C.N.R.S.
 
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     GUERRE     
FEW XVII *werra
GUERRE, subst. fém.
[T-L : guerre ; GDC : guerre ; DEAF, G1569 guerre ; AND : guerre ; DÉCT : guerre ; FEW XVII, 567 : *werra ; TLF : IX, 576b : guerre]

A. -

"Lutte armée, combat"

 

1.

"Lutte armée entre pays, entre groupes de personnes, pour défendre ou conquérir un territoire, pour défendre une cause..." : Les autres [dames] toutes leurs plaisences Avoient et leurs souvenances En ceaus qui cerchoient les guerres Par toutes les estranges terres. Comment que samblant n'en feïssent Et que po souvent les veïssent, N'estoient il pas mis en puer, Mais bien amé dou bon dou cuer, Sans villonie et sans folour Pour leur bien et pour leur valour. (MACH., D. Lyon, 1342, 216). Car les batailles et les guerres Furent si grans par toutes terres, Qu'on ne savoit en tout le monde, Tant comme il tient a la rëonde, Païs, regne, ne region, Qu'il n'i eüst discention... (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Par mon chief, dist li roy, (...) Se en fait ou en dit ou en vostre païs, En guerre ou en estor ou en chambre ou en lis Les tenez contre moy, (...) Il ne vous demourra vaillant deux parisis (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 228). Vraiement en grant peril sommes, Et en doubte de perdre terre, Se longuement dure la guerre. (MACH., P. Alex., p.1369, 132). Chevalerie est la doctrine des guerres, yconomique de gouverner un hostel, et rethorique appartient as advocas. (ORESME, E.A.C., c.1370, 105). A cest propos dit Saint Augustin que "libido dominandi," c'est a dire, trop grand desir de dominacion, est cause de guerres et des grans maulz qui aviennent en cest monde. (ORESME, E.A.C., c.1370, 471). ...il estoit en ladite eglise à Chasteauleraut, en laquelle les gens du pays retrayent leurs biens pour la guerre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). ...a chevauché en guerre comme varlet (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 344). Tant que a la guerre, creez le conseil des vaillans hommes qui ont hanté le mestier d'armes honnourablement. Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie, car les saiges reculent pour plus loing saillir. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Lors dreca on les voiles et se firent desancrer et s'empaignent en la mer a moult noble compaignie, pourveziz comme pour la guerre, pour la doubte des paiens. (ARRAS, c.1392-1393, 143). Mais je vous prie que nous laissons noz pays en garde a noz barons, et en menons Vc. bacinez, car j'ay ouy nouvelles qu'il a grant guerre entre ceulx d'Ausaiz et ceulx d'Ostriche. (ARRAS, c.1392-1393, 279). SECONT BERGIER. (...) porteray comme brigant Mon arc et une massuette, Car, puis que la guerre me hette (...) D'un gentilz fouët seray ceins (...) Par dessuz la maille de fer. (Gris., 1395, 44). Comment les Corps Celestielz font avenir par nature guerres, mortalitez et famines ou Monde (LA HAYE, P. peste, 1426, 9). LE GAUDISSEUR. Quant je me treuvë en la guerre, Je tue, je gette par terre Comme fait le boucher ung veau. (Gaud. sot, c.1450, 8). Au fort, ce sera mon butin, Que je rapporte de la guerre. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 45). A la venue de Mars, grant dieu de guerre, Ciel, mer et terre en toutes pars tremblés... (Cene dieux, c.1492, 108).

 

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[Guerre opposé à paix] : ...selon la variacion de la musique insensible du ciel les choses de cibas sont une fois en meilleur disposicion que en autre, et selon ce une fois est pais, autre guerre (ORESME, C.M., c.1377, 482). Le duc de Jullers s'excusa foiblement, car, ad ce qu'il monstroit, il amoit autant la guere comme la paix (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). Et le savoit li rois Phelippes, mais il n'en faisoit ensi que nul compte et monstroit par ses oevres et paroles que il avoit aussi chier la guerre que la paix (FROISS., Chron. D., p.1400, 268). Et devez savoir que le dessusdit de Sorbier estoit gentilhomme très renommé en paix et en guerre, et qui par avant avoit fait des services au roy et au royaulme et depuis en fist de grans. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 196).

 

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Abstinence de guerre. "Trève" : A Jehan d'Arny, chevaucheur de l'escuierie de mondit seigneur, la somme de deux frans, pour ses peines et salaires d'avoir porter aux bailliz d'Auxois et de la Montaigne les vidimus des lettres patentes du roy nostre sire touchans l'abstinence de guerre et aussi la prise des monnoyes de mondit seigneur pour tout le royaume (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 549). ...acordé abstinence de guerre avecques nostre bien amé cousin messire Jehan de Lucembourg (Roi René vie L., 1429, 217). Celle treve ne se parfurnit point sans recommencer le debat, car le Roy de France avoit baillié par avant une abstinence de guerre pour recoeillier les bleds en Haynaut et en Cambresis. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 160).

 

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Apaisement/fin d'une guerre : ...apriés l'apaisement des guerres de Flandres, qui furent moult grandes (FROISS., Chron. D., p.1400, 41). "Or, tos as chevaus ! Celle fenme et sa route soient poursievoit ! Jamais ne renterront en Hainbon ne en forterece qui soit en Bretagne : il sont nostre. Aultrement ne poons nous avoir fin de gerre." (FROISS., Chron. D., p.1400, 515).

 

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Appareil de guerre. "Préparatifs en vue de la guerre" : ...pour ce que les Anglois faisoient grant appareil de guerre (BAYE, I, 1400-1410, 306).

 

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Bonne guerre. "Guerre juste" : Ne te laisse desheriter Pour riens qu'on te puist enditer, Car par ma foy, mieus ameroie, S'empereres ou rois estoie, Despendre tout en bonne guerre, Qu'on me tollist un piet de terre, Car tout prince desherité Vit a honte et a grant vilté. (MACH., C. ami, 1357, 126).

 

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De/en bonne guerre. "Conformément aux règles et usages de la guerre" : ...et fait tout fait que l'en puet et doit faire de bonne guerre, comme de prendre François, les mettre à raençons, prins et pillié sur le pays, mené routes de gens, soubz son gouvernement, par le royaume de France, et bouté et fait bouter feux en icellui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 188). ...lequel seigneur et ses diz depputez prétendoient et maintenoient que la prinse de ladicte galée et desdiz cathelans et de leurs robes et marchandies avoit esté faicte deuement et de bonne guerre, veu que lesdiz cathelans sont notoires ennemis dudit seigneur le roy de Secille et dudit païs de Prouvance. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 186). Conte de Suffort, ne doubtez Que traicté serez honnestement, Ne ne vous veil molester, Mes vous tenir paisiblement. Vous estes myen certainement Que pris vous ay en bonne guerre, Si vous garderay soigneusement Sans que souffrez nulle malerre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 559).

