A. -

"Religieux de l'ordre de saint Dominique, dominicain" : ...un jacobin nommé frere Pierre, du couvent d'Orleans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 443). ...l'eglise des Jacobins du Mens (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430). ...deux jacobins, ou au moins gens vestus en leur habit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 436). SECONT BERGIER. Tu n'ez bon fors qu'a estre carmes, Moine recluz ou jacopin. Tu ne vaulx qu'a estre beguin Ou hermite en quelque hermitaige, Car tu es couart d'avantaige, Maiz je suis hardi et vaillant. (Gris., 1395, 44). ...mendians ou jacobins Et freres qui vont en chappins (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 45). ...frere Jehan Thibault, jacobin, du couvent de Vienne (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 372). LUCIFER. Aussi vueil je que tu ayes cure Sur les carmes et augustins, Sur cordeliers et jacopins, Et tous ceulx qu'enseignent la loy. Faiz les errer contre la foy, Tous remplis d'inobediance, Du couvant partir sans licence, Estre appostat et laissier l'ordre : Ainsi ne te pourront estordre. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 4). En sa chapelle a quarante hommes, à comprendre ung evesque, son confesseur, et trois autres Jacopins prestres et confesseurs, autres chappellains et autres officiers, organistes et sommeilliers, lesquels chappellains, chantres et officiers sont gouvernez par le premier chappellain. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 2). Aux maçons des jacopins de notre ville de Masseille, en don à eulx fait pour faire le portal de l'église (Comptes roi René A., t.1, 1480, 35). Jacobins ont a Dieu promis, Mectans tous es enffers leurs ames, Que jamais ne permetront femmes En leur maison tant qu'il le scaiche. (Rapp., c.1480, 63). Carmes, cordeliers et chanoynes, Jacobins, augustins et moynes, Mauldit (soit) qui les espergnera ! (Rapp., c.1480, 64). Item, vindrent les gens d'eglise, qui de toutes pars avoyent esté mandez et requis de par le roy pour venir a l'eglise et faire le service du dict corps ; c'est assavoir les quatre mendiens comme Cordeliers, Jacopins, Carmes et Augustins qui estoient en moult grant nombre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310). Taisés vous m'amye, j'en scay deulx : L'ung est moyne, Augustin ou Carme Ou Jacopin, l'autre gendarme. Ilz sont a pourveoir, se me semble, Vous les verrés tous deulx ensemble Et puis après vous choysirés. LE MOYNE commence... (P. moyne, a.1500, 46).

-

Empl. adj. : Ha ! que ces maistres jacobins, Cordeliers, carmes, celestins Ne jouent de nature la basse, Onc chien puant de passe passe Ne fut si listre, par mon ame. (Rapp., c.1480, 63).

B. -

Au plur. p. méton. Les Jacobins. "Couvent de ces religieux" : Et dit que, à l'eure d'après disner, au retour, il passa par derriere les Jacobins, et vit, sur les fossés hors la ville, quatre compoingnons parlans ensemble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 434). Et estoit li evesques de Lincole logiés as Jacobins, et li evesques de Durem as Freres Meneurs. (FROISS., Chron. D., p.1400, 254). On luy trouva quelques chambres propices Et beaulx jardins dedens les Jacopins ; Dont bien a point vint, du moins aux novices, Car ilz y eurent souvent de gras lopins. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 176).

