C.N.R.S.
 
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     PRIX     
FEW IX pretium
PRIX, subst. masc.
[T-L : pris ; GDC : pris ; DÉCT : pris1 ; FEW IX, 371 : pretium ; TLF : XIII, 1225a : prix]

A. -

"Valeur commerciale ; coût de qqc."

 

1.

Au propre "Valeur commerciale (de ce qui s'achète, d'un bien, d'une marchandise, d'un animal à vendre)" : Et nous appelon pecunes toutes choses quelconques desquelles le digne pris et la valeur est mesuree et estimee par monnoie. (ORESME, E.A., c.1370, 230). LE MARCHANT. (...) Le garnement est bon et gent, Mais ne le vueil plus barguignier, Car je n'y voy pas a gaaingnier Sur si grant pris. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 259). Athabary fut, selon aucuns, environ ce temps souffisant astrologien et sa coustume estoit, chacun an, de prenostiquer sur le pris des choses par la revolucion de l'an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

 

-

À / pour tel prix : Item, dist que desdiz deux demi draps de sanguine prins à Vernon, il vendi ausdiz maistres d'escolle huit aulnes à la mesure de Laon, l'aulne au pris de XVIIJ s., dont il reçupt XXIIIJ s., et le residu il bailla et lessa en garde à Laon, à sondit hoste. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 33). ...neantmoins estoient les vivres en grant chierté à Paris, et vendoit on busche, blefs et avoines à plus hault pris que on n'avoit fait long temps par avant. (FAUQ., I, 1417-1420, 184).

 

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À juste prix : ...si comme se un achete a juste pris une chose et asséz tost aprés elle soit plus chiere et la vende plus, il gaaigne sauve justice. (ORESME, E.A.C., c.1370, 291). Dieu rendra tout a juste pris. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193).

 

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À / pour prix convenable / modéré / raisonnable : ...et ycelui pain visité, comme il appartient, le facent delivrer à ceulx qui en auront le soing pour pris convenable, en regard à la valeur du blé et de la farine (BAYE, I, 1400-1410, 336). ...que de cy en avant ilz vendent et delivrent leurs bois et busche à pris moderé, raisonnable (FAUQ., I, 1417-1420, 217). ...se ilz ne lui livroyent vivres et fourrages par amour et à pris raisonnable (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 51).

 

-

[Contexte métaph.] Pour tel prix. "À de telles conditions" : Or ça, de par Dieu, dist il, puisqu'il fault que ainsi soit, je suis content ; mais plus n'y revenez pour tel pris. [Une femme exige de son amant qu'il l'honore à plusieurs reprises] (C.N.N., c.1456-1467, 523).

 

-

De tel prix. "De telle valeur" : Item, une espée du pris de trois frans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...son compaignon, tout a cheval, present le juge, lui donra un dyamant lyé en or du pris de IIJc escus (LA SALE, J.S., 1456, 80).

 

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De prix. "De valeur, de grande valeur, précieux" : Et si li ay le present fait De l'annel et des draps de pris (Mir. Clov., c.1381, 210). Gros dÿamans, turquoises, cornalines, Perles de pris grandement estimees (LA VIGNE, V.N., p.1495, 167).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 233 (11930, aqueton de près ; forme due à la rime).

 

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De grand prix. "De grande valeur" : Vostre levrier sont de grant pris, Quant ataint l'ont [le cerf]. (Mir. femme roy Port., c.1342, 171).

 

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De petit prix. "De faible valeur" : Et dist que ledit cheval ilz ne emblerent point audit homme, pour ce qu'il estoit de petit pris et ne se povoit aidier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 37).

 

-

Avoir bon prix de qqc. : Si les acheta et en eut bon pris. [Un maître d'hôtel souhaite "avoir bon compte" de deux perdrix que vend un marchand] (C.N.N., c.1456-1467, 581).

 

-

Faire prix. "Fixer un prix" : Et se le vendëeur li disoit senz faire pris que il la preïst [la chose] pour ce que elle vault, ce seroit plus juste chose que l'acheteur taxast le pris que le vendëeur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 454).

 

-

Mettre qqc. à / en prix. "Fixer la valeur de qqc. dans une vente, estimer la valeur de qqc." : ...senz compter ne mettre en pris les chasteaux, manoirs et maisons, ont esté prisié et estimez si comme il est ci aprés escript. (Comté Champ. Brie L., t.2, 1344, 460). ...et ce nonobstant a l'en crié l'edifice du pont, et a esté miz à priz à IJ vies, à XXXIJ libvres de rente (BAYE, I, 1400-1410, 255). ...d'avoir visité et mis a pris par bonne loyale priserie les dis molins d'Alost (Doc. 1424. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 830).

