C.N.R.S.
 
Famille de bellus 
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 Article 1/23 
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     ABELLIER     
*FEW I bellus
ABELLIER, verbe
[*FEW I, 320a : bellus]

Empl. impers. S'il ne m'abellie. "Si je ne réussis pas (si les choses ne me sont pas favorables)" : Je regnie Dieu et sa face, Si je jeue jour de ma vie Coup de det, s'il ne m'abellie Autrement qu'a present ne fait ! (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 262).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/23 
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     ABELLIR     
FEW I bellus
ABELLIR, verbe
[T-L : abelir ; GD : abelir ; DÉCT : abelir ; FEW I, 320a : bellus]

I. -

Empl. trans. indir. Qqn/qqc. abellit à qqn

A. -

"Plaire, être agréable à qqn" : Le jeu, je croy, ly abelit. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 156). ...nouvelles que j'oysse Pieça ne m'abellirent tant Que du bon penancier vailant. (Mir. parr., 1356, 41). Chiere compaingne, Vescy ceys pour qui joie et delit As si perdu que riens ne t'abelit. (MACH., F. am., c.1361, 167). Tresbelle, riens ne m'abelist Ne donne paix n'aligement Sans vous a qui sui ligement (MACH., Voir, 1364, 12). Cilz estas forment abelli A Melyador (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 90). ...nul delit Ne m'abelit (MACH., Lays, 1377, 290). Long temps me dura la leesse, Beau doulx frere, que je vous dy, Car ma belle plaisant maistresse Plus et plus tousjours m'abely (Cent ball. R., c.1388-1396, 39). Mais tout avec le grant delit Qui au veoir tant m'abelit, Il n'est homs qui peust penser Ne dire, et deist sanz cesser, La melodie et le doulz son, L'armonie et belle chancon Que la font ces biaux mouvemens Celetiaux (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 86). Un mot lui nuit, l'autre lui abelit. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 167). Vous avéz estrainges maniere Et estes maulx homs a servir, Je ne vous saroye abelir. Vostre banniere est au vent mise, Tournés le cul devers la bise, Ne faictes pas chiere piteuse. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 7). ...car a chascune en faisoit sy a point que moult fu son savoir recommandé et loé de prime entree ; se devisa une espace a la royne a qui son langage n'é paz anoieux, car moult luy abelissoient sez doulcez et bellez devisez (Comte Artois S., c.1453-1467, 62).

 

-

[En mauvaise part] "Séduire" : La faveur que l'en a premier Au monde est l'odeur du pommier A la pomme et du fruit qu'il porte, Qui la faveur mondaine ennorte, Dont la couleur nous abellit (DESCH., M.M., c.1385-1403, 228).

 

-

Empl. abs. Qqn/qqc. abellit, est abellissant : Dont la champaigne estoit verdure, Et les couleurs abelissans Contre le vert resplendissans. (MACH., D. Aler., a.1349, 386). Chascun regardoit son levrier, Pour ce que fourment les amoient, Aussi que nourris les avoient, Car voirs est que moult abelist [var. enbellist] Ce que on aime et que l'en nourrist. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 403).

 

-

[Suj. neutre] : Ce ne vous doit pas ennoier, Mais vous doit abellir a faire. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 165). ...ce m'a moult abeli Que si a point ycy vous truys. (Mir. chan., c.1361, 150). La remonstra de coer discré Che dont on li sceut tres grant gré Et qui grandement m'abelli. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 141).

 

-

Empl. impers. : Son tresor teillement la vielle li offrit Tant en ait fait mener comme il li abellit : Coppe, hanap, anialz, et boin joyaulz assi, De l'or et de l'argens loialment li partit. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 967).

 

.

Il abellit à qqn faire qqc. : Et si li plot et abeli Especialment m'envoier A vous (Mir. parr., 1356, 41).

 

.

Il abellit (à qqn) de qqc. : ...om puet porter Les oiseaulx pour soy deporter Et pour y prendre grant delit, Toutesfoiz qu'il en abelit (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 474). Et je, par le bon gré de li, Je m'assis, dont moult m'abelli, Car alefois le regardoie (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 151). Nostre voie moult bien se taille, Ce me samble, al aler [l. a l'aler] vers li [un jeune homme] ; De quoi moult il m'en abelli (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 96).

 

.

Il abellit à qqn que : Sur toute rien moult m'abelly Que Tristifer coler joly De fin achier, bien brunoiant, Ala a ce point ottroiant - Ne sçay quele chose pensoit - A Maret qui le miex dansoit (Pastor. B., c.1422-1425, 46).

B. -

"Être favorable à qqn (?)" : Quant vous vouleiz pendre Oigier, ne vous abelit point : s'il est pendut, nul n'y avrat prouffit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 27). [Seul ex.]

C. -

Le coeur abellit à qqn. "Le coeur se sent bien, éprouve un sentiment agréable" : Mais il m'a trop bien souvenu De la tres grant biauté de li, Dont tous li coers m'en abelli. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 66). [Seul ex.]

II. -

Empl. trans. dir.

A. -

Qqc. abellit qqn. "Lui plaît" : Renart dist au roy que le Buef l'en devoit conseillier qui savoit la coustume des hommes et quelx choses les abellissent mieulx. (Livre bêtes L., c.1450-1500, 100). [Seul ex.]

B. -

Abellir qqn. "Le recevoir agréablement, l'accueillir par de belles paroles" : Aprés, quant vint à la Saint-Johans, si sont les aloiiés aleis à Cambray : mains li roy de Franche les at escript qu'ilh estoit à Noion ; les prinches alerent là, andois les parties, que li roy abelit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 533).

C. -

Abellir qqc. "L'embellir"

 

-

En partic. "Embellir (l'âme) en la purifiant du péché" : Mais j'ay voulu parler plus generalement en ceste maniere : O ame devote, creée de Dieu a son ymage, et de son precieux sang amoureusement rachetee, considere et te remambre que jadiz puisque tu estoyes layde et diffiguree par pechié originel, il pleust a ton Dieu toy regenerer, abelir et purifier par le sacrement de baptesme (GERS., Concept., 1401, 408). ...chassier nous fault hors de nostre cuer le hydeux, lait et hayneux pechié mortel (...) a ce que nostre ame soit purifiee et abellie (GERS., Concept., 1401, 387).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/23 
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     ABELLISSEMENT     
FEW I 320a bellus
ABELLISSEMENT, subst. masc.
[FEW I, 320a : bellus]

A. -

"Plaisir" : ...touzjours abelissement Aray a tel vie souffrir (Mir. parr., 1356, 8).

B. -

"Embellissement" : Quant le corps vient en son vieillisement, Le grisement De sa teste qui souloit estre noire (,) Ne luy est pas grant habellisement (La Fin de l'homme, 1451, éd. Y. Otaka. In : Mém. annuel de l'Univ. d'Otemae, 2018, 138).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 4/23 
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     BAUBELET     
FEW I bellus
BAUBELET, subst. masc.
[GD : beubelet ; FEW I, 319a : bellus]

"Babiole ; au fig. propos insignifiant, plaisanterie" : Je sui la sote vielle qui A chascun di son baubelet, Qui de saluer m'entremet (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 726).

Rem. Cf. GD I, 601c, baubel.
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 5/23 
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     BEAU     
FEW I 319a bellus
BEAU, adj.
[T-L : bel ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus ; TLF : IV, 318b : beau]

I. -

[Pour marquer un agrément d'ordre esthétique]

A. -

Empl. adj. [D'une pers., de son corps, d'un animal, d'une chose naturelle ou créée] "Qui procure un agrément d'ordre esthétique, qui plaît par ses qualités esthétiques"

 

1.

[D'une pers., de son corps, ou bien d'un animal] : Tenez : ne veistes des mois Plus bel enfant. (Mir. Theod., 1357, 106). Il est courageux a planté, Et s'est bel homme. (Mir. Amis, c.1365, 20). Afin que par la resgarder [Hélène] l'en ne fust tempté de la convoitier, car elle estoit tres belle. (ORESME, E.A.C., c.1370, 173). Tu as biau corps et doulx visage (Mir. st J. Paulu, c.1372, 97). Je scé en la rue du Plastre Un biau visage femenin Que trop convoite un turlupin. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 249). ...il semble que se soit un roy, Tant est bel et de bel maintien (Mir. fille roy, c.1379, 54). ...se icellui sire de Novion veoit icellui filz, qui estoit moult bel enfant et le resambloit assez de figure, se pourroit desmouvoir de sa voulenté et dure responce dessus dite à elle faite (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 127). ...en la ville de Rungy avoit, en l'ostel du curé d'icelle ville, une belle jeune fille, et que bon seroit que l'en feist tant que l'en eust icelle. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 225). Et aux piez de la tombe mist une ymage d'albastre de son hault et de sa figure, si bel et si riche que plus ne povoit, et tenoit la dicte ymage un tablel d'or ou toute l'aventure dessusdicte estoit escripte. (ARRAS, c.1392-1393, 14). ...Remondin, qui estoit trop durement beaulx et gracieux, et bien entechiez. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Et estoit pour lors la dame enceinte, et porta son terme, et acoucha a son jour de son second enfant, et fu un filz, et fu baptisiez, et ot a nom Eudes, et ot l'une oreille plus grande que l'autre sans comparoison ; mais de tous membres il estoit beaulx a grant devise et bien formez. (ARRAS, c.1392-1393, 78). ...Frommont (...) fu assez beaulx. Mais il ot sur le nez une petite tache velue, comme la pel d'une taulpe ou d'un fouant. (ARRAS, c.1392-1393, 80). Et sachiez que ly moinsnez n'est pas si grans, mais il est moult beaulx de tous membres, et beau viaire a devise, excepté qu'il a ung oeil plus haut que l'autre un pou, et ne lui messiet pas trop. (ARRAS, c.1392-1393, 97). Les deux freres vindrent montez sur deux beaux destriers ; et estoit Uriiens tous armez, ainsi qu'il party de la bataille, l'espee toute nue ou poing et Guyon estoit vestu d'un riche drap de Damas bien fourré. (ARRAS, c.1392-1393, 117). Et trois jours devant la feste, par la grace du Saint Esperit, la royne accoucha d'un moult beau filz. (ARRAS, c.1392-1393, 140). Et moult plaingnent Regnault pour ce qu'il n'ot que un oeil, car il par fu tant beaulx du surplus que nulz ne savoit que deviser en la beauté de son corps ne de ses membres. (ARRAS, c.1392-1393, 165). Dedens Donal, I citeit, avoit des hommes beais et grans (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 169). Sire, vostre comant feront, Quar avec ung le lïeront De ces corges que ycy tenont. Tant le batront Que an se jour perdra la vie, Et puis feront vostre comant, Que il ne seray pas biaulx. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 191). De quelle beauté ? Non pas de beauté fainte des ypocrites qui sont beaulz par dehors mais par dedans ont les horribles pechiez : semblables sont a la beauté des fiens couvers de noif, ou, comme dit Jhesu Crist, aux sepultures blanches et paintes (GERS., Concept., 1401, 416). N'estes vous pas beau josne filz ? (LA SALE, J.S., 1456, 35). Quant une femme a le corps beau, Elle en est plus tost mariee (Est., p.1460, 23). ...une belle jeune femme nommée Jehanne du Bois (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 33). J'estoye gent et beau de visaige (Fr. arch. B., c.1468-1480, 37). Je suis Venus, la plus belle des cieulx, Entre les dieux tenant ma region, Aornée de joyaulx precieulx (Cene dieux, c.1492, 108). Cestui fut moult entier et de belle corpullance et de lignée royalle, et vesquit cent IX ans moult honorablement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 v°).

 

-

Aimer qqn pour ses beaux yeux : ...je m'en doubtoie bien que j'estoie plus souvent visité pour l'amour de ma chambriere que pour mes beaulx yeulx. [Il faut noter ici le jeu de mots : le médecin, qui a supplanté le locuteur dans le coeur de la dame, était venu lui soigner un oeil malade] (C.N.N., c.1456-1467, 505).

 

2.

[D'une chose, naturelle ou créée] : Alons touz ensemble chantant Ce chant qui est bel et plaisant (Mir. femme roy Port., c.1342, 202). Un joiau li envoieroie Riche et bel (Mir. st Val., c.1367, 128). Car bele habitacion est parement et aournement convenient a magnificence. (ORESME, E.A., c.1370, 246). Et sachiez, sire chevaliers, que je ne seray mie longuement seule quant il me plaira. Mais j'en ay envoyees mes gens devant pour le grant plaisir que j'avoye prins en ce bel lieu ou je me deduisoye maintenant (ARRAS, c.1392-1393, 7). Un pou aprez, leva la lune belle et clere, et les estoilles luisoient cler. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Puis regardent contreval la prayerie, et y voient tendus trefs, tentes, paveillons, grans, beaulx et riches, a si grant foison que chascun s'en esmerveilloit. (ARRAS, c.1392-1393, 37). Et tant chevaucha qu'il entra en la terre de Poictou, la ou il trouva grant foison de haultes forests non habitees, et en aucuns lieux, grant foison de sauvagine, comme cerfs, bisches, dains, chevreulx, porcs, et autres bestes sauvaiges, et en moult d'autres lieux belles plaines, belles praieries et belles rivieres. (ARRAS, c.1392-1393, 76). ...une grande cambre, toute paree et couverte de tapiserie moult belle et moult rice (FROISS., Chron. D., p.1400, 485). Et le beau soleil cler luisoit. (CHART., L. Dames, 1416, 198). Se sont de ses fringans mondains Qui portent ces beaux brodequins Dessoubz la chausse dessirée, Puis les pantouffles, quelz badins ! (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

-

Bon et beau : ...cest annel Te doing qui est et bon et bel (Mir. Amis, c.1365, 5).

 

-

[Contexte métaph.] : Il n'est tant bel aornement, telle belle couronne a une dame comme chasteté c'est la Vertu qui la fait renommer partout a la vie et a la mort. (GERS., Annonc., a.1400, 236). ...se l'omme mouroit, En tel estat s'ame en iroit Sans paine et sans faire sejour, Plus clere et plus belle que jour, En la joye de paradis. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 134).

 

-

Prov. Brie est belle : Cheminez tant que Brie est belle. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 18). Au mal gibet puisse il baller Qui n'a grant joye de la nouvelle ; Resjouyr se fault : Brie est belle (Myst. st Laur. S.W., 1499, 138).

 

Rem. Également ds Moralité 1427 B.B., 1428, 138. D'apr. l'éd. de ce texte, le sens serait : "tout va bien".

B. -

Empl. subst.

 

1.

"Celui qui est beau, celle qui est belle (en partic. la dame aimée)" : Toutes les nuis pour Hero viseter Noe a esploit, car la belle l'en proie (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 13). Mais le lait se delicte en la biauté de l'autre et le bel se delite ou biau parler de l'autre ou en autre chose (ORESME, E.A.C., c.1370, 431). ...par le sens et la valour de la meilleur des meilleurs, de la plus belle des belles, de la plus saige des saiges. (ARRAS, c.1392-1393, 243). En songe, souhaid et pensee, Vous voy chascun jour de sepmaine, Combien qu'estes de moy loingtaine, Belle, tresloyaument amee. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 220). Et devez sçavoir qu'il ne faisoit pas ces beaulx maintiengz illec sans penser, par le inspiration et amonicion d'Amours, a sa dame, la plus belle des belles (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 241). Quant de ces belles je ay le souvenir, Le cueur, le corps me font rejouvenir, Sans soucy suis, riens ne sens qui me blesse (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 210). ...la belle et bonne mist du tout sa cure a complaire a son mary (Comte Artois S., c.1453-1467, 111). Advis m'est que j'oy regrecter La belle qui fut hëaulmiere (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 52).

 

2.

"Ce qui est beau"

 

-

Par beau ne par laid. "En aucune façon" : ...quand il cogneut que par beau ne par lait il ne la povoit oster de sa mauvaiseté, il la abandonna [Exemple, traditionnel, de l'expr. de la totalité par la réunion des extrêmes] (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

.

Pour beau ou pour laid. "De manière ou d'autre" : ...et oultre que la ville pourra payer ou pour beau ou pour lait et n'avoir [et cependant ne pas obtenir] ledit parlement. (Reg. Poitiers F., t.3, 1469, 292).

 

-

"Beau temps" : Aussi com[me] li chaut soulel Endurcist la boe par bel [var. par temps bel] (Et) amolie cieu ou cire... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 382).

 

Rem. T-L, s.v. bel, col. 910, 12.

 

.

Le temps / le jour se met au beau : Advint (...) que le jour se mist au bel et fut le tampz tout esclarcy. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 146). Le temps ce met en apparence De soy mectre au beau, se Dieu plaist. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 954).

 

3.