 

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Capitaine de guerre : En ce temps, le roy, estant à Orleans, fist plusieurs ordonnances et establissemens et desappointa plusieurs cappitaines de guerre, et entre les autres il osta les cent lances dont Poncet de Riviere avoit la charge et le fist bailly de Montferrant (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 143).

 

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Chef de guerre : Doncques doit ung chief de guerre, Qui se moustre vaillant tout oultre, Grant loz et grant honneur acquerre, Quant cellui qui riens ne se moustre Et qui sera de la journee Cellui qui le moins fera d'armes, Avra toute la renommee Du bien que feront ses gens d'armes ! (CHART., D. Her., p.1415, 429). ...fut executé es hales de Paris ung jeune compaignon nommé Pierre Gueroult, natif de Lesignen, et ilec escartelé par la sentence du prevost des mareschaulx, pour occasion de ce qu'il avoit confessé estre venu de Bretaigne à Paris, et ilec envoié de l'ordonnance du duc de Bretaigne pour dire et advertir le roy que plusieurs cappitaines et chefz de guerre de son ordonnance et retenue estoient à lui contraires, pour et afin de mettre dissencion entre le roy et lesdits gens de guerre (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 78). Le conte de Sainct Pol, qui bien sembloit chef de guerre, et monsr de Hautbourdin encores plus, commandèrent que on amenast le charroy au propre lieu, là où nous estions, et que on nous clouyst (COMM., I, 1489-1491, 34).

 

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Conduite de la guerre : Et si luy dist oultre que pour la conduite de la guerre il se servist du seigneur d'Esquerdes, lequel il avoit trouvé en tous ses affaires bon, loyal et notable chevalier et de bonne et grande conduicte. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 121).

 

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De guerre ou de traité. "Par la guerre ou par la négociation" : Pensez bien de ce faict conduire, Car je vous donne auctorité De faire vers ceulx de l'empire Comme moy, c'est ma voulenté, Ou soit de guerre ou de traictié, Ainsi que bon vous semblera. De tout ce qui est recité Par moy rien desdit n'en sera. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 156).

 

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Droit de la guerre : Mais comme telle chose à faire et enseigner, pour les maulx qui s'en pourroyent ensuir, sont deffendues et excommuniées, n'est bon d'en mettre en livres ne plus plainement en reciter, pour ce que à chrestien n'est loisible de user de telles inhumanitez qui meismement sont contre tout droit de guerre. (BUEIL, II, 1461-1466, 58). Le duc de Bourgongne commanda que ledit Sifron fust incontinent pendu, disant que depuis que ung prince a posé son siège et fait tirer son artillerie devant une place, que, sy aucuns viennent pour y entrer et la resconforter contre luy, qu'ilz sont dignes de mort, par les droitz de la guerre. (COMM., II, 1489-1491, 137).

 

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Droite guerre. "Guerre juste, équitable" : ...toutes foys que monseigneur (...) est pris en droite guerre et rachettez, ou que il vat oultre mer, (...) les bourjois de Rethel lui doivent cent livres parisis en commung. (Trés. Reth. L., t.3, 1488, 579).

 

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En temps de guerre : Et ainsi appert que en conseillier l'en doit premierement establir la fin que l'en quiert, comme seroit en temps de guerre la paix de la cité ou du paÿs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 191).

 

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Exploit de guerre : Quant lez Crestiens se furent mis aux champz et le roy de Castille apprez, il furent estimez a .XXV. mille et non plus et esploitterent leur voiage qu'ilz entrerent dedens le pays de Grenade et illecq commencherent a faire tous exploix de guerre, c'on sçavroit mettre par escript (Comte Artois, c.1453-1467, 72). Sur ce courroux, se mist aux champs ledict duc et print son chemin vers Nesle en Vermandoys et commança exploict de guerre ort et mauvais, et dont il n'avoit jamais usé: c'estoit de faire mectre les feux partout où il arrivoit. (COMM., I, 1489-1491, 226).

 

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Fait de (la) guerre : Mais deux motz fault que je vous dye Touchant le fait de ceste guerre, Comment les seigneurs ont envye Pour aller le pays conquerre. (Myst. Siège Orléans H., c.1480-1500, 135). Pour ce petit de gens que avoit ledit duc, je ne vey jamais si belle compaignie ne qui semblassent myeulx hommes excercitéz ou fait de la guerre. (COMM., I, 1489-1491, 47). Sur ce courroux, se mist aux champs ledict duc et print son chemin vers Nesle en Vermandoys et commança exploict de guerre ort et mauvais, et dont il n'avoit jamais usé: c'estoit de faire mectre les feux partout où il arrivoit. (COMM., I, 1489-1491, 226).

 

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Fortune de guerre. "Les hasards de la guerre" : ...se ladicte maison estoit perdue par fortune de guerre ou autrement (FAUQ., II, 1421-1430, 356). Ainsi par fortune de guerre Nous fusmes prins deux Bourguignons Et deux escuyers d'Angleterre Qui estoient gentilz compaignons. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 9). Vous m'avez cy en vostre terre Ainsi que fortune de guerre Sy l'a volu (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 103). Monseigneur, ne vous doubtez mye, Puis que vous nous en requerrez, Nous ne vous ferons villanye Ne en voz pays destourbier, Et de ce n'en veuillez doubter A voz subgectz n'a vostre terre, De par nous serons conservez De toute fortune de guerre. (Myst. Siège Orléans H., c.1480-1500, 103).

 

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Gens/homme(s) de guerre. "Homme(s) dont le métier est de faire la guerre" : Et ardirent en celle marce là, en cheminant, pluiseurs gros villages, où nuls homs de guerre n'avoit onques mais esté. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 271). Et sont chevalier et esquier bien monté sus bons gros ronchins, et les aultres honmes de gerre sus jumens ou sus hagenees. (FROISS., Chron. D., p.1400, 126). Nous, à grant compaignie de gens de guerre nous soions trais ou paiz de Berry (Ch. VI, D., t.1, 1412, 350). Mays bien me sembla, a sa chiere, Qu'il n'avoyt pas bien la manere De homme de guerre, mays d'eglise, Et que son entente avoit misse Aultre part qu'en mondanité. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 96). Et avoit le roy devant ladicte ville la plus belle et noble armée qui onques fut gueres veue, car il y avoit de bonnes gens de guerre et de grant façon XXIIIIm hommes et mieulx. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 52). ...et si le suivirent plusieurs gens de guerre de son royaume et en grant nombre (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 42). Et, audit passage, fut tiré par lesdiz Bretons contre lesdiz gens du roy une serpentine, qui d'un cop emporta le bras d'un page, et après vint fraper un gentilhomme nommé Painabel, parent dudit Joachin Rouault, tout parmy le petit ventre, et en après en tua trois autres hommes de guerre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 79). Par le corps bieu, c'est une robe Plaine... de quoy ? Charbieu, de paille ! Qu'esse cy ? Morbieu, on se raille, Se cuiday je, des gens de guerre ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 44). ...troys compaignons, dont l'un estoit en estat de homme de guerre et les autres en estat de coquins, dont l'un se disoit maistre des autres et se faisoit appeller Artus de La Guerre et l'autre Marquis et l'autre Charles ; lesquelz se disoient estre gens de guerre et avoient tout perdu le leur. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 1). Sont gens de guerre et nous aussi (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 624). Faisons prestres de guerre s'entremettre, Et gens de guerre aux eglises commettre... (Cene dieux, c.1492, 120).

