C.N.R.S.
 
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     SEC     
FEW XI siccus
SEC, adj. et subst.
[T-L : sec ; GD : sec ; GDC : sec ; DÉCT : sec ; FEW XI, 584 : siccus ; TLF : XV, 217a : sec]

I. -

Adj.

A. -

Au propre

 

1.

"Qui est sans humidité" : ...Un po de buiche soiche querre (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 315). Amptonne sec est mauvaiz aux corps tisiques. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 66). Telz sciatiques ou gouteux en la hanche dont l'oz ist, la cuisse devient mesgre, et le sciatique clochant, s'il ne use de choses seches. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 96). Car l'appetit est du moien qui est bon et propice, aussi comme un corps sec ne appete pas que il soit du tout moiste ne ce n'est bon. (ORESME, E.A., c.1370, 431). Et ne puet estre autrement par nature, quar la chaleur passeroit et avroit dominacion. Et donques par son action tel corps seroit tantost alteré et fait encor plus chaut et plus sec et par consequant plus legier. (ORESME, C.M., c.1377, 66). Aussi peut l'en user de poiz, Au mains la sepmaine une foiz, Et de lentilles orendroit, Qui de bonnes en trouveroit Pour leur sèche complexion, Contraire à putréfaction. (LA HAYE, P. peste, 1426, 94).

 

-

Pain sec : N'y ot si grant ne si petit Qui ne préist grant appétit En pain sec, en aux et en sel (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 38). Et, quant ilz auront mués toutes leurs denz, si les aprenez a mengier dou pain sec et de l'eaue petit a petit, quar chien qui est nourri de gresse et de soupes depuis qu'il a mué ses denz, s'il n'a touz jours soupes ou lecherie, voulentiers est de mauvaise garde (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 112). Jeuner lui fault dimenches et merdiz, Dont les dens a plus longues que ratteaux ; Aprés pain sec, non pas aprés gasteaux, En ses boyaulx verse eaue a groz boullon (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 69).

 

-

[Des yeux (comme qualité, les yeux étant brillants mais sans excès d'humidité)] : Et trop doucement m'apaisoit Li regars dous et atraians D'uns yeus bruns [et] sés et rians (ACART, Prise am. H., 1332, 41). Je n'en puis mais, Car pris sui et retenus Et au cuer trais Tout en un lieu de .IJ. trais D'un yex fendus, Vairs, dous, poingnans, ses, agus, Rians et gais. (MACH., Lays, 1377, 425).

 

-

"Sans eau" : Et lors que Aigres fu aval, il trouva le puis tout sec (Bérinus, I, c.1350-1370, 323). C'est un lieu emprés la mer qui est une fois tout plain d'eaue et tantost aprés est tout sec. (ORESME, E.A.C., c.1370, 472).

 

-

"Qui n'est pas ou qui n'est plus mouillé" : ...quant il a un pou alé, lors en assentent le[s] chienz mieulx, quar il [le cerf] est sec de l'yaue qu'il aura portee es jambes et ou corps [l'eau a séché sur le corps du cerf]. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 206).

 

-

[Dans une compar.]

 

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Sec comme bois

 

Rem. Les Erreurs du Jugement de la Belle dame sans mercy, éd. A. Piaget, a.1500. In : Romania 33, 1904, 190.

 

.

Sec comme dent de chien

 

Rem. Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 136, v.2329.

 

-

À pied sec. "(Passer une rivière, la mer...) sans se mouiller" : ...par la verge de Moyse la mer rouge fu devisée et passa la peuple à pié sec (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 127). ...et en icelle crique puissent venir à pié sec pardessus led. pont dedens lad. ville (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1475, 372). ...leur promettant les mener en la terre de promission et les faire passer à pié seq la mer et les tira et mena jusques en l'isle de Crete où il en fist noyer plus de cinquante mil. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 r°).

