Empl. intrans. "Vivre dans l'oisiveté"

REM. Gloss., Paris B. N. lat. 7679, c.1400-1500 (occior : exiver), ds GD III, 684b.

V. aussi exiveté
 

"Oisiveté"

REM. Gloss., Paris B. N. lat. 7679, c.1400-1500 (occiolium : petite exivesté), (occium : exiveté) et doc. 1410 (pour eulz esbatre et oster exiveté) ds GD III, 684b. Cf. n. 8 ds FEW VII, 445a.
 

"Qui vit dans l'oisiveté"

REM. Gloss., Paris B. N. lat. 7679, c.1400-1500 (occiosus : exiveur, plain de exiveté), ds GD III, 684b.

V. aussi exiveté
 

"Désoeuvrement, oisiveté" : ...je tance Qui veult avoir tout vain repos (...) ; Et si n'a en luy le vouloir De Magdelaine, ains va valoir Pour ses malicieux diffons La condicion des buffons, Et plains de grant occieté, Paresse, yver aussi esté. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 813).

V. aussi ocieuseté
 

A. -

"Nonchalamment, paresseusement"

Rem. Ex. d'afr. et BERS. (occieusement) ds GD V, 566c.

B. -

"Oisivement, dans l'oisiveté"

Rem. P. FARGET, Miroir vie humaine (éd. 1482, obcieusement) ds GD V, 566c.
 

A. -

"Ce qui ne rapporte rien, qui est inutile (ici les mauvaises herbes)" : Et oue la beche fouir convient mon confessour et me tenir desuz le piee en fouir en ma char sicome en terre, et de la paele ouster la terre qe de la beche serra fouy - c'est les delicez de la char et les malveis desirs - tout doit la paele getter en voie et nettoier la fossee de toutz ociosités. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 114).

Rem. AND, s.v. ociosité : "superfluity" (même ex.).

B. -

"Désoeuvrement, oisiveté" : Mes pour ce que il cremoit que les corages du peuple par pays et par ociouseté se habandonnassent a superfluités et a luxures, lesquelz le paour des anemis et la discipline de chevalerie et le labour des armez avoient jadis contenu et atrempé, il li sembla car en celle multitude, ignorant et rude, la creinte des dieux seroit souvereine et tres efficace remede qui bien la leur porroit emprendre et incuter (BERS., I, 1, c.1354-1359, 19.4, 30). Premierement tu sces bien que occieuseté est cause de touz les set pechiez mortels, quar, quant hon est oyseus et negligent sanz travail et n'est occupé en fere aucune chose et demeure en son lit ou en sa chambre, c'est une chose qui tire a ymagination du plaisir de la char, quar il n'a cure forsque de demourer en un lieu et penser en orgueil ou en avarice ou en ire ou en paresce ou en goule ou en luxure ou en envie, quar les ymaginations de l'omme vont plus tost a mal que a bien par les troys enemis qu'il ha, c'est le deable, le monde et la char. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 52). Et a ceste montaigne de Boulcan, comme josnes gens, par occieusetté, nous estans en ladicte nave, attendans le bon temps, fusmes troiz (...) qui en noz pourpoins entrepreismes de monter en hault (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 144). ...pour eschiver ce très perilleux pechié de occieuseté (LA SALE, Sale D., 1451, 1).

V. aussi oiseuseté, oisiveté
 

"Oisif" : De courir au paien ne fut point parasseux, Et Corsant ensement n'a talent d'estre ocieux. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 535).
 

"Oisiveté"

REM. MOLINET, Chron., éd. Buchon, chap. CLI, ds GD V, 585b ; leçon s'estoyent tenus en oyseuse ds MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 543.

V. aussi oiseuse
 

"Oisif" : Si l'omme oedif poet a les dées Juer... (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 70). Ainz plus oedif que l'oiselette, De tous labours loign se desmette... (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 70).