 

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Gentilhomme de guerre : Le XVe jour d'icellui mois de may, furent faictes joustes à Paris devant l'ostel du roy, aux Tournelles, par quatre gentilzhommes de guerre de la compaignie du grant seneschal de Normendie, qui avoient ordonné les lisses et preparé le champ (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 202).

 

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Guerre à outrance : Maiz quel vaillance Ara homme en guerre a oultrance, S'il ne puet avoir la constance De tenir sa lengue en souffrance ? (CHART., L. Dames, 1416, 280).

 

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Guerre citoyenne/civile. "Guerre civile" : Ce fu la guerre citoyene, Ou entr'eulx mesmes a martire S'entremectoyent (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 7). Et quant a moy, je n'ay sceu ne leu qu'ilz aient fait guerre fors guerre en eulx mesmes, que les Rommains appellent guerre civille (Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 12).

 

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Guerre commune. "Guerre contre des voisins ou contre des membres de sa propre lignée" : ...je faiz grant difference entre guerre commune et guerre de magnificence. Car je dis que guerre commune est en soy mesmes ou contre ses voysins et lignagiers (Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 12).

 

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Guerre de magnificence. "Guerre de conquête au loin, ou guerre pour la foi catholique" : ...guerre de magnificence est quant princes vont en ost conquerir en loingtaing et estrange païs, ou soy combatre pour la foy catholique deffendre ou eslargir. (Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 12).

 

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Guerre de/en + nom du lieu où se déroule la guerre : Mais courte estoit leur demourée, Car s'il sceüssent une armée Ou une guerre en Alemaingne, En Osteriche ou en Behaingne, En Hongrie ou en Danemarche Ou en aucune estrange marche, En Pruce, en Pouleinne, en Cracoe, En Tartarie ou en Letoe, (...) Il y alassent honneur querre. (MACH., D. Lyon, 1342, 209). ...le roy nostre sire ala premierement en la guerre de Flandres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). ...le meneroit en la guerre ou pays de Lymosin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57). Nous (...) enterons en la matere des gerres de Bretagne, qui furent moult grandes et moult fortes (FROISS., Chron. D., p.1400, 461).

 

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Guerre de + nom des pays ou des personnages protagonistes : ...la guerre de Françe et d'Angleterre estoit renouvellée (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 5). Et se voulez savoir de la tresfiere guerre de Jules Cesar et de Pompee, aussi de la souveraine bataille qui fut de leurs pouoirs en Thesaille, ou ledit Pompee fut desconfit, lisez Lucain. (LA SALE, J.S., 1456, 76). Pendant le temps que la mauldicte et pestilencieuse guerre de France et d'Angleterre regnoit... (C.N.N., c.1456-1467, 54).

 

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Guerre de mer : Mais toute la guerre de mer est conduicte par leurs gentilz hommes en chiefz et cappitaines de gallées et naves et par aultres leurs subjectz. (COMM., III, 1495-1498, 114).

 

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[P. oppos. à guerre de mer] Guerre de terre ferme : ...et si ne va nul d'entre eulx à la guerre de terre ferme, comme faisoient les Romains, si ne sont leurs providateurs et paieurs, qui accompaignent leur cappitaine et le conseillent et pourvoient l'ost. (COMM., III, 1495-1498, 113).

 

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Guerre entre + nom des protagonistes : En ce temps, s'esmeut grande guerre entre les Liegois et le duc de Bourgongne, qui pour ceste cause se mist en armes et leur ala faire guerre, et se y fist porter en une lictiere, et y mena avecques lui son filz ledit seigneur de Charrolois avecques tous les nobles hommes, gens de guerre et autres qu'il pot recouvrer (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164).

 

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Guerre guerriable. "Guerre véritable (p. oppos. aux joutes, aux tournois)" : ..."il est expedient que les charges des gens d'armes et les gaiges et provisions des grans chevetaines de nouvel soient refreschies et au prouffit de la guerre dignement moderees ; c'est assavoir estant en l'ost ou faisant la guerre g[u]erriable..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 402-403). ...les tres nobles previleiges de honneur mondain requierent aux nobles cuers que par le tresnoble mestier d'armes chascun de bien en mieulz a son pouoir se employe de acquerir la tresnoble grace d'honneur, soit en armes d'emprinses ou soit en guerres guerroiables et en toutes autres honestes façons. (LA SALE, J.S., 1456, 103). Le XIIIIme est que, s'il est en guerre guerriable ou sur les champs, se doit garder qu'il ne parle publicquement a nul de ses espies, affin qu'ilz ne soient congneuz et puis accusez, dont en porteroient grant peril (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 244).

 

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Guerre juste : Tiercement, puet estre un Roy ordené par titre de empcion ou par juste guerre ; car se aucun puissent achete un royaume de celluy qui avoit pover de le vandre, ou se par juste guerre il conquiert un royaume, certes il doit avoir et porter nom de Roy. (Songe verg. S., t.1, 1378, 128). Tiercement, puet estre un Roy ordené par titre de empcion ou par juste guerre ; car se aucun puissent achete un royaume de celluy qui avoit pover de le vandre, ou se par juste guerre il conquiert un royaume, certes il doit avoir et porter nom de Roy. (Songe verg. S., t.1, 1378, 128).

 

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Guerre mortelle. "Guerre à mort, guerre qui ne peut se résoudre que par la mort de l'un des deux chefs de parti" : Et ainsy commença la guerre mortelle d'entre eulx, dont moururent maint chevalier (Chev. papegau H., c.1400-1500, 54). ...en Navarre ou le filz s'exposa en guerre mortelle contre son pere [le roi d'Aragon] et y maintint longue question (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 101).

 

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Guerre ouverte

 

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[P. oppos. à siege] "Guerre en rase campagne" : Et s'il y avoit poingneïs, Bataille ou paleteïs, Chastiaus assis ou guerre ouverte, Ne doubtoient gaaing ne perte, Qu'adès ne fussent des premiers. De c'estoient il coustumiers. (MACH., D. Lyon, 1342, 207). Il se dit en proverbe qu'il fait bon avoir un bon retrait et par especial a ceulx qui sont en guerre ouverte comme nous sommes en ce monde mortel, ou quel ne se treuve vraye pais, selonc le dit du tres saint Job. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 392).

