C.N.R.S.
 
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 Article 1/2 
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     HAUT-LEVER     
*FEW V levare *FEW XXIV altus
HAUT-LEVER, verbe
[*FEW V, 275a : levare ; *FEW XXIV, 372a : altus]

"Élever"

REM. Cf. : C'est a toy honte et reproche d'une si pauvre mesgnie estre atournee. Certainement, hores voy et apert que rien n'y sert se [l. de ?] labour prandre, son corps travailer, son sens y exploitter, si ma mein ne les haultlieve par aimable proumesse et gracieuse acointance (SAINT-GELAIS, Estrif de Science (extrait), éd. F. Duval, Bibl. Éc. Chartes, 160, 2002, 228)
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 2/2 
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     LEVER     
FEW V levare
LEVER, verbe
[T-L : lever ; GD : lever ; GDC : lever1/lever2 ; AND : lever1 ; DÉCT : lever ; FEW V, 267b : levare ; TLF : X, 1130a, 1134b : lever1/lever2]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Idée de mouvement vers le haut d'un objet qui préexiste]

 

1.

Lever qqn

 

a)

"Relever qqn, faire se relever qqn (en partic. une personne agenouillée par respect)" : Si me mena d'encoste li, Mais onques puis n'i ot celi Qui fust a sis has pres de nous, Puis qu'il m'ot levé de genous. Si me mena, tout en parlant, Moult longuement, et en alant Me demanda dont je venoie Et que la cause de ma voie Voloit savoir sans couverture (MACH., F. am., c.1361, 187). [La reine] Le liewe ["fait signe à la jeune fille agenouillée de se relever, la fait se relever"] et avoech soy l'enmainne En ses cambres (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 184). Adonques l'ont pris bellement Li doy roy et le lievent sus. En li levant, li dist Artus : ... (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 232). ...il racompta bien au long tout le mistere, en leur priant qu'ilz le levassent et en son hostel le voulsissent rendre (C.N.N., c.1456-1467, 63). La pucelle se agenoilla et moult humblement le mercia, mais il la leva bien tost (Jehan de Paris W., 1494-1495, 88).

 

-

Lever qqn (en l'air). "Soulever qqn" : L'EVESQUE. (...) Mais il fault que vous me portez Come evesque nouviau sacrez Jusqu'au moustier. (...) SECOND CHANOINE. C'est fait ; il est levé : mouvons Touz ensemble aviséement. (Mir. ev. arced., c.1341, 128). Pour ce Herculles, par argumens astrologaulx, le leva et garda de cheoir à terre et le vainquit, c'est à dire qu'il le leva en l'air par contemplacion et par argumens et lui fist laisser les choses terrestres, et pour ce fut il vaincu honnorablement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 r°).

 

-

Lever un cheval. "Faire se dresser le cheval sur les pattes de derrière" : Car telz poulains versent et verseront Euls et touz ceuls qui les lievent premiers, Si qu'a la fin les couls se casseront (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 96).

 

-

Lever (un enfant) sur les / aux fonts de baptesme / des fonts. "Tenir (un enfant) sur les fonts, le baptiser" : ...as sains fons vous ["vous vous"] ferés lever et baptisier (Tristan Nant. S., c.1350, 98). Puis que je fu levez de fons Je ne vy chose si diverse (TAILLEV., Dial. voiage St Glaude D., c.1430, 56). ...il est nagaires venu par devers MS, en la dite ville de l'Escluse, lui requerre de faire lever de par luy ung sien enfant sur les fons de baptesme (Comptes Lille L., t.1, 1448-1449, 394). ...Marc a espousé Berthe, et Lothaire Thebergue. En aprez Lothaire a levé de saints fons le filz de Marc et de Berthe. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56).

 

.

Lever (un enfant) : DIEU. Mére, on l'appellera Sauveur, Pour ce que par vous est sauvez. Entre vous deux le leverez. (Mir. enf. diable, c.1339, 51). ...Qu'elle voulsist bien estre baptisee et levee. (Tristan Nant. S., c.1350, 88). ...C'on ait avant mon fil bautisié et levé (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 47). Et l'oste comptat a la royne le fait du roy qui avoit leveit son enffant et le don qu'i luy avoit donneit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 134). [l. 4351] ...la duchesse de Bourgongne s'acoucha d'un filz en la ville de Gand, le quel fu levé par le cardinal de Wincestre, anglois, et les contes de Saint Pol et de Ligney, frères. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 49).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 147.

 

-

Lever en haut / lever amont (l'âme) : Orgueil y entre a tout la massue de presumpcion, lieve l'ame en hault, puis la fiert ou front, et gette contre terre. (GERS., Purif., 1396-1397, 65). L'ange Gabriel te dira Quant ton ame despartira De ton corps et sera levee Ou ciel amont (Trespassement N.D. G., 1484, 511).

 

-

[Du Christ] Lever (un mort). "Ressusciter" : ...quant le Ladre tenoit Que hors du momument leva. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 100). ...faire par son auctorité de chascune personne ou creature tout ce qu'il veult, constraindre la voulenté de l'homme, susciter les mors en ung signe et lever ou mouvoir de l'ueil, entrer subtillement en l'essence de l'homme, pardonner les pechiéz, donner et infondre grace, garder le corps estant en feu perpetuel ardant. (Somme abr., c.1477-1481, 149).

 

-

Lever Dieu. "Élever l'hostie" : ...après ce que l'on aura levé Dieu de la grant messe parrochial. (Journal Dupré L.B., 1418, 33). Quand il eut levé Dieu et calice (...) il appella son clerc (C.N.N., c.1456-1467, 447).

 

.

Inf. subst. "Moment où le prêtre élève l'hostie, Élévation" : Et quant le matin fust venu, eulx estans a la messe, au lever du corps nostre seigneur, tous deux firent a Dieu devottement priere qu'il leur demontrast qui ce ladre estoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167).

 

b)

SPIRITUALITÉ [Le compl. désigne une partie spirituelle de l'être] "Élever (l'âme, la pensée...)" : ...point ne feroyent tant qu'elle [l'âme endurcie] laissast sa mauvaise coustume, qu'elle levast son cuer a Dieu, que elle issist hors du sepulcre et de l'abhominable ordure de pechié. Riens n'y valent doulces paroles pour l'amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

 

-

En partic. [Dans le courant de Saint-Victor, désigne le 2e degré de la contemplation] : ...et leueras ta pensee a mediter en humilite lestat de nature humaine qui a este nauree de pechie ainsi quil a este dit. (CIB., p.1451, 187). Tiercement la pensee ou lame contemplatiue est leuee sur soy et alienee de soy mesmes par grandeur de iocundite et de exultacion desperit (CIB., p.1451, 191). Et se nous nous rendons dignes de lamour de nostreseigneur en si grant degre, il nous enlumineroit par auenture nos intelligences de si grant clarte et enyureroit et embraseroit le désir de nos cueurs sur nous de la suauite et grant doulceur de sa bonte laquelle nous leueroit en rauissement de pensee en parfaicte contemplacion. (CIB., p.1451, 192).

 

c)

Au fig. "Élever qqn" : Il [le roi Pierre] fu si vaillans, c'est la somme, Que ce sera honneur et preuz S'il est mis avec les IX. preus (...) ; Et Mars l'avançoit et levoit, Dont moult souvent s'aloit combatre, Qu'il en trouvoit C. contre quatre, Et s'avoit victoire et honnour, Si que, signeurs, se je l'onnour, Vous n'en devez avoir merveille. (MACH., P. Alex., p.1369, 274). Levez est qui s'umilie (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 75). C'est le Temps qui les chetifs lieve Et, a la fois, les levez ["ceux qui ont été élevés"] griefve (Abuzé D., c.1450-1470, 42). ...il vous souvienne du dit de Seneque en son darrain livre des Benefices (...) ou il dit de ceulz qui sont levez es haulz estas, qu'i' n'ont de rien plus grant besoing fors que on leur die verité (LA SALE, J.S., 1456, 47).

 

Rem. Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 9, v.747.

