Adeprier à qqn que. "Adresser à qqn la prière que" : ...et adésprioit a Nostre Seigneur que il vaulsist de sa grace destruire celle mauvaise heresie. (MANSEL, Fleur hist., c.1446-1451. In : Chrestom. R., 114).

V. aussi deprier
 

Se faire aprier de + inf. "Se faire prier de" : Lors fu appresté le mengier, car temps en estoit. Si s'assistrent a cellez belles frescheures le Dieu et la Deesse d'Amours et tous empereurs, roys, princes, chevaliers, pucelles, dames et damoiselles. La estoient a tel deduit comme croire poués, et tenoient grant compte du bel deduit en quoy ilz avoient esté tout le jour. Et ne me demandés mie se ceulz Amans se faisoient apreer de servir leurs dames et amies. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 482).

REM. Sans doute à lire se faisoient a preer de.
 

A. -

"Prière" : Mais puis que li lions s'assert Pour vous qu'il aimme, crient et sert, Pour li humblement vous depri Que vous entendez son depri (MACH., D. Lyon, 1342, 229). Je te pri, Riche deesse, oy mon dolent depri. (MACH., F. am., c.1361, 163). Et n'oubliés pas mon depri (MACH., Voir, 1364, 306).

-

Faire le depri de qqn : Oi dont ; je ferai ton depri. (MACH., R. Fort., c.1341, 79).

-

Entendre le depri de qqn : De morir de mort einsi dure Com li biaus Narcisus mori, Qui son cuer tant enorguilli, Pour ce qu'il avoit biauté pure Seur toute humeinne creature, Qu'onques entendre le depri Ne deingna d'Echo, qui pour li Reçut mort amere et obscure. (MACH., Motés, 1377, 496).

-

Faire depri à : Et pour ce je vous depri Qu'à Dieu pour moy vueilliez faire depri, Ou paier crien le treü de Nature, Se Dieus et vous ne me prenez en cure. (MACH., L. dames, 1377, 206).

.

Faire depri à qqn de qqc. : ...il faurra partir Mon cuer et morir com martir Pour vous trés dolereusement, Qu'a moy n'apartient nullement, Dame, que je face depri A vous de joie ne d'ottri (MACH., R. Fort., c.1341, 135).

.

Faire depri à qqn que : Ces IJ. au roy firent depry, Que monsigneur Jehan Monstry Leur baillast pour leur souverain. (MACH., P. Alex., p.1369, 139). Mes dames qu'onques ne vi, Je vous depri Qu'à monsigneur de Loupi Faciés depri Qu'il li souveingne de mi. (MACH., L. dames, 1377, 220).

B. -

DR. REDEV.

1.

"Déclaration au seigneur d'une acquisition que l'on compte faire, pour composer avec lui des droits de vente" : ...lesquieux avoirs et poirs soient sciens, quites, sans autre nul parzçonnier, sans en estre tenu faire aucun depry ne en paier pasnaige ne autre redevance (Cartul. Laval B., t.2, 1377, 291). On use au regard des nobles comme des coustumiers s'ilz faillent à deprier leurs choses ; et pour choses qu'ilz vendent ou achatent sans revendre ne doivent que depri. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 157).

2.

"Droit, redevance demandée sur la déclaration des denrées ou marchandises qu'on transporte ; certificat correspondant" : ...à telz et semblables previleiges, droiz, coustumes truaiges, estallaiges, fenestraiges, forfaitures, vuidanges et depry que font et ont acoustumé faire les autres ayans foyres ou païs d'environ. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 6).

Rem. Doc.1369, 1399, 1451 et 1493 ds GD II, 519b.

3.

"Certificat établissant le nombre de porcs pour lesquels on demande l'admission franche au pâturage" : ...[Martin de Valuendrin] a en la forest de la Londe franc pasnage pour ses pors quant pasnage y eschiet, par depry, sans aultre chose en faire ne païer. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 81).

-

"Droit à acquitter pour cette formalité" : ...l'erbage et pasturage pour leurs pors hors deffens, et frans de pasnage, et n'en doivent que le depry. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 91). Et se leurs pors ne vont en ladicte forest, ilz ne doivent pasnage ne depry. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 273).
 

A. -

"Qui prie, demande" : Deprecativus (...) : depriables, qui deprie (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 115). Precatorius (...) : depriables (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 390). Deprecativus (...) : depriable (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 82).

B. -

"Qui se laisse prier ; qu'on peut obtenir par la prière" : Precarius (...) : depriables (Aalma R., c.1380, 324). Deprecabilis (...) : depriables, legier a deprier (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 115). Deprecabilis (...) : depriable (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 82). Exorabilis (...) : depriablez (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 158).
 

A. -

"En priant, suppliant" : Deprecative (...) : depriablement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 115).

B. -

"En se laissant prier, fléchir" : Deprecabiliter (...) : depriablement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 115).
 

"Par la prière, en suppliant" : Deprecative (...) : deprianment (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 82).
 

"Prière instante, adoration" : ...c'est nom hebrieu [Osanna] qui est interjection de priant et signifie esmouvement de corage et affection de depriement (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 454). Pour tant, ainsi comme premieremant je estoie royde et dur a tes depriemans et a tes confortemans et que je ne vouloie devenir cristian, maintenant je te dy ouvertemant du tout que pour riens je ne laisseroie que je ne devenisse cristian. (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 12).

REM. GD II, 519c.
 

Empl. trans.

