C.N.R.S.
 
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     ROI1          ROI2     
FEW X rex
ROI, subst. masc.
[T-L : roi ; GDC : roi1 ; DÉCT : roi2 ; FEW X, 366b : rex ; TLF : XIV, 1203b : roi]

A. -

"Chef souverain de certains États, celui qui règne souverainement sur un pays, sur un royaume"

 

1.

Au propre : Mais pour ce que les livres morals de Aristote furent faiz en grec, et nous les avons en latin moult fort a entendre, le Roy a voulu, pour le bien commun, faire les translater en françois, afin que il et ses conseilliers et autres les puissent mieulx entendre, mesmement Ethiques et Politiques, desquels, comme dit est, le premier aprent estre bon homme et l'autre estre bon prince. (ORESME, E.A., c.1370, 99). Et a cest propos raconte Justin que ceulz de Macedone une foiz aprés la mort de leur roy furent vaincus et chaciés par leur adversaire et eurent confusion (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 155). ...le Roy des Romains et le roy de Ungrie ont envoyé pardevers lui messaiges avecques lettres de créance et patentes. (Ch. VI, D., t.1, 1380, 5). ...mon chier seigneur Clovis, Qui est homme de grant puissance Et tele qu'il est roy de France... (Mir. Clov., c.1381, 207). ...pour ce que ce estoit contre les droiz et honneur du Roy qui à ce jour estoit encloz et enfermez malade (BAYE, I, 1400-1410, 170). Qui est l'omme de cuer si dur, si ingrat et si pervers que se le roy, qui icy est, offroit monseigneur le Daulphin, son propre enfant, a mort pour le garentir de mourir (...) qui moult n'amast le roy ? (GERS., Noël, p.1404, 294). ...pour prendre conclusion es traictiez de paix d'entre les deux rois et royaumes de France et d'Angleterre, et ou traictié du mariage d'entre le roy d'Angleterre et madame Katherine de France, fille du Roy, nostredit segneur (FAUQ., I, 1417-1420, 364). En ce temps, oudit moys de may, la trefve d'entre le roy et le duc de Bourgongne, qui failloit au IIIIe jour dudit moys, fut de rechef continuée jusques au XVe jour de juing ensuivant. Oudit moys de may, le duc de Calabre, nepveu du roi de Secile et de Jherusalem, à qui le roy avoit fait tant de honneur de lui donner sa fille ainsnée en femme et espouse, s'en ala hors de sa duchié de Lorraine, pardevers ledit duc de Bourgongne, pour traicter d'avoir et espouser sa fille, en delaissant, en ce faisant, ladicte fille du roy, sa femme (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 265). O Lucifer, diable envïeux, Malgracieux, Il est temps d'aler besoigner Ches Herode, roy luxurieux, Palhart vieulx, Qui Jehan babtiste fist empoigner. (Pass. Auv., 1477, 92). Sire roy, je vous remercie ; Plus que jamaiz suis vostre amie Ad faire vostre bon desir. (Pass. Auv., 1477, 106). Tel festiement pas ne me plait Que aussi desplait A mon seigneur le roy, mon frere. (Pass. Auv., 1477, 107). Et le temps du sainct Helizieu Nul ladre d'Israel ne guaryt. Lors le roy de Syrye tramit Naamain ladre, tout maculé ; Helizieu lui donna sancté. (Pass. Auv., 1477, 121). Nous n'avons nul roy que Cesar ! [Jean 19, 15] (Pass. Auv., 1477, 170). Ce fut luy qui conseilla au roy, son maistre, de capter la bienvueillance du roy Alexandre mieulx que lui contrarier (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). Clovis, premier roy chrestien en France, ayma moult la science de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 97 v°). Cestui prenostica la victoire de Charles Martel qu'il eut contre les Ganthois et aussi celle qu'il eut en Gascongne, aucuns dient près de Tours, où il desconfit dix rois sarrasins (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 104 r°). Tous les estatz du grant jusques au moindre, Tant fussent ils de noblesse ou clergié, Bourgoys, marchans, furent contrains d'eulx joindre A ceste loy, pour le plus abregé, Et de venir dessoubz ung train rengé Bien acoustrez, devers le dit seigneur, Portans joyaulx, bagues de grant valeur Et beaulx habitz de sumptüeux arroy, En luy faisant reverence et honneur Ne plus ne moins qu'a leur souverain roy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 209).

