C.N.R.S.
 
Famille de martyrium 
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     ATTIRE1          ATTIRE2     
FEW VI-1 405a martyrium
ATTIRE, subst. fém.
[FEW VI-1, 405a : martyrium]

D'une attire. "D'un trait" : ...Et en gloire les attire, D'une attire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 529).

REM. "Action d'attirer" dit le FEW. On peut se demander cependant si ce n'est pas à rapprocher plutôt de d'une tire "d'un seul trait", FEW XVII, 326a : *têri.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     ATTIRER1          ATTIRER2     
FEW VI-1 martyrium
ATTIRER, verbe
[T-L : atirer ; GDC : attirer ; FEW VI-1, 405a : martyrium ; TLF : III, 870a : attirer]

I. -

"Malmener, tourmenter qqn"

 

-

Attirer qqn : Car avis m'est que de doulz saing M'oingnent ceulx qui ainsi m'atirent (Mir. st Val., c.1367, 162). Il fut en l'eau longuement Telement Quelement En grand douleur et martire, En souspirs pareillement, Grandement En dement Pour la douleur qui l'atire. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 206).

 

-

"Terrasser, détruire qqn" : Vecy grant deverie Que je suis ainsy adiré. Se ung leu vient, je suis attiré. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 121).

 

-

Mal atiré. "Malmené, meurtri" : Tout premiers il l'ensevelirent [le roi assassiné], Et le visage li couvrirent Pour ce que si mal atirez Estoit, et si deffigurez Qu'il n'i apparoit forme d'omme, Tant estoit plaiez ; c'est la somme. (MACH., P. Alex., p.1369, 271).

 

-

S'attirer mal. "Se torturer" : ...Car pour souspirer, Pour plaindre et pour plourer, Pour soy martirer Et mal atirer, Pour argent tirer Ne pour or ne pour avoir Ne puet reschapper Ce que Mort happer Veult et dissiper (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 248).

II. -

"Faire venir, amener qqn/qqc."

A. -

Au propre

 

1.

Attirer qqn qq. part. "Faire venir qqn qq. part"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : LE CRESTIEN. Le juif ay si bien blasonné Et attiray tant en mes las, Au moyen de sainct Nicolas, Qu'il m'a presté cent escus d'or. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 95).

 

-

Attirer qqn (à soi) : En plourant sambloit si tres belle Que a chascun pitié fesoit ; Mes aide nus ne li fesoit, Ains ne la fesoient qu'enpirer, Quant hors la voloient tirer. Chascuns par la main si l'atire, Mes trop plus son mal en empire. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 314). [Peut-être faut-il lire la tire ?]

 

2.

Attirer qqc. "Amener qqc. en tirant, étendre qqc." : GRIFON. Les piéz sont tant retraiz Qu'ilz ne se peuent atirer Jusqu'au trou. NAASON. Si les fault tirer Trestout ainsi, ne plus ne mains, Comme vous avrez fait les mains. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 332).

 

-

Attirer l'air. "Inspirer (l'air)" : Et quant l'air est ainsi corrumpu et infect, en bevant et mengeant, en veillant et dormant, inevitablement nous inspirons et attirons ledit air corrumpu (LE FORESTIER, Rég. épid. pest., 1495. In : Chrestom. R., 278).

 

3.

Attirer son chemin vers. "Aller vers, diriger ses pas vers" : JASPAR (un des rois mages). Or, beaulx seigneurs, chascun se garde D'estre son chemin atirant Vers le felon et mal tirant, Comme l'ange nous admonneste. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 94).

 

-

S'attirer vers qqn. "Se diriger vers qqn" : Et pourtant convient qu'on s'atire Vers luy, quant nous sommes armez. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 150).

 

-

Au fig. S'attirer à qqn. "Se mettre du côté de qqn, s'attacher à qqn" : Dire qu'on veult seulement Loiauté Et que c'est droiz que tout cuer s'i atire ; Mais du faire n'aiez ja volenté (Cent ball. R., c.1388-1396, 213).

B. -

Au fig.

 

1.

Attirer qqn à qqc. "Amener qqn à qqc." : Et certes, de flaterie n'y avoit il point, car la fin n'estoit en riens mauvaise ou pour temporel et propre prouffit mais pour attirer en toute benignité, chascun a la voye de verité. (GERS., P. Paul, a.1394, 507).

 

-

[De l'âme attirée par l'amour divin] : [L'ame] a ouy premierement par foy (...) sa doulce voix qui l'a du monde retiree, des perilz de pechee delivree et a son amour attyree (Disc. amour divine, 1470, 33).

 

-

Attirer qqn au service de qqn : Maistre Yves de Saint Branchier fut en ce temps à Montpelier, moult aprecié et tant qu'il fut atiré au service de messire Berthrand du Guesclin, connestable de France (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°).

 

2.

Attirer qqn/qqc. (à soi). "Chercher à gagner qqn, faire venir qqn/qqc. à soi" : Sy atira a sa part par dons et par promesses les robustes et les malicieux hommes (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 118). Après quoy il luy auroit peu dire et remonstrer l'affection qu'il avoit audit véage, pour sçavoir et entendre sur ce et faire seulement le bon plaisir du roy, sans l'aucthorité et consentement duquel il ne peut ny ne doit faire telles entreprinses, mesmement en si grande matière, sur tout actendu que les Anglois, anciens et invéterez ennemis du royaulme de France, s'efforçoient et mectoient leur entente chacun jour, plus que jamais, d'envahir et attirer à eux les pays, seigneuries et subjets du roy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 63). Il ne s'en trouve point pis disné ne pis couché ne moins de chevaux ne moins de robbes, mais beaucoup myeulx accompaigné, car il attire les gens et leur promect et depart les depouilles et les Estatz de ceulx qu'il aura chasséz et du sien, pour accroistre sa renommée. (COMM., II, 1489-1491, 229). Cestui [[Dyogenes]], après la veue de la nativité du roy Allexandre, jugea de sa sublymité et toutteffois proposa de lui contrarier lui seul et le fit et ne le peut atirer par argent ou promesses, que icelui Alexandre luy peut fere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°).

 

-

[Du diable] : SATHAN. Longuement en vain je labeure Sans trouver sentier ne moyen D'atirer quelque faulx crestien Pour tresbucher dedans mes las. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107).

 

3.

Attirer qqc. (à soi). "Amener qqc. à soi" : ...empereur Charlemaigne, premier instituteur et fondateur de l'Université de Paris, lequel atira à luy, de la cité de Romme, icelle science avecque les autres ars liberaulx (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 r°).

 

-

"Faire venir qqc. sur soi" : S. NICOLAS. En ce trosnë et souverain empire, Par trinité essence tres unie, Dieu eternel ou tout mon voloir tire Pour atirer ta grant grace infinie, Je te magnifie Et te glorifie (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 101).

 

4.

[D'une chose abstr.] "Amener, entraîner qqc." : Vostre amour mon cuer tel atire Que je ne say penser qu'a vous (Mir. Theod., 1357, 70). Et par ce sui telement atirés Que mon coer est entirement tirés En vrai desir (...) Que mon desir une partie sente De ce grant bien que Beauté li presente. (FROISS., Orl., 1368, 87).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     DÉTIRER     
FEW VI-1 martyrium
DETIRER, verbe
[T-L : destirier ; GD : detirer ; AND : detirer ; DÉCT : detirer ; FEW VI-1, 403a : martyrium ; TLF : VII, 61b : détirer]

I. -

[Préf. de- intensif] "Tirer avec force"

A. -

"Étirer, détirer" : Tes oreilles soient faites entendentes en la voix de ma priere. En la quelle je te requier, tres doulx Dieu, pour la pitié et remembrance de ton digne corps, et de la doulour que il senti quant estendu sus la croix il fu, par piés et par mains detires a cordes pour au partuis avenir, atachés a troies clos, que tous bourgois de bonnes villes, de Paris et de par toute Xpistiante, vueilles garder de mal et de peril (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 140).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

 

-

Detirer ses cheveux/ses mains... "Tirer sur ses cheveux, ses mains... (en signe de douleur, de colère...)" : ...la triestesse qui me meust Torner en larmes ne se veult, Que mon tormant plus fort empire ; Par quoy je desrons et dessire Mes mains, et mes cheveux detire, Pour le cas que mon cueur acueilt, Dont je plains et pleure et souspire (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 118). Lors encommencha ses cheveulx a detirer et ses mains a debatre ensamble. A paines se pooit cesser de plourer, tant estoit dolante. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 46). Ses ceviaux va tirant et ses grenons detire (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 89). ...son tresennuyé pere destort ses mains, ses cheveulx detire par la grand rage de ce nouvel courroux. (C.N.N., c.1456-1467, 32).

 

-

Detirer qqn à chevaux. "Écarteler" : "...Ma damme, dist Charles, n'en doubtés que n'eusse plus chier estre detyré a chevaulx que de reveler ce que vous m'avez dit en segret !" (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 47).

B. -

"Accabler, tourmenter" : La mort en mon cuer a ja mis Une grant glave de martire Qui mon cuer et mon corps detire. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 196). Helas, quel douleur, qu'est cecy ? Que grant mal le corps me detire ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 485). Plain suis de mal qui me detire En douleur, en raige et en yre (Myst. st Laur. S.W., 1499, 275).

 

Rem. MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 64, v.5727.

C. -

Empl. pronom. Se detirer. "Tirer ses cheveux, ses mains..., se contorsionner" : Car par ce que ie me detire, Poies sauoir que i'ai(e) nom Irre (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 231).

II. -

[Préf. de-/des- d'éloignement] "Retirer, ôter"

A. -

Detirer qqn de qqc.

 

Rem. Ex. de P. FARGET, Miroir vie hum. (éd. 1482, ...des causes pourquoy l'on destire l'omme de telle exercite), ds GD II, 687c.

B. -

Empl. pronom. Se detirer. "S'écarter, se détourner" : ...Regnaut en alant c'est ileuc pourpenssés Qu'il se retourneroit, lors ne c'est detirés (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 436).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     ENTRETIRER     
*FEW VI-1 martyrium
ENTRETIRER, verbe
[*FEW VI-1, 405b : martyrium]

Empl. pronom. réciproque S'entretirer. "Se tirer l'un l'autre"

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], 1029/10 ; 1148/15.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     FORTIRER     
FEW VI-1 martyrium
FORTIRER, verbe
[GD : fortirer ; FEW VI-1, 405b : martyrium]

"Retirer, enlever" : Vos povres amis, Qu'en enfer sont mis, Forment vous desirent, Plaident et souspirent ... Qu'ainsi sont submis A leurs ennemis Qui les vous fortirent (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 178). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     MARTYRE1          MARTYRE2     
FEW VI-1 397 martyrium
MARTYRE, subst. masc.
[T-L : martire2 ; GD : martire ; GDC : martire ; AND : martire1 ; DÉCT : martire2 ; FEW VI-1, 397 : martyrium ; TLF : XI, 449a : martyre]

A. -

"Mort endurée pour la foi chrétienne, martyre" : ...qu'il s'appareille et atire D'aler au chemin du martire Saint Pére et saint Pol (Mir. Theod., 1357, 91). ...Que tu t'en voises en la voie C'on dit le martire saint Pére Et saint Pol (Mir. Theod., 1357, 91). Pol, or me dictes pié estant Pour quoy vostre Dieu amez tant Que vous souffrez pour ly martire ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 146). Il a ses compaignons laissiez, Et le mertire a renuncer, Et je cuydoye qu'il deust attandre Pour soy saulver et laissus tendre En la joye de paradis ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 117). LUCILLE (en montant sur le decolouer). Par toy me soit grace donnee, Mon amy, je le te requier, Tant que je puisse mercier Mon Dieu pour qui souffre martire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 266).

 

-

Prendre martyre. "Subir le martyre" : MERCUS. Je vous jure en bonne foys, Pour la foys en que je croys, Je dis que tu es de ses disciples. Avecque luy prandra martire ! (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 186).

 

-

[Représenté par la couleur écarlate] : ...celui qui donne le bougueran de continence, la pourpre de pacience, (...) l'escarlate de martire (Mir. st Val., c.1367, 123).

 

-

Palme du martyre. "Récompense céleste des martyrs" : Ainsi, si mon corps naturel Qui est la paille, n'est foullé Et battu de long et de lé, Mon esprit qui est le grain dur Ne serait point proprement mûr Ne a la palme du martire. (Myst. ste Barbe P., 1493, 57).

B. -

P. ext.

 

1.

"Supplice" : LA DAME. (...) Mais encore vous doublera La douleur, quant vous orrez dire La mort amere et le martire Qu'a souffrir pour ce fait attens (Mir. enf. ress., 1353, 41). Li ennemi de Dieu estoient trop fort revelé contre le Sainte Terre, et avoient reconquis priès que tout le royaume de Rasse, et pris le roy qui s'estoient de son temps crestiennés, et fait morir à grant martire. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 115). Puis tuèrent la dame, qui estoit enchainte, et se fille et tous les enfans, et puis le dit chevalier à grant martire, et ardirent et abatirent le chastiel. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 99). Certes, tuit cilz qui orront parler de ceste mes prison [tuer son seigneur], me jugeront, et auront droit, a mourir de honteuse mort et en grief martire, car plus fausse ne plus mauvaise trahison ne fist oncques pechierre. (ARRAS, c.1392-1393, 22). L'EMPEREUR. (...) Singuliers sommes, et n'est nulz Qui nous osast contrarier Que tantost ne luy fust monstrer S'il debvroit a nous contredire, Car souffrir luy ferions martire Le plus grief que penser pourrions (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 67). De tristesse le cuer me casse, Car de vous suis tant amoreuse Que, quant vostre cher precïeuse Voy souffrir ung si grant martire, La passion m'est si trespeneuse Que d'eure en heure, las, j'espire. (Pass. Auv., 1477, 220). Lequel duc trespassé estoit indigne de celluy meffait et martire, et requiert et peult requerir son ame à Dieu que justice en soit faicte. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 286).

 

-

Mettre qqn à martyre. "Martyriser" : Nous sommes les dolentes méres Qui avons porté (...) ces petiz enfans Que mettre voulez a martire. (Mir. st Sev., 1362, 198). ...les tyrans laissoient faire leurs prieres aux sains qu'il mettoient a martire (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 534). Delivre, biau sire, Ton peuple de l'ire Du faulx ennemy, Que ne fait qu'atire Et mectre a martire Ton peuple au jour de huy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 120).

 

.

Mettre qqn à martyre de (la) mort. "Faire subir à qqn le dernier supplice" : Quant la segoingne se fourfait, Et ses males en scet le fait (...) il s'en va tantost en serche ; Par les nis des oiseaus reverche A ceuls qui sont de sa samblance, Tant qu'il en a grant habondance ; Puis entour son nif les assamble, Et quant il sont la tuit ensamble, Il y tiennent un grant concire, Puis metent celui a martire De mort qui l'a, ce dit, forfaite ; La est devourée et deffaite. Or a cils ses maus alegiés Qui en ce point en est vengiés. (MACH., J. R. Nav., 1349, 195). Vous avez un point soustenu Dont po d'onneur vous est venu, En ce que ma dame de pris Avoit seur la segoingne pris, Comment elle est a la mort traite, Quant envers son male est forfaite. Cuidiez vous qu'elle vosist dire Qu'on meïst la dame a martyre De la mort, qui se mefferoit Envers celui qui l'ameroit ? Nennil ! voir ! ce seroit folie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 199).

 

.

Mettre à mortel martyre : Cis roys ce faus oisel demande Qui avoit contre sa commande Celle aigle d'onneur mise a mort Par langue qui trop griefment mort. Lors la teste dou corps li tire Et le met a mortel martyre : Sa teste, ce sont ses paroles, Nom pas tant seulement frivoles, Mais parlers de detraction Qui met gens a destruction. Celle teste est tost esrachie (MACH., D. Aler., a.1349, 361).

 

-

Mourir à martyre : Sa, maistre, sa, passez avant ! Morir vous convient a martire, Puis qu'il plaist au roy, nostre sire (Mir. st J. Cris., c.1344, 275). Chils feus monta tantos amont, qui s'esprist ens es couvretures dou moustier : là moroient li Gantois qui estoient ou moutier à grant martire, car il estoient ars, et, se il issoient hors, il estoient esboullé et regetté ou feu. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 70).

 

2.

"Carnage" : D'ambedeux pars ot grant martire ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 309).

 

-

Mettre à martyre. "Massacrer" : Troylus, qui riens ne cremoit, Tous mettoit Grigois a martire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 119).

 

3.

