A. -

"Membre d'une communauté religieuse qui suit une règle monastique sans prononcer de voeux perpétuels" (synon. béguin)

-

"Membre d'une secte devenue peu à peu hérétique et condamnée par le Concile de Vienne en 1311". : ...sour cel ain meismes, ilh avient à Collongne que une secte de begars, plains de heresies, fut destruite et nulle chouse renovant ; car à eaux attraioient les femmes et les filhes des citains, car en habite et en oevre de parfaite religion, en regarde de tous biens se governoient, et avoient I preistre qui les governoit, qu'ilh disoient eistre I saint homme ; et à certains jours statueis en la samaine, ilh aloient en une cripte desous terre, où ilh n'avoit clarteit de Dieu, mains ilh y avoit grant luminaire de candelles : celle secte estoit là priveement et des altres de tout en tout excluses, et fasoient des femmes et des filhes des citains de Collongne leurs volenteis (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 275). Il nous est pris a souvenir Ung tas de folz y convenir, Begars de tiers ordre et Beguines, Hommes et femmes aians mines D'ordeuse vile hipocrisie, Et rempliz de vaine heresie. (...) Venez, Beguines, discourez, Et begars, car il est escript Que vous faictez aller l'esperit. Vous pensez l'homme estant au monde Estre si cler, si pur, si monde, Vertueux, parfait, et si cher, Combien que soit pour homme en cher Si souverain et qu'il peult estre, Au plus excellant siege et estre, Entant que de crime et peché Apres ne peult estre entaché (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 807-808).

Rem. «Un concile de Vienne, sous Clément V, en 1311, condamna les erreurs des bégards. Voici quelques-uns des huit articles auxquels on réduisit leur doctrine : 1° l'homme peut acquérir dans cette vie un tel degré de perfection qu'il devienne inspirable ; 2° alors les sens sont tellement assujettis à l'esprit qu'on peut accorder à son corps tout ce qu'il demande ; 3° alors aussi, on n'est plus si tenu d'obéir aux préceptes de l'Église ; 4° on n'est pas tenu non plus de pratiquer les vertus, dont la pratique est obligatoire au contraire pour les imparfaits ; 5° la fornication est un acte innocent, mais le simple baiser d'un sexe à l'autre est un péché mortel. Ce dernier point vient de ce que les bégards (...) avaient distingué, dans la volupté, le besoin auquel il était permis et même louable de céder, et la sensualité superflue dont la satisfaction était un crime, si légère qu'elle fût» (Nouv. Lar. ill. I, 816b s.v. bégards). Peut-être faut-il reconnaître une allusion aux bégards sous le vocable Picard au v. 37 du Testament de Villon (Priere en ferai de Picard).

B. -

P. ext.

1.

Empl. adj. "Stupide" : Jhesus, n'as tu point de regard A ton dangier qui est patent ? Es tu devenu tant begard ? Voy tu point la mort qui t'attant ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 337).

2.

"Mendiant (?)" : Molinet prie a Dieu qui tout regarde Qu'il sauve et garde en vergiers et en gars Roy, archiduc, espouse, fille et garde Leur avant garde, armee, arriere garde Et sauvegarde et flegars et esgars, Maisons, hangars, bigudes et biggars, Garchons et gars et, en nous regardant, Dieu soit leurs corps et leurs ames gardant. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 351).

V. aussi bigard
 

"Hérésie des bégards" ; p. ext. "hérésie" : ...et voloient les alcuns maintenir par leur soties et par leurs presumption que leurs offiches et leur chans estoient plus beais et plus dignes que l'offiches des preistres et des clers ; et por chu, ons se dobtoit que chu ne posist tant multipliier que ches gens par leur begardrie ne destruissent sainte Englieze et tuassent preistres, canoynes et clers, par le convotie del avoir leurs biens et leurs benefiches. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 388).
 

"Bégayer" : Je ne fais mes que begoier Quanque je di a sa loenge [de la Vierge] (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 171). Dueil baigné en froides sueurs, Begayant et changeant couleurs (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 173). Pour ce que icellui prestre estoit moult chargié de vin ou de cidre en besgoiant ... (Doc. 1416. In : DU CANGE I, 533b). Il besguoit en la bouche pour la nouvelle parfection de ce noble instrument que luy failloit. La chose fu merveilleuse, car, luy exauchié, receut tantost le don qu'il demandoit, et par l'intercession du saint confés (...) fu plainement restauré de langue ce meschant povre enfantet. (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 71).
 

[Sur bègue bégard ?] "Hérésie" : Ou temps de saint Charlemaine commença une heresie contre la benoite Trinité [var. commença une begie] (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 269).
 

