C.N.R.S.
 
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     SAVOIR1          SAVOIR2     
FEW XI sapere
SAVOIR, verbe
[T-L : savoir ; GDC : saveir1 ; DÉCT : savoir ; FEW XI, 193a : sapere ; TLF : XV, 128b : savoir]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

[Le compl. est un "contenu propositionnel" (prop. sub. ou syntagme équivalent)]

 

1.

"Avoir ou acquérir la connaissance de qqc."

 

a)

[Avec une complét. par que]

 

-

Savoir que + ind. : PREMIERS, est verité que ledit mons. le visconte, qui estoit à Saint-Quentin, sceut et oy dire que ledit Hennequin estoit et avoit esté par plusieurs jours en ladite ville de Saint-Quentin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). Et tient, croit et scet fermement, elle qui deppose, que par lesdiz sire de Nouvion et Jehannin du Bois, ou l'un d'eulx, elle fu engrossie lors (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 125). ...sy ne sçay mie par qui il sceult que c'estoit le conte d'Artois (Comte Artois S., c.1453-1467, 67). Vous demourés icy avec nous et nourirés vostre enffant, lequel quant il sera en eage tenra la couronne de l'empire rommaine, car j'ay sceu certainement que Othovien ne revenra plus par deça et que mieulx ayme a avoir les terres et seignouryes de par dela. (Flor. Octav., a.1454. In : Chrestom. R., 144). Car elle savoit par renommée qu'il estoit perilleux et noiseux entre femmes. (C.N.N., c.1456-1467, 156).

 

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[Avec ellipse de que] : Donc peuz tu pour certain savoir Ta mére n'ot joye onques puis. (Mir. enf. diable, c.1339, 27).

 

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"S'assurer que" : Se tu veulx savoir que fame est grosse, quant elle yra coucher, donne lui a boire du bochet ; et s'elle sent torsion environ le ventre, c'est signe qu'elle est grosse ; s'elle ne sent neant, elle ne l'est pas. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 85).

 

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Empl. impers. : Il est moult bien sceüs, le fait en est prouvés, Que .xvi. ans par la cerve fus ou bois alevés (Tristan Nant. S., c.1350, 424). Et dirent qu'ilz n'avoient riens ouy ne veu, dont tous se donnent merveille qui avoit fait cel effroy. En la fin il fut sceu que les deux freres l'avoient fait faire. (ARRAS, c.1392-1393, 156).

 

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Savoir que + subj.

 

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[Savoir en prop. déclarative affirm.] "S'assurer que" : Un homme qui femme prent par mariage doit savoir qu'elle ne soit nee sur jour perilleux, s'il n'en veult avoir povre joye. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 143).

 

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[Savoir dans la portée d'une nég.] : ...et ne sera jà sceu ou prouvé contre lui que autrement soit desdites accusacions que ce qu'il en confesse. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 285). ...je ne voel pas que toutes mes gens sachent que je soie ichi venus (FROISS., Chron. D., p.1400, 864). ..Le procureur du Roy dit que, environ VJ sepmaines a, le duc de Bourgongne envoya à Rouen certaines lettres patentes, desqueles il recite le contenu, lesqueles on a dissimulé par aucun temps, pour ce que on ne savoit point qu'il eust entencion d'en envoier en autres villes (FAUQ., I, 1417-1420, 30).

 

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[Le loc. juge la prop. subord. fausse, mais ne prend pas en charge la nég. de cette prop. ; au prés. ou au passé] Je ne sais pas/on ne sait pas que + subj. : Par foy, dist Anthoine, se j'eusse eu voulenté de leur porter contraire, je leur eusse fait savoir. Et aussi je n'ay pas cause de le faire, car je ne scay pas que ilz m'aient riens meffait, ne aux miens, combien que ilz m'y font penser quant ilz se deffient de moy qui oncques riens ne leur meffiz. (ARRAS, c.1392-1393, 175). Dieu veuille que ce qui a esté fait faire par vous ne viengne a inconvenient, et mesmement que on ne scet point que vous et ceulx qui vous ont conseillé aient dit peccavi, mais ont soubz umbre de ce, comme on dit, rechargié le peuple. (JUV. URS., Verba, 1452, 215). Helas, il y a XXX ans que estes roy et n'ay point sceu que en [= de nouvelles lois et ordonnances] ayez faictes aucunes, ne visité les anciennes et icelles confermer et aprouver comme vos predecesseurs (JUV. URS., Verba, 1452, 285). Le roy partoit avant jour, et ne sceüz oncques qu'il y eust guyde, et chevauchoit jusques à mydi, là où il repaissoit (COMM., III, 1495-1498, 210).

 

Rem. Même commentaire pour il ne sait pas que + subj. en discours indir. : Requis s'il scet ne oyt point dire audit Grosse-C...lle, ne à autres, pour quelle cause, à quelle fin ilz mettoient lesdites poisons, ne pourquoy ilz vouloient ainsy faire morir le peuple, dit qu'il n'en scet rien, ne oncques n'en oy parler, et ne scet pas que aucune personne en soit mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 442).

 

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[Savoir en interr. ou en subord. hyp., le loc. ne se prononçant pas sur la valeur de vérité de la prop. subord.] : Se vos officiers veoient ou savoient que on abusast de la jurisdiction ecclesiastique ilz le vous devroient dire, et aprez mander ceulx que on chargeroit et les ouyr (JUV. URS., Verba, 1452, 359). " (...) comment savez-vous que le roy Amydas voulsist jamaiz mal à ma personne ?" Et l'autre lui respondit : - "Par les raisons que je vous ay dit". (BUEIL, II, 1461-1466, 253).

 

b)

[Avec une interr. indir. totale]

 

-

[Savoir en phrase affirmative] : Requis s'il savoit lire, dit que non ; jà soit ce qu'il lui feust monstré plusieurs lettres et livre pour savoir s'il congnoissoit lettre aucune. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48).

 

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Savoir à/de qqn si... : Je sauroye voulentiers a ceulx qui sont d'oppinion de assembler les prelats, se il est en la voulenté et disposicion des prelats de la muer. (JUV. URS., Verba, 1452, 291). ...nous voulons savoir de vous si vous acquictez a faire ce a quoy vous estez tenues. (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

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(À) savoir (mon) si. "Pour savoir si..." : L'en pourroit faire question a savoir mon se de toutes choses l'en peut ou doit conseillier et se toute chose est conseillable ou se aucunes choses sont desquelles il ne convient pas conseillier. (ORESME, E.A., c.1370, 188). Dieu ne veult pas la mort du pescheur, mais atent a savoir se il se repentira. (JUV. URS., Exort., 1458, 421). ...et allerent veoir les fossez, les hayes, les buyssons, les caves, de devant la place, sçavoir s'ilz trouveroient riens (BUEIL, I, 1461-1466, 133).

 

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[Le loc. refuse de dire ce qu'il sait] : ...d'un lieu ou j'estoye, je vous y vy entrer ; vous savez bien si je dy vray. (C.N.N., c.1456-1467, 229).

 

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[Savoir en prop. nég.] : ... et commenca a penser au chant et a la beauté de la dame, telement qu'il ne scet s'il est jour ou nuit, ou s'il dort ou veille. (ARRAS, c.1392-1393, 6). ...encoires ne savoient-ilz certainement se le roy de Navaire les lairoit passer. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 117).

 

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Empl. pron. : ...trop long chemin y avoit pour le roy d'aler en Alemaigne conquester terres et pays, et mettre seigneurs à rayson et à merchy ; et ne le povoit le roy faire seul que il n'eust toutte sa puissance aveuc luy. Car on ne s'en savoit pas se les Alemans qui sont convoiteux se alieroient avec le duc de Guerles et luy vouldroient aydier à porter ses diffiances oultre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 230).

 

c)

[Avec une interr. indir. partielle]

 

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[Savoir est en prop. déclarative affirmative] : Je m'en say bien a quoy tenir, Car seulement dou souvenir De ses assaus, de ses estours, De ses faus ris, de ses faus tours Ay tel paour que tuit mi membre En fremissent, quant il m'en membre. (MACH., R. Fort., c.1341, 86). Verité est que faire injuste simplement est quant aucun nuist li voulant et sachant a qui il nuist, et quel nuisement il fait et en quele maniere. (ORESME, E.A., c.1370, 311). Monseigneur, dist l'escuier, c'est bon de envoier savoir quelz gens ce sont, ne se ilz vous veullent se bien non. (ARRAS, c.1392-1393, 178). ...dont a leurs couroux et haultes parolles, je sceuz a leurs langues quelz gens ilz estoient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 153). ...el est contente qu'il entre vers elle, mais qu'elle sente et sache premier de quelles lances il vouldra jouster encontre son escu. (C.N.N., c.1456-1467, 107).

 

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Savoir à qqn + interr. partielle : Et vous pry, mon filz, que vous sachiez aux compaignons combien je payeray pour la rançon de messire Morcellet ; car je les feray payer comptant. (BUEIL, II, 1461-1466, 211).

 

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A savoir (mon) + interr. partielle "Pour savoir..." : Neis encorez entre le dictateur et le maistre des chevaucheurs ot il aucun debat a savoir mon de laquelle des .II. partiez la victoire commenceroit. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.8, 74). Qant chil desus dit chevalier en furent enfourmé, si se consillierent ensamble, a savoir quel cose en seroit bonne a faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 370).

 

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Loc. fig. Savoir pour combien l'once. V. once "Connaître les difficultés d'une affaire"

 

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Loc. fig. Savoir de quel pied cloche qqn : Dieu vous a donné sens et entendement a ouyr les oppinions de vos conseilliers et considerer de quelle affection ilz parlent ; et pour ce anciennement les roys [et] les princes ausquelz Dieu avoit donné sapience en leur presence vouloient ouyr les oppinions, et savoient lors, comme on dit communement, de quel piet ilz clochoient. (JUV. URS., Verba, 1452, 319).

 

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[Savoir est en prop. déclarative nég.] : A homme ne sçay dont il vient Tel orgueil, tele oultrecuidance, Tel foleur, tel desordonnance D'entrechangier leurs benefices (DESCH., M.M., c.1385-1403, 140). Quant le petit Saintré fut partis de Madame, il s'en ala tantost compter son tresor, et quant il vist telle monjoye d'escus en sa main, il fut si tres ravy qu'il ne savoit que faire ne penser. (LA SALE, J.S., 1456, 61). ...pourroit monseigneur demander pour moy, et l'on ne me saroit ou trouver. (C.N.N., c.1456-1467, 269).

 

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[Le verbe de l'interr. est au subj.] : ...Li tres dous ris et li regart joli, Par qui mes cuers soloit estre en baudour Par promesse de joie et de merci De ma dame, me sont si enchiery Que je ne say mais dont joie me veingne, Qu'Amours ne veut et ma dame ne deingne. (MACH., L. dames, 1377, 141). Et sembloit qu'il ne sceust pas bien qu'il deust respondre, se n'eust esté ceste parolle. (BUEIL, II, 1461-1466, 106).

 

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Loc. fig. Ne pas savoir à quel saint se vouer : Or estoit jà revenu monsr de Contay de la marchandise contre ledict connestable, dont vous avez ouy parler cy dessus, et ne sçavoit plus ledict connestable à quel sainct se vouer et se tenoit comme pour perdu. (COMM., II, 1489-1491, 73).

 

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Ne pas savoir ce qu'on fait/dit, où l'on est. "Ne pas en avoir conscience (soit par ignorance, soit en raison d'une vive émotion)" : Quant le Jouvencel ouyst le cor, il eust si grant joye de ceste nouvelle qu'il ne savoit où il estoit (BUEIL, II, 1461-1466, 130). Dieu mon pere, par ton [l. ta] bonté, A tous ceulx veulhes pardonner Qu'en ceste croix m'ont mis onté, Affin qu'on te puist mieulx louer. Pas ne les veulhes habandonner Pour ce qu'ilz ne sçavent qu'ilz font. (Pass. Auv., 1477, 216). A, bonnes gens, ses allegacions Ne vallent rien et si ne scet qu'il dit. (LA VIGNE, S.M., 1496, 334).

