C.N.R.S.
 
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     GÉSIR     
FEW V 1a jacere
GESIR, verbe
[T-L : jesir ; GD : gesir ; DEAF, G581 gesir ; AND : gisir ; DÉCT : jesir ; FEW V, 1a : jacere ; TLF : IX, 227b : gésir]

A. -

Au propre [Idée dominante d'horizontalité, de position étendue]

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Être couché (pour dormir, pour passer la nuit, ...)" : Et sachiez que nostre seigneur fut atachies en la crois en gisant par terre, et puis le drecierent il auec la crois (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 234). Mais desus est dit autrement de la plus noble partie d'une chose vive, et desouz de celle qui est a l'opposite selon la premiere dimension. Et en ceste maniere, la teste d'un honme est le desus de lui, combien que il soit ou estant ou gesant ou les piés contremont, et aussi d'une beste. (ORESME, C.M., c.1377, 322). Et li rois de Grenade en a envoié tant [de secours] Qu'i sont dedens Sebille, la cité suffisant, que toutes les maisons qui y sont en estant En sont si raemplies et derriere et devant Qu'i ne soivent ou gierre ne fenme ne enfant. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 319). [le dernier vers se lit : "...Que ne vous diroit nul clerc qui soit lisant" ds CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, 67] ...[ils] se partirent de la ville de Paris pour aler en la ville de Pontoise querre les mesnages dont dessus est faite mention, en laquelle ville de Pontoise ilz arriverent ledit samedi au soir, jurent et coucherent illec (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 345). Et dit, sur ce requis, que il ne scet que l'autre noët devint, ne en quel lieu il le perdi ; mais il dit que, pour ce qu'il fu sceu qu'il avoit jeu à l'Ostel-Dieu, les gens de ladite justice alerent serchier le fuerre du lit où il avoit jeu, pour savoir se ilz y trouveroient aucunes poisons, dont aucunes n'y furent trouvées, sy comme il a oy dire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 431). Congneut aussi que lui estant ou service de sondit maistre Guespin en la ville de Saint-Malo de L'Isle au temps que le roy estoit en la ville de Tours et eulz logiez en icelle ville de Saint-Malo en l'ostel Raoul Le Flament, et qu'il et autres varlez gisoient à part en une chambre à deux liz, vit et aparceut à un matin à son descouchier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 517). Et Gieffroy et Thierry s'en partent, et leurs gens, et emportent le cuer de leur pere. Et en toutes les villes la ou ilz gisoient, font autour du cuer beau luminaire et dire toute la nuit par religieux, s'ilz en pevent finer, pseaulmes et vigilles. (ARRAS, c.1392-1393, 293). Et y avoit ung creus dedens [l'arbre], si grant que bien y gerroient .vj. chevaliers. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 83). Ensi travilliés honmes et cevaus, les convint la celle nuit jessir sus la riviere tous armés, casquns son cheval en sa main, tenant par la bride ou par la longne, car on ne les avoit de quoi looier (FROISS., Chron. D., p.1400, 132). ...il (...) ne gisoient que sus estrain (FROISS., Chron. D., p.1400, 895). Ilz n'eussent pas geu sur la paille S'ilz eussent des moulz liz assés ! (CHART., D. Her., p.1415, 423). ...Doivent lors porter vestéure D'escarlate, ou de soye pure, Pour leurs vies mieulx préserver, Et faire tousdiz conserver Les linceulx, où ilz sont gisans, O choses aromatisans Et leurs robes, linges, sans faille, Ordonner en forme pareille (LA HAYE, P. peste, 1426, 139). Gésant, c'est à dire couchant ou estant en aucun lieu. (LA HAYE, P. peste, 1426, 204). ...il est heure de retirer a la ville. Si nous n'y advisons, nous serons enfermez dehors, et nous fauldra gesir en ung meschant village (C.N.N., c.1456-1467, 475). Et quant le roy oïst le bruit de gens, fist lever les damoiselles qui en la chambre gisoient pour savoir que c'estoit. (LA SALE, J.S., 1456, 236). Item, varletz et chamberieres De bons hostelz - riens ne me nuyt ! - Feront tartes, flans et goyeres Et grans ralïatz a mye nuyt- Riens n'y font sept pintes ne huit Tant que gisent seigneur et dame -, Puis aprés, sans mener grant bruyt, Je leur ramentoy le jeu d'asne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 122). ...où le convoyèrent icellui duc Loys de Bavière et le cardinal, jusques en l'hostel où il coucha. Lequel cardinal, pour ceste nuit, s'en ala gesir en une de ses places (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 253). Comme dist Saint Augustin : "Entendons Dieu estre bon sans qualité, sans quantité estre grant, estre createur sans besoing et necessité de creature, sans situation president, c'est a dire sans siege, sans seoir ou estalenguier, sans gesir ou estre droit..." (Somme abr., c.1477-1481, 134). BEAUCOP. J'ay veu que ["il fut un temps où"] j'avoye mon desir, En faitz d'amours j'estoye huppé. Maintenant il me fault gesir Incontinent que j'ay souppé. (B. veoir, p.1480, 14). ...vous venrés A vostre prestolé desir Et tant affoibli le verrés Qu'il ne porra soir ne jesir. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 187). ...et en outre lever une si grande taille sur le commun, que à plusieurs fut forcé de vendre leurs litz sur quoy ilz gisoient et leurs meubles pour la payer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 r°).

 

-

Inf. subst. : Tout dou long se couce et estent, Ensi qu'il soloit faire, atent La pucelle et, quant il voit l'eure Qui se passe et que plus demeure Qu'elle n'avoit fait aultre fois, Trop longement ne se tint quois, Ançois apertement se lieve, Car li gesirs, ce dist, le grieve. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 87). Mais nous Sarrazins tout envers [les chevaliers chrétiens], Com scet monseigneur de Nevers, Vivons autrement, pour certain : L'eaue clere et un pou de pain Est grant disner d'un Sarrazin, Sy n'a cure de noble vin Ne de char qui soit de saison ; S'il en treuve, ce soit empron, Et quant ce vendra au gesir, Il n'a cure de desvestir, Ne daignera fuerre querre, Mais qu'il treuve seüre terre (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 22).

 

.

"Lieu d'habitation" : Li Beaus Chevaliers a grant joie ; Car molt li tarde que il voie Sa dame, dont tant a desir. Le jour y vinrent au gesir, U maint la dame a la Lycorne. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 158).

 

-

Gesir envers. "Être couché sur le dos" : PREMIER SERGENT. (...) Or sus : sur ce gril vous fault mettre Envers gisant. LORENS. Ce ne vous suy point refusant (Mir. st Lor., 1380, 189). Au point du jour diz "Dieu vous doint bon soir !", Gisant envers j'ay grant paeur de cheoir, J'ay bien de quoy et si n'en ay pas ung (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46).

