"Telle qu'elle a été disposée par la nature" : ...grandes roches naiïes (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 45). [Nombreux ex. de roche naïe ds T-L VI, 480-481] ...en le forest naïe. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 336). ...an la forest naye (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 119). [Autre ex. p.795, 25690] Beaus sire Dieu, je tel o et gracie, Quant je ray mon enffant qu'en la forest naÿe Fut .xvi. ans gouvernés par miracle prisie. (Tristan Nant. S., c.1350, 548). [Autres ex. : v.1676, 2818, 6232, 7494, 8278]

-

"Vrai" : Cestuy n'ay pas trouvé en la chartre naÿe, Qui mon frere germain tolli jadis la vie. (Tristan Nant. S., c.1350, 170). [Autre ex. v.3203]

REM. Chev. cygne R., c.1356, 5872 (en la forest naye). Baud. Sebourc B., c.1350, et CUVELIER, Chron. Guescl. C., c.1380-1385, ds T-L VI, 481, et GD V, 464b (forest, pierre, montagne... naie). Ce n'est qu'une forme féminine de naïf : naïf + s = nais, d'où *nai, fém. naie (cf. FEW VII, 45b, n.3). Cf. par ex. Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 129 : la roche naïve.

V. naïf
 

I. -

[D'un inanimé]

A. -

"Naturel, brut" : Mourdreour l'amenerent per la forest naye. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 795). À Saincte, femme Nicolas Ferrebouc, coustière (...) pour deniers à lui paiez, qui deubz lui estoient, pour XXIIIJ livres de duvet naif (...) pour garnir et emplir deux grans quarreaulx, l'un pour la Chambre des nappes du Roy nostre sire, et l'autre pour la Chambre des nappes de madame la Royne (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 228). Une haulte roche neÿve Y a merveilleuse et soubtive (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 59). De marbre bis et blanc nays Fist faire les murs environ (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 58). Sur lequel port a ung rochier neïf, long et delyé, que on appelle l'aguille (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 143).

B. -

En partic.

1.

DRAP. [D'un tissu] "Dont la chaîne et la trame sont de qualité identique" : Thomelin, le drapier, de Lincole, pour 13 aunes de drap nayf pour le Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 223). ...pour demi gris neif de Broisselles lonc contenant XII aulnes (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 176). Premierement, l'en fera draps mellez et d'autres naïs touz tains en laine (Doc. 1381. In : L. Demaison, Bibl. Éc. Chartes 89, 1928, 32). ...gros draps de noir taint, naiz pies, gros blancs et gros draps bigarrez, du poix de LXXII. livres, oultre VII. l. (Doc. Poitou G., t.7, 1422, 389).

Rem. Cf. G. De Poerck, La Draperie médiévale en Flandre et en Artois, t.2, 1951, 132, s. v. naiu et K. Zangger, Contribution à la terminologie des tissus en a. fr., 1945, 74.

2.

[D'une pierre précieuse, d'une perle] "Qui n'a pas été taillé, travaillé" : ...ung diamant pointu en aneau d'or esmaillé de rouge cler et de blanc achevronnés (...) ung autre diamant pointu naif en ung aneau d'or esmaillé à fleur de rouge clerc à petis chevrons de rouge cler et de blanc (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 27). ...ung autre coler d'or, de feulles branlans, garny de douze pointes de dyamans nayfz à XXIIII trouses de perles (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 175). Le diamant naïf par sa bonté, on ne le peult ne rompre n'amenrir ; Le diamant a de propriëté : Qui le porte, c'est comme une seurté, Et ne peult on ne froissier ne perir. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 50). Le carcan estoit de grosses perles neyfves et singulières (LA VIGNE, Sacre Anne Bret. S., 1505, 272).

II. -

[D'une pers. ou d'un attribut de la pers.]

A. -

[D'une pers.]

1.

"De naissance" : Il n'est (...) tant soit bons ouvriers nays (...) A cui ne fesist bien mestier De prendre patron et exemple A ce temps que je vous exemple (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 90).

-

Sire naïf : Balthasar une court planiere Tint un jour, ou mainte maniere Avoit des gens de son païs, Car c'estoit leur sires naïs, Et pour c'y vinrent plus de mil. Ne furent pas servi de mil, Mais de bon vin et de viande, Selonc ce qu'apetis demande. (MACH., C. ami, 1357, 25). Brief, tant estoit de bel arroy Qu'il sambloit estre fils a roy Ou sires souverains naïs De la terre et tout le païs. (MACH., F. am., c.1361, 184).

-

"Attaché dès sa naissance à" : Ensement les gens dou païs Ma dame, liges et naÿs [liges-nés de ma dame] Feïrent pourtraire une ymage Grant de taillë et de corsage (MACH., Voir, 1364, 444).

-

Fou naïf. "Fou de naissance" : Plus chaitis sont que folx naïs Ceulx qui n'y daignent retourner. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 102). ...c'estoient drois folz nays ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 62).