Subst. fém. La belle

 

a)

"La lumière du jour, le jour" : Par nuit volent [les chats huants], et a la belle (...) se vont esconser ; Par jour ne les puet on trouver (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 162). ...en terre et ciel voy obscurcir la belle Et amenrir la clarté du souleil (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 192).

 

b)

"La lune" : Se le croissant monte en Virgo, La belle sera plaine (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 541). [Autre ex. p.715]

II. -

P. ext.

A. -

[Idée d'agrément ou de satisfaction ; idée d'exemplarité]

 

1.

Empl. adj. "Qui produit de l'agrément, qui est agréable, qui est favorable"

 

a)

"Qui produit de l'agrément, qui est agréable" : Je croy se (...) du meilleur et du plus bel Vin de ceans aussi buvez Une foiz, qu'en bon point serez De vostre cuer. (Mir. abbeesse, 1340, 76). ...c'est un bourgeois Larges (...) Qui maint biau diner a donné. (Mir. march. juif, c.1377, 173). ...ilz furent si las et recreuz qu'il convint qu'en beaulx bras ilz demourassent endormiz. (C.N.N., c.1456-1467, 366). Je m'en allay au cler de lune, A ce beau matin tout joyeulx. (B. veoir, p.1480, 18). Couchons nous sur la belle herbecte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 281).

 

-

[Pour souhaiter une bonne et agréable journée] : Ha ! mon seigneur, bon jour et beau, De tous coustés je vous cherchoye. (Sots mal., c.1480, 81).

 

-

[Du temps qu'il fait] "Éclairé par le soleil" : ...et si faisoit beau temps et sery (Bérinus, I, c.1350-1370, 214). ...car aussi comme une aronde seule ne signifie pas le temps de ver ne un seul biau jour ne le fait pas, semblabement .I. jour ne un peu de temps ne fait pas un homme avoir felicité ne estre beneuré. (ORESME, E.A., c.1370, 121). Et, si celuy jour fet bel, ilz [les ours] s'en retournent dedanz leus cavernes (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 85). ...se il faisoit beau temps seroit bon que allissiez esbatre aux champs par maniere de recreacion aucune (JUV. URS., Nescio, 1445, 448).

 

.

Faire beau : Toutesfois il se logierent entre ces broussis, car il faisoit biel, chaut et cler, ensi conme il fait ou mois d'aoust. (FROISS., Chron. D., p.1400, 74).

 

-

[D'une histoire que l'on raconte, d'un poème...] "Agréable (à écouter)" : ...illeques sont bailliees certainnes regles, bons enseignemens, belles hystoires et les causes pour quoy pluseurs policies ont esté et peuent estre corrumpues et gastees et celles par quoy il peuent estre sauvees et gardees. (ORESME, E.A., c.1370, 99). ...ilec disoient de beaux virelais, chançons et autres bergeretes moult melodieusement (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 177).

 

-

Beau parler./Belles paroles./Beau langage. "Paroles aimables (souvent p. iron.)" : ...gardez que nulz De ceste foy ne vous retraie Pour biau parler qu'il vous retraie, Ne pour menace. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 332). Mais le lait se delicte en la biauté de l'autre et le bel se delite ou biau parler de l'autre ou en autre chose (ORESME, E.A.C., c.1370, 431). ...le duc d'Irlande se tenoit delez le roy d'Angleterre en la marche de Galles, et n'entendoit à aultre chose, nuit et jour, fors que de venir à ses ententes en pluseurs manieres, et de servir le roy de belles parolles et de grandes huiseuses et la royne aussi, pour eulx complaire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 48). ...bien savoit traire Et gent par beau parler attraire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 54). Et quant icellui roy Henry de Lencastre fut audit lieu de Londres, il le mena tout droit devant la tour dudit Londres, dedens laquelle estoient quatre barons dudit pays pour ledit Henry, ausquelz lesdits Henry et Warwyk parlerent par belles paroles, les tirerent hors d'icelle tour après ce qu'ilz leur promisdrent qu'ilz n'aroient nul mal de leurs personnes et qu'ilz les asseuroient ; lesquelz soubz umbre desdictes promesses, yssirent hors de la dicte tour. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 8). ...mes eulx oÿs [des ambassadeurs], les delivra et les envoya aveuques belles parolles, sans aulcun fruit toutevoyez en leur peticion (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 89). Demande. Lequel est celluy de la maison le plus fil ? Response. C'est cellui qui, pour beau parler, donne a son voisin ce dont tost a grant besoing. (Devin. R., c.1470, 162). Ma fille, vostre beau parler Me plaist moult, je vous certiffie. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 511). Je la cuide tous jours atraire Par beau parler et debonnaire, Mais sans cesser el tensera. (P. Jouh. D.R., a.1488, 38).

 

.

En beau langage. "Aimablement" : Venez sa, (la) dame au beau visaige, Dictes moy en [...] beau langaige Qui vous a [...] en ce point mis ? (Sots mal., c.1480, 86).

 

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Belle maniere et belles paroles. "Manières aimables et bonnes paroles" : Lors vindrent les barons du pays a lui et lui dirent : Monseigneur, il fault que nous facions de vostre filz Eude ce qu'elle [Mélusine] nous a commandé a faire. Et Remond leur respond : Faictez en tout ce qu'elle vous a commandé. Et ceulx prirent Eudes par belle maniere et par belles paroles, et le menerent en une cave, car, s'il se feust donnez de garde de ce que on lui vouloit faire, ilz ne l'eussent pas eu sans peril ne sans peine. (ARRAS, c.1392-1393, 261).

 

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Beau mot. "Parole aimable" : ...ne que ung beau mot parlassent. (Path. D., c.1456-1469, 88).

 

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Beau semblant. "Accueil aimable" : Faites li biau semblant, sanz faille : Tenue y estes. (Mir. Amis, c.1365, 57).

 

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Il fait beau + inf. "Il est agréable de" : Et faisoit moult bel veoir Remondin chevauchier devant, le baston ou poing, mettre ses gens en ordonnance. (ARRAS, c.1392-1393, 71). Moult fu belle la flotte, quant tout fu ensemble, car ilz furent Xm. hommes d'armes et environ XVIJc. que archiers que arbalestriers. Et sachiez que il les faisoit moult bel veoir, car ces bannieres venteloient sur ces vaisseaulx, et l'or et l'azur et les couleurs et les bacinez et autres harnoiz reluisoient au soleil. (ARRAS, c.1392-1393, 214). Et, ainsy que ladicte ambassade s'en retournoit, le roy avoit fait mettre sus les champs grant partie de ses gens de guerre qu'il avoit en garnison au pays de Picardie, dont avoit la charge et conduicte le seigneur d'Esquerdes : laquelle compaignie il faisoit beau veoir, car elle estoit fort belle. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 117). Et contre lui estoit pour advocat maistre Pierre de Breban, advocat en ladicte court et curé de Saint-Eustace ; lesquelz deux advocatz il faisoit moult bel oyr. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 29). Après qu'ilz se furent ainsi ordonnés et appointez, ilz descendirent à pié et marcha Gervaise atout ses vingt hommes d'armes et ses archiers après lui, qu'il faisoit beau veoir selon le nombre qu'ilz estoient. (BUEIL, I, 1461-1466, 107). ...et à merveilles les faisoit beau veoir (COMM., III, 1495-1498, 181).

 

-

Estre beau à + inf. "Être agréable à" : Disons donc ce rondel d'accort, Bel est a dire. (Mir. nonne, 1345, 328).

 

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Faire beau + inf. "Être agréable de" : Et avec ce faisoit beau veoir dessus elles les nobles joyaulx que le Chevalier au Delphin concquist au tournoy (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 3).

 

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Tenir qqn à beau. "Considérer qqn comme agréable, comme bien disposé" : Icelluy Seth tindrent a bel, Car en leurs dueulz les depporta Et grandement les conforta. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 26).

 

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[D'une chose] Venir beau à qqn. "Être agréable à qqn" : Caÿns destruisi Abbel ; Dont il ne vint pas a Diu biel (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 78).

 

b)

"Qui est favorable" : Et, au departir, vous en aurez beau marché. (BUEIL, I, 1461-1466, 192).

 

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Beau jeu. "Jeu favorable (au propre ou au fig.)" : ...il avoit eu oudit hostel des Corneilles beau jeu de paulme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 412). Il n'est si beau jeu qui ne cesse (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 174). Et, se Dieu plaist, vous verrés tantost beau jeu. (BUEIL, I, 1461-1466, 139). Ne scet on point de plus beau jeu ? (Sots Magn., a.1488, 204).

 

-

C'est belle chose de + inf. "C'est une chose favorable, salutaire de" : Et pour ce est belle chose d'ouyr parler les saiges et ceulx qui ont experience. (BUEIL, I, 1461-1466, 96).

 

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Il est beau. "Il est avantageux, il vaut mieux" : Mais il me fault premierement Avoir cordes ung grant fardeaul, Car il nous sera trop plus beaul Que ce qu'en soyons desgarniz [des prisonniers]. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 72).

 

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Rien (de) plus beau que. "Rien de mieux que" : Mon amy, dist elle, il n'y a rien plus beau que de vous armer (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 121). Il n'y a point de plus bel fors que tu faces avancier ta fin (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 227).

 

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Il n'y a si beau sinon que. "Il n'y a rien de mieux sinon de" : ...puis que ainsi est, il n'y a sy beau sy non que toute la chevallerie qui est cy assamblee laisse tout emmy plain, sans coup ferir (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 36).

 

c)

[D'une chose] Estre beau à qqn. "Être agréable à qqn, plaire à qqn, convenir à qqn, lui être favorable" : G'y vueil aler, car moult m'est bel Quant j'oy sermonner de la vierge (Mir. abbeesse, 1340, 60). Vez ci c'on te vient apporter L'enfant, moult te doit estre bel, Qui sera du peuple Israel Sauveur (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224). Gabriel amis, ce m'est bel. Chantons nous deux ensemble (Mir. st J. Cris., c.1344, 277). Las ! conme il me fut bel et gent Que mon confesseur en feisse ! (Mir. st Guill., c.1347, 22). LE FÉVRE. Ce salaire m'est bel et gent. Biau pére, a Dieu, bien me souffist. (Mir. st Guill., c.1347, 30). Le cardinal sault sus a qui ne fut pas bel (Tristan Nant. S., c.1350, 58). L'un respont pour tous : "Biau nous est !" (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 223). ...les saiettes (...) Dont Amours trait crueusement Toutes les fois (,) qu'il li est bel. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 105). Dont fist venir l'arcevesque de la cité, qui les fianca. Mais Hermine dist que devant que elle verroit quelle fin son pere prendroit de sa maladie, que elle n'en feroit plus avant. Par foy, dist Uriiens, damoiselle, puis que il vous est bel, il me plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Et le roy, qui moult fu joyeux de sa venue, le conjoy moult et lui demanda comment Guyon, son frere, le faisoit. Par ma foy, dist le maistre, monseigneur, bien, comme l'un des plus asseurez hommes que je veisse oncques, et se recommande a vous tant comme il puet. Par foy, dist le roy, ce m'est bel. (ARRAS, c.1392-1393, 133). Le pere, a qui ne fu pas bel, Y a fait le filz assegier (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 21). Mais de mors y ay je veu plus que bel ne me fust (Chev. papegau H., c.1400-1500, 80). Tout beau lui seroit : Ce qu'elle vouldroit, ameroit (CHART., L. Dames, 1416, 269). C'est maistre Mertin Bellefoye, Lieutenant du cas criminel. Qui sera l'autre ? G'y pensoye : Ce sera sire Colombel ; S'il lui plaist et il lui est bel, Il entreprendra ceste charge [ma succession]. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 145). Moult me fut bel quant dame Ysengrine mist fin a son parler, car papier et chandeille me failloient, avec sommeil qui fort m'avoit accueilli car prez de minuit estoit. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 88).

 

-

Soit laid ou beau./Soit bel ou qu'il te nuise. "Que ce soit agréable ou non (à qqn), dans tous les cas" : ...se Dieu trouver le me lait, Poson qu'il li soit bel ou lait, En la fourme que le me dites Li diray (Mir. Oton, c.1370, 321). Il vous faudra, soit lait ou bel, Que vous entrez en ce batel (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 59). ...je te feray Adjourner avant qu'il soit nuit, Ou te soit bel ou s'il te nuit, Car de cela point ne me chault. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 32).

 

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Prov. : L'en dit communement, selon le monde : De nouvel tout m'est bel ["Tout ce qui est nouveau attire, plaît"]. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 118).

 

2.

Empl. adj. [Idée de satisfaction, de réussite, d'appropriation] "Qui répond à ce qui est attendu, qui est pleinement ce qu'il doit être, qui est satisfaisant, réussi, approprié"

 

a)

[D'une chose concrète, d'un lieu] "Pleinement satisfaisant, favorable" : Regardez ; vezci un lieu bel Ou riens ne fault. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 262). Tu les pourverras d'un batel Qui soit pour eulx et bon et bel (Mir. ste Bauth., c.1376, 153). A beaulx feux, chauffez et sechez Sont, puis, en riches lis couchiez. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 300). ...[la nature humaine], par loy de Nature, Prent son estre touchant le corps Des élémens qui sont destors En aucunes leurs qualitez Et partant en activitez, Car le beau Feu, sans nul défault, Est tousdiz sec et forment chault (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). Et, se l'air n'est bel, par raison Doit un chascun en sa maison Labourer et s'exerciter, Pour greigneur péril éviter (LA HAYE, P. peste, 1426, 85). L'eaue rosë a laver les mains, Aprés disner, furent les baingz Bien preparez par beaulx conduitz (Gaud. sot, c.1450, 14). ...Mon miroüer bel et ydoyne (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 25). ...et leur fut donné de beaulx dons, tant en or que en vaisselle d'or et d'argent (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 347). ...et là lui furent faiz plusieurs beaux presens, tant de ladicte ville que d'ailleurs (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 28). Alors de beau gris de Rouen Elle vous va couper dix aulnes (B. veoir, p.1480, 18). Tenez, vela deux beaux escuz ["rutilants, tout neufs"] (P. Jouh. D.R., a.1488, 31).

 

-

[D'un outil, d'un instrument...] : ...il fault beaus couteaulx a trenchier (DESCH., M.M., c.1385-1403, 48). Cestui composa plusieurs beaux instrumens, servans à la science de astrologie et plusieurs belles tables, qui sont assez communes et en usage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 v°).

 

-

"De bonne qualité" : Aussi prenez avec ces choses Une entière dragme de roses Esleues et de sandaulx Et de muscatellin fin beaulx, De tous les deux la quantité De deux dragmes par équité (LA HAYE, P. peste, 1426, 148). Les bledz sont beaulx. TESTE LIGIERE. Vignes sont belles. (Sots, c.1480-1500, 273). ...prens une souppe en ce plat, On t'y fait beau brouet. (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

 

-

"Qui est efficace" : Troiz chapitres en soy contient, Dont le premier traicte des beaulx Remèdes, tous universaulx, Par choses bien préservatives Et en partie curatives. (LA HAYE, P. peste, 1426, 112).

 

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Bon et beau : Alons (...) Reprendre vueil nostre rondel, Car de chant est et bon et bel Et il vous doit aussi plaire. (Mir. st Sev., 1362, 205).

 

-

Beau pour + inf. : ...ung plain pays et bel pour chevaulchier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 176).