REM. Cf. aussi T-L VI, 1039-1040 : oisdive, et 1042 : oisdiver, et TLF XII, 467a, s.v. oisif.
 

"Oisiveté" : La quarte file d'Accidie, quelle est appellée Oedivesce. (...) Celle ad noun dame Oedivesce (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 70).

REM. Cf. aussi T-L VI, 1042 : oisdiveté, GD V, 588b, s.v. oisive (Chron. de S. Denis, oidives), et TLF XII, 467b, s.v. oisiveté.
 

A. -

"Oisiveté, paresse" : Mains cil qui veult bien Dieu seruir, Pereche et oyeseuse doit fuir Et à labeureiir estre igniaux (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 234). Pour ce l'ay dit que, quant j'estoie De l'estat qu'innocence avoie, Que juenesse me gouvernoit Et en oiseuse me tenoit, Mes ouevres estoient volages : Varians estoit mes corages ; Tout m'estoit un, quanque vëoie, Fors tant que toudis enclinoie Mon cuer et toute ma pensée Vers ma dame, qui est clamée De tous seur toutes belle et bonne. (MACH., R. Fort., c.1341, 3). Je te pri, biaus trés dous amis, Que tu ne soies si remis Que tu te laisses einsi perdre ; Car tu te dois penre et aerdre A ce que j'ay dit ci devant, Nom pas le temps tenir devant En oiseuse et en trufferie. Laisse toute merencolie Et tout ce qui t'i puet mouvoir Fors l'amer ; qu'on ne puet avoir De bon temps fors ce qu'on en prent. (MACH., R. Fort., c.1341, 74). J'estoie juenes et petis, Nices, enfes et enfantis, Nus de scens et pleins d'innocence, D'assez petite congnoissance, D'estre en oiseuse coustumiers, Dame, quant je vous vi premiers, Ja soit einsi qu'encor en soie Mieus garnis que je ne vorroie. Si que l'imagination De moy et l'inclination Si mis et toute ma plaisence En vous, dame (MACH., R. Fort., c.1341, 131). Si non, et il vit en oiseuse, Tant est sa vie plus doubteuse, Car oiseuse, si com j'entens, Est comme sont ces grans estans Habondans de divers poissons, Et semblablement nous lisons Qu'oiseuse est l'estanc des pensées Et des choses desordonnées Qui en soy mesmes se nourrissent, Dont maintes personnes perissent : Ce sont les flums de la boe orde, Dont il fault que tout pechié sorde. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 212). ...la vie De quoy nul preudoms n'a envie : C'est d'oyseuse et de lecherie, Qui de nul vaillant n'est cherie. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150). ...la cause si est pour l'assemblement de jeunece, oisiveté et poissance ensemble, qui est comme feu, souffre et esche en un vaissel, ce que ne peut mie estre es plus bas, lesquelz neccessité chace à aucun exercite, qui les tient occupez et tolt oyseuse (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 27). Luxure et vin, lecherie et perte de temps en oyseuse confondent le sens et mectent homme en erreur, et en fin le terminent à neant. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 174). ...tout homme doit fouir oiseuse et soy exerciter en bonnes oeuvres, afin qu'il ne soit pareil aux bestes, qui ne sont utiles qu'à elles seulement se à autres choses ne sont contraintes et induites. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 1-2). Vouloir m'est prins d'aler chasser Et quelque beste pourchasser, Pour esbatre ung peu ma jeunesse. On doit oyseuse dechasser Et tristesse de cueur chasser, Qui fait l'omme cheoir en vieillesse. (Narcissus, p.1426, 289). Aulcuneffois la cause est sanguine, aulcuneffois melencolique, aulcuneffois fleumatique le plus ; aulcuneffois fievre en est cause ou crapule ou oyseuse et fort dormir et les semblables. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 27). C'est a dire, mon ami : eschieve oiseuse, superfluité de vins et de viandes, afin qu'en luxure tu ne soies soillié, car la personne oiseuse et bien repeue a grant peine puet garder chasteté. (LA SALE, J.S., 1456, 24). Le quart [signe] est que les gens fleumatiques sont plus enclins a husense [l.huseuse] que a l'estude a cause de la froideur qu'il les endormit. (Rég. santé corps C., 1480, 122). Tu les maines de ville en ville, Mal vestus d'une robbe ville, Et vont truandent de huys en huys Par oiseuse a quoy les induiz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 727).

