C.N.R.S.
 
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FEW V legere
LIRE, verbe
[T-L : lire1 ; GDC : lire ; AND : lire3 ; DÉCT : lire1 ; FEW V, 242a : legere ; TLF : X, 1261a : lire1]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Prendre connaissance du contenu (d'un texte écrit)"

 

1.

[Le compl. désigne le texte lu] : ...Et s'ay puis maint livre leu (Mir. mère pape, c.1355, 365). Amis, ainçois abendonner Me vueil a ceste lettre lire. J'ay bien veu qu'elle veult dire... (Mir. parr., 1356, 53). L'ABBÉ. (...) En voz livrez pensez de lire A voiz bassete. (Mir. Theod., 1357, 89). Vueil commencier a chiere lie, En l'onneur ma dame jolie, Chose qui sera liement Vëuë, et joliement Faite de sentement joli Et de vray cuer, qui est a li. Or pri a ceuls qui le liront, Qui le bien dou mal esliront, S'il y est, qu'il vueillent au lire Laissier le mal, le bien eslire. (MACH., F. am., c.1361, 143). Et s'il avient que je li vueille escrire, Ne say s'elle vorra ma lettre lire. Et de si long ne li porroie dire Qu'elle m'affame Des tres dous biens amoureus, si qu'eslire De mes meschiés ne saroie le pire, Car en mon fait ne voy rien qui n'empire (MACH., F. am., c.1361, 162). La lettre prins et si la lui, Et voi la cy de mot a mot, Ainsi comme baillyé la m'ot. (MACH., Voir, 1364, 138). Ce fait, la fausse gent ont pris Toutes les chartres dou païs, Où les coustumes et les loys Estoient, et les drois des roys ; Si les ont arses et brulées Et en un ardant feu getées Si que mais ne seront veües, Ne retrouvées, ne leües. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). Encores veul et vous prie que vostre plaisir soit a souvent lire belles histoires, especialment les autentiques et merveilleux faiz que les Romains firent (LA SALE, J.S., 1456, 75). Lors tire une petite boyte (...) ou son saufconduit estoit, et a l'Anglois le tendit, qui d'un bout a l'aultre le leut. (C.N.N., c.1456-1467, 55). ...voulu veoir son saufconduit, lequel de bout en bout et tout au long je leys (C.N.N., c.1456-1467, 56). ...a monseigneur Talebot ses lettres presenta. Il les lysit (C.N.N., c.1456-1467, 56). Ce bon jaloux (...) et avoit beaucoup veu, leu et releu de diverses histoires (C.N.N., c.1456-1467, 255). Varro Marcus fut environ ce temps, homme de merveilleux labeur et estude, duquel il est escript par Therence qu'il composa plus de livres que homme en sa vie ne sauroit lire. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 v°). Mes beaux seigneurs, tous d'un consentement, Sans plus songer, lisez legierement Ce que dedens ces lectres pouez voir (LA VIGNE, S.M., 1496, 252).

 

2.

[P. méton. de l'objet]

 

a)

[L'objet désigne le contenu du texte] : David li prophetes jadis, Quant il voloit apaisier l'ire De Dieu, il acordoit sa lire, Dont il harpoit si proprement Et chantoit si devotement Hympnes, psautiers et orisons, Einsi comme nous le lisons, Que sa harpe a Dieu tant plaisoit Et son chant qu'il se rapaisoit. (MACH., Prol., c.1377, 10). Et doncques se tu lis ou se tu oys aucune doctrine si que tu lentendes et par ce tu congnoisses ce qui est a faire pour bien viure tu as bon commencement (CIB., p.1451, 177). Et puis dirent choses fort dignes Que tous ceux qui reschapperoient Tant qu'ilz vesquissent ne mourroient. Ainsi l'ay je leu sur mon ame, Certain il est par Nostre Dame. (Est., p.1460, 25).

 

-

Lire que... : Et ainsi seulement [les apôtres] ont esté envoiéz au regard de la creature, et si non par adventure que l'en porroit dire que le Saint Esperit envoie, quant il prend ung homme et le transporte d'un lieu a l'aultre. Comme nous lisons ou livre des Actes des apostles que Saint Phelippe fu transporté et ravy par l'esperit de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 119).