 

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"Guerre déclarée" : Quel mervaille ! car la pais ne fu pas bien fondee sur la pierre ferme, c'est sur Jesu Crist vray Espous de leurs ames, auquel il estoient encores en guerre ouverte, et pour ce de droit la pais ne pouoit pas estre ferme, car au traitier la dicte pais on mist la charrue devant les buefz. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 240). ...le discord y estoit tel entre le roy et le duc de Bourgoingne a cause du daulphin et de Lucembourg, sans guerre ouverte, que nulle riens oncques ne fut de si grant peril que ceste ne plus annuieuse. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 260).

 

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Ouvrir guerre (envers qqn). "Déclarer la guerre (à qqn)" : Le conte de Foix (...) a guerre ouverte envers ceulx d'Armignach (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 140). Toutesfoiz, j'ay une grant doubte Pour ce que pas bien je ne sçay Comme proceder je debvray Contre celluy pays de Parthe, Sur lequel avez guerre ouverte (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 59).

 

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La guerre est ouverte : Le duc de Guerles se fortifia à l'encontre, et pourvey aussy ses villes et ses chastiaulx à l'encontre de ses ennemis, car il vey bien que la guerre estoit ouverte. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 192).

 

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Guerre punique. "Guerre de Rome contre Carthage" : ...quant guerre punique leur cessa, Le grant repos leur tourna a folie (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 200).

 

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Habillement de guerre : ...[le roy] fist publier que audit jour ilz feussent toutes prestes pour estre aux champs dehors Paris, en faisant savoir à tous, de quelque estat ou condicion qu'ilz feussent, depuis l'aage de seize ans jusques à LX ans, yssissent dehors ladicte ville en armes et habillemens de guerre, et, s'il y en avoit aucuns qui n'eussent harnoys, que neantmoins ilz eussent en leurs mains ung baston defensable, et sur peine de la hart : ce qui fu fait. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 180).

 

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Harnais de guerre. "Équipement de guerre" : Or vous vueil je cy demander Se je pourray pour mon avoir Un bon harnois de guerre avoir, Bien fait pour moy. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 156). Pour faire et forger la garnison de 2 hernois de guerre pour monseigneur le Dauphin, et dont les trésoriers chargièrent l'argenterie de moy faire compter et baillier cedit (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 127). ...un nommé Jehannot Dordades (...) lui a plusieurs fois vendu, baillié et livré haches, arbalestres, bacinez, espées et tous autres harnois de guerre, tant pour hommes que pour chevaux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 204). ...ledit de Charrolois à la cause des dames fit crier un tournoy à faire en harnais de guerre. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 453). ...et se tenoient sarrez et près de leurs harnois, car ilz n'estoient que à une petite lieue de Tionville, une très bonne ville de guerre plaine de gens d'armes, et la plus hostinée contre le duc qui fust en tout le pays. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 21).

 

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Instruments de musique de guerre : Et parmy eulx clairons melodïeux, Trompes, cornetz et tabourins de guerre : Brief, il sembloit que deesses ou dieux Fussent des cieulx descenduz sur la terre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

 

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Navire de guerre : ...ledict conte de Charroloys avoit fait prendre, luy estant en Hollande, ung petit navire de guerre, party de Dieppe, auquel estoit un bastard de Rubempré, et l'avoit faict emprisonner (COMM., I, 1489-1491, 4).

 

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Prince de guerre : Je croy que contant en serons Que deux, qui sont de petit pois, Serviteurs d'un prince de guerre, Tenant le party des François Deffis deux aultres d'Angleterre (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 298).

 

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Prisonnier de guerre : En ladicte année, les garnisons pour le roy estans au pays de Picardie, tenans frontiere sur lesdis Flamens, nonobstant la treve firent de grans courses les ungs contre les autres en faisant mauvaise guerre, car tous les prisonniers de guerre prins de chascun desdiz costez sans misericorde aucune estoient penduz quant prins estoyent, sans aucun en mettre à rençon. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 109).

 

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Selle de guerre : ...ils courront à la toile de lances pareilles et de chacune tant qu'elles seront rompues, ou le fer dégrainé d'un doigt du moins, et en selles de guerre, sans ce que l'homme soit attaché dedans ladite selle. (Faits Lalaing K., c.1470, 193).

 

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Tresorier des guerres : "Officier chargé de rassembler les fonds et de payer les troupes en guerre et les troupes régulières" : Perrin le Breton, chevaucheur, envoié porter lettres du Roy, d'Orléans à Paris, aux généraux et à Johan le Flamenc, trésorier des guerres, et d'illec à Johannequin le Champenois, garde du Clos des galées à Rouen, et d'illec à Guillaume Bernart, sergent d'armes au Crotoy. (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 220). Et que pis est, les tresoriers de la guerre a ung pauvre chevalier [chevalier] vendront trop bien un cheval ou un coursier C francs qui au marchie ne vauldroit pas XL, en rebatement de ses gaiges. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 459).

 

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Ville de guerre. "Ville capable de résister à un siège" : Et ilec depuis y sejourna [ledit Bourguignon] bien grand piece sans rien conquerir, sinon le Neuf Chastel de Nycourt, où ilz se bouterent pour ce que dedens n'y trouverent aucun qui leur contredeist ; et y furent par l'espace de trois jours, puis s'en alerent ; et au partir y bouterent le feu et brulerent la ville et chastel, qui fut ung moult grant et piteux dommage, car c'estoit une moult belle ville de guerre et grande. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 283). ...et se tenoient sarrez et près de leurs harnois, car ilz n'estoient que à une petite lieue de Tionville, une très bonne ville de guerre plaine de gens d'armes, et la plus hostinée contre le duc qui fust en tout le pays. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 21).

 

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[Parallélisme entre tournoi et guerre] : [Funérailles du comte de Flandres.] Item s'ensieuwent chil qui offrirent les destriers de la guerre (...) Item s'ensieuwent chil qui offrirent les destriers dou tournoi. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 161). Mez quant un voysin prent lez armes d'un aultre voysin, ou le signe aussi, ce luy puet estre chose prejudiciable en plusieurs manieres : primierement, ce puet estre un honme heyneux, lequel a plusieurs anemis et adversaires, si pourra estre, en nom de luy, celluy tué de qui il prent lez armes en joustes, en guerre ou ez tournays (Songe verg. S., t.1, 1378, 289). Et se tes filz est chevaliers, Il lui couvient les trois mestiers D'armes, la guerre et le tournoy Poursuir et jouster par soy, Et emprandre divers voyages, Et passer par divers passaiges, Par desers, par mer et par terre, Et par tout ou il sera guerre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 74). Il fault roncins et granz chevaulx Couvers et armez richement, Pour joustes, pour tournoiement Et pour guerre du temps passé. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 80).

