C.N.R.S.
 
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 Article 1/2 
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     NON-RECEVOIR     
FEW X recipere
NON-RECEVOIR, subst. masc.
[FEW X, 145a : recipere ; TLF : VIII, 903b : fin1]

A. -

Fin de non-recevoir. "Défaut de recevabilité juridique" : Voulons et ordonnons que les procez qui pourront estre expédiez et jugez par droict et par fin de non-recevoir, soyent expédiez et jugez par tous les Juges de nostre royaume (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1454, 312).

B. -

"Refus" : A la fin de non recevoir Trop bien recevables estoient, Comme vrais heritiers (Les Erreurs du Jugement de la Belle dame sans mercy, éd. A. Piaget, a.1500. In : Romania 33, 1904, 195).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 2/2 
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     RECEVOIR     
FEW X recipere
RECEVOIR, verbe
[T-L : recevoir ; GD : reçoivre ; GDC : recevoir ; DÉCT : recevoir ; FEW X, 145a : recipere ; TLF : XIV, 493a : recevoir]

I. -

[Avec un sens actif ; le suj. est un agent]

A. -

Recevoir qqn. "Accueillir qqn"

 

1.

"Accueillir qqn, laisser entrer ou venir à soi (qqn qui arrive, qui se présente)" : ...a Paris en irons (...), Savoir se serons receu Du roy (Mir. Amis, c.1365, 8). ...et d'illec les mena devant l'uis de Denisot Le Paintre, lequel il fist lever de son lit, qui semblablement ne le volt recevoir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 504). ...il se transporta ou Chastellet de Paris et, en son propre et privé nom, passa par devant les dessus nommez notaires une quittance faisant mencion comme il avoit receu et quitté certaine personne de tout ce qu'ilz povoient avoir eu afaire ensemble (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 489). ...il entra et la trouva toute seulle ; laquelle le receut et luy fist tresbonne chere (C.N.N., c.1456-1467, 389).

 

-

Recevoir l'un l'autre : ...et si receurent l'un l'autre sans autre parlement. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 15).

 

-

"Accueillir qqn (de telle ou telle manière)" : ...aussi tost qu'elle nous aperçut, Nous salua, et puis biau nous reçut. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112). Beau les ressut (Vie st Evroul S., c.1350, 150). Et estoient tous revestis Li chanoinnes, grans et petis, Richement de chapes de soie. Tant fu receüs à grant joie, Tant aourez, tant conjouis, Que depuis le temps saint Loys, Quant en France revint de Tunes Et qu'il ot rapaisié les dunes De la mer, ne fu telement Roys veüs, ne si richement. (MACH., P. Alex., p.1369, 34). Là fu liement receüs ; Honnourez, servis et veüs Fu d'elles, en fais et en dis, Que ce li sambloit paradis ; N'ailleurs ne vosist jamais estre, Fors en ce paradis terrestre. (MACH., P. Alex., p.1369, 35). De là en Cracoe arriverent, Où les roys dessus dis trouverent, Qui à l'encontre leur venirent, Et moult grant joie leur feïrent. Comment il furent reçeü Honnouré, servi et peü De pain, de vin et de vitaille, De toute volille et d'aumaille, De poissons et d'autre viande (MACH., P. Alex., p.1369, 39). Quant li roys le prince a veü Moult liement l'a receü, Et tous ceuls qui o li estoient Qui de la besongne venoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 171). ...Li amiraus d'Alexandrie Leur envoia par courtoisie De sa maisnie et de sa gent Qui les reçurent bel et gent Et moult tres honnourablement ; Et s'avoient commandement Qu'on les menast en leurs hostels. (MACH., P. Alex., p.1369, 188). Sy vint a la ville de Wirtunache, ou il fut benignement reçuyt de Hildebrant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 18). Mais, maulgré tous, à grant noblesse Y fu receu (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 37). ...[ils] s'adrecerent au maistre d'ostel du seigneur, qui estoit ung ancien escuyer, qui les receut, comme estrangiers, treslyement et honorablement. (C.N.N., c.1456-1467, 172).

 

.

[Avec réf. à l'idée de bienvenue] : Vous soiez li tres bien venus, Et à grant joie receüs, Car je croy de vostre retour Que Dieux l'a fait pour le millour. (MACH., P. Alex., p.1369, 114). ...il fut doulcement receu et de madame humblement bienvenu. (C.N.N., c.1456-1467, 47). ...son hostesse luy vint au devant, et tresgracieusement, comme elle estoit coustumiere de ce faire, le receut et bienviengna (C.N.N., c.1456-1467, 431).

 

.

En partic. "Accueillir selon les usages, avec les honneurs" : Son clergié manda et leur monstre Que il facent processions De toutes les religions ; Qu'einsi vuet le roy recevoir, Pour faire vers li son devoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 34). ...ilx estoient plus de Vm à Paris tous prests à le recevoir [le duc de Bourgogne] et ly ouvrir la porte de Montmartre (BAYE, II, 1411-1417, 229). ...lesquelz [ducs et comtes] furent moult joyeusement et honnorablement receuz en la ville de Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 389). ...a madicte dame la royne convint se partir de Napples et soy retraire en Prouvence, qui a tresgrant honneur et reverence, comme leur dame, la recepurent. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 184). La fut receu joyeusement et bien En grant triumphe et grant solemnité, Voire selon leur possibilité : Et se monstrerent envers luy gens de bien. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 194).

 

2.

[Contexte religieux] "Accueillir (Dieu, le Christ, en partic. dans l'Eucharistie)" : ...Que Dieu veult que facien ceste euvre Pour plus dignement le reçoivre. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 223). Quatre foiz l'an, c'est assavoir a quatre nataulx, vous devez confesser [a vostre curé] du mains a quelque ung prestre ou religieux ayant sa puissance ; et si a chacune foiz receviez vostre createur, ce seroit tresbien fait. (C.N.N., c.1456-1467, 223). Aultre plaisance n'ay voulu Si n'est Jhesus toute ma vie. Jhesus en grant joye receu, Jhesus, vous donnés ad moy vie (Pass. Auv., 1477, 166).

 

-

Recevoir nostre / son sauveur. V. sauveur "Communier" : ...le jour De Pasques qu'il doit recevoir Son Sauveur (Liber Fort. G., 1346, 199).

 

-

Recevoir le saint sacrement. "Communier" : Tout aussi qui vuet recevoir Le saint sacrement et avoir, Lui et son cuer doit ordonner, Et sa maniere, à pardonner Toutes rancunes, tous meffais, Qu'on li a pourchacié et fais. (MACH., P. Alex., p.1369, 241).

 

-

Recevoir le corps Jésus-Christ. "Communier" : De la maniere de recepvoir et prendre le corps Jhesu Crist. (Somme abr., c.1477-1481, 95).

 

3.

P. ext.

 

a)

"Traiter" : ...[Monseigneur] se bouta ou lit avecques madame, qui le receut du demourant de l'escuier, qui s'en va son chemin (C.N.N., c.1456-1467, 114).

 

b)

"Recueillir" : Vulca[i]ns long temps la poursuï [Pallas] Et elle tousjours le fui. Li ennemis et li maufés Fu une fois si eschaufés Que son germe en terre espandi. La terre s'ouvri et fendi Et de ce la terre conçupt Un enfant que Pallas receupt. Eurithomon fu appellés. (MACH., Voir, 1364, 692). Tantost aprés, sans gueres babiller, Present sa mere, le roy pour sa plaisance Tous ses habitz luy fist desabiller, Et rabiller a la mode de France, Signifïant qu'en seure et saulvegarde Le recevoit soubz son royal sejour, Ses gens aussi, qui la façon lombarde En leurs habitz laisserent des ce jour. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 184).

