A. -

"Résolution, décision" : ...nonobstant leur non comparence, nous eust requis icelluy bailly et procureur que, en suivant l'appoinct par nous faict et donné sur ledit cas audit lieu de Saint Saulveur, en la présence desdictes parties (...) allassons avant à prendre et recepvoir le rapport de pluseurs notables personnes prouchains voisins du lieu descordable, illecques venus sur la semonce et ajournement fait par ledit Planqueys, sergent (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1495, 354).

B. -

Faire appoint. "Faire le bilan d'une situation" : Faictes l'apoint, dame Justice, Et considerons vostre fait. Vous semble il que, pour ce meffait, Ayez eu juste recompence ? Vous est point adviz que l'offence De l'homme soit bien repparee ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 452). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1075]

C. -

Loc. adv. Par appoint. "De manière convenable, comme il faut" : Et quoy que elle soit joenne, doit estre en ses jeux et ris attrempee et sans desordennance et le savoir prendre par apoint, si que ilz soient bien seans (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 179). ...se elle est joyeuse de sa condicion (...) doit toutevoyes regarder que elle prengne ses joyeusetéz par apoint, non mie de la maniere des joennes, mais plus rassisement face ses esbatemens et sans nul effroy. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 198). ...elle estoit non pareillez aux plus bellez de ce tempz et, se de beaulté estoit la damoiselle garnie, sy fut elle de beau et rasis maintieng et tant que riens n'eust jamais fait que par apoint (Comte Artois S., c.1453-1467, 5).

Rem. Aussi Garin Mongl. K., c.1460-1465, 160 et 170. V. aussi point (à point "au moment favorable") : ...Pierre si estoit moult pensif et son couraige d'entreprendre son voyage, et comme il pouroit avoir licence de son pere et sa mere, qui de son voloir ne sçavoient riens. Et ung jour se trouva apoint avec son pere et sa mere qui estoient tous seulx assis. (Belle Maguel. C., 1453, 2).
 

[D'une chose] "Qui peut être arrangé" : ...lesquels après longs jours demorés en ladite ville de Calais, trouvèrent beaucoup de questions mal appointables parce qu'elles touchoient à privées personnes tant deçà que delà, compagnons de guerre, dont l'un se doloit de l'autre, pour cause d'exaction et de fourfait (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 337). Car cognoissoit bien nostre Saint-Père les parties et les difficultés d'iceux, qui estoient grandes et quasi non appointables (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 351).
 

"Préparation (d'une nourriture)" : O et comme riche et heureuse tablée tu fis lors, et comme noble viande avoies appointée, quant sans suspection de venin, sans deffiance aucune de mauvais appointage, ton duc mesme, ton prince que tu pensoies à Brusselles et que jamais peut-estre n'avoies pu veoir qu'à danger, s'en estoit venu reffaire, parler avecques toy et communiquer soubs ton toyt et te donner pleine vision et aisée de sa personne. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 259).
 

A. -

[Idée de pourvoir à une nécessité]

1.

"État de qqn qui est pourvu du nécessaire" : L'AMANT. J'ay entendu en ceste val Des plains comme femme marrie. S'il y a riens qui vous ennuye, Dictes vostre cas plainement ; J'appointe tout. (...) [LA FEMME.] Pouvre bannye, En moy gist pouvre appointement. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 145).

Rem. Clin d'oeil éventuel p. allus. au sens "devoir conjugal". V. infra D 3 fournir à l'appointement.

2.

"Ensemble de choses (en particulier d'argent) nécessaire dans telle ou telle situation" : Il doit fonder deux messes perpetuelles la sepmaine en l'église Saint Leu au dit Namur et avec ce, livrer tous aornemens et appointemens pour celebrer les dictes messes. (Arch. Nord, 1479, B 1595, f° 18, IGLF).

-

"Argent pour racheter qqn, en partic. rançon" : "C'est bien raison, dist le Roy. Et vous pry, mon filz, que vous sachiez aux compaignons combien je payeray pour la rançon de messire Morcellet ; car je les feray payer comptant." L'appoinctement de messire Morcellet fut fait et payé, ainsi que le Roy avoit dit. (BUEIL, II, 1461-1466, 211).

3.

Loc.

-

Bouter appointement. "Fournir le nécessaire" : Mon segnieur, nous avons bouté Au jubet la faulce pailliarde. Au surplus, il faut prandre garde Pour y bouter apoimtemant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 208).

-

Fournir à l'appointement. "Pourvoir au nécessaire" : Qui auroit d'or une montjoye Pour fournir a l'apointement ? (S. fol, c.1480-1490, 7). Si j'alasse vers roy ou duc Porter quelques bonnes nouvelles, J'eusse quelque robe ou rouelles Pour fournir a l'apointement. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 175).

-

[Dans un cont. grivois] "Satisfaire aux besoins sexuels d'une femme, remplir son devoir conjugal" : Jadis fut un marchant, lequel se maria a une jeune femme, laquelle avoit encore sa mere. Advint que une fois voulut aller en marchandise. Lequel, quant il s'en alla, il bailla sa femme a garder a sa mere. Et, par le consentement de sa mere, elle fut enamoree d'ung jeune filz, lequel fornissoit a l'apointement. (MACHO, Esope R., c.1480, 244). Farce nouvelle très bonne et fort joyeuse du nouveau marié qui ne peult fournir à l'appoinctement de sa femme (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 85).

B. -

[Idée de mise au point, d'arrangement]

1.

"Arrangement entre des parties, des personnes"

a)

"Accord, convention négociée, règlement" : Et puet estre souventesfoys que les parties, pour la reverance et amour de ta mageste royalle, se soubmectront de leurs debaz au bon appointement de ta magnitude royale. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 425). Pendant lequel temps n'aient encores peu estre trouvez aucuns bons accors ou appointemens entre eulx (Ch. VI, D., t.1, 1396, 129). Si vint tantost vers le conte de Nevers et lui dist l'apointement du traictié, lequel il agrea (Bouciquaut L., 1406-1409, 125). Mais je n'y voy appoinctement qui vaille. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 123). Et pour ce qu'on m'avoit trouvé appoinctement avec ung More de Damas qui me conduiroit avec ladite carvane jusques à Bourse (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 59). ...ung appoinctement tresgracieux et bien nouveau au fort le contenta (C.N.N., c.1456-1467, 26). Aprez ceste entreprise faicte, plusieurs ambaxades furent envoyées de par le duc d'Ath, le prince de la Cormye, le sire de Hisles, le dispost de Calaphye, le marquiz de Calyma et plusieurs autres pour trouver traictiez et appointtemens avec le roy Amydas, et aultres grans princes voysins, mediateurs de ces traictiez et appointemens. (BUEIL, II, 1461-1466, 222). Tres haulx et tres puissans barons, Contes et ducz qui icy sont, Vous savez tous l'appoinctement, Comment, par voz oppinions Avez fait les conclusions D'aller a Orleans promptement (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 138).

-

"Accord en vue d'une paix, d'une trêve" : ...apres l'apointement de la paix jurée en la cité d'Auxerre entre noz seigneurs de France (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 57). ...ilz mirent en terme la paix, et dirent qu'ilz demandoient appointement et faire le traictié de paix ainsi qu'il plairoit au roy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 318).

-

P. ext. "Conclusion, issue (d'un conflit)" : ...quant il fut arrivé ou païs, il trouva que la guerre estoit retournee à bon appoinctement (Cleriadus Z., c.1440-1444, 613).

b)

"Arrangement convenu ; rendez-vous, convocation" : Et distrent ces seigneurs que le duc de Jullers fust mandez et que on le fesist venir à obeissance. Chilz apointement fut fait et tenus [et la réconciliation entre le duc et l'empereur a lieu] (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168).

Rem. Aussi Garin Mongl. K., c.1460-1465, 25 ("jour décidé, rendez-vous").

-

"Rendez-vous d'amour" : Mauditz soyent ces mariz jaleux Qui sur leur femmes font le guet ! Ilz font aux pouvres amoureux Souvent endurer chault et froit. Car jalouzie et le quaquet Des envyeulx Ont maint appoinctement defait (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 17). De convenant de femme ce n'est rien : Il ont bien tost mys ailleurs leur pensée. Tousjours leur fault nouvel apointement, Et sy leur fault la manche bien fourrée. (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 45).

c)

"Règlement (de comptes), échéance" : Au jour de l'apointement Je dirai : "Traiiés arriere." (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 66).

d)

Loc.

-

Faire/prendre appointement (avec qqn/entre des pers.). "Établir un accord (en particulier de paix), une convention, un règlement ; prendre des dispositions" : Et, pour ce, par l'ennortement dudit Cardin, et appointement fait entre eulx, se partirent d'icelle ville d'Anthoigny, vindrent boire en la ville de Fresnes, et d'ilec alerent en ladite ville de Rungy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 235). Lequel Guillaume Sirel, ou contempt dudit appoinctement ainsi fait entre lesdiz freres et pour empeschier icele yssue ou autrement, commença a fere (...) une forte haye (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1432, 189). ...la response et appoinctement que sur ce aurez fait avec ledit bailli (Ecorch. Ch. VII, T., 1445, 38). Tantost que Cuer d'Acier entendi que l'apointement ne se faisoit, le doeil lui redoubla, car il redoubtoit trop la bataille pour les perilleuses aventures qui en pouoient advenir (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 305). ...mais il envoya a Ethioclès savoir son vouloir sur l'apointement pris entre eulx. (LA SALE, Sale D., 1451, 260). Il demande l'adveu et tenue de madite damme, qui sera baillée conformable à l'appointement fait o le duc Jehan à Redon (Cartul. Laval B., t.3, 1452, 144). Et tout celuy esté dura la guerre jusques en septembre ; puis fut fait l'apointement. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 160). Le lendemain au matin, parlerent de rechief ensemble le Cappitaine et le Jouvencel, et envoierent certains messaiges à ceulx dont ilz avoient parlé le jour de devant, c'est assavoir, au sire de Rocqueton, Foullières et Gallebrun, leur dire et denuncer l'appointement qu'ilz avoient prins, et en quel lieu ilz se devoient rendre à eulx, et le jour. (BUEIL, I, 1461-1466, 82). Et pour ces causes, delibererent de venir faire un champ à quatre lieues de lui. Et leur pensement estoit que là il les vendroit combatre desordonnéement ou qu'ilz feroient appointement avecques lui à leur avantaige. La pluspart du conseil du roy Amydas fut d'oppinion de combatre (BUEIL, II, 1461-1466, 231). ...l'appoinctement naguères fait entre nous [Louis XI] et nostre très cher et amé cousin le conte du Perche touchant la recouvrance en noz mains des ville et chastel d'Alençon (Roi René vie L., 1468, 325). Et dist audict herault plusieurs autres raisons pour admonnester le roy Edouard d'Angleterre de prendre appoinctement avecques luy. (COMM., III, 1495-1498, 69). Oultre plus de l'apoinctement Qui se fait a deux et a quite, Vous en serés tresbien conduite Tous les jours face froit ou chault. (P. moyne, a.1500, 46). [Tout beau, faites] appoinctement Sans tencer, je le vous commande. (P. moyne, a.1500, 47). Et ce temps, le roy sejourna longuement en Poitou et vers les marches de Bretaigne, et tant y demoura que appointement se fist entre le roy et le duc de Bretaigne. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 330).

-

Avoir/faire/prendre appointement [d'argent]. "Faire un accord concernant les finances" : ...à Arraz et à Douay, où furent prins certain appoinctement de finance que ledit Buridam fist depuis et delivra pour les affaires de mondit seigneur du droit de sadicte monnoye (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 240). ...des emprunts et appointement de finance qu'il fist lors faire avec Phelippe Raponde, Marc Guideçon, Berthelemi Betin et les marchans des nacions de Gennes, de Catheloingne et autres, ensemble avec les bonnes gens de la loy de sadicte ville de Bruges (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 580). ...ladite vefve et heritiers dudit feu Amaury ont eu appointement avecques messeigneurs Prevost des marchands et eschevins de ladite ville de certaine somme de deniers qui leur estoit deue par ladite ville, sur laquelle luy devoit estre rabatue ladite rente jusques à fin de paie (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1447-1449, 611).

-

[Faire qqc.] par appointement. "[Faire qqc.] par arrangement, par accommodement" : Finablement, il le delivra par appoinctement, comme il me fu dit. (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 238). Allemaine, Engleterre Et Bourgonne ont chargié Engiens par mer et terre, Lescluse ont assiegié ; Ceulx qui le deffendirent Soustinrent vaillamment, Mais enfin se rendirent Par bon appoinctement. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 328). ...lui arrivé, combatirent lui et Cirus et par armes conquist Cyrus et le print prisonnier, mais, pour ce qu'il s'entremectoit et amoit la science des estoilles, ot pitié de lui et le delivra par certain appointement et ainsi fut cessée celle guerre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°).

.

[Faire qqc.] par appointement que + prop. sub. "[Faire qqc.] selon une convention qui stipule que" : En cel an, fut delivré Chierbourc que tenoit le roy de Navarre, par appointement que on lui devoit delivrer certaines terres en recompensacion de la conté d'Evreux et du païs de Contemptin ou il disoit avoir droit. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 13).

-

Traiter d'appointement. "Négocier un accord" : ...le parlement qui estoit entre le connestable et eulx pour traicter d'apointement (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 322).