 

-

[En corrélation avec empereur] : Adont Alixandre, qui rois Estoit et empereur si grant, Vint a lui et moult fu en grant Que aucune chose lui donnast, Se cellui prendre la daignast. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 204). Par ces sancts, encore pis fit Que Janus non a raconté. Car tout partout il s'est nommé Filz de Dieu et roy des Juïfz Contre toutes les loyx et ditz De Cesar, nostre empereur et roy. (Pass. Auv., 1477, 175).

 

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Le roi est empereur en son royaume : ...et disoit en effect, entre autres choses, que le Roy est empereur en son royaume, qu'il tient de Dieu seul, sans recongnoistre souverain seigneur terrien (FAUQ., I, 1417-1420, 63).

 

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Ne tenir ni d'empereur ni de roi. "Ne relever ni de l'empereur ni du roi" : Venez le voir [Villon] en ce piteux arroy, Nobles hommes [les clercs exempts d'impôts et les gueux], francs de quars et de dix, Qui ne tenez d'empereur ne de roy, Mais seulement de Dieu de Paradiz (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68).

 

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[Accompagné d'un nom propre] : LE FOL. J'ay compté par mes doiz combien Le roy Artus fu en Bretaingne. (Mir. parr., 1356, 30). Roy Gondebaut, si conme on dit, A une niéce bele et gente (Mir. Clov., c.1381, 197). Se vous me creez, roy Clovis, Certes, vous vous marierez Tout au plus tost que vous pourrez. (Mir. Clov., c.1381, 197). Mon chier seigneur, Clovis le roy Si vous mande ainsi de par moy... (Mir. Clov., c.1381, 216). Ou temps du roy Jehan de France, fils aisné du roy Phelippe de Valois (LA SALE, J.S., 1456, 1). ...du temps du roi Charles septiesme (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 199).

 

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[Dans diverses appellations pour désigner le roi de France]

 

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Le roi très chretien : Certez n'estoit pas vray samblable (...) qu'envers le chief de sa maison, le roy trescrestien qui resplend en terre comme le soleil, il [le duc de Bourgogne] voulsist contendre par orgueil, ne qu'il aspernast ou avieutist sa cour de Parlement (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 157).

 

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Le roi français : Mes pour ce que ceste querelle, en la forme comme le roy franchois l'apetoit pour le roy Lancelot mort, sambloit assez rigoreuse et non pas sainement fondee, tant fut fait depuis (...) que ariere de novel (...), ceste ducié de Lucembourg fut transportee autentiquement en la main du roy comme sienne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 228).

 

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Le roi des Francs : Car y avoit discord entre Saint Pere Pius et le roy de France a cause de la Pragmatique sanction (...), et secondement a cause du roy Ferrant de Naples que ledit nostre Saint Pere soustint alencontre du roy Renier et son filz le duc de Calabre, dont ledit roy des Frans se tint a mal content de nostre Saint Pere. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 259).

 

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Couronner / faire / sacrer qqn roi./Eslire qqn à roi : Et selon ce met l'Escripture comment il fu dit au peuple d'Israel qu'il esleusent a roy le melleur de .LXX. filz du roy Achab (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 234). Cestui maistre Pietre, après que ledit Loys fut fait roy et le XXXIe des roys, il s'en partit en l'an mil IIcXXIII et lui dist qu'il ne regneroit que trois ans et ainsi advint (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 v°). ...et passa par les Ytalles, par puissance et vint et entra à force en Naples et en fut couronné roy par icelui pappe Clement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

 

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Desavouer qqn roi. "Priver qqn de la dignité de roi" : Vecy Cordelamor, le fel, Que roy avez desavoué (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 331).

 

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Subst. désignant le détenteur d'une fonction / un office... + du roi

 

Rem. Hostel du Roi, v. hostel ; maison du Roi, v. maison...