 

-

Gesir à journee. "Paresser toute la journée au lit" : Et aras à journée jëu, Ou jué aux dez et gallé (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 109).

 

-

Empl. pronom. "Être couché, être étendu" : Il avoit perdu sa memoire, Sens, maniere et entendement ; Dont on puet vëoir clerement Qu'il n'avoit point de volenté, Fors que le cuer entalenté Des grans soties qu'il faisoit. Quant en un fumier se gisoit, C'estoit sa pais ; c'estoit ses lis ; C'estoit de tous poins ses delis, Ou il dormoit a grant repos. (MACH., J. R. Nav., 1349, 226). Et Famius, son pere (...) se leva et vint au plus tost qu'il pot en la chambre ou son filz se gisoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 27). ...et la chastelaine qui se gisoit seulle en un lit en la chambre de son mary, si fut toute nuit en agait comme elle peüst les clefs avoir, car elle avoit grant pitié des chevaliers. (Bérinus, II, c.1350-1370, 96). Mais une nuit que me gisoie, Se vint couchier dedans mon lit. (Mir. Amis, c.1365, 33). ...il se gerra sur une couche Ou sur un lit ou on se couche, Et la ne se porra aidier, Ains ne fera que souhaidier Mercy ou mort. (MACH., Voir, 1364, 108). Mais une nuit que me gisoie, Se vint couchier dedans mon lit. La pris je d'elle un seul delit (Mir. Amis, c.1365, 33). La se gist celle creature, Si n'a robe, ne couverture (...) Si est couchee hors la porte (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104). Si n'estoit troussé Fors d'un seul tonnel desfoncé En quoy se gisoit (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 203). Or n'est le soleil plus cler ne plus tenebreux pourtant, se l'omme qui se gist aux fenestres fermeez juge qu'il est encores nuyt. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 158). "Et qu'esse cy ?" dist la fumelle, Qui se gisoit dedans son lict. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 372).

 

-

Empl. trans. Gesir qqn. "Coucher qqn" : ...a main senestre en montant, a une grant et grosse roche en laquelle a une place vuide si comme pour gesir une personne. (Voy. Jérus., c.1395, 50). Item, je laisse à l'ostel Dieu de Nuilly pour une fois X livres Tournois, pour avoir draps et couvertures pour gesir les povres. Item, à la maladerie de Nuilly, pour convertir en necessaires de la dicte maison, pour une fois X livres Tournois. (Test. Parlem. Paris T., 1402, 309).

 

b)

"Coucher avec qqn, avoir des relations sexuelles avec qqn"

 

-

Gesir avec qqn./Gesir lez qqn./Gesir à qqn : Guintelin ont saisy gisant lés sa mouller, Mais point ilz ne l'occïent (Tristan Nant. S., c.1350, 737). En telle guise voué l'ay Que jamais nul jour ne gerray Avec nul homme charnelment (Mir. enf. diable, c.1339, 4). J'ai jeu a la femme mon frére Conme folz mauvais frenetiques (Mir. st Guill., c.1347, 34). "Damme, s'ai dit Bauduyn, qui avuec vous gerait Moult averait riche tempz et grant desduit menrait..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 401). ...Avecques li ot deus pucelles Qu'elle en envoia, pour ce qu'elles Ne veïssent sa lecherie. Adont issi de la fueillie Uns jouvenciaus, qu'avons trouvé Avec li gisant tout prouvé. Quant nous veïsmes l'avoutyre, Esmeü fumes et plein d'ire, Si courismes la pour lui prendre. (MACH., C. ami, 1357, 9). Car se un homme gisoit avecques la femme d'un autre et sceüst bien de qui la femme est et que le principe de ceste chose ne fust pas pour eleccion mais pour passion et forte temptacion presente, tel homme fait chose injuste (ORESME, E.A., c.1370, 299). Or couvient un large colet Es robes de nouvelle forge, Par quoy les tettins et la gorge Par la façon des entrepans Puissent estre plus apparans De donner plaisance et desir De vouloir avec eulx gesir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 49). Le duc Anthoine jut la nuit lez sa moillier. Et celle nuit fu engendrez un tres vaillant hoir, qui puis fist moult de prouesces et de vaillances. (ARRAS, c.1392-1393, 170). ...si que, Tendiz que le roy hors estoit, Qui petit ou lieu arrestoit, Jut avec elle et l'ençainta D'Alixandre, qui puis mainte a Conquise terre et maint grant lieu. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 30). Gorgon, ce dit une fable, fu une damoiselle de souveraine beauté ; mais pour ce que Phebus geut avec elle ou temple Dyane, tant s'en courrouça la deesse que elle le tresmua en serpent de tres orrible figure (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 277).

 

-

Gesir avec (une femme) à force. "Violer (une femme)" : Et li filz au roy Clodoveus de France, qui ne vouloit mie laissier la femme, entra aprés et prist la femme et vouloit gesir avec elle a force, mais elle li dist : "Vous m'avez tué mon mari, et maintenant me voulez deshonnourer." (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 108).

 

-

Gesir charnellement : ...et fut fait le mariaige de luy à la fille du duc Aubert, l'aisné qui avoit eu espousé messire Edouart de Guerles, mais onques n'avoit jut carnellement avec luy, car elle estoit trop joenne. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 173). Si traita, et bailla sa fille au marquis de Blancquebourc, qui tantos l'espousa et jut avoecques li carnellement. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 250). Car s'on ne le puet, il est voir, Que nulz homs ne puet femme avoir Sanz loy, s'a li gist charnelment, Qu'endeux ne peschent mortelment (DESCH., M.M., c.1385-1403, 312).

 

-

Gesir ensemble : Donques en cest cas la loy qui commande que les mariés gisent ensemble n'est pas a tenir et ne oblige pas en cest cas simplement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318).

 

c)

En partic. [D'une femme en couches] : Et vous, dame, moult estes digne, Qui gisez de ceste gesine Esmerveillable. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 219).

 

-

Empl. abs. "Accoucher" : Et dit li chaistelain : "Louez en soit Jhesu !" Atant est la royne qui cez jour ot jeus (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 973). Et tandis qu'elle jeut, elle descouvry a Sarra son hostesse ses secrets et dist : "Sarra, ma chiere damoiselle, la cause de ma soudaine delivrance est..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1096). L'autre fait semblant d'estre ensaincte, Disant qu'el est preste a gesir (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 327). Helas ! helas ! je meurs de crainte Qu'on ne me face desplaisir, Car je me sens grosse et ensaincte, Tantost sur le point de gesir. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.5415).