-

Faire oiseuse. "Paresser, rester inactif" : Avant, Michiel : disons le miex Que nous sarons sanz faire oiseuse. (Mir. st Alexis, 1382, 338).

-

[Personnification] : Oiseuse est la fole qui enseigne toutes follez abhominations et telles que on ne les ose dire, de quoy avient que confession s'en empesche, et trebuche la personne, a bouche close, a dampnation. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Nagaires je m'esbanoyoye par le plaisant et fructifiant jardin de la sainte Escripture, tant pour mettre en oubly les miseres, cures et soussis du temps present, et chassier hors Oyseuse, la fole (GERS., Concept., 1401, 388). Pour moy couvrir prestez moy ung pavaiz : Desarmé suis, car pieça mon harnaiz Je le vendy, par le conseil d'Oiseuse, Comme lassé de la guerre amoureuse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 175). Cil qui du tout a Oyseuse s'assert, Son nom dechiet et sa vertu sommeille (CHART., B. Nobles, c.1424, 404). Si pria le Cueur moult estroictement Bel Acueil et a Oyseuse aussi qu'ilz lui voulsissent dire la raison pourquoy le dieu d'Amours avoit fait faire ledit coulombier (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 169).

B. -

"Futilité, occupation ou parole futile" : Certes, vous parlez bien d'oiseuses. (Mir. Oton, c.1370, 341). ...je n'euïsse que faire De penser a teles wiseuses, Car ce sont painnes et nuiseuses Pour l'ame, qui noient n'i pense Et qui il faut, en fin de cense, Rendre compte de tous fourfais Que li corps ara dis et fais (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 228-229). ...li chevaliers ... commença à parler d'aucunes huiseuses, et demanda au chastellain se il avoit point oy parler des nouvelles qui couroient en France (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 90). Veés se c'est besoingne oiseuse Ou c'est oiseuse besoingneuse. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 91). ...que nul ne soit si hardi d'apliquer son temps en vaine oyseuse, comme de jouer aux dez ne a autre gieu de fortune (Bouciquaut L., 1409, 403).

-

"Futilité, vanité (d'un comportement)" : Et pour ce que il n'avoit nul anemi, il ala querir a tres grant appareil et grant arroi et merveilleus despens aucun anemi a qui il feist guerre et a grant force et oiseuse il s'en passa en courant parmi France et Germanie selon la mer occeane (FOUL., Policrat. B., VIII, 1372, 97).

-

Faire signe d'oiseuses. "Attirer l'attention sur des futilités" : Adoncques verriez vanité : Li uns rit, l'autre cachine Ou de oiseuses fait signe. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 134).
 

"Dans l'oisiveté" : Ociose (...) : oiseusement (...). Ociabunde (...) : oiseusement (...). Ocianter (...) : oiseusement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 339). ...Ou tu te siés oiseusement (Pastor. B., c.1422-1425, 121). Ociose (...) : oyseusement (...). Ociabunde (...) : oyseusement (...). Ocianter (...) : oyseusement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 259).

REM. Ex. du XIVe s. (Lille, wiseusement) ds GD V, 587b.
 

