C.N.R.S.
 
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     LOUP     
FEW V 457a lupus
LOUP, subst. masc.
[T-L : lou ; GD : loup ; GDC : loup ; AND : leu1 ; DÉCT : lou ; FEW V, 457a : lupus ; TLF : XI, 15a : loup]

A. -

"Animal sauvage carnassier, loup"

 

1.

Au propre : De Dieu soit il maudis et tués d'une herse, Ou decopez par pieres com la terre c'on herse, Et com le laboureur la fent, quant il la berse, Ou pendus au gibet de la ville de Merse. Dyables en ait l'ame ; ja Dieus ne la renterse. Et la char soit aus leus : s'iert pour euls bonne aerse. (MACH., Compl., 1340-1377, 266). Adont fu une pierre ostee Qui moult estoit pesant et lee, Si le mirent sans demourer, Pour li mangier et devourer, Comme l'aignel entre les leus, Avec les lions familleus. Daires commanda qu'on preïst La pierre et qu'on la remeïst Dessus l'entree de la fosse. (MACH., C. ami, 1357, 40). Nous dison que le porc est desactrempé en rudesce et ordure plus que le brebis, et le moineau en luxure plus que la tuertre, et le louf en devourer plus que le buef, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 386). Et [le pasteur] se expose as perilz pour elles [ses oailles] contre les leups et les mauvaises bestes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 438). S'elle [une fille] est assaillie des leux, Elle est de sa vie en doubtance. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 104). Aucunnes genz dient que onques lou ne vit son pere, et c'est verité aucunne foiz et non pas touz jourz, quar il avient que, quant la louve en a mené celui que elle veult plus, comme j'ay dit, et les autres lous s'esveillent, ilz se metent tantost as routes de la louve, et, s'ilz treuvent que le lou et la louve se tieignent ensemble, trestouz les autres courent sus au lou et le tuent. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 94). Item, se ilz treuvent aucuns remenans de loups en ychelle forest, ilz les pevent prendre et emporter sans amende. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 69). Vous irés ailleurs tabourer, Se ne voulez assavourer La mort, comme voz compaignons, Que loups pevent bien devourer, Car mors gisent par les sillons ! (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 36). En songe je veyes liompars, Chiens, chatz, loups et renars, Ouls, lions, colevres, sanglers, Noirs hommes et fort estrangiers (Pass. Auv., 1477, 167). Predist aussi le merveilleux lop que fut ou territoire de Geneve, que mengeoit hommes, femmes et enfans et de tous aages, et tant que, en peu de temps, devoura plus de XXX personnes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 117 r°). À ceste cause, les bois furent tant plains de loupz, qui menjoient hommes et femes et enfans et en furent plusieurs occiz, pourquoy fut ordonné que pour chacun loup que l'on pourroit prandre, l'on auroit XX solz, sans ce que le commun pourroit donner. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 v°). Vous estes ministre et pasteur Des povres berbis esgarees Qui, par quelque faulx seducteur, Des bons pastis sont separees Et de mal paistre preparees Au dangier, dont souvant advient Qu'elles sont du loup devorees, Quant ainsi dessus elles vient. (LA VIGNE, S.M., 1496, 258).

 

-

Le loup brait / hurle : Mais se combat et hule comme un leux (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 27). Braie brairoit comment uns leus (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 72). Vous hurlez comme ung lou famis. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 47). Hurlant comme un loup forcené (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 94). Il brait comme un loup forcené (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 436). Ces payens crient et brayent comme loups affamés. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 150). Change la voix de la belle seraine Doulce et seraine en hu de leups meschans (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 12).

 

-

Laisser le corps (d'un ennemi, d'un martyr...) aux loups. "Abandonner un cadavre aux loups (en marque d'infamie)" : Nous avons fet sen ennuy La justice, mon segnieur doulx. Le corps [du martyr chrétien] avons leissé au loups Ainsi, mon segnieur, qu'il se doit feyre (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 224). Il nous fault choisir proprement De noz gens pour les enterrer, Et lessez les leur [des ennemis] sur les champs Es loups, s'i les veullent mengier (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 345).