 

-

Part. prés. en empl. subst. fém. "Accouchée" : Or va aux nopces, or au corps, Or aux estuves, puis dehors ; Or s'en va a la relevée D'une gisante nouvel levée (DESCH., Oeuvres R., t.10, c.1370-1407, 119).

 

-

Gesir son terme : Quant ot jeü son terme, adoncques se leva ; L'enffançon nourrissoit et moult bien le garda. (Tristan Nant. S., c.1350, 250). L'ystoire certiffie que, quant la dame [Mélusine] eut jeu son terme et qu'elle fu relevee, la feste y fu moult grant, et y ot grant foison de nobles gens, et departy la feste moult honnourablement. (ARRAS, c.1392-1393, 78). ...la belle Liriope estoit relevee d'un beau filz dont elle avoit jeu son terme, si en fut le gentil comte moult joyeulx et gay. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 406).

 

-

Gesir (d'enfant) : Par foy, bien vouldroie morir: Je ne gar l'eure que jesir Doie d'enfant. (Mir. st J. Cris., c.1344, 272). Et Butor en la chambre a la dame mené Qui gissoit de l'enfant dedans .j. lit paré. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 66). La femme au riche duc, c'on clamoit Honoree, Jut d'enffant en son lit, la estoit bel paree ; C'estoit d'une meschine, Parise fut clamee (Tristan Nant. S., c.1350, 223). LE MARI. (...) noyé l'a sa propre mere, Qui encore de lui gisoit, Ou baing ou elle se baingnoit (Mir. enf. ress., 1353, 63). De par ma dame li direz Qu'elle gist d'un filz (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 40). ...dire a droit ne nous savez Quel hoir la royne a eu, Dont elle gist ou a geu (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 53). ...ung tableau de Nostre Dame qui gist d'enffant, sur ung entablement esmaillé, garny de pierres (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 119). ...un seurpliz assez vueil et un drap de lin de lé et demi, lesquelz elle bailla à une sienne commere pour lors gisant d'enfant à l'Ostel-Dieu de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 199). ...trois mois a ou environ, ou temps que la royne gisoit d'enfant au Louvre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 233). ...esqueles prisons elle fu par l'espace d'un an ou environ, et jeut d'enfant en icelles prisons (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 296). ...durant lequel temps elle a esté engrossie oudit hostel d'un joine Lombart nommé Athevrien, lors demourant oudit hostel, ouquel hostel elle a jeu d'une fille, et en a esté relevée à l'aide dudit Athevrien qui lui a fait moult de biens, laquele fille a eu un an à la Saint Mor derrenierement passée. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 531). ...[elle] s'en alla bouter cy devant en l'ostel d'un tel marchant, qui la tient a fer et a clou. Et de fait elle a fait ung beau filz et a jeü leans, et l'a fait le marchant chrestienner. (C.N.N., c.1456-1467, 148). ...et là, d'un enfant qui estoit trespassé jeune, gisoit [la reine], et n'avoit pas encores acompli sa gésine. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 155).

 

2.

[D'un animal] "Être couché (pour reposer, passer la nuit, dormir qq. part)" : [Du cheval] Se li soros vient en ners ou en jointures, il ne peut flechir le membre dont couvient il que li cheval cloce de cele part et si jiuisse souvent pour la febleüre des jointures et pour ce que li nerf fust roide. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 398). Par Dieu, je vy a Nyort ung chien viel qui gisoit sur la fosse ou son maistre avoit esté enterré, qui avoit esté tué des Angloiz (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 69). Et est ledit saint lieu a senestre partie du cuer de ladicte eglise, et y met l'en du blef et gesir des bestes. (Voy. Jérus., c.1395, 35). Item, leurs pors frans de pasnage en ladicte forest touteffois que il y a pasnage en icelle forest, sans rien païer, pourveu qu'ilz soient de leur noureture et qu'ilz aient jeu la nuit de la saint Jehan en leurs maisons (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 48).

 

-

En partic. CHASSE [Du lièvre] "Avoir son gîte, être dans son abri" : Se il pleut sens vent, il les querront Enmy le plain, ou il gerront En friches, en vielles jachieres, En viés chemins, en ses royeres (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 396).

 

-

Prov. Tant gratte chevre que mal gist. V. Chèvre

 

3.

[D'une chose]

 

a)

[D'une terre, d'une maison...] "Être situé, s'étendre (à un certain endroit)" : ...VIxx et X boniers de terre gisans en la paroche de Geneffe, qui furent rajoins alle dit castellirie (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 377). Et dure Mesopotanie de la riuiere dauffrique iusques au flueue de Tygris ; car elle gist entre ces deux riuieres. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 251). Et gist celle valee entre les montaignes, et y a des belles riuieres et des pres et des grans pasturages pour les bestes. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 296). Quant ce vint au matin, les nouvelles en vindrent en la chité de Clermont en Auvergne, qui gist à une petite lieue de là... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 218). Item, pour une maison jesant d'encoste la maison qui fu Mairesse et d'un courtillet qui fu Girault Bacon, VI sols (Arch. Nord, 1410, B 17110, f° 3, IGLF). De Pierre du Bos, bailli et receveur de la seignourie, explois et hommaiges de Tenremonde, gisans es chastellenies de Lille, Courtray et du Tournesiz, pour son rest de ladicte Renenghe (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1420, 28). ...le duc de Bourgongne voulut avoir la terre et seigneurie de Chinon qui gisoit enclavée en Bourgongne (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 8). ...nécessairement il falloit pourvoir en Picardie plus que ailleurs pour cause que plus près gisoit du péril (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 462). Jugement de Perrin-Hermand d'une pairt, et don segneur Piere Fessault, amant et eschevin, d'autre pairt, pour ung chaulqueur et plussieurs menoirs que geissent a Coincei, ou ledit Perrin ait la moitiet, se voulloit ledit Perrin qu'ilz fussent partis affin qu'il sceust ou sa pairt geist ; et ledit segneur Piere dit pour droict que ledit heritaige s'ait on a partir par le reward d'un amis. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1368], 442).

 

b)

Part. prés. en empl. adj. TECHNOL. "Qui est dans une position horizontale" : Et la cause est car qui ymagineroit que elle [une roe estante] fust vive ou que un honme estendu en la maniere devant mise la meust par ordre deu, quant cest honme avroit son bras destre ou desus de la roe - en prenant desus en la premiere maniere - il convendroit que sa teste fust devant moy vers ma destre. Et semblablement d'une roe jesante, si comme est la roe du potier, car se elle est meue ausi comme en ensuiant le mouvement journal du ciel, cest honme ymaginé en la roe avroit la teste sous la roe vers le centre du monde (ORESME, C.M., c.1377, 322).