 

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Mettre qqc. à prix raisonnable : ...pour avoir advis et deliberacion sur ce qu'estoit à faire pour mettre à pris raisonnable les vivres et marchandises neccessaires pour la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 207).

 

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[Contexte métaph.] "Considérer la valeur de qqc." : Je recongnois que le pecheur Sui qui tant ay vers vous mespris Que se le voulez mettre a pris De pardon avoir ne suis digne. (Mir. prev., 1352, 263). A ton fait bien considerer, Jhesus, ou tous biens sont compris, Il n'est homs qui sceust mectre a pris La valleur de ta grant puissence. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 426). [Même contexte ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 979]

 

.

P. ext. "Mettre qqc. en vente" : Trop bien les scevent mettre a pris [les produits de la chasse] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 409). ...lettres closes de par mesdis seigneurs à Beaune et à Chalon aux bailliz desdiz lieux, pour publier et faire savoir à tous merchans qu'il vouldroit mectre à pris la poullaillerie, boucherie et poissonnerie pour le service de la despense de mondit seigneur pour l'an CCCC et dix huit, qu'il alassent incontinent devers mesdis seigneurs pour les oïr et en faire delivrance (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 188). ...actendans continuellement s'il y viendroit aucuns marchans qui missent à pris et à l'enchière les mesnages et biens meubles de Jacques Cuer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 132).

 

-

Ne point parler du prix. "Ne pas en dire plus" : VERDIER. Je viens de voir Plaisant Follie Ou plusieurs foulz ont esté pris. JAUNE BEC. Il ne fault point parler du pris. Desus vostre doy la virez ? ["Vous voulez en faire ce qui vous plaît ?"] VERDIER. Tout est bien. JAUNE BEC. Vous la gouvernés, Tout le monde le set bien dire. (Pipée R., c.1470-1480, 206).

 

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Le prix du sang : Cest argent cy est pris de sang, Il ne le fault point mectre au Temple ; Ung champ en achetés ansamble Pour les pelerin mectre en terre. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 188). [Réf. à Matth. 27, 6-7]

 

-

(À) prix fait

 

Rem. V. prixfait.

 

2.

En partic. "Valeur extrinsèque (de la monnaie)" : En signe de laquelle loy et cours, toutes les pensions et revenues annuelles sont taxees au pris de la monnoie (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXVI). ...et ne doit le Roy muer pié ne pris en ses monnoies de Paris ne d'ailleurs, que pareillement ne fust fait esdictes monnoies de Tournay et Saint-Quentin. (FAUQ., II, 1421-1430, 63).

 

Rem. Escus sans prix "écus réels, de pleine valeur (qui n'ont pas à être évalués en valeur extrinsèque)", A. Derville, Sénéfiance 12, 1983, 128.

 

-

Prix en monnaie : Or ne est il pas difference se l'en donne .V. .liz. pour une maison ou le pris en monnoie que les .V. .liz. vallent. (ORESME, E.A., c.1370, 297).

 

-

[Dans un cont. métaph.] De petit prix. "De petite valeur" : ...ilz ont forgie et forgent besans de petit priz, en empirant de jour en jour la sainte arquemie des fins besans des dames, sans lesquelles arquemistes ne peuent venir a pardurable vie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 96).

 

3.

P. méton.

 

a)

"Somme due"

 

-

"Somme que rapporte la vente de qqc." : En celle induce, iceulx sept sains hommes vendirent tout ce qu'ilz avoient, et donnerent le pris aux pouvres pour l'amour de Dieu. (MANSEL, Fleur hist., c.1446-1451. In : Chrestom. R., 113).

 

-

"Somme due (en remboursement d'une dette)" : ...car il cherroit plus grant pris de admortir terres et heritages tenuz sans moien du Roy que d'autres (FAUQ., III, 1431-1435, 113). [Contexte métaph.] Item je te demande quelle chouse peut estre plus juste ou de plus grande misericorde ne signe de plus grant amour, a celui quy doit avoit le pris, que donner [pris] trop plus grant que n'est la somme qu'y doit, et non pas tant seullement plus grant pris, mais aussi tout et tres entierement, par pure et parfaicte affeccion, remettre et delivrer toute la debte qu'y devoit. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 255).

 

-

"Somme à payer en rançon" : Et l'en me dit qui aroit pris D'argent a leur taxacion ["pour payer la rançon exigée"], Qu'il aroit bien ["Qu'il y aurait bien"] redemption (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 110).

 

Rem. Songe verg. S., t.2, 1378, CLVIII, 1 (pres de rayson, "rançon").

