C.N.R.S.
 
Famille de ligare 
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     ALLI     
FEW V ligare
ALLI, subst. masc.
[GD : alli ; FEW V, 327b : ligare]

"Fait d'être lié à qqn ; alliance" : La li monstrerent grant service Li sien, dont ne furent pas nice, Car, a fin qu'il ne le perdissent Et qu'avoec lui il se tenissent, Il s'aliierent tout a li Et l'un a l'autre. En cel ali Furent trouvé en bon arroi Mort et navré dalés le roi. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 40).

 

-

Faire alli : Amours m'a donné le pouoir En hiretage com son hoir, En l'eure qu'on vient deviers li Pour faire hommage ne ali, Je sui pour tous avantparliere (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 51).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 2/70 
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     ALLIANCE1          ALLIANCE2     
FEW V ligare
ALLIANCE, subst. fém.
[T-L : alïance ; GDC : aliance ; AND : alliance ; FEW V, 327b : ligare ; TLF : II, 564a : alliance]

A. -

"Fait de s'allier, accord entre des personnes ; le lien qui en résulte"

 

1.

[Relation entre des personnes] "Entente entre deux ou plusieurs personnes, rapprochées par une communauté de sentiments, d'idées, d'intérêts" : Mais tout einsi qu'elle tenoit Mon doy, soudeinnement venoit Entre nous deus Douce Esperence, Pour parfaire ceste alience, Dont moult lié et moult joieus fumes (MACH., R. Fort., c.1341, 150). Et je certes ne le contredi mie que il ne sachent bien, o vous, pere conscript, que sponssions et aliances sont choses saintes entre ceulz hommes par lesquelz jouste les divines religions la foy humainne est coustivee. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 9.4, 15). ...ledit mons. le prevost fist venir par devant lui le dessus dit prisonnier Merigot Marchès, et, après plusieurs interrogatoires à lui faites sur la maniere des foys et serement, et aussi des aliances qu'il puet avoir et a à aucuns gens tenans le parti et bienveuillans du roy nostre sire... (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 203). Cestui, selon aucuns, fut maistre de Rogier Bacon ou fut son disciple ou compaignon, car j'ay leu en une couverture de livre qu'ilz avoient grande aliance ensemble et grande amour et pratiquerent longtemps ensemble sur les sciences de astrologie et de alchymye et que icellui Baccon en eut vraye experience. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 138 v°). Si bonne amour et parfaicte alïance Furent entr'eulx deux (...) Que bras soubz bras devisant a plaisance En compagnon l'un a l'autre parloit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 235).

 

-

Commune alliance. "Fait d'être alliés l'un à l'autre" : Le Sainct Esperit les arma [les apôtres] du tout en tout de commune alliance, c'est a clerement dire qu'il les fist estre uns ensamble pour resister aux adversaires de Dieu plus constamment (GERS., St-Esprit G., c.1392, 441).

 

-

Estre d'une alliance. "Être unis, associés" : Puis que sommes d'une alyance Par dessus l'erbe jolyete, Chantons ung petit a plaisance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 265).

 

-

Estre de bonne alliance. "Être constant, fidèle dans l'union" : Tres vouluntiers, a chere lye Iray o vous par compaignye De cueur entier sans demourance, Car au besoing ne fauldray mye A ceulx qui sont de bonne vie Et qui sont de bonne aliance. (Pac. Job M., c.1448-1478, 377).

 

-

Estre de l'alliance de qqn. "Être uni, allié à qqn" : Folle largesse pour croire faux semblant M'a dessaisi du miex de ma chevance Par doulz regart qui va maint cuer emblant Où fausseté s'embat par decevance Avec biauté qui est de s'aliance Dont povreté m'a fait donner congé. (MACH., App., 1377, 644). Infame Bourguignon salé Lequel est de vostre aliance. (S. fol, c.1480-1490, 8). N'esse pas fait d'un mauvaix homme, Luy qui est de nostre alïance, De nostre loy et congnoissance, De soy alïer a l'emblee A celle mauldicte assemblee De Jhesus et ses compaignons, Qui tousjours tant haÿ avons ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 772).

 

-

Faire alliance / une alliance à / avec qqn. "S'allier avec, s'unir à qqn" : Mes loyaus cuers ha fait une alience A Loyauté qui meint loial amant Lie en amours et fait meinte aligence. (MACH., L. dames, 1377, 109). ...[Amours], qui seme ses vertuz ou mieux luy plaist et bon luy semble, fist allyance a une jeune fille, belle, gente, gracieuse et en bon point (C.N.N., c.1456-1467, 191).

 

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P. personnif. : ...nous avons fait aliance avec la mort, et avecques enfer avons fait paction et convenance. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 238).

 

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Faire alliance ensemble : ...veu l'aliance faite par iceulx serourges ensamble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 513).

 

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Faire alliance entre qqn et qqn (d'autre) : Belle, bien avez souvenance (...) De la tresplaisant aliance Qu'Amour fist entre vous et moy ; Son secretaire, Bonne Foy, Escrist la lectre du traictié (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 49).

 

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Faire une alliance (en)contre qqn : Dangier m'a joué de ce trait, Mais se je puis avoir puissance, Je feray, maugré qu'il en ait, Encontre lui une aliance ; Et si lui rendray la grevance (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 41).

 

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Faire alliance de + inf. : Et si firent en ung meisme jour tres grans aliances de garder l'onneur l'ung de l'aultre (JUV. URS., T. crest., c.1446, 123).

 

-

Prendre alliance avec qqn. V. alloyance

 

-

D'une alliance. "Tous ensemble, en même temps" : Mais après ce Justice et Veritez, Misericorde et Paix d'une aliance Firent que Dieu tramist par sa puissance Dedanz sa librarie un breviaire (Mir. prev., 1352, 276). ...une grande route de Bretons et de Poitevins d'une alliance (...) chevaucièrent caudement (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 71). ...finablement, consaulx se porta tout de un accord et de une vois et de une aliance que on esliroit (...) douse hommes notables et sages, liquel iroient deviers le conte (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 181). Je vous prie doncquez, messeigneurs, Allons a luy sans demourance, Tous ensemble d'une alience, Affin que soyons en sa grace. (Pac. Job M., c.1448-1478, 256). Allons y donc d'une alience. Il nous fera chere tres grant (Pac. Job M., c.1448-1478, 291). Vueilles avoir bel maintenir En parle[r] et en contenance : Plus belle vertus retenir Tu ne pourroyes sans doubtance ; Tous tes membres d'une aliance Vueilles a droit et bien conduyre - A ung chascun sa contenance - Pour les tous a vertus reduyre. (GARIN, Compl., 1460, 96).

 

2.

En partic. [Domaine de l'amitié, de l'amour ; domaine matrimonial]

 

a)

"Lien d'amitié" : Cy parle comment Saintré fut chambellan du roy, et des alliances de lui et de Maingre, escuier, dit Boussicault. (LA SALE, J.S., 1456, 141).

 

-

Par alliance d'amour. "En raison de liens d'affection" : Un roy Loïs adonc reneit C'um chanoine a Paris avoit ; Foubert out non, un os aveit De l'eschine del saint ; s'aveit Volenté de s'en delivrer. Un chapelain lui fist livrer. Au rei Herri qu'ert lors de France Emblé l'out, et par aliance D'amour le lui avoit donné (Vie st Evroul S., c.1350, 144).

 

b)

"Lien d'amour" : Le plus heureux qui soit en France Me suis trouvé, par l'alëance Que j'ay faicte nouvellement, Avec celle que j'ayme tant. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 239). Helas ! icy monstres bien ta vengence D'avoir osté ma Dame et ma plaisance A qui j'avoie sur tout plus de fiance Et que j'amoie en ce monde plus cher. Entr'elle et moy n'y avoit difference : C'estoit ung corps, .I. cuer, une aliance, Pareil vouloir et samblable puissance, Deux personnes en une mesmes cher. (HAUTEV., Compl. B., c.1441-1447, 29). ...l'accoinctance et alliance que le clerc eut a sa maistresse a laquelle diligemment servoit et complaisoit... (C.N.N., c.1456-1467, 92).

 

-

"Liens de complicité amoureuse" : Ma damme, avisez vous point mon cousin B. ? Il tient trop bonne compaignie a celle fille la ! Je cuide qu'il y ait entre eulx deulx aucunes gracieuses alliances ! (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 46).

 

-

Bailler l'alliance. "Susciter une rencontre amoureuse ; faire fréquenter" : [Une dame ne réagit pas à des déclarations enflammées, alors que sa chambrière a laissé entendre à l'amant qu'il était aimé] Et pour ce requeroit le dit galant demandeur que celle dame declarast s'elle le vouloit prendre a serviteur ou non, affin qu'il n'y pensast plus ; et que au surplus la dite chamberiere, qui ainsy luy avoit baillé l'aliance et fait trembler les fievres blanches tout du long d'une nuyt, sy fut gagniee et condempnee a le amender envers luy et de telle amende honnourable et proufitable que la court adviseroit. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 200).

 

c)

Au plur. "Fiançailles" : Ce vouloir rongea tant autour de la teste du pere (...) que jamais ne cessa jusques ad ce que les allyances et promesses furent faictes (C.N.N., c.1456-1467, 545). ...quand il fut venu, elle luy compta les allyances faictes d'elle et de l'autre ancien chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 546).

 

d)

"Union par le mariage [qui peut être, en même temps, un acte politique, v. infra]" : Tu ne feras nulle aliance Avec eulx ; aussi ne t'avance De faire mariaige o eulx (DESCH., M.M., c.1385-1403, 226). Gautier, marquis de Saluce (...) Voulsist une autre dame prendre De hault estat, dont l'alÿance Lui creüst honneur et vaillance (Gris., 1395, 72). ...[Hugues Spencer craignait que] se ceste aliance se faisoit, que li jones Edouwars d'Engleterre fust mariés en France et presist sa cousine germaine, il ne poroit longement estre ne demorer que, dou costé de France, il n'euist a faire (FROISS., Chron. D., p.1400, 51). ...se lors sires li rois Davids pooit avoir a femme et espeuse la serour le roi d'Engleterre, par ceste aliance, ou temps avenir, il en deveroient mieuls valoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 171). ...les aliances dou mariage poroient estre bonnes et moult vous deveroient valoir ou temps a venir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 451). ...par le moien du mariage et aliance dudit feu roy d'Angleterre et de la fille de France, royne d'Angleterre (FAUQ., II, 1421-1430, 73). Tous ses amis et parens loerent et accorderent beaucop ceste alliance (C.N.N., c.1456-1467, 169). Puis [le roi Creonte] ordonna du jour de leurs espousailles et fist faire illec une feste grande et notable, qui dura jusques au soir que le roy et Jason et les dames s'en issirent de ce gardin a grant joye, car chascun faisoit feste des alliances de Jason et de Creusa, et en especial Creusa. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 226).

 

-

Alliance de mariage : Secondement je dy qu'il vint pour espousailles par aliance de mariage traitter. (Mir. fille roy, c.1379, 7).

 

-

Faire privee alliance avec qqn. "S'allier à qqn par mariage" : Et ilecquez chiés les dieux privez et en maisons privees a li roys Latins avecquez Enee fait privee aliance, laquele il a adjoint a l'aliance publique premierement faite, c'est a dire car il li a doné a mariage une fille que il avoit seule heritee, qui estoit appelé Lavinie (BERS., I, 1, c.1354-1359, 1.9, 5).

 

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Verges d'alliance. "Bagues d'alliance, alliances" : Aneaux, ou verges d'aliance, Ou soit escript : Mon cuer avez. (Amant cord. M., 1490, 65).

 

3.

[Lien entre deux puissances - ou leurs représentants. Domaine diplom. et milit.] "Engagement de défense mutuelle ; accord d'ordre public ; traité" : Aliances en divers lieus se font en diverses menieres, ja ce soit que toutes autres choses se facent en une guise. La meniere de ceste aliance fut tele car de plus anciene couvenance n'est il nule memoire. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 24.4, 38). Comme (...) je veisse le roy anglois (...) fortifier les voulentez a son aliance... (CHART., Q. inv., 1422, 4). ...messires Charles de Boesme, rois d'Allemaigne et emperères de Romme, avoit tant fait par son or et par son argent et par grans aliances, que li eslisseur de l'empire d'Allemaigne avoient juret et seelet à tenir roi son fil de toute Alemaigne apriès sa mort (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 208). ...le roy seroit deuement adverti de ladicte aliance aux Anglois (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 200). ...mais en riens n'entendoyent cette alliance au prejudice du roy et de son royaulme, mais pour le servir et soustenir, se besoing en avoit (COMM., I, 1489-1491, 7). ...et nous estoient pleiges les quatre principalles villes d'Angleterre pour l'entretenement de ces alliances. (COMM., I, 1489-1491, 210). Pour quoy fut accordé entre nous que les alliances demourroient entières, que nous avions avec le royaulme d'Angleterre (COMM., I, 1489-1491, 210). ...que le roy Loys leur avoit commandé à Florence se mectre en ligue avecques le roy Ferrande, du temps du duc Jehan d'Anjou, et laisser son aliance, disant que... (COMM., III, 1495-1498, 43). ...ilz ne pouvoient laisser l'aliance de la maison d'Arragon (COMM., III, 1495-1498, 43).

 

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Publique alliance. "Traité de l'État" : Et ilecquez chiés les dieux privez et en maisons privees a li roys Latins avecquez Enee fait privee aliance, laquele il a adjoint a l'aliance publique premierement faite (BERS., I, 1, c.1354-1359, 1.9, 5). Sanguine estoit une herbe que on usoit lors en cerimonies des publiques aliances (BERS., I, 1, c.1354-1359, 24.4, 39).

 

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Alliance et compagnie. "Traité d'association et d'amitié (comme socii)" : ...et la dist il que il estoit venus secretement de par le consul pour traictier aveques eulx d'alience et de compaignie (BERS., I, 9, c.1354-1359, 36.7, 66).

 

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Alliance et convenance. "Traité (au point de vue de l'obligation juridique et morale)" : Fecial estoit appelés celui prestre qui avoit pooir des aliances et des convenances de par les dieux (BERS., I, 1, c.1354-1359, 24.4, 39). Faite et fermé l'aliance et la couvenance entre lez deus peuplez, si comme dit est (BERS., I, 1, c.1354-1359, 25.1, 41). Je peusse, dit il, se je voulisse, seigneurs Latins, traitier avecquez vous par droit mout antieyn et demander que, comme tous les Latins soient nez de la cité d'Albe, il doivent estre tousjours tenus en celle aliance et couvenance, par laquele la cité d'Albe avecquez tout son peuple fu translatee et sosmise jadis par le roy Tulle en l'empire de Rome. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 52.2, 86). ...tous les signeurs qui convenance et aliance avoient au roi d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 292).

 

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Alliance et paix / alliances et traité de paix. "Traité de paix" : Si leur tendit sa destre main en signe et en foy de future amistié, et fit avecquez eux aliancez et pays ; et se entresalurerent les deus duz et les deus os, et fu Enees receus en l'ostel du roy Latin. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 1.9, 4). ...lesquelles processions furent ordonnées pour regracier Dieu des aliances et du traictié de paix et union entre messegneurs le Dauphin et le duc de Bourgongne (FAUQ., I, 1417-1420, 307).

 

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Alliance et treves. "Traité (dans son obligation d'arrêt des combats)" : Prise et occupee, comme dist est, la cité de Gabie, li roys Tarquins fist pays avec les Equins et a renouvelee l'aliance et treves avecques les Tuscains, et puis se est convertis aus negoces de la cité. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 55.1, 91).

 

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Avoir fortes / grandes alliances / avoir alliance à / avec qqn, avoir qqn de / en son alliance : ...le duc de Guerles (...) a les Anglois et les Allemans en son aliance (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 180). Un prince je y vi (...) Poissant et moult entremettans En guerres (...) Si ot mainte grant aliance. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 11). ...il avoient l'acord et aliance des Flamens (FROISS., Chron. D., p.1400, 342). ...quant Sillon vit leur [des Corinthiens] maintien, s'en partit et dist qu'il n'avoyt cure d'avoir a eulx alience (JUV. URS., T. rever., 1433, 76). ...ceulx de ta terre qui ont tant forte aliance avecque eulx [les Anglais] ne puevent ilz souffrir (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 223).

 

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Avoir alliance ensemble : ...quant vous venrez à l'entrée de Navaire, si envoiez devers le roy. Il est nostre cousin et si avons eu, en temps passé, grandes aliances ensamble (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 115).

 

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Estre de l'alliance de qqn : ...les seigneurs et les cités et bonnes villes qui de l'aliance et de l'acord au roy estoient (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 279). Tous estoient de l'aliance ce [l. de ?] Clai Denneqin (FROISS., Chron. D., p.1400, 177).

 

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Estre d'une alliance (à l'encontre de qqn) : Sa mort [du roi] estoit ja pourparlée De ses annemis et jurée, Qui estoient d'une aliance, Einsois qu'onques alast en France (MACH., P. Alex., p.1369, 248). Les oncles du roy d'Angleterre (...) et l'archevesque de Cantorbie estoient tous d'une aliance à l'encontre du roy et de son conseil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19).

 

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Faire / ferir / fermer / confermer les alliances : Le prestre Fecial a prié Tulle et dist en tel meniere : "Me commandes tu, royz, avecquez le pere patrat du peuple albain ferir et fremer aliance ?" (BERS., I, 1, c.1354-1359, 24.4, 39). L'aliance fu faite et confermee, et si i ot mout de paroles et de conjuremens (BERS., I, 1, c.1354-1359, 24.6, 39). Les Latins avecquez lezquelz Tullez avoit jadiz fait aliancez faucerent leur couragez et courirent dedens les finz et les contrees des Romains. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 32.3, 54). Et s'il avenoit que la plus grant partie se assentist a la guerre, lors li prestes Fecials, qui estoit establis aus aliances confermer, prenoit une haste ferree ou sanglente bruslee par devant, et s'en aloit a celle terre ou cité ou devoit estre la guerre (BERS., I, 1, c.1354-1359, 32.12, 56). En ce voyaige il fist grandes aliances au roy d'Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 176). ...pluseurs firent aliance Contre lui (...) De ses pers et de ses barons. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 308). Et se feït ladicte alliance par la conduycte du roy et à son prochatz et à ses despens, comme avez veü ailleurs (COMM., II, 1489-1491, 100). Jason, filz Elleazar, fut environ ce temps envoyay par ceulx d'Israël devers les Romains pour confermer leurs aliances pour ce qu'il estoit sage et grant praticien en la science des estoilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 r°). ...ilz envoièrent leurs ambaxadeurs partout pour faire aliance contre le roy et mesmes à Venise, où j'estoys (COMM., III, 1495-1498, 286).

 

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Garder foi et alliance : Lors a Tulles adrechié ses paroles a Mecius leur prince et li a dit cez mos : Mecius, dist il, se tu peusses aprendre a garder foy et aliancez, je te chastiasce en toi gardant la vie (BERS., I, 1, c.1354-1359, 28.9, 49).

 

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Jurer / passer / promettre alliance à qqn : ....les aliances faictez, juréez et passéez solempnelment (Ch. VI, D., t.1, 1419, 404). ...affin de trouver aucun bon accord entre eulx sur lesdiz differens, lesquelz ses ambassadeurs estoient retournez dudit voyaige et avoient rapporté que ledit roy de Castille estoit bien content du roy et luy avoit promise et jurée bonne amour et vraye aliance (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 79).

 

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Prendre alliance(s) : ...non que (...) il nous conviengne prendre aliances ailleurs ; nennil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 181). ...disant que, puisque par le commandement dudit roy avoient prins ladite aliance, qui duroit encores par aulcunes années (COMM., III, 1495-1498, 43).

 

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Querir alliances : [Les Flamands] querent aliances à estragne signeur (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 284). Nostres cousins d'Engleterre (...) quiert grandes aliances en Alemagne, et nous vodra faire guerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 268). Puis, le duc d'Ath se retira en fors chasteaulx et fortes places et quist alliances de princes voisins ad ce qu'il peust. (BUEIL, II, 1461-1466, 250).

 

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Renouveler alliance / les anciennes alliances... : Toutesfois, afin que les injures aus dessus diz legas fussent expiees ou pardonees et aussi la mort du dit roy, [l'en] renovela aliance entre Rome et Lavine ne ne fit point Romulus de bataille contre eux, anchois fu pays entre eux contre l'esperance de tous. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 14.3, 23). Et en celi an furent tramis legat des pueples sanniciens aussi comme tous pour renouveler les anciennes aliances ; mais comme le senat les eust regeté au pueple et li pueples leur eust devoyé aliances, a la parfin empetrerent il treves de deux ans (BERS., I, 9, c.1354-1359, 20.1, 38).

 

4.

[En mauvaise part] "Complot, coalition, ligue subversive" : ...comme feu Estienne Marcel, nagaires prévost des marchanz de la ville de Paris, et plusieurs autres bourgoys et habitanz d'icelle, ses complices, aliez et adhérens, eussent, ou temps passé, fait, commis et perpétré, de leurs mauvaises voulentez, plusieurs conspirations, monopoles, traïsons, rebellions armées, invasions, aliences et chevauchées contre nostredit seigneur et père, nous et la couronne de France, en commectant force publique et crime de lèze-magesté, dont se sont ensuiz plusieurs et divers inconvénianz (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 191). ...deslie lez lygues et lez alyances, lezquellez ne sont mie de pitié, mez sont injustes [traduit ici "colligationes"] (Songe verg. S., t.1, 1378, 338). ...accusé de estre de la condicion et aliance des empoisonneurs qui aloient par pays. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 2).

 

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Folle alliance : Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. Jhesucrist nous en veulle par sa grace gecter a nostre honneur. Beaulx oncles, il fault avoir adviz sur ce fait. Il est bon que nous le mandons a noz amis et parens et a tous ceulx qui ont esté de ceste fole aliance. Et Garnier respont : C'est verité. Et lors le manderent a tous. (ARRAS, c.1392-1393, 207).