 

c)

"Accueillir (des ennemis, comme des ennemis)" : ...les paiis marchissans les doiient deffendre ["doivent leur interdire l'entrée"] et reçoire si com leurs anemis. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 356). Aprés disner de partir luy convint Pour s'en aller auprés de la parquer, Deliberé de Lombars estoquer Mieulx que jamais s'il en estoit besoing. Et pour ce faire, il print curïeux soing De recevoir en bataille rengee Ses ennemis, qui n'estoient pas loing, Et donner ordre a toute son armee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 279).

 

d)

Empl. pronom. Se recevoir qq. part. "Se réfugier qq. part" : Et comme il vit lieus convenables a refuite, il y tendi ses tentes affin que s'il estoit besoing il se receust dedens elles. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 91).

B. -

En partic.

 

1.

"Accueillir qqn en l'admettant (auprès de soi, dans tel ou tel groupe, dans une communauté...)" : C'est qu'en toy n'aies si grant vice Que ta dame cuides si nice Qu'elle n'ait bien aperceü Qu'Amours t'a pris et receü En sa douce religion Pour parfaire profession, Sans penser avoir, ne remort, Que n'i soies jusqu'a la mort, Et qu'il li plaist bien que siens soies. (MACH., R. Fort., c.1341, 70). ...Quant tant valour avez et pris, Cuer loial, volenté seüre, Vray desir et pensée pure, Et quant vo dame avez servi Si que vous avez desservi La grace d'estre receüs Et mis avec les esleüs Qui de loyauté sont paré Et de fausseté separé. (MACH., D. Lyon, 1342, 222). ...je vous jure en verité Que se la voulez recevoir [la nonne] Je devenray moine pour voir Sanz demourée. (Mir. nonne, 1345, 349). Amilles n'a ci nul parage ; Je m'offre pour li en hostage Et ma fille ; or nous recevez : Refuser pas ne nous devez. (Mir. Amis, c.1365, 29). Après messires Jehans Pastés, Uns chevaliers qui s'est hastés D'entrer en la maison d'onneur ; Car bien scevent grant et meneur Qu'il a toudis quis dès s'enfance Pris, honneur, armes et vaillance ; Et tant a fait que receüs Est eu nombre des esleüs, Car son grant bien bon le parfait De cuer, de pensée et de fait ; Et monsigneur Guy le Baveus, Qui n'est mie de li mains preus. (MACH., P. Alex., p.1369, 139). Et li disoit : "De Dieu ancelle, Vierge, glorieuse pucelle, Vierge pucelle, vierge mere, Mere dou fil, et fille au pere, M'amour, ma deesse, ma dame, Au jour d'ui recevez mon ame Et metez en vo compaingnie." Et à ce mot perdi la vie. (MACH., P. Alex., p.1369, 271). Et saint Jherome en une epistre De Monogamie met comment en la lay des ydolatres les bigamez ne povoient estre prestres, et comment en Egypte, en aucuns sacrefices, il ne estoient pas receuz (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 307). Dame, respondirent les anciens pers, nous recevons vostre champion pour deffendre le droit du jouvencel. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 298). Pour ce vous prie que (...) vous tenez un pas entre Gravelingnes et Calaiz, ou n'a que trois lieues et tout plain chemin pour recevoir a la jouste de guerre un chevalier ou escuier (LA SALE, J.S., 1456, 173). Et aprés ce faict partit Pierre de Valetaut, grant mareschal des logis du roy en tout son voyage de Naples, pour aller au devant des Suysses et Allemans que le baillyf de Dyjon et aultres estoient allez querir es Allemaignes, pour les recevoir et faire leurs monstres, parce qu'il parloit et sçavoit bien leur langaige. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 301).

 

-

"Admettre auprès de soi" : ...Amera aussi une dame Sans mal penser et sans diffame ; Et se li fera a savoir. Et quant elle en sara le voir, Volentiers le recevera Et s'amour li ottriera Liement, sans faire dangier. (MACH., J. R. Nav., 1349, 171).

 

-

[D'une femme] Recevoir un homme. "Accueillir, admettre en soi" : ...les hommes ne sont pas tousjours au point de ce faire et les femmes sont toujours prestes de les recepvoir (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 103).

 

-

"Accueillir, admettre au royaume des cieux" : ...tous sumes appellés mais tous ne submez point dignes d'estre receulx (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281).

 

-

Inf. subst. "Action ou fait de recevoir qqn, d'être reçu" : Car je n'ay pas hardement dou rouver, Pour ce que po sui dignes, à voir dire, Dou recevoir ; et si doy moult doubter Et moy garder que ne m'oie escondire, Car s'il avenoit einsi, Vous ociriés vostre loyal ami, Tres douce dame ; et vous savés bien tant Qu'assez rueve qui se va complaingnant. (MACH., L. dames, 1377, 164). Jamés nesung povre servant N'eult tant de mal a recepvoir ["dans son action pour être reçu"] (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 161).

 

2.

"Accueillir qqn en l'admettant (dans une charge, dans une fonction...), installer qqn (dans une charge, dans une fonction...)" : ...moy, Aleaume Cachemarée, fu receu et institué en lieu de maistre Andry le Preux, clerc de noble homme mons. Jehan, seigneur de Foleville, chevalier, conseillier du roy nostre sire et garde de la prevoté de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 1). Tandem la Court, acerteinnée de la volenté et ordonnance du Roy en son Grant Conseil, a receu ledit Chastelmorant qui a fait le serment acoustumé. (BAYE, II, 1411-1417, 9). Maistre Jehan de Vouton, qui estoit conseillier lay en la Chambre des Enquestes, a esté receu en la Grant Chambre pour y deservir son office de conseillier. (FAUQ., I, 1417-1420, 165).

 

-

Recevoir qqn à / en (un) office. "Accueillir qqn en l'admettant à un office" : Messire Guy d'Autré (...) requiert estre receu à office de seneschal de Rouergue. (BAYE, II, 1411-1417, 98). Ce jour, messire Claude de Beauvair, segneur de Chasteluz, a esté receu en office de mareschal de France, ou lieu de messire Pierre de Montfort (FAUQ., I, 1417-1420, 165). Le jour dessusdit, maistre Jehan de Saulz fu receu en office de conseillier en la Chambre des Enquestes, et fist le serement acoustumé. (FAUQ., I, 1417-1420, 192).

 

3.

"Accueillir (l'ennemi) en acceptant sa reddition" : "Françoys, nous noz rendons et voulons nous cristineir et croire Dieu !" Atant les receupt Ogier et puis sont alleiz dedens la cité (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 145).

 

4.

Recevoir (un enfant) des fonts. "Tenir (un enfant) sur les fonts ; être son parrain ou sa marraine" : L'aultre [cognation spirituelle] est dicte paternité, et ceste est entendue entre cellui qui est receu des fons et cellui qui le rechoit, soit masle ou femelle. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56). L'autre compaternité est indirecte, quant l'un des mariéz, puisque ilz sont fais une char, rechoit le filz d'aultres personnes. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56). Response : il ne puet contraire [mariage] avec celle, car c'est sa fille espirituele comme celle qu'il rechoit. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

 

-

Part. prés. en empl. subst. Le recevant. "Celui qui tient un enfant sur les fonts ; parrain ; marraine (par rapport au reçu)" : Exemple : Pierre prestre baptise Katherine. Anthoine le rechoit et donne le nom. Le baptisant, le recepvant, le nommant est pere espirituel, et entre telz est contraite cognation espirituele (Sacr. mar., c.1477-1481, 54).