"Souffrance extrême (physique ou morale), tourment" : Si que, biau sire, Uns tels juges seroit bons a eslire Qui vous saroit bien moustrer et descrire Li quels de vous sueffre plus de martire ; Si le prenez. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 108). Quant mon dolent cuer fais defrire Et fondre en amoureus martire, Est ce bien fait ? Helas ! que me demandes tu ? Je t'aim de toute ma vertu. (MACH., R. Fort., c.1341, 44). N'as tu mie dit en ton lay - Si as, se bien retenu l'ay - Qu'Amours, que tu en supplioies, A ta dame que tu amoies Porroit bien dire ton martyre, Car tu ne li savoies dire ? Et elle, com franche et honneste, A oy et fait ta requeste, Car elle a dit et descouvert L'amour que tu as tant couvert (MACH., R. Fort., c.1341, 61). Portons devant la trinité, Gabriel, ceste ame en chantant, Qui en ce siécle a souffert tant Paine et martire. (Mir. st J. Cris., c.1344, 307). Et que de ce mieus nous remorde, Je vous en diray qu'il avint D'un chien qui enragiez devint, Amez en l'ostel d'un riche homme. Or entendez, s'orrez la somme. Li riches homs ot oy dire Dont venoient si fait martire ; S'en vout vëoir l'experience Pour mieus avoir en congnoissance. Se fist son chien par force prendre, Loier, bersillier et estendre Et sa langue sachier a plain, Tant qu'on vit le ver tout a plain. (MACH., J. R. Nav., 1349, 228). Si que, Guillaume, j'ose dire Que plus de peinne et de martire Cent fois les dames soustenoient Que leurs amis qu'elles faisoient, Qu'elles avoient les griés pensées Et les paours desordenées, Les paroles de mesdisans. (MACH., J. R. Nav., 1349, 238). Dieus li peres ne voloit mie Oublier sa serve [Susanne] et s'amie Endurer, voloir, ne souffrir Son corps a tel martyre offrir Sans raison nulle et sans desserte, Eins fist pour li miracle aperte, Et de fait oy sa priere, De cuer faite et d'amour entiere. (MACH., C. ami, 1357, 11). Et scez que Herculès devint ? Il vesqui des ans plus de vint En si grant saut, en si grant bruit Que tous li mundes de li bruit. Mais la belle Deyamire Le fist morir a grant martyre, Nom pas malicieusement, Einsois le fist ignoranment Par la chemise envenimee Qui li fu d'elle presentee. (MACH., C. ami, 1357, 96). Hé las, or voy tire a tire Meschief, langour et martyre De tous lieus a moy venir (MACH., Voir, 1364, 734). Et si veoient le martyre De ceuls qui estoient bleciez, Dont c'estoit pitez et meschiez. (MACH., P. Alex., p.1369, 154). Li roys la fist, sans detrier, Devant chascun, penre et lier, Seur une eschiele, et puis estendre. Et la dame avoit la char tendre ; Si souffroit mervilleus martyre ; Des yeux pleure, dou cuer souspire. Et certes c'estoit grant durté, Et très grant inhumanité, De creature femenine Faire estendre et mettre à gehine. (MACH., P. Alex., p.1369, 260). Or vous vueil deviser et dire Ce qu'il [le roi Pierre] disoit en son martyre. Moult devotement reclamoit Nostre Dame que moult amoit, Et li disoit : "De Dieu ancelle, Vierge, glorieuse pucelle, Vierge pucelle, vierge mere, Mere dou fil, et fille au pere, M'amour, ma deesse, ma dame, Au jour d'hui recevez mon ame Et metez en vo compaingnie." Et a ce mot perdi la vie. (MACH., P. Alex., p.1369, 271). Riens ne me puet anuier ne desplaire Que je puisse pour ma dame endurer, Fors tant que loing de son plaisant viaire, Sans joie avoir, me convient demourer. Et si ne sçai terme de retourner Par devers li, dont j'ai tant de martire Que je ne sçay congnoistre joie d'ire. (MACH., L. dames, 1377, 44). Gentil dame, simple et coie, Pour moy nelui ne lairay Qui ramentevoir me doie, Ne fier ne m'oseroie En nul qui vous peüst dire Ma dolour et mon martire. Helas ! einsi languiray Tous seus, sans cuer et sans joie, Et en doubtance seray De vous qu'oubliés ne soie. (MACH., L. dames, 1377, 105). Li plus grans biens qui me veingne d'amer Et qui plus fait alegier mon martyre, C'est de mes maus complaindre et doulouser Et de mon cuer qui pour les siens souspire. Autrement ne sçay merci Rouver à vous que j'aim trop miex que my ; Mais bien poués veoir à mon samblant Qu'assés rueve qui se va complaingnant. (MACH., L. dames, 1377, 163). Mais cilz desirs n'atent pas qu'il adjourne Pour miex faire maint amoureus estour ; Dont mes vrais cuers qui demeure et sejourne En vo prison qui n'est chastiaus ne tour, Et s'est plainne de joie et de tristour, Reçoyt pour vous souvent joie et martyre. Pour ce toudis ma pensée à vous tire [le ms. (consulté par G. Roques) porte Pour moy faire maint amoureus estour (et non : Pour miex faire...)]. (MACH., L. dames, 1377, 212). Helas ! pour quoy virent onques mi oueil Ma chiere dame au tres plaisant accueil, Pour qui je vif en tel martire Que je ne congnois joie d'ire ? N'onques Amour ne me vost enrichir Tant que j'eüsse un espoir de joïr, Ne je ne puis encor rien esperer Que tout ne soit pour moy desesperer. (MACH., Motés, 1377, 505). Si n'est nul qui vous sceüst dire Le plour(er), le dueil et le martire, Que les dames vont demenant (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 322). Qui fit a Hanibal guerroyer Ytalie, passer les montaignes, souffrir extremes froidures jusques a perdre l'ueil ? Amour de vaine gloire. Qui feit a Cathon se tuer, a Darius, a Lucrecce et autres sans nombre ? Amour de vaine gloire. Aucuns mesmement en ont souffert martire mais dampnez sont. (GERS., Concept., 1401, 412). ...le dolereux martir que Amours li faisoit souffrir et endurer pour l'amour d'elle (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 127). ...il avoit souffert par batures ung tresgrief martire (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 379). ...si par aucune fasson je ne parvenoye a vostre bonne grace, il ne m'estoit pas possible de longuement vivre en ce doloreux martire. (C.N.N., c.1456-1467, 210). ...la pouvre femme (...) s'en alla tantost a sa maison plaindre son mal et son martire (C.N.N., c.1456-1467, 265). ...pluseurs ans exercea ledit office [d'esclave], qui ne luy estoit pas petit labeur, mais martire intollerable (C.N.N., c.1456-1467, 422). Ne de ce jour plus avant il alla, Pour soulager gendarmes et chevaulx Qui avoient tant soustenu de travaulx, Tant de misere, de peine et de martire, Tant de souffrance, de dangers et de maulx, Qu'il n'est possible de la disme en escrire. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 281).

 

-

Avoir martyre : La souspire, La s'aïre Mes cuers qui tant a martire Et de mortel peinne Et tant d'ire, Qu'a voir dire Son mal ne porroit descrire Creature humeinne. (MACH., L. plour, 1349, 288).

 

-

Estre à martyre : Car je fusse, lonc temps ha, mors, S'il ne fust à martire, Par l'ueil qui trait a en mon corps De desir une vire, Qui ja n'en sera traite hors, Se m'amour ne l'en tire Ou bons Espoirs qui m'a dès lors Viseté com dous mire Et conforté mes desconfors Doucement, Diex li mire. (MACH., Les lays, 1377, 432).

 

-

Faire (peines et) martyres à : Il y avoit un sien cousin Que bien congnoissent Sarrasin Aus grans cops qu'il leur donne et baille De son espée qui bien taille, Moult leur fait peinnes et martyres, C'est de la Vote li drois sires. (MACH., P. Alex., p.1369, 144). Et la dame li respondoit, Endementiers qu'on l'estendoit : "Sire, vous estes mes drois sires, Faire me poez tous martyres, Crucefier, morir ou vivre, Et hors de ci mettre à delivre ; Mais ja ne diray de ma bouche Chose dont autres ait reprouche, Ne dont, sans cause, vaille pis..." (MACH., P. Alex., p.1369, 261).

 

-

Se mettre à martyre : Et d'ou te vient ceste dolour Qui einsi desteint ta coulour ? Certes, je croy qu'elle te teingne Au cuer et que d'amer te veingne. Si ne te dois pas desconfire Einsi, ne toy mettre a martyre, Car c'est grant honte et grans deffaus, Puis que tu n'ies mauvais ne faus Envers ta dame que tu aimmes, Quant pour li amer las te claimmes. (MACH., R. Fort., c.1341, 58).

 

-

S'offrir à martyre : Et s'on te dit parole dure Ou fait de fait aucune injure, Souveingne toy que Dieus souffri Pour nous, et comment il s'offri A peinne, a dueil et a martyre. (MACH., C. ami, 1357, 62).

 

-

Vivre à martyre : Et pour ç'avoir dois de mercy Bonne esperence. Mais qui autre mercy desire Et qui dit qu'il pleure et soupire, Dont il le couvient a martyre Vivre et manoir, Il a tort et assés s'empire. Venus scet bien ceste matyre. (MACH., F. am., c.1361, 226). Car, pour doubte d'escondire, Je n'os à ma dame dire Comment je vif à martire Pour s'amour, Pour ce que, s'elle desdire M'en voloit ou contredire, Certes, mes cuers morroit d'ire Sans demour. (MACH., Les lays, 1377, 295).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 7/48 
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     MARTYREMENT     
FEW VI-1 martyrium
MARTYREMENT, subst. masc.
[T-L : martirement ; GD : martirement ; AND : martirement ; FEW VI-1, 397b : martyrium]

"Martyre" : ...et qe nostre douce Dame me vousist mettre en la balance, contre mes mals, les grandes peynes et tourmentz q'elle soeffri pur l'amour de voz et tresgrande martire de dolour, et le martirement de touz les seintez martirs (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 234).

Rem. AND, s.v. martirement.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 8/48 
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     MARTYRER     
FEW VI-1 397b martyrium
MARTYRER, verbe
[T-L : martirer ; GD : martirer/martirier ; AND : martirer ; FEW VI-1, 397b : martyrium]

A. -

"Martyriser, torturer" : [Titre] Des quatre freres Mineurs qui furent martiriez pour la foy Jesu Ccrist ou païs de Cana. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 9). Li enfant qui de cuer et d'ame Loërent Dieu dedens la flame Et menoient revel et feste, Qu'onques un cheveu de leur teste N'i fu malmis ne empirez, Mieus vorrent estre martirez Que faire ou penser tel foloy Comme d'errer contre leur loy, Ne qu'orer l'estature d'or Que fist Nabugodonosor ; Il furent sain et sauf delivre (MACH., C. ami, 1357, 56). Adont par jugement lez feront martirier (Hugues Capet Lab., c.1358, 286). ...si virent bien que le roy faisoit martirier ses gens pour neant (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 289). La crois est li plus nobles signes Des crestiens et li plus dignes, Car Dieus y fu crucefiez Pour nous tous et martyriez, Qui nasqui de sa Vierge mere, Par le comandement dou pere, Et d'enfer tous nous racheta, Et ses bons amis en geta. (MACH., P. Alex., p.1369, 14). Et veirent bien que li rois faisoit ses gens navrer et martiriier sans raison. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 130). LORENS. Tirant cruel et dolereux Qui si me martires sanz cause, Voiz qu'en moy ce feu cy ne cause Chaleur nulle desordenée (Mir. st Lor., 1380, 190). Vous m'avez apporté toute doulour et emportez toute ma joye. Par Dieu, se je creoie mon cuer, je vous feroye mourir de male mort, mais raison naturelle le me deffent, pour ce que vous estes mon frere. Alez vous ent, ostez vous hors de devant mes yeulx. Que tous les menistres d'enfer vous puissent convoier et martirer de VIJ. tourmens infernaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 242). ...grant mal lui faisoit d'ainsi veoir martirer ses bons et loyaulx compaignons (Bouciquaut L., 1406-1409, 115). ...cestuy Claudius Nero n'est pas cellui Nero qui fist tant de maulx et qui fist martirier saint Pierre et saint Pol. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46). Or es tu pres de ton trespas ! Dieu, helas, Bien me desplait que te martrye Pour les grans vertus que tu as. Pardonne moy, Jehan, je t'en prye ! (Pass. Auv., 1477, 100). Bien seront martirés Chrestïens, qui sans doubte Nous dieux ont desprisés Et Mahomerie toute. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 192).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. ; CHAST., Temps rec. D., 1451, 97, v.1590...

B. -

P. ext.

 

1.

"Faire périr qqn de mort violente" : DIEU. Dame, dame, trop se meffist Le chetif qui le martira [un archidiacre tue son évêque pour lui succéder] (Mir. ev. arced., c.1341, 142).

 

2.

"Tourmenter qqn (physiquement ou moralement)" : ...la doleur dont en morant langui, Qui mon viaire a desteint et pali Par sa rigour, Est de vos maus cent mille fois gringnour ; Car fine joie et parfaite douçour Sont vostre mal encontre la dolour Qui me martire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 90). Pour ce mes dolens cuers souspire, Quant il sent que son mal empire Et qu'adès ha de mal en pire Sans aligence Et sans confort dou grief martire Qui le tourmente et le martire ; Si que ne sçay le mieus eslire De ma grevance. (MACH., Compl., 1340-1377, 241). DEUXIESME MAISTRE. (...) Par le grant Dieu, j'en ai esté Et sui encore si plain d'ire Qu'il me semble c'om me martire D'une grant masse. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 242). LA DAME. (...) ne sçay plus que dire. Car certes assez me martire Le dueil que j'ay. (Mir. enf. ress., 1353, 47). Pour ce ne say que devenir, Car pas ne scet bien le martire Qui pour li m'ocist et martyre. (MACH., F. am., c.1361, 195). Nous sommes les dolentes méres Qui avons porté (...) ces petiz enfans Que mettre voulez a martire. Sire, c'est ce qui nous martire Et nous tourmente ainsi pour voir. (Mir. st Sev., 1362, 198). Martyrés sui de l'amoureus martyre Plus durement assez que je ne sueil, Car j'ay desir qui m'ocist et martyre De reveoir la belle sans orgueil Qui fait en moy demourer si grant dueil Que pour s'amour souvent soupire et pleure, Pour ce que trop ensus de li demeure. (MACH., L. dames, 1377, 144). Cilz doulz pensers à vous amer m'atourne Tres loyaument, et je aussi m'i atour ; Mais mon desir mon memoire bestourne, Dont maintes fois de la gent me destour. Là vois souffrir sa pointure en destour, Là doucement m'assaut et me martire. Pour ce toudis ma pensée à vous tire. (MACH., L. dames, 1377, 212). Car desirs ne se refreint, Eins me cuide desconfire : Si m'atire Et martire. Mais esperence le veint. (MACH., Les lays, 1377, 361). Ne say dire Le martyre Qui mon dolent cuer martyre Jour et nuit : Trop m'empire ; S'en souspire, Qu'amours à moy desconfire Trop le duit (MACH., Les lays, 1377, 446). LE MARQUIS. Ha ! beaux seigneurs, il m'est a vis Que pou d'amour a moy avez, Qui vostre seigneur me clamez, Et qui tant m'amiez et prisiez, Ce dites, et me conseilliez De present a moy marïer. Me voulez vous dont martirer En moy lïant en marïaige ? (Gris., 1395, 13). ...[elle] voyoit bien a sa contenance que grand doleur le martiroit (C.N.N., c.1456-1467, 535).

 

-

Empl. pronom. réfl. "Se tourmenter" : La s'empire Tire a tire ; La ne fait que fondre et frire ; La son dueil demeinne ; La, sans rire, Se martire ; La se mourdrist ; la desire Qu'il ait mort procheinne. (MACH., L. plour, 1349, 289). Pour plaindre et plourer, Pour soy martirer... (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 247).

V. aussi martyriser
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     MARTYREUR     
FEW VI-1 martyrium
MARTYREUR, subst. masc.
[GD : martireur ; FEW VI-1, 397b : martyrium]

"Bourreau" : Le benoit Antoine estoit de si grant ardeur d'amour que, quant Maximien l'empereur occioit les crestiens, il suyvoit les martirs [var. martyreurs] pour estre fait martir avecques eulx (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 223). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348] Et fu tant tourmentee par multitude de martires que les martireurs se lasserent sur elle. Elle fu mise sur un greyl et rostie, detre[n]chié [l. detrenchie] de pignes de fer (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 1012). Et pour ce fut Santin mené decoller et esleut l'en ung tresfort martireur [var. martirier] a ce faire. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 831). [Le mot est aussi ds VIGNAY]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 10/48 
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     MARTYREUSEMENT     
*FEW VI-1 martyrium
MARTYREUSEMENT, adv.
[*FEW VI-1, 397b : martyrium]

"Comme un martyr" : Mais le feu de vostre amour a tant enbrasé mon cuer qu'i me convient morir martireusement se vostre grace ne m'est misericordieuse en pitié. (Chastel. Vergier S., c.1450-1480, 84).
 

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     MARTYREUX     
*FEW VI-1 martyrium
MARTYREUX, adj. et subst. masc.
[*FEW VI-1, 397b : martyrium]

I. -

Adj. "Qui inflige une douleur extrême" : Et se vostre amour me refusés je mourray de la plus martireuse mort c'onques soufrist loyal amoureux (Chastel. Vergier S., c.1450-1480, 85).

II. -

Subst. "Bourreau" : Et quant ces martireux divisoient la proie entre eulx et mengeoient ensemble, Victor, ung ancien homme, passa la d'aventure et ilz le semonnirent a manger avec eulx. Et il commença a demander comment ilz povoient manger a joie entre tant d'occis. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 905).
 