A. -

"Qui parle difficilement ; qui bégaie" : "...Ma dame," dist Ardant Desir, "combien que par votre grace ma suer Bonne Esperance en ce me reconforte, je ne suis pas digne d'une si grant legation ne d'une si grant messagerie, pource que avecques Moyse je suis begue et ne scay pas bien parler..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 95). ...o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil, noire et tachee par envie, aveuglee et chascieuse par mescreance et ignorance, begue ou muette par paresce de Dieu loer et de prier (GERS., Concept., 1401, 418). Balbeo (...) : besguier, estre besgues. (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 40).

-

Empl. subst. : ...le seigneur de Cliçon, le seigneur de Coucy, le begue de Vilaines (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 112). Aulcuneffois elle [la parolle] est corrompue, sicomme es begues et es traules et es sincopans et c'est en diverse maniere, car traules et begues ce sont ceulx qui corrompent les lettres et mettent une pour aultre et ne peuvent nommer la lettre R (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 20).

B. -

Au fig. "Qui a deux paroles, hypocrite, de mauvaise foi" : Bilinguis : begue (Abavus IV, R., c.1350, 265).

REM. Très nombreux ex. ds la doc. comme nom propre ou comme surnom, p. ex. : ...Jehan Aubemalle dit le Begue, demourant a Paris (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1385, 548). ...le roy Loys-le-beghe (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.4, a.1400, 97).
 

"En bégayant, en balbutiant, confusément" : Et s'elle parle becguement, Fay le parler bien longuement ; Se riens ne scet de la viole Ou de la harpe ou de citole, Prie ly de touchier la corde, S'oras comment elle descorde. (Ovide remede amours H., p. 1300 [1400-1430], 75). Balbe, Balbiter (...) : besguement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 40).
 

Empl. intrans. "Parler en articulant maladroitement, bégayer" : ...elle beghoit au parler Et cloçoit un peu a l'aler,Mais tout li demorans fu bons.P (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 192). Comme la nourrice parle aucune foys imparfaictement et en begueant pour condescendre a la parole de son enfant, puis masche sa viande, puis siet a terre, puis rit a luy, puis pleure, et briefment elle se fait enfant avec son enfant, pareillement lisons nous de vous, o tres piteux saint Pol (GERS., P. Paul, a.1394, 507). Balbeo (...) : besguier, estre besgues. (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 40). Le premier membre ou appert le signe, c'est en la langue pour la multitude des nerfz qui y sont et commence a beguer et puis commencent les aultres membres a trembler et a defaillir (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 20).
 

"Fait de bégayer, de mal prononcer ; premier langage d'un enfant" : Balbucia (...) : besguerie, come d'enfans (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 40).
 

"Fait de balbutier, de bégayer ; parole balbutiée, parole d'enfant" : Balbucies (...) : besguetés, baubetés, parlers de petis enfans (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 40). Besgueté : balbucies (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 187).
 

A. -

"Coiffe collante portée par les femmes et les jeunes enfants" : A Thomassin, marchand de toille, pour onze aulnes de toille de Rains, prinses et achetées de lui et délivrées à la lingière de la royne, pour faire 12 béguins et 12 bavettes pour Monseigneur de Ponthieu, pour ce le premier jour d'avril, valent 110 sous parisis. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1404, 258). DEMANDE. Pourquoy est ce que les asnes ont si grandes oreilles ? RESPONSE. Pour que leurs meres ne leur mettent point de beguin. (Devin. R., c.1470, 173). Comment vecy bonne divise, Metz tu meintenant ung beguin ? (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

B. -

"Vêtement de deuil ?" : ...XXIJ aulnes de plus fine toille de Reins (...) pour faire huit chemises, huit béguins et pleurouers pour ladicte dame. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 155). Dessus laquelle tombe avoit ung personnaige d'un philozophe avec une grant barbe, en beguin, et dessus son beguin avoit ung gent chapelet d'or a feuilles de lorier (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 142).

Rem. Rapprocher du breton begin "deuil" ? V. aussi pleuroir.
 

A. -

"Membre d'une communauté laïque à vocation spirituelle, mais non soumis aux voeux" : Tu n'ez bon fors qu'a estre carmes, Moine recluz ou jacopin. Tu ne vaulx qu'a estre beguin Ou hermite en quelque hermitaige, Car tu es couart d'avantaige, Maiz je suis hardi et vaillant. (Gris., 1395, 44).

B. -

P. ext. "Dévot"

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[Valeur péj.] Faire le beguin. "Faire le dévot" : Suy troy anfant ailleurs ne font pas le beguin (Gir. Ross. H., c.1334, 219). Qu'esse ? ce dist Maugis, Regnaut fait le beguin ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 400).

-

Avoir coeur de beguin. "Être hypocrite, lâche" : Ogier de Dannemarge n'ot pais cuer de begin (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 709).
 