 

-

Part. passé en empl. subst. Le reçu. "Celui qui est tenu sur les fonts ; filleul (par rapport au recevant)" : Reste a parler de la compaternité qui est attendue entre le suscipient et recepvant et le receut, id est entre le pere espirituel ou entre la mere espirituele et le filz espirituel. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

C. -

Recevoir qqn (+ compl. prép. ou attrib. de l'obj.). "Admettre, accepter, agréer qqn. (pour, comme...), autoriser qqn à"

 

1.

"Admettre, accepter, agréer qqn."

 

a)

[À qqc.]

 

-

Recevoir qqn à foi et hommage. "Agréer le serment de fidélité de qqn" : ...et que le Roy le receust à foy et homage (BAYE, I, 1400-1410, 267).

 

-

DR. FÉOD. Recevoir qqn à homme. "Admettre qqn en qualité de vassal" : ...ont baillié et baillent a leurs dessusdis procureurs povoir de eulx en devestir et desmettre de l'ommaige par devant les seigneurs ou justice des lieux ou ainsy qu'ilz appartendra, consentir les acheteurs ou acheteur en estre recheuz a homme (Trés. Reth. L., t.3, 1476, 546).

 

-

Recevoir qqn à sa merci. "Accepter de pardonner à qqn" : Et se aucun d'eulz se repent de son tort et fait consceince, comme bon crestien, alors nous le recevons a nostre mercy, ou de son juge, se le cas le requiert, devant qu'il ait combatu, pour lui donner penitance et ordonner a nostre bon plaisir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 219).

 

-

Recevoir qqn à son obedience. "Admettre qqn dans son obédience" : ...et ilh les rechuroit ["recevrait"] à son obedienche. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 512).

 

-

Estre reçu à + inf. "Être admis à" : Et pensez que j'en suis esmeu, Dont devers luy [le roi] je n'ose aller ; Mes par vous je seray receu A pardon et a grace avoir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 615).

 

-

Recevoir qqn à estre + attr.. "Admettre que qqn soit" : Et a cest propos dient les hystoires que une foiz les Lacedemoniens ne vouloient recevoir un a estre roy pource que il estoit boisteus (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 156).

 

-

Recevoir qqn aux gages. "Engager qqn (un homme d'armes)"

 

Rem. Doc. 1353 ds Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 90, 91, n.35.

 

b)

[En qqc.]

 

-

Recevoir qqn en (sa) grace : Ainsi vi l'ymage descripte De Fortune, qui trop despite, Het, honnit, destruit et deçoipt Tous ceulz qu'en sa grace reçoipt (MACH., Voir, 1364, 716). Le dragier prist et la touaille, Au bon roy vint et se li baille ; Et à un genouil le servi Et encor li cria mercy. Et li bons roys qui bien perçut Son cuer en grace le reçut. Einsi fu la pais acordée Et dou saint pere confermée. (MACH., P. Alex., p.1369, 245). Et puis qu'Amours à ce mis M'a que je sui vos fins loiaus amis, Dame, vueilliez en grace recevoir Moy qui tous sui vostres sens decevoir. (MACH., L. dames, 1377, 232).

 

-

[De Dieu] Recevoir qqn en sa gloire : CLOTILDE. Chier sire, je rens de ce fait Graces a Dieu quant m'a fait digne (...) Qu'en sa gloire mon premier hoir A deigné prendre et recevoir (Mir. Clov., c.1381, 244).

 

-

Recevoir qqn en son service : ...lequel le roy voulentiers le receut en son service (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 372).

 

c)

Recevoir qqn (+ attr. obj.). "Admettre, accepter qqn en qualité de" : ...Et par leur fausse contenence, Par negligence et par errour, Par leur faus plaint, par leur faus plour Et par leur faus contenement, Que les dames moult bonnement Pour leurs amis les recevoient, Pour ce qu'a loiaus les tenoient, S'en portoient le guerredon, Et li loial de guerre don. (MACH., D. Lyon, 1342, 200). Dont aucunes fois avenoit Que joie et bien leur en venoit Et qu'il estoient receü Com loyal ami esleü, De leur dame amé et cheri Et sus tous autres encheri. (MACH., D. Lyon, 1342, 211). Mais sa renommée qui court Par tous païs, par tous chemins, L'essaussa tant que les Hermins L'ont pour leur signeur esleü, Pris et nommé et receü, Nom pas en sa propre personne, Mais chascuns d'eaus sa vois li donne, À tous jours perpetuelment Et de commun assentement. (MACH., P. Alex., p.1369, 222). ...mais puis qu'a mercy M'a pris celle qui part de cy, Et m'a pour ami receu, Ne m'en chaut de mal qu'aie eu (Mir. emper. Romme, 1369, 261). Par laquelle chose les seigneurs et barons dudit royaume (...) le receurent a leur roy oultre le voulloir de l'esglise, par la grant faveur et amistié que par dons et promesses il les avoit tous a soy accordez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 172). Car, comme ilz disoient, ilz se donnoyent a luy, le recevant et prenant pour leur roy, seul seigneur et vray protecteur ; ce qu'il leur fut accordé. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 272).

 

-

En partic. [Dans une fonction] : Ce jour, maistre Guillaume de Launoy a esté receu conseiller du Roy en la Chambre des Enquestes ou lieu de feu maistre Guillaume Liroiz (BAYE, I, 1400-1410, 28). Ce jour, maistre Jehan de Gaucourt, frere et procureur de messire Raoul de Gaucourt, s'est opposé à ce que aucun soit receu en bailli de Rouen sans l'oir. (FAUQ., I, 1417-1420, 29). ...Robert Bourree, lequel mondit seigneur qui à present est, a semblablement, confians de ses sens, loyauté et bonne diligence, retenu et receu en clerc en sadicte Chambre des comptes à Lille, auxdiz gaiges de 50 frans par an (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 511).

 

d)

Recevoir qqn par mariage. "Accepter d'épouser" : [Polyphème à Galatée] Suer belle, vers moi ne t'orgueille, Ma[i]s me reçoi par mariage, Car estrais sui de grant parage Et telz que bien me dois amer : Je sui filz au dieu de la mer, En mon pere auras bon signour, Tu ne pues avoir nul grignour. (MACH., Voir, 1364, 640).

 

2.

"Autoriser qqn à"

 

-

Recevoir qqn à finance. "Autoriser qqn à composer, moyennant une somme d'argent" : Et après sur ce se soit trait par devers nous (...) le sire de Partenay, (...) et nous ait moult humblement supplié que nous au dit chevalier feissiens grace, ad fin d'eschiver plus grans travaux ne escandele n'en peust estre aus amys du dit chevalier, ne à li meismes, nous le vousissons recevoir à finance ou composicion sur les diz cas, proposez contre li. (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 118).

 

-

Recevoir qqn à opposition. "Autoriser qqn à faire opposition en justice" : Chastelmorant persevere en sa requeste, ut supra, et dit que se Chastelluz a lettres d'estre receu à opposition, elles sont de date precedent les siennes. (BAYE, II, 1411-1417, 9). ...et fu dist que se ledit de Bourmont venoit et obtenoit lettres pour estre receu à opposicion, il seroit ouy et feroit la Court droit aux parties. (FAUQ., I, 1417-1420, 46).