 

-

Terre seche. "Terre hors d'eau, terre ferme" : ...De tenebres vient a clarté, Et de paour en seürté, D'amertume en douce liqueur, De fragilité en vigueur ; De la mer vient en seche terre ; Il vient en pais, s'ist hors de guerre. (MACH., D. Aler., a.1349, 299). ...si tost que pourrez mettre A terre seche ceste femme, Maistre, (...) Que l'i mettez. (Mir. emper. Romme, 1369, 289). ...la mer estoit retraicte et toutesvoies les chevaulx y estoient jusques aux ventres. Si les fit monter derriere lui et derriere ses chevalliers et escuiers, et les amena à terre seiche. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 13). Fortune (...) fist tant pour lui qu'elle le mist oultre a l'autre lez, et ainsi se trouva Troÿlus a seche terre (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 83).

 

.

[D'un lieu] "Dont le sol est ferme (et ici sans poussière)" : ...mettre le soleil derriere, se c'est en païs de pouldre, et le vent aussy ; et, se c'est en pays secq, le mettre devant, qui porra. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 242).

 

-

MÉD. Toux seche. "Toux sans expectoration" : S'aucun est ydropique, et il lui survient toux seche, c'est signe de desperacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 101).

 

.

[D'une maladie] : ...maladies se garissent par medecines opposites et contraires a leur condicion ; comme la chaude par froideur, la sieche par humidité (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 40).

 

-

[De la tête du cheval] "Sans bavure (?)" : ...et touttefois c'estoit ung cheval estourdy et promt à l'esperon, portant sa teste seche, le plus beau et le mieux embouché de tout le monde. (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 157).

 

2.

En partic. [D'un élément naturel]

 

a)

[Comme propriété naturelle attribuée au feu et à la terre (p. opp. aux deux autres éléments, l'eau et l'air)] : ...il s'ensuit de neccessité qu'il est quatre elemens et non plus par nature. La terre donc est froide et seche, et l'eaue froide et moiste. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 4). Car le beau Feu, sans nul défault, Est tousdiz sec et forment chault (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). Et la terre par sa droiture Est de froide et sèche nature (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). ...car ilz [les colériques] sont moult enclins et sont hastifz et ardans comme le feu du quel ilz ont les qualitez cestassauoir chault et sec. (CIB., p.1451, 219). Desquelz quatre elemens tout homme et femme sont formés et faitz et sans lesquelz nul ne peut vivre. Le feu est chault et sec, l'air est chault et moite, l'eau est moite et froide, la terre est froide et seiche. (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 264). C'est assavoir comme en la triplicité des signes de feu c'est à dire quant signes sont qui sont de la nature du feu, chaulx et secz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 r°).

 

-

[Comme propriété naturelle attribuée à des degrés divers aux choses de la nature] : Nerf (...) est frois et ses (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 384). ...yver est froit et sec (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 336). La char dou connill est meilleur et plus saine que celle dou lievre, quar celle dou lievre est melenconique et seiche plus que celle dou connill. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 82). Car Saturnus, je vous asseure, Trop froit et sec de sa nature, Pour tant nuisant à toute vie (LA HAYE, P. peste, 1426, 35).

 

b)

"Qui a perdu son humidité naturelle"

 

-

[D'un végétal] : Sire, la fouaille ["bois de chauffage"] estoit seche (Mir. femme, 1368, 216). Ne porta fruit, fueille et flour Une verge sans humour, Toute seche et sans verdour, Qu'Aaron tenoit : Ce contre nature estoit. (MACH., Lays, 1377, 402). ...et s'il [le chêne] est sec par haut ou rompu, ilz ne poieront que six solz d'amende s'ilz sont trouvé par le sergent (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 252). ...ilz paient dix-huit solz d'amende ; et se il est sec par le couppel ou rompu, ilz sont quictes par IIII s. d'amende se ilz sont trouvés comme dit est (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 253). Et pevent un homme et sa femme tirer au croc branches vertes et seches et par coustume. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 253). ...la moitié de tout le bois estant en ladicte forest, tant verd comme sec, où puet avoir 112 bonniers, dont l'autre moitié par indivis appartient à reverent pere en Dieu ledit abbé de Corbie (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 166). Le boiz à ce plus convenable Si est boiz sec et odorable, Comme aiglentier, junièvre et fresne, Ciprez, rosmarin, vigne et chesne (LA HAYE, P. peste, 1426, 80). En s'endormant joyeusement aux champs Des doulx oyseaulx sur branche seiche ou verte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 331).