 

b)

"Ce qui est de grande valeur marchande"

 

-

En grands prix. "En grand appareil, avec faste" : En non Dieu, seigneurs, il est temps De prochacer noz anemis. On m'a dit qu'i sont sus les champs En grans pompes et en grans pris (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 646).

 

4.

P. ext. "Coût de qqc., compensation qu'une chose appelle (prix à payer, au propre ou au fig.)" : Car ma mort et ma passion Sont pris de la redemption Dont nature humaine est garye. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 195). Le prince sage doit en ces choses esprouver celluy qu'il veult retenir pour son conseillier. Et, aprés que par longue espreuve le aura tel trouvé, il ne le peut trop chier ne par trop grant pris acheter. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 158). Et se Dieu donne a ung homme la grace d'estre tenu ou reputé si sage qu'i soit appellé au conseil d'ung prince et, pour complaire au peuple ou a ses amis ou a aulcun particulier ou meismes a son roy ou a son prince, il donne conseil aultre que bon et honeste et selon Dieu et raison, et que l'appetit de la glore ou grace qu'il desire avoir des hommes le maine en ceste cecité et aveuglement de faveur, il estime peu sa sapience et la prudence dont il est renommé, car il la jette en vente et la donne pour ung si legier pris que pour ung pou de vaine glore transitore comme le vent. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 253). Pour ce, dit saint Gregore ou VIIIe livre de ses Morales, que celluy qui pour vertus demande le loyer de la faveur des hommes, il donne tresor de grant valeur pour moult petit et moult vil pris. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 253).

 

-

À quelque prix. "Coûte que coûte" : Tallebot et plusieurs seigneurs Sont ensemble sus le pays En triomphe et en grans honneurs. Si conseille que nous aillons Courir sur eux a quelque pris (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 646).

 

-

Faire donner au prix. "Faire payer cher (un méfait)" : Car se le roy scet nullement Que j'aye son enfant occis, Il m'en fera donner au pris (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 60).

B. -

P. anal.

 

1.

"Salaire, gages" : ...de toy qui estoies serf j'ay fait ung homme franc et delivre, pour ce que tu me servoies liberalment ; et de ce que tu m'as depuis servi je t'ay toujours payé souverain pris. (RIPPE, Andrienne, a.1466. In : Chrestom. R., 206). Et, aprés qu'il fut deschargié et eut receu le pris de son labeur, il se remist au retour. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 190).

 

-

Au prix / à non prix. "Selon le salaire ordinairement versé / selon un salaire qui n'est pas celui qui est ordinairement versé (en raison d'une qualité de service médiocre)"

 

Rem. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 623, 625 (doc. 1341-1343, 1355, 1361 ; écuyer ou archer monté au prix / à non prix, selon que son cheval est ou non de bonne qualité).

 

2.

"Récompense" : ...de toute nostre conquest voulroit avoir le pris (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 44). LE FOL. Prier sans pris est vin doulx sans vaisseau (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 120). Certes, m'amie, tres bon pris me donneras se prieres et oroisons faiz a Dieu pour moy. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 139).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Jhesus, vous donnés ad moy vie, Jhesus m'amour et moy s'amie, Jhesus mon filz et moy sa mere, Jhesus ma tour et moy sa crie, Jhesus mon ris et moy sa chere, Jhesus mon pris, moy son salaire, Jhesus mon pain et moy sa cher (Pass. Auv., 1477, 166).

 

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Pour nul prix. "Pour rien au monde" : Vostre entreprinse est honnourable et bonne. Je ne la veulx pour nul pris empeschier (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 204).

 

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Le prix de qqc. "La récompense de qqc." : Et si sachiez que maint desplaisir ay, Et maint ennuy que ja ne rediray, Pour amours pris. Si sçay trop mieulx qu'en doit valoir le pris ["ce que vaut la récompense d'amour"] Ne d'en parler ne doy estre repris, Car a chier coust l'ay a l'essay apris Mainte sepmaine (CHART., D. Fort., 1412-1413, 165).

 

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Avoir le prix de qqc. "Être récompensé de qqc., être le plus à récompenser en qqc." : ...sil avras [var. Sy arez] pris de renommee. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 105). ...de sainteé avoit le pris, Ne nulle part ne parloit on Que de la grant devocion Qu'en li [l'abbeesse] avoit. (Mir. abbeesse, 1340, 81). ...de la bataille ont le pris Amilles et Amis, car pris Ont Gombaut (Mir. Amis, c.1365, 12). A ta deïté ce jour pence Pour avoir de joye le pris. Si en toy, pere, plus fort pence, Je varrey avec toy mon filz. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

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Porter le prix de qqc. "Mériter la meilleure récompense en qqc., être le meilleur en qqc."

