C.N.R.S.
 
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     FIN1          FIN2     
FEW III 560a,561b finis
FIN, subst. fém.
[T-L : fin1 ; GD : fin1 ; GDC : fin1 ; AND : fin1 ; DÉCT : fin1 ; FEW III, 560a,561b : finis ; TLF : VIII, 901a : fin1]

I. -

"Ce qui est au bout, ce qui constitue la limite, le terme de qqc. (dans l'espace ou dans le temps)"

A. -

[Dans l'espace] "Limite" : ...Et acrurent de leur regne les fins (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 26). Or appert donques que le corps qui est meu circulairement n'est pas sanz terme et infini, mes a fin en sa quantité. (ORESME, C.M., c.1377, 102). ...et lesquelz vins furent alez querir jusques es fins et mettes des dernieres villes d'Espaigne. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 109). ...en la mer loingtaine et es ultimes fins de la terre (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 181). ...et fut cause seul et principal de fonder, faire et construire la noble cité de Geneve, sur la fin du lac de Losenne, qui est chambre imperialle (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 v°).

 

-

"Frontière" : ...dedens les fins et mettes de nozdis pais, garderons et deffenderons et ferons garder et deffendre, à nostre loyal pooir, de toutes oppressions et molestations indeues (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 368). Ci dit comment l'ost des Rommains fu si desconfit, en la fin d'Espaigne, qu'il n'en remaint pié, pour venir dire les nouvelles. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 243). ...ung assez bon chastel qui seoit sus la fin du royaume d'Escoce (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 243). Nous avons ja dedens les fins Fort cheminé de Galilee (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 295). ...depuis les fins de la haute Bourgongne, jusques ès pays du duc... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 34). ...je ne me puis assez esmerveiller que de present ses fins et metes soient si restrains (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 371). ...ladicte place est sur la fin de la conté de Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 189). ...nostre ville et conté de Liney soit située et assise ès fins et termes du royaume de France (Archives servit. Louis XI, T., 1476, 88). ...nous avons esté advertiz que aucuns particuliers ont fait certaines monopoles et assemblées de peuple (...) dont n'avez fait ne fait faire justice ne pugnicion, combien que ce ait esté fait es fins et mectes de voz povoir et juridictions et que ce soient choses prohibées et deffendues en nostre royaume (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1496, 276).

B. -

[Dans le temps]

 

1.

Au propre "Terme" : Si seray a fin et a chief De la douleur et du meschief Qui ou cuer m'est. (Mir. emp. Julien, 1351, 207). En tele resolucion l'en commence a la fin, car elle est premiere proposee et descent l'en par les moiens de l'un a l'autre siques au derrenier et ileques ou derrenier commence l'en execucion en retournant et procedant ou tendant vers la fin (ORESME, E.A.C., c.1370, 191). Mais yci est a noter premierement que l'isneleté du mouvement de la chose pesante ne crest pas touzjours en descendant, quar se le moien par quoy il est fait estoit plus espés ou plus fort a diviser en bas que en haut, ce pourroit estre tellement que il seroit plus tardif en la fin que au commencement, et tellement que l'isneleté seroit touzjours egualle. (ORESME, C.M., c.1377, 144). Si s'en vont moult esmerveillant et dient entre eulx : Je ne scay qu'il advendra du surplus, mais veez la beau commencement et grant apparance de grans noblesces et de grant honneur. Dieux doint que la fin en soit bonne ! (ARRAS, c.1392-1393, 38). ...en son dueil n'avoit point de fin. (ARRAS, c.1392-1393, 181). La fin fut aultre. [Une femme trop sûre d'elle voit ses plans déjoués] (C.N.N., c.1456-1467, 237). Et du surplus je me tais. Et a tant, fin. (C.N.N., c.1456-1467, 457). Et a la fin te doint Paradis ensemble a tous tes loyaulx amys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 299).

 

-

[En contexte nég., idée d'éternité] : ...Et li benois sains esperiz, Qui Dieux est pardurablement Sanz fin et sanz conmencement (Mir. ev. arced., c.1341, 110). Et pour ce qu'il n'a en la divinité fin ne commencement, pour ce finablement fu au monde bailliee aussy tele ronde figure en laquelle on ne treuve aussy commencement ne fin. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 6). Vous portastes, digne Vierge, princesse, Jhesus regnant qui n'a ne fin ne cesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 80). Et par ainsi ce sera proces sans fin et comme ung cercle, qui se retourne en soy mesmes, dont on ne puet scavoir n'apparoir principe ne fin, ou il convient parvenir a une chose qui est cause effective de toutes choses sans avoir estre d'aultrui ou par aultre chose. (Somme abr., c.1477-1481, 101). Est dont a scavoir que ceste diction "infini" se puet entendre par trois manieres, c'est assavoir par negation, par privation, par contrarieté. Infinitum prins negativement dit abnegation de fin, et par ainsi infinitum est ce que ne puet avoir fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132). Selon la premiere consideration, l'essence divine est du tout infinie, car elle n'a point de fin et pas n'est disposee a avoir fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132). "...eternité est une possession joyeuse et toute ensemble parfaite de vie sans terme", c'est a dire sans principe et sans fin. (Somme abr., c.1477-1481, 140).

 

-

Prov. : De maise vie a maise fin Vient on, ce dient li devin ; Et bonne fin la bonne vie Atrait (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 126). L'en dist ensi communement Bon fin du bon commencement, Du bon pourpos vient bon exploit (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 187). Car mauvaise fin vient de fol commencement. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 53). Il fault avoir a la chose commencement et moyen ains que la fin. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Maise fin ensuit maise vie (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 163). ...la bonne fin fait louer l'oeuvre (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 422). ...et dit on que la bonne vie atrait la bonne fin (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 460). La fin suyt le commancement ["dépend du"] (MART. D'AUV., La Dance des Femmes, éd. L. Götz, 1460-1508. In : Z. fr. Spr. Lit. 57, 1933, 329). De male vie male fin. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 63). La fin suit le commancement (Danse macabre femmes H., p.1480, 102). ...de bonne vie, bonne fin (AUBRION, Journal L., 1493, 334).

 

Rem. Nombreux autres ex. ds Prov. H., 114 [F88 ; F89 : F90].

 

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La fin fait le compte. "Seul compte le résultat" : Retournés vous en, monseigneur, A toute vostre corte Honte. On dit vray : la fin fait le compte. Vous m'avés fait oultraige grant. Voyez comment il vous em prent (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 227).

 

2.

Loc. adv.

 

a)

À (la) fin

 

-

À la fin. "Finalement" : Et ot Melusigne, les deux ans après, deux filz, de quoy le premier ot a nom Fromont, et ama moult l'eglise, car bien le monstra a la fin, car il fu rendu moine a Malieres (ARRAS, c.1392-1393, 196). ...a la fin il fut trompé par l'orde eaue que l'amant de sa dicte femme getta par une fenestre sur elle (C.N.N., c.1456-1467, 9). Et soyés aussy seur que de la mort que, se vous voulés longuement guerroier le roy, il sera à la fin trouvé par tout le monde que vous avés abusé du mestier de la guerre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 263).

 

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"En dernier" : Cuida que la parolle fust pour bien recordee ; Mais c'estoit a la fin qu'il euist le penssee D'entrer si fort avant sur celle gent dervee Que ja mais a nul jour n'en fezist retournee. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 184).

 

.

À tout dire à la fin. "Pour tout dire, en fin de compte" : ...vous lui veulliez prier [à votre frère Grion] que il la veulle prendre [ma fille] a moillier et le royaume d'Armenie avec. Et s'il vous semble que elle n'en soit digne, si la aidiez a assenner a quelque noble homme qui saiche le pays gouverner et deffendre des ennemis Nostre Seigneur. Or y veulliez pourveoir de remede, car, a tout dire a la fin, s'il vous plaist, je vous fais heritier de mon royaulme. (ARRAS, c.1392-1393, 141).

 

-

À fin. "Définitivement, une fois pour toutes" : Compains, je le vous di a fin (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 125).