 

b)

[D'une chose plus abstr.] "Pleinement satisfaisant"

 

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[D'une action, du résultat d'une action, d'une réalisation...] : Delez l'eglise a un hostel Pour reclusage bon et bel (Mir. st J. Cris., c.1344, 292). Pour l'amour de vous (...) Acquerre, les vous y donrray [ces escharboucles], Mais jamais jour je ne feray Si biau marchié. (Mir. pape, 1346, 391). Ceste division est bele et notable (ORESME, E.A.C., c.1370, 153). Plusieurs pais ay puis marchié Et fait aussi maint biau marchié Ou j'ay gangné (Mir. march. juif, c.1377, 205). LE ROY. (...) Que vous semble (...) De ce sermon ? LA ROYNE. Il m'a semblé et bel et bon (Mir. fille roy, c.1379, 10). ...s'il vous pouoit envie Prendre de vouloir regarder Conment virginité garder Peussez tant qu'avez a vivre, Ne pourriez, voir, en plus biau livre Lire, ne de plus grant merite (Mir. st Alexis, 1382, 306). Et leur dist que ce estoit à la Souche, où il avoit beau jeu de dez, et que son filz y estoit. Et respondu lui fut que il avoit eu oudit hostel des Corneilles beau jeu de paulme, et que il y en avoit eu un qui avoit perdu huit ou nuef sols (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 412). Et voient tout contreval les estres, grant foison de cuisines fumoier, et au dessus de la fontaine, la chappelle, belle et gracieuse et bien ordonnee, que oncques mais n'y avoient veue. Si s'en vont moult esmerveillant et dient entre eulx : Je ne scay qu'il advendra du surplus, mais veez la beau commencement et grant apparance de grans noblesces et de grant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 38). Tenez les commandemens de nostre mere Saincte Eglise et tous les degrez et commandemens de nostre foy catholique. Soiez humbles et doulz aux bons. Et soiez de beaulx respons au grant et au petit. Et tenez chascun a parole quant lieu et temps sera. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Les uns dancent et chantent et festient. Les autres comptent de beaulx comptes et se soulacent pour passer le temps. (ARRAS, c.1392-1393, 192). Nous avons ja aucunement parlé de l'umilité saint Pol et de sa povreté d'esperit par laquelle les amis de Dieu sont fais roys ou royaume des cieulz. C'est bel honneur, et ainsy le promet Jhesu Crist. (GERS., P. Paul, a.1394, 509). ...moult s'est durement penez D'avoir merci, par beau prier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 209). Et, partout où il aloit par ladicte ville, estoit mené et conduit par monseigneur de Gaucourt, lieutenant du roy audit lieu de Paris, qui lui donna en sa maison ung moult beau et riche souper, où ilz furent grant nombre de gens notables d'icelle ville, tant hommes que femmes, dames, damoiselles et autres. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 29). Aussi de peur de tresbucher Il alloit son beau pas : tric, trac (Fr. arch. B., c.1468-1480, 37). Or est il mort le vray champion En sotoyant moult sotement, Le vecy en point comme ung pion Et faisant ung beau testament. (Vig. Trib., c.1480, 228). Par veux et par promesses entens Dieu gaigner et par beaux services. (Cene dieux, c.1492, 135). Cestui fist ung beau livre en cirurgie, qu'il intitulla de son nom Guidon. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 137 r°). Qui sçaura beau mot, si le die En allant les vrays martirs querre Qui sont en doulleur et en guerre Pour le nom de Jesus deffendre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 265).

 

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[D'un combat, d'un exploit, d'un fait d'armes...] : ...si en fut plus beaux leur sièges (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 210). ...ly uns de ses forestiers lui vint annoncier qu'il avoit en la forest de Colombiers le plus merveilleux porc que l'en eust veu grant temps avoit ou pays, et que c'estoit ly plus beaulx deduiz qui y feust grant temps a. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Par mon chief, dist l'un des patrons de Rodes, or les alez faire haster, car vous avez trouvé belle adventure, car ce sont les gens du soudant de Damas qui s'en vont au siege de Famagouste. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Et y a eu mainte belle escarmouche ou il a eu grant perte et de l'un costé et de l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Or vous lerray de lui et vous diray de Melusigne qui ot tout acomply ce qu'il failloit a ses enfans. Elle les fist faire chevaliers par leur pere, et ot beau bohourdeiz en la praierie de Luseignen. (ARRAS, c.1392-1393, 152). Et ilec à l'aborder y ot fait des plus beaulx faiz d'armes qui jamais furent veuz pour ung peu de gens (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 65). Ledit jour aussi fut faicte belle saillie aux champs par messire Charles de Meleun et Maleortie et ceulx de leur compaignie. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 98). Cestui reffraignit icelle royne de sa grande luxure par belles exemples, regna à son moïen XXXII ans, fist de moult belles conquestes et ala jusques aux paludeux desers d'Ynde et plus avant où onques homme n'avoit esté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°).

 

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[D'un mariage] "Bien assorti" : Ainsi demoura la dame, fille de Haynnau, duchesse de Guerles, et au jour que elle espousa le duc de Guerles, filz au duc de Jullers, ilz estoient entre eulx deux aucques d'ung eaige, pour quoy le mariaige estoit plus bel. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156).

 

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Belle lettre. "Document juridique"

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 96-97.

 

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[D'une manière d'être ou d'agir, d'une qualité, d'un état...] : ...grant joie en mon cuer ay. [l. ay] Des bonnes gens que je voi ci Assemblez (...). Bele ordenance est, ce me semble : C'un point n'y fault. (Mir. ev. N.D., c.1348, 57). ...je sui mére de bele amour ; en moy est grace de toute vie et verité. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 307). Certes je n'en voulroie avoir Nulle pour ceste [dame], tant l'ay chier (...) Pour son sage et biau maintenir. (Mir. ste Bauth., c.1376, 93). ...la femme avoit beau loisir d'estre malade. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 357). ...sa vie corporelle luy eust ministré, sans sueur, peine ou labeur, et point n'eust la femme enfanté par angoisses. Cy avoit beau don et bel heritage ! Mais helas ! Adam et Eve, ingras de ce, forfirent mou tost contre ta majesté royale (GERS., Concept., 1401, 397). O belle paix ! O tres riche don de paix ! O tres desirable paix, que estes vous devenue ? O messeigneurs et devotes personnes qui icy estes, las ! et ne souspirez vous point, ne gemissez vous point en voz cuers, quant vous oyez parler de ces trois paix en toutes ces terres, et vous regardez le temps present (GERS., Noël, p.1404, 301). L'ame prudente et gracieuse, De savance moult curieuse, Et non puissant sans desplaisir Résister à si beau desir, Se paine fort, à son povoir, à trouver, sentir et savoir, Les causes et occasions De teles admirations (LA HAYE, P. peste, 1426, 16). ...ceste ruine De pestillence prent racine De Divin vouloir et plaisir, Comme jadiz à beau loisir Fist Dieu venir le grant Déluge, En punissant, comme droit juge, Les maulx des gens et les péchiez (LA HAYE, P. peste, 1426, 61). ...monseigneur part, et tout le beau pas s'en retourna a son hostel. (C.N.N., c.1456-1467, 41). Pour executer ce vouloir a sa plaisance et a son beau loisir... (C.N.N., c.1456-1467, 89). Du temps que mon cas estoit beau, (Et) Que ma chose bien se portoit A toute gens mieulx en estoit, Car tout le monde entretenoye Et paisiblement gouvernoye, Tout par tout generallement, Moyennant bon gouvernement, Dessoubz lequel j'estoyes adoncques. (Sots mal., c.1480, 88). De belles loys de nature divie Commë inicque et faulx violateur (Cene dieux, c.1492, 118). Zehelon, le venerable docteur, grant philozophe et astrologien, fut en ce temps et fut au concille de Cartage, tenu l'un des plus beaux entendemens et perspicu, qui fust ou nombre de IIcXXVIII prelatz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 v°).

 

c)

[D'une pers., d'un animal] "Bien approprié" : ...bien deveroit estre noble medicine, riche et bone, le leet de la beal beste [d'une chèvre au mois de mai] - c'est la beste qe ne prent poynt sa vertue del herbe ne de solail, mes de principale : c'est de Dieux meismes. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 135). PREMIER CHEVALIER. (...) Il ne nous fault qu'un homme sage Qui face au pape ce message (...). DEUXIESME CHEVALIER. J'en bailleray un bon et bel Et sage assez (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 7).

 

-

Beau parlier. "Celui qui s'exprime avec facilité, beau parleur" : Sil de l'ostel se sont vers lui agenoulliés Et il les salua, car moult yert biaus parliés (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 463). Car biaux estoit, jones et sages Et biau parlier. (Mir. femme, 1368, 195).

 

3.

Empl. adj. [Idée d'exemplarité, surtout morale]

 

a)

"Qui est moralement satisfaisant, qui a une valeur d'exemplarité, qui est louable, légitime" : Car prudence est vers choses qui sont justes et beles et bonnes, et ces choses sont lesquelles il appartient ouvrer a bon homme (ORESME, E.A., c.1370, 354). ...on puet prendre de beaulx et bons exemples (BUEIL, II, 1461-1466, 55). "Toutes les choses humaines qui sont justes et belles comparees a la justice et beaulté de Dieu ne sont justes ne belles, mais encore nullement sont", car leur estre est come neent. (Somme abr., c.1477-1481, 100).

 

-

Beau plaisir. V. plaisir

 

b)

"Honorable, estimable" : Dieu [garde] la belle assemblee Des deux costés et ou mellieu. (Tr. Men., c.1480-1500, 287). Si bien s'i porta que nostre saint pere pappe Paule, lequel estoit tenu le plus beau personnage de l'Eglise, lui fist faire une revolucion d'une année sur la nativité sur laquelle il previt et predist sa mort et fut veriffiée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 159 r°).

 

-

[De Dieu] : Erambourc, prenez cel enfant En l'onneur du biau roy puissant (Mir. enf. diable, c.1339, 17).

 

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Sainte Marie la belle. "La sainte Vierge" : Par saincte Marie la belle... (Path. D., c.1456-1469, 86). Mais, par saincte Marie la belle, Je n'y voy que rire pour moy (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 82).

 

-

Empl. subst. : Comme dist Saint Denis : "Domination n'est pas l'exces des pieurs seulement, mais de tous beaulz et bons est toute et parfaicte possession ferme, forte et non poant cheoir." (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

4.

Empl. adj. [P. iron. ou p. antiphrase]

 

a)

[D'une chose concr. ou abstr.] : LE LARRON. (...) Mettre me vueil en autre point Et mes meurs changier et muer. (...) LE VALLET DU LARRON. Il a bele queue, le chat ; Il ne pourra mais de lait boire. Vous ferez pis, par saint Magloire, Que n'avez fait. (Mir. march. larr., c.1349, 110). Luy ay je baille (e) belle estorse ? (Path. D., c.1456-1469, 188). Maugré en ait saint Pere, Vecy une belle demande ! (Path. D., c.1456-1469, 104). Regarde m'en [des femmes de Paris] deux, troys assises Sur le bas du ply de leurs robes En ces moustiers, en ces eglises ; Tire t'en pres et ne te hobes ; Tu trouveras la que Macrobes Oncques ne fist telz jugemens. Entens, quelque chose en desrobes : Ce sont tous beaux enseignemens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 121). Il y eut beau trippot (B. veoir, p.1480, 21). C'est dommaige qu'ilz n'ont grans caiges, Car ilz ont fait belle vaillance, Se sont folz plains d'oultrecuidance, Ilz ont failly plusieurs annees A jouer. (S. fol, c.1480-1490, 8). Vous verrés tantost ung beau tour (Tr. Men., c.1480-1500, 290).

 

b)

[D'une pers.] : ...Le beau menteur plain de promesse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 166). Or s'en va il, le beau Guillaume (Path. D., c.1456-1469, 138).

 

-

Beau bailleur de paroles : C'est ung beau bailleur de parolles, Il ne parle qu'en parabolles (...), Ce ne sont que promesses folles (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 476).

 

5.

Empl. adv.

 

a)

"De manière satisfaisante, bien, comme il convient" : Ainz les ordonna bel et gent (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 77). Dieu, con noblement atourné Ont ce siége et bel aourné ! (Mir. ev. N.D., c.1348, 71). ...si bel savez desservir A ceulx qui, par devocion, Ont en vous leur entencion. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82). Aiglantine qui bel estoit paree... (Tristan Nant. S., c.1350, 138). Amarie qui bel c'estoit logés... (Tristan Nant. S., c.1350, 156). Sy bien et sy tres bel va son cheval poignant Que tout cil qui le voient l'en aloient prisant. (Tristan Nant. S., c.1350, 231). En la ville s'en vint bel et courtoysement. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 150). Doulcement le salue et bel le festoyoit (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 87). Si eurent aulcuns parlemens ensamble, ainsi que seigneurs et dames ont, et là estoit delez sa seur Jehan de Bretaigne, qui n'avoit pas trop à grace le duc de Bretaigne devers lequel le contes d'Estampes aloit, mais il s'en portoit bel ["il faisait contre mauvaise fortune bon coeur"], ce que il povoit, car il n'avoit nulle puissance dessus luy pour luy remonstrer ne amender son maltalent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 233). Apres le doiz faire trocter fort, et prendre garde se il trocte bel (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 139). ...et [Ogier, âgé de dix ans] chevaulchoit mieulx et plus beaulx que ceulx qui avoient XX ans (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 20). Et quant le ber l'a vit, si l'a beau salüee (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 400). ...il n'est pas en ce monde qui plus bel deporter Sceut en adversité son mal sans forsenner Que fit la noble royne Margalie au viz cler (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 412). I. jour roy Pelleüs sonna Jason et bel l'araisonna Devant ses barons (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 30). ...en chantant si bien et si bel qu'ilz orent aussi tost oblié la douleur ou ilz avoient esté. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 79). ...d'un manoir Trop bel assis et plaisant a veoir (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 5). "Enfans, gaignez bel et perdez bel" ; c'est à dire que, en quelque estat que ung homme se treuve, il doit tousjours faire son honneur (BUEIL, II, 1461-1466, 60). Incontinent que femme a concheu enfant masle, pour les trois premiers moiz, elle le porte assez bel, mais les aultres six mois mout en a douleur a endurer plus que d'une fille (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 133). Bref, je l'entretins si trés beau Et la mis en telle querelle Qu'elle me promist... (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 345). Marchez beau ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 347).

 

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Pas beau. "Pas bien, pas facilement" : Puis qu'o lui veillez essilier, Je dout ne vous facez puillier, Ne vous puis pas beau retenir. (Vie st Evroul S., c.1350, 121).

 

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Bel et bien / bien et beau : Sire, vous parlez bien et bel, Ce m'est advis, et de grant sens (Mir. ev. arced., c.1341, 122). LE ROY. Je voy une lettre gisant La ; d'ou vient elle ? PREMIER CHEVALIER. (...) Je ne sçay, mais d'estrange seel Est seellée bien et bel (Mir. st J. Cris., c.1344, 294). ...lequel Jaquet pria et requist ycellui prisonnier qu'il chevauchast avecques lui, et il le monteroit bien et bel, le meneroit en la guerre ou pays de Lymosin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 56). Toutesvoies il se recorde bien que il ne vit oncques que ledit de Sezay chevauchast armez de sa personne en la compaignie des dessus diz, ne scet la cause pour quoy ; maiz ses trois varlez estoient bel et bien armez comme lui et les autres groz varlez d'icelles forteresses englesches. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 59). ...et contenoient icelles lettres, si comme il se recorde, que il qui parle se tenist bel et bien, ainsi qu'il avoit acoustumé de faire, et se gouvernast et gardast ses forteresses au mieulx qu'il pourroit et sauroit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 196). La feste fu moult grant, et furent faiz pluseurs chevaliers nouveaulx pour l'amour de Bertrand, le filz au conte de Poittiers, qui fut, la journee, fait nouveaulx chevaliers. Et fut la fait chevalier ly ainsnez filz au conte de Forez. Et jousta on bien et bel, et continua la feste VIIJ. jours tous entiers. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Atant vindrent au pié de la montaigne, et descend Gieffroy, et s'arma bien et bel, et remonte a cheval, et met l'escu au col et la lance ou poing. (ARRAS, c.1392-1393, 263). L'image ont bel et bien repost Et puis l'en ont porté en l'ost (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 157). Le grant Dieu, tu dix bien et beaul. Leur vouloie tu je ne sçay quoy ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 254). Comment fust-il issu de cy ? Chose seroit trop impossible S'il n'avoit ouvré d'invisible, L'huys estoit bien et beau fermé Et se n'y a riens de quessé, Hault ne bas je n'y voy rompture. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 259). La paix fut faicte bel et bien Par Jhesus (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 367). ...Esguillettes ferrees d'or fin Tenans aux manches bien et beau (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 191). A une femme se lya Qui bien et beau se gouverna (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 375). Sainct Jehan, [les souliers qui sont à réparer] bien content en seray, Mais qu'ilz soient bien et beau fais. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 30). Ilz seront reffais bel et bien, Mais scavez vous que j'en auray ? (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 31). Il s'en est bien et beau fouÿ ; Croyez qu'il y a tromperye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 871). Cela est menty bien et beau : Moy mesmes l'ay fait decoler, Par quoy jamais n'en fault parler. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 400). Ruben, demande [l. Ruben demande] bien et bel, Tousjours avons en esperance Que, par la vostre pourvëance, Serons relevéz et resours. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1021). Nous avons cloué bel et bien A ce gibet cest ypocrite. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 401).