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     MARTYRIER     
*FEW VI-1 martyrium
MARTYRIER, subst. masc.
[*FEW VI-1, 397b : martyrium]

"Bourreau" : Et pour ce fut Santin mené decoller et esleut l'en ung tresfort martireur [var. martirier] a ce faire. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 831).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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     RATTIRER1          RATTIRER2     
FEW VI-1 martyrium
RATTIRER, verbe
[GD : ratirer ; FEW VI-1, 405b : martyrium]

"Tirer en arrière, retenir" : Capitaine de mon vouloir, Il s'en yroit Souvent et se departiroit -- Et Ennuy le consentiroit -- Se Regret ne le ratiroit. Souvent ouvert Lui a l'uiz tout a descouvert Empirement de mal couvert, Maiz Souvenir l'a recouvert Et ramené. (CHART., L. Dames, 1416, 245).
 

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     RETIRE     
FEW VI-1 martyrium
RETIRE, subst. fém.
[GD : retire ; FEW VI-1, 410b : martyrium]

"Action de battre en retraite"

REM. Doc. 1490 (Fribourg) ds GD VII, 146a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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     RETIREMENT     
FEW VI-1 martyrium
RETIREMENT, subst. masc.
[GDC : retirement ; FEW VI-1, 410b : martyrium ; TLF : XIV, 1023a : retirement]

"Action de se retirer qq. part" : ...du (...) retirement en France (Arch. Nord, 1488, B 1703, f° 226, IGLF).
 

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 Article 16/48 
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     RETIRER     
FEW VI-1 martyrium
RETIRER, verbe
[T-L : retirer ; GDC : retirer ; FEW VI-1, 403a, 410b : martyrium ; TLF : XIV, 1023a : retirer]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Tirer en arrière qqn ou qqc. (en partic. pour faire sortir qqn ou qqc. de qq. part)" : Car tout ensi que le contrepois tire La corde a lui, et la corde tiree, Quant la corde est bien a droit atiree, Retire a lui et le fait esmouvoir, Qui aultrement ne se poroit mouvoir. (FROISS., Orl., 1368, 85). Et aussi aucune foiz les boucs ysarus ne veulent grater en mi les cuisses de leurs cors et boutent aucune foiz si fort qu'ilz les se mettent par les fesses et ne les peuent retirier (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 72). ...et puis mectre la queue de sangler bien chaude en plat pardessus vostre beuf, qui primo soit rosty, ou bouté en eaue boulant et retiré tantost, pource qu'il est plus tendre que cerf. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 211). Il semble que sans parboulir l'en la doit mectre en eaue boulant, et tantost retirer et larder au long (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 211). ...et convint que trois des autres galées venissent retirer la nostre en mer : sy ne fut point dommagée, car c'estoit sablon, mais elle avoit esté dommagée le soir devant, par une fortune qu'il fist en mer, moult grosse (Voy. Jérus., c.1395, 8). Et avint que messires Henris de Flandres, (...) tenoit son glave a un petit pennon de ses armes, et le lançoit a la fois dedens et puis le retiroit a lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 322). ...estrange felonie seroit vouloir l'omme estre plungié en l'eaue pour l'en retirer, ou qu'il fust batus pour le revenchier, ou chacié hors pour le herbergier (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 150). ...[elle] voulut entrer en la chambre, et son amy la retiroit a force (C.N.N., c.1456-1467, 195). Je suis au fort contente, dist la fille, de la mettre [la "lance"] et bouter ou il fault, mais si elle devoit y pourrir, je ne l'en retireray ja. [Cont. grivois] (C.N.N., c.1456-1467, 501). Et, incontinent qu'ilz furent ainsi montez que dit est, près de partir et singler en mer, lesdiz Bourguignons, Anglois, Picars et autres, voians qu'ilz avoient longuement esté à l'encre sans avoir riens fait et mengié tous leurs vivres, retirerent leursdiz anchres et s'en retournerent à leur duc sur trayne boyau et sans avoir riens fait ; de quoy il eut bientost ris son saoul, pour ce qu'ilz avoient perdu grant temps et si avoit beaucop fraié et despendu à l'avitaillement desdiz navires et au soudoy desdiz gens de guerre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 244).

 

-

Retirer arriere/retirer hors : Et, si son limier tret au vent, come aucuns font voulentiers, espiciaument ceulx qui suyvent la teste levee, il ne le doit pas suyr mes doit demourer tout coy et le retirer arriere aux routes et li fere mettre le musel a terre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 174). Et puis fut le corps dudit d'Esternay retiré hors de ladicte riviere et mis en terre en l'eglise Notre-Dame de Louviers, où ilec fut fait son service. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 149).

 

-

Retirer la table (pour s'y asseoir plus facilement) : Madame voult faire retirer la table pour l'asseoir, mais damp Abbés dist : "Ja Dieu ne plaise que la table en bouge ja pour moy" (LA SALE, J.S., 1456, 249).

 

-

[La courtine, au théâtre ou dans un tournoi] "Tirer (la courtine, une fois le spectacle terminé)" : Ainsy fu la courdine retendue retirée, et le mistère quant ad ce achevé. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 146). ...et à tant fut la courtine retirée, et cessa ce mistere pour celle fois (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 358). ...et la courtine fut retirée, et mis le brevet dehors, tel qu'il estoit accoustumé, dont la teneur s'ensuyt... (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 168).

B. -

Au fig.

 

1.

Retirer qqn

 

a)

Retirer qqn de qqc. "Détourner qqn de qqc." : Deyanira doncques, soy hastant de trouver nouveau remede ains que Yole feust receue en l'ostel d'Ercules, et entre pluseurs conseilz elle delibera en son couraige envoier celle chemise au dict Hercules sanz aulcun mal penser fors afin que elle le retirast et refroidist de l'amour Yole (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 166). ...c'estoit le bien et honneur de son maistre, qui le retireroit de plusieurs menues folies, ausquelles espoir trop se donnoit. (C.N.N., c.1456-1467, 80). ...puis qu'elle avoit encommencé a faire la folye (...) fort seroit de l'en retirer (C.N.N., c.1456-1467, 419). Cestui fut stippendié d'un grant prince, tirant et mal condicionné, et, voyant qu'il ne le povoit corriger par nulle discipline, ne retirer par nul enseignement de ses mauvaises inclinacions, à ceste cause, pour exemple familliere, il lui composa le jeu des eschetz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°).

 

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

 

b)

Retirer qqn de (captivité). "Délivrer qqn de" : ...et est bien à presumer que, entre lesdicts enfans et peuple d'Israël, que Dieu avoit retirez de captivité et esleuz sur tous autres et les avoit en singuliere estime que en .XL. ans qu'ilz furent aux desers ne trouvassent plusieurs experiences bonnes et honestes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 r°).

 

c)

Retirer qqn à soi. "Attirer qqn à soi, se le gagner, le prendre à son service" : Quant il savoit quelque homme de vertu, il le retiroit à luy. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 129). Cestui concorda avecque ung nommé Alcyneon de Grece, touchant la grant pestillence, qui fut tantost après quasi universale, dont ledit Angele fut moult apprecié et le retira le pappe à lui pour l'experience de sa science (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 101 r°).

 

2.

Retirer qqc.

 

a)

"Garder en réserve, laisser subsister qqc." : ...on ne doit pas tant mengier que l'estomac soit totalement plain, et l'apetit totalement suffoqué, mais on doit retirer aulcun appetit, et par especial les hommes ayant la vertu appetitive forte, car il sont aulcunes gens qui ont naturellement l'appetit debile, et iceulx doivent plus mengier que leur appetit ne requiert. (Rég. santé corps C., 1480, 14).

 

b)

"Mettre qqc. à l'abri ; recueillir qqc." : Or est à presupposer que tout ainsi quel Noé avoit retiré de toutes choses en l'arche, que il eust aussi recuilly tous les livres qu'il avoit peu trouver escriptz des sept ars liberaulx (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 14 r°).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[De la mer] "Refluer, descendre" : Puis fist mettre quatre bombardes devers la mer en la greve, quant la mer estoit retirée, et, quant la mer venoit, toutes les bombardes estoient couvertes (...), dès ce que la mer estoit retirée retraicte, on ne faisoit que mettre le feu dedans (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 214). ...et ancrèrent son navire, pour ce que la mer estoit retirée, et ilz ne povoient entrer au havre, mais au plus près de la ville qu'ilz peürent (COMM., I, 1489-1491, 203). ...et, à sa priere, la mer se retira de IX piez, tant que lui et son banage fust passé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°). Et alors revint Mons. de Berry devers le duc et furent ensemble ; et cependant la mer se retyra et fut le voyaige rompu, et faillut que Mons. de Berry s'en allast avec le duc à Caen, où il faillut que ledit Mons. de Berry vendist sa vesselle pour nourrir ses gens, disant qu'il aymoit mieulx menger en vesselle d'estain et de boys avant que ses gens ne fussent nourris. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 202).

B. -

[D'une pers.]

 

1.

[Dans l'espace]

 

a)

"Retourner (qq. part)" : ...le bon chevalier (...) menoit tousjours la brigade le plus qu'il povoit arriere de la bonne ville ou ses compaignons avoient grand vouloir de retirer. (C.N.N., c.1456-1467, 475). La vespre approuche, il est heure de retirer a la ville. Si nous n'y advisons, nous serons enfermez dehors (C.N.N., c.1456-1467, 475). Item, le roy fut tout le jour armé et a cheval, au moins jusques ad ce que tout fust retiré en camp, qui fut une grant vertu a luy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289).

 

b)

"Quitter un lieu, s'en aller" : Si vint a luy et luy dist (...) : "Entendez a vostre besoigne, de par le dyable, et ne vous soussyez des aultres." L'aultre se retira (C.N.N., c.1456-1467, 254). Nostre guet estoit de cinquante lances qui se tenoient vers la Granche des Merciers, et avoyent des chevaucheurs le plus près de Paris qu'ilz povoient, qui très souvent estoient ramenéz jusques à eulx et bien souvent failloit qu'ilz revinssent sur queue jusques à nostre charroy, se retirant le pas, fuyz aucunes fois le trot. (COMM., I, 1489-1491, 59). Tant y en misrent que le feu se print au portal et qu'il faillut que les assaillans se retirassent jusques après que ce feu fust estainct (COMM., I, 1489-1491, 234). Et, après que le duc d'Autriche eut faicte sa monstre, il se retira ; et marcha sur sa queue ledit grant maistre et deffict quelque nombre de ses gens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 384).

 

-

Se retirer qq. part : Et en se retirant par sur ung pont qu'ilz avoient fait pour s'entresecourir... (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 58). Et, la messe celebrée, les chevaliers s'en retournarent comme ilz estoient venus et se retirarent en leur chambre de conseil (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 93). ...icellui de Poges, qui estoit oultremontain, natif de la ville de Luques (...) s'est retiré en la ville de Bruges (Lettres Louis XI, V., t.8, 1479-1480, 75). Après ces choses dictes, me retiray à mon logis (COMM., III, 1495-1498, 129). Et quant ledit Rouault eust laissé lesdits bastard d'Arminag et Sallezart, et qu'il se feust retiré en sa chambre, il envoya querir ledit Voyau secretement par ung de ses serviteurs. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 150).

 

-

Se retirer devers qqn : ...je ne voy pas que monseigneur de Clerence, ne lui, soient si tost prestz pour aller en Angleterre, comme l'entendiez. (...) Et si la chose prenoit long train, mandez moy, se vous voulez que me retire devers vous (...) ou se vous voulez que j'actende ycy (...) ; car je feré ce qu'il vous playra me commander (Lettres Louis XI, V., Pièces justif., t.4, 1469-1472, 349).

 

-

"S'en aller (pour se réfugier qq. part, pour se mettre à l'abri)" : Et tousjours convenoit, sur l'arriere saison, que chascun party se retirast à sa seurté, pour passer l'yver et practiquer nouvel assault à l'esté à venir, et estoit le fleuve du Rin comme une barriere entre les deux. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 75). ...et jugea sur la revolucion du premier an de son regne les tempestes, fouldres et tonnerres, qui puis advindrent à Colongne, en l'eglise Saint Perre, où le peuple s'estoit retiré, laquelle eglise par fouldre fut penetrée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 v°). Et quant ledit clerc ouyt qu'il n'avoit point souppé et qu'il ne savoit où aller loger, il le mena au logis de sondit maistre et le fist soupper avec eulx ; de quoy ledit Voyaul fut joyeulx, car il ne savoit où se retirer, tant pour ce qu'il estoit desja tard que aussi qu'il ne fust congneu d'aulcuns qui luy eussent poeu faire quelque desplaisir, car, comme dit est, il avoit esté menassé par ledit admiral que, s'il le trouvoit, qu'il le feroit noyer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 147).

 

c)

En partic. [D'une armée] Se retirer qq. part (d'un lieu à un autre). "Battre en retraite, reculer (d'un endroit en se dirigeant vers un autre)" : ...car le duc Charles, frere du roy, mainsné assez tost après de Normandie, se retira en Bretaigne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°). Tant continuerent les ditz françois canonniers a tirer si tres impetueusement, que les autres furent contrains d'eulx retirer autre part. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

2.

Au fig.

 

-

Retirer à qqc. "Retourner à qqc." : Maiz tousjours retiroit fort a son premier langaige, espaignol, et ne s'en povoit tenir. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 57).

 

-

Se retirer de qqc. "Se tenir à l'écart de qqc." : ...tu te retires aulcunes fois de la reception de ce digne sacrament (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 149). ...et tant d'aultres grandes, moyennes et menues douleurs, povre mary, te vendront, desquelles les saiges hommes s'en sont retirez ! (LA SALE, Sale D., 1451, 128). ...combien qu'il eust conclu et deliberé de soy retirer de l'amour et accointance de celle qui luy escripvoit, si n'estoit il pas si converty que la chose que plus il desiroit ne luy fust par ceste lettre promise (C.N.N., c.1456-1467, 480).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 17/48 
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     TIRABLE     
FEW VI-1 martyrium
TIRABLE, adj.
[GD : tirable ; FEW VI-1, 412a : martyrium]

A. -

[D'une pers.] Tirable à. "Porté à" : ...d'avoir esté piteux et tyrable à clémence, à oyr constamment excusation (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 290).

B. -

[D'une chose] "Vers quoi on doit se diriger" : ...Qu'en regardant ton lieu insupérable Dont la vue est bien doulce et souspirable, Il n'y a point de voye après tirable, Tant est excelse en splendeur et foraine (CHASTELL., Louange Vierge K., c.1450, 286).

 

-

Tirable de. "Provenant de" : Par quoy, comme escargne ["fêtu" ?] ou paille, N'est de mesmes, ne de maille Aux grains qui en sont tirables. (CHASTELL., Entrée Louis nouv. règne K., p.1461, 10).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 18/48 
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     TIRADE     
FEW VI-1 martyrium
TIRADE, subst. fém.
[GDC : tirade ; FEW VI-1, 400b, 408a, 410a : martyrium ; TLF : XVI, 247b : tirade]

"Action de forlonger des chiens"

REM. Ex. (Tilander, Glan.) 2e moitié XVe s. ds TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 19/48 
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     TIRAGE     
FEW VI-1 martyrium
TIRAGE, subst. masc.
[GD : tirage ; GDC : tirage ; FEW VI-1, 400b, 414a : martyrium ; TLF : XVI, 247b : tirage]

A. -

"Action de tirer, d'extraire du minerai dans une mine" : ...veu et visité le lieu de la dicte montaigne, la disposicion d'icelle, la forme et nature de la mine, les puiz faiz en la dicte montaigne pour le tirage de la mine et mesmement ung puiz bas anciennement fait sur la rivière lequel est à présent remply de terre et eaue. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 321).

B. -

"Action de tirer, de transporter, charroi" : À Glaude Girardin, charretier d'Aix, le VIIe jour de juillet, la somme de quatre florins, pour tiraige de boys et pierre, pour faire la reclose de la bastide du roy, près ladite ville d'Aix (Comptes roi René A., t.1, 1479, 21).

C. -

"Action de tirer des bateaux le long d'une rivière, halage ; droit de halage (en partic. du sel sur le Rhône), fermage de ce droit" : ...avons besongné avec Jehan de Villars, Jehan du Prat et plusieurs autres marchans sur le fait du tirage du sel contremont la rivière du Rosne à la part du royaume, avec lesquelz marchans a esté fait certain appoinctement qui est par escript. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 470). ...vous escripvons mettre en possession (...) du droit que prenons en la compaignie du tirage du sel par le Rosne à la part de l'empire (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1466, 249). ...Phelippon Rousseau (...) serviteur et contrerolleur du tiraige du Rosne (Lettres Louis XI, V., t.5, 1473, 128). ...je vous prie, que (...) la prendre la somme de 10000 livres sur ledit tirage, à perte de finance (Lettres Louis XI, V., t.8, 1480, 120). ...et aussi le tiraige du Rosne et la gabelle du sel (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1482, 14).

 

Rem. Doc.1466-1467 ds TLF.

D. -

"Action de percevoir un impôt (l'impôt sur le sel, la gabelle)" : ...l'oultre plus du tiraige desdites gabelles (Comptes roi René A., t.3, 1476, 199).

