres d'une certeine offense qu'il fist en nostre courte (Lettres agn. L., 1399, 50).

Rem. J. Balon, Gd dict. de dr. du Moy. Âge, 1973, 749-750, s.v. arraisner, relève le sens de "citer en justice" dans des textes wall. du XIV^e et du XV^e s.

C. -

P. ext.

1.

"Interpeller, apostropher qqn" : Puis recommenca a perler Le bourrel et ceux aresner Qui autrement, si com est dit, Pendoient (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 167). Jason, qui fu d'eulx tous le chief, Premier aregna (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 35). L'empereur [Alexandre le Grand] si l'araisonna [Dïomedés] : "Pourquoy es tu laron en mer ?" L'autre responce lui donna : "Pourquoy laron me faiz clamer ? Pour ce qu'on me voit escumer En une petïote fuste ? Se comme toy me peusse armer, Comme toy empereur je feusse..." (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 32). De ceste cité solennelle Vous m'avés estably portier. Et pour ce que c'est mon mestier D'arraisonner gens en passant... (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 18).

-

[De Dieu] "Interpeller (l'âme dévote)" : Ou secret du cueur, sur la couchette de sa conscience est l'ame devote amoureusement arraisonnee et de aymer priee et de plus en plus enflammee (Disc. amour divine, 1470, 33).

-

P. anal. Arraisonner la guerre. "Provoquer, déclarer la guerre" : Sur quoy chascuns autre desfie, L'un claime avoir la seignourie De l'omme ove tous ses propretés, Et l'autre dist qu'il n'avera mie ; Einsi la guerre est arrainié (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 213).

2.

"Adresser la parole à qqn, lui parler" : Si l'arresna tout humblement Comme sage et devote ancelle... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 324). ...personne qui en li par vraie amour a son desir et affeccion en li disant les paroles proposées l'araisonne en trois maniéres, c'est assavoir en li loant, en li priant et en li promettant. (Mir. ev. N.D., c.1348, 59). Mais la dame bien apensée Moult sagement m'araisonna, Et en parlant sens me donna De respondre après son parler (MACH., J. R. Nav., 1349, 183). Et quant revint doucement a Araisonné le chevalier... (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 190). Molt bel le prist a aregner En li loant molt grandement. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 272). Lors en prist sa maignie moult tost a asraingnier, Et dit... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 36). Et Clarisse commance Lion a araignier : "Biaulz sire, dit Clarisse, entandés mon cudier..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 314). Lion en vint au roy ens ou pallais plennier, Et pués le commansait tantost a araingnier. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 453). Clarinde la roÿne alla araisonnant Blanchandine la belle qui moult se va doubtant, Et lui a dit : "Beaus sire, or oyés mon semblant..." (Tristan Nant. S., c.1350, 523). Lors mout courtoisement l'ala aressonner Et li dist... (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 159). Je n'osoie mot sonner, Li touchier në araisonner Pour ce qu'elle estoit endormie (MACH., Voir, 1364, 3691). Florée cuida d'un varlet Estre aresnie vraiement (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 219). ...doulcement m'araisonna A celle heure et si me donna Cest annel (Mir. st Alexis, 1382, 367). Celle l'entent, sy le fist de boire et de mengier et aprés disneir l'arasonat et dist... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 4). Puys vint a son treit et araisonnat les ostaiges : "Barons, vous saveiz que..." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 158). La vint li roys isnellement Et courtoisement les arresne. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 300). ...adont (...) arraisonne La dame et ainsi la sermonne (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 21). Jason, qui fu d'eulx tous le chief, Premier aregna (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 35). Plus ne l'en peüst nul garder, Quant Medee, un jour, l'araisonne (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 38). "Girart," dist Galien, "moult me puis merveillier, Qui sont ceulx que je voy la en se sentier ?" "Sire," ce dist Girart, "c'est ung faulx pautonnier, Rochart, frere Hugon, et sont a mon cuider Ses nepveuz avec lui qui ne vont pas chacer." "Girart," dist Galien, "je les vois aresgner Et les commanderay a Dieu le droicturier..." (Galien D.B., c.1400-1500, 19). ...devant moy je vy Ung vieil homme (...) Un peu se teut, et puis m'araisonna, Disant : "Amy, n'avez vous de moy cure ? Je suis Aage..." (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 99). Adont il commença a arraisonner le jennenceau par belles parolles (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 533). ...devant les gens ne vous veil gueres araisonner, affin que ne soiez de moy suspeçonnée (C.N.N., c.1456-1467, 120). Le dyable se comença a lui arraisonner et lui dist... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 113).

-

Empl. abs. : Molt la regarde, un seul mot ne li dit, Voit ce la dame, lors prent a arener, Le vin demande pour tost s'en delivrer. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 141).

-

Arraisonner l'un l'autre. "S'entretenir l'un l'autre" : L'un voulet l'autre aresonner (Vie st Evroul S., c.1350, 76). Aprés disner l'un l'autre arraisonna, Mais de quelz choses plus avant ne m'enquiers. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 163).

-

Empl. pronom. S'arraisonner avec qqn. "S'entretenir avec qqn" : ...pendant ce que la dite dame dançoit, il se vint araisonner avec la chamberiere qui estoit illecques assise (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 199).

3.

Arraisonner qqn (de qqc.). "Interroger qqn (à propos de qqc.) ; ouvrir le dialogue avec qqn (à propos de qqc.)" : Le sires le vault arraignier : "Ou as tu", dist il, "puis esté Que tu issis de cest osté ?..." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 100). Guillamme le sien oste en prist a esraignier : "Hoste, pour Dieu de gloire, dite moy san cudier De qui tient on or ceu noble hiretier Et la noble citeit qui tant fait a prisier ?..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 912). Et vint vers moy, si m'aresgna En moy demandant : "Qu'avez fet ? Sont il tous deux en Chastellet ?" (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 180). Si l'araisonnai dou Buisson Ou j'avoie ja grant fuison Cheminet amont et aval (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 100). Si retourna dedens Arde, et remoustra as chevaliers et escuiers qui là estoient, toutes les parolles et raisons de quoi on l'avoit aresné, et comment on les maneçoit (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 246). Si avisa temps et lieu au plus brief que il pot de arraisonner les Gennevois de ceste chose (Bouciquaut L., 1406-1409, 300). Adont la royne la prent et arraisonne de plusieurs choses si la treuve tant sage et de si belle responce que à soy mesmes la louoit plus que femme que elle eust oncques mais veue. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 438). Lors la royne premiers araisonna Saintré de sa venue a la court d'Arragon (LA SALE, J.S., 1456, 140). Et (...) l'avoit priz ung archier, qui au Jouvencel estoit. Et le arraisona le conte et lui demanda des nouvelles à son plaisir. Puis le fit boire et menger et l'en envoya au logeiz de son maistre. (BUEIL, I, 1461-1466, 218).

-

Arraisonner (qqn) sur qqc. : Sur la somme de mil ducaz en quoy Bernard de Barquières estoit obligié par une lectre de change par lui baillée à Jehan Jaunac, facteur de Anthoine Noir, l'un des principaux facteurs de Jacques Cuer, j'ay fait avaluer et araisonner par Secondin Bossenin et autres marchans de ceste ville de Montpellier (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 226).
 

A. -

"Propos ; conversation ; démonstration"

1.

"Propos" : Item, toutes ses paroles et deresnes que il a en convivre avecques les autres, il les raporte et refaire [mis pour refere] a bien honeste ou a bien conferent, utile et proffitable. (ORESME, E.A., c.1370, 265).

2.

"Conversation" : En conversacion humaine, en communiquer et convivre ensemble, quant est en deresnes et parler ensemble et autres manieres de soy avoir et de soy contenir, les uns semblent estre plaisans et veulent toutes choses loer en raportant a la delectacion et plaisance de ceuls avecques qui ilz conversent. (ORESME, E.A., c.1370, 264). Et tele chose avient as collocutions ou desrenes ou as sentemens ou operations des choses ; ce est assavoir que nous amons plus toutes choses premieres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 338). Or furent il tant en ces derennes que l'eure du souper fu venue, sy furent les tables mises (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 178). A ces parolles et derrenes joyeuses qui estoient en la chambre... (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 181).

-

Avoir deraisne à qqn. "S'entretenir avec qqn" : ...il s'acompaignoit toudis de flasseurs et de gens menteurs et bourdeurs et de petit essient, si l'en hayoient les vaillans hommes, car a ly ne pooient avoir desraine ne conseil pour telz mocqueurs et gens de nient. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 301).

3.

"Démonstration, raisonnement" : Mes elles [les moiennes vertuz] different ; car une est vers veritéz en diz et en faiz et les .II. autres sont vers delectacion, une est en giex, et l'autre est en desraisnes selon autre maniere d'estre en ceste vie. (ORESME, E.A., c.1370, 272).

B. -

"Action de soutenir son droit (y compris par les armes)" : Et touchant la distribution des advocas et le desrene que les parties voudroient faire... (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1451, 412).

Rem. Ex. d'a.fr. et Lancelot éd. 1488 ds GD II, 522a-b.
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Deraisner qqc. "Exposer qqc. (oralement, en détail, en partic. pour se justifier), rapporter qqc." : Quant il ouÿ la mort conter et desrenier De son cousin germain, n'i ot que couroussier (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 208). Là vorent en allant maint parler desranier Comment il se poront à leur pere acointier. (Hugues Capet L., c.1358, 100). ...je suis ung messagier (...) pour compter et nunchier Un message (...) Que je doy a vo dame de bouche desrenguier [l. peut-être desrengnier] . (Cip. Vignevaux W., p.1400, 187). Pour venir a conclusion Brieve, sanz grant narracion Diray comme ilz s'en departirent, Sanz recorder tout quanqu'ilz dirent, Qui long seroit a desrener. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 258).

B. -

"Soutenir (une cause) par les armes ou devant la justice" : Bien voy que vous irez là dehors tournoiier, Contre nos anemis nostre droit deregnier (Hugues Capet L., c.1358, 140). ...veulent estre tenus de mettre leur corps pour leur droit desraigner, garder et deffendre encontre tout autre seigneur (Bouciquaut L., 1406-1409, 165). ...tant comme j'aurai vie, je mectrai corps, avoir et povoir à desrainier la querelle de mes nepveux (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 311). ...il est temps que vous faciez vostre chevalier venir demener [var. desrenier] vostre cause. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 638). Jugement de Jehan le parmantier d'une pairt, et de Marguerite, femme Jaicomin, d'Espaigne, d'autre pairt, que dit que, se ung homme cognoit une debte en plait et li eschevin le tesmoingent, combien qu'il n'en ait nul parchamin, il convient la debte paier, ne ne s'en puelt cil deffendre come pour dire : qu'il le desraignereit que rien ne li doit. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1331], 88).

Rem. Chev. papegau C.V., c.1400-1500, 43/19.

C. -

Deraisner qqn de qqc. "Disputer qqc. à qqn" : ...a tort il [ce traitre] tient ma terre Si l'en vueil corps a corps conquerre Et desregnier. (Mir. Oton, c.1370, 377).

II. -

Empl. intrans. "Tenir un discours argumenté" : Quant li frere ont oÿ l'oste enssi desraynnier, Dont disent qu'il yront au palais acointier. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 154). "Signeur", dist l'empereres, "bien vous oy deraisnier..." (Flor. Rome W., c.1330-1400, 143).

-

Sans deraisner. "Sans avoir à se justifier" : Je vous deffy de Dieu sans auques [si peu que ce soit] desrainnier ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 646).