 

-

Lire qqc. de qqn. "Lire qqc. au sujet de qqn" : Pour se, s'il dit entre les saiges Qu'il est celluy, je le croy bien ; Car de Messias ne lizons rien Que ce Jhesus n'aye tout fait. (Pass. Auv., 1477, 120).

 

-

Lire de qqn / de qqc. : ...Comme les preux firent dont on list ore. (TAILLEV., Psaut. vil. D., a.1440, 128). Oncques ne leutes en rommant D'escu tant puissant ne tant chier. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 32).

 

.

Empl. pronom. à sens passif : Si pouons dire que cest[e] verité, que nostre Dame ne fut point conceue en pechié originel, est de celles qui sont nouvellement revelees ou declairees, tant par miracles qui se lisent comme par plus grant partie de saincte Eglise qui ainsy le tient. (GERS., Concept., 1401, 421).

 

b)

[L'objet désigne la langue du texte] : HONOIRES. (...) Dites : qui voulez vous, saint pére, Qui la vous lise ? LE PAPE. Ce cardinal, qui scet la guise De lire latin et romans. (Mir. st Alexis, 1382, 364).

 

c)

[L'objet désigne l'auteur du texte] : Se lisiez Valere la [l. le ?] grant Il le vous preuve cleremant. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 28). Tu qui me liz, aprent de moy que... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 67). Toutesfois dist le grant Valere, En son tres notable comment, Se ne m'en crois, se le va lere, Que... [mais peut-être le renvoie-t-il à comment] (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 183). Puis, seigneurs, qu'advés fait l'office, Les sancts prophetes vouldroye lire. Balhés moy, si vous plait, le livre, Et vous me fairés grant plaisir. (Pass. Auv., 1477, 116). Lisez le psalmiste David ; Tres bien y trouverés assis Ung ver qui dit : homo pacis, Qui s'entent que son bon amy Comme son mortel ennemy Le doit supplanter et trahir (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 924).

 

3.

"Relire (ce qu'on a écrit)" : Mon mantel en mon col fermay Et mis mon chapel sus mon chief, Et puis je lus de chief en chief La complainte qu'avoie escripte Pour vir s'il y avoit redite, Mais nes une n'en y trouvay ; Et encor moult bien esprouvay Qu'il y avoit, dont j'eus merveilles, Cent rimes toutes despareilles. (MACH., F. am., c.1361, 180). Chief enclin et moi moult malade, Ordonnai je ceste balade Et, quant je peuch, je l'escripsi ; Bien me pleut quant je le lisi. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 90).

 

4.

Empl. abs. : ...icelle sa marrine se mist à par soy en une chambre, print un grant livre ouquel elle commença à lire et estudier ; et après ce que elle qui parle ot ainsi veue sadite marrine lire, se parti d'icelle chambre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 291). Toutesfoiz lysoit, tousjours estudioit, et d'iceulx livres fist ung petit extraict pour luy (C.N.N., c.1456-1467, 255).

 

-

Apprendre à lire : De là fuz pour aprandre à lire, à escripre, compter et gecter soubz maistre Jehan Blondel, singulier arismeticien, et y fuz deux ans et furent XII, puis fuz envoyé à Baugenci, devers ung autre nouvellement venu au lieu où je fuz un an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

 

-

Savoir lire : Après laquelle response ainsi faite et donnée par ledit Girart, prisonnier, pour ce qu'il ne savoit lire mot de lettre, lui fu dit et donné temps et terme prefix, nonobstant qu'il eust sur lui le signe de tonsure, de moustrer et exiber le tiltre d'icelle tonsure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 245). ...il avoit esté, avec plusieurs enfans d'icelle ville de Chasteau-Regnaut, à l'escole en ladite ville, et avoit aprins jusques à son Donnet ou Caton, n'est record lequel, et que lors il savoit bien lire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 103).

 

-

Savoir lire et connoistre lettre : Requis se il scet lire ne congnoistre lettre aucune à lui sur ce monstrée, dit que non, par ce que dit est, et qu'il n'a point frequanté l'escolle ne aussi aprins à lire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 75). Et pour savoir s'il est voir ou non, lui a esté monstré le Sautier, ouquel et sur lequel l'en a acoustumé de examiner et esprouver ceulx qui dient qui sont clers, pour savoir de lui s'il sauroit lire ou cognoistre lettre aucune. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 103).