 

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Tout beau

 

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"Au mieux, comme il faut" : Tout beau, pas a pas, Reffrain ton courage (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 359). Marchez, bestes envïeuses, tout beau (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 120). ...prens le mail quy pent auprés [de la porte] a une chayne, sy bucque tout beau tellement que le portier viengne parler a toy (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 742). Or vint ce vaillant trenchecoille garny a la couverte main de son petit rasoir, et commença a vouloir mectre les mains aux coillons de monseigneur le curé : "A dya ! dit monseigneur le curé, faictes a traict et tout beau ; tastez les le plus doulcement que vous pourrez, et après je vous diray lequel je veil avoir osté..." (C.N.N., c.1456-1467, 405). Pour ce je veul Que luy aydes, Maliferas, Et tu, Sirus ! Jhesus est las Et pour ce menés le tout beau ! (Pass. Auv., 1477, 193). ...je m'en passe ["je ne m'y arrête pas (un autre en a parlé)"] tout beau ["comme en l'occurrence il convient"] (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 159). ...De ses plaisances (...) Tout beau ["comme il convient"] bellement se retraire (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 237). Mais soubstenez le corps tout beau Affin qu'i ne tumbe par terre. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 430). Tout beau ["tout ce que j'ai pu faire"] a esté de me taire Et de luy demander qu'elle a. (P. Jouh. D.R., a.1488, 38). Allons, tout beau, sans faire noise, Le moins debat est le meilleur. (Sots gard., a.1488, 111). Or besongnons donc tout beau (Coust. Esop. T., c.1500, 164).

 

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[Loc. servant à protester, à inviter à la modération] Tout beau ! : TESTE CREUSE. Chemine je point bonne alleure ? MALOSTRU. Tout beau, la terre n'est pas seure. (Copp. lard., a.1488, 166). Tout beau, [ ... ] Comment vous y allez (Sots Magn., a.1488, 199). Tout beau, monsieur ! Ha, je proteste... (LA VIGNE, S.M., 1496, 528). LISON. Veulx-tu dire que c'estoit moy ? DAUDET. Tout beau, tout beau ! je n'en dictz mot. (Gent. Naudet T., c.1500, 268).

 

b)

[Idée d'aisance, de facilité] Avoir beau + inf.

 

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"Trouver des circonstances favorables pour, avoir toute facilité pour, pouvoir facilement" : Il me semble que ces villains Ont trop beau compter sans rabatre, Car ilz ne sont jamaiz contraings [De soy] faire tüer ne batre (CHART., D. Her., p.1415, 435). A quoy respondirent les diz supplians et Esgrin qu'il entreprenoit les paroles trop haultes qu'il n'en avoit que faire, veu qu'ilz n'entreprenoient riens sur lui, et qu'il s'en avoit beau passer. (Doc. Poitou G., t.8, 1445, 233). [Même passage ds Ecorch. Ch. VII, T., 1446, 396-397] Crathor dist au Roy qu'il estoit temps qu' il se preparast pour la saison nouvelle et qu'il avoit plus beau faire qu il n'eust oncques et qu il n'auroit jamais par aventure, se plus se y attendoit. (BUEIL, II, 1461-1466, 135). ...si autrement il le faisoit, jamais n'auroit beau se trouver devers elle, et lui feroit perdre son argent qu'elle lui devoit (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 379).

 

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"Avoir tout lieu de" : Certes, je demande une chose Que vous m'avez bel escondire Et refuser par raison, sire (Mir. Oton, c.1370, 370). Vous vous avez biau depporter Con se vous fussiez le roy Daire ; Car jusqu'a la riviére d'Aire, Sire, vostre regne s'estent, Et tout le plat pais si tent A soubz vous estre. (Mir. Clov., c.1381, 258). Et le peuple a trop bel respondre Au roy quant il requier ses aydes : ... (CHART., D. Her., p.1415, 433). Quant est de moy, j'ay bel m'en taire, Car au fort je n'en ay que fere (Pac. Job M., c.1448-1478, 358). ASSENECH. Il est bien gracieux seigneur Et porte une belle maniére. CETHURA. Des autres sera le greigneur ; Il a beau faire bonne chére. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 106). Il a bel estre mutiné, Car de son régne saillira. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 107). Je quiers, dist il, pont ou batel qui oultre ce me puist porter. - Tu as beau dormir ["tu as tout lieu de dormir" ; var. tu as bon loisir de dormir], dist la figure, car jamais tu n'en trouveras. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 981). Nostre Dame, dist il, s'il ne sailloit tant que je l'en feisse oster, il aroit bel actendre. (C.N.N., c.1456-1467, 186). Et, quant Perruche les vit rire, entre les autres choses, il leur dit qu'ilz avoient beau rire et qu'ilz avoient gaigné le jeu. (BUEIL, II, 1461-1466, 20). Ducz, comptes, princes sont rebelles et roids ; A devorer nulluy ne se veult faindre. Jaques Bonhom s'a beau crier et plaindre. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 39).

 

-

[Avec une valeur concessive, idée d'inutilité, d'inefficacité] : Il est perdu ; on l'a bel appeller (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 152). Et a l'en beau crier a Dieu et au roy paix et justice, car je doubte que nous ne soyons pas dignes ne disposés ad ce requerir ne obtenir, pour cause de noz pechiez. (JUV. URS., T. rever., 1433, 61). Vous en avez biau sermonner, Prescher, parler et demener, Se la me faictes advenir Et brief, sans plus y retourner, Jamais ne entends lui pardonner, Viengne ce qui en pourra venir. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 49). Beau crier aura et leurrer, Chemin de Plaisant Vent tendray. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 331). Je pense qu'il a bel attendre : Il est bien loing de son secours. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 345). ...et si a beau crier, il n'est ame de nulz sens qui le puist oyr (C.N.N., c.1456-1467, 186). Estes vous la, faulx chevalier et desloyal ? Vous avez beau hurter, vous n'y entrerez pas (C.N.N., c.1456-1467, 211). Ilz ont beau mouver la moustarde, Auffort ilz sont saoulz, on leur garde Jusques ad ce qu'il sera nuyt. (Rapp., c.1480, 68). La char bieu, tu as beau parler, Tu ne mourras que par noz mains. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 35). Bel y avez vous esprouver Et y faire champs de bataille, Encontre eux ce voloir trouver, Rasibus de nostre muraille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 304). Il auroient beau crier et braire S'ils vouloient trestout corriger. (P. Jouh. D.R., a.1488, 29). L'OFICIAL. (...) Nous disons Colin avoir tort (...) ...et [la Cour] le condampne aussy De... (...). LA MERE. Or sus, as-tu bel abayer ! (Mère Ofic. T., c.1500, 125).

 

Rem. J. Orr, R. Ling. rom. 21, 1957, en partic. 200-204. O. Soutet, La Concession dans la phrase complexe en fr. des origines au XVIe s., 1992, 69-84.

 

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Avoir beau à + subst. d'action "Avoir de la facilité à"

 

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Avoir beau + part. passé. "Bel et bien" : Amadélis, dist-il, tu l'as bielle trouvée Que ceste gent icy estoit sy afamée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 209).

 

c)

[P. iron. ou p. antiphrase] : Je ne me puis trop mervillier Que j'ay meffait a mes amis Qui ce m'ont en l'oreille mis : Puet estre me heent ilz fort, Et ne puent plus biau ma mort Tractier et mon dueil et ma raige, Que de moy mettre en mariaige (DESCH., M.M., c.1385-1403, 26).

 

-

Mener beau qqn. "Donner du fil à retordre à qqn" : Has ! Quelle journee doloreuse D'avoir perdu ce bel joyau, De ceste place vertueuse, Et qui tant François menoit beau ! (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 483).

 

6.

Subst. masc.

 

a)

"Ce qui est plaisant, agréable, agrément" : ...et avoient bien IIIIc. chevaulx, tous chargiez de bon et de biel, de draps et de pennes, de toilles, de touttes aultres choses qui leur estoient necessaires (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 223). La fut le gracïeux repaire De ce que Nature puet faire De bel et joieux en esté. (CHART., L. Dames, 1416, 202). Son miel est fiel dessavouré, Et sa doulçour est chose amere ; Son bel est let deshonnouré (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 144). Qui aux seigneurs ne dit leur bel Son fait est maisement party, Flateurs treuvent bien leur party (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 226). O homme, combien qu'apert soys, En ta chair quiers tout ton beau, Je m'esbaÿs que n'apperçois Que brief seras mis au tombeau (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 59). ...les Angloix seignourissoient et possessoient la cité de Paris et le plus beau du royaulme de France (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 203).

 

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Venir à beau à qqn. "Être agréable à qqn, satisfaire qqn" : Pour Dieu, ou as tu ton cuer mis, Ne pour qui fais tu ce chappel ? Ne sçay conment te vient a bel Tel trufferie. (Mir. march. larr., c.1349, 95). Il couvint ces compagnons obeïr, puis que les chapitainnes le voloient, mais il ne venoit mies à aucuns à biel. (FROISS., Chron. L., VIII, c.1375-1400, 111).

 

-

"Endroit agréable" : Tant alai par bos, par saussoie, Par bel, par lait, par droite voie, Que... (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 60).

 

-

Au plur. "Objet précieux" : ...et, d'aultre part, sambleroit que ce qui estoit fait contre luy seroit pour convoitise de ces beaux seulement, et non pour sa faulte et mauvaise gouvernance (LA SALE, Sale D., 1451, 115).

 

b)

"Ce que l'on souhaite" : Alés, dist la roÿne, sans nulle arrestison, Fetes a ce vassal tout son bel et son bon ["tout ce qu'il souhaite, tout ce qui lui est agréable"] (Tristan Nant. S., c.1350, 545).

 

-

Par beau. "De bon gré" : Si la menace quant par bel ne la peult avoir. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 157).

 

-

Par beau ou laid. "De gré ou de force, de toute façon" : En ce Royaume dict auoir Bon droict et si le veult auoir Par beau ou laid ce mest aduis Car Martin en son lieu la mis Et sa femme fut fille aussi Du Roy qui mourut deuant luy Voyez cy le tiltre quil y a Pour ce ne vous asseurez ia Que vous nayez tantost bataille. (Myst. st Martin K., a.1500, 245).

 

-

Par force ou par beau. "De gré ou de force, de toute façon" : Sy me semble que nous devons Premier aller devant Jargueau Et croy que quant devant serons, Les aurons par force ou par beau. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 525).

 

-

Faire qqc. de beau. "Faire qqc. de bon gré" : ...s'il ne le veult faire de beau, faictes luy faire par force (Lettres Louis XI, V., t.8, 1479, 71).

 

c)

"Ce qui est favorable, avantageux, ce qui est accueilli avec satisfaction" : Je rapporte du bon et de bel assez, car depuis que ne me veistes, j'ay esté a l'entree de paradiz et en enfer. Est ce pas bien exploittié ? (Nouvelles inéd. L., p.1452, 36).

 

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Le plus beau. "Ce qu'il y a de meilleur" : Or pouez choisir et prendre du meilleur et du plus bel qui ceans est et faire emplir toutes voz nefz (Bérinus, I, c.1350-1370, 95). ...le dit roy d'Angleterre, entre lez aultres choses, avoit juré et promis que il traiteret lez obstages doucement et benignement, et que il ne lez metteret a nulle rençon, dont il fist tout le contraire, conme il appiert en monseigneur d'Orliens, dont Diex ait l'ame, ou conte de Blais et en plusieurs aultres, lezquelx baillierent pour estre delivrés du plus bel et du milleur de leurs terres. (Songe verg. S., t.1, 1378, 282). Lors le roy de Castille voyant que le plus bel des armes estoit apparent plus à l'un qu'à l'autre, jà-soit-ce que tous deux avoient bien fait, jeta son baston en bas, qui fut signifiance que les armes estoient accomplies (Faits Lalaing K., c.1470, 139).

 

Rem. Cf. F. Bar, Mél. F. Lecoy, 1973, 9.

 

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Au plus beau de. "Au meilleur lieu de" : ...au plus beau de ladicte table, et à l'endroit de monseigneur, avoit ung riche ediffice, faict des mains de maistre Stalkin (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 197).

 

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Emporter le beau du jeu. "Se sortir à son avantage d'une mauvaise situation" : Je luy donne quinze et ses ars, S'il emporte le beau du jeu. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246).

 

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Le plus beau du jeu : ...si faisoient grant joye et grant revel de ce que le bourgois en estoit au plus bel du jeu et leur sembloit il bien. (Bérinus, I, c.1350-1370, 44).

 

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Son plus beau. "Son avantage" : ...se il veïssent leur plus biel... (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 92). [Autre ex. p.144] ...chacun d'eux demandoit a sa femme la matere de leur different. Et chacune comptoit a son plus beau. (C.N.N., c.1456-1467, 524).

 

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Avoir le (plus) beau (à / d'un combat). "L'emporter, vaincre" : ...Per quoy li cristien n'an aient le plux belz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 99). ...les oncles du roy ont trop bel à la querelle (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 60). Je voy d'eulx sommes au dessus : Le plus bel avons de la guerre, Car je voy la leur roy par terre Tout mort gisant. (Mir. Clov., c.1381, 266). ...se lui sambla bien qu'il avoit le plus beau de la jouste. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 38).

 

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Le plus beau. "Le mieux, la meilleure chose" : TROISIESME BARON. S'il vous plaist, sire, aussi g'iray Avecques vous. QUATRIESME BARON. C'est le plus bel : alons y touz, Puis que a ce vient. (Mir. ste Bauth., c.1376, 111). ...c'est pour vous le plus bel Que de ce qui li appartient Ly envoiez, il esconvient, Le satisfait. (Mir. Clov., c.1381, 235). ...le plus bel estoit eulx retourner devers le roy (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 201).

 

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Le plus beau que. "Le mieux que" : Lors demaine la pucelle telle douleur que c'estoit grant pitié a veoir (...). Et ses dames et ses damoiselles la reconfortoient le plus bel qu'elles le savoient faire. Mais en son dueil n'avoit point de fin. (ARRAS, c.1392-1393, 181). Medee s'excusa le plus beau qu'elle poeut, disant que... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 215).

 

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Du plus beau. "Au mieux" : ...pour faire ses volontez du meilleur et du plus bel. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 69).

 

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Au plus beau. "De la manière la plus satisfaisante, de la meilleure manière" : ...je m'en avanseray Au plus bel que je saveray (MACH., D. Aler., a.1349, 345). Lors que chascun avra compté sa besongne au mieulx et au plus bel qu'il pourra, Ysopes leur dira comment... (Bérinus, I, c.1350-1370, 70). Beau seigneur, messire s'en yra au conseil et je m'en iray avec, si lui conseilleray au mieux et au plus bel que je saray (Bérinus, I, c.1350-1370, 87). ...en alant vous chanterez Tout au plus bel que vous sarez Pour nous esbatre. (Mir. prev., 1352, 259). Cy vous laisseray a parler d'eulx et vous diray du roy Uriien, qui ja estoit venus sur le port, et avoit bouté le feu ou navire, mais payens le rescourrent au plus bel qu'ilz porent. Mais ilz n'y sceurent mettre tel remede qu'il n'y eust ars plus de X. vaisseaulx, que petis que grans. (ARRAS, c.1392-1393, 219). Et quant le sors fut failhyt, et je me trouva la emprisonneit, je fuys tous esbahis, sy m'en partis au plus bel que je peu. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 152). ...appareillies au plus bel et au plus richement qu'elles oncques peurent [ressenti comme tournure adv. !] (Chev. papegau H., c.1400-1500, 38). Tant que ly homs en ce siecle vivra, Maintiengne soy au plus bel qu'il porra (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 257). Ainsi partit le Jouvencel devant ses compaignons, en se contenant au plus bel et mieulx qu il peut (BUEIL, I, 1461-1466, 146).

 

d)

Faire du beau. "Faire l'avantageux" : ...ce jeune damoiseau Bel Acueil, qui tant fait du beau (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 185).

 

-

Faire le / du beau beau. "Faire la chattemite, flatter" : ...il creoit fermement qu'elle en luy son cuer et amour avoit ; comme font ces quoquars et musars qui tiennent et cuident que telles femmes paillardes les ayment pour ce que leurs amys les appellent et par devant leur font le beau beau, et en derriere le syzeau. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 40). Lesquelles choses le dit defendeur escoutoit et en louoit le dit demandeur et luy faisoit beau beau en le reconfortant quant il le veoit desplaisant (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 179). ...el fait du beau beau Pour cuider gouverner l'aigneau (Berg. agn. France L., 1485, 31).

 

Rem. Étymol. incertaine, peut-être de baubel "petit cadeau, petit joyau, babiole", GD I, 601b, mais compris comme un redoublement de beau ; H. Lewicka, Les Comp., 1968, 32.

B. -

[Proche d'un adj. déterm. : marque l'idée de plénitude ou d'intensité]

 

1.

Empl. adj.

 

a)

[Idée de plénitude (le subst. qualifié est pleinement approprié à ce qu'en l'occurrence il désigne)]

 

-

Beau neant. "Rien du tout, néant absolu" : C'est bien chose a croire et savoir Que des choses qui sont ça jus Envers celles qui sont la sus C'est un biau nient. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82). PREMIER POVRE. (...) Y avez vous [a l'ostel Pierre le changeur] nulz avantages N'aumosnes, dites ? DEUXIESME POVRE. D'un biau nient dire t'aquittes. (...) du plus merde et plus aver Homme que l'en puisse savoir Parles (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234).