2.

"Natif" : De Bretaingne estoit neif, s'avoit non Garnier. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 553).

B. -

[D'un attribut de la pers.] "De naissance, naturel"

1.

[D'un attribut physique] : Ne vois tu comme de leschive Ses cheveulx noirs comme corneille Blondist, et sa couleur nayfve En oste, et nous semble merveille ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 216).

2.

[D'un attribut moral] : Quand j'ay voulu parlire ton escript De mot à mot, où haultement descript As les vertus et des biens la grant somme D'Anne de France, dont jamais n'est prescript L'honneur naif qui d'elle est bien transcript Dedans le livre qui de vie se nomme... (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 104).
 

"Naïvement" : [C'est Nature qui parle] ... en vos engins naïfvement J'ay mis semences vertueuses Lesquelles gastez faussement D'oppinions infructueuses. (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 194).
 

"Caractère naturel, véritable"

Rem. Ex. d'afr., cf. TLF. Pas d'attestation ds la doc. du DMF.
 

"Natal" : ...vous par ainsi devez avoir double desir et inclination de retourner a vostre pays nativel qui est le celestial palais. (PREMIERFAIT, Vieillesse M., 1405, 45).

Rem. Aussi PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 97.
 

I. -

[D'une chose, rare] "Naturel" (synon. naïf) : ...entre lez estoilles est native rebellion et contraire, car l'une engendre chaut et l'autre froit (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 173).

II. -

[D'une pers. ou d'un attribut de la pers.]

A. -

Natif de + compl. de lieu. "Originaire de" : ...longtemps il a demouré en la ville d'Orleans, dont il est natif, et, après ce, est venu demourer à Coulomyers en Brye, auquel lieu il s'est mariez, IIJ ans a ou environ, à une jeune fille d'icelle ville, nommée Guillemete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 50). Et dit qu'il est nobles hons de par pere et mere, natif du pais d'Angleterre (FAUQ., II, 1421-1430, 348). Des escolliers de Retel, pour leur colliege assis en ladite rue, que a accoustumé de paier pour chacun an Me Gilles Hutelot, natif du pays de bourgongne (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 2). ...et combien que ladicte Marguerite qui est natifve de ceste ville de Paris eust suyvy son mary (Paris domin. angl. L., 1425, 181). Tu es natifz de Galilée, Ta loquence t'a accusée (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 140). ...Pappe Urbain quart, natif de la cité de Tours en Thouraine, par le consentement de tout le saint colliege, manda a la tressainte couronne de France pour secours et ayde. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 173). ...vidimus des lettres par lesquelles Mrs les Prevost des marchands et eschevins de la ville de Paris ont donné et octroyé à sire Jehan Luillier, natif et bourgeois de ladite ville, les offices de recepte du Domaine et autres, avec paieur des oeuvres et reparations de ladite ville (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1447-1449, 533). ...en Picardie (...) ses vertuz n'estoient pas mains cogneues que en Flandres, dont il estoit natif. (C.N.N., c.1456-1467, 424). Je vouldroie, et qu'i m'en croira, Homme ne suivra ceste querre [l. guerre] (...) Qui ne soit natif d'Engleterre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 366). Aprés qu'il fut dedens la ville entré, Et qu'il eult print son repas nutritif, Pour passetemps, tantost luy fut monstré Ung robuste homme de la Poille natif. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 157).

-

Né et natif de + compl. de lieu. : Plus tost huy que demain, Seroit bon qu'on luy envoyast Et que l'en luy dist qu'il alast Tout droit d'icy en Bethleem. Car de la, ainsi que j'enten, David estoit né et natif. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 250).

B. -

Natif à + compl. de temps. "Qui est né (à tel ou tel moment)" : Hay, par saint Gille, Il y en a plus que de ras, Qui ont la teste aussi subtille Qu'ung veau natif au mardy gras. (Sots triumph., c.1475, 35).

C. -

"De naissance"

1.

[Avec un subst. ethnique] : ... je ne puis avoir le stile et subtil parler de messire George Chastellain, trespassé, chevalier de ma cognoissance, natif flameng (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 14). Cestui fut Anglois natif, combien que, en aucunes croniques, est nommé Aubin Alkinde. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 105 v°).

2.

[Avec un subst. désignant une classe sociale] Vilain natif : Tout homme qui fait oevres serviles ou deshonestes et viles ou ordes et a fin servile et pour guaing, il est dit bannause. Et aucuns sunt ad ce enclins de nature ou selon les corps qu'il ont gros et rudes et mal formés ou selon les ames sensitives pour aucune malvese disposition des sens de dedens. Et telz l'en seult appeller vilains natifs. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 370).
 

"Qui fait renaître, qui reconstitue"

REM. Ex. du XVe s. (Trad. de Bruno de Longoburgo) ds GD VII, 18c.