A. -

Deprier qqn/à qqn

-

"Invoquer (un être céleste), adresser une prière instante (à un être céleste)" : ...touz les jours venray icy Vous deprier, haulte royne (Mir. marq. Gaudine, 1350, 130). Ensement va ly enffes a Jhesus deprïant (Tristan Nant. S., c.1350, 264). Ainsi est il de cellui qui deprie Nostre Seigneur et ne pense point a sa priere ne a cellui qu'il deprie (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 15). ...grant joye a et grant delit [la Vierge Marie] Quant de bon cuer on la deprie. (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 65). ...Voulentiers s'i va detrïer [au jardin des Oliviers] Pour Dieu, son pere, deprïer, Tousjours quant le soir est venu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 245). Advance accopt ! Ton Dieu prye Et deprye ! (Pass. Auv., 1477, 100). LE JUIF. (...) Crestiens partout ont grant port, Dont j'ay une griefve resverie. Leur Vierge Marie, Mere de Jhesus, Quant on la deprie, Monstre grans vertus. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 78).

.

Part. prés. en empl. subst. : Fille de Dieu, mére et ancelle, Qui voz deprians avoiez, Des yex de pitié me voiez... (Mir. parr., 1356, 25). Les felons ne te congnoiscent, ne leur voix ne fait clameur a toy, mais les vrais deprians desservent par les merites de toy-mesmes que ils treuvent grace devant ta face. (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 86). Et se fit la plus belle et solennelle congrégation de peuple et des gens d'église qui avoit esté vue, passé a longs ans. Plaise à Dieu que ce leur ait esté à louenge et gloire, et tourné aux déprians à salut. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 150).

-

"Prier instamment qqn" : Quant Porrus le voit, si s'escrye : "Alixandre, je te deprie, Ne laisse ce poeuple fenir..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 146). Item, des choses qui sont neccessaires pour ceste vie ou de choses petites il [le magnanime] ne se plaint onques, et n'est pas deprecatif ou depriant autres pour telles choses (ORESME, E.A., c.1370, 255).

.

Empl. abs. : Prince puissant en maincte seigneurie, Faictes du bien a celluy qui deprie, Si luy donnez, pour Dieu, qu'il soit contant. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 177).

-

Deprier (un être céleste) de qqc. : Quant Aymon de Dordonne vit ses enfans venir (...) Dieu en a deprié et le vray Saint Espir. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 229). Dieu, qui est vray juge sanz fin, Se nous l'en voulons deprier, Nous en fera sanz detrier Bonne venjance. (Mir. prev., 1352, 246). ...et qui receustes ses dons de grace en especial au jour d'ui avec les apostres tres habundamment, non mie pour vous seulement a souffisance, mais pour les departir aux povres indigens et a vos povres voisins, c'est assavoir a tous ceulx de l'umain lignage qui vous en deprieront, combien que par avant estiés plaine de grace selond le salut de l'angel Gabriel (GERS., Pent., p.1389, 72).

-

Deprier qqn/un être céleste que + subj. : Si leur enorte Et deprie chascun qu'il se conforte (MACH., J. R. Beh., c.1340, 131). Mais puis que li lions s'assert Pour vous qu'il aimme, crient et sert, Pour li humblement vous depri Que vous entendez son depri (MACH., D. Lyon, 1342, 229). Celle [Marie] requiers, celle deprie Qu'elle te face ta besongne. (Mir. pape, 1346, 374). Et ly roys Orians a Dieu mierchy deprie Qu'il y voelle moustrer miracle auctorisie S'Elyas est ses fieux de sanc sans vilonnie (Chev. cygne P., c.1356, 83-84). ...Tant qu'au moustier esté aray Nostre dame de Fineterre, Pour li deprier et requerre Qu'elle soit a ta mére amie (Mir. femme, 1368, 206). Je vous depri par vois pleinne de plour Que vous vueilliez savoir, par esprouver, Qu'autre de vous jamais ne quier amer. (MACH., L. dames, 1377, 22). ...lui qui parle prist sondit hostel pour y demourer et si prist aussi son mesnage, et trouva que ladite Colete demouroit encores pour le temps oudit hostel et un appellé Atavien, Florentin, duquel Atavien ladite Colete estoit grosse de l'enfant dont est à present question et depria ledit Atavien lui qui parle que ladite Colete et lui demourassent en sondit hostel. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 527). Mercyé ont Dieu bonnement Et depryé devotement Que pas ne les vueille oublïer. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 220). ...Or me Convient par foy entier Ly devotement deprier Que par sa saincte amictié De moy tresdoulant ayt pitié. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 186). ...lequel [paroissien] certiffia devant tout le peuple qui estoit en ladite chappelle, que il avoit esté plus de troys ans sans povoir veoir clarté nulle, jusques a tant qu'il luy vint volunté de requerre madame sainte Katherine, comment il luy pleust deprier Dieu qu'il luy voulsist rendre sa veue (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 7).

B. -

Deprier qqc.

1.

"Solliciter qqc. par la prière" : ...elle deprie son attracion : Trahe me post te (Mir. ev. N.D., c.1348, 59). [La marquise au marquis] Maiz une chose te vueil dire, Deprïer et amonnester : Que des aguillons molester Tu ne vueilles ceste espousee (Gris., 1395, 94). ...et se aucun du peuple a tel songe, signifie qu'il ara joie, et ce qu'il depriera ou demandera lui sera octroié et l'ara. (Expos. songes B., 1396, 160).

-

"Adresser qqc. en guise de supplique" : Et vez ci vos humbles subgez, Des plus grans une grant partie, Avec le commun qui deprie Ensemble eulx ma conclusïon. (Gris., 1395, 11).

-

Deprier merci à qqn que +subj. : Et ly roys Orians a Dieu mierchy deprie Qu'il y voelle moustrer miracle auctorisie S'Elyas est ses fieux de sanc sans vilonnie (Chev. cygne P., c.1356, 83-84).

-

Deprier secours : ...quant mon cueur vous depria Secours, il luy fut escondit (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 283).

2.

DR. Deprier qqc.