"Oisiveté" : Einsi di je que tout le temps du veneour est sanz oyseuseté et sanz mauveises ymaginations et pansementz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 54). Et, puis qu'il est sanz ocieuseté et sans mauvaises ymaginations, il est sanz males euvres de pechié, quar, comme j'ay dit, oyseuseté est fondement de touz mauvés vices et pechiez. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 54). Trois remedez y sont : Le premier : fuyr oiseuseté, comme fist Nostre Dame qui tousdiz ovroit ou labouroit ou estudioit hors les heures du repos et du menger. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Pour ce que quant il cuideroient penser a Dieu et avoir pures oroisons en secret et en oiseuseté, ils penseroient lors plus tost et plus habundanment a leurs maises inclinations (GERS., Montagne contempl. G., 1400, 27). Inactuositas (...) : oiseusetés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 223). Julius Hostilius sy couru sups a ceulz, desordene de toutes manieres de gens d'armes ; car ilz ne souffroient, par leur souvent rebeller, que nostre cité, qui moult estoit foible et joyne, se endormist en oyseuseté et en paresse. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37). Se c'est pour privacion on luy doit enjoindre oizeusité et diete moiste resumptive (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 1). Et pour ce par vuiseuzeté ou par bon nourrissement et par baignier, ilz sont curés (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 1). ...si comme quant le patient est froit et de complexion froide et est ancien et le temps froit et la region aussi et qu'il vit en oizeuseté et en crapule avec plenté de vin et son mestier est froit si comme qui est pescheur ou menestrier et habitans en eaue et ainsi des aultres. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 26). ...en oyseuseté non oyseux, mais occupans leur temps en quelque chose fructueuse, en leur hostel, non dissolus, en convive, non yvrongnes ne gourmans (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 158).

V. aussi ociosité, oisiveté
 

"Inefficacité, activité inutile" : ...car le conseil du prince est son sauvement ou sa destruction. Dont cil qui l'a bon et le croist, se puelt dire ami de Dieu et benoit, et laisse cellui des flateurs qui ne quierent que oyseuté (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 164).

V. aussi oiseuseté
 

A. -

"Inactif"

1.

[D'une pers., d'un aspect de la pers., de son comportement]

a)

"Inactif, inoccupé, désoeuvré, oisif, paresseux" : Et semble que le magnanime soit oyseus et tardif ou pereceus, pour ce que il ne se entremet fors de peu de choses et qui sont grandes et la ou est honeur ou quant il en est mestier et besoing (ORESME, E.A., c.1370, 254). ...l'esperit de sapience ne veult point estre oiseus (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 654). Mes tournettes en vois vuidier, Et puis autre chose feray. Oiseuse mie ne seray, Fille Eglantine. (Mir. Berthe, c.1373, 196). Là n'estoient mies li Englès wiseus ne recreant d'yaus deffendre, car aultrement il euissent estet pris tantost (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 176). Et grandement m'anuioit à estre oiseux, car bien sçay que ou temps advenir, quant je seray mort et pourry, ceste haulte et noble histoire sera en grant cours (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 2). Pour che... aloient li blanc cappron tous wisseux parmi la ville (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 168). ...tantdis Qu'oyseux vous voy et de loisir... (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 278). ...occieuseté est cause de touz les set pechiez mortels, quar, quant hon est oyseus et negligent sanz travail et n'est occupé en fere aucune chose et demeure en son lit ou en sa chambre, c'est une chose qui tire a ymagination du plaisir de la char (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 52). ...veue la personne dudit prisonnier qui est vacabond et oiseux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 383). ...lequel ycellui procureur disoit et maintenoit estre homme oyseux, vacabond, sanz estat, service de seigneur et sanz ce que il ait richesse, puissance ne chevance qui venue lui soit par succession, loyal acquisicion, etc. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 456). ...par les assistens nous est tesmongnié qu'il est homme oyseux et qui ne veult ouvrer (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 498). Il appert qu'elle n'est oyseuse Nul temps (...) Et bien pevent estre prouvees Ses oeuvres, partout sont trouvees (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 19). Et y verriés de ces galens Oyseux, qui tavernes poursuivent, Gays et jolis, comme ilz se vivent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75). ...ou pour ce que le malade est constipé ou qu'il ne peut digerer gros, pour ce qu'il est vuizeux et qu'il se repose (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 25). Se ilz se treuvent oyseulx, sans occuppacion, ilz ne penseront que a tout mal (JUV. URS., Verba, 1452, 265). C'est a dire, mon ami : eschieve oiseuse, superfluité de vins et de viandes, afin qu'en luxure tu ne soies soillié, car la personne oiseuse et bien repeue a grant peine puet garder chasteté. (LA SALE, J.S., 1456, 24). ...Dieu scet que sa langue n'estoit pas oyseuse ! (C.N.N., c.1456-1467, 89). Le dieu d'amours, qui n'est jamais oiseux, luy mist en bouche et en termes les haulx biens, les nobles vertuz et la tresgrand loyaulté d'un marchant (C.N.N., c.1456-1467, 146). ...n'estoit pas, creez, son engin oiseux, mais labouroit a toute force pour fournir la promesse a son serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 183). Compaignon oyseux et vacabont qui n'a de quoy vivre, doit par la justice estre emprisonné et enquis. Et qui ne trouve assez matiere de quoy le pugnir, soit banny du pais, si le cas le requiert. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 267). Noble dame, comment vous va ? De vous vois je suis fort joyeux. Depuis que ne fustes deça, Avons esté tousjours oyseux, Que il n'est Anglois soubz les cieulx Qui ose plus sus nous venir, Et sont de repoux en leurs lieux, Qu'i ne savent que devenir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 522).