 

-

Recevoir qqn à + inf. "Autoriser qqn à + inf." : Et après plusieurs altercacions eues et dittes entre ledit maistre Jehan Truquan et icelli juif, ledit Salmon, juif, requist instanment et humblement que l'en le volsist recevoir à soy chrestienner et baptisier, à laquelle requeste et peticion dudit Salmon fu obey par ledit lieutenant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 52). ...il fu presenté audit duc, disant qu'il estoit personne aagée et souffisant pour le servir et soy armer, et que à le servir il voulsist lui qui parle recevoir, et lui fere faire le serement en tel cas acoustumé. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 186). Ce jour, la Court a ordonné (...) que aus jours de Troies ne seront point admiz ne receuz à seoir avec messeigneurs du Conseil du Roy aucuns religieus, abbez ou autres (BAYE, I, 1400-1410, 33). Messire J. d'Aunoy, chevalier, a requis l'enterinement de certeinnes lettres par lesquelles le Roy lui donne le bailliage de Troyes (...) et a requiz qu'il soit receu à faire le serment (BAYE, I, 1400-1410, 317). ...la Court appointa que ledit maistre Guillaume seroit receu à prouver ledit appel (FAUQ., I, 1417-1420, 222). ...que nul ne feust receu a vendre ne acheter en icelle [dans cette province] (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 217).

D. -

Recevoir qqc.

 

1.

"Reprendre, recouvrer"

 

-

"Reprendre (ce qu'on a prêté)" : Fortune (...) trop pou de fois est estable, ains souvent reçoit les honneurs et biens mondains que elle a prestez (Bouciquaut L., 1409, 437).

 

-

"Recouvrer" : Cardenois fiert sur ly tant grant coup qu'il li rompist le heaume sur la teste (...) tant qu'il alloit chainchelant, et li laissa reçoivrre force et alaine. (Cardenois C., c.1380-1400, 91). ...ains qu'ilz eurent receue et recouvree leur memoire (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 142).

 

2.

"Prendre"

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une chose comestible] "Prendre" : Et, s'aucun prenoit appétit À mengier poisson un petit, Il le doit prendre et recevoir En tant qu'il peut, à dire voir, De bonnes eaues et mondes Et mesmement des plus parfondes (LA HAYE, P. peste, 1426, 93).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une médication] : Es agues maladies, pou et ou commencement, user de medecine laxative ; advient il que le phisicien doie donner medecines, a grant jugement il doit considerer se le corps est abille a la recevoir ou non. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 57). ...souvent se faindoit malade pour recevoir la medicine. (C.N.N., c.1456-1467, 517).

 

-

Recevoir repos. "Prendre du repos" : Sy cuide de vray, s'ilz en estoient aucunement advertis, que jamais nul repos recevroyent, sy seroient vengiés. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 142).

 

3.

"Recueillir (un liquide)" : A cestui ci (...) La gorge en l'eure copperay, Et en ce bacin recevray Le sanc qui de li ystera. (Mir. Amis, c.1365, 60). ...et faictes que vous hayés casses belles et tresbien nectes et mectés dessoubz pour recivre le sang (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 162).

 

4.

"Accueillir qqc. (une chose plus abstr.)" : Mais la teste encline comme ours Recevoie son dous voloir, Fust de joie, fust de doloir, Humblement comme amis parfais Amoureus par dis et par fais. (MACH., R. Fort., c.1341, 15). Encores li renouvelay Et li donnay le cuer de my, Corps, foy et loiauté d'amy A tous jours mais, sans dessevrer, Tant que mors m'en fera sevrer. Et elle les reçut et prist, Dont mon cuer de grant joie esprist. (MACH., R. Fort., c.1341, 142). Et pour c'einsi com je l'ay dit, Pechiez d'envie si laidit Celui qui en li le reçoit, Que trop fort l'empire et deçoit. (MACH., D. Lyon, 1342, 228). Et ne demeure pas seur voie, Car mon signeur le vuet avoir, Sans nul essoinne recevoir. Di li bien qu'il n'en faille mie ; Car s'il en faut, je sui honnie Et en peril de perdre honneur Et la grace de mon signeur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 236). Quant il ot finé s'orison, En parfaite devotion Des plours de son cuer arousee Et de parfons soupirs sevree, En recongnoissant son delit Et son droit Dieu, tant abelit A Dieu qu'il oy sa priere Et la reçut en tel maniere Que de prison le deslia, Et telle amour moustré li a Qu'en son roiaume a grant honnour Le remist com roy et signour. (MACH., C. ami, 1357, 55). Et puis elle fist sacrefice De buef, de tor ou de genice, À trestous les dieus qui là furent Et aus deesses. Si reçurent Son sacrefice en si bon gre Que li enfes en haut degré En fu ; c'est chose veritable, Ne say se le tenez à fable. (MACH., P. Alex., p.1369, 4). [j']ose et presume ce present petit oeuvre (...) vous presenter et offrir ; suppliant treshumblement que agreablement soit receu (C.N.N., c.1456-1467, 22). ...frere Eustace reçoit le disme de ceans (C.N.N., c.1456-1467, 219). ...quoy que le pouvre homme feist bien la besoigne (...) n'estoit euvre qu'il fist agreablement receu (C.N.N., c.1456-1467, 470).

 

-

Recevoir qqc. à / en (bon) gré : Dame du ciel et de la terre, Ce que de cuer dy et de voix Recevez en gré. (Mir. march. juif, c.1377, 176). Vieng, Sire, je te pri, en moy, par quoy je te sente dedanz mon corps. La confession de ma bouche reçoif a bon gré (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 33). Tres hault et tres noble prince, ta grant magnificence n'ait à despris l'escripture de ta servante et humble creature de bon vouloir meue et pure affection du bien de ta digne personne, ains vueille l'umaine clemence de ton noble courage le recevoir en gre. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 60).

 

-

Recevoir qqc. à bon : ...sy receurent son excusacion a bonne (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 398). Et je receus le don a bon (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 226).

 

5.

"Recueillir qqc. (un témoignage, un serment...)" : Et fu ordonné (...) que l'en recevroit les presentations du bailliage de Vermendoiz decy à dimenche inclusive (BAYE, I, 1400-1410, 339). Et avons de lui, acceptant ceste charge, receu le serement à ce appartenant. (FAUQ., II, 1421-1430, 62). ...et oultre [les conseillers du Parlement de Paris] ont conclu de oyr jeudi prochain les plaidoieries et recevoir les procès des bailliages dont les presentacions sont escheues. (FAUQ., III, 1431-1435, 87).

 

-

Recevoir la montre. "Enregistrer les hommes d'armes et leurs gages, passer en revue les troupes" : ...le mareschal doit recevoir les monstres (Un traité d'héraldique inédit, éd. L. Houwen, M. Gosman, c.1435-1449. In : Romania 112, 1991, 493).

 

Rem. Doc. 1364 ds Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 90.

 

-

Recevoir doctrine : Doctrine reçoive humblement ; Mais bien se gart qu'il continue, Car science envis retenue Est et de legier oubliée, Quant elle n'est continuée. (MACH., R. Fort., c.1341, 2).

 

6.

"Accepter qqc. (un office, la bataille...)"

 

-

Recevoir un office : ...combien que aucuns grans hommes ou temps jadis eussent refusé offices publiques, les autres les eussent receuz, comme Jeremie qui les refusa pour vaquer à contemplation, et Ysaie les receut pour laborer au bien publique (BAYE, II, 1411-1417, 131).