 

-

Estre chassé des loups : Et quant il fut hors de la chambre, il commença tant qu'il peust a fuyr comme se il fust de cinquante loups chassiez. (LA SALE, J.S., 1456, 10).

 

.

Chasser qqn aux loups. "Mettre à mal (?)" : On nous devrait chasser aux loups De tant endurer. (Myst. Judith Holofernés R., c.1490-1500, 105). [G. Roques, R. Ling. rom. 60, 1996, 631]

 

-

Prendre le loup au piege : Se tu pues sentir ou vëoir Que tes anemis assëoir En bourc, en chastel ou en ville Te vueillent, aies tant de guille Qu'adès aies la clef des chans, S'orras des oisillons les chans, Et ne te laisse par un siege, Einsi comme un leu, penre au piege. Et se tu y vues demourer, Y te couvient sans demourer Yssir a plain et toy combatre Pour ton heritage debatre, Ou ton honneur n'i seroit mie. (MACH., C. ami, 1357, 119).

 

-

[Représentation du loup] : ...et sy portoit ung escut d'or a ung leu et II aingneaux. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 10).

 

2.

Loc. Entre chien et loup. "À la tombée du jour, quand on ne peut plus distinguer un loup d'un chien" : ...le dit Bery Andiau aidoit à monter sur une jument en la dicte ville de Triou, entre chien et lou (Doc. Poitou G., t.5, 1385, 256). Je leur laisse en queues et en muys Estre entre chien et loup mussés (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 60).

 

-

Queue leu leu. V. queue

B. -

[Image que l'on se fait du loup (en partic. dans les compar.) ; locutions, proverbes, emplois métaphoriques]

 

1.

[Animal vorace]

 

a)

[Le loup est souvent affamé] : Affamez sommes comme loups. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 226).

 

-

[Le loup dévore, étrangle] : Item , autel est il des bestes sauvaiges qui sont devourans et ravissables, comme loups, leons, leopars et les semblables, qui sont bestes farouches, fieres, cruelles, devourans et ravissables (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 69). Le loup ravist et estrangle les ouailles (ROB. HERL., Déb. fauc. lévr. H., c.1470-1500, 38). Je pry Dieu que ravisans loups M'estranglent, se plus je marmouse. (Retraict T., c.1490, 239).

 

-

[Mais le loup peut survivre longtemps sans se nourrir] : ...Que les loups se vivent de vent (VILLON, Lais D., c.1456-1457, 65).

 

b)

Prov. La faim fait saillir le loup du bois : Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

 

2.

[Animal féroce, le loup agit avec rapidité et fureur]

 

a)

[Dans des comparaisons]

 

-

[Avec une valeur positive, quand le combattant est comparé au loup] : Il se fiert en l'estour com li leus affamés Se fiert ens ès brebis. (Bât. Bouillon C., c.1350, 17). Et Tristan lui ceurt sus quon ly leus au mouton (Tristan Nant. S., c.1350, 404). ...ains leur court sus comme le loup familleux fait a la brebis. (ARRAS, c.1392-1393, 232). ...et s'embat en la greigneur presse, ainsi comme le loups entre les berbis quant il a grant fain. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 39).

 

-

[Avec valeur négative] : ...il ala ainsi courant come le leux familleux va suyvant la beste ou la brebis (Chev. papegau H., c.1400-1500, 46). ...si comme brebis chassees despourveuement des leuz ilz sont espoentez (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 71). Ne sommes nous pas yci tous Plus actis que sanglers et loups A tout mal feyre ? (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 166).

 

b)

P. métaph.

 

-

"Diable" : Et les autres en celle ordure De celle tres orde Luxure, Qui ench[a]ainéz comme loups Les meine en enffer deux a deux. (Liber Fort. G., 1346, 145). Si vueilliez avoir remambrance de nous qui sommes ca jus comme voz povres brebis en diverses enfermetez et en continuelz perilz. Les unes sont livrees en la gueule des loups d'enfer pour estrangler. Les autres trebuschent es fosses de ire ou de impacience. (GERS., P. Paul, a.1394, 491).