-

Deraisner à qqn. "S'entretenir avec qqn pour lui exposer qqc." : .Je vueil aler au roy parler et desranger, Et demander si cuide que nous soions berger, Ou bastars avolez ou enfans de mestier. (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 90). Je suis venu a lui la belle calengier, Or me faittes a lui parler et desranger (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 111). Toutesvoies, ceste vertu differe de vraie amisté, par ce qu'elle est quant est de soy senz ce que celui qui a telle vertu ait passion et senz ce que il ait dileccion a ceuls a qui il parle ou deresne ou converse. (ORESME, E.A., c.1370, 264). Se loeroie bien (...) C'on feïst ung message en la cité aler Qui bien sceüst a lui desrenguier [l. desrengnier ?] et parler (Cip. Vignevaux W., p.1400, 185). Et sy ne set as gens parler ne desrainnier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 141).

.

Deraisner avec qqn : Et universelment, comme dit est, tel vertueus parle et deresne aveques chascun telement come il appartient. (ORESME, E.A., c.1370, 265).

-

Deraisner ensemble. "Discuter, dialoguer en échangeant des idées, des arguments sur tel ou tel sujet" : Mais Courtoisie, einsi com dire doy, Le chevalier Acompaingna liement, sans dangier, Et Honneur volt la dame acompaingnier ; Lors se prirent ensamble a desraisnier. Si s'en alerent, Tout en parlant, la ou il les menerent, Par les degrez de marbre qu'il monterent, Tant qu'en la chambre au bon roy s'en entrerent. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112).

-

Deraisner de qqc. "Parler, discuter de qqc." : De leur journeez n'ai cure de desrainnier. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 412).

-

Se deraisner. "S'entretenir, converser"

Rem. WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, gloss (desraignier).

REM. Sens de "le disputer à qqc." ds l'ex. suiv. (?) : Tiercement, nul droit positif ne peut deregner a droit naturel ne obligier a faire contre droit naturel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 317).Ou erreur de lecture pour deroguer "déroger" ?
 

"Celui qui expose qqc., qui soutient, qui affirme"

REM. Doc. 1483 ds GD II, 522b-c.
 

A. -

"Ce qui est déraisonnable, ce qui est contraire à la raison, folie" : ...Un homme, c'est grant desraison, Qui d'embler onques ne fina (Mir. prev., 1352, 261). ...c'est raison Que mal viengne de desraison (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 157). Ou Amours est, il veult que tout soit sien Et gouverne sens, vouloir et maintien Par sa maistrise ; Et des qu'il a la pensee conquise Et ou logeis sa droitte merche mise, Il y veult faire aussi bien a sa guise Qu'en sa maison. Plus n'y a lieu le pouoir de raison ; Du chastïer n'est il mie saison ; Penser ailleurs, ce semble desraison. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 160). Pourquoy ne m'as aussi tost morte, Qui ne suis mie la plus forte, Que mon doulz per ? Ne comment te puis je eschapper ? Que ton dart ne me vient frapper, Ou brief ne tens a m'atrapper Sans tel langueur ? Maiz son ennuyeuse longueur Lui abregera sa vigueur En despit de ta grant rigueur Qui entreprent Contre moy que Douleur esprent, De quoy tresgrandement mesprent. Quant tout ne lesse ou tout ne prent, C'est desraison. (CHART., L. Dames, 1416, 216). Tu voys doncquez comme les regnes et les puissances establies sans doctrine ou conduiz par desrayson sont non certains, et tirent et le roy et le royaulme a paine et a mort, qui est la soulde et le guerdon de peché, selon saint Paoul. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47). A tort, a droit ou a grant desraison, J'ay esperance d'apporter la toison (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).

B. -

"Ce qui est déraisonnable quant au droit, à l'équité, ce qui est contraire au droit, à l'équité, injustice, tort" : De ses gens a toudis à faire ; Et s'il les tenoient au Quaire, Il sont si plain de desraison, De fausseté, de traison, Qu'il seroient trop mal venus Se d'eaus estoient retenus (MACH., P. Alex., p.1369, 179). ...mainte personne a laydie Sanz cause et a grant desraison (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 74). Ce sont ceulx qui se sont adjoins et aliez a voz desloiaulx et rebelles de ce royaume, dont a la desraison de leur querelle ilz ont adjousté desloiauté, en soustenant les oeuvres desloialles de leurs alliez et compaignons. (CHART., Q. inv., 1422, 18). Je congnay [l. congnoy] que j'ay mal ouvré De vous avoir ainsi frappé, Cause n'y avoit ne raison, Las ! j'ay fait moult grant desraison (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 207). Elle [Fortune] deust bien estre assouvye, Au retour de dure prison Ou j'ay laissié presque la vie. Se sy plaine est de desraison Que vueille que du tout desvie, Plaise a Dieu que l'ame ravye En soit lassus en sa maison ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 136).

-

Faire desraison (à qqn). "Faire du tort (à qqn)" : BELGIBUZ, SECOND DYABLE. (...) Puis qu'elle [Nostre Dame] nous fait desraison, Voulons nous li tort faire aussi. (Mir. enf. diable, c.1339, 5). "...Chiere dame, et vous savez bien Que qui rent le mal pour le bien, Que c'est uns horribles pechiez Pour ceaus qui en sont entechiez." Einsi prouvoient par raison Qu'elles faisoient desraison, Quant ami n'estoient clamé... (MACH., D. Lyon, 1342, 193). S'il sont bon, tu es assez sages Pour eaus bien paier de leurs gages ; S'il sont mauvais, fai leur raison, Sans faire point de desraison, Mais adès dois plus ta puissance Tourner a pité qu'a vengence. (MACH., C. ami, 1357, 135). Fine Amour, qui me vint navrer Au cuer, m'a fait grant desraison, Quant elle ne voloit saner Mon mal en temps et en saison, Mais tant me fait en sa prison Les tres griés peinnes endurer (MACH., Motés, 1377, 488). Item, seroit baillé aux compaignons de guerre conduite pour eulx en aller là où bon leur sembleroit et pourroient prandre de vivres sur les champs raisonnablement, sans faire oultraige ne desraison. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 238).

V. aussi desration
 

A. -

[D'une pers., d'un animal]

1.

"Qui est privé de raison" : Je le blasmay moult de ceste créance, en disant que ce n'estoit mie ames de gens, car ce estoient bestes desraisonnables. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric C., 1351, 304). ...teulx seigneurs ou juges ne devent pas, par rayson, estre appellés honmes humains, mez devent estre appellés bestes deraysonnables, car celluy qui ne fait lez fais d'onme humain mez de beste, doit estre miex appellé beste que honme (Songe verg. S., t.1, 1378, 345).

2.

[D'une pers.] "Qui n'est pas raisonnable, qui n'est pas mesuré" : Pour l'heure de ce siège d'Arras estoit madamoyselle de Bourgongne à Gand entre les mains de ces très desraisonnables gens, dont luy en survint perte et prouffit au roy: car nul n'y pert que quelcun n'y gaigne. (COMM., II, 1489-1491, 190). Allés dire a vostre maistre L'empereur qui adoure le dyable Qu'il est homme deraysonnable Et qu'il n'est ne bon ne loyal (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 77).

B. -

[D'une chose] "Qui est contraire aux lois naturelles, accessibles à la raison, qui est anormal" : ...aucuns de eulz desputent et deffendent que les planetes par un mouvement desraisonnable s'efforcent encontre le firmament (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 65).

-

[D'un chemin] "Qu'il n'est pas contraire à la raicon d'emprunter, de pratiquer" : ...car chemin y avoit qui point n'estoit perilleux, divers, forsé ne aucunement desraisonnable (RENÉ D'ANJOU, Mortif. Vaine Plais. R., 1455, 70).

C. -

[D'une chose, d'un dire, d'un fait, d'un comportement, d'un projet...]

1.

"Qui est contraire à la raison, au bon sens" : Item, dire que un homme qui fait choses injustes ne vueille pas estre injuste ou que un qui fait adultere ou stupie ne vueille pas estre incontinent, c'est un dit desraisonnable. (ORESME, E.A., c.1370, 199). Monseigneur saint Augustin (...) dist en ceste maniere que ce n'est mie chose desraysonable croyre que aucunes choses soient advenues de la volanté dyvine, sanz aucune science ou sanz art de dyvinacion, mez par aucune secrete disposicion divine laquelle le roy Saül et la Phytonisse, c'est a dire la divine, ne savoient mie ne si n'estoient dignes de le savoir (Songe verg. S., t.1, 1378, 369). ...car l'influence du ciel et dez elemens si fait une impression en corps humain, de laquelle impression une ymage d'aucunes choses avenir si est representee a l'onme en songent, et ce ne samble pas chose desraisonable, car nous veons que lez bestes mues, d'un mouvement naturel, si sentent lez pluies et lez vens avenir. (Songe verg. S., t.1, 1378, 382). Et soiez tousjours sur vostre garde, tant que la puissance soit vostre, car, se vous vous laissiez sourmarchier, il vous fauldroit gouverner a leur voulenté [des gens des pays conquis]. Mais toutesfoiz gardez vous que, quelx qu'ilz soient, durs ou debonnaire, que vous ne leur alevez nouvelle coustume qui soit desraisonnable. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Li gentils chevaliers (...) sentoit le roi de France durement creuls et hauster, et son consel desraisonnable (FROISS., Chron. D., p.1400, 757). ...considerée la simplece desraisonnable et arrogance d'icelle Université (BAYE, I, 1400-1410, 122). Se toutes tes miseres ne souffisent a toy humilier, regarde, je te prie, l'umilité de ton roy, de ton Dieu et ton Seigneur ; c'est chose trop desraisonnable veoir ung seigneur en toute humilité, et le varlet qui soit remply en tout orgueil et toute vanité. (GERS., Noël, p.1404, 295). ...afin qu'ilz [les ennemis] eussent occasion dampnee et desraisonnable de faire plus de mal que devant. (JUV. URS., Loquar, 1440, 368). Mais quant le prince escoute et respond benignement, il a ja le requerant a moictié sactiffait, et supposé que sa requeste fust ja du tout desraisonnable, sy s'en va il a moittié contens (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13). ...pesez voz vouloirs desraisonnables et le grand mal que vous voulez commettre a petite occasion. (C.N.N., c.1456-1467, 549). Aussi ceulx à qui Dieu fait la grace d'avoir bon corps, le doivent bien abandonner pour la foy de Nostre-Seigneur Jhesus-Christ et pour soustenir bonne querelle, non pas à boire d'autant et faire choses dissollues et desraisonnables ne excès sans cause, dont ilz ne sont requiz et ne prouffitent à eulx ne à aultrui (BUEIL, II, 1461-1466, 21). Où il y eut mainte disputation, sçavoir s'il yroit ou non, car l'emprise sembloit à tous gens saiges et experimentéz très deraisonnable, et n'y eut que luy seul qui la trouvast bonne et ung appellé Estienne de Vers, natif de Languedoc, homme de petite lignée, qui jamais n'avoit veü ne entendu nulle chose. (COMM., III, 1495-1498, 2).

2.

"Qui est contraire à la raison quant au droit, à l'équité, à la mesure, qui est injuste, excessif" : La pointure d'une vipere Qu'est incurable En riens a li ne se compere, Car elle [Fortune] traïroit son pere Et mettroit d'onneur en misere Desraisonnable. Se Fortune aimme, c'est de loing ; Elle faut toudis au besoing, N'elle n'a de personne soing, Soit vil ou monde. (MACH., R. Fort., c.1341, 34). Celui est continent qui a mauvais desiriers, comme par yre a venjance desraisonnable ou par concupiscence a luxure ou a gloutonnie. Et avecques ce, il a bon jugement de raison lequel il ensuit, et par ce refrene ses mauvais desiriers. (ORESME, E.A.C., c.1370, 143). ...encore est chose plus non digne et plus laide et desraisonnable que tu trebusches et chiees de l'oneur royal (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 109). ...les empeschemens desraisonnables dessusdiz (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1394, 11). ...lesdictes lettres lui sembloient très desraisonnables et au Roy prejudiciables (FAUQ., I, 1417-1420, 122). Et quelles exactions sont aujourduy desplaisantes et desraisonnables... (JUV. URS., Nescio, 1445, 510). ...les exactions desraisonnables que font vos officiers sur le fait des aides ordinaires que des tailles (JUV. URS., Verba, 1452, 349).