 

Rem. CH. PIZ., Oeuvres poét., éd. M. Roy, I, 277, DI STEF., 731a.

 

-

Mettre un prix sur qqn (un criminel). "Promettre une récompense à celui qui permet d'arrêter (un criminel)" : ...savoit son bannissement et les peines qui estoient mises sur ceux qui le celeroient, le prix qui estoit mis sur celui qui l'accuseroit (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 177).

 

3.

"Récompense accordée dans une compétition" : Mais sottye emporta le pris (Ysaÿe Triste G., p.1400, 360). Se j'estoye prince du pays, Sur tous lui donroye le pris [à la fille d'Hérodiade], Car a lui affiert grant honneur. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 84). Par le sanc tieu, j'arey le pris, Si scey je bien. J'ey la magniere et le moyen De bien tyrer, je vous affie. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 264). Et qui en jeu se treuve plus commun Acquiert souvent entre joueurs le pris. (Lyon cor. U., 1467, 34).

 

4.

En partic. "Récompense accordée au vainqueur d'un combat chevaleresque" : ...si leur demanda Qui du tournoy avra le pris (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 289). Tant tournoiont que Radus en oit l'honneur toute. Et les heraux commensent a crier : "Les preis ! les preis ! Cy les preis at Radus, le petit vowé de Liege !" (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 176). ...celluy qui avra le pris du tournoyement (Chev. papegau H., c.1400-1500, 27). ...et sera cellui tenus de paier tous les pris des armes a faire, comme se il les avoit l'un aprés l'autre tous perdus. (LA SALE, J.S. E., 1456, 230). Au roy, le lundi des festes de Penthecostes, XIe de may, huit paulmes de violet, qu'il a donnez à celui qui a gaigné le pris des joustes qui se firent ledit jour en la place des Frères Prescheurs d'Aix, à raison de II florins le paulme, vallent XVI fo. (Roi René vie L., 1478, 380).

 

Rem. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 186.

 

5.

"Récompense, gloire qui revient au vainqueur d'un combat" : Si ert cilz eüreus qui avra tel povoir Que de donner biaus coups et puis du recevoir, Et c'om pourra le pris sur ses coups aseoir. - Par ma foy, dit Butor, qui pourra tant valoir Jamais ne li pourra en armes mescheoir. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 71). Ons en peult conquere les pris : se l'iray assailhier, foys que je doye saint Denis ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 229). Et pensez de vous bien deffendre, Que vous puissiez gaigner le pris. (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 363).

C. -

Au fig.

 

1.

"Valeur (morale, intellectuelle...) attachée à qqn ou à qqc."

 

a)

[À propos d'une pers.] "Valeur, importance de qqn" : Einsi m'a doucement pris Et mis en son dous pourpris, Et, certes, je me rens pris, Sans partir de sa prison, Car nices et desapris Sui, mais bien serai apris Et porrai monter en pris, Se je l'aim sans mesprison. (MACH., Lays, 1377, 332). Je ne parle que des mocqueurs, Qui toute gent ont en despris, Excepté eulx, ou n'a nul pris. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 65). Princes puissans, si n'aiez en depris Mon petit dit pour mon trop petit pris. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 3).

 

-

De prix. "De valeur, de grande valeur" : Les princes, les barons de pris... (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 78). Ce doulx vaissel precieux, excellent, Fu le saint corps de la vierge de pris, Marie (Mir. ev. arced., c.1341, 144). Encore s'elle eust attrait A soy un noble homme de pris, Ce fust une ; mais elle a pris Un nain contrait (Mir. marq. Gaudine, 1350, 147). LE ROY. Gentil herault, par toy fault que soit pris Le grant chemin et en voye te mectre Pour t'en aller vers l'empereur de pris, Et luy donras de par moy ceste lectre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 250). Nobles barons et gens de pris, Pensez trestous de vous armer (Myst. st Laur. S.W., 1499, 148).

 

.

De grand prix/De haut prix : Ung filz ot de Philicanbris, Sage, puissant et de grant pris. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 111). Et en ce sommeil qui m'ot pris Vi une dame de grant pris, Qui royne sembloit bien estre (Mir. emp. Julien, 1351, 206). Un aucteur qui fut de grant pris, Qui fu evesque de Senlis... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 314). ...Et les sentences et escriz Des Philosophes de hault prix, Pour les corps humains préserver En temps de boce et énerver Le très faulx mal d'épidémie (LA HAYE, P. peste, 1426, 18). ...deux chevaliers de tres hault pris (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 53).