 

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Ne sais où : Il me mena ne sçay ou, loings, Par devant ses gros maschefoins. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 208).

 

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Estre tout ne sais comment. "Être tout drôle, tout chose, pas dans son assiette" : IMPERATOR. Bien soiés venu genis et commant vous me senblés estre tout troblés. GENISIUS. Il a deia troes jors passés Sire que suis tout ne say commant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 67).

 

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[Fonctionnant comme déterm. indéf.] (Je) ne sais quant (+ subst.) : ...il cheut a la renverse et descompta ne sçay quants degrez (C.N.N., c.1456-1467, 280). ...après je ne sçay quants repas, nostre gentilhomme s'en donna garde (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

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[Par ignorance feinte, pour exprimer son mépris ou son hostilité] (Je) ne sais quel + subst. : Entre ce secret parlement de Raison et de l'Ame, lequel je sentoye moult voulentiers, je soublevay ung peu ma face pour une je ne scay quelle doulceur et une lueur que je apparcevoye de nouvel. (GERS., Trin., 1402, 169). Vons [l. Vous] tenés doncques fole loy, Qui creez je ne sçay quel roy Que vous appellez Jhesucrist, Lequel les Juifz par despit Et envie mirent en croix (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 77). Je voy la je ne scay quelz gens, Et croy que ce soient espyes. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 189).

 

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[Fonctionnant comme pron. indéf.] (Je) ne sais quoi/qui : Soyés vous cy acouté [l. a couté] moy, Puis vous dyray je ne scey quoy Que j'ey ouÿ dire de vous. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 265). ...[il] avoit ne sçay quoy a besoigner a l'oste de leens. (C.N.N., c.1456-1467, 402). Je ne sçay qui l'a abuysié Et donné du vent en l'oroyllie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 69). L'aultre dit : icy gist sainct Prose ; En ce lieu gist monsieur sainct Chose Et dela, sainct je ne sçay qui (LA VIGNE, S.M., 1496, 430).

 

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(Je) ne sais d'où : Ma mere fut nee d'Anjou Et mon pere je ne sçay d'ou, Sinon que j'ouy reveller Qu'il fut natif de Mompelier. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 39).

 

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[Savoir est en prop. interr.] : "Savez vous bien, dit le conte, qui sont ceulx à qui vous aviez à besongner ?" Il respondit : "Monseigneur, nennil." (BUEIL, I, 1461-1466, 224). Malle mort et malle santé Puisse avoir qui vous a mys cy ! Dont vous vient ceste privaulté ? Sav'ous qu'il est ? Dehors d'icy ! Haro, haro, haa ! Qu'esse cy ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 507).

 

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Prov. : On sait bien quand on part (va), mais on ne sait quand on revient. (Prov. H., 1330-1500, 224). On sait qu'on laisse (perd), mais on ne sait qu'on trouve. (Prov. H., 1330-1500, 224). Celluy que neye ne scet qu'il boit. (Pass. Auv., 1477, 171).

 

d)

[Avec un pron.]

 

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[Pron. anaphorique d'une prop.] : Celle a qui ces moz furent biaux, Vint a sa maistresse, et lui dit Qu'onques tel pelerin ne vit, Plus gracieus et plus courtois : Il a amé aucune fois, Et s'est riche, je le sçay bien ; S'il amoit, n'espargneroit rien A donner ou s'amour seroit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 95). ...hors est de maison Mon seigneur a tout sa pecune : Jusques au decours de la lune, Ne revendra, je le sçay bien. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 189). Par foy, dist Uriiens au chevalier, veez la grant peuple de Sarrasins. Ceulx congnoiz je assez, mais par deca je ne scay quelz gens ce sont. Attendez moy icy, je l'iray savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 135). Se Fortune melieur ou pire Leur sera, ce ne sçay je mye, Car or dort, or n'est endormie. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 75). "...Or avant, ce dirent les femmes, nous verrons qui le gaignera. - A l'esprouver le scera l'on, dit monseigenur..." (C.N.N., c.1456-1467, 185). Se nous voullons que a mercy Dieu nous prenne, Soyons songneux de nostre concience, [Pour] qu'a noz jours la mort ne nous souprenne. Qui ne le scait par ceste cene apprenne (Cene dieux, c.1492, 140).

 

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Prov. : Donner fault a sa bien aimée Joiaulx et bacgues par monceaux, Se noble est et fort reclamée ; Il leur fault, pour estre achemée, Couvrechief, miroir, espinchaux (...), Nul ne le scet qui ne l'assaye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 828).

 

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Au passif : ... nous n'avons de riens meffait, ne Gieffroy ne autre ne puet pas dire que nous en meissions oncques bacinet sur teste, ne en yssissions un seul pas de nostre hostel pour lui [Glaude] conforter contre Gieffroy. Cela ne sera ja sceu ne trouvé. (ARRAS, c.1392-1393, 210). ...des cordeliers d'Ostelleric en Castelongne qui prindrent le disme des femmes de la ville ; et comment il fut sceu (C.N.N., c.1456-1467, 8).

 

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[En prop. participiale] Ce su : Et primo potage de pois vielz. Couvient eslire, et savoir aux gens du lieu la nature des poiz d'icelluy lieu. (...) Et ce sceu, il les couvient laver en une paelle avec de l'eaue tiede (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 197).

 

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Que je sache/seusse. "À ma connaissance" : Le musnier fut content, et jamais plus n'en parla. Non fist le seigneur, que je sache. (C.N.N., c.1456-1467, 47). Jamais clerc vanter ne se peut d'avoir eu meilleure adventure, qui point ne vint a coignoissance, voire au mains que je sache, a celuy qui bien s'en fust desesperé s'il en eust sceu le demené. (C.N.N., c.1456-1467, 96). "...Et comment se peut il faire ? dist le mary ; vous n'estiez pas grosse a mon partement. - Non vrayement, dit elle, que je sceusse..." (C.N.N., c.1456-1467, 127).

 

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[Avec un pron. non anaphorique]

 

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[Pron. interrog.] : Et pour ce je vous respondray a ce que vous m'avez demandé selon ce que j'en puis savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Et puis s'en vont de l'une a l'autre et prenent une emprinse d'une jarrectiere, d'un bracelet, d'une rondelle ou d'un navet - que sçay je, ma dame ? (LA SALE, J.S., 1456, 277).

 

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Prov. : Ce que l'on sait n'est-il besoing d'enquerre. (Prov. H., 1330-1500, 224).

 

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[Pron. indéf.] : Mais Dieus, qui tout scet et tout voit, Qui tout gouverne et tout pourvoit, Qui ses bons amis pas n'oublie, Eins est toudis de leur partie, De son paradis acouri, Et le noble roy secoury (MACH., D. Aler., a.1349, 90). ... et [Mélusine] lui demande : Monseigneur, que vous fault il ? Estes vous malade ? Et quant Remond oït qu'elle ne lui parle de rien, si cuide qu'elle ne sache rien de ce fait. Mais pour neant le cuide, car elle scet bien tout. (ARRAS, c.1392-1393, 244). Comment, dist le cappitaine, que dictes vous ? Est le roy malsain ? N'en savez-vous plus ? ce lui respond un chevalier. Par foy, dist il, non. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Je vous prie que se vous savez riens de nouveau, advertissez m'en. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 278).

 

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Prov. : Il ne sait rien qui hors ne va. (Prov. H., 1330-1500, 224).

 

e)

[En constr. imbriquée] : ...et aussi requerra audit Jehannin Le Brun qu'il le vueille adviser et enseigner des larrecins qu'il saura qu'il aura commis. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 73). Ensi cevauçoit messires Godefrois de Harcourt (...), et revenoit le soir et toute sa compagnie, la ou il sçavoit que li rois devoit logier (FROISS., Chron. D., p.1400, 681). Puis s'advisa qu'il esprouveroit s'il savoit par bonne façon s'il pouvoit veoir ce qu'il scet que bien peu luy plaira : c'estoit de veoir venir en son hostel, devers sa femme, ung ou pluseurs de ceulx qu'on dit qui sont [s]es lieutenans. (C.N.N., c.1456-1467, 319).

 

f)

Savoir qqn/qqc. + inf., attr. de l'obj. ou compl. de lieu

 

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Savoir qqn/qqc. + estre : Et se je le vous dy a tart, Ne vous en devez merveillier, Car femme doit moult resoingner De dire qu'elle ait conceü, Jusqu'a tant qu'elle l'ait sceü Estre de vray. (Mir. enf. ress., 1353, 10). Car, puisque un homme a en soy science et raison, nulle autre chose ne peut traire sa volenté au contraire de ce que il scet estre bon a faire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 366). ...contre lequel tesmoignaige elle savoit le contraire estre vray (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 311). Maiz sa valour m'avoit conquise, Et si l'avoie Essaié que son cuer savoie Estre si mien et par tel voie Que de lui doubter ne devoie (CHART., L. Dames, 1416, 219). ...Et voulons bien que vous sachez Le royaulme estre en nostre main (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 286).

 

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[L'agent de l'inf. n'est pas exprimé, figurant dans la prop. précédente] : Le jour des armes assignées, sourvint au soir ung gentilhomme chevalier (...) ; auquel il fist tresgrande et bonne chere, comme tresbien le savoit faire ; si fait madame aussi, et le surplus de la maison s'efforçoit fort de luy complaire, saichant estre le bon plaisir de monseigneur et de madame. (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...sa desloyaulté estoit venue a la cognoissance de celle qui luy vouloit tant de bien : non qu'elle sceust estre tel au rapport d'aultruy, mais elles mesmes en personne en a la vraye informacion (C.N.N., c.1456-1467, 181).

 

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Savoir qqn/qqc. + inf. autre que estre : Et à ce que l'en lui pourroit dire que le povoit empescher et ne l'a pas fait, dit que ce est à dire et entendre, quant aucun scet aucun voloir faire delict ou crime, et à lui apartient de l'empescher et ne l'empesche, il en est tenu (BAYE, I, 1400-1410, 108). "Tres resplendissant roy, nous n'avons nullement veu le duc, mais en nostre mort et destruction avons combatu contre une compaignie de tres cruelles gens, la ou ne sont pas seulement les hommes tres fors combatans et batailleux mais sont aussi les femmes tres fortes batailleresses, par lesquelz sachés tous tes chevaliers avoir esté destruis et tuez" (JUV. URS., T. crest., c.1446, 82). C'est a dire, mon ami, se je savoie les dieux ne avoir point de cognoissance et que tous hommes fussent ygnorans, si ne doigneroye je pechier pour la grant vilté qui est de pechier. (LA SALE, J.S., 1456, 43). Et, pour ce que tous les roys estrangiers sçavoient ce noble empereur aymer la science de astrologie, le roy de Perse lui envoya une aurologe astrologalle de merveilleuse composicion et subtille (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 106 v°).

 

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[L'agent de l'inf., coréférent à celui de savoir, est omis] : Davantaige, il sçavoit bien n'estre point aymé de grandz personnages de ce royaulme ny de beaucoup de menuz (COMM., II, 1489-1491, 289).

 

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Savoir qqn/qqc. (à) + attr. de l'obj.

 

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Savoir qqn /qqc. + attr. de l'obj. : ...il sembleroit a aucuns que le juge deüst condempner celui que il scet innocent ou cas dessus dit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 317). Denis le Tirant, apprès ce qu'il eust prins pluiseurs fortresses en Sicile, vint devant la cité de Rege, laquelle il savoit moult bien garnie de vivres. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 59). ...car il le savoit diseteux et fort souffreteux, il luy dist tout subit... (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

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Empl. pronom. Soi savoir + attr. de l'obj. "Avoir conscience d'être..." : Vers yaulz ne porray durer, Car, pour tels cops endurer, Foible me sçay. (MACH., Ch. bal., 1377, 625). Ung tresgracieux gentilhomme (...) soy sachant de dame improveu, pour bien choisir et son temps employer, donna cueur, corps et biens a une belle damoiselle (C.N.N., c.1456-1467, 252).