V. aussi jacopin
 

[Par allusion à l'hospice des pèlerins pour Saint-Jacques-de-Compostelle confié aux Jacobins (aux Dominicains)] Soupe jacobine. "Soupe riche à chapons, à moelle, à fromages et herbes" : Et pour servir de la soupe jacobine fault que haiés voz beaulx chappons et (...). Et ledit queux qui est ordonné pour faire ladicte souppe jacopine si prenne deux ou .iiiC. pains de bouche et ce pain taille par belles lesches et les roustissez tresbien nectement sans bruller (...) ...et ce blanc de chappon semés par dessus vostre souppe jacobine... (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 153). [Autres ex. p.151] Item, aux Freres mendïans, Aux Devotes et aux Beguines, Tant de Paris que d'Orleans, Tant Turlupins que Turlupines, De graces souppes jacoppines Et flans leur faiz oblacïon, Et puis aprés, soubz ces courtines, Parler de contemplacïon. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 97). SOPPE JACOPINE de pain tosté de frommage du melleur que on pourra trouver et mectre sur lez tosteez. Et destramper de boullon de beuf et mectre dessus de bons pluviers rotiz ou de bons chappons. (Recueil Riom L., c.1466, 72).

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Tarte jacobine

Rem. Viandier (fin XVe s.), éd. Pichon et Vicaire, 173, 174.
 

(Synon. de jacobite) : Icellui patriarche fut frere au roy d'Armenie qui morut en France derriennement. Icellui patriarche a la gouvernance des chrestiens Yaccoppites [var. (ms. XVe s.) jaicobin] qui habittent par dela, et est moult bonne et charitable personne, si comme l'en dit et ainsi come il le demonstre en certaine maniere, car il fait donner a manger tous les jours a mille povres et plus. (Voy. Jérus., c.1395, 64). Dedans cestedicte abbaye sont residens et demorans cent freres et plus, lesquelz mainent tressaincte et tresbonne vie, car en nul temps ilz ne boivent vin ne jamais ne menguent char ne poisson, ne vestent draps de lin. Et en verité ilz monstrent bien qu'ilz soient bonnes gens, car ilz font tresbonne chere aux pelerins et leur donnent ce qu'ilz pevent recouvrer de vivres tresvoulentiers et sens riens demander. Iceulx freres dont nous parlons, sont chrestiens Yaccoppites [var. (ms. XVe s.) jacopin], car ilz sont circoncis et puis sont baptisés come nous, et chantent et font le service tresdevostement en leur langage ; et ne font point le service de Nostre Seigneur selon nostre usage ne selon l'usage des Grecs, mais ont autre usage differant auques semblable aux chrestiens de la terre Prestre Jehan (Voy. Jérus., c.1395, 71).
 

"Religieuse dominicaine" (synon. jacobinesse) : LUCIFER. Les nonnains et les jacobines, Les cordelieres et beguines, Feras tout employer leur cure, Nuyt et jour, du tout en luxure, En paresce et en glotonnie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 4). Ces prestes, ne ces concubines, Cordelieres ne jacobines... (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 5).
 

RELIG. "Religieuse de l'ordre de Saint Dominique" : ...la prioresse et couvent de jacobpinesses lez Bruges (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 43). ...la prioresse et couvent des jacoppinesses lez Bruges (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 337).

REM. 1. À rattacher à FEW V, 11a : Jacobus. 2. Cf. R. Mantou, B. de la Commission royale de topon. et dialectol. 51, 1977, 255.
 

I. -

"(Chrétien) de la confession de Jacques Bar-Addaï, (chrétien) copte" v. jacobite : Item, de là, passay oultre une grant montaigne qui contient une lieue de long, à la vëue de la mer rouge, et alay à Saint-Pol des désers, le premier hermite, qui est situé en lieu bas entre montaignes sur une fontaine saillant de roche, et est le chastel fort et abbaye de jacobitains, subgectz à ceulz de Saint-Anthoine, et y a ung gardin de palmiers. (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 70). Et est le païs très bien habité de bons gros villaiges, d'un lez et de l'autre de la rivière, en espécial deux journées partant du Kaire amont la rivière jusques à une église de Jacobitains, nommée Saint-George, laquelle j'ay visité en personne, et le surplus ne sçay que par informacion (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 127).

II. -

[Empl. adj.] : Saint-Anthoine est une abbaye de moines jacobitains, cristiens circoncis, dont il y a cincquante. (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 70).