B. -

En partic.

 

1.

"Dire à haute voix le contenu (d'un texte écrit)" : ...furent veuz, leuz et recitez mot après autre, les procès et confessions de Jehenne de Brigue, dite La Cordiere, et Macete, femme Hennequin de Ruilly, prisonnieres detenues oudit Chastellet, cy-dessus nommées et escriptes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 336). Turpin de Rains la luyt [la lettre] et quant tous les freres entendent ce... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 28). Item, ce jour, furent leues en la Chambre certaines lettres envoyées de par monseigneur le duc de Bourgogne, contenant la teneur qui s'ensuit. (BAYE, I, 1400-1410, 14). ...nous vous prions et tres acertes requerons que vous lisiez ou faictes lire et publier une ou pluseurs foiz ces presentes en la Chambre dudit Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 36). ...aulcunes cédules ont esté divulguées et leutes publiquement (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 232). ...lesquelles [des lettres patentes] furent lutes et publiiés en plain marchiét (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 604).

 

-

Lire haut. "Lire à haute voix" : ...a lui s'en vint uns messagiers De Prouvence, preus et legiers, Qui li aportoit lettres closes, En un petit coffret encloses. Il les prist, si les resgarda Et de haut lire se garda ; Car pluseurs secrez devisoient. Et ou darrein point contenoient Que s'amie estoit mariée Au plus vaillant de la contrée, Et estoit ja grosse d'enfant. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). ...et fit le serment qui s'ensuit, et lequel je leu tout hault audit premier president en ceste maniere : " Sire, vous jurez au Roy nostre Sire que..." (BAYE, II, 1411-1417, 131).

 

-

Lire qqc. à qqn : Et li bons rois (...) Estoit assis sur un tapis de soie, Et ot un clerc que nommer ne saroie Qui li lisoit la bataille de Troie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 113). Maistre Bon, a savoir demant Que ceste lettre cy divise. Lisez la moy, que la divise En puise entendre. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 52). Et pour ce, les anciens poiens faisoient leurs sacrefices et mettoient plusseurs choses divines selonc cest nombre, si comme il appert meismement es livres de Virgile et des autres poëtes, et es hystoires et en un livre que l'en lit aus enfans appellé Grecisme. (ORESME, C.M., c.1377, 50). ...Estienne Blondel, Jaquet Auguier, dit Hucher, et Jehannin Fontene ; ausquelx, et à chascun d'eux à par soy, fu leu et recité leurs procès et confessions par eulx faites, cy-devant escriptes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 106). ...et, après ce, lui leusmes autres depposicions par lui faites ès prisons de Chasteaudun, où il avoit esté prisonnier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 443). ...icelli Rousselet lui leut une minue en pappier qu'il disoit contenir la teneur desdites lettres closes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 525).

 

-

Ouïr lire qqc. : A ceux qui ces lettres verront Fas savoir, ou qui les orront Lire... (Mir. st Alexis, 1382, 364). Tant y sejourna, a brief dire, Que tout conquist, com j'oÿ lire (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 23).

 

2.

"Faire à haute voix la lecture d'un texte religieux au cours d'un office" : Tenés le livre, mes amis ; Au jour d'uy ceste prophetie Que j'ay lite en Yzaye Est accomplie en voz oreilhes, Car je faiz toutes ces merveilhes. Je guaris aveugles et ladres, Contraiz et tous autres malades, Demonïacles et enracgés. [Réf. à Luc 4, 16-27] (Pass. Auv., 1477, 116).

 

-

Lire messe. "Dire la messe" : Quantes eglises sont polutes (...) Ou sont pou dites et pou lutes Maintenant messes et matines ! (TAILLEV., Moral. D., 1435, 100).

 

3.

"Réciter, épeler (l'alphabet)" : ...comme l'empereur Theodose fust trop prompt aux commandemens severes et crueulx de yre, un saige et prudent homme l'amonesta une foiz et lui pria que, quant il sentiroit les aguillons de yre et de courroux, avant qu'il pronunçast aucune sentence, il voulsist dire en son couraige les .XXII. lettres du a b c, en lisant lesquelles il se pourroit refroidier (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 98).