A. -

"Vie de béguine, maison, communauté de béguines" : Et ly tirche sereur usat sa vie en beghinage. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 374). A la supplication des bonnes femmes du beghinage d'Alost... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1392, 520). Celle fu en un beguinage (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 55). ...une vigne appartenant au beghinage d'Ardembourg (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 415). Dame vielle, il fust ypocrite Et vous estes femme malvoise ; Ne vous faictes plux icy noise, Alés en vostre beguynaige, Car il est mort par son outraige. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 223). Et pour lors, la plus grand partie d'ycelles nobles femmes, retournées en leurs propres lieux, ayans grand vergogne des honteuses et injurieuses parolles qu'elles avoient oyes aux diz preschemens, se disposèrent à mettre jus leurs atours et prinrent aultres, tels et assez paraulx que portent femmes de béguinages. Et leur demoura cest estat aucune petite espace de temps. Mais à l'exemple du lymeçon, lequel quand on passe près de luy retrait ses cornes par dedens et quand il ne ot plus riens les reboute dehors, ainsy firent ycelles. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 304).

Rem. Aussi Doc. 1341. In : L. Le Grand, "Les Béguines de Paris" dans Mémoires de la Société de l'histoire de Paris, 20, 1893, 343 : ...que nulle fame demourant oudit béguinage ne soit si hardie que elle voise aus bains ne aus estuves hors de léens, se ce n'est par évident nécessité.

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P. ext. "Lieu de retraite" : Ha a ! simplesse et devocion yssues de noble lignie, user vous convient a l'encontre de vostre nature ainsi que le chahuant a qui l'en a estoupees ses secretes repostailles ou il se boute de jour, parquoy user lui convient contre sa propre nature, car, par deffaulte de lieu tenebreus, il habite de jour en la clarté du soleil, qui lui oste son beguinage. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 27).

B. -

"Deuil"

Rem. Sens enregistré par FEW 15/1, 87b (1498, Vox 6, 164) ; correspond au breton begin "deuil". V. béguin1
 

"Dévotion" : ...et souvant il avoit telz aultres menuz offices de beguinageries [var. beurnageries, bournagerie] (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 761).
 

A. -

"Religieuse (célibataire ou veuve) vivant en communauté sous des règles monastiques, mais sans avoir prononcé de voeux, en particulier dans les pays rhénans" : Jehanne des Granches, béguine, pour un orfrois à ladicte chasuble avec un parement pour nappes d'autel (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 296). "Reprens tu les habiz a roynes, a damez, a damoiselles ? Veulz tu qu'ellez soient vestues comme femmes de village ou comme beguinez ? " Response : je ne reprouve que l'excez et l'abuz et l'orgueil et le mal acquest. (GERS., Annonc., a.1400, 238). ...à ceulz des Blans-Manteaux, de ung sextier, aux Beguines, d'un sextier, aux Bonnes Femmes de Sainte-Avoye, d'un sextier (FAUQ., I, 1417-1420, 378). ...damoiselle Jehanne de Le Hessche, beghine à Courtray (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 531). Les nonnains et les jacobines, Les cordelieres et beguines, Feras tout employer leur cure, Nuyt et jour, du tout en luxure, En paresce et en glotonnie (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 4). ...Odelliatte la beguinne (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1335], 126).

Rem. Forme benigne : La maistresse benigne la mist en la plus belle chambre de leans et tres bien ordonnee et richement, et lui bailla quatre damoyselles pour la servir. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 4).

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Oublie de beguine : [Habitudes alimentaires des Ecossais] ...qant il ont tant mengié de char mal quite que lor estomac samble estre wape et afoiblis, il jettent celle plate piere ou feu et destemprent un petit de leur farine de iaue. Et qant leur piere est escaufee, il jettent de celle clere paste sus celle caude piere et en font un petit tourtiel a maniere de une oublie de begine et le menguent pour conforter lor estomach. (FROISS., Chron. D., p.1400, 127).

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Orfroi de beguine. V. orfroi

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"Religieuse garde-malade" : Une beguine me convient Avoir qui me sache garder. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 240).

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Péj. Confesseur de beguines : Haro, comme il a la cher blainche ! Quel conffesseur de beguynes ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 210).

B. -

[Avec une valeur dépréciative] "Dévote, hypocrite"

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[Associé à papelarde] : ...c'est une beguine, c'est une papelarde, dient les les autres, qui ne sont si bonnes comme celles qui se jeuent voulentiers et sont esclatieres, et qu'il n'est si male eaue comme la coye. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 340). ...Sotes, beguinez, pappelardes, Ennemyez de gent mundaine (Moralité 1427 B.B., 1428, 124).

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[Associé à Turlupin, Turlupine ("hérétique de vie dissolue")] : Item, aux Freres mendïans, Aux Devotes et aux Beguines, Tant de Paris que d'Orleans, Tant Turlupins que Turlupines, De graces souppes jacoppines Et flans leur faiz oblacïon, Et puis aprés, soubz ces courtines, Parler de contemplacïon. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 97).