 

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Blanc de roi. "[Monnaie royale]" : ...a raison de trente cinq grans blans de roy pour escu (Entrées roy. G.L., 1476,,, 221).

 

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Comme un roi / plus qu'un roi... : Et ce trés dous ottroy Cent mille fois me fist plus grant qu'un roy (MACH., J. R. Beh., c.1340, 81). Plus riche sui que Roy ne palazin (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 213). Vous m'avez fait plus riche d'un roy (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 207). ...aligier poués mon tourment Legierement, D'un seul ottroy, Et plus qu'un roy Moy faire vivre liement (MACH., Ch. bal., 1377, 624). On me fist assoir a la table, Comme ung roy ou ung connestable, Et servir a mode de court (Gaud. sot, c.1450, 12).

 

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Estre (comme) un roi. "Être particulièrement heureux" : Dieu scet quel joye il a menee D'avoir ma voulenté gaignee : Il semble qu'il deust estre roy. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 271).

 

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[Formule de consentement royal (en partic. à propos d'un projet de loi) ; p. ext. formule d'accord] Le roi le veut : Reson respont : "Le roy le veult ; Maiz, se Deduit d'Oyseaulx s'en deult, Qu'il puisse ses deffensses dire Par tel comme il vouldra eslire !" (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 280).

 

-

Le roi boit : Le roy boit en feste de royaume ! (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 58).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Il emprent aussi grant folie Com s'il vouloit roy des vens estre (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 60). Mon Dieu, ce m'est chose terrible : Le prince change en chavalier, Le seigneur en son escuyer, Le createur change pour creature, Et le paintre pour partraiture. Je change le roy en ung page ; Las, au change ne suis pas sage. (Pass. Auv., 1477, 221).

 

-

[Livre biblique] Livre des Rois : ...nous lisons en plusieurs histoires, entre autres ou livre des Roix... (BUEIL, I, 1461-1466, 14). Et, à ce propos, pourroie reciter ung exemple qui est ou premier livre des Roix : comment les Juyfz, à cause de la guerre qu' ilz avoient contre les estrangiers, prièrent à Dieu qu' il leur donnast ung roy pour les gouverner, conduire, preserver et garder contre leurs ennemys (BUEIL, I, 1461-1466, 51). ...comme nous le lisons ou Tiers livre des Roix (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 164).

 

-

Prov.

 

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[P. réf. au prov. lat. Rex illiteratus, asinus coronatus] Le roi non lettré est un asne couronné : Roy sans lettre est comme ung asne couronné (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 12). Car comme uns asnes couronnez Est uns rois terriens sanz lettre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 269). Sy ne sauroye reprendre ceulx qui dient que roy sans lettres est ung asne couronné. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 72). Bien sçavoit que le roy Salomon demanda sapience à Dieu ad ce qu'il peust mieulx gouverner son peuple ; aussi Helynant dit que le roy non lectré est ung asne couroné. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

 

Rem. Cf. Thesaurus proverbiorum Medii Aevi, t.7, 1998, 126, s.v. König.

 

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Un roi sans lettrure est comme une nef sans avirons : Et pour ce est il allieurs escript que un Roy sanz lattreüre est conme une nef sanz avyrons et come oysel sanz elles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 223).

 

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Un roi sans foi est un roi sans couronne : Je repute ung roy sans foy ung roy sans couronne. (BUEIL, II, 1461-1466, 182).

 

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Ou il n'y a que prendre, le roi perd ses droits : ...car sez subjés tellement apovriés ne luy puent poïer sez rentes ordinares ne extraordinares, tailles, gabelles ne imposicions, car la ou il n'y a que prendre, le Roy pue[r]t sez droys (Songe verg. S., t.1, 1378, 357).

 

Rem. Cf. DI STEF., 771a, s.v. roi.

 

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[Pour marquer une chose impensable] : C'est acheté Paris du roy. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193).

 

-

Faire la clef du roi. V. clef

 

2.

En partic.