 

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Herbe seche : Item, pour seiches herbes depuis la mi septembre jusques à la mi mars, doivent païer pour chacun vache douze deniers et pour le veel VI d. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 97).

 

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Raisin sec : Maiz vin aigre riens ne meffait De franc roisin et sec extrait (LA HAYE, P. peste, 1426, 126). Aussi prenez du fruit de pin, Mondifié, plaisant et fin, De fistiques et roisins secz, Purgiez des arilles et netz (LA HAYE, P. peste, 1426, 156).

 

-

[D'un arbre] "Mort" : Li arbre sac ne puet florir Ne botonner ne reverdir Ne jamais fruit ne pourtera (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 86). Tant est li siens cuers pleins d'ardeur, Jamais ne serra sus verdeur ; Eins quiert tout adès obscurtez, Divers lieus et pleins de durtez, Aubres sès, verseinnes et trieges ; En tels lieus est souvent ses sieges, Quant elle se vuet reposer. (MACH., J. R. Nav., 1349, 193).

 

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Arbre sec : Et l'autre disoit : "Si n'a y Homme qui a li se compere, Ne dont tant de bien nous appere. Car il fu jusqu'a l'Aubre Sec Ou li oisel pendent au bec." (MACH., D. Lyon, 1342, 209). Qui penroit le plus vaillant homme Qui soit de Nantes jusqu'a Romme, Voire jusques a Cambelec, Ou dela jusqu'a l'Aubre Sec, S'eüst une robe entaillie D'or, d'argent et de perrerie, La plus tres riche et la plus belle Qui fust en France n'en Castelle, Et puis prenist un païsant (...) Leurs umbres seroient pareilles (MACH., C. ami, 1357, 132). [Contexte métaph.] ...arbres tous scecs Et vuides de humeur de grace (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 390).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : La cote de vert qu'elle [l'image d'Amour] porte Moustre qu'amour n'est onques morte Ne seche, ains est tousdis nouvelle Et verde, ainsi comme l'entele Qui en yver sa verdeur cuevre Et en temps d'esté la descuevre (MACH., Voir, 1364, 652).

 

-

Avoir la teste seche. "Être mort (?)" : Je croy qu'il aura la teste seche Avant que sallie de ceans [de prison] (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 87).

 

c)

[Du climat, d'une région...] "Où il ne pleut pas ou rarement" : ...en païs sec ou moiste (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 153).

 

-

[Du vent] "Sans pluie" : ...li vens de bise Taillans, bruians, fort, roide et sec (MACH., D. Lyon, 1342, 203).

 

-

Temps sec : ...temps sec (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 336). Item, l'en ne conseille pas des choses qui adviennent presque toutes fois en une maniere, comme a savoir se il fera sec temps ou esté. (ORESME, E.A., c.1370, 189).

 

d)

[D'une terre, d'une pièce de terre] "Qui, par manque de pluie, est sans végétation" : ...Jourdan Maugier et Philipote sa fame, de Coustances, (...) qui confessèrent de leurs bonnez volontez, que eulx, à cause de ladicte fame, avoient donné, quittié, cessié et delessié, afin et emperpétuel héritage, au priour et es frères de l'ostel Dieu de Coustances, une pièce de terre close, tant sèque que en prey (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1380, 187). Il [le mont] est moult maigre et secq ; car, jusques a bien bas, on ne y trouveroit a payne ung seul arbre ne une seulle verdeur. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 69). Et, pour raison de la grant quantité des bestes qui y furent trouvées, ayma fort ledit pays, combien que en autres choses il est maigre pays, sec, inutile et de petite valeur. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 317).