-

Venir à/en appointement. "Demander une trêve, un accord, une conciliation" : [Les Flamands] fuissent venu à pais et à apointement envers le conte, se chils diables de castiel n'euist esté ars. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 186). ...et ainsi par la grant paine et labeur que rendirent les deux capittaines dessus nommez, (...) a bien leur siege continuer constraindirent les assegies de venir a apointement et eulz rendre a eulz la ville et forteresses (WAVRIN, Chron. H., t.3, p.1471, 124). Syre, ne vous tourmentez plus, Car nous ferons bien tellement Que Charnau ne fera reffuz De venir a appoinctement. (Bataille st Pens. A., a.1485, 36). ...et pareillement, s'il vient en apointement incontinant m'en iray audit lieu de Paris. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 317).

2.

P. ext.

a)

"Façon dont une chose est arrangée" : GOSSET. Elles [les chaînes] sont rouges que gringaudes, Regardés quel appointement. MAILLEFER. Or garde que tu ne t'eschaudes, Tu les manies rudement. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 251).

b)

"Arrangement ; tour, ruse" : J'ay pensé bon appointtement (Path. D., c.1456-1469, 90).

C. -

[Idée de décision]

1.

"Décision, sentence" : En la journee precedente, Vous fut une grant part monstree Des faiz Jhesus. Et a l'entree, Vous feismes ung procés moral Sur l'appoinctement principal Del'umaine redempcion. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 136). Sur quoi baillia conclusion dame Sapïence la sage, Qui de ce present arbitraige Des parties fut juge esleue, Que mon fils de haulte value Ceste incarnacion prendroit (...). Ne fut pas tel l'appointement ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 452).

2.

[En termes de procédure jur.] "Décision judiciaire par laquelle le tribunal, sans statuer définitivement sur les prétentions des parties, admet toutefois le principe qui servira de base à son jugement, quand il sera en possession d'éléments supplémentaires" : C'est le point de l'arguement, Si mist sur le fait des oisiaux Cinc loenges, qui sont moult biaux, Mes de ce n'ai rien fait escrire ; Longue chose seroit a dire, Quer il ont fait apointement, Sus quoi se fait le jugement (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 261). Sur ce que une bourgoise requeroit que certain appointement qui avoit esté donné par les gens tenans l'Eschiquier d'Amours au proufit d'une damaiselle, sa partie adverse, touchant le debat qu'il avoient ensemble pour aler au dessus, fut recindé et anullé, la court a veu le plaidoié des parties et tout ce qu'elle a produit. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 173). Or ça ! donc, pour abregement, Oyes vos raisons trespropices, Vous aurés ung appointement. Mais il fault payer les espices, Se sont les droictz de noz offices, Et puis on vous appointera. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 53).

-

Appointement d'état. "Jugement provisoire qui constate un état de la cause" : L'ADVOCAT. Pour avoir ung bon advocat Qui pourchasse bien nostre cas, Prenons apoinctement d'estat Des merites sainct Nicolas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 158).

Rem. Cette déf. est suggérée par J. Monfrin, Romania 103, 1982, 575. L'appointement est une des nombreuses étapes dans le déroulement d'une procédure (cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.2, 1958, 388).

3.

P. ext.

a)

"Décision, arrêt rendus par une autorité politique ou juridique" : ...rendons et delivrons par ces presentes la mairie, la loy, les clefs et eschevinaige dessus dis et le gouvernement d'iceulx et en ostons et levons nostre dite main et leur mettons au delivre, à en joir, tenir, exercer et gouverner par la forme et maniere, de l'avis et des appointemens contenus et declarés es lettres devant dites, passées et seelées par le Parlement comme dit est (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379,,, 406). Et, pour ce que autre chose ne voult congnoistre que dit est dessus, icelui prisonnier en ensuïant ledit appointtement oujourd'uy fait, fu fait despoiller tout nu, mis, lié et estendu à la question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 481). ...et ne peult ou doit aucun juge, personne d'eglise ou autre, adnuller, corriger ou changer les sentences, jugemens ou autres appoinctemens (Echiq. Normandie S., 1395, 188). ...depuis trois ou quatre ans passez, à très grant difficulté on a peu ceans avoir delivrance de parchemin seulement pour escripre les plaidoieries et les arrestz et appoinctemens dudit Parlement (FAUQ., III, 1431-1435, 2). ...plusieurs appellent des officiaulx, de leurs sentences et appointemens en Parlement (JUV. URS., Verba, 1452, 378). Et depuis obtindrent lesdiz supplians certaines lettres de nostre dit feu frère, par lesquelles estoit mandé aux conseillers tenans lesdiz Grans jours mettre ladicte appellation au neant, en acquiessant par eulx audit appoinctement, et faire proceder icelles parties ausdiz Grans jours sur le principal, ainsi qu'il appartiendroit par raison (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 391). LE JUGE. L'apointement tel cy sera : Pour demain [vous] en yrés En vostre hostel, mais reviendrés Aprés disner cy en ce lieu. LE JUIF. J'en suis content, par le grant Dieu. Enregistrés l'apointement. LE GREFFIER. Sa, argent tout premierement ! (...) Baillés arres, puis parpayé Sera a vostre bon loisir. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 121). LE PREVOST [au chrétien]. Vous en jurerez sur ce fait. Allons tost, sans plus de debas, Dessus l'autel sainct Nicolas, Selon l'apointement donné. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 129).

-

[En collocation avec ordonnance] : Soies maistres de ta maniere Et ne te haste mie trop - On ne fait pas tout a un cop - Mais aten pacïentement L'ordenance et l'apointement De Venus ma mere et de moy ! (Echecs amour. K., c.1370-1380, 173). ...en enterinant ledit jugement, ordonnance et appointement fait par mesdiz seigneurs de parlement, icelle prisonniere fu faite despouillier toute nue, mise, liée et atachée à question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 302). Item, les dessusdis de la Rivière et le Mercier jureront et prometteront qu'ilz ne pourchasseront ou feront pourchassier aucune chose contre ceste présente ordonnance ou appoinctement. (Ch. VI, D., t.1, 1394, 118). ...l'argent, qui par l'ordonnance et appoinctement de ladicte Court a esté queully et levé pour l'issue du royaume (...) sera baillé et delivré à ladicte damoiselle (BAYE, I, 1400-1410, 134).

b)

"Décision, sentence divines" : Vostre divin exaulcement Voulons en tout magnifïer, Pour vostre digne appointement En tout honneur glorifïer. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 148).

c)

"Solution de compromis (résultant d'un jugement)" : ...monseigneur l'official, pour appoinctement, fist couvrir un lit en sa maison, et ordonna par arrest que les deux mariez yroient coucher ensemble (C.N.N., c.1456-1467, 501). Or avant, ma fille, faictes ce que vous devez faire, et gardez de venir a l'encontre de l'appoinctement de monseigneur l'official (C.N.N., c.1456-1467, 501).

d)

"Volonté que qqn manifeste" : ...dés le commencement ledit daulphin eust bien fait de venir et leissier faire son appointement au roy en luy envoyant la lettre blance pour y mettre son plaisir (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 42).

Rem. Cf. G. Roussineau, Z. rom. Philol. 110, 1994, 247.

e)

"Conclusion, dénouement d'une affaire" : Ce foulastre, par mon serment, Helias a appellé par force. Or veyons quel appointement ! Actendons de Helias la forsse. (Pass. Auv., 1477, 223).
 

A. -

[Idée de mise au point, de préparation]

1.

Appointer qqc. "Mettre en état, arranger, préparer qqc."

a)

[Une chose concr.]

-

[De la nourriture, un repas] "Apprêter" : ...le chevallier encoche une sayette et en attaint ung chevreu au travers des costez tellement qu'il l'arresta illecq tout court. Sy le prindrent et l'emporterent, puis l'apointerent et le mirent en presse soubz le chesne tant que le sang et les humeurs furent hors de la char. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 28). ...et tandis que l'eure du soupper vint, qui fu tant plentureux et richement appointtié que merveille, menestrez sonnerent assiete (Comte Artois, c.1453-1467, 18). ...il luy dist qu'elle appoinctast son disner et soupper tout ensemble (C.N.N., c.1456-1467, 527).

.

Appointer à souper : Eulx illec arivez, demanda icelui supliant a sa femme se elle leur avoit apoinctié à souper, qui respondit que non. (Arch. Nord, 1499, B 1710, f° 27 v°, IGLF).

-

[Un navire] "Mettre en état, équiper" : Et Bauduyn respont : "Or faite bien apointier Ung vaissel affin que puissons bien naigier Et laissier ceu chaistel et le pays plennier." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 501). Ma nef appointay et tiray Vers le lieu, dont je fus partie (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 53). Adont fist tantost appointer son navire et remonter ses chevaulx et toute son armee mettre en ordonnance (Bouciquaut L., 1406-1409, 220).

-

[Un objet quelconque] : J'appoincte les cordes tousjours Pour le lÿer bien et en haste. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 254). La damoiselle lui alla appoinctier ce qu'elle pensoit qu'il lui fut propice, mais ce ne lui prouffita aucunement, car son mal requeroit autre medecine. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 111). ...[le curé] s'en alla a sa maison appoincter son boys et ses palmes, pour les faire le lendemain servir a la procession. (C.N.N., c.1456-1467, 514). Quand Boreas, redoubté et cremus, Sceut que Flora se debvoit marier, Print son chemin vers l'hostel Tantalus, Querans sauldars pour y remedier ; Dont Ixion vault sa roe appointier, Pour tourmenter l'espeuse bienheuree (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 715).

-

[Un jeu] : Sy avint ainsy, comme elle faisoit les eschiés appointier, que Savary entra leans et Rolant pié a pié (Garin Mongl. K., c.1460-1465, 107).

-

[Un lieu] "Préparer (en vue de qqc.)" : Mais tandis que les champyons estoient eulx alés armer, fist le roy apoinctier le champ ou marchié qui assés estoit grant et spacieux comme il povoit et puet encore apparoir. (Saladin C., c.1465-1468, 88).

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[Un membre cassé] "Remettre en état" : ...et envoya tantost querir ung mire en la ville qui tresbien se savoit entremectre de jambes et bras rompuz apoincter. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 89).

-

[Un cadavre] "Apprêter" : ...si fu son corps [de la reine] apointé solempneement selon l'usage des roys et roynes, vestue(e), parée et couronnée sus un riche lit couvert de drap d'or atout un ciel dessus, et ainsi fu portée à grant procession à l'eglise de Nostre-Dame. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 134).

-

[D'une chose] Appointé

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[D'un objet] "Équipé, arrangé de telle ou telle manière" : Et les quatre chevaliers en la garde desquelz le tres preu Lyonnel s'estoit mis le commanderent porter a Royalville tant qu'ilz eurent fait appareillier une littiere que deux chevaulx portoient, tres noblement apointee comme a son estat appartenoit (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 381). Voicy harnoys, cler comme voirre, Bien appointé et bien en serre, Et si est de gente façon. Quel cuirasse et quel glasson ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 148).

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[D'un mets] "Préparé, apprêté" : ...car les bons et exellens honmes afferment que labeur est agoustement de viandes et qu'il n'y a riens si bien ne si haultement appointé qui soit delicieux a cellui qui n'en tient compte. (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 256).

b)

[Une chose abstr.]

-

[Une affaire, une situation...] "Régler, arranger" : Adonc vont les varlés la besongne appointer (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 159). "...Devant l'emperéour qui Maienche mestrie, Voel que ordené soit icelle compaignie." Et chil l'ont acordé, s'ont la cose apointie. (Chev. cygne R., c.1356, 116). Et se le cas se trouvera grant et appareillie a une grosse guerre, lors ton serviteur offrera aux parties que ta royale mageste mandera tes sollennelx ambaxadours et messaiges pour doulcement traictier et apoincter la besoingne. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 425). ...et appointier Honnourablement voult mon erre De quanqu'il faut qui par mer erre. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 34). Si lui dit (...) Qu'il appointe tost tel affaire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 306). ...si bien leur fait apointierent Qu'au derrain (...) Fu Hasdrubal desconfit d'eulx (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 227). Et des prouchains de sa dame s'acointe, Ne de meschans n'a vouloir d'estre acointe, Mais en doulceur tost adresse et appointe Du tout son fait, Et hait vergoigne et tout villain meffait Et lait parler qui son parleur deffait : Il change meurs et en mieulx se parfait. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 163). Et la chose ainsi appointee, Polinicès se party (LA SALE, Sale D., 1451, 260). ...ainsi estoit la chose difficile a appoincter. [Deux amis prétendent être propriétaires d'un diamant auquel aucun des deux ne veut renoncer] (C.N.N., c.1456-1467, 393). "...Se Dieu plaist, nostre besongne ira bien." Adonc respondist le viel cappitaine de Crathor : "Dieu en soyt loué ! vous y avez bien pourveu ; et j'ay très bien tout appointté en ceste ville ; car j'ay myz aux portes bonnes gens et seurs que nul ne saille..." (BUEIL, II, 1461-1466, 127). Dès que vous partirez de la porte, faictes que vostre fait soit si appointé que vous n'arrestez point en chemin ; et mettez gens devant bien seurs et darrière aussi et quelques gens legiers sur les costez, affin que nulz ne s'esquartent. (BUEIL, II, 1461-1466, 127). J'ay entendu en ceste val Des plains comme femme marrie. S'il y a riens qui vous ennuye, Dictes vostre cas plainement ; J'appointe tout. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 145). Puisque je suis en ce lieu survenue, Pence de brief nostre cas appointer. (LA VIGNE, S.M., 1496, 481).

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Empl. abs. : Ainsi partist le cappitaine de Crathor et entra en la ville et appoincta tellement que tout fut bien. Et puis entra le Jouvencel et toute sa compaignie. (BUEIL, II, 1461-1466, 89).

c)

Appointer (une somme d'argent) sur (une autre). "Assigner" : ...lesquelz chasteaux il ayt fait construire et bastir, et, pour ce faire, apointer aucunes sommes de deniers sur ses finances par plusieurs années (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1484, 445).