 

-

"Empereur" : Il alla voir le chasteau sumptüeux, De forteresse grant et innumerable, Assis en lieu et en place imprenable. Et de ce temps que le roy Charlemaigne Dessus les Turcs desploya son enseigne, Et qu'au pays la guerre maintenoit, Illec dedens pour seurté se tenoit ; Car c'est l'entree, tant deça que dela, De tous les bons pays de par dela. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 246).

 

-

Roi Pharaon : ...d'Egipte les delivra Hors des mains au roy Pharaon, Par Moyse et par Aaron. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 228). Cestui Cecina de Estrucha fut moult aymé de Jacob, saint patriarche, auquel fut faicte la sainte promission de la terre fluent lait et miel, c'est assavoir de la terre de promission, qui puis fut moult exaulcé du roy Pharaon duquel il interpreta le songe. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 r°).

B. -

P. anal.

 

1.

RELIG.

 

a)

[Pour désigner Dieu] : Sire, le doulx roy souverain Vous ottroit la gloire haultaine ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 266). Doulce vierge, qui conceuz Le roy du ciel et de la terre... (Mir. st J. Cris., c.1344, 276). L'EMPEREUR. (...) Certes nu le verray baignier Ains demain prime. ANNE. Et conment, par le roy haultisme ? (Mir. fille roy, c.1379, 97). Le roy de paradis (...) Viendra en toy (Noëls avign. A., a.1450, 367).

 

-

Benoist Roi : Maiz, à parler certainement, L'umain et noble entendement Si est exempt de ceste loy Par le plaisir du benoist Roy, Car il descent et prent son estre De plus hault povoir que terrestre (LA HAYE, P. peste, 1426, 69).

 

-

Roi celeste : ...notre seigneur Dieu, roy celeste tout puissant (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 58). ...a la table du grant roy celeste (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 283).

 

-

Roi eternel : ...et l'Eglise lassus triumphans, qu'est Jherusalem celeste, c'est la couche seu le lit du roy eternal, en laquelle les nopcez de toutes bonnes espouses seront celebrees (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 283).

 

-

Roi de gloire : Et s'il plaisoit au roy de gloire Que pour sa cause devion, Je scei bien nous ne pourrion Morir plus glorïeusement (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 76). Or nous aist a cest tempoire La mére au vray doulx roy de gloire (Mir. enf. diable, c.1339, 24). ...Dont je graci le roy de gloire Et sa tresdoulce mére encore Et touz les sains. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 87). Tu, roy de gloire, vueilles ouyr noz justes prieres (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 59). A la quelle [gloire] nous vueille conduire le roy de gloire Ihesucrist, espoux de saincte eglise qui vit et regne Dieu auec le pere et le saint esperit ou siecle des siecles, amen. (CIB., p.1451, 192). Parle LES ANNEMIS D'ENFERT. Et tu qui ronp nous porte, qui sy fort nous assaul, Dit nous que tu demande, et pour quoy faiz ce essaul. Respont JHESUCRIST. Je suis le roy de gloyre, qui souffrir passion, Vient mes amys gecter de la dampnation. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 138). Ouvrés voz portes sans remortz, Prince d'enfer ! O portes, rompés, Et le roy de gloire varrés, Qui entrera, Dieu glorïeux ! [Appellation tirée du Ps. 23, 7 : "et introibit rex gloriae"] (Pass. Auv., 1477, 226). Mais s'il plaist au doulx Roy de gloire, Tantost recouvrerez santé. (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 223).

 

-

Roi des rois : Si n'i a el que du prier Mercy a la vierge puissant, Qu'a cest besoing nous soit aidant A son chier fil, le roy des roys. (Mir. enf. diable, c.1339, 10). Cy parle au batelier Amis, passe nous sans atendre, Que de mal nous veulle deffendre Le Roy dez Roys, qui tout puet faire, Et tu en avras bon salaire, Saches sanz doubte. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 25). C'est bien a scavoir que se justice est trouvee et louee entre les hommes, Dieu le souverain roy des roys ne sera pas sans justice (GERS., Déf., 1400, 224). Non pas amie de homme mortel, non pas d'ange ou d'archange, mais de Dieu, le Roy des roys, et des seignourissans le Seigneur. (GERS., Concept., 1401, 408). Jesu-Crist qui est roy des roys Vueille garder la compaignie ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 141).