 

-

Recevoir la bataille. "Accepter la bataille, livrer bataille" : Lors fust ordonné que chascun s'apareillast pour la bataille recepvoir (LA SALE, Sale D., 1451, 83).

 

7.

"Admettre qqc., considérer qqc. comme admissible" : ...ce que raison reçoit et acorde pour causes certaines... (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 100). Et devra donques la foy crestianne acorder et recevoir estre dit de Dieu ce que mauvaistié des paians pas ne veult recevoir (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 168). ...mes pour ce que communement l'en entent par siecle duracion successive, et par ciel quantité corporelle, telle maniere de parler comme dit est ne est pas a recevoir, car l'en ne doit pas dire que Dieu est siecle ne que Dieu est ciel, et il le convendroit pour ce que Dieu est son eternité et son immensité. (ORESME, C.M., c.1377, 270). ...Sans apocriphe recevoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 34).

E. -

DR. "Accepter comme recevable" : Cedit jour, a esté defendu au graphier que il ne reçoive nul accort à passer sanz le congié et consentement de la Court. (BAYE, I, 1400-1410, 84). Avant les Plaidoiries, fu dit au graphier que certain accort, que messire Pierre de Craon, Anthoinne, son filz, et le sire de Honcourt requeroient estre receu et passé ceans, n'y seroit point passé ne receu, maiz alassent les parties ou Chastellet le passer, se bon leur sembloit. (BAYE, I, 1400-1410, 145). Par l'ordonnance du Conseil du Roy et de monseigneur le Dauphin furent receues et ouvertes les bulles du Pape Martin esleu à Constances (FAUQ., I, 1417-1420, 115). ...le procès a esté receu pour juger [la cause étant suffisamment instruite]. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 22).

 

-

Recevoir qqn (comme). "Accepter qqn en tant que plaignant" : ...icelles dames du Conseil par leurs sentences dirent et desclairerent que cest amoureux demandeur ne faisoit a recepvoir come complaignant et que a tort il s'estoit dolu et complaint (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 56). En amandant le jugement la court dit que le dict complaignant est bien a recepvoir et que a juste cause il s'est dolu et complaint (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 57). Et disoit que les dits heritiers ne faisoient a recepvoir et que, s'ils estoient recevables, si estoit elle en voie d'absolucion et demandoit despens. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 59).

 

-

Inf. subst. DR. Fin de non recevoir. "Disposition tendant à présenter la partie adverse comme non recevable dans sa demande" : Thomas Overton, au contraire, dit et emploie ce qu'il a dit et proposé en ladicte cause contre messire Jehan Fastolf, et conclut à fin de non recevoir et d'absolution (FAUQ., III, 1431-1435, 98). Le procureur du Roy dit que le calice n'est mie au cordelier, qui a confessé que le calice est à une personne qui l'a chargié en confession d'en faire restitution, et, se besoing est, la Court laye en fera bien restitution, si conclut afin de non recevoir. (FAUQ., III, 1431-1435, 126). Sy concluoit la dicte dame par ces moyens affin de non recevoir et d'absolucion. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 91). ...et conclud a fin de non recevoir (Doc. 1466. In : Ch. Samaran, Bibl. Éc. Chartes 104, 1943, 23).

II. -

[Avec un sens passif ; le suj. est le siège de qqc.]

A. -

Recevoir un nouveau-né. "Recueillir un nouveau-né, le prendre dans ses mains" : Et brief temps après elle eut enfant par nuyt, en l'ostel d'icellui Jouaye, lequel receut le dit enfant, car il n'y avoit que eulx deux. Et tantost qu'il fust né, icellui Jouaye mist ledit enfant sur ung pou de paille, emmy ladicte maison. (Doc. Poitou G., t.8, 1447, 419). ...la fille acoucha, qui a la bonne heure d'une belle fille se delivra, dont elle fut tresemerveillée et courroucée, et sa tressimple mere et les voisines aussi, qui attendoient vrayement le saint Pere advenir recevoir. [Un ermite avait prévu que la jeune femme accoucherait d'un garçon appelé à devenir pape] (C.N.N., c.1456-1467, 104).

B. -

Recevoir qqc.

 

1.

"Être mis en possession de qqc."

 

a)

"Être mis en possession de qqc. (d'une chose concr.) par un envoi, un don..."

 

-

[Le compl. d'obj. désigne ce qui a été envoyé ou transmis] : Je reçus ceste lettre cy Droit en la ville de Crecy (MACH., Voir, 1364, 320). C'est la teneur de la lettre que le roy envoia pour response au signeur de Lesparre. "De par le roy de Iherusalem et de Chypre. Florimont, sire de Lespaire, nous avons reçeu et veu unes lettres les queles vous nous avez envoiés..." (MACH., P. Alex., p.1369, 232). Mors ! vien à moy, si me prent, je t'apelle, Car j'aim trop miex morir prochainnement Que recevoir si crueuse nouvelle, Com de m'amour faire departement ; Car, sans cesser, mes maus trop aigrement Destreint mon cuer et le vient assaillir, Puis qu'il m'estuet de ma dame partir. (MACH., L. dames, 1377, 28). Et incontinant après ce qu'il ot receu lesdites lettres, le propre jour qu'il les ot receues, se parti de Paris pour icelles porter par devers ledit mons. le duc de Berry et sondit chancelier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 517). Ce jour, la Court a receu lettres royaulx patentes pour avancer les arrests de l'arcevesque de Senz. (BAYE, I, 1400-1410, 44). ...que doresmais en avant ils ne rechoivent de par ledit de Bourgoingne, ne de sesdiz adhérens et alliiés, aucunes lectres. Et s'aucunes estoient rechuptes, nous leur commandons qu'ilz n'y facent ouverture, publicacion ne lecture, ne responce quelconques. (Doc. 1414. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 156). Pour la recevoir [la tête de Jean-Baptiste] je suis preste. Maliferas, advance toy ! (Pass. Auv., 1477, 99).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne ce qui est offert] "Accepter, prendre" : ...Et si ot un petit chiennet Qu'eins ne vi si bel ne si net. Le don prisa moult hautement Et le reçut courtoisement En disant : "Vesci riche don. Bien est dignes de guerredon". (MACH., F. am., c.1361, 184). ...je sui dame et sui deesse D'avoir et de toute richesse, Se te ferai le plus riche homme, Se tu me vues donner la pomme, Qu'onques fust ne qui jamais soit. Fols est qui tel don ne reçoit. (MACH., F. am., c.1361, 217). Si les tira[des écus] de son sein et a l'evesque les bailla, qui les receut voluntiers. (C.N.N., c.1456-1467, 541).

 

-

Recevoir qqc. de qqn / de la main de qqn : Item, ceulz semblent estre et sont comunelment les plus liberals non pas qui ont acquises leur peccunes ou richesces, mais qui ont receü leur substance de autres. (ORESME, E.A., c.1370, 234). ...elle receut de sa main sa lettre dessus dicte. (C.N.N., c.1456-1467, 258).

 

-

Recevoir qqc. de qqc. : ...et toute l'ordure qui est en nous, que nous recepvons des IIII elemens, vient de la proffondeur de noz personnes (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 159).