2.

Appointer qqn

a)

"Arranger, mettre dans un certain état"

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"Soigner (un blessé, un malade)" : A Colinet Denfer, varlet de chambre de mondit seigneur, la somme de douze frans monnoye royal que mondit seigneur lui a donné de grace especial pour payer et soy acquittier envers les mires qui l'avoient appointié longuement et appointoient encores lors pour certaine maladie qui en l'un de ses bras lui estoit survenue (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 372).

-

"Habiller qqn" : Quant bielle Oriabiel, la pucielle jolie, Otapointiet Jourdain a le chiere hardie De dras sy gentement con fu se commandie, Tant fu biaux et plaisans, n'est nuz qui le vous le die. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 145).

-

Appointer qqn en + attribut. "Traiter qqn comme" : PREMIER TIRANT. Avant que je parte d'icy, J'espere de bien le taster. L'EVESQUE. Sus, enffans, veillez vous haster De luy monstrer son becjaulnaige ! SECOND TIRANT. Je le veulx en chien appointer. TIERS TIRANT. De frapper ay si fain que raige ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 343).

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"Influencer" : ...car onques puis qu'il ot Raine espousee, de la mort Agea ne lui souvint ne de chose qu'il lui eüst enconvenancé et promis, a la mort, pour Berinus son filz, ains l'a du tout mis en oubly et failli de ses convenances, car Raine l'avoit tellement ennorté et apointié, que tout son desir et sa pensee estoient converti a faire la volenté de Raine sa femme, et elle n'estudioit a l'autre lez, fors qu'elle se peüst delivrer de son fillastre par honneur, car il n'estoit riens qu'elle haïst autant (Bérinus, I, c.1350-1370, 24).

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"Installer, placer" : Le soyr vint, il fault preparer Le souper et le vin tirer. Monsieur fut sis et appoincté, Et dict on benedicite. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 292).

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P. antiphr. "Arranger qqn (ici tromper)" : Ainsis ly ment, ainsis l'apointe, Ainsis le deçoit et confont (DESCH., M.M., c.1385-1403, 131).

-

[D'une pers.] Appointé "Qui est dans tel ou tel état, arrangé de telle ou telle manière"

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[Négativement] : Et la fu tramis Saturnus A meschiefs et povres et nus, La ou son filz l'avoit cachié, De ses coulles mal apointié, Dont ne lui fut ne bel ne gent. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 203). Ce pouvre amoureux estoit tant piteusement appoincté qu'on ne savoit du quel il avoit le plus. [Pour échapper au mari, l'amant s'est enfermé dans un casier garni d'oeufs, de beurre, de fromages et de lait, que le mari a fait emporter par un cheval] (C.N.N., c.1456-1467, 446).

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[Positivement] "Paré" : Elle marchoit beau et a trait : Tant belles façons, tant beaux gestes, Les plus mignons, les plus honnestes, La plus proprement appoinctee, Gente, guillerette, attinctee. C'estoit ung tresor, ung avoir ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 363). Auprés estoient les princes comme Bananyas, filz de Joyade, richement appointé comme ung prince de chevalerie, Cerethi et Selethi, aultres seigneurs et conseilliers obaissans a la petition de ladite royne Bersabee. (Entrées roy. G.L., 1485,,, 254).

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"Conformé (de telle ou telle manière)" : Certes, dist elle, le pourpoint Si te fust bien taillie [l. taillié] a point, Se tu a point fusses taillies [l. tailliés] ; Mais a toi tient qui apointiez N'es pas a droit selonc son point, Quar trop es cras et as trop d'oint Dessous l'elë et trop es drus, Trop reveleus et trop pëus. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 122).

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"Qui vient à propos" (Éd.) : Je voy au long de ceste sente Un homme très bien apointé. (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 94).

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Estre appointé de + inf. "Être amené au point de faire qqc., être prêt à" : Et je suis prest et appoincté De mettre mes biens en exil Voirë encor plus la moytié (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 12).

b)

"Donner à qqn ses gages, payer qqn" : Si vueillez appoincter ledit Gabriel en telle maniere que le plus brief que faire ce pourra il soit paié de ladicte somme. (Lettres Louis XI, C., t.1, 1438, 1).

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P. plaisant. : Sont ilz appoinctez les chalans, Comment ilz nous ont surmontez ? ["Ils ont la monnaie de leur pièce" ? ] (Sots Magn., a.1488, 210).

c)

"Charger d'une fonction" : Le saufconduit doit tenir tant que la teneur en dure, aussi bien le Roy mort que vif ou l'officier desappoincté comme appoincté, ou rendre aux marchans les deniers qu'ilz en auroient baillez. (BUEIL, II, 1461-1466, 30). Le Roy appointa certain nombre de gens pour venir au lendemain devers lui et tous les fist jurer, et prist son temps de partir et de s'en aller faire sa conqueste (BUEIL, II, 1461-1466, 143).

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Appointer qqn à qqc. "Employer qqn à qqc." : ...chacun faisoit le mestier, Ou Nambrot le volt appointier. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 151).

3.

Appointer qqn de qqc. "Pourvoir qqn de qqc." : ...par aucunes années j'ay prins deux mil frans de pension en Languedoc et autres années que mil et ne suis pas recors si en icelle j'en estois appoincté de 2.000, par l'estat du trésorier de Languedoc se pourra congnoistre (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 108). Aprés toutez ces chosez doncquez, comme Huon eult Salhadin apointié de toutez lez armes dessusdictes, il le prinst par la main et l'emmena hors de celle chambre. (Saladin C., c.1465-1468, 77). Ceste vieille l'a emmenee Et la vous mest sur le mestier. Et, de faict, la va appointier De chapperon rouge, au surplus, De corset de soye, de baudrier, De robbe. Que voulez vous plus ? (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 224).

-

S'appointer de qqc.

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"Se munir, se fournir de qqc." : ...chascun se avitailla et appoincta de ce que besoing leur estoit (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 297).

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"Se parer de qqc." : Pour m'abiller de riche orphaverie Et appointer de joyaulx et de bagues, Je ne suis pas en trop grant resverie, Car j'ay plumaulx, bauldriers et larges dagues (LA VIGNE, S.M., 1496, 168).

4.

Appointer de qqc. "S'occuper de qqc." : ...tenir ses estas et appoincter de ses offices et autres affaires de sondit pays et duchié de Guienne. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 234). Et, pour appoincter des differens du roy et ledit de Bourgongne, y ot ambasseurs ordonnez, et pour appoincter des debats et questions des gens de guerre de chacun des deux costez. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 258). Encore plus dit Vegece que les assiégez et encloz en aucune forteresse doivent estre songneux de secretement enserchier et savoir, par subtilz moyens et bonnes espies, la convine de leurs ennemyz, ne n'est chose à eulx plus proffitable ne mieulx aidant ; car, par ce, pevent-ilz mieulx appointer de leurs affaires (BUEIL, II, 1461-1466, 54).

5.

Appointer à + inf. "Se préparer à" : L'ADVOCAT. On ne peut pas juger a l'oeil. Apointés a deliberer. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 119).

6.

S'appointer

a)

"Se préparer, se mettre en état" : Ie croy q(ue) apointier m'en yraie Por mes berbis au champ myneir. (All. foi C., c.1350-1400 [p.1478], 253). Partir dorent a certain jour, Tandis s'appointerent tousjour. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 310). Je vous pri, lesson ce tencer. Appointez vous, ou vous vuydez ! (Moralité 1427 B.B., 1428, 130). ...tantdiz qu'ilz s'appoinctoient, il alla pareillement querir deux des freres et des seurs d'elle [Un homme est allé inviter ses beaux-parents à déjeuner chez lui] (C.N.N., c.1456-1467, 380). Sans faulte, dit le Jouvencel, c'est très bien dit. Il nous fault appoincter, quant viendra sur le tart, pour partir. (BUEIL, I, 1461-1466, 102). Or nous appointon [sic] noblement Affin d'attendre tous venans. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 160).

-

En partic. "S'habiller" : Hulin vestit la robe o viellart harpëour, La endroit s'apointa a loy de jouglëour (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 154). Le roy Pallidès, qui estoit nottablement apointié [Var. n.150, p. 392 : r. Palaidès, qui s'estoit apointié notablement] pour ce qu'il sçavoit leur venue, s'en vint a l'encontre d'eulx (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 150).

.

Estre appointé : Le roy Pallidès, qui estoit nottablement apointié pour ce qu'il sçavoit leur venue, s'en vint a l'encontre d'eulx (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 150).

-

Se faire appointer (par le barbier). "Se faire raser" : Il s'en ala faire apointier en l'ostel de son barbier et, en retournant vers sa maison, rencontra les dis trois freres. (Arch. Nord, 1467, B 1692, f° 39, IGLF).

b)

"Se mettre en règle (en faisant les démarches officielles)" : Et pour advertir comment il se fault appoincter, on traicte avec ledict truchement tant pour le droict du Souldan que pour le sien à payer chascun par teste. (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 15).

c)

S'appointer à/sur. "S'attacher à" : Car vous congnoisterez le point De quoy justice est a point pointe, Quant juges sus bon droit s'apointe. (MACH., J. R. Nav., 1349, 262). Car quant en vous de pité point Ne truis, n'à point Amours me point D'un si dur point Que de joie tout me despointe Et d'un fier desdaing le cop oint, Qui mat m'empoint, En angle point, Dont la mort à mon cuer s'apointe. (MACH., Les lays, 1377, 289). Quant li bons rois le vit, ja ne vous quiers boisier, Nature li prent sy en son cuer a lanchier Avoec l'oel amoureux qui s'y voet apointier Que de le bielle vot faire son desirier. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 541).

-

S'appointer à + inf. "Se préparer à" : A amer s'appointe : La treuve a plaisir conjointe, D'honneur la monjoie ; A lui est adjointe, Et n'est nul qui l'en despointe Par quelconque voie. (CHART., L. Plais., c.1412, 151). C'est pour la pointe De Desir dont je suy si pointe, Et s'a la demourer m'appointe, De nul confort ne suis acointe. (CHART., L. Dames, 1416, 272).

B. -

[Idée d'arrangement, d'accord, de conciliation entre des pers., des parties, idée de convention, d'accord, de décision]

1.

[L'obj. dir. (ou indir.) désigne des pers., des parties]

a)

"Réconcilier, faire s'accorder" : Et doit on ouyr les partiez bien et doulcement (...) et les partiez ouyez les appointer conme de raison (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 30). ...les dictes parties ne s'estoient voulu laisser appoincter et appaiser par tant de notables personnes (C.N.N., c.1456-1467, 394). ...et falut fermer les portes et que gens de bien s'en meslassent pour les defaire et appoincter. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 163). Ung laboureur avoit plusieurs enfans, lesquelz avoient continuellement guerre et discort entre eulx, et ne les pouoit le dit pere apointer ne acorder ensemble. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 64).

b)

DR.

-

Appointer les parties en droit. "Ordonner (aux parties) de mettre par écrit les raisons déjà énoncées oralement" : Aprés parties oïes et aprés ce qu'elles furent apointees en droit, le vigier apointa que les dictes lettres et relievemens ne seraient point enterinez et qu'il n'y avoit point matiere de recinder le dictz contract (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 21). Sur quoy finablement, parties ouïes, elles furent appointez [sic] en droit. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 62).

-

Appointer les parties à écrire/produire/mettre par devers la cour et au conseil. "Ordonner (aux parties) de produire lettres, instruments ou autres écrits sur lesquels est appuyée leur plaidoirie" : Et si les parties sont appoinctées à écrire par manière de mémoires, elles seront tenues bailler leurs mémoires dedans trois sepmaines (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1454, 296). Oÿes lesquelles parties, elles furent par le dit juge de la garde des seaulz appointees a produire et en droit. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 45). Oÿez les parties bien au long, elles ont esteez appointeez en droit et a mectre par devers la court et au conseil se que bon leur semblera. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 80). Oÿes lesquelles parties en tout ce qu'elles ont voulu dire et alleguer, elles ont esté appointtez a mettre par devers la court et au conseil. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 124). Voulons et entendons que lesdits seneschaux, alloués et lieutenans puissent (...) appointer les parties à escrire leurs faits, causes et raisons (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1496, 529).

-

Appointer les parties contraires et en enqueste/appointer les parties en faits contraires. "Demander des informations supplémentaires parce que les faits proposés par les parties sont opposés" : Et se on ne treuve autre chose qui veue a esté, lesdictes parties seront appoinctées en fais contraires ou regart du principal et des attemptas (FAUQ., III, 1431-1435, 131). Voulons et ordonnons que les procez qui pourront estre expédiez et jugez par droict et par fin de non-recevoir, soyent expédiez et jugez par tous les Juges de nostre royaume (...), sans appoincter icelles parties en faictz contraires en iceluy procez. (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1454, 312). Les parties ouÿes a plain, furent appointez par le juge ordonné en droit. Et depuis par sa sentence les apointa contraires et en enqueste. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 36).