 

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De bas prix. "Vil, de piètre condition" : ...j'avoie grant dueil qu'aviés pris Une femme de si bas pris Que ce n'estoit qu'une avolée C'on ne savoit dont estoit née (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 71).

 

-

En partic. "Valeur chevaleresque, vaillance (et gloire qui s'y attache)" : Chevalier qu'est de bien empris Doit estre courtois et gentilz Et doit garder pris et noblesce. Purement se doit contenir. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 88). ...anssy serat Ogier eslis entre tous chevaliers du monde et les passerat tous de pris, de sanc, de forche, de proesse, de fierteit et de noblesse (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 40). ...comme bon chevalier plein de pris et de raddeur (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 453).

 

-

[À propos d'un animal] "Valeur" : ...Un faucon qui est de grant pris (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 96).

 

b)

[À propos d'une chose] "Valeur, importance de qqc." : C'est desirs qui tout set embler (...). C'est ce qui met aus choses pris (ACART, Prise am. H., 1332, 15). ...non obstant que je ne veul pas dire ne affermer que le pris et merite de la precieuse mort de Jesu Crist ne soit plus grant et trop plus exellent et de plus grant valeur en toutes grandeurs, pour satisfaire, que n'est la magnitude des pechiez des hommes ne des angelz. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 256). ...et qu'ilz daignet souffrir l'umble translateur de la dicte histoire pour le pris, approbacion et multiplication d'icelle (MILET, Épître épilogative, éd. M.-R. Jung, 1452. In : Trav. Ling. Litt. 16-1, 1978, 252).

 

-

De grand prix : ...jaçoit que j'ay veu ung Ytalien juif qui disoit avoir veu les euvres de astrologie du saint Salomon en Espaigne, en ung chastel, que l'on tenoit moult souveraines et de grant pris. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 33 r°).

 

2.

"Estime portée à qqn ; respect porté à qqc."

 

a)

"Estime portée à qqn, honneur, réputation" : ...il n'a de bien faire cure, Ne ne tient a avoir nul pris (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 2). Et ma dame, sachies de voir, Se los ne pris m'en est donné, Qu'il me vient de vostre bonté (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 342). Graces vous rens, loenge et pris, Quant moy fol de pechié espris Deignez cy de vostre presence Visiter (Mir. parr., 1356, 39). PREMIER CHEVALIER. (...) Dame, je vous pri qu'il vous plaise Qu'il soit de vous a mercy pris : Si en acroistrez vostre pris Et vostre honneur. L'EMPERERIS. De honte avoir ne deshonnour Me garderay a mon pouoir (Mir. emper. Romme, 1369, 270). ...pour ce qu'il puisse acroistre son pris et son los (Chev. papegau H., c.1400-1500, 45). ...car c'est sil que orez porte le pris de tous les chevaliers du monde (Chev. papegau H., c.1400-1500, 45). Pour acquerir honneur et pris... (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 123). Qui veult avoir honneur et pris... (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 129). ...parquoy ilz perdent los et pris (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1051). Et puis s'en vat a la royne, qui lui dit : "Hé ! Saintré, puis qu'il fault que vous en alez, nous toutes prions Dieu qu'i' vous doint pris d'armes et joye de voz amours." (LA SALE, J.S., 1456, 97). ...et par ce en acquisses loenge et pris (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 189).

 

-

En partic. "Renom dû à la richesse" : Or m'as tu oy raconter Comment on puet à pris monter : Se tu crois mon enseignement, Riche seras parfaictement (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 27).

 

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Bon / mauvais prix. "Bonne / mauvaise réputation" : [Une dame met à l'épreuve un chevalier en lui imposant de se faire battre] ...car je veux que vostre maulvais pris coure par tout le monde contre le bon pris que vous avez orez. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 29).

 

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Tenir qqn en (grand) prix. "Tenir qqn en grande estime" : ...combien que ceulz de Rome fussent en aucun temps tenuz en grant pris, et que ilz fussent bien raisonnables et sont pour la plus grant partie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 304). Cil glorieux de qui vient toute grace Vous tiengne en pris (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 1).

 

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Estre en prix de. "Être digne de, mériter de" : Encore estoit il bien em pris De vivre sans avoir empris L'amors de l'amere mort sure (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 124).

 

b)

"Considération portée à qqc." : Je forme aprés sur ces escriptz Une question bien aguë, Subtille et digne de hault pris, Mais qu'elle soit bien entendue. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 190).

 

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"Prestige de qqc." : Et fut donné ["attribué"] le bruit et le prix de la feste, tant dedans comme dehors, au seigneur de Wavrin (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 268).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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