 

-

"Où il n'y a pas d'eau à puiser" : Et, pour ce que ledit chasteau [assiégé] estoit avironné de pluseurs domiciles et à sesche terre, il se rendi au roy par composition (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 187).

 

e)

"Qui ne dégage pas d'humidité" : ...et joignant ce dit lac a des estuves chauldes et seiches sans aucun feu, fors la challeur de la montaigne, qui est belle chose a voir, car tout se fait sans artifice. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 265).

 

f)

"Peu arrosé (en liquide, en boisson)" : ...après le disner, qui fut et court et sec, monterent a cheval (C.N.N., c.1456-1467, 475).

 

-

Avoir la gorge seche. "Avoir soif" : Je ne cuidoye boyre qu'ung poy, Mais tout est coulé en ma gorge. Par Dieu, oncques ouvrier de forge Ne l'eust, si seiche comme j'ay. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 176).

 

-

Verjus sec. "Verjus obtenu par cuisson" : L'en fait verjus en deux manieres. L'un est cler, et l'autre sec (...). L'en fait verjus sec par telle maniere. L'en prent grappes tres vers, et les pile l'en et espreint, et les met l'en en un vaissel d'arain rouge sur le feu, et le cuit l'en jusques a tant que... (Rustican H., 1373-1374, 97).

B. -

P. anal.

 

1.

[Du corps, d'une partie du corps et, p. méton., d'une pers.] "Maigre, peu charnu ; décharné" : ...De vielles a bouteculons, Ferans sus leurs secques fourcelles ["poitrines"], Tout ainsi secques comme selles (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 97). ...lasse ! mes mains Ay perdu.(...) Ceste forment me desconforte, Que je voi qu'elle est toute morte ; Et ceste ci redevient seiche Aussi conme une vielle mèche. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). Car de visage est megre et sec Trop malement, et pale avec Et empiré. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 288). Il fault au premier condescendre Et pour ce savoir et entendre Que tous ceulx qui ont les corps secz D'umeurs et sont néant infectz, Usans de bon gouvernement, N'ont indigence aucunement De faire en soy purgation (LA HAYE, P. peste, 1426, 114). ...tu es faitte comme une fole femme, tes memeles sont extendues, ta face ridee, tes joez macerés, tes yeulx tous plains de langueurs, tes levres sont cesches [desséchées et décharnées] et ta peaul obruee, tes vertus corrumpuez, et de tous amans tu es faicte odieuse (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 275). Le colerique communement et generalment est iracondeux cruel, sans doulceur, ingenieux et de legiere apprehension, agu, legier, instable, impetueux, de corps megre et sec, moult mengant, de couleur noir, et tenue de corpulence. (CIB., p.1451, 219). Fait au temps de la dite datte [la Noël de1456] Par le bien renommé Villon, Qui ne mengue figue ne datte, Sec et noir comme escouvillon (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30).

 

-

"Défait, épuisé, miné" : ...j'ay fait de jour et de nuit (...) pluseurs excès (...) Dont je suy mas, tristes et secs (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 227). Me voiez vous bien deffaicte et seche par grefté de mal ? (C.N.N., c.1456-1467, 517).

 

2.

[D'une chose]

 

-

Vin sec. "Vin peu liquoreux" : La couleur du vin est rouge ou blanche, ou jaune, ou rousse. Le vin rouge est le plus sec, et le vin blanc est le plus moiste et le plus delié ; et le vin jaune et le rous est plus chaut (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 61).

C. -

Au fig.

 

1.

"Qui ne procure pas de bénéfices, qui est dépourvu de profits" : ...depuis la prinse de Ponthoise lesdits herbaiges, n'ont point esté baillés à si hault pris qu'ils souloient estre, pour ce que chacun a mis ses vaches hors de la ville, et aussy l'année a esté seiche au regard des herbaiges. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1443-1444, 356).

 

2.