-

"Demander une exemption ou un délai de paiement pour (la taxe sur les marchandises transportées)" : Derechief avons ordonné et ordonnons par ces Présentes, que s'il advient que aucuns menans les Charrois, denrées, voitures et autres choses dictes, partissent de ladicte Ville, ou alassent hors de ladicte Justice d'Aucerre, sans paier ou deprier ledit Aide, pour lesdictes choses, au Receveur ou Fermier à qui il appartendra, il seront tenus de paier Amende, pour chascune fois qu'il deffaudront de payer ledit Aide (Ordonn. rois Fr. S., t.7, 1390, 403). On use au regard des nobles comme des coustumiers s'ilz faillent à deprier leurs choses ; et pour choses qu'ilz vendent ou achatent sans revendre ne doivent que depri. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 157).

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Empl. abs. : Et pareillement en usera l'en au regart des nobles, s'ilz faillent à deprier. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 177).

-

En partic. "Notifier (au seigneur) un état de bétail admis gratuitement à la glandée et acquitter le droit afférant à l'établissement du certificat" : ...et est tenu ledit grenetier venir devers le pasnageur du roy et lui bailler par escript le nombre des pors que ses hommes dudit fieu mettent en icelle forest et les depprier audit pasnageur du roy (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 120). ...[il est tenu] estre et porter chacun an le jour du pasnage d'icelle forest ou lieu ou l'en reçoipt et ou est receu icelui pasnage pour le roy, le nombre et quantité des pourceaux que il a en son dit hostel de Lorrey, et iceulx passer et deprier audit pasnage comme frans (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 216).
 

"Prière instante (adressée à un être céleste)" : A laquelle depriere suy envoiés a toy, adfin que tu prengnes aide des angles de Dieu (Vie Adam et Eve F., a.1456, 385).
 

"Celle qui demande qqc., en partic. qui intercède en faveur de qqn" : ...vierge (...) deprieresse des pecheurs. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 757). [Pas de var. ds l'éd. ; le mot est sans doute ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348]

REM. GARBIN 1487 ds GD II, 520b.
 

"Celui qui demande qqc., en partic. qui intercède en faveur de qqn" : Rogator (...) deprieur (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 158).

REM. Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500 (precator : deprieur), et GARBIN 1487 (orator : deprieur) ds GD II, 520b.
 

Empl. trans. [Uniquement dans le discours direct] "Prier, supplier" : Rendés-moy mes amours, sire, je vous emprie. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 196). ...Je vous empry a jointes mains (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 261). Dictes en ung mot seulement, Je vous emprie, en motz rassis. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 133). ...Pardonnez nous, je vous empry (Sots triumph., c.1475, 50). Comment peult on faire la cresme Qui vient du ventre de la vache ? Dictes le moy, je vous emprie, Car je suis ouvrier de ce faire, Mais il fust ung peu necessaire Que je fusse ung petit plus saige. (S. fol, c.1480-1490, 6).

REM. En issu de inde + prier. Une lecture en deux mots en prier est possible aussi.
 

Empl. pronom. réciproque. S'entre-prier à + inf. "Se demander l'un à l'autre de" : ...les citez d'Asye se commençoyent entreprier a rebeller contre le roy Philippe (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 3).
 

"Que l'on ne peut prier" : Imprecabilis (...) : impriables. Imprecabiliter (...) : sans priere (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 222).

REM. Ou faut-il comprendre, en dépit de la traduction de imprecabiliter, "que l'on peut souhaiter (à qqn)" (lat. imprecari, FEW IV, 601b : imprecari) ?
 

"Intercesseur, celui qui plaide la cause de qqn"

REM. Therence en franç. (éd. 1500-1503) ds GD VI, 366c.
 

"Prière"

Rem. Ex. de MOLINET (éd. Buchon) ds GD VI, 366c (lecture deprecations ds MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 534).
 

"Demande, prière"

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12309.

-

Par pri ou par priere. "Par demande pressante, contraignante ou par prière" : Par pris donques, ou par priere, par amour ou par hayne, par paour ou par service deshoneste, noz Sains Peres si font celles promocions [des gens sans lettres]. (Songe verg. S., t.1, 1378, 98). Se lez gens du Roy, prevos ou bailliz ou aultres juges seculiers, restituent a l'Eglyse, conme clerc, aucun larron, murtrier ou ravisseur, noz prelas, sanz delay, par pris ou par priere, le mettent au delivre (Songe verg. S., t.2, 1378, 185).
 

[De Dieu] "Qui écoute favorablement les prières"

REM. Ex. d'a. fr., Gloss. de Salins et GARBIN 1487 ds GD VI, 403c.
 

"Prière"

REM. H. Lewicka, La Dér., 1960, 75 (XVI^e s.).
 

A. -

"Demander avec insistance à qqn (une faveur, un service...)"

1.

Prier qqn. : LE COUSIN. (...) Si vous pri, pour la vierge pure, Gardez ne vous desconfortez, Mais prenez en vous confors telz (Mir. enf. ress., 1353, 57). DIEU. Mére, la voy en desconfort Estre d'Espaigne la royne (...) : (...) de prier ne vous cesse. Prenez d'aler a li l'adresse Isnellement. NOSTRE DAME. Filz, a vostre conmandement Obeiray (...). Alons men (...), Anges, ou priée sui tant. (Mir. Oton, c.1370, 355). ...combien qu'il priast celle qui vouloit avoir le surcroiz, toutesfoiz ne se voult rendre contente. (C.N.N., c.1456-1467, 522).

-

"Demander l'aide de qqn" : ...s'est au second [ami] venuz Et le pria con le premier. L'autre dist : Merler ne m'en quier... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 268).

-

Prier qqn de qqc. : Et lors ot conseil le duc Anthoine de porter sur ses armes l'ombre d'un lyon de gueules, a cause de sa duchié, et aussi la duchesce l'en avoit par mainteffoiz requis et prié. (ARRAS, c.1392-1393, 171). Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. (ARRAS, c.1392-1393, 216). Ymbert du Grolay est venu prier de par le duc de Berry la Court de l'avancement du procès de messire Ode de Villars contre messire Remon de Turenne (BAYE, I, 1400-1410, 313). D'une chose vous ay prié et prie, qu'il vous souvienne de gaynier ou de perdre honorablement et honnestement. (LA SALE, J.S., 1456, 97). Mon amy, vous m'avez autrefoiz priée de ce dont je vous requier. (C.N.N., c.1456-1467, 348). Centurion est bien nostre amy ; Si luy plaisoit la charge prendre, Cortoisie nous faroit grande, Et nous l'en vouldrions bien prïer. (Pass. Auv., 1477, 273).