-

"Injustifié" : Haa, mere, jadiz habondant et plantureuse de prosperité et ores angoisseuse et triste du declin de ta lignee, je reçoy bien en gré ta correction et cognois que tes plaintes ne sont point desraisonnables ne sans cause, maiz trop m'est amere desplaisance que j'aye de ce meschief la perte et le reproche ensemble et que m'en doiez en riens tenir suspect quant d'autruy coulpe je porte la tresaspre penitance. (CHART., Q. inv., 1422, 20).
 

A. -

"De manière déraisonnable" : Mes telz legislateurs donnent occasion de villain pechié oveques enfans masles, et pour ce, celui qui composa la fable de Mars et de Venus ne parla pas desraisonnablement quant il disoit qu'il fussent conjoins ensemble. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 100).

B. -

"À tort, injustement" : Et aidiez et conseilliez les vefves et les orphelins, et honnourez toutes dames, et confortez toutes pucelles que on vouldroit desheriter desraisonnablement. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

-

Non desraisonnablement. "À juste titre" : Mais a ce se descordent les oeuvres de amistié que l'en fait a soy meïsmes et non pas desraisonnablement (ORESME, E.A., c.1370, 477).
 

"Déraison" : ...pour monstrer et corrigier la tres grant desraisonnableté et passion desordenee qui est en home jaloux. (COL, Resp. deux traités H., 1402, 100).
 

I. -

Empl. trans. [D'une chose] Desraisoner qqn. "Faire perdre la raison à qqn, l'égarer" : LA CHAIR. Le plain chemin asseure la personne, Le trop estroit souvent le desraisonne... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 640).

II. -

Empl. pronom. "Perdre la raison, s'égarer" : CREPI. ...Se Wautrequin se desraisonne, Moustrés luy quelque tour de bien. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 171).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Qui a perdu la raison, déraisonnable" : JOB. ...Si j'ay parlé a l'aventure Conme ung honme desraisonné, Respondre ne puis par mesure Conme cil qui a cens ordonné : De douleur suis environné Qui m'a fait parler foulement... (Pac. Job M., c.1448-1478, 364). Veulx-tu estre desraisonné, Faire irraisonnablement Tout ainsi et falliblement, Comme font toutes brustes bestes, Qui n'ont raison dedens leurs testes ? (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 327).

-

Jour desraisonné. "Jour de déraison" : Ire m'a tres fort gouverné, Et advint ung jour desraisné Que avoie les fievres traversaines, De nuyt comme tout forcené, M'en alay au lieu assigné Pour reveiller les marjolaines. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 35).
 

"Injustice" (synon. déraison) : SAINCT MARTIN. (...) Dectraction, Ambicion, Orgueil, envie, Polucion, Derracion Trop assouvie Sy les convie [les Arrïens], D'amour ravie, Par sodomyte infection, Pechant contre le fruyt de vie (LA VIGNE, S.M., 1496, 326).
 

Empl. trans. "Adresser la parole à"

REM. Vie sainte Febronne (ms. Xve s., il commanda au medecin que par son art il restoupast les trous dont venoit le sang affin qu'il cessast de courir, non point pour bien qu'il luy volsist, mais affin qu'elle ne finast point si tost sa vie, car il la voloit encore enraisonner et ses painnes renouveler) ds GD III, 218c.
 

A. -

[D'une pers., d'un animal] "Privé de raison" : ...et en celle maniere est mis en la mercy d'ung cheval et d'une beste inraisonnable, qui peut estre portée à terre par une dure atteinte, ou choper à par soy, ou mesmarcher (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 168).

Rem. Ex. de c.1500 ds GD IV, 610a.

B. -

[D'une chose] "Déraisonnable, contraire à la raison" : ...[il] s'en vint à cheval à Paris, seul, en entencion de faire et baillier à nos seigneurs les reformateurs une supplicacion ou requeste à l'encontre des personnes qui s'ensuivent (...) ; pour pluseurs griefs, extorcions et empeschemens inraisonnables à lui faiz par les dessus nommez, dès l'an LXVIJ, à cause de l'imposicion du vin vendu en gros, dès ledit temps, en ladite ville d'Aucerre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 127). Prenez sur eulx [les habitants des pays que vous avez conquis] vostre droit, sans eulx taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables (ARRAS, c.1392-1393, 86). ...vous m'avés fait plus de contraires en Bretagne, et a mes gens, que nuls aultres chevaliers. Mais je m'en sousferai et li laisserai faire ses volentés, et li osterai ce point inraisonnable et garderai mon honnour, et vous laisserai passer parmi courtoise raençon et legiere, selonch vostre estat, pour l'amour de mon cousin le conte Derbi, qui chi est, qui en a priiet bien acertes, mais que vous voelliés faire ce que je vous dirai. (FROISS., Chron. D., p.1400, 599). ...et moult de choses inraisonnables vous sont demandées. (Doc. 1405. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 115). ...fust a droit ou fust a tort, par quelque voye que ce fust, raisonnable ou inraisonnable, failloit reconsillier le peouple et faire retourner. (LA SALE, Sale D., 1451, 185). Quy doubte que le exaction du treu soyt demandee par enraysonnable justice (...) ? (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 386).

Rem. Doc. 1418 ds GD IV, 610b.

-

"Irrationnel, injuste" : Phasar et Pisson, ses deux enfans, creurent et souvent avoient en memoire la inraisonnable mort de leur pere Polinus (LA SALE, Sale D., 1451, 106).

V. aussi irraisonnable
 

A. -

[D'une pers. (ou d'un animal, d'une créature), d'un aspect de l'âme] "Privé de raison" : ...car eleccion n'est pas commune as choses irraisonnables ou qui ne usent de raison, comme bestes mues et enfans (ORESME, E.A., c.1370, 184). ...les creatures irraisonnables (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 281). Mescroiant chascun en sa Foy, Inutile à Dieu et à soy, Moult bestial, irraisonnable Néant piteux et variable, Tout ingrat à son Créateur Et des biens trop grant dégasteur (LA HAYE, P. peste, 1426, 35). ...une creature irrasonnable et sans entendement (Belle Maguel. C., 1453, 43).

-

[De l'animal] : Donques, concluons que ceste seignorie et auctorité conpete et appartient seulement a home qui est creature hummaine, raysonable, mortele, et la faculté, seulement, de prendre leur vivre aux bestes irraysonables appartient. (Songe verg. S., t.1, 1378, 210). ...il est une aultre noblece, laquelle est naturele et laquelle puet estre consideree en deux manieres : primierement, come elle appartient aux bestes irraysonnables et, en ceste maniere, lez bestes et lez oyseaux sont dittes et tenues plus nobles ou moyns nobles selon leurs bones operacions (Songe verg. S., t.1, 1378, 301). ...les hommes entre eux ne se poent point glorifier l'ung plus que l'aultre, mais tant seullement quant au regard des irraisonnables bestes (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 268).

-

[De l'âme végétative ou sensitive] "Étranger à la raison" : Et de ce devons nous user et nous aidier a present, comme de ceste division, c'est assavoir que de l'ame une partie ou puissance est irraisonnable ou senz raison et l'autre a raison ou est raisonnable. (ORESME, E.A., c.1370, 141). Or appert donques par ce que dit est que il a en homme deux manieres de puissances irraisonnables : une est nuctritive, qui est commune as bestes et as plantes et qui ne participe ne ne communique en riens avecques raison ou avecques la puissance raisonnable. L'autre puissance est concupiscible, et generalment tout appetit sensitif, et ceste ici participe aucunement avecques raison en tant comme elle obeïst a raison et essauce raison. (ORESME, E.A., c.1370, 144).

-

"Qui est insensé" : MARIE. Corps ayans ames raisonnables Sont grandement irraisonnables S'il ne font honneur à mon fils Qui est vray Dieu de paradis, Quant les corps qui sont immobiles Sans ames se rendent habiles De lui porter obedience Et de lui faire reverence. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 66).

B. -

[D'une chose] "Déraisonnable, contraire à la raison" : ...la voulunpté de Dieu ne puet estre irraissonnable (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 173). ...tu ne pourras avoir nulle cause de le delaissier [le sacrement] sinon a ton malice ou a ta negligence ou paresche et faulte de bonne voulenté, quy sont causes irraisonnables et dampnables (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 174). Et jugera sans faire a nul alliance et sans corrupcion de dons ne nulle amityé irraysonable (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 12).

-

"Irrationnel" : ...lequel [taux] ne se doit muer ne augmenter, pour quelque cas irraisonnable qui surviengne (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXXIV).

V. aussi inraisonnable
 

A. -

"De manière irrationnelle" : ...car ces manières de revenues de telle mutacion proportionnallement croisseroient ou diminueroient irraisonnablement et injustement au préjudice de plusieurs. (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXXVI).

B. -

"De manière déraisonnable" : ...il est notoire (...) comment partie adverse vint à Paris irraisonnablement (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 333). Et pourtant, se aucun avoit en son opinion que nostre saulveur extendit sa redempcion jucques devoir venir es anges et les devoir rachetter en aucun temps, raisonnablement il seroit convaincus, car irraisonnablement il seroit decheus (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 256).

Rem. RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 327.
 

"Caractère de ce qui est irrationnel"

REM. Ex. de GOULAIN 1374 (irracionabilité) ds GD IV, 610b.
 

"Déraisonnable, que l'on ne peut rationner" : Appetit corrompu, c'est appetit iracionable, quant on desire a menger croye ou charbon ou poissons ou chair crue et fruitz nouveaux et pontiques, sicomme nous le veons manifestement en femmes grosses (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 4). Appetit canin est grant, irracionable, que on ne peut saouler et qui plus menge, plus appete et l'appelle on canin que ainsi que le chien ne peut estre saoulé (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 4).
 

"Qui n'est pas doué de raison, irrationnel" : Item, les passions de la partie sensitive et irracionele ne sont pas moins humaines. (ORESME, E.A., c.1370, 183). [Nombreux ex. ds ce texte] Mes aussi comme le corps est avant que l'ame par generation, aussi est la partie irrationele et sensitive avant que celle qui a en soy raison. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 331).

Rem. FRIBOIS, Abr. chron. Fr. D.L., 1459, 99/25 (irrational).
 

A. -

"Ensemble des ascendants et des descendants, lignée" : Destruyt sera, luy et sa race (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 311). Entre les autres ung fort bien renommé appellé messire Philippes de Lalain, qui estoit d'une race dont peu s'en est trouvé qui n'ayent esté vaillans et courageux, et presque tous mortz en servant leurs seigneurs en guerre. (COMM., I, 1489-1491, 12). Plusieurs ont esté de ce nom en grande auctorité à Romme, desquelz dure encorre la race, qui tous ont aymé astrologie et ont les aucuns d'eulx composé livres ardus et subtilz en ceste science. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 r°). Mon chier enffant, je te supplie, ensuys La voye et trace De moy, ton pere, et de ceulx de ta race. S'ainsi le faiz, pence que sera ce De toy, apprés. Mahon t'en doinct la grace Et le vouloir, Car grant honneur t'en pourra revaloir ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 164).

Rem. Aussi Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 162 (rasse).

B. -

"Ensemble d'individus présentant des caractères communs" : Ilz leurs ostoient les races des chevaulx, dont ilz en ont plusieurs, et les prenoient pour eulx et les faisoient gouverner en leurs mains, et en si grand nombre, tant chevaulx, juments que poulains, qu'on les estimoit à beaucop de milliers. (COMM., III, 1495-1498, 80).
 

I. -

Adj. "Bon, valable ; raisonnable" : De vout fu bel et agreable Et en parole si resnable Qu[e]... (Vie st Evroul S., c.1350, 40).

Rem. Doc.1454 (renable) ds GD VI, 565c.