 

-

Pont gisant. "Pont fixe (enjambant un fossé)" : Mais si tost que les ennemis les virent aprocher, ilz yssirent dehors en grant quantité pour aler rompre un pont gisant qui estoit par dessus un grant fossé (Bouciquaut L., 1406-1409, 95).

 

Rem. Voir synon. pont dormant, sous dormir >B.2.

 

c)

[Du poil du cheval] "Brossé, étrillé" : Li cheval estoit de grant pris, car il estoit bien faiz de corps et de tous membres, plains de peulx gisans et aplanïez. (Bérinus, I, c.1350-1370, 238).

B. -

[Idée dominante d'immobilisation, d'installation dans un certain état]

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

[D'un malade, d'un blessé, d'un mourant...] : Li roys en son païs revint, Où si fort malades devint Qu'il jut en son lit moult griefment Sept semainnes entierement. (MACH., P. Alex., p.1369, 255). Et après le service vint Uriien devant le roy, et trait l'espee du feurre, et s'agenoilla devant le lit ou le roy gesoit, et lui dist : Sire roy, je vous requier, pour tout le salaire du service que je vous pourroye jamais faire, que vous me faciez chevalier de ceste espee (ARRAS, c.1392-1393, 118). Sa femme en jut un an au lit, Sa mere aussi, qui mort eslit Pour son confort (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 109). Quant le seigneur ou la dame d'un hostel est malade et un corbauld vient crier dessus la cheminee ou la maison ou le pacient gist, c'est grant signe qu'il morra de ceste maladie. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 96).

 

-

Gesir malade./Gesir de maladie : Or retournons ung petit au duc de Lancastre qui gisoit malade en la ville de Saint-Jaque, et la duchesse sa femme et Catheline, leur fille. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 132). Pour ces jours, estoit li contes de Hainnau en l'ostel de Hollandes, et gissans au lit de la maladie des goutes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 246). ...et te repute et tieng dudit fait et de la mort, se elle ensuivoit, pour pure et vraye innocent, et ne vueil pas que, pour cause de ce, l'en te puisse, par justice ou autrement, aucune chose demander ou temps advenir ; mesmement que tu ne savoies lors aucunes nouvelles de moy, et auxi que tu estoies lors gesant ceans malade, et dès XV jours ou environ paravant ledit fait. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 272). Et le messaigier qui alat a Romme au cardinal Lyon, le filz le roy, sy vint la en mois de decembre, sy trovat que le pape Adriain gisoit au lit malaide, dont il morut le IXe jour de janvier. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 9). Maiz Ogier mist toute sa force en celle jouste, car il levat Rollant a sa lance dessus l'arçon vi piet de hault, puys [l]e flastrit a terre par telle maniere que Rollant palmat et juit la une grande piece. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 108). ...en son lit Gist malade (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 132). Ce jour, messire Guillaume de Gaudiac (...) gisans malade en son lit, m'a dit qu'il soumettoit la cognoiscence de l'execution de son testament à la Court (BAYE, II, 1411-1417, 183). ...la femme estoit tresfort malade, [et] gisant, pour l'aigreur de son mal, continuellement sans habandonner son lit. (C.N.N., c.1456-1467, 515).

 

-

Gesir par terre./Gesir à la terre./Gesir jus : Et mon pere le fery du pommeau de l'espee en la temple grant coup. A ce qu'il estoit fors et aspres chevaliers, et la coiffe d'acier estoit feble et mal seure, et le pommel de l'espee estoit pesant, l'aventure fu telle qu'il le tua tout mort estendu a la terre. Quant mon pere le vit gesir jus, et qu'il ne se remuoit, si lui descouvry le visaige, et le congnut. Lors mena moult grant doulour, et n'osa arrester, pour doubte du roy, ou païs. (ARRAS, c.1392-1393, 58). ...mais le deable au grant dent m'apperceut, et me convint jouster a lui. Mais sachiez que je ne senty oncques si rude coup comme de lui. Car sachiez qu'il rua moy et mon cheval par terre si durement que je n'oy ne entendy, et juz long temps a la terre tous estourdiz. (ARRAS, c.1392-1393, 234). Et la commencent a plourer et a plaindre et a mener telle douleur qu'ilz entroublierent les deux amans qui par terre gesoient. Et adont Melusigne revint a lui, et ouy la douleur que sa gent menoient pour sa departie, si print a plourer de pitié. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

 

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Gesir pasmé./Gesir en pasmoison : Et ly chevalier viennent sans fere nul sermon A celui qui la gist a terre en paumoison, au palais l'emporterent sans nulle arrestison (Tristan Nant. S., c.1350, 662). Moult longuement pasmée jut C'onques ne bouja ne ne mut, Ne mot, com fust morte, ne dit. (Mir. roy Thierry, c.1374, 313). Et lors vint a Remond qui gisoit encores tous pasmez, et le lieve et drece en son estant. (ARRAS, c.1392-1393, 257). S'en batty tant sa fille le dos et le crepon Qu'il le laissa la gisant en pamison. (Enfances Garin de Monglane K., p.1400, f° 44r).

 

b)

[D'un mort] : Moult est tost laidement laïe La belle face colouree, Quant le corps gist goule baiee Et ce de ses arches descueuvre (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 100). Ilz [mes yeux après ma mort] gerront de orribles tenebres couvers, les quieux ore par leur lumiere s'esleescent de puisier en vanités. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 52). ...et le surplus ont fait mes predecesseurs abbez et les seigneurs et dames noz voisins qui gisent ceans. (LA SALE, J.S., 1456, 246).

 

-

Part. prés. Gisant. "Étendu" : DIEU. Raphael va tost sans delayer Visiter ce pauvre gisant Qui meurt la en languissant Souffert a griefve penitence Dont vie aura sans faillance (Myst. st Martin K., a.1500, 164). Il est mort a certes Voy le la gisant Vous en prenne pitie Au nom de Dieu le grand. (Myst. st Martin K., a.1500, 345).

 

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Part. prés. en empl. adj. Corps gisant. "Cadavre" : Celle valee a bien .VII. ou .VIII. milles de long (...). Si y trouvay tant de corpz gisanz que nulz ne porroit croire. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 61).

 

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Part. prés. en empl. subst. "Cadavre" : Atant, comme se par miracle Dieu ouvroit en ce mistere, le corpz du gisant en tombe ressuscita et, ressaisy du propre esperit de jadis, par une estourmison soudaine fist ouvrir sa tombe... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 87).