-

Prier qqn (de) + inf. : Si vous prie estre content de moy, s'il vous plaist, car je n'en feray rien plus. (C.N.N., c.1456-1467, 81). ...[il] advisa ung jour de prier aucuns chevaliers et escuiers, ses bons amys (...) d'aller esbater, voler et querir les lievres (C.N.N., c.1456-1467, 474).

-

Prier qqn que + subj. (plus rarement indic.) : LE COUSIN. Tristan, je vous pri par amour Que vous me vueillez denuncer Qui est ce c'on veult justicer. (Mir. enf. ress., 1353, 50). Mon seigneur le duc vostre pére Et ma dame aussi vostre mére Vous saluent, et si vous mande Le duc et prie, mais conmande Qu'en ce cas li obeissiez, Qu'a venir a li ne laissiez Isnellement. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 17). Lesquelz le avoyent fait sousper avec eulx, et li avoyent prié qu'il se levast très-bien matin, afin qu'il peussent estre audit lieu de Moret au point du jour, et qu'il convenoit qu'ilz venissent au giste à Paris, pour besoigner à une journée qu'ilz avoient en parlement audit landemain. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 318). ...elle recordant des paroles et bons enseignemens que sa feue mere li avoit dittes et enseignées en sa jeunesce, dist à ceulx qui la venoient prier et requerre que elle garrisist ladite Agnesot, que au plaisir de Dieu, et bien brief, elle le garriroit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...et recordant que sondit seigneur de Haguenonville aloit oudit pays de Caux pour certaines ses besoignes qu'il y avoit à faire, pria et requist son dit seigneur, qui estoit sur son partement, que icelle sainture il voulsist faire porter et rendre à icelle dame de Saumon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363). Chiers sires, je vous prie, sur tous les services que je vous pourroye jamais faire, qu'il vous plaise a moy faire tant d'onnour que de venir lundi a mes espousailles (ARRAS, c.1392-1393, 36). ...et vous pri tant comme je puis que ne me faciez plus telz semblans ne disiez ces parolles (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180). Finablement prie le duc de Bourgongne que on persevere en bonne paix et union et en la vraie obeissance du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 259). Monseigneur mon frere, puis que le bon plaisir du roy est tel, je lui veul obeir. Mais vous, comme cellui qui l'avez bien desservi, je me acquicte et vous donne mon bracelet, en vous de tresbon cuer priant que le prenez en gré. (LA SALE, J.S., 1456, 130). Si vous prie tant que je puis que anuyt vous venez avecques moy (C.N.N., c.1456-1467, 107). Je vous prie que vous faictes tous noz gens coucher, affin que nul ne face noise ne bruit (C.N.N., c.1456-1467, 366). ...il descouvrit son cas tout a plain [à ses amis], les priant tresaffectueusement qu'ilz luy voulsissent aider a querir et trouver femme pour luy (C.N.N., c.1456-1467, 557). Mon filz, mon amy, je vous prie Que je preignhe congé de vous ["que vous m'autorisiez à"] (Pass. Auv., 1477, 191). Piteuse mere, je vous prie Que vous preignhés alegement, Pour consouler la companie En la foy asseureement. (Pass. Auv., 1477, 254). Helas, je vous prie, ma mignonne, Que je ne soye point esconduit (P. moyne, a.1500, 50). Et à ceste cause le roy escripvit par toutes les bonnes villes de son royaulme qu'ilz feissent bon gueit et qu'ilz se donnassent garde, en les advertissant de ce que dit est, en les priant qu'ilz luy fussent bons et loyaulx. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 164). Et, pour ce, et affin de mieulx et plus seurement y besongner au vray, je vous prie que, incontinant ces presentes, venés à Loches querir ledit Bauquet par des gentilzhommes bien seurs et des plus feables que ayés en vostre compaignie, pour l'amener à Chasteau-Gaillard bien et seurement et illec faire et achever son procès. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 203). Se ainsi estoit, je vous prie que faittes bonne diligence, et mettez toute la peine que pourrez de le prandre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 240). Mons. le grant maistre, ceste matiere est grande ; sy vous prie que, se icelle journée se prent, que y veullez estre et je le vous feray sçavoir à temps. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 318).

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[En incise, comme formule de politesse] Je vous (en) prie : PREMIER DYABLE. Or t'en avance, je t'en pri : Par ma foy, bon gré t'en saray. (Mir. enf. diable, c.1339, 6). LE SEIGNEUR. Dame, dites moi, je vous pri, Quel nom li pourrons nous donner ? (Mir. enf. diable, c.1339, 20). Grimaut, je te pri et requier, (...) Alons men veoir le marquis, Car pour certain je le verroye Moult voulentiers (Mir. marq. Gaudine, 1350, 153). Vous estes, par ma foy, bien enragé, qui a ma femme vous prenez ; n'en faictes plus, je vous en prie. (C.N.N., c.1456-1467, 67). "...si bon vous semble, je l'emmeneray avecques moy. - Et par ma foy, dit elle, vous ferez bien et je vous en prie..." (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...si c'estoit maladie contagieuse, vous ne seriez pas seurement si près sans avoir des esclabotures. Helas ! je vous prie, si vous n'en sentez nulles, aiez au mains compassion de moy (C.N.N., c.1456-1467, 176). Madame, dit le clerc, je vous pry, dictes moy, s'il vous plaist, qui vous meut de vestir ce jaserant. (C.N.N., c.1456-1467, 280). Dieu, helas, Bien me desplait que te martrye Pour les grans vertus que tu as. Pardonne moy, Jehan, je t'en prye ! Je ne le fais pas pour envye (Pass. Auv., 1477, 100). Laissés moy entrer, Nicodemus, Pour Dieu, amy, je vous en prie, Ains que la pierre soit dessus, Pour prendre congé de ma vie ! (Pass. Auv., 1477, 263). SATHAN. Dyables, venez tost, je vous prie, Car de fine rage j'affame. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 145).