 

Rem. JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse, 1342, éd. A. Långfors, Romania 45, 1918-1919, 76 (Si que je puisse estre rescouz Et ostez aulx infernaulx louz).

 

-

"Homme cruel, nuisible, prompt à faire le mal" : Dieux nous gart de telz leux, Qu'a grant paine sont gent de court loyaulx [ici les envieux]. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 27). ...selon que le monstra mesmement la conversion d'iceluy saint Pol, duquel nous parlons, qui de persecuteur et de loup ravissable fut sans arrest mué en defenseur et brebis aimable. (GERS., P. Paul, a.1394, 496). ...de tieulx sergens Fait on pastours, qui sont droit loups Et de char devourer jaloux (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 6). Loé soit Dieu, qui m'a geté Hors d'erreur et de fausseté (...), Qui m'a en doulz aignel changié De lou sauvage et enragié (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 91). ...pour complaire aux leupz qui les estrangleront, tindrent le bregier et ses chiens prisonniers (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 607). Soions simples comme moutons Devant leux fameilleux, rabis, Affin qu'en sa gloire montons. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 94).

 

3.

[Animal dangereux, redoutable]

 

a)

[Le loup a toujours des intentions redoutables, le loup ne change pas] : A sa nature va tousjours le lieu traiant. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 399). Li leus ala a Romme, la laissa de son poil et neant de ses coustumes. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 586). Le loup scet tousjours bien Que male beste pense. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 56).

 

-

[Agit par surprise] : Ilz nous cuident sousprendre ainsi que leu pastour (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 96).

 

-

[Rôle du berger protecteur contre le loup] : Simple pastour fait le leu pestre (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 58). Au mol pasteur va li loups brebis prendre. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 158). Quant bergier dort, loup vient tandis. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 137).

 

b)

Loc.

 

-

Affubler / vestir la peau du loup : Qui le leu ne veult resembler La pel ne doit pas affubler. (Liber Fort. G., 1346, 85). Qui ne veult le loup ressambler, N'en doit pas affubler la peau. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 68).

 

.

[Loup vêtu de peau d'agneau] : ...Qui ont esté vestu de pel Dë aigniaus, et estoient leups (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 151). Et dez fois plusieurs Sont loups ravisseurs Soubz peauls de brebis (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 388). [Matthieu VII, 15 : "Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous vêtus en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces"]

 

.

Faire d'un agneau un loup : ...comme on dit vulgairement que de l'aignel on en fait devenir loup par le trop surquerre (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 281).

 

-

Crier / huer / hurler au loup. "Avertir d'un danger (de façon bruyante)" : Parlez bas, qu'on ne l'oye mie, Il samble que criés aus lous (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 404). J'ameroyes mieux, par Dieu, huer Tous les jours a ung tas de loups. (Sots Magn., a.1488, 205).

 

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Crier / harer / huer / hurler le loup : Tout leur bien, c'est d'eulx oïr escondire, D'estre haïz et huez comme leux (Cent ball. R., c.1388-1396, 217). On crie tousjours le leu plus grant qu'il n'est. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 590). Qui entre les loups est, uller l'estuet (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 594). Est ce un leu qu'on hare ? (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 104).

 

-

Faire le loup à la carriere. "Guetter, se poster en embuscade" : Dedans ses boys m'en vois guetter, Faisant le loup a la carriere. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7).

 

-

Faire du loup le berger. "Agir en ignorant le danger, la menace d'une situation, d'un individu" : Fui l'anemi, car vraiement Chils se honnist trop laidement, Qui veult faire du leu pastour. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 146). Bauduins i ala, par telle destinée, Que dou leu fis bregier, à celle matinée. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 179). Othovïen n'ot mye bon conseil ny entier Quant a ces deux traïttres volt sa terre laisser, Quar il peut moult bien dire du loup a fait bergier. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 399). Là fist li roy de leu pasteur. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 84). Sire, vous aveiz fait du leux le pasteur (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 129).