 

Rem. Doc.1479 ds GD VII, 724b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 20/48 
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     TIRANDEAU     
*FEW VI-1 martyrium
TIRANDEAU, subst. masc.
[*FEW VI-1, 400a : martyrium]

[Pièce de charpenterie (sorte d'allège ?)] : A Guillemin Norry, cherpentier (...), pour avoir fait de cherpenterie une petite galerie (...), laquelle galerie est faite a appentiz et contrefiche contre les murs par maniere de comble et portent les contrefiches sur les sablieres qui sont contre les murs et a en laditte galerie 5 poteaux de menbreure pour porter laditte galerie et en chascun poteau ferme un tirandeau et 4 liens gorgerez c'est assavoir deux au tirandeau et deux en pannes quarrees qui portent les chevrons et sont icelles enouvrees a queue d'aronde sur la teste des tirandeaux... (Comptes écurie Ch. VI, B., t.2, 1400,,, 95).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 21/48 
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     TIRANDES     
FEW VI-1 martyrium
TIRANDES, subst. fém. plur.
[GD : tirande2 ; FEW VI-1, 399b, 400a : martyrium]

"Chausses" : ...entré je soie en mal an, Se je n'ay le georget de Aman (...) Et les tirandez ! (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 169). [Autre ex. p.175] Il n'a tyrandes ne endosse ["vêtement qui couvre le dos"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 263). (Yci le va tirer le geolier). GRIFON. Au mains en aurons nous l'endosse Et les tirandes. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 357).

REM. GD VII, 724c, traduit par "cordon, lacet". Z. rom. Philol. 103, 1987, 47.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 22/48 
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     TIRANLIRE     
*FEW VI-1 martyrium
TIRANLIRE, (?)
[GD : tiranlire ; *FEW VI-1, 400a : martyrium (?)]

Faire sa tiranlire : [Il est question du mari et de la femme] Et conme dui conpaignon veulent Chascuns fere sa tiranlire, Lonc temps ne peuent estre sanz ire. (Renart contref.,, 1ère réd. R.L., t.2, c.1319-1322, 235). [Seul ex.]

Rem. Parole de refrain imitant le chant de l'alouette ? Cf. HUG., s.v. tirelirer : et tire-lirant tire vers...

V. aussi tirelirant
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/48 
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     TIRANT     
FEW VI-1 martyrium
TIRANT, adj. et subst. masc.
[GDC : tirant ; FEW VI-1, 399b : martyrium ; TLF : XVI, 250a : tirant]

I. -

Adj. "Qui tire, qui est propre à tirer" v. tirer : Et est impossible par nature tant pour le mouvement du ciel et l'alteracion des choses tirantes et tirees, tant pour autres mutacions que celle equalité peust, se elle estoit, longuement durer. (ORESME, C.M., c.1377, 550). ...chevaux et autres bestes tirantes (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 370).

 

-

[P. réf. aux chausses hautes, sorte de long pantalon à pieds, caractéristiques de la mode de la fin du Moy. Âge] Chausses tirantes : ...Possible n'est de voir gens mieulx en point : Le petit dard, le poygnart, la rapiere, Chausses tirantes, perruque singuliere, De beau drap d'or la gorriere barrette Ou de velours, puis la bague tres chiere Et le plumart de faisan ou d'aigrette. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 215).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Pièce de fer ou de bois servant à soutenir"

 

1.

"Pièce servant à empêcher l'écartement de qqc." : ...a Pierres Bénart, serrurier, pour I tirant de fer mis en mantel de la dicte queminée, une quille de fer mise en ladicte chambre pour soustenir I sollivel qui avoit esté coupé (Comptes Archev. Rouen J., 1399-1400, 48).

 

2.

"Grande poutre qui maintient les deux jambes de force du comble d'une charpente" : ...et a ladite anglée six pieds de haut, environ quatre pieds de large, pour porter l'un des tirans qui porte le comble de ladite chambre. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 602).

B. -

"Lanière servant d'attache et de fermeture à un livre" : ...pour les tissuz et tirans desdiz heures et l'estuy dudit gobellet, vint solz parisis (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 67).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

 Article 24/48 
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     TIRASSE     
FEW VI-1 martyrium
TIRASSE, subst. fém.
[GD : tirasse ; FEW VI-1, 402a : martyrium ; TLF : XVI, 250b : tirasse1]

A. -

CHASSE "Long filet servant à prendre les oiseaux au sol" : ...une tyrace à troys fils, de cinq cannes de long et autant de large (Comptes roi René A., t.2, 1478, 88). ...une tirasse de fil, de huit toises de long, à p[r]endre cailles (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 391).

 

Rem. Doc.1379 ds GD VII, 725a (DU CANGE).

B. -

"Menotte (?)" : Une chainne faulse c'est une trainne ou une tirasse (Procès Coquill. S., 1455, 97).

C. -

"Couverture, bâche"

 

Rem. Doc.1492 ds GD VII, 725a (une grant tirasse de six aulnes de long et autant de large, pour servir à envelopper la tapisserie d'icelle dame).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 25/48 
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     TIRE1          TIRE2          TIRE3     
*FEW VI-1 martyrium
TIRE, subst. fém.
[*FEW VI-1, 400a : martyrium]

"Douleur" (Éd.) : Et Rachel, qui fist les enfanz de tire [ms. cire], si est enterree en la voie si conme l'en va de Bethleem au lieu ou la pierre [du sepulcre] Nostre Seingneur fu prise. (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 118v°b).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Hiltrud Gerner

 Article 26/48 
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     TIREAU     
FEW VI-1 martyrium
TIREL, subst. masc.
[GD : tirel ; *FEW VI-1, 400b, 414a : martyrium]

"Outil servant aux ouvriers d'une mine (dans le tirage ?)" : C'est l'inventoire fait des biens estans au martinet de Saint-Pierre (...). Une clavière. Huit tireaux. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 323). [Seul ex.]

Rem. Nom propre Tirel (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1399, 742).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 27/48 
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     TIRE-BRAISE     
*FEW VI-1 martyrium
TIRE-BRAISE, subst.
[GDC : tirebraise ; *FEW VI-1, 414b : martyrium]

"Outil pour tirer la braise du four (ou pour attiser le feu ?)" : Item, une tire braze de fer. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 329). [Seul ex.]

V. aussi tise-braise
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 28/48 
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     TIRECHE     
*FEW VI-1 martyrium
TIRECHE, subst. fém.
[*FEW VI-1, 397a : martyrium (?)]

Joute sur tireche. [Variante de la joute sur esclan]

REM. Doc. XVe s. (Lille) ds J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 127. Est-ce tiresce, tiresse (cf. GD VII, 728a) ?
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 29/48 
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     TIRÉE     
FEW VI-1 martyrium
TIREE, subst. fém.
[FEW VI-1, 409b : martyrium ; TLF : XVI, 254a : tirée]

"Parcours, trajet" : Le cheval est rade et puissant et plain de grant leesse, sy luy est pou de vous et de vostre faiz et merveille a que tant l'avez tenu sur sy noble tiree (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 255).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/48 
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     TIRE-FOND     
FEW VI-1 martyrium
TIRE-FOND, subst. masc.
[FEW VI-1, 406a : martyrium ; TLF : XVI, 254b : tire-fond]

"Anneau de fer terminé en vis dont se sert le tonnelier pour ajuster la dernière douve au fond d'un tonneau" : Que aucuns serruriers ne mareschaulx ne puissent et ne leur est loisible faire aucun des ouvrages dessus diz, ne aussy estrilles, campaines, tirefonds ne clef à vin servans et duisans aud. mestier de forecterie, actendu que lesd. supplians de riens n'entrepraingnent de faire chose qui soit du mestier desd. mareschaulx et serruriers (Anc. corp. dijonn. C., 1490, 352).

 

-

"Anneau de fer terminé en vis pour attacher un cheval à un arbre"

 

Rem. Doc. 1470 (IGLF) ds TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 31/48 
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     TIREIZ     
FEW VI-1 martyrium
TIREIZ, subst. masc.
[T-L : tirëiz ; GD : tireis ; FEW VI-1, 401a : martyrium]

"Tiraillement, lutte" : Si veissiés parmi les logeis grant criee et grant tireis [var. tiris] des biens, et estoient la les gens Larrechin, qui tiroient et harpoient et embloient tout ce que il pouoient tenir. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 170). En ce tiris devés savoir Que Melyador s'avança, Et sus Karentron se lança (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 148). Et en ce tyris, il feri le roy Alixandre si grant cop d'une hache a .II. mains que... (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 64).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 32/48 
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     TIRE-LARDON     
FEW VI-1 martyrium
TIRE-LARDON, subst. masc.
[FEW VI-1, 406b : martyrium]

"Gourmand" : Je fus sept ans tirelardon En ung quaresme qui passa. (Est., p.1460, 21). [Même ex. ds Menus propos P., 1461, 67, v.22]

REM. Cf. : Saupiquet et Tirelardon Et Marchegay et soir et main A l'appareil mettoient la main. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 214).Nom d'un personnage ds Deux jeux de carnaval (c. 1490 ?), D.D.L. 47, 251. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 128.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 33/48 
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     TIRELINCEL     
*FEW VI-1 martyrium
TIRELINCEL, subst. masc.
[*FEW VI-1, 406b : martyrium]

[Formation plaisante, nom de personnage, "celui qui tire sur les draps en se replongeant dans le lit"] : Tirelincel [un proche de Sompnolence] en chambre est dit : Qant l'alme enhorte a lever sus, Tirelincel dist "Couchiez jus ..." (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 63).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 34/48 
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     TIRE-LOPIN     
FEW VI-1 martyrium
TIRE-LOPIN, subst. masc.
[GDC : tirelopin ; FEW VI-1, 406b : martyrium]

"Parasite, vaurien" : ...Le maistre des tirelopins (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 96). Ventre beu ! ont tirelopins De florinaz tant grans lopins... (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 143). Truant puant, tirelopin, Passe avant en male estraine ! (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 80).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 35/48 
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     TIREMENT     
FEW VI-1 martyrium
TIREMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : tirement ; GDC : tirement ; FEW VI-1, 401a : martyrium]

"Action de tirer (derrière soi, vers soi)" : Et la estoient plusieurs contenances changeez aux tiremens des courtines et rideaux de devant lesditz personnages. (Entrées roy. G.L., p.1485, 254).

REM. Doc. 1369 ds GDC X, 769a-b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 36/48 
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     TIREPOIL     
FEW VI-1 martyrium
TIREPOIL, subst. masc.
[GD : tirepoil ; FEW VI-1, 417a : martyrium]

"Jeu dans lequel le perdant subit l'arrachage d'un cheveu" : [Réponse ironique du comte de Clermont à Tallebot]...et qu'il n'y sauroit venir de heure que il ne le trouvast là durant lesdits troys jours tout prest et appareillé de le recevoir et de jouer avecques luy au tyrepoil et à touz aultres essays où chacun pourroit mieulx festoyer son compaignon. (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.2, 1477-1478, 10).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 37/48 
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     TIRER     
FEW VI-1 399,409,412b,413a,417b martyrium
TIRER, verbe
[T-L : tirer ; GD : tirer ; GDC : tirer ; DÉCT : tirer ; FEW VI-1, 399,409,412b,413a,417b : martyrium ; TLF : XVI, 256a : tirer]

I. -

Empl. trans. [Un mouvement (au propre ou au fig.) est imprimé à un obj.]

A. -

[Sens étymologique] "Maltraiter, tourmenter" : ...puisque le treuve courant le païs desrobant et tirant [var. tuant] sez hommes... (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 304).

B. -

[Verbe de mouvement]

 

1.

Au propre Tirer qqn / un animal / qqc.

 

a)

"Mouvoir vers soi ou après soi (en se déplaçant ou en restant immobile), exercer une traction sur" : PREMIER CHEVALIER. (...) Oster li veult son os sanz faille. Et le chien aux dens, qu'il ne faille, Le tient forment. DEUXIESME CHEVALIER. A li oster tent durement ; Mais le chien le tire et debat (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 52). Si comme selon les fables des poiens et des poëtes qui mettent que le soleil rouele et est tiré et meu comme la roe d'un char par .IIII. chevaus (ORESME, C.M., c.1377, 450). Et lors tirerent tous les crestiens (...) et ceulz qui n'estoient mors furent portez et menez en l'ost et puis es bonnes villes pour les garir [il s'agit ici des chrétiens mêlés aux musulmans dans l'entassement des blessés et des morts] (LA SALE, J.S., 1456, 221). Lors tire une petite boyte pendant a sa couroye, ou son saufconduit estoit, et a l'Anglois le tendit (C.N.N., c.1456-1467, 55). ...il reprend la levriere par les oreilles, et la tira si rudement (...) qu'il la fist crier (C.N.N., c.1456-1467, 195). Or sa, Jhesus, pour toy complaire, Nostre fillet m'en vaiz giter. O Dieu, je ne le puis tirer ! Andrieu, ayde moy, mon bon frere ! (Pass. Auv., 1477, 125).

 

-

[Mouvement latéral] Tirer une courtine : ...Car je y vins si songneusement Que la belle encor se gisoit. Et l'esveillai, ce me disoit, A l'ouvrir d'une fenestrelle Qu'a senestre estoit delés elle. Si tirai un po la courtine De cendal a couleur sanguine. (MACH., Voir, 1364, 352). Devant son lit sont arresté De mal faire tuit apresté. Li sires d'Absur la courtine, Qui de soie estoit riche et fine, Tira, pour le roy mieux veoir, Et pour son cop mieux asseoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). Ilz tirent les courtines d'autour de luy et le revestent d'abitz pontifficaulx. (LA VIGNE, S.M., 1496, 575).

 

-

[Mouvement effectué au moyen d'un treuil]

 

Rem. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 909, doc. 1495 ; tirer à vent "mettre au vent au moyen d'un treuil", doc. 1447 et 1467.

 

-

Tirer branches au croc : Et pevent un homme et sa femme tirer au croc branches vertes et seches et par coustume. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 253).

 

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Tirer l'huis. "Fermer la porte" : ...sans plus dire tire l'huys et s'en va. (C.N.N., c.1456-1467, 433). ...vous estes bien meschantes gens, et a vostre fait mal regardans, qui n'avez pas eu tant de sens, quand vous voulez faire telz choses, que de serrer et tirer les huys après vous. (C.N.N., c.1456-1467, 433).

 

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Tirer la clef : Ilz ne furent pas si folz, quand ilz eurent gaigné ce premier fort, pour plus seurement assaillir l'aultre, qu'ilz ne tirassent la clef dedans et resserrerent tresbien l'huys. (C.N.N., c.1456-1467, 202).

 

-

DRAP. "Tirer à travers la carde, carder"

 

Rem. G. De Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.2, 1951, 198 (doc. 1390 et 1501). Ch.-Th. Gossen, R. Ling. rom. 24, 1960, 109 (Douai, 1390).

 

b)

Tirer qqn / une partie de son corps / un vêtement... "Exercer une traction sur qqn, sur une partie du corps (en partic. pour chercher à capter l'attention)" : Et je qui fui mervilleus pour quoy c'iere, Dis bellement : "Trés douce dame chiere, Pour quel raison Ne volez vous entendre a ma raison ?" Et la tiray par le pan dou giron. S'en tressailli, dont sa belle façon Coulour mua. Si respondi, que plus n'i arresta, Et durement envers moy s'escusa De son penser a quoy elle musa. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 115). ...pour moy laissier tirer les membres du corps (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 773). Sire, tirés le par la main ; Advisés coment il la tient ! (Pass. Auv., 1477, 158).

 

-

Tirer le pied arriere. "Reculer, fuir" : ...et, quant vient le temps de dangier et adversité, ilz tirent le pié arriere et laissent leurs alliez en necessité. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 66).

 

-

Tirer le cul arriere. V. cul "Refuser d'avancer"

 

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Tirer le nez et les oreilles à qqn. V. nez

 

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Au fig. Tirer qqn au coeur. "Tourmenter qqn" : Mais ne demeurra longuement Que j'en auray dur paiement, Qui autrement au cueur me tire. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 43). [Déf. proposée par G. Roussineau, Z. rom. Philol. 111/2, 1995, 302]

 

-

[Un vêtement que l'on porte sur soi, pour l'enlever] : ...la belle fille luy oste l'esperon et puis luy tire l'un de ses houseaux (C.N.N., c.1456-1467, 157).

 

c)

Tirer les vaches / les brebis. "Traire les vaches, les brebis" : Pour ce que la brebis a acoustumé d'estre tiree et tondue, cuidant que la vueille tirer et tondre, elle ne craint point de estre tiree et ainsi se laisse tuer. (MACHO, Esope R., c.1480, 29). D'autres ne font que les beufz estriller, Comme tres bien en sçavent les usaiges, Puis en aprés vont les vaches tirer Et mettre a point les beurres et frommaiges. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

 

d)

[P. compar. avec une bête de trait] Tirer au collier : Si ne voy pas que noz contentions ou noz parolles semees en appert ou en secret des ungs contre les autres nous puissent gecter de ce dangereux pas, ains fault tirer au collier et prendre aux dens le frain vertueusement (CHART., Q. inv., 1422, 44). Là où envis je tire au collier... (CHASTELL., Oeuvres K., t.6, c.1435-1475, 344). ...à quoy ledit duc respondit qu'il ne tireroit jamais au collier avec le gouverneur de Lymosin (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 252).