-

[Forme en -gn] : Celle science [Arithmétique] convenable Entre les escrips est raigable [l. raignable ?], Meismes es saintes Escriptures. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 114).

Rem. Autres ex. de cette forme : Livre amour. all. F., c.1398-1430 (regnable "raisonnable") ; doc.1331 (depens loials et regnables) ds GD VI, 565c.

II. -

Subst. "Compte"

Rem. Doc.1467, 1487 et 1490 ds GD VI, 565c (Bretagne, renable).
 

"Vérifier, compter"

REM. Doc. 1469 (Bret., renabler) ds GD VI, 566a.
 

A. -

"Propos, discours" : Que vous en feroye lonc rene ? (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 243).

-

Tenir raisne de qqc. à qqn. "Entretenir qqn de qqc., lui parler de qqc." : ...il ne se perforçoit pas moult de leur tenir resne de la dicte besongne (Bouciquaut L., 1408-1409, 360).

-

Marcerot de raisnes. "Petit marchand de discours" : Puisque pappes, roys, filz de roys Et conceuz en ventre de roynes Sont enseveliz mors et froys - En aultruy mains passent leurs regnes -, Moy, povre marcerot de regnes, Morrai ge pas ? Oy... se Dieu plaist ! Mais que j'aye fait mes estraines, Honneste mort ne me desplaist. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 50).

Rem. R.H., Comment. Test., 63-64.

B. -

"Motif, argument qu'on allègue en justice" : Et chis qui warde la parolle monsaingnour doit oiir et mettre en la warde des hommes les raynes et respons des parties (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 70). LE PAPE. Sanz plus tenir ci plait ne rene, Je vueil le sermon conmencier (Mir. st Lor., 1380, 122).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1335 (raisne) ds GD VI, 566b. STAVELOT, Chron. B., a.1447, 50 (raines) et 51 (raynes).

-

Se oster de qqc. de raisne. "Se justifier de qqc. (par serment)" : ...les esquevins wardent que les hommes feodals a monsaingnour de Liege, qui ont releveit, soie puelent osteir de raines de forche et de debtes par tout l'evesqueit de Liege ; et les hommes feodals de costeur soie puelent à Liege tant seulement osteir de debte pour leur hommaige [Éd. : "Se justifier par serment"] (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 106-107).
 

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Parler, discourir" : Quant Lion antandit le sien signour raingnier, De pitiet commansait forment a larmoier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 120). De confaite besoingne voullez a moy ranier ? (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 809). [Autres ex. v. Gloss.] ...l'olivier ramet dont vous m'oés rainnier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 265). [Autres ex. dans ce texte, v. Gloss.]

B. -

"Plaider" : ...ons porait faire poroffes, raynier et plaitier par loy en nostre palais à Liege de tous cas qui point ne toucheront alle deshiretanche de nostre engliese (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 57). [Autres ex. p.58 et 438] Vous perdés vo raisons, qu'un avocas rengnans N'en parleroit otant (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 456).

Rem. Doc. 1487 (Liège, éd.1750) ds GD VI, 566c.

II. -

Empl. trans.

A. -

"Déclarer" : Je ne saip, dit Florie, que vous voullez raingnier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 82). De par moy lui diras et a sa gent aussi (...) Que nous lui regnerons la bataille et l'estri (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 380).

B. -

"Établir, déclarer (dans une mission)"

Rem. Doc. 1339 (Liège) ds GD VI, 566c.

III. -

Inf. subst. "Récit, propos" : Jourdain, dist Kalefrin, entendez mon rainnier. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 841). [Autre ex. p.811, v.21121]
 

I. -

"Compte"

A. -

"Compte ; montant"

1.

"Compte" : ...Forest et Village, patrons des gallées dudit Cuer, envoyèrent à il qui parle 198 balles d'espicerie, de poivre, gimgembre et luy escripvirent qu'il les envoiast à Jehan Plat, à Bruges, et que ladicte espicerie estoit de la raison dudit Cuer. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 104). ...et de rendre de ses recepte et misez bon compte, raison et reliqua (Comptab. Dieppe M., 1474, 114).

-

Au plur. "Comptes, inventaires" : ...ouvrir les raisons et escriptures dudit m[onseigneur] [le conte] cottez et collacionnez, et par les dessus nommez respondre aux articles d'icelles escriptures (Trés. Reth. L., t.3, 1456, 368).

-

Région. (Provence) Chambre de la Raison. "Chambre des comptes" : ...la massonnerie de l'ostel, où souloit estre celluy du président de la Chambre de la Raison dudit seigneur, de ladite cité d'Aix (Comptes roi René A., t.1, 1457, 50).

2.

"Compte, montant, prix"

-

Faire raison à qqn. "Acquitter un montant dû à qqn" : LA FEMME. (...) Le mechant ne vous a pas payé ? LE MARY. Nom. LA FEMME. Ne c'est-il point esayé De vous faire quelque raison ? LE MARY. Raison ! par ma foy, ma mye, non, Car trouvé ne l'ay au logis. (Retraict T., c.1490, 223).

.

Faire raison de qqc. à qqn. "Fixer à qqn un prix, un montant pour qqc." : LE MARCHANT. Amis, (...) Ce que sur vostre espaule voy, Est ce a vendre ? dites le moy. Se m'en voulez faire raison, En l'eure sanz arrestoison L'acheteray. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 258). Je vueil du mirre et aloéz Mesléz en ongnement decent, Bien quatre vins livres ou cent Selon qu'on m'en fera raison. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 358).

-

Payer qqn à la raison. "Payer qqn au prix établi, selon le montant convenu" : ...il sera tout prest De vous payer à la rayson (Nouv. Path. T., c.1474-1485, 80).

.

Loc. fig. Faire (la) raison à qqn. "Payer à qqn ce qui est dû, en venir à bout, lui régler son compte" : Et qui brief l'en feroit douloir, On ne luy feroit que raison. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 371). LE ROY DE BARBARIE. Or est venu le temps et la saison Qu'il fault monstrer ma terrible fureur, Puisque mes gens ont bien fait la raison Soubdaynement a ceulx de l'empereur. Or, pour frustrer de tous poincts son erreur Et amatir son superbe couraige, Nous yrons tous monstrer nostre valeur En son paÿs et la, nous ferons raige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 233).

3.

[Désigne aussi une mesure en meunerie]

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 5287 ; 9533. T-L VIII, 221.

B. -

"Calcul" : Si la preuve du nombre restant et du nombre soustrait ensemble sont egales a celle du nombre de qui est faicte la soustraction la raison est bonne (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 603). Cestui mist en escript et l'experience et les raisons du compost, pour promptement trouver les ans de Jhesu Crist ou autres par indicions. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 v°).

-

Raison astrologale. "Calcul astronomique" : ...et semblablement le preux et vaillant empereur de Romme Julles Cesar monstra bien comme il y estoit erudit et profont, quant, par disputacions et raisons astrologalles, il fist condescendre les Egipciens à son oppinion touchant la quantité des jours de l'an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 v°). Vellides fut, après Aomar, souverain astrologien et a escript et monstré par ses experiences plusieurs raisons astrologalles de son invencion, moult subtilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 81 v°). ...pourquoy, avecque autres raisons astrollogalles, il predist la venue de quelque faulx prophete, et tantost après vindrent nouvelles à Romme de Machometh, comme dit est. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

C. -

"Base d'un compte, d'un calcul, d'une évaluation..."

1.

À raison de. "Sur la base de, en comptant" : ...pour façon de six tasses vairées et martelées, à raison de XIII s. IX d. (Comptes roi René A., t.1, 1451, 280). ...à raison de deux gros et quatre patas par homme (Comptes roi René A., t.1, 1458, 60). Pour quatre miroers ardans, à raison de six gros la pièce (Roi René vie L., 1476, 374). ...à cause d'ung balon de claveaulx (...), à raison de dix florins (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 452).

-

À la raison de. "Sur la base de" : ...il y avoit ung grand nombre de milles, qui revenoient à la raison de quelque seize lieues françoyses (BUEIL, II, 1461-1466, 190).

2.

Par/pour raison. "Dans la juste mesure, dans les bonnes proportions" : ...et puis prennés de belle poudre fine et en y mectés par rayson, et du succre grant foyson (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 164). ...et du sel pour raison (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 172).

-

Selon la raison de. "En proportion de" : Tous les arbres qui n'ont grans troncs signifient les petites personnes sans estat, selonc la raison de la quantité des estocs ou troncs (Expos. songes B., 1396, 222).

II. -

[Par le biais de l'idée d'énumération, de suite (dans le propos)] "Propos (oral ou écrit) ; manière de s'exprimer"

A. -

"Propos (oral ou écrit)"

1.

"Propos, discours, argumentation" : Ne te merveilles donques point S'en ma raison m'as oy mettre Que, pour estre sauf, il fault naistre Tout derrechief. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240). A tant finnerent leur roison (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 143). Sire, se dist ly rois, abaissés vo raison (Tristan Nant. S., c.1350, 143). ...après plusieurs raisons, débaz et altercacions dictes et alléguées d'une partie et d'autre, est pacifié, traictié et accordé entre lesdictes parties (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 309). Et le roy respondy : Nous avons assez ouy parler de ceste matere ; mais laissiez ce chevalier pardire sa raison qu'il a encommenciee. (ARRAS, c.1392-1393, 56). LE QUINT CHEVALIER [au marquis]. Je suis voz homs, ou que je soye, Et vous mes sires naturelz ; Et vez ci vos humbles subgez, Des plus grans une grant partie, Avec le commun qui deprie Ensemble eulx ma conclusïon. Ci commence sa raison pour tous et dit : Sire (...) une chose desirons, Laquelle, se nous l'avïons, Nous tenrïons pour fortunez (...) C'est qu'au lïen de marïaige Enclinissiez vostre coraige (Gris., 1395, 11). ...a vous dire briefve Raison, la soif et la chalour Les faisoit mourir a doulour. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 3). Lesdiz raisons et propos ont esté diz et proposez en la presence des roiz de Cecile (...) du duc de Berry, du duc de Bourgoigne (BAYE, I, 1400-1410, 222). Quant la glorieuse, tres doulce pucelle Eu avec l'angiel sa raison finée... (Noëls avign. A., a.1450, 365). Aprés ces raisons, Marse et le roy se mirent a chemin (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 109). A tant fina ledit chevalier sa raison, et lui demanda le roy si... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 58). A tant se teut maistre Jehan de Clugny et mist fin en sa raison. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 48). Messire Jehan de Croy donques, aprés que le roy ot finee sa raison (...), reprist ariere la parolle (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 74). Apprez icellui brief ainsy leu et oy, ladicte dame reprint sa raison, parlant audit duc et dit ce qui s'ensieut... (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 230). Quelles raisons sera ce la ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 39).

Rem. Aussi Abuzé D., c.1450-1470, 52 ; DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 64, 358 ; MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 133 ; DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 107...

-

À haute raison. "À haute voix" : Et puis s'est escriés, a moult haute raison : ... (Bât. Bouillon C., c.1350, 180). Cil disoit a haut raisoun Qe celi jour atant y ferroit Qe la bataille perceroit. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 133).

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Sauve vostre raison. "Avec tout le respect dû à votre parole"

Rem. Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 11398 (cf. le commentaire de l'Éd.).

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Porteur de la raison. "Porte-parole" : Et lors le prélat, porteur de la raison, commença à parler en ceste forme : ... (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 44).

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Conter des raisons. "Se mettre à discourir" : Et sitost qu'ilz [les domestiques à table] commenceront a compter des comptes ou des raisons, ou a eulx repposer sur leurs coustes, commandez la beguine que on les face lever et oster leur table. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 135).

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Conter sa raison/ses raisons/plusieurs raisons... "Dire ce qu'on a à dire" : Et me compta sa raison (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 19). ...il se dressa en son estant, desirant de parler au sainct preudhomme Dardanom pour lui compter pluiseurs raisons qu'il avoit rassamblees et ordonnees pour lui dire. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 497).