-

Appointer les parties en preuves. "Inviter (les parties) à présenter leurs preuves" : Pour ce que le temps passé, quant les parties estoient appointées en preuves, et sans sçavoir si le procès se pouvoit juger sans enquerir la verité des faits contenus en leurs reproches par eulx baillés, faisoient enquestes sur les reproches (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1496, 531).

c)

Appointer à/avec qqn. "Conclure un accord, faire un arrangement avec qqn" : ...nous avons sceu que le frere de Pierre d'Acigné (...) a appoincté avec ledit cardinal d'Avignon, sans vous en parler (Lettres Louis XI, C., t.1, 1459, 115). Quant ceulx à qui sont les nefz seront venuz, le Roy fera appointer avec eulx pour le passaige et pour les vitailles qui nous seront neccessaires. (BUEIL, II, 1461-1466, 163). Et combien que depuis ledit cas ainsi avenu, ledit Jaques Seguin ait appoincté à ladicte femme pour son interest à la somme de quarente livres, dont elle ait esté contente (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 191). ...j'ay apointé avec les Souisses et ay envoyé mon pouvoir pour passer tel et semblable appointement que le feu roy mon pere et eux avoient ensemble, reservé que je ne leur baille que vingt mille livres de pension (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1495, 270). ...mettre le duc si avant aux champs, qu'il fust content de appointtier avec le roy, et de tous pointz abandonner le duc de Bourgoigne (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 308).

d)

S'appointer

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S'appointer à qqn. "S'accorder avec qqn" : ...[les Gantois méditent de se débarrasser de Pierre du Bois] et puis au conte leur signeur s'apointeroient et accorderoient et se metteroient dou tout en sa merchi. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 72).

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S'appointer ensemble sur qqc. "Se mettre d'accord sur qqc." : J'ay receu voz lettres (...) par lesquelles m'escripvés que vous et beau frere et cousin Philipe de Savoye vous estez appoinctez ensamble sur les points dont declaration estoit remise à moy (Lettres Louis XI, V., t.5, 1473, 182).

-

S'appointer + interr. indir. "Prendre en considération le fait de savoir, se fonder sur la question de savoir" : Celle qui parle des oisiaus Dist verité : il sont plus biaus Et sunt de plus neite nature Que ne sont les chiens sans mesure, Et si les puet on bien porter Ou l'en veut pour soit deporter. Mes che n'e[st] point l'apointement Sus quoi nostre juge se prent ; Il s'apointe, si com je truis, Lesquiex font les plus biaux deduis (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 265).

e)

Empl. abs.

-

"Faire un accord, un traité" : Pendant le temps des trèves données pour devoir appointer, les Angloys, comme faulceurs de leur foy, le douziesme jour de may en l'an mil quatre cent dix-neuf, prindrent par amblée le chastel de Yvry-la-Chaucée (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., p.1436, 218). [Qqn demande une trêve au narrateur] Puis vous me direz vostre advis Si je doy apoincter ou non, Et je tiendray vostre devis Par ainsi qu'il me semble bon. (Bataille st Pens. A., a.1485, 61). Toutesfoiz, estans Venitiens presque au dessoubz, au moins aians le pire et fort mynéz d'argent et plusieurs places perdues, appoincta ledit seigneur Ludovic à l'honneur et prouffit des Veniciens et revint chascun au sien (COMM., III, 1495-1498, 19).

-

"Parlementer (en vue d'arriver à un accord)" : ...et finablement appoincterent entre eulx telement que ledit Jehan Laisné auroit un jardin estant devant l'uis dudit hostel (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1432, 189). ...et tant apointerent que journée fut prinse entre les deux ducs de Bretaigne et de Bourgoingne et le dit seigneur de Richemont qu'ilz se rendoient [à] Amyens en Picardie pour concluire le mariage (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 29).

2.

[L'obj. dir. (ou indir.) désigne ce qui est convenu ou décidé]

a)

DR. Appointer qqc. "Décider qqc." : ...ou cas que lors il ne seroient tuit d'acort, ce qui, par la plus grant partie d'eulz, comme dit est, seroit appointié, ordené et determiné, sera tenu et demoura ferme et estable à tous jours (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 374). ...ledit Rose remercia la Court de ce qui avoit esté appoincté et prononcié en sa faveur (FAUQ., I, 1417-1420, 223). ...quoy qu'en ayés appointé Par ma foy, je n'en feray rien. (Cene dieux, c.1492, 130).

-

Appointer [un acte judiciaire]. "Établir, dresser (un acte judiciaire)" : ...P. Boschet, president, se plaignoit de ce que l'en lui avoit donné une commission (...) qui n'estoit pas de ceste année passée appoinctée, mais de l'autre, et avoit esté par erreur du clerc (BAYE, I, 1400-1410, 334).

-

Appointer un appointement. "Conclure un accord" : Et de l'accord que le roy Charles feït avec le pape estant encores à Romme. - Le roy print ung aultre chemin et appoincta avecques le pape ung appoinctement qui ne povoit durer (COMM., III, 1495-1498, 89).

-

Appointer [une affaire] en droit. "Mettre (une affaire) en état d'être jugée" : ...le seigneur de Fontenay nous a fait remonstrer qu'il a certain procés pendant par devant vous pieça appoincté en droit, dont il a longuement poursuivi le jugement (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1490, 70).

-

Empl. impers.

.

Il est appointé ainsi. "Il est décidé ainsi" : Ainsi fut conclu et appointié. Et chascun print congié du Roy. (BUEIL, II, 1461-1466, 172).

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Il est appointé en ce point. "Il en est ainsi" : Il est aux cieux apointé en ce point Se humains ne font envers Dieu leur acord. (Cene dieux, c.1492, 140).

b)

Appointer que

-

"Décider que, convenir que" : ...lesquelz, après ce qu'ilz orent parlé ensamble, appointerent qu'ilz cueilleroyent très-grant quantité de certaines herbes (...) et quant ilz en auroyent grant quantité, ilz vendroient à Paris, et feroyent de la poudre pour empoisonner le roy et mons. de Touraine (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 316). Sur quoy la Court appoincta que l'opposicion et la protestacion du procureur du Roy et ce que dit est seroit enregistré. (FAUQ., II, 1421-1430, 203). ...nous avons appoincté que toutes et quantes foiz que ledit Huguet aura paié et satisfait ledit Briçonnet des restes qu'il doit par la fin de ce présent compte de la compaignie que lesdictes contre lettres et cédulles dont cy-dessus est faicte mencion en la recepte, luy seront rendues et restituées par ledit Briçonnet, comme cassées, nulles et acquictées. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 119). Oudit temps, le roy de Cecile appoincta, voult et accorda avecques le roy que après sa mort sa conté de Prouvence retourneroit de plain droit au roy (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 15). J'ay ouy les oppinions de vous aultres, messeigneurs de ce payz, aussi celles des seigneurs qui cy sont venus quant et moy, et de tous ensemble, et avons appointé que je m'en dois retourner devers monseigneur le Roy (BUEIL, II, 1461-1466, 5). Mes seigneurs, certes tresfort crains Que [Jésus] la croix ne puisse porter, Et pour tant nous fault appointer Qu'il se repose ung petit. (Pass. Auv., 1477, 192).

-

Empl. impers. Il est appointé que. "Il est ordonné, décidé, convenu que" : Appointié est que la court aura advis (Ch. VI, D., t.1, 1390, 107). Et si fut ordonné et appoincté expressement "que (...) les dictes renonciations ne sortiroyent aulcun effect..." (JUV. URS., T. crest., c.1446, 122). Saulve meilleur oppinion, Par mon conseil soit appoincté, Avant que de rien soit traictié Du fait de la mort d'icelluy, Qu'il soit premierement oÿ (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 182). ...finablement entre elles fut apointié que de chascune cité et a ung moment partiroient deux hommes courans (LA SALE, Sale D., 1451, 101). Et, pour ce que le logeis estoit petit, fut appointié qu'il en passeroit la moittié oultre la rivière et yroient logier à ung quart de lieue de là, où il y avoit ung beau villaige, là où ilz pourroient bien demourer pour la nuit passer. (BUEIL, I, 1461-1466, 144). LE CRESTIEN. Me deffendre Il me convient d'aultre malice. Apointé il est en justice Que sur ce cas je jureray. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 125).

-

Appointer + interr. indir. : Et lors fist prendre saint Marcel et le fist decoler, dont pluseurs miracles vindrent, car le clergié de sainte Eglise conclud qu'ilz ne metteroient point le preudhomme en terre jusques ad ce qu'il seroit apointié de Dieu qu'ilz en deveroient faire. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 248). Juges, se vous apointerez Comment seürement tenrez D'avis les poins et les usages. (MACH., J. R. Nav., 1349, 257).

c)

Appointer (de) + inf.

-

"Décider de" : Mais a ycelle Court appoinctié de veoir informacions, opinions, exploiz (FAUQ., I, 1417-1420, 310). ...et y avoit [dans la ville] si grant peuple que nul n'y fut osé aller, sinon a puissance. Toutteffoys le Jouvencel fist ceste entreprise et appointa de l'aler courir. (BUEIL, II, 1461-1466, 85). Aprés moult long temps, aucuns de ses ennemis avoient ordonné et appointié avecq son barbier de lui copper la gorge en lui faisant la barbe. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 229).

-

"Convenir de" : ...et lesserent une garde pour faire marchier après eulx Jehan Hamon, Foulliers et Gallebrun. Et appointerent les faire demourer au bout du champ près d'illec bien celeement. L'ordonnance faitte, chacun exploita à faire ce qui lui estoit en charge (BUEIL, I, 1461-1466, 88).

d)

Appointer de/sur qqc. "Décider, trancher à propos de qqc." : Et trouva son frere et sa soeur en grant debat pour la couronne, dont la bataille fut prinse qui ne fut point oultree a cause des huit preudhommes, comme dit est, qui s'en meslerent, lesquelz prindrent la chose sus eulx pour en apointier. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 329). Aultres mises et despenses tant pour debtes que debvoit le dit deffunct que autrement (...) Item, pour despense faicte en l'ostel de maistre Richard Le Tor, officier de monsieur le doyen de Beauvais, pour appointer avec lui de ce qu'il povoit appartenir au dict monsieur le doyen, a cause du trespas du dict deffunct (Invent. test. beauv. L., 1452, 82). ...je vous prie, appoinctez sur le different et rendez vostre sentence diffinitive. (C.N.N., c.1456-1467, 501). Va t'en, je n'en acorderay, Par Dieu, ne n'en appointeray Qu'ainsi que le juge fera. (Path. D., c.1456-1469, 142). On dit qu'il fault ou pendre ou rendre. Je ne sçay lequel ce sera, Mais le juge en appointera, Moyen beati garniti. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 127).

-

Appointer de finance. "Convenir d'une somme à payer" : "...Et Estance (...) a honte et paour de retourner devers son maistre pour la faulte qu'il a faicte. Et, s'il vous plaist, vous appointerez de sa finance et je luy feray quitter sa foy." Ainsi appointerent le Jouvencel et Estance de la finance du prisonnier, et le Jouvencel respondist à Estance de la somme. (BUEIL, II, 1461-1466, 134).

-

Il est appointé sur qqc. "On arrive à un accord sur qqc." : ...sur ce qu'ilz vouldrent dire, à grande et meure deliberacion fut appoincté entre le roy et lesdiz Maximian et Flamens (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 75).

e)

Empl. abs. "Donner son verdict" : Si le constituarent jucge Et lors, tous venans a reffuge, [Si] tres justement appoinctoit Que chescun contant en [estoit] Et jamaiz nul d'eux ne s'oppose. (Moralité cincq pers. B., 1484, 85).

f)

[D'une affaire] S'appointer. "Faire l'objet d'un appointement" : Voulons et enjoignons ausdictz Présidens, que diligemment ilz entendent aux plaidoiries qui seront faictes devant eux, pour incontinent après les plaidoiries appoincter les matières qui se peuvent appoincter en pleine Chambre (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1454, 308).
 

"Celui qui cherche à obtenir un accord ; médiateur" : Et quant ilz orent mis par escript les demandes et responses des deux parties, iceulx médiateurs et appoincteurs firent requeste aux princes, que le duc de Berry et le duc de Bourgongne peussent convenir ensemble et eulx entremectre de traicter la paix. Laquelle requeste fut accordée de par le Roy (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 283). Entre les illustres, grans et nobles personnages qui fabricquèrent ce traitiét, monseigneur Charles de Croy, prince de Chimay, fut le principal mediateur, efficient et apointeur (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 321).

Rem. FROISS. (LACURNE, sage et grant appointeur) ds GDC VIII, 149a.

-

"Celui qui fixe les impositions, percepteur" : ...a cause des taux et assietes a eulx imposéz par les haulx appointeurs de la chastellenie de Courtray (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1392, 450).
 

Empl. trans. Appointir que. "Convenir que" : ...et finablement fut conclud et appoincti que le dit conte d'Aumarle avecques tous ses gens seroient au dit lieu de la Brouissière le dimanche matin à souleil levant (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 35). [Seul ex.]
 

"Coudre à arrière-points" : ...et que les languettes desdites cermeillières, se le bacinet est garni de cendail, soient couvertes de cendail et arrière pointées. (Mét. corp. Paris L., t.2, 1364, 320). ...deux jaquettes fronciés, faictes de un satin et demi en graine (...) toutes arrièrepointiées bien dru de soye, boutonnées tout au long, et les poingnès trais de fil de coston. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 282).

REM. LITTRÉ, s.v. arrière-point : «Point d'aiguille qui empiète sur celui qu'on vient de faire».
 

A. -

MUS.

1.

"Forme de musique opposée au plain chant monodique où l'on groupe autour d'une figure principale des parties secondaires qui s'unissent dans diverses combinaisons harmoniques, contrepoint" : De tous pointz tu me veulx deffaire, Le cueur me part et si me point, Chanter ne puis pour moy refaire De plain chant ne de contrepoint (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 54). Je vous foys un gent contrepoint De ma trompe gente et jolye (Sots triumph., c.1475, 47). ...Et pastoureaux chanter de contrepoint Petiz rondeaulx faictz dessus leurs hystoires. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 161).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 112 (TLF).