 

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Savoir qqn à + attr. de l'obj. : Ja l'ennemi a tel grevance Cel jenne homme tempté n'eüst, Se certainement nel sceüst A vertueux et de grant force (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 66). Pour ce acompliray, Tant com je porray, Son vueil bonnement, Qu'à si bon le say Que n'en partiray Ne repentiray, Einsois l'ameray, Tant com je vivray, De cuer loyaument. (MACH., Lays, 1377, 342).

 

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Savoir qqn/qqc. + compl. de lieu : Et ainsi le firent ilz, et orent, dedens le second jour, jusques a IIIJc. hommes d'armes, que de leur lignaige, que aliez, et les firent logier en un bois, ou moult pou de gens les sceurent. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Et lors leur monstre le roy l'ost des paiens. Quant ilz les virent : Par foy, dirent eulx, nous ne les savions pas si prez de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 135). ...laquelle, disoit il, estoit tant male et obstinée en malice que, si je la savoye en paradis, je n'y vouldroye jamais aller tant qu'elle y fust (C.N.N., c.1456-1467, 490). ...Et puis clorrons, de peur de doubtes, Les huys et les fenestres toutes, Que ses Juïfz ne nous y saichent. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 983).

 

g)

[Le compl. est effacé]

 

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[Dans une réponse nég.] : A qui les paiez vous ? Par foy, sire, nous ne savons. (ARRAS, c.1392-1393, 295). "...dont vous vient ce mal si a haste ? - Je ne sçay, je ne sçay, dit la fille ; vous me paraffolez a me faire parler." (C.N.N., c.1456-1467, 134).

 

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Prov. : Qui mieulx sait, mieulx doit dire. (Prov. H., 1330-1500, 224). Bonne chose est de bien savoir. (Prov. H., 1330-1500, 226). Mieux vaut savoir que avoir. (Prov. H., 1330-1500, 226). Jeunesse m'a donc introduit, Qui conseil et corps a legier, A sa plaisance et non trop duit Pour cuer en viellesse allegier ; Mais, a mon docteur alleguier, Aucune honte peusse avoir : Trop cuidier vient de peu savoir. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 140). Puis le lendemain sen parti pour parfournir son voyaige et esperant de brief faire retour mais on dist en commun langaige que mieulx vauldroit savoir que cuidier. (Gil. Tras. W., c.1450, 60).

 

h)

[Savoir + compl. nominal équivaut à savoir + subord.]

 

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[Savoir + compl. nominal équivaut à savoir quel est...] : Et laquelle il oeuvre sachant et non pas ignorant la personne a qui il la fait (ORESME, E.A., c.1370, 306). Et scés tu la conclusion Qui de ceste chose advendra ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 151). ...ilz nommoient les villes en lui demandant se il y avoit jetté lesdites poisons, et il disoit que oyl, et il leur disoit que oyl, combien que il ne sceust les noms des villes se ilz ne les lui eussent nommées, et encores ne les scet nommer. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 450). Par ma foy, monseigneur, on ne lui [à la forteresse] pourroit donner nom [Lusignan] qui mieulx lui afferist, selon l'estat de lui. Et a ce furent tuit d'accort. Et fu le nom si publié par pou d'espace que il fu sceu par tous pays. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Et primo potage de pois vielz. Couvient eslire, et savoir aux gens du lieu la nature des poiz d'icelluy lieu. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 197). Mais en paradiz ilz sauront ceulz qui les auront aydyer et prieront pour eulz. (GERS., Déf., 1400, 239). ...quand vint a savoir la volunté de la bonne Katherine, elle se cuidoit excuser de non soy vouloir marier (C.N.N., c.1456-1467, 170). ...le cappitaine de Crathor, le Jouvencel et le sire de Rocqueton et le Mareschal, qui savoient les necessitez de la ville et les affaires du payz plus que nulz aultres. (BUEIL, II, 1461-1466, 1).

 

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[Le compl. nominal est coordonné à une subord. interr.] : ...tout son estude estoit de savoir et cognoistre les façons et manieres et quoy et comment femmes pevent decepvoir leurs mariz. (C.N.N., c.1456-1467, 255).

 

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Savoir la verité, le vrai : Or est cy tout hettés ; ne sçay commant il va, Mais a son compaignon qui huy ne s'amonstra, En saverons le vray. (Tristan Nant. S., c.1350, 302). La verité savoir desir Qui ç'a fait qui en mon tresor A mis un annel qui est d'or Ou est l'image de Clovis (Mir. Clov., c.1381, 220). LESQUELLES CHOSES considerées, la confession et variacion dudit prisonnier, et oy l'oppinion des dessus nommez, nous disons que ledit prisonnier est digne d'estre mis à question pour savoir la verité par sa bouche. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 17). ...et pour ce, requeroit que par mons. le prevost feust sceu par la bouche dudit Gervaise la verité de ce (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 36).

 

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[Savoir + compl. nominal équivaut à savoir que...] : Mais ains ne partirent pour doubte Les François, saichans sa venue, Qui ont la bastille tenue. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 377). Or vous diray du duc Anthoine et de son frere Regnault et du roy d'Ausaiz et du duc Oste de Baviere, qui admenoient leur ost bien hastivement, car bien avoient ouy dire la misere ou ilz estoient en la cité, mais pas ne savoient la mort du roy Fedric. (ARRAS, c.1392-1393, 182). O sire, et quant tu scez la foiblece de mon enfermeté, qui me met en voye de mort eternelle par sensualité qui m'i encline, tu seul medecin qui donnes l'eaue vive (...) viens a moy et ois la voix de ma deprecation (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 85). Comme j'ay dit icy dessus, quant le conte de Charroloys sceut le departement du roy, qui s'estoit party du pays de Bourbonnoys, et qu'il venoit droit à luy (au moins le cuydoit), il se delibera aussy de marcher au devant de luy (COMM., I, 1489-1491, 19).

 

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[Le nom compl. en lui-même réfère à une prop. ou à un ensemble de prop.]

 

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Savoir le contraire : Lors il me recommenda les prisonniers, et par especial son oncle le seigneur Rodof ; et le cuidoit vif, mais je sçavoys bien le contraire. (COMM., III, 1495-1498, 200).

 

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Savoir + nouvelle(s) : A chascun qu'il encontre va l'enffes demandant : "Avés neant veü ung chevalier poissant Par dessus ung cheval aussy noir qu'errement, Et sy porte a son col d'ivoire ung ollifant ?" Mais n'en scevent nouvelles ly Sarrasin puant (Tristan Nant. S., c.1350, 560). ...veue la grande diligence qu'on a faicte de le querir sans en savoir nouvelle, la chose est bien estrange. [D'un diamant perdu] (C.N.N., c.1456-1467, 45). La nouvelle de ce cas ne fut pas mains tost sceue que celle precedente (C.N.N., c.1456-1467, 104). ...son compaignon, le premier venu, ne faillit pas a son lever pour savoir des nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 233). ...et aussi ceulx du chastel sçavoient bien les nouvelles du paiz. (BUEIL, I, 1461-1466, 92).

 

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Savoir + histoire, chronique... : Car l'istoire tesmoigne qui bien sceue sera, Que la voix d'un enffant en son corps s'escrïa. (Tristan Nant. S., c.1350, 647). Regardés mesmes a voz predecesseurs, vous savez les croniques mielx que moy, car ilz ont tousjours taché a recouvrer leur seignorie et aidé aux estrangiers (JUV. URS., Loquar, 1440, 388).

 

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[Inf. de sens passif] Venir à savoir à qqn. "Venir à la connaissance de qqn" : On me pourroit demander, qui vouldroit, dont telz choses me viennent à savoir, pour parler ent si proprement et si vivement. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3).

 

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P. iron. La savoir longue. "En savoir long" : "Ha ! sire," dist Madame, "que vous la sçavez longue ! A vostre luicte l'avez bien monstré..." (LA SALE, J.S., 1456, 289).

 

2.

Faire (à) savoir qqc. à qqn

 

a)

[Transmission d'une information]

 

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Faire (à) savoir à qqn que + ind. : Et leur fist on a savoir par hiraus que, se il voloient passer la riviere et venir combatre au plain, on se retrairoit arriere et lor liveroit on bonne place, pour lors batailles rengier (FROISS., Chron. D., p.1400, 143). ...elle leur fait savoir qu'elle viendra maintenant. (C.N.N., c.1456-1467, 312). ...le galand, a qui la damoiselle avoit fait savoir que son mary estoit hors, passa ung tour ou deux par devant l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 379).

 

-

[Avec un pron. anaphorique] : Par foy, sire chevaliers, c'est verité, mais pourquoy le dictes vous ? Cela vouldrions nous voulentiers savoir. Par foy, sire, dist Remondin, pour le vous faire savoir suiz je venus. (ARRAS, c.1392-1393, 56).

 

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Faire savoir à qqn si... : Mon doulx Jhesus, faiz moy sçavoir. Pour ton sainct nom mieulx decorer, Se je doy faire mon debvoir De ce monument adorer [l. faiz moy sçavoir, Pour...] (LA VIGNE, S.M., 1496, 428).

 

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Faire (à) savoir à qqn + interr. partielle : Et miex morir ameroie, pour voir, Que par autrui li feïsse savoir Comment je l'aim, car trop me mefferoie, Se de m'amour en autrui me fioie. (MACH., L. dames, 1377, 33). Quinto, s'esmerveille de l'ambassade nagaires envoiée à Meleun et de ce que on y a ouvert sans son sceu, en oultre qu'il a grant desir de savoir quelle provision et garnison a esté mise à Chartres, et, se faicte n'a esté, que se face, et que on lui face à savoir qu'il est de ce que on lui a rapporté touchant la division que on disoit avoir esté audit lieu de Chartres (FAUQ., I, 1417-1420, 258).

 

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Faire savoir qqc. à qqn : ...je ne le saroie passer sans vous faire savoir le gracieux tour qu'on luy fist. (C.N.N., c.1456-1467, 255). ...vous devez aller vous-mesmes porter la nouvelle, et ne devés point faire sçavoir vostre venue par coureurs ne autrement que vous puissiés. (BUEIL, I, 1461-1466, 149). C'est bien raison que je vous face Le premier savoir ma pencee. (LA VIGNE, S.M., 1496, 395).

 

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Faire savoir de ses nouvelles à qqn : ...tantost manda et fist savoir a sa dame de ses nouvelles (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

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[Le compl. est effacé, en compar.] : Sire, sachiez c'est trestout voir, Si conme on vous a fait savoir. (Mir. abbeesse, 1340, 96).

 

b)

[Transmission d'un ordre] Faire (à) savoir à qqn que + subj. "Demander à qqn de faire qqc." : ... faites a savoir et criier par toute la ville que casquns se loge et se tiengne en sa paix, car ja ont vostres gens tant conquesté que tout li plus povre sont rice. (FROISS., Chron. D., p.1400, 694). ...elle fist prestemon savoir a ung de ses amys qu'il vensist vers elle ; et il obeyt comme il devoit (C.N.N., c.1456-1467, 320). Dont ledit grant maistre (...) en advertit le roy, en faisant sçavoir qu'il mandast aux gens d'armes eulx retirer en leurs garnisons, et aussi qu'ilz fist fournir les places estans sur les frontieres... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 378).

 

3.

[Dans des expressions correspondant à diverses stratégies du locuteur]

 

a)

[Pour introduire une information nouvelle pour l'interlocuteur ou le lecteur]

 

-

[Avec une complét. par que]

 

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Vous devez savoir/plaise vous savoir/veuillez savoir que... : Chiers sires et amis, toute recommandacion devant mise, plaise vous savoir que mardi derrenierement passé, je feys excecuter un malfaitteur nommé Thevenin Tout Seul, pour ses demerites (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 55). Et devés savoir que je ai ce livre cronisiet et historiiet, ditté et ordonné apriés et sus la relation faite des desus dis, a mon loial pooir, sans faire fait ne porter partie ne coulourer non plus l'un que l'autre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 35). Veillez sçavoir que je vous ay desdit Pour ce que trop follement vous errez (LA VIGNE, S.M., 1496, 335).