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Entendre (la) raison./Faire raison. "Écouter ce qui est dit ; se prêter au jeu, donner satisfaction à qqn" : L'EVESQUE. (...) Entendez la raison, S'il vous plaist, que je vous vueil dire : Puis que Jhesu Crist nostre sire M'a (...) fait de son peuple pasteur, Je voy s'a moy ne sui docteur Si bons que (...) J'aquiére a m'ame paradiz Ceste honneur cy riens ne me vault (Mir. ev. arced., c.1341, 105). L un lui presente beaux moz plaisans et gracieux, l'autre lui marche dessus le pié ou lui estraint la main, l'autre la regarde d un regart trenchant et piteux de cousté, l'autre lui presente ung ennel, ung dyamant ou ung rubi, par lesquelles choses la dame peut assez savoir de leurs voulentés, si elle est telle que elle entende raison aucunement. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 16). Et avient auxi que celui qui se marie trouve femme qui est bonne galoise et entent bien raison qui la li dit (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 59). ...et voiant qu'elle ne vouloit faire raison d'elle mesme pour priere ne requeste qu'il luy en fit, print le dot baisier de soy mesmes (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 79).

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Mettre qqn à raison. "Adresser la parole à qqn" : Quant vint a Aiglentine, sy la mist a raison : "Belle, dist le soudant..." (Tristan Nant. S., c.1350, 131). A reson donquez lez a mis (Vie st Evroul S., c.1350, 57). Sire, plaise toy quant venrons Devant l'emperére et serons Mis a raison que par toy voient Tel signe avenir qu'il te croient Seul vray Dieu estre. (Mir. st Panth., 1364, 362). Lors commenca la dame a mettre a raison Remondin, et lui dist : Mon amy, je scay bien que vous avez bien tenu ce que je vous avoye introduit ; si en auray desormais plus grant fiance en vous. (ARRAS, c.1392-1393, 30).

Rem. Aussi FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 56 ; FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 95 ; DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 154 ; COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 4949 ; Jehan de Paris W., 1494-1495, 5...

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Se mettre en termes de raison. "Se préparer au dialogue" : Après le siège de Senlis levé (...) se commenchièrent à adnonchier les ambaxadeurs du roy de France et du conte d'Armignac et se mirent en termes de raison (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 252).

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Parler sa raison. "Dire ce qu'on a à dire" : ...si veul je que celle qui icy vous a envoyé viegne meïsmes en personne et parle sa raison d'elle mesmes. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 195).

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Refuser raison. "Repousser ce qui est dit, repousser les avances" : La septiesme joye de mariage si est que aucuneffois celui qui est marié trouve une tres bonne femme, sage et tres bien condicionnee, et avient auxi aucuneffois qu'il trove une femme qui est une tres bonne galloise, qui ne reffuseroit jamés raison qui la lui ouffreroit. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 57).

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Rendre raison à qqn. "Répondre à qqn" : A briez motz raison li rendoit De quanque cil demandoit (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 114).

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Tenir raison de qqc. "Parler de qqc." : De leurs paroles ne vous vueil plus tenir compte ne raison, mais tant vous dy que celle nuit de eulx IJ. fu engendrez un filz (ARRAS, c.1392-1393, 192).

-

Traire raison de qqn. "Faire parler qqn" : ...elle vouloit traire raison des officiers de son fils, comme qui avoit tout son fait en sa main. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 203).

2.

"Écrit" : Or convient retourner donques aux armes et a l'ouverture des pavillons, la ou je coppay ma raison pour faire l'incidence. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 165).

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"Contenu (d'une lettre)" : Et lui Prince, si Dieux m'avoie, Fist de la letre moult grant joie Et la moustra a ses barons Et lour devisa les raisons. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 115).

B. -

"Manière de s'exprimer, langage" : Home se pourra longuement acoustumer pour parler fraunceis avant qu'il en sera bien parfait, car il en y a beaucop des raisons d'englois que ne s'accordent mye à la language de France pour la desordenance et nyent propre locucion d'ycelles. (Man. lang. G., 1396, 91). Je metteray à vous une galon de vyn qu'il n'y a homme ou roialme de France qui parlera chescun raison en sa language que s'acordera de mot en mot à une ytiel raison d'englois come vous parlez maintenant, car vrayement il n'y a language ou monde qui se vieult soubmettre à l'autre. (Man. lang. G., 1396, 91). Mais, tant me donna de son bien Qu'au mains ay loquence et raison Et entendement de raison (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 29). Affin que fussent plus adestres Ceulx qui ja les lettres sceüssent, Que belle parleure conceussent, Par droite raison d'ordre belle (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 126). Adont s'en vint Servilius parler au poeuple et leur dist par belle raison : que... (LA SALE, Sale D., 1451, 180).

III. -

"Argument, justification ; ce qui compte, qui justifie"

A. -

"Argument, justification ; p. méton., ce qui est vrai, ce qui justifie, ce qui convient"

1.

"Argument que l'on avance pour appuyer une affirmation, pour justifier une position, un comportement, une pratique" : PREMIER DYABLE. Vueillez entendre ma raison, Vray juges : encor y a plus. (Mir. enf. diable, c.1339, 47). ...diligenment monstré m'a Et prouvé par raison mon pére (...) Que pour le sauvement de s'ame On vous doit servir, doulce dame (Mir. march. larr., c.1349, 94). LA MÉRE AU PAPE. (...) je cuide estre aussi grant femme En dignité conme la dame Qui mére Dieu est appellée Par la raison qu'ay alleguée. (Mir. mère pape, c.1355, 352). Mais ceste rayson deffaut en .II. poins. (ORESME, C.M., c.1377, 240). Apres il [Aristote] met la tierce raison principal a son propos. (ORESME, C.M., c.1377, 422). Et quant au tiers point, je veul metre persuasions ou raysons par quoy il sambleroit que la terre soit meue comme dit est. (ORESME, C.M., c.1377, 530). Messeigneurs, le plus de voz gens se tiennent a mal paiez de ce que vous les contraingniez de leur harnoiz porter, car il leur semble qu'il n'en soit nulle neccessité tant qu'ilz vendront a l'approuchier de la terre ou sont voz ennemis. (...) Dont, dist Anthoine, (...) pour savoir la maniere comment ilz le pourront plus a aisiement souffrir quant mestier sera, que s'il leur convenoit apprendre entre leurs ennemis, en doubte et en durté. Lors leur doubleroit leur peine, car qui n'apprendra son mestier de jeunesce, c'est fort qu'il en soit ja ouvrier. Par foy, dist le chevalier, monseigneur, vous parlez vaillaument et est vostre raison bonne. (ARRAS, c.1392-1393, 156). ...maistre Jehan Petit, maistre en theologie, de la nation de Normandie, a proposé pluseurs causes et raisons pour le duc de Bourgoigne (BAYE, I, 1400-1410, 222). ...ilz en furent redarguez et blasmez pour les causes et raisons à eulz dictes et declairées oudit Conseil de par la Court. (FAUQ., II, 1421-1430, 184). Mais lui, comme saige homme, n'en estoit pas bien d'accord et disoit pluiseurs grans raisons, dont ilz povoient plus empirer que amender. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 54). ...de celle qui ne vouloit souffrir qu'on la baisast (...) et habandonnoit tous ses membres, fors la bouche, et de la raison qu'elle y mettoit. (C.N.N., c.1456-1467, 11). ...foison d'aultres raisons luy amena, trop longues a racompter, tendans a fin de l'oster de son propos. (C.N.N., c.1456-1467, 95). Quelque chose qu'on dist a ceste bonne dame, ne raison qu'on luy sceust amener de apparence en cestuy fait, elle ne vouloit condescendre a ce mariage (C.N.N., c.1456-1467, 423). Je preuve que ainsi se doit faire Veues mes raisons. (Cene dieux, c.1492, 113). J'ay les registres des cieux tous Où sont redigees et escriptes Les raisons que chacun a dictes Et pour sa partie alleguees (Cene dieux, c.1492, 113). ...ne appeller gens expers en icelle matiere, fors eulx qui n'y entendent riens, mais usans d'auctorité empruntée et de la raison contenue en ce mectre de Juvenal : Sic volo, sic jubeo, sit pro racione voluntas l'ont calumpniée de supersticion ou susdicts livres contre toute verité (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 2 v°).

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Par vive(s) raison(s). "Par un ou des arguments convaincants, décisifs" : ...il lez convient prouver [des dires] Par vive raison (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 105). Messeigneurs (...) J'ay oy voz oppinions (...) Et voz consultacions ; Lesquelles par vives raisons On les doit fournir et parfaire Voz dictz et voz conclusions Sans voulloir aller au contraire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 123). Nous avons des tiltres foison Tous prouvéz par vive raison. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 419).

-

Faire raison au contraire à qqn. "Argumenter en sens contraire auprès de qqn" : Semblablement, celui qui a l'appetit corrumpu suffoqué par incontinence, pour neent li donroit l'en l'eaue de persuasion, pour neent li feroit l'en raison au contraire. (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXXX).

2.

P. méton. "Ce qui est vrai ; ce qui justifie ; p. ext. ce qui convient"

a)

"Ce qui est vrai"

-

Selon raison. "Conformément au vrai" : Quant Remond entendy parler Melusigne, si scet bien qu'elle lui dit voir de quanqu'elle lui avoit dit, et que c'est le meilleur selon raison. Mais il fu si tresperciez et oultrez de yre que raison naturelle s'en estoit fuye de lui. (ARRAS, c.1392-1393, 255).

-

Dire raison. "Dire vrai" : La veue le voir en descuevre, Et vous ne dites que raison. Venez ent jusques en maison : Vous le verrez. (Mir. st Panth., 1364, 312). Cestui Hugues prenostica qu'il y auroit neutralité ou concille de Balle, dont l'effect monstra assez tost l'experience et dist raison, c'est assavoir pour ce qu'il fut principié ou signe de l'Escorpion, dont le comancement et chef a beau semblant et la fin laide et de malle yssue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 r°).

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Dire bonne raison. "Dire vrai" : Mais il est bon de en laissier le parler et adviser comment noz ennemis soient destruiz. Vous dictes bonne raison, dist le roy. (ARRAS, c.1392-1393, 136).

-

C'est raison. "C'est vrai" : Comment ! dist Anthoine. Quant vous faictes faire un habit nouveau, ne le faictes vous pas essayer savoir se il y a qu'amender ? Et ceulx respondent : Par foy, monseigneur, c'est raison. Dont, dist Anthoine, ay je droit d'avoir essayé mes compaignons, pour savoir comment je les auray prests a mon besoing, veu que nous approuchons de noz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 157).

b)

"Ce qui justifie, justification, motif, motivation, explication" : ...pour quoy dit il que son esperit est plus doulx que miel ? La raison si est : on pourroit tant de choses améres mesler au miel... (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 206). Biau filz, je vous ay demandé : La raison pour quoy, vez la cy. (Mir. pape, 1346, 388). Dont venez vous ? ne quel raison Vous a meu ? (Mir. marq. Gaudine, 1350, 165). La raison de la coustume est que... (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 116). Et te pardonne, et Dieux si face, tous courroux, ires et maltalens que tu peues avoir eux ou encourrous envers moy, par quelque [cause] ou raison que ce soit, de tout le temps passé jusques aujourd'uy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 272). ...toutes les accusacions contre lui cy-dessus dites, faites, sont choses controuvées, sanz cause ne raison, mais les a dittes et proferées, icellui Dossinal, par hayne qu'il a à lui, ne scet la cause pourquoy. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 149). Quelle fole raison, dit il, te amaine en ceste esperance a ce que tu cuidasses ceulz estre feaulz a toy, lesquelz tu auroyes corrumpuz par argent ? (GERS., Noël, p.1404, 311). ...puis demanderent l'un a l'autre que le meurtrier estoit devenu a qui ilz avoient tant donné de coups. Mais il n'y avoit celui qui en sceust rendre raison (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 233). Frappez sur ce villain qui vous a retenu sans cause et sans raison (C.N.N., c.1456-1467, 57). Le baiser vous ay je refusé, et ne vous y attendez point ; vous n'en finerez jamais. Et la raison y est bonne : si la vous diray (C.N.N., c.1456-1467, 317). ...je vous diray la raison qui a ce me meut et contraint en ce cas (C.N.N., c.1456-1467, 360). ...[il] commença a compter les raisons de la rompture de son voyage. (C.N.N., c.1456-1467, 443). Ceste raison apartient aux simples. L'aultre apartient aux sages, c'est a scavoir que naturelement puissance precede sapience et puissance et sapience precedent bonne voulenté. (Somme abr., c.1477-1481, 159). Declaire moy raison pourquoy Tu as maintenu ton estat ? (Sots gard., a.1488, 109). LE PERE. (...) Brief, jamais ne fus plus joyeux. La raison ? Viellesse m'assomme Et mon povre corps se consomme, Pour ce que je suis ja fort vieulx ; Le chief me tramble, puis les yeulx Sont ung peu suspectz de la veue. Mais je mercye les haulx dieux Qui ont ma foiblesse preveue Et a icelle bien pourveue, Par le cry que j'ay entendu, De la nouvelle survenue. (LA VIGNE, S.M., 1496, 160). LE GRAND TURC DE TARTARIE. Moult bien avez declairé l'achoison, Le droit moyen et toute la raison, Commant pourrons faire chose honnourable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).