 

-

Au beau matin. "Au petit matin (dès le moment où l'on peut dire que c'est le matin)" : Dimenche au bel matin (...) Vous feray chevaliers (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 204).

 

-

Au beau milieu : Gervaise donne dedans au beau millieu (BUEIL, II, 1461-1466, 17). Nous nous parquasmes au beau milieu d'un bois (LA VIGNE, V.N., p.1495, 281).

 

-

De beau jour. "Dès le jour (dès le moment où l'on peut dire que c'est le jour)" : Tant ala qu'elle entra en la cité de beau jour, et se fist conduire dedens le pallais du roy (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 227).

 

-

De beau present. "Dès maintenant" : Bernard, a la conclussion, Je veult que soyés marié Tantost, ou mal lié me feyrés. Entrepris l'ay de bel present. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 3).

 

Rem. Var. intensive de la loc. de present "actuellement, maintenant"

 

-

D'une belle traite. "En une seule traite" : ...nous irons tous d'une belle traicte, et envoyerons deux ou trois cens chevaulx legièrement habilliez pour courre la praerie et prendre les chevaulx (BUEIL, I, 1461-1466, 150).

 

-

Toute la belle nuit. "Toute la nuit, de bout en bout" : ...il fut la laissé toute la belle nuyt, pense, dorme, face du mieulx qu'il peut (C.N.N., c.1456-1467, 185).

 

-

[Par affaiblissement (le subst. désigne pleinement ce qu'il désigne, sans plus)] Une belle nuit. "Une nuit donnée" : Tout ainsi comme cecy avoit esté conclud, il fut executé ; car en une belle nuyct fut prins messire Pierre d'Archambault, gouverneur du pays de Ferrecte pour le duc de Bourgongne, avec huyt cens hommes de guerre qu'il avoit (COMM., II, 1489-1491, 17).

 

b)

[Idée d'intensité ou de quantité] "Grand, important, qui atteint un degré élevé" : Ces Escos portent haces par usage, dont il donnent et frapent trop biaus horions (FROISS., Chron. D., p.1400, 781). ...les gens du roy y gaignerent de moult beaux butins (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 257). Vrayement, sire, le Jouvencel et Jehannin l'archier sont prins ; mais ilz ont adverty ceulx de la place. Si n'ont garde nos ennemys de la prendre ; car il y a beau bruyt. (BUEIL, I, 1461-1466, 71). Dieu lui donna deux graces singulieres, l'une la science des estoilles et l'autre belle et grande generacion, car il se treuve qu'il eut trente filz, lesquieux, en son vivant, il fist princes sur trente cités, qui est chose qui ne advient souvent, que telle congregacion obeisse ainsi à pere et se tiegne ensemble par si longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 r°).

 

-

Bel et gent. "Abondant" : Se nous ne sommes fortunéz A ce que le temps s'appareille, Nous devrions bien faire merveille D'avoir du poisson bel et gent Et, par consequant, de l'argent, Se maree se pouoit vendre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 957).

 

2.

Empl. adv. [Adv. intensif] "Très, beaucoup" : Et vos misme, qui (y) esteis Dieu, Voult li maluais dyable tempteir, Et quant vers vus lasa penseir, Beaus ne vos esmeruilhies, S'il at les pecheür engignies, Car vos saueis que char humaine Est mult frailh et à pau de paine S'encline et ploie de tous leis (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 223). De rechief donne a Perrenet, J'entens le bastart de la Barre, Pource qu'il est beau filz et net, En son escu, en lieu de barre, Trois dez plombez de bonne quarre Et ung beau joly jeu de cartes. Mais quoy ! s'on l'ot vecir ne poire, En oultre aura les fievres quartes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 93).

 

3.

Subst. masc.

 

-

Le plus beau de qqc. "La plus grande partie de qqc." : ...et le duc de Bourgoingne se retira en sa ville de Dijon, ouquel lieu il passa le plus beau de l'esté en grans chieres, festimens, bancquetz, chasses et volleries, et en plusieurs et divers desduictz (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 267).

 

-

De plus beau. "De manière plus intense, plus fortement" : Puis qu'i vous semble que soit bon Abatre tout le Portereau, Qu'i soit fait nous nous consenton(s), Et tout jusques au rees de l'eau Combien que ce noble joyau Nous fait mal des Augustins ; Mais nous le referons de plus beau S'i plaist a Dieu et a ses sains. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 149).

 

4.

Subst. fém. De plus belle(s). "De manière plus intense, plus fortement, plus nettement" : Mais tout ton fait n'a riens valu Se tu ne vas voir de plus belles Pour savoir certaines nouvellez Que se faulx Jhesus devandra (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 424). ...encores les assauldroient ilz de plus belles. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 367). ...il se remettroit de plus belles en queste (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 264). ...ilz en recommencerent de plus belles a faire joyeuse chiere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 394). Or ça, ça, or vous depachés. Il nous faut jouer de plus belle. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 229). ...pour grever leurs ennemis et recommenchier de plus belle l'escarmuche (Comte Artois S., c.1453-1467, 37). ...après ces offres recommencerent leurs armes de plus belles [Dans un cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 321). ...monterent a cheval et de plus belles s'en vont querans les lievres. (C.N.N., c.1456-1467, 475). ...et s'en vont à Crathor pour recommencer de plus belle [à assaillir l'ennemi] (BUEIL, I, 1461-1466, 163). Avant ! avant ! compaignons, sus ! Recommençon tous de plus belle. Tien ce coup cy sur la mamelle ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 225).

C. -

[P. affaiblissement, à partir de l'idée d'agrément, marque un agrément d'ordre affectif, l'affection (vraie ou convenue) qu'inspire une pers.]

 

1.

[Marquant l'affection (vraie ou convenue)] "Cher" : Et, pour ce, s'il estoit voye ne maniere du monde par laquelle je peusse tant faire pour l'amour de mes biaux enfans que il me espousast, sans ce toutesvoyes que pour ce faire il receupst mort, je vous prie et requier sur toute l'amour qui est entre nous deux que vous le me conseilliez. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307). "Monsigneur, vous plaist-il d'aler en ce lieu là ?" - "Nennil, ce dist li enfès, remenés-moi deçà. Biaus oncles d'Orliens onques jour ne m'ama : Je sai bien, s'il me tient, que morir me fera." (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 298). Biau segneur, chi nous va envoiant Tout prumiers mon segneur le bon roy soufisant, Et biaus fils de Guiane (...) Biaus cousins de Bourgongne et celui de Breubant, (...) Pour savoir deviers vous que vous alés quérant, Et pourcoi vous venés à enfort si très-grant Si très-priès de Paris (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 383). Dieu m'a fait tant d'onneur que j'ay espousée ma dame vostre belle fille (BUEIL, II, 1461-1466, 183).

 

-

[En apostrophe, comme marque d'affection ou de politesse] : Bele niéce, par amour fine Vous doing ceste couronne (Mir. Oton, c.1370, 337). Or par temps, beaus fils, le serez : Ne vous ennuit. (Mir. fille roy, c.1379, 91). Et certes, beaux tresdoulz amis... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 191). Pour Dieu, beaus seigneurs, que me demandez-vous ? Prenez ce que j'ay d'argent, et me laissiez la vie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 319). Il s'en vint devers le roy son pere, et lui dit : Ma dame la royne Presine, vostre femme, vous a apporté les trois plus belles filles qui oncques feussent veues. Sire, venez les veoir. Ly roys Elinas, a qui il ne souvenoit de la promesse qu'il avoit fait a Presine, sa femme, dist : Beau filz, si feray je. (ARRAS, c.1392-1393, 9). ...ly contes ot grant paour que ly porcs n'affoulast son nepveu, et lui escrie a haulte voix : Beau nepveu, laissiez ceste chace. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Lors dist ly contes : Au moins, beau sire, nous dictes qui elle est ne de quelle lignie. Par ma foy, dist Remondin, tout en riant, vous me demandez ce dont je ne sauroye respondre, car onques je n'en enquis tant. (ARRAS, c.1392-1393, 36). Beaulx amis, je donray demain congié a la plus grant partie de noz gens qui sont icy venuz a nostre feste, car il nous fauldra ordonner autre chose que vous verrez assez prouchainement. (ARRAS, c.1392-1393, 45). ...mes beaux freres, quel dommage Vous sera ce, ne deshonneur Se vous me venez faire honneur ? (Roy sotz, c.1450-1500, 214). Et ! beau sire, quel contenance est la vostre ? ne direz vous mot ? (LA SALE, J.S., 1456, 8). Le marchant n'est pas desvoyé, Belle seur ["chère amie"], qui le m'a vendu. (Path. D., c.1456-1469, 82). Beau pere, veez cy une pierre que j'ay longuement portée en mon col et que j'ay moult fort aymée, pour ce qu'elle a moult grande vertu, car elle resiste contre tout venin et preserve aussi de toute pestilence (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 365). Beaulx enfans, vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129). Au cas, dictes, je m'en raporte A tous ceulx qui sont cy, beau sire, Affin que ne vueillez pas dire, Que se demain ou pour demain... (Fr. arch. B., c.1468-1480, 44). Or ça, Mehault, bel oyselon, Ung gros cueur en petite pance, Qui te doint [si] malle meschance, Mehault, pourquoy ne chante tu, As tu doncques joye pardu ? (C. Riffl., c.1480-1520, 58). LE PRESTRE. Beaux amys, de tous tes pechez Dont tu as fait confession Requiers tu absolution ? (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

 

.

[Avec prédéterm.] : Ahy, ma bielle fille, que mes corps est dolans (Chev. cygne P., c.1356, 16). LA DAMOISELLE. (...) A ma dame parler venez : Clotilde par moy le vous mande. (...) AURELIAN. Et g'iray voulentiers, ma bele (Mir. Clov., c.1381, 206).

 

.

Empl. subst. : ROY PEPIN. Bele, dites : ou alez vous ? (Mir. Berthe, c.1373, 233). ROY PEPIN. Bele, faites ma voulenté : Se voulez devenir m'amie, Sachez je ne vous faudray mie (Mir. Berthe, c.1373, 233). Ma belle, pelerins suy et estrangiers... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 94). MARIE. (...) Certes, bien je debvroye perir Quant je voy mon filz en croix morir. Beaulx, bien avés muër coleur - Helas, c'est pour vostre grant doleur - Qui tant estoit vermoille et freche ; En vostre corps il n'avoyt tache. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 113). ...gastee m'ont totalement. L'AFFINEUR. Et comment la belle, comment ? (Sots mal., c.1480, 86). Belle, se vous prenez amy Par amour, au jour la journee, Vous serés vestue, aournee Autant a l'endroit qu'a l'envers (P. moyne, a.1500, 46).

 

-

[Pour s'adresser à Dieu] : Beau sire Dieu, nous te rendons grace et mercy pour l'excellence de ce don, que nous querions avec le prophete, et devotement demandons, en criant : Ostende nobis... (GERS., Purif., 1396-1397, 62). Beau tres doulx Dieu, je vous rens graces quant vous m'avez amené a vous congnoistre estre tel, tout puissant, tout juste et tout bon (GERS., Trin., 1402, 164).

 

.

Arg. Beau Sire Dieu. "Écu (?) (ou simple invocation de Dieu ?)" : Si je pouoie vendre de ma santé A ung Lombart, usurier par nature, Faulte d'argent m'a si fort enchanté Que j'en prendroie, ce croy bien, l'avanture. Argent ne pend a gipon n'a saincture ["il n'y a pas d'argent qui pende à ma tunique ni d'écu à ma ceinture"]. Biau Sire Dieux, je m'esbahis que c'est, Car devant moy croix ne se comparest, Sinon de bois ou pierre, que ne mente ; Mais s'une foiz la vraye s'apparest, Vous n'y perdrez [mon seigneur et prince redouté] seullement que l'attente (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50).

 

2.

[Marquant des relations de famille par alliance]

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 94-96.

 

-

Belle ante. "Épouse de l'oncle" : Vous retournerez devers nostre belle ante, et le nous saluerez biaucoup de foiz (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). Le duc de Bourgoingne ne mist pas en oubly ce qu'il promist à faire à sa belle ante, la duchesse de Braibant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 192). Il eust ung oncle lymosin Qui fut frere de sa belle ante (Path. D., c.1456-1469, 126).

 

-

Beau cousin. "Époux de la cousine" : ...et n' y auroit que son beau cousin de Parvanchières et lui (BUEIL, II, 1461-1466, 136).

 

-

Belle fille. V. belle-fille "Fille d'un précédent mariage du conjoint ou épouse du fils" : ...ne ja nullui N'y menra, fors sa belle fille Polixene (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 133). Et vint la Royne au devant du Roy, son seigneur, et avecques elle sa belle fille (BUEIL, II, 1461-1466, 179).

 

-

Beau fils. V. beau-fils "Fils d'un précédent mariage du conjoint ou époux de la fille" : ...au Roy nostre Sire, et au roy d' Angleterre, son beau filz (FAUQ., II, 1421-1430, 44). Sa mere la prent par la main [sa fille], et luy taste son poux (...) et puis dit a son beau filz... (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...auquel lieu rencontra Ma dicte dame et le duc son beau filz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 162).

 

.

"Neveu ; fils du beau-frère" : [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Et au regart de beau frere de Bourgoigne (...) [je] luy prie qu'il (...) montre par effect le bon voloir qu'il a, cognoissant aussi comment j'ay esté patient en ceste matiere et fait ce que luy meismes par aventure n'eust pas fait s'il eust eu le cas pareil entre mains de beaufilz de Charolois [Il s'agit ici du comte de Charolais, futur Charles le Téméraire, fils du duc de Bourgogne Philippe le Bon et de sa troisième épouse, Isabelle de Portugal ; Philippe le Bon est le beau-frère du roi de France Charles VII, par sa première épouse, Michèle de France, soeur de ce roi]. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 71).

 

-

Beau frere. V. beau-frère

 

-

Belle mere. V. belle-mere "Épouse du père remarié ou mère du mari" : ...son mary estoit bien esbahy et desplaisant ; si ne savoit que faire ne que dire. Si manda tantost sa belle mere (C.N.N., c.1456-1467, 134).

 

-

Beau neveu. "Époux de la nièce" : Mais le duc [de Bourgogne] (...) ne voult entrer aussy en ceste allyance (...) par consideration que scentoit cestuy Ferande estre bastard et non hoir legitime au roy trespassé, et que par prendre alliance aveuc ly il feroit tort grant a son beau nepveu le duc de Calabre [Il s'agit de Jean II d'Anjou, duc de Calabre, époux d'une des filles d'Agnès de Bourgogne, soeur du duc de Bourgogne Philippe le Bon] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 149).

 

-

Belle niece. "Épouse du neveu" : Et fist à ladicte duchesse, sa belle niepce, moult joieuse chière et recepcion (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 404).

 

-

Bel oncle. "Époux de la tante ; grand-oncle" : ...aprez ce que le duc de Jullers eubt rendu arriere à son bel oncle l'empereur, son bel oncle, le duc de Braibant, et quitté et delivré de sa prison... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 178). ...mes au regard de retourner dont il [le dauphin] estoit venu ne de soy traire devers luy [le roi de France], il n'en estoit pas encoire avisé (...). Aussy ne pooit bonnement soy plus eslargir en ceste matere, consideré que les ambassaeurs de son bel oncle [le duc de Bourgogne] qui avoient esté par dela devers le roy pour sa cause, ce disoit, n'estoient pas encoire retournéz [Le duc de Bourgogne Philippe le Bon est l'oncle du dauphin dont il est question ici, Louis, futur Louis XI, par sa première épouse, Michèle de France, soeur du roi Charles VII] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 87). ...et luy donna le pays dix mille frans, à la requeste et commandement du duc, son bel oncle (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 170). ...si estoient avec luy de la nacion d'Angleterre son bel-oncle ["son grand-oncle"] le cardinal de Wincestre (WAVRIN, Chron. H., t.4, p.1471, 4).

 

-

Beau pere. "Époux de la mère remariée ou père du mari" v. beau-père

 

-

Belle soeur. V. belle-soeur

 

3.

Beau pere. "Moine, religieux" v. beau-père

III. -

[Dans des loc. héritées du jeu de paume ou des loc. apparentées]

 

Rem. Cf. P. Falk, Mél. E. Walberg, 1938, 1-38 (Studia neophilol., 11) et Vox rom. 9, 1946-1947, 181-182.

A. -

Empl. adj. [Dans des loc.où le pronom désigne initialement la balle]

 

1.