 

Rem. Désigne notamment l'alliance anglo-bourguignonne, à la suite du traité de Troyes de 1420 (Moralité cincq pers. B., 1484, 112).

 

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Mortelle alliance : Les barons corit sus, par morteil aliance En at ochis XVIII (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 672).

 

5.

[Entre Dieu et les hommes, domaine biblique] "Pacte conclu par Dieu avec l'Homme ("Nouvelle alliance" chrétienne, p. oppos. à l'"ancienne alliance" de l'Ancien Testament)" : ...quant Moise amena les enfants d'Israel hors d'Egipte, nostre seigneur leur donna une nue (...) en signe d'aliance et d'amour. (Mir. emp. Julien, 1351, 186). Mais ainçois par sa grant puissance Mettra amour et aliance Entre Jhesus, son filz, et nous (Mir. emp. Julien, 1351, 188). Et est et [sera] comme dit est, le signe d'aliance entre Dieu le Pere et creature humaine, si comme Il dist par son prophete Ysaïe (ORESME, C.M., c.1377, 728). ...on y povoit lire clerement les aliances et reconsiliations de Dieu a homme (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 27).

 

-

Tabernacle d'alliance. "Tente où était enfermée l'Arche d'alliance" : La nue est eslevée du tabernacle d'aliance (Mir. emp. Julien, 1351, 186).

B. -

Rare. "Union (de deux choses ; cohésion)" : Aprés moult diligenment il aguectent les conseils des planetes, car il dient que il gouvernent tout le monde en terre, si comme, par leurs regars et aliances et mouvemenz et applicacions de l'une a l'autre et les quarolles des estoilles, en peut legierement trouver et savoir. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 163). ...Des jugemens l'ordonnance, L'aliance (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 36). ...ou Saint Esperit est conjoincture et aliance de unité et de bonté, laquelle est l'amour des deux, c'est a scavoir du Pere et du Filz. (Somme abr., c.1477-1481, 160).

C. -

P. méton. "Ceux qui sont alliés"

 

1.

"Groupe de personnes unies par un certain lien" : Or cognoiz je tous mes habus, Et de mon corps l'oultrecuidance. Je me truffoye de Jhesus Et des gens de sa allïance. (Pass. Auv., 1477, 249).

 

Rem. V. supra A 1 et 3 (estre de l'alliance de qqn).

 

2.

"Parti, troupes" : Vez vous cy le marquis d'oustrance [Oustrance ?] Et aultres de son aliance Bien armés, tous appareillés Pour bien cellez gens esveiller, Destruyre et mectre a nyant. (Pac. Job M., c.1448-1478, 259).

 

3.

"Puissance alliée" : Ceulx qu'on appelle en ce quartier les Nouvelles Alliances, ce sont les villes de Basle et Strasbourg et autres villes imperialles qui sont au long de ceste rivière de Rin (COMM., II, 1489-1491, 100). Passé que fut ledit duc de Lorrayne, comme j'ay dit, après avoir chevauché aucuns jours, arryva vers lesdictes Alliances peu d'heures avant la bataille et avecques peu de gens (COMM., II, 1489-1491, 120). Sur l'heure qu'il fut arrivé, marchèrent les batailles d'ung costé et d'autre, car lesdictes Alliances avoyent jà esté logéz troys jours auprès dudict duc de Bourgongne, en lieu fort. (COMM., II, 1489-1491, 120). Theodolle Teutonin fut en ce temps moult aprecié des IIII aliances d'Almaigne et resida à Berne ; fut medicin et souverain astrologien. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 v°).

 

4.

[Terme d'affection]

 

-

[adressé par Joseph à Marie] : JOSEPH. M'amye et ma doulce alïance, Ma tres tendre socïeté, Vous a il tousjours bien esté Puisque vous partistes d'icy ? [cf. Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 176] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 58).

 

-

[adressé par J. C. à sa mère] : JHESUS. Ma mere et ma doulce alïance A qui obeïssance doys, Ne vous desplaise ceste fois S'il fault que je desobeïsse Et vostre requeste escondisse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 220).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/70 
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     ALLIANCER     
*FEW V ligare
ALLIANCER, verbe
[GD : aliancier ; AND : alliancer ; *FEW V, 327b : ligare]

Empl. pronom. "S'allier, faire alliance" : ...se ne fust la tresgrant puissance et defense, secours et aide de mondit seigneur mons. Challes et de ses bons amis, qui se sont allanciez contre la force des diz mes adversaires, annemis et malvolanz (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1343, 72).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/70 
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     ALLIEMENT     
FEW V ligare
ALLIEMENT, subst. masc.
[T-L : alïement ; GD : aliement ; AND : alaiement ; FEW V, 328a : ligare]

I. -

(Synon. de alliance)

A. -

"Fait de s'allier, alliance" : Lors fu faitte ly pays par loyal serrement, Et se mirent as camps par droit aliément. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 96).

 

-

Estre (tout) d'un alliement. "Être d'une même alliance, être unis, être d'accord" : Se la estoit venu et qu'il fut enssement, Et mon pere Regnier (...) Et mon oncle Girart et mes autres parent, Et mon frere Olivier (...) Feussent a vous d'acort et d'un aliëment (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 166). A la porte qui va droit à l'arbre qui fent Se logirent Grigois (...) Et furent bien X mil tout d'un aloiement. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 344).

 

.

"S'entendre, être complices" : Or sont li traitour tout d'un aloiement. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 18).

 

.

(Tout) d'un alliement. "D'un seul accord, tous ensemble" : Et cent aultre glouton tout d'un aloiement Pour occire Herpin s'avancerent forment (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 6).

 

-

Faire (un) alliement. "Faire alliance, s'allier"

 

.

Faire alliement à qqn. "S'allier avec qqn" : ...Car li bourgois leans per obligacion On[t] fait aliement au lignaige fellon. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 962).

 

.

Faire un alliement de + inf. "Faire alliance pour" + inf. : A ceulx de s'amittié fist ung aloyement D'occire et mettre a ffin la chrestïenne gent. (Tristan Nant. S., c.1350, 581).

 

.

Faire alliement que. "Faire alliance pour" : Doulx duc et quaitre conte ont lour foid creantee Et fait aliement per fiance affiee Que Lion ossiront san nulz demoree. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 228).

 

-

[Alliance de Dieu avec les hommes] : ...la se fist humblement, purement, Tresglorieux et noble aliement De Dieu a homme en substance de vie (Mir. st Sev., 1362, 237).

B. -

P. méton.

 

1.

"Ceux qui s'allient" : Le connestable aussi y ira temprement, Et trestouz les barons de son aloiement (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 414).

 

2.

"Obligation que crée l'alliance ; fidélité" : Tout ensi com je vous devise, Sans mettre terme ne devise, Rescripsi je moult liement, Par bon et droit aliement, Que d'or en avant voel tenir A Rose, qui voelt devenir Mon compagnon et mon secré. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 62).

C. -

P. ext. "Soutien" : Puis lui dit de Guion (...) Comment saisi Paris et son couronnement Par l'accord dez bourgois et leur alliement. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 122).

D. -

Au fig. "Lien" : Maiz s'ilz sçavoient bien qu'eüssiez allyment A la loy de Mahon n'a la paienne gent, On vous en blasmeroit (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 138).

II. -

"Alliage" : Cuidiez vous tel feu allumer Ne sçavoir les alliemens Qu'il fault au vray metal fourmer Selonc tous ses fournissemens ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 199).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/70 
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     ALLIER1          ALLIER2     
FEW V ligare
ALLIER, verbe
[T-L : aliier2 ; GD : alier ; GDC : alier ; AND : allier ; DÉCT : aliier ; FEW V, 326b : ligare ; TLF : II, 565b : allier]

V. alloyer

I. -

[Union de personnes]

A. -

Empl. trans.

 

1.

Allier qqn (à qqn). "Unir qqn à qqn" : Vecy mon filz lequel je vous amayne, Propre et subtil, pour aux champs gambïer Et pour deffendre la querelle rommayne. Puisque viellesse maintenant me promayne, Mon heritier je vous veulx alyer (LA VIGNE, S.M., 1496, 172).

 

-

"Marier qqn à qqn" : Advint que ledit chevalier et sa dicte femme eurent, comme ont communement peres et meres, grant voullenté et grant desir de allier et marier leur fille a ung seigneur leur voisin, qui estoit assez ancien, riche, puissant et yssu de bien noble lieu. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N., a.1456. In : Chrestom. R., 154). Lors le seigneur de Lalaing, très-content de la réponse de son fils, luy dit : "Guillaume, la response que vous m'avez faite vous sera valable, car je mettray peine de vous allier en tel lieu dont moy, vostre mère et vous, serez content." (Faits Lalaing K., c.1470, 5).

 

-

Allier [des personnes, des coeurs...]. "Unir, rassembler" : ...je conseille donc que touz les dis escuiers et hommes d'armes soient en une seule compaingnie aliez (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 71). Einsi Amours leurs cuers alie, Tant qu'il ont par ceste aliance Li uns a l'autre grant fiance. (MACH., D. Aler., a.1349, 327). Amours nous doctrina, Et qui en compaignie sy bien nous alïa Qu'ains puis ly ung a l'autre parolle ne monstra Qui lui puïst desplaire. (Tristan Nant. S., c.1350, 419).

 

-

Allier qqn à soi. "S'attacher qqn, se gagner son amitié" : Souverainement il mist paine a acorder et a alier a soy les peuplez des Latins, afin que par aydez de gens estranges il fust plus seur entre [ses] subgis. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 49.8, 83). Las ! com vous estiés blonde et vaire ! Ne comment vous oublieroie Ne aultre a moi alieroie, Tant fust belle, courtoise et sage (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 92).

 

.

Allier qqn avec soi : Craindre ne fault Fortune la diverse Qui Passe temps avecques elle alie (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 540).

 

.

[En vue d'une entreprise] : Or est ainsi que nostre homme avoit pourpensé et pourjecté une entreprinse, comme dit est, sur les chevaulx de Verset. Et compta le cas à six ou sept compaignons de la garnison de Luc, et les allia avec soy. Et les mena et guyda si bien de nuyt, qu'il arriva au pré où paissoient les chevaulx (BUEIL, I, 1461-1466, 31).

 

2.

Allier qqn. "Se rallier, s'unir à qqn" : ...pour c'estes et fustes Fleur que par odeur alion, Velut rosa vel lilium (Mir. parr., 1356, 36).

B. -

Empl. pronom.

 

1.

S'allier à / avec / de qqn. "Se lier, s'associer à qqn, s'unir à qqn par alliance"

 

a)

S'allier à qqn : ...li amie est la vierge Marie Et li amans est Dieu de paradis, Qui s'alia a ceste amie fine (Mir. st Sev., 1362, 239). Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...il m'est vis que vo cuer se depart De moy, et on m'a bien dit qu'il s'alie A un autre (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 119). ...Plaisance (...) n'est n'ingrate n'eschace, Ains a Largesce se alie. (CHART., L. Plais., c.1412, 150).

 

-

[L'alliance est politique, militaire] Estre allié à qqn : ...et tout le surplus de Ytalie lui estoit soubmis et alliez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 191). ...le roy delibera de aller en Bretaigne et y mener son armée pour faire guerre au duc, qui estoit allié au duc de Bourgoigne (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 287).

 

.

Estre allié à qqn par treve. "Être tenu envers qqn par un accord de trêve" : Et aussi eurent il aucunes aides des povres gens qui vindrent a leurs gages, mes il n'eurent onques nulle publique aide, c'est a dire car nule cité ne se mist onques apertement pour euz, ne aussi ceus de Vege pour ce car il estoient aliez aus Romains des temps Romulus par trevez de cent ans. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 30.7, 52).

 

-

"S'engager auprès de qqn" : ...oudit retour, il se alia à un escuïer demourant à Recé, prez de Chaalons, pour le servir comme vigneron, avecques lequel il ne demoura que deux mois (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 242).

 

b)

S'allier avec qqn : ...ilz s'estoient de long temps aliez aveuc le roy d'Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 160). Et que depuis pluiseurs villes et cités se sont aliéez ou apatissées ou composées avec eulz. (FAUQ., III, 1431-1435, 47). Et, ce fait, toute l'esglise se allyerent avec ledit seigneur roy Loys, duc d'Anjou (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 191). ...n'estoit il [le roi Edouard] point deliberé de soy nommer et porter roy de France, et leur [les Flamands] fit sçavoir que s'ilz se vouloyent alier avec luy, qu'il se alieroit avec eulx (JUV. URS., T. crest., c.1446, 36). Audit lieu d'Escouys fut aussi le roy adverty que mondit seigneur le connestable avoit envoyé à monseigneur le duc de Bourbon son seellé pour suborner et tant faire que mondit seigneur de Bourbon voulsist devenir et estre contre le roy, et de soy alier avecques ledit duc de Bourgongne. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 334).

 

-

S'allier avec qqn contre qqn : Et, par lesdiz appoinctemens, iceulx seigneurs de Bourbon et autres dessus nommez promettoient de faire tout devoir, de faire faire la paix au roy par les autres seigneurs avecques eulx aliez contre lui (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 54).

 

-

"Pactiser avec qqn" : Mais pour ce qu'elle avoit un jour mengié une souppe avec Venus, faitte ou chauderon d'amours, oncques depuis ne cessa de excercer son service avec les subgez d'icelle. Et en sa viellesse s'estoit retraitte et alliee avec le curé de la ville qui de nuit et de jour oyoit sa confesse, pourquoy toutes celles de son voisinage l'avoient en grant reverence. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 89).

 

c)

S'allier de qqn. "Faire alliance avec qqn" : ...pour soy alier des ennemis et destruire les bien vueillans et subgetz du roy (JUV. URS., Loquar, 1440, 311).

 

-

S'allier de qqn à + inf. : ...Sebenique a forgé contre vous pour non perdre sa legation, et s'est alyé de Tournay à ce faire. (Lettres Louis XI, V., t.8, 1480, 286).

 

2.

S'allier (à qqn) (par mariage). "Épouser qqn" : ...le dit roy (...) s'estoit alié si haultement par mariage comme a la fille du roy de France (JUV. URS., T. crest., c.1446, 154). ...et ce luy dist il pour ce que alier ne se vouloit fors a une fille qui fust du sang au noble Roy Meshaignié. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1047).

 

-

Estre allié à + subst. coll. "Être uni à ... par le mariage de l'un des siens" : ...[ledit chevalier] se renommoit de la maison de Bourgoingne a qui Portingal estoit allié, ainsi que vous savez, par la ducesse mere au conte de Charolois. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 78).

 

3.

S'allier

 

a)

"S'unir" : Quant Alixandres a veü Que le cheval l'a congneü, Dedens la cave s'est boutés, Et du cheval s'est acottés. Quant plus aproche, plus s'alie Et le cheval plus s'humilie. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 108).

 

b)

"Se lier, s'engager" : Prince, une dame qui s'alie Sy avant, faire ne le doit Mais elle fist, c'estoit folie, Pour ce que loyaulment l'amoit. (TAILLEV., Congé am. D., p.1440, 254).

 

c)

S'allier en qqc. "Se lier en qqc." : D'iloec se partent, chier ont le chevalier, Tout en s'amour se voellent alyer. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 132).

C. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

 

1.

Empl. adj. "Uni" : ...en moy Paours par Dangier se resveille Et Desespoirs, qui d'un consentement Sont alié pour moy faire tourment. (MACH., L. dames, 1377, 27).

 

-

Allié contre qqn : Et se Desirs voloit faire le maistre, on ne l'i soufferoit mie, puis que vous et moi et Loiaulté et Bonne Esperance sommes aliés contre li (MACH., Voir, 1364, XXV).

 

-

[Dans le domaine pol. et milit.] : ...nous voions les estrangiers alliez de nostre royaume qui passent les fortunes de mer pour venir a nostre secours (CHART., Q. inv., 1422, 57). ...mais aprés tousjours ont dit [les Bourguignons] (...) que sans les Anglois ilz ne traitteroient point, et que ilz sont fors aliés par serement. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 224).

 

.

Alliés ensemble : ...les ducs de Berry, d'Orleans, de Bourbon et les contes d'Alençon et d'Armignac (...) estoient assemblez et aliez ensemble pour ce venir monstrer au Roy (BAYE, I, 1400-1410, 332).

 

.

(Estre) grandement allié. "Avoir beaucoup d'alliés" : ...et apparçoivent que tes bien vueillans sont les plus fors, et que tu [la France] es si grandement aliee et que chascun met peinne de present a toy aidier (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 223).

 

-

Estre allié (par mariage) : ...c'est grand chose de veoir ses enfans allyez en sa plaine vie. (C.N.N., c.1456-1467, 295). Ce (...) chevalier, voyant sa dicte fille avoir attaint l'eage habile et ydoine pour estre allyée et conjoincte par mariage... (C.N.N., c.1456-1467, 545). Et se l'un d'eulz entre en religion qui s'entent de ceulz qui sont alliéz par mariage sans le consentement de l'aultre, l'un, c'est le mary ou la femme, puet son mary revoquier qui est entrez en religion sans son consentement. (Sacr. mar., c.1477-1481, 52).

 

.

(Estre) bien allié. "(Être) bien marié" : ...le seigneur de Moncalde, demourant ou roialme d'Arragon (...) sachant la mort de monseigneur, le conte de Cardonne, et que de tous enffans il n'a laissié que ceste belle jone damoiselle, pensant que s'il pooit tant faire que la peuist avoir en mariage ou aultrement ce seroit bien son fait et aussy seroit il bien alyé, pourquoy, tout mis en somme, il a assemblé tout ce qu'il a peu avoir de gens, tant par priere comme par argent, dont il a assez, et est venu devant la ville de Cardonne ou ma dame se tenoit et a fait parler de l'avoir en mariage (Comte Artois S., c.1453-1467, 49).

 

2.

Empl. subst.

 

a)

"Celui qui est uni à qqn par des liens affectifs" : Ces deux estoient tant amys, allyez, et donnez l'un a l'autre, que d'habillemens (...) tousjours estoient pareilz. (C.N.N., c.1456-1467, 362).

 

-

Au plur. "Les proches" : ...vous ne devez avoir aucune accepcion de personnes ne freres, amis, parens, aliez privez, estranges (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 27).

 

b)

"Celui qui est du parti de qqn, qui lui apporte son soutien, qui est uni à qqn par une alliance, un engagement" : ...Edouart d'Angleterre, soy disant duc de Guienne, et ses gens ou aliez (Doc. Poitou G., t.4, 1369, 30). ...c'est pour les grans domaiges que le roy de France a fais et fait faire en Flandres, et la cause que les gens de Flandres ne regardent pas ne ne pevent veoir que autrement ilz puissent grever ne avoir vengence du roy de France ne de ses aliez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 472). Or nous delivrons de faire nostre mandement [tuer Remondin] si brief et si celeement que on ne le saiche se le moins non que on pourra. Et ainsi le firent ilz, et orent, dedens le second jour, jusques a IIIJc. hommes d'armes, que de leur lignaige, que aliez, et les firent logier en un bois, ou moult pou de gens les sceurent. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Comment Remond et ses parens desconfirent le chastellain et ses aliez, et autres parens de Josselin de Pont le Leon. (ARRAS, c.1392-1393, 71). Ce sont ceulx [les Anglais] qui se sont adjoins (...) a voz desloiaulx et rebelles de ce royaume, dont a la desraison de leur querelle ilz ont adjousté desloiauté, en soustenant les oeuvres desloialles de leurs alliez et compaignons. (CHART., Q. inv., 1422, 18). Tu diras (...) que tu es fort d'amys, et appuyé d'aliez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 104). [Mahomet] subtilla son engin a soy faire croire (...) message de Dieu, et soubz ce nom gaigner adhesion et suyte de peuple ; et pour tel se fist honourer et reputer par ses alliez et facteurs (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). Et plusieurs ses aliés et complices avecquez Mons. de Nemours avoient fait une grande conspiration à l'encontre du roy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 164).

 

-

[En partic., par une alliance, un engagement pol. ou milit.] : ...ceulx de Messine (...) N'avoyent Rommains relainqui, Ains estoyent leur alïez (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 211). ...en lui suppliant que, en y perseverant, il voulsist soy emploier avec le Roy, ses subgiez, aliez et bien veullans à secourir et defendre la ville de Paris et ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 261). Et avoit ses alliez le duc de Millan, les Venissiens, les Genevoiz et les Sennoiz, et generalment tous les seigneurs et communaultez d'Ytalie, excepté la cité de Florence (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 190). Or est venu le jour et l'eure que le roy Amydas et son filz le Regent ont assemblé leurs amyz, conseillers et serviteurs, ainsi que vous orrez, en la ville du Don. Et declarerent ce qu'ilz ont ouy de leurs ennemyz, c'est assavoir qu'ilz faisoient une très grosse armée, tant d'eulx que de leurs aliez, et qu'il estoit en voulenté de les aller combatre là où ilz estoient. (BUEIL, II, 1461-1466, 229). Mesmement que le duc de Millan et ses aliez requeroit estre d'acort avec le roy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 308).

 

.

Ami et allié : Lors fait le roy son ost semondre et mande par tout ses amis et aliez. Et en pou de temps assembla bien de VJ. a VIJ. mil hommes. Et se part de son pays et y laissa bon gouverneur. (ARRAS, c.1392-1393, 173). ...sachiés qu'il ne fu lent De faire partout mandemens, Par priere ou commandemens, A ses amis et aliez Et a ceulx qui furent liez Par feaulté et par hommage. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 241). ...en soy declairant amy, frere et alié du duc de Bourgongne (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 234). Quant au fait de voz ennemiz, gardez l'onneur du Roy, tant en ses saufconduitz que ès vostres meismes, que injustice ne leur soit point faicte ; car le Roy veult soy acquitter envers tous et premièrement à ses subgectz, à ses amiz et aliez, et aprez à ses ennemiz. (BUEIL, II, 1461-1466, 28).

II. -

[Union d'une pers. et d'une chose]

A. -

Empl. trans. Allier qqc.