-

Ne pas estre oiseux de + inf. "Ne pas se lasser de" : Qu'on ne pourroit parler de fame En ce monde plus vertueuse ! Vive tel dame ! Onques oyseuse N'est d'ouvrer vertüeusement, Puis pense du gouvernement De l'ostel, puis est ses mestiers (Gris., 1395, 48).

-

Estre oiseux pour + inf. "Rester inactif" : ...voyant qu'il estoit oiseulx a cause de l'inconvenient de sa longue maladie pour le porter au fort tournoy qui... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 221).

-

[Dans le domaine de l'activité sexuelle] : ...si vostre mary a bien besoigné ennuyt, les nostres n'ont pas esté oiseux. (C.N.N., c.1456-1467, 204).

-

P. iron. : En toutes joieusetez se emploioit afin qu'il ne fust trouvé oiseux, et d'autre part estoit larges et liberal de tous ses biens, dont estoit moult amé et prisié de tous bons compaignons. (LA SALE, J.S., 1456, 244).

b)

"Léger, frivole" : D'oiseuse femme l'apresure Est engendrement de luxure (DESCH., M.M., c.1385-1403, 181). ...ceste sy noble dame oyseuse qui par druerie se perdit (LA SALE, J.S. E., 1456, 449). ...en convis et delectacions luxurieuses et oyseuses (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 35). Et tant prindrent de privaulté sur moy que ja commençoyent a chastouiller et d'autres petis esbas oyseux me faire presse (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 248).

c)

[P. méton. du subst. qualifié]

-

[D'une situation] "Où l'on est oisif" : ...a refraindre ce que la planté des biens et l'oiseux esloingnement de grans cures avoit fait ouvert et abandoné (CHART., Q. inv., 1422, 51).

-

[D'une durée] Temps oiseux. "Temps où l'on est oisif, temps d'oisiveté" : ...à l'occasion du temps oyseulx, le seigneur de Charny dessusdit s'accompaigna de douze chevaliers et escuyers, tous du duchié ou conté de Bourgoingne, feaulx ou subjectz (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 283). Or est bien le temps que je me boute ou temps oiseulx et plain de plaisances et de honnestes passetemps, et que je recite l'execution de cestuy noble pas crié et publié par tous les royaulmes et seigneuries chrestiens (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 290). [ Depuis ] revint le duc au lieu d'Anvers, où il trouva la duchesse, son espouse, et là fit on banquectz et grans chieres, pour ce que le temps estoit oyseulx, et n'estoient nulles nouvelles de guerre. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 80). Et oultre plus, à cause que le duc de Bourgoingne n'avoit point de guerre, et que le temps estoit oyseulx, il souffrit que le duc levast gens d'armes en ses pays de Bourgoingne, et qu'ilz passassent oultre les mons pour le service du duc d'Orleans, en sa conqueste de Millan. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 171).