Argent sec. "Argent comptant (versé sur le champ et ne procurant pas d'intérêts)" : ...et d'argent sec dudit Gilebert pour grant besoing et paié à plusieurs personnes marcheans (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1330, 79). Prenez chascun un grant florin De moy tout sec, a celle fin Que devant lui me faciez voie. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). Maix qu'il ait sec argens il vant trop de legier ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 752). Quant ilh vint al duk, ilh dest qu'il n'avoit point d'argent raporteit, mais ilh avoit des laynnes, car atre paiiement ne poioit ilh avoir ; lesqueilez estoient stapulées à Bruges, et n'en trovoit marchan qui l'en vowist sor mult long doneir ce à quoy elles estoient estiméez. Quant ly dus, qui avoit besong d'argent, entendit ces chozes, ilh recargat al dit monssaingnor Renart qu'il ralaist à Bruges et tot vendist à argent seche, queile perde qu'il y awist, car ilh ly covenoit avoir argent. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 79). Je vous paieray d'argent sec Voulentiers. (Mir. st Panth., 1364, 313). ...et quant il fu au dehors de ladite abbaye, les mist en gaiges [les objets volés] en une taverne, sur un homme appellé Simon de Mermignac, pour la somme de douze sols, que ycellui homme lui bailla en argent, tant sur ce qu'il avoit despendu en sondit hostel par deux nuis qu'il y avoit jeu, beu et mengé, comme en argent sec. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6). Et, au departir qu'ilz firent, il qui parle donna audit maçon IIJ s. en argent sec et païa l'escot (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 479). ...quiconques la barguignoit, il l'avoit aussi bien a creance que a argent sec, fust l'homme vieil [D'une femme luxurieuse] (C.N.N., c.1456-1467, 518).

 

-

Denier / florin / livre... sec : Seigneurs, pour la vierge Marie Prenez chascun un grant florin De moy tout sec, a celle fin Que devant lui me faciez voie. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). Cent florin d'or tout sec a l'escuier bailla (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 749). ...tant avoir en boins deniers tous ses Que pour paiier despens et cous et fres Que je poroie avoir acquis et fes (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 215). Vint livres touz sez te donrray Pour le bien et l'avancement De ta fille (Mir. march. juif, c.1377, 184). Haa, que c'est bien nostre besongne ! Sathan, il fault qu'on le batisse Si bien que son maistre traÿsse, Et le vende a bons deniers secs. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 620).

 

-

Empl. adv. Payer (tout) sec. "Payer comptant" : Et fist on sçavoir de par le roy à la ville de Noeuf Chastel que, qui vouldroit gaagnier sy amenast pain, vin et avainne, et aultres denrées, on le payeroit tout secq (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 59). ...ilz estoient renommé De paier sec a jour nommé. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 326). ...Et payoient tout sec en argent monnayé. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 34). ...les gens du dessusdit duc de Bourgongne ne prenoient riens sans paier, et comptoient tous les soirs à leurs hostes et poioient tout sec en la ville de Paris. (Journal bourgeois Paris T., 1405, 1). CAŸPHE. Le pris est tres legier a faire. Qui te donra trente deniers, Le feras tu ? JUDAS. Tres voulentiers. Pas ung je n'en demande avec, Mais ilz seront payéz tout sec Avant que j'en face ja course. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 625). [= GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 232, v.17518]

 

.

[P. antiph.] : Il sera payé, se je puis, Tout sec et son or sera nostre (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 126).

 

.

[Contexte métaph. (et gén. iron.)] : Elle paia seck et rendi A celi qui pour l'amour d'elle Fu fes (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 51). Dieu congnoit tout Et les paiera tout sec au bout. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 160). A, vous y allez ! Vous y jouez vous, Jaune Bec ? Vous y serés poié tout sec, En fin vous y lairrés les plumes. (Pipée R., c.1470-1480, 193).

 

.

Rendre sec. "Rendre au comptant (p. métaph.)" : ...il sault sus et jette son escu sur son chief pour le cop recevoir et trait l'espee pour rendre sec ce que on luy monstre a donner. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 177). ...le roy ne luy donnoit coup que cil ne luy rendist tout sec. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 197). [Autre ex. p.303]

 

-

Estre à sec. "Être dépourvu" : Il n'a tyrandes ne endosse, Aubert, temple ne pain ne poulce ; Le Marmyron ["le marmot, le bonhomme"] est tout a sec. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 263).