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[Avant ou après un impér., pour renforcer la demande] : Biau preudons, je sui en tristesse (...). Si vous pri conseil me donnez Tel que m'ame ne voit a perte (Mir. pape, 1346, 373). LE MARI. (...) Je vous pri, ne m'en mentez point. (Mir. enf. ress., 1353, 56). LA DAME. (...) faites que bien tost muire, A ce que par longue doulour, Ne renie mon creatour, Je vous en pri. (Mir. enf. ress., 1353, 67). "...Et au mains je vous prie, puis que je n'en puis avoir aultre chose, ouvrez moy l'huys..." (C.N.N., c.1456-1467, 212). Je te pry, mes pechés efface (Pass. Auv., 1477, 131). De son jeune acge, sire, Souvent le diable l'a gité Au feu et en l'eau mené. Las, maistre, si tu as puissance, Je te prie par ta clemence, Ayde nous comme a tes dissiples ! (Pass. Auv., 1477, 162). Je vous prie, abregez vous et vous y en venez, et me faictes savoir souvent de ce qui vous surviendra. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 240).

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Prier que : ...[il] donna la bonne nuyt au bourgois et a sa compaignie ; et pria moult qu'on le boutast hors de leans par la posterne (C.N.N., c.1456-1467, 27).

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Empl. abs. : Qui commandent ou prient ou font persuasions pour retraire un enfant de mal, semblabement refrene raison l'appetit sensitif. (ORESME, E.A.C., c.1370, 144). ...force fut a la belle nonnain (...) d'accorder au moyne ce que a pluseurs sans prier avoit accordé. (C.N.N., c.1456-1467, 106).

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Se faire prier : L'oste l'encueillit tresbien et le fist seoir, et sans se faire beaucop prier, il se fourre avecques nostre curé et les aultres (C.N.N., c.1456-1467, 402).

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Se faire prier de qqc. "Ne consentir à qqc. qu'après avoir été longuement sollicité" : LE CHASTELLAIN. (...) Par vostre doulx courtois plaisir Entrez ceens. LE ROY. Je ne feroie mie sens Se je m'en faisoie prier : Car j'ay de reposer mestier (Mir. femme roy Port., c.1342, 156). La ne se fait pas prier longuement, Mais la par grace en pitié faite ottrie L'amant mercy qui sa joie li rent. (Mir. chan., c.1361, 184). L'EMPERÉRE. (...) Vaz me dire a mon mareschal (...) Que ci viengne (...). PREMIER SERGENT. Je ne m'en feray pas prier, Mon chier seigneur, je li vois dire. (Mir. fille roy, c.1379, 81). ...mon frere, Livius Salinator s'estoit fait prier de l'accord de lui et de moy. Je vueil monstrer qu'il avoit tort et que nulle hayne n'est plus en mon cuer. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 42). Le clerc, sachant le tour de son baston, s'en fist beaucop prier (C.N.N., c.1456-1467, 94).

2.

Prier à qqn : LA DAME. (...) [Mère Dieu] Et a vostre doulz filz proiez (Mir. enf. ress., 1353, 6). Cy vous lerray de lui et vous diray de Fromont, son frere, qui tant pria a son pere et a sa mere, qu'ilz lui accorderent qu'il seroit rendu moyne en l'abbaye de Maleres, et y fu vestu par l'accord de son pere et de sa mere. (ARRAS, c.1392-1393, 248).

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Prier à qqn de qqc. : ...[il] s'en vient devers son compaignon, auquel il compte tout du long son adventure, luy priant de deux choses (C.N.N., c.1456-1467, 77).

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Prier à qqn de + inf. : ...quant le duc Anthoine prist congié de la duchesse, qu'elle fut moult courrouciee, mais elle n'en ose monstrer semblant, mais lui prie de revenir le plustost que il pourra, et il lui dist que si fera il (ARRAS, c.1392-1393, 174). Car lui estant en chasse apprès son tresgrant sengler, la nuit tout seul le sousprinst, sy ne sceut plus ou aller. Dont serchant par la forest son chemin, ung homme ladre lui apparust, auquel il pria de l'adreschier. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 166). ...pour ce qu'il est plaisant et gracieux, comme chacun scet, ilz desirerent sa compaignie et luy prierent de venir loger avec eulx (C.N.N., c.1456-1467, 396). ...maistre Pierre de Boienval et autres officiers de mondit seigneur le connestable firent faire ung cry publique à son de trompe à la table de marbre, au palais royal, à Paris, en faisant savoir la prinse et entrée ainsi faicte oudit Saint-Quentin par mondit seigneur le connestable, et que de ce on merciast Dieu, en lui priant de donner bonne prosperité au roy et audit connestable, stipulant pour lui au recouvrement de ses autres villes et pays engaigez, qu'il avoit intencion de recouvrer et mettre hors des mains de Charles, soy disant duc en Bourgongne (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 251).