 

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Gesir au lit de la mort./Gesir au lit mortel : ...Si seroies trop mieulx servis De cellui qui tes servens est, Et le trouveroies plus prest Pour toy obeir a toute heure, Que ta femme qui plaint et pleure, Quant tu te gis au lit mortel En ta maison, en ton hostel, Et se complaint de son douaire. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 66). Quant l'ennemy voit sa parrochienne tellement pourmenee et actraictee, que elle est plaine de playes mortelles, et gist ou lit de la mort, il huche sa fille Cruaulté et la maudicte procession dessus nommee pour l'ensevelir. (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

 

Rem. Cf. DEAF, G 609 : «gesir ou lit mortel "être à l'extrémité"».

 

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Gesir mort : Tantost fu vëu clerement Comme ton prophetisement Estoit redoutable et pesant, Quar le roi qui est mort jesant Danemarche a lessé plorouse Et toute Engleterre joiouse. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 36). ...Et briefment tant [la mort] en acoura, Tant en occist et devoura, Que tous les jours a grans monciaus Trouvoit on dames, jouvenciaus, Juenes, viels et de toutes guises, Gisans mors parmi les eglises ; Et les gettoit on en grans fosses Tous ensamble, et tous mors de boces, Car on trouvoit les cimatieres Si pleinnes de corps et de bieres Qu'il couvint faire des nouvelles. (MACH., J. R. Nav., 1349, 150). De cestu es (tu) vengié ; il giest mort estendu. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 58). ...Et ces anges qui sont venu Querre les ames de ces corps Qui par toy gisent ileuc mors (Mir. st Val., c.1367, 159). Et, après qu'ilz furent tous ainsi tuez et murdris, y survint et se y trouva ledit de Bourgongne, qui, tout à cheval, entra dedens ladicte eglise, en laquelle y avoit bien demy pié de hault du sang espandu des povres creatures ilec estans, qui à ceste heure estoient tout nuz gisans ilec mors. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 270). Dieus de sommeil l'un de ses fils apelle - C'est Morpheüs - si li dist la nouvelle Qu'Yris a dit de par Juno la belle, C'est que li drus D'Alchioyne gist mors sus la gravelle : "Va li moustrer par tel maniere qu'elle Voie peri Ceys et sa nacelle." (MACH., F. am., c.1361, 166). Li rois, Brimons et Percevaus, Li princes, sa gent et le conte, De quoy on tenoit moult grant conte, Et li mareschal en tuerent Si grant plenté et afolerent, Qu'il gisoient mors et ocis, Là cent, là mil, là vint, là sis ; Si que l'iaue de la marine Dou sanc avoit couleur sanguine (MACH., P. Alex., p.1369, 76). Puis passe du costé du cheval de cellui qui gesoit en la charriere, tellement qu'il le froisse et desrompt tout le corps, et fiert l'autre d'estot par my le piz et le rue mort juz du cheval. Et puis leur escrie : Par ma foy, faulx traitours, vous ne me povez eschapper. Vous retournerez en vostre pute estraine. Et lors passe par de coste le cheval de l'autre qui gesoit mort, et vint au tiers. (ARRAS, c.1392-1393, 200). Et Ogier dist : "Le paient en gerrat mort, car, se j'estoie en palaiz, je poroffroie mon gaige pour Carahus." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 56).

 

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"Être couché (dans le cercueil, la tombe, ...)" : Et en telle maniere que vous avez oÿ se demena Berinus, et sa mere gisoit en biere, qui a bon droit estoit plouree et regretee de tous ses amis. (Bérinus, I, c.1350-1370, 18). Et einsi en cele maniere O le saint qui giset en biere Le moine mort donc aporterent (Vie st Evroul S., c.1350, 108). Quant tout li ot dit et conté, Et li roys l'ot bien escouté, Dieu loa et li fist grant chiere, Et pour ceaus qui gisent en biere Fist prier Dieu devotement Et dire messes hautement. (MACH., P. Alex., p.1369, 172). Et estoit le corps en bonne toile ciree, et gesoit en sa biere sur deux haulx treteaulx devant le maistre autel de layens, et y avoit grant luminaire, et tousjours VIIJ. des freres de layens autour, jour et nuit, qui disoient pseaulmes et vigilles de mors. (ARRAS, c.1392-1393, 290). Donc cy-après en temps advenir, lorsque soubs la mercy du Créateur, je gyray en terre pourry, et seront mes livres en diverses mains et nations multipliyés, dont plusieurs à l'adventure pourront avoir envie envers la fame et maison de ce duc longuement mort aussi (...), imputans à moy seul la faveur et l'exaltation flatteresse cy et ailleurs, quand à ce venra, je supplie doncques à tous nés et à naistre que de ce ne me donnent charge, ne accusement, mais se prennent au roy mesme de présent... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 152). Or escoutons tous sotz parfais, Triboullet gyst en ceste couche, Le lieutenant de maistre Mousche Jadis fut fort en sotoyant. (Vig. Trib., c.1480, 229).

 

-

"Être enterré" : Et appelle on le lieu ou il gisent Double Spelunque ou Double Fosse, pour ce que l'un gist au desseure de l'autre. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 264). ...[le roi] Fu portez à Sainte Sophie De ses freres et ses cousins ; Et puis de là aus Jacobins Fu portez et en terre mis Avec son pere et ses amis. Car là li roy de Chypre gisent, S'ailleurs sepulture n'eslisent. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). Si fu li corps mis sus un kar vesti de noir, et aportés a Valenchiennes, et ensepvelis en l'eglise de Saint François, et la gist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 350). Et li contes de Flandres vint à Saint Omer, et là se tint ; et lui prist une maladie, de laquelle il morut assés tost après. Si fu ordonné que il giroit en l'eglise Saint Pierre à Lille. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 157). "...Et mon corps faites le reporter en Biaugeulois, car je voel jesir en ma ville de Belleville : de lonch temps a, y ai jou ordonné ma sepulture." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 119). Damp Abbés, qui onques ne l'avoit veue, en fut tresbien joieux, lors ordonna a parer le grant aultel de reliques, l'oratoire et la chapelle ou gisoient ses predecesseur (LA SALE, J.S., 1456, 245). ...le roy Clovis, qui fut le premier roy chrestien, lequel mourut en ladicte année, et gist en l'eglise Saincte-Geneviefve au Mont de Paris. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 134). Cestui aussi predist plusieurs calamités qui furent en France, puis vint resider à Paris, moult devost et speculatif, le residu de sa vie. Gist ès Cordeliers. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 v°).

 

.