 

-

Lever qqn jusques aux nues : Tout le conseil et la greigneur partie des senateurs loerent son jugement et le leverent par parolles iusques aux nues et la vertu de son courage et la vaillantise. (Faits Romains M., c.1400-1500, 104).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Noble, puissant" : Tu vis Engueran de Margny, Qui fu si grant et si levés (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 30).

 

2.

Lever qqc.

 

a)

"Diriger vers le haut" : S'i avoit un petit guichet, De quoy je levay le clichet ; Et quant levé l'eus, j'entrai ens ; Mais je ne vi ame laiens, Dont plus liez fu, car je voloie Estre tous seuls, se je pooie. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). La fu Jovis Mercurius, Et Jupiter y est venus, Bachus, Cerès, dame de blee, Estoient a ceste assemblee, Et Mars qui est dieus de bataille Qui aus hardis victoire baille, Jovis Preapus o sa perche Qui sa robe lieve et reverche - De ma main ma face couvri, Quant je le vi, mais j'entrouvri Mes dois pour la mieus aviser Et pour mieus celle part viser (MACH., F. am., c.1361, 202). Avant ! ce couvercle levons, Gobin (Mir. femme, 1368, 200). ...je la ruay sur ung lict pour faire ce que vous savez, et luy levay robe et chemise. (C.N.N., c.1456-1467, 160). ...lors se tourne vers son lit et leve la couverture (C.N.N., c.1456-1467, 200).

 

-

Lever estendart : Et pour ce qu'il fu question se ledit Chancellier leveroit ou porteroit estandart par la ville, a esté dit et advisié et conseillié que non. (BAYE, II, 1411-1417, 166).

 

.

Lever une banniere (avant le combat) : Quant il veïrent la maniere, Il leverent une baniere Et ordenerent leur bataille. Chascuns l'espée qui bien taille Tenoit en sa main toute nue. Adont n'i ot ordre tenue, Car tantost leur coururent seure Si fierement, qu'en petit d'eure La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue (MACH., P. Alex., p.1369, 152).

 

-

Lever le pont (le pont-levis) : ...sy sont entreiz ou chasteau et lievent le pont. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 214).

 

-

Lever qqc. contremont : Le medicin prend l'orinal et contremont le leve (C.N.N., c.1456-1467, 135).

 

.

Lever qqc. sus : Celles croiz deust estre piece a Levee sus. Advansés vous ! (Pass. Auv., 1477, 209). Or levés sus [cette croix] ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

-

Lever (une partie du corps). "Porter plus haut, diriger vers le haut" : Lors n'oseray lever la face. (Mir. abbeesse, 1340, 86). ...tout doulcement leva sa main en hault (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...aussi faisoit le sien [le "poulain"], levant la teste contremont si tres prochain de l'aurfavreresse. [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...[les hommes] osent mieux lever les yeulx et la teste quand ils sont devant le curé a genoux que les femmes (C.N.N., c.1456-1467, 339).

 

.

[En cont. érotique] Avoir les jambes levées : ...quand il vit sa femme qui avoit les jambes levées, il luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 529).

 

.

Lever les yeux / l'oeil. "Relever la tête" : Ja sui je si vieulx Qu'a peine puis lever les yeulx Et mon corps sur piez soustenir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 221). ...nul ne nulle n'osera aucunement desobeir a ses commandemens ne lever l'ueil senestrement ne mal a ce point (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 74). Lieve en hault tes yeux a Dieu et prie pour tes pechiez et negligences. (Internele consol. P., 1447, 328). Lieue tes yeux et regarde du lieu ou tu es et espans ta veue et regarde a destre et a senestre, hault et bas, et tu verras que toute la terre, c'est a dire ton corps qui est de terre et tout ce qui est dedans, ie la tay donnee, aussi comme sil vouloit dire... (CIB., p.1451, 185). ...tele confusion me charge et tumbe sur la face que je n'ose lever l'oeil en l'aspect de ceulx qui me cognoissent (P. Jouh. D.R., a.1488, 39).

 

.

Lever les yeux au ciel : ...et quant Madame sceust celle si tres desiree nouvelle que Ysabel tout acourant lui porta, lors Madame de ce bien acertenee incontinant en son cuer, levant les yeulz au ciel, Nostre Sire remercia (LA SALE, J.S., 1456, 139).

 

.

La teste levee. "La tête haute" : ...pour meschief, Pour mal ne pour adversité, - Pour bien ne pour prosperité - N'ara ja la face enclinee, Ains va partout teste levee, Amoureusement, sans dangier, Pour son ami tousdis aidier (MACH., Voir, 1364, 650).

 

.

À chere levee. "Avec arrogance (?)" : Et quant aulcun l'en reprenist, elle, a chiere levee, disoit : que, vrayement, ne voulloit pour nulluy morir ! (LA SALE, Sale D., 1451, 136).

 

.

[En signe d'imploration, de prière] Lever sa face à Dieu / aux cieux : Helas, que farey je, moy, lasse, Palharde, infame, pecharresse ? Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138). Si tu [Jésus] es filz de Dieu (...) A ton pere lieve ta face ! Donne nous a tous saulvement. (Pass. Auv., 1477, 218).

 

.

Au pied levé. V. pied "À l'improviste"

 

.

Hure levee. "La crinière dresée" : Si m'embati en une pleinne De ronces et d'espines pleinne ; Et enmi avoit un buisson Moult espès, dont j'eus grant frisson, Car uns lions, hure levée, En sailli, qui de ma pensée Me geta, sans plus demourer, Car je cuiday que devourer Me deüst. (MACH., D. Lyon, 1342, 169).

 

.

Lever ses ailes. "Déployer, ouvrir ses ailes" : A vous, sancts peres, je [l'âme de Jean-Baptiste] vien Et vous porte bonnes nouvelles, Car vostre saulveur et le mien Tantost viendré. Levés vous eles (...) Vous varrés lumieres fort belles (Pass. Auv., 1477, 113). [Il s'agit d'une parole adressée par l'âme de Jean-Baptiste aux âmes des justes de l'Ancien Testament, qui séjournaient dans les limbes en attendant d'être délivrées par le Christ vainqueur de la mort. Le sens de cette phrase "Levez vos ailes" est : "Déployez vos ailes, préparez-vous à quitter les limbes, car bientôt le Sauveur viendra vous chercher pour vous emmener avec Lui au Paradis"]

 

-

[Cont. métaph.] "Élever (l'âme, la pensée, le coeur...)" : ...a mont noz cuers levons, la vierge Marie adourons (Mir. emper. Romme, 1369, 241). A ce est grant grace requise qui lievece l'ame et la ravisse sur soy mesmes. (Internele consol. P., 1447, 162).

 

b)

"Diriger vers le haut avec effort, soulever qqc." : Se une chose a puissance de soy mouvoir ou de lever aucun poys, nous disons et determinons touzjours celle puissance au plus que elle puet (ORESME, C.M., c.1377, 190). A Colin Lefranchois, charpentier, pour avoir fait l'engin a lever la pierre (Comptes Archev. Rouen J., 1460-1461, 317).

 

-

Lever l'ancre. "Ramener à la surface l'ancre fixée au fond de l'eau, pour rendre possible le départ d'un bateau" : Et quant vint a l'adjournant, les ancres furent levees. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 156).

 

-

Lever les voiles : Cil qui sont es vesseaulx vont leurs voiles levant (Tristan Nant. S., c.1350, 558).

 

c)

Au fig.

 

-

"Porter qqc. plus haut, élever qqc." : Nous avons parlé cy dessus Comment chevalerie sus Fu levee par les emprises Des princes plus notables prises. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 210). ...dedans l'image de Mgr Saint Denis, tres glorieux martir, tenans son chef entre ses mains, ainsi qu'on a acoustumé em paindre ou en lever la figure ou reputation (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 492).

 

-

"Exaucer" : M'orison a esté levée Et receue, Dieux le me monstre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 188).

B. -

[Idée de mouvement vers le haut d'un objet qui se crée] Lever qqc.

 

1.

"Élever, dresser, installer qqc." : ...le dit viconte ne les siens hoirs ou successeurs ne porront (...) droicer ou lever justice ["gibet"], c'est assavoir fourches ne autre signe de justice (Doc. Poitou G., t.2, 1341, 197).