 

1.

"S'attacher qqc. (de favorable)" : Volentiers sceussent ilz la guise De leurs dames entr'oublÿer ; Et faire comme fist Moÿse Qui fut le maistre d'oublÿer. Cestui cas doibt on publÿer, Car il sceut par astronomye Ou verge ou aneau allÿer, Propice a oublÿer s'amye. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 102).

 

2.

"Attirer qqc. (de défavorable)" : L'homme fraudeux grant torment trop allye, Enfin se mect com bon vin a la lye. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 81).

B. -

Empl. pronom. S'allier à qqc. "Prendre le parti de qqc." : Maix se li seneschault que si en moy se fie Me vuelt avoir covent de sa foy fiansie Que se l'onnour avons ou nom sainte Marie Et qu'il en ait le pris de la chevaillerie, Qu'i prande le royalme dou tout en sa partie, Que ja n'an vuelt avoir de la terre demye, Et j'aie la pucelle qui tant est adressie ; Se ceu vuelt acorder, il ait ma compaignie, Car honnis soit mez corpz s'aultrement s'i alie ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 44).

C. -

Allier qqn à + inf. "Inciter qqn à, l'engager à" : ...Amours qui les siens alie A tous biens faire (MACH., D. Aler., a.1349, 303). SAPÏENCE. (...) Par quoy mieulx le puis alïer A l'omme reconsilïer (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 48).

 

-

Empl. pronom. S'allier à + inf. "S'attacher à + inf." : Qui argent vont thesaurisant, Et or, ou les hommes se fient, Sanz fin a acquerir s'alient (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 498).

D. -

Empl. pronom. [D'une chose] S'allier en qqn / en son coeur. "Prendre qqn, le saisir" : Dame, grant dueil en moy s'alie Quant ainsi laissier me voulez (Mir. nonne, 1345, 346). Hé ! Vierge qui portastes le tres doulx fruit de vie, Veilhés vous filz prïer par sa grant cortoisie Qu'il me tiegne en sa foy, que ne soye perye ! Quar bien sçay de certain qu'Ennemy m'engarrye, Sy ay peur que despoir en mon cueur ne s'alye (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 29).

 

-

P. personnif. Qqc. s'allie qq. part. "Qqc. se trouve qq. part, s'y attache" : Quant je vous voy en viz [l. voz ?] plus beaux atours, Ou autrement en contenance lie, Et je remir les simples beaux tours (...) De vous doulx yeulx, ou Plaisance s'alie, De moy se part toute merancolie (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 61).

III. -

[Union de choses]

A. -

Au propre

 

-

Allier qqc. de qqc. "Mélanger qqc. de qqc." : Item, de puree aliez vostre poree de bectes et sera tresbon potage, maiz que vous n'y mectez point d'autre eaue, et est pour poree de Karesme. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 198).

B. -

Au fig.

 

-

Allier qqc. à qqc. "Lier qqc. à qqc." : Et bonne Amour me chastia, Qui dès lors mon cuer deslia Des pensers qui mains bons cuers lient Et aus grans grietés les alient. (MACH., D. Aler., a.1349, 367).

 

-

Part. passé : ...quant patience fault (...) qui tient les autres vertuz alieez et conjoinctes (CHART., Q. inv., 1422, 23).

 

-

Qqc. est allié à qqc. "Qqc. est associé à qqc." : Et neantmoins que icelluy vent soit aucuneffois alié ou surmonté d'aucunes influences infectes et corrompues... (Abuzé D., c.1450-1470, 21).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/70 
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     ALLOYANCE     
FEW V ligare
ALLOIANCE, subst. fém.
[GD : aloiance ; FEW V, 327b : ligare]

[Var. de alliance1] : Chascuns dist : "Nous le voulons faire !" L'un d'eulz, qui avoit a non Gilles, Leur apporta les evangilles Et les bailla a Verité, Qui tout premier c'est acquité, Car elle a jeuré l'aleance Et des diz banis la grevance (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 221). ...se poissance ne se pooit mies estendre si avant (...) se il n'avoit alloiances ailleurs. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 56). Le plus heureux qui soit en France Me suis trouvé, par l'alëance Que j'ay faicte nouvellement, Avec celle que j'ayme tant. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 239). Tant y a que vous desiroye Pour prendre avec vous aleance ! (Gal. Sancté P., c.1485, 185).

 

-

En l'alloiance de. "Sous le lien de" : Se n'estoit obeïssance Qui le tient en l'aloiance De bonne perseverance, Mal tamaint A dur estaint L'assaudroient d'abondance. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 71).

 

-

Par alloiance d'amour. "En gage d'amitié" : Et luy presente par aloiance d'amour ung beau present qui fut mult riche, que Charlez at receupt favorablement, et les ambassateurs avecques. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 117).

REM. Faire à terre alloiance. "Se jeter par terre" : : Car luy et le deistrier fist à terre aloianche (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 591).("Étrange application du mot" ; Scheler, Gloss., 25).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/70 
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     ALLOYER     
FEW V ligare
ALLOYER, verbe
[T-L : aliier ; GD : aloier ; AND : alaier1 ; FEW V, 327b-328a : ligare]

I. -

[Var. de allier]

A. -

Empl. trans.

 

1.

"Lier, attacher (au sens propre)" : ...et descendirent de leurs chevaus ; et les alloiièrent as arbres (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 68). Ilz aroutterent et aloierent leurs prisonniers deux et deux (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 223). ...pour ahuyer [l. alloyer ?] les cinquante gerbes de liens (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.1, 1403-1404, 150).

 

2.

Alloyer qqc. à/de qqc.

 

a)

"Mélanger qqc. à qqc." : Poree noire est celle qui est faicte a la ribellecte de lart. C'est assavoir que la poree est esleue, lavee, puis mincee, et esverdee en eaue boulant, puis fricte en la gresse des lardons, et puis alayer d'eaue chaude fremiant. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 202). [Autres ex. p.118, 204, 206, 214. Ou est-ce un tout autre verbe, à rapprocher de délayer ? Cf. T-L I, 272, alaiier]

 

b)

"Lier qqc. à qqc." : Bauduins, qui tenoit maint royame en servage, A bailliét Taillefier a l'adurét corage Bauduin de Sebourc, qui fu de son linage, Car li roys le tenoit plus loial et plus sage Que chiaus qui ne sont pas estrait de son parage ; Car d'estrainge boiel, che dist on par usage, Aloier fort au sien souvent en vint domage. (Bât. Bouillon C., c.1350, 79). Mais touteffois trop merveilleuse errour Vous voy tenir et a moy anoncier, Qui m'avez dit que je, pour le meillour, Doy mon anoy et mon dueil oublier, Puis que celle qui tant fait a prisier Son doulz voulloir a leaulté n'aloye, Et que pour plaindre et plourer je n'aroye Jamais secours qui me puist conforter. (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 337).

 

c)

[Dans un cont. de personnif.] : Car nous sommes tuit herbegiet En Orgoeil, le puant pechiet, En Despit, en Iniquité, En Desdaing, et en Fausseté, Par mauvaise fragilité Qu'Orgoeils a en nous aloiet. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 140).

 

3.

Au fig. Alloyer qqc. "En faire l'objet d'un engagement" : ...tous les jours y avoit parlemens et nouvelles ordenances, en reconfermant et alloiant le paix. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 53).

 

4.

P. personnif. Alloyer qqn (à qqn). "Allier" : Mais le veu Fezonas emprendre n'ozeroie, Car contre Fortune est, se moustrer le savoie, Contre Droit et Amors qui tout sorvaint et ploie, Car Fortune avoec Droit Amors a li aloie. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 114).

 

-

"Marier" : A envis marioit et aloioit en un ostel li dus de Bourgongne deus de ses enfans à une fois (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 189).

 

-

"Réunir, associer (?)" : [Il s'agit de maris qui confient leur femme volage à des religieux peu fiables pour qu'ils les accompagnent dans un pélerinage] Pour ce que gueres loings n'aloyent ["parce qu'elles ne vont pas chercher bien loin leurs compagnons ?"], Souvent trouvent ses ["ces"] rumuages, Ses veuz et ses pelerinaiges [ces pélerinages qui ne sont que des tromperies] (GARIN, Compl., 1460, 111).

B. -

Empl. pronom.

 

1.

S'alloyer à qqn. "S'allier à qqn" : Pour coi je sai certainnement Que ne me puis mius emploier Qu'a li moi rendre et aloier. Ce me sera santés et vie. (ACART, Prise am. H., 1332, 18). Or me puist Diex aidier, a cui mes coers s'aloie (Bât. Bouillon C., c.1350, 201). ...il s'estoit aloiez de foy et d'ommaige au roy Richard d'Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156). ...a ceuls et a celles qui tenoient la partie dou conte de Montfort, et qui s'estoient aloiiet et aconvenenchiet a li (FROISS., Chron. D., p.1400, 501).

 

-

Estre alloyé à qqn : Qant li rois d'Engleterre ot esté assés festiiés (...) de ces signeurs, (...) il (...) lor demanda qant il seroit heure de conmenchier ce que il avoient empris et dont il estoient tout obligiet et aloiiet a lui (FROISS., Chron. D., p.1400, 287).

 

.

P. personnif. : Bien viegnes tu, loiaus amis, Bien viegne tes fais et tes dis, Bien en soies tu essauchiés, Boine soit l'eure que veïs Humilité que tu creïs ; Et Pitié ou fus aloiés (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 131).

 

-

"Épouser qqn" : Quant Bietris oyt et dire et retraitier Que lou roy prenoit une teille mollier, Adont li commansait forment a annoyer, Et dit tout bellement : "A quoy panse Ollivier Que a une teille femme il se vuelt aloyer..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 929).

 

.

S'alloyer par mariage : Or prens ta main, et si le bailles A Plaisance, t'espeuse chiere, Et li jures a lie chiere Foi, loyauté a tous jours mes, Car saches bien que tu te mes Et aloies par mariage En fille de noble linage (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 118).

 

2.

[Suj. plur.] S'alloyer. "S'allier" : ...la ou li Londriiens s'acordent et aloient, nuls n'ose resister (FROISS., Chron. D., p.1400, 84).

 

-

S'alloyer ensemble. "S'assembler" : L'empereur Charlez regarde Ogier, Rollant, Charl[ot], Pepin, Aimery de Nerbongne qui(lz) s'aloient ensemble contre les Sarasins. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 71).

 

3.

S'alloyer à qqc.

 

a)

"S'engager dans qqc., s'attacher à qqc." : Dont plus fist Aristés quant a ce s'aloioit Que chil qui tous les veus ensamble aüneroit. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 109). En jone amour ne se doyt nul fier. (...) Prince, je tien, puis qu'enfance foloye, Que cilz est folz qui s'y croyt ne aloye Et qui la sert (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 240). ...il nous le faut faire et a ce nous sonmes aloiiet et obligiet de trop grant temps (FROISS., Chron. D., p.1400, 300).

 

-

S'alloyer à + inf. "S'attacher à" + inf. : ...et puis chescun s'aloie A assalhir Huon (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 590).

 

b)

"S'accorder à qqc., en être plein" : Quant aperçupt l'enffant qui a honneur s'aloye, De ses enffans luy membre, adonc le roy lermoye :... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 91).

 

Rem. Synon. allouer, avec lequel alloyer peut se confondre.

 

4.

S'alloyer que. "Se rallier à ce que" : Je ne me pués aloyer, Que se Lion retorne que je lou doie laissier, Que ne li messe en main son noble hesritier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 728).

C. -

Part. passé. "Allié"

 

1.

Alloyé sur. "Allié à, mélangé à" : Visage de mirouer ardant De rouge alayé sur le noir... (Parn. sat. S., a.1500, 67).

 

2.

Empl. subst. : ...dou roy englès et de tous ses alloiiés (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 157). ...tous leurs ahers et alloiiés (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 157). Les Flamens (...) envoioient souvent deviers le roi d'Engleterre, en li remonstrant conme si soubject, amic et aloiiet que (...)il le venroient (...) servir (FROISS., Chron. D., p.1400, 770).

II. -

[Corresp. à aloi]

A. -

"Mettre [les monnaies et autres objets de métal précieux] au titre prescrit par les règlements" : Orfaverie et espichiers, Ce sont ores deux bons mestiers. Mais ly orfevre ne m'est preu, Car, foy que je doy a saint Leu ! Ilz sont ores trestous hurtés A faire de grans obscurtés, En saulder et en aloyer (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 42). ...les orfevres (...) seront par lesdiz gardes examinez (...) c'est assavoir, à quans deniers et grains ilz doivent ouvrer, et s'ilz scevent aloyer leur argent et en faire essay (FAUQ., II, 1421-1430, 305). ...ledit argent blanc ainsi fondu et alayé et transporté ausdiz Sarrazins par ledit Jacques Cuer ou sesdiz gens et servicteurs ne fust de pareille loy comme cellui qui avoit et a cours en nostredit royaume, mais de moindre loy beaucop (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 7). ...et sera donné pour marc d'argent qui y sera ouvré pour chascun marc d'argent allayé, ainsi que dessus est dit, dix livres tournois. (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1478, 433).

 

-

Alloyer [une monnaie] à la loi de... "Mettre une monnaie au titre de" : ...le billon (...) seroit allayé à la loy des Doubles dessusdits (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1351, 450). ...et auront les marchans et changeurs frequentans lesdictes monnoyes, du marc d'argent allayé à ladicte loy, huit livres quinze solz tournois. (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1467, 14).

 

-

"Vérifier [un métal] pour s'assurer qu'il est au titre prescrit" : ...et que l'estaing soit bon, loyal, bien et deuement alloyé, et qu'il ne soit aucunement souspeçonné d'avoir esté mal prins et emblé ou achepté de gens souspeçonnez (Mét. corp. Paris L., t.3, 1496, 390).

B. -

Au fig. "Vérifier, légitimer" : Car je ne vous dis rins (...) que veriteit n'aloie Et confirme del tout (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 642).

REM. T-L I, 312, enregistre un verbe aloiier "se justifier". V. alliance2
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/70 
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     ALOI     
FEW V ligare
ALOI, subst. masc.
[T-L : aloi ; GD : aloi ; GDC : aloi ; FEW V, 328a : ligare ; TLF : II, 604a : aloi]

A. -

[Domaine des monnaies, des objets précieux]

 

1.

"Alliage, titre légal (d'une monnaie, d'un objet d'orfèvrerie...)" : ...ils avoient usé et mis en fait de change et en autres manieres par marchandise, de monnoie d'autre coing et aloy que de celle de Guienne, taillée et marquée du coing du dit prince, et que celle monnoie estoit false et contrefaite (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 255-256). Tierchement il voloient que li rois de France fesist là forgier florins et monnoie d'otel pris et aloy, sans nulle exception, que on forgoit à Paris. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 82). Laquelle vente des deux fiefs dessus declairiés a esté faitte pour et parmi le pris et somme de deux mil et vint escus couronnez du coing, poix, forge et aloy du roy nostre sire, courans ad present pour dix huit sols Parisis le piece, frans deniers a la ditte dame (Comté Porcien R., 1411, 242). Laquelle Jaquette (...) cuidoit de vray que ilz feussent du coing et aloy du roy nostre sire. (Paris domin. angl. L., 1423, 91). ...ledit Mingot lui demanda se il vouloit ouvrer cinq ou six marcs de lingoz d'aloy (Paris domin. angl. L., 1431, 330). ...la somme de quatre cens mil escuz d'or vielz, de LXIIII au marc de Troies, huit onces pour marc et d'aloy à XXIIII karaz, un quart de karat de remède, ou d'autre monnoie d'or coursable à la valeur. (Hist. Lille T., t.2, 1435, 96).

 

-

De bon aloi : Et se tu fais forgier monnoie, Pour Dieu, fai la tele qu'on oie Dire qu'elle est de bon aloy. (MACH., C. ami, 1357, 136). ...les besans du pais, qui nobles sont appellez et les esterlins, combien qu'ilz fussent d'une grant apparance, toutesfois ilz n'estoient pas telz ne de si bon aloy que les besans jadis qui se forgeoient ou pays ou temps du benoist saint Encelme et du venerable Bede (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 396). Item, se lesdictes ceintures ou autre euvre d'orfavrerie (...) est trouvée non estre de bon aloy, selon les ordonnances, elle sera cassée (FAUQ., II, 1421-1430, 303). Et pour ce leur faisoit requerre et prier très instamment, qu'ilz lui voulsissent aidier à reconquerre ycelle ville de Calais, laquelle (...) estoit moult préjudiciable à toute la contée de Flandres, parce que les laines, estain, plont et fromages, et aultres marcheandises que ceulx de Flandres y achetoient, on ne povoit payer de quelque monnoye, tant fust de bon aloy, à leur plaisir. Et leur convenoit baillier or ou argent fondu et affiné, ce que ne fesoient point les aultres pays. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 214-215). ...ledit changeur fist copper ledit florin par ledit Babin hostellier ou par l'un de ses varlez et fut trouvé faulx et qu'il n'estoit pas de bon aloy. (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 534).

 

-

D'aloi suffisant : ...comme Alaïs, femme fuit Estiene Perre (...) soit ahue prise et restee pour aucune somme d' argent (...) acourdéz est que en soit absoulte (...) comme la dite monoie fuit de esloy suffisant (Echevin. Dijon L., 1342, 12-13).

 

-

De mauvais / de bas aloi : ...tant à l'occasion du foiblaige des escuz forgez en noz monnoyes, qui sont chacun jour lavez et roignez, que aussi des monnoyes d'or et d'argent estranges d'autre coing que des nostres, estans de bas et mauvais aloy, feoibles de prix (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1493, 346).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : ...les siens [ses hommes] signe Jhesus Qui mist en l'eglise telz us Telle ordenance et telle loy Que feaulx crestiens sont eslus, Tous aultres reproches refus Comme metail de faulx aloy. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., App., p.1358, 377). ...le grant Maistre de la Monnoye (...) doye mander (...) la seconde princesse et royne de sa divine forge, c'est assavoir Verite la royne (...) voire pour adnuler la puissance des forges de la faulse arquemie en forgeant les fins besans et ramenant a leur premiere estampe sans aucune palliacion foraine ne faulx aloy. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 217). Autres lieutenans et sans nombre se treuvent de Bonne Adventure qui forgent en la forge bons besans apparans, lesquelx s'ilz estoient mis a l'essay, par adventure on les trouveroit par dehors dedorez ou mal dorez et par dedans de cuivre ou de vil aloy ; c'est assavoir ilz font justice apparant et souvent la cause legierement ventilee, les uns pour vaine gloire, les autres pour amour charnelle ou hayne ou pour cr[u]aulte et vengeance, et aucuns pour complaire au seigneur (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 381). Vessel forgié de mais aloy, Convient il que Dieu te responne ? (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 113).

 

2.

"Monnaie d'alliage (p. oppos. à la monnaie d'or ou d'argent)" : ...depuis ce que iceulx coings furent forgiez et gravez par la maniere que dit est, eulx deux ensamble ont fait et fondu billon d'argent et de cuivre ensamble, et fait de l'aloy de icelle matiere, et, icelui aloy fait, ont ordonné billes de ladite monnoye, qu'il qui parle a aplaties, rongnées, arondies et blanchies (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 489). ...l'argent dont ilz faisoient ledit billon ou aloy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 489). Et, semblablement, par cautelle, Meslon souvent tare et aloy, En fraudant le prince et la loy Quant au cours de son monnoyage. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 56). Je renonce au mestier de change, Je renonce a tous manymens De monnoyes et de payemens, A tout billon, a tout alloy, De peur de transgresser la loy. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 57).

 

Rem. C'est vraisemblablement le sens qui convient dans l'ex. suiv. de Villon : : Chantres chantans a plaisances, sans loy, Galans, rians, plaisans en faiz et diz, Coureux alans francs de faulx or, d'aloy ["qui allez exempts de faux or et même d'alliage" (Éd.)], Gens d'esperit, ung petit estourdiz, Trop demourez, car il meurt entandiz. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68).Dans cette interprétation, d'aloy se rapporte à francs. Pour un commentaire différent, cf. J. Frappier, Romania 87, 1966, 380 et l'éd. Thiry, 292.

B. -

P. ext. "Mélange quelconque" : Mais elle respont que "sa loy Briseroit, se quelconque aloy Ou appareil d'aucun mengier Lui estoit fait par estrangier, Qui de sa loy mesmes ne fust..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 224).

 

Rem. Dans l'ex. suiv., il s'agit peut-être du mélange de matériaux formant le verre : En mer se fist geter en un tonnel voirrois, N'i ot autres droimons, barges, sales ne tois Que le tonnel de voirre et ces foibles alois. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 62).

C. -

Au fig.

 

1.

[À partir du sens A, à propos de pers. ou de choses] "Valeur, force (comme a de la valeur la monnaie de bon aloi)" : ...mais, celle loy N'avoit sur les grans point d'aloy. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 58).

 

-

De bon aloi : Sur le pré le kaÿ li brans de bon aloy (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 548).

 

-

De faux aloi, de petit aloi, de put aloi : ...s'ilz [les prêtres] sont de petit aloy, Ne doubtez, que Dieu congnoit tout (DESCH., M.M., c.1385-1403, 160). Nous fais tu belle erreur entendre, Homme infame de put aloy, Mauldit de Dieu et de la loy ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 193). Juge, tu pues entendre assez Que cest homme de faulx aloy, Maudit de Dieu et de la loy, N'avons pas icy admené Qu'il ne soit bien examiné D'examinacion tres forte (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 286). C'est tres grande prodicion A ses Juïfz de faulx aloy, Qui ont fait sy noble convoy A nostre maistre [Jésus] en cestuy jour ; Mais, quant est venu au sejour, Il n'a eu amy sy certain Qui ung tout seul morceau de pain Luy ait donné. Sont il bien chiens ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 577).