[Idée d'une balle favorable au joueur]

 

-

L'avoir belle. "Avoir l'avantage, avoir une occasion favorable" : De sa verge Dieu les pugnist et bat Et t'a rendu Guyenne et Normandie. Roy des Françoys, gangné as l'avantaige ! Parfaiz ton jeu, comme vaillant et saige, Maintenant l'as plus belle qu'au rabat. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 158). Mais Dieu scet se je l'avoys belle, Qui estoie a chevauchons sans celle (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 34).

 

.

[P. déformation, au masc.] L'avoir bel. "Avoir beau jeu" : Taisiez vous, Gadiffer, dist la royne, vous l'avez trop bel ! Laissiez deduire le roy (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 193).

 

-

La faire belle à qqn. "Donner l'avantage à qqn" : Lors eussiés veu chevaliers esmouvoir, psaulter, troter et mectre a point leurs espees. Devant lesquelz aloit celluy aux armes vermeilles sy fort courant, que force de courre luy faisoit belles. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 98).

 

2.

[Idée d'une balle défavorable, mais dominée]

 

-

L'eschapper belle. "Éviter qqc. de justesse" : Et là le duc Baudouyn descendit à pié et le conte d' Orthe, qui s'estoit retraict de l'arrière-garde, et avecques luy messire Guillaume Boucqueton, qui belle l'eschappa (BUEIL, I, 1461-1466, 216). Or retournons au Jouvencel, qui est à Crathor et se mocque de ses compaignons et dit qu'il l'a eschappée belle et qu'il fault penser de soy revenger et faire bonne chière (BUEIL, II, 1461-1466, 117).

 

.

En eschapper belle : Amours (...) Si me transmist une sajecte Ardant et plaine de clarté, Qui me mist au chemin hanté (...) ; Jamais n'en eschapé plus belle. (Amant cord. M., 1490, 5).

 

.

La passer belle : Certes, tu l'a passee belle ! [Parole adressée à une personne que l'on vient de sauver de la noyade] (Pass. Auv., 1477, 158).

 

3.

P. iron.

 

-

L'avoir belle

 

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"Subir un mauvais sort, être dans une situation précaire (ou ridicule)" : Tu te brules a la chandelle ! Helas, mon Cuer, ne voi tu pas Que Dangier est tous jours au pas, Qui fait a tous guerre mortelle ? Soyés [l. Soyes] seur que tu l'auras belle Se tu n'y vas pas bien par compas (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 141). ...o dieu ! se present rencontroye Cesar, certes je l'avroye fort belle ! Se apercevoit ce vestement de toille, Suspicion tresgrande il avroit ; Fable seroys a tous pour l'amour d'elle, Et grandement de moy on se riroit. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 80).

 

.

"Être trompé" : LE SAVETIER. Mais ne l'ay-je pas bien farcé ? LE CHAULDERONNIER. Par mon serment, il l'a [eu] belle (Chaulder. T., c.1500, 225).

 

.

"Se tromper, dire n'importe quoi" : Et li Rouges-Lions li dist à le volée : "Par Mahon, cristiens, le char as trop ozée, Qui chi t'es embatus ; le teste aras coppée (...)". "Sire, che dist Gaufrois, belle l'avez trouvée ! Vous ne porriés valoir, pour d'or une quarée, Que je fuisse tuez, ne ochis en mellée..." (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 15). Vostre vouloir feray et main et a vespree. - Voire, ce dist son ante, belle l'avez trovee ! Par Dieu, le cuer me dit bien en ma pensee Que vous nous troublerez ains la demie annee ! (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 13). Par mon createur, je l'ay belle ; C'est Naudet. Que Dieu nous doint joye ! ["je me suis trompée ; il n'est rien arrivé à mon mari ; que Dieu en soit loué"] (Gent. Naudet T., c.1500, 285).

 

-

La bailler belle (à qqn). "Faire un mauvais tour à qqn, se moquer de qqn, lui réserver un mauvais parti" : MALABRUN. (...) Messeigneurs parleront a part Et puis orrez vostre libelle. ASCANÏUS. Ouÿl ; ilz la nous baudront belle : Nous en serons tres bien reffaiz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 402). ...[le seigneur qui a trompé le meunier mais qui à présent est trompé par lui] se pensa que le musnier luy avoit baillée belle. (C.N.N., c.1456-1467, 47). Tu luy baille belle, Michault, Si tu y vas sans beste vendre. (B. veoir, p.1480, 16). Ouÿ, il la nous baulront belle : Nous en serons tres bien reffaiz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 889).

 

-

(La) rendre belle à qqn. "Rendre des coups à qqn, le dominer" : ...le roy de Morse vint par deriere au chevalier, cuidant son dueil vengier, sy luy donna ung lourt cop entre col et heaulme, mais au retourner le chevalier luy rendy belle, car il luy separa la teste du corps (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 173).

 

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(La) donner belle à qqn : Oncques mais n'oÿz tel rebelle. Ha, que je luy donroye belle, Mais que je l'eusse a gouverner ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 298).

 

4.

P. ext. [Même constr., mais avec des verbes sans rapport avec le jeu de paume]

 

-

L'aviser belle. "Imaginer qqc. d'agréable (ici p. iron.)" : ORILLART. Ne reste mais qu'il soit banny Tant que jamais n'en soit nouvelle. GRIFFON. Je l'ay advisé bien plus belle, Mais que monseigneur le permette. PYLATE. En quel point vueulz tu qu'on le mette ? Griffon, dis nous en le motif. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 306).

 

-

Les donner belles. "Dire des choses agréables" : Et pour ce on leur doit pardonner, S'ilz les scevent belles donner. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 440).

 

-

L'ouïr belle. "Entendre des choses agréables" : BERITH. Vous ourrez dictiéz bien riméz Et chant couchié a l'avenant. Sus, Belzebuth ! BELZEBUTH. Avant ! CERBERUS. Avant ! Je pense que vous l'ourrez belle. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 56).

B. -

Subst. fém.

 

1.

La belle. "La partie au jeu ou la phase d'un combat qui permet à l'un des adversaires de l'emporter" : Les heraux crierent fort les motz de leurs maistres. Ceulx du connestable crierent : "Tout pour la Belle !" (Cleriadus Z., c.1440-1444, 659). Et trompetes et menestriers sonnoient ; les heraulx crioient l'enseigne de leur maistre ; ceulx du Chevalier Bleu crioient "C'est pour la belle !" Et pareillement chacun si le faisoit ainsi (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 90).

 

2.

"Circonstance propice" : Sus, ribaulx, Dieu en ait mal gré, Vous eschappera le villain ! Sallez mieulx s'i mettez la main : Jamais ne l'arez en si belles. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 253).

 

-

"Chose agréable" : - Parlons doncques d'aultres. - Quelles ? - De celles dont je me rie. - Peu j'en sçay. - Or je vous prie Que m'en contez des plus belles. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 493).

 

-

Avoir belle au jeu. "Être dans une situation favorable" : ...ung compaignon aventureux nommé Ruele (...) disoit que les villes des frontières estoyent depopulées de gens d'armes (...) et que jamais on n'aroit sy belle au jeu ; et se faisoit fort de... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 571).

 

-

Trouver qqn en belles. "Avoir la chance de trouver telle personne" : ...ne valoit son compaignon, qui oyoit son dire, gueres mieulx que mort, s'il le treuve en belles. (C.N.N., c.1456-1467, 236). Si s'advisa bon jacobin qu'il viendroit veoir sa dame, et que a l'adventure pourroit il estre si eureux que de la trouver en belle. Il y vint, comme il proposa, et de fait trouva ce qu'il queroit. (C.N.N., c.1456-1467, 306).

 

3.

P. iron. "Ce qui est défavorable, manière défavorable" : La planete court de tel belle Que ung chascun fault qu'il mefface Ou qu'il y tiengne piet ou elle (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 11).

 

-

Eschapper de belles. "Échapper à un danger" : ...vostre aventure fut terrible et estes eschappé de belles. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 101).

 

-

En bailler de belles. "En faire accroire à qqn" : A chascune prier d'amours, Promectre et en bailler de belles... (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 60).

 

.

En bailler de belles, de vertes et de meures. V. vert "En faire voir de toutes les couleurs" : ...pensez qu'il a assez a souffrir et si el lui en baille de belles, de vertes et de meures ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 91).

 

-

En donner une belle. "Jouer un vilain tour" : Le villain nous en a une belle donnee ; Pleüst a Jhesucrist, qui fist ciel et rousee, Que je le tensisse ore (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 39).

 

-

En faire de belles. "Faire des choses répréhensibles" : Et lors ledit Mathelin va dire : "Vous en faites de belles, quant je n'y suis pas". (Doc. Poitou G., t.10, 1462, 319).

 

-

En penser de belles. "Avoir des pensées singulières" : ...il en a pensé de belles (GARENC., Poésies N., 1409, 97).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 6/23 
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     BEAU-FRÈRE     
FEW I bellus
BEAU-FRERE, subst. masc.
[T-L : frere ; FEW I, 321a : bellus ; TLF : IV, 330b : beau-frère]

"Frère par alliance, époux d'une soeur" : Le duc de Jullers euist eu petite ayde, se n' euist esté son biau frere messire Edouart de Guerles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 162). Dont dist le duc de Jullers, et estans en genoulz devant l' empereur qui seoit en une chaiere imperiale : "Mon très redoubté et souverain seigneur, par la haulte noblesce et puissance de vous, je me tieng à meffais de tant que à main armée je me mis et assamblay contre mon cousin, vostre biau frere et vicaire du Saint-Empire..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 170). Je laisse a beau frere de Berry mon grand saphir gitane, ou quel a un visage d'homme entaillé dessous (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.2, 1386, 226). ...laquelle requeste il refusa pour ce que par plusieurs foiz il avoit envoyé en Holande devers le duc Guillaume, son beau-frère, en lui requérant qu'il amenast ledit Daulphin par deçà (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 164). ...trop mieulx vouloit avoir le bergier a beau frere, au gré de sa seur, que ung aultre bien grand maistre au desplaisir d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 361). Et puis ledit Edouart, voyant qu'il estoit seul demouré et du tout habandonné, s'enfouy et wida hors ledit royaume et s'en vint à recours audit duc de Bourgongne son beau frere ; et audit royaume d'Angleterre demoura sa femme et mesnage (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 248). [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Aussi n'ay je pas procedé en ceste matere si rigoreusement comme j'ay esté conseillié par les ducs d'Orleans et de Bretaigne, le seigneur de Croy et le chancelier de beaufrere de Bourgoigne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 60). Le roy sur les motz du chevalier [ambassadeur du duc de Bourgogne] respondy benignement : "J'en remercye beau frere, et m'y fie bien..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 61). [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Si est vray que j'ay oÿ ce que m'avez dit (...) touchant le bon voloir et affection que beau frere de Bourgoingne a envers moy, meismement pour appaiser ceste matere (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 70). Sy est vray que le roy repeta sinc ou six fois lesdictes offres de son beau frere le duc [Il s'agit, dans ces ex. de CHASTELL., du duc de Bourgogne Philippe le Bon, beau-frère du roi de France Charles VII par sa première épouse, Michèle de France, soeur de ce roi] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 72). Lors dist le roy : (...), ains espere que beau-frere s'i acquitera bien, et l'en prie tresactueusement - Ce fera mon, sire, se Dieu plest, et ne m'en doubte pas, ce dist le chevalier de Croy. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 75). ...aucuns larrons et malfaicteurs avoient prins et furtivement emporté de son molin ung quartier et demi de lart, trente cinq solz tournois, deux aulnes de drapt de bureau camelin et neuf boisseaulx de mousture appartenans à ses beauffrères, et comme le lendemain au matin on avoit dit à Jehan Chevreau le jeune (...) que le jour precedant on les avoit veuz tournoyer et visiter ledit molin (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 544). Et fut faict le rapport au roy de ceste deliberation ; mais, non obstant cela, il y envoya monsr de Bresse, depuys duc de Savoye, le seigneur de Beaumont de Poulignac, mon beau-frère, et le seigneur d'Aubejoux, de la maison d'Amboise (COMM., III, 1495-1498, 153).

Rem. Doc.1386 ds TLF.

V. aussi beau
 

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 Article 7/23 
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     BEAU-PÈRE     
FEW I 321b bellus
BEAU-PERE, subst. masc.
[FEW I, 321b : bellus ; TLF : IV, 331a : beau-père]

A. -

"Époux de la mère remariée ou père du mari" : ...et son biau pere le duc de Lancastre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 123). ...il ne le fist pas mains mal [son personnage] au pere du jeune homme qu'il avoit mis en bouche a son beau pere qui sera s'il peut. [À propos d'un curé qui veut "faire" un mariage] (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...nous avons sceu par nostre amé et feal conseillier Jacques de Canlers le bon recueil que vous avez fait à nostre beau pere de Savoie (Lettres Louis XI, V., t.2, 1463, 138). ...il trouva ledit d'Oyrevau et feu Sireo qui avoient grant noise ensemble et se reprouchoient l'un l'autre qu'ilz s'estoient deserviz en procès, et que ledit feu Sireo estoit cause de la mort de son beau-père. (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 592). ...nous prions (...) vostredicte Saincteté que ce pendant que icellui archidiacre sera par deçà, elle ne vueille donner aucune commission de legacion devers l'Empereur et nostredict beaupere à autre que audict archidiacre (Lettres Charles VIII, P., t.3, 1490-1493, 112). Et premierement se alya des Veniciens, à la preservation de leurs estatz, desquelz il estoit grant amy, ou prejudice de son beau-père, à qui les Veniciens avoient osté poy paravant ung petit païs appellé le Poulesan (COMM., III, 1495-1498, 18).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF. V. beau.

B. -

"Moine, religieux" : ...un beau pere (...) auquel il se confesse (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 560). ...et disoit que toutes ces quatre pouvres femmes frere Richart le cordelier (...) les avoit toutes ainsi gouvernées, car il estoit leur beau pere (Journal bourgeois Paris T., 1431, 271). J'entray dedans le monastere Ou je rencontray ung beau pere Qui oncques ne me sonna motz. (Gaud. sot, c.1450, 9). Ce ne suis je pas qui leur donne [aux Frères mendiants], Mais de tous enffans sont les meres, Et Dieu, qui ainsi les guerdonne, Pour quy seuffrent peines ameres. Il fault qu'il vivent, les beaulx peres, Et mesmement ceulx de Paris : S'ilz font plaisirs a noz commeres, Ilz ayment ainsi leurs marys (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 97).

 

-

"Ermite" : Sire, dist l'ermite, je y ay demouré plus de deux cens ans et y servis cincquante ans un beau pere de ces marches (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 28). [Autres ex. ds ce texte, en partic. en adresse, cf. gloss. de l'éd.]

V. aussi beau
 

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 Article 8/23 
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     BEAUTÉ     
FEW I bellus
BEAUTÉ, subst. fém.
[T-L : biauté ; GDC : belté ; AND : belté ; DÉCT : biauté ; FEW I, 320a : bellus ; TLF : IV, 231b : beauté]

A. -

[Qualité esthétique]

 

1.

"Qualité, état de ce qui est beau" : Et la sainte Escripture de la biauté et hautesce du ciel dist que elle est en vision de gloire (ORESME, C.M., c.1377, 280). ...elle estant avec lesdites dames, vit et apperceut une petite sainture d'or assise sur un tixu de soie noire que avoit sainte la dame de Saumon (...) et que pour la beauté et plaisance que elle ot en icelle sainture, elle fist tant que par icelle dame lui fu baillé et prestée icelle sainture (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363). Maiz, quelque beaulté apparente que demonstre l'ediffice, neantmoinz il s'encline et tent de son premier estre a dechiet et a ruine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 46).

 

-

[À propos d'un lieu] : Et selon ce disoit Ovide d'un lieu dont il avoit descripte la biauté (ORESME, C.M., c.1377, 280). Lors musa Gieffroy grant temps, tant sur le tablel comme sur la beauté du lieu (ARRAS, c.1392-1393, 266). Toute la beauté de France s'en est alee et partie, et sont fais les princes aussi esbahis comme moutons qui ne treuvent point de pasture (JUV. URS., Loquar, 1440, 362).

 

-

[À propos de la nature] : Pour tant a la beauté et digne clarté des choses espirituelles, qui resplendissoyent continuellement en son ame et en son esperit, effacoit toute la beauté et clarté de ce monde plus que escarlatte vermeille ou le soleil les estoiles (GERS., P. Paul, a.1394, 514).

 

-

[À propos du temps qu'il fait] : ...mais pourtant que audit jour saint Andrieu les jours sont cours et le temps non seur en beauté, translata icelle feste audit jour [au 2mai]. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 346).