V. aussi jacobin1
 

"(Chrétien) de la confession de Jacques Bar-Addaï, (chrétien) copte" : Icellui patriarche fut frere au roy d'Armenie qui morut en France derriennement. Icellui patriarche a la gouvernance des chrestiens Yaccoppites [var. (ms. XVe s.) jaicobin] qui habittent par dela, et est moult bonne et charitable personne, si comme l'en dit et ainsi come il le demonstre en certaine maniere, car il fait donner a manger tous les jours a mille povres et plus. (Voy. Jérus., c.1395, 64). Dedans cestedicte abbaye sont residens et demorans cent freres et plus, lesquelz mainent tressaincte et tresbonne vie, car en nul temps ilz ne boivent vin ne jamais ne menguent char ne poisson, ne vestent draps de lin. Et en verité ilz monstrent bien qu'ilz soient bonnes gens, car ilz font tresbonne chere aux pelerins et leur donnent ce qu'ilz pevent recouvrer de vivres tresvoulentiers et sens riens demander. Iceulx freres dont nous parlons, sont chrestiens Yaccoppites [var. (ms. XVe s.) jacopin], car ilz sont circoncis et puis sont baptisés come nous, et chantent et font le service tresdevostement en leur langage ; et ne font point le service de Nostre Seigneur selon nostre usage ne selon l'usage des Grecs, mais ont autre usage differant auques semblable aux chrestiens de la terre Prestre Jehan (Voy. Jérus., c.1395, 71).

REM. Dict. encyclop. du Moy. Âge, t.1, 1997, 798-799.
 

[Argot] "Crachat" : Je congnois approucher ma seuf, Je crache blanc comme coton Jacoppins groz comme ung estuef. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 70).

Rem. EW V, 11a, Jacobus (12a, n. 7) ; GD IV, 625c, jacopin 1.
 

[Par comparaison avec la cellule d'un jacobin, d'un dominicain] "Lieu exigu (ici qui abrite un pressoir) (?)"

REM. Doc. 1392-1400 (Orléans, pour ... latter tout de neuf ... la ... jacopinerie du pressouer) ds GD IV, 626a. Le FEW enregistre chambre jacobine "mansarde".
 

"?" : D'un fin veloux cramoisy avoit manches Pelissonnees de martres subelines, Ses couleurs furent vïolettes et blanches, Parmy posees bagues de haultes branches Pour faire avoir les fievres jacquelines : Gros dÿamans, turquoises, cornalines, Perles de pris grandement estimees Pour decorer ses doulceurs feminines, De toutes pars elle estoit sursemee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 167).

REM. Pourrait-on comprendre pour faire avoir les fievres jacquelines "pour aguicher" ? Ou encore et plutôt "pour donner le mal de Naples, la syphilis" ? C'est un fait connu que les soldats français prétendirent avoir rapporté cette maladie de ce "voyage" à Naples. Or, d'apr. l'introd. de l'éd., p. 29-30, André de La Vigne n'a pas rédigé son oeuvre pendant cette expédition, mais après. À rapprocher du saintongeais «Jacques "surnom des soldats, des conscrits"» (FEW V, 9a, s.v. Jacobus), La Vigne étant originaire de La Rochelle, et du plus ancien «jaquet "pénis"» (FEW V, 10a, s.v. Jacobus) ?
 