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Par toute raison. "Absolument" : Aussi vault moult, celle saison, Eviter, par toute raison, Angoisse, paour, tristesce, ire, Comme choses qui pevent nuire. (LA HAYE, P. peste, 1426, 111).

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Pour raison de qqc. "Au motif de qqc." : ...et, après ce, lui leusmes autres depposicions par lui faites ès prisons de Chasteaudun, où il avoit esté prisonnier, pour raison des cas dessus diz, par devant le lieutenant du baillif de mons. le conte de Blois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 443). Et, pour raison dudit cas, ledit frere Henry se absenta, et ne peut estre trouvé qu'il ne feust le Xe jour dudit moys, que, environ dix heures de nuit, ung examinateur du Chastellet à Paris, nommé maistre Jehan Potin, accompaigné de trois sergens, en fist telle diligence qu'il le trouva mucié en l'ostel de Saint-Pol (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 175). Aussi y fut mis et constitué prisonnier maistre Henry Mariete, qui avoit esté lieutenant criminel de la prevosté de Paris, tant pour raison desdiz epitaphes que aussi pour aucunes injures ou paroles par lui dictes, comme on disoit, de maistre Jehan de la Driesche, tresorier de France (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 261).

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Pour quelle raison : Et pour quelle raison, dit le mary, voulez vous choisir la premiere ? c'est contre tout droit et justice. [Un couple qui se sépare décide le partage des biens communs] (C.N.N., c.1456-1467, 445).

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Sans raison : E ! Diex, onques mais homme humain N'ot si grant honte sanz raison Conme j'ay ci par traison (Mir. st J. Cris., c.1344, 296). Ha ! oncle, a tort et sanz raison Sui diffamée, c'est pechié. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 138). Si sacrifia l'en sans reson mainte beste. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 158). ...et donques n'est yleucques orient ne occident determineement et absoluement, ne par consequent destre ne senestre, mais seulement en relacion d'une partie a autre, si comme il sera dit apres, se aucun ne disoit que quant une estoille est ou meridian de Arym elle est devant et quant elle est en l'orient d'Arym elle est a destre ; mais c'est un dit voluntaire sanz raison, car souz le pole tout est indifferent quant a ce. (ORESME, C.M., c.1377, 336). Lequel roy d'Ausay en a eu tel despit qu'il a deffiee la damoiselle et son pays, et y est entrez a force, et banniere desploiee, faisant guerre de sang et de feu, par son oultraige, sans cause et sans raison, et l'a assegiee, lui et ses gens, en la ville et chastel de Lucembourc, et a juré que jamais ne s'en partira jusques a ce qu'il l'aura prise. (ARRAS, c.1392-1393, 150). Dont remort conscience a Gieffroy, et lui souvint comment il avoit ars les moynes de Maleres, et l'abbé, et son frere Fromont, sans raison, et que par ce pechié avoit esté sa mere perdue. (ARRAS, c.1392-1393, 274). Les vngs ont melancolie sur aucune maladie se ilz lont et cuident sans raison quilz se doient tantost mourir. (...) Les autres pour telle melancolie desirent sans raison la mort (CIB., p.1451, 219). ...quand il vit sa femme qui avoit les jambes levées, il luy dist qu'elle n'avoit garde de user ses souliers, et que sans raison avoit traveillé le cordoennier (C.N.N., c.1456-1467, 529).

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Sans ordre ni raison : Ou quel temps, ou peu par avant, Comme je puiz estre savant, Saturnus, le Père des Dieux, Qui est assiz moult hault es Cieulx, Les convia à sa maison, Lesquelz, sans ordre ne raison, Comparurent dedens la feste, Qui fut horrible et deshonneste (LA HAYE, P. peste, 1426, 11).

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La raison pour ce que/(la) raison pourquoi : L'autre raison pourquoy vous devez faire bonne chiere est que... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 151). Raison pourquoy ? car jour et nuict Me fault ma leçon recorder. (Cuv. T., c.1475-1500, 59). LE PREMIER TIRANT. Jeune merdier, vous fault il en matiere Si ruÿneuse devant telz gens parler ? SAINCT MARTIN. Rien n'en ay dit que la raison entiere, Pour ce que trop Dieu voullez ravaller. (LA VIGNE, S.M., 1496, 341). Je sçay bien la raison pourquoy : Ilz ne cerchent point de telz rosses (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 452). Raison pourquoy ? elle prent peine A s'acoustrer et tenir nette. (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 472).

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C'est pour raison de qqc. "C'est à cause de qqc." : Et ne vous vueille desplaire se je vous ay ceste adventure amenteue, car c'est pour raison de l'istoire de quoy je pense a traictier, de quoy j'ay dessus parlé. (ARRAS, c.1392-1393, 14).

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Raison de + inf. "Motif pour faire qqc." : NOSTRE DAME. (...) A fin qu'en leur affeccïon Soit miex causee en vraie amour Raison de servir nuit et jour Vous et moy, sire. (Mir. enf. ress., 1353, 7). LA CHAMBERIERE.(...) J'ay bien de mate chiere Faire cause et raison sanz faulte Pour vous, ma dame. (Mir. enf. ress., 1353, 40).

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[D'une chose] Estre de raison. "Être justifié" : Ma langue ne se porroit taire De prononcier ceste chanson Que vous m'avez oy retraire Car cest article est de raison. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 15).

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Assigner raison que. "Expliquer que, se justifier en disant que" : ...l'autre assignoit raison que ainsi il le devoit faire pour eschever plus grant mal (Bouciquaut L., 1406-1409, 273).

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Avoir raison de + inf. "Avoir des motifs pour." : Sire, (...) Cest homme garis et redresce Si que ce peuple ait achoison Et nouvelle cause et raison De toy loer et aourer (Mir. st Panth., 1364, 347). Et ne le fait pas comme celui qui a persuasion et raison de ce faire (ORESME, E.A., c.1370, 393).

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Avoir bonne raison : Dieu aide a la saison Cellui qui a bonne raison. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 243). Ne ne creez conseil de homme exillié, ne fuitif de son pays, ou il puist touchier au desir de nuire ceulx qui l'ont exillié, s'il n'a bonne raison, et vous bonne cause de lui aidier, car ce vous pourroit moult empeschier de venir au degré d'onneur. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

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Avoir raison de + inf. "Avoir des motifs de" : Et, moy meismes j'ay bien raison De m'en plaindre, car il m'a fait Trop de peine (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 74).

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Avoir bien raison en + part. prés. "Avoir beaucoup de motifs de" : LA DAME. (...) Car a plourer ara assez, Quant nous deux verra trespassez. Et il y ara bien raison En plourant (Mir. enf. ress., 1353, 70).

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Rendre raison (de qqc.). "Justifier qqc., en rendre compte" : ...jusques à tant que compte et raisson nous fussent renduz de toutes les administracions et offices dessusdiz. (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1340, 66). Graignour reson convendra rendre (Vie st Evroul S., c.1350, 43). ...se bien avez en memoire Conment jugier il nous venra Et conment rendre nous faulra Raison et de faiz et de diz... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 287). ...un jour venra qu'il faudra rendre Raison de quanque on ara fait (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 296). ...un jour venra que seras Trait devant li (...) Et si li renderas raison Et compte de toute ta vie. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 296). Et il mettent les causes a leur guise et par ce il ne peuent rendre rayson de ce que l'en voit sensiblement. (ORESME, C.M., c.1377, 638).

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Rendre la raison pour quoi. "Expliquer pourquoi" : ...Est tu des gens qui vient espier ? Le manteaul te convient laisier. Il te faul randre la rayson Pour quoy tu vient en ceste mayson. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 86).

c)

P. ext. [Simple idée de convenance] "Ce qui convient" : Il me semble que je ne voy que pastez. Et pour vous dire, il n'y a point de raison. Vous le m'avez fait trop longuement. Il y a plus d'un mois que vous me faictes ce tour [D'un homme à qui on ne sert que du pâté d'anguilles] (C.N.N., c.1456-1467, 82).

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À sa raison. "Dans la mesure qui convient" : ...le mectés [le dauphin] par beaulx platz et de la dicte salse par dessus a sa rayson (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 165).

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De raison./Par raison./Parmi raison./Selon raison. "Comme il convient, selon ce qui convient" : Quant le medecin fait toutes choses selon raison, il ne doit muer son gouvernement, se ainsi est que ce qu'il a veu ou commencement ne se mue. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 65). Et avés eü tous jours pres Or et argent parmi raison (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 182). Et dit que en s'en revenant et passant parmi la ville de Paris, pour ce qu'il lui fu en advis qu'il avoit assez bon marchié dudit drap, jà soit ce qu'il ne fust pas prest ne appareillié, il le mist en l'ostel d'un retondeur pour le appareillier, ainsi qu'il est de raison de faire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 111). ...ilz avoient suffisanment tout ce qu'on saroit demander par raison en ung couvent de mandians. (C.N.N., c.1456-1467, 215). ...un casier, c'est ung garde menger a la façon d'une huche, long et estroict par raison et assez profund. (C.N.N., c.1456-1467, 443). ...estoit l'intencion de leur guide de les mener a l'hostel de la dame dont il estoit le cher tenu, et dont mains de compte il tenoit que par raison il ne deust. (C.N.N., c.1456-1467, 477). ...elles [les femmes] la desarmerent de ses actours et joyaux, et la firent coucher ainsi qu'il estoit de raison ; puis luy donnerent bonne nuyt [À une jeune mariée] (C.N.N., c.1456-1467, 497). ...vous n'en arez fors ce qui sera de raison, c'est assavoir des trois pars l'une, et j'aray le remanent ; ay je pas eu plus de peine que vous ? [D'un partage équitable] (C.N.N., c.1456-1467, 524). ...[il] luy fist faire sa barbe et cheveulx, et puis coupper sa robe de la longueur qu'il estoit besoing et de raison (C.N.N., c.1456-1467, 533). Pas n'y faillit la notable princesse, Dame d'onneur avecques sa noblesse, Bien acoustree d'un fin drap d'or frizé, Et en joyaulx portant une richesse Si tres exquise que mieulx sembloit deesse Que femme humaine, le tout bien advisé. Son train estoit si tres bien divisé, Et son estat par raison composé Que mieulx n'eust sceu, veu la sorte et maniere (LA VIGNE, V.N., p.1495, 159).