 

-

Lever (une construction). "Édifier, mettre en place" : Et par tout faisant leur office et querans place pour lever leurs precieuses forges, trespassans parmy la Grant Bretaigne, qui Angleterre est appellee, les dames se trouverent en la cite de Londres (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 395). ...aler lever le dit molin en la dicte terre de Rodes (Doc. 1387. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 723). ...ne voise couper en autrui bois sans congié pour lever leurs maisons (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 220).

 

-

Lever sa tente : Et il se doit si affaitier Que, quant droit sera revenue Seur l'aubrissel, qu'en sa venue Il puist de droit lever sa tente, C'est qu'il mette cuer et entente A li servir et honnourer Pour son cuer par enamourer. Einsi porroit bien estre pris Cils gentils espreviers de pris. (MACH., D. Aler., a.1349, 264).

 

2.

Au fig. "Établir qqc."

 

a)

"Faire faire la copie de qqc. (d'un acte officiel)" : ...ensemble des droiz, prerogatives, privileiges, franchises et libertez dont ilz avoient et ont acoustumé joyr et user à cause d'icelles mairies, par octroy de nous et de nosdiz predecesseurs, sans ce que iceulx supplians aient encores levé noz lettres d'octroy sur ce. (Doc. Poitou G., t.11, 1472, 296). Pour chacun desquelx seaulx, ceulx, qui leveront leurs tictres et les feront seeller, paieront de vingt lb. tournois et au dessoubz, six d. tourn. et au dessus, pour chacun vingt s. tourn., ung d. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 456).

 

b)

"Établir qqc., faire être"

 

-

Lever boutique / ouvroir. "Établir (un commerce)" : ...environ ledit temps il fut à Bruges et là achacta certain nombre de lez de haren et loua en ladicte ville de Bruges une maison en entencion de y lever et tenir boutique au prouffit de ladicte compaignie. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 37). ...celuy qui vouldra doresenavant lever ouvrouer dudit mestier en ladicte ville ou ès faubourgs d'icelle, sera tenu d'aler par devers les jurez (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 356). Premièrement que aulcun ne sera ou pourra estre dorénauant maistre tisserant et tessier de ligne et en toilles, en la ville et banlieue de Blois, ne tenir ou leuer ouurouer dudict mestier, s'il n'est personne suffisant et ydoine à ce faire et exercer (Mét. Blois B., t.2, 1494, 64).

 

-

Lever une chanson. "Chanter une chanson" : Adoncques commença A dire une chançon que mainte fois chanta Dame Aye d'Avignon, quant l'enffant alleta. La chançon fut moult douce, et il bien la leva. (Tristan Nant. S., c.1350, 164).

 

-

Lever clameur de haro. "Porter plainte en justice" : Pour lequel cas ladicte mere d'icellui Capelet (...) leva clamour de harou, et a esté par ce ladicte suppliante accusée par justice et mise es prisons temporeles de nostre amé et feal l'evesque dudit Lisieux (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1428, 286).

 

-

Lever cri. "S'exprimer" : Je n'en lieve ne grant hu ne hault cry. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 53).

 

-

Lever grand estat. "S'habiller de manière à montrer sa richesse" : Vous estes assez bien vestue (...) Ce n'est pas a faire a lever si grant estat ! Je vous prye, m'amie et ma compaigne, que souffissance soit nostre parement. (LA SALE, Sale D., 1451, 127).

 

-

Lever mestier. "S'établir comme maître dans un métier" : ...tous chiaus qui le dit mestier leveront et qui se mesleront de taillier draps d'ore en avant en le dite ville, paieche, pour avoir tout chou que dit est, tout sitost qu'il leveront le dit mestier u qu'il conmencheront a taillier, as conpagnons qui a chou seront commis dou cachier, 50 s. tourn. (Drap. Valenc. E., 1369, 40). Se aucun dudit mestier des or en avant veult lever son dit mestier en la dicte Ville et fourbours de Troyes, de taille et cousture, il sera tenu avant ce à aller pardevers lesdis IIII Maistres, et en pranre congié (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1400, 385).

 

c)

"Produire, soulever" : La volt roy Blanchandin une guerre lever (Tristan Nant. S., c.1350, 578). Une autre bende de gens impetüeux Au clos de Mars, satrappes fructüeux Ainsi que sont archiers, arbalestriers, Aventuriers, coupegorges, meurtriers, Propres assez pour si grans maulx lever Qu'eau n'est en mer qui les en sceust laver. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 140).

 

-

"Faire apparaître, soulever" : ...le duc bourgongnon présent, entrèrent en conseil ; auquel maintes choses furent levées et reversées et mises en divers ploy, tant en forme de plaintes, comme de conclusions profitables (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 115).

 

-

Lever un cas. "Intenter un procès" : Et sy leverons ains l'esté Ung bon cas de nouvelleté (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 65).

C. -

[Idée d'un mouvement qui fait ramasser, emporter, enlever]

 

1.

Lever qqn

 

a)

"S'emparer de qqn pour le faire quitter un endroit" : ...en l'absence des dis complaignans, sans leur sceu, octroy ou licence et sans leur signiffier et les requerre sur ce ne de veoir le cas, a, de fait, du dit lieu osté et levé ou fait oster ou lever un homme nommé Hennequin Koquebillet, vallet du dit Engueran, par maniere de justice et en justiçant, que il y trouva mort (Hist. dr. munic. E., t.1, 1370,,, 378). [Il s'agit d'une conspiration contre le roi] ...et le devoient en enmener à leur plaisir et à force où bon leur sambleroit (...) ...quant il auroit esté levé... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 307).

 

-

Lever qqn de qq. part. "Faire quitter un lieu, un siège à qqn" : Et il soy deffent et prent Basin aux bras, sy le lieve du cheval et le gette a terre (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 176). ...une isle garderoit Soixante jours, s'il ne venoit Aucun qui le levast de la. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 352). ...la crainte qu'ilz ont tousjours eue de vous pour les lever d'eulx mesmes de devant l'une des places (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 325).

 

-

Lever qqn de prison. "Faire quitter la prison à qqn" : Depuis fut levé de la prison de Valencines et mené en prison à Bruges (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 316).

 

-

Lever ses ennemis. "Faire sortir (ses ennemis) et les soumettre" : De ce t'avis Sans plus, par maniere d'avis, Qu'il n'apartient en nulle guise Qu'uns princes en sa ville assise Soit, car il se doit pourchacier, Tant aler, venir et tracier, Qu'il puist lever ses annemis Par force d'armes et d'amis. Mais assis, il n'a de pourchas, Ne que li princes des eschas A qui on dit eschac et mat. (MACH., C. ami, 1357, 119).

 

b)

"Enrôler qqn (des troupes)" : ...et pour ce avoit chappelle de grant nombre de jeune gent, dont en avoit levé puiz IJ ans VJ ou VIJ des petiz enfans de l'eglise de Paris à une seule foiz (BAYE, II, 1411-1417, 231). Semblablement, au puys de Surye, Gotz et Magotz sont en ma seigneurye, Ou trente mille gens de faict lyeverons. Mores et Turs apprés eslyeverons, Les Eschavons aussi relyeverons, Sans estymer ceulx de Sarrazinesme. Par ce moyen noz faiz esprouverons Et de sa terre l'empereur priverons, En luy faisant des maulx plus chiers que cresme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 227).

 

c)

Lever le guet. "Faire la relève du guet" : ...c'estoit belle chose que veoir venir au matin le guet qui venoit lever l'autre guet (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 166).

 

2.

(Faire) lever (une bête, à la chasse) "Faire sortir (la bête) de là où elle est (pour s'en emparer), chasser" : Mais Diligence fu bien pres, Qui tost le hairon fist lever, Si le vint le faucon lier (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 169).

 

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Lever la beste de place : Quant [un chien] la beste lieve de place... (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 150).