"Soulèvement des paysans contre les seigneurs en mai 1358 (conduit par un certain Jacques Bonhomme et qui débuta en Beauvaisis)" : La duçoise de Normendie et la duçoise d'Orliiens et bien troi cens dames et damoiselles et li dus d'Orliiens ossi estoient à Miaus en Brie, en grant meschief de cuer, pour celle jakerie. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 103). Conme l'en pourret mectre assez exemple du temps de la Jaquerie en France, car qui eust pugny tous lez Jaques, ce n'eust pas esté le proufit conmun, car lez terres fussent demourees a labourer et lez euvres mechaniques et neccessaires pour la vie humaine fussent laissiees affaire (Songe verg. S., t.1, 1378, 344). ...le peuple de Beauvoisins, par la monicion dudit roy de Navarre, se mist sus contre les nobles du pays (...) Et se appella ceste mocion la Jacquerie de Beauvoisis. (CAGNY, Chron. M., 1436-1438, 34). Cestui sur la revolucion de l'an mille IIIcLVIII, prenostica de la Jaquerie qui commença en Beauvoysyn, par les communes sur les gentilz hommes, le XXVIIIe jour de may, oudit an, ce qui advint, car ilz tuerent tous les nobles et leurs femmes et enfans et tantost après, le roy de Navarre y ala et plusieurs en fist mourir. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 v°).

Rem. LE BEL, Chron. V.D., t.2, 260 ; FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 100...

-

"Soulèvement de paysans" : Et l'en treuve es hystoires que aucune fois les sers ont fait rebellion et guerre contre leur seigneur. Et ce appelloient les anciens bellum servile - jaquerie. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 189). On puet bien croire et imaginer que toute gentillèce et noblèce euist esté morte et perdue en France et tant bien ens es autres païs ; ne li Jaquerie ne fu onques si grande ne si orible que elle euist esté. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 33). En Valoys fut, en Picardie, En Champaigne tel jaquerie. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 368).

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Mouvement de jacquerie. "Soulèvement populaire" : ...il se déportast de dire teles paroles qui sentoient aucunement mouvement de Jaquerie. (Ch. VI, D., t.2, 1420, 42).
 

"Paysan (en particulier paysan qui a pris part au soulèvement de 1358)" : Tant chevaucierent il qu'il vinrent à Miaus en Brie ; si alèrent tantost devers la duçoise et les aultres dames qui furent moult lies de leur venue, car tous les jours elles estoit manecies des jakes et des villains de Brie. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 104). Conme l'en pourret mectre assez exemple du temps de la Jaquerie en France, car qui eust pugny tous lez Jaques, ce n'eust pas esté le proufit conmun, car lez terres fussent demourees a labourer et lez euvres mechaniques et neccessaires pour la vie humaine fussent laissiees affaire, ou il faussit que lez clers et lez nobles lez eussent faittes, lezquelx devent vaquier au service divin et a la deffense de la chose publique (Songe verg. S., t.1, 1378, 344).

Rem. Doc. 1359. In : Siméon Luce, Histoire de la jacquerie d'après des documents inédits, Paris, 1895, 297 (...comme Giles Le Haguez, n'a gaires demourant à Chambli le Haubergier, après ce que le capitaine de Beauvoisis, qui pour lors estoit avecques les Jaques, ot envoié et mandé plusieurs foiz ...).

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[Comme terme d'injure] : ...Jehan Lesnare, dit de Magny, surnommé Alain, né de la seneschauciée de Poitou, (...) prisonnier (...), après ce qu'il ot dit de par la dame de Meno à Jehan du Boulon, demourant pour lors à Chielle soubz Pierrefons, que la char lui cousteroit plus que le poisson et que le dit du Boulon fu sailli hors de sa maison, en disant au dit prisonnier qu'il estoit très mauvaiz lierres et que qui lui fist raison, l'en le pendroit à un gibet qui lui monstroit au doy, et que ycelui prisonnier eust respondu qu'il mentoit comme mauvaiz villain Jaques qu'il estoit (Doc. Poitou G., t.6, 1396, 257). ...couroucé et indigné, eust appellé ledit Billart, "sanglant villain ! treiste jaques !" (Ch. VI, D., t.2, 1403, 49).

REM. Cf. aussi Jacquesbonhomme : Il reconforta et aida jadis, et se mist en grant peril ou marchiet à Miaus contre les Jakebonhommes, pour la royne de France qui lors estoit ducoise de Normendie. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 66).