 

-

De mauvais aloi : ...si ont visitté les boulangers, thonneliers et autres, pour leur excèds et tromperie qu'ils faisoient en leurs mestiers, et mesmement les dicts boulangers sur lesquels les dicts supplians ont accoustumé de donner le pain qu'ils trouvent de mauvais alloy et de moindre poid pour Dieu (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1456, 324).

 

2.

[À partir du sens B, à propos d'une pers.] "Nature (physique ou morale)" : Par Mort qui n'a loy Et qui est de dur aloy ! (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 244). Mort terrible de dur aloy (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 29). Seigneurs, pas n'estes d'aultre aloy Que le povre peuple commun : Faites vous subgetz a la loy, Car certes vous mourrez comme ung Des plus petis, ne bien aulcun, Pour vray, ne vous en gardera. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 57). Car il me semble, quant a moy, Que Pilate est trop inhumain Et qu'il est de trop fort alloy Pour nous gouverner soubz sa main. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 32).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/70 
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     CONLIEMENT     
*FEW V ligare
CONLIEMENT, subst. masc.
[*FEW V, 321b : ligare]

"Action de lier, d'attacher ensemble ; résultat de cette action" : Connexitas (...) : enlachemens, conliement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 86).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/70 
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     DÉLIABLE     
FEW V ligare
DESLIABLE, adj.
[T-L : deslïable ; GD : desliable ; AND : desliable ; FEW V, 325b : ligare]

"Dont on peut se dégager" : Desliable : dissolubilis (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 206). ...ceulx qui cy sont encloz en la cruaulté de ceste chartre et constrainz des neant desloiables loyens de leurs pechiés, il les desloiera et les emmerra en la vie de sa divinité. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 861). Et l'esclarcisseur de perpetueles tenebres, il desrompy les loiens non desloiables par l'aide de la vertu non vaincue. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 863).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 11/70 
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     DÉLIABLETÉ     
FEW V ligare
DESLIABLETÉ, subst. fém.
[T-L (renvoi) : deslïableté ; GD : desliableté ; FEW V, 325b : ligare]

"Propriété de ce qui est desliable"

REM. GARBIN 1487 ds GD II, 604c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/70 
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     DÉLIANCE     
FEW V ligare
DESLIANCE, subst. fém.
[T-L : deslïance ; GD : desliance ; FEW V, 325b : ligare]

A. -

"Action de délier, de séparer" : Dissolutio : desliance (Abavus IV, R., c.1350, 315).

B. -

Au fig.

 

1.

"Action de libérer qqn, de délier qqn d'une contrainte ou d'une obligation ; résultat de cette action" : ...audit jour où icelle partie estoit cheu en terme lectre il avoit eu la desliance du sien o plege prins pour deffaulx (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 78). Il est assavoir que depuis que tel deffaillant est depuis cheu secondement en terme lectre après qu'il a eu la desliance du sien o pleige, combien qu'il s'est sauvé et retourné en jour simple, neantmoins du premier deffault qu'il fera, il sera tousjours adjourné lectre (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, a.1458, 16).

 

Rem. Ex. de LA TOUR LANDRY ds GD II, 605a (la desliance de vraye confession)..

 

2.

"Action de libérer, de dégager (une chose saisie)" : ...lesdiz establissans ont donné et donnent plain povoir, auctorité et mandement espécial d'eulx présenter, d'estre et de demander par euls et en leurs noms (...), de demander, requerre et recevoir principal et despens, se aucuns leur estoient adjugiez, et la desliance des biens et choses d'eulx et de ladicte Université, se ilz estoient prises ou saisies (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1398, 252).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/70 
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     DÉLIEMENT     
FEW V ligare
DESLIEMENT, subst. masc.
[T-L : deslïement ; GD : desliement ; FEW V, 325b : ligare]

A. -

"Action de délier, de dégager"

 

Rem. Doc. 1340 et GOULAIN 1374 ds GD II, 605a-b.

B. -

"Relâchement"

 

Rem. Jardin de santé, c.1500, ds GD II, 605a-b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/70 
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     DÉLIER     
FEW V ligare
DESLIER, verbe
[T-L : desliier ; GD : deslier1 ; GDC : deslier ; AND : deslier ; DÉCT : desliier ; FEW V, 325a : ligare ; TLF : VI, 1033a : délier]

A. -

Au propre

 

1.

Deslier qqn. "Détacher, débarrasser qqn des liens qui l'entravent" : Ce seroit a nous grant laidure Que si tresbelle creature Occisissons, c'est a un mot. Morant, desliez la tantost Et si s'en voise. (Mir. Berthe, c.1373, 181). ...[il] fu fait despouillier, mis et lié par les bras à ladite question, et ainsi comme l'en le voult mettre sur le petit tresteau, requist que l'en le desliast, et des larrecins par lui fais, donc il y avoit plusieurs, il diroit la verité. Si fu deslié et mis hors, et, en après, ramené en jugement sur lesdiz quarreaux (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 395). ...et trouverent .V. povres prisonniers englés, que les Escos avoient tous mis loiiés as arbres. Si les desloiierent (FROISS., Chron. D., p.1400, 150). Si l'ont deslïé et monté Et mené dedens li chasteaulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 220). ...sy desloia la damoiselle, qui estoit laidement atournee (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 289). ...il attacha au bancq les deux marteaulx qui avoient en son absence forgé sur l'enclume de sa femme, et puis le deslya de tous poins. (C.N.N., c.1456-1467, 495). Soyés joyeuse, Mere Marie ; Vostre amoreuse - cher [Jésus] on deslie. (Pass. Auv., 1477, 242).

 

-

P. métaph. [À propos de l'âme] : Et pourtant bien dit à propos le sage Helbertus que, quant l'omme muert, l'ame est desliée et desprisonnée (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 20).

 

-

Deslier qqn de qqc. "Enlever qqc. qui était lié, attaché sur qqn" : Et la, present le roy, je vous deslieray de vostre bracelet, puis demain le vous rendray (LA SALE, J.S., 1456, 107).

 

.

[Idée de détacher des liens de la vie] : ...c'est celluy qui le ladre de quatre jours puant et desloié, lequel je tenoie mort, rendy par la parole de son commandement a la devantraine vie. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 861).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Lors [par la Confirmation] sont les parrains deslians [l. des liens] Desliéz ou ilz s'estoient mis (Liber Fort. G., 1346, 140). [L'Éd. imagine un verbe deslier "réjouir"] Lors Amours qui les siens alie A tous biens faire, et les deslie Maintes fois de mauvais loien... (MACH., D. Aler., a.1349, 303).

 

.

[À propos de l'absolution des péchés] : Ha ! saint pére, vueilliez entendre A moy pecheur que deceu A Sathant (...) Deslie moy de ses liens (Mir. st Guill., c.1347, 31). ...ceulx qui cy sont encloz en la cruaulté de ceste chartre et constrainz des neant desloiables loyens de leurs pechiés, il les desloiera et les emmerra en la vie de sa divinité. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 861).

 

-

Empl. pronom. Se deslier. "Se libérer de ses entraves, se détacher" : LE SECOND CHEVALIER. Sa, des cordeaux et que tost on le lye ! (...) SAINCT MARTIN. N'ayez ja peur qu'en rien je me deslye, Car bien asseur de mes ditz je me sens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 247).

 

-

Deslier un animal : En male nuit soit la femme entrée, quant elle nous traveille à celle heure ! Che sont ses vaques ou si viel qui sont desloiet (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 139).

 

2.

Deslier qqc.

 

a)

"Dénouer qqc. (une corde, un lien, un empaquetage, ce qui est empaqueté...)" : Et, quant n'i ot fors moi present, Je pris ceste ymage jolie, Qui trop bien fu entortillie Des cuevrechiés ma douce amour. Si la desliay sans demour, Et, quant je la vi si tres belle, Je li mis a non Toute Belle. (MACH., Voir, 1364, 174). Et dit que les noëz estoient gros comme noiz, envelopez en viel drapel, et liez de fil, et estoient assez molez et legiers. Et dit que il n'en deslya aucuns, ne ne veist chose qui feust dedens. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 448). ...[il] print un petit fardelet lyé qu'ilz portoient sur leur cheval, lequel icellui prisonnier et sesdiz complices deslierent, sercherent et regarderent dedens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 139). Et toy, Pucelle beneurée, Y dois-tu estre obliée, Puis que Dieu t'a tant honnorée Que as la corde desliée Qui tenoit France estroit liée ? (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 32). ...Pour les discordez ralïer Et aux encloz donner yssue, Leurs lïans et fers deslïer ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 41).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. (desloyer).

 

-

Deslier une malle. "Ouvrir une malle" : ...je ne laisseroie pour riens que ma male ne fust desloyee (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 701).

 

b)

"Délivrer qqc." : Es corps qui ont pustulles es voyes de l'orine, ou en la verge, quant telles pustules sont sanieuzes et l'ordure flue dehors, telle passion est desliee. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 80).

 

-

MÉD. Deslier le ventre. "Lâcher le ventre" : Item por faire bin aleir a chambre. R. ranchinne de chenilhie et le broies bin, et le destrenpreis de saïn, et li loieis a plantes dez piez, et escafeis lez plantes tres bin a feu, et lors vos deloierat le ventre. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 202).

 

-

Deslier la langue. "Libérer la langue (pour la parole)" : Desquelles parolles par Saintré dictes, furent tous les cuers des escoutans esmerveilliez, dont par ce les langues furent a tous et a toutes desliees pour le loer (LA SALE, J.S., 1456, 129).

 

.

Empl. intrans. ou pronom. : Et quant les pansses furent comme remplies, a l'eure que les langues commencent a deslyer, damp Abbé se commença a resveillier et dist : "Ho ! monseigneur de Saintré, resveilliez vous !..." (LA SALE, J.S., 1456, 276).

 

-

Deslier le silence. "Rompre le silence" : Bruthus (...) desloia le silence en telle maniere et dist : ... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 17).

 

c)

"Dégager, découvrir qqc." : LA FILLE. Sire, mon braz deslieray, Si verrez dont elle [la main] parti Quant de la coper m'aparti. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 86). Un livre voy en celle aumoire ; Il convient que je le deslie. Voir[e], c'est d'un meschant la vie, Qui estoit un foueur de chans. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 38).

 

-

Au fig. : Desloyez nous les droiz terrestrïens (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 18).

 

-

Empl. pronom. "Se débarrasser de ses vêtements" : PANTHALEON. Or te deslie : endementiers M'aviseray. LE CONTRAIT. Sire, voulentiers le feray. Deslié sui. (Mir. st Panth., 1364, 337).

 

d)

[D'une chose] Se deslier sur qqn. "Se déchaîner sur qqn" : Mais quant leur gengle plus fort Seur moy se deslie, Tant sui je plus envoisie, Car Diex scet, où je me fie, Comment je me port. (MACH., Ch. bal., 1377, 599).

B. -

Au fig.

 

1.

Deslier qqn /son coeur (de qqc.). "Dégager, libérer qqn (de qqc.)" : Mais au departir li loien De grieté forment me loierent Qui malement me formenerent, Et bonne Amour me chastia, Qui dès lors mon cuer deslia Des pensers qui mains bons cuers lient Et aus grans grietés les alient. (MACH., D. Aler., a.1349, 367). ...tant abelit A Dieu qu'il oy sa priere Et la reçut en tel maniere Que de prison le deslia... (MACH., C. ami, 1357, 55). ...les diz priour et frères prescheours de Coustances et leurs subcessours audit hostel et icellui lieu et touz leurs biens meubles et immeubles demeurent quictes et desliez envers les diz priour et frères dudit hostel Dieu de faire ladicte assiete de quarante et cinq solz tournois (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1391, 195). ...Car Plaisance est plus jolie, Qui dueil et soussi enchace, Et n'est n'ingrate n'eschace, Ains a Largesce se alie. Et fait la pensee lie, Et de doulceur l'entrelace ; Le cuer esjoie et soulace, Et l'homme d'ennuy deslie. (CHART., L. Plais., c.1412, 150). ...vous regnez sur lez subgeez et sur les serfz, et il commande et regne sur les roys ; vous mettés loys transitoires au monde, et sa loy perpetuelle les deslie, et lie voz puissances. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 41). ...je vous supplie Que vostre grace me deslie De ceste desolatïon (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 402). Faiz que faillie Soit leur erreur et les deslye De dampnacion trop cruelle. (LA VIGNE, S.M., 1496, 436).

 

Rem. FOUL., Policrat. B., V, 1372, 305.

 

-

Empl. pronom. Se deslier. "Se dégager, se libérer (de toute retenue)" : Car bien set qu'il n'y a en fame courouchie Sïenche në aviz puis qu'elle s'y alie [var. se deslie] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 533).

 

.

"Se séparer (par la rupture du mariage)" : ...il se deslia d'une jeune fille qu'il avoit espousée, pource qu'il la vit couchier avec le prestre de la maison (C.N.N., c.1456-1467, 12).

 

.

Se deslier de qqn. "Se libérer d'un engagement, d'une obligation vis-à-vis de qqn" : Incontinent escripvit ledict duc ces nouvelles en Bretaigne, et envoya le double du traicté par lequel ne se desjoignoit ne deslioit d'eux. (COMM., I, 1489-1491, 145).

 

2.

Deslier qqc. "Défaire, dissoudre (un lien, un contrat, une obligation, une promesse...)" : Et donques l'obligacion du filz au pere ne puet estre solue ou desliee par le bienfait du filz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 451). ...ce que il averont en convenant .I. jour, il le deliieront l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 189). Or as tu voulu par tes exemples amplir le povoir de nature et deslier l'auctorité de la loy. Qu'est ce aultre chose fors mettre tout a bandon, et oultre nature provoquer le monde a superflut delit et a commune et publique luxure ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 123). Le tiers bien, c'est le sacrement qui ne soit dissolvé ne desloyé [trad. le lat. dissolvere]. Jassoi ce qu l'eglise puist faire divorse et separation pour aucuns empeschemens de mariage, neentmoins le mariage qui est celebré ne puet ne doibt estre dissolvé ne deffait (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).

 

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss. ("prononcer la dissolution d'un lien acquis par un sacrement").

 

-

Deslier un doute. "Résoudre une question douteuse" : Ha, jouvenceau, a toy n'affiert avoir la clef pour desfermer si chier secret. Maintz plus que toy expers et dignes ont travaillié et nuytz et jours pour enquerir et deslier ce subtil doubte, mais pour certain la peine ont eue, le sçavoir non. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 285).

V. aussi délié
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 15/70 
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     DÉLIEUR     
FEW V ligare
DESLIEUR, subst. masc.
[GD : delieur ; FEW V, 325b : ligare]

"Celui qui dilapide, aventurier" : ...affin que vous doubtiez et creniez les persecutions du ciel, et que oultrecuidance d'amis, d'avoir ou de seignourie ne vous facent ung tempteur de Dieu, ung deslieur de fortune et ung cuideur de valoir, pour mener à fin les choses impossibles, sans avoir regart à la perdicion de noblesse... (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 14).

REM. FEW : "Celui qui délie, qui délivre" (1612).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     DESALLIANCE     
FEW V ligare
DESALLIANCE, subst. fém.
[FEW V, 327b : ligare]

"Fin d'une union, désunion"

 

-

Faire desalliance. "Faire défaut dans une union (ici par la mort)" : Et combien que par l'aliance De deux vivans soubz l'ordonnance D'Amours et en communaulté, Se ung des deux fait desaliance, Le mort saisisse le vif en ce De tous ses biens par la moitié... (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 54).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 17/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     DESALLIER     
FEW V ligare
DESALLIER, verbe
[T-L : desaliier ; GDC : desallier ; FEW V, 327b : ligare]

A. -

Desallier qqn de qqn. "Désunir, séparer qqn de qqn d'autre, rompre l'alliance de qqn avec qqn d'autre" : ...l'ennemy d'humain lignaige Qui pecheurs de Dieu desalie (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 140).

B. -

Desallier qqn de qqc. "Séparer qqn de qqc., le libérer de qqc." : A celuy qui m'ayme et honnoure, Je [Sapience] luy faiz evader folie Et de fureur le desalie. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 147).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 18/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENLIANCE     
FEW V ligare
ENLIANCE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : enlïance ; GD : enliance ; FEW V, 328b : ligare]

"Lien, obligation"

REM. Doc. 1353 (Neufchâtel, je promet (...) les allegences faictes entre nous garder et tenir fermement selon la tenour des lettres faictes sur lesdites enloyences) ds GD III, 196b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 19/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENLIEMENT     
FEW V ligare
ENLIEMENT, subst. masc.
[T-L : enlïement ; GD : enliement ; FEW V, 328b : ligare]

"Fait d'être lié, engagement, obligation" : ...dores en avant nul ne sera receu à alleguer compromis en dissimulant et retardant la cause commencée et intimée, si celui qui allege compromis ne monstre presentement compromis vallable par lectre passée et sceellée de sceau portant foy et qu'il soit vallable à l'esgart du juge, ou par enloyement de serment de partie sans jour changer. (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1403, 366).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 20/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENLIER     
FEW V ligare
ENLIER, verbe
[T-L : enliier ; GD : enlier2 ; AND : enlier1 ; FEW V, 328 : ligare]

I. -

Empl. trans. Enlier qqn. "Engager, obliger qqn par un serment" : ...se le mari venoit advouer le seigneur de la femme, avant ce qu'il l'eust enloiée, se elle gisoit au lieu, elle ne seroit pas formariée, car tousjours demourroit elle femme du seigneur. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 260).

 

Rem. Nombreux ex. d'a.fr. ds GD III, 197a.

II. -

Part. passé en empl. subst. "Celui qui est lié à qqn, complice"

 

Rem. Doc.1365 ds GD II, 197c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENLIERNER     
*FEW V ligare
ENLIERNER, verbe
[*FEW V, 324a : ligare]

Empl. trans. "Relier, au moyen de liernes (dans un travail de charpente)" : ...aussi avoir enlierné de 2 liernes, tout de neufs, lesdits deux poutres qui servent par maniere de pieu (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 674).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 22/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENTRALLIER     
FEW V ligare
ENTRALLIER, verbe
[GD : entralié ; AND : entrealier ; FEW V, 327b : ligare]

Empl. pronom. réciproque S'entrallier. "S'unir par une alliance" : Le quint bien est que par mariages les gens s'entrealient et font amistiés et aliences entre eulz. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 27). Ambioris, roy des Germaniens, avec les Tributoniens et aultres, s'entrealierent par serment d'assaillir en ung jour les herberges de Sabinus et de Cocta (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 147).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ENTRELIÉ     
FEW V ligare
ENTRELIÉ, adj.
[T-L : entreliier ; GD : entrelier ; FEW V, 328b : ligare]

Au plur. "Unis par un accord réciproque" : ...toutesfoiz si ne les povoit il forclorre de l'entiere et loyale amour dont leurs deux cueurs estoient mutuellement entreliez et embrasez. [Un père interdit à sa fille de rencontrer son ami de coeur ; réf. au vocab. courtois] (C.N.N., c.1456-1467, 546).
 

DMF 2020 - Synthèse Roger Dubuis

 Article 24/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     ESLIANCE     
*FEW V ligare
ESLIANCE, subst. fém.
[GDC : aliance ; *FEW V, 327a : ligare]

"Alliance" : Toute iour me reprochoient et reprouoient mi anemins et qui devant mi me looient et fletoient et loboient, per darrieir encontre mi iuroient et faisoient conspiration et eslience (Psaut. lorr. A., 1365, 101).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 25/70 
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     ESLIER1          ESLIER2     
FEW V ligare
ESLIER, verbe
[GD : esloier ; AND : eslier1 ; FEW V, 324a : ligare]

Empl. trans. "Attacher, lier" : Or le m'esloyez a loisir Par my les braz de ceste corde. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 165).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 26/70 
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     INDÉLIABLE     
*FEW V ligare
INDESLIABLE, adj.
[*FEW V, 325b : ligare]

"Qui ne peut être délié, inextricable" : Inextricabilis (...) : indesliable (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 168).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 27/70 
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     LIABLE     
*FEW V ligare
LIABLE, adj.
[AND : liable ; *FEW V, 319a : ligare]

"Qui peut être lié" : Nodabilis (...) : nouable, liable (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 247).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 28/70 
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     LIAGE1          LIAGE2     
FEW V 321b, 322a ligare
LIAGE, subst. masc.
[T-L (renvoi) : lïage1 ; GD : liage1/liage2/liage3 ; FEW V, 321b, 322a : ligare ; TLF : X, 1148b : liage]

A. -

"Matériau pour attacher, pour ficeler qqc." : Pour autres fret de monnoies pour le fait de la grant armee, pour louage de chevaux et de vallez, paniers, cordes, liages, despens de genz qui la conduisoient (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 61). ...une grande mande d'argent, à mettre l'aumosne, lyé de sercles d'argent doré, et le liaige desdits chercles de fil d'argent blanc, et a deux costez deux troux pour la pourter (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 89). Je n'y veulx pas lyage mettre ; Il tiendra sans lyen ne orde. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 10).

 

Rem. Aussi Mense épisc. Cout. D., 1440, gloss. ("liaison de charpente ou couverture de paille que l'on lie").

B. -

"Fait d'attacher un bateau"

 

Rem. Doc.1373 ds GD IV, 770b. J.-P. Chauveau : "la locution paux du liage dénomme les poteaux sur lesquels on attachait un câble au moyen duquel on faisait entrer dans une écluse les bateaux naviguant d’aval en amont sur la Sarthe, à Solesmes".

 

-

P. méton. "Droit d’amarrage"

 

Rem. Doc. 1406 ds GD IV, 770b ; FEW V, 330b, n.14 ; mais enregistré par ailleurs ds FEW XXIII, 121b, o.i..
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 29/70 
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     LIAISON     
FEW V ligare
LIAISON, subst. fém.
[T-L : lïoison ; GD : lioison ; FEW V, 320 : ligare ; TLF : X, 1149a : liaison]

A. -

Au propre

 

1.