 

-

Roi du firmament : Las, mon Dieu, roy du firmement, C'est la vertu du sang precieux De ce prophete glorïeux, Duquel j'ay sur mes yeulx touché. (Pass. Auv., 1477, 231).

 

b)

[Pour désigner Jésus]

 

-

Le Roi Jesus : Se m'aist le doulx roy Jhesus, Oil, chier sire ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 264).

 

-

Le Roi des Juifs : Le Messïas es de la loy, Des Juïfz roy. Dieu t'a tramis en ceste place (Pass. Auv., 1477, 131). Il [ce titre] est assés bon et honneste : "Jhesus de Nazaret, roy des Juifz". [Réf. à Jean 19, 19] (Pass. Auv., 1477, 215).

 

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Le Roi d'Israël : Tu te faisoys suivre des gens Et te disies roy d'Israël. Or sa, Jhesus, si tu es tel, Descent maintenant de la croix ! [Réf. à Matth. 27, 42] (Pass. Auv., 1477, 212).

 

c)

[À propos de Lucifer] : Ainsi sera il (...) ou pechié d'ire happez, Dont il pourra estre en enfer Presentez au roy Lucifer. (Mir. st J. Cris., c.1344, 293). ...Lucifer, Mau Re de l'Abisme d'Enfer. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 63).

 

-

Le roi d'iniquité. "Le Diable" : Jhesus la bataille (...) (vint) faire au Roy d'iniquité (Jour Jug. R., c.1380-1400, 216).

 

2.

"Personnage assimilé à un souverain"

 

a)

Au plur. Rois (mages)./Les trois rois. "Personnages qui, selon l'Évangile, sont venus adorer l'enfant Jésus à Bethléem" : En alant vers Bethleem est le lieu ou ly estoile s'aparut aux trois roys (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 75). Quelz furent les miracles au jour d'uy faiz ? Je dy que l'un fut de la fontaine d'uile et l'autre du temple de paix qui cheut, l'autre de l'estoille qui apparut aux trois roys (GERS., Noël, p.1404, 299). ...jusques au temps de la nativité de Jhesu Crist, que les trois roys se apparurent au moyen de l'estoille nouvellement créé et à eulx apparue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°). En ce temps vindrent en Bethleam les trois roys, Jaspar, Melchion et Balthasar, tous grans philozophes et astrologiens, de très loingtaines et diverses regions, adorer Nostre Saulveur et Redempteur Jhesu Crist (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°). ...apparue une commecte qui se nomme Rosa, par laquelle estoit signiffiée (...) Nostre Saulveur Jhesu Crist, à le bien entendre, ce que lesdits trois roys qui estoient grans astrologiens, povoient aussi avoir veu et consideré. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°).

 

-

Feste des rois./Jour des rois. "Fête anniversaire de la venue des rois mages à Bethléem, l'Épiphanie" : SOTTIE POUR PORTER LES PRESENS A LA FESTE DES ROYS (Feste roys, c.1475-1500, 297). Le VIe jour dudit moys, feste des roys (Comptes roi René A., t.2, 1479, 438). Cestui fut l'un des moyens de gecter de prison du Louvre le conte de Flandres, qui y avoit esté l'espasse de XII ans et demy en une chappe de plon, et lui fist aver sa composition par argent grande somme, environ la feste des Roys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°). ...et delibererent prandre le roy Henry aux jouxtes, qui se devoient fere le jour des III Roys ensuivant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°).

 

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Empl. abs. Les Rois : ...et a esté dit qu'il n'useront desdictes lettres jusques à ce que, parties oyes, au landemain des Roix prouchain en soit autrement ordonné. (BAYE, II, 1411-1417, 206). ...nous avons donné charge à nostre amé et feal le seneschal de Lyon se tirer en nostredicte ville de Lyon, environ les Roys prouchain (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 319). Et lors Fortune, de sa picque mortelle, Me poursuivit tant que fuz a mort mis. Habandonné de mes sers et amys, En fiers assaulx et tres crueux desrois, Devant Nancy, a la veille des Roix. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 64).