 

-

Loc. C'est (grande) beauté à/de voir/que de voir/du regarder... "C'est un (magnifique) spectacle de voir" : ...appliqué à un fait d'arme : Et traïst une belle longhe espée de Bourdiaux que il portoit, et vous commenche à estoriier et à faire place autour de li, que ce estoit grans biautés dou veoir, ne nuls ne l'ossoit aprochier. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 116). La veissiez bannieres, pennons et estendars sur les vaisseaux au vent, et sonner trompetes et instrumens, et ces chevaux hennir et braidier, que c'estoit grant beauté a veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 84). Et lors vint le navire ferir ou havre, et trairent chevaulx et ce qu'il leur plot hors des nefs, et se logent aux champs au dehors de la ville, en tentes, en trefs, en paveillons (...). Et fu grant beauté de veoir l'ost quant il fu tout logié. (ARRAS, c.1392-1393, 92). ...c'estoit beautés a veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 160). ...au spectacle d'une armée rangée : Ce estoit une grande biauté que de euls veoir, les armes, hiaumes de quoi on s'armoit adont, banieres et pennons resplendir au solel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 383). ...et lez remerchioit toutez ensamble de cest honneur sy humblement que grant beaulté estoit du regarder (Comte Artois S., c.1453-1467, 15).

 

-

P. iron. : C'est mon cry. SOTOUART. Vela grant beaulté. (Vig. Trib., c.1480, 225).

 

2.

"Qualité, état d'une personne belle (ou qualité de son corps, d'un aspect de son corps)" : Gens corps en biauté parfaiz (Mir. emp. Julien, 1351, 195). Nennil, car vo beauté si fort me loie Langage et coer, que se parler voloie, Se n'en est il noient en ma puissance. (FROISS., Orl., 1368, 102). Et delectacion parfait operacion non pas comme un habit parfait son subject en quoy il est, mais comme une fin seürevenante en la maniere que beauté est perfeccion de joenesce. (ORESME, E.A., c.1370, 508). Et, a l'approuchier de la fontaine apperceut la tres plus belle dame qu'il eust oncques jour veu, a son adviz. Lors s'arresta tous esbahiz de la grant beauté qu'il perceut en celle qui tousjours chantoit si melodieusement que oncques seraine, faee, ne nuimphe ne chanta tant doulcement. Lors s'arresta ly rois tous esbahiz tant de la beauté et du noble atour de la dicte dame comme de son doulz chant. (ARRAS, c.1392-1393, 6). Et cellui lui compte comment Anthoine a le grip d'un lyon en la joe, et la grant fierté et la grant puissance de lui et de Regnault son frere, qui n'avoit que un oeil, et de la beauté des corps et des membres des freres, dont elle se donne grant merveille, et dist que c'est grant dommage quant il a faulte es figures de si nobles hommes. (ARRAS, c.1392-1393, 159). Et, d'autre part, belle niepce, sachiez que vous n'estes pas trop bonne pour avoir si noble homme a mary comme Regnault de Lusegnen, car il est bien digne d'avoir la plus grant dame du monde, tant soit de noble ligne, tant de beauté, de bonté et de haulte prouesce. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Le roy, qui estoit en sa droicte fleur de beauté et de vigour et en son cuidier, dist que pour certain il yroit et ne demanderoit que le corps d'elle. (ARRAS, c.1392-1393, 302). Ceulz au monde sont bieneureux Qui les cuers ont doloreux. Helas ! veez que leur tourne maintenant a prouffit plaisir mondain, fut en richesses, fut en beauté, fut en delices, fut en vengence faire, fut en honneur recevoir. Plaisir mondain a joué a eulz du jeu de la fausse compaignie, il les a laissiez au besoing en purgatoire ou en enfer (GERS., Déf., 1400, 244). ...moult desira a parler Et veoir roÿne Candasse, Qui de sens et beaulté grant masse Avoit. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 55). Tu as beauté corporelle mais vieillesce tost la te muera. Tu as beauté corporelle mais une petite maladie tost la te ostera. Tu as beauté corporelle mais tantost les vers la rongeront. Tu as beauté corporelle, prens toy doncques garde que elle ne soit arse et bruie du feu pardurable, car dommaige seroit. (GERS., Concept., 1401, 417). Moult y pensay a par moy hier Et me merveille, Veu le dueil qu'elle s'appareille, Que sa grant beauté non pareille Et sa couleur fresche et vermeille Puet demourer (CHART., L. Dames, 1416, 229). Lors Saintré print congié, et messire Anguerrant avec pluseurs chevaliers et escuiers retint au soupper, dont tout ce soir et pluseurs jours aprés ne cessa le devisier de la beauté et gracieuseté de Saintré et de tous les siens. (LA SALE, J.S., 1456, 109). Est Flora la belle Romaine, Archipïadés ne Thaÿs, Qui fut sa cousine germaine, Echo parlant quant bruyt on maine Dessus riviere ou sur estan, Qui beaulté ot trop plus qu'umaine. Mais ou sont les neiges d'anten ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 44). Mes bonnes compaignes et voisines, il n'est aucune de vous qui ne sace que je pris mon mari Josselin plus pour sa beauté que pour sa richesse, car povre compaignon estoit (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 82). Comme sapience et science et vertu sont habits de l'ame, force, vigueur, beaulté des membres et la disposition d'iceulz et la composition du corps sont habits corporelz. (Somme abr., c.1477-1481, 165). Le beau maintien, la maniere et faconde, La grant beaulté... (LA VIGNE, V.N., p.1495, 167).

 

-

Prov. : Mais de sa laideur ne me chault, Car biauté sanz bonté poy vault. (Mir. st J. Cris., c.1344, 268). Amis, bontez vault mieulx que beautez. (ARRAS, c.1392-1393, 104).

 

3.

P. méton. "Personne belle, belle femme" : Faulse beaulté qui tant me couste chier, Rude en effect, ypocrite doulceur, Amour dure plus que fer a macher (...) ne veult droit de rigueur, Sans empirer, ung povre secourir ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 83).

 

-

[Terme d'affection] : O beauté pure, Vostre figure - est alaidie. (Pass. Auv., 1477, 255). M'amour, Marie, mon doulx lis, Ma beauté, ma coloumbe amoreuse, Remplés de moy voz esperis ! (Pass. Auv., 1477, 279).

 

4.

[P. personnification] : Entroes que Biautés et Plaisance, Desirs, Maniere et Congnissance (...) Entendoient as noms donner, Ensi qu'on les doit ordonner Et que le requiert li reviaus (...) J'avoie ailleurs mis mon entente (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 152-153). [Toi, la vieillesse] Tollu m'as la haulte franchise Que Beaulté m'avoit ordonné Sur clers, merchans et gens d'Eglise, Car lors il n'estoit homme né Qui tout le scien ne m'eust donné, Quoy qu'il en feust des repentailles, Mais que lui eusse abandonné Ce que reffusent truandailles. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 53).

B. -

[Qualité spirituelle ou morale] "Qualité, état de ce qui est beau spirituellement, moralement"

 

1.

[À propos d'une pers. ou de ses attributs] : ...qui (...) ot ces deux vertuz en elle, c'est a dire force en pacience et biauté de continence. (Mir. st Val., c.1367, 123). Après elle ot biauté de continence, qui est une biauté sainte desirée de Dieu (Mir. st Val., c.1367, 123). Pour tant a la beauté et digne clarté des choses espirituelles, qui resplendissoyent continuellement en son ame et en son esperit (GERS., P. Paul, a.1394, 514). Desvestir vous fault et parer De ceste escarlate vermeille, Car vostre beauté nonpareille Serra mieux en ce noble habit Qu'elle ne feroit en petit (Gris., 1395, 39). Dame, quant je bien considere La grant beauté de ces enfans Moult suis esbahys et pensans, Dont et de quel païs ilz viennent, Qu'a mon avis ils se contienent Comme enfans de prince ou de roy. Si m'en dites voir, car bien croy Que de treshault lieu soient nez. (Gris., 1395, 69). Moy merveil de la belle chiere Et de la beauté de la belle, La tresdouce vierge pucelle Que mon seigneur doit prendre a femme. (Gris., 1395, 91). ...c'est moult belle dame Et de merveilleuse beauté. (Gris., 1395, 92). Or vousist Dieu que tout ainsy diligemment comme nous sommes icy assemblez pour ouyr parler de la toute belle amie de Dieu, nous eussions peine et diligence de ensuyr son exemple, sa vie, ses meurs et saincte conversacion en beauté et bonté espirituelle ! (GERS., Concept., 1401, 427).

 

2.

[État, manière d'être des âmes auprès de Dieu] : Pense la magnificence de dieu en gloire a la quelle compagnie tu es appele. Pense la grant beaulte et le bel ordre qui est entre les sains, la ioye, la melodie, les doulx cantiques des sains glorieux. (CIB., p.1451, 189). ...lame contemplatiue est esleuee sur soy en une autre maniere, cestassauoir par grandeur de admiracion quant elle est irradiee et enluminee de la lumiere diuine et quelle a sa meditacion sur la beaulte et pulcritude de lestat glorieux (CIB., p.1451, 191).

 

-

En partic. RELIG. "Un des attributs de la Trinité" : ...en la conservation et la beauté bien aornee des choses reluist la bonté du Saint Esperit. Item en chascun suppost on treuve verité qui apartient au Pere, beaulté formele qui est appropriee au Filz, et utilité qui est attribuee au Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 125).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/23 
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     BELET     
FEW I bellus
BELET, subst. masc.
[T-L : belet ; GD : bellet ; FEW I, 319a : bellus]

A. -

[Injure] "Celui qui fait le beau" (synon. belon) : Adieu, belet, lieve ta chausse ; Ja tost le nous feras bien braire ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 365).

B. -

Dire son beau belet à qqn. "Flatter qqn" v. biaubelet

REM. Sur ce mot, cf. Romania 12, 1883, 335-336 (A. Delboulle). Cf. aussi VILLON, Poésies diverses T., c.1456-1463, 265, v.19 : prénom fém. Belet, dim. fam. d'Isabelle. Nom propre Belet ds Doc. Poitou G., t.8, 1447, 432.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 10/23 
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     BELETTE     
FEW I bellus
BELETTE, subst. fém.
[T-L : belete ; GD : belette ; GDC : belette ; AND : belete ; FEW I, 319a : bellus ; TLF : IV, 363b : belette]

I. -

"Belette" (synon. mustèle) : Et à ce propos dit l'atteur ou translateur dessus dit que la bellette enfante ses faons par my la gueulle [Lorsqu'elle veut mettre ses petits en sûreté, la belette les transporte par la gueule, ce qui a pu faire croire qu'elle met bas par la gueule] (Ovide mor. B., 1466-1467, 242).

 

-

[Comme symbole de la flatterie] : Encores ladicte vieille, jolye et bien peignye, portoit en l'autre main une privee belecte, que souvent lui lechoit les mamelles. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 314). [Autre occurrence p.341]

II. -

"Partie d'un manteau de cheminée"

 

Rem. Doc.1498 (et 1512) ds GD I, 616a, et ds GAY I, 143a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 11/23 
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     BELLE-FILLE     
FEW I bellus FEW III filia
BELLE-FILLE, subst. fém.
[FEW I, 321a : bellus ; FEW III, 516b : filia ; TLF : IV, 369a : belle-fille]

"Épouse d'un fils, bru" : ...c'est que aussi tost monseigneur et belle-fille me venront pendre au col pour faire la paix de Charles (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 283).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/23 
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     BELLEMENT     
FEW I bellus
BELLEMENT, adv.
[T-L : bel1 (belement) ; GDC : belement ; AND : belement ; DÉCT : belement ; FEW I, 319a : bellus ; TLF : IV, 369b : bellement]

A. -

"De belle façon, d'une façon qui convient"

 

1.

[À propos d'une pers., de son comportement] : Et je qui fui mervilleus pour quoy c'iere, Dis bellement : "Trés douce dame chiere, Pour quel raison Ne volez vous entendre a ma raison ?" (MACH., J. R. Beh., c.1340, 115). LE ROY. Après, seigneurs, après le cours ; Je vous suivray tout belement ; Courrouciez seray durement Se ne l'avons. (Mir. femme roy Port., c.1342, 154). Et vers bonne Amour me tournay, Pour fuïr lamentations. Si li fis proclamations, En complaingnant moult bellement : "Amours, par ton art doucement Me feïs l'esprivier amer, Dont j'ay orendroit moult d'amer, Amer qu'on appelle amertume, Par quoy mes cuers en amer tume..." (MACH., D. Aler., a.1349, 291). Li roys chevauche bellement, Et li Sarrazin fierement Le sievent tant qu'il l'ont ataint (MACH., P. Alex., p.1369, 93). Chilz entendi grandement et bellement à le ville deffendre et garder. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 76). Puis fist li uns d'yaus un signe, et tantost se coururent sus et se combatirent fortement tout en un tas ; et rescouoient bellement li uns l'autre, quant il veoient leurs compagnons à meschief. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 113). Et si bellement le me comptoit et si arreement et tant volentiers, que je prendoie grant plaisir à l'oïr et à l'escripre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 239). Mon message feïs bellement Bien et bel (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 38). Le langage ne fault farder. Lysez a traict et bellement Il n'y fault riens contrelarder (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 6).

 

-

Faire bellement. "Agir avec bonté" : Je vous pri a touz humblement Et requier, faites belement, Espargniez moy, si ferez bien (Mir. femme, 1368, 218).

 

-

Rire tout bellement. "Rire franchement, de tout coeur" : ...il se prist a regarder devers ladicte isle de Boulcan, et au chief de piece tout a cop se prist a rire et tout bellement. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 151).

 

-

Vivre bellement. "Vivre à l'aise, sans avoir de souci d'argent" : Piètres dou Bos s'en vint un soir chiés ce Phelippe, qui demoroit avoecques sa damoiselle de mère, et vivoient de leurs rentes tout bellement. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 82). Jehans Lions qui estoit tous hors de la grace et de l'amour dou conte, se tenoit en sa maison et vivoit dou sien biellement, et souffroit trop bellement tout ce que on li faissoit. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 164).

 

-

Au plus bellement. "Au mieux" : ...les hommes de Montferrant qui pris avoient esté se raenchonnerent au plus bellement comme ilz peurent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 226). Et parla a son cousin li conte, liquels li respondi et consilla que son damage il le portast au plus bellement que il peuist, car pour lors il n'en averoit autre cose. (FROISS., Chron. D., p.1400, 347).

 

2.

[À propos d'une chose] "Dans de bonnes conditions" : Mais quant nostre nave eust feru ainssy bellement, alors noz ancres aux roches se ancrerent ; sy fusmes tous asseurez (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 155).

B. -

"Doucement, sans hâte, sans brusquerie, sans bruit" : Et li princes qui les menoit à l'uis de la chambre hurta. Uns chambrelains bien l'escouta Qui dedens la chambre gisoit ; Si li respondoit et disoit : "Hurtez bellement, li roys dort." (MACH., P. Alex., p.1369, 267). Ho ! parler vueil plus bellement, Que nul ne m'oye mais que vous. (Mir. emper. Romme, 1369, 305). ...nous chevaulchions bellement à l'aise des chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 5). ...en luy remonstrant bellement et saigement et doulcement que ceste offense fust amendée (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). ...et estoient les XII., qui demourez y estoient, tout à ung hostel, et se portoient bellement et quoyement, et faisoient bons despens, et n'y avoit point de trop grant gait sus eulx, mais aloient par dedens la ville esbattre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 201). Li Flamenc li remanderent par ses gens meismes que il n'avoient point de signeur, puisque il se absentoit de euls et ne les voloit croire, ne que pour li il ne feroient riens, ne des rentes et revenues de Flandres, il n'en porteroit nulles ; et se avoir les voloit, il les venist bellement et courtoisement despendre ou pais, et ouvrer par lor consel (FROISS., Chron. D., p.1400, 823). ...Et les trois autres avisoie Pareillement Qu'elles voulsissent telement La conforter, qu'allegement Prenist pou a pou bellement (CHART., L. Dames, 1416, 231). ...elle le aperceust venir moult bellement comme cil qui estoit fort lassé. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 4).