C. -

"Mendiante (?)" : ...S'ay laissiet le royalme dont doy estre roÿne, Et m'en suy affuïe comme povre beguine [var. meschine], Car j'ay plus chier a estre en bien povre doctrine, Et vous servir tousjours de pensee enterine, Qu'estre dame royaux tenant noble saisine (Belle Hélène Const. R., c.1350, 175).

Rem. Sens étymologique selon Brück, Z. rom. Philol. 40, 1920, 690-691, mais contesté ; cf. aussi Gamillscheg, Z. rom. Philol. 40, 1920, 139. La var. meschine donne à penser que le sens est celui de "pauvre fille".
 

"Genre de vie propre aux communautés de béguins ou de béguines" : L'an MIIIIc. et VI en ce tiermine Avint par dedens France une discipline Par ceux qui le deussent garder de ce beguine. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 259).
 

"Faire la dévote" : ...vielle contagieuse [une vieille femme médisante], Voulez vous donc gouverner la contrée, En beguinant faire la precieuse, Pour empescher toute vie amoureuse ? Ardoir puist l'en femme de tel merrien ! (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 235).
 

"Petit béguin, bonnet pour bébé" : Sçavez vous point pour quoy ung asne A si grans oreilles, beau pere ? Non dea ! C'est pour ce que sa mere, Du temps qu'il estoit bien jeunet, Ne luy myt point de beguynet Pour sarrer ung petit sa teste. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.7885).

Rem. Aussi Doc. XVe s. In : É. Roy, "Un régime de santé du XVe siècle" dans Mélanges offerts à M. Émile Picot, 1, 1913, 155 (Et soit sa teste [de l'enfant] bien couverte d'un beguinet d'iver, et d'un bonnet double par nuit). Cf. M. Beaulieu, J. Baylé, Le Cost. en Bourg. de Ph. le Hardi à Ch. le Téméraire, 1956, 118.
 

[Dimin. de beguine¹] : Messeigneurs de l'eglise, seculers et regulers, religieux possessans et mendians, soeurettes et beghinettes, à solennelle procession, se mirent en ordonnance pour eulx humilier devant la majesté imperiale (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 526). Il fut plouré et regretté de justes devotes personnes, religieux, religieuses, possessans et mendians, beguinettes et soeurettes, ausquelz il eslargy de ses biens grandement. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 518).
 

Péj. "Bigot" : Les gens de bien fault laisser miserables Et les juger bigars [var. bigotz] et ypocrites (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 97).

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Subst. : Ne veez vous comme par le monde La foy crestienne il redonde, Et n'y a ville ne cité Qu'il n'y ait tresgrant quantité De crestiens et de bigars Qui en partent de toutes pars ? Car maintenant, pour deux payens, Ilz sont neuf ou dix crestiens (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 139). Et s'il est aucun qui vueille autrement vivre, il est desprisé, et le juge on indigne de compaignie honnorable. Et les appellent pluseurs bigars [var. bigotz], disant qu'ilz sont sotz et que la felicité eternelle est mieulx pour les mondains fortunéz que pour les infortunéz. Car, font ilz, qui n'aura ja dez biens en ce monde n'aura ja que mal en l'autre. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 122).

REM. Peut-être est-ce le même mot que begard. Cf. Z. fr. Spr. Lit. 64, 1940-1942, 49-50 (rejet de cette hypothèse, mais sans discussion).

V. aussi bigoras
 

"Comportement de bigard" : Vous louez, ferez vous adoncques, Tel homme de sa predommie, Et quel bien apperceust on oncques En lui, fors toute bigardie ? Je confesse qu'il se humilie, Car il est a cela bien duyt. Mais ne vous y abusez mie ; Tout n'est pas or quanque reluit. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 76). [Seul ex.]
 

Péj. "Bigot" : ...veant les aultres devant eulx estre sceurement passés par desrision disrent : "Se ces bigoras [var. bigaras] et ypocrites ont passé sceurement, pourquoy n'y passerons nous ?" et ainsy presomptueussement se bouterent en la riviere en laquele ilz demorerent et fusrent noyés. (PIERRE DE REIMS, Vie ste Colette U.A., 1447, 94).

V. aussi bigard
 

"Coiffé d'un bonnet comparable à celui des béguines" : Dessus laquelle tombe avoit ung parsonnage d'un philosophe avecque une grant barbe, enbeguiné, et dessus son beguin avoit ung gent chapelet d'or a fueilles de lorier (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris R., 1457, 193).

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[Dans un contexte parodique où le bonnet en cause est source de ridicule] "Ivre"

Rem. Doc. 1456 (le suppliant estoit enbeguiné, qui estoit a dire qu'il estoit yvre) ds GD III, 28c.