 

-

Empl. abs. : Se pensay pluseurs autres voies Non samblables, et toutes voies Seur une voie m'arrestay, Car je vi, si m'en guermentay, Que lors ne le porroie prendre Et qu'il me couvenoit atendre Une autre fois, mieus pourveüs, Mieus avisés et mieus meüs Et dou prendre un po plus soutils Et garnis de soutis outis Pour haut lever ou pour estendre, Pour a ce gent esprivier tendre. (MACH., D. Aler., a.1349, 260).

 

3.

Lever qqc. (une chose concrète)

 

a)

"Ramasser (et emporter) qqc." : [Le roi assassiné] Couronne avoit de parchemin Painte, et tele que par chemin N'est nul homme, s'il la trouvast, Tant fust povres, qui la levast ; Et aussi le sestre et la pomme Estoient aussi povre comme La couronne et de tel peinture. (MACH., P. Alex., p.1369, 271). Et lors lui, sur ce juré, dist et afferma par serement que icelle bourse, en laquele avoit deux blans neufs, il avoit trouvée emmi les champs du Lendit, et icelle avoit levée, et l'argent mis et appliqué à son proufit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 279). Par laquelle chose, qui bien la congnoistroit [la couronne], si la trouvast en terre, ne la leveroit, tant atrait et porte au prince paines, douleurs (LA SALE, Sale D., 1451, 31). ...et finablement lui et eux furent constrains de lever tout et de eux enfuir (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 315).

 

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"Soulever (un cadavre), pour le transporter, pour l'enterrer" : Il nous convient de cy lever Ce corps pour porter enterrer (Mir. ev. arced., c.1341, 120). ...et toutevoie Il furent mort piteusement, Comment que ce fust vaillamment. Toute la route s'arresta Seur le corps des mors à esta, Car il les cuidoient lever Et eaus eu chastel raporter. Mais il en vain se travilloient, Qu'à force avoir ne les pooient, Car la force n'estoit pas leur, Dont il avoient grant doleur. (MACH., P. Alex., p.1369, 155). A paines fut leue le corps Ou du moins en sepulcre mis... (LA MARCHE, Chev. délib. L., 1483, 49). Toutes fois comme dit a esté, ilz eurent saufconduyt de lever et aller enterrer leurs mors estans au lieu ou la bataille avoit esté faicte. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

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Lever un corps (de terre). "Exhumer le corps d'un saint" : ...pour essaucier et lever de terre le corps Monseigneur saint Gautier. (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1333, 60). Mez le cors saint Euustace fu de Ronme levez Par .j. bon roy franchois et noblement posez A Saint Denis en France, ou mout est honorez. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 167). Des corps lever, vueil reciter mon dit (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 10).

 

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Lever un corps saint : Vous deux archanges que je prise, Alez a Pharon reciter Que il lieve sanz respiter Le corps St. Fïacre briement. Pour ce qu'a usee griement Sa char la jus aval en terre (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 33).

 

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"Mettre en châsse" : ...et après sa vie Fut canonizié et levez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 310). ...et furent canonisiet cestuy an meisme a la Nativiteit Nostre Seigneur et leveiz en fietrez d'or et d'argent. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 16).

 

b)

"Enlever, ôter, retirer qqc." : Et aucune foiz cil est non digne le quel, quant il est converti a meilleur vie, toult et prent par extorcion le benefice pour ses merites et le lieve de main estrange. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 231). Brise Godet, pren les premiers, Ces joiaux, et toy ces deniers, Lambin, et toy, Boute en Couroye, Léves toute ceste monnoye (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13). Nous irons Au fort, dans abbes, et ferons Les biens lever sanz detrier (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 35). Et au regard de l'autre serrure pour ce que je n'en peu recouvrer la clef, je la fis lever par ung serrurier, et aussi la serreure d'une bouticque appart qui est particulièrement audit Guillaume. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 253). Alors sans plus actendre ne lever aucune chose dessur les tables, damp Abbés, tout plain de joye, sailly de table le premier (LA SALE, J.S., 1456, 280). Encores soit divisé .a.b. en deux porcions egales et illec soit fait ung point, et sus cellui point soit mys l'ung des pyez du compas, et l'aultres sus .c., puys soit levé le compas et soit mys sus .a. l'ung des pyez... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 286). ...et se mist à l'encontre de ceulx qui conseilloient au roy oster et faire lever les chesnes ["chaînes"] des rues de Paris après ladite victoire, ce que touttefois le roy fist (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°). Une autre chambre de velours cramoisy, De velours noir, puis l'autre d'un satin Expressement levé, pris et choisy Pour resjouïr ung petit l'advertin (LA VIGNE, V.N., p.1495, 182).

 

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"Enlever du sol (les produits de la terre)" : ...si ne peuvent ilz iceulz bled et vins qui sont de leur creu ne autre pour leur vivre seulement prendre, lever ne mener en ladite chastellerie (Trés. Reth. L., t.3, 1418, 14). Lors on commença cultiver La terre pour les fruitz lever (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 31).

 

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Lever les tables. V. table "Débarrasser la table" : Quant on oit souppeit et laveit, ons levat les tables, sy allerent esbanoier. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 118). ...quant ilz orent soupé et les tables furent levees... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 21). Et aprés les tables levees et dictes graces, s'il y a princes ou seigneurs, chevaliers, escuiers ou damoyselles ou aultres estrangiers venus vers elle, adonc comme celle qui sera en toutes choses enseignee et apprise, recevra chascun en tel honneur comme a lui apertendra (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 50). Et quant les tables furent levees et les graces dictes, pour abregier, lors menestrers commencerent a corner (LA SALE, J.S., 1456, 55).

 

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[Dans un cont. hérald.] : Decouppee est comme vne robe dont les pieces sont leuees par quoy pert ce sur quoy elle est mise. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 510).

 

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"Enlever, détacher (telle ou telle partie de la bête dépecée)" : Or te faut lever le collier (...) lever les nombles (..) lever les cuisses (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 54). [Autres ex., cf. gloss. de l'éd.] Lieve o la cuisse de l'anete Le faucon et puis la me gete ! (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 219). Puis le doit commencier a escorchier par les jambes. Et, quant il escorchera le corps, si garde bien qu'il ne oblie mie a lever le parement. Et, quant voudra lever le parement, si garde, tant d'un costé comme de l'autre, que le cuir tiegne aux costés dou cerf trestout droit (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 178). [Nombreux ex. ds ce texte, cf. gloss; de l'éd.] ...et si l'embroche entre cuir et char bien et adroit, et pource que quant il sera demy rousti qui ["qu'il"] puisse lever la coene (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 179). [Autres ex., cf. gloss. de l'éd.]

 

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Lever la toison. "Enlever la toison, maltraiter" : Uismes trestout lui a donné Et Costentin abandonné, Et de bonnes gens grant foeson De qui il lieuve la toeson. (Vie st Evroul S., c.1350, 117).

 

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Inf. subst. "Enlèvement (d'une marchandise)" : Et si doivent avoir les demourans des marchiéz aux marchans quant leur terme de lever est acompli, hors les deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 99).

 

c)

"Enlever (en s'emparant de)" : Et se proie li est moustrée Qui soit d'un autre oisel levée, Elle [l'aigle] la prent moult volentiers De son droit, et c'est ses mestiers. Outre plus se cils vient avant Qui lieve la proie devant, L'aigle par devers lui s'adresse, Se laist de la proie l'adresse Et le prent, s'elle le puet prendre. (MACH., D. Aler., a.1349, 362).

 

d)

"Prélever, retirer, saisir qqc." : ...uns marchans alla vendre par le ville, dont il fust calengié par le bailliu et pour l'amende fu levée une cote de fer (Hist. dr. munic. E., t.2, 1368, 126). Et se non, si me faiz je fors Que le prince et le souverain Mettra lors la terre en sa main Et levera par loy escripte Comme la sienne toute quitte (DESCH., M.M., c.1385-1403, 277). ...par quictance de mondit seigneur le duc faicte au proffit dudit Gorremont en l'absence dudit Jehan de Noident le VIIIe jour dudit mois de mars CCCCXVIII, pour et en lieu de laquelle somme de 10000 livres tournois ledit Gorremont bailla à mondit seigneur, qui les bailla audit Noident, trois descharges de lui levees sur certain don et aide (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 15). ...et pareillement, les avons exemptéz et exemptons de toutes charges publicques, commissions de lever terres soubz main de justice, tuitions et curatelles de mineurs hors nos dites ville et Cité de Franchise (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 467).