 

3.

[D'une chose] "Qui est sans ménagement" : [Polyphème à Galatée] Fai mon voloir, fai mon plaisir ! Et se tu fai[s] de moi refu, Onques plus crueuse ne fu ; Se tu ne fais me[s] volentés, Onques toriaus qui n'est dantés Ne fu de si grant cruauté, De tel orgueil, de tel mauté (...) ; Plus damageuse et plus nuisant Et plus aigre de feu luisant De seche b(o)uche et de lardons ; Plus aspre de poingnans chardons (MACH., Voir, 1364, 632).

 

-

Empl. adv. : Les ungs s'i servoyent du courtault Si dru, si net, si sec que terre (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35).

 

-

[D'une chose abstr.] "Desséché" : Car les esperils de euls sont secs, et ont en euls meïsmes cause de tristece. (ORESME, E.A.C., c.1370, 410).

 

-

Messe seche. "Messe sans la consécration, ni la communion" : Item, a Chappellain je laisse Ma chappelle a simple tonsure, Chargee d'une seiche messe Ou il ne fault pas grant lecture. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 139).

 

Rem. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.3, 1962, 387.

 

4.

Empl. adv. Parler sec. "Parler vivement" : Et, comme j'ay dit, parloit aussi sec comme si jamais n'eust esté malade, et parloit de toutes choses qui povoyent servir au roy son filz. (COMM., II, 1489-1491, 316).

II. -

Subst.

A. -

Subst. masc.

 

1.

[À propos d'un arbre] "Partie sèche" : ...Querir le sec ["le bois sec"] comme la turterelle (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 224). ...et se il y a sec tant que la congnie y puisse entrer par sec, ilz en paient neuf solz d'amende et sans perdre la congnie ; et se il est sec par le coupel, apellé esquoquenart tout vert, neuf solz ; et se il y a sec par pié, quatre solz six deniers, vienge le sec de hault ou de bas. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 329-330).

 

Rem. Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, v.35341 (avoir le sec et le vert).

 

-

Abattre par sec / couper par sec. "Abattre, couper les parties mortes d'un arbre" : ...ilz pevent prendre et abattre le boiz vert en forest coustumiere par amende sans perdre le ferement, mes qu'ils le puissent abattre par sec. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 9-10). ...c'est assavoir que nul ne peust ne ne doibt les IIII arbres derrainiers nommés coupper par sec se il ne sont secs à touspin, c'est assavoir tout autour. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 248).

 

-

Sec par entree. "Sec par dépérissement progressif" v. entrée

 

2.

"Fourrage sec"

 

Rem. Doc. 1342 ds GDC X, 644a.

 

3.

"Endroit sec"

 

-

[P. oppos. à forest] "Champ, lande (?)" : ...et peuent aller leur brebiz à la veue des secz sanz rien paier. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 136).

 

Rem. On trouve dans des cont. similaires : à la veue des champs.

B. -

Subst. masc. à valeur de neutre : Pourquoy li solaus en ardure Se tient, et la lune en froidure, Des estoiles et des planettes Et des douze signes les mettes, Pourquoy Dieus par nature assamble Humeur, sec, froit et chaut ensamble, Et pourquoy li quatre element Furent ordené tellement Qu'adès se tient en bas la terre, Et l'iaue près de li se serre (MACH., J. R. Nav., 1349, 180). ...car le sec desire et aime le moiste, et converso. (ORESME, E.A.C., c.1370, 414). Le sec pugnoit contre l'umidité, Le chault au froit par grant activité (Moralité six pers., c.1483-1484. In : J. Blanchard, Bibl. d' Human. et Ren. 55, 1993, 291).

C. -

Subst. fém. plur. "Matières sèches (p. opp. aux liquides)" : Pour porter l'uille et les sèches à l'ostel du Roy, 6 gros. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 239).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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