CUIS. "Ingrédient incorporé à une préparation pour la rendre homogène et consistante" : ...car iceulx moyeulx d'eufz jaunissent assez, et si font lyoison (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 213). [Autres ex. p.201, 214, 215, 222] Il [ce lait] n'est pas ainsin que tu dix, Mes il y a eufz a foisom, C'est ce quil fait la liaisom Et quil l'a ainsin fait espés. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 74).

 

2.

"État de ce qui est lié, joint ensemble dans une charpente" : ...en iceluy comble et festes sous festes loyés de doubles loysons, et entour la grande cheminée de pierre, une enchevestrure en quoy les chevrons du toit en droit icelle cheminée sont aguillés d'un costé et d'autre. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 610). A Jehan Caumel, serrurier (...) pour l'uis du retrait avec II esquierres pour tenir la cheminée avec la maison, avec II aultres esquierres pour tenir l'apentis et la librarie en liéson, une virole pour l'espy de la tour... (Comptes Archev. Rouen J., 1440, 215).

 

-

P. méton. "Pièce de bois servant à relier entre elles des parties de charpente" : ...et y a entre euvre, entre les través fournis de loison et ordonnéz à queue d'alonde bien et suffisament (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 610). ...icelle feste portant à cuticelles, ordonnée et fournie de loison pour soutenir la pourfeste (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 616). ...laquelle maison est fourmé de ses sollez, postz, trefz, entretoises, parnes, ponissons, soubzchevrons soubzfesté, chevronné, solivé de soliveaux compétens ; et est le costé d'icelle devers la grant court wide, colombé tant bas que hault de colombes assises l'une a ung pié prés de l'autre avec les liesons a ce appartenans (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 186).

 

3.

"Lien servant à ligoter qqn"

 

Rem. FLAMANG, Vie Pass. st Didier C., 1482, 406.

B. -

Au fig. "Ce qui oblige, ce qui engage moralement"

 

Rem. Doc. 1324 ds GD IV, 793b.
 

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 Article 30/70 
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     LIANCE1          LIANCE2     
FEW V ligare
LIANCE, subst. fém.
[T-L : lïance ; GD : liance ; AND : liance ; FEW V, 323b : ligare]

A. -

[Concret] "Courroie qui lie le joug aux cornes des boeufs attelés"

 

Rem. Doc. 1371 (loyanche) et 1462 (lienses) ds GD IV, 770c.

B. -

[Abstrait]

 

1.

"Alliance (matrimoniale, politique...)" : ...le Duc de Bretaigne B[retaigne] s'envoie envers nostre tresredoubté seignur le Roy par son escuier, Antoine Ricz A[ntoine] R[icz], pur traiter de la liance faire par entre le filz du dit Duc et nostre joene fille (Lettres agn. L., p.1412, 328). [Ou faut-il lire l'aliance ?] ...il leur fut dit que dedens briefz jours ledit duc feroit traicté et liance au roy de France (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 362). Les troys nobles roys, tous d'ugne liance Vant querrant le roy en grant diligence. L'estiele du ciel lieur fist desmostrance : L'enfant on trouvé. (Noëls avign. A., a.1450, 366).

 

2.

"Ce qui lie, qui oblige, contrat" : ...telle filhe deseagié ne puest faire loanche qui valhe [Éd. : "loyance dans le pavillard cité" ; cf. rem. ci-dessous], jusqu'à tant qu'elle aurat XV ans accomplis. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 201).

 

Rem. Doc. 1424 (Liège, et que cette filhe deseagie ne puisse faireloyanche qui vailhe, jusques a tant qu'il arat .XV. ains accomplis) ds GD IV, 770c.

 

-

En partic. "Hommage lige"

 

Rem. FROISS. (éd. Kervyn) ds GD IV, 770c.

 

3.

"Lien qui fait obstacle, qui entrave" : Dont le sensitif [puisque Mémoire a repris toutes les facultés intellectuelles] s'esveilla Et esvertua Fantasie, Qui les organes resveilla Et tint la souveraine partie En suspens et comme mortie Par oppressïon d'oubliance, Qui en moy s'estoit espartie Pour monstrer de Sens la lïance. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 29). [Éd. : "pour manifester l'empêchement de mon esprit ; l'oubli a non seulement lié la raison, il a engourdi l'ensemble de la personne, dont la fantaisie réveille tous les organes" ; cf. aussi P. Imbs, Trav. Ling. Litt. 19, 1975, 124 : "liance est le pendant (...) du latin scolastique ligamentum, employé par saint Thomas comme synonyme de impedimentum "empêchement, entrave", et notamment en liaison avec le mot sensus : "le jugement de l'intellect [pratique] est entravé par la ligature du sens", sens désignant alors le sens commun" ; leçon aliance ds VILLON, Lais D., c.1456-1457, 76]
 

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 Article 31/70 
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     LIANT     
FEW V ligare
LIANT, adj. et subst. masc.
[GDC : liant ; FEW V, 320a : ligare ; TLF : X, 1152a : liant]

A. -

CUIS. "Qui lie, qui donne de la consistance" : Et doit ce potage estre brun de sain et lyant comme soringue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 216). ...et au derrain, mectez vos espices ou potage et boulir ung boullon, et soit bien lyant et non trop jaune (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 222).

 

Rem. Vivendier S., c.1450, 54. GDC X, 77b.

B. -

"Qui forme un lien"

 

1.

Adj. "Qui forme un lien" : ...les parties panniculeuses lyantes ensemble avec les arteres et les venes capilaires desquelles parties panniculeuses et ligamentales avec toute leur substance est fait le pannicule exteriore qui couvre tout le crane (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 1).

 

2.

Subst. MÉD. "Attache, lien, ligament" : ...de luy [le muscle] descendent cordes et lyans rons et quant ilz viennent prés de la joincture, ilz se eslarguissent et lyent environ la joincture avec le pannicule qui couvre les os et le mouvent. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.2). Les lyans sont de nature de nerfz, touteffoys ilz naissent des os, desquieulx sont de deux manieres : les ungs lyent les os par dedans, les aultres par dehors lyent toute la joincture. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.3). La articulacion des os est comprinse a l'environ des lyans fors et ramiffiés. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.3). La cure du fil et du lian qui tire la langue est incision par la largesse jusques que la langue soyt desliee de sa retencion ou retenue (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.2).

 

Rem. Ou forme du mot lien ?
 

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 Article 32/70 
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     LIASSE     
FEW V ligare
LIASSE, subst. fém.
[T-L : lïace ; GDC : liace ; AND : liace ; FEW V, 322a : ligare ; TLF : X, 1154a : liasse]

A. -

"Assemblage de choses de même nature liées ensemble et formant un paquet" : ...six liaces d'aulx et d'oingnons et dix queues de vin, cent livres de chandelles de suif et, pour les vaugueurs, onze vins barilz wiz a mettre eaue doulce. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1385, 290). Item et ne pourront faire que quatre liasses de chandelles en la livre de cire, en chacune desquelles liasses aura ung quarteron de cire, du moins, et demy quarteron de limeignon au plus ; desquelles liasses l'une est nommée longueur et y en a six en la liasse, du pris de quatre deniers parisis piece, l'autre, demie longueur et y a dix huit tortiz en la liasse du pris d'un doublet la piece, l'autre liasse de vingt quatre chandelles du pris d'un denier la piece, et l'autre liasse de trente six chandelles, c'est deux pour ung doublet (Mét. corp. Paris L., t.1, 1428, 553). Audit menuisier, pour avoir fait le chaffault en la sale du roy pour paindre la chauffette et le sur, I fo. Pour une lyasse de patenostres que le roy a fait mectre en l'un de ses chappeaux, VIII go. (Roi René vie L., 1476, 376). ...à Charles Huynier, mercier, pour deux cannetes d'or de Florance, à XVIII g. la cannete, vallent III f. ; pour XII lyasses de soye grise IX g. prins et achapté pour l'escuyer Guillem de Bernes, par le commandement de monseigneur, pour ce III fo IX go (Comptes roi René A., t.1, 1478, 273).

 

-

"Botte (de foin) maintenue par des cordes" : Touteffoiz, en pluiseurs lieux de ce mont, a des places larges ou les gens du païs y viennent faulcher les foingz, que ilz en grans lyasses faittes comme bources de cordes laissent roller au bas. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 77).

 

-

P. ext. "Tout ce qui est lié" : Et, s'il y a os rompu, on le doit retourner au plus droit que on pourra, l'un os au droit de l'autre, et les lier o les estoupes sus dites et quatre astelles bien liees, l'unne dessus, l'autre dessoubz, et les deux aux costez, affin que les os ne se desjoignent, et remuer la liasce de trois jours en trois jours naturelz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 120).

B. -

En partic. "Paquet de papiers de même nature réunis ensemble" : ...ung extrait fait en la Chambre des comptes à Lile le IXe jour de juing CCCCXXIX, envoié par messeigneurs des comptes audit lieu de Lille à messeigneurs des comptes à Dijon, avec leurs lettres closes tout mis en la fin de la seconde et darreniere liasce des lettres rendues par ce present compte (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 88). ...comme il appert par lettre de recepte de Jehan de Noident, receveur general de toutes les finances de monseigneur, donnees le XIIIIe jour d'aoust MCCCC et XIX, cy rendues et mise en la fin de la darriere liace des lettres rendues par ce present compte (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 613). ...frange longue de soye estant envelopée en une ayes pesant le tout une livre 3 quars et demi, prisé le tout 8 l. Lesquelles soyes dessusdictes ont esté pesées ès papiers et liaces en quoy elles sont envelopées. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 82).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 33/70 
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     LIAT     
FEW V ligare
LIAT, subst. masc.
[T-L : lïaz ; GD : lias ; FEW V, 322a : ligare]

"Bâton au bout duquel on attache une torche"

REM. Doc. 1421-1423 (Orl., pour lias et limeignon), 1424-1426 (Orl., six bastons appellez lias, pour les dictes torches) et 1428-1430 (Orl., et quatre liaz pour faloz) ds GD IV, 771a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 34/70 
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     LICOL     
FEW V ligare
LICOL, subst. masc.
[T-L : lïecol ; T-L (renvoi) : licol ; GDC : licol ; FEW V, 325b : ligare ; TLF : X, 1190a : licol/licou]

A. -

"Harnais de tête, licol" : JUDAS. (...) Pendre me vueil pour ce meffait De ce licol que j'ay trouvé (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 152). Qui vous a donné la puissance De deslier la povre anesse ? N'en denoués licol ne lesse (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 212). Judas maine l'ane par le licol (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 213).

 

Rem. Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 366 ; 438 ; 441 (liecol) ; 440 (lyecol) ; 707 (var. loiecol). Trois fils rois P., c.1454-1463, 25.12. Doc. 1333 (Nevers, liecol), 1402-1403 (Orl., leecous), 1435 (Tournai, loycol), AUBRION, Journal L., 1490 (layecolz), De Vita Christi XVe s. (loiecol) ds GDC X, 80a. Doc. 1392 (liecol). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 723.

B. -

"Corde (pour la pendaison)" : ...qu'on me pende Par la gorge d'ung bon licol (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 247). [Autre ex. p.293] ...qu'on le puist pendre Et estrangler d'un bon licol ! (VILLON, Lais T., c.1456-1457, 75). Tel mourra bridé d'ung licol Qui cuidoit sepulture eslire. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 111). ...lesdiz Suixes (...) reprindrent les ville et chastel de Grantson et firent dependre tous les Alemans que ledit de Bourgongne y avoit fait pendre, qui estoient en nombre Vc et XII, et les firent mettre en terre saincte, et puis firent pendre les Bourguignons qui estoient dedens ledit Granson es mesmes lieux, et des licolz dont ilz avoient pendu lesdiz Suixes. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 10). Liegois y apporterent Cinq tonneaux de licos [var. licolz], Car pendre ils y cuiderent Bourguinons par les cos (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 315). ...et, pour les bouter au derrenier suplice, firent garnir .II. quewes plaines de licotz et les amener aveuc le charoy sur intencion de les pendre (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 409). Reputé seroye bien fol, On me devroit a ung licol Pendre et estrangler au gibet. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 112). ...Hars, licolz, cordelles de tille Rencheriront, se le tamps dure. On ne quiert que voie subtille Pour mettre cristiens a laidure. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 68). JUDAS. A ce seur ycy me pendray De mes propres mains par le coul, Mais avant nouray mon licoul Et y feray ung las courant. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 345).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 35/70 
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     LIÉE     
FEW V ligare
LIEE, subst. fém.
[GD : liee ; FEW V, 329a : ligare]

"Temps pendant lequel les boeufs sont sous le joug"

REM. Doc. 1464 (une corvee ou lyee de charue) ds GD IV, 775c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 36/70 
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     LIEMENT     
FEW V 321b ligare
LIEMENT, subst. masc.
[T-L : lïement ; GD : liement1 ; AND : liement ; FEW V, 321b : ligare]

A. -

"Action de lier, de nouer, lien" : Toutes herbes, toutes pierres precieuces donnent a honme et a fame confort et remede selonc ce que il sont proufitables, neccessaires et couvenables, mes ce ne fait pas le liement des herbes, ne l'atouchement de pierres, ne l'entaillement, ce fet la volenté devine du Souverain Roy (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 209). Nodatio (...) : nouemens, loiemens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 326). Nodatio (...) : nouement, liement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 247).

B. -

MÉD. "Ligament" : Il est jugé aussi quant il vient inflaction des joes en la douleur des dens, c'est bon signe, pource que la matiere laisse le nerf et le liement et ce mue es lieux charnus comme a esté dit dessus de goute. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.2).

REM. Ex. d'afr., Gloss. Conches, c.1350 (ligamen, liement), Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des Princes, 1444 (ms. déb. XVIe s., liement) et Jardin de santé, c.1500 (lyemens), ds GD IV, 776b. MONDEVILLE ds T-L V, 412.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 37/70 
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     LIER     
FEW V ligare
LIER, verbe
[T-L : liier3 ; GD : lier2 ; GDC : lier ; AND : lier1 ; DÉCT : liier3 ; FEW V, 319a : ligare ; TLF : X, 1195a : lier]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

Lier qqn

 

a)

"Attacher, ligoter qqn (un prisonnier, un forcené...)" : SECOND DYABLE. (...) Tien la, lie le conme un fol Et par les mains et par le col. (Mir. prev., 1352, 247). Pour ce que Manassès erra, Nostres sires si l'enferra En Babiloine ou enserrez Fu, si loiez et enferrez, Que ci li sambloit uns enfers, Tant estoit liëz et en fers. (MACH., C. ami, 1357, 57). Je conmans, seigneurs, c'on le lie, Et que vous deux l'en amenez A Romme (Mir. st Ign., 1366, 76). ...on le fait com fo loier (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 139). Car puisque descomfis estoit L'adversaire, cils qui vaincoit Loioit de fer ses prisonniers (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 87). ...et, ce fait, print les draps dudit lit, et, de l'un d'iceulx, lya ou seigni ledit Andry au travers du corps, de l'aultre drap il noa à cellui dont il avoit ainsi lié ledit Andry (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...et ilz trouvoient aucunes gens françois qu'ilz prenoient prisonniers, quant ilz n'avoient de quoy païer leurs raençons, ilz lioient les aucuns en leurs maisons, ne leur donnoient que boire ne que mengier, et les autres ilz batoient moult durement et apprement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 98). ...combien qu'il ne faisoit point aspre punicion sans tres grande compassion, et sans mesler doulceur ensemble en pleurs et en aimables paroles, a l'exemple du piteux pere qui son enfant fol et hors du sens combien que le lie et bate, neantmoins tout est par amour et compassion (GERS., P. Paul, a.1394, 507). Si je suis lié, mis en ostage, O filhes de Jherusalem, Par verité vous dy "Amen", Q'ung temps sera que vous arés Tant de maulx que vous mauldirés Vostre naiscence et vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 190). A Rome comme fol parjure Loiet te feray presenter. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 208).

 

-

[Les mains, les pieds, les jambes...] : [La juive] Devoit estre jus graventee, Les mains sur les cuisses lïee ["la juive est liée, les mains sur les cuisses"]. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 129). [cf. la note de l'éd. p.159 sur cet "accusatif grec"] ...les poins leur loya on (Tristan Nant. S., c.1350, 551). Des plus tres fors hommes qu'il ot Manda li rois et en mi l'ost Commanda les trois Juïs prendre Pour ardoir et bruïr en cendre, Et si leur fist sans detrier Les piez et les jambes lier Et eaus geter dedens le fu (MACH., C. ami, 1357, 22). ...[ils] delibererent et furent d'oppinion que icellui Thomassin feust pugniz comme homicide et larron, c'est assavoir les mains liées devant, et pendus comme larron. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 149). Il fault qu'ilz soyent ensemble lié [les pieds] D'une corde pour le mieulx joindre. (Pass. Auv., 1477, 198).

 

.

Loc. fig. Lier pieds et mains à qqn. "Réduire qqn à l'inaction" : Et j'ai tout ceo si lessee affaire par cele peresce qe me lie si pieez et mayns, qe jeo ne puisse faire mon bien, mon sen, ne mon preu (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 79).

 

-

Lier qqn (qq. part) : Car a ung abre ou bois a loyé l'Esclavon (Tristan Nant. S., c.1350, 499). Enmy le pré ara une atache fichie, Et la seront loyé ceste gent baptisie (Tristan Nant. S., c.1350, 549). D'une corde par la poitrine Et d'une autre par my l'eschine Sera lié a ceste estache, Et afin qu'il ne se destache Lui lierons les mains en croiz Par derriére (...) Et les piez a l'estache aussi. (Mir. st Panth., 1364, 350). Li quars poins fu moult glorieus, Moult dignes et moult precieus. Ce fu de la sainte columpne, Où Jhesu Cris, o sa couronne, Fu batus, ferus et lyez, Einsois qu'il fust crucefiez, Qui est moult petitement mise De Jherusalem en l'eglise Où miracles faisoit jadis. (MACH., P. Alex., p.1369, 174). Li roys la fist, sans detrier, Devant chascun, penre et lier, Seur une eschiele, et puis estendre. Et la dame avoit la char tendre ; Si souffroit mervilleus martyre ; Des yeux pleure, dou cuer souspire. (MACH., P. Alex., p.1369, 260). Atant fut loiiet a une estache et escorchiéz par le dos de IIII couroiez (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 62). ...a un arbre le lïerent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 220). ...affin d'estre plus seur, le lierent trop bien [On attache un prêtre sur une table] (C.N.N., c.1456-1467, 405). ...lesquieulx [prélats] à crocez et mitre et revestuz comme pour aller au devant de plusieurs corps sains en procession, chantant "Te Deum laudamus", alerent à l'encontre du present que envoya à ceulx de Londres ledit Henry de Lenclastre, c'est assavoir XII gentilz hommes, liez à la queue des chevaulx, que conduisoient aucuns villains (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

-

[Dans la procédure judiciaire de la question] : En enterinant lequel jugement, ledit prisonnier fu fait despouillier tout nu, mis, lié et estendu à la question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 135). ...et, pour ce, fu despouillié tout nu, mis, lyé et estendu à la question de la coustepointe sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 203). ...par l'advis et deliberacion d'iceulx conseilliers ladite Marion fu faite despouillier toute nue, mise, liée et estendue à question sur le petit tresteau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 432).

 

-

[Cont. métaph.] : Mais on dit - et c'est veritez - Qu'adès les deus extermitez, C'est trop et po. Einsi l'enten ge : Ne doivent recevoir loange ; Mais qui en l'amoureus loien Est loiez, s'il tient le moien, Il ouevre bien et sagement. Et li sages dist qui ne ment Qu'adès li bonneüreus tiennent Le moien partout ou il viennent. (MACH., J. R. Nav., 1349, 237). Et pour ce que plus entechiés Sui de vices et de pechiés Qu'il n'a dedens la mer d'areinne, Ma grant iniquité me mainne, Qui monteplie sans sejour, Ad ce que de nuit et de jour Sui loiez et enchaainnez, Pris, conclus, destruis et minez, Si que je n'enten respirer, N'a peinne puis je souspirer. (MACH., C. ami, 1357, 54). Car avon trouvé un moyen Qui lie de plus fort lien Grace, Pitié, Misericorde Que se il yert de fer ne de corde. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 148).

 

b)

Lier qqn de qqc. "Attacher qqc. (un ornement, une coiffure...) à qqn" : Vestue estoit, sachiés de voir, D'une grant cote mal taillie, Et d'un gros coevrechief loiie (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 40).

 

c)

P. anal. "Étreindre" : ...et quant messire Enguerrant se vist sans haiche, comme desesperé tout a cop s'avança et vint Saintré par le corps lyer, et Saintré lui, d'un bras, car de l'autre sa haiche tenoit. (LA SALE, J.S., 1456, 127).

 

2.

Lier un animal

 

a)

[Idée de contrainte]

 

-

"Ligoter" : Se fist son chien par force prendre, Loier, bersillier et estendre Et sa langue sachier a plain, Tant qu'on vit le ver tout a plain. Lors fu li vers fors esrachiez (MACH., J. R. Nav., 1349, 229). ...les chasses faictes ou parc riens n'estoyent au regard de cestes, car c'estoient comme si l'en chassast bestes loyees (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 199).

 

.

Lier un animal qq. part. "Attacher" : Mais s'il avient qu'il [mon cheval] se desferre, .X. hommes faut, quant on le ferre : Li uns sache, li autres boute. Chascuns le fuit, chascuns le doubte ; Et loiez est à .IIIJ. estaches Dou travail ; et vueil que tu saches Qu'on n'i fait riens, s'on ne le pent. En Ynde n'a si mal serpent Qu'on ne ferrast plus de legier. (MACH., Compl., 1340-1377, 265). Son cheval loie a .I. aubiel (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 107). ...puis lya son cheval a l'entree, puis entra en la court. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 878).

 

-

"Attraper (avec un lacet, des lacs...)"

 

.