 

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À fin de pièce. "Au bout d'un certain temps, finalement" : A fin de piece, après ung tas d'ymaginacions que pour abreger je passe, conclut et determina d'envoier sa petite meschinette devers luy. (C.N.N., c.1456-1467, 570).

 

-

Fin à fin. "Au fur et à mesure" : ...fin à fin que aucunes difficultés chéoient grandes et pesantes, envoyèrent battant devers le duc à Hesdin pour en avoir son avis. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 339).

 

b)

En (la) fin

 

-

En la fin. "Finalement" : Et en la fin perdi dolereusement corps et enfans et biens et sa femme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 130). En ce party se combatirent grant espace de temps, et s'entredonnerent moult de grans et horribles coups. Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel... (ARRAS, c.1392-1393, 63). ...en la fin Il l'accorda, a celle fin Que les barons ne le traÿssent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 313). En la fin, ung entre les aultres s'avisa et dist... (C.N.N., c.1456-1467, 64). GUILLEMETTE. Celluy qui l'aprint a l'escole Estoit normant ; ainsi advient Qu'en la fin il luy en souvient. (Path. D., c.1456-1469, 130). Mais, en la fin, ceulx de ladicte ville de Dynan, par traïson et autrement, furent surprins, et entrerent lesdiz Bourguignons dedens icelle ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164). TESTE VERTE. Le Temps a nous retournera, En la fin, je n'en doubte point. (Sots triumph., c.1475, 47).

 

-

En fin. "Enfin, finalement, au bout du compte" : Cil roy, dont je vous dy, n'ot oncques puis joye au cuer, et regna grant temps, mais de jour en jour fondoit et decheoit en pluseurs manieres et en fin il mouru. (ARRAS, c.1392-1393, 306). En fin monta en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 572). Auffort, triste est le sommeillier Qui fait aise jeune en jeunesse, Tant qu'en fin lui faille veillier Quant reposer deust en viellesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 107).

 

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En fin de compte : Lors que ceulx de l'embusche apperceurent qu'ilz furent dedens, ilz brochent les chevaulx des esperons, et viennent a la ville, et entrent qui mieulx mieulx. Lors ouyssiez crier : Trahy, trahy. Et d'autre part : Ville gaignie. En fin de compte, tous ceulx qui furent trouvez furent mors ; mais grant foison s'en party. (ARRAS, c.1392-1393, 286).

 

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 161.

 

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Fin de compte : Mais fin de compte, aprés celle noble feste, Thoas emmena Cresille sa compaigne... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 259). [Autres ex. p.180 ; 186 ; 190]

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 77 ; CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 238... ; pour fin de compte : GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 337.

 

c)

Fin de parler. "Finalement, tout compte fait" : Mais je ne sçai, fin de parler, Comment je puisse la aler (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 178).

 

d)

Jusques en la fin (de) : Donques, a prendre felicité en ceste maniere, nous dirons que ceuls qui ont les choses ou condicions dessus dictes et qui, avecques ce, les avront jusques en la fin, il sont presentement beneurés. (ORESME, E.A., c.1370, 136). Ce jour, fu ordonné que, jusques en la fin de ce Parlement, on plaideroit IIIJ jours la sepmaine (FAUQ., I, 1417-1420, 172).

 

e)

Par fin

 

-

Par fin de compte. "En fin de compte, finalement" : Puis que tu es du tout cloué, Maistre Jhesus, par fin de compte, Dy moy si farons de toy conte, Veu que tu es comme ung larron. (Pass. Auv., 1477, 200).

 

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Par la fin de son compte. "En fin de compte" : Pierre de Caours doit par la fin de son compte Vc XXIX l. (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1337, 284).

 

-

Par tel fin que + ind. "Avec cette issue que" : Or vous en allez, beau pere, par tel fin que vous me quicterez le disme que ma femme vous doit. (C.N.N., c.1456-1467, 221).

 

f)

Sans fin. "À tout jamais" : Dieu (...) Qui en trinité regne et vit En gloire et sanz fin regnera In seculorum secula. (Mir. abbeesse, 1340, 63). Par aventure que ces raysons ne sont pas purement evidentes ne simplement demonstratives sanz autre chose suppouser, quar nul movement n'est si tardif que encor ne soit autre la moytié plus tardif et autre plus, et ainsi sanz fin oultre toute proporcion, si comme il appert des parties du ciel en approchant vers la pole (ORESME, C.M., c.1377, 102). Puis [Présine] disoit a ses trois filles en plourant : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11). Haa, Melusigne, dist Remond, dame de qui tout le monde disoit bien, or vous ay je perdue sans fin. Or ay je perdu joye a tousjours mais. (ARRAS, c.1392-1393, 243). La paix Jhesus soit avec moy Tout temps sans fin, car a luy croy. (Pass. Auv., 1477, 267).

 

g)

Sur la fin. "Enfin, en dernier lieu" : En aprés et sur la fin, tu commancez a doubter se en celle difformité en laquelle tu vis, tu peulx estre amee (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 289). Sur la fin, y vindrent les contes d'Armignac, duc de Nemours, et le seigneur d'Allebret (COMM., I, 1489-1491, 59).

 

3.

Loc. verb.

 

-

Avoir fin. "Être maître du terme, tenir bon, résister"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 154.

 

-

Conduire fin de qqc. "En terminer avec qqc." : Et lui tarde que je ne meure et devie Pour avoir fin de son derrenier tourment (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 21).

 

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Conduire qqc. à fin. "Mettre un terme à qqc." : Pluseurs aultres haultes et dures adventures ont esté demenées [et] a fin conduictes ou royaume d'Angleterre (C.N.N., c.1456-1467, 79).

 

-

Donner fin à qqc. "Mettre un terme à qqc." : ...je cesseray le parler, et donneray fin au compte. (C.N.N., c.1456-1467, 240). Quand ce bon marchant eut donné fin a ses treslongues devises, il se trouva avec ses compaignons (C.N.N., c.1456-1467, 560).

 

-

Faire fin à qqc. "Mettre un terme à qqc." : Et comme il soit temps de faire fin à ceste matiere et reprendre nostre premiere forme... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 184). Pour faire fin a nos dis ie conclurray ce present liure par une briefue recapitulacion de la matiere diceluy. (CIB., p.1451, 184). Pour faire fin a long procés, maistre prestre vint a l'heure assignée (C.N.N., c.1456-1467, 456). ...qui estoit la derraine assemblee qu'elles devoient faire et ou elles devoient conclurre et faire fin de leurs articles. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111). Samuel, aproche sa le corps ; En terre fault que soit donné Pour faire fin ad nous effors. (Pass. Auv., 1477, 104).

 

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Faire fin de qqc. : ...son intencion estoit de retourner ou royaume de France et de jamais n'en retourner ne rapasser la mer, s'il n'avoit fait fin de guerre ou paix à son honneur (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1360, 298).

 

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Pour faire fin. "Pour mettre un terme à mon discours (je dis que) ; en fin de compte" : LE GAUDISSEUR. Messeigneurs, pour vous faire fin, Je fus servy a la plaisance, Quant vint le lendemain matin, Je me rendy en l'observance. (Gaud. sot, c.1450, 15). Pour faire fin, l'un de ces quatre s'avança de ferir de son baston a l'huis de la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 551). Et de fait, pour en faire fin, renvoia hastivement ses gens... (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 76).

 

-

Mener qqc. à fin. "Mettre un terme à qqc., achever qqc." : ...pour finir et mener ad fin et toutes nos causes, querelles et besognes... contre toutes personnes nos adversaires par devant tous seigneurs et tous juges en Parlement et ailleurs. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1402, 489). ...les haulx fais que ce chevallier emprenoit et menoit a fin (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 50). ...faictes bonne chere, car j'espere bien ceste besoigne mener a fin. (C.N.N., c.1456-1467, 297).

 

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Emmener qqc. à fin. "Achever qqc." : ...le bon clerc emprint sur luy de la tresbien conduire [sa résolution] et a sa seure fin emmener (C.N.N., c.1456-1467, 92).