 

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Lever qqc. de qqc. "Prélever qqc. de qqc." : ...lesquelles lettres obligatoires et certificacions des diz Gosse et Chastenier, avecques deux descharges du dit de Serre, qui avoient pour ce esté levées de la somme de huit mille livres, restans des diz dix mille livres, (...) nostre dit cousin a baillées et rendues pour nous audit Macé Heron (Doc. Poitou G., t.7, 1423, 409).

 

4.

Au fig. Lever qqc. (une chose abstr.)

 

a)

"Enlever" : ...pource que nous avons este de la verge divine mescoignoissans, Dieu nous a lieve la memoyre et le sens par telle maniere que nous avons jugie et condempne, comme desesperez, les oeuvres de Dieu et noz seigneurs terriens et dehors et dedans pareillement, et avons recalcitre encontre l'aiguillon. Si sommes deux foiz poins a noustre malediction. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 455).

 

-

ARITHM. "Soustraire, ôter" : Soustraire est lever ou oster ung nombre mineur d'ung aultre majeur pour savoir de combien le mineur est surmonté du majeur (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 595).

 

b)

"Prélever, percevoir, recueillir (des fonds, l'argent d'impositions, de rentes)" : ...en cens que on lieve à Donchery, environ un muy d'aveinne et XII solz d'argent. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1346, 66). ...si pour guerre et la rédemption de son prince prisonnier, ou autre cas de fortune, icelle communaulté nécessaire indigence aurait d'une grande somme de pecune, elle doncques le pourroit lors par la mutacion de la monnoie lever, et ne seroit point contre nature (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXV). Des impositions de XII d. pour livre, XIIIc de buvraiges et quint de sel cuilliz et levez ou plat païz de la viconté d'Avrenches (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 20). Avec lui [le roi Hugues] par tout le menoit Et mult pres de lui le tenoit [son fils Pierre] ; Et si levoit toute sa rente, Et la lonteinne et la presente ; Par quoy riens faire ne peüst Que li peres ne le sceüst. (MACH., P. Alex., p.1369, 19). Et encor plus certes, je croy, Qu'en toutes les notables villes Qui sont pour marchandise abilles Li roys y heüst de ses gens, Chevaliers, bourgeois ou sergens, Pour lever et pour recevoir La rente qu'il y doit avoir ; Et s'il en levoit les profis Sept mois ou VIIJ. ou IX. ou X., De tout cela ne leur chaloit (MACH., P. Alex., p.1369, 184). ...le dit messire Olivier rendist à ladite dame ce que depuis le dit arrest il a levé des deux pars de ladite conté jusques aujourd'hui (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 308). ...la traïson et faulseté par lui commise esdites lettres royaux, soubz umbre et par vertu desqueles il avoit exigé et levé icelles sommes d'argent dessus escriptes, ou partie d'icelles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 70). ...le roy n'a aucune guerre formele ou deffiances precedans, mais par maniere de traïson veult prendre, exiger et lever en son royaume patis et raençons, comme desjà a fais depuis le temps d'icelles treves criées (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 207). Item, a acoustumé chacun an, quant l'en leeve le chappel du pasnage d'icelle forest, [prendre] II s. t. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 89). ...toutes les maisons et chasteaulx du Roy par le royaume aloient à ruyne, non obstant que de par le Roy l'en levast continuelment moult grans subsides. (BAYE, I, 1400-1410, 219). ...et en especial derriennement, puiz demi an, à occasion de l'eveschié de Beauvaiz vacant, avoient esté levez et miz hors de ce royaume plus de XXX ou XL mil escus (BAYE, II, 1411-1417, 111). ...il estoit expedient et neccessaire de faire cesser ycelle taille et faire restituer ce qui en avoit esté levé. (FAUQ., I, 1417-1420, 334). Je ne sçay se il sont bon marchans, Mes lever fault nostre peage. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 44). ...tous les ans [les Romains] lievent truaige Sur nous, ainsi comme savés. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 17). ...quant ils consentiront à lever tailles sur leurs hommes... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 13). Si deux rachatz adviennent en ung an l'un après l'autre sans grant distance, le seigneur ne lievera que une année ; car ilz ne lui sont acquis que les fruiz, proufitz et aventures de l'année que le rachat eschet. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 182). ...et en outre [le roy fist] lever une si grande taille sur le commun, que à plusieurs fut forcé de vendre leurs litz sur quoy ilz gisoient et leurs meubles pour la payer, qui fut très mal fait. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°). En ce temps prenostica sur la revolucion de l'an l'elevacion du commun, contre ceulx qui s'efforçoient lever une maletote sur ce que vendoit le menu peuple dedans Paris (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

 

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"Instituer, instaurer (une taxe, un impôt)" : ...et a convenu depuis et convient lever tailles pour resister aux anciens ennemis de ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 32).

 

c)

"Faire cesser qqc., mettre fin à qqc."

 

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"Lever (une hypothèque, une main-mise)" : Si donnons en mandement par ces presentes (...) à lever les confiscacions (Doc. Poitou G., t.4, 1370, 76). ...il sera dit que la Court delivre audit evesque ses biens meubles et lieve la main de son temporel. (BAYE, I, 1400-1410, 253). ...au jour d'ui, oye la relation d'iceulx commissaires et tout veu, la Court a levé à plain et lieve la main du Roy mise audit temporel. (BAYE, I, 1400-1410, 330). Ce jour, a esté levée la main du Roy du temporel du prioré de Foissy lez Troies au profit de frere Giles Lembert, prieur d'icellui prioré (BAYE, II, 1411-1417, 175). ...lesquelles choses par elle faites et accomplies, comme il appartient, nous leverons nostre dicte main mise et renderons la dicte conté d'Artois à nostre dicte cousine de Bourgongne (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 421).

 

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Lever la main. "Faire cesser une saisie, une confiscation" : ...il disoit que la main de nostredit seigneur mise à son corps devoit estre levée premiers et avant toute oeuvre qui fut tenus de deffendre au propos dudit procureur (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 424). ...pour autres certaines causes et consideracions qui à ce l'ont meu, a, par grant aviz et meure deliberacion de son Conseil, à sondit cousin que dessus a levé et osté de grace especial par sesdictes lettres à plain sadicte main et tout empeschement mis à icelles villes, chasteaux, terres, chastellenies, seignories (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 696). ...lesquelles choses par elle faites et accomplies, comme il appartient, nous leverons nostre dicte main mise et renderons la dicte conté d'Artois à nostre dicte cousine de Bourgongne (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 421).

 

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Lever le siège. "Faire cesser le siège (en attaquant celui qui assiège)" : Or vous ay dit, bien le savez, Comment li sieges fu levez. Si revenray à ma matiere Pour ce qu'elle soit tout entiere ; Et vous diray de point en point, Si que je n'en mentiray point, Ce que les amiraus traitierent Avec le roy et ordenerent (MACH., P. Alex., p.1369, 172). Lors leur manda moult fierement comment il s'en aloit pour lever le siege du roy de Craquo, qui avoit assegié le roy de Bahaigne (ARRAS, c.1392-1393, 175). ...et se li rois d'Escoce voloit la venir, si poissans que pour lever le siege, la chité de Bervich li demoroit (FROISS., Chron. D., p.1400, 222). ...et se doubtoient que par force de gens d'armes et d'archiers, fust de nuit ou de jour, on ne venist lever le siege. (FROISS., Chron. D., p.1400, 575). Ce jour, par puissance d'armes, les ennemis leverent le siege que tenoit le conte de Sulfok devant Montargis. (FAUQ., II, 1421-1430, 246). Le conte Thierry de Flandres, nommé d'Allesastre, sceut que le Roy de France, à qui il estoit parent, se preparoit pour aller en Jherusalem lever le siege que les Sarrazins y avoient mis devant la cyté (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 76). ...pour lever le siege dessusdit. (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 276). Cestui fut mandé d'icellui pappe Clement et eut diverses legacions, où fut moult estimé et par especial fut devers les Suiches pour lever le siege du chastel de Louppen, où il y avoit XXXm hommes à pié et mille IIc chevaulx, lequel siege fut levé au moyen de sa bonne conduite par IIm Suiches et y furent tuez IIIIm hommes du parti contraire et III contes et fut l'an mil IIIcXXXIX. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 137 r°).