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Sans raison. "Sans ménagement, sans mesure" : Ne rirez pas de l'arbaleste Sans raison, comme faict ung veau (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 196).

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Mettre qqc. / un animal à raison. "Faire de qqc., d'un animal, l'usage qui convient" : ...mais qu'il [le faucon] ne soit trop gras. Et se vous apercevez qu'il le soit trop pour mectre a raison, il le convient paistre de char lavee ou de beuf. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 155).

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Ranger qqc. à raison. "Maintenir qqc. comme il convient" : Petre Saincte est une petite ville Aux Florentins, qui comment qu'il en voyse Par quatre foys a esté genovoyse Par sa malice et cautelle subtille. Le roy voyant son vacillant atour Pour tousjours mieulx la renger a raison, Au chasteau mist tres bonne garnison De gens de bien jusques a son retour. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 197).

d)

Avoir raison. "Être dans le vrai (en disant ce que l'on dit), être dans ce qui convient (en faisant ce que l'on fait)" : Ha ! sire, le doulx roy haultismes Me het, et il a bien raison, Car male et mortel traison Ly ay fait (Mir. nonne, 1345, 344). Et lors print Remondin congié d'elle [Mélusine] en la acoulant moult doulcement, et la baisa tres amoureusement, comme celle ou il se confie du tout ; car il estoit ja si sousprins de s'amour que quant qu'elle lui disoit, il lui affermoit toute verité ; et il avoit raison, si comme vous orrez ca avant en la vraye histoire. (ARRAS, c.1392-1393, 27). Lors respondy Remondin moult humblement : Beaulx seigneurs, vous direz au roy que je ne viens fors pour bien, pour avoir droit en sa court de ce que je demanderay, selon la raison que le roy et son conseil verront que j'auray. (ARRAS, c.1392-1393, 51). ...s'il n'y avoit seulement que la pucelle tout sans l'eritaige, si ne la refuseroye je pas. Car, a l'aide de Dieu, j'ay espoir de conquerir assez pays pour elle et pour moy, combien que je prengne tout en bon gré. Lors respont Anthoine : Beaulx freres, vous avez raison, car vous avez le royaume conquis d'avantaige. Dieu, par sa grace, vous en doint conquerre de l'autre sur les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 190). SECONT BERGIER [au premier]. Compains, pour certain ton affaire Est bon et bel, je m'y accort ; Si te confesse que j'ay tort Et tu as bon droit et raison (Gris., 1395, 47). - Monseigneur, dit elle, quand il me veult baiser et parler d'amours me fait en ce point habiller. Et je sçay bien que vous venez icy a ceste cause ; et pour ce me suys mise en point. - Madame, dit il, vous avez raison (C.N.N., c.1456-1467, 280).

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Avoir raison de qqn. "L'emporter sur qqn, dominer qqn" : ...car il veoit bien qu'il n'avroit nulle raison d'elle tant qu'elle fust en ce point. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 183).

e)

La raison de qqn. "Ce qui justifie l'être de qqn, raison d'être" : SATHAN. (...) tous deux les emporteray [le juif et le chrétien] En Enfer sans point de respit, Et pourchasseray, en despit De Nicolas, mon ennemy, D'en faire quelque bon amy Dedans la grant salle infernalle. Ma raison totalle E(s)t plus principalle, C'est de les grever, Car leur face palle Pourchasseray malle. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 123).

B. -

En partic. "Argument de droit, ce qui est de droit, ce qui est juste ; p. méton. bon droit, justice"

1.

"Argument de droit, justification de droit, ce qui est de droit, ce qui est conforme au droit, ce qui est juste" : ...et pour ce et non mie sanz cause sont appropriées les paroles de Sapience a Marie (...). Premiérement pour raison de sa conmendacion... (Mir. st Panth., 1364, 307). JANICOLA. Chiere fille, ne me desplaist ; Ains est bien raison que g'y [chez le marquis] aille, Que je bien doy faire sanz faille Son plaisir de tout mon povoir. Je m'en voiz vers lui pour savoir Son plaisir et sa voulenté (Gris., 1395, 35). ...et requeroit que ces choses fussent enregistrées pour valoir en temps et en lieu ce que raison donroit (FAUQ., I, 1417-1420, 123).

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De/par/pour raison. "À bon droit, selon le droit, en toute justice, à juste titre" : Bien m'en peusse deporter Se je voulsisse, et par raison, Car de gens de plus hault renom Qu'il n'y a nulz en son parage Sui nez (Mir. ev. arced., c.1341, 108). Et li mauvais fuissent si asservi Que de tous lieus debouté et bani, Ou par raison vivent li resjoï (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 218). Pour lesquelles choses dessus dites, je, Jenson dessus dis, en suys homs à mon tres redoubté seingneur dessus dit, et supplie tres humblement à lui que il ne me tourne à aucun prejudice se je y ay mis trop ou pou, et que à lui ne wille desplaire, quar toutes fois et quantes fois que advizéz ou requis en seray, je promet à y mettre ou hoster tout ce que appartinra de raison (Trés. Reth. S.L., t.2, 1380, 275). ...l'informacion sur ce faicte, renvoiast enclose soubz son seel ou contreseel pardevers nous ou nostre (...) chancellier, afin que (...) y feust pourveu comme de raison nous semblerait à faire. (Ch. VI, D., t.2, 1388, 32). ...ilz mandoient et avoient volu et ordonné que par mons. le prevost de Paris feust cogneu du cas dessus dit, en faisant sur ce, audit Jehannin Le Voirrier, raison et justice, et, en oultre, se mestier estoit et comme de raison seroit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 184). ...et leur vendoit le marc six frans et demi, qui ne valoit par raison que cinq frans et demi, et la païoient de la monnoye que ilz faisoient par la maniere ditte (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 482). ...par tous lesquieulx il avoit trouvé en conseil qu'il ne povoit pas bonnement de raison espargnier icelles prisonnieres que elles ne feussent arses comme sorcieres. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 339). Mais je vous requier qu'il vous plaise a moy dire la cause pourquoy vous avez indignacion contre monseigneur mon mary, car je suiz toute seure qu'il ne fist oncques rien, la ou il ne moy l'ayons peu savoir, qui par raison peust estre a vostre desplaisance. (ARRAS, c.1392-1393, 209). Et concluons que, pour ces quatres considerations, Nostre Dame par raison fut saluee de l'ange, et nommee plain de grace et en toutes femmes bieneuree (GERS., Annonc., a.1400, 231). Ceste aventure est moye pour raison (Chev. papegau H., c.1400-1500, 2). ...l'en y pourverroit [aux benefices electifs] de personnes ydoines par voye d'election par ceulz à qui de raison et de droit, ou par coustumes ou usages, l'election d'iceulz appartenoit (BAYE, II, 1411-1417, 155). Et lendemain fu ordonné par la Court que ladicte protestacion seroit enregistrée pour valoir en temps et en lieu ce qu'il appartendra par raison. (FAUQ., II, 1421-1430, 356). Quant aucun conte ou puissant baron se vuelt faire marquis, il fault que par raison il ayt du moins cincq ou six baronnies, dont en la mendre ait dix nobles hommes, tous ses subgez ; et se plus en a, est et sera son honneur. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 231). Tous marquis et contes qui viennent en guerre au service du roy doivent porter baniere sans nul penon : [car nul, s'il n'est roy ou prince, ne doit de raison porter benniere et pennon] (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 238). Se Fortune a sur moy envie, Jugiez s'elle fait mesprison. Il me semble que par raison Elle deust [Fortune] bien estre assouvye, Au retour de dure prison Ou j'ay laissié [moi, Jacquet Cardon] presque la vie. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 136). Il luy seroit bon par raison Qu'oncques de mere ne fust né. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 655). ...et, ainsi rapaisé, il verroit quelle chose de raison seroit a jugier. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 98).

Rem. Z. rom. Philol. t.111, 1995, 26, n.8.

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De bonne raison. "À bon droit" : Pour ce que de bonne raison gens roturiers de simple estat et basse condition ne doivent posseder ne acquerir ne heritellement tenir terres... (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1451, 417).

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Par raison naturelle. "À bon droit" : Par ma foy, monseigneur, et vous, mon frere, vous devez savoir que par raison naturelle a qui que je celasse mon secré, a vous deux ne le devroye je pas celer, voire se c'estoit chose que je peusse dire, et aussi que je le sceusse. Et pour ce je vous respondray a ce que vous m'avez demandé selon ce que j'en puis savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

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(Ce) qu'il est à faire de/par raison. "Ce qui est à faire selon le droit, en toute justice" : ...que dudit prisonnier feust faite tele justice comme ledit mons. le prevost et lesdiz conseillers verroient qu'il feust à fere de raison, en soy deportant de la requeste par lui cy devant faite. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 8). ...[ils] ont dit et ordonné que par ledit mons. le prevost soit procedé à l'encontre dudit prisonnier, à son absolucion ou condempnacion, ainsi qu'il sera à faire de raison, nonobstant la repeticion faite par le promoteur dudit mons. l'evesque pour avoir ledit prisonnier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 298). ...et se plus avant confessoit, ilz verroient ce qu'il cognoistroit, et sur ce diroient leurs advis et oppinions comme bon leur sambleroit et seroit à faire par raison. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 159).

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Ce que de raison. "Ce qui est de droit, ce qui est selon le droit" : ...la Court (...) ly a respondu qu'il en face ce que bon ly en semblera, et la Court fera ce que de raison. (BAYE, I, 1400-1410, 182).

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Par la raison. "En toute justice, forcément" : ...il fauldra par la raison que face le semblable cas à ceulx qui luy auront donné congié de me faire ceste honte, ce qui me desplairoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 275).

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Par meilleure raison : Et par meilleur raison, comme il me semble, ledit Julio la devroit demander au roy de messire Boffille, puisqu'il est son serviteur. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 355).

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Par droit et par raison. "À juste titre" : Lors un petit pion par droit et par raison en presence du roy assauldra un grant [roch] ou un offin. Et s'il saura bien trayre par droyt et par justice ou milieu de l'eschequier et pres du roy et de la royne, il ara sa querelle et la mectra a fin. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 182).

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Contre raison. "Injustement" : SECOND DYABLE. (...) il [cest enfant] fu en pechié engendrez Contre foy et contre raison. (Mir. enf. diable, c.1339, 47). Ha ! ma dame, en qui loyaulté Onques nulle heure ne failly, Durement vous a assailly La male fortune a ce tour. A Dieu m'en plaing, mon creatour, Qui scet que c'est contre raison (Gris., 1395, 84). En moult d'estranges ordonnances Dampnables et contre raison (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). ...maiz se doit ycelle Université constituer partie, autrement pourroit gaigner contre raison (BAYE, I, 1400-1410, 111).

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En raison. "En droit" : ...la dite dame demourroit deshonnouree a tousjours, qui ne se povoit soubstenir en raison (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 216). L'EVESQUE. Traistre, paillart, belistre, deshonneste, Regardez bien ad cela que direz, Car en effect vous vous en desdirez Si en raison vostre cas n'est fondé. (LA VIGNE, S.M., 1496, 335).

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Outre raison. "Injustement, sans mesure" : Mais j'ay leurs raysons recitees loyalment et declairé evidenment qu'elles ne sont pas bonnes et que aucunes de elles sont purement sophistiques, quar combien que Aristote fust excellent philosophe, nientmoins selonc ce que puet apparoir par ce que dit Eustrace sus le premier d'Ethiques, Aristote reprovoit aucune foys Plato trop indeuement et avoit ses oppinions en hayne oultre rayson. (ORESME, C.M., c.1377, 260). Prenez sur eulx vostre droit, sans eulx taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables, car, se peuple est povre, le seigneur est mendiz (ARRAS, c.1392-1393, 86).