 

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[En prop. jussive : subj. à valeur d'impér., avec parfois ellipse de que] : Or saches bien de certain que jamais ne me partiray de ceste place jusques a tant que je t'auray osté la vie du corps... (ARRAS, c.1392-1393, 246). Et, d'autre part, sachiez bien, a ce que je appercoy de ces gens qui sont au port, ilz n'ont talent de nous laissier arriver sans riote. (ARRAS, c.1392-1393, 131). Et quant la dame et ses enfans sont davant lui, come dit est, il dit a la femme : "M'amie, fait il, vous estes la chose du monde que je doy plus amer, et vous moy, et sachez que je ne suy pas content de moult de chouses qui me sont faictes. (...)" (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 74).

 

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[En tours impers.] Il faut savoir/il est à savoir que... : Or vous fault il savoir que, tantost que Gerard fut party de Brabant, pluseurs gentilz hommes, escuyers et chevaliers, se vindrent accointer de Katherine (C.N.N., c.1456-1467, 169). Et si est à savoir que, avant que ladicte royne se meist esdiz basteaux pour venir à Paris, furent au devant d'elle et pour la recevoir les conseillers et bourgois de ladicte ville en grant et notable nombre (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 177).

 

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[Avec un pron. anaphorique d'une prop.] Ce devez savoir : ...s'elle ne m'eust secourue, Je feusse de mon sens yssue Aujourduy, ce devez savoir [l. savoir,] Par ces hideux Sathans veoir, Qui m'ont pluseurs foiz tourmentée. (Mir. enf. diable, c.1339, 24).

 

-

Vous ne savez : Li soudans en oy nouvelle, Un sien amiraut en appelle, Qui moult estoit de li privez, Et li a dit : "Vous ne savez, Li roy de Chypre vuet venir Seur nous ; plus ne s'en puet tenir..." (MACH., P. Alex., p.1369, 132). "Monseigneur de Saintré", dist damp Abbés, "vous ne sçavez, j'ay pluseurs foiz pensé se il peut estre que entre vous nobles hommes, chevaliers et escuiers..." (LA SALE, J.S., 1456, 276).

 

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[Avec une interr. partielle, pour attirer l'attention sur l'information que le locuteur donne lui-même comme réponse]

 

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Savez-vous (pas) + interr. partielle : Et scez tu pas qu'il en advint ? Elles lui destruirent son corps (DESCH., M.M., c.1385-1403, 13). Scez tu ou l'en aprant honeur ? Entre les bons, entre les bonnes. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 108). Sçavés vous que dit le prophete, La parole Dieu recitant ? Michi vinditam et ego retribuam. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

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[Pour solliciter l'attention, l'intérêt de quelqu'un] Vous ne savez quoi : Impereur vous ne scavés quoy Genis veult devenir cristien (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 68).

 

b)

[Pour rappeler une information ou en introduire une en la présentant comme déjà acquise]

 

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[Avec une complét. par que]

 

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Chacun/on sait (bien) que... : Quant de la savance chascun sceit que en ce royaume sont gens de hault sens et de clere cognoissance. (CHART., Q. inv., 1422, 46). Au regard des prevostz a ferme, on scet bien qu' il fault qu' ilz vivent et payent leurs fermes, qui est aujourduy bien forte chose a faire, sans faire quelque chose plus extraordinaire que ordinaire. (JUV. URS., Nescio, 1445, 521).

 

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Vous savez (bien) que... : Touteffois tu scez que autant ay-je de droit en ce que je puis prendre et pillier parmy la mer en grant crainte et en grant povreté, comme tu as en tout le monde que tu vuelx conquester en grant orgueil et prosperité. (BUEIL, I, 1461-1466, 123). En oultre aussi, tu sces bien qu'a la dextre Est Dieu le pere et le filz ensuivant, En une mesme essence poursuivant, En ung seul lieu et en pareil degré. (LA VIGNE, S.M., 1496, 339).

 

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(Ne) savez-vous pas bien que... : "Ha ! nostre maistre, dist le conte de Parvanchières, vous estes ung viel regnart, ne savez vous pas bien que tousjours aux passaiges on met volentiers quelque embuche pour attraper les compaignons ?" - "Il est vray, dist le sire de Rocqueton." (BUEIL, I, 1461-1466, 219). -tu point bien que on dit qu'en fin Le compaignon n'est point bien fin, Qui ne trompe son compagnon. (Pasté T., c.1475-1500, 211).

 

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[Avec un pron. anaphorique d'une prop., en incidente]

 

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Chacun le sait, ce sait chacun : ... .VII. maris un et un Estranglerent, ce scet chascun, Les diables la nuit des noces (DESCH., M.M., c.1385-1403, 12). Sauvé a mainte belle terre, Le temps passé, chascun le scet : Feussent gens d'armes ou tonnoirre, Au son de luy tout mal cessoit. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 144).

 

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Vous le savez, ce savez vous (bien) : Les autres membres secrez touz Femenins ay, ce savez vous, Ostes, plus parler n'en convient (Mir. Oton, c.1370, 386). Et au filz fault, tu le scez bien, Aprandre quelque art en ce monde. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 69). Mais j'ay le cuer forment nercy De ce qu'il dist, vous le sçavez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 352). J'ay grant amour a toy, et te ay fait du plaisir beaucoup, tu le sces et voys a l'euil. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 219).

 

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[La complét. est effacée, en compar.]

 

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Comme/ainsi que chacun/on sait : Monseigneur Talebot (...) si vaillant, et aux armes si eureux, comme chacun scet, fist en sa vie deux jugemens dignes d'estre recitez (C.N.N., c.1456-1467, 54). Le dimenche, premier jour de fevrier, Et le lundy qui n'estoit jour ouvrier, Mais, comme on scet, feste de Chandeleur, Affin de mieulx prosperer en valeur, Pour reverence de la feste et du jour, Dedens Belistre esleut certain sejour. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 242).

 

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Comme/ainsi que vous savez : Nous ne prenons sur vous aultre disme, car, comme vous savez, nous ne portons point d'argent (C.N.N., c.1456-1467, 216). Et m'a l'on dit qu'il est logié en ung groz villaige aux champs et qu'il ne se daigneroit mettre en ville close. C'est ou payz où avons entencion d'aller, ainsi que vous savez. (BUEIL, II, 1461-1466, 241).

 

-

[Pour évoquer une personne ou une chose sans la nommer ou sans apporter les précisions nécessaires à son identification précise] Que nous savons, que vous savez : Or sont aucuns que nous sçavons Qui ne courent qu'a la pueur, Qui est en eulx (DESCH., M.M., c.1385-1403, 234). La nonante et troisiesme nouvelle, d'une gente femme mariée qui faignoit a son mary d'aler en pelerinaige pour soy trouver avec le clerc de la ville, son amoureux, avec lequel son mary la trouva ; et de la maniere qu'il tint quant ensemble les vit faire le mestier que vous savez. (C.N.N., c.1456-1467, 19). J'ay tousdiz oy dire, et Ovide le mect en son livre de Remede d'amours, que beaucop et souvent faire la chose que savez fait oublyer et pou tenir compte de celle qu'on ayme, et dont on est fort feru. (C.N.N., c.1456-1467, 363).

 

c)

Dieu sait...

 

-

[Pour insister sur la vérité d'une prop.]

 

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Dieu sait que : Et premierement au regart des gens d'esglise, yl y a les personnes ecclesiastiques, leurs subgetz et serviteurs, leurs terres et seignouries, et leurs privileges, libertés et franchises ; et Dieu scet que ilz ont esté grevez et sont. (JUV. URS., Nescio, 1445, 484). ...le beau soupper fut en haste couvert et servy. Et Dieu scet qu'on y beut d'autant et souvent et largement. (C.N.N., c.1456-1467, 25). Quant a moy, le cas me desplait Que j'ay fait. Dieu scet bien que l'ay fait envis ; Pas ne l'ay fait par mon soit. (Pass. Auv., 1477, 109).

 

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[Avec un pron. anaphorique d'une complét. par que, en incidente] Dieu le sait, ce sait Dieu : La pouvre fille, en cest estat, marrie, Dieu le scet, et desolée, part de sa cruelle et fumeuse mere (C.N.N., c.1456-1467, 69). "Madame, de vostre maladie, ce scet Dieu a qui nul ne peut rien celer, il nous desplaist beaucop..." (C.N.N., c.1456-1467, 141). Je n'en vouldroye riens mesdire Ne bien ne mal de telle puissance. Dieu le scet, il nous doit suffire, C'est celuy qui tient la balance. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 137).

 

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Dieu le sache ! : Ou il est ? [Et] Dieu, par sa grace, Le sachë ! (Path. D., c.1456-1469, 96).

 

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Dieu sait : ...devant ces devises elle n'oblya pas de le servir de laudes, Dieu scet, largement. (C.N.N., c.1456-1467, 150). ...en allerent chacun en leur chambre plaindre ses doleurs, Dieu scet ! plorant des yeux, du cueur et de la teste. (C.N.N., c.1456-1467, 168).

 

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[Pour évoquer une chose sans apporter les précisions nécessaires à son identification précise]

 

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Dieu sait + compl. nominal : ...quand lendemain on sceut ceste nouvelle, Dieu scet la grand risée d'aucuns, et le grant desplaisir de pluseurs (C.N.N., c.1456-1467, 72). ...a ceste occasion, Dieu scet les presens qu'ilz avoient d'elles, tout soubz umbre de devocion. (C.N.N., c.1456-1467, 217).

 

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Que Dieu sait : ...et, pour trousser le compte, [force] fut a la bonne gentil femme a tel regret que Dieu scet de desbourser les dix escuz, affin que l'escuier s'en aille. (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

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[Le loc. s'abstient de fixer la valeur de vérité de la prop.] Dieu sait si : Et puis que l'adversité est commune a tout le royaume, il est force que chascun en sueffre ce que Dieu lui en envoie. Et Dieu sceit se nous en sommes quittes et exemps, car se l'on se plaint de nous ou nous allons, ceulx qui viennent et passent sur noz terres ne nous portent pas mains de grief que nous faisons aux autres (CHART., Q. inv., 1422, 33). ...quand il parla, Dieu scet s'il loa bien sa tresloyalle et bonne maistresse (C.N.N., c.1456-1467, 95). ...et Dieu scet se le cuer lui haulça bien, quant il vit si belle armée. (BUEIL, II, 1461-1466, 193).

 

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Dieu sait + interr. indir. partielle

 

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[Pour faire allusion à une réalité présentant un caractère d'exception, mais que le locuteur ne veut pas ou ne peut pas décrire] : Et Dieu scet quans enfans sont mors sans baptesme (JUV. URS., Loquar, 1440, 310). Mais quant par la grace de Dieu nous fusmes descendus, Dieu scet comment nous fusmes huez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 145). Quand madame vit ce, Dieu scet comment elle salua la compaignie (C.N.N., c.1456-1467, 272).

 

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Dieu sait comment : ...[il] vint tout droit devers frere Conrard, l'un de ses compaignons, qui estoit oustillé, Dieu scet comment ! (C.N.N., c.1456-1467, 106). L'aultre au lendemain, garny d'unes lettres Dieu scet comment dictées, vint rencontrer sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 257).

 

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Dieu sait quel : ...ilz passerent maintes nuiz, a Dieu scet quelle peine, maudisans puis Fortune, puis Amours (C.N.N., c.1456-1467, 362).

 

.

[Pour manifester son incapacité à qualifier quelque chose] Dieu sait quel ! : Et voicy du vin, Dieu scet quel ! Il semble qu'on morde dedens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 928).

B. -

[Le compl. est un groupe nominal]

 

1.