P. métaph. : Et s'ay si noble signourie Qu'au monde n'a prince ne roy, Tant soit ses cuers de grant desroy, Durs ou hauteins ou pleins d'orgueil, Que ne le face, se je vueil, De fin cuer loial sans amer Cent fois mendre de lui amer, Sans ce qu'il en ait ja solas ; Eins sera loiez en ses las, Ne ja pour scens ne pour avoir Ne porra de li joie avoir, Se de moy ne vient proprement. (MACH., D. verg., a.1340, 22). Mais si dui oueil Qui de mon cuer vorrent passer le sueil Par leur rigour et par leur bel accueil, Pour moy donner le mal dont je me dueil, Furent riant, Nom pas moult vair, pour estre plus poingnant Et plus agu, dous, humble et attraiant, Tous pleins de las pour loier un amant En amour pure (MACH., J. R. Beh., c.1340, 69). ...si avés fait pechié de moi si loier en vos las que jamais n'en serai desliés, et vous le savés bien ; et je m'i suis folement embatus ; mais, mon doulz cuer, je cuidoie bien faire. (MACH., Voir, 1364, 514).

 

-

[De l'oiseau de proie] "Saisir (la proie)" : Mais Diligence fu bien pres, Qui tost le hairon fist lever, Si le vint le faucon lier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 169). ...l'autre faucon (...) ot lïé Le heron (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 433). ...l'esprevier a lyee et abatue la perdriz (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 144).

 

.

[Du chien] : ...quant ilz [les lévriers] ataignent la beste, ilz la lient et tienent coy. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 126).

 

.

"Serrer" : ...se vostre esprevier vous lie et estraint fort... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 149).

 

b)

[Idée d'union] "Attacher (des boeufs) au joug, atteler" : Et pour ce faire, se transporta d'aventure chiés ung nommé Jehan Richer, laboureur, demourant audit lieu, où il y avoit des beufz, auquel il demanda qu'il lui baillast ou prestast des beufz. À quoy ledit Richer respondit que il n'en avoit point et que, posé ores qu'il en eust, que il ne les sauroit lier. (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 366).

 

3.

Lier qqc.

 

a)

"Entourer qqc. d'un lien (pour réunir à autre chose, pour attacher, pour maintenir...)" : Un fagot ens ou boys esgarde De boys et d'un loyen loyé ["lié d'un lien"] (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 76). Cogneut, avec ce, avoir mal prins et emblé (...) plusieurs osiers à lyer vignes, sans le sceu des gens dudit hostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 161). ...et portent leurs cheveulx liez darriere auxi que en maniere d'une trece (GADIFER DE LA SALLE, Canarien, c.1404-1406. In : Chrestom. R., 63). ...il demanda une bonne longue corde, et en lya et adouba son casier (C.N.N., c.1456-1467, 445).

 

-

[De Dieu] "Assembler, joindre (les choses)" : Car c'est celle que la sainte escripture Dit des humains estre vraie esperance, (...) Suer, fille et mére au juge qui tout lie (Mir. chan., c.1361, 184).

 

-

Lier qqc. qq. part "Attacher qqc. qq. part" : Et avoit Blanchandin par euvre bien ouvree Ung bras et une main de fer bien asoudee, Et l'avoit a l'espaule loiee et acouplee (Tristan Nant. S., c.1350, 717). Et, s'il y a os rompu, on le doit retourner au plus droit que on pourra, l'un os au droit de l'autre, et les lier o les estoupes sus dites et quatre astelles bien liees, l'unne dessus, l'autre dessoubz, et les deux aux costez, affin que les os ne se desjoignent (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 120). Et dit, sur ce requis, que à chascun noët qu'il jettoit esdiz puis, il lioit une tieule ou une petite pierre, pour enfoncer, ainsy comme celui qui les lui avoit baillées lui avoit dit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 449). Lors prinrent les mariniers (...) les cordes et les getterent hors et loierent les cordes au mast (Chev. papegau H., c.1400-1500, 88).

 

-

Lier qqc. de / entour / environ qqc. "Entourer qqc. de" : Pour ses plaies loier et fere retraintie, A fait entour loier une grande cuirie, Par quoy n'en peut yssir ceur ne poumon ne fye (Tristan Nant. S., c.1350, 490). Les lettres pris et les ploiai, D'un fil de soie les loiai (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 83). ...[elle] cueilly un petit d'erbe nouvelle apellée aumosniere, laquelle elle lya et entorteilla environ icellui chappel, qui estoit fait de vieilles herbes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...les consulz ou le dictateur, qui avoient ces manieres de bandes liees entour le chief (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 104).

 

.

Lier qqc. à l'entour de qqc. : ...elle monta jusques a la cheminée, a l'entour de laquelle elle lya tres bien une moyenne corde (C.N.N., c.1456-1467, 275).

 

.

[Dans la cérémonie d'imposition de la tonsure] Lier la teste de. "Entourer la tête de" : ...et dist que par l'evesque de Picardie que l'en dit de Beauvaiz lui fu jà pieççà donné couronne en la ville de Bruicelles, en la grant eglise, lui fist dire le vers de Dominus pars, lui donna une buffve, et le fist lier la teste d'un bendeau de toille. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 294).

 

-

DRAP. [Des draps] "Mettre en paquet" : ...nuls loiieres de dras ne puist nul drap loiier pour conmandement d'oste ne d'autrui, jusques a dont que il ait demandet a l'hoste u a personne de par lui souffissanment se li drap sont paiiet, et qu'il aient response qu'il sont paiiet, u que li hoste en soient nanstit des markans souffissanment (Drap. Valenc. E., 1344, 310). ...ossi en a-on trouvet a l'ostelerie ou on les devoit loyer [aucuns draps] en gibe et la, les a fallit pour copper, liquelle coze est contre l'ordenance dou brief de le halle (Drap. Valenc. E., 1379, 37).

 

-

[D'une chose] "Entourer qqc., s'attacher à qqc." : ...ly jardiniers planta au pié du datilier une courge, laquelle dedens pou de jours monta au plus hault du datillier, et avec ses filés commença a lyer toutes les branches (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 64).

 

b)

"Panser (une plaie), l'entourer d'un bandage" : Pour ses plaies loier... (Tristan Nant. S., c.1350, 490). Celle plaie lya la royne sa mere pour le conforter (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 825).

 

-

P. méton. [Un blessé] : ...les unez deschiroient leurs chemises et leurs vestures pour loyer et bender les povres navrés (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 626).

 

-

"Langer (un enfant)" : Si pris l'enfant et, cependant que je le lioie... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 84).

 

c)

En partic. "Maintenir par des liens"

 

-

[Une partie du corps] : Quant un petit [l'oiseau] fu revenus Ses povres cuers las et menus, En mon sein prist a fretillier. Je qui la senti resvillier, La repris amiablement Et li loiay moult belement L'un des piez d'un filet de soie. (MACH., D. Aler., a.1349, 394). ...loiier Le bras brisiet et asteler (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 101).

 

.

Lier en echarpe : ...messire Enguerrant (...) lequel portoit sa main lyee en escharpe. (LA SALE, J.S., 1456, 116).

 

-

[Un tonneau] "Entourer de cerceaux" : Et de rechief, pour la tonne lÿer, Convient avoir souldain le tonnelyer, Ouvrier parfaict qui soubz et sus la lye Affin que mieulx le bon vin sur la lye Bien seurement si se puisse garder. (LA VIGNE, S.M., 1496, 333). [FEW V, 319a : «Goub 1557-Trév. 1771»]

 

-

[Une pierre précieuse] "Sertir" : ...un grant bassin d'argent ou avoit mains dyamans et rubis liez en or meslez ensemble (LA SALE, J.S., 1456, 171).

 

d)

"Unir, relier" : Le seigneur de Jenville, d'azur a trois braies d'or enfaissié, liees d'argent en saultoir, a un chief d'ermines et demi lyon de gueules coronné d'or, et crie "Jenville !" (LA SALE, J.S., 1456, 191).

 

-

[Deux choses] : ...Dido achapta de la terre oudict lieu de Libe, autant que pourroit enclore le cuir d'un beuf, ce qu'elle obtint, si le fist trencher menu et lier l'un à l'autre, si contint assez de pays devers la mer, où elle fonda sa cité denommée Cartage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 r°).

 

-

Qqc. est lié à qqc. "Relié" : ...la marix est liee aux rains (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 297).

 

e)

P. anal.

 

-

Lier une sauce, un potage... "Donner du liant, du moelleux à" : Lait de vasche lyé (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 224).

 

.

[De la sauce elle-même] : ...en toutes saulses et potages lyans en quoy on broye espices et pain... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 172).

 

-

"Rendre ferme, solide (avec du ciment)" : ...La closture (...) bastie estoit de precieuse estoffe, liee de vertueux, indefallible chiment (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 15).

 

Rem. Doc. 1396 ds GDC X, 814a.

B. -

Au fig.

 

1.

[Idée de contrainte, d'obligation]

 

a)

"Soumettre qqn à sa domination, mettre qqn sous dépendance" : J'ay trop long temps ci folié : Li Sathan m'avoit bien lié, Orendroit m'en apperçoy bien. (Mir. march. larr., c.1349, 117). [D'une entité personnifiée] Pour ce mesprendroie, S'en mon lay disoie Que j'oie De joie, Ou se de samblant joieus Faire le voloie, Qu'Amours qui me loie Desvoie La voie Des biens dont sui familleus. (MACH., Lays, 1377, 322).

 

-

"Placer qqn dans une obligation" : Car mes sires est trespassez, Sy sui mieux que devant loÿe ["j'en suis plus tenue encore"] (Dit prunier B., c.1330-1350, 85). Si pri aux seigneurs terriens Qu'il les lient de deux liens, L'un, quant on yra en riviere, Que l'ostrucier voise darriere, Et l'autre, que... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 122). Par serment lier Vous vueil (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 41).

 

.

[La volonté] : Garde ton cuer ne recroie Ne s'ennoie De Proesce desirer, Mais dedens lui mouteploie, Noe et loie Voulloyr ["accroître, nouer et lier la volonté dans l'engagement de..."] d'en haut pris monter, Et de nom de preux porter (Cent ball. R., c.1388-1396, 29).

 

-

DR. "Mettre qqn sous sa juridiction" : Touteffoiz pour certaines causes pevent ilz [les clers] estre prins et lier par les seculiers, comme s'ilz estoient scismatiques en faisant tourbes et sedicions contre toute l'Eglese (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 45).

 

b)

Lier qqn à qqc. "Assujettir, soumettre qqn à qqc." : Et que les persones, qui vienent pour atriever, ne puissent à icelles trieves liier aucunes persones, fors celles duquel costé li fais muet pour quoi li trieves est prinse. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 88).

 

-

Lier qqn que + complét. "Obliger qqn à croire que" : Sire, nous sommes tout certain Que tu n'es Moÿse ne Elye, Mais plus, car ta vertu nous lye Que tu es Cristus proprement. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 176). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 382]

 

c)

RELIG. "Refuser l'absolution à qqn, lui imposer des peines en raison de ses péchés" : Selon le procés ordinaire De Saincte Eglise les lïa Et touz les excommunïa (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 183). L'ERMITE. Biaux amis, soit ou ne soit voir, Je ne te lie ne deslie, Ne ne t'absolz n'esconmenie (Mir. st Guill., c.1347, 23). ...je confesse que, de coustume, le[z] Sains Peres de Ronme ont obtenu ceste puissance de instituer et destituer, et generaulment d'ordener de touz benefices de Sainte Eglise ; derechief, avoir puissance de lier et de absoudre touz Crestians quant a l'ame (Songe verg. S., t.1, 1378, 100).

 

d)

Lier qqc. "S'obliger à qqc., conclure qqc." : J'ay loiiet II estours : l'ung d'Ogier contre moy et l'aultre du filz le roy contre le roy de Sadoyne. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 50).

 

-

Lier une emprise. "Engager à fond une affaire" : ...s'il avoit bonne volunté de combatre et faire armes, elle n'avoit pas mains de desir de luy de lyer son emprinse et le fournir de tout ce qu'il la vouldra requerre. (C.N.N., c.1456-1467, 146).

 

e)

[D'une chose (en partic. d'une pensée, d'un sentiment, de l'amour, du péché...)] "Exercer une contrainte, une action sur qqn, dominer qqn" : ...ceulx que nulz pechiez ne lient (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 97). Mais charité tant le lïa Qu'il receut le fes humblement (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 105). Et quant tu la pues vis a vis Regarder tout a ton devis, Tu ne scez qu'il t'est avenu Pour la biauté qui t'a feru, Ne tu ne scez quel part tu iés Pour l'amour dont tu iés loiés. (MACH., D. verg., a.1340, 52). L'ENNEMI. (...) Par mes vertus c'on doit bien craindre, Briefment te feray si contraindre D'aversité et si lier Que je te feray renier Ton crucefiz. (Mir. Theod., 1357, 94). ...Que nous emprenon la bataille Contre Orguiel et ses aliez, Qui sont tous de pechiés lïez. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 226). Pour ce que concupiscence charnel lie et enlace les personnes par maniere de decepcion subtile et comme par agueit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 384). La grant ardeur de mon plaisant desir Ne m'entrelaist force, pouoir ne joie ; Par grans soupirs me fait teindre et palir La grant ardeur de mon plaisant desir. Et si me fait le cuer si fort fremir Que tous li corps m'en tramble ; einsi me loie. La grant ardeur de mon plaisant desir Ne m'entrelaist force, pouoir ne joie. (MACH., L. dames, 1377, 103). Et vo maniere jolie, De douceur garnie, M'assaut et tarie ; Vostre amours me lie Par sa seignourie, Si qu'en regardant m'oublie Vo gent corps parfait, a droit. (MACH., Lays, 1377, 302). Sa maniere coie Si me tient et loie Que riens ne m'anoie Qu'Amours me face n'envoie. (MACH., Lays, 1377, 332). Juges qui est assis en jugement ne doit estre liéz de nulz liens quelconques ; c'est assavoir qu'il ne doit estre liéz de pechiéz comme d'orgueil, car par orgueil est toute droiture empeschée. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 100). ...ta belle personne Me contraint a dire follie, Et ce fait amours, qui me lie En t'amour (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 38).

 

-

[La pensée, les sentiments...] : Et tel sillogisme fait doubter, et est la pensee d'un homme par ce liee (ORESME, E.A., c.1370, 368). Car yres ou courrous et concupiscences charnels et quelconques teles choses tiennent la pensee liee (ORESME, E.A., c.1370, 372). Car la concupiscence entre celeement et couvertement et lie subtilement le courage et embrase aucunes fois de tous les plus sages. (ORESME, E.A.C., c.1370, 385). Ce faisant, je m'entroubliay, Non pas par force de vin boire, Mon esperit comme lÿé [comme entravé dans un demi-sommeil]. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 28).

 

-

Empl. abs. "Avoir une valeur contraignante" : Repliquent l'Université et Arnoul et dient qu'il dirent au rebelle que les sentences du Pape ne lioient point, comme portoient par instrument et par ordonnance de l'eglise de France (BAYE, I, 1400-1410, 200).

 

-

Lier qqn à + inf. "Entraîner, amener, contraindre qqn à" : Encore pourroit aucun dire que ce n'est pas semblable du marié et du juge es deux cas dessus diz, pour ce que le marié est personne privee et le juge est personne publique, et par ce il est plus lié et obligié a jugier selon droit que le marié n'est obligié a tenir la sentence de droit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318). Moult est cilz folz qui dit que c'est folie, Douce dame, cointe, apperte et jolie, Quant vo douceur à ce faire me lie Pour vivre en joie et plus joliement. (MACH., L. dames, 1377, 203).

 

2.

[Idée d'union]

 

a)

[D'une pers.] "Épouser" : ...chaste femme ne loya Onques nulz homs ["aucun homme n'épousa jamais une femme chaste"] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 338).

 

b)

[D'une pers.] "Enchaîner (un argument à un autre)" : Entendez ce point si lier : Filius meus es tu, ego hodie genui te. Or venons a avoir preuvé Le pouoir du saint esperit. (Mir. st Sev., 1362, 226).

 

-

ARITHM. "Relier" : Telles racines de nombres composez se pevent lyer dune ligne et noter en ceste maniere comme la racine seconde de .14. plus R2.180. se peult ainsi mettre R2.14.plus R2.180. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 655).

 

c)

[D'une chose, de l'amour...] "Unir (des pers.)" : Ou se Desirs par sa maistrie Te pique et boute, Resgarde l'image jolie Que tu as en ta compaingnie, Et jamais l'amour qui nous lie Ne sera route. (MACH., F. am., c.1361, 225).

 

-

Lier en : Dame, et, pour vous servir plus loyaument, Mes loyaus cuers ha fait une alience A Loyauté qui meint loial amant Lie en amours et fait meinte aligence. (MACH., L. dames, 1377, 109). Loyauté, que point ne delay, Vuet sans delay Que face un lay ; Et pour ce l'ay Commencié seur ce qu'il me lie En amours, dont si me navray Que mon vivre ay, Tant com vivray, Mis, sans oster, en sa baillie. (MACH., Lays, 1377, 279).

 

-

[Du mariage] "Unir" : ...Mariage conseille les ennemis, le heritier procede de mariage. Il loye l'homme et la femme. Il signifie sainctes choses. (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

.

Estre lié. "Être uni par le mariage" : Coeurs et corps, desir et penser, Ne vuelent mie abandonner As estragnes bacheleries U elles ne sont pas loÿes. (Dit prunier B., c.1330-1350, 43).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

Se lier avec qqn. "Étreindre qqn" : ...comme chevalier hardy et preux tint sa haiche fort en sa main senestre, ouvrant ses bras pour soy lier avec Saintré. (LA SALE, J.S., 1456, 127).

 

-

[De bêtes] Se lier ensemble. "S'accoupler" : Quant ilz [les lièvres] sont en leur amour, ilz font einsi comme chiens, mais que ilz ne se lient pas ensemble (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 81).

 

2.

Au fig. Se lier. "Se donner des attaches (en partic. conjugales)" : ...après la mort de sa tresbonne femme et sage (...) ne sceut passer son temps sans soy lyer comme il fut par avant. (C.N.N., c.1456-1467, 278).

 

-

Se lier en / par mariage / à l'église. V. mariage : En la conté d'Artoys nagueres vivoit ung gentil chevalier, riche et puissant, lyé par mariage avecques une tresbelle dame (C.N.N., c.1456-1467, 109). Elle, cuidant qu'il fust lyé a l'eglise (...), ne parla plus de ce mariage (C.N.N., c.1456-1467, 416).

 

-

DR. Se lier en la juridiction de. "Se trouver sous la juridiction de" : ...se ensi estoit que aucuns des hommes et fenmes doudit conte fust priz en ladite maison et pourpriz desdis religieux, pour caz criminel, se il n'estoit pris à cas present, ou il ne s'estoit liez en la jurisdiction desdis religieux soffisant, et les gens doudit conte le requeroient auxdis religieux, lidit religieux seroient tenu dou rendre chargie dou fait, pourquoi priz l'averoient. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1335, 20).

 

-

Se lier à qqc. "S'unir à qqc." : La fleur d'umilité polie Liement ses amis pourvoit, Et voit qui a s'amour se lie (Mir. parr., 1356, 37).

 

.

"S'obliger, s'engager à qqc." : De tant m'i voel je bien loiier. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 121).

 

.

Se lier à faire qqc. : ...s'il devoit vaincre, il soy combattoit, et s'il devoit estre vaincus, il ne se loiioit pas a combattre. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 187).

 

.

Estre lié : Ce seroit moult fort a savoir De trouver le plus preu qui soit (...) Espoir ["peut-être"] est il loiiés aillours. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 55). Se mon cusin at renoiiet Mahon, je ne suys pas loiiet de tel loiien. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 112).

B. -

[D'une chose] Se lier avec. "S'unir à" : Einsois faisoie la dorveille, Com cils qui dort et encor veille, Car j'aloie de dor en dor, Pour ce qu'assez envis m'endor, Quant aucune merencolie Avec ma pensee se lie. (MACH., F. am., c.1361, 145).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 38/70 
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     LIERESSE     
*FEW V ligare
LIERESSE, subst. fém.
[GD : lieor (lieresse) ; *FEW V, 323b-324a : ligare]

[Fém. de lieur] "Celle qui lie" : Ligatrix : loieresse (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 275).

REM. GARBIN 1487 (ligatrix (...) : lierresse) ds GD IV, 776c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/70 
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     LIERNE     
FEW V ligare
LIERNE, subst. fém.
[T-L : liierne ; GD : lierne ; GDC : lierne ; AND : lyerne ; FEW V, 324a : ligare ; TLF : X, 1198b : lierne]

"Pièce de bois servant à relier et à maintenir d'autres éléments dans une construction" : ...laquele arche estoit à présent garnie de bon pour tout de neuf pieux, poultres, lyens, lyarnes, joux, plancher, apuyes, leviers, perches, courbes, poulyes et chevilles de fer qui tiennent les eschappes qui portent les poulyes de feste (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.2, 1407, 720). Premierement les 4 pieulx qui sont du costé devers le moulin de Sainte-Opportune, garnis d'un jou tel quel et d'une lierne sangle, prisés ensemble 28 livres parisis. (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.2, 1439, 734). ...sous chacun bout d'icelles 10 poultres neufves avoir mis soubs poutereaux, chacun soubs poutereaux garnis d'un lie[r]n de 10 piez de long ou environ, lesquels lie[r]ns seront fermés à tenons et à mortoises avec les soubs poustereaulx dessus dits, et à paulme sur les lie[r]ns d'embas des palées d'icelles deux demies arches, et chevillées de chevilles de fer contre icelles liernes, et sont icelles poultres et sous pousteraux boujonnez de boujons de fer l'un avec l'autre (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 673). Audit Henry Grant Girart, charpentier (...) pour (...) avoir accompagné à icelles liernes le 3e vieil pieu (...) tant d'un costé que d'autre, et icelles liernes avoir persées, tout outre et boujonnées de boujons de fer, et avoir remis tout de neuf les liens qui sont en icelle palée sur lesdites liernes (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 674).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 40/70 
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     LIETTE1          LIETTE2          LIETTE3     
FEW V ligare
LIETTE, subst. fém.
[GD : liette2 ; FEW V, 322b : ligare ; TLF : X, 1194b : lien (liette)]

"Lien (ici plombs qui délimitent les vitraux ?)" : Mathelin Godeffroy, vitrier juré par lesd. commissaires, dit et deppose par son serement qu'il a veu et regardé lez chappelles d'icelle eglise du costé devers Sainct Pierre, et dit que pour lez repparer de plon, lietes et d'aultres matieres sans les establies, fault la somme de (Mense épisc. Cout. D., 1440, 15).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 41/70 
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     LIEUR     
FEW V ligare
LIEUR, subst. masc.
[T-L : liëor ; GD : lieor ; AND : liour ; FEW V, 323b : ligare ; TLF : X, 1205a : lieur]

I. -

"Celui qui lie ou qui emballe" : Pour corde a lier les diz penniers 15 s. Pour les lieurs qui les embalerent 10 s. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1347, 127). A Jehan Saoul, lieur de feurre pour avoir lié les 260 douzaines dessus diz, pour chascune douzaine 18 d., valent ... 19 l. 11 s. 6 d. (Comptes écurie Ch. VI, L., t.1, 1381,,, 54).