 

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Aller en guerre : SECONT BERGIER. (...) Maiz or me vouldray je avancier Aux armes, et en guerre aler Bien brief (...) Si esprouveray ma proesce, Et s'en mon cuer a gentillesce, L'en le verra bien en la guerre. (Gris., 1395, 43). Autre recepte. De Arnoul Bouchier, trésorier des guerres, par la main de Michiel du Sablon, receveur général, sur la promesse devant dite faite à mondit Seigneur pour parfaire et fournir lesdiz 5000 fr., furent bailliez audit Arnoul, pour descharge avant qu'il baillast sa lettre audit receveur général d'avoir receu de lui 3010 fr. pour parfaire lesdiz 5000 fr., les quittances pour les forteresses que icellui Seigneur avoit en Guienne qui s'ensuivent... (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 18).

 

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Atrever une guerre. "Interrompre (une guerre) par une trêve" : Et disent que on tenoit à grant sens d'un signeur, quant il a pluiseurs guerres en un temps, et il en poet l'une atriewer, l'autre apaisier et le tierce guerroiier. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 6).

 

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Avoir guerre (à/contre/vers qqn). "Être en guerre contre qqn" : Aussi me faut il avoir guerre A son pére, qui tient Espaigne. (Mir. Oton, c.1370, 320). En la fin vengie seras De celui qui (...) T'a mis sus la desloiauté Pour quoy Oston a vers toy guerre. (Mir. Oton, c.1370, 357). Les Atheniens avoient guerre contre les Lacedomoniens (ORESME, E.A.C., c.1370, 303). "Sire, nous savons bien voirement que cil de Roleboise sont nostre ennemi et li vostre ossi, et n'ont cure à qui il aient la guerre." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 103). Je me doubte que je n'aye bien briefment une forte guerre et grosse et a forte partie a faire ; si vueil savoir se vous me vouldrez aidier ou non. (ARRAS, c.1392-1393, 210). Et par tant le roy Uriien leur enconvenanca que, se ilz avoient guerre a nul roy sarrasin pour ceste cause, que il leur vendroit aidier a toute sa puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 237). Et entre tant qu'ilz fesoient leurs ordonnances, OEudes, le conte de la Marche, leur frere, vint bien a LX. bacinez, car pour lors avoit guerre au conte de Vandosme (ARRAS, c.1392-1393, 279). Antiocus (...) Ot guerre aux rommains. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 167).

 

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Avoir (la) guerre. "Être en état de guerre" : ...Dont grant planté li accorderent, Et promeïrent et vouerent Qu'il yroient aveques li, S'il n'estoient enseveli. Mais li roys, qui avoit grant guerre, Ne pooit issir de sa terre, Qu'il n'i heüst trop grant damage ; Pour ce le saint pelerinage N'accorda pas, car trop eüst Mespris, s'acordé li eüst. (MACH., P. Alex., p.1369, 26). Et est lor terre plus plainne de riçoisses et de tous biens, qant il ont la gerre, que en temps de paix. (FROISS., Chron. D., p.1400, 42). ...chevalier et esquier de Hainnau estoient tout resjoi de ce que il averoient la gerre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 356).

 

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Avoir guerre à qqn. "Être en guerre contre qqn" : Il li dist : "Aler vous couvient Par devers le soudan qui tient, Nostre hiretage et nostre terre ; Et pour ce avons nous à lui guerre. De tous Crestiens prent truage, Et pluseurs tient en grant servage..." (MACH., P. Alex., p.1369, 127).

 

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Conclure de la guerre. "Prendre une décision au sujet de la guerre" : Oudit moys de may, le roy se party de Paris pour aler à Vernon sur Seine, auquel lieu l'attendoient monseigneur l'admiral et les autres cappitaines pour conclurre de la guerre, et ce qui estoit à faire pour la tresve qui failloit le derrenier jour dudit moys d'avril, et puis s'en retourna à Paris, où il arriva le vendredi XIIIIe jour dudit moys. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 329).

 

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Demener/mener guerre (à qqn.). "Faire la guerre (à qqn), engager la lutte contre qqn" : Les Anglois souloient dire que nous savions mieulx danser et caroler que mener guerre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 133). ...VIJ ans a ou environ, il estoit en la compaignie et soubz le conte de Savoye, qui menoit guerre pour nostre saint pere le pappe contre ceulx qui tiennent le parti du pappe Berthelemi (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 115). Mitridatés grant guerre aprés Leur mena (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 261). Le grant Alixandre (...) Ne fina de demener guerre Tant qu'il conquist toute la terre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 272). Comment le roy voloit mener guerre au duc Philippe, et de l'ordre de la Thoison que on tint a Saint Omer en l'an LX [l. LXI]. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 263).

 

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Donner guerre à qqn : ...conment pour li donner guerre Sont alez de li au devant (Mir. ste Bauth., c.1376, 127).

 

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Estre en guerre : Et, le mercredi XIIIIe jour d'icellui mois de fevrier, furent leues et publiées es carrefours de Paris le mandement patent du roy signé : G. de Cerisay, par lequel le roy mandoit au prevost de Paris qu'il estoit deuement acertené que le roy Edouart d'Angleterre et les princes, seigneurs et populaire dudit royaume, qui par long temps avoient esté en grant guerre et division entre eulx, avoient fait leur paix et pacificacion entr'eulx (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 235).

 

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Eslever/esmouvoir/mouvoir guerre (à/vers qqn/à l'encontre de qqn.) (qq. part). "Déclarer, faire la guerre à qqn, engager les hostilités contre qqn" : Et s'aucuns te voloit sousquerre Ou mouvoir en ton païs guerre, Pren conseil a ceuls qui feront Tout ce qu'il te conseilleront, Car la chevense avec la vie Y va ; pour ce ne doubte mie, Qu'il ne te mesconsilleroient Pour rien, car il s'en honniroient. (MACH., C. ami, 1357, 109). ...assaillir venra vostre terre Et vous mouvera si grant guerre Qu'il vous toldra vie de corps (Mir. Oton, c.1370, 322). Par foy, dirent cilz, nous ne savons que penser qu'ilz tendent a faire, sinon qu'ilz se veulent vengier de Remondin, nostre cousin, ou de nous mouvoir guerre sur ceste querelle. Mais toutesfoiz il est bon de y pourveoir de remede. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Monseigneur, dist le cappitaine, or vous ay je compté pourquoy la guerre est meue, pourquoy le soudant a la mer passé. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Et par tant jurerent et promistrent que jamais ne mouveroient guerre l'un a l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 287). ...sus sentense de pape, que nous ne poons esmouvoir gerre au roi de France sus encourir en celle painne. (FROISS., Chron. D., p.1400, 339). ...Dieu, ne autre n'osera Vers lui contendre, ne mouvoir, Guerre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 149). Il eslieve contre lui guerre Et li vait destruire sa terre (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 40). Or le porta aventure de prime adresse jusques en Castille, la ou le roy d'alors avoit meu guerre alencontre du roy de Garnade, et fit pluseurs envaÿez sur lui tresfortes et puissantes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 78). ...par saditte coppie leur signifieroit et a tout le monde la guerre que le roy lui mouvoit a son tort, et comme traveillié de main voluntaire il estoit et seroit constraint de soy deffendre. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 298). ...sa resolution derreniere [du roi de France] estoit que (...) nul jour de son vivant guerre ne mouveroit ne mouvoir ne souffriroit alencontre de son beau frere le duc de Bourgoingne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 303). Cestui mist en courage au roy Loys de mouvoir guerre aux Poictevins et y mener son excercite, incontinent après sa couronnacion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°).