 

-

Mettre fin à / en qqc. "Mettre un terme à qqc." : ...a peine y pourra on fin mettre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 6). ...et puiz les ordonnences leues, fu mis fin ou Parlement quant aux Plaidoiries (BAYE, I, 1400-1410, 42). ...mais ont acoustumé de terminer et mettre fin en tous les procès de leursdis bourgois et subgiez, en usant de leurs privileges, usages, coustumes et prerogatives (FAUQ., II, 1421-1430, 297). Il n'a tente ne pavillon Qu'il n'ait lessié a ses amis, Et n'a mais q'un peu de billon Qui sera tantost a fin mis ["épuisé"]. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30).

 

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Mettre fin en ses dits. "Se taire" : Appaise toy et mect fin en tes diz (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 64).

 

.

Mettre qqc. à fin. "Mettre un terme à qqc., achever qqc." : ...pour la bonne amour et affection que nous avons ausdictes parties, du consentement et volenté expres du Roy, nostre sire, nous sommes chargéz, et avons pris le fais en nous de euls accorder, et sur lesdiz debas ordener et mettre à fin (Trés. Reth. S.L., t.2, 1337, 39). Si vous pri (...) Qu'avec moy venez (...) Tant qu'arons fait ceste besongne Et mis a fin. (Mir. st Guill., c.1347, 14). Ce qu'as conmencié a fin mez, Et briément es cieulx t'en venras. (Mir. st Guill., c.1347, 46). ...nous avons intencion de combatre le soudant et mettre brief ceste guerre a fin (ARRAS, c.1392-1393, 99). Pour mectre a fin vostre doleur... (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 391).

 

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Estre mis à fin. "Être anéanti" : Veez le la ou il se combat a voz gens, et s'est feru ou havre emmy les plus druz, et quanqu'il attaint est destruit et mis a fin. (ARRAS, c.1392-1393, 220).

 

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Mettre un adversaire à fin. "Vaincre un adversaire" : Ogier estoit fort et hardis (...) I l'a derain mist a fin. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 151).

 

-

Prendre fin. "S'achever" : ...la mauldicte et pestilencieuse guerre de France et d'Angleterre regnoit, et (...) encores n'a prins fin (C.N.N., c.1456-1467, 54). Joyeuseté sur tout muable Prent fin en chouse terrible. Tropt grant joye est fort nuyzible, Si charnalité dilicieuse La regit en mal appetible (Pass. Auv., 1477, 106).

 

.

"Conclure" : ...pour, avecques le roy et autres seigneurs de son sang et lignage qui seroient ilec, veoir prendre conclusion et fin sur le fait du procès fait à l'encontre du duc de Nemours (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 50).

 

-

Rendre fin. "Achever pour en rendre compte" : Noustre terme si est si cours, Et nul ne pense a rendre fin. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 55).

 

4.

En partic.

 

a)

"Dernière partie d'une période, moment où une période se clôt" : ...et leur seroit une tresgrant grace a soustenir leur estat et leur vie, s'ilz trouvoient qui leur prestast une somme de monnoye sus bon gaige, et a la fin de l'anne[e] qu'ilz auroient tenu la monnoye sans aucune usure, ilz rachaptassent leur gaiges et de leur propre volunte (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 287). ...il avoient oy dire audit evesque, en la fin de ses jours, que dudit cas se rapportoit à la discretion d'icelle Court (BAYE, I, 1400-1410, 282). Et la Court n'a pas acceptée leur dicte requeste, mais les a conseilliez de attendre le retour et la venue de l'evesque de Theroenne, chancelier, que on attend en la fin de ce mois d'avril. (FAUQ., III, 1431-1435, 11). En laffin [l. la ffin] dudit moys d'aoust se desloga ledit roy de France de Senliz (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 107). Et, vers la fin dudit mois d'aoust, nostre souverain seigneur et roy de France Loys, lors estant daulphin de Viennoys et ainsné filz dudit defunct, succeda à ladicte couronne, fut sacré roy à Reims, par l'arcevesque Jouvenel (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 23). Guillaume l'Espaignol, souverain clerc à Paris, compaignon de Perre Lombard, pour ce temps evecque de Paris, jugea sur l'eclipse qui fut le XIe des kalendes de juillet, en la fin de Gemini. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 117 v°).

 

b)

"Dernière phase d'une action qui a une certaine durée" : ...sesdiz compaignons estoient sur la fin de leur soupper (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 542). Et fust leu et publié ledit traictié en la fin du sermon que fist esdictes processions (FAUQ., II, 1421-1430, 45). Et faict grant mal qui lors n'abstine De toute chose lacticine, Fors de formage en fin de table ["au bout du service de table"], Duquel user est tolérable (LA HAYE, P. peste, 1426, 95). Et sera le prouffit desdis molins avec la pescherie mis en la main du Roy et de ladicte Court pour en ordener en fin de cause, ainsi qu'il appartendra (FAUQ., III, 1431-1435, 131). PATHELIN. (...) En dea ! il ne m'a pas vendu A mon mot, ce a esté au sien, Mais il sera payé au myen. Il lui fault or ? On le luy fourre. Pleust a Dieu qu'il ne fist que courre Sans cesser jusqu'a fin de paye ! Saint Jehan, il feroit plus de voye Qu'i n'y a jusqu'a Pampelune. (Path. D., c.1456-1469, 80).

 

c)

[À propos d'un ouvrage, d'un livre, d'un écrit] "Dernière partie" : ...avec lettres closes, lesquelles tu trouverras ou la teneur d'elles en la fin du livre du Conseil de ceste année (BAYE, I, 1400-1410, 31). Et, en la fin dudit roole, fust, par l'ordonnance de la Court et du chancelier de France, escripte et adjoustée une clause (FAUQ., II, 1421-1430, 82). Derrainement, le second point, Qui en la fin du Livre est joint, Enseignera les medicines Assez suffisantes et dignes, Selon que humain entendement Les peut aviser bonnement (LA HAYE, P. peste, 1426, 73). Fin du monologue du franc archier de Baignollet. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 46). ...vous suppliant très humblement, à la fin de mes lettres, que... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 348).

 

-

[À propos d'un récit] Du commencement jusques en la fin. V. commencement

 

d)

"Issue de qqc." : Ou vas tu ? Or m'en compte la fin. Le roy Marsilïon t'a il mis a chemin ? (Galien D.B., c.1400-1500, 31). Adont se tira Benuicq arriere pour voir leur fin [Éd. : "pour voir ce qu'ils allaient faire"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1068). [cf. aussi p.1099]

 

-

"Issue (d'une maladie)" : ...Hermine dist que devant que elle verroit quelle fin son pere prendroit de sa maladie, que elle n'en feroit plus avant. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

-

Savoir la fin et le coron. "Connaître l'issue et tous les détails" : Nous sommes per de France et les hommes Charlon, S'avons fait serement de soubstenir raison, Et je sçay de ce fait le fin et le coron (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 331).

 

-

Conclute fin. "Issue définitive, décision définitive" : Et maintenant en Brusselles, là où estoit venue l'ambassade du roy Édouard pour avoir une conclute fin... (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 312).

 

e)

"Terme de la vie, mort" : La doulce vierge en son service Le maintiengne jusqu'a la fin, Et si pur le face et si fin Qu'es cieulx soit s'ame. (Mir. abbeesse, 1340, 63). Dieu (...), Sire, voz meffaiz vous pardoint Et sa sainte gloire vous doint Et bonne fin. (Mir. ev. N.D., c.1348, 68). Et en la fin, en l'eure de la mort, escoute que fait leur povre ame. (GERS., Pent., p.1389, 85). Lors cuida Gieffroy descendre pour savoir en quel point il [le sultan] estoit. Mais il appercoit venir bien LX. Sarrasins, qui lui escrient : Par foy, faulx crestien, vostre fin est venue. (ARRAS, c.1392-1393, 232). Le premier remede ou consideracion est penser a sa fin et a sa mort, et puis en quel lieu l'ame se partira : ou en paradis pour bien fait, ou en enfer pour meffait. (GERS., Annonc., a.1400, 238). Ce jour, a esté enjoint à maistre Deniz de Paillart (...) qu'il alast veoir madame Jehanne de Dormans, sa mere, aggravée de maladie et près de sa fin, comme elle disoit (BAYE, I, 1400-1410, 198). ...si je peusse quelque pou sentir avant ma mort, ma fin en seroit plus aisée (C.N.N., c.1456-1467, 348). ...fust à la fin de ses jours grant medicin et experimenta plusieurs herbes et racines. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 v°). ...par l'espasse de XL ans, tint contre les Romains, jassoit que la fin de lui fut piteuse et, après plusieurs victoires, tant pour lui que contre lui, il extaignit femmes et filles par venin. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 r°).