Gesir sous lame. "Reposer sous la dalle du tombeau" : ...courroucié En fu Alixandre, sanz doubte, Car un des enfens d'elle goucte Ne l'amoit, pour ce qu'ot a femme La fille Porrus, qui soubz lame Gisoit ; (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 56). "Ainsi, par m'ame," Dist la seconde, "Est il de dame Dont l'amant gist mort soubz la lame." (CHART., L. Dames, 1416, 262). Car ma dame en son testament Print a la mort, Dieu en ait l'ame, Et emporta mon sentement Qui gist o elle soubs la lame. (CHART., B. Dame, 1424, 332). Maistre Alain, duquel Dieu ait l'ame, Lequel cy gist soubz une lame, Si la fit, com l'ay ouy dire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 154). Je pleure et plains George gisant envers Soubz la lame, chair redigée en vers, Mais sa vertu tout mon desir allume (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 176). Sy ne suis, bien le considere, Filz d'ange portant diadame D'estoille ne d'autre sidoire : Mon pere est mort, Dieu en ait l'ame ! Quant est du corps, il gist soubz lame ; J'entens que ma mere mourra - El le scet bien, la povre femme ! - Et le filz pas ne demourra. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 42).

 

-

[Dans une formule de souhait, le suj. désignant l'âme d'un défunt] : Et laquelle defuncte dame vesqui sainctement et longuement, et à son trespas fut fort pleinte et plourée de tous ses enfans, parens, serviteurs et amis, et de tous autres habitans esdiz pays de Bourbonnoys et d'Auvergne. En benoist repos gise son ame ! (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 34). Au royaulme des cieux gise l'ame de luy en bon repos ! (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 115).

 

-

[Sur une inscription funéraire] Ci gist : Et a ses piez avoit en estant une royne d'albastre, couronnee richement, et tenoit un tablel qui disoit : Cy gist mon mary, le noble roy Elinas d'Albanie, et devisoit toute la maniere comment il avoit la esté mis, et pour quelle cause (ARRAS, c.1392-1393, 265). Ci gist Hector li fors, li fiers, La fleur de tous les chevaliers, Qu'Achillés occist sanz raison, En agait et en trahison. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 110). Cy gist et dort en ce sollier Qu'Amours occist de son raillon, Ung povre petit escollier Qui fut nommé Françoys Villon. Oncques de terre n'eust sillon, Il donna tout, chascun le scet, Table, tresteaux, pain, corbillon. Pour Dieu, dictes en ce verset (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 142). Et m'escripvez a un paraphe Sur moy ce petit epitaphe : Cy gist Pernet, franc archier, Qui cy mourut sans demarcher, Car de fuir n'eut onc espace (Fr. arch. B., c.1468-1480, 40). Cy gist et dort Loÿs, filz de Loÿs De Monfalcon, lequel en son jeune eage, Par ung seul mors d'ung chien infect de rage, Fina ses jours, triste comme l'ouÿs. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 62). Cy gist et dort le second Alexandre Qui ama mieulx subit tomber en cendre, Que de ployer son tres haultain vouloir (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 65).

 

c)

[D'un prisonnier] : "...mon marit, qui est si vaillans chevaliers, et qui tant vous a servi que vous savés (...) encore gist pour vous emprisonnés..." (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 133). "...Si fu pris li rois, ensi que vous savés et qu'il gist encores en nostre prison..." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 154). "Mon signeur, messires Guichars, gist prisonniers en Espagne, ens es dangiers dou roy Henri." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 116).

 

d)

[D'une armée] Gesir devant (un lieu)./Gesir dans (un pays)./Gesir au siege... "Assiéger, occuper, être stationné (qq part)" : Et se ti annemi si fort Sont qu'il gisent par leur effort, Maugré toy, dedens ton païs, Ne soies pas si esbahis Pour riens qui te puist avenir, Que paroles faces tenir De traitié, de pais ou de trieves. (MACH., C. ami, 1357, 115). Li Englès et cil de leur costé qui là gisoient au siège, ne l'avoient mies d'avantage, mès estoient en trop dur parti par deux manières. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 145). ...li signeur d'Alemagne, qui gisoient devant Thun l'Evesque, furent segnefiiet dou roi d'Engleterre que il estoit a Gant et que la les atendoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 412). Il en i ot aussi auquns qui passerent parmi l'ost des Flamens qui gissoient entre Gravelines et Calais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 851).

 

e)

[D'un navire, d'une flotte] Gesir à l'ancre./Gesir (au port). "Jeter l'ancre, mouiller" : ...la veille de la Nativitee de Nostre Dame darrein passee, je venoie primerement a cestes de la meer, et toudis delors tanque en cea j'ay estee prest d'avoir venuz devers vostre haut roiale presence, si n'eusse estee la contrariousetee del vent, qu'ad esté aussi impediment a toutes les niefs gisantes es portz d'icestes partiez de leur venu a Melforde (Lettres agn. L., 1369-1412, 68). Li armée de mer de par le roi de France gisoit à l'ancre devant Chierebourcq. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 71). Et prisoit on ceste nef nommée Katherine douze mil frans, et gisoit adonc ou havene de Zanduich. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 91). ...li vens leur fu tous contraires et les rebouta sus les marces de Cornuaille ; si jeurent là à l'ancre six jours. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 131). ...il entrerent ens es vassiaus, car il gissoient ou havene a l'ancre et estoient tous pres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 71). Et li contes de Honstidonne a toute sa carge a flun de la mer se desancra, et vint celle premiere maree jessir a l'ancre en l'abouqure de la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 696).

 

-

Interj. [Terme de batellerie] Lay gesir lay ! : [Lors du croisement de deux bateaux sur une rivière] C'est assavoir en plaine riviere ailleurs que esdictes arches et pertuis, le avalant criera au montant, de tant loing comme il appartient, lay jesir lay, qui est à dire va vers terre ; et adonc le montant prendra sa hune et la mettra au bouleten et se acochera à terre jusques à ce que l'avalant soit passé ; car le montant se peut trop mieulx arrester que ne fait l'avalant (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 347).

 

Rem. Cf. aussi JAL2, 1072 s.v. *lay jéfir lay.

 

2.

[D'une chose]

 

a)

"Se trouver par terre, être tombé" : LE ROY. Je voy une lettre gisant La ; d'ou vient elle ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 294). ...se ilz treuvent aucun escript à terre gisant, ilz le lievent moult reveramment et le mettent en aucun lieu hault, en la fendure de une masière (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 330). Atant esvous l'escuier Gieffroy qui estoit rentrez ou cavain pour aler querir une trop belle espee qu'il avoit veu gesir par terre, d'un des chevaliers que Gieffroy y avoit occis. (ARRAS, c.1392-1393, 202). Voit les murs par terre gesir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 56). Et, le lendemain, XXVe jour dudit moys de juing, fut ordonné en ladicte ville de Paris que toutes les chaynes des rues de ladicte ville seroient abatues et laissées gesir sur terre es lieux où elles sont ordonnées, pour estre toutes prestes, et regardé là où il y avoit faulte, pour les amender et y pourveoir à les trouver toutes prestes, quant besoing en seroit : ce qui fut fait. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 49).