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Prier à qqn que + subj. : ...sachant que sondit serourge, à son retour, devroit passer par un chemin là où il a plusieurs grans noyers auprès d'illec, pria et requist à un compaignon nommé Guillot, du pays de Saloigne, et vingneron, avec lequel il avoit plusieurs fois ouvré en ladite ville, qu'il lui volsist aidier à le batre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 17). Remondin les remercia moult de leurs presens, et leur pria et commanda qu'ilz feussent bon et loyal subgiez a Hervy, a qui il avoit donné la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 69). Et il leur va accointier comment le roy estoit fort blecié, et comment il leur prioit humblement qu'il leur pleust a venir devers lui pour eulx mercier du noble secours qu'ilz lui avoient fait (ARRAS, c.1392-1393, 115). Ce fait, le Chancellier pour mondit seigneur le Dauphin et les autres seigneurs a respondu que lesdiz seigneurs prient à la Court qu'elle face justice (BAYE, II, 1411-1417, 43). ...il avoit prié ausdis Bouron et Jouglet qu'ilz voulsissent servir le Roy et la Court soubz lui (FAUQ., III, 1431-1435, 173). Si prend et baille son cousteau a ce [prieur], en luy priant et requerant qu'[il] luy [trenchast] la teste (C.N.N., c.1456-1467, 62). ...quand vint au partir, elle pria au chevalier que sa maistresse n'en sceust rien. (C.N.N., c.1456-1467, 270). ...l'espousé vint a ung sien compaignon qu'il aimoit tresbien, et luy pria qu'il luy feist garnison d'une grosse poignée de verges, et qu'il la mist secretement soubz le chevet de son lit (C.N.N., c.1456-1467, 298). ...ne demoura gueres qu'il ne vint en Haynau devers son compaignon, et luy pria qu'ilz allassent veoir sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 345). La mere (...) reduist a memoire son escoliere sur la doctrine et leczon que aprinse luy avoit, luy priant que penser y voulsist. (C.N.N., c.1456-1467, 497). Et pour ce prioient ausdiz de Paris que on leur envoiast de la menue artillerie, des arbalestres, du traict et des vivres (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 275). Et, pour tous les appaiser, dist et respondi icellui defunct connestable à sesdiz confesseurs qu'il prioit à tous lesdiz quatre confesseurs que chascun d'eulx en prensist la quarte partie et que en leurs consciences la distribuassent là où ils verroient qu'il seroit bien employé. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 365). Il fault donc a Pilate aler Luy prïer qu'il y mecte garde [au sépulcre du Christ] Tantost, affin qu'on ne le perde (Pass. Auv., 1477, 271).

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Prier à qqn + interr. indir. : Et leur pria Remondin comment ilz le recommandassent au roy de Bretaigne, et aux barons, et a Alain, leur pere. (ARRAS, c.1392-1393, 74).

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Prier à qqn pour. "Adresser une demande instante à qqn en faveur de" : Lors Messeigneurs ses freres et tous ceulz qui la estoient, veans sa tres grande et bonne volonté, prierent au roy pour lui, et tant tous lui supplierent qu'il en fut content. (LA SALE, J.S., 1456, 86).

3.

Prier qqc. à qqn. "Demander instamment qqc. à qqn" : ...son mary estoit en la ville (...) ainsi qu'elle luy ["le lui"] avoit ordonné et prié. (C.N.N., c.1456-1467, 328).

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Prier merci/pardon à qqn (de qqc.). "Implorer à qqn son pardon (pour qqc.)" : Hé ! tresdoulce vierge honorée, De mon meffait pardon vous pri. (Mir. ev. arced., c.1341, 112). Jehan, amis, bien veigniez vous ! Mercy vous pri a nuz genouz Que mon meffait me pardonnez (Mir. st J. Cris., c.1344, 282). ...elle se confessa et ordonna comme bonne chrestienne, priant mercy a tout le monde, et specialement a monseigneur son mary. (C.N.N., c.1456-1467, 425). ...après qu'il eut aucun petit temps devisé avec elle et finé ses ammonnestemens et exhortacions, luy pria mercy (C.N.N., c.1456-1467, 515).

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Prier son pain. "Mendier" : Jamais n'y seroit trouvé .I. du païs priant son pain, car il avroient plus chier a mourir que de mandier (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 37).

B. -

En partic.

1.

Prier (une femme)/d'amour. "Solliciter l'amour de qqn (d'une femme)" : ...chevaliers et escuiers et tous hommes qui frequentent entour femmes, par espacial les aucuns, ont maniere de les prier d'amours et de les attraire se ilz peuent (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 72). ...tantdiz que madame achevoit ses heures avec son amy, monseigneur son mary (...) prya Jehannette, qui luy faisoit compaignie, d'amours a bon escient. (C.N.N., c.1456-1467, 271). Tant y alla et tant s'i trouva que le clerc la pria d'amours (C.N.N., c.1456-1467, 279).

Rem. Erec C.T., c.1450-1500, gloss.

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[Le terme d'amour est fréq. sous-entendu] Prier une femme. "La courtiser" : ...je n'eu pas si tost accointance ne entrée ceans que je ne priasse une des belles filles qui y soit ; et ay tant fait, la Dieu mercy ! qu'elle me veult beaucop de biens (C.N.N., c.1456-1467, 177). ...ja Dieu ne me laisse tant vivre que j'aye non pas tant seulement le vouloir ne une seule pensée de jamais amer ne prier aultre qu'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 177). ...[elle] ne le quiert jamais ne veoir, ne rencontrer, comme le plus desloyal qu'il est qui jamais priast femme. (C.N.N., c.1456-1467, 179). Telz et telz m'ont maintesfoiz priée, et si les ay refusez tout plainement, dont me desplaist. (C.N.N., c.1456-1467, 347).

2.

Prier qqn (à table). "Inviter qqn (à table)" : Lors Saintré, avec tresbelle et grande compaignie, fut ledit seigneur de Loissellench convoier. Et au departir qu'ilz firent, le pria et toute sa compaignie pour le lendemain au disner. (LA SALE, J.S., 1456, 170). Le cinq^me jour aprés, le seigneur de Loissellench, qui fut aucunement plus amendé, pria Saintré et aucuns seigneurs et dames pour le landemain a la façon de Poulaynne disner avecques lui. (LA SALE, J.S., 1456, 170). ...le filz a la damoiselle alla prier ceulx qu'elle luy avoit nommez (C.N.N., c.1456-1467, 369). ...incontinent se part et alla prier au lendemain au disner les deux mariz et les deux damoiselles (C.N.N., c.1456-1467, 375). ...elle avoit fait appareiller le disner et prier ses amys (C.N.N., c.1456-1467, 371).