 

e)

[D'une chose] Qqc. tire qqc. : Et tout mouvement du ciel est naturel, car autrement il ne seroit pas regulier ne perpetuel. Item, le premier et souverain ciel qui est ainsi meu est concentrique au monde selon la concavité de ce ciel, et donques il ne boute et ne tire le ciel qui est souz soy sanz moien. Et avecques ce, ceste concavité ou superfice concave est tres parfectement polie, planee et onnie en tant que rien ne peut estre plus (ORESME, C.M., c.1377, 316).

 

f)

Empl. abs. : Mon chier seigneur, je la tien [la fille] bien : Tirez aussi conme je tire. Boutez, qui estes dessoubz, sire. Ho ! nous l'avons. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 144). Combien qu'aux dens le chien fort tire, Tire encore plus fort le fol. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 52). Mais il est certain du contraire se les vertus qui tirent estoient plus fortes que la resistence de la pel ou de la corde. Et est impossible par nature tant pour le mouvement du ciel et l'alteracion des choses tirantes et tirees, tant pour autres mutacions que celle equalité peust, se elle estoit, longuement durer. Et aussi de celui qui a fain et soif. (ORESME, C.M., c.1377, 550). Bailhe sa ce bout de filé. Tirés fort, sancte deÿté ! (Pass. Auv., 1477, 126). PREMIER CLERC (qui sonne les cloches.) Tresvolentiers je m'y acorde ; Or sonnons donc par bon moyen ! LE SECOND CLERC. Gardons bien que nul ne discorde Et au surplus ne donnez rien ; Tirons hardyment ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 544).

 

-

"Ramer" : LE SECOND NAVETIER. Compaignons, mettés sans fainctye Les mains aux raemes pour naigier, Tirés fort bien et de legier, Tant que pourrés de vo puissance, Et je tiendray en ordonnance Le gouvernal de la riviere (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 165).

 

-

"Se contorsionner (?)" : Certes, tu seras extendu [sur la croix] Et tirras comme vielle Pour joer de la chalimelle Et pour estre en meilleur conroy. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 57).

 

-

[Du limier qui tire sur le trait, la laisse] : Si verrez adoncques baudir Le limier et si fort tirer (...) Que celui qui le menera (...) passera Ou le chien le vouldra mener. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 370).

 

-

Part. prés. : Mais il est certain du contraire se les vertus qui tirent estoient plus fortes que la resistence de la pel ou de la corde. Et est impossible par nature tant pour le mouvement du ciel et l'alteracion des choses tirantes et tirees, tant pour autres mutacions que celle equalité peust, se elle estoit, longuement durer. Et aussi de celui qui a fain et soif. (ORESME, C.M., c.1377, 550).

 

g)

Inf. subst. "Action de tirer, d'amener à soi" : Il prinst une lance dont le fer tranchoit moult bien et s'en fery parmi la cuisse, et au tirer la lance ["en retirant la lance"], le sanc jailly a grant randon (Bérinus, I, c.1350-1370, 409). ...au tirer que les pescheurs firent, ilz tirerent une table d'or (LA SALE, Sale D., 1451, 73).

 

2.

Tirer qqn / qqc. de

 

a)

Tirer qqn / qqc. de qq. part. "Faire sortir, extraire" : Car je fusse, lonc temps ha, mors, S'il ne fust à martire, Par l'ueil qui trait a en mon corps De desir une vire, Qui ja n'en sera traite hors, Se m'amour ne l'en tire Ou bons Espoirs qui m'a dès lors Viseté com dous mire Et conforté mes desconfors Doucement, Diex li mire. (MACH., Lays, 1377, 432). Le petit Saintré (...) regarda de ça et de la se nul le veoit, lors tira la boursse de sa manche et la desveloppa. (LA SALE, J.S., 1456, 51). ...[Monseigneur] lors s'avance et fist tirer du bahu les robes qui dedans estoient (C.N.N., c.1456-1467, 185). Helas ! dit il, m'amye, je n'en puis mais ; Dieu scet comment je suis puny ; et, pour Dieu, pensez de moy tirer d'icy. [Pour échapper au mari, l'amant s'est enfermé dans le retrait] (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

-

Tirer qqn / un animal amont / hors / hors de / dehors... : "Il n'est plus de dieu vraiement Que le Daniel seulement Qui l'a geté sain et en vie Dou lac ou mis fu par envie." Li rois le fist tirer amont Sans delay, qu'i desira mont Li vëoir et parler a li. Mais n'avoit pas le vis pali Pour ordure ne pour puour, Pour jeüne ne pour paour. (MACH., C. ami, 1357, 44). Li roys fist sonner la trompette Tantost en signe de retraite, Si que sa gent se recueillirent Et tous ensamble se meïrent. Il tirerent hors leurs chevaus Et monterent comme vassaus En belle et en bonne ordenance, Com chevalier plein de vaillance. (MACH., P. Alex., p.1369, 208). Moyses, en qui Dieu afflus Mist graces et vertuz assez, Il tira, sans estre lassez, Le pueple de Dieu hors d'Egipte Par miracle. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 32). Le couvreur eut pitié d'elle, si fist tant, a quelque meschef que ce fut, moyennant sa corde, qu'il la tira dehors, et l'amena en bas. [La femme est restée prisonnière de la cheminée] (C.N.N., c.1456-1467, 277). ...et ce dit jour messire Gracien de Gurere tira sa galee hors de la douanne a force de gens et la mist en mer en grant triumphe, bien artillee et equippee de toutes choses. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 263).

 

-

Tirer qqn hors de la presse. "Faire sortir quelqu'un de la mêlée" : Si y feray tout mon devoir De la tirer hors de la presse. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 523).

 

-

Tirer qqc. jus de : ...ycelle robe tira jus de ladite perche, et l'emporta mucer en un arbre de chesne estant en la forest au plus prez de ladite eglise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7).

 

-

Tirer qqc. "Retirer qqc. (de qq. part)" : ...au tirer que les pescheurs firent, ilz tirerent une table d'or (LA SALE, Sale D., 1451, 73). En la region de Milesie fut achapté ung traict d'aucuns pescheurs et advint qu'ils tirerent une table d'or à leur fille ["filet"] et les achapteurs la vouldrent avoir, ce que contredirent les pescheurs (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

 

-

Tirer de l'argent. "Retirer de la bourse, dépenser de l'argent" : ...nostre homme, a qui ne chaloit qu'il feist, fust maryé ou aultre chose, mais qu'il ne tirast point d'argent, respondit qu'il feroit ce qu'ilz vouldroient. (C.N.N., c.1456-1467, 132).

 

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Empl. abs. Tirer à part. "Mettre de l'argent de côté" : Si ne croy pas que pou se charge, Qui treuve si faites finences, Par cautilleuses ordenances. Et Dieu scet s'ilz tirent a part ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 50).

 

-

Tirer la buschette. V. buschette "Tirer à la courte paille"

 

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Tirer au fetu : Au festu tire qui pourra Pour prandre le pis ou le mieulx. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 325).

 

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Au fig. "Retirer (qqc. de négatif de qqc. de qqc.), endurer, souffrir" : Sa chiere mere, aussy sa femme Leur recommande, en souspirant, Cil, qui grant doulour va tirant. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 65). A ! ma dame, si grief martire Ame ne tire Que moy (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 28). Car je recueil Incessaument douleur, paine et martire, Et nul ne vit que moy qui tel mal tire ; Dueil me martire (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 134). Quelque mal qu'aye tiré, Or vous tiens je, belle et sage. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 96). Ou s'ilz ont mains travaulx tirez Priveement en aucuns lieux ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 478).

 

b)

Tirer qqc. de qqc. "Extraire qqc. de qqc." : ...Nobles heuilletz, plaisantes armeries, Qui en tous temps sont la dedens flories Et de rosiers, assez bien dire l'ose, Pour en tirer neuf ou ditz muytz d'eau rose. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

 

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[Une arme] "Faire sortir (une arme du fourreau), dégaîner" : Car il ot paour que sa dame Honte pour li n'eüst ou blasme. Si dist : "Amis, foy que li doy, Avuec l'anel ara mon doy, Car ja par moy n'en partira." Si que lors un coutel tira, Son doy copa et li tramist Aveques l'anel qu'elle y mist. (MACH., J. R. Nav., 1349, 236). ...pour ce que elle ne vouloit souffrir qu'il eust compaignie charnele à elle, il tira et sacha son badelaire qu'il portoit, duquel il feri ladite Perrete plusieurs coups (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 513). ...après ces criminelles parolles, vous tire hors du fourreau sa grande et bonne espée, et si la fait brandir trois ou quatre foiz (C.N.N., c.1456-1467, 50). ...tantost qu'il le vit, il tire bonne dague et marche vers luy et l'en cuide ferir. (C.N.N., c.1456-1467, 325). Icy tire son grant [cousteau] et le prent, faisant semblant de luy vouloir copper la teste. (LA VIGNE, S.M., 1496, 447).

 

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Empl. abs. "Dégaîner l'épée contre qqn, asséner des coups d'épée à qqn" : Li bons roys estoit moult engrans De ses anemis desconfire. Il fiert, il boute, il sache, il tire, Et si fierement se combat Qu'il tue tout quanqu'il abat. (MACH., P. Alex., p.1369, 207).

 

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[De l'eau] "Puiser" : Plusieurs tirent de long puis ["d'un puits très profond"] eaue (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

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[Un bain] "Puiser l'eau pour en remplir le bain" : Si fist tirer le baing et chauffer les estuves en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 43).

 

-

[Une boisson] "Faire sortir (une boisson) du tonneau" : ...un nommé Guillaume Levasseur (...) lequel eut tiré du cidre en pot ou en choppine (Ch. VI, D., t.2, 1408, 208).

 

Rem. Doc. 1459 (fist tirer une choppine de vin) ds GDC X, 770b.

 

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"Faire sortir (une boisson) de son récipient, boire" : Encore boyve. Par ma loy il est empiré : J'ay si notablement tiré Qu'en ma boutaille n'a plus riens. (Pac. Job M., c.1448-1478, 245). LE PREMIER BABILONIEN. Bevon d'autant ! LE SECOND BABILONIEN. A luy tiron, Puisque nous avons bien des vivres ! (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 321). CELION boit. Mais que j'aye ung petit tasté Je t'en sçauray bien tost a dire. ADRASCUS. Ha, mon createur, comme il tire ! Quel avalleur ! (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 161).

 

Rem. Sur cet emploi, cf. P. Enckell, D.D.L. 47, 252.

 

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[Du minerai]

 

Rem. ORESME, Monnoies W., c.1365, X.

 

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Part. passé "Extrait" : ...j'ay regardé et visité la montaigne de la mine dudit lieu de Saint-Pierres, et trouvé qu'elle estoient en chommage et que on n'y avoit aucunes chose besongné depuis la prinse dudit Cuer et n'y trouvé aucune mine tirée. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 250).

 

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[Le feu] "Faire jaillir" : ...et resida sur le hault mont de Caucase, où il trouva la maniere de fere et tirer feu de perre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

 

c)

"Arracher"

 

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[Un cheveu, une dent...] : Cis roys ce faus oisel demande Qui avoit contre sa commande Celle aigle d'onneur mise a mort Par langue qui trop griefment mort. Lors la teste dou corps li tire Et le met a mortel martyre : Sa teste, ce sont ses paroles, Nom pas tant seulement frivoles, Mais parlers de detraction Qui met gens a destruction. (MACH., D. Aler., a.1349, 361). [Contexte métaph.] ...Eins me samble la riens, sans feindre, Que tu deüsses plus fort pleindre ; Ou tu fusses par aventure Toute ta vie en tel ordure, Ou par une vintainne d'ans. Mieus te vaurroit tirer les dans Ou tu yès. Einsi le te prueve. (MACH., C. ami, 1357, 100). Ou teles delectacions desnatureles viennent par acoustumance ; si comme aucuns en tirer ou en esrachier leurs cheveux ou leurs peulz, et qui rungent aus denz leurs ongles. (ORESME, E.A., c.1370, 381). ...[la tonsure] avoit esté et estoit freschement faite, comme d'un jour ou d'une nuit, et plumée aus mains, c'est assavoir efrachié et tiré l'un des cheveux après l'autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 204).

 

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[Les cheveux (comme geste d'affliction)] "S'arracher les cheveux, être en proie à un violent désespoir" : ...s'amie estoit mariée Au plus vaillant de la contrée, Et estoit ja grosse d'enfant. "Haro !" dist il, "li cuers me fent. Hé ! Mors, que ne me viens tu prendre ? A po que je ne me vois pendre !" Lors prist ses cheveus a tirer, Et puis sa robe a dessirer. Quant sa gent einsi le veïrent, Isnelement avant saillirent, Dont chascuns forment l'agrapa ; Mais par force leur eschapa. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Et quant il fu revenuz a lui, si se commença moult fort a debatre et ses cheveux a tirer et arrachier, et gettoit grans soupirs en lui blasmant et despitant (Bérinus, I, c.1350-1370, 31). ...et si ne Faisoit que li querir seur la marine, Car, sans mentir, Elle l'amoit plus que rien d'amour fine : Ses crins tiroit et batoit sa poitrine Et pour s'amour seur lit ne soubs courtine Ne pot dormir. (MACH., F. am., c.1361, 162). ...l'ung batoit sa coulpe, l'autre tordoit ses mains et l'autre tiroit ses cheveulx par grant desconfiture. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 563).

 

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[Une plante] "Cueillir" : ...car plus avoit de peine en ung jour a tirer seulement les violettes que le dict amant n'en avoit toute l'anee (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 20).

 

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[Du limier] "Se rassasier en arrachant (les morceaux de la tête du cerf donnée en récompense)" : ...la teste du cerf (...) et la doit tenir contre terre forment et faire tirer a son limier. Et tant comme il tirera, il doit parler a lui (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 57). Ung limier, qui de grant cerf tire, Ne doit pour tant lesser sa chace (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 104).

 

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[De l'oiseau de proie] "Béqueter (en tirant, en arrachant)" : ...et au soir le fai tirer a l'elle d'une geline devant les gens (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 183). ...l'en fera son faucon tirer et plumer par jour et par nuit (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 187). ...qu'ilz aient le becq fort pour tirer cuer de volaille (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 147). [Contexte métaph. (du coeur)] ...Il n'a pas fain, mais il le fault veiller, Faire tirer, dompter et traveiller (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 152). Pour entretenir l'oyseau en santé et le preserver de maladie, quatre choses sont necessaires, c'est assavoir : le faire tirer, l'essuyer quant il est mouillié, le purger et le baigner. Fais le tirer past nerveux (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 41).

 

3.

Tirer qqn / un animal / qqc. qq. part. "Amener qq. part" : ...Et si te tireray le toup Dessus le front. (Mir. parr., 1356, 49). Adont les deux faucons choisirent, Qui vers terre leurs hairons tirent ["amènent"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 170). Lequel homme, eulx trois, d'un commun assentement, prindrent et le tirerent dedens le bois dessus dit, aussi loings du chemin comme le jet d'une pierre, et illec le couvrirent de vielles feuilles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 265). ...et quant elles [les amandes] seront bien broyees si les tirés audit boullon des pois (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 160). [Éd. : "délayer" ; mais comment arriver à ce sens ?]

 

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Tirer qqn à part. "Mettre qqn à l'écart, le prendre à part (pour se trouver seul avec lui)" : En laquelle ville de Guerart, eulx venuz, elle qui parle fu prinse et tirée à part par icelle Macete, femme dudit de Ruilly, et priée et requise très-instanment que elle voulsist dire audit de Ruilly, son mary [ceci] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 304). ...lors damp Abbés a part la tire et ly dist : "Ma dame, vous y viendrez, car je l'ay pour tous deux promis et juré..." (LA SALE, J.S., 1456, 288).

 

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Tirer qqn d'un costé / d'une part. "Prendre qqn à part" : Quand elle vit son frere indigné contre elle, elle le tira d'une part et luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 359). Tantost apres graces, le tira d'un costé, et, en luy baillant sa lettre, dist qu'il ne feist semblant de rien (C.N.N., c.1456-1467, 479).

 

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Tirer qqn aval. "Faire tomber qqn" : ...et lui cheut, remonta lesdiz degrez, vint à elle qui parle, print icelle par le colet de la robe, le tira aval lesdiz degrez tant que elle qui parle et lui cheurent tout au plus bas desdiz degrez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 509).

 

4.

"Soumettre qqn à la question (en l'étirant avec des cordes sur le petit ou le grand tréteau)" : Gehinez serez et tirez : Prevosts vous tiennent et sergens. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 184). Et dist, sur ce requis, que ycelle derreniere confession par ly faite par devant ledit mons. le prevost, il fist par force et contrainte de gehine, en laquelle il fu mis et tiré (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 530). ...et icelli Breton lui respondi qu'il avoit paour qu'il ne feust trop tiré, et qu'il avoit veu un que l'en disoit estre empoisonneur, qui avoit esté sy fort gehiné en ladite gehine qu'il en estoit mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 546).