 

Rem. À propos de la bête chassée : HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 47 ; 87.

 

-

Approcher de sa fin : ADRIANUS. Le veray Dieu qui est la hault, Soit huy lohé et gracier De ce qu'i me veult approuchier De ma fin en terre, ça jus ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 145).

 

-

Estre à fin. "Être à l'agonie, être près de mourir" : BENJAMYN. Las ! frère, ceste maladie Est elle pleine de venin Tant qu'elle vous oste la vie ? JOSEPH. Ouy certes, je suis affin [l. a ffin]. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 202).

 

.

Estre appelé à sa fin : Or aduint vng jour quil acoucha malade et fut appelle a sa fin (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 48).

 

-

Faire fin. "Mourir" : Verité est que, en dormant, Mon seigneur, par amour plaisant, Adrien, est a moy venu, Disant, par voye de salut Que je dispose de ma vie, Pour aler en sa conpaignie, Et que briefment feroye fin. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 186).

 

-

Mettre qqn à fin. "Mettre à mort qqn" : NOSTRE DAME. (...) Un mien sergent loyal et fin Que ce mauvais a mis a fin... (Mir. ev. arced., c.1341, 133). ...Et croy c'est pour nous mettre a fin Par mort cruelle. (Mir. st Sev., 1362, 206). O Jhesus, on t'a mis a fin Sans avoir cause ne action ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 223). Le seigneur de Saintré, esprins de maltalent a cause de villonies et moqueries dont a esté cy devant parlé, deliberé fut de le [son adversaire] mectre a fin (LA SALE, J.S., 1456, 297). Helas ! et que ne vient la mort Moy mettre a fin ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 192).

 

-

Prendre fin./Prendre ses fins. "Mourir" : Mais sachiez qu'elle [Mélusine] dist que a tousjours et a jamais, tant que le siecle durroit, s'apparroit trois jours devant que ceste forteresce devroit muer seigneur, ou que l'un des hoirs devroit mourir, icy et ou lieu ou il devroit prendre fin. (ARRAS, c.1392-1393, 289).

 

Rem. MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 14, 238.

 

-

Tirer à la / à sa fin. "Être à l'agonie, être près de mourir" : Mes freres, je tyre az ma fin, Anssy qu'il plest Nostre Seignieur. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 169). ...sa bonne mere, qui tiroit a la fin, le vouloit veoir et recommender aussi son ame. (C.N.N., c.1456-1467, 460).

 

f)

La fin du monde. "Moment où l'humanité entière trouve son terme ; jugement dernier" : ... je vous entend a traictier comment la noble et puissant forteresse de Lisignen en Poictou fu fondee par une faee, et la maniere comment, selon la juste cronique et la vraye histoire, sans y appliquier chose qui ne soit veritable et juste de la propre matiere. Et me orrez declairer la noble lignie qui en est yssue, qui regnera jusques en la fin du monde, selon ce qu'il appert qu'elle a regné jusques a ore. (ARRAS, c.1392-1393, 5). De la fin et confragation du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 96). Cy commence le septisme livre parlant de la fin du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 96). Et le VIJe. est des temps derreniers, qui seront environ la fin du monde, et des paines des mauvais et dampnéz, et des loiers et retributions des benois saints (Somme abr., c.1477-1481, 99). Las ! seroit ce bien l'Antecrist Qui viendra vers la fin du monde ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 199).

 

5.

"Achèvement d'un compte, paiement"

 

Rem. V. finer au sens de "payer".

 

a)

Faire (sa) fin (de qqc.). "Payer (qqc.) ; financer qqc." : Anes, grues, cappons, pawons vait achetant Le puiement, le clarés, et vait de tout finant ; Pués qu'il en fait sa fin, on li vait delivrant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 167). Se il voloit faire fin pour vous, vous retourneriés tantos deviers vos gens [Éd. : "conclure une affaire par le paiement ou la garantie d'une somme d'argent"]. (FROISS., Chron. D., p.1400, 332). Car pavé estoit d'argent fin Sur lequel on estoit marchans ; Ne scay qui en avoit fait fin Ou en avoit esté marchans. (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 64).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 154 (II, 13032).

 

-

Avoir bonne fin. "Avoir le dû d'un paiement" : ...maintenant aroient plus chier li pluisour Bonne fin en taverne et le pasté du four Qu'aprés lor mort avoir le Saint Trosne majour (Bât. Bouillon C., c.1350, 59). [T-L III, 1865, 66 : "paiement, argent"]

 

b)

P. méton. "Argent, richesse" : Ou est voustre hernex, ou est il demourér ? Esse toute vous fin que si androit avés ? (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 160). Se vous n'avés la fin, se l'allés acreant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 202). [Autres ex. v.3879 ; 6344] ...se povre (...) qui n'a fin në argent. (Tristan Nant. S., c.1350, 241). [Autres ex. v.5176 ; 5848] Car n'a fin ne argent ne monnoie forgie (Ami et Amile en alexandrins, c.1400-1500. In : T. Matsumura, R. Ling. rom. 56, 1992, 489).

 

Rem. T-L III, 1865 ; GD IV, 6a.

II. -

"Ce qui est au bout d'une intention, ce qui constitue le but, la finalité de qqc."

A. -

Au propre "But, finalité" : ...j'ose bien dire (...) Qu'a autre fin ne doit vraiz amans tendre Qu'a ceste vierge et son chier filz amer (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Requerons touz baptesme avoir, Tendans a fin que recevoir Nous vueille Diex au trespasser (Mir. st Sev., 1362, 235). Et se il est ainsi que felicité ne soit pas envoiee de Dieu senz ce que homme en soit cause par vertu ou par discipline ou par excercitacion, toutesvoies convient il que ce soit aucune des choses tres divines ; car c'est le loyer de vertu et la fin humaine. (ORESME, E.A., c.1370, 129). La fin pour quoy est toute chose qui a operacion, ce est son operacion. (ORESME, C.M., c.1377, 356). Et la principal operacion de Dieu, ce est congnoistre et amer Lui meisme, et c'est vie pardurable et ceste operacion, c'est Dieu meisme qui est fin de Lui meisme. (ORESME, C.M., c.1377, 356). Et pour ce, selon verité, les corps du ciel ne attaignent ou acquierent par leur mouvement quelcunque perfection fors tant seulement que par telz mouvemens il sont appliquiéz deuement pour oevrer a la fin pour quoy il sont ou furent creés (ORESME, C.M., c.1377, 508). ...la fin de la puissance du Pape est ordener et adrecer lez choses espiritueles, la fin de la puissance du Roy est gouverner lez choses temporelles (Songe verg. S., t.2, 1378, 7). Notez comment Nostre Dame considera bien tout le salut de l'ange et a quelle fin il pourroit venir. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Et lendemain, partirent lesdiz ambassadeurs avec autres eschevins et bourgois de la ville de Paris, qui pour les causes et fins dessusdictes aloient par devers le Roy et le duc de Bourgongne (FAUQ., I, 1417-1420, 220). ...tendans ycelles paroles à fin de sedicion pour esmouvoir aucuns populaires de ladicte Ville à tuer et mettre à mort lesdis gouverneurs et officiers (FAUQ., I, 1417-1420, 295). ...la fin principale a quoy tendoit son exercice et tout son estude estoit de savoir... (C.N.N., c.1456-1467, 255). Sy ne pers pas la graine que je sume En vostre champ, quant le fruyt me ressemble ; Dieu m'ordonne que le fouÿsse et fume, Et c'est la fin pourquoy sommes ensemble (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 112). ...toutesvoyes sy n'est il que une fin ultime (...) : c'est de loer Dieu de tout comme de qui tout depend (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 167). ...la fin et intencion de cirurgie (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). Ainsi comme je puis entendre, Vous devez recouvrer Orleans, Et est la fin ou devez tendre De puissance de corps et biens ; Que se ne l'avez, c'est riens, Car c'est tout le ressort de France, Que de la trestout en deppend. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 129). LE PERE. Quel estat doncq esse que tu procure ? A quelle fin tens tu de parvenir ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 166).