-

P. iron. : Vey le la, comment il gargote ! C'est une gracieuse nocte : Il n'y fauldroit que contrepoint ; Et je croy que je ne faut point Quam je le ay a despechier. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 45).

.

"Rengaine" : LE CRESTIEN [au juif]. Sire, certes, ne doubtez rien ; [Se] Dieu plaist, nous vous pairons bien A vostre gré. LE JUIF. Quel contrepoint ! Sans gaige ne le feray point [vous prêter de l'argent]. LA FEMME. A tel monte qu'il vous plaira, De moys en moys on vous payera Sans [y] faillir. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 88).

-

P. métaph. : LA FILLE. Se vous ne scavez gringoter Dessus mon bas de contrepoint, Brief je ne vous soustiendray point, Car je vueil c'on y gringote. (P. moyne, a.1500, 48).

2.

Au fig.

-

Chanter ce contrepoint. "Se résigner à cette situation" (Éd.) : LE CRESTIEN. Chanter nous fault ce contrepoint : Force n'est droit. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 75).

.

Chanter d'un contrepoint. "Passer aux aveux" : Il chantera d'un contrepoint, Mais que soyons en jugement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 784).

.

Chanter de contrepoint. "Être de connivence" : Chanter pourrez de contrepoinct Et plusieurs griefz maulx evicter. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).

-

Jouer du contrepoint avec qqn. "Être de connivence avec qqn" : Sus ! montez hault, que je vous voye ; Tantost vous metteray apoint. Plus ne jouerez du contrepoint Avecques ces faulx crestiens. Adonc monte en l'eschauffault et met a point Mymerius. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 269).

-

Savoir son contrepoint. "Connaître son affaire" : Il scaura bien son contrepoint S'il scet de nous deux eschaper (Sots triumph., c.1475, 40).

B. -

"Situation, état, procédé contraire"

1.

"Situation contraire, situation pénible" : LE LARRON. Par ma hardiesse A honte je meurs de destresse, Qui m'est ung piteux contrepoint. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 73). Or regardons qu'il en sera. Il fault qu'en ait ung contrepoint. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 174).

Rem. Cf. la déf. de LA CURNE : "Obstacle, opposition"

2.

"Procédé contre qqn, tour joué à qqn" : BURGIBUS. (...) Luciffer, tout va mal a poinct, Tout est perdu, tout est gasté ; Ce paillart, pour mon contrepoinct, N'a peu de moy estre macté. Je l'ay prié, je l'ay flacté D'une amour singuliere et tendre ; Je l'ay requis, je l'ay tempté, Mais de rien ne l'ay peu surprendre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 486).

-

Jouer d'un contrepoint. "Jouer un tour, tromper" : PROSERPINE. Je veulx, par mon engin gaillart, Jouer d'un aultre contrepoinct. (LA VIGNE, S.M., 1496, 517).

Rem. Cf. DI STEF., 193b : «Jouer d'un contrepoint, user d'un procédé».
 

"Opposer une batterie à une autre" : Iceulx Anglois firent semblablement eslever une bastille au-dessus de leursdits vaisseaulx et bateaulx, pour contrepointer celle des François (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, 1453,,, 16).
 

A. -

"Fait de priver qqn de qqc., fait d'abolir (un droit, une franchise...)" : ...par vertu de nostre dite commission, les griez et despointemens faiz par les officiers du Roy no sire contre lesdiz complaignans et contre les coustumes anciennes, libertez et franchises de ladite ville quant aus chozes dessus dites, nous ostons, rappellons et mettons au nient (Hist. Lille T., t.2, 1341, 402). ...se aucuns de noz officiers y ont ou tamps passé, mis (...) aucun empeschement ou despointement [aux libertés et franchises], noz dis Predecesseurs et Nous aussi, l'aïons voulu et ordenné estre reformé et reparé, et tout remis au premier estat et deu (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1368, 166).

B. -

"Destitution (de qqn)" : Aucuns de la ville, ygnorans la trafficque de l'appointement ensemble le despointement du seigneur de Peruéz, plain d'espoantement, se combatoyent aux ennemis sur les crestraulx en pluseurs quartiers (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 200).

Rem. Peut se rattacher à FEW III, 97a : dispendere. Cf. G. Roques, Aspects région. du vocab. d'a. fr. (Thèse), 1980, 142-143.
 

A. -

[Avec une idée d'éloignement à partir d'un lieu, à partir de qqc.]

-

Au propre

.

Despointer qqn de qq. part. "Repousser qqn de qq. part" : Et quant ledit Sforce vist qu'il ne les povoit despointtier de celle rue, lors se penssa de leur donner ung tour du plus savoir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 197).

-

Au fig. Despointer qqn de qqc. "Détourner qqn de qqc." : Homs jolis et cointe, Qui de Plaisance s'acointe Et qui vit en joie, Sent d'Amours la pointe Qui d'un doulz espoir est oingte, Lequel la convoie. A amer s'appointe : La treuve a plaisir conjointe, D'honneur la monjoie ; A lui est adjointe, Et n'est nul qui l'en despointe Par quelconque voie. (CHART., L. Plais., c.1412, 151).

.

Se despointer de qqc. "S'éloigner, se désintéresser de qqc." : Et me fut adoncques advis Que ne me sceusse estre chevis D'en jugier, et le feisse envis. Lors un point ay Prins, en quoy je les appointay. De leur debat me despointay (CHART., L. Dames, 1416, 299).

B. -

[Synon. de desappointer, anton. d'appointer]

1.

Despointer qqn/une collectivité

a)

Despointer qqn de qqn/qqc. "Priver qqn..."

-

[d'un droit, d'un bien] : Et encoires demandoient et vouloient expressément que ceulx par quel conseil ils avoient esté despointiés de leurs lois et franchises maldeument et contre raison, feussent bannys du pays de Flandres à tousjours (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 232). ...vous avez deffendu ou fait deffendre aux habitans dudit bourc que ilz ne preignent à ferme ledit bac ou bastiaulx d'iceulx exposans, (...) en les despointans de leurs drois (Trés. Reth. S.L., t.2, 1400, 478). ...on les despointoit de leur dit blé où il avoient moult grandement traveillié à le cultiver et labourer (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 114). Et ne doit on pas ainsi ravaler la jurisdiction que ont les prelats, ne si chaudement les despointer de ce dont ilz ont tousjours jouy (JUV. URS., Verba, 1452, 360). Et, par ledit accord, demoura ledit monseigneur le connestable oudit Saint-Quentin, ainsi que avant avoit esté fait, et lui fut rendu Meaulx et autres places dont il avoit esté despoincté. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 307).

-

[d'une chose abstr.] : Car quant en vous de pité point Ne truis, n'à point Amours me point D'un si dur point Que de joie tout me despointe Et d'un fier desdaing le cop oint, Qui mat m'empoint, En angle point, Dont la mort à mon cuer s'apointe. (MACH., Les lays, 1377, 289). Et pour ce quant le corps est despointié de sa bonne mesure et de la bonne proporcion qu'il doit avoir et qui doit estre a l'ame convenable et a la vie, l'ame s'en depart lors et la mort s'ensuit. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 70).

-

[de qqn] : Nous sommes bien fortunez D'avoir perdu tel Pastoure, Ce fu bien en la male houre Que cil oncques l'acointa Qui si nous en despointa. (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 280).

-

Empl. abs. Despointer qqn nu. "Dépouiller qqn de tous ses vêtements" : Ilz ont ja preparé le fust Ou il doit estre a mort traictié Si l'ont si tres nu despoinctié Que sur tout son corps n'a denree. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 330).

-

Se despointer. "Renoncer à ses prérogatives, à ses droits , se rendre" : Le dit suppliant y envoya son paige a tout ses chevaulx en intencion de les y logier et avec ce, il se vint lui mesmes despoincter et desarmer. (Arch. Nord, 1480, B 1701, f° 11, IGLF).

-

Estre despointé. "Être déconsidéré, avoir perdu tout droit à l'estime" : Chascun de vous [les juges de Suzanne] avoit office Pleine de grande dignité Pour soustenir droit et police, Comme juges d'auctorité ; Maintenant sans difficulté, Estez de tous poins despointez. En lieu de dire verité, Faulx, mauvais juges, vous mentez. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 217).

b)

"Destituer qqn (d'une fonction)" : ...la requeste dudit de Chastelmorant ne se doit point faire, mais doit estre oy, veu qu'il est bailly de Mascon, dont a joy longuement et ne doit point estre despoinctié sans estre oy. (BAYE, II, 1411-1417, 9). ...maistre J. de Vailly (...) nagueres avoit esté chancellier dudit monseigneur de Guienne, et avoit esté despoincté et mené prisonnier au Louvre par celx qui nagueres gouvernoient à Paris par ces broillis (BAYE, II, 1411-1417, 135). En oultre requirent ledit prévost et eschevins audit chancellier de France, qu'il monstrast au Roy les lectres qui estoient venues à la congnoissance du duc d'Acquitaine, faisant mencion comment lesdiz de Berry, d'Orléans et d'Alençon vouloient faire ung nouvel roy et despoincter le Roy et le duc d'Acquitaine. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 243). ...en celle sepmaine fut deppointé de toutes offices royalles le president, c'est assavoir, Phelippe de Morvillier (Journal bourgeois Paris T., 1433, 292). ...nostre feu redoubté seigneur et pere feust despointtié de la chancelerye de Guyenne (JUV. URS., Nescio, 1445, 526). ...et n'y auroit point de mal que despointissiés en general tous officiers de justice (JUV. URS., Verba, 1452, 403). Item, plus je te dy que, se ung lieutenant ou officier du Roy avoit donné aucuns saufconduiz et le lieutenant ou officier alloit de vie à trespassement ou qu'ilz feussent despointez de leurs lieutenances ou offices, qu'on ne peult ou doit rompre leurs saufconduitz (BUEIL, II, 1461-1466, 29). ...mais s'il advenoit, que Dieu ne veulle, que l'année pendant, iceulx keuriers ou aulcuns d'eulx se mefesassent aucunement, il sera en la puissance de l'abbé ou de son commis à ce, les demettre et despointer (Hist. dr. munic. E., t.1, 1469,,, 243). ...Et (puis) après je te feray pendre Et despoincter de ton office (Berg. agn. France L., 1485, 32).

-

Part. passé en empl. adj. "Destitué (d'un office)" : ...et aussi qu'il y a plusieurs des extraordinaires qui par moult long temps ont servi feu nostre très chier seigneur et père (...) lesquielx ne voulons demourer despointiez et sanz estat (Ch. VI, D., t.1, 1406, 296).

c)

"Porter atteinte aux droits, aux privilèges (d'une collectivité), léser (une collectivité)" : Lesquelles choses sont faites au très grant grief, préjudice et dommage desdiz supplians, et en eulz despointant et empeschant en leurdiz privileges, libertéz, franchisez... (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1365, 565). Et donques en policies bien atrempeez ou bien ordenees il convient garder, aussi comme autre chose quelcunque, que elles ne soient de rien privé et ne despointiés ou deffraudees. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 225). ...liquels messires li baillius, non voellans en riens despointier le dicte ville, mist du tout et compta por nient ce que fait en avoit (Hist. dr. munic. E., t.3, 1377, 420). ...cinq poins et articles (...) par tous lesquels ilz se disoient estre énormement lésez et despoinctez en leurdicte juridiction, et iceulx estre contre tous les privileiges donnez et confermez à ladicte ville par plusieurs Rois de France (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1457, 452).

d)

"Faire du tort à qqn, maltraiter qqn" : Item laisse aux desconfortez Qui par Faulx Rappors despointez Ont esté sans cause et sans raison, Pleurer larmes de tous coustés (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 58). Jhesus, ce meschant seducteur, Est tant de transgresser acteur Que, se ses gens n'avoient puissance, Les pierres criroient vengence Contre luy pour le despoincter. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 207). Quel douleur pouez vous plus faire A ce povre homme [Jésus] ? Qui vous meut ? Il seuffre tant que plus n'en peut. Ja ne fault qu'il soit despoincté : Il est deja mort a moictié. A sa mort travaillier ne fault : Il est deja mort, autant vault. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 309). N'est merveille se le connestable s'eslongoit de Saint-Quentin, car la royne de France, sa belle soeur, sachant aucunement la volenté du roy, desirant le despointier, lui manda par ses lettres que, sy chier qu'il avoit sa vie, il se partesist d'illec, car le roy contendoit totalement à lui enclorre. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 131).

2.

Despointer qqc.

-

"Supprimer, abolir (un droit, un privilège)" : ...asquels coses faire les dis prevost et maieurs doivent estre appellé avoec eschevins et selon le deliberation de le plus grant partie du nombre des presens eschevins, prevost et maieurs, le congnoissance et emolumens de tous veneuls et des mares en maniere acoustumée, sans ce qu'il puisent despointier en aucune maniere le usage ou les franchises des dis mares (Hist. dr. munic. E., t.2, 1358, 113).

-

"Porter atteinte à qqc., affaiblir, altérer qqc." : Amour paternelle Est tant solennelle Vertu supernelle, Juste et naturelle, Que qui le despointe Ou le desmartelle (...) De glaive mortelle Doibt sentir la pointe. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 215).

-

Part. passé en empl. adj. [D'une affaire] "Compromis, mal parti" : MISERICORDE....Je sçay bien que l'omme a fait mal S'a esté deceu par falace Tellement que, ce n'est par grace, Son fait est du tout despointié ; Se n'est par grace et par pitié, Justice me vouldra confondre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 40).
 