 

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Faire les rois. "Célébrer la fête des rois" : ...le mary d'icelle femme, (...) print ledit Pierre Person par la bride de son cheval (...) en luy demandant qu'il vouloit faire de celle oye, et il lui dist qu'il la vouloit menger à soupper pour faire les Roys. (Doc. Poitou G., t.10, 1464, 481).

 

b)

"Celui qui a été élu pour présider à une fête" : LA PREMIERE FEMME. Je vous prie, sire Que vous me faciez ung gasteau ; Nous voulons faire ung roy nouveau, Aujourduy, en nostre maison. JEHAN. Sainct Jehan de la bonne raison, Est il aujourduy les corps sains ? (Jehan A., c.1400-1500, 135). ...ung nommé Pierre Beauvoir, (...) qui estoit esleu roy d'une feste qu'on a acoustumé faire par chacun an en la parroisse de Saincte Soline ou diocèse de Poictiers, le landemain de la Penthecoste. (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 257). ...par les parroisses dudit bas pays de Poictou les jeunes compaignons que on appelle bachelliers à marier ont acoustumé tous les ans, à chacune feste de Penthecoustes, eulx assembler joyeusement et faire entre eulx, par election en chacune parroisse et assemblée ung roy de bachelliers, qui a la charge, gouvernement et administracion du cierge et luminaire desdiz bachelliers. (Doc. Poitou G., t.12, 1478, 226). ...Vincent Moreau, qui se disoit roy desdiz bacheliers de Rorretoys (Doc. Poitou G., t.12, 1481, 405).

 

-

Roi de l'espinette. "Personnage élu tous les ans, à Lille, pour présider aux fêtes de l'épinette" : À Gerard Hangouart, roy de l'espinette de Lille (Comptes Lille L., t.1, 1425-1426, 226).

 

Rem. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 1981, 133 et suiv.

 

3.

"Personnage qui a autorité sur un ensemble de personnes"

 

a)

Roi d'armes / roi des herauts. "Chef des hérauts d'armes" : Le roy des héraux d'Artois, pour don fait à li par le Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 275). À Martin Carbonnel, roy des heraux, lequel Monseigneur envoioit en Navarre et en autres lieux pour ses besoignes (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 369). ...Roland Le Breton, roy d'armes d'Artois, qui le VIIe jour dudit mois se parti de ladicte ville d'Arras pour porter hastivement les lettres closes de mondit seigneur au Pont de Remi, Saint Ricquier et Doullens (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 455). Lesquelles lectres furent présentées au Roy par le roy -d'armes de Flandres. (...) Mais fut dit à icellui roy -d'armes par le chancelier de France, que le Roy avoit bien veu et oy ce que son maistre le duc de Bourgongne avoit envoyé, et avoit advis sur ce de lui faire response en temps et en lieu. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 415). Et sur ce ledit Roy -d'armes s'en retourna à Saint Denis devers son maistre le duc de Bourgongne, auquel il racompta les besongnes dessusdictes et la rudesse qu'on lui avoit dit et fait. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 432). ...et Monjoye, roy -d'armes du roy de France (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 99). ...il appella le hérault du roy de France roy -d'armes nommé Monjoye (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 111). À Thomassin, l'esmailleur, demourant à Brouxelles. - Pour avoir esmaillé ung grant collier pour le roy d'armes de la Thoison d'or aux armes de MdS (Comptes Lille L., t.1, 1435-1436, 353). Adont print la parolle le roy des heraulz, qui dist que par l'oppinion des heraulx generalement on ne lui en pouoit nullement faire tort de l'onneur. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 258). Et aprés les heraulz venoient les chevaliers et escuiers françois de sa compaignie, tous vestus paraulz ; et aprés eulz venoient les roys d'armes et heraulz du roy, per a per a ceulz de France et a leur basse main. (LA SALE, J.S., 1456, 123). Sy n'y furent mie oubliés les héraulx et roys d'armes (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 376). ...Thoison d'or, roy d'armes, avoit appellé les chevaliers par leurs tiltres et chascun selong son ordre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 280). Le duc a en son hostel six roys d'armes, huict heraulx et quatre poursuyvans (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 67). Et au regart du roy des royers, il se nomme par le marquis du Sainct Empire, et se crée par l'Empereur, qui ne luy doit refuser ; et est ung des principaux roys d'armes qui soit de la crestienté. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 68).