 

-

Fin parfaite. "But suprême" : O com bieneureuse est celle quy peult tost parvenir a la fin parfaitte de son estude ! (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 282).

 

-

À bonne fin. "Dans une bonne intention, pour une bonne cause" : ...car vertu moral fait avoir droite entencion a bonne fin, et prudence adresce les choses qui sont ordenees a celle fin. (ORESME, E.A., c.1370, 356). ...et se paroles a en celle [requeste] qui est par escript qui semblent moins gracieuses, ne sont que à bonne fin, non pas à entention de injurier aucun (BAYE, II, 1411-1417, 199). ...et y estoient alez à bonne fin et en bonne intencion, et n'en estoit ensuy aucun dommage, peril ou inconvenient (FAUQ., I, 1417-1420, 260). ...et lui certiffia que lesdiz feuz et guet estoient faiz à bonne fin, et de ce asseura le roy et lesdiz cappitaines. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 115).

 

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Faire bonne fin. "Réussir, réaliser ce que l'on s'est proposé de faire" : Il pourte assés ung bon visaige ; Je croys qu'i fera bonne fin. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 80).

 

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[D'une chose] "Faire bon usage" : Vecy toille la mieux ouvree Que l'on vit oncques pour fin lin, Et qui fera tres bonne fin (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 429).

 

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À la plus dure fin. "Avec l'intention d'en prendre le plus possible" : ...vous buvez du plus fort vin, Plus cler, a la plus dure fin (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 327).

 

-

À fin de + subst. "Dans le but de" : Pour ce que le present negoce de doctrine moral n'est pas ordené pour la grace ne a fin de contemplacion ou speculacion comme pluseurs autres sciences, car nous ne querons pas quelle chose est vertu afin que nous aprenons science, mais afin que nous soions faiz bons, car autrement le profit de ceste doctrine seroit nul, - pour ce donques que il est ainsi, est il neccessaire d'enquerir et traictier des operacions et des choses qui a ce appartiennent et comme l'en les doit faire (ORESME, E.A., c.1370, 148).

 

-

À (la) / à celle fin de + inf. "Dans le but de, afin de" : Et [la medecine] commande aucunes choses pour la grace et a la fin de acquerir ou garder santé (ORESME, E.A., c.1370, 361). ...fu advisé et conclu que on lui escriproit de rechief à ceste fin de faire par lui abstinence de guerre (FAUQ., I, 1417-1420, 287). Je me merveil qu'il n'est venu Aultrement gens de ceste terre A la fin de nous mener guerre (Pac. Job M., c.1448-1478, 265).

 

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À (la) / à celle fin que + subj.. "Dans le but de" : Prenez chascun un grant florin De moy tout sec, a celle fin Que devant lui me faciez voie. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). Je vieng cy pour toy desservir Ce que tu m'as volu servir, A la fin que cilz qui me servent Voient miex quel bien il desservent (Mir. abbeesse, 1340, 87). Adonques le pris a mes dens Et le mors dehors et dedens, A la fin qu'il fust plus bleciés. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 178). Et aveques ce, comme dit est, fortitude desire bien et soustient les perilz pour bien honeste ou a fin que chose laide et deshonneste ne adviengne. (ORESME, E.A., c.1370, 210). Le roy se fery en l'ost, et y porta moult grant dommage, car il avoit commandé a sa gent, sur paine de la hart, que nul ne prensist prisonnier, mais meist tout a mort, quanqu'il en pourroit aconsuivre. Et ce fist il pour ce que ilz ne s'amusassent par avarice, a la fin qu'il les peust tenir ensemble pour retraire sans perte. (ARRAS, c.1392-1393, 105). ...en la fin Il l'accorda, a celle fin Que les barons ne le traÿssent. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 313). LE GAUDISSEUR. A celle fin que ne demeure Pastez et aussi fricassees, Pain blanc, miches, tartes sucrees, Tout cela si fut apporté. (Gaud. sot, c.1450, 14). Trop bien luy rescripvoit assez souvent, a celle fin qu'elle sceust qu'il estoit encores en vie. (C.N.N., c.1456-1467, 127). Et a celle fin, dit il, que vous ne disiez que je veille imposer a vostre fille blasme sans cause, je vous monstreray a l'oeil et au doy le ribauld (C.N.N., c.1456-1467, 382).

 

Rem. Sans que : Coust. Esop. T., c.1500, 151 (subj.) ; 157 (indic.) ; afin que + inf. : Abuzé D., c.1450-1470, 13.

 

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Pour à fin de : ...Pour affin de la gouverner (Bad. loue T., c.1500, 47).

 

-

En fin que + inf. : ...En fin que d'iaus empeecier. (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 83).

 

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Fin que. "Afin que" : Tousjours pertuis Trouve malvaitié, forte espice ! Maintenant le malvais fait le nyce Fin qu'il ysse, Sans estre cogneu des bien saiges, Puis se monstre faire service Fort propice (Pass. Auv., 1477, 111).

 

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N'avoir fin ne raison. "N'avoir ni rime ni raison, être dépourvu de sens" : Leur rapport [des femmes annonçant la résurrection du Christ] fin ne raison n'a, Car, avec Jhesus, nostre chef, Avons souffert moult de meschef (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 862). [= GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 395]

 

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Conclure aux fins de + inf. "Tirer comme conclusion, comme perspective de" : ...[la mère] luy dist bien [à son mari] comment ilz avoient perdue leur fille, amenant les raisons pour quoy et comment, et concluant aux fins de la desmarier. (C.N.N., c.1456-1467, 499).

 

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Mener qqc. à fin. "Mener qqc. à bien" : Quel nom doncques lui imposerons nous [au roi Charles VII défunt], o vous les inspecteurs des choses ? Lui attribuerons nous le tiltre de diligent par ce que diligence est mere de richesse, espoenteresse de fortune, et qui seulle vainct et maine affin toute difficille oeuvre ? (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 318).

 

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Parvenir / venir à telles fins / à ses fins. "Obtenir ce à quoi on tend" : Tu es une garce avollee Qui contrefaitz la desolee Pour mieulx a tes fins parvenir. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 33). ...cest hostel luy avoit delivré, affin de mieulx pourchasser et conduire sa queste, et venir aux fins et intencions ou il entendoit (C.N.N., c.1456-1467, 502). ...force est que, si je veil parvenir a mes fins, que par cautele et deception je la gaigne [une femme]. (C.N.N., c.1456-1467, 534). ...par le moyen de l'auctorité, port et faveur qu'il avoit, tant entour nostredit feu seigneur et père que à cause de sondit office d'avocat, il a faictes plusieurs acquisicions de droiz cessez à luy faiz de diverses personnes, moyennant lesquelz droiz cessez il avoit donné plusieurs grandes et indeues vexacions et travaulx à plusieurs de noz subgez et les tenoit longuement en procès, et tellement que par ces moyens il est venu à ses fins (Doc. Poitou G., t.10, 1463, 436). C'est une fille a tout le mains Qui est bien venue a ses fins, Et qui a eu bonne rencontre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 514).

 

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Prendre fin. "Choisir la direction à prendre" : Finablement trestuit cheïrent A certaines fins que la prirent Et en une conclusion Aprés leur altercation. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 510).