A. -

"Action de se dévêtir, de se déshabiller"

-

Faire son desappointement. "Se défaire de ses vêtements, se déshabiller" : ...le conte (...) fu adont a demy ravy pour le grant soulaz qu'il atendoit et devez croire qu'il eult tost fait son desapointement, car d'aguillettez copper et tout rompre au besoing ne fu il gairez tardif par le grant desir qui ad ce l'amonnestoit et, pour conclure, il se coucha sans faire long benedicité et s'approcha de la contesse en disant... (Comte Artois S., c.1453-1467, 132-133).

B. -

"Destitution" : Et, après ladicte execucion ainsi faicte dudit connestable, fut le samedi, XXIIIe jour dudit moys de decembre, fait publier à Paris, à son de trompe et cry publique, le desappoinctement des generaulx maistres des monnoies pour les causes contenues oudit mandement. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 1). ...lesquelx offices feu nostre trés cher seigneur et pere (...) avoit donné audict Erlant par le desappoinctement de feu maistre André Brinon (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 419).

Rem. Aussi Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 1.
 

A. -

[Idée de privation]

1.

"Débarrasser (qqn) de ses vêtements, le déshabiller" : ...et commencent à deviser ensemble en actendant que Meliadice feust couchee, laquelle on desappointoit et n'y avoit à la couschier que la royne, sa mere, les deux autres roynes et la contesse d'Esture (Cleriadus Z., c.1440-1444, 647).

-

Se desappointer. "Retirer ses vêtements, se dévêtir"

Rem. Erec C.T., c.1450-1500, gloss.

2.

Desappointer qqn de qqc. "Déposséder qqn de qqc." : Certes nul ne pourroit plus oultrageux vitupere penser que desapointer son roy de toute auctorité, et le desgarder reprouchablement de honneur et de l'estat et enseignez de chevalerie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 144). ...veans que en ce faisant on leur faisoit tort, et que lui et le frere de sa dicte femme pourroient perdre la part de leur dit bois et le bon droit qu'ilz y pretendoient avoir, avecques ce qu'ilz seroient desappoinctez de leur possession, s'il le souffroyent, conclurrent et proposerent entre eulx de aler audit jour de mardi, avec leurs beufz et charettes audit bois, pour en avoir leur part. (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 361).

-

Desappointer qqc. à qqn. "Retirer qqc. à qqn"

Rem. COMM., Lettres B., c.1476-1511, 140.

B. -

[Idée d'éviction]

1.

Desappointer qqn (un aspect de qqn). "Évincer, écarter, destituer qqn" : ...et fist tenir le concille, ouquel ilz desapointerent ledit pappe Eugenne et esleurent ledit pappe Felix. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 286). Et à ceste cause, paravant la prinse dudit Cuer, et depuis au paravant ladicte main mise du Roy faicte par ledit de Tuillières, mondit seigneur avoit fait mectre et aposer sa main en et sur lesdictes terres. Et luy sembloit que ladicte main du Roy ne désapointoit point la sienne. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 427). Pareillement aussi desapointa plusieurs maistres des requestes, secretaires, conseillers et clers des comptes, de la court de parlement, des generaulx des aides, de la chambre du tresor, des generaulx des monnoyes et autres, et en leurs lieux y en mist de tous nouveaulx. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 30). En ce temps, le roy, qui ainsi avoit desappoincté ledit seigneur de la Borde de ladicte cappitainerie de la Bastide Saint-Anthoine, donna ladicte cappitainerie au seigneur de Blot, seneschal de Bourbonnois, que on disoit estre homme de grant conduicte. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 159). Et le cas advient que le Roy meurt, ou son commyz, ou est desapointé (BUEIL, II, 1461-1466, 29). ...qui avoyent en leur compaignie de saiges et notables chevaliers, que le roy Loys avoit desapointéz à l'heure qu'il vint à la couronne, nonobstant qu'ilz eussent bien servy son père au recouvrement et pacification du royaulme (COMM., I, 1489-1491, 20). ...lequel avoit autresfois esté chancellier du roy Edouard et depuis desappoincta et tint en prison (encores en print argent), à sa delivrance il feït l'exploict dont cy-après orrez parler. (COMM., II, 1489-1491, 232).

Rem. Doc.1395 ds GDC IX, 312b.

-

"Déposséder, spolier"

Rem. Mabrien V., 1462, gloss.

-

Empl. pronom. à sens passif "Être révoqué" : Peu souvent nul ne se desappointe, et soustient la cour de parlement cest article, et est raison ; mais aussi il touche presque à tous. (COMM., I, 1489-1491, 51).

2.

Desappointer qqn de. "Évincer, destituer qqn de (d'un office)" : ...apres le partement de mondit seigneur de son pays de Flandres sesdiz tresorier et commis furent par lui desapointiez de leurs offices (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 284). Et entre les autres fist noyer à Bar-sur-Aube le bastard de Bourbon, lequel avoit grant compaignie de gens d'armes sur les champs, et désappoincta de leurs offices plussieurs officiers et cappitaines de villes et de chasteaulx d'icelle contrée, pour les grandes pilleries qu'ilz faisoient èsdits lieux. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 12). Et, le samedi ensuivant, IXe jour dudit moys de novembre, messire Pierre de Morviller, chevalier, qui avoit esté chancellier de France, fut desappoincté dudit office, et y fut mis en son lieu messire Jehan Juvenel des Ursins, qui aussi avoit esté chancelier de France, et qui encores l'estoit au jour du trespas dudit feu roy Charles. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 140).
 

-

[Graphie pour bien en point] Bien empoint. "En bonne posture" v. point

.

[D'un homme d'armes] "Bien équipé" : ...Monsr le maistre fist faire les monstres tout alentour de la ville par dessus la muraille, tant de ceulx qui estoient de secours comme de sa garde , lesquelz estoient bien empoint et bien armés et alloient deux et 2 (Deables Enfer V.V., 1480, 206). Ceulx de la part du roy, les conduysoit Poncet de Rivière, et estoient tous archiers d'ordonnance, orfaveriséz et bien empoint (COMM., I, 1489-1491, 25). De archers et autres hommes de guerre arméz de bonnes brigandines avoit en très grant nombre, et povoient bien estre six mille hommes à cheval très bien empoint, et sembloit bien à veoir la compaignie que le duc de Bretaigne fust ung très grant seigneur, car toute ceste compaignie vivoit sur ses coffres. (COMM., I, 1489-1491, 40).

.

Le mieux empoint : ...et estoit ceste armée la plus grande que passa oncques roy d'Angleterre, et toute de gens de cheval, et les myeulx empoint et myeulx arméz qui vindrent jamais en France, et y estoient tous les seigneurs d'Angleterre, ou bien peu s'en failloit (COMM., II, 1489-1491, 27).

-

[Graphie pour mal en point] Mal empoint. "Mauvaise posture, mauvais état" v. point : L'ung est seigneur du franc gosier, Cappitaine de mal empoint (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 179).

.

"En mauvaise posture" : Le grand nombre estoit assez mal empoint, car ilz n'avoyent point de payement et failloit qu'ilz vesquissent sur le peuple. (COMM., I, 1489-1491, 18).

.

[D'un homme d'armes] "Mal équipé" : ...il estoit besoing de renvoyer en leurs maisons plusieurs des gens de pyé des derreniers venuz, des mal empoint et qui ne sont pas pour servir. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 172).
 

"Accord, contrat" : Jehan Delacroix m'a dit qu'il a sceu par son clerc que vous avés clos les comptes de Jehan Lechien sanz parfaire l'empointement qui avoit esté pris des descharges touchans Chosat. (Arch. Nord, 1405, B 17608, dossier Beveron, IGLF).

V. aussi appointement
 

Empl. pronom. "Achever de s'équiper" : Voyant Estonné son compaignon en ce point, s'effroya tellement qu'il s'en courut armer, puis au plus tost qu'il peut se bouta dehors de la chambre et entra en la forest, ou il se parapointa en grant haste. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 38).
 

I. -

[Déverbal de poindre]

A. -

"En couture, action de piquer dans un tissu ; son résultat" : ...1 chaperon (...) tout fessé à orbevoies (...) et le champ ouvré de menus poins à fueillages (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 132). ...1 chapel de bièvre à parer, ouvré sur un fin velluau vermeil de grainne, ouquel chapel avoit enfans fais d'or nue près du vif, qui abatoient glans de chesne dont les tiges estoient de grosses perles et les fueilles d'or de Chippre à un point. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 298). ...en chascune houppellande, grans losanges larges, ouvrées de broderie d'or de Chippre, à un point au travers d'icelles et aussi au travers des manches ; et en chascun coing desdictes losanges sont atachées et tenant une petite pallette d'argent dorée fin vermeil, faicte d'orfaverie en manière d'une losange. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 197). Ung tapiz rez, fait de petiz poins quarrez bleuz et rouges. (Comptes Lille L., t.2, 1420, 275). Les autres [des pièces d'or] furent point pour point Bien cousues en mon pourpoint. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 73).

-

"En chirurgie, point de suture" : ...il lui coppa bien demi pié ou environ de la peau du col et de la gorge, et (...) la dicte peau lui pendoit contre bas et telement qu'il lui a depuis convenu y faire plusieurs poins d'aguille (Doc. 1449. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 429). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

B. -

[Du jour] "Action de poindre"

-

Point du jour. "Moment où le jour point" : Et le point du jour commence quant le nadir du soleil vient sur le 18 almucantharat devers occident. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 44). Puis nous en irons (...) Couchier (...) Jusqu'a demain le point du jour (Mir. Berthe, c.1373, 168). Je m'iray par dela couchier Jusqu'a demain, mon ami chier, Le point du jour. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 42). Ouquel landemain matin, environ le point du jour, elle se parti de son hostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 282). [Pour la construction de l'astrolabe] Et puis fay apres la ligne par quoy on congnoist le point du jour et jour faillant par telle maniere. Mect le commencement de cancer sur le 18e almicantharat complet en occident et signe le commencement de capricornus (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 103). ...le duc de Bourgoigne, qui à grant effort et grant ost de gens d'armes, estoit venu à Saint Deniz (...) s'en estoit parti dès environ minuit ou le point du jour. (BAYE, II, 1411-1417, 170). C'est nostre beste quil nous esveille Au point du jour quant elle chante. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 155). ...a l'uis de ladicte abbaye de Preaulx, où ils arriverent environ le point du jour (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 318). Pour se garder de mal et paine Par le conseil et la doctrine D'aucun expert en Médicine, Et se doit faire et recevoir [cette pilule] Au point du jour, à dire voir. (LA HAYE, P. peste, 1426, 146). Quant vint au point du jour, le gentil serviteur se partit de sa dame au plus secretement qu'il peut (C.N.N., c.1456-1467, 186). ...les offrandes de la messe de mynuyt, de celle du point du jour, et de la grant messe du jour de Novel (Comptes roi René A., t.2, 1478, 438). ...et au poing du jour, ledit Chardon commanda aux serviteurs dudit seigneur de Villiers, à icelluy suppliant et audit Ledar et Barchier qu'ilz vendangeassent ladite vigne (Doc. Poitou G., t.12, 1479, 281). Le mercredy, quatriesme jour de mars, le roy fist mettre le siege au chasteau de l'Ouve, quasi envers le poinct du jour, lequel fut merveilleusement batu d'artillerie du costé devers la terre, parce que l'autre costé estoyt devers la mer. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 253).

-

Point de jour : ...cil furent justiciet de le gibet, pour ce qu'il avoient, aveuc pluiseurs autres, fait ordennanches et proposé et autres requis de faire meute et conspiration pour venir au point de jour à le porte de le ville tuer les eschereweters, venir à le marchiet et waingnier le Besand et emprisonner le loy. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1371, 790).

II. -

[Pour désigner un espace ou un intervalle minimal]

A. -

[Sens spatial]

1.

"Espace minimal visible sur une ligne, sur une surface" : Item, se les corps sont composts de superfices, par samblable rayson les superfices sont compostes de lignes et les lignes de poins. (ORESME, C.M., c.1377, 590). Et par ainsi ce sera proces sans fin et comme ung cercle, qui se retourne en soy mesmes, dont on ne puet scavoir n'apparoir principe ne fin, ou il convient parvenir a une chose qui est cause effective de toutes choses sans avoir estre d'aultrui ou par aultre chose. Le cercle, qui se moeut rondement d'un point en l'aultre et en soy mesmes, n'est pas en toutes choses. Car par le mouvement reond et circulaire, il convient qu'il ait premierement aucun estre et estre aprez estre. (Somme abr., c.1477-1481, 101).

-

[Dans l'écriture] : Le tiers signe est nommé Seva, et est figuré en la manière de .II. poins l'un sur l'autre. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 59). [Autres occurrences p.60] ...les deux voyeulx et les sillabes dessusdictes ne se doivent compter que pour une, mais on doit mettre ung petit point dessoubz le premier voyeul, en signifiant qu'il ne se doit point prononcier, non obstant qu'il s'escripse. (LEGRAND, Rimes L., a.1425, 2).

-

Moyen point / point moyen. "Centre" : Le centre du cercle est le moyen point du cercle, selon lequel le cercle se forme en reondeur (Somme abr., c.1477-1481, 145). Centre c'est le point moyen egalement distant de toutes pars de la circonference. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 104).

-

Point perdu. "Centre" : On doit pour le premier faire ung triangle contre icelle figure devers la ligne droicte, laquelle ligne pourra estre la base du triangle, et la pointe des deux ypothenusses doit finir au point perdu, c'est assavoir au centre de la ligne courbe. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 131).