 

b)

"Se trouver, être placé" : Et gist la couronne en vn vaissel de cristal moult bien aourne (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 234). Deuant Thir souloit gesir la pierre sur quoy nostre seigneur seoit et preschoit (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 243). Item pres du mont de Caluaire a destre il a vn autel, ou la columpne gist a quoy nostre seigneur fut loyes et flaieles. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 270). Il est verité que dedans celle dicte eglise est le propre corps et le chef de la vierge saincte Katherine, c'est assavoir la plus grant partie enclos dedans ung vaissel de pierre de marbre qui gist a la destre partie du grant autel (Voy. Jérus., c.1395, 46).

 

-

Gesir + adv. "Reposer" : Et les premiers le disoient pour ce que figure sperique est de legier mobile et ne giest pas fermement, car elle touche pou ce sus quoy elle est (ORESME, C.M., c.1377, 650).

 

c)

En partic. [P. oppos. à bois en estant] Bois en gisant. "Bois mort tombé à terre ou bois vert abattu par le vent" : Item, ont droit de demander en ladicte forest de Lions (...) le vert boiz en gesant et le sec en estant (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 4). Item, le bois sec en estant et en gesant et le vert en gesant, hors deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 322).

 

Rem. DEAF, G 593 : «bois gisant "bois étendu par terre"».

C. -

P. ext. [Idée dominante de séjour, de demeure]

 

1.

[D'une pers.] : Car le manoir ou je gisoie Estoit loing de gens et de voie, Assis dessus une riviere Douce, clere, seinne et legiere, Qui couroit entour un vergier... (MACH., D. Lyon, 1342, 162). Mais li a plus grevé cent tans Le veillier et le mauvais giste. Car ou il gist et ou habite Le vent y cuert de toutes pars (Mir. Theod., 1357, 115). Et amistié de nourreture vient de habiter et mangier ou jesir ensemble. (ORESME, E.A.C., c.1370, 440). Et vraiement je ne gerray Q'une nuit en quelconque ville Tant que j'aie veu ma fille. (Mir. Berthe, c.1373, 246). Sy monterent aux chevaulx (...) et se departirent de Medines et vinrent gesir à Ville-Lopez, et l'endemain ilz passerent à Ville-Arpent et y disnerent, et puis partirent et vindrent gesir à Noye en Galisse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 109). Et couroient toute le bonne conté de Reters (...) Et gisoient et logoient ou pays, quel part qu'il voloient, deux nuis ou trois, sans estre destourbé de nullui. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 227). Et dist que eulx trois ont tousjours, depuis ce, jeu et gisoient oudit hostel, en une chambre par hault, et couchoit, il qui parle et ledit Durant, en un lit, et ledit Andry seul en un autre lit, prez d'eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 127). Et toute laquele vaissele dessus dite fu mal prinse et emblée de nuyt, mercredi derrenierement passé, en la sale et en une des chambres d'icellui hostel en laquele gist continuelment Guiot de Roussay, frere dudit sire de Roussay (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 134). Atant vint la Bertaine, la fille l'empereur Charles, qui sainte vie usoit droit a Viseit sur Meuse (...) Charles amat Viseit et assennat grant rentes pour l'amour de sa filhe, qui la estoit recluse ; et la gist, et at fait grans miraclez Dieu pour elle. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 89). Aiez pictié, aiez pictié de moy, A tout le moins, s'i vous plaist, mes amis ! En fosse giz, non pas soubz houz ne may, En cest exil ouquel je suis transmis Par Fortune, comme Dieu l'a permis. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68). Mes anges, prenez le loisir De descendre la bas grant erre Et veillez le temple choisir En façon que nul plus gesir N'y puisse ; mectez tout par terre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 437).

 

-

Les gisants sous les estals. "Les clochards couchés sous les étals" : Item, je lesse aux hospitaux Mes chassis tissus d'arignie Et aux gisans soubz les estaulx Chacun sur l'eul une grongnee, Trambler a chiere renfrongnee, Megres, velus et morfondus, Chausses courtes, robe rongnee, Gelez, murdriz et enfondus. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 25).

 

2.

[D'une chose concr. ou abstr.] "Se trouver, être placé" : Pour ce qu'il peut et si seult faire Purgacion familiaire Des humeurs grosses et nuisans, Qui sont dedens le corps jesans (LA HAYE, P. peste, 1426, 133).

D. -

Au fig. [Idée de se trouver, de se maintenir dans un certain état, dans un certain endroit]

 

1.

[D'une pers.]

 

-

"Se vautrer (dans le péché) " : L'anemi t'a bien deceu, Quant en pechié as tant geu. (Mir. nonne, 1345, 343). Quelle merveille aussy se nous n'avons paix de conscience ne repos dedans nous quant nous gisons en telle ordure, et quant nous nous habandonons au hahay et au bruit de toute cure terrienne (GERS., P. Paul, a.1394, 513). ...et qui bien à ces choses viseroit, plustost te lairoit en la boe gesir qu'il ne te releveroit pour mettre sus son chief. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 88).

 

-

"Se trouver (dans une certaine disposition de l'esprit)" : Car quant eslongier vous vouldra Celle pour qui vo cuer gerra Ou lit de tristesse et de pleur, En langueur finer vous faudra Vieil, povre, triste, sans honneur. (Cent ball. R., c.1388-1396, 95).

 

2.

[D'une situation] "Être établi, régner" : ...Ainsi que gens de maisons renommees, Progredïez, plains de noble vouloir, Qui ont tousjours les provinces aymees Ou guerre gist, pour eulx faire valoir. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

 

3.

[D'une entité abstr.]