 

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Prendre fin et adresse : Lors en sauvant son corps et son avoir Livra le lieu et print fin et adresse (Epître Romains M., c.1475, 180).

 

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Tendre à fin de + inf. / à fin que. "Avoir pour but de" : ...foison d'aultres raisons luy amena (...) tendans a fin de l'oster de son propos. (C.N.N., c.1456-1467, 95). ...et là fut proposé devant lui par ledit evesque et dictes de moult belles paroles, qui toutes tendoient à fin que le roy conduisist de là en avant toutes ses affaires par bon conseil (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 70). Lesquelles causes estoient tendans affin qu'il pleust au roy avoir bon appoinctement avecques luy pour lesdiz Flamens, qui ne tendoient à autre fin que d'avoir paix finalle avecques le roy. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 116).

B. -

En partic.

 

1.

DR. "But recherché juridiquement" : ...pour ce que le propos et entention de l'Université tendoit à fin et maniere non accoustumée ceans (BAYE, I, 1400-1410, 112). A ses fins concluoit et demandoit despens contre la dicte demanderesse. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 12). [Autres ex. p.21 et 59] Sy tendoit par ses moyens la dicte dame affin [a ffin] d'absolucion et de despens. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 45).

 

-

Fin civile. "Objectif d'une procédure qui concerne les rapports entre les individus" : ...en suppliant en oultre qu'elle [la Court] weille perseverer en leur justice, et proteste qu'il ne tend que à fin civil. (BAYE, I, 1400-1410, 109). Et me commanda monsegneur le Chancelier d'en faire lettre, laquelle j'ay signée à fin civil seulement. (FAUQ., I, 1417-1420, 348). Cecy se fait a fin civile Pour oÿr les contredisans (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 273).

 

.

"Demande présentée par la partie civile et tendant à une condamnation pécuniaire" : ...nous mandons (...) de l'assentement et acort desdictes parties que sur toutes les malefaçons, injures et domages dessus diz il se enforment et enquierent la verité hastivement, sommerement, et de plain, et sans ordre de plait, et sans autre solennité, mais selon ce que bon leur semblera ; et selon ce que trouvé aront, facent faire restitucion et adrecement à fin civile par les gens et subgiéz de nostredit cousin (Trés. Reth. S.L., t.2, 1337, 40).

 

-

Fin de non recevoir. "Disposition tendant à présenter la partie adverse non recevable dans sa demande" : Thomas Overton, au contraire, dit et emploie ce qu'il a dit et proposé en ladicte cause contre messire Jehan Fastolf, et conclut à fin de non recevoir et d'absolution (FAUQ., III, 1431-1435, 98).

 

Rem. Doc. 1405. In : Bibl. Éc. Chartes 8, 1846-1847, 330 ; MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 76.

 

-

Fin de renvoi

 

Rem. Chartes communes Bourg. G., t.1, 1459-1460, 270.

 

2.

THÉOL. [Avec une idée d'accomplissement et de perfection] : Secondement fin se prend pour perfection, et ainsi une chose qui est parfaite et acomplie a fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

C. -

P. méton. "Moyen de parvenir à qqc." : ...en remettant en soy-mesmes ou de le tuer ou de l'emmener, s'il y pouvoit advenir par nulle fin (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 267). Et ce qui le meult plus à ce faire fut pour la treve qu'il avoit avec le roy, esperant que par la fin d'icelle il tumberoit en queque bon appoinctement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 359).

 

-

À toutes fins. "À tout prix, absolument" : LE SENATEUR. Sire, (...) Je confesse qu'elle dit voir ; Car elle me vouloit avoir A toutes fins. LA FEMME. Diex ! que vous, hommes, estes fins ! Certes, je n'y pensoie mie (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 78). Estienne de Noviant, procureur de Guillaume de Dommesnil, escuier, soy disant bailli de Chartres, s'oppose à toutes fins à ce que Simon de Moranviller, escuier, ne soit receu oudit office de bailli (BAYE, II, 1411-1417, 143). ...à toutes fins le duc s'en vouloit aller en Bourgongne et non revenir de longtemps. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 284). Conseillez m'en a toutes fins Que faire je doy sus ce point, Et qu'il est bon de luy respondre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 514).

 

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 137 ; 138 ; t.5, 24...
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 2/2 
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     FIN1          FIN2     
FEW III finis
FIN, adj.
[T-L : fin2 ; GD : fin2 ; GDC : fin2 ; AND : fin2 ; DÉCT : fin2 ; FEW III, 563a : finis ; TLF : VIII, 903b : fin2]

I. -

"Qui est au bout, à l'extrémité (dans l'espace)"

 

-

Du fin plus haut. "Depuis l'endroit le plus élevé" : Hostons les dessus l'eschaffault ; Gettez les bas du fin plus hault, Et nous les mettrons tous ensemble. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 161).

 

-

En fin fond de qqc. : Lors les fait mettre en fers et en carcans, en fin fons de fosse. (ARRAS, c.1392-1393, 130).

II. -

"Qui est extrême par sa qualité, par sa complétude, par l'intensité des propriétés que le subst. qualifié suggère"

A. -

[Marquant la qualité] "Qui est extrême par sa qualité"

 

1.

[D'une chose concr.]

 

a)

[D'un métal, en partic. d'un métal précieux] "Affiné ; pur, de la plus grande pureté" : La vi qu'un vaissail apportoit Trestout de fin or saint Eloy (Mir. ev. N.D., c.1348, 85). Il est alez combatre Gieffroy au grant dent, nostre ennemy, que lui et Giron, nostre frere, ont encloz en celle montaigne que vous veez la. Et sachiez que Gieffroy ne leur puet eschapper, et feust de fin acier trempez, qu'il ne soit mort ou affollez. (ARRAS, c.1392-1393, 203). Et lors ceulx dirent a Gieffroy : Monseigneur, veez la tour de Mont Jouet, ou Gardon le jayant se tient. Mais sachiez, se vous nous voulez croire, il vous souffira d'avoir veue la tour, et en revendrez avec nous, car, quant a nous, nous n'yrons plus avant pour le pesant de nous de fin or. (ARRAS, c.1392-1393, 245). As tu doncques oublié que le fin or s'esprouve en la fournaise, qui ne se change ne muet de sa vertu, ains plus affine (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 623). ...et valoit lors le marc d'or fin à la monnoie du Roy LXXVJ livres V sols tournois. (FAUQ., II, 1421-1430, 31). ...et leur est bien permis d'acheter lingos d'or, chapeaux, ceintures d'or, et se l'or n'est assez fin pour dorer, ilz leur en feront delivrer à l'equivalent d'yceulz lingos au pris du Roy. (FAUQ., II, 1421-1430, 233). ...il y a 16 quintaux de cuivre peloux tant dedens le fourneau où le feu est alumé, que dehors et non plus, et une pièce de cuivre fin qui est en la chambre dudit Jehan Gilles, qui a affermé que ladicte pièce appartient audit Baronnaz et est yssue des anxiens terriers appartenans à iceulx Baronnaz (...). Item, y a quatre tuyres de cuyvre fin pesant ung quintal ou environ, lesquelles tuierées [tuyères] sont usées. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 250). ...quarante mars d'or fin (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 311). A ung fevre vous en alés, Et affin que s'aquiter, De par moy le saluer, Et que ly mande diligemment Que forgoit tost apertement Troys cloux grand et de fin acier Pour a Jhesu piez et main percier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 101). ...et fut stipendié à trois cens tallens d'or fin de pension. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

 

b)

[D'un artefact] "De haute qualité, supérieur" : Mais que me faciez un present D'une piéce de parchemin Et d'une penne et d'enque fin : Je vueil escripre. (Mir. st Alexis, 1382, 351). Par cest arbre le peuple entens Et, par ceste coignee fine, L'exploict de justice divine (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 137). ...une bonne et fine meulle (Doc. 1463. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 674). ...et lui fist presenter cent mille livres d'argent pesant, cent espées richement garnies, cent chevaux enhernachés moult richement, cent pomes d'ambre et IIm fines pelices (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). ...aussi force laines fines et moyennes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 262).