 

-

Empl. abs. : Car ce qui est tres excellent bien et tresgrant et lequel nul ne peut prendre, recevoir ou avoir par aide de autre et lequel il ne peut aprendre ou aquerir par soy meïsme, mais tel et quel comment il est né en chascun, tel le a et avra en sa vie. (ORESME, E.A., c.1370, 201).

 

-

Part. prés. en empl. subst. : Mais la coulpe est en la cause efficiente principal, et c'est le distribuant et non pas le recevant. (ORESME, E.A.C., c.1370, 315).

 

b)

En partic. "Percevoir (une somme d'argent, un paiement...)" : Et encor plus certes, je croy, Qu'en toutes les notables villes Qui sont pour marchandise abilles Li roys y heüst de ses gens, Chevaliers, bourgeois ou sergens, Pour lever et pour recevoir La rente qu'il y doit avoir ; Et s'il en levoit les profis Sept mois ou VIIJ. ou IX. ou X., De tout cela ne leur chaloit, Car la traïson le valoit (MACH., P. Alex., p.1369, 184). Dame, je revien pour savoir Se vous avez point receu D'argent que Genais ait eu De mes gens (Mir. ste Bauth., c.1376, 98). ...comme il faisoit semblant de regarder s'il trouveroit aucuns compaignons qui beussent à l'enseigne du Heaume, à la porte Baudoir, il vit, comme au lieu où la dame de leans reçoipt son argent, l'un des clers ou varlez dudit hostel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 105). ...un ou deux jours après, porta icelli linge et vendi, en la ville d'Espernon, la somme de sept blans, qu'il en ot et receut, et iceulx appliqua à son prouffit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 161). Et pour ce, ledit escuïer est tenu faire au roy notre sire III s. p. de conrroy au terme de la Chandeleur, lesquelx le fermier du ramage de ladicte forest recept. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 218). Si n'est pas tout gaing que de soy obligier a autruy par les benefices tenir, ou recevoir autruy argent. Et pour ce les religieux doivent yci aviser, et autres de l'Eglise. On puet parler du saint hermite qui ne vouloit riens recevoir de l'autruy pour ceste cause (GERS., Déf., 1400, 236). Jehan Tarenne, changeur et bourgeois de Paris, a congneu et confessé avoir receu de la Court de Parlement, par la main de Jehan Dauviller, huissier de ladicte Court, la somme de deux cens livres tournois (FAUQ., I, 1417-1420, 42). Et par tous iceulx assembléement et à grant et meure deliberacion fut dit et conclud que, au regard de la question d'entre le roy et mondit seigneur Charles touchant son appanage, qu'il auroit et recevroit pour icellui appanage et de ce se tendroit pour bien content de XIIm livres tournois en assiete de terre par an, et tiltre de conté ou duchié (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 199). ...car il envoya en France le seigneur de Craon pour avoir de la pecune vers sa femme, lequel, la pecune receue, se amusa à fere bonne chere et son maistre et tous ses gens estoient nudz et mors de fain (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

-

Empl. abs. : ...et toutesvoyes, pour ce qu'il estoit jour de vendredi et heure de relevée, n'eust [peu], il qui deppose, par leur loy qu'ilz ont juré et promise garder, prester, recevoir, vendre, engaigier ne acheter sur gaige ou autrement, comment que ce feust ou peust estre. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 133).

 

-

Prov. : Ce que l'un pert, l'autre rechoit. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui reçoit qqc." : La VIIIe question : Se je donne quatre livres pour une messe, sera toute la messe a mon prouffit ? Response : Icy doit estre entendue l'entencion du donnant [et] du recevant, et doit souffire entencion generale (GERS., Déf., 1400, 236).

 

c)

"Être mis en possession de qqc. (d'une chose plus abstr.)" : Qui voulzist emploier sa cure En la beauté qui tousjours dure Com en celle qui tost perist Mains de labor y afferist Et si receüst grant merite. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 99). Et moult est ore outrecuidiez, Quant il est de lui tant cuidiez Que tels cuide estre et tant valoir Com pour la joie recevoir (MACH., D. verg., a.1340, 40). Et quant je puis apercevoir Qu'il est dignes de recevoir La joie qui est nompareille, Sachiez que, qui vueille ou ne vueille, Moult trés liement li ottroy De la joie don et ottroy. (MACH., D. verg., a.1340, 48). Cils dous espoirs en vie me soustient Et me norrist en amoureus desir, Et dedens moy met tout ce qui couvient Pour conforter mon cuer et resjoïr ; N'il ne s'en part main ne soir, Einsois me fait doucement recevoir Plus des dous biens qu'Amours aus siens ottroie, Qu'en cent mille ans desservir ne porroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 111). Nompourquant je commenceray Et, se Dieu plaist, je fineray, Comment que soies assez sages Pour toy garder, sans mes messages Et sans mes confors recevoir. (MACH., C. ami, 1357, 1). Or puet estre qu'en ta jouvente Tu as mis ton cuer et t'entente En vices et en vanitez, En ordures et en viltez, Et que n'as pas recongneü Les biens que tu as receü De Dieu, einsi com tu deüsses. (MACH., C. ami, 1357, 72). Et il appartient a celui qui a receü proffit et est puissant que il face retribucion selon ce que il est digne que elle soit faite et de son bon gré. (ORESME, E.A., c.1370, 447). Pour ce toudis ai je mes maux teüz En esperant de mercy la leesse, Tant qu'en la fin ay les biens receüz, C'est assavoir la fleur de tel noblesse C'on ne puet miex, biauté, bonté, jonesse. (MACH., App., 1377, 651). Or n'ay maniere meüre Ne figure, Grace, bonté ne mesure Pour telle honneur recevoir. (MACH., Lays, 1377, 332). Amours qui a le pouoir De moy faire recevoir Joie ou mort obscure, Ne fait par sa grace avoir À ma dame tel voloir Qu'elle m'ait en cure. (MACH., Motés, 1377, 511). Cedit jour, est venus ceans le duc de Bourgoigne, conte de Flandres, accompaignié de pluseurs barons et seigneurs, pour recevoir la curation du conte de Pantevre et pour faire le serment acoustumé (BAYE, I, 1400-1410, 202). ...Mahiu Carette, commiz de par le Roy à Tournay à recevoir les cautions et bailler les lettres et certifications sur le fait des denrées conduites et amenées audit Tournay (BAYE, I, 1400-1410, 235). ...n'est mie mal de congnoistre et sentir en soy, à creature qui l'a, le bel entendement que on a receu de Dieu (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 37). ...j'ay l'absolucion receue (C.N.N., c.1456-1467, 61). ...tant les servoit a gré en tous leurs affaires qu'elle estoit digne d'ung grand guerdon en recevoir. (C.N.N., c.1456-1467, 268).

 

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Recevoir (une distinction) : ...il receut l'ordre de chevalerie. (C.N.N., c.1456-1467, 461).

 

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Recevoir confort (et aïe) : Car Meseürs m'a mis et enserré En crueus las de Fortune si fort Que je me sens nu et desherité De tous les biens, sans recevoir confort. (MACH., L. dames, 1377, 63). Et s'aim mieus de ma maladie Languir ou morir à dolour Que recevoir confort n'aïe De nulle autre (MACH., L. dames, 1377, 131).