 

-

DRAP. Lieur de draps. "Celui qui est chargé de mettre les draps en paquet" : ...nuls loiieres de dras ne puist nul drap loiier pour conmandement d'oste ne d'autrui, jusques a dont que il ait demandet a l'hoste u a personne de par lui souffissanment se li drap sont paiiet, et qu'il aient response qu'il sont paiiet, u que li hoste en soient nanstit des markans souffissanment (Drap. Valenc. E., 1344, 310).

II. -

"Ligueur (?)" : Et prumierement, par la bonte de Dieu et vertu de sa crois, la nouvelle Chevalerie prendra les lieurs cy-dessus obscurement touchies et pour cause, en attendant les princes sustouchies. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 102).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 42/70 
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     LIGAMENT     
FEW V 329b ligare
LIGAMENT, subst. masc.
[GD : liguement ; GDC : ligament ; FEW V, 329b : ligare ; TLF : X, 1209a : ligament]

MÉD. "Lien, attache, ligament" : Et se la langue estoit acourcie pour les liguemens qui sont dessoubz la langue, on le doit coupper ou cauteriser par medicines (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 20). ...ou disposcion du liguement qui est soubz la langue (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 20). ...car les dens sentent douleur ou leur lieguement et s'empostumissent et dilatent et ont corrozions et perforacions, vermes, commocions et mollificacions et beaucoup d'aultres choses semblables. (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 25). ...et pour ce es trois premiers moys on avortist legierement pour la foiblesse des liguemens (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 15). Quant il advient que la scie est blessee la playe n'en est pas dangereuse sinon pour la grandeur du membre et a cause de sa nervosité et pour la lesion du ligament (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 17).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 43/70 
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     LIGAMENTAL     
*FEW V ligare
LIGAMENTAL, adj.
[*FEW V, 329b : ligare]

MÉD. "Fait de ligaments" : ...les parties panniculeuses lyantes ensemble avec les arteres et les venes capilaires desquelles parties panniculeuses et ligamentales avec toute leur substance est fait le pannicule exteriore qui couvre tout le crane (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 1).
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 44/70 
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     LIGATIF     
FEW V ligare
LIGATIF, adj.
[FEW V, 329b : ligare]

MÉD. "Qui sert à lier" : ...la conjunction des os est en quatre manieres : l'une est sarratille comme en la commissure du crane, l'autre est infixive comme es dens, l'autre appodiative comme en la table de la poetrine, l'autre est liguative comme de la pixide et du vertebre. (PANIS, Guidon, 1478, tr.V, doct.2, chap.1).
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 45/70 
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     LIGATION     
FEW V ligare
LIGATION, subst. fém.
[GD : ligacion ; FEW V, 329b : ligare]

A. -

MÉD. "Attache" : ...et aussi les ligacions ne sont pas trop fortes, si que en ce temps se pevent rompre, et ainsi advenir peut advortement (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 125). Use de cristeres et de capupurges, de frications et de ligations (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 10).

 

-

"État de ce qui est lié à autre chose" : ...par ligation des os ensemble en maniere de une see comme est la ligation des os de la teste ensemble ou la ligation des deux os de la furcule ou la ligation des os de la mandibule inferiore au menton (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, III, 17).

B. -

"Sortilège effectué en liant des objets entre eux et par lequel est suspendue une fonction du corps de la victime" : ...l'orrible et excecrable art de nigromance, soubz lequel sont incorporez ou anexez l'art de phitonisse, d'enchantement, de fascinacion, de invisibilité, de ligacion et illusion, qui sont tous ars supersticieux et divinatoires (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 r°).

 

Rem. Sens répertorié ds le FEW pour les dér. ligature (1584) et alligation (1585) ; cf. DU CANGE, s.v. ligationes : lier employé pour "ensorceller ; nouer l'aiguillette".

C. -

Au fig.

 

1.

"Lien d'obligation" : A nul doncques des hommes soit loisible ceste parge de nostre exortation, requisition, monition, commandement, mandement, assignation, subition, ligation, constitution, privation, inhabitation et volenté enfraindre ou, par temeraire hardiesse, aller au contraire. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 6).

 

2.

"Lien du mariage" : Ainsi appert qui empesche mariage. L'aultre empeschement est l'empeschement de ligation, c'est quant Bernarde a en mariage Gaultier, Bernarde ne se puet allier a aultrui. Tant que Gaultier vive, elle est allyee par le loyen de mariage, lequel empeschement tousjours a esté valide, devant aussi que riens fust de l'eglise institué en ce sacrement. (Sacr. mar., c.1477-1481, 70).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 46/70 
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     LIGATURE     
FEW V ligare
LIGATURE, subst. fém.
[GDC : ligature ; FEW V, 329a : ligare ; TLF : X, 1209b : ligature]

A. -

MÉD. "Ligature chirurgicale, bandage" : ...et puis le loyés et y mettés deux plumeceaux doubles affin que la ligature soit plus forte (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 25). La ligature expulsive compete et appartient es ulceres et es cavernes a bouter hors la matiere du profont et a deffendre que aultre matiere ne viengne au lieu. (PANIS, Guidon, 1478, tr.III, doct.1, chap.1). La liguature incarnative compete es playes nouvelles et es fractures et est faicte avec bende ployee de deux boutz jusques au millieu en commançant de la partie opposite du lieu blessé en menant ung chief vers la partie superiore du membre et l'autre vers le bas en prenant des parties d'environ tant que l'on verra que bon sera en estraignant plus sur le lieu blessé que es parties d'environ. (PANIS, Guidon, 1478, tr.III, doct.1, chap.1). Le quart est ligature avecque draps blanc pour retenir le flus incontinent aprés la saignié, et devant la saignié pour attirer les humeurs au lieu de la saignié et pour engrosser les vaines pour mieulx apparoir. (Rég. santé corps C., 1480, 156). La vaine ascellaris est celle qui est cituee soubz la baselique et est apparente en la ligature du bras, et est son jugement semblable a la vaine baselique [L'éd. glose "bend of the arm" ; sens possible, mais il semble qu'il s'agisse plutôt du sens mod.]. (Rég. santé corps C., 1480, 168). ...et les continue bien et fermement ensemble avecques bandes et ligatures qui est une chose equipolee a la cousture faicte en ung nerf tranché (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 9).

 

Rem. Doc. 1398 (ms. XVe s.) ds TLF.

B. -

Au fig. : Ses liiens sont ligature salutaire (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 9).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 47/70 
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     LIGOTTE     
FEW V ligare
LIGOTTE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : ligote ; GD : ligote ; FEW V, 323a : ligare ; TLF : X, 1220a : ligot (ligote) ; TLF : X, 1220a : ligot (ligotte)]

"Courroie intérieure du bouclier"

REM. GUILL. DIGULL. ds GD IV, 785a (mais non retrouvé ds DU CANGE, auquel GD renvoie).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/70 
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     LIGUE     
FEW V ligare
LIGUE, subst. fém.
[GDC : ligue ; FEW V, 329b : ligare ; TLF : X, 1220b : ligue]

A. -

"Association d'entités politiques ayant des intérêts communs" : ...j'ay veu la lettre (...), par laquelle vous me faictes savoir la reception de celles que je vous avois envoyées touchant la ligue qui a esté faicte en ceste Ytalie (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1494-1495, 207). Le mercredy septiesme jour du moys d'octobre, l'an mil quatre cens quatre vings et quinze, arriva a Versay devers le roy l'evesque de Syon acompaigné de plusieurs Suysses et Allemans des legues d'Alemaigne a pied et a cheval, tous gens de faict, entre lesquelz y avoit plusieur gentilz hommes du dict pays (LA VIGNE, V.N., p.1495, 318).

 

Rem. Ex. début XIVe s. ds TLF.

 

-

[Comme structure politique en Suisse] : ...à noz trés chers et grans amys, aliez et confederez, les advouez, conseilz et communité des haultes ligues de Suysse. (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1484-1498, 6). ...par icelles lettres pourrés voir comme les seigneuries des cantons des Ligues se sont totalement declarées pour moy à la journée qui a esté tenue à Lucerne. (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1494-1495, 285).

B. -

"Union, association de plusieurs personnes ou de différents groupes, pour un temps plus ou moins long, en vue de défendre des intérêts communs" : ...deslie lez lygues et lez alyances, lezquellez ne sont mie de pitié, mez sont injustes (Songe verg. S., t.1, 1378, 338). L'un a l'aultre desplaist, non cuydant ce, Et, pour ce, brigue S'ensuyt entr'eulx et chascun faict sa ligue. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 85). Oultre passer les roches resistantes Et fulminer les legues assistantes Au clos de Mars font maincts gros cueurs crever (LA VIGNE, Ball. Bruyt Commun B., 1509, 173).

 

-

Avoir ligue avec qqn. "S'allier avec qqn" : ...tant que lui et nous vivrons, n'aurons aucune intelligence, ligue ou confédéracion avec le duc de Bourgongne ou autre quelconque ennemy ou rebelle subget de mondit seigneur à son dommaige et desplaisir et de sa couronne (Roi René vie L., 1476, 359).

 

-

Conclure une ligue : La ligue fut conclue ung soir bien tard.. (COMM., III, 1495-1498, 126).

 

-

Faire ligue contre qqn. "S'allier contre qqn" : ...tout cela estoit assemblé pour faire ligue contre le roy (COMM., III, 1495-1498, 119).

 

-

Se mettre en ligue avec qqn. "S'allier avec qqn" : ...le roy Loys leur avoit commandé à Florence se mectre en ligue avecques le roy Ferrande (COMM., III, 1495-1498, 43).

 

-

Loc. fig. Estre d'une ligue. "Avoir le même sentiment"

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. (lighe).

C. -

En partic. [Valeur négative]

 

1.

"Association (de malfaiteurs), bande" : ...tous coquins qui encore estoient ou Chastellet de Paris, qu'on gardoit pour certaines causes, et par espécial jusques à ce qu'on eust peu prendre certains autres coquins qui estoient de leur bande et ligue, qui hantoient les pardons en plusieurs et divers lieux de ce royaume (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 68).

 

2.

"Conspiration" : ...murmure de subgiez, plaintes de peuple et de commun, rappors divers et souspeçonneux, ligues et riotes entre les siens (CHART., Q. inv., 1422, 46). ...senty la ligue qui estoit contre ledit se(.)[nechal] (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 290).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 49/70 
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     LIGUÉE     
*FEW V ligare
LIGUEE, subst. fém.
[*FEW V, 329b : ligare]

"Ligue" : ...item sera bon d'envoier par devers le roy d'Arragon et sera fort a faire de induire le roy d'Arragon, car je me doubte qu'il n'ait affection singuliere a notre saint pere ; item par devers le roy de Portigal et par devers les princes de Lombardie ; item sera bon de savoir l'entencion des liguees d'Ytalie (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 258).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 50/70 
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     LIGUER     
FEW V ligare
LIGUER, verbe
[GDC : liguer ; FEW V, 329b : ligare ; TLF : X, 1221b : liguer]

"Lier, unir, constituer" : ...sur les aultres os qui liguent toutes les spondilles (Chirurgie Chauliac T., c.1435-1470, 663).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 51/70 
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     LIURE     
FEW V ligare
LIURE, subst. fém.
[T-L : liëure ; GD : lieure ; AND : lieure1 ; FEW V, 320b-321a : ligare ; TLF : X, 1292b : liure]

A. -

"Action d'assembler, de faire tenir des choses ensemble ; lien, fixation" : Mes aucuns des cerciaus laschies Estoient par faute d'osiers. Aucuns trop lasches (i) estoient, (Et) aucuns touz rompus estoient ; La lieure en estoit mains fort (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 388-389). La beaulté du viaire, les yeulx rians, les maxelles tacees de vermau, le aournement du chief, la lieure des cheveux et vestemens precieulx, la resplendeur des pierres precieuses, le bon odeur, et autres choses appartenans au monde feminim, sont griefves choses pour troubler le corage s'il n'est enclos de grand vigueur de chasteté (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 372). ...faire tonneaulx et autres vaisseaulx de certaines pieces, longueur et grosseur, et aucunefoiz cornus, comme sont les baingnoueres et autres vaisseaulx, par contrainte de cercles de certaines pongnies, par les lieures des osiers (DESCH., Art dictier R., 1392, 267). À maistre Clais, filz Guillaume, serurier, pour au dessus dit nouvel huys fait oudit mur avoir fait et livré deux paires de pendans de fer, une serure lanchant et deux clefz à icelle servant, (...) et livré cinq crampons de fer emploiez à lier les grosses pierres gisans dessus le muret qui environne le puis estans en la place dudit hostel (...) ; pour cinq livres de plonc emploié à ladicte lyeure (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 624).

 

-

[Cont. métaph.] : He fine amour qui me joinsis Et aünas a mon chier fils, Ta lïeure m'est hui trop fort. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 216).

B. -

En partic.

 

1.

"Lien en matière souple ou rigide"

 

a)

"Lien, corde servant à lier un prisonnier" : Je suys tout prest, quant a de moy ; Fornis suis de tout mon harnoy ; Riens ne me fault que des lieheures. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 144).

 

b)

"Lien servant à tenir en place une partie du vêtement" : ...il (...) abituerent .IIII. de lors honmes de l'abit de ces fenmes et loiierent entours lors testes belles blances loiures de toille (FROISS., Chron. D., p.1400, 304). ...toutes chausses à braye et locquet seront bien garnyes dedans et dehors, et s'il y a deffault qu'elle ne soient garnies dedans jucques à l'atache de derrière, celuy qui l'aura fait sera tenu y mettre une lyeure (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 357).

 

c)

"Cable, corde utilisée pour maintenir des charges" : A Jehan Le Menu, pour douze livres de fil de chanvre a faire les cordes, lieures, tranchefils et nois filees d'icelles, trois s. 6 d. la livre, valent quarante deus s. t. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1367, 97). Guillaume Michiel, pour II paires de lieures pour les chariotz de garderobe de la Royne, achetées de lui par les escuiers et les charretiers. (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1401, 167). ...coppant une des cordes ou lieures de quoy iceulx biens estoient liez en la charrecte (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 59).

 

-

Liure de tillette. "Lanière d'écorce de tilleul" : Et doit iestre toute blanke lainne seke et loyaus, et tout viaurre de lainne ploiiet bien et loyaument et sans loiure de tillette. (Drap. Valenc. E., 1344, 272).

 

d)

"Lien, joint en matière rigide" : Gillequin, serreurier, pour avoir fait pluseurs bandes et lieures de fer mises ès fenestres et souppendues dessuzdiz, verroux, vertevelles pour les clourre (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1401, 167).

 

2.

"Amulette qu'on porte autour du cou ou attachée à un membre malade, censée chasser la maladie" : ...et supersticieuses et decevans lieures dont on lie aucuns membres, les quelles choses toute la compaignie des phisiciens condempne (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 134). ...ce sont choses supersticieuses et dampnables tous volumes et livres d'ars magiques, lezquelx enseignent lyeüres et plusieurs remedes de maladies qui sont reprouvés en medycine, et lezquelx aussi enseignent a faire aucunes faulses prieres, notes, figures ou caractes et dependre aucunes telles choses a aucuns de sez membres, pour gueryson recovrer [L'éd. glose par "ligatures" d'apr. la version lat. (ligaturae)]. (Songe verg. S., t.1, 1378, 389).

 

Rem. DU CANGE, s.v. ligaturae donne de nombreux ex. de cette pratique en sorcellerie ; sens non att. par FEW, ni par T-L, GD ou GDC.

 

3.

"Ce qui lie un mets" : C'estassavoir des lieures des potages, comme de pain, d'oeufz, d'amidon, de fleur, etc.., et par tous les potages lyans. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 191).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 52/70 
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     RALIAS     
FEW V ligare
RALIAS, subst. masc.
[GD : ralias ; FEW V, 327a : ligare]

"Réunion pour le plaisir, réception, régal, festin" : Tel nous fait ung grant ralyas Qui puis nous trahist en derriere (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 107). Item, varletz et chamberieres De bons hostelz - riens ne me nuyt ! - Feront tartes, flans et goyeres Et grans ralïatz a mye nuyt (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 122). ...Faire ralias, escarmouches, Danser et cent mille fatras (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 11). ...d'en faire ses choux gras, Ses grans chieres, ses ralias (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 18). Au soir firent grant ralias (Repues franches K.V., c.1480, 114). C'est le soulas des gens mondains (...), Le rallïas d'ung sens oblicque, C'est la dance tresauctentique Ou... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 214). Avec le duc estoit monsieur de Bresse, Son loyal oncle et autre grant noblesse, Ainsi que fut Ludovic, Galÿas, Le baron d'Ais en qui tout bien s'adresse, La Chambre aussi, d'onneur aÿderesse, Qui tous ensemble firent ung ralïas Pour desconfire ung autre Golïas Ou pour attendre Enoc et Helïas (LA VIGNE, V.N., p.1495, 162).

Rem. Serm. st Velu K., c.1500, 79 (ralyas). H. Lewicka, La Dér., 1960, 186 (raillas).

 

-

[P. antiphrase] : AVEUGLE. (...) Trois moys y a que ne chyas. BOITEUX. Mes dieux, quant de ce ralias, Six jours a, par sainct Nycolas Que bien ne fus a mon retrect. (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 61).

 

.

Pour tout ralias. "Sans plus" : LE LADRE. (...) Joye n'ay, plaisir ne soulas ; Langueur, rigueur me tient soubz las De douleur et extreme raige, Fort sentant mon muguelïas ; Pourry suis pour tout ralÿas, Dont souvant je me descouraige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 464).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 53/70 
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     RALLIANCE     
FEW V ligare
RALLIANCE, subst. fém.
[T-L : ralïance ; GD : raliance ; FEW V, 327a : ligare]

"Action de rassembler, de rallier, ralliement" : Var. ...car petite ralience se fist entr'eulx (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 237). ...ung certain beffroy et deux clocques en icelli pour les necessitéz, sceureté et ralianche des bourgois et habitans de nostre dicte ville de Bethune es cas de peril de feu, d'assault, de faict de guerre ou aultrement, scitué et assis au marchié de nostre dicte ville de Bethune entre notre halle aux draps et les maisons de notre dicte ville (Hist. dr. munic. E., t.2, 1388, 137). Sy avra chacune yssue une baniere de mes armes pour raliance faire. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 747). Sez hommez qui le sievoient, veans lez haultez proëcez de son corpz, ne furent paz attains de couardie, anchois, plus fiers que lyons affamez, se habandonnoient en la plus forte presse a sievyr celuy quy estoit leur estandart et seure raliance car a tous tours et besoingz ilz le trouvoient prest (Comte Artois S., c.1453-1467, 31).

Rem. BERS. ds GD VI, 571a.

 

-

Faire ralliance de + inf. "Rassembler, réunir des gens pour faire qqc." : ...Nohet, lequel yssy hors du dit hostel Mudart, et dist au dit Germain : "Estez vous ce ribaut qui avoit fait raliance de batre les prestres du Chemin ?" (Doc. Poitou G., t.6, 1395, 195).

V. aussi ralloiance
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 54/70 
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     RALLIATION     
*FEW V ligare
RALLIATION, subst. fém.
[*FEW V, 327a : ligare]

"Accord, alliance" : Mais veu des roys les raliations, S'il ne survient grans variations, Sainct Marc sera comme le sang grëel. (LA VIGNE, Libelle cinq villes B., 1509, 183).
 

DMF 2020 - Synthèse Annie Bertin

 Article 55/70 
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     RALLIEMENT     
FEW V ligare
RALLIEMENT, subst. masc.
[T-L : ralïement ; GDC : ralliement ; FEW V, 327a : ligare ; TLF : XIV, 311a-b : ralliement]

"Action de (se) rallier, de (se) rassembler" : Vous estez ly estaque de no raloyement Pour vo gent soustenir et en seur pensement (Hugues Capet L., c.1358, 48). ...quant à la prinse d'une ville, on doibt doubter le pillage sur toutes choses et le ralyement des ennemys (BUEIL, I, 1461-1466, 92). Et, quant nous serons pesle-mesle avec eulx, [que] chascun face dilligence de leur serchier les aisselles et la gorge et le descouvert. Et ne vous amusez point à prendre prisonniers, ne chevaulx, ne pillaige, ne à chacer personne pour fuitte que vous voyez, pour paour du raliement, tant que vous voyez bien que soyez les maistres. (BUEIL, I, 1461-1466, 146).

 

-

P. méton. "Celui qui rallie, qui rassemble" : ...Lyonnel (...) fut deslors le chief et le raloiement du fort lignaige de Gelinant du Glat par sa haulte proesse (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 61). ...tous les gentilz hommes de vostre royaulme, ausquelz vous devez estre lumiere et raloiement de tout honneur, voient en vous apparant une planté si aournee de toutes bonnes vertus que... (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 152).