2.

[D'une chose, d'un mécanisme] "Inactif, à l'arrêt" : Que vault service sans amour ? Ne que vault terre sans signour Qui ne la vuet mie deffendre Quant il la voit piller ou prendre : Molins oiseus, fours qui ne cuit, Il ne valent guerres, ce cuit. (MACH., Voir, 1364, 480).

3.

[D'un sentiment, d'une attitude] "Inactif, passif" : Et pour ce, a parler par similitude, l'en puet dire que benivolence est amistié oyseuse. (ORESME, E.A., c.1370, 470). Comme doncques elle les eust choisiz à l'ueil, indignee en son hault couraige, vers eulx les prist a reprendre de leur oiseuse lacheté (CHART., Q. inv., 1422, 10).

B. -

[D'une chose] "Futile, vain, inutile" : LA MÉRE DU PAPE. Mes chiers filz, la vierge royal Vous face tielx com je voulroye Que fussiez: certes je seroie De cuer joieuse. PREMIER CARDINAL. Dame, vezci parole oiseuse : Je seroie ja trop grant maistre. Laissons ester, il ne peut estre, (Mir. mère pape, c.1355, 364). Et l'entendement ainsi abstraent, quant il fait ces choses, doit il estre dit et clamé oyseux ou non proffitable... (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 161). Veés se c'est besoingne oiseuse Ou c'est oiseuse besoingneuse. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 91). Et oultre, sire, quant l'en disoit et faisoit le service de Dieu, je jengloie et disoie paroles oyseuses, et de telles qui n'appartenoient pas de parler a l'eglise. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 31). ...car avient que teles temptacions, comme parole oyseuse ou ris dissolus ou exces de mangier ou vain regart, entrent dedens l'âme (GERS., Dial. spirit. G., c.1407, 180). ...non mie de doctrine, mais de choses oyseuses et plaines de folies (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 79). Oyseuse chose est et sote es haultes besongnes dire parolles de foulas [l. soulas ?] et mal à propos. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 168). Or ont tant bien retenu l'emprainte de legiere vanité que ilz ont voulu vivre comme gallans en prodigalité oyseuse, et soy vestir comme jugleurs en habit desroyé (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66). Se tu te sustrais de loquucions superflues et de circuicions oiseuses et d'oïr nouvelletés et rumeurs, tu trouveras temps suffisant et convenable pour entendre, et toy tenir en bonnes meditacions. (Internele consol. P., 1447, 323). ...soubz oyseuse courtine (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 247).
 

A. -

"Inutile" : Et ne pourroit estre que le telier, le corroier, selonc leurs arts, fussent ordenéz a aucunes oeuvres et homme, en tant comme homme, ne fust pour aucune oeuvre mais fust chose oysive et pour neent. (ORESME, E.A., c.1370, 120).

Rem. Ex. d'a.fr. et Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des Princes, 1444 (ms. déb. XVIe s., chose ouesive), ds GD V, 588a.

-

[D'une terre] "Qui ne produit pas" : Lez terres sunt povres et cheitives, Par lonc temps vuides et oisives (Vie st Evroul S., c.1350, 65).

B. -

"Inoccupé, oisif" : Occiari [pour otior] : estre ouesif (Abavus IV, R., c.1350, 412). Semblablement, quant cellui qui est oysif ou sans occupacion, vuelt songer à mal faire, il puet beaucoup nuyre et estre communeement cause de beaucoup de maulx. (BUEIL, I, 1461-1466, 78). ...mais ceulx qui ont bon sens et de leurs personnes bien disposéz et n'employent leur temps à autres choses que à faire les folz et à estre oysifz, on ne les doit point plaindre quand mal leur advient (COMM., II, 1489-1491, 262). Et en ce vous povez penser qu'il n'estoit point oysif et sans grans pensées et soucy. (COMM., II, 1489-1491, 329).