 

Rem. Romania 106, 1955, 242. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 1981, 250 et suiv.

 

-

[Roi d'un ordre de chevalerie] "Officier d'un ordre de chevalerie (ici, la Toison d'or), chef des hérauts d'armes du souverain et grand maître de l'ordre, ayant différentes fonctions auprès des membres de l'ordre (convocation aux réunions, ordre des préséances, connaissance des armoiries...)" : Si furent ordonnéz a ce [une ambassade] deux nobles chevaliers, messire Jehan de Croy, messire Simon de Lalaing, Toison d'or, roy de l'ordre du duc, et maistre Jehan de Clugny, maistre des requestes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 29).

 

Rem. Cf. M. Baelde, in : Les Chevaliers de l'Ordre de la Toison d'or au XVe s., dir. R. de Smedt, 1994, 6.

 

-

Roi de la pie. "Roi du tir d'arbalète à la pie" : Les principaulx de ceste compaignie estoyent ung routier de guerre nommé Nare, capitaine de .C. pietons, Guillaume le Maronnier, lors roy de la pie... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 141).

 

Rem. Doc. 1472 (Béthune) ds GD VI, 145a, s.v. pie4.

 

b)

"Celui qui est à la tête d'une confrérie" : Et premiérement, que ledit Alexandre, premier roy des merciers, et ses successeurs puissent faire leurs lieutenants, connestables, préuosts, juges, notaires et sergents, et que lesdicts lieutenants faictz par lesdicts Roys des merciers puissent faire cheualiers, en toutes foires et marchez et en quelque part que jlz soyent trouuez, en cedict royaume de France (Mét. Blois B., t.1, 1400-1500, 156). Pierre Aubin, Roy des Merciers et Visiteur-Juré sur le fait du mestier et industrie de mercerie... (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1448, 27).

 

Rem. M. Defourneaux, La Vie quotidienne au temps de Jeanne d'Arc, 1961 [1952], 68.

 

-

Roi de la basoche. "Celui qui est à la tête de la confrérie des clercs d'une cour de justice" : ...ilz trouvèrent en ladicte vanelle ung de leur compaignie qui leur dist qu'il en y avoit ung fort blecié. Et ledit suppliant lui demanda qui c'estoit, auquel il respondit que c'estoit le roy de la basoche . (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 222).

 

-

Roi des menestrels. "Celui qui est à tête de la confrérie des ménestrels" : Le roy des menestereulx, pour deniers paiez par li à plusieurs personnes pour la façon de l'auloge du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 209). Charles, par la grace de Dieu roy de France, scauoir faisons à tous présens et aduenir, auoir reçeu l'humble supplication du roy des ménestrelz et des autres ménestrelz, joueurs des jnstruments, tant haux comme bas... (Mét. Blois B., t.1, 1407, 96). Adont marcha avant le roy des menestrelz atout sa harpe (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 257).

 

c)

Roi des ribauds. V. ribaut "Officier de l'Hôtel du roi, ayant juridiction sur les filles publiques, connaissance de tous les jeux de dés et de cartes et qui exécute les sentences du prévôt des maréchaux" : LE ROY. (...) Griffon, vas sanz arrestoison Au roy des ribaux, si li dy De par moy que ses gens et li Prengnent Hardré en celle place, Et qu'au gibet mener le face (Mir. Amis, c.1365, 40). ...Coquelet, sergent du roy des Ribaux dudit hostel (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 31).

 

Rem. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 201.

 

d)

[Par dérision] Le roi des sots : SOTTIE NOUVELLE A SIX PERSONNAIGES c'est assavoir : LE ROY DES SOTZ, SOTTINET... (Roy sotz, c.1450-1500, 211). Je suis des sotz seigneur et roy (Roy sotz, c.1450-1500, 211).