"Avoir connaissance de l'existence de qqn ou de qqc."

 

a)

Savoir qqn/qqc. (concret) : La setisme fu Charité Qui avoit si trés grant pité Des besoingneus qu'elle savoit Que leur donnoit quanqu'elle avoit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 179). J'en say une [pucelle] de grant value, Gente de corps et de visage, Et sy est de noble lignage, Et de rente moult bien garnie. Elle sera moult esjoïe De Fïacre vostre filz prendre. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 18). Ma suer, je sçay une taverne Ou il a un moult sy frïant Qu'a touz corps fait le cuer rïant Qui en avalle. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 31). Bien lor avoit dit messires Godefrois de Harcourt que desous Abbeville devoit avoir un passage, mais que on seuist ou peuist prendre la mer a point. On li demanda quels li pasages estoit, et se point il l'avoit passet. Il respondi : "Onques ne le passai. Je ne le sçai fors par oir dire. (...)" (FROISS., Chron. D., p.1400, 704). Et en verité, j'ay sceu des juges lais, quant ilz en prenoient, que avant qu'ilz les missent en prison ilz leur faisoient oster leurs cheveux, ad fin que la coronne fut ostee, et que ilz deissent que ilz n'estoient point en habis et tonsurés. (JUV. URS., Nescio, 1445, 500). ...Prenons Romulus et Remus (...). Toutesfoiz, simplement nasquirent D'une fille qui les conceu N'oncques leur pere ne fut sceu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 117).

 

-

Je ne sache... : L'ABBEESSE. De Dieu je te vueil demander, S'une en vouloit estre t'amie, Se tu ne l'ameroyes mie Puis qu'elle a toy son cuer donroit. De dire voir en cet endroit Ta foy m'acquittes. LE CLERC. Je ne say pour quoy vous le dites, Mais je ne sache seens dame Pour quy du tout et corps et ame Je ne meisse en son bandon, Se de s"amour m' avoit fait don. (Mir. abbeesse, 1340, 69). Vous, peut estre, Ronmains, vous debatrés Pourquoy ne met avec caris<s>imi En l'espitre ces mos ycy fratres ; Mais on le peut confermer à demi : Je n'en sachë ung seul frere ou ami Fors de bien loing conme d'Adan ou Eve (Epître Romains M., c.1475, 178).

 

-

"Avoir connaissance de l'état ou du lieu où se trouve qqn ou qqc." : Prodommes, se vous sçavés le corps De mon seigneur qui est mors, S'y vous plait, se le m'anseignés, Et vous en serés tresbien payés (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 143).

 

.

Au passif Etre su. "Être repéré" : ... et aussi la dite contesse de la tour du Temple à Paris (...) se eschappa et departi de la dite prison du Temple senz nostre congie ou licence et contre nostre voulenté, et se mist au chemin pour lui en aler, més en alant elle fu sceue et trouvée par nostre amé et feal chevalier le sire de Longueval (Mand. Ch. V, D., 1373, 513). Et jetterent lors escelles a cros de fier et les atachierent as murs, et puis monterent amont, sans estre oi, sceu ne veu (FROISS., Chron. D., p.1400, 572). ...difficile luy estoit de servir sa dame sans estre sceu ou a tout le mains suspicionné (C.N.N., c.1456-1467, 439).

 

-

[Tours superlatifs] : Et vous dy que au dehors de Clermont, ou chemin de Montferrant, a une eglise et maison de Freres-Mendians, la plus belle, la plus forte et le mieulx edifiée que on sache en tout le royaulme de France (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 221). Cil Albris avoit ung levrier, le plus bel que nulz sawist et qui mult amoit son maistre, et son maistre luy (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 124). Car ceste beneiçon partant de la vraye bouche de Nostre Seigneur me semble estre plus loable et plus proffitable que nulle que je saiche et pour ce la vous recommande au lever et au couchier de vostre lit. (LA SALE, J.S., 1456, 42). Cestui fut tenu le plus excellant en la partie judicative que l'on sceust pour lors. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 101 v°).

 

b)

Savoir qqc. (abstrait) : Et dit sur ce requis que le maçon et tailleur de pierre par lui cy-dessus accusé n'est en riens coulpable desdites saintures et argent prins oudit hostel mons. de Bourbon ne d'autre crime quelconque qu'il sache ne dont il ait congnoissance aucune (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 486).

 

2.

"Avoir dans l'esprit des connaissances organisées à propos de qqc." : Et puisque les choses sont ainsi, il est cler et manifeste que a celui qui veult savoir politiques, il convient que il sache aucunement des choses qui touchent et appartiennent a la science de l'ame. (ORESME, E.A., c.1370, 141). Ilz savoient les sciences et telz estoient appeléz sages. (ORESME, E.A.C., c.1370, 269).

 

-

Empl. abs. : Soing, penser, desir de savoir Ait, si porra science avoir. (MACH., R. Fort., c.1341, 2). ...lequel toute sa vie aoura et servit ung vray Dieu, ayma tant la science de astrologie et les autres ars liberaux et print tel goust à sçavoir qu'il assembla cinquante mil volumes de livres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

 

-

[Avec un adv. de quantité] : Le conte, qui moult savoit d'astronomie, regarde ou ciel, et voit les estelles cleres, et l'air pur, et la lune estoit moult belle, sans tache, ne obscurté. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Messeigneurs, en la moye foy, Simples homs suis et petit say Et en moi petit d'avis ay Pour ce devant vous proposer. (Gris., 1395, 10). ...car les mauvais empirent de beaucoup sçavoir et les bons en amendent. (COMM., II, 1489-1491, 211). Jacob, le saint patriarche, vint en fleur en ce temps, qui moult sceut en la science des estoilles et l'enseigna à la pluspart de ses XII enfans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 r°).

 

3.

"Être en mesure de faire qqc."

 

a)

[Le compl. désigne un mot, un texte...] "Etre en mesure de répéter" : GABRIEL. (...) Raphael, moy faisant aidance Enconmenciez. RAPHAEL. Voulentiers, si que pronunciez Soit ce rondel que savons cy. (Mir. parr., 1356, 56). Requis se il scet sa paternostre, et qu'il la die, dist que oïl jusques au Credo, laquelle paternostre il a dite telement quellement. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 76). Elles [les perdrix] ne furent pas si tost mises a la broche que, par les paroles que je sçais je les charmé tellement que en substance de poisson se convertirent (C.N.N., c.1456-1467, 583). ...et promirent qu'elles metteroient paine de tant les [les articles de l'Évangile de dame Ysengrine] repeter, qu'elles les sauroient par cuer pour les publier et communiquier a celles qui point n'avoient esté a ceste lecture. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 88).

 

b)

[Le compl. désigne une activité, un métier, une discipline, une langue...] : Si estoit ainssi que il avoit esté nourris a Cere chez oustez etrusquez, si que il avoit apriz et si savoit tres bien les lettrez et la langue etruriene (BERS., I, 9, c.1354-1359, 36.3, 65). Et homme de felon couraige, Qui amble, tue ou qui mourdrit Clerc se fait, sanz sçavoir escript (DESCH., M.M., c.1385-1403, 157). ...veant que de nul elle n'avoit secours ou ayde, et ne savoit mestier aucun pour gaignier sa vie, se mist à servir comme chamberiere en l'ostel de la Nef en Greve (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 316). ...car ce fol langaige court au jour d'uy entre lez curiaulx, que noble homme ne doit point sçavoir lez lettres, et tiennent a reprouche de gentillesse bien lire ou bien escripre (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 71). Touteffoys les cappitaines, qui estoient gens de guerre et savoient le mestier des armes mieulx que eulx... (BUEIL, II, 1461-1466, 88). Le dessus dit Zothorii fut souverain homme et voulut veoir diverses gens et regions et savoir diverses langues, et fut en ce qu'il sceut très expert astrologien. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 97 v°).

 

c)

[Le compl. désigne une façon de faire qqc.] : La marine y couvient hanter, Qui y veult en grant pris monter Et savoir le tour de bien duire Nefs et galees et conduire Et par beau temps et par orages (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 41). ...il n'est tour ne engin que les dictz medicins sachent pour alleger quelque pou de ce destresseux mal. (C.N.N., c.1456-1467, 33). Vous savez assez la manière de descouvrir le païs (BUEIL, II, 1461-1466, 33). Pour le mectre en ma pautonnyere, Luciffer, j'en sçay le moyen (LA VIGNE, S.M., 1496, 483).

 

-

Ne savoir remede à/en qqc. "Ne pas être en mesure de trouver une solution à qqc." : Le bon seigneur veoit et cognoissoit la desloyauté de sa femme, et la trouvoit encline de tous poincts a sa puterie. Et quelque sens que Dieu luy eust donné, il ne savoit remede a son cas, fors de soy taire et faire du mort (C.N.N., c.1456-1467, 310). Mais le Jouvencel trouva manière d'entrer en ung fort chasteau où estoient tous ses gouverneurs ; de quoy le duc d'Ath fut bien esbahy, et ne sceust plus de remede en son fait, sinon qu'il quist et sercha tous les traictiez qu'il peust avecque le roy Amydas. (BUEIL, II, 1461-1466, 250).

 

-

Loc. fig.

 

.

Savoir sa game de faire qqc. "Savoir se débrouiller pour faire quelque chose" : Sergent, tu sces assez ta game D'exploiter tel cas de justice (LA VIGNE, S.M., 1496, 511).

 

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Savoir le tour de son baston. "Être fin et rusé, avoir un esprit ingénieux (d'après la coutume des joueurs de passe-passe d'avoir en main un petit bâton)" : ...les diz ambassadeurs qui assez savoient le tour de leur baston (Bouciquaut L., 1406-1409, 334). Le clerc, sachant le tour de son baston, s'en fist beaucop prier [En vérité, le clerc feint de se laisser arracher l'aveu d'une révélation qu'il veut faire pour mieux tromper son maître] (C.N.N., c.1456-1467, 94).

 

d)

[Le compl. désigne une façon d'être, de se comporter]

 

-

Savoir bien, honneur... : Jadis en Babiloinne avoit Un homme qui maint bien savoit. (MACH., C. ami, 1357, 3). ...si tost qu'il l'encontre, Gracïeusement le receupt, Com cellui qui tout honneur sceut (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 90).

 

-

Savoir son estre : ...et ainsy qu'il est de coustume en court de roy et de hault prince que l'en fait ses ris et gabois de ceulx qui rudement s'y maintiennent, tout au contraire fait on compte dez bien apris et qui scevent leur estre par apoint tenir en tous lieux (Comte Artois S., c.1453-1467, 120).

 

-

Ne pas savoir sa contenance, sa maniere. "Ne pas savoir comment se comporter" : La pouvre fille, de ce grand mal toute affolée, ne scet sa contenance que de plourer et souspirer. (C.N.N., c.1456-1467, 32). ...le pouvre mary se trouva si honteux et tant esbahy qu'il ne savoit sa maniere, si non de soy taire. (C.N.N., c.1456-1467, 198).

 

e)

[Le compl. désigne un lieu] "Etre en mesure de se déplacer qq. part" : Les estres duquel hostel icelli Gendre savoit bien, parce qu'il avoit esté longtemps serviteur dudit hostel et mené les chevaulx de leans. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 36). Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer (ARRAS, c.1392-1393, 216). "...Vous savez bien le grand jardin de ceens, faictes pas ? - Saint Jehan ! oy, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 307). Mettez Connin devant, qui scet bien le payz, et lui baillez quelque xxx chevaulx (BUEIL, I, 1461-1466, 185).

 

-

Savoir le chemin. "Etre en mesure de le retrouver" : ...et lors se parti Jehannin de Saint-Py, lors escuïer, de la Rochefouquaut, et demanda qui savoit le chemin à aler à Poitiers. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 55). Sire, dist ly uns des chevaliers, il n'y a nul d'entre nous IIIJ. qui ne sache tous les chemins de cy en Prusse, et en Esclavonnie, et en Craquo. (ARRAS, c.1392-1393, 177).