 

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Guerre s'esleve/s'esmeut : ...si li rois d'Engleterre voloit proceder en ces demandes, gerre s'esmouveroit entre France et Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 236). Et pour ce (...) s'esleverent les gerres en Bretagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 501).

 

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Faire guerre de sang et de feu : Mes tres chiers seigneurs, plaise vous savoir que le roy d'Ausay l'a demandee a femme, mais elle ne s'i est pas voulu assentir, pour ce que autrefoiz avoit esté mariez. Lequel roy d'Ausay en a eu tel despit qu'il a deffiee la damoiselle et son pays, et y est entrez a force, et banniere desploiee, faisant guerre de sang et de feu, par son oultraige, sans cause et sans raison, et l'a assegiee, lui et ses gens, en la ville et chastel de Lucembourc, et a juré que jamais ne s'en partira jusques a ce qu'il l'aura prise. (ARRAS, c.1392-1393, 150).

 

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Faire (la) guerre à qqn/à l'encontre de qqn/contre qqn : N'a pas lonc temps que tu cuidoies Que se Prians, li rois de Troies, Fust en vie, et son fil Hector, Troïllus, et le bon Nector, Qui Menelaus mist en grant peinne Pour Paris qui ravist Heleinne, Et te vosissent faire guerre En ton païs et en ta terre, Qu'einsi te peüssent abatre Si tost, par scens ne par combatre, Com Fortune t'a abatu Qui en sa roiz t'a embatu, Et la te bat de ses flaiaus Qui sont mauvais et desloiaus. (MACH., C. ami, 1357, 67). Et estoit bien l'intencion du roy et de son conseil qu'il feroit guerre au duc de Bretaingne. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 18). ...pour ce qu'armez se sont Contre leur pére, et fait li ont Guerre... (Mir. ste Bauth., c.1376, 146). ...au temps que le roy nostre sire y faisoit guerre contre les Flamans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 351). ...nous (...) sonmes esmervellié (...) a quel title si soudainnement apriés les trieuves fallies entre Escoce et Engleterre, vous estes esmeu a nous faire gerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 211). "Nostres cousins d'Engleterre (...) nous vodra faire guerre et calengier nostre hiretage..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 268). Messires Jehans de Hainnau a desfiiet le roi de France, et li a fait gerre avoecques le roi d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 356). Et tantost après ladicte exposition faicte, ledit peuple, qui estoit de legiere creance, se esmeut pour faire guerre à l'encontre dudit roy Henry de Lancastre et de la royne sa femme, fille du roy René de Cecille et de Jherusalem, et du prince de Galle, leur filz. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 6). Et puis s'en ala ledit de Charrolois ou pays de Picardie, et de là s'en ala faire guerre aux Liegois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 136). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] A ceste cause, sire, monsr fut meu de prendre treves aveuques les Anglois, car trop grant charge lui eust esté de faire guerre audis Anglois et avoir affaire aussi a voz gens. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 184). Nouvelles comme le duc de Bourgoigne recommença par sa grande follie à faire la guerre à tort et sans cause aux Suisses, ses bons prochains voysins, qui estoient ceulx dont il povoit avoir grant secours pour les affaires de la guerre... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 358).

 

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Faire guerre : ...au temps que Yvain de Gales ala, en sa compaignie plusieurs gens d'armes, ès ysles de Guernisy, oultre Chierbour, pour illec fere guerre, il qui parle, comme arbalestrier, ala au service dudit Yvain (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 91). Et lors la dame lui dist moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans, et pour tant vueil je aler par devers monseigneur nostre maistre, pour savoir que c'est qu'il lui plaist, car il me semble qu'il soit cy venus comme par maniere de faire guerre. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...non obstant qu'il [le duc de Bourgogne] ne fut tenu de faire guerre s'il ne lui plaisoit, a ses despens et sans vostre charge [du roi de France] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 180).

 

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Faire sa guerre : ...par le roiaume d'Escoce poroient li François aisiement entrer en Engleterre et faire lor gerre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 236).

 

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Maintenir/parmaintenir la/les guerre(s). "S'occuper, avoir la charge des guerres" : ...que li signeur d'Alemagne (...) fuissent apparilliet de aidier le dit conte a parmaintenir sa gerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 362). Et celle maintenoit les guerres Et chevauchoit en toutes terres (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 182).

 

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Ordonner de la guerre. "Prendre des dispositions, des décisions relatives à la guerre" : Et, le lundi premier jour de may, le roy se party de l'abbaye de la Victoire, où il estoit, pour aler audit Pons Saincte-Maixence pour faire ses approuches et ordonner de la guerre, en ce qui estoit à faire sur les Bourguignons, et fut envoyé devant le Tronquoy et Mondidier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 329). Jour et nuyt vestir le harnois Nous font [les Anglais] comme gens forcenez, Que ad ce y vueille prouvoir Et de ceste guerre ordonner (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 360).

 

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Porter guerre à qqn. "Entrer en guerre contre qqn" : Et, tantost après ledit partement ainsi fait que dit est, monseigneur le duc de Bourbon porta guerre au roy et à ses pays, et print toutes les finances qui estoient au roy, estans es pays de mondit seigneur le duc. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 38).

 

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Prendre guerre à/encontre qqn. "Entrer en guerre contre qqn, attaquer qqn" : Veoir ne quier la dorée toison Ne les Yndes ne de Rouge Mer onde, N'aus infernaus penre guerre ou tençon Pour eslongier le regart de la blonde Dont me vient joye et baudour Et doulz penser ; si tieng pour le millour Qu', à tout conter et bien peser à drame, Je voy assez, puis que je voy ma dame. (MACH., Bal., 1377, 562). Pas n'est possible que Belzebut Prist guerre encontre ung dïable ; Ou leur reaulme impermanable Seroit pour leur divisïon. [Réf. à Matth. 12, 25] (Pass. Auv., 1477, 165).