 

-

"Résider, demeurer, se trouver" : Et de ceste matiere parlent pluseurs docteurs senz descendre a la question qui s'ensuit, la ou gist la grant difficulté. (ORESME, E.A.C., c.1370, 460). ...C'est celle où gist toute entiere M'amour et m'onnour. (MACH., Les lays, 1377, 455). Et quant j'ay tout regardé, Ceulz sont en male sepmaine Qui ont cuer enamouré, Car c'est vie trop grevaine, Quant mort y gist si prochaine ; Et pour ce ensement conclus Que longue vie m'est saine. (MACH., App., 1377, 638). Tant que a la guerre, creez le conseil des vaillans hommes qui ont hanté le mestier d'armes honnourablement. Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie (ARRAS, c.1392-1393, 87). ...et, posé que nous [les chrétiens] leur feussions alé courir sus [aux Sarrasins] en leur pays, si le devons nous faire, car ilz sont ennemis de Dieu. Et ne vous doubtez, Dieu nous aidera. Se ilz sont moult et nous pou, plus point un grain de poivre que dix sestiers de froment. La victoire ne gist pas en grant multitude de peuple, mais en bon gouvernement. Alixandre, qui tant conquist, ne voult oncques avoir que dix mil hommes contre tous pour une journee. (ARRAS, c.1392-1393, 99). ...car le pechié ne gist pas ou corps, mais en la voulenté. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 372). Salemon : Qui garde sa langue garde son ame et son corps, car en la force d'icelle gist mort et vie. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 173). Si dy que en la loiaulté des conseilleurs gist la sceurté du prince et le salut de la chose publique (CHART., Q. inv., 1422, 64). Et sur toute sollicitude Doit-on mettre très grant estude À conforter, comme qu'il soit, Le cuer et le foie orendroit, Et le pommon et la cervele, Où gist la mine naturele Des nobles vertuz, se me semble, Qui gouvernent le corps ensemble (LA HAYE, P. peste, 1426, 137). ...sus tous chevalliers il doit avoir bruit, car en lui gist la fleur de proesse. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 102). ...oncques n'avez eu tant de courage que d'entreprendre la defense de celle ou gist tout vostre bien et honneur. [Reproches d'une femme à son mari qui a été lâche] (C.N.N., c.1456-1467, 52). Ou milieu gist la difference, Car aux deux boutz n'y en a point. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 56). Mais le bien est de tel merite Qu'il ne doit gesir en obscur (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 75). Et en ceste maniere consiste et gist la perfection de conformeté, c'est a scavoir que le fait de nostre voulenté d'autant soit plus conforme a la voulenté divine en quant est meilleur et plus parfait. (Somme abr., c.1477-1481, 175). LE JUIF. Sainct Nicolas, vraye esperance Ou gist mon espoir et confort, Qui a en toy ferme fiance, Tu leur donnes grant reconfort. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 143). Paris ou gist toute saigesse, Pour ressourdre nostre foiblesse, Tu as resjouy ung chascun. (Sots, c.1480-1500, 272).

 

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[D'une chose] Gesir près du coeur. "Tenir à coeur" : ...j' ay une besongne a achever qui me gist moult pres du cuer et ou j'ay plenté traveillié et peu exploitié. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 313).

 

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Gesir à. "Dépendre de" : Et se ma mort y eust jeut, autant en eusse je fait. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 34). ...se j'ay meffait en parler par mon ygnorance, je vous en requiers le merci et a la pucelle a qui l'amende gist. - Sire respondi Nervin, il n'y gist nul meffait (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 423). Syre, dist Passelyon, a moy n'affiert mercy, mais a vous gist le pardon de ma neanté. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 849).

 

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Loc. Tout gist à.../là gist tout. "Tout consiste à...; là est l'essentiel" : Tout gist au bien choisir pour faire amours durer (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 152). Et pour ce ne devez pas faire doubte en vostre secours, Dieu devant ; car là gist tout. (BUEIL, I, 1461-1466, 175).

 

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[D'une chose abstr.] Gesir en. "Être contenu dans, se trouver dans" : ...toute l'onnour dou roiaulme d'Engleterre gisoit en celle journee. (FROISS., Chron. D., p.1400, 778). En demande gist grant savoir, Or demandés courtoisement. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 76). Du secont commandement general, qui gist en .III. choses : en loyaulté, en secré et en diligence. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 190). Le roy respondi : «En hastiveté ne gist pas la bonne ordenence» (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 51). ...Car il a plus de cinq mil ans Qu'ilz sont en povreté gesans, J'en ay bien grant compassion. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 110). ...ou nous est enseignié que noblesse gist plus en bonnes meurs que en generacion de lignie. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 88). L'AMANT. J'ay entendu en ceste val Des plains comme femme marrie. S'il y a riens qui vous ennuye, Dictes vostre cas plainement ; J'appointe tout. (...) [LA FEMME.] Pouvre bannye, En moy gist pouvre appointement. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 145). ...nostre seulle esperance doit estre en Dieu, car en cestuy-là gist toute nostre fermeté et toute bonté, qui en nulle chose de ce monde ne se pourroit trouver (COMM., I, 1489-1491, 93).

 

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Prov. En la fin gist le venin. "À la fin est le mal ou la difficulté" : Certes, en ce dit livre, se livre se doit dire, bien a lieu le proverbe commun : en la fin gist le venin. (GERS., Traité R. Rose, 1402. In : Chrestom. R., 49).

 

Rem. Voir la forme plus courante du prov. À la queue gist le venin dans l'art. Queue1.

 

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Gesir sous la main de. "Être placé sous l'autorité de, être soumis à, dépendre de" : Soubz sa main [de Fortune] gist l'univers monde (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 9). Et en la guerre de France avoit tel bruit et tel avantaige, que soubz sa main gisoit la prosperité ou perte des Angloix (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 239).

 

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Empl. impers. Il gist. "Il est, il y a" : ...mais comme j'ay dessus dit il n'y gist mie grant inconvenient, car bien souffist de congnoistre en general le dit A B C. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 63). Toutesfois il gist grant avis a nombrer ses sillabes et a congnoistre quant ses vers sont egaulx. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 141). Madame, le chevalier est il forment navrez ? - Certes, dist la dame, il n'y gist ne mort ne affolure, mais il ne peut estre nullement gary a ce tournoy. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 139). Et que vient il icy querir, Veult il present troubler ma court ? Despoille toy et le fais court. Il gist en mon oppinion Qu'il y a quelque fiction Va le despouiller vistement. (Sots gard., a.1488, 103). Puisqu'il gist en mon beneffice De le faire, a moy pas ne tient. (LA VIGNE, S.M., 1496, 425).

 

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Il gist bien. "C'est bien fait, cela devait arriver" : Vous advés desolacïon De l'actïon Qu'advés faicte injustement. Il gist bien, car m'oppinïon En fictïon Advés mis a desprisement. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

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Où gist...? "Où est ...?" : Qu'esse qui vous promayne ? Ou gist le poinct de vostre adversité ? Vous me semblez en tristesse inhumayne Toute plongee, ma bonne seur germayne. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 115).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

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     SOUS-GÉSIR     
FEW V jacere
SOUS-GESIR, verbe
[T-L : sosgesir ; DEAF, G639 sosgesir ; FEW V, 2a : jacere]

"Être situé en-dessous ; être vaincu" : Succubo (...) : soubz gesir (Aalma R., c.1380, 401). Subiaceo (...) : soubz gesir ; subiacens (...) : sous gesans, prosternés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 480). Succumbo (...) : cesser ou estre vaincu ou soubs gesir (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 483).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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