 

-

[D'une pierre précieuse, d'un ornement...] : Une turcoise très fine, sur le ront baslonguecte, assise à fillet en une verge d'or ouvrée. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 86). ...un annel d'or ou d'argent, ne scet lequel, sur lequel avoit assis un très groz pelle blanc et fin du groz d'un groz poiz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). Une autre pierre en son tresor Avoit mon pere riche et fine (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 17).

 

-

[D'une étoffe] : ...une houppellande longue d'un fin vermeil d'Engleterre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 54). ...un seurcot long de fin drap, fourré d'une penne blanche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 223). ...IIIJ nappes d'autel de toile de lin, dont l'une est parée dudit baudequin et frangée de fine soye, un estuy à corporaulx avec les corporaulx de fine toile (BAYE, I, 1400-1410, 192). ...et une autre robe de fin gris de Monstierviller, doublee de fin blanchet (LA SALE, J.S., 1456, 63). Lesquelles housseures estoient de diverses sortes et façons, et estoient les unes d'icelles de fin drap d'or fourrées de martres sebelines, les autres de veloux, de pennes d'ermines, de drap de damas, d'orfaverie, et chargées de grosses campanes d'argent blanches et dorées, qui avoient cousté moult grant finance. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 26). Cellon la loy L'advons ung poy Envolpé [le corps de Jésus] dedans ceste piece De toelle fine, sans destresse, Affin qu'en piesse Ne cogneustiés ce Que volons faire du corps mort (Pass. Auv., 1477, 245).

 

-

[D'un aliment, d'une boisson] "Délicat" : Si beusse bien un cliquet Avant de vin, mais qu'il fust net, Fin, cler et bon. (Mir. prev., 1352, 235). LE CHARBONNIER. (...) Vezcy un oison Fin, gras et tendre. LE ROY. Puis qu'il est si bon, j'en vueil prendre (Mir. roy Thierry, c.1374, 304). [Contexte métaph.] Vecy de la farce aussi fine Que l'en scauroit jamais finer. (Copp. lard., a.1488, 175).

 

.

Empl. subst. : ...Dont la pate ["la pâte"] soit faite affin [l. a ffin] [éd. "finement"] Du sucre blanc dur rafectin (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 43).

 

-

[D'un habillement] "Élégant" : Je gageray a vous (...) pour une demye douzaine de bien fines chemises encontre le satin d'une cotte simple (C.N.N., c.1456-1467, 184). ...[elle] bailla ce qu'elle avoit d'argent (...) ung grand tas de couvrechefs bien fins, pluseurs pennes entieres (C.N.N., c.1456-1467, 419). J'avoye argent, les beaulx signetz, Tous les jours mes cheveulx pignez, Fines chausses, belle saincture (B. veoir, p.1480, 16).

 

c)

[D'un objet naturel]

 

-

[D'une épice] "Pur" : Aussi pour certain on appreuve Pillules faictes, que l'en treuve, De pur aloe cicotrin, De bon myrre et de saffren fin (LA HAYE, P. peste, 1426, 136).

 

-

[D'une couleur] "Délicat" : Item, ung balay beslong, assez gros, de bonne eaue et de fine couleur trayant sur le ruby, assiz en une verge d'or bien ouvrée. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 82).

 

2.

[D'une chose plus abstr.]

 

-

"De très grande valeur" : Assez ly remenbra de Huon le meschin, Et de son vasselaige et de son estat fin, Et de sa grant biauté et de son doulz doctrin (Hugues Capet L., c.1358, 125). Ja dira tel raison à le mainie fine Dont Fedris avera Marie en sa saisine (Hugues Capet L., c.1358, 195).

 

-

[Dans le domaine moral] "Pur, sans défaut d'ordre moral, parfait" : La doulce vierge en son service Le maintiengne jusqu'a la fin, Et si pur le face et si fin Qu'es cieulx soit s'ame. (Mir. abbeesse, 1340, 63). NOSTRE DAME. (...) Je l'acepte [la peine que portes] pour fine et monde Selon foy et obedience (Mir. parr., 1356, 38).

 

-

[D'un sentiment] "Parfait" : ...En la joye qui est tant fine De paradis (Pac. Job M., c.1448-1478, 184).

 

.

Fine amour. V. amour "Amour parfait" : Certes je ne l'osasse dire (...) Se droit du cuer ne me venist Dont fine amour m'a deceue, Quant a ce dire m'a meue (Mir. abbeesse, 1340, 70). Car il vous aime d'amour fine, Quant il vous veult faire royne (Mir. femme roy Port., c.1342, 166). Un anel de fin or me tent Et par fine amour le me mist Ou doy (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 38). LE SERGENT [au Savetier]. Mais je te pry, par amour fine, Que tu ne les me gaste point [mes souliers]. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 30).

 

.

Estre fin envers qqn. : Car mon las coer, povres et langoureus, Est enviers toi fins, vrais et amoureus (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 130).

 

-

Coeur fin. "Coeur doux, parfait" : Frere, ce dist Richart qui tant ot le cuer fin (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 400).

 

-

[Dans les relations d'amitié] : GUILLAUME LE CONTE. (...) Et pour plus noz cuers apaisier, Baisiez moy ; je vous vueil baisier Par amour fine. L'EVESQUE DE POITIERS. Sire, du decort qui se fine Moult grant joie ay. (Mir. st Guill., c.1347, 21). Liegart, pieça n'o soyf greigneur Que j'ay ore. Par amour fine Te pry que me doingnes chopine (Mir. st Sev., 1362, 195).

 

-

[Dans la dévotion et l'amour divin] : NOSTRE DAME. (...) Un mien sergent loyal et fin Que ce mauvais a mis a fin... (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Et Jhesu Crist, nostre doulx sire, Nostre bon loyal ami fin, Nous donrra la gloire sanz fin. (Mir. emp. Julien, 1351, 188). NOSTRE DAME. Sus, my ange, sus. Je regarde Que ma loyal amie fine De ce siecle trespasse et fine (Mir. mère pape, c.1355, 397).

 

-

"Authentique, parfait" : Vous mentez, dist ly quens, (...) Mais vous avez au roy fait I. jeu de fauvin, Et je, pour lui aidier, comme men signeur fin, Ly quis vraie science contre vo faulz engin. (Hugues Capet L., c.1358, 232).

B. -

[Marquant la complétude ou l'intensité (en partic. des propriétés que le subst. suggère)]

 

1.

"Complet, entier (qui est pleinement ce que le subst. dit qu'il est, que ce soit en valeur positive ou négative)" : ...l'empereur ne voucit onques adourer ses dieux pource qu'il n'y avoit fine creance (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 77). Dame, ce sont les causes finnes ["les causes qui sont pleinement les causes, les causes véritables"] Par quoi cest part aproça (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 8). Quant Roulant entendi la raison c'on disoit, De fin aïr le vit et Betran le voit. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 171). Ma chiere dame, humblement main et soir Vous ay servie et en fine verité ["et avec une totale sincérité"] (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 24). Quant Danemont l'oÿ, de fin aïr rougy. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 585). Egar ! de sommeil ay tel faiz Que ne me puis porter ; (...) Ci endroit dormir me convient Par fine force. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 43). ...par fine force (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 98). ...tous ceulx qui estoient encontre luy chaciez hors des lices a fine force (Chev. papegau H., c.1400-1500, 40). Qui bien le voit, Il grigne de fine destresse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 307). GUILLEMETTE. Que nous vault cecy ? Pas enpaigne ! Nous mourons de fine famine ; Noz robbes sont plus qu'estamine Reses, et ne pouons savoir Comment nous en peussons avoir. (Path. D., c.1456-1469, 50). Dyables, venez tost, je vous prie, Car de fine rage j'affame. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 145). Il y fait sy chault en esté Qu'on y sue de fine destresse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 344). Qui est celluy qui pourroit pis avoir Que de finir ses jours par fine rage, Sans y savoir par nul moyen pourveoir... (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 60).