-

Prier qqn de/que : Dame, (...) Mon seigneur vous prie et vous mande Qu'avecques li de sa viande Venez diner. (Mir. roy Thierry, c.1374, 334). Ung jeune homme nouvellement marié fut prié de soupper a l'ostel d'un de ses parens (C.N.N., c.1456-1467, 217).

C. -

"Adresser à Dieu, à une divinité, à un saint... une prière, invoquer par la prière"

1.

Prier Dieu. "Élever son âme vers Dieu par la prière" : L'ABBESSE. A chascune son livre prest ? (...) Mettons nous ci a genoillons En Dieu priant. (Mir. nonne, 1345, 329). ...la bonne dame priera Dieu devotement (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 56). Retournez en vostre maison, et priez Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 101). Puis que tu me veulx decouler, Donne moy ung peu de loisir Pour Dieu prïer et adourer. (Pass. Auv., 1477, 99). Advance accopt ! Ton Dieu prye Et deprye ! Jehan, plus ne puis cy arrester (Pass. Auv., 1477, 100). Il nous fault tous devostement Prier Dieu singulierement Pour l'Eglise et le bien publique. (LA VIGNE, S.M., 1496, 472).

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Prier Dieu/la Vierge/un saint que/à ce que : Vierge, je vous pri de cuer vray Qu'en pitié vueillez regarder Ma femme (Mir. enf. diable, c.1339, 23). DIEU. Mere, je voy que de cuer fin Ces gens la vous servent et aiment, Et devotement vous reclaiment, Et vous prïent et main et soir A ce que de leurs corps avoir Puissent enfant. (Mir. enf. ress., 1353, 6). LA DAME. (...) Prie Dieu qu'il ait de mon ame Mercy, car le corps va a perte (Mir. enf. ress., 1353, 40). Mes diex devotement priay Que par eulx fusse secoruz (Mir. Clov., c.1381, 268). ...elle le appella [Haussibut] par trois fois l'une après l'autre, en priant et requerant Nostre Seigneur Jhesu-Cripst qu'il lui voulsist aidier à faire guerir ledit de Ruilly (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 294). Remondin ala ouïr messe a l'abbaye du Moustier, et la pria Dieu qu'il lui laissast son fait achever, au salut de l'ame et prouffit et honneur du corps, et demoura en sa devocion au Moutier jusques après heure de prime. (ARRAS, c.1392-1393, 33). ...[elle] prioit Dieu journellement que bref le peust ravoir et reveoir par deça, si encores il estoit vif [De la femme d'un chevalier, disparu à la croisade] (C.N.N., c.1456-1467, 423). Le benoit Dieu des cieulx je prie Qu'ad tous nous veulhe pardonner. (Pass. Auv., 1477, 101). Mons. le grant maistre, je prie Nostre Seigneur qu'il soit garde de vous. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 276).

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Prier Dieu pour qqn : Et le riche aime le povre pour son service ou pour pitié, et afin que il prie Dieu pour luy. (ORESME, E.A.C., c.1370, 431). Tien : dy qu'elle prie pour moy, Et toy aussi. (Mir. march. juif, c.1377, 184). Priez Dieu pour moy et je le prieray pour vous. (C.N.N., c.1456-1467, 514). Souverain Dieu, de cuer vous prie Pour ceulx qui sont mes amoreux, Qu'i vous plaise garder leur vie De perilz et maulx dangeureux (Pass. Auv., 1477, 280).

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Prier Dieu pour qqc. : La Court acompaigna le college de la Sainte-Chappelle, qui ala en procession à l'eglise Sainte-Geneviefve pour prier Dieu pour la paix, salut et prosperité de ce royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 307).

2.

Prier à Dieu/à la Vierge/à un dieu... : Lors se traist en ung anglet par derriere l'autel et prinst a prier a Marcus son dieu et a dame Venus sa deesse (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 347). Et ne voulut jamais dire la raison qui le avoit meu ad ce ; mais aucuns pensoient que ce feust pour la cause de l'eglise où il fist moult de biens, et aussy pour la grande devocion qu'il avoit à la benoiste vierge Marie pryée oudit lieu de Clery. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 137).

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Prier à Dieu/à un dieu/aux dieux que : Et pour ce, un qui estoit de la cité de Epyre, un humëeur de brouéz et lechëeur, prioit as dieux et soushaidoit que il eüst la gorge plus longue que le col d'une grue. (ORESME, E.A., c.1370, 222). Et aussi je prie a Dieu qu'elle [cette histoire] puisse plaire a tous ceulx qui la liront ou orront lire. (ARRAS, c.1392-1393, 308). ...je prie a Dieu qu'il vous doint bonne vie et longue. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 120). "Mon frere, je vous rens vostre haiche, et du surplus me acquicteray ainsin que en voz lectres d'armes est contenu, priant a Dieu et a monseigneur Saint George que de bien en mieulz vous accroissent voz honneurs." (LA SALE, J.S., 1456, 130). ...[il] commenda a ung de ses gens qu'il luy allumast et feist offre d'une grosse chandelle de cyre, en luy priant pour son intencion. [Ici, par dérision : la prière est adressée au Diable] (C.N.N., c.1456-1467, 85). Dictes vous doncques que ma femme est morte, dit le clerc, et je prie a Dieu qu'il luy pardoint ses pechez. (C.N.N., c.1456-1467, 285). ...or je vous laisse et vous commende a la grace [de] Dieu, luy priant qu'il vous doint bonne adventure. (C.N.N., c.1456-1467, 497). Mon doulx maistre, mon doulx raby, Je pry a Dieu que nous octroye Que vous voye Vune fois au reaulme de luy. (Pass. Auv., 1477, 103). Mon chier seigneur et pere debonnaire, Je prie a Dieu qu'il vous doinct bonne vie. (LA VIGNE, S.M., 1496, 213). Si prie à Dieu que luy doint grace d'ouvrir ses yeulx à veoir ce que je fais à mon povoir touchant sa vengeance. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 286).