 

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[De celui qui assiège] "Abandonner le siège" : Ce jour, vindrent nouvelles (...) comment le duc de Bourgongne avoit levé le siege qu'il tenoit devant la ville de Saint-Riquier (FAUQ., II, 1421-1430, 24). Et fist lever le siege et pourmenoit ses gens non loingz d'icelle cité par chemins et par montaignes non communes ne frequentees. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 175).

 

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Inf. subst. "Action de suspendre, d'arrêter qqc." : ...au lever du conseil... (Doc. 1406. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 21, 1919, 30). Sur lequel debat, le premier president, au lever des plaidoiries, à l'instance des dessusdis, reserva à faire droit lendemain au Conseil (FAUQ., I, 1417-1420, 376). Ce jour, les advocat et procureur du Roy sont venuz en la Chambre de Parlement, au lever du siege (FAUQ., II, 1421-1430, 361).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

"Se mettre debout"

 

1.

Au propre

 

a)

(Se) lever : Tantost ly chevaliers leverent. (...) "Seigneurs, sés vous, ne levez mye ! ..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 174). Einsi se sist Li gentils rois. Et quant la dame vit, Il se leva, et par la main la prist, Car Courtoisie a faire li aprist. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 113). "Guillaume, moult bel respondez. Mais un bien petit m'entendez. Levez vous, car il plaist a nous Que plus ne parlez a genous. Et se plus ci après parlez, Parlez einsi, com vous volez, Ou en sëant, ou en estant, Car il nous souffist bien a tant." Lors me levay hastivement Pour faire son commandement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 185). [D'un mauvais valet] ...ne leva en sa vie Sanz lui trois foiz appeler ["sans qu'on l'ait appelé trois fois"]. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 27). ...le dit moine se leva dessus le dit Benoist et prinst un baston et en frappa le dit Benoist un coup par les jambes et un autre par les espaules, et tellement que le dit Benoist se coucha de tous poins à terre, aussi comme se il ne se peust lever (Doc. Poitou G., t.6, 1393, 143). Après ce se leva maistre J. Petit, maistre en theologie, qui dist que l'entente de l'Université estoit de monstrer en especial la faute et injure de ladicte espitre (BAYE, I, 1400-1410, 158). Et ce fait, se leva le Roy et les autres seigneurs, et se partirent du Conseil et s'en ala chascun en sa chascune (BAYE, II, 1411-1417, 132). Et après tous les sermens faiz et parolles dictes, ilz doivent rebaisier le crucifix, et puis chascun ensemble lever et retourner en leurs pavillons pour faire leurs devoirs (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 221). L'andemain, aussi tost que le jour apparut, Saintré se leva (LA SALE, J.S., 1456, 78). ...quand je l'ay eu trouvé, il ne s'est oncques daigné lever (C.N.N., c.1456-1467, 196). ...quand il viendra près (...) je me leveray et luy monstreray le derriere. (C.N.N., c.1456-1467, 403). Lesquelz [deux chevaliers à genoux] ayans receuz la responce du duc, celle qu'il y seoit, se levarent et se retrayrent en leur pavillon ; et la se commença a armer messire Jehan de Rebremettes. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 162). Accop, enfans, levés ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

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Faire lever qqn : Et icellui soir, de nuyt, que elle estoit couchée en son hostel, ledit Laisné, acompaignié d'un jeune homme nommé Lermite, vindrent à elle, l'appellerent, la firent lever, et de rechief ledit Laisné la pria moult affectueusement comme devant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 282). ...et lors ala icellui Perrin Des Guerres devers ledit Jehannin, prisonnier, lequel il fist lever de là où il estoit assis (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 498). Maintenant appelle les diables Pour faire lever cel enfant. Advisés le sorcier truant ! (Pass. Auv., 1477, 163).

 

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Se lever en / sur piez. "Se mettre debout, se relever" : Et la dame qui resgardoit Devers l'uis et ne s'en gardoit, Le vit et congnut a l'entrée ; Se s'est tantost en piez levée ; S'ala a l'encontre de lui, Et se n'i atendi nelui. (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). Quant Verite la royne ot ainsi repris et chastie la chevalerie d'Angleterre, dame Allegresse se lieva en piez et dist ainsi, "Ma treshonnoree dame et ma tresamee suer..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 398). ...le chevalier a la resne gauche se lieve en piez (C.N.N., c.1456-1467, 254). ...il se leva sur piez tres courroussié et mal meu (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

-

(Se) lever sus. "Se mettre debout, se relever" : Si ne vost qu'einsi demourasse, Eins me dist que sus me levasse, Car elle estoit en son estant. (MACH., D. Lyon, 1342, 185). NOSTRE DAME. Mes amis, levez sus, levez ! S'en alons tost a mon ami Que complaindre voy la enmy Celle grant place. (Mir. emp. Julien, 1351, 223). "...Ren au grant Dieu grace et loange, Qui aporté ci par son ange M'a en brief temps de longue voie. Si desir moult que je te voie. Lieve sus et pren le mengier Qu'ay fait et que tu dois mengier." Quant Daniel parler l'oy, Moult durement se resjoy (MACH., C. ami, 1357, 42). Or vous ay dit le voir sans fable De la fonteinne delitable, Se vous pri que sus vous levez, Amis, et que vous en buvez. (MACH., F. am., c.1361, 194). La royne ly dist : "Hé ! belle cousine, levez sus et venez veoir tant de si belles choses..." (LA SALE, J.S., 1456, 158). Ouvrez-moy, ouvrez, je suys vostre filz, je suys hors de la main de vous ennemys ; levez tost sus, se ouvrez vostre huys. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 136). Mere piteuse, Sus levés vous ! Trop rigoreuse - estes a nous ! (Pass. Auv., 1477, 241).

 

-

Se lever en son estant. "Se mettre debout, se relever" : Et quant j'eus finé mon depri, La ne fis pas moult lonc detri : Eins me levay en mon estant. Si m'aloient amonnestant Amours, Desirs et dous Espoir De ma chiere dame vëoir, Tant que tantost m'acheminay Par la sente, et mon chemin ay Pris, en bon espoir, vers la tour Ou maint ma dame au gent a tour. (MACH., R. Fort., c.1341, 123).

 

-

[Par respect] : Mais avecques ce, a tout vieil homme ou ancien l'en ly doit faire reverence selon ce que il appartient a son aage, si comme en soy lever ou encliner contre eulz ou en teles choses. (ORESME, E.A., c.1370, 459).

 

-

[Pour mettre fin au guet] Se lever de son guet : ...quand il perceut tout ce qui fut fait, se leva de son guet, et s'en alla (C.N.N., c.1456-1467, 442).

 

-

[Pour mettre fin à la séance] : Ce jour et environ X heures, s'est levé le Conseil, et sont alez aucuns des messeigneurs, presidens et autres, en la Chambre vert de ce palaiz (BAYE, I, 1400-1410, 56).

 

-

[Pour partir] : ...et ne tarda gueres que Corialanus fist lever son ost et s'en retourna. (LA SALE, Sale D., 1451, 105).

 

-

[D'un mort] "Ressusciter" : Adolessent, sus ; leve sus ! Leve toy, mort ; je parle a toy ! (Pass. Auv., 1477, 131).

 

b)

(Se) lever de

 

-

(Se) lever de terre. "Se relever" : Si l'ayda a lever de terre (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 49).

 

-

(Se) lever de table. "Quitter la table" : Nous avons assez longuement Sis a table. Lever m'en vueil (Mir. Theod., 1357, 97). Et se leva de la table et ala hors de l'ostel, et depuis n'y retourna. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 559). Or rendons graces amiables A Dieu, puis levons de la table. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 130). Adonc les tirans mainent Ypolite a l'empereur, et dit la femme en se levant de table a ses gens (Myst. st Laur. S.W., 1499, 257).