V. aussi jacquerie
 

[Prénom féminin, pour désigner n'importe qui] : Il vient, il caquette Puis de Gaultier, puis de Jacquette (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 290).

REM. Sur le prénom Jacquet, cf. H. Lewicka, La Dér., 1960, 290 ; sur Jacquinot, 327.
 

"Partisan de la Jacquerie"

REM. Doc. 1414 (jacquiers) ds GD IV, 626a.
 

A. -

ARM. "Costume de guerre rembourré, pourpoint court et ajusté (porté par le chevalier, mais aussi, tenant lieu d'armure, par le valet)" : ...mais Jehan Boddaert, foullon d'Ippre, aloit devant les aultres et ne faisoit conte de çou que on traioit sur lui, car il avoit vestu une jacque que on ne pooit partraire. (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 303). À Messire Jehan de Lescano, chevalier, pour drap de soye pour couvrir un jaques à li donné par Monseigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 149). ...[Le quel Moreau], vestu d'un jaque et çainte s'espée sanz autre armeure, accompaignié du dit Himbaut, son escuier, armé d'une coste de fer et aiant en sa main une darde d'un varlet appellé Jehan Calet, qui avoit espée, taloche et une lance d'un page appellé Jehannin (Doc. Poitou G., t.5, 1378, 97). ...et avoient par estimacion deux mille lances, cinq cents arbalestriers, quatre cents archiers ; mille et cinq cents varlez armez de jaques et de haches. (Chron. St-Den. P., c.1383-1385, 12). ...en la compaignie duquel son maistre, dont il n'est record du nom, et aussi dudit Testenoire et soubz lui, il a par plusieurs fois chevauché, porté le bacinet, lui armé de jaque et de cote de fer (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 24). ...et par plusieurs fois chevauché armé de jaques, de cote de fer, capeline, gantelez et demie lance, en la compaignie dudit Blanchebarbe et des autres compaignons de la garnison d'icelle forteresse de Corbefin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 58). ...un an avoit ou environ, il mal print et embla de Thomas de Cuy, escuïer, demourant à Cuy, prez de Chasteau-Thierry, un jaques qui bien valoit LX s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 241). ...toutesfoiz par raison divine, naturelle et moralle il doit souffire aux jeunes gens, au travail et en l'ost, que la robe et le tunicle d'armes ou jacques veigne jusques au genoil, et aux anciens et chevetains doit passer un pou la rouelle du genoil. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 210). Et sachiez qu'il n'y ot page nul, fors gros varlez armez de fors jaques et de cappelines. (ARRAS, c.1392-1393, 151). Anthoine estoit sur un hault coursier liart, vestu d'un jaque de veloux cramousi, tout broudé de perles et de pierrerie riche et chiere, l'espee ou costé, le chappel de perles ou chief, un gros baston ou poing (ARRAS, c.1392-1393, 164). Et nos chevaliers, aussi armes, et les freres, sur leur gros gipons ou sur leurs jaques blans, porteront la crois, en ladite baniere declaree, par devant et par derriere, excepte que, en lui de la bordure doree entour la crois vermelle, il aura une bordure de soie noire a freres seulement, mais le compas demorera tel comme dit est. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 87). ...il aura un escuier, arme de toutes armes, et un petit valet, qui portera sa lance et son heaume ou bachinet, et un autre gros valet arme d'un jaque, qui portera sa malle, et un valet de pie, qui conduira son sommier. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 87). ...lesquelz chevaliers et freres auront chascun pour serviteur au mains un escuier, homme d'armes, un valet arme d'un jaque, qui seront en nombre IIIIm bons combatans (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 101). ...diverses armes invaisibles et deffendues, comme de jaques, demi glaive, espées, badelaires, dagues et autres (Doc. Poitou G., t.6, 1400, 350). Tant s'estoint entremis de courre Que hors des jacques sailloit la bourre (SAINT-ANDRÉ, Livre Jean de Bret. C., c.1400, 514). Et vendoint le beuff et la vache Pour quérir coursiers et chevaulx, Horsons et jacques touz nouveaux (SAINT-ANDRÉ, Livre Jean de Bret. C., c.1400, 516). ...et s'en alèrent (...) eulx armer et querir du harnoiz (...) comme cotes de fer, jaques, espées, dagues, haches, guisernes et autres harnoiz. (Ch. VI, D., t.2, 1408, 30). Apriès ces trois batailles (...) A fait li nobles dus aprester vistement Mille homes de Paris, tout à piet plainement, Armés de haubregons bien joliement, Gantelès, capelinnes, bracelès ensement. S'avoient des blans jaques, che fu leur viestemens. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 554). ...le VIIIe jour de novembre ensuivant oudit an, fist chascune disenne selon sa puissance de compaignons vestus de jacques et armez (Journal bourgeois Paris T., 1411, 15). Lequel avoit souvent quarante ou cinquante paysans, une foiz plus une autre foiz moins, armez et habillez de vielz haubergons, jacques vielles, haches et demi-lances où il avoit massues au bout, et autres habillemens de povre estat (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 283). Et lors firent faire ceulx de Paris, gros jacques de fustenne pour vestir dessoubz leurs armeures. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 212). Je seroie en l'eure abillies Mais que j'eusse ung copon de chandeille, Mon jacque mis en no corbeille Her soir pour nostre pain couvrir, Il le me fault aler querir A tastons puis qu'on ne voy goutte. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 134). Et estoient lesdictes communes que on appelle Suisses, assez communement habilliez de jaques, de paus, de habregerie, de glachons et de chappeaux de fer à la fachon d'Allemaingne. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 21). ...desquelz il n'en y a pas VIII qui ne soient armés de sallade, hauberg ou jacque. (Cligès C.T., 1455, 93). Faictes et soyez diligens De charger bombardes, canons Serpentines a grant puissance, Arbalestes, bez de faucons, Pouldres, pierres, maillez de plon, Jaques et auberjons a maille (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 208). Harnoys completz pour bien mil hommes d'armes, Fins aubregons, brigandines, sallades, Jacques, plastrons, voulges et albardes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 251).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 340 ; Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 7771... ; GAY II, 52b.