 

f)

Savoir qqc. à qqn. de qqc. "Être en mesure de manifester tel sentiment à qqn ; éprouver tel sentiment à l'égard de qqn"

 

-

Savoir mal/desplaisir à qqn de qqc. "Éprouver du mécontentement à l'encontre de qqn à cause de qqc." : C'est vérité toute congnue ; Ne m'en sachez nul desplaisir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 529). Au roy est venu la notice La mort du seigneur de Grat, Que je commis par ma malice, Dont de faire m'estoit propice, Mes le Roy m'en sait ung grant mal. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 606).

 

-

Savoir gré à qqn de qqc. "Lui en être reconnaissant" : Dame, savoir gré nous devez De ce fait. (Mir. Berthe, c.1373, 281). ...il compteroit avecques luy et le feroit receveur oultre son plaisir, et sans luy en savoir gré. (C.N.N., c.1456-1467, 440).

 

.

Savoir bon gré/grand à qqn de qqc. : ...si vous sçay grand gré que vous avez la franchise de bien garder vostre promesse. (C.N.N., c.1456-1467, 317). ...par ma foy, je vous sçay tresbon gré de la quictance que vous avez faicte au larron de voz chemises (C.N.N., c.1456-1467, 401). ...mais je vous scay meilleur gré de la bonne amour et bonne nature que je voy que vous avez à voz compaignons et amyz que de tous les services que me feistes oncques. (BUEIL, II, 1461-1466, 173).

 

-

Savoir mal, mauvais gré à qqn de qqc. "Éprouver du mécontentement à l'encontre de qqn à cause de qqc." : Doulce mére Dieu debonnaire, Ne me vueillés mau gré savoir De ce fait (Mir. femme roy Port., c.1342, 175). ...combien que je ne pense avoir dit ne fait chose dont me devez savoir mal gré, je ne sçay, moy, qu'on vous a rapporté. (C.N.N., c.1456-1467, 156). Se le Roy vostre pere l'a celé pour mieulx estre servi et pour mieulx faire ses besongnes, je ne lui en scay point de mauvaiz gré, ne à vous d'avoir obey à vostre pere. (BUEIL, II, 1461-1466, 254).

 

-

Savoir grandes graces à qqn de qqc. "Lui en être très reconnaissant" : Savoir te fais que j'ay engendré un filz dont je sçay grans graces aux diex, non pas tant pour cause qu'il soit né en ce monde comme pour ce qu'il est né en ton temps et es jours de ta vie. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 66).

II. -

Empl. trans. indir. Savoir de qqn ou qqc.

A. -

"Avoir ou recevoir des informations au sujet de qqn ou qqc."

 

-

Savoir de qqn : Se voulez savoir des XIJ Cesaires ou Cesariens, lisez Suetonius. (LA SALE, J.S., 1456, 76). Advint ung jour que les deux [serviteurs de la dame] vindrent devers elle, comme ilz avoient de coustume, non sachans l'un de l'autre, demandans lieu de cuyre et leur tour d'audience. (C.N.N., c.1456-1467, 241).

 

-

Savoir de qqc. : ...mais je te di, Dès que de moy as congnoissance, Tu saveras de ma puissance, De ma recepte et de ma paie Dont tu verras comment je paie (MACH., D. Aler., a.1349, 390). Se guerre est, saiche du debat, Et ne se mette en souldoirie Que pour la plus juste partie (DESCH., M.M., c.1385-1403, 76). Si commanda Alixandre a aulcuns de ses chevaliers qu'il entrassent en l'eau et alassent sçavoir jusque au chastel du maintien d'icelluy. (WAUQUELIN, Conq. faits Alexandre, c.1448. In : Chrestom. R., 106). ...pource que on ne sceit des aventures, je vous en donray trois mile [écus] (LA SALE, J.S., 1456, 95). Tant actendit, tant regarda sa dame avecques le survenu, que bon mary vint a l'ostel pour savoir de l'estat et santé de sa tres bonne femme, ce qu'il estoit tresbien tenu de faire. (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...encores eust elle esté plus troublée d'assez s'elle eust sceu du tasseau d'escarlate (C.N.N., c.1456-1467, 322). Et pour ce que sa doulceur, beaulté et gracieuseté singuliers estoient cogneues par toute la cité de long temps, si tost que les jeunes gens sceurent du departement de son mary, ilz la vindrent visiter (C.N.N., c.1456-1467, 567). S'il y fut allé sans savoir de vostre entencion, il y chéoit pugnicion. (BUEIL, II, 1461-1466, 221).

 

.

[En tournure factitive] Faire savoir à qqn de qqc. : Mons. le grant maistre, faictes moy tousjours savoir de ce qui vous surviendra, et aussi je vous advertiray de ce que je saurray. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 264).

B. -

[Le compl. désigne un domaine de connaissances théoriques ou pratiques] Savoir de qqc. "Avoir dans l'esprit des connaissances à propos de qqc." : Et son bon pere vroiement Nel fist pas a oiseuse entendre Mais li fist des .VIJ. ars apprendre, De quoi touz les nobles savoient A cel temps et mielx en valoient. Or est failli cel bon usage. Princes et gens de hault parage Font mes poi lors enfans apprendre ; La gent Fauvel lor font entendre, Se de la clergie savoient, Que meins aux armes en vauldroient. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 80-81). Adonc Orgueil mist pié a terre. Mais ne sceut pas bien de la guerre, Car Ordonnance, qui monlt vault, Si ne fu pas a son assault. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 243). Et pour ce, ceuls qui desirent savoir de policie, il ont mestier d'avoir experience. (ORESME, E.A., c.1370, 538). "Le plourer ne me poeut aidier, mais se je sceus oncques de nigromantie, a ceste fois je l'esprouveray. (...)" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 955). Comment ! ce dit Conrard, vous savez d'amours bien avant ; je vous requier doncques que veillez estre mon moien ceans ou aultre part que je face dame [par amours], asavoir mon si je pourroie garir comme vous. (C.N.N., c.1456-1467, 178). David, roy et prophete en Jherusalem et tant ardant catholique, a bien monstré en ses euvres qu'il sçavoit de la science de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 33 r°).

III. -

[Empl. semi-auxil.] Savoir + inf., ou, rarement, savoir à + inf.

A. -

[Idée de capacité]

 

1.

"Être capable de faire qqc."

 

a)

Savoir + inf. : Car je sçay bien, einsi je ne porroie Ensus de vous se petit non durer ; Et si ne sçay trouver ne tour ne voie, Comment lès vous peüsse demourer. (MACH., L. dames, 1377, 77). Helas ! Et que pourrai ge dire A mon maistre Job, mon bon sire ? Je ne sçay fors que m'aler rendre Devers luy sans plus actendre : Aultre remyde je n'y voy. ["ne pas voir d'autre solution que de" (Éd.)] (Pac. Job M., c.1448-1478, 280). En verité, sire, respondy Lyonnel, telles manieres ont et scevent avoir tous vrays amans, car oncques bien ne ama qui ne doubta. ["et sont en état d'avoir, sont capables d'avoir, sont enclins à avoir" ; seulent avoir dans un autre ms. (Éd., p. 427)] (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 12). Par la mort bieu ! je ne sçay entendre cecy. Il fault qu'il y ait quelque mistere ; il est force que je le sache. (C.N.N., c.1456-1467, 317). Et, vostre chose, bien conduitte, comme vous le saurez bien faire, n'auront ilz secours ne de gens ne de vivres. (BUEIL, I, 1461-1466, 197). "Certes, mon filz, tu as bien et droitturierement estudié ne n'as pas perdu ton temps, car tres raisonnablement scez respondre aux choses qui te sont demandees." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 245). Et le philosophe dit : "Cellui qui bien scet dissimuler est cellui qui plus tost nuist a son ennemy." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 246). L'OFICIAL. [Que savés-vous de ceste fille ? LE TESMOING.] Monsieur, je ne suy sy habille Pour en sçavoir juger sy bien. (Mère Ofic. T., c.1500, 103).

 

-

Loc. fig.

 

.

Savoir (faire) plus que son pain manger. "Etre très habile, vaillant" (DI STEF., 629) : La fu li princes et ses freres, Li sires d'Absur, et li peres à la dame, et le tricoplier, Qui scet plus que son pain mengier (MACH., P. Alex., p.1369, 262).

 

.

Savoir du bas voler. "Savoir de bons tours" : LA FILLE. Las, pour Dieu, laissez moy aller. LE LARRON. Que tu scez bien du bas voller ! Que je perdisse telle proye ? (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 39).

 

.

[Sens obscène] : De tous biens plaine est ma maistresse, Je ne sçay que requipoller, Elle a court tallon, dure fesse Et con assés, je le confesse, Mais riens ne scet du bas voller ; Tatter, baisier et accoller Luy sont en oultre et de bien loing. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 622).

 

b)

Savoir à + inf. : Des veulx et des promissions, se il s'en y faizoient plusieurs a Dieu et as sains, ne fault a domander ; car je crey qu'il n'y avoit null que a une autre foix le savast a fere. (CAUMONT, Voy., p.1420. In : Chrestom. R., 73).

 

-

[Avec un verbe de parole] : L'ESCUIER. Mon seigneur, je vous viens de querre De dessus les fossez plain d'ire. Car nulz ne me savoit a dire Ou vous feussiez. (Mir. chan., c.1361, 161). Mais tant vous en scay bien a dire qu'elle [ma dame] est fille de roy hault et puissant terrien. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Et li fu dit et conmandé de par la roine et son fil, que il presist en garde le roi d'Engleterre, et l'euist tel et ses gens que il en seuist a rendre compte, qant il en seroit demandés, et que de son estat on ordonneroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 90). Si saillit avant le pere (...) qui cogneut la vieille, et bien savoit a parler de son mariage (C.N.N., c.1456-1467, 341).

 

-

[Pléonastique, dans des propositions volitives au subj.] : Puis le commande a quatre chevaliers et leur commande sur leur vie que ilz en saichent a respondre, et ilz dirent que si feroient ilz. (ARRAS, c.1392-1393, 163). ...Et n'est pas, sachiez à entendre, Que les metz soient à restraindre Au vin aigre tant seulement Qui de roisin prent naissement, Ançoiz vault et proffitte ades Le vin des pommes de grenades (LA HAYE, P. peste, 1426, 126).

 

c)

[L'inf. est effacé, en comparative, en hypothétique...] : Percevaux dist qu'il le feroit Volentiers, au mieus qu'il saroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 235). Ma tresredoubtee dame, ma deesse et mon seul bien, si treshumblement que je sçay et puis, de tout vous remercie (LA SALE, J.S., 1456, 82). Et quand au mieulx qu'il sceut et plus bref peut ses choses furent bien disposées, il ordonna son partement et print congé de sa dame. (C.N.N., c.1456-1467, 145). Or, dit le conte, cappitaine de Crathor, je vouldroye faire service au Roy et au royaulme et à vous tous autres, Messeigneurs, se je povoye et savoye. (BUEIL, I, 1461-1466, 192).

 

2.

En partic.

 

a)

[L'inf. auxilié désigne une activité qui suppose une technique, dont les règles s'acquièrent par un apprentissage, par la pratique] : PREMIER SOIEUR. Nous sommes de vers le Crotoy, Et savons bien soier et batre (Mir. femme, 1368, 186). Et se tu scez lire, tu vois Que Socratès deux femmes ot (DESCH., M.M., c.1385-1403, 83). ...a tous vens bien savoit conduire Mon patron la nef et droit duire. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 46). Cestui Amorat estoit souverain musicien et sçavoit jouer des orgues que ledit empereur envoya audit Pepin en ceste mesme legacion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 105 r°).