 

Rem. Prov. H., 151 [L88].

 

-

Hurler avec les loups./S'associer avec les loups : Il faut hurler avec les leux ; Quant on s'embat a la mellée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 342). Et qui ne veult avec les loups hurler, Il doit au moins, pour appaiser rumeurs, Taire, souffrir, faindre, dissimuler. (Neuf unica du ms. de Stockholm, éd. F. Lecoy, c.1400-1500. In : Trav. Ling. Litt. 16-1, 1978, 297). Telz pastoureaulx Ont dessoubz eulx des pasteurs faulx, Qui se associent avec les loups, Et les povres aigneletz doulx Endurent tout. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 80). Pour eviter dissencion, On doit huller avecq les loups. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 49).

 

Rem. CHR. PIZ., Oeuvres poétiques, éd. Roy, II, 43 (Et avec le loups fault huler).

 

-

Trebucher dans la gueule du loup : Tresbuché suis en la gueulle des leups (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 629).

 

c)

Prov. : Encontre .iiij. leus valent poi .ij. mouton. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 19). A petite achoison prant le lou le mouton. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 574).

 

-

À chair de chien, sauce de loup. "De mal en pis" : Tousjours devie ung orguilleux : A chair de chien saulce de leux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 593).

 

-

Deux loups s'accordent à prendre une brebis : ...et tout environ elle [une bête monstrueuse symbolisant "état pompeux"] estoyent sensues, couleuvres, laysardes, par lesquelz je entens gens vicieux ou desirs pervers qui sussoyent la partie de ceste beste jusques aux os, et a toutes choses estoyent a descort fors a ce faire comme deux loups s'accordent a prendre une brebis (GERS., Noël, p.1404, 308).

 

-

On ne peut faire d'un loup un ange : On ne peult faire d'ung lou ange. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 55).

 

-

On ne peut traire le loup de sa peau : Si que je di Que vous rariez aussi tost vostre ami, Comme on aroit mué le cuer de li Ad ce qu'il fust entierement en mi Mis sans retraire ; Car on ne puet le leu de sa piau traire, Sans l'escorchier, n'on ne puet d'un buef faire Un esprivier, ne aussi le contraire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 99).

 

-

Qui parle du loup, il en voit la queue : ...qui parle du loup, il en voit la queue. (LA SALE, J.S., 1456, 291). Car tel devise aulcunesfois Du loup qui le treuve a sa porte. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 44).

 

.

[Correspond au latin lupus in fabula] : Ly loups est en la fable. (Pastor. B., c.1422-1425, 258).

 

-

Tousjours va le loup au bois : Et se j'avoie L'amour de li mieus que je ne soloie, Ne say je pas, se je m'i fieroie. Certes, nennil ! Pourquoy ? Je n'oseroie. Car nourreture, Si com on dit, veint et passe nature, Et toudis va, s'il ne se desnature, Li leus au bois ; c'est la verité pure. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 95). Toutdis refuit li leus au bos. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 265).

 

Rem. P. iron. : Dieu gart la lune des loups (MACHO, Esope R., c.1480, 1037 et 1400).

C. -

P. anal.

 

1.

[Pour désigner d'autres animaux, réels ou légendaires]

 

a)

Loup cervier./Chat loup. V. loup-cervier "Lynx" : Toutes voies y a il de diverses manieres de chaz sauvaiges, espiciaument il en y a uns qui sont granz comme lieparz, et ceuls apelent aucuns loups cerviers et les autres chaz loux. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 104). Et, s'il treuve des autres granz chatz que j'ay dit, qui semblent liepartz, que aucuns appelent loups cerviers, de ce aura il bonne chasce. Et c'est mau dit, quar ils ne sont ne lous serviers ni chatz lous. On les pourroit mieulz apeler chaz lieparz que autrement, quar ilz traient plus a liepart que a autre beste. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 247). ...si ont abis De pastours et sont loups cerviers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 6).