-

Jaque à armer : À Jehan de Brucourt, escuier, auquel Monseigneur donna un jaques à armer ; lequel jaques Guillaume Bloville avoit fait faire pour soy, et lequel Monseigneur fist bailler et delivrer audit Brucourt par le pris que audit Bloville avoit cousté (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 161).

B. -

COST. "Justaucorps à manches, d'abord très court, puis à jupe flottante" (synon. jaquette) : LE SOT. Pensez que së on l'eust peu prendre On luy eust fait [...] conte rendre Ou il avoit robé se saques [l. se ("ce") jaques]. (Gaud. sot, c.1450, 11).

-

Pisser en son jaque de soie. "Offenser qqn de manière volontaire et irrémédiable, en abusant de sa patience" : ...elle est bien malade quant au cuer de la royne ; elle a bien pissié en son jaque de soye (LA SALE, J.S., 1456, 270).
 

A. -

"Figure d'homme armé tenant en main un marteau pour frapper les heures sur la cloche"

Rem. Doc. 1422 (Fribourg, jaquemart) ds FEW. L. Sainéan, La langue de Rabelais, 2, 1923, 119.

-

Prov. Jaquemart est au clocher. V. clocher

B. -

[Instrument de guerre] : Ne nous fault harnois ne cuirasses, Ne locquette ne jacquemart, Nous ne cremons deux cicefaces Trait de canon ne de saudart. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 336).

REM. Nombreuses occurrences du nom propre Jakemars, Jaquemart, Jacquemart, Jaquemars..., HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1339, 55 ; Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 203 ; Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 257...
 