 

-

Tout bellement : Lors vint vers moy tout belement Li lions, aussi humblement Com se fust un petit chiennet. (MACH., D. Lyon, 1342, 170). Par ceste ville sus et jus T'en vas tout bellement querant Un petit homme (Mir. enf. ress., 1353, 29). ...[elle] s'en ala plus que le pas En sa chambre celeement Et clouÿ l'uis tout belement (MACH., Voir, 1364, 156). Si montai sur ma haguenee, Qui estoit grosse et grasse et lee, Et m'en alai tout bellement (MACH., Voir, 1364, 190). Quant eu chastel furent retrait Tout belement et tout atrait (MACH., P. Alex., p.1369, 148). Li Crestien se sont retrait Tout belement et tout atrait ; Les pavillons et les engiens, Tout le charroy et tous les biens Que li Turq avoient laissié Ont trouvé ; si les ont chergié Et mené dedens le chastel (MACH., P. Alex., p.1369, 169). Li Englès, qui ordonné estoient en trois batailles, et qui seoient jus à terre tout bellement, si tos que il veirent les François approcier, il se levèrent moult ordonneement. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 175). Je vous ay dit comment la premiere porte fut ouverte et la seconde rompue et brisiée par force de cuingines et de haches. Adont entrerent ens, tout bellement et tout paisieblement, les cappitaines et leurs routtes en la ville (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 217). Si prissent cil signeur journee dou retourner deviers le roi, et se departirent tout bellement li uns apriés l'autre, et retournerent en lors lieus (FROISS., Chron. D., p.1400, 287). Qant chil signeur de France se deubrent departir de mesire Carle de Blois, il li consillierent que il se tenist en la chité de Nantes, et fesist l'ivier tout bellement ses provisions, et laisast convenir ses gens et guerriier des garnisons (FROISS., Chron. D., p.1400, 503). ...on conmanda que les batailles alaissent avant par deviers les ennemis, tout bellement le pas. (FROISS., Chron. D., p.1400, 142). L'andemain au matin a l'atourner de la royne, Madame ne eust pas mis en obly la veue de ces beaus paremens, si dist a la royne tout bellement : "Ma dame, j'ay oÿ dire que ce josne filz Saintré a fait tres beaux paremens a merveilles..." (LA SALE, J.S., 1456, 91). Puis [le Jouvencel] envoya deux ou trois compaignons droit à la ville veoir s'il y avoit plus ame, et ilz lui rapporterent que non. Ainsi se achemina le Jouvencel aprez ses gens tout bellement droit à Crathor. (BUEIL, II, 1461-1466, 19). Et quant il fut adverti que le roy d'Angleterre venoit, il partit d'Estempes, et se mit a chevaucher la Beausse tout bellement, pour contreactendre le roy d'Angleterre. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 27). ...puis vient l'official tout bellement voir s'ilz dorment. (LA VIGNE, S.M., 1496, 580). Je ne chante que de mesure, Tout bellement sans me haster. (P. moyne, a.1500, 48).

 

-

Au plus bellement que l'on peut : Moult fu pour ces jours li rois d'Escoce rejois, qant il vei ses honmes concordans a son pourpos. Et ordonna ses besongnes au plus bellement et quoiement qu'il peut (FROISS., Chron. D., p.1400, 237).

 

-

Se laisser prendre/ se rendre bellement. "Sans résister" : "Jehan, Jehan, alés jusques as barrières et parlés as chevaliers qui sont laiens, à savoir se il se vorroient rendre bellement, sans yaus faire assallir." (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 7). A ces cops se parti li maires et tout li aultre, et laissièrent leurs gens couvenir, qui tantost furent mestre de ces saudoiiers qui se laissièrent bellement prendre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 79).

 

-

[Opposé à de force] : ...j'enmenray XII. ou XV. mille hommes aveuques moy en la marce de Londres (...) et les mettray, ou bellement ou de force, à raison. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 51).

 

-

[Opposé à laidement] : "Mais velà chiaulx de Bruges qui sont grant et orgilleus, et par eulx toute ceste felonnie est esmeue. S'est bon que nous alons deviers yaulx et si fort que, bellement ou laidement, il soient de nostre accord." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 187).

 

-

"Agréablement, dans une belle humeur" : Se voeulz que tout vos filz, qui sont bel et plaisant, S'en viennent aveuc nous bellement deduisant (Cip. Vignevaux W., p.1400, 9). Bellement vont le pas pluisieurs choses disant (Cip. Vignevaux W., p.1400, 190).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/23 
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     BELLE-SOEUR     
FEW I bellus FEW XII soror
BELLE-SOEUR, subst. fém.
[FEW I, 321a : bellus ; FEW XII, 116a : soror ; TLF : IV, 370a-b : belle-soeur]

"Épouse d'un frère ou d'une soeur"

REM. Doc. 1423 ds TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/23 
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     BELLETEMENT     
*FEW I bellus
BELLETEMENT, adv.
[*FEW I, 319a : bellus]

"Tranquillement"

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, 5/7 (les aultres aprés lui chevaulchoient tout belletement)

V. aussi bellement
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 15/23 
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     BELON     
*FEW I bellus
BELON, subst. masc.
[*FEW I, 319a : bellus]

[Injure] "Celui qui fait le beau" (synon. belet) : A Dieu, belon ! Lieve ta gaistre ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 211).

REM. Nom propre (Belon) : Doc. Poitou G., t.3, 1369, 389 ; Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 637.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/23 
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     BIAUBELET     
FEW I bellus
BIAUBELET, subst. masc.
[T-L : beubelet/belet ; AND : beaublet ; FEW I, 319a : bellus]

Région. (Normandie) Dire son beaubelet à qqn. "Flatter qqn" : FLATTERIE. Je sui la sote vielle qui À chascun di son biaubelet [var. bon vouloir, son saluet], Qui de salüer m'entremet Les grans seigneurs en ostant eus Les plumes que n'ont pas sur eus. À tort et à droit touz les lo En eus servant de placebo. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8111).

REM. Archaïsme, disparu depuis plus d'un demi-siècle, que Guillaume emploie en forgeant l'expression nouvelle dire son beaubelet qui connaîtra en dehors du domaine norm. et sous la forme non suffixée beaubeau un vif succès dans de nombreuses locutions à partir du XVème et jusqu'au XVIème s. (cf. DI STEF., 72ab et HUG, s.v. bobeau). D'apr. W. Foerster, Z. rom. Philol. 22, 1898, 269, il s'agit d'une forme redoublée, plus fréquente, du norm. belet "joyau" attesté isolément dans Wace, Rou (cf. la note d'A. J. Holden t.3, 190 et 317), cependant encore présent en Normandie, au XVIème s. ; A. Delboulle (Romania, 12, 1883, 335-336) signale encore bélot comme emploi usuel au XIXème s. Cette forme redoublée est en usage en norm. et anglo-norm. aux XIIème et XIIIème s. (cf. AND et T-L, ; aussi beaubelez ds F. Mossé, Manuel de l'angl. du moy. âge, 1949, vol. 2, parties 1-2, 173 [réf. fournie par G. Roques]) et a pris vers 1260, en Normandie, chez Mahieu le Vilain, le sens de "arc-en-ciel" (cf. J. Ducos, La Météorol. en fr. au M. A. 1998, 251 et 430).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Béatrice Stumpf

 Article 17/23 
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     DÉSABELLIR     
FEW I bellus
DESABELIR, verbe
[T-L : desabelir ; GD : desabelir ; DÉCT : desabelir ; FEW I, 320a : bellus]

Desabelir à qqn. "Ne pas convenir à qqn, déplaire à qqn" : Ne vous vueille desabellir, Se ma cousine et moy parlons De ce que nous a faire avons Ça un petit. (Mir. femme roy Port., c.1342, 182). Cils poins fort me desabeli... (MACH., J. R. Nav., 1349, 261). Quant li prez le voit, moult li desabelly. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 594).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/23 
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     DESEMBELLIR     
FEW I bellus
DESEMBELLIR, verbe
[T-L : desembelir ; GD : desembelir ; GDC : desembellir ; FEW I, 320a : bellus]

"Détruire la beauté de, enlaidir" : Devenusto (...) : desembelir, enlaidir, desorner (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 119).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 19/23 
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     EMBELLIE     
FEW I bellus
EMBELLIE, subst. fém.
[FEW I, 320a : bellus ; TLF : VII, 887b : embellie]

"Fait d'embellir" : ...Abus survint, qui me vit lermoyant, Et luy, si triste et pensif me voyant, Bien congnoissant la cause de ma plaincte, Voulant parer d'une ambellie faincte Le cas piteux que j'eu veu n'avoit guere, Reprint alors une doulce maniere En me disant... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 186).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 20/23 
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     EMBELLIR     
FEW I bellus
EMBELLIR, verbe
[T-L : embelir ; GD : embellir ; GDC : embelir ; AND : embelir ; DÉCT : embelir ; FEW I, 320a : bellus ; TLF : VII, 887b : embellir]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Plaire, être agréable" : Dame, ce m'a moult embeli Qu'il s'est de mal faire retrait (Mir. march. larr., c.1349, 111). ...Pour ce que fourment les amoient [leurs lévriers], Aussi que nourris les avoient, Car voirs est que moult abelist [var. enbellist] Ce que on aime et que l'en nourrist (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 403). L'ante Bertran vint la pour Bertran enbracier : "A beaux nieps, or voy bien que Jhesu Crist t'a chier ! Je te pri que ta bouche je puisse un pou baisier. -Dame, se dist Bertran, alez ailleurs bailler ! Alés vostre baron baisier et dormoier, Car de dame baisier, par Dieu le droiturier, Il ne m'embellist pas sans faire autre mestier." (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 64). Celuy homme fut Loy nommé, par le pays bien renommé Pour cause qu'il establissoit Son cours, quy luy embellissoit, Sur le peuple, pour les conduire, Chascun ou il avoit sa tire. (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 58). ...pour son honneur garder se taisoit et escoutoit, regardant ententivement lez fais d'armez du chevalier incongnu qui moult luy plaisoient et embellissoient. (Comte Artois S., c.1453-1467, 11).

 

-

[Tournure impers.] : Tresdoulce vierge debonnaire, A tout cuer embelir et plaire Doit ["il doit plaire à tout coeur que..."] qu'il vous serve nuit et jour (Mir. nonne, 1345, 325). "Dame, se dist Bertran,alez ailleurs bailler ! Alés vostre baron baisier et dormoier, Car de dame baisier, par Dieu le droiturier, Il ne m'embellist pas sans faire autre mestier" (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 64). Je m'en yray sy t'enbellit, Et se il ne t'enbellit mie ; S'enporteray de ma partie Le chappon cras. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 31).

 

-

Empl. pronom. S'embellir à qqc. "Se complaire à qqc." : Mais de ce ne fu pas d'accort, ains sembloit adés que de plus en plus s'i embellisist (Bouciquaut L., 1406-1409, 243).

B. -

"Devenir plus beau" : Or vueille Dieu que ja si ne m'ahonte Qu'en li servant pense outrage ne honte, Car c'est la lime Qui les biautez lime, desteint et donte. Cils qui la voit aus autres riens n'aconte, Mais ce qu'adès croist, embelist et monte Tous maus reprime. (MACH., F. am., c.1361, 180). Le bien de vous qui en bonté flourist, Dame, me fait amer de fine amour, Vostre biauté qui toudis embelist De dous espoir me donne la savour, Vostre douçour adoucist ma dolour... (MACH., L. dames, 1377, 162). ...par tel tour sont compassez Que l'un l'autre point n'enlaidist, Mais l'un, pour l'autre, en embelist. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 109).

 

-

[Du temps] "Se mettre au beau" : Si comme le jour embeli, Si vit venir derriere li A cheval granment de Danois. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 36).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Rendre beau, plus beau, parer qqn/qqc." : Ha ! doulx Jhesu, souverain roy, Noblement l'ariez embelli [Panthaleon]. (Mir. st Panth., 1364, 315). Je vueil aussi mourir pour lui ; Car mon ame a ja embeli De gloire et si enluminée Qu'elle est aussi conme minée Toute en s'amour. (Mir. st Ign., 1366, 100). ...pour enrichir et embelir le dict cordon, il luy avoit faict mectre quatres ou cincq perles (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 36).

 

-

Empl. abs. : ...deus fossettes En sousriant faisoient ses joettes Qui estoient blanches et vermillettes Pour embelir, et un petit grassettes. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70).

 

-

[Un récit] : ...il devient plus intéressant : Or vous vueille esclarchir (...) comment (...) ces troix chastiaux dessus nommez vindrent en la seignourie des Brabanchons ; et tout pour embellir et verifier nostre matiere, et le vueil-je prendre au commencement de creacion des dus de Guerles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 143).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Beau" : Passez est ly yvers, la pluye est faillie ; Lieve toy, coyte toy, ma colombe embellie. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 84).

B. -

Au fig.

 

1.

"Donner plus de noblesse, de grandeur morale, rendre meilleur" : Tant orent bonté et prudence, Qu'onneur si les embellissoit Que d'eaus tout bon et bel issoit. (MACH., C. ami, 1357, 129). Mais chose que je vous envoie ne vous puet amender ne embelir, quar vous estez des dames la flour, le fruit d'onneur, l'estoc de bonté et de toute biauté (MACH., Voir, 1364, 150). Et envoiièrent ces gens d'armes, quant il deurent entrer en Arragon pour coulourer et embellir leur fait, certains messages de par yaus devers le roy dan Piètre. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 189). Ce l'embelit, Ce l'adoucit, Ce l'agencit, Ce l'apertit, Ce le norrit, Ce l'enrichit, Ce l'assevit, Qu'il li souffit. (MACH., Les lays, 1377, 343). ...Moult m'esbahi, Car trop petit sens en my Pour le faire [un lai] ay ; Ne suis dignes, bien le say, De li loer : c'est le ray Qui embeli Nous ha tous et esclarcy Dou soleil vray, Si que ma fience avray Si ferme en li Toudis qu'à s'onneur einsi Commenseray... (MACH., Les lays, 1377, 397). Et sa noble victoire [de Jésus Christ] Nous embelist, Nous esclarcist, Nous enrichist, Si que à joie mors et vis Mist ; tout hom le doit croire. (MACH., Les lays, 1377, 400).

 

-

Empl. pronom. "Se rendre meilleur" : Chascun du corps polir se paine Qui tost sera orde charoigne, Mais poi y a qui s'embesoigne De soy par dedens embellir. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 99).

 

2.

P. ext. "Donner plus de force à (même une chose nég.)" : "Ja avez-vous et dalez vous des plus hauls et des plus nobles du pays qui se sont mis en vostre obeissance, et c'est une chose qui grandement embellist vostre guerre." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 279). ...elles se présentent de façon plus avantageuse : ...il (...) raffreschissoit le roi d'Angleterre (...) de promesses traittables grandement, à amour et à reformation d'aliance, et à durer à tousjours, mais ycelles, où les Anglois prendoient, pour le temps avenir et pour remforcier et embellir leur guerre, grant espoir. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 231). ...de chi en droit (...) nous volons tenir dalés madame qui tant de biens nous a fais et fera encores. Et sa querelle est grandement enbellie, puisque li seqours d'Engleterre li sera venus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 525). Sy en fut d'autres quy creoient En aucuns arbres verdoyans, Par leur foleur ainsy croyans Et aussy que par l'art du dyable Leur estoit la choses parable, Tant que voix humainë issoit Des arbres quy embellissoit Leur follë et male creance. (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 63). Item, durant le temps dessusdit que les trèves estoient accordées entre le roy Charles et le duc de Bourgongne jusques aux Pasques ensuivant, nientmains ycelles parties couroient très souvent l'une sur l'autre, et mesmement pour embellir leur querelle, aulcuns, tenans le parti du duc de Bourgongne, se boutoient avec les Anglois, qui point n'avoient trèves aux François, et menoient avecques eulx plaine guerre aux François. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 363).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/23 
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     EMBELLISSEMENT     
FEW I bellus
EMBELLISSEMENT, subst. masc.
[T-L : embelissement ; GDC : embelissement ; FEW I, 320a : bellus ; TLF : VII, 888b : embellissement]

"Fait d'embellir" : ...pour la décoration et embélissement de nostre bonne Ville de Paris. (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1416, 372).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 22/23 
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     POURBELLIR     
*FEW I bellus
POURBELLIR, verbe
[GD : pourbellir ; *FEW I, 320a : bellus]

"Parer" : Quiconque dud. mestier sera trouvé avoir miz en roz char de veaul sans estre pourbellie [,] lardées suffisamment de bon larc ou surfondue de sain frèz et nect, il soit amendable (...) de la somme de... (Anc. corp. dijonn. C., 1484, 137). Se l'on trouve que aucuns d'eulx ayent viandes infectées, soit porc grené ou autre quelle qu'elle soit [,] et y avoir fait fraude pour la cuider amender [,] soit pour pourbellir, renfreschir en cave en quelque manière que ce soit... (Anc. corp. dijonn. C., 1484, 137).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 23/23 
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     REMBELLIR     
FEW I bellus
REMBELLIR, verbe
[T-L (renvoi) : rembelir ; GD : rembelir ; FEW I, 320a : bellus]

"Embellir, être l'ornement de" : Le roy Charles estoit assis en dos couvert de fleur de lis. Rembellissoit son throsne doré toute la salle pleine merveilleusement des seigneurs (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 131).
 

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