C. -

"Dire à haute voix (un savoir), à partir d'un texte écrit ou non ; enseigner" : ...Ceulx qui doivent lire a l'escole (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 4). ...de longtemps estudiant en theologie et prest de lire en la dicte Faculté (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 373). Nous vous ferons docteur, Par Mahonmet, lisant en chartre (Mir. st Ign., 1366, 77). ...le Bachelier ne doit estre receu au degré de Licencié, s'il n'a leu par XL mois ["s'il n'a fait des leçons aux Écoliers"] (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1395, 223). ...la cité du monde ou l'estude et les sciences estoient plus autentiquement leues (Bouciquaut L., 1409, 446). ...le grant Albert (...) demouroit pour lors a Coulongne, ou il lisoit en la université. (Chronogr. Joh. de Beka N., c.1455, 114). J'ai veu lire sans estre clerc ["sans que celui qui enseignait fût clerc"] (Rapp., c.1480, 68). ...vacquoit à l'estude de astrologie et s'en alloit le plus du temps tenir à Athenes, où estoit la fleur des grans astrologiens et philozophes, et là lisoit publiquement de ladicte science, comme par ses gestes peut clerement apparoir (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 28 r°). Petrus de Monte Alcino, lisant les ars à Paris, souffisamment instruit en la science des jugemens de astrologie, prenostica sur l'apparicion d'une commecte qui aparut l'an 1402, le XXVe fevrier, sub Marte, XXVIIIe degré de Aries (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 v°).

 

-

Lire une leçon : Par tout elle [Nature] tient son escolle (...) Par tout veult lire ces leçons. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 205). Mais ceste raÿson deffaut en .II. poins. Un est quar de tote chose a venir contingente, indifferenment l'en puet dire que son estre et son non-estre regardent egalment aucun temps, si comme seroit de la leçon que je pourroie lire demain. (ORESME, C.M., c.1377, 240). Car nostre mere [l'Église], sans delay, Se je lisoie une lesson, Me feroit mettre en prison. Car tous Jacobins sont privé Des fais de l'université (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 40). ...et ly lisoit sa lechon des loix et de philosophie (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 34). LUCIFER. Haro, dyables, no mesgnie ! Que faictes vous ? Estes vous mors, Ou aux humains misericors ? Je n'entends point vostre façon : Esse donc selon ma lisson Que je vous ay lit en enfer ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 134). Une leçon de mon escolle Leur liray (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 128).

 

-

Lire à / en qqn. "Enseigner en s'inspirant de" : Il avoit un petit maistre qui l'apprenoit, le quel avoit nom Marconius le gramoirien, et Niclades Laconnensien qui lisoit en Eubolin et estoit sofiste. Il lisoit rethorique a Eubolie, le sophiste (FOUL., Policrat. B., VIII, 1372, 112).

 

-

Lire de logique, de medecine... "Enseigner la logique, la médecine" : ...en mes escoles Je vous ay leu de logique, D'elences, de dialetique Et d'autre mondaine science... (Mir. st Val., c.1367, 147). Car un medicin, il lit de medicine ou scet la speculative et oeuvre pratique [ou "étudier des ouvrages de médecine" ?]. (ORESME, E.A.C., c.1370, 537).

 

.

[P. dérision] : Advocas de court d'iglise et de court laie sont parfais en la sianche Renart et en lisent tous les jours en ordinaire [selon les lectiones ordinariae] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 152). Vous [Lucifer] tenés escoles u prejudice de Dieu le Pere (...) Desquelles sciences, fait Sapience, lisiés vous en vos estudes ? Vraiement, fait Sathan, nous lison de la science d'ingromance, de sorcheries, caraux, d'astronomies... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 21).

 

Rem. Sur lire à cours (les lectiones cursoriae vel ad cursum, p. oppos. aux lectiones ordinariae), cf. F. Lecoy, Romania 110, 1989, 245-246 (ex. de 1324). Sur lire "enseigner", p. oppos. aux verbes enseigner, doctriner, escoler..., cf. G. Lavis, Z. fr. Spr. Lit. XCV, 1985, 239-278. Sur clerc lisant, cf. U. Ricken, "Gelehrter" und "Wissenschaft" im Franz., 1961, 204-208.