 

-

Loup cervin : Lapis lincis, c'est la pierre de lin. Elle est faite de l'urine du leu cervin (Grant herb. C., c.1450, 125).

 

b)

"Bar (poisson vorace)" : Ung jour advint que les pescheurs de celle contree peschant en la mer prindrent ung poisson appelle leu. Et pour la beaulté de luy le donnerent au conte et a la contesse (Belle Maguel. C., 1453, 42).

 

Rem. Z. rom. Philol. 94, 1978, 670.

 

-

Loup marin : Le loup marin, qui est a dire le lus, a en sa dextre maxille ou bagoe une espine en semblance d'une croix (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 148).

 

c)

"Phoque" : La vient tant de loups marins que c'est merveille, et pouroit on chascun an avoir de proufit des peaus et des gresses cinq cens doublez d'or ou plus. (GADIFER DE LA SALLE, Canarien, c.1404-1406. In : Chrestom. R., 65).

 

d)

Loup-garou. V. loup-garou

 

2.

[Pour désigner des choses]

 

a)

"Machine de guerre aussi appelée corbeau, destinée à saisir le bélier et à le lever vers le haut" : ...contre l'engin, que on appelle moton, on fait un autre, que on appelle loup. Ceulz du chastel font un fer courbe et à tres fors dens agus, et le lie l'en à cordes, par quoy ilz pren[en]t le tref, qui est appellé mouton ; adonc, quant il est pris, ou ilz le trayent du tout amont, ou ilz le lie[ve]nt si hault que il ne peut plus nuire aux murs du chastel (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 238-239). Item leur fault avoir un autre engin, qu'on appelle loup, auquel a ung fer courbé, qui très fortes dens a et agües, qui soit assiz de telle manière sur le mur qu'il vienne engouller le tref du mouton et le tiendra si fort qu'il ne pourra tirer n' avant n'arrière ; et aucuneffoys le tire l'en en hault à force de cordes, si que plus ne leur peult nuyre. (BUEIL, II, 1461-1466, 52). ...aucuns engins, machines et instrumens comme tours de bois, vignes, sambucques, bricoles, espringalles, martinès, moutons, leups, chatz, truyes et grues, desquelz on usoit ancyennement pour rompre et abattre murailles (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 44).

 

b)

MAR. Voile loup. "Voile noire permettant à un navire de passer inaperçu la nuit (ou entre chien et loup)" : ...un vele lop, un vele bourne (...) deux grapins de fer a caennez, trois rampillons de fer (...) un cent d'estreupe pour arder esdiz phanarz. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1369, 202).

 

Rem. Cf. JAL2, 946a, s.v. lupo, et 1555a, s.v. voile.

 

c)

MÉD. [et langue cour.] "Lupus, ulcère rongeur" : Phisique conte d'un grief mal Q'est appellé le loup roial ; Cil guaste toute medicine Et si n'en guarist au final. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 99). Je chié souvent du mal Saint Lou, J'ay cors, j'ay le fil, j'ay le lou (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 151). ...car chancre sicomme nous dirons cy aprés vient plus es parties basses et l'appelle on aultrement loup (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 18). ...et comment elle estoit abusée de volloir avoir à mariage le filz du duc de Clèves qui n'estoit que ung yvroigne, disant qu'il avoit ung leup en la jambe (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 194). ...le bossu tomba par terre et le portier lui trouva ung loup en la jambe (MACHO, Esope R., c.1480, 240).

 

d)

"Filet de pêche en forme d'entonnoir, maintenu ouvert par des cerceaux" : Item, ilz peuent tendre et peschier en la riviere de Taute et autres eaues des dictes communnes et marests, hors temps de deffens qui est depuis la my aoust jusques à la my mars, de verveux laquelle aval, et peschier à lignes et lop, et à la brige (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 120).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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