Rem. Abavus IV, R., c.1350, 5815 (TLF) ; Gloss. c.1350 ds FEW (ouesif). Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500 (yeusif), ds GD V, 588a.
 

"Vivre dans l'oisiveté, rester oisif" : Oisir, vaquer, riens faire : ocior (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 243).
 

"Oisiveté" : Oisive si a desvoié Mainte gent et mal enseignié, Et personne qui a oisive Entent souventes fois estrive. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 89).

REM. Cf. aussi GD V, 588b, s.v. oisive (Chron. de S. Denis, oidives).
 

"Dans l'oisiveté" : Oisivement : ociose (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 243).

REM. Ex. c.1530 (Pronostication d'Habenragel), oysivement, ds GDC X, 228c.
 

A. -

"Vivre dans l'oisiveté, rester oisif" : ...Quar qui en folx esbaz oesive (...), Il ne peut pas bien estre chaste (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 92). Cil n'est pas loin de foloier Qui espoire par oisiver Foles pensees eschiver (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 63).

B. -

Oisiver de qqc. "Ne pas se préoccuper de qqc., négliger qqc." : Festes malvesemnet coultive Qui de bonnes euvres oesive (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 45).
 

"Inactivité, oisiveté" : Je respon premierement, que Aristote entent que repos est pour ouvrer en ceste vie en laquelle oysiveté est mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 517). ...car sachez que paresse et oisiveté engendrent tous maulx. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 135). ...comme oisiveté et delices soient à eulz comme venin destruiseur de meurs... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 19). ...saint Bernart, Sur Cantiques, dist que oysiveté est la mere de toutes truffes, et la marastre des vertus. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 17). Et l'escole d'oisiveté, Qui est droite mère et nourrice De maint péchié et mortel vice (LA HAYE, P. peste, 1426, 163). C'est a dire, mon ami, que oisivetez sont tres souvent le venin de la pensee des josnes gens, car le repos des josnes est l'especiale cause des vices. (LA SALE, J.S., 1456, 25). ...[le marchand] print desplaisance de demourer a l'ostel en oysiveté et d'y tenir mesnage (C.N.N., c.1456-1467, 558). ...car oisivetés sont très-souvent le venin de la pensée des jeunes gens, et le repos des jeunes est l'espéciale cause des vices (Faits Lalaing K., c.1470, 21). ...pour eviter oysiveté et pour la plus grande recreation, vacquoit à l'estude de astrologie et s'en alloit le plus du temps tenir à Athenes, où estoit la fleur des grans astrologiens et philozophes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 28 r°). Au vingt sixiesme an de mon aage, me delecté, en lieu de passe temps et d'eschever oysiveté, à escripre et mettre en forme de cronique plusieurs choses advenues oudit royaulme de France et aultres royaulmes voisins, depuis l'advenement du roy Loys, unziesme de ce nom, qui fut en l'an mil quatre cens soixante et ung, que trespassa le bon roy Charles, septiesme de ce nom, pere dudict roy Loys (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 139).

V. aussi ociosité, oiseuseté
 

"Oisif"

Rem. Gloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500, ds GD V, 588c (yeussiveulx). Aalma R., c.1380, 284 : oiseus, v. oiseux.
 

[Forme dial. de oiseux] : ...quant ly dis sires Lowis vint ... relevée veioiir ses overirs et ilh les trovat ouheuz, luy informeit do fais, ilhe fist criier ... Peron, de part ly, que tos cherpentirs venissent overeir al halle sor une grand mize, et y vinrent et nel oyzont refuseir. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 306). [FEW : wall. ouheûs]