 

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Proceder en guerre. "Entrer en guerre" : "...Et puisque li contraires est, et que vous, biaus cousins d'Engleterre, volés proceder en la gerre, je escrirai et penderai a mes lettres mon seel et ferai pendre les seaus de tous les barons de ma tere, certefians la desfiance qui s'adrecera a Phelippe de Valois qui se dist rois de France." (FROISS., Chron. D., p.1400, 318). ADRIANUS. (...) Savoir vueil conment les debvrons Assaillir, ne par quelle forme ? L'EMPEREUR. Par la voye la plus enorme C'on puest en guerre proceder, Sans deffier, ne sans mander Nostre venue au roy de Parthe (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 59).

 

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Serrer une guerre à qqn. V. serrer "Livrer une guerre à quelqu'un"

 

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Suivre la guerre : Et, le samedi ensuivant, XXIe jour dudit mois de novembre, le roy fist crier par les carrefours de Paris que toutes gens qui avoient acoustumé de suivre la guerre, et qui avoient esté cassez de gaiges, se tirassent pardevers certains commissaires qu'il avoit ordonnez pour les recevoir et mettre à ses gaiges et souldées pour le servir en ses guerres. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 194).

 

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Tenir guerre à qqn. "Faire la guerre à qqn, entrer en guerre avec qqn" : Et sachiez que moy ne mon frere ne sommes pas venus vous aidier comme soudoyer pour argent, mais pour droit et raison soustenir, et aussi que tous chevaliers doivent aidier les vefves, les orphelins et les pucelles en leur droit gardant. Et on nous avoit bien informez que le roy vous tenoit guerre a son tres grant tort, et pour ce y sommes nous venus. (ARRAS, c.1392-1393, 166).

 

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Tenir qqn/une place en guerre. "Maintenir une pression militaire sur qqn/sur une place" : Et tenoient toutes aultres forterèces françoises en grant guerre, et herioient amerement le plat pays et le rançonnoient telement que apriès yaus il n'i couvenoit nullui envoiier. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 104). ...Robers de Brus, rois d'Escoce (...) tousjours les tint en gerre et reconquist sus euls ce que si predicesseur avoient perdu (FROISS., Chron. D., p.1400, 110).

 

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Prov.

 

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Guerre est pour perdre ou avoir : Sire Tallebot, y dit voir, Faire n'en fault tel marrement. Guerre est pour perdre ou avoir, C'est l'eur qui ne fault ne ne ment. (Myst. Siège Orléans H., c.1480-1500, 571).

 

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Guerre ne se fait que pour avoir paix : Quelle paix demandes tu, quant il est en ta puissance de tout avoir par armes ? Car guerre ne se fait que pour avoir paix ; fais forte guerre, et tu auras paix par subjuguer tes ennemis. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 221).

 

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Guerre vient par defaut de justice : Guerre, de sa propre naissance, vient par defaulte de justice, car, se tous estions justes, force d'armes ne nous auroit besoing. (CHART., Q. inv., 1422, 27).

 

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En guerre et en haine il n'y a aucune sureté. "En guerre et en haine il n'y a aucune assurance de bonne foi" : ...en gerre et en hainne n'a nulle segurté. (FROISS., Chron. D., p.1400, 389).

 

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En guerre il n'y a nulle pitié ni merci : ...en gerre il n'i a nulle pité ne merchi (FROISS., Chron. D., p.1400, 439).

 

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Il n'est si felle guerre que de voisins et d'amis : Et on dist et voirs est qu'il n'est si felle guerre que de voisins et d'amis. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 47).

 

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Ou est guerre justice est morte : Ou est guerre justice est morte. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 262).

 

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Une fois dessous et l'autre dessus, ce sont les estats de la guerre : "...une fois desous et l'autre desus, ce sont li estat de gerre. " (FROISS., Chron. D., p.1400, 815).

 

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Qui a le profit de la guerre il en aura l'honneur : Car communement on dit : Qui a le prouffit de la guerre, il en aura l'honneur. (BUEIL, I, 1461-1466, 201).

 

2.

P. ext. "Combat singulier ; situation conflictuelle entre personnes, inimitié, dissension, querelle ; rébellion, trouble, tumulte"

 

a)

"Combat singulier" : LE MARQUIS. Sire, qui voulez ceste guerre Faire, dites moy vostre nom. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 165).

 

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Faire guerre à qqn. "Provoquer qqn au combat" : Et quant le jayant l'entent, par poy qu'il n'enrage de fin dueil quant il voit que le corps d'un seul chevalier lui fait guerre et le requiert jusques en son recept. (ARRAS, c.1392-1393, 245).

 

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[P. plaisant.] Faire guerre contre qqc. "S'en prendre à qqc." : LE GAUDISSEUR. Je cheminay par mer, par terre, Tant que j'alay en Angleterre Et dela au pays d'Escosse. LE SOT. Je croy qu'il vouloit faire guerre Encontre ung pot ou contre ung verre Qui est trestout couvert de mousse. (Gaud. sot, c.1450, 11).

 

b)

"Situation conflictuelle entre particuliers, entre groupes, inimitié, dissension" : De courir [le lion] estoit moult engrans ; Il faisoit les saus si trés grans Que durement m'en mervilloie. Bien vi qu'il avoit trop grant joie. De ses ongles gratoit en terre. Il prisoit moult petit la guerre Des bestes qui li vuelent nuire Et qui le pensent a destruire ; Qu'elles l'espioient de long. (MACH., D. Lyon, 1342, 176). Einsi me vueil porter en ceste guerre Et sagement dedens mon cuer enquerre Se j'en porray par Dous Penser acquerre Joie et deduit, Et par Espoir, que je tien clef et serre Qui Dous Penser en cuer d'amant enserre, En attendant Morpheüs qui tost erre Et vient de nuit. (MACH., F. am., c.1361, 176). [Ils promettent] de aidier et soustenir l'un l'autre en toutes werres, discencions et discors (Arch. Nord, a.1400, B 146, 2e cahier, f° 1 v°, IGLF). Lesquelles instructions dessusdictes estoient principalment faictes afin de apaisier les guerres et divisions estans en ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 116). Quand g'y pense, par mon serment, C'est vaine guerre qu'avec femmes ! J'avoye tousjours pitié des dames : Veu qu'ung courtault tresperce ung mur, Ilz auroyent le ventre bien dur S'il ne passoit outre ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35). MARS. Se une fois les attrape [les hommes], Ilz pevent (bien) dire en effect que c'est fait. Par violence, a force et voye de fait J'en defferay, se j'en ay la puissance De justice, j'en rendray tant deffait Par dure guerre et cruelle vengence. (Cene dieux, c.1492, 117).

 

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[De deux pers. ou groupes] Avoir guerre à qqn/l'un à l'autre : Ilz ont veu pluiseurs parties qui avoient wiere l'un a l'autre et qui ne l'osoient mie tenir ou royaulme ne en la contet de Flandres (Arch. Nord, 1329, B 19486, pièce 4, f° 5, IGLF). Et se tu has guerre ou riote A ton voisin qui te riote, Saches premiers se tu has droit ; Et se tu l'as, en tout endroit Te dois hardiement deffendre. (MACH., C. ami, 1357, 111). ...Le Bourc de Malencontre, estant Merigot à Chasteau-Nuef, et Ponchot de Langhac devant lui, ledit Bourc et Merigot avoient guerre mortal de parolles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 177).