3.

Empl. abs. : Finablement, en escripvant, Ce soir, seulet, estant en bonne, Dictant ces laiz et descripvant, J'ouys la cloche de Serbonne, Qui tous jours a neuf heures sonne Le salut que l'ange predit ; Si suspendis et mis en bonne Pour prier comme le cueur dit. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 28). ...prïons Qu'il soit tout jour noz bons amis. (Pass. Auv., 1477, 280).

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Prier pour qqn : LE BOURREL. (...) Prïez ces gens que pour vous prïent, Et que leurs Patenostres dïent Chascun pour vous. (Mir. enf. ress., 1353, 67). Item, repos est fin de mouvement et pour ce, selon Aristote, les corps de cibas sont meuz a leurs lieus naturelz pour y reposer. Item, en signe que repos vaut miex, nous prions pour les mors que Dieu leur doint repos (ORESME, C.M., c.1377, 532). ...et si pria pour ceulx qui le tourmentoyent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 30). Sy prieray pour luy [mon seigneur, l'évêque Thibault d'Aucigny] de bon cueur, Pour l'ame du bon feu Cotart ; Mais quoy ! ce sera donc par cueur, Car de lire je suis fetart. Priere en feray de picart : S'il ne le scet, voise l'apprendre, S'il m'en croit, ains qu'il soit plus tart, A Douay ou a L'Ysle en Flandre ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 25).

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Prier pour l'ame de qqn : Il fault que vous faciez fonder un prioré de XV. moines et le prieur en tel lieu qu'il plaira a ma damoiselle et a son conseil, pour prier pour l'ame de ceulx qui sont mors, tant de vostre costé comme de ce païs, et de noz gens, qui pour vostre coulpe sont periz. (ARRAS, c.1392-1393, 168). ...et aussi se retourna au peuple estant du costé du Saint-Esperit en leur suppliant aussi de prier pour son ame. Et puis s'en ala mettre à deux genolz dessus ung petit carreau de layne aux armes de ladicte ville, qu'il mist à point et remua de l'ung de ses piez, où il fut ilec diligemment bandé par les yeux par ledit Petit Jehan, tousjours parlant à Dieu et à sesdiz confesseurs (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 360).

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Prier pour qqc. "Adresser une prière à Dieu pour obtenir qqc." : Mais les hommes populares et avers orent et prient pour telz biens et les desirent et parsuient. (ORESME, E.A., c.1370, 277). Se il la welt lapider, pour ce qu'elle prioit pour la paix de l'Eglise, il n'est pas bon crestien (BAYE, I, 1400-1410, 102).

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Prier + prop. inf. : ...saint Pol, qui pria estre delivré de la temptacion de la char... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 314).

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Inf. subst. "Prière"

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Faire le prier. "Se courber à terre" : ...a tiere le trebusque en faisant le prïer (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 873).

Rem. V. aussi priere, faire la priere.

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Part. prés. en empl. subst. : ...Osanna (...), je te pri, sauve moy ; c'est nom hebrieu qui est interjection de priant (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 454).

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"Représentation d'une personne qui prie"

Rem. Cf. : A Baudichon Pitou, tapissier, XX escuz d'or pour avoir faict de neuf un corset ou robe de tappisserie pour servir à crier parmy la ville la dite confrairie mons. S. Jaques, auquel corset sont devant et derrière l'ymaige de Dieu et de Mons. S. Jaques avec deux prians (Doc. 1472. In : Henri Bordier, "La confrérie des pèlerins de Saint-Jacques et ses archives" dans Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 2, 1876, 364).

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"Prie-Dieu"

Rem. Doc.1476 ds GD VI, 403c.
 

"Celle qui prie" : Oratrix (...) : priarresse (Aalma R., c.1380, 290).
 

"Celui qui adresse une prière à qqn, intercesseur" : Intercessor (...) : intercesseur, prieur (Aalma R., c.1380, 209). Precator (...) : prieur (Aalma R., c.1380, 324). Prieur : precator (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 250). Intercessor (...) : prieur (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 178).

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"Crieur public annonçant les funérailles (proprement invitant aux funérailles)"

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. Doc. 1486 (Tournai) ds GD VI, 404c.
 

"Prieur, abbé" : Apres (...) avoit à Huy I prieux bons, et astoit si vies qu'il astoit tout debiliteit, qui par l'enhort de alquuns religieux hommes à sa prioriteit renunchat et le resignast. (...) Johans li promier prieux qui regnat XXXVI ans. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.5, a.1400, 4).

REM. Ex. du Gl. Lille et G. LE MUISIT, c.1347-1353, ds T-L VII, 1873 et 1875.
 

"Prier (de nouveau, de son côté), prier instamment" : ...car il voit la voie Qui droit le conduit et avoie, Si qu'il ne se puet desvoier, De li doucement reprier Par Amours, de tous biens habonde, Une fois qu'on dit la seconde Qui vient après la fois premiere (MACH., D. Aler., a.1349, 305). Mercy, merci de ma dure dolour Pri et repri en moult lonteing païs, Mais je ne puis faire tant de clamour Que je puisse de ma dame estre oïs, Car trop lonteinne est de moy, ce m'est vis. Si me convient gemir et dementer Et en plaingnant sa douceur regreter. (MACH., L. dames, 1377, 95). ...tant prierent et reprierent pour la premiere requeste de damps Abbés que Madame s'y consentist. (LA SALE, J.S. E., 1456, 368).
 

Empl. trans. "Supplier"

REM. Gloss., Paris B. N. lat. 7679, c.1400-1500 (subrogo : solzprier), ds GD VII, 556c.