 

-

Tirer qqn à (quatre) chevaux. "Faire démembrer qqn par quatre chevaux qui tirent chacun d'un côté, écarteler" : ...une dame de France nommée Brunehault fut pugnye et tirée à IIII chevaulx, en la ville de Paris, ou lieu dit Croix du Tiroër. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°). Tiré fut Saint Hippolyte a quatre chevaulx Et en quatre pars desmembré. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 123). Tu seras a chevaulx tiré Et trainé par boys et par hayes Sans jamais cesser, tant que ayes Regnié ton dieu Jesu-Crist. Avant ! tirans, sans nul respit Despouillés le moy en chemise ; En chascun membre luy soit mise Une corde, c'est mon vouloir (Myst. st Laur. S.W., 1499, 271).

 

5.

En partic. "Envoyer un projectile"

 

a)

Empl. trans.

 

-

Tirer une fleche / des coups d'epee / des carreaux... : Je suis le bersault contre qui chascun tire sajettes de tribulacion. (CHART., Q. inv., 1422, 20). ...on tireroit après lui de bons quarreaux d'arbalestes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 115).

 

Rem. Doc. 1441 (il luy tireroit ladicte fleche), 1459 (qui m'a tiré trois ou quatre coups d'espee) ds GDC X, 770a. Myst. Viel test. R., c.1450, v.35747.

 

.

Tirer un arc : ...plus hault qu'un archier ne trairoit D'un bien fort arc, s'i le tiroit ["s'il le tirait"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 216).

 

.

Tirer d'un arc : Estes vous tels Que mon arc et la droite vire, Dont je m'esbas et dont je tire, Me volés ore contredire (...) ? (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 94).

 

.

Tirer qqn. "Lancer un projectile sur qqn" : ...le dit sr Jehan fut tirez d'ung virton parmey le bras et d'une espée en la cuisse. (AUBRION, Journal L., 1490, 260). [GDC X, 770b]

 

-

Tirer artillerie. "Tirer des coups d'artillerie" : Et ce dit jour ne fut tiree artillerie de costé ne d'autre en quelque façon ou maniere que ce fust. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 255).

 

.

Tirer un / des coups d'artillerie : ...car, en moins de trois heures, on tira plus de trois cens coups d'artillerie contre le dit chasteau. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

 

b)

Empl. abs. : ...Car tu tires sans descocher ["tirer à l'arc"]. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 102). Et que la lumiere du ciel seroit obfusquee par la multitude des sayettes quant on tireroit en l'air. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 169). Et donne l'exemple de l'archier qui tyre aux buttes. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 188). ...et y assortit-on toutes les meilleures pièces (excepté les bombardes et autres grosses pièces, qui ne tirèrent point) (COMM., I, 1489-1491, 62). Tant continuerent les ditz françois canonniers a tirer si tres impetueusement, que les autres furent contrains d'eulx retirer autre part. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

-

[D'une arme à feu] : ...il rompit et mit en plus de mille pieces les bastons qui ainsi fort tiroient contre les Françoys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

-

Tirer de + subst. désignant une arme à feu. "Lancer une salve" : ...et tira luy mesmes des dictz faucons au dict drappeau, lequel il approcha de deux dois ou environ, trois coups ensuivant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 302).

 

c)

Inf. subst. "Tir" : Alors, pour la nuit qui survint, le tirer des bombardes cessa. (LA SALE, Sale D., 1451, 243).

C. -

[Le mouvement imprime une forme à un objet ou crée une forme]

 

1.

"Tendre qqc." : C'est une perche qui soit tendue bien tirant [Éd. "perche tendue de sorte qu'elle a une grande force répulsive"] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 259). On doit avoir tant d'aguilles come on voudra et de deux en deux, l'une pres de l'autre, les lier de poill de cueue de cheval ou de jument. Et puis, quant ce sera lié de sis ou de huit rancs a l'environ, on doit tordre l'une aguille de l'une part et l'autre d'autre, tant come on pourra. Et, quant ilz seront bien tiriez, on les doit remettre l'une pres de l'autre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 268). ...de plus en plus fort tiroit son maistre le las [D'un lacet judicieusement placé, le maître a pris au piège un trop entreprenant galant] (C.N.N., c.1456-1467, 456). Il portoit la robe courte, chausses tirées, a la fasson de court (C.N.N., c.1456-1467, 530).

 

-

"Tirer, tendre, bander (la corde de l'arc)" : ...l'en doit traire et tirer son arc fort (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 131). Cupido a pris l'arc turquois ; La saiette trait dou carquois, Qui fu tranchans et affilee, Longue, droite et bien empanee. La saiette mist en la coche, Moult fort tire et elle descoche ; Le dieu d'enfer tel cop en baille Que tout droit parmi la coraille Li a mis le fer et le fust. (MACH., C. ami, 1357, 86).

 

2.

"Étirer qqc." : Celle toile tirés et selle. Nicodemus, je pressuppose Que nous ne facions nulle chose Que desplaisante soit a Dieu, De vouloir que ce corps reppose En terre qu'est si villain lieu ? (Pass. Auv., 1477, 259).

 

-

[Une partie du corps] "Étirer, distendre" : Tant plus fort tirarons les bras Et les jambes de ce Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 194).

 

.

Empl. abs. : Balhe ça ces cordes et las, Et Cinelle et moy tirarons Si fort que ses os desjoindrons Et les piés joindront au partuis. (Pass. Auv., 1477, 198). De forsse de tirer je sue ! (Pass. Auv., 1477, 199).

 

.

À l'impér. : Frape fort et je tirarey. Tire, tire, je clouerey. (Pass. Auv., 1477, 197). Prunelle, tire fort ; ayde moy ! (Pass. Auv., 1477, 199).

 

-

Part. passé [D'un vêtement] "Ajusté" : ...toille, canevatz et chanvre pour faire des bas de jacquectes tirées (Comptes roi René A., t.2, 1478, 66).

 

3.

"Tracer"

 

a)

Tirer une ligne : Puis de l'intersection des deux traiz volans de .c. je tyre la ligne .c.b. et la ligne .c.d. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 393).

 

-

Empl. abs. : Traces une ligne orthogonale de .h. en tyrant vers .g., de longueur indeterminee et soit equedistant a la ligne .j.k. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 176).

 

-

[Une voie, une tranchée (en la creusant)...] : La tranchée que les gens du roy avoit faicte estoit fort longue, tyrant vers Paris, et tousjours la tyroient avant et gectoient la terre de nostre costé pour se taudir de l'artillerie (COMM., I, 1489-1491, 62).

 

-

[Une image, une représentation (en la créant)] : ...Non pas en char, mais en painture, Que l'en tire mon estature D'encre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 141).

 

.

Tirer au vif / sur le vif : Si tost qu'il fut entré, trouva une teste de loup, laquelle estoit de marbre faicte et taillee par curieulx et industrieux artifice, car elle estoit tiree sur le vif si proprement que on eust peu dire, au premier sault, que la dicte teste estoit toute vive. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 74). Autres [tableaux] de plusieurs personnaiges tirez au vif (Doc. 1499. In : Le Roux de Lincy, Bibl. Éc. Chartes 11, 1849-1850, 169).

 

b)

Tirer une meule. "Garnir (la surface active de la meule) de rayons et de rainures"

 

Rem. Doc. 1414. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 909.

D. -

Au fig.

 

1.

Tirer qqn

 

a)

"Entraîner, attirer qqn" : Car, s'il eschappe ainsi delivre, Il pourra autres nacions Tirer par predicacions (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 231). ...le comte de Charolois (...) avecques sa noble compaignie, chevaliers et escuiers, tira les coeurs et les yeux en admiration de son riche arroy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 45).

 

b)

Tirer qqn qq. part. "Attirer qqn qq. part" : ...puis faignant d'avoir paour fist tant que en fuiant il tira les ennemis jusques la ou l'embusche estoit assise (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 103).

 

-

[D'une chose] : ...je y suis amoureux [en Brabant] voirement. Et a ceste cause m'y tire le cueur tant roiddement et si fort que je faiz doubte que force me sera d'abandonner vostre Barrois. (C.N.N., c.1456-1467, 175). ...ce bon chevalier se trouva en une bonne ville en Alemaigne, pour aucuns affaires qui l'y tirerent (C.N.N., c.1456-1467, 428).

 

-

Tirer les chiens. "Rallier les chiens (à celui qui crie)" : Et, s'il oit que aucun de la venerie le forhue, ou avec le change ou sanz le change, il doit laissier tout et ferir de l'esperon droit la et y tirier touz les chienz qu'il a (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 205).

 

c)

Tirer qqn à

 

-

Tirer qqn à qqc. "Entraîner qqn à, vers qqc." : Lors respondirent li tirans, A la mort Daniel tirans : "Rois, or saches certeinnement Que Daniel communement Aoure son dieu a genous Trois fois le jour. Chascuns de nous Le scet, l'a veü, l'a prouvé..." (MACH., C. ami, 1357, 38). À joie me tire Espoirs, Diex li mire ; Et si me fait rire, Quant sui en tristour, Car il me vient dire, Quant mes cuers souspire : "Lay triste matire, Ton dueil et ton plour, Retourne en baudour..." (MACH., Lays, 1377, 418). Lazer, mon amy, mon bon frere, Comme sçavés, nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer, Fin que puissions admeriter Le saulvement de nostre arme. (Pass. Auv., 1477, 133). Je le vueil veoir, car son amour m'y tire. (Berg. agn. France L., 1485, 39).

 

-

Tirer qqn à mal. "Entraîner qqn au mal" : Et dient les docteurs que Dieu leur fit grant cortoisie, car leurs parens lez eussent tirez a mal. (GERS., Pent., p.1389, 80).

 

-

Tirer qqn à + inf. "Conduire, amener qqn à" : ...d'acueil si gracieux que tiroit à lui amer princes, princepces, chevaliers, nobles et toutes gens, qui le frequentoient et veoient. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 154).

 

-

Qqc. tire qqn à fin. "Faire mourir qqn" : ...il fault que vous montez sur elle et que vous la roncynez (...). Aultrement ne sera point estaincte la grand ardeur qui la seche et tire a fin. [D'un médecin, au mari d'une femme "malade"] (C.N.N., c.1456-1467, 136).

 

-

Tirer qqn à soi. "Attirer qqn de son côté" : Cil quy par ce fleuve a luy tire Ceulz qui y passent sagement (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 54). ...et predist plusieurs choses, moult bien à la verité, au moïen desquelles choses, iceulx Veniciens le tirerent par force d'argent à eulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 r°).

 

.

[De Dieu] "Amener, attirer qqn à soi (dans une démarche spirituelle, mystique)" : Je veulx servir a l'esperit, Lequel, mon Dieu, estoit perit, Si ne m'eussiés ad vous tiree. (Pass. Auv., 1477, 150). O bon Jhesus, a qui je croy, Qui m'as ce jour a toy tiré, Quant tu pendies a le croix, Benite soit ta charité ! (Pass. Auv., 1477, 252).

 

.

Tirer qqn en paradis : ...Affin que puissons sans faintise Tellement Jhesucrist honnorer, Qu'en paradis lasus nous tise Pour pardurablement regner. (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 418). [Forme due à la rime]

 

d)

Tirer qqn (hors) de qqc. "Délivrer qqn d'un état pénible" : ...avance toy, mon chier enfant, qui jadiz estoyes la joye de tout mon cuer, haste toy pour moy secourir, pour moy tirer et delivrer de ce tres doloreux tourment (GERS., Déf., 1400, 227). Et puez delivrer et tirer hors, moy, ceste povre chartriere, moy, ta povre mere jadis, qui a present est mise et gettee toute en affliction. (GERS., Déf., 1400, 227).

 

2.

Tirer qqc.

 

a)

Tirer qqc. à

 

-

Tirer qqc. d'abstr. à soi. "Amener vers soi" : Et pour ç', amis, je te chastoi Que les vertus tires a toy, Et s'en lay toutes autres choses, Car plus souëf sentent que roses, Et richesses et vices puent, Si qu'ame et corps a un cop tuent. (MACH., C. ami, 1357, 70). ...et tirans a luy les aornemens du royame... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 45).

 

-

Tirer le dé à Dieu. "Avancer, amener le dé (?)" : ...cela me rend lorche ["cela me fait perdre la partie"] ; C'est à Dieu trop tiré le dé. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 172).

 

-

Tirer qqc. à qqc. "Amener qqc. à qqc." : ...je tire à conclusion cest present dittié (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 27).

 

-

Tirer qqc. en exemple. "Faire de qqc. un exemple" : ...car le menu peuple (...) tire tantost la vie des plus souverains en exemple. (Bouciquaut L., 1406-1409, 414).

 

-

Tirer qqc. à + inf. "Mener, conduire qqc. à" : Monsigneur, se Dieus me doint joie, A vëoir plus vous desiroie Que signeur qui fust en ce monde Pour le bien qui en vous habunde. Et tous les jours en oy tant dire Que raison ma volenté tire A vous amer et oubeïr Et a vous volentiers veïr. (MACH., F. am., c.1361, 187).

 

b)

Tirer qqc. de

 

-

Tirer qqc. de qqn. "Obtenir qqc. de qqn" : ...je suis par force de travail si rebouté qu'on ne tireroit point de moy une lyeuette de chemin (C.N.N., c.1456-1467, 207).

 

.

"Obtenir qqc. (des renseignements) de qqn en le sollicitant avec insistance" : Et pour ce que autre chose n'ay peu tirer dudit Bourdin, j'ay fait adjourner icellui Bourdin aujourduy samedi XVIIIe jour dudit mois, par Jehan Saumeur, sergent royal, à lundi prochain, à comparoir en personne par devant moy sur peine de bannissement de ce royaume et de confiscacion de corps et de biens. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 485).

 

-

Tirer qqc. de qqc. "Dégager (un profit, matériel ou autre) de qqc." : ...laquelle mine, veue et visitée par les dessus diz, ont dit et rapporté qu'il leur semble de prime face que la dicte mine ne vault gaires et qu'elle cousteroit plus à ouvrer que on n'en pourroit tirer, mais dient que si elle estoit leur, ilz feroient trier et séparer la dicte mine qui est de diverses sortes et en feroient faire des essaiz et celle qui trouveroient estre la plus prouffitable le mectroient en empure et que autrement ne le sauroient estimer ne apprécier. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 325). ...toudis se treuve recullé en soy avanchant et du naturel cours de vertu en soy ensievir dont tous les haulx hommes du monde de jadis ont tiré aulcun fruit, ly seul en demeure frustré et n'en peut tirer effect. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 139). ...de povreté et d'affliction desesperables ont tiré glorieuse fin et victoire. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 145).

 

.

Tirer argent de qqc. "Obtenir une certaine somme d'argent de la vente de qqc." : Et au regard de dix huit cens quatre vins quintaux treze livres de plomb qui sont dessus desclairées en l'inventaire, en ce compris ce qui en a jà esté vendu, dont Briçonnet a receu l'argent, ilz n'ont point encores esté mis à pris pour le Roy pour ce que on essaiera de les vendre à marchans le plus que on pourra pour en tirer argent. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 318).

 

Rem. Peut-être faut-il placer ici l'ex. suiv. (sinon la prép. de s'expliquerait difficilement) : Mercy de prince esperer (...) Aujourd'uy est de mal tirer, Car elle est trop parfont fondée. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 4).

 

.

Empl. abs. "Récolter un profit" : Pour ce que chascun ne s'assemble Et au commun bien ne s'applique, Ains pour lui tire, have et emble, Mal va vostre chose publique. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 103). Ce fut assés tiré pour ung hutin ["C'était récolter assez en guise de salaire"] (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 116).

 

c)

Tirer qqc. après soi. "Entraîner qqc." : Le temps tire apres lui toutes choses morteles, et ainsy comme le ciel tourne, semblablement nostre vie court apres lui. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26).

 

d)

Tirer qqc. jus. "Rabattre qqc." : ...il li convient Donner un plus aigre martyre, Qui sa force et sa jangle tire Jus de tout point. (Mir. st Ign., 1366, 88).

II. -

[Le mouvement (au propre ou au fig.) est effectué par le suj.]

A. -

Empl. intrans.

 

1.

Au propre

 

a)

[D'une pers.]

 

-

Tirer qq. part. "Se rendre, aller qq. part" : Li rois manda grant multitude Des princes et des gouverneurs De son païs, grans et meneurs. Princes, juges, dus et tirans Furent tuit celle part tirans. (MACH., C. ami, 1357, 19). ...[il] la fuyoit comme tempeste ; car, s'il l'eust sceue en une place, jamais n'y eust tiré, mais tousjours au contraire. (C.N.N., c.1456-1467, 489). ...essuant ses yeux de ses pleurs, tira vers la tombe (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 81). Tirons par dela, a l'escart. (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 64).

 

.