 

-

Recevoir merci : Si pri Amours, qui scet que loyaument Et longuement l'ay servi, sans fausser, Et serf encor de si vray sentement Que tous me vueil en son service user, Qu'elle pité face en ma dame ouvrer, Tant que merci en puisse recevoir, Ou que la mort me face tost avoir ; Car, par m'ame, s'à sa merci failloie, Devant la mort nulle riens ne vaurroie. (MACH., L. dames, 1377, 35). Car Loiautez et Amours m'ont en cure, Et d'autre part me redist, sans mentir, Raisons qu'il vaut miex mille fois perir Com vrais amis, par pure loyauté, Que recevoir merci par fausseté. Et je la croy : si m'en convient morir. (MACH., L. dames, 1377, 60).

 

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Recevoir santé. "Recouvrer la santé" : ...raby, je ne suis pas digne Qu'ad ma maison, sire, veignés. Car par ung seul mot que dirés, Mon enfant recepvra sancté. [Réf. à Luc 7, 6-7] (Pass. Auv., 1477, 128).

 

-

Recevoir qqc. contre / pour qqc. : Ces trois leur donnent tel salaire Qu'il reçoivent de jour en jour Cent joies pour une dolour. (MACH., D. verg., a.1340, 32). Faire le doy, Car cent mille biens reçoy Contre un tourment ; Autrement, Certeinnement, N'ay à souffrir. (MACH., Lays, 1377, 431).

 

-

Recevoir (de Dieu un don abstrait) : Receu avons misericorde Qui les pecheurs a Dieu accorde, vel sic : Sire, nous avons receu ta misericorde ou milieu de ton temple. Or pleut a Dieu que, dedans le temple espirituel de nostre cuer, nous receussions maintenant telle misericorde, que nous eussions mercy et pitié de nous meismes et de nostre ame (GERS., Purif., 1396-1397, 59). Bien est vray que, par avant, ceste misericorde fut receue dedans le precieux corps de Nostre Dame, au jour de l'adnunciacion (GERS., Purif., 1396-1397, 61). En aprés, le jour de Noel, ceste misericorde fut receue dedans la mengoire des bestes, et denoncee a peu de gens, comme aux pasteurs. Mais au jour d'uy nous l'avons receue en lieu publique, en lieu saint (GERS., Purif., 1396-1397, 61). La premiere est non estre abile, ne disposee a recepvoir aucune emprainture. (Somme abr., c.1477-1481, 171). Premierement par inhabilité de recepvoir la grace. (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

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[Le compl. d'obj. désigne un sacrement] : Car prestre jamais (...) Ne te donroit ton creatour Se vrais confès premier n'estoies ; Et s'autrement le recevoies Tu prendroies indignement Le corps Dieu (Mir. parr., 1356, 24). ...les sacremens de la doctrine medicinalle recevez (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 247). Monstrer pense a toutes mes gens Conment perdu la vue avoit Lucien, qui maintenant voit, Afin de les plus esmouvoir A crestienté recevoir. (Mir. st Lor., 1380, 172). ...il a receu baptesme (Mir. Clov., c.1381, 252). ...il a receupt batesme (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 139). ...et entrent en l'Esglise, en laquelle mains sacremens il reçoivent (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281).

 

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Recevoir sacré ordre. "Recevoir l'ordination" : ...car l'habit ne fait pas le moyne, mais la profession, c'est jurer de garder les saints veux et estatus de la sacree religion, en laquelle il se submet, par sacree ordre aussi recepvoir, et par la susception de l'habit de la religion. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54).

 

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Recevoir mariage. "Recevoir le sacrement de mariage" : Le quart empeschement a recepvoir mariage c'est l'empeschement de cognation, d'affinité, de propinquité. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54).

 

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Empl. abs. : Et certes, je le doi bien faire, Quant tu me donnes tel espoir Qu'adès mieus recevoir espoir, Et que ma douce dame chiere De bon cuer et a lie chiere Verra ce dit qu'ai mis en rime, Comment qu'assez nicement rime. (MACH., R. Fort., c.1341, 157). Douceur, pais, joie, cointise Et tous biens de telle guise Que veoir Puis et savoir, Sans nul orgueil, Et quanque mes cuers devise Y truis, tout à ma devise : Et s'espoir Miex recevoir Que je ne sueil. (MACH., Lays, 1377, 350).

 

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Inf. subst. "Action ou fait de recevoir qqc." : Mais humblement vueil endurer Quoy qu'il me face. Mais il n'a pas si grant pooir De moy faire doleur avoir, Com j'ay bon cuer dou recevoir. (MACH., R. Fort., c.1341, 51). Car des biens de quoi je vous conte Estoie peüs, malgré Honte, Tous les jours une fois ou deulz ; Car je n'estoie pas honteus Dou prendre ne du recevoir, Et je faisoie mon devoir Quant Largesse les presentoit Et Bonne Amour s'i assentoit (MACH., Voir, 1364, 304).

 

d)

[D'une chose] : Car le droit estat d'innocence Ressamble proprement la table Blanche, polie, qui est able A recevoir, sans nul contraire, Ce qu'on y vuet peindre et pourtraire ; Et est aussi comme la cire Qui sueffre dedens li escrire, Ou qui retient fourme ou empreinte, Si comme on l'a en li empreinte. (MACH., R. Fort., c.1341, 2). Item, et pourquoi une chose qui est compacte et plus pesante, si comme pierre ou fer ou plum, donne plus fort coup et est plus fort gecté que une moins compacte, comme seroit drap ou laine, car la cause est pour ce que telle chose compacte reçoit plus l'impression de celle qualité nouvelle qui fait la cressance de l'isneleté, comme dit est, que ne fait autre chose. (ORESME, C.M., c.1377, 416).

 

-

ASTR. [D'une planète] Estre reçu. "Être assisté dans son influence d'une autre planète, chaque planète se trouvant dans un signe dans lequel l'autre planète a une dignité (domicile, exaltation, etc.)" : Et disoit aussi estre signe de paix quant Saturne ne regardoit de mal aspect Jupiter ne Mars, et touteffois que Mars estoit receu regardant Saturne debille, disoit estre les guerres et contrarietés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°).

 

2.

"Être atteint par qqc., être l'objet de (une action que l'on subit), subir, supporter"

 

a)

[D'une pers.]

 

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"Subir (des coups)" : Cilz meschans soz yci presens Reçoit tant de cops et d'ordure Que je ne scé conment il dure. (Mir. parr., 1356, 17). Et aussi moult forment traioient Les nostres qu'en vaissiaus estoient. La fu le conte de Genoive, Qui pour colée qu'il reçoive, Pour grevance ne pour labour, Pour froidure ne pour chalour, De l'estour ne se partira, Ne le bon roy ne guerpira. (MACH., P. Alex., p.1369, 69). ...il ne se recorde de quoy il fu feru, tant que des coups qu'il receupt il chey à terre, et croit qu'il moru en la place (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 37). Et, pour ce, le cop de la mort Recepverez soudainement. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 222). Dea, je me mettroys dessoubz vous, Et vous recepveriez le coup. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 304). Par le sang que bieu respendit, Je y ay receu de bien grans coups. (B. veoir, p.1480, 20).

 

-

"Subir (une maladie, une infection, une plaie...)" : ...ceulx qui sont disposez a recevoir telles maladies... (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 327). De ceulx qui sont disposez à recevoir plustost la infection d'épidémie et comment l'épidémie vient aucunesfoiz par Divin vouloir seulement. (LA HAYE, P. peste, 1426, 58). ...et, en la fin, après qu'il ot reçues plusieurs plaies, fut amené esdictes prisons (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 326).