-

En partic. "Intersection" : ...et sur la 24e division mect l'une part de ta regle et l'autre part sur b et ou ta regle trenche la lingne ac fay ung point. Puis mect l'un pié de ton compas au centre e et l'autre au dessus dudit point, et fay le cercle d'aries et de libra (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 97).

2.

P. ext. "Petite forme géométrique (cercle, carré, case, losange...)"

a)

[Sur le dé] "Chacune des marques figurant sur les faces d'un dé à jouer" : Vois tu ce cy qui est quarré, Tu ne sçais son nom, c'est ung dé, Mais il n'est mie pointiet, Nulz poins n'y a, dont suis courciet (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 191).

-

"Valeur associée aux points figurant sur les dés" : ...ou ils font getter aux dez lequel ara plus de poins, lezquelles choses sont toutes sortilegues (Songe verg. S., t.1, 1378, 366). A la fortune de chascun ! Ceulz qui plus avront de poins a la veue de l'eul choisira. (LA SALE, J.S., 1456, 235). Jouons aux excés. Celluy que plus de poins arra La dicte robe en portera. Or commense, Maliferas ! (Pass. Auv., 1477, 201).

-

Montrer de beaux points à qqn. "Lui en faire voir" : Et fut envoyé le Prevost de Paris et l'escuyer Galliot qui les sommerent de eulx rendre, ou autrement on leur monstreroit de beaulx poincts, ce que l'on fist sans nulle faulte ; car, en moins de trois heures, on tira plus de trois cens coups d'artillerie contre le dit chasteau. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

b)

[Échecs] "Case de l'échiquier" : Quant je vi le trait gracïeus Du doulz päonnet precïeus, Qu'elle ot fait oultre un point salir Pour moy asprement assalir... (Echecs amour. K., c.1370-1380, 125). Et par grant amour la royne Verite escript es deux tables du jeune Moyse couronne ung eschequier nouvel et misterieux de LXIIII poins, par adventure autresfois non leu, moralise tellement quellement a toutes les vertuz et choses neccessaires, ou a la plus grant partie du gouvernement moral et espicial du jeune Moyse. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 99). Or venons donc as poins de l'eschiquier qui sont .LXIIIJ. et doivent estre tant pour deux raisons. L'une, pour ce que l'eschiquier est de figure quarree et doit de son droit estre, come dit est, car pour ce, il convenoit que l'eschiquier fut partis et devisés en un nombre de poins qui ne fut ne trop grans ne trop petit, pour parfaire le gieu souffisaument, et que tous ces poins fussent samblablement de quarree figure come l'eschiquier, affin qu'il fut tout plain et raemplis de poins tous samblables a ly en figure et en angles, et pour ce, il convenoit que cel nombre de poins de l'eschiquier se descendit de quatre (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 607). ...car cely qui est assiz ou blanc point trait tousdiz ou blanc point et cely qui est assiz ou noir trait tousdiz aussi ou noir point. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 749). Et neantmoins que le ieu des eschés se monstre aucune fois en carré aucune fois en losenge et se tressault si reuient il a nombre de poins comprins dedens vng carré et vng carrel seul se appelle point iusques au nombre de seize. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 504).

-

Les quatre points. "Les quatre cases d'angle" : Mais chelle demoura garnie De .II. ros et d'aultre maisnie, Si qu'elle mater me peüst En quelque lieu qu'il li pleüst, Es quatre poins ou aultrement, A sa volenté purement. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 135).

-

"Coup" : Je ne te voeil chy plus tenir, Ains voeil ma parole fenir, Car il n'est mie lieus ne poins, Que je te die tous les poins, Tous les trais ne tout le prochés, C'on poet faire u gieu des eschés, Car tu seroies trop lassés. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 227).

-

[Jeu de tric-trac] Point d'attente. "Case où le joueur doit placer le jeton pris" : Au court jeu de tables jouer Amour me fait moult longuement ; Car tousjours me charge garder Le point d'atentte seulement, En me disant que vrayement Se ce point lye [l. lyé du verbe lier] sçay tenir, Qu'au derrain je doy, sans mentir Gaangnier le jeu entierement. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 68).

c)

[Géomancie] "Trace ou signe formé sur le sol" : ...lez dyvins font serieusement aucunes sorceries pour cognoistre lez choses occultes, recelees ou amblees, laquelle chose se fait par consideracion de certains poins et, adonques, c'est Geomancie, ou par consideracion dez figures qui viegnent du plonc fondu et getté en l'yaue (Songe verg. S., t.1, 1378, 366). Et par ce appert il comment ceste science se differe des autres ars divinatoires qui s'esforcent de aprendre a prenostiquier des choses a venir et des choses occultes par autres divers signes comme fait geomancie, qui l'aprent par poins gettez en terre aventureusement ou en aucune autre terrestre matiere (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 29).

d)

HÉRALD. "Chacune des divisions de l'eschiqueté, du losangé, du vair et du componé" : Et se vous voulés savoir que c'est que de poins ou d'escartelé, quant les poins sont d'une couleur, ce sont poins combien qu'ilz pevent estre de pluseurs couleurs. (Un traité d'héraldique inédit, éd. L. Houwen, M. Gosman, c.1435-1449. In : Romania 112, 1991, 508). Poins eschiqueté losengee ont vne mesme signifiance si non pour difference de noms qui se rapportent a vng aussi comme l'en diroit Guillaume Guillium Guillot par les quelz poins est assis le ieu des eschés et si font bourne en pluseurs choses. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 503-504).

Rem. Cf. M. Pastoureau, Traité d'hérald., 1979, 328.

3.

"Position (sur une échelle, sur une trajectoire...) ; p. ext. mesure"

a)

[Degré sur une échelle]

-

En ce point. "À ce degré" : Ha ! dit elle, le traistre et desloyal chevalier qu'il est se trompe il en ce point de moy ? Or bien, bien, j'en seray vengée quelque jour ! (C.N.N., c.1456-1467, 210).

-

Ultime point. "Plus haut degré" : ...et fut cestui empereur eslevé entre les hommes jusques à le ultime point de louenge, au moïen de sa science et prudence (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

-

D'un point. "Au même degré" : Or sont ly doy amant d'un point enamouré ["autant l'un que l'autre"] (Tristan Nant. S., c.1350, 233).

-

Plus qu'à point. "Au plus haut degré" : Mais la mort du vaillant comte, qui leur troubloit plus qu'à point... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 192).

-

"Plus haut degré, aboutissement, limite" : Des quatre ellemens ou essences De vray toute chose est formee Par Nature, et en leurs absences Aussi est elle difformee (...). La quinte [essence] ne se trouve point Que par rectification : Des quatre emsemble c'est le point. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 98). ...voiant son aveuglement, au plus estroit point de sa folie, [fortune] lui monstra son aveuglance (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 331).

b)

"Degré de parenté" : Rollant est nostre prouchain sur demy point prés aussy prés que Ogier de part Doon de Maience. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 110). ...et puis aussi, combien qu'il fust eslongié de la couronne d'un point, sy se sentoit-il trop plus puissant de terres, de seigneuries et de toute puissance que nul autre après le roy (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 14).

c)

"Point, division d'un instrument de mesure" : Apres advise sus quantz pointz de l'une des umbres l'allidade tumbe... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 168).

-

[Sur l'astrolabe] "Douzième partie de l'unité du carré des ombres ou échelle des tangentes (ombre verse) et des cotangentes (ombre droite)" : Item il est assavoir que on ymagine toute chose qui fait umbre qu'on veult mesurer par le gnomo estre divisee en 12 parties que on appelle 12 poins et par lesquelz poins on prent ses mesure. (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412. In : Physis 21, 1979, 343). Exemple. Prenons que pres du bout du fosse l'allidade chiee sur 9 poins de l'umbre verse et ainsi par le premier chapitre les poins de l'umbre droite estoient 16 et prenons que quant vous este recule que l'allidade chiee sur 6 poins de l'umbre verse et ainsi par le premier chappitre l'umbre droite est 24 poins et ainsi appert que entre vous et le dicte premier lieu il y a 8 poins qui vallent 2 tiers de toute la haulteur de la tour, et par ainsi vous poves avoir toute la haulteur de la tour. (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412. In : Physis 21, 1979, 345).

Rem. Cf. E. Poulle, Un Constructeur d'instruments astron. au XV^e s., 1963, 11 et 67, note 2 ; v. aussi pointe.

d)

ASTR.

-

"Chacune des deux extrémités de l'axe de rotation d'une sphère" : ...si Adam leur monstra comme la premiere et plus haulte spere mouvoit sur deux poins, qu'il appella l'un le pol artique et l'autre pol antartique (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°).

-

[Dans le système géocentrique] "Position sur une trajectoire orbitale" : Item, selon les astrologiens, le point appellé aux est maintenant ou commencement de Cancer ou pres la ou est le tropique ou solstice d'esté. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 298). Regardez le ciel comme il tourne, D'orient en occident vire, D'aler en son point ne sejourne. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 111).

-

Équinoxial point. "Intersection de l'équateur céleste et de l'écliptique" ; ici "point vernal" : ...car quant il vient au signe du Monton et qu'il ataint l'equinoctial point qui est la droite porte et l'entree des signes septentrionaulx, le temps des lors se commence a muer de froidure en chaleur (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 527).

-

Point (du Soleil / de la Lune) : Car en tel cas est le conseil, En quelque point soit le Soleil, De clorre tousdiz celle part Où le dangier a son esgart, Sauf par art céler ou vitrer Aucuns lieux, pour administrer Aucune clarté ou lumière (LA HAYE, P. peste, 1426, 78). "...et pour ce doit le bon medicin premierement considerer en quel point est la Lune, c'est assavoir si elle est prime ou plaine, car lors croissent les humeurs et les moelles". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°).

-

Point du zodiaque : Que Jupiter avecques Mars, Par leurs désordonnez regars Et mesmement quant ilz sont joins En aucun des signes ou poins Du Zodiaque et par droiture, Soit de chaulde et moiste nature, Fait avenir et apparoir Grant pestillence et mal en l'air (LA HAYE, P. peste, 1426, 27).

-

Les quatre points principaux (du cercle du zodiaque). "Les deux points équinoxiaux et les deux points solsticiaux" : Secondement, les .IIIJ. temps sont pris selon les atronomiens qui au soleil regardent et a son mouvement, pour ce qu'il en est cause principal selon la verité. Et pour ce dient ilz que selon ce que le soleil se meut ou zodiaque et qu'il passe parmy les .IIIJ. poins principaulx de son cercle, selon ce s'en enssuient les .IIIJ. temps divers aussi dont nous parlons. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 20).

e)

P. ext. "Mesure (en partic. taille d'une pers.)" : ...j'ay veu abatre a la jouste par le coup d'un petit chevalier le roy Lionnel (...). Car quant chevalier de moindre point est bien enfourché sus puissant cheval... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 793).

-

Au point de. "À la taille de" : ...il la fist tantost garnir de bonne vesture a son point (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 254). ...des armes qui estoient faittes au point du jenne enffant (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 276).

-

"Mesure des lettres donnée à partir de l'épaisseur de chaque caractère" : ...lectres demi point, faictes es dits livrets, champiez d'asur, de rose et de flourectes de blanc, au prix de quatre sols le cent, font : VIII deniers. Item, pour vingt lettres de deux poins, faictes ès dits deux livrets, (...). Item, pour XX lettres grandes, à vignettes, faictes de fin or et de toutes fines couleurs, ès dits livrets (Comptes Lille L., t.2, 1470, 224).

f)

Chanter d'un mesme point. "Chanter en mesure" : En y alant chantons tous quatre D'un mesmes point. (Mir. st Sev., 1362, 203).

-

MUS. "Partie d'une mélodie (?) ; mesure (?)" : ...Quar mes livres n'am dit ne vers ne point ne clause ["mon livre n'en dit rien"] (Gir. Ross. H., c.1334, 293). J'en ay atrappé plus de mille, Voyre cent mille en mon temps, De rougesgorges, de vers montans, De jaunes bes et estourneaulx, De maulvyz et de chardonnereaulx, Et mains pinssons et maintes choutes. Je sçay tous les points et les notes Qu'il y fault, se n'est d'uy ne d'yer (Pipée R., c.1470-1480, 168).

Rem. A. Gier, Z. rom. Philol. 95, 1979, 58 (punctum, comme terme musical ; cf. aussi T-L II, 466, s.v. clause et VII, 2105, l. 29).

4.

"Lieu donné, lieu précis" : Comme li rosiaus fait au vent, Qui en un point n'arreste gaires... (Echecs amour. K., c.1370-1380, 168). En un point met le bas bien hault, En un autre fait qu'il deffault. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 45).

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Le droit point. "Le lieu exact" : ...c'estoit le droit point de la destrainte de ce débat (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 287).

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En droit point. "Exactement" : [L'étoile] nous precedoit de droit point (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 89).

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De droit point. "Exactement, complètement" : [L'étoile] est de droit point dessus. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 91). Quant je n'aray raison que ceste, De droit point elle vous confont (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 121). Or est [la lune] de son lieu remuee Et de droit point interposee Entre le terre et le souleil Qui, par ung moyen despareil, Nous cause ceste esclipce cy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 348).

-

Point par point. "Pas à pas, à la trace" : ...il convient que mes chiens l'aillent trouver par mestrise [le lièvre] et querir point par point (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 78). [Autre ex. p.225]

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Entre les quatre points. "Entre les quatre lieux où sont attachés les membres (?) ; au tronc (?)" : La sixiesme course, le seigneur de Charny fit une forte attainte entre les quatre poinctz sur le chevalier, mais ledit chevalier attaindit sur la visiere de l'armet du seigneur de Charny, et rompit la pointe de sa lance. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 304). [Autres ex. II, 157]

Rem. C. Gaier, Moy. Âge 91, 1985, 440, n.84.