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Selon raison. "Selon ce qui est légitime, juste, selon le droit" : Donnez aux bons hommes d'armes chevaulx, cottes d'acier, haches, bacinez de espreuve et argent selon raison. (ARRAS, c.1392-1393, 153). ...nul de nous meist sur son corps piece de harnoiz, ne yssist de son hostel pour lui [Glaude] ne pour son fait ; ne ce ne sera sceu ne trouvé ; et s'il est autrement, si nous faictes pugnir selon raison, car nous n'en voulons ja grace, mais droit. (ARRAS, c.1392-1393, 211). ...et ceulx qu'il en trouvera coulpables ou souspeconnez preigne et face emprisonner, et les punisse, comme il appartendra selon raison et justice. (BAYE, I, 1400-1410, 221). ...à quoy la Court se offry de faire tout ce qu'il appartendroit selon raison et bonne justice. (FAUQ., I, 1417-1420, 172).

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C'est/il est raison. "C'est juste, c'est normal, c'est légitime" : Alez au Dieu plaisir, amis : Puis que vous y estes conmis, C'est bien raison. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 221). Sire, c'est bien raison et droiz Que moy et vous donc y alons (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 228). LA VENTRIERE. (...) et li faites apprendre Sa Credo et sa Patenostre, Pour son honneur et pour le vostre, Car c'est raison. (Mir. enf. ress., 1353, 26). Aux parroissiens presenter Me vois ; c'est raison et droiture (Mir. parr., 1356, 19). Amis, dist la dame, c'est raison, puis que vous fiez du tout en moy, que je vous accoincte la verité. Il est vray que vostre pere, depar ses ancesseurs, doit avoir grant chose en la Brute Bretaigne, laquelle vous sera declaree ou pays. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Par ma foy, je feroye bien plus grant chose a la requeste du roy, car c'est raison. (ARRAS, c.1392-1393, 125). ...je ne suiz mie celle qui vueille ne doive prendre pugnicion de lui [le roi d'Ausay] ne lui retenir prisonnier ; mais il en appertient a vous d'en faire vostre bon plaisir, qui avez eu la peine et le peril de le conquester ; si vous doit demourer, car c'est raison. (ARRAS, c.1392-1393, 166). LE PREMIER BARON. A, sire, chascun l'aimera [Griseldis] Et obeïra, c'est raison. (Gris., 1395, 18). LA SECONDE DAME. Dieux l'en [Griseldis de son enfant] face a joye delivre ! Dame, alons y, c'est bien raison Qu'aïde toutes lui façon, Qu'en lui a moult bonne personne. (Gris., 1395, 49). Si couvient dire, et c'est raison, Comment le lieu est maçonné Au par dedens et ordonné. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 106). ...veu mesmement que ledit Chancellier avoit dit que c'estoit raison (BAYE, I, 1400-1410, 22). Ce seroit raison que elle prensist debat et contens a eulx et meist peine de s'en vengier (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 65). ...et [la Court] avoit tousjours esté et seroit obeissant au Roy et à ses mandemens, ainsi que raison est. (FAUQ., I, 1417-1420, 294). C'est raison d'obeir aux maistres. (Roy sotz, c.1450-1500, 229). M'amye, je feray tresvoluntiers ce que me requerez et que vostre mere veult que je face ; c'est bien raison. (C.N.N., c.1456-1467, 70). Je le vous prometz, c'est raison (Cuv. T., c.1475-1500, 75). J'ay cy de toele a foison Pour vendre ; si venoit marchant, Bon marché farey, c'est raison, Pour ce que j'ay besoign d'argent. (Pass. Auv., 1477, 237). MELCÏOR. Or entrez devant, Sire Jaspart, en la maison ; Vous le valez. BALTHAZAR. C'est bien raison, Car il est aisné de nous trois. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 307). C'est raison qu'ilz soyent payéz, Car ilz ont eu peine plusieurs. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 877). SAINCT MARTIN. Or nous fault il faire debvoir, Soubdaynement et de legier, De sercher ou pourrons avoir Ung logis pour nous herberger. FRANCEQUIN. Mon chier seigneur, sans plus songer, Faire le doy, car c'est raison ; Je voys voir se pourrons loger Pour ennuyt en ceste maison. (LA VIGNE, S.M., 1496, 201). DOYEN. Esperant que l'euvre se face Ainsi que l'avons commancee, C'est bien raison que je vous face Le premier savoir ma pencee. (LA VIGNE, S.M., 1496, 395). Toutesfois, sire, puisque ainsi est cela et tout est à vous, vostre bon plaisir en soit fait, c'est bien raison. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 389).

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C'est de raison : MICHEL. Dame, toutes voz volentez Ferons nous, c'est bien de raison. (Mir. abbeesse, 1340, 88). LE COUSIN. Cousin, je feray sanz contens Vostre plaisir, c'est de raison. (Mir. enf. ress., 1353, 58).

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Raison est : SECOND CURÉ. Clerc, savez vous homme entredit Ne femme de ceste parroisse ? Raison est que je les cognoisse (Mir. parr., 1356, 19). Item, l'en pardonne plus volentiers - et raison est - as choses qui sont faites par appetis naturelz que a autres. (ORESME, E.A., c.1370, 384).

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Il n'y a que raison : "...je ne puis a mains que d'avoir les chemises de la gaigeure, en recompensacion de la peine qu'on m'a fait ! - Il n'y a, par Dieu, que raison, dirent les damoiselles ; nous voulons en ce estre pour vous..." (C.N.N., c.1456-1467, 189).

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Estre droit et raison. "Être juste" : Sy est droit et raison que nostre Dieu puisse faire de nous toutes, ses creatures, a sa franche voulenté sans ce que on le puisse reprendre, sans ce que on luy puisse dire : "pourquoy faiz tu cecy ?" (GERS., Trin., 1402, 163).

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C'est/(il) est raison que + subj. "Il est légitime, juste que" : Sire, dist ly chevaliers, on m'a donné a entendre que vous estes partis de vostre pays en entencion de venir aidier au roy de Chippre. Par foy, dist Uriiens, il est voirs. Doncques, dist ly chevaliers, est il raison que l'en vous euvre, par tout ou vous vendrez par le royaume de Chippre, toutes villes, chasteaulx et forteresses. (ARRAS, c.1392-1393, 92). Et pour tant c'est raison que je le vous merisse a mon povoir, car je n'ay pas voulenté que de faire en mon devoir (ARRAS, c.1392-1393, 118). Par ma foy, beaulx seigneurs, ce ne seroit pas raison au moins que je ne payasse voz gens qui cy sont venuz a voz souldees et gaiges. (ARRAS, c.1392-1393, 166). Beaulx seigneurs, vous estes tous de mon lignaige, et je du vostre ; c'est bien raisons que nous nous entramons comme cousins et amis. (ARRAS, c.1392-1393, 210). Lors sera raison qu'il le tiengne [le royaume]. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 304). ...et partie adverse a dit que n'est pas raison qu'ilz dient leur responce, jusques à ce que l'Université ait dit la sienne (BAYE, I, 1400-1410, 109). "...Voire, m'amye, dist le musnier, en quelle fasson ? - C'est bien raison que le vous dye..." (C.N.N., c.1456-1467, 41). Dieu nous en a preservez [de la famine]. C'est bien raison que nous cognoissons que ce vient non pas de noz propres vertuz, mais de la seulle large et liberale grace de noste benoist redempteur (C.N.N., c.1456-1467, 223). LE .II. SERGENT [au chrétien]. (...) Puisque la justice [le juif] requiert, C'est raison que n'en la sequeure. Venez y tost. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 116).

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C'est raison si : LA FEMME. Se ne luy voulez renvoyer, Despeschons de le mettre en euvre [l'argent] Affin que le usure on recueuvre Pour le payer comme sçavez. LE CRESTIEN. Quel conscience vous avez ! LA FEMME. C'est raison s'i prouffite bien. LE CRESTIEN. Et se non ? LA FEMME. Certes, ung beau rien, C'est le payement qu'il en aura. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 97).

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Il n'y a ci que raison : Et aussi ilz [les soldats bien entraînés] scevent bien maintenant que ilz doivent faire se le besoing y estoit. Quant ceulx entendent ceste parole, si respondent : Monseigneur, il n'a cy que raison. (ARRAS, c.1392-1393, 157).

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Il semble raison : Or me semble convénient Et raison, à mon escient, Touchier en brief présentement Et déclarer aucunement, Par forme de disgression, De la povre condition (...) D'umaine et foible créature (LA HAYE, P. peste, 1426, 63).

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Raison pourquoi. "À juste titre" : Ne doleances homme n'avoit pareilles Jamais jour veu, pour parler proprement ; Raison pourquoy, car trop soudainement Cest accident estoit lors advenu Dont le peuple, tant gros comme menu, Ne fut alors de maintenir lassé Qu'on luy avoit quelque brouet brassé. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 193).

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Avoir raison de qqn. "Obtenir réparation de qqn" : Et plus vous a esté dit, comme j'ay veu par vozdittes lettres, que Monseigneur le duc luy a donné congié de vous porter deshonore ; et me demandés avoir raison dudit Saint-Omer, que vous dittez à tort et sans cause vous avoir fait ce que dit est. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 275).

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Faire (sa) raison à qqn. "Faire justice à qqn ; traiter qqn comme il le mérite" : ...et ce elle cognoissoit oultre ce que dit est dessus, que justice et raison li feussent fais et acompliz. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 197). Et, ce fait, lui retourné oudit Chastellet, feroit ou surplus et acompliroit raison et justice dudit prisonnier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 237). Et assez briefment je me trairay par devant lui en sa court. Par foy, dirent cilz, et vous soiez ly tres bien venus. Et sachiez que ly roys vous fera toute raison. (ARRAS, c.1392-1393, 51). ... nulz ne vient en vostre court que vous ne lui faciez raison et justice de ce qu'il demande bonnement, selon le droit qu'il a. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Mais, s'il vous plaist, vous me promettrez aincois que vous me ferez toute raison et tendrez en droit. Et ce que je diray est en partie pour vostre prouffit et honneur, car roy qui est acompaigniez de traicteur n'est mie bien logiez, ne ne doit pas estre trop asseur. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Je vous commande a faire justice aussi bien et faire raison au petit comme au grant. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Car a peu de gent font raison [les deux frères de Fortune], Aux aulcuns tollent sans raison, Aux aultres donnent plus que droit (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 67). ...veu que la Court est capital et ordonnée pour faire raison et justice à touz sanz rien excepter (BAYE, I, 1400-1410, 26). A quoy le premier president a respondu que la Court est fondée sur raison et, partibus auditis, a acoustumé faire droit et raison à chascun qui ceans vient (BAYE, I, 1400-1410, 190). Et reserva la Court à faire raison et justice audit Milon, aux officiers du Roy en Chastellet et à tous aultres qui vouldroient aucun droit demander ou reclamer esdiz biens. (FAUQ., I, 1417-1420, 177). Qui vous feroit trestout morir, On ne vous feroit que raison, Car il n'y a juste occoison : Vous desertez toute no loy. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 74). ...et en faire droit et raison a tous complaingnans (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 512). ...certainement il luy en feroit raison et justice (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 254). LE CRESTIEN. Mais que me fera le prevost ? LE .I. SERGENT. [Il ne vous fera que] justice. LE CRESTIEN. Se bien exerce son office, Il ne me fera que raison ["il m'attribuera le compte qui me revient, en toute justice" (Éd., 174)]. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 117). Joseph de nostre loy se tient, Et nostre ordonnance entretient : Sy dis qu'il ne le pouoit faire, Achever le fait ne l'affaire, Ce n'estoit par nostre vouloir ; Et qui, bref, l'en feroit douloir, On ne luy feroit que raison. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 769). Vous ferés ce que vous pourrés, Mais, s'en vous n'y a mesprison, Vous ne nous ferés que raison, Car en riens nous n'avons mespris. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 882). Je luy feray bien sa raison (...), Pensés qu'il n'eschappera mye Sans congnoistre qu'il a fally. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 44).