 

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"Subir (des choses plus abstr., peine, souffrance...)" : Et quant il est d'espoir garnis, Sachiez qu'il est sains et garis Et tous de joie repeüs Pour les maus qu'il a receüs. (MACH., D. verg., a.1340, 38). Dame, et quels maus vous fait si fort doloir ? Dites le moy ; que je cuit recevoir Si trés grief peinne, Si dolereuse, si dure, si greveinne, Si amere, que soiez bien certeinne, Il n'est dame, ne creature humeinne, Ne n'iert jamais, Qui tele peinne endurast onques mais. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 61). Car longuement, com douce mere et tendre, M'a repeü De ses dous biens au mieus qu'elle a peü, Ne je n'ay pas encor aperceü, Pour nul meschief que j'aie receü, Que tout adès Elle ne m'ait com amie esté près Et qu'el ne m'ait servi de tous mes mès, De plours devant et de souspirs après. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 86). ...Amours son visage couleure De trois ou de quatre couleurs Pour les amoureuses doleurs Qu'il reçoit, dont ses esperis Par force d'Amours est peris, Saches que tantost a sa guise Congnoist qu'il aimme sans feintise De vrai cuer d'ami ; c'est la somme. (MACH., R. Fort., c.1341, 64). Et quant li lions les parçut, Certes, moult grant doleur reçut Et commença son dueil a faire, Si com oy m'avés retraire. (MACH., D. Lyon, 1342, 223). Et quant ma dame ara bien parceü Et pluseurs fois en son songe veü Les grans meschiés qu'ai pour li receü, Et que faintise N'est pas en moy n'en mal que j'aie heü, S'elle un petit en a le cuer meü, Ne sçay comment de moy sera sceü. (MACH., F. am., c.1361, 174). Là fu Jehans, li roys de France, Qui maint anui, mainte souffrance Avoit receüt pour la guerre Qu'il avoit au roy d'Angleterre, Par le deffaut de maint couart ; Et li roi angles Andouart Avoit à nom, je ne doubt mie. (MACH., P. Alex., p.1369, 21). Mais qui vraiement saroit Ce que mes las cuers reçoit Pour ma dame au dous accueil, Ja mais ne me blasmeroit, Se je chant mains que ne sueil. (MACH., Bal., 1377, 547). Mais se ja Diex ne m'alige mes maus, Qu'en li servir onques jour de ma vie Je n'i pensay qu'onneur et courtoisie, Si m'en convient meinte peinne endurer Et recevoir les tres crueus assaus Qu'Amours me vuet baillier et delivrer, Pour ce qu'on dist que pas ne suis loiaus. (MACH., L. dames, 1377, 110). ...Dont maint souspir me convient estrangler, Quant à vous pense et je sui entre gent Et quant je sui par moy secretement ; Adonc me fait tous meschiés recevoir Le grant desir que j'ay de vous veoir. (MACH., L. dames, 1377, 209). Car quant il s'oit escondire De ce qu'il desire, Il reçoit tant d'ire Qu', à verité dire, Pour son mal descrire Ne porroit langue souffire. (MACH., Lays, 1377, 317). Tous lesquelz (...) delibererent et furent d'oppinion qu'il estoit personne agiée de prendre et recevoir pugnicion de justice, et que l'en ne le povoit espargnier qu'il ne feust executez comme un très fort larron. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 238). ...infortunes viennent à la personne par aucunes voies, si comme de mort d'amis, de pertes de biens, de dommages eus, injures et vilennies par autrui receues (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 31). Batailliez fort contre les adversitez, et plus promps soiez à recevoir maulx qu'à les faire. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 32). Quant on se donne a receuoir telles choses fantastiques qui volent en lymaginacion, cest grant empeschement de toute bonne operacion intellectuelle (CIB., p.1451, 213).

 

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Recevoir (la) mort : Las ! et on vëoit a la fin Tout le contraire d'amour fine Qui mainte dame eins ses jours fine ; Car pluseurs dames la mort sure Ont receü par la morsure Dou grant deffaut qu'elles trouvoient En ceaus que fins loiaus cuidoient. (MACH., D. Lyon, 1342, 199). Si que trés bien me confessay De tous les pechiez que fais ay, Et me mis en estat de grace Pour recevoir mort en la place, S'il pleüst a Nostre Signeur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 152). Si m'est vis que la Chastelainne Ot plus de meschief et de peinne, Quant sans cause reçut la mort, Que n'ot cils qui se fu la mort Qui avoit desservi le pendre ; Et pour c'en fu sa dolour mendre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 238). Mais onques mais nul homs si liement Ne reçut mort com je la recevrai, Puis que pour vous et pour amer morrai. Car tous li mons le me devra tenir À grant honneur, se je muir ensement, Et tuit amant devront Amour fuïr, S'elle m'ocist pour amer loiaument. (MACH., L. dames, 1377, 51). Je vorroie, Bien pour voir, Mort recevoir ; Ne souhaideroie Ne querroie Plus avoir De tout avoir. (MACH., Lays, 1377, 389). ...ycelle Alips avoit fait et commis crime de lese-magesté, et en devoit recevoir mort, c'est assavoir que elle devoit estre arse (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 480). Et pour ce ay je soffert chose que je n'euse pas souffert pour mort recevoir (Chev. papegau H., c.1400-1500, 56). SAINCT MARTIN. Mon amy, prest suis en effect De recevoir pour Dieu la mort, De cueur singulier et parfaict Qui de ce poinct ne me remort. (LA VIGNE, S.M., 1496, 447).

 

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DR. RELIG. Recevoir une sentence. "Être l'objet d'un jugement" : Ung enfant meismement, qui refuit tant bat[u]re, ne feroit pas telle election, aincoys bailleroit il la verge, et prieroit que on le batist, que il [ne] receust la sentence de la mort, laquelle il escheveroit par ceste bature. (GERS., Déf., 1400, 242).

 

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[Dans un cont. métaph.] : ...Honte dame, Paour maistresse, Et Dous Resgars en tele aspresse Fust qu'il ne me deingnast vëoir, Qu'encontre leur puissant pooir Fusse viguereus et vassaus Pour recevoir tous leurs assaus, Pour tout souffrir en pacience. (MACH., R. Fort., c.1341, 109).

 

b)

[D'une chose] : ...les pillers [des ponts de Paris] pieça faiz et commencez entre ledit Petit Chastellet et l'Ostel-Dieu de Nostre-Dame (...) ont receuz les premiers heurs desdictes glaces et glaçons, qui par ce ont esté debrisez et leur impetuosité amandrie (BAYE, I, 1400-1410, 217). Retentive sert de recevoir en soy les choses que l'entendement lui administre et baille (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 34). Maiz, pour le fait mieulx concevoir, Devez savoir que le pur air, Cler et simple de sa nature, Ne reçoit point de pourreture (LA HAYE, P. peste, 1426, 44). Et par bonne raison il semble Que moisteur et chaleur ensemble Font très bonne complexion À recevoir l'infection (LA HAYE, P. peste, 1426, 59). Car mauvaise replétion Reçoit tantost l'impression De chascune rien qui avient (LA HAYE, P. peste, 1426, 59). Que nostre nature est plus preste Que celle de mainte autre beste À recevoir mutation En sa foible complexion Par fain, et soif, et maladie (LA HAYE, P. peste, 1426, 68). Et en user petitement Pour leur substance aquatique, Qui engendre sang flegmatique, Et si dispose aucunement À recevoir pourrissement (LA HAYE, P. peste, 1426, 95).

REM. Sur la forme rechiet "reçu", lat. receptus, cf. Scheler, Gloss. Geste Liège, 247.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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