Tirer à / en. "Se rendre, aller à, en" : Madame, qui de ses amours premieres ennuyee estoit, dist qu'elle estoit travaillee et que on tirast a l'ostel. (LA SALE, J.S., 1456, 275). Lors le seigneur de Saintré print soubz le bras Madame et en sa chambre et ses femmes mena, aussi damp Abbé tira en une autre (LA SALE, J.S., 1456, 292). ...icelui Jehan, acompaigné de ung nommé Jehannin Baudot et d'un autre, nommé Jehan Lorette, tiroient de Gorze au lieu de Fou (Lettres rémission René II P.D.H., 1477, 109). ...au XVIIe jour que Dieu fist apparoir l'arc ou ciel, en signe de promesse que jamais ne seroit deluge par eaue, et partirent la terre en trois parties et chacun d'iceux tira en sa partie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 14 r°). ...puis tira en l'isle de Pathmos, où il tua l'orrible monstre, qui mengeoit les hommes et les bestes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°). Cestui jugea sur une commecte, qui apparut sur Paris, l'an 1465, le Ve jour après que le roy Loys se fut parti pour tirer à Orleans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°). Lequel jour il fit acoustrer ses gens tous pres a partir et se mettre en voye pour tirer a Lyon. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323).

 

.

Tirer (en) telle ou telle part. "Aller de tel ou tel côté" : Checun de vostre part yra Si toust que vous vous partirez Et pour tant en la part tyrez Dont vous nous faictez mencion. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 425). Et pour aller secourir le Roy et le royaume se leva de son dit siege pour tirer la part où les ditz Angloys tireroient (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 15).

 

-

Tirer (plus) avant. "Continuer sa route, avancer" : ...ilz ne laisserent point pourtant que ilz ne tirassent avant en paÿs (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 178). Tirés avant et cheminez autre erre (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 122). ...Qu'il eust besoing d'ung coup de fouet Pour le faire tirer avant. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 275). Sus, Nolly sus, tire avant, tire ! (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 101). ...au partement de son armée pour tirer plus avant, vous et les cappitaines qui sont par deça estes délibérez de mettre le feu ès faulxbourgs de la ville de Vitré (Cartul. Laval B., t.3, 1488, 354). ...après la victoire (...) et les prinses des villes de Fougieres, de Dinan et de Saint-Malo, il nous estoit facille tirer plus avant et mectre le surplus dudit pays en nostre obeissance (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 236). PREMIER [TIRANT]. Sa, sa ! SECOND [TIRANT]. Il vous fault manÿer ! TIERS [TIRANT]. Marchez beau ! QUART [TIRANT]. Or tirez avant ! PREMIER [TIRANT]. Sans plus l'allee denÿer, Vuydez a coup ! SECOND [TIRANT]. Devant ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 347).

 

-

Tirer contre. "Aller du côté de, dans la direction de" : Samedi, .IIII. jour d'avril, le roy au dict Napples ouyt la messe a la Nunciade, et disna en son logis. Et aprés disner alla jouer devers la mer du costé du marché, en tirant contre Calabre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

-

Tirer outre. "Continuer sa route (dans telle direction, vers tel endroit)" : ...puis lui dist adieu et puis tira oultre. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 7). Et par ainsi les chevaliers tirarent tousjours oultre jusqu'a Digon (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 31). Enfans, il nous fault tirer oultre. Levés sus, et dirons nous graces. (Pass. Auv., 1477, 156).

 

-

Tirer à qqn. "Se diriger vers ou contre qqn" : Car, tirant a luy, as visé A le tuer visiblement. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 112).

 

-

Tirer après qqn. "Chercher à rejoindre qqn" : ...messire Simon d'aventure, qui s'en venoit de l'Escluse de veoir sa femme, alla tyrant raddement aprés messire Anthoine de Rocebaron et les aultres (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 217).

 

-

Tirer vers qqn. "Aller vers qqn, dans la direction de qqn, aller à la rencontre de qqn" : Des Seraines les chancons belles Oy [Ulysse], et ne tira vers elles. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 225). ...le procureur (...) survint, et marche avant pour tirer vers son clerc, pour regarder qu'il escripvoit (C.N.N., c.1456-1467, 153). ...ledit suppliant tira vers lesdiz marchans tant qu'il peut et parla à eulx, ainsi qu'ilz s'efforçoient de passer, avec lesdiz chevaulx et marchandises par ladicte achenau (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 266).

 

.

Tirer vers la part de qqn : Car par li einsi m'atiray Crueusement et martyray, Quant premiers vers sa part tyray, Si que plus chier à partir ay Li que j'en face departie. (MACH., Lays, 1377, 312).

 

-

Tirer après qqc. "Suivre qqc." : Ilz tirent, Au vouloir Dieu et son aïde, Aprés l'estoille qui nous guide. Dieu doint qu'a bon port nous admaine ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 81).

 

b)

[D'une chose en mouvement] "Aller dans telle ou telle direction" : Ainsi [les navires grecs] s'en vont, tirant vers Grece (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 244).

 

-

Au fig. Tirer à. "Se diriger vers" : SAINCT MARTIN. (...) A mes prieres ton plaisir soit d'entendre Puisque congnois le poinct ou je veulx tendre, Et tire a toy ma deprecacion ; Car pour du tout en ta grace m'actendre, Las, on m'a fait en ce lieu cy estandre, Lequel est tout remply d'infection ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 248).

 

c)

[D'une pers., d'un animal, sans compl. de destination] "Aller, avancer" : Lievres fuient en diverses manieres, quar aucunnes fuient tout droit, tant comme pourront tirer, une ou deux lieues, puis fuient et refuient sus elles et demeurent, quant plus ne peuent, et se font prendre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 79). Se longuement ainsi tirons, Tantost en arons vive enseigne. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 426). Et ainsi coururent ilz par celle forest l'un devant l'autre jusques au soir que le soleil esconssoit, tant que leurs chevaulx pouoient tirer (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 232). ...et s'en va tant que son cheval puet tirer (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 173). Ung homme negociateur (...) avoit (...) ung cheval et ung asne, lesquelz il chargeoit de plusieurs marchandises (...). Le cheval, qui peu chargé estoit, (...) tiroit tres diligemment pour gagner la maison (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 78).

 

-

[D'un oiseau] "Voler" : Et quant le faucon qui vole est enmi son haut, il doit oster le chaperon a son faucon nouvel, et se il bat pour aler a l'autre, il le doit lessier aler, si tirera contre le vent droit a l'autre contremont (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 191). Et aussi les herons les virent Qui tournent court et amont tirent (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 168).

 

-

Tirer de l'aile. "Fuir" : Et le dit turbot tyroit de l'ayle tant que luy estoit possible pour eviter les dens et morsures du dit dauphin. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 81).

 

-

Au fig. "Se mouvoir, se trouver (dans tel ou tel état)" : Car ma bouche ne peut parler, N'a paine le corps endurer La gresve langueur ou je tire (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 209).

 

2.

P. anal.

 

a)

[D'une chose immobile] Tirer en / sur / vers qqc. "Être orienté vers, se rapprocher de, avoir telle ou telle direction ou destination" : À Nicolas Gienot, consierge du jardrin d'Aix, le XXe jour de juin, la somme de cinquante florins pour convertir et employer à faire paver la court et encommencer une gallerie qui part de la chambre du roy, et va le long du jardrin, tirant en la cuisine de son hostel d'Avignon (Comptes roi René A., t.1, 1478, 26). Le colliege du Roy est à Paris, entre la rue de la Herpe et Saint Severin, ou milieu de la rue de la Parcheminerie, tirant vers la conservacion et sont diz les bourciers du coliege de astrologie et medicine, escoliers du Roy. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 r°).

 

-

Tirant à / vers. "Situé près de, proche de, du côté de" : Or y avoit en Champaigne, emprès Troyes, tirant vers Barrois, une place nommée Chappes (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 43). La tranchée que les gens du roy avoit faicte estoit fort longue, tyrant vers Paris, et tousjours la tyroient avant et gectoient la terre de nostre costé pour se taudir de l'artillerie (COMM., I, 1489-1491, 62). ...car la premiere habitacion fut près Jherusalem, entre Hebron et Betheleem, tirant vers le 7e climat où elle procede, duquel la longitude est 46 degrés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). ...Et la planta gayement son enseigne, Car il y a une belle petite ville, Et bon chasteau fort tirant a montaigne, Qui appartient a messire Virgille. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 228).

 

b)

[Idée de ressemblance]

 

-

[D'une couleur, d'un parler...] Tirer sur. "Avoir quelque ressemblance avec (une autre couleur, un autre parler...)" : Quant Luces eut entendu les parlers de la dame qui tiroient sur le rommain ["dans une langue proche de celle des Romains"], il en devint tout esbahi (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 487). La XIIIe maniere est la chair de tremulus, lequel est ung oyseau qui se tient pres de la mer, et moindre en quantité que la poullet, et est de couleur tirant sur noir, et vole hault et legierement (Rég. santé corps C., 1480, 71).

 

-

Tirer en. "Ressembler à, se rapprocher de" : ...une matiere de plus orbe lueur tirant en maniere et fachon de femme (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 565).

 

-

Tirer après. "Ressembler à" : ...Rosiers, cyprés, gardinaiges et prés Tirans aprés ung petit paradis (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 281).

 

3.

Au fig.

 

a)

[D'une pers.]

 

-

Tirer à qqc. "Viser à qqc., aspirer à qqc., tâcher d'atteindre, rechercher qqc." : Or puis je moult bien sus ces dis Qui ci devant ont esté dis Faire un po de comparison A mon pooir sans mesprison. Pour certein, le cas le desire, Et d'autre part mes cuers y tire. (MACH., D. Aler., a.1349, 398). De nuit, en estudiant, veille, Et puis de jour, son corps traveille En travail ou li bons s'atire Qui a honneur traveille et tire. Einsi va son corps deduisant Toutes heures en bien faisant. Si fais estas donne couleur De maintenir homme en valeur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 158). Car cils qui fait premierement Honneur, on dit communement Qu'il a la grace dou bien fait, Nom pas cils a qui on le fait ; Et plus va a amour tirant Cils qui preste que cils qui rant. Einsi est il de tous services Et aussi de tous malefices : Car qui d'autrui grever se peinne, Certes, il doit porter la peinne. (MACH., J. R. Nav., 1349, 252). ...Monsigneur Jehan de Rochefort, Qui est Bretons et tire fort À haute honneur et soir et main ; Monsigneur Jehan de Sovain, Qui est Engevins, là estoient, Et nuit et jour se compaingnoient (MACH., P. Alex., p.1369, 143). LE DUC DE NORMENDIE. Robert, a quoy tens tu, ne tires ? Il me semble que tu empires Et vaulx pix hui que devant hier. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 3). ...Afin de courir et fluer Et derechief continuer Son delit et son desirer Ou ce a quoy il weult tirer. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 54). Vëoir n'oïr ne puis riens qui destourne Moy ne mon cuer, quel part que face tour, Qu'à vous toudis ma pensée ne tourne Et que vostres ne soie sans retour. Si que de loing voy vostre cointe atour Et vo gent corps où il n'a riens à dire. Pour ce toudis ma pensée à vous tire. (MACH., L. dames, 1377, 212). N'à riens ne tir Fors que tost morir, Quant languir Et gemir M'estuet main et soir. (MACH., Lays, 1377, 444). ...à riens ne tir Qu'à servir Et cherir Ma dame, à qui tous me doing. (MACH., Lays, 1377, 453). Quelque semblant que la maistresse long temps a son clerc eust monstré, qui tiroit fort au train de derriere, si luy avoit jeunesse et crainte les yeulx si bandez (C.N.N., c.1456-1467, 151). ...et estoit dit lors que celle volonté que le roy Loys avoit lors, tirant à paix, se mueroit temprement en autre condition (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 225). ...car ce malvais tirant Nous fera, s'i peut, renoyer La creance ou je suis tirant. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 18).

 

-

Ne tirer qu'à une. "Suivre une seule direction ou suivre une seule idée" : ...[ils] monterent a cheval et de plus belles s'en vont querans les lievres. Et le bon chevalier, qui ne tiroit que a une, menoit tousjours la brigade le plus qu'il povoit arriere de la bonne ville ou ses compaignons avoient grand vouloir de retirer. (C.N.N., c.1456-1467, 475).

 

-

Tirer à la fin / à la mort. "S'acheminer vers la mort" : Et tousjours tyre a la mort (Pac. Job M., c.1448-1478, 347). Message sur aultre venoit vers luy, car sa bonne mere, qui tiroit a la fin, le vouloit veoir (C.N.N., c.1456-1467, 460).

 

-

Tirer à (une science). "S'orienter vers (une science)" : Cestui, lui estant à Boulongne et à Pavie, a vacqué ès jugemens particuliers longtemps, comme je lui ay oy dire, mais, pour ce que ne sont "de pane lucrando", il a tiré à la pratique de medicine et touttefois est bien erudict en la science astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 165 r°).

 

-

Tirer qq. part. "Aspirer qq. part" : Briefment, il n'avoit d'argent cure Ne riens qu'onneur ne desiroit. La ses cuers seulement tiroit. (MACH., C. ami, 1357, 104).

 

-

Tirant à qqc. "Ayant en vue qqc., par égard à qqc." : Toutes-voies le duc Philippe de Bourgongne, tirant à la haute nature de son rang, le visita souvent, et avec dues révérences (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 160).

 

-

Le coeur tire (à qqn) vers qqc. / qq. part. "Le coeur de qqn est attiré qq. part" : Elle voit bien par le sentense Que mon coer aillours tire et pense. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 142). ...en son langage luy donna assez a cognoistre que le cueur luy tiroit fort devers Brabant. (C.N.N., c.1456-1467, 175).

 

-

Tirer à qqn. "Être attiré par qqn, chercher les faveurs de qqn" : Et pour l'amour d'une seule a cui tir... (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 153). Car tous jours tire a vous, par m'ame, Par le grant desir qui m'enflame (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 121).

 

-

Tirer du costé de qqn. "Se rallier à l'opinion de qqn" : Tant bien compta sa cause que son mary tira de son costé, et fut content que l'on feist citer nostre nouveau maryé (C.N.N., c.1456-1467, 499).

 

b)

Tirer à / de + inf. "Chercher à, viser à, tendre à" : Et tousjours tirer devez De combatre en leur pais (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 340). ...autrui chose, soit maison, heritage, ou quoy que ce soit, je ne tyre a avoir frauduleusement (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 123). ...yceulz tirans (...) Sont a destruire tous tirans. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 141). Si fault que chascun de nous tire De le suivir diligemment. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 170). Et trop fort tire A villipender mon reame. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 20). ...je tire A garder en tout vostre honneur (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 103). Amis de Dieu, ung chascun tire De Dieu prier (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 386). ...tresconvoiteux estoit et homme de grand diligence, et qui fort tiroit d'acquerre et gaigner. (C.N.N., c.1456-1467, 289). ...à prendre l'eau pour seoir à table [pour faire la toilette des mains] (...) Par quoy, tout jeusne comme il estoit et bien enseigné, tira le dit comte à laver avec luy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 312). Si fault que chascun de nous tire A l'ensuyvre par toute voye (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 131).

 

-

Tirer pour + inf. : Amy, vis ["avis"] m'est que ton cuer tire Pour ce fleuvë aval aler (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 58).

 

c)

[D'une chose] Qqc. tire à qqc. "Tendre à" : ...De mon desir qui tire au jour Que ma dame temprement voie. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 135). Brief, je n'ay membre qui a mort si ne tire. (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 66). ...le mistère en seroit ou trop long pour escrire ou trop tirant à vanité d'en faire le conte (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 6). ...mais y ot entre eux depuis longuement diverses questions et difficultés moult dangereuses et dont les fins ne tiroient qu'à tribulation (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 450). ...celuy par qui tout pouvoit tirer à mal ou à bonne yssue (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 15). ...et la saison tiroit fort à l'iver (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 33).

B. -

Empl. trans. [Empl. trans. avec objet "interne"]

 

1.

[D'une pers.]

 

-

Tirer son chemin (à / vers). "Poursuivre sa route (à / vers)" : ...il monta a cheval et se partist tirant son chemin a la très povre cité de Linterne (LA SALE, Sale D., 1451, 255). Et en tirant mon chemin, ay passé par Moulins en Bourbonnois, où j'ay trouvé monseigneur de Culant (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 649). La chambriere, tirant son chemin vers l'ostel du curé, trouva le piege (C.N.N., c.1456-1467, 354). Et lors fut refusée l'entrée d'aucunes places au Roy et à monseigneur le connestable en tirant leur chemin (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 174).

 

-

Tirer les champs. "Poursuivre sa route à travers champs" : Et bien pou après se deslogea ledit Venables et sa compaignie de ladite abbaye de Savygny, et se mist à tirer les champs ès marches de Normendie et du Maine. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 176).

 

-

Tirer pays à / vers / pour. "Poursuivre sa route à / vers / pour..." : Oudit an y avoit une grant compaignie d'Angloiz et de Bourguongnons assemblez (...) lesquels tiroient pays pour aller mettre aucun siège ou autrement quérir leur advantaige. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 128). ...elle ira veoir s'elle orra nulles nouvelles et tire païs vers l'ostel du curé. (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

.

Tirer avant le droit chemin qq. part. V. chemin

 

2.

[D'une chose]

 

-

Tirer tant. "Mesurer tant" : Et pourtant divise 25 par 6, si auras 4 1/6 qui adjoustez avec 6, montent 10 1/6 ; et tant tyre le dyametre d'icellui cercle. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 294).