 

-

Lire un mot. "Enseigner une sentence" : Encor bien deusse avoir creü Ung mot que Thules a leü : Ne fay, dit il, la chose point, Se t'en doubtes en aucun point (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 60).

D. -

P. ext. "Parcourir des yeux, examiner" : La sont les merveilles du monde, Et, qui lira la mapemonde, La en trouvera grant partie, Et comme la mer est partie Par le lieu moult diversement, Et des fleuves le versement Et les naiscences et les sources (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 145).

E. -

[En contexte métaph.]

 

1.

"Deviner des événements à partir de signes" : Duquel [livre du ciel] le très suserain Maistres Forga et si forma les letres, Par lesqueles, n'en songez mie, Tout bon Maistre d'Astronomie Peut sentir, lire et mastiquier, Et loyalment pronostiquier Les groz effectz et les notables Qui par Nature sont faisables Et par Raison doivent reluire Et se monstrer, pour le vray dire (LA HAYE, P. peste, 1426, 29).

 

2.

"Déchiffrer, discerner par la pensée" : Car toute la nuit mon cueur lit Ou rommant de Plaisant Penser (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 24).

 

Rem. Peut-être faut-il placer ici l'ex. suiv. : Maudis soient les mesdisans Qui d'amans vont tant mal disans Qu'a plain pour eulx ["que pleinement, nettement, à cause d'eux [à cause de ces médisants]"] ne s'osent plaindre En signes n'en eulx regardans ["par des signes, ni même en se regardant"] Ne en leurs besongnes lysans ["ni en interprétant (en commentant) leurs façons d'agir [celles des médisants] ?"] (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 276).L'Éd. traduit lire par "manifester, faire connaître" ("ni en manifestant ouvertement leurs soucis") ; mais ce sens se rattacherait difficilement aux autres (comme une extension, non attestée ailleurs, de "enseigner" ?).

II. -

Inf. subst. "Action de lire" : ...en sa presence cils lais vint (Et venus y estoie aussi, Dont j'os puis assez de soussi) Qu'elle me commanda au lire. Si ne li osay escondire, Eins li lus tout de chief en chief, A cuer tramblant, enclin le chief, Doubtans qu'il n'i eüst meffait, Pour ce que je l'avoie fait. (MACH., R. Fort., c.1341, 26). "Sire, vostre requeste Tenez ; vesla ci toute preste". Il la prist et puis la lut toute ; Onques n'i fist arrest ne doute Qu'escripte ne fust mot a mot, Einsi com devisé la m'ot. Et quant il ot laissié le lire, Il prist moult bonnement a rire (MACH., F. am., c.1361, 197). Aussi avoit fait li bons roys Maintes saillies, mains conroys, Et autres armées menues, Qui ne sont pas ci contenues, Car trop longue chose seroit Qui toutes les y metteroit, Et anuier porroit au lire Qui toutes les vorroit escrire. (MACH., P. Alex., p.1369, 218).

III. -

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui lit ; lecteur" : ...par telle maniere que ce soit a la gloire de Dieu, consolation des lisans et aucune edification de cellui pour qui il a este inspire au Pauvre Pelerin... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 89). ...et par especial une fois il entendi le lisant qui disoit : "Mieulx vault Sapience que toutes les richesses du monde et chose que on puisse souhaidier ne desirier ne se peut comparer a elle...." (Horloge de sapience S., c.1389, 62). ...pour l'utilité et prouffit des lisans (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 129). ...[les amants] firent ce pourquoy ilz estoient assemblez, qui mieulx vault estre pensé des lysans qu'estre noté de l'escripvant. (C.N.N., c.1456-1467, 186). Si prye aux lisans qui le cognoissent qu'ilz se gardent bien de luy monstrer. [À propos du héros malheureux de la nouvelle dont l'auteur a préservé l'anonymat] (C.N.N., c.1456-1467, 190).

 

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 167 ; t.3, 5 ; LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 146...
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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