 

.

Se lever de manger : Alez vous en dire bonne erre A Eufemian, Rogier, Que s'il est levé de mengier Qu'a nous deux viengne sanz demour (Mir. st Alexis, 1382, 289).

 

-

Se lever de qq. part. "Quitter (un lieu)" : Je pers mon temps et ma jeunesse A lever de ma forteresse (P. moyne, a.1500, 45).

 

.

Se lever d'illueques. "Partir de là" : Ce fait, d'ilueques me levay, Mon vis seignay, mes mains lavay, Et puis j'issi hors sans attendre Pour enquester et pour aprendre Comment ne par quel tour saroie Qui cils estoit qu'oy avoie. (MACH., F. am., c.1361, 180). Si que d'ilueques nous levames Et vers son chastel en alames, Qui est li plus biaus, a voir dire, Qui soit en France n'en l'Empire. (MACH., F. am., c.1361, 240). Si que d'illueques nous levames Et dessoubz ombroier alasmes Et sur l'erbe vert nous seÿmes. (MACH., Voir, 1364, 238). Aprés mengier l'oste paiames Et puis d'illuecques nous levames. (MACH., Voir, 1364, 334).

 

-

Se lever de qqn. "Quitter qqn" : Là fu la traïson mortel Tout de nouvel recommencie, Traitie, jurée et plevie, Et furent trestuit d'un acort Que le landemain, sans deport, Li roys seroit ocis et mors. Mais li roys voloit aler hors, Si que plus matin se leva D'eaus tous, dont sa vie sauva. (MACH., P. Alex., p.1369, 263).

 

-

Inf. subst. "Action de se lever" : ...ce fu au lever du disner du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 275).

 

c)

En partic. "Quitter le lieu du duel" : ...Basin ne se rendit oncques, maiz Radus est sans congieit leveit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 182). [Cf. note de l'éd. (5935) ; JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., 14570]

 

2.

Au fig.

 

a)

Se lever à qqc. "S'élever à qqc." : De ce advient il que je congnois la voie de perfection, et voy assez cler comme je dois faire, mais je ne me lieve point vistement aux choses plus parfaictes pour ce que je fuis pressé du poix de corrupcion. (Internele consol. P., 1447, 245).

 

-

SPIRITUALITÉ [De l'âme ; dans le courant de Saint-Victor] "S'élever au 2e degré de la contemplation" : Et ie croy que ces meditacions ycy te seront moult fructueuses, et par ce tu te leueras en pensee a mediter les benefices de Dieu en toy, les bons desirs, les bons mouuemens, les secres conseilz quil te donne en tes affaires (CIB., p.1451, 187). ...et se transporte de son premier estat et est comme toute resolue et satenuit et se affoiblit et se lieue en hault comme une fumee tant quelle est rendue defaillant en esperit. (CIB., p.1451, 191). ...et quelle est aussi comme suppendue par vehemmente admiracion des choses a quoy elle pense et se lieue hastiuement par maniere dung escler a contempler telle pulcritude. (CIB., p.1451, 191).

 

b)

"Se préparer à un soulèvement, se soulever" : ...les Liégeois avoient mis leurs bannières sur le marché en signe de guerre et se vouloient mouvoir contre luy et invader son pays de Haynau, et de fait furent esmus et se commençoient à lever jà en grandes tumultes et tourbes gens comme tous effuriés (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 367). Mais, aprés que folle jeunesse s'est levee et [a] contempné et mesprisié ces anchiens peres, tout est fondu, tout est consommé, tout est perdu. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 164).

 

-

Se lever encontre qqn. "Se soulever, se rebeller contre qqn" : ...le peuple de la cité fut seduict et meu tellement que par mutemacque se leva encontre le seigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 575).

B. -

En partic. "Quitter le lit (au matin)" : ...Me levay par un matinet Et entray en un jardinet Ou il avoit arbres pluseurs. (MACH., D. verg., a.1340, 13). PREMIER CHANOINE. Or sus, sus, mon seigneur Simon, Je vois noz matines sonner. Pensez tantdis de vous lever Que sonneray. (Mir. ev. arced., c.1341, 113). Sans plus atendre me levay, Et moy levé, mes mains lavay ; Moy lavé, sans plus atargier, M'en alai devers le vergier (MACH., D. Lyon, 1342, 163). Qui ne se couche a heure et lieve, C'est une chose qui tant grieve Qu'on en haste souvent sa mort. (MACH., C. ami, 1357, 127). Car, pour parler ne pour rouver, Ne pot li clers acort trouver ; Eins se departi sans acort, Et s'en revint tout droit au port De Nimesson, où il trouva Le roy qui encor se leva, Car il estoit assez matin. (MACH., P. Alex., p.1369, 129). Amour d'argent commendera a ung larron soy lever au matin diligemment pour embler ou tuer : il y obeira (GERS., Concept., 1401, 411). ...quant le jour fut, il se leva. (C.N.N., c.1456-1467, 67). ...les raiz du soleil (...) firent mere et fille bien a haste lever. (C.N.N., c.1456-1467, 99). ...il s'esveilla, et regarda que son compagnon estoit levé (C.N.N., c.1456-1467, 180). Il nous fault lever matin pour telles materes. (C.N.N., c.1456-1467, 208). ...je ne vous ay pas oy lever. (C.N.N., c.1456-1467, 266). ...n'est il pas temps de lever ? (C.N.N., c.1456-1467, 266). ...affin que sa chambriere luy tinst compaignie a querir son mary, elle s'en alla en sa chambre pour la faire lever. (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...il estoit trop matin pour eulx lever (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...depuis ne dormit gueres, tant qu'il fut heure de lever. (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...[elle] fist ses gens lever et appella sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 368). ...voyant son mary chacun jour continuer la diligence et entente de soy lever pour ouvrer et marteler, s'advisa qu'elle employroit avecques son curé le temps (C.N.N., c.1456-1467, 492).

 

-

(Se) lever du lit / d'un somme... : Car de ce lit me leveray Pour le querir. (Mir. chan., c.1361, 176). Quant de ton somme leveras, Dessoubz ton chief ces herbes pren Qui moult te vaudront (Mir. emper. Romme, 1369, 284). ...et si a la bouche amere, et a soif avant qu'il lieve de son lit (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 62). Son cuer tellement s'esdreça En joie et prist si grant delit C'onques puis ne leva du lit (Mir. Berthe, c.1373, 210). ...en certaine hostellerie où il estoit logiez avec plusieurs compaignons, se leva de nuit du lit où il estoit couchez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 282).

 

.

Se lever en son seant. "Quitter la position couchée, s'asseoir dans le lit" : En mon seant me vueil lever : Je sens bien trop me suis tenuz Gisant. (Mir. st Sev., 1362, 207).

 

-

En partic. "Quitter le lit au terme d'une maladie" : Ladre, mon frere, point ne lieve. Par maladie est si grievé, Trois jours a qu'il ne fut levé (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 304). Ma dame en son lit telement Est malade que vraiement Je doubte que jamais n'en liéve. (Mir. Berthe, c.1373, 208). La royne mesmes, qui depuis huit jours n'avoit esté levee ["qui ne s'était levée"], se dressa en son lit et les salua. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 58). ...ledit Macé, soy sentant comme homme guery, se voulu lever et aler à l'esbat (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 258).

 

.

Lever de maladie. "Sortir de maladie, être rétabli" : ...et [la fleur de bourrache] reconforte gens nouuellement leuez de maladie et a vertu contre poizon et fieblesce de cuer et est bonne contre melencolie et donne leesse et oste iannisse. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 504).

 

-

Lever de gesine. "Se lever de couches" : NOSTRE DAME. Zebel, il est temps que je doye De ceste gesine lever, Et au temple de Dieu aler Pour ma purificacion (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 222).