 

b)

[L'inf. auxilié désigne une action dont la réalisation, dans les circonstances décrites par l'énoncé, ne va pas de soi, suppose un effort] : Alors revindrent les damoiselles, de joye si tres esprinses que a peine savoient elles parler. (LA SALE, J.S., 1456, 236). Es metes du païs de Hollande, ung fol nagueres s'advisa de faire le pis qu'il pourroit, c'est assavoir se marier ; et, tantost qu'il fut affublé du doulx manteau de mariage, jasoit que alors il fust yver, il fut si fort eschaufé que on ne le savoit tenir. (C.N.N., c.1456-1467, 87). ...[elle] fut bien esbahie, et de tous ses sens tant alterée et soupprinse qu'elle ne savoit sa contenance. "Ha ! dist elle, a chef de piece, quand elle sceut parler, mon coeur ne fut oncques d'accord de faire ce que mes parens et amys m'ont a force contraincte de faire. (...)" (C.N.N., c.1456-1467, 424). Mais il n'y a chose digne d'estre mise par escript, car en ce bancquet y eut tant de raisons sans effect, qu'il n'est secretaire tant soit publique qui en eust sceut tenir le conte. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 105).

 

c)

[L'inf. auxilié désigne une action qui suppose un effort de volonté] : Le pere, qui fut en grant cure, Envoia tantost ses messages Par touz païs, par touz langages Pour son filz querre et amener ; Mais nul ne se soult tant pener Qu'il sceüst de li verité. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 89). O combien dangereuse chose est a couraige d'omme qui descognoist sa condicion, vivre en multitude de biens mondains, mais plus forte chose est d'endurer grant aise a ceulx qui ne scevent penser que Fortune les peut de legier transmuer en douloureux mesaise. (CHART., Q. inv., 1422, 26). ...se nous savons mectre paine a le [l'adversaire] saigement grever et avoir pacience de souffrir, trop plus legiere chose est a nous, si fortunez que nous sommes, de le dechacier que a lui, si exaucié comme il cuide, de nous conquerir. (CHART., Q. inv., 1422, 36).

 

3.

[En prop. nég., avec ne seul, au conditionnel ou au subj. imparf. ou plus-que-parfait, en l'absence de subord. hyp.] "Être dans l'incapacité totale de faire qqc." : ...car le chasteau et le jardin estoient clos de tant hault murs que l'en n'y eust sceu monter en nulle maniere. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 94). ...maiz seullement pour obeïr a ta grant priere, a laquelle je ne savroye contredire. (BEAUVAU, Troyle, c.1455. In : Chrestom. R., 90). Ma foy, dit elle, il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez, si ne me pourroye encores lever pour morir, tant suis et foible et traveillée. (C.N.N., c.1456-1467, 242). Or ça, dist le Jouvencel, nous ne saurions deviner les pensées des gens. (BUEIL, II, 1461-1466, 106).

 

4.

[Tours emphatiques, dans des descriptions ou des évaluations quantitatives, avec les verbes dire, deviser, escrire, conter, penser... ; le plus souvent au conditionnel] : Grande fut la bataille, sy fist a redoubter ; Anthoine d'Auffalerne fist tant paiens finer Quë on n'en saveroit le vray nombre conter. (Tristan Nant. S., c.1350, 485). En la fiance doncques de cest escript, j'entray ou temple dont la beauté nul subtil oeil n'eust sceu comprendre, sy non par poses... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 21). ...il y a maintes apertisses d'armes que je ne sauroys escripre. (TRING., c.1477-1483, 290).

 

-

[En compar.] : Alors les menerent par instrumens et melodies, par jardins, par salles et par chambres, les ungs bien, les aultres mieulx cent foiz que on ne pourroit ne saroit dire ne deviser. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 92). Alchanor fut roy de grande noblesse et hardiesse ; avoit une dame espousee, nommee Perronnie (...). Elle ot de luy ung enfant, le plus bel que l'en saroit deviser ne ymaginer. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 8).

 

-

[En consécutive nég.] : ...les dolens mariz en furent si joyeux qu'on ne vous saroit dire n'escripre la dixiesme partie de leur lyesse. (C.N.N., c.1456-1467, 406). Nostre heur vous vauldra tant que vous ne sauriez penser. (BUEIL, II, 1461-1466, 136). Thomas de la Chambre j'atains, Et Estienne Ferron ratains, Et d'autres, sans moy faire encombre, Tant qu'on n'en scet dire le nombre. Tant y en a qu'on n'en scet dire La verité, ne les compter. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 118). Ton depart me fait endurer Tel douleur qu'on ne sçauroit dire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 170).

B. -

[Idée de possibilité]

 

1.

[D'une personne]

 

a)

"Avoir la possibilité de faire quelque chose, en raison de circonstances précises" : Ainsi par son chant la seraine De mort a son hostel le maine ; Par son parler, par sa blandice, Le treuve si mol et si nice Qu'elle le rouille comme un oeuf ; Prins et lié comme le beuf La suist c'om maine au sacrifice, Ou comme la povre genice Que l'en maine au bersault pour traire. Mais li las ne s'en scet retraire Qui est plus liez qu'il ne cuide (DESCH., M.M., c.1385-1403, 189). La queste de ce dyamant dura longuement, sans qu'on en sceust oyr nouvelle (C.N.N., c.1456-1467, 44). Helas ! dist le curé au cicaneur, et que ay je fait, et qui m'a fait citer d'office ? Je ne me sçay trop esbahir que la court me demande. (C.N.N., c.1456-1467, 540).

 

b)

"Avoir légitimement la possibilité de faire qqc., avoir des raisons de faire qqc." : Preudhomme soyez tu sy qu'en la fin ons en saiche dire bonne chanson. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 39). C'est bien raison que le vous dye, affin que le sachez remercier, car vous y estes bien tenu. (C.N.N., c.1456-1467, 41). Le Jouvencel estoit si joyeux de son adventure qu'il ne se sceust estre courroucié de la prise du cadet cosnart ne d'aultre chose du monde pour celle heure-là (BUEIL, II, 1461-1466, 132). Prince [Jésus], je cognoiz que foulie Tout ton cas est et ton affaire. Il fault que tu perdes la vie ! Tu ne sces aultre chose faire. (Pass. Auv., 1477, 218).

 

-

[Au conditionnel, en prop. nég. avec ne seul] : Venons a parler de la folle erreur et des partiz que tu m'acuses d'avoir soustenuz, et s'il estoit aussi grant besoing du dire comme il est honneste du taire de tel vice ou obprobre comme il y peut avoir, aucuns des tiens ne s'en sauroient laver ne que moy. (CHART., Q. inv., 1422, 39). ...mais touteffoys vous n'avez de moy ne promesse ne sceurté nulle et, par quelque moyen que ce soit, j'ay possession de vostre corps, ne ne me sauriez reprocher ne parolle ne promesse nulle que je vous aye faicte. (BUEIL, II, 1461-1466, 239).

 

.

[Avec un inf. passif] : Car estre reprins ne sçauroye De Dieu ne des saincts en nul temps De pardonner quant je vouhoye Aux bons confés et repentans. (LA VIGNE, S.M., 1496, 485).

 

2.

[D'une chose] : ...et y a de merveillieuses exactions selon ce que on dit, et gaiges trop excessis, et tout aux despens du peuple ; car vostre demaine ne sauroit fournir. (JUV. URS., Verba, 1452, 327). Il eust voluntiers dit qu'il estoit coux. Et creez que si estoit il a ceste heure, et ne l'en sceut oncques garder livre ne brevet ou pluseurs tours estoient enregistrez. (C.N.N., c.1456-1467, 260).

 

-

[Avec un inf. passif] : La ouyssiez plourer, crier et braire, De desconfort nul ne se sceut retraire, Plus grant plaincte ne scavoit estre veue, Cheveulx tirer, arracher et destraire, Nul si n'eust peu resister au contraire Pour la bonne que l'on veoit perdue. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 184).

 

3.

Empl. impers. : N'y pert chose que l'en y face, Adés semble que sus la place Croiscent li Persent, pour .I., .VI., Tant n'y en sçot avoir d'occis, Mais la haulte montaigne targe Les Grieux, ce leur fu avantage (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 246).

C. -

[Idée d'éventualité]

 

1.

[D'une personne] : ...ne doubtez pas se j'estoie En lieu nul qu'honneur vous sceusse Faire, que tant con je peusse Ne le feisse a bonne chiére. (Mir. mère pape, c.1355, 357). Amis, dist la dame, n'aiez ja soing que pour grant gent que vous sachiez admener, que ilz ne soient bien receuz et bien logiez, et qu'ilz n'aient biens et vivres a foison pour eulx et pour leurs chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 36). Je suis tant refreschi de veoir ma dame qu'il n'est riens qui me sceust lasser et ne me sauriez mener en lieu où je sceusse avoir tant de joye et de plaisir. (BUEIL, II, 1461-1466, 180). Poinct ne flechira mon couraige De chose que me saichez faire (LA VIGNE, S.M., 1496, 343).

 

2.

[D'une chose] : Je suis tant refreschi de veoir ma dame qu'il n'est riens qui me sceust lasser (BUEIL, II, 1461-1466, 180). Monseigneur, laissez-la chanter et enchanter ; car je ne la crains riens et n'ay point paour que telles enchanteries me facent ou sceussent faire mal ne desplaisir ; car j'ay bonne creance en Dieu. (BUEIL, II, 1461-1466, 210). ...et l'avitaillement ne sçauroit estre si grant que avant que la moytié de l'iver fust passé, qu'ilz ne fussent aussy à destroit comme ilz estoient lors (COMM., II, 1489-1491, 150).

 

3.

Empl. impers. : Quant l'eaue descent du ciel fort, Aucune foiz fait un regort Et cheve, quant elle desroche, Aucun royat en une roche Ou il n'avoit onques esté, Dont jamais yver ne esté Ne sçavera si po plouvoir Qu'eaue ne s'i vueille esmouvoir Et venir par accoustumance En cel lieu (DESCH., M.M., c.1385-1403, 58). Et ne sauroit advenir cas si soudain où l'on ne puisse bien appeller quelques personnaiges, telz que l'on puisse dire : "Il n'est point fait sans cause", et à cela ne user point de fiction ny entretenir une petite guerre à volunté et sans propos, pour avoir cause de lever argent. (COMM., II, 1489-1491, 217).

IV. -

Inf. subst.

A. -

"Fait d'être informé"

 

-

Au savoir de qqn. "Selon ce que qqn sait" : Et aprés, ferons mencion De la doulce nativité, Poursuivans sans prolixité L'euvangile a nostre sçavoir, Sans apocriphe recevoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 34).

 

-

Outre le savoir de qqn. "Sans que qqn le sache" : Or est ledit Joseph venu, Lequel a prins et retenu Le corps oultre nostre sçavoir, Par quoy je dy qu'il doit avoir Pugnicion sur toute rien. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 766).

 

-

Sans le savoir de qqn. "Sans que qqn le sache" : Je n'oseray sans licience De l'empereur car il luy touche Plus sot seroy que une soche De le juger sans son savoir (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 78).

 

-

Non savoir. "Fait de ne pas être informé, ignorance" : J'en ay, par son commandement, Amorty mors si largement, Que par non sçavoir ne les nomme. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 113).

B. -

"Ensemble des connaissances acquises par l'étude" : La furent infiniz escoliers moult bien respondans, argüans aussi, monstrans clerement qu'ilz entendoient la pratique de ceste escole. Et pour ce le recteur et les maistres subalternes, aprés tel examen, graduerent et maistriserent tous lesdis bien saichans escoliers, et les promeurent a degré, chascun selon son savoir. (MICHAULT, Doctr. temps prés., 1466. In : Chrestom. R., 198).

 

-

P. personnif. : Science Acquisë et Savoir Du païs s'en vont main et soir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 129).