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Faire point qq. part. "S'arrêter qq. part" : Or, beaux seigneurs, faites la point Jusque je seray la dehors (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 305).

B. -

[Sens temporel]

1.

"Moment"

a)

"Moment, instant, intervalle temporel minimal" : Ce que vous nous commanderés (...) Sera accomply sans y mectre Ung seul point de dilacion (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 828).

Rem. BEAUVAU, Troyle B., c.1455, III, 38 (en un seul point, "en un instant" ; G. Roussineau, Z. rom. Philol. 114, 1998, 148).

b)

"Moment précis où qqc. a lieu" : Et eulx ainsi assemblez, à un certain point du jour, l'un d'iceulx cinq compaignons, nommé Hennequin, qui est du pays de Picardie, ala oudit hostel de Villebon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 399).

-

À ce / à cel point. "À ce moment-là" : Lors a cel point mué sera Par tresdigne conversion Lour orguil en confusion (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 77). ...la dolente assemblée, qui de lyesse pieça bannye estoit, fut a ce point quelque pou consolée (C.N.N., c.1456-1467, 34).

-

Au point de. "Au moment de" : Vous pouez veoir signes moult grans Au point de sa mort apparans (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 352). ...Et ne congnois point tes folies, Qui es au point de dampnement. ["Sur le point d'être damné, en passe d'être damné"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 408). ...Vous povés veoir signes moult grands Au point de sa mort apparens [de la mort de Jésus], Dont chascun se doit esbahir. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 421). [Autre ex. p.428]

-

Au point que. "Au moment où, lorsque" : ...dittes moy se vous estes le Chevalier Doré, ou au moins celui que l'en nomme ainsi, qui receustes la collee du noble roy Perceforest quant il la cuida avoir donnee a Bethidés son filz au point que son pere le cuidoit faire chevalier. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 19). Au point que Aroés estoit en celle gloire, le poeuple commença par vision a recognoistre l'un son pere, l'autre sa mere et ses parens (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 93). ...ou point que ceste lettre fut escripte (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 50).

-

En ce point. "À ce moment-là" : Lors me souvint il en ce point De la deesse Dÿana (Echecs amour. K., c.1370-1380, 155). ...ne me doubte point qu'elle ne me face lever incontinent (...) Et en ce point viendray je vers vous (C.N.N., c.1456-1467, 193). ...le galant print congé d'un doulx baiser et se partit en ce point par une yssue de derriere (C.N.N., c.1456-1467, 381). ...et en ce point vuidèrent la place et s'en allèrent à Mouniers. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 125).

-

Tout en ce point. "Au moment même, immédiatement" : Va t'en sanz faire detriance Au saint pére tout en ce point (Mir. st Guill., c.1347, 29). Autre foiz, vous et moy, ensemble L'avons nous de marier point, Dont il nous dit tout en ce point Con maintenant response avez (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 4).

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En un point. "À un moment donné" : A ce respondent les folz astronomiens et dient que la constellacion et vertu des planetes a la nativite de aucun a sa puissance en un moment et en un batre d'oeil et en un point. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 613).

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Sur ce point / sur le point. "Au moment même, immédiatement" : Tout le monde, soit fol ou sayge, M'orra sur [le] point de l'orrelhe. (Moralité 1427 B.B., 1428, 116). ...quant le corps ne virent point, S'en retournerent sur ce point A leur compaignons le noncer. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 411). Et, depuis, aucuns de noz freres S'en courrurent hastivement, Qui la chose pareillement Et en la maniere trouverent Que les femmes leur raconterent, Car, quant le corps ne virent point, S'en retournerent sur ce point A leurs compaignons le noncer. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 922). Va t'en devers eulx sur ce point (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 175). ABBÉ. (...) Frere Martin, il est saison Qu'en l'eglise devostement Allez faire vostre oroison. SAINCT MARTIN. Treschier pere, c'est bien raison De le faire, car c'est la guise. Sur ce poinct, par bonne achoison, Ung petit m'en voys a l'eglise. (Icy sainct Martin s'en va en une chapelle en manyere d'un oratoire et se mect a genoulx...) (LA VIGNE, S.M., 1496, 364).

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Sur le point de + subst. "Au moment de" : Sy te diray une merveilleuse aventure qu'il lui advint hier par jour, sur le point de midi, ainsy que la feste devoit departir des nopces que Ypamador avoit faictes. (Bérinus, I, c.1350-1370, 234). ...quant ce vint sur le point de la mienuit (Bérinus, II, c.1350-1370, 2). ...sur le point de six heures au soir (BUEIL, I, 1461-1466, 290).

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Sur le point de + inf. "Au moment de" : Ainsi qu'il estoient sur le point de eulx mettre au retour, Berinus se prist garde et vit venir Gieffroy grant aleüre (Bérinus, I, c.1350-1370, 72). Adont ot Berinus grant joye et furent li Rommains sur le point de mouvoir, quant un message vint a eulx de par Ysopes, qui leur manda que pas ne venissent a court jusques a tant qu' il leur feroit assavoir. (Bérinus, I, c.1350-1370, 180). Le mary fut en l'eaue long temps, et tant qu'il fust sur le point de morir. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 74). ...et estoit le temps de la prorogacion sur le point de faillir (BAYE, I, 1400-1410, 6). Je suis sur le point d'esragier ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 62). La jeune fille, qui se veoit en ce dangier et sur le point de perdre ce qu'en ce monde treschier tenoit, s'advisa d'un bon tour (C.N.N., c.1456-1467, 157). Se le diable a mon fait ne pense, Je suis sur le point d'enrager. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 510).

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Sur le point que. "Au moment où" : ...elle estant auprès de la fosse ordennée à le enterrer et sur le point que l'en lui vouloit mettre, congneut et afferma par serement les confessions cy-dessus escriptes par lui autrefoiz faites estre vrayes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 437).

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Il vient à point que. "Il arrive que" : Ne sçay qui le meult [Jésus], Synon fors que le peuple esmeult Contre nous, qui est ung fort point. Pensez vous, s'il venait a point Que tout le peuple feust pour luy, Destruitz serions ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 390).

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Le droit point. "Le bon moment, le moment opportun" : Quant ou droit point de travillier me voi Et bien en ai le corage et l'arroi... (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 165). Car maintenant est le droit point De menner lïesse et joye (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 62).

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Aux bons points de. "Au moment favorable pour qqn (ou pour un animal), à son aise" : ...un faucon se vit plus netement et mieux seron sa nature et de meilleurs chars et plus chaudes et a sez boins poins qu'i ne fait par le governement d'omme (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 199). N'y aroit que de nous retraire Devers les princes bonne aleure Pour leur racompter l'adventure, Pour leur pourveoir a leurs bons poins. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 369). ...par quoy il ne peuist a tous sez bons poins porter lez armez et combatre se besoing luy fust (Comte Artois S., c.1453-1467, 60). [Autre ex. p.103]

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Aux bons points et aisances de. "Au moment qui paraîtra le plus favorable à qqn, à son aise" : ...ledit preneur pourra ravoir et rachepter desdits bailleurs à tous ses bons poins et aisances, à une fois ou à deux, 40 s. p. seulement, et les autres 6 l. p. demeureront non racheptables, et si sera tenu icellui preneur mettre et emploier en reparations necessaires et convenables oudit hostel (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 642).

c)

"Moment où qqc. peut ou doit avoir lieu, moment favorable (pour qqc.)" : ...bien ont raison, Mais qu'il le paient de saison, En temps, en lieu, de point et d'eure ! (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 49). Paoureus et de coer tramblant Pluiseurs de mes esbas faisoie, Car pour ma dame je n'osoie, Se l'eure n'avoie et le point (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 155). Je ne te voeil chy plus tenir, Ains voeil ma parole fenir, Car il n'est mie lieus ne poins, Que je te die tous les poins, Tous les trais ne tout le prochés, C'on poet faire u gieu des eschés, Car tu seroies trop lassés. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 227).

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(Il) est point. "C'est le moment, il est temps, c'est le moment favorable (pour faire qqc.)" : Garnis seront quant point sera. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 218). Se je voy lievres esmouvoir, Je lairay les levriers aler. Si les saray bien acoupler, Quant poins sera. (Mir. femme roy Port., c.1342, 152). Et il n'est mie orendroit poins De faire noces (...). Mais d'ui en uit jours bien ferez Et touz voz barons manderez A vostre feste. (Mir. femme roy Port., c.1342, 181). Quant il vit qu'il fu poins, vers ses nes s'en reva. (Bât. Bouillon C., c.1350, 171). Quant il fut temps et poins... (Tristan Nant. S., c.1350, 180). Or vous lairay de lui, tant que poins en sera. (Tristan Nant. S., c.1350, 250). Alon, car il en est point. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 138). ...je ne li ai encore rien descouvert de vostre affaire, ne ne ferai jusques a tant qu'il sera poins. (MACH., Voir, 1364, 606). Sire, deportez vous encore : Il n'est temps ne point quant a ore ; Souffrez un poy. (Mir. emper. Romme, 1369, 263). Et si tost comme il vey que point fut, il print congié du roy (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 516). Quand point fut, il fist faire ses funerailles comme il appartint. [D'un veuf] (C.N.N., c.1456-1467, 314).

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Le point est. "C'est le moment" : ...Ainsy que je diray, quant ly poins en sera. (Tristan Nant. S., c.1350, 250). ...Ainsy que je diray, mais que ly poins en soit. (Tristan Nant. S., c.1350, 529).

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Le point est de. "C'est le moment de" : Avint que quant le point fu de faire leur legacion, la presse estoit moult grande ou lieu ou assis estoient, car la fut assemblee la gent pour ouïr ce que dire vouloient (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 201).

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Le point de qqn. "Le moment favorable à qqn (pour faire qqc.)" : Mais voicy vostre point venu ["le moment qui vous est favorable (pour m'arrêter)"] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 254).

Rem. Faut-il mettre ici l'ex. suiv. ? L'adj. longs fait difficulté (bons ?) : Femme est beste que on ne peut chastier Ne avecques frain quelquonque retenir. Car elle scet ses longs poins espier, Quant elle veult aller ou revenir. Lucresse sceut a ses fins parvenir. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 55).

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Trouver son point. "Trouver le moment favorable" : ...de son propre mouvement et sans contraincte, tantost qu'il fu hors de leur dangier, (...) trouva son point, le plus secretement et honnorablement qu'il a peu, il ait faicte restitucion a partie (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1429, 131).

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Voir son point. "Juger que le moment propice est arrivé, considérer que le moment est favorable à l'action" : Le noble philosophe lors, quant il veit son point pour declairer l'exposicion des eschez au dit roy, il presenta le livre des eschez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 200). Et tantost que celle femme voit son point, elle fait faire icelle premiere besongne a son plaisir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 91). [Autre ex. p.27] ...quant il voit son point de pouoir aidier et faire bien nul n'est escondit de sa puissance (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 148). ...et attendy tant qu'il vey son point. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 338). Quant ces trois veirent leur point, ilz se trairent es rencs au devant des Bretons (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 430). ...[Brutus et Cassius] souffrirent leur mal talent jusques a tant qu'ilz virent leur point et qu'ils orent faittes leurs conspiracions et aliances. (LA SALE, Sale D., 1451, 198). ...entre les aultres tribuns de Romme en y avoit deux qui par leur grant envye hayoient moult ledit Sipion (...). Lesquelz virent leur point, ilz appellerent Sipion devant le Senat et le poeuple (LA SALE, Sale D., 1451, 253). ...sans faire bruit quelconquez, nous tenrons de cy au jour que je verray mon point (Comte Artois S., c.1453-1467, 39). Il conclud toutesfoiz tenir silence et nul mot dire jusques ad ce qu'il verra mieulx son point. (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...quand elle vit son point, dist... (C.N.N., c.1456-1467, 263). Il commence de faire ses approuches quand il vit son point (C.N.N., c.1456-1467, 410). Ils sont fiers et haultains, et sçavent bien dissimuler leurs manières jusques ils voyent leur point (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 173).

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À point. "Au moment voulu, favorable" : L'eure est qu'elle li divisa ; Si y sui bien a point venuz. (Mir. femme roy Port., c.1342, 173). Et tout ce que est fait selon vertu il est fait a droit et a point, mais il est bien seant, et appartient teles choses faire a ceuls qui ont grans possessions ou par eulz acquises et par leur industrie ou par succession de leur parens ou par ceuls de qui il le [l. leur d'apr. X, 115a] sont venues par aucune autre voie. (ORESME, E.A., c.1370, 245). Biaux seigneurs, je vous ay a dire Une chose dont on me point : Je vous trui yci bien a point Pour le vous dire. (Mir. fille roy, c.1379, 37). ...ledit Aigny ala tout à point en ladicte Chambre des Comptes, et porta ses comptes, et ne tint pas à lui qu'il ne rendist compte (BAYE, I, 1400-1410, 24). Et qui veult à point besoignier, S'il est sain, se doit esloignier, Espécialment en temps Des maladies mal sentans (LA HAYE, P. peste, 1426, 140). De moy vous serés mantenus En tous lieulx, n'en doubtés poim. Vous estes venus bien appoim. Or ça, venés avecque moy. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 53). ...[il] fera au surplus ce qu'il luy a bien promis, car jamais mieulx a point ne la pourroit trouver. (C.N.N., c.1456-1467, 117). Je ne puis entendre ce point Qui me semble trop inhumain, Mais, se je le rencontre a point, Je feray ung cop de ma main. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 106).