 

-

Inf. subst. "Fait de se lever le matin et de quitter le lit ; moment où l'on se lève" : Alons men tost, pour eschiver Blasme, que soions au lever De mon seigneur. (Mir. pape, 1346, 367). ...et au lever que fist le lendemain matin icellui chevallier, et qu'il fu yssu hors de la chambre où il avoit couchié, il qui parle ala en ladite chambre pour prendre le mantel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 366). ...Monseigneur, pour ce que vous m'avez fait dire que je feusse à vostre couchier et lever tous les jours, je y suis venu (Doc. Poitou G., t.7, 1421, 366). ...elle se laissa ferrer et vint, comme elle souloit, au lever et aux aultres heures qu'elle povoit eschapper (C.N.N., c.1456-1467, 415). Le lundi au matin, a son lever, la pluspart des dames et bourgoises de la dicte ville de Pise, mesmement les principales et plus especialles du dict lieu vindrent devers luy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 275).

 

-

Prov. : Il se peut tresbien lever tart Qui a nom ["la réputation"] de lever matin (CHART., D. Her., p.1415, 434).

 

Rem. Autres ex. ds Prov. H., 147 [L37].

C. -

P. anal. [D'une chose]

 

1.

"Se gonfler"

 

-

[Du pain] "Se gonfler (sous l'effet de la fermentation)" : Et soit le pain levé et cuit Moyennement, autrement nuist, Nompas trop vielx, n'aussi trop froiz (LA HAYE, P. peste, 1426, 89).

 

-

[Du ventre d'une femme enceinte] : Ma dame, plus vous est levé Le ventre qu'il n'iere avant hier. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 221). Ce qui fait le ventre lever, Ce n'est fors que plaisant folie. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 146).

 

-

[Du coeur] "Se gonfler, être sur le point d'éclater (sous le coup d'une violente émotion)" : Moult fort me griefve, Sans prendre tresve - si grant effort. Il fault que lieve Mon cuer, que creve - pour ceste mort. (Pass. Auv., 1477, 240).

 

-

[Des caractères d'une inscription] "En relief (?)" : ...une table de marbre (...) painte a or, si avoit escriptes lettres levees qui bien se pouoient laissier lire. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 28).

 

2.

"S'élever, apparaître"

 

a)

[D'un astre, en partic. du soleil] "Apparaître à l'horizon" : ...quant soulleil levera, Sauvages ert pendus (Tristan Nant. S., c.1350, 432). Il dient que la ou le solleil rescouse, il leva anciennement. (ORESME, C.M., c.1377, 96). Et faisoient cest arguement car le soleil quant il recouse et quant il lieve, la terre le nous muce partie apres autre selon ligne droite et non pas selon porcion de ligne circulaire, si comme il deust estre se la terre fust de figure sperique. (ORESME, C.M., c.1377, 538). Tout droit au jour, que le soleil levat... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 126). Comme a l'encommencement du nouvel temps, ou quant l'estoille journale se doit prochainement lever a l'aube du jour, toute riens s'esgaye et s'esjouyst (GERS., Concept., 1401, 390). Le soleil qui lieve matin A grant peine fera ja bien. (Est., p.1460, 21). Ici ne fault plus sejourner, Il est heure de prandre tarre ; Pour parler ne pour sermonner Nous ne faisons ung fait de guerre. Partir nous fault sans plus enquerre ; Nous voyons le soleil levé : Le conquereur qui veult acquerre Pour chomer est souvent grevé. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 538).

 

-

Inf. subst. : ...les estoilles ne au lever ne au coucher... (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 297). ...le lever et le couchier Du muminaire noble et chier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 121).

 

-

Signe levant. "Signe zodiacal qui se trouve au-dessus de l'horizon" : ...et par ainsi il appert que quant le soleil est au premier point de cancer, les 6 signes [du zodiaque] qui se lievent a celle journée mectent grant temps a lever et les autres 6 opposites aussi grant temps a eulx coucher ; et le contraire est des autres quant le soleil est en capricornus. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118).

 

-

Soleil levant. "Lever du soleil" : Au matin, si comme au soleil levant, les ennemis se departirent de Prilli (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 6). ...ainsi comme un pou après soleil levant, il entra en l'ostel de maistre Regnaut de Molins, chamberier en l'eglise de Chartres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 217). Lesquelz biens chargiez comme dit est, ilz se partirent environ heure de soleil levant, et s'en vindrent boire à Saint-Denis, et d'illec à Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 349). ...et s'esploittierent tant que ilz vindrent, environ soleil levant, a VIIJ. grosses lieues de la (ARRAS, c.1392-1393, 149). ...du soleil levant jusques a soleil couchant (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 6). ...et par ainsi il appert que ilz sont en esté et en yver depuis soleil levant jusques a soleil couchant 6 signes levans et les autres 6 signes couchans (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118). ...et aloit coucher au point du jour ou à soleil levant souvant, et pour ce estoit aventure qu'il vesquist longuement. (BAYE, II, 1411-1417, 232). Car, s'il veult bien dispenser son temps, il doit au soleil levant penser du conseil et au solail couchant du disner. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 142). Ilz deslogerent avant soleil levant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 143).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Côté de l'horizon où le soleil se lève ; région de la Méditerranée orientale" : ...puis tiré à Romme et à Venize et de là au Kaire et en Alexandrie, puis retourné devers ledit duc, où je ne residé gueres que le roy Loys me voulsit aver ; touteffois, congnoissant ses inclinacions, differé et m'en retourné ès montaignes de Savoye et voulu congnoistre des herbes, car j'avoit veu en Levant ce que l'on peut veoir de toutes especes de perrerie et aprins à icelles polir et tailler, sculper et graver (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

 

-

[De l'aube] : Qui est ceste dame qui est venue aussi conme l'aube du jour soy levant, qui est belle conme la lune, eslevée conme le soleil... ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 251).

 

b)

"S'élever (de terre), apparaître"

 

-

[Du blé] : Et, quant les blez se commencerent a lever... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 81).

 

-

[De la rosée] : Mais je m'en reving a l'ostel Pour le chaut qui ja la rousee Abatoit qui estoit levee. (MACH., Voir, 1364, 132).

 

c)

[Du vent, de l'orage, du feu...] "Commencer à monter" : Ungs oraiges de mer a celle heure leva (Tristan Nant. S., c.1350, 81). Mais ung vent nous [datif éthique] leva de telle randonnee Que... (Tristan Nant. S., c.1350, 88). ...en ses bras son filz prent, Vers la chambre le roy s'en queurt moult vistement ; Mais le feu fut levé ycy hideusement (Tristan Nant. S., c.1350, 582). Mez Dieu pour li sauver fist lever .j. ourage (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 143). [cf. aussi Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 203] Se vent léve et mer s'orgueillist, Vous noierez ysnel le pas. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 60). Maiz l'endemain levat ung vent et ung oraige qui at leur nave toute debrisee. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 5). À ce forment amonnesté De sa droite propriété, Si engendra foison de vens Devers Medi le plus levans, Qui portèrent l'infection Par toute terre et région (LA HAYE, P. peste, 1426, 28). Car la propriété des vens, D'icelles parties levans, De sa nature appure et mue Toute eaue en mieulx qui contre flue (LA HAYE, P. peste, 1426, 101). Le vent d'acquillon est levé ; Deux des nostres a subvercé Et noyés dedans la riviere (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 181).

 

d)

Au fig. [D'une rumeur, d'une alarme...] "Se développer" : Et quant ilz furent ens, dont fut le cry levés, Au lit Tristan s'en viennent, et la fut atrappés. (Tristan Nant. S., c.1350, 381). La bataille commance, le hutin est levés. (Tristan Nant. S., c.1350, 400). ...Dont leva ly hutin et la noise s'espant. (Tristan Nant. S., c.1350, 524). ...dont se leva une grant rimeur par les nobles et le commun de la ville en fureur de peupple, criant : Vive la royne ! Vive la royne ! (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 194). Lors plus que onques mais le roy l'ama et le tint chier, si fist la royne, tant qu'il leva bruit (LA SALE, J.S., 1456, 71). ...pour le grant bruit qui levoit a leur environ. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 161). Toutefois, environ deux heures aprés minuyt, il se leva quelque alarme, mais ce ne fut riens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 282).

 

-

[D'un conflit] "Surgir, naître" : Il presdit sur une conjunction de Saturne et Mars et, par la revolucion d'aucun an, le grant differant et yre qui se leva entre les plus grans de Perse (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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