C. -

"Ensemble de connaissances et aptitudes acquises par l'expérience" : PERROT LE CLERC. Selon ce que j'ay de savoir, Ma dame, je vous jur sur m'ame C'onques lettre n'oy par femme Si bien ditée. (Mir. abbeesse, 1340, 65). Le savoir raisonnable croist avecques les ans et la longue vie et grans experiences font les certains jugemens, si est la savance quise en ceulx qui plus ont veu et plus vescu. Neantmoins a eu la seigneurie mestier jusques cy de prince saichant et de assistence de gens qui aient savoir. (CHART., Q. inv., 1422, 47). ...et de fait mist sa vye a l'aventure sans doubter nullement la mort, comme vous sçavez, tant que par son sçavoir il a concquis ceste place et vous a delivrez des mains de vos ennemis. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 264). Prince clement, or vous plaise sçavoir Que j'entens moult et n'ay sens ne sçavoir ; Parcïal suis, a toutes loys commun. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 47).

 

-

De tout son savoir. "Autant qu'il en est capable" : Je dy que de tout no savoir Devons en no courage avoir Le desir que David disoit, Et convoitier si con faisoit Saint Pol (Mir. abbeesse, 1340, 62).

 

-

En partic. [Connaissances et aptitudes d'ordre social] : A l'heure doncques qui leur estoit signifiée, vinrent devant luy ; et très-humbles et bien enseignés en savoir, déclarèrent les articles que le roy leur maistre vouloit avoir avec le roy Charles et avec luy pour entrer en ceste alliance. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 86). ...tira vers la tombe, la ou, en passant devant les royaulx sieges, tout se leva par honneur envers elle, luy donnant salut qui, plaine de sçavoir et de nobles meurs, leur rendit tel pour tel et les fist reseoir. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 81).

 

.

P. méton. "Façon de se conduire" : Sy furent faits plusieurs banquets, souppers et semonces en divers lieux [...] là où entre autres en y eut un, là où la royne, à prendre l'eau pour seoir à table, appela le comte pour venir laver avec elle. [Le comte refuse.] Par quoy, coste à coste de luy toutesvoies et bien légièrement prit l'eau à par elle, moult regardant au savoir de son cousin. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 312).

D. -

"Sagesse, prudence" : Et non pourquant Nature voel pryer Que le bouton qu'il laissa pour savoir ["sagement" (Éd.)] Sour l'oudourant grascieus englentier, Voelle nourir em parfaite valour (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 21). Il ne fault pas qu'il soit estouz, Mais qu'il soit homs plain de savoir, Qui veult sur touz l'onneur avoir D'une bataille. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 60). Pallas, deesse de savoir. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 283).

 

-

P. méton. "Action ou parole sage, sensée" : Le riche fait de bourde voir, Et de grant folie savoir. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 9).

 

.

Faire savoir, faire (un) grand savoir. "Agir sagement" : Sire, faites ung grant savoir ! A Anne maintenant irés, A Kaÿffas, et leur dirés Qu'an ceste chose mettent poingne. (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 271). Je cuidoie faire ung grant sçavoir Pour ce que le cuidoie avoir (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 244). Or y alons, qui m'en croira ; Nous ferons, ce croy, grant sçavoir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 904).

 

.

Dire un grand savoir. "Parler très sagement" : "Par cellui Seigneur qui ne ment, Vous avez dit un grant savoir, Et nous ferons vostre vouloir." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 7).

V. -

Part. prés. en empl. adj. Sachant

A. -

"Informé, au courant" : Et quant à l'autre mordant de sainture que l'en dist par lui avoir esté coppé, et lequel fu trouvé à ses piez, ou lieu et en la place où il fu prins, par lesdis compaignons orfevres, dist par son serement qu'il n'en fu oncques faisant, sachant, consentant ou participant. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 202). Et dit que dudit larrecin sondit varlet n'est en riens coulpable ou saichant autrement que dit est (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 101). Et dit que tele est la verité de l'accusacion dessus ditte contre lui faite, et que autre chose que dit et cogneu a cy-dessus il n'y a de son fait, et n'en est aucunement coulpables, saichant ou consentant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 396).

 

-

"Conscient" : Et pluseurs choses natureles lesqueles nous faisons et souffrons sachans et desquelles nulle n'est voluntaire ne involuntaire ; si comme sont viellir et morir. (ORESME, E.A., c.1370, 307).

B. -

"Qui a des connaissances acquises au terme d'une activité suivie" : Et premierement est a considerer se il fait telle operacion sachant et de certaine science. (ORESME, E.A., c.1370, 156).

 

-

"Compétent" : Car se aucunes fois les ydiotes ou ignorans participoient en bien eslire vers aucunes ouvres ou vers aucuns ars, toutesvoies il ne eslisent pas miex que ceulz qui sunt sachans. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 136).

 

.

Sachant en qqc. : Mais il convient que ce soit fait par aucun qui soit sachant en la maniere que il est en medicine et es autres artz desquelz est aucune cure et aucune prudence. (ORESME, E.A., c.1370, 536).

 

-

En partic. [Concernant des connaissances d'ordre intellectuel] "Savant" : ...comme aucuns Chrestiens qui se funt sachans osent affermer et ne ont vercunde de dire que tele chose soit lisible (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 139). Puis qu'il a inclinacion Aux livres et a l'escripture, Ou qu'il soit n'en quel nation, Il amera meurs et lecture : Sa face moustre par nature Qu'il sera grant homme et sachant, Plain de meurs et de flouriture. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 35).

 

.

Empl. subst. masc. Peu sachant : Aucuns peu sachans dient que en ceste question sont contraires et descordanz theologie et le droit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 316).

 

-

P. ext. [D'un animal] "Habile" : Des cerfs, les uns sont plus tost alanz et miex fuyanz que les autres, einsi que sont les autres bestes, et plus sachanz et malicieus les uns que les autres, einsi comme des hommes, que li uns est plus sages que l'autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 62). [Du loup] Merveilleusement est sachant beste et fausse, plus que nulle beste, en garder touz ses avantaiges, quar il ne fuira jamés trop fort, fors tant comme il en aura besoing, quar il veult touz jours estre en sa force et en son alaine, quar chascun jour li est besoing, quar chascun qui le voit l'escrie et chasce. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 97).

C. -

"Qui connaît les usages et pratiques de la société, bien éduqué" : ...sa dame fut mariée a ung ancien chevalier, qui gracieux et sachant homme estoit (C.N.N., c.1456-1467, 246). Comme sachant et gentil chevalier, il ne monstra pas ce que son pouvre cueur portoit. (C.N.N., c.1456-1467, 476). En la chambre est entree, Doon va saluant Et dist : "Frans chevaliers, ou sont vostre sergant ? Ça je vous aideray a desarmer errant. - Belle, dist le bastart, le ceur avés sachant. Dieu me lest desservir par son digne commant La grande courtoisie que m'alés proumettant !" (Tristan Nant. S., c.1350, 231).

 

-

Peu sachant. "Grossier" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant, et encores aussi mal plaisant, si avoit il une industrie de bien garder le sien (C.N.N., c.1456-1467, 131).

 

-

Non sachant : Ce village (...) estoit habité d'un moncelet de bons, rudes et simples paysans qui ne savoient comment ilz devoient vivre. Et si bien rudes et non sachans estoient, leur curé ne l'estoit pas une once mains (C.N.N., c.1456-1467, 512).

D. -

"Sage, raisonnable, avisé" : Pour quoy li cuers (...) Doit croire que belle, bonne, sachans, Lie, loyaux, loée, est eslevée A la destre de Dieu son fil (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Et ainsi tout homme sachant et prudent fuit superhabondance et deffaute et quiert le moien et le desire. (ORESME, E.A., c.1370, 161). Item, aucuns appetent et desirent estre honorés des bons qui sont vertueus et sachans afin que la propre opinion que il ont de eulz meïsme soit affermee et confermee. (ORESME, E.A., c.1370, 429). O dame de devocion, La plus doulce et la plus saichant Qui soit en ce monde vivant, Vous estes ensaincte tout oultre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 59).

 

-

Non sachant : Mais les chaymes et presumptueus, il sont non sachans et folz et ignorans de leur condicion et ne se cognoissent pas. (ORESME, E.A., c.1370, 257).

 

-

Faire que sachant. "Agir de façon sensée, raisonnable" : ...s'alastes estorant Que chascun jour yriés d'eaue vo chef lavant ; Vous en tenés l'usage, mais ce ne vault neant, S'en droit fons de baptesme n'allés l'eaue prenant ; C'est l'eaue de droiture de par Jhesus commant, Et dont ly pecheour vont a foy recouvrant. Or en tenés l'usage, sy ferés que sachant ; Et se vous ne le fetes, vous en serés meschant. (Tristan Nant. S., c.1350, 123).

VI. -

Part. passé en empl. subst.

A. -

Subst. masc. Su. "Connaissance, information (que l'on a de qqc.)"

 

-

Au su de qqn. "Qqn le sachant" : Item que nagueres et avant son emprisonnement, ainsi comme elle se chaussoit en l'ostel d'un nommé Perrin Tueret, ledit Richart, à son sceu et en sa presence, print uns solers lesquelz ledit Richart a de present chaussiez. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 440). ...la Court avoit entendu que les gens de ladicte ambassade avoient esté à Bry-Conte-Robert par la licence et au sceu du conte de Saint-Pol (FAUQ., I, 1417-1420, 260). "Avez vous levee emprinse et departie ça et la, sans mon sceu et congié ? Jamais tant que je vive de bon cuer ne vous ameray." (LA SALE, J.S., 1456, 233). ...oncques puis ne s'i trouva le prestre au sceu du maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

.

Qqn fait qqc. de son su. "Consciemment, en toute connaissance de cause" : ...ce par ma decepcion Par fraude et cavillacion Ay aucun fraudé ou deceu, A mon sceu ou a mon desceu, Tout au quadrupple je luy rens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 482).

 

-

Du su de qqn. "Qqn le sachant" : Dit avecques ce qu'il est preudomme et loyal, et que oncques par lui ne de son sceu le pain de cire dessus dit ne fu prins (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 51). ...lequel lit il avoit prins à la fontaine saint Denis oultre la porte en l'ostel de ladite dame de Fymes, sa maistresse, de son sceu, gré et voulenté et dit que tele est la verité que dessus est dit et non autre. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 411). Ses faulx disciples dessus dits Ne l'ont pas emblé ne receu En veillant, ne de nostre sceu, Mais ont guetté noz ennemis Que nous feussions tous endormis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 909).

 

-

Par le su de qqn. "D'après ce que qqn sait" : Et depuis le temps de cedit chevalier, par le sceu des gens du païs, ne avoit esté nouvelles que nul estrangier y soit monté que ceulx que j'ay dit (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 122).

 

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Sans le su de qqn. "Sans que qqn le sache" : ...laquelle houppellande et panne il apporta en la ville de Paris, sanz le sceu ou congé d'icellui clerc, et ycelle vendi à un freppier ès halles, ne scet son nom (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...en l'ostel dudit escuïer, de nuit, mal print en la bourse d'icellui escuïer, sanz son sceu, un noble d'Engleterre et IIJ escuz d'or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 483). ...lesdictes commocions furent apaisées pour lors en la ville de Paris, lesquelles avoient esté faictes sans le sçeu, adveu ou consentement de monseigneur de Bourgongne (FAUQ., I, 1417-1420, 158). ...a telle heure son dit amoureux la pourroit visiter sans le sceu de son dit mary (C.N.N., c.1456-1467, 493).

 

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Hors du su de qqn. "Sans que qqn le sache" : Est il homme de ça la mer Si hardy qui se osast clamer Roy des Juïfz, hors nostre sceu ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 285).

B. -

Loc. Ce su. "À preuve" : Item, est assavoir que les Lucitains estoient gens de une partie d'Espaigne qui moult heoient les Rommains ; ausquelz Sercorius sy s'en fuit, car il sceust qu'il estoit proscript ; ce sceu la lettre, qui est clere et dist ainssy... (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 27).

C. -

Subst. fém. Venir à la sue de qqn. "Venir à la connaissance de qqn" : Mais quant la verité fu sceue, Et tout le voir vint a leur sceue Que de ligne royal estoient, Adont les berbis qu'ilz gardoient Laissierent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 154).
 

DMF 2020 - Synthèse Corinne Féron

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