 

-

De fine force de + inf. V. force "À force de"

 

-

De coeur fin. V. coeur "De tout coeur" : Et si priay Dieu de cuer fin (...) Qu'aus ames nous feussent aidans (Mir. enf. diable, c.1339, 4). L'EVESQUE. Amen ! je li pri de cuer fin, Combien que soie plain de vice [l. vice,] Qu'il vous maintiengne en son service. (Mir. ev. N.D., c.1348, 68). Ma voisine, n'en parlons plus : Je vous en prie de cueur fin. (Jehan A., c.1400-1500, 132). Or je vous requier de cueur fin Attendez vous au tabourin. (Roy sotz, c.1450-1500, 231). Ne soyez gueres par dela ; Tous vous [en] prions de cueur fin, Que sans vous nul de nous n'yra, Et tous tandons a ceste fin. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 504). Ceulx qui croiront en moy de bon cueur fin Te recommande au temps futur, afin Que l'ennemy ne les griefve ou precede. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 666).

 

-

À fin souhait. "Autant qu'on peut en souhaiter" : Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel se destournoit de lui, et le faisoit aler après lui parmy le champ, car il avoit si bien cheval a main qu'a fin souhait. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Se j'ayme et sers la belle de bon het, M'en devez vous tenir ne vil ne sot ? Elle a en soy des biens affin soubzhet ; Pour son amour seins boucler et passot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 124).

 

-

Fin compte. "Compte complet" : ...et de certain et fin compte fait... (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1330, 80). ...nous, en la presence et pour le consoilh de messire Bertrant, bastart de Lebret, de monssieur Bernotin de la Font, chevalier, (...) avonz fait fin compte ou nom et pour les hoirs dudit messire Harnaut et ceulx qui de lui peuvent avoir cause (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1365, 518).

 

-

"Accompli (dans son genre)" : PATHELIN. (...) S'il [es]couvient que je m'aplicque A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. GUILLEMETTE. Par saint Jaques, non de tromper : Vous en estes ung fin droit maistre. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

-

Le / au fin milieu (de). "Au beau milieu (de) [le milieu qui est pleinement le milieu]" : L'EMPEREUR. Nous voulons, c'est nostre plaisance, Que leurs corps [des martyrs] soient tous boutez En ung grant feu, et consumés Ou fin millieu de ceste ville (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 160). Aprés qu'a sa table de marbre, Il fut assis au fin milieu... (Entrées roy. G.L., p.1484, 117). Tout par dessus Le fin milleu de sa cervelle, Affin que ne soyons deceux, Luy donray de mon allemelle. (LA VIGNE, S.M., 1496, 278).

 

2.

Empl. subst. "La totalité de qqc., ce qu'il en est de qqn ou de qqc." : ...il savera Le fin de sa moullier (Bât. Bouillon C., c.1350, 197). [ou fin1 (le piacrd pour la) ? T-L III, 1864 : "der endliche Sachverhalt"] Comment vous appellon, or m'en dittes le fin ? (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 32).

 

-

Savoir le premier et le fin (d'une chose). "Tout savoir (d'une chose)" : Ve cy monseigneur Neptalin Qui scet le premier et le fin, S'il lui plaist, il le vous dira. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 147).

 

3.

Empl. adv. [Avec un adj. ou un part. passé (peut s'accorder dans cet empl. adv.)] "Complètement, entièrement, tout à fait" : Car de Dieu fu fine purefiie Pour ce qu'en li devoit encorporer Fil, homme, et Dieu en une essance unie (Mir. st Val., c.1367, 169). Puis prengne l'en ung quarteron de oeufz, et soient batuz moult longuement les moyeulx et les blans tant que tout soit fin cler comme eaue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 135). Or (je) regni(e) saint Pierre de Romme S'il n'est fin fol, ou il afolle ! (Path. D., c.1456-1469, 176).

 

-

(Tres)tout fin + adj. / adv. : Maix allez vous an, ou tout fin maintenant ["sur le champ"] Sarés comment m'espee sceit teste roingnant ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 658). ...ly scien filz Mouroit en la nacelle de fain trestout fin vifz (Tristan Nant. S., c.1350, 598). Je suis tout fin prest de partir (GARENC., Poésies N., 1389, 25). Car il avoient mieuls title de mal faire que li aultre qui nul n'en avoient, et n'en portoit nuls se il n' estoit tout fin hors mauvais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 270). Hulin loeur a dit (...) C'oultre la Rouge Mer personne ne merra, (...) Et que trestout fin seul em Babilone ira (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 83). Il est tout fin fol par dessoubz. (Roy sotz, c.1450-1500, 216). ...de pleurs et lermes Trestout fin plain ung benoistier (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 137). Je ne puis pas Porter ceste croix tout fin seul. (Pass. Auv., 1477, 193). Il est encores tout fin chault. (Pass. Auv., 1477, 248). Tout fin droit au gue nous en vinsmes (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 41). Pour ung jeu nouveau tout fin frés N'en scauroit on avoir memoire. (Copp. lard., a.1488, 158). Tout fin prés de mettrë en broche, Mieulx lardé qu' oncques fut connyn. (Copp. lard., a.1488, 169). Tenez, j'ay le dos tout fin plain De lardons poignans et agus. (Copp. lard., a.1488, 173). Le roy leüt la lettre seul, et puis se retira en une garde robbe tout fin seul et feït appeller ce herault... (COMM., II, 1489-1491, 31). Puis m'en allay, tout fin droit, chelz mon pere (LA VIGNE, S.M., 1496, 357). Je m'en yroye Tout fin droit heurter a sa porte (LA VIGNE, S.M., 1496, 408). Si vous veulx je bien advertir Que tout fin nu est le povre homme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 548). Il estoit tout fin plat dessus [sur une femme] (Gent. Naudet T., c.1500, 290).

C. -

[Marquant les qualités d'intelligence, de subtilité d'une pers. (ou d'un animal)]

 

1.

"Intelligent, subtil, perspicace" : Prudence n'y vault ung festu Ne Conscience, s'elle ["même si elle"] est fine (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 42). Ce maistre curé, qui estoit grand farseur et fin homme, commence a prendre la parole (C.N.N., c.1456-1467, 403). ...je suys trop fin [pour croire tes mensonges] (Gent. Naudet T., c.1500, 291).

 

Rem. Gent. moun. T., c.1500, 339 ; 340 (empl.subst.) ; 349.

 

-

"Perspicace" : Un oeil s'i fust, tant soit fin ou rusé, Trois mois entiers de la voir amusé Tant estoyt belle, triumphante et gorriere. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 159).

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 109 (fine myne).

 

-

Empl. subst. Faire le fin. "Faire l'homme d'esprit" : Dy moy, sans faire le fin, Comme c'est qu'on le nomme. (Bad. loue T., c.1500, 42).

 

2.

"Rusé" : TESTE CREUSE. Que copieurs fussent si fins. SOTIN. Que lardeurs eussent telz engins. (Copp. lard., a.1488, 171). Femmes sont fines à merveilles. (Gent. moun. T., c.1500, 355). Marion, tu es fine beste (Mère Ofic. T., c.1500, 97).

 

-

Fine espice : Malice a nom, Fine Espice (Sots mal., c.1480, 77). Qu'as tu trouvé, dy, fine espice ? (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 140).

 

-

Plus fin que moutarde : ...[il] compta sa rastelée a madamoiselle, qui estoit plus fine que moustarde (C.N.N., c.1456-1467, 454). Par ceste croix, Il sera plus fin que moustarde S'il n'est mieulx trompé mille fois. (Sots triumph., c.1475, 48).

 

-

Plus fin qu'un renard. V. renard

 

-

Prov. : Fine beste n'est pas tost prise (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 151).

III. -

"Qui est extrême par la petitesse (en volume, en épaisseur)"

 

-

"Qui est constitué d'éléments de très petite dimension, de très petit volume" : ...un petit sachet de cuir lonc d'un doy, et gros d'un pouce et plus, ouquel avoit certaine poudre fine de gingembre [Ou est-ce "de grande qualité" ?] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 85).
 

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