 

-

[P. oppos.] Le roi des clercs : Tu es au lieu tres ententicque Ou gist et repose le roy Des clers, et trestout son arroy. (Feste roys, c.1475-1500, 304).

 

4.

"Celui qui est élu de Dieu" : Nous avons ja aucunement parlé de l'umilité saint Pol et de sa povreté d'esperit par laquelle les amis de Dieu sont fais roys ou royaume des cieulz. (GERS., P. Paul, a.1394, 509).

 

5.

Roi (des mouches à miel). "Reine des abeilles" : Apis est mouche mïelleuse (...). A son roy a fervent amour, Reverence li porte et honnour Et le deffent s'en a mestier. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 73). ...le roy des mousches a miel n'a point d'aiguillon de sa propre nature (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 350). Et sachiez qu'ilz ayment leur roy a si grant cuer et de si grant foy qu'ilz cuident que bon soit de mourir pour le garder et deffendre (...). Et sachiez qu'ilz ont offices ou chascune fait son deuoir de seruir pour acquerir l'amour de leur roy et sans enuye l'une office est de garder le miel et la cire l'autre pourchasse la viande (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 483).

 

-

Roi des guespes : Le roy des vespes n'a point d'aguillon (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 15).

 

6.

JEUX

 

a)

"Pièce principale du jeu d'échecs représentant un roi" : Le roy donc des eschez represente le roy ou le seigneur qui la bataille maine, car, en toute bataille general qui est bien ordenee, doit avoir aucun prince souverain ou duc ou capitaine (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 6). ...et de bien ou mal traire a sa voulenté pure, aussi que fait le roy du droit gieu des eschecs qui peut de son droit traire droit ou obliquement, a dextre et a senestre, ou avant ou arriere, selon ce qu'il ly samble que bon soit. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 675).

 

-

Ni de roi ni de roc. "De personne" : ...eulx estans arrestez au grant chemin royal, vint à eulx ung nommé Ligier Challet et avecques luy six ou sept autres embastonnez, qui les voulurent chasser d'ilec à force et ne queroient que occasion de prendre noyse et debat avecques eulx, et leur usèrent ledit Challet et ses complices de grosses parolles et rudes, disant icelluy Challet qu'il ne tenoit de roy ne de rot (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 161).

 

b)

Le roi qui ne ment. "Jeu où le roi pose une question à chaque joueur et qui est ensuite questionné par chacun (jeu de vérité)" : La dame, qui savoit maint tour Pour ung jone honme enamourer, Les fist entour lui assambler Pour juer a Roi qui ne ment, Ung jeu qu'on appelle autrement Par ung second langage enneux. (Dit prunier B., c.1330-1350, 62). Et s'esbatoient bonnement A jouer au "Roy qui ne ment". (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Aussi en cest avenement Jeuiens nous au roi qui ne ment (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 55). [Note de l'éd. p.176]

 

Rem. FEW VI-1, 742b. Z. rom. Philol. 103, 1987, 631.

 

7.

Arg. Roi David / roi Daviot. "Crochet pour forcer les serrures" : Le roy David c'est ouvrir une serrure, ung huyz ou .I. coffre et le refermer. Le roy Davyot c'est .I. simple crochet a ouvrir serrures. (Procès Coquill. S., 1455, 97). Et scet bien que les aulcuns scevent jouer du roy David, de l'esleve, du plant (Procès Coquill. S., 1455, 105).

C. -

Au fig. "Celui qui possède une qualité au plus haut degré, celui qui est le premier ou le meilleur en son genre, parangon" : Notez de celuy qui fut roy pour ce que premier il vit le soleil en la haultesse de la maison, en tournant le dos contre Orient. (GERS., Trin., 1402, 169). Venysïennes, Rommaines auctentiques Vindrent illec voir le roy des hardiz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 209). Autresfois a esté parfaict par tes successeurs et ainsi a esté prenostiqué, dont a bon droit et juste tiltre tu doibs veritablement estre le roy des roys en toute la terre, duc sur les ducs, seigneur sur les seigneurs qui sont ne qui furent oncques. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 297).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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