A. -

COST. "Veste courte serrée à la taille" : ...pour avoir fait pour MdS la garnison de deux petites chaintures pour chaindre sur jaqués, garnie chascune d'une boucle, un mordant et VI cloux (...) pour avoir fait pour MdS une grant quantité d'orfaverie pour mettre et asseoir sur un jaqués de velueau noir (Comptes Lille L., t.1, 1416, 114).

B. -

"Pendeloque ornementale figurant diverses représentations" : ...deux petiz fillez de chesne d'or, en l'un desquelz pend ung petit jaquet fait en une lerme (...) deux petiz jaquetz garniz d'or (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 427).

C. -

[Monnaie]

Rem. Doc.1474 ds GD IV, 635a.
 

"Soldat qui a revêtu un jaque" (synon. jaquier) : ...Et à autres XIII jaquetiers (...) A esté baillé à chascun XVI s. pour vivre, selon ce qu'il estoit mandé ; et XVI s. pour eslargir aucuns des jaques desdis archiers. (Fr. arch. Compiègne B.H., 1467-1469, 151).
 

COST. "Vêtement de dessus descendant jusqu'aux genoux, porté par les hommes (parfois les archers)" : ...IIJ aulnes d'escarlate vermeille de Bruxelles, de grant moison (...) pour faire IIJ chapperons doubles et IIJ sangles, pour affubler sus deux houppellandes longues de satin vermeil en graine, et deux petites jaquettes de veloux vermeil en grainne, pour les diz seigneurs. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 121). Pour trois pieces et demie de satin vermeil dont on a fait pour mondit seigneur trois estandars et pour doubler une jaquette à grans manches ouvertes pour ledit conte de Saint Pol (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 83). ...au regard de la requeste desdis varlès contre les escuiers d'escuierie dudit feu seigneur, pour raison du jaques ou jaquete d'icellui segneur (FAUQ., II, 1421-1430, 93). Compaignons, faittes voz aprestes, Vestez cuiraces et jacquestes, Armez vous et tous soiez prest (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 133). ...le corps, comme dit est, tresgrant, vestu d'une jacquette a quatre pointes, d'un viel gros gris moult pellé (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 150). ...ont visité et aprécié une jacquète de satin cramoisy garnie de semblable orfaverie, en laquelle a environ quatre marcs d'argent dont en y a environ deux marcs de branlant doré de deux costez (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 458). Et, au regard desdiz frans archers de Normendie, qui estoient des bailliages de Caen et Alançon, ils furent logez par distribucion : c'est assavoir ceulx de Caen, qui avoient jaquetes où estoit escript dessus de broderie Caen, furent mis et logez tous dedens l'ostel et pourpris du Temple, et les autres dudit bailliage d'Alençon, qui avoient jaquetes où estoit dessus escript aussi de broderie Audi partem, furent logez ou quartier dudit Temple (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 81). ...luy ay fait une jacquete satin vert à manches et doublées (Archives servit. Louis XI, T., 1467-1472, 16). Quant je reguarde ma jacquete, Il n'y a plume ni plumete (Pipée R., c.1470-1480, 198). ...III onces de fil d'or de Florence, que François de Bussy, brodeur, a aujourdui prinses de lui pour brocher une jacquete de satin jaulne (Comptes roi René A., t.1, 1478, 274). Et sur le dit harnoys avoit une moult riche jacquette a courtes manches, de couleur blanche et violette (LA VIGNE, V.N., p.1495, 286). Et fist faire pour ledit conte des chausses fourrées, une jaquette fourrée et des houzeaulx fourrez, pour ce qu'il avoit ja longtemps qu'il n'avoit monté à cheval. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 170).

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 65 ; 342. Dans plusieurs textes cités par GAY II, 53b, la jaquette est portée par des archers.
 

"Soldat qui a revêtu un jaque" (synon. jaquetier)

REM. Doc. 1498 ds DU CANGE IV, 279c, Jaquei (GD IV, 635a ; la date de 1398 semble erronée).