REM. Ex. d'a. fr. ds T-L, GDC, TLF ; ex. de Cip. Vignevaux ds GDC X, 477c (ralliement).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 56/70 
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     RALLIER     
FEW V ligare
RALLIER, verbe
[T-L : raliier ; GDC : rallier ; FEW V, 326b : ligare ; TLF : XIV, 311b : rallier]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Rassembler, regrouper (des pers., des troupes)" : Briefment il court par la maison et ralie ce qu'il peut trouver de ses gens et fait le mieulx qu'il peut. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 52). Mais le soudant, qui fu plain de grant cuer et de grant vaissellage, ralie sa gent autour de lui, et livre assault a noz gens moult fierement. (ARRAS, c.1392-1393, 112). Et, nonobstant ce que ledit de Bourgongne fist son povoir de ralier ses gens pour resister à la fureur desdiz Suixes, finablement lui fut force de tourner en fuite, et s'en eschapa à grant peine et danger de sa personne et lui cinquiesme, en chevauchant et fuiant sans arrester, et souvent regardoit derriere lui vers le lieu où fut faicte sur lui ladicte destrousse jusques à Joigne (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 8). Touteffois, comme Dieu le voult, Gervaise rallia dix ou douze de ses gens à grant paine et vint secourir le Jouvencel au plus tost qu'il peut (BUEIL, I, 1461-1466, 109). ...et d'aultre part le seigneur de Cimay rallia les archiers et vint, à la couverte des hayes du villaige, donner sur costiere de ses ennemis. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 263). Ledict conte se mist par le champ pour rallier gens (COMM., I, 1489-1491, 31).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

B. -

Au fig.

 

1.

"Allier, unir (des pers.)" : Einsi porroit bien estre pris Cils gentils espreviers de pris. Pris ! Comment ? Quant en sa plaisence, Pour vraie amoureuse substance D'entre eaus deus, sans autre moien Que d'Amours qui tient le loien De quoy .II. frans cuers em pais lie, Conjoint, conferme et ralie. (MACH., D. Aler., a.1349, 264). Bien pert a l'euvre ou Amour veult ouvrer Que vraie foy envers Dieu nous ralie (Mir. st Ign., 1366, 117). ...sy qu'il furent teilement raloiiez, par ceste novelle werre et par la novelle affiniteit de cesty mariage, qu'ilh demoront d'unne ahierdance tote la werre durant. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 27).

 

-

Rallier qqn à/avec qqn : ...et aussi il aidoit sa fortune par courtoisie et bel lengage et ralioit a soi tous ceus que il pooit par benefices (BERS., I, 1, c.1354-1359, 34.19, 60). L'ABBÉ. (...) Pitié si me fist esmouvoir A elle a grace recevoir, Dont je la reconsiliay Et avec nous la raliay (Mir. Theod., 1357, 128).

 

-

"Réconcilier (des pers.)" : [Marie d'Orléans] En l'amour et crainte de Dieu Es nobles flans Cesar [Charles d'Orléans] conceue, Des petis et grans en tout lieu A tres grande joye receue, De l'amour Dieu traicte et issue Pour les discordez ralïer Et aux encloz donner yssue, Leurs lïans et fers deslïer ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 41).

 

-

Tenir l'amour de qqn rallié à soi. "Conserver l'amour de qqn" : ...vous tendrez l'amour d'elle ralié à vous. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 181).

 

2.

Rallier qqn à qqc. "Attirer qqn à (une cause)"

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 317.

 

-

Empl. abs. : Ses ennemis humilia Et les mauvais cuers ralia (DESCH., M.M., c.1385-1403, 309).

 

-

Rallier à sa cordelle. V. cordelle

II. -

Empl. pronom.

A. -

[De pers., de troupes] Se rallier. "Se rassembler, se regrouper" : ...et par plus fort raison se, oÿe la venue d'Alixandre, Rommain et Penois ou Cartagés se fussent ralié ensemble et confederé contre luy, si que commune doubte eust armé contre le commun ennemi deux tres fortes et tres puissantes cités tant en genz comme en armez fors (BERS., I, 9, c.1354-1359, 19.13, 38). Quant Franchois vit partir, avec yaulz se raloye (Hugues Capet Lab., c.1358, 124). Si se conmenchierent a raliier viers la baniere (FROISS., Chron. D., p.1400, 436). Le IIIe est, quant il treuve ou oïst nouvelles que ses anemis sont espandus, les assaillir vigoureusement et prestement avant qu'ilz se puissent rallier. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 242). Entour lui se rassemblent, toz se vont raloiier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 201). Et, après ladicte desconfiture ainsi faicte que dit est, ledit duc en Autriche, le conte de Romont et autres de leur compaignie se ralierent et vindrent devant une place nommée Malannoy, dedens laquelle estoit ung cappitaine gascon nommé le Capdet Remonnet, et avecques lui de sept à huit vingtz lacquetz arbalestriers aussy gascons ; laquelle place par lesditz d'Autriche et Romont fut assallie. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 93). Et là où vous serez, c'est la plus large place et la plus aisée pour soy rallier et retraire (BUEIL, I, 1461-1466, 107). Et cependant se rallièrent les adversaires et fut assailly de tous costez le Jouvencel (BUEIL, I, 1461-1466, 108). ...à l'assemblée, ledit sire de Brezé ordonna qu'on donnast aux enseignes des Anglois: car ilz sont de telle nature, ainsi qu'on dit, que, quant leurs enseignes sont ruées et portées par terre, ilz sont tous esbays et ne se ralient plus. (TRING., c.1477-1483, 286). Ha ! Messeigneurs, prenez coraige, Raliez vous, je vous emprie ; Encoires avez vous l'avantaige Se vous voulez, quelque nul die. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 340). Comme nous estions là en bataille et ralliéz, revindrent beaucoup des gens du roy qui avoyent chassé, cuydans que tout fust gaigné pour eulx (COMM., I, 1489-1491, 34). Fut aussi en personne icelui Jaques, à la rencontre qui se fist deux ans aprés, par aucuns qui se rallierent après la chasse d'icelle journée et vindrent près de Glarona, où semblablement furent desconfiz par ceulx du lieu qui n'estoient que IIc hommes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 v°). Et disoit on que, après ledit appointement, l'Empereur et ledit duc s'estoient raliez ensemble pour faire guerre au roy de France, dont il ne fut riens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 340).

B. -

Se rallier à. "S'unir à (au propre et au fig.)" : Quant le Caraman vit comment Nos gens se tiennent fermement, Et qu'autrement ne chasseront Ne de là ne se partiront, À son pooir se ralia Et à haute vois s'escria : "Avant, signeurs ! se bien ferons, Certes nous les desconfirons ; Il sont lassés et ne sont gaires, Sonnez cors, trompes et naquaires, Afin que chascuns se ralie." Adont une moult grant partie Des Sarrazins qui s'en aloient Au Caraman se ralioient. Samblant de combatre feïrent Et en bataille se meïrent, Mais po de talent en avoient Et tout le contraire pensoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 166). Par sainct Pierre le puis scavoir Qui trois fois Dieu si regnia, De soy repentir fist devoir Et doulcement s'umilia, Tant qu'en la fin, cecy est voir, Du tout a Dieu se ralia (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 107). Et pour vrai, la plus grand partie des nobles ralliés au duc de Bourgogne qui avoient esté avec elle la duchesse de Bourgogne en ycelui voiage, n'estoient point si françois à leur retour qu'ils estoient quand ils alèrent devers le Roy (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 3). Au charroy se rallièrent quelques gens de pied bourguygnons (COMM., I, 1489-1491, 28).

 

-

Se rallier avec qqn : Et adonc se commencèrent à percevoir les Anglois que moult avoient perdu en ce que le duc de Bourgongne estoit d'eulx desjoins, et ralié avec les François (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 206). Et aussi, quant ils veyrent au dessus de ladicte montaigne une si grosse compaignie de leurs ennemis qui se ralioient l'un avec l'aultre, ilz doubtèrent d'entrer en eulx et attendirent leurs aultres compaignons, en hardiant l'un contre l'autre (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 236).

 

-

Se rallier contre qqn : ...car ceulx du logis se rallioient de toutes pars contre eulx. (BUEIL, I, 1461-1466, 109). Cestui fut appellé aussi des Suiches, quand ilz gecterent les nobles, qui les opprimoient de leur terre, qui s'estoient ralliés contre eulx (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 126 v°). ...et sont maintenant realiez le seigneur de Lescun et le gouverneur de La Rochelle contre madame de Thouars et le seigneur de Grantmont (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 278).

 

-

Empl. abs. "Se cramponner (à qqc.) ?" : Puis se met a monter [la roche], mieux qu'il peut se ralie [se cramponne à la roche ?] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 538).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 57/70 
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     RALLOI     
*FEW V ligare
RALLOI, subst. masc.
[T-L : raloi ; *FEW V, 327a : ligare]

"Point de ralliement" : Là, se sont asamblé tout cil qu'il fist partir, Et Sarasins s'enfuient, n'ont loisir de tenir. Il n'ont nésun raloi pour bataille tenir (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 71). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 58/70 
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     RALLOIANCE     
FEW V ligare
RALLOIANCE, subst. fém.
[T-L : ralïance ; GD : raliance ; FEW V, 327a : ligare]

"Ralliement ; point de ralliement" : Après la mort de Nicolas Branbre, veirent les oncles du roy que tous ceulx que ilz hayaoient et vouloient oster hors du conseil du roy estoient mort ou eslongiet tellement que plus n'y avoit de raloiance, et convenoit que le roy et le royaulme fust remis et refourmez en bon estat, car, quoyqu'ilz eussent mors et enchachiez les dessusdiz, si ne vouloient-ilz pas oster au roy sa seignourie (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 76).

REM. FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 141 ; VI, 307 ds GD VI, 571a.

V. ralliance
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 59/70 
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     RALOYER     
FEW V ligare
RALOYER, verbe
[GDC : rallier ; FEW V, 326b : ligare]

A. -

"Relier"

 

Rem. Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495. In : P. Demarolle, 4e Colloque, Amsterdam, 1985, 9.

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] Raloyé à qqc. "Relié, rattaché à qqc." : ...sur icelluy parloir faire et ordonner un toit du long, raloyé et raccordé aux autres toits d'en costé de part et d'autre (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 619).

B. -

"Rallier" : Adont que ly bons castelains parchuyt le domage de ses dois freires, ilh fut ensy que tos forseneis et alat waiier les batailhes avoek cheaz de sa rote, et crieir s'ensenge et raloiier ses amis. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 44).

 

-

Se raloyer à. "Se rallier à" : Et qant li Hainnuier entendirent que li rois de France estoit logiés au pont a Bouvines, sus l'enort et esmouvement messire Wauflart de la Crois qui congnissoit le pais, se mist une cevauchie sus, ou il pooit avoir environ siis vins compagnons chevaliers et esquiers, et fissent de messire Guillaume de Bailluel lor chief et se devoient tout raloiier a sa baniere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 433).

C. -

"Pourvoir de nouveaux liens (poutres obliques du soubassement)" : ...pour raloiier le moulin dessus dit et de le rasseir sur nouvelles plates (Doc. 1367. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 842).

V. aussi rallier
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 60/70 
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     RELIAGE     
FEW V 324b ligare
RELIAGE, subst. masc.
[T-L : relïage ; GD : reliage ; FEW V, 324b : ligare ; TLF : XIV, 726a : relier (reliage)]

A. -

"Action qui consiste à relier des pages manuscrites, reliure" : ...MdSS lui ont tauxé [à Henryet des Guez, clerc] III gros de Flandres pour chascun fueillet qui font la somme parmi VI s. pour le reliage de ladicte copie (Comptes Lille L., t.1, 1425-1426, 241). A lui, pour le reliage d'un livre de MS appelé... (Comptes Lille L., t.3, 1455, 362).

 

Rem. Doc.1378-1376 (reloyage), 1446 (reliaige), 1452 (reliage), 1500 (reloiaige) ds GD VI, 764c.

B. -

[Domaine de la tonnellerie] "Action qui consiste à relier les douves d'un tonneau ou d'une cuve, cerclage"

 

Rem. Doc.1328 et 1491 ds GD VI, 764c. DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 110.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 61/70 
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     RELIANCE     
*FEW V ligare
RELIANCE, subst. fém.
[GD : reliance ; *FEW V, 324b : ligare]

"Action de relier, de rattacher"

REM. Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD VI, 765a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 62/70 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     RELIEMENT     
FEW V ligare
RELIEMENT, subst. masc.
[T-L : relïement ; FEW V, 324b : ligare]

"Action de lier, de (se) rattacher" : Plëust ore a Dieu, mon pere [de Grace Dieu] Que fust Religion (au)telle Comme quant au commencement Elle prist son reliement Mes des relieurs n'est mes nus Et touz ont leur oustis perdus. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 391).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 63/70 
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     RELIER     
FEW V ligare
RELIER, verbe
[T-L : reliier ; GD : relier1 ; GDC : relier ; FEW V, 324a : ligare ; TLF : XIV, 725a : relier]

Empl. trans.

A. -

[Lien concr.]

 

1.

"Lier, attacher de nouveau"

 

-

[Des chausses, le heaume...] : ...en feignant que aucune chose li feust cheue à terre, ou que elle reliast sa chausse, mist à terre iceulx deux chapeaux par entre les piez de ceulx qui danssoient illec (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 342). ...elle faignist relier les lyens de ses chauses (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 357). Ganellon fut content d'y aller tout seul et fist relier son heaulme et monte sur son cheval nommé Gascon, son escu pendu en son col (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 160).

 

-

[Une chose sur ou dans une autre] : Ainsi me depars de mon advision laquelle ie ay partie sicomme en .III. differences de .III. pierres precieuses en leurs propprietez la premiere est en forme de dyamant lequel est dur et poingnant et tout soit il cler hors oeuvre quant il est relie et mis en lor il semble estre obscur et brun (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 192). ...pour avoir fait en la chambre de madame de Bequigny six grandes fenestres à moyen, rebottées d'une part et d'autre, bien jointes et reliées (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 614). ...pour avoir bien et souffisamment registé et replanquié ledit pont tout de nouvel et les appoiees d'icellui pont avoir relié de nouveaux corbeaux (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 611). Sy me mussay derriere celle grosse pierre et les oys trescourouchiez de tant de fois relyer leurs proys (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 153).

 

-

[Des parties disjointes]

 

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 12486 (T-L VIII, 691).

 

-

[Un animal] : Et vous dy que Aigres et Galopins furent tout esbaÿ de l'orribleté du cry, et Moreau mesmes en fu si effraiez, qu'il rompi le chevestre de quoy il estoit atachiez et commença a courre et a saillir et se fust lanciez dedens le boys, quant Galopin le prinst et aerdy viguereusement et le relia. (Bérinus, I, c.1350-1370, 275).

 

2.

"Faire tenir ensemble les parties d'un objet"

 

a)

"Assembler, attacher ensemble (les divers cahiers d'un livre) et les emboîter dans une couverture" : Samedi, VIIJe jour de juin. Cedit jour, messire Rolant Belier, prestre, a miz et baillié devers la Court (...) un volume non relié contenent XXIIJ coiez, ou quaternes (BAYE, I, 1400-1410, 91). ...et que, en recevant lesdiz registres, lui en avoient esté baillées en cayers et non reliez depuis l'an CCCC et XV jusques à l'an CCCCXXVI inclus (FAUQ., III, 1431-1435, 173). À Macé Triperel, relieur de livres, demourans à Paris sur le pont Nostre Dame, pour avoir relié sept comptes rendus par feu Robert Louvel, de la recepte du domaine de ladicte ville et deux autres comptes rendus par ledit receveur, et d'iceulx neuf comptes avoir fait trois volumes pour les mettre avecques les autres comptes de ladicte ville (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1451-1452, 819).

 

b)

"Mettre, remettre des cerceaux à (un tonneau), cercler" : Item, toutes manières de tonnelliers et charpentiers de tonneaulx auront et prendront pour chascun tonnel relié et mectre a poinct, ès villaiges XVI deniers, et a Paris XVIII, et trois queues pour deux tonneaux a la value ; et de faire aucuns autres rappaillemens, a l'avenant, et non plus. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 28). ...ainsi que il faisoient ou relioient illec une cuve, queue ou tonnel, et que le dit Pierre tenoit sur un cercle un petit maillet, et que le dit exposant feroit d'un plus grant maillet sur le maillet d'icelli Pierre, pour chacier et mettre aval le dit cercle et estraindre le dit vaissel, le manche du maillet du dit exposant en ferant fort d'icellui sur le maillet du dit Pierre (Doc. Poitou G., t.5, 1380, 139). Item, ne vueil plus que Chollet Dolle, trenche douve ne boise, Relie broc ne tonnelet, Mais tous ses houstiz changer voise A une espee lïonnoise, Et retiengne le hutinet : Combien qu'il n'ayme bruyt ne noise, Sy lui plaist il ung tantinet. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 93).

 

3.

"Grouper ce qui est dispersé" : À Hennequin Laurens, chastellain de Vergy, gouverneur des celiers et visiteur des vignes de mondit seigneur en Bourgoingne, la somme de trois cens soixante six frans, pour icelle somme tourner et convertir tant ou charroy de soixante queues de vin du creu de mondit seigneur, c'est assavoir vint queues de vin du creu de Germoles et quarante queues de son creu de Beaume, pour icelles mener desdiz lieux de Germoles et de Beaune devers mondit seigneur à Provins, comme pour les frais de relier icelles, les chargier et les conduire [ou sens 2b ?] (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 313).

B. -

P. anal. Estre relié de fievre. "Être saisi de fièvre" : De fievres soyes-tu relié ! (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 195). Que de la fievre cartaine Puissez vous estre relié ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36). Qu'au grant gibet sois butés Et de forte fievre reliés Que tant negligens estes vous (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 76).

C. -

Au fig.

 

1.

Empl. trans. "Établir un lien à qqc."

 

-

Relier qqn à qqc. : ...mais à la session publique par laquelle fut dèbouté [Pierre de La Lune] et déclairé estre scismatique et hérétique, il [ledit conte d'Armaignac] fut accusé de par le roy des Rommains en propre personne, et par le procureur fiscal dudit concile, et fut relié au scisme, non obstans excusacions frivoles que fist maistre Jehan de Gerson. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 225).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom. [D'une pers.]

 

-

"Rallier qqn" : Et le bon connestable va sa gent relïer. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 72). [aussi v.6987 et 9382]

 

-

"Se rallier à, revenir à" : Avés vous ouy ce trüant Oustés le moy d'yci devant Et le faittes sacriffïer Et a nostre loy relïer Par force ou a le boutter (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 83).

 

-

"Se lier, s'obliger, s'engager" : ...ainsi cestui duc, coffre vray de leaulté et d'honneur, ne s'estoit pas avancié de mettre l'ordre [de la Toison d'or] sus contre l'onneur des portans (...), mes pour les bons faire relyer et astraindre en honneur et vertus plus estroites par obligation de serment. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 123).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 64/70 
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     RELIERESSE     
FEW V ligare
RELIERESSE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : relierresse ; GD : relieresse ; FEW V, 324b : ligare]

"Celle qui relie (qui fait de la reliure)"

REM. Doc. 1351 et 1358 ds GD VI, 766a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 65/70 
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     RELIERIE     
FEW V ligare
RELIERIE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : relïerie ; GD : relierie ; FEW V, 324b : ligare]

"Atelier de reliure"

REM. Doc. 1355 (Troyes) ds GD VI, 766a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 66/70 
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     RELIEUR     
FEW V ligare
RELIEUR, subst. masc.
[T-L : reliëor ; GD : relieor ; GDC : relieur ; FEW V, 324b : ligare ; TLF : XIV, 726a : relieur]

A. -

Relieur (de livres). "Celui qui relie les livres" : Regnault Cardet, relieur, pour avoir poncé, riglé et relié les journaulx de la Chambre aux deniers (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1421-1422, 282). ...Robin Jolys, relieur de livres (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 206). ...estes vous relieur De livres ? (Sots Magn., a.1488, 199).

 

Rem. Doc.1358 ds TLF.

B. -

[Domaine de la tonnellerie] "Celui qui assure le reliage" : Se les grans serceaus et les veus Que jadis les bons relieurs Y mistrent... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 390).

 

Rem. Sans doute aussi le doc. de 1355 (Troyes) que cite GD VI, 765c (cf. le commentaire du TLF).

C. -

"Botteleur"

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1332 ds GD VI, 765c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 67/70 
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     RELIEUSE     
FEW V ligare
RELIEUSE, subst. fém.
[GD : relieuse ; FEW V, 324b : ligare]

"Maquerelle"

REM. Doc. 1398-1401 (Meuse) ds GD VI, 766b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 68/70 
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     RELIEUX     
*FEW V ligare
RELIEUX, subst. masc.
[*FEW V, 324b : ligare]

A. -

[En tonnellerie ; synon. de relieur B] : [Contexte métaph.] Se les grans cerchiaus et les veus Que jadis li bon relïeus Y mirent, fussent bien gardés Et bien a leur droit relïés, Jamais a nul tamps ne fausist La nef pour mal qui li venist. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 136).

B. -

Relieux de livres. "Celui qui relie les livres" : ...Regnault le Roux, relieux de livres (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 722).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Edmonde Papin

 Article 69/70 
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     RELIURE     
FEW V ligare
RELIURE, subst. fém.
[GDC : reliure ; FEW V, 324b : ligare ; TLF : XIV, 733a : reliure]

"Action de relier un livre" : ...la somme de quatre ducaz et demy, pour paier ung relieur de livres d'Avignon, de la relieure et enlumineure de troys bréviaires, marché fait, en Avignon, à ladite somme de IIII ducaz et demy pour ce icy (Comptes roi René A., t.1, 1478, 245).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 70/70 
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     SOUS-LIER     
FEW V ligare
SOUS-LIER, verbe
[GD : souslier ; FEW V, 328b : ligare]

"Lier par dessous" : Subligo (...) : soubsloier (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 480). Suffibulo (...) : souslier (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 484).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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