C. -

Empl. pronom.

 

1.

Au propre

 

a)

Se tirer qq. part. "Se rendre, se diriger qq. part" : Car contre luy est malement (...) dont ensus se tire (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 228). Nous avons trouvé compaignie Qui se tire a nostre chemin. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 80). Le petit Saintré, quant il fut bien loing de la chambre, se tira a un costé et regarda de ça et de la se nul le veoit (LA SALE, J.S., 1456, 51). [Contexte métaph.] ...du renc des jaloux [le mari] se tiroit tresprès du hault bout (C.N.N., c.1456-1467, 92). [il] se tira par devers la justice du dit Londres, devant lequel fut baillé jour a nostre homme (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...[le mari] se tira vers le lieu ou ce beau deduit se faisoit. (C.N.N., c.1456-1467, 432). Les armes furent achevées, et se tira tantost chacun vers ses brebis (C.N.N., c.1456-1467, 483). [La beste est] Soubz ses buissons. Les chiens ne s'i ausent tirer. (Pass. Auv., 1477, 143). Au moyen de quoy plusieurs de bonne heure se tirerent ès autres parties salubres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38 r°). ...son dit cheval se tira tout a cop pres du dit puiz si soubdainement que le dit homme cheut en icelluy puiz et fut noyé (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

-

"Se tourner qq. part" : Amis, se bien te vues vëoir, Fai tant qu'aies le mirëoir D'onnneur adès devant tes yeus En tous estas et en tous lieus, En tous fais et en toutes ouevres, Et garde qu'onques ne le cuevres, Si qu'adès voies clerement D'onneur le bon enseingnement. La te resgarde, la te mire, La estudie, la te tire, La met cuer et corps et entente, La soit ton adresse et ta sente ; Car de toutes les fleurs c'est celle Qu'est la milleur et la plus bele. (MACH., C. ami, 1357, 139). Là me confort, Là seulement me deport, Là sont geté tuit mi sort Et là me tir ; Là vueil je vivre et morir Et là m'acort ; Là seront tuit mi ressort Jusqu'au morir. (MACH., Ch. bal., 1377, 615). Là m'ottroy, Là porter foy Vueil bonnement ; Là vueil amoureusement Vivre et morir ; Là me tir, Là mi desir Sont, là m'employ, Là meint tous le cuers de moy Entierement (MACH., Lays, 1377, 430).

 

-

Se tirer à / vers / devers / envers qqn. "Aller vers qqn, s'adresser à qqn" : Directement envers moy se tira (Compl. lion G., c.1470, 296). Jeunesse je veulx mespriser Et despriser, Pour mieulx suyvre vie virtueuse. Pour ce me suis voulu tirer, Pour m'adviser, A Jhesus, qui a voix gracieuse. (Pass. Auv., 1477, 118). ...si tost que les dis eschevins en auront cognoissance, soit par la plainte des injurréz ou dampnifiéz ou autrement, qu'ilz se tirent devers le cappiteine et gouverneur de nos dites ville et Cité, lequel fera ou fera faire par aucun ou aucuns des dis eschevins information sur les cas (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 463). ...craignant la fureur d'icelui empereur, se voulut absenter de la region occultement, si se tira à conseil, pour ce faire, devers ung grant astrologien, nommé Alhaten (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

 

.

[De la prière] : ...Dieu, nostre sire, Vers qui ma prïere se tire (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 58).

 

-

S'en tirer vers. "Se diriger, s'en aller vers" : Ilz se rengerent en bataille fermee, Qui fut a eulx besongne assez facille, Et s'en tirerent vers l'isle de Cecille (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

Se tirer arriere. "S'éloigner, reculer" : Arriere mais adonc me tire, Et en moi tirant je souspire (ACART, Prise am. H., 1332, 47). La royne coups perilleux Leur depart de si grant maniere Que tous les fait tirer arriere (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 146). Sy vous tirez arriere tant qu'ilz soient tous passez. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 82). ..."tirez vous toutes arriere, car je le veul savoir." Et quant toutes furent bien arriere, Madame lui dist : "Or ça, mon ami, jusques cy je suis bien contente de vous..." (LA SALE, J.S., 1456, 58). Puis lui dist : "Tire toy arriere de ma clarté, car tu me ostes ce que tu ne me sauroies donner, c'est la challeur du Soleil, qui est aussi bien pour moy comme pour toy". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°). SAINCT MARTIN. (...) Retirez vous tous, car j'espere, Puisque sans baptesme il est mort, Moyennant de nous la priere, Qu'il passera ce dur remort. (Les freres se tirent ung peu arriere et se mectent a genoulx et sainct Martin aussi auprés du corps.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 381).

 

b)

Se tirer de qq. part. "S'extraire, se libérer de qq. part" : [Contexte métaph.] Mais mon Dieu, il n'est point en moy de me tyrer hors de la mer perileuse de mauvaise accoustumance de pechié (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 87). Le pouvre martir estant soubz le lit, a peu s'il s'osoit tirer de la, doubtant le retourner de son adversaire (C.N.N., c.1456-1467, 52). Il fut longtemps la teste en ce retraict (...). Neantmains, après ce bon coup, sa toux le laissa et se cuida tirer dehors ; mais il n'estoit en sa puissance de soy ravoir. (C.N.N., c.1456-1467, 437). ...et m'a aidié a tirer hors de la presse. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 44).

 

c)

Empl. abs. (Se) tirer. "S'en aller, quitter les lieux, se retirer" : Il n'i a vile ne cité Ou boben, orgueil ne se monstre. Trop miex vausist tirer ["se retirer" ?] que rompre, Quar orgueil ceus confundera (...) Qui s'efforcent de monter haut (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 123). [Morawski, 1290, var.] Donc iceluy patron et ses gens, pource qu'ilz estoient les plus foibles, se tuerent [se tirerent ?] (LA VIGNE, V.N., p.1495, 300).

 

Rem. Tuerent ne peut convenir. Mais peut-être faut-il lire fuirent ? L'ex. de LA VIGNE est donc sujet à caution. D'après FEW VI-1, 409b, s.v. martyrium, se tirer au sens de "s'en aller" est att. dans les Quinze joies mar. ; le passage n'a pu être retrouvé. Cf. aussi (mais il s'agit de la reprise de se tirer arriere) : Arriere mais adonc me tire, Et en moi tirant je souspire (ACART, Prise am. H., 1332, 47).

 

2.

Au fig.

 

a)

"Se rapprocher de" : Ce saint hermite, qui de son coup a la mort se tiroit, n'estoit pas mains luxurieux que ung vieil singe est malicieux (C.N.N., c.1456-1467, 97).

 

-

Se tirer à / vers qqn. "Se porter vers qqn" : Cils qui vuet aucun art aprendre A douze choses doit entendre : La premiere est qu'il doit eslire Celui ou ses cuers mieus se tire Et ou sa nature l'encline ; Car la chose envis bien define Qu'on vuet encontre son cuer faire, Quant Nature li est contraire. (MACH., R. Fort., c.1341, 1). Puis qu'on voelt ceste marier A cui mon coer se voelt tirer, Je ne le poroie souffrir. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 88).

 

-

Se tirer vers qqc. "Avoir recours à qqc." : Je vouloye .5. par quoy je me tyre vers la rigle de trois en disant se .2. me sont venuz de .48. de combien me viendront .5. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 639).

 

b)

Se tirer à + inf. "Tendre à, s'appliquer à" : Car a toy servir je me tyre. (Prières saints R., t.2, 1480-1500, 152).

 

c)

Se tirer de

 

-

Se tirer d'un mauvais pas : Et entre tous ceulx que j'ay jamais congneu, le plus saige pour soy tyrer d'un mauvais pas en temps d'adversité, c'estoit le roy Loys unziesme, nostre maistre (COMM., I, 1489-1491, 67).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     TIRET     
FEW VI-1 martyrium
TIRET, subst. masc.
[GDC : tiret ; FEW VI-1, 412a : martyrium ; TLF : XVI, 262b : tiret]

"Petit signe graphique horizontal, tiret" : Le secont signe est dit Cames, qui est figuré ne plus ne moins [que Aleph], excepté que dessoubz la dicte ligne il y a un petit tiret, et fait ce signe Aleph signifier autant comme .A. [a fermé] (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 59).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/48 
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     TIREUR1          TIREUR2     
FEW VI-1 martyrium
TIREUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : tirëor ; GD : tireur1 ; GDC : tireur ; FEW VI-1, 400b, 408a, 414a : martyrium ; TLF : XVI, 263a : tireur]

A. -

"Celui qui tire à soi ou derrière soi"

 

Rem. Ex. (ms. XIVe s., tireors des cordes) ds GDC X, 771a.

 

-

En partic. "Celui qui hale un bateau"

 

Rem. Doc. 1350 (lyonn., tirour) ds TLF.

B. -

"Celui qui tire des cordes, du fil de fer..." : ...lui et un autre compaignon demourant en la rue Guerin-Boissel en l'ostel Bernart des Portes, tireur de fil de fer, buvans en une taverne près de Saint-Anthoine-le-Petit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 475). ...du mestier de tireur de fil de fer de nostre ville de Rouen (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1485, 566).

 

-

"Celui qui est chargé de retirer ou de placer le fil dans un métier à tisser"

 

Rem. Doc. 1471 (Tournai, tireur de fil de garde) ds GD VII, 728a-b.

C. -

"Celui qui tire avec une fronde, un arc, une arbalète, une arme à feu" : ...tireurs à l'oye (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1447, 510). ...tireurs de canons (FLAMANG, Vie Pass. st Didier C., 1482, 122).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

 Article 40/48 
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     TIREUR1          TIREUR2     
FEW VI-1 martyrium
TIREUR, subst. masc.
[GD : tireur2 ; FEW VI-1, 401b : martyrium]

(Synon. de tiroir)

A. -

"Tiroir"

 

Rem. Doc. 1501 (enchaciers ferment a clefz avec un tyreur) ds GD VII, 728b.

B. -

"Poignée qui permet de tirer une porte" : ...au dit serurier pour une serure à resort, II platinez, une serure à bosc, II crampons, II couples et I tireur à huis pour le second huis de la dicte prison (Comptes Archev. Rouen J., 1399-1400, 48). Item, pour une chambre oprès de la tour de la porte des Champs, une loquetière, un tirour (Actes norm. H., t.1, 1412, 111).

 

Rem. Doc. 1398 (tirours) ds GAY II, 401b. Mense épisc. Cout. D., 1440, 19. Doc. 1449 (Rouen) ds GD VII, 728b. Cf. aussi : Ung buffet de pin ouvré, avec deux serreures, et deux layetes sive tiradors. (Comptes roi René A., t.2, 1488, 281).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

 Article 41/48 
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     TIREUX     
FEW VI-1 martyrium
TIREUX, subst. masc.
[GD : tireur2 ; FEW VI-1, 401b : martyrium]

"Ce qui sert à ouvrir une porte, poignée de porte" : À Jehan Caumel, serrurier (...) ung tireux, une cliquete pour l'uis du retrait de la gallerie de hault (Comptes Archev. Rouen J., 1440, 216). ...VII couples a paumelles et III villetes et tireux pour la cage du degré de la galerie (Comptes Archev. Rouen J., 1440, 218).

Rem. Doc.1449 (tireux) ds GD VII, 728b.

V. aussi tireur2
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 42/48 
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     TIRE-VEILLE     
FEW VI-1 martyrium
TIRE-VEILLE, subst. fém.
[FEW VI-1, 406b : martyrium]

"Rampe (d'escalier)" : ...adouber l'eschale de bois et la tire veille du reloge (Doc. 1414. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 435). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 43/48 
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     TIRIE     
*FEW VI-1 414b martyrium
TIRIE, subst. fém.
[GD : tyrie ; *FEW VI-1, 414b : martyrium]

"Outil pour tirer la braise du four (ou pour attiser le feu ?)" (synon. tire-braise) : Lors estoit en la cheminée Une grosse tronche minée, Et buche que feux devoroit, Dont tyrié [l. tirie] et [l. es] tisons plouroit Pour le grant feu qui y habondoit. (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 19). [GD VIII, 111c]

REM. Interprétation très différente (qui justifie le verbe pleurer) ds l'édition de Marie-Madeleine Huchet (2018) : Lors estoit en la cheminee Une grosse tronche, minee et busche que feux devoroit, Dont tyrie es tisons plouroit, Aussi com s'il y eüst esté Souleil pour rappeler esté, Pour le grant feu qui y habondoit (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 33).. [Commentaire : "Le contexte indique, en effet, qu'il s'agit de quelque chose qui coule lors d'un feu d'hiver. On rattachera donc tyrie au latin médiéval tiria, venant du latin classique stiria, qui désigne une goutte d'eau gelée ou la roupie (...)"].
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     TIROIR     
FEW VI-1 martyrium
TIROIR, subst. masc.
[GD : tiroir ; GDC : tiroir ; FEW VI-1, 401b : martyrium ; TLF : XVI, 264a-b : tiroir]

A. -

[Objets]

 

1.

"Poignée qui permet de tirer une porte" : ...pour pendures de l'huis et fenestres des dossoits, serrures, ostevans, gons, vernelles, clos, crampons, tiroirs à huis, clichets, bastons de fer, verges de fer pour vergier (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 635).

 

Rem. Doc. 1400-1402 (Orléans, tirouer) ds GDC X, 771a. Doc. 1401 (tirouers) ds GAY II, 401b.

 

2.

"Bride de cuir attachée sur le plat des ais d'un livre et servant de fermoir" : ...et sont les fermoers desdictes Heures d'or, garny chascun de deux balaiz, deux saphirs et cinq grosses perles, et les tirouers d'un laz de soye à or, en chascun ung gros bouton de perles (Doc. 1380. In : P. Durrieu, Bibl. Éc. Chartes 72, 1911, 519).

 

Rem. Doc. 1380 (Unes heures plates de grosse lettre bien escrite - et a tirouers et fermouers d'or) ds L. de Laborde, Gloss. fr. du Moy. Âge, 1872, 516 (GD VII, 728b).

 

3.

Tiroir du frein. "Épée de la bascule du frein, pièce métallique qui relie l'extrémité de la ceinture du frein à la bascule" (Éd.)

 

Rem. Doc. 1413. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 910.

 

4.

"Membre d'un oiseau ou d'un autre animal qu'on donne à déchiqueter à l'oiseau de proie" : Le tirouer tout prest aiez [pour le faucon] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 350). Si le tirouer est de plume, garde qu'il n'en avale (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 42).

B. -

"Étendage des draps" : ...une place seant à Meaux (...) pour faire uns tirouers illuec (Comté Champ. Brie L., t.3, 1340-1341, 298).

 

Rem. Doc. 1395 (tiroirs) et 1397 (tirouoirs a drap) ds GDC X, 771a.

C. -

"Lieu où l'on écartèle un condamné"

 

Rem. Doc. 1375 (tirouer) ds GDC X, 771a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 45/48 
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     TIROIRE     
FEW VI-1 martyrium
TIROIRE, subst. fém.
[T-L : tiroire ; GD : tiroire ; FEW VI-1, 400b : martyrium]

A. -

"Anneau de fer terminé en vis dont se sert le tonnelier pour ajuster la dernière douve au fond d'un tonneau" (synon. tire-fond)

 

Rem. Doc. XIVe s. (Bourgogne) ds FEW.

B. -

"Trappe (que l'on peut tirer, en partic. au-dessus des machicoulis)"

 

Rem. Doc. 1356 ds GAY II, 401a-b (même texte, daté de 1320, ds GAY II, 42a, s.v. huis).

C. -

"Petite corde au moyen de laquelle on retire le chaperon à l'oiseau de proie" : ...que l'en li hoste le chaperon bien en pes par la tiroere (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 179). [Autres ex. p.183 tiroere, var. tyreure, et p.185 tiroere]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 46/48 
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     TIROLE     
*FEW VI-1 martyrium
TIROLE, subst. fém.
[*FEW VI-1, 406b : martyrium]

"Étal, éventaire" : ...affin qu'elle [une marchande de poisson] puisse mettre tirole auprès de sa fenestre (Doc. 1417. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 435). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 47/48 
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     TIROT     
FEW VI-1 martyrium
TIROT, subst. masc.
[GD : tirot ; FEW VI-1, 401b : martyrium]

"Timon"

REM. Doc. 1377 (Guillaume Vernis prist audit lieu, où estoit ledit tumbereau, le fer et coultre de une charrue, le vennelier, la maistre, le tirot et l'esparre qui se tient au vennelier, à quoy on atelle trois chevaux) ds DU CANGE V, 173a, s.v. magister (GD VII, 728c).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/48 
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     TIRTIFEU     
FEW VI-1 martyrium
TIRTIFEU, subst. masc.
[GD : tirtifeu ; FEW VI-1, 415a : martyrium]

"Tisonnier"

REM. Doc. 1365 ds L. de Laborde, Gloss. fr. du Moy. Âge, 1872, 516 ([Dans une énumération d'ustensiles] Une tenaille, unes pincettes et un tirtifeu. Trois tenailles, trois tirtifeux et deux pelles de fer). Même ex. ds GAY II, 401b, et ds GD VII, 728c, où 1385 doit être lu 1365.
 

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