 

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[D'un animal] Faire/mener la guerre (à un autre animal). "Attaquer rudement (un animal)" : Si tire [l'épervier] tout droit contremont A aloe, qu'il voit amont.. Haut la triboule et fet grant guerre. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 242). ...il [les chiens] ont mené tel guerre Qu'assés tost l'ont tiré a terre [le cerf] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 383).

 

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Porter guerre à qqn : Comme puis certain temps en ça Henry, bastart de Montbelliart, et autres de la ville et païs de Montbelliart, ses alliez et complisses, aient par leur folle entreprise et desraisonnable voullenté, sans cause raisonnable, fait défier mon seigneur, et lui ait ledit bastart et ses dits alliez fait et porté guerre comme à son ennemy (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 7).

 

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Prendre guerre à qqn. "Chercher noise à qqn, attaquer qqn" : ...Mon voisin, je vous supplie que pour une furecte ledit Thibault ne soit point mal content de nous, et que vous ne prenez point de guerre a lui (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 64).

 

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Prendre qqn de bonne guerre. "S'emparer de qqn conformément aux lois et usages en cours" : Coustume est en Bourgoingne que, se aucun noble prent un autre noble et il lui est requis se il dit qu'il l'a prins de bonne guerre, se il nye qu'il ne soit prins de bonne guerre, recreance doit estre faite sur bons pleges jusques il soit trouvé qu'il soit prins de bonne guerre, ou le contraire. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 229).

 

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Tenir qqn de guerre. "Se considérer en guerre contre qqn" : ...Robert de Clermont, chevalier, tenoit ledit Raoulin de guerre et estoient les trièves d'entre eulz faillies III jours par avant estoit (Ch. VI, D., t.1, 1382, 33).

 

c)

"Rébellion, trouble, tumulte"

 

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"Rebellion" : En oultre, lesdictes lettres donnent occasion aux subgez du Roy de faire guerre et rebellion, et vuelt par ce subtraire au Roy l'aide de ses subgez (FAUQ., I, 1417-1420, 33).

 

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Temps de guerre(s). "Période de(s) trouble(s)" : Il avoit, ou temps des wieres, accatet revenue qui a Madame le contesse u a ses devanchiers deuwist appartenir a cause de regalle. (Arch. Nord, 1355, B 10279, f° 4, IGLF). De deus censisseurs deviers Haul pour nient avoir volut obeïr ou tamps de le wierre au waitier le ville de Haul (...) LXIII livres (Arch. Nord, 1367, B 10302, f° 12, IGLF). Gossart le Jolit (...) avoit en se maison aucuns biens meulles ou temps des weres que gens de Flandres y avoient mis pour yaus sauver et warder. (Arch. Nord, 1389, B 10334, f° 13, IGLF).

 

3.

Au fig.

 

a)

"Lutte, effort, combat" : [UN JUIF à Jésus en croix]. Va, punais, bien moustre exemple Qu'en trois jours referas le temple ! Tresfaulx menteur oultrecuidé, Comment le feroies tu de gré, Quant tu meurs par si peu de guerre ? (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 69).

 

-

"Conflit, opposition (entre deux choses abstr.)" : As tu oublié Lucan qui t'aprint une foys que auctorité de court ne peult jamais souffrir compaignon, et que entre gloire et envie a guerre pardurable et immortelle ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7).

 

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Guerre contre soi-mesme : Et pour ce te vueil commander, Deprier, enjoindre et requerre, Que pais faces de ceste guerre Qu'empris as contre toy meësmes, Car c'est fole emprise et fols esmes. Et je te promet et te jur Que je te feray asseür De ce dont yes en si grant doubte. (MACH., R. Fort., c.1341, 75).

 

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Mener guerre à soi-mesme : Maiz reprenez Courage, et souffrir apprenez, Car trop grandement mesprenez, Se a vous mesme guerre prenez. (CHART., L. Dames, 1416, 230).

 

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Avoir guerre à qqc. "Lutter contre qqc. (qui constitue une tentation)" : Touz jours aras tu au vin guerre Tant con vivras ? (Mir. st Sev., 1362, 195).

 

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Prendre la guerre pour qqc. "Combattre, se battre pour qqc." : ...combien que nous ayons a forte partie a faire, car noz ennemis sont bien dix contre un de nous. Mais quoy ! Nous avons droit, car ilz nous sont venus assaillir sans cause sur nostre droit heritaige, et aussi nous ne les devons pas ressoingnier, car Jhesucrist prist tous seulx la guerre pour nostre salvacion, et par sa digne mort seront tous crestiens sauvez qui ses commandemens tendront. Dont vous devez savoir que tous ceulx qui en ceste besoingne mourront, seront sauvez et auront la gloire de paradis. (ARRAS, c.1392-1393, 108).

 

b)

"Dispute, petit conflit d'ordre sentimental" : Par la quele guerre et bataille j'entens la vie amoureuse de vous et de vostre dame, les priieres, les responses, les refus et les escondis (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 152).

 

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Guerre amoureuse. "Conflit d'ordre sentimental" : Car, quant congneu j'ay les amoureux faiz, Retrait me suis de vie si peneuse, Comme lassé de la guerre amoureuse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 172).

 

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Guerre de filles. "Jeux amoureux, galanteries" : Guerre de filles si faict le temps passer, Et guerre d'armes faict despasser le temps (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 134).

 

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Faire la guerre aux filles : Nos voluntez soyent determynees A suyvre l'art et le train d'amouretes, Et qui pourra sur couches courtinees, Face la guerre a ses jeunes fillectes. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 133).

 

c)

"Contrarier, faire souffrir"

 

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[D'une chose] Faire guerre à qqn.

 

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"Faire souffrir" : LE JUGE. (...) Av'ous mal aux dens, maistre Pierre ? PATHELIN. Ouÿ, elles me font tel guerre Qu'oncques mais ne senty tel raige : Je n'ose lever le visaige. (Path. D., c.1456-1469, 160). Item, mon corps j'ordonne et laisse A nostre grant mere la terre ; Les vers n'y trouveront grant gresse, Trop lui a fait fain dure guerre. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 77).

 

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"S'opposer, faire obstacle à qqn" : Lors au resgarder m'oubliay, Si que tout mis en oubli ay Ce que li devoie requerre ; Car sa douceur faisoit tel guerre Par sa force et par sa rigour A moy, que n'os scens ne vigour Que la sceüsse arraisonner, Ne que peüsse un mot sonner, Eins estoie tous estahis... (MACH., D. Lyon, 1342, 186).

 

-

Sans question ni guerre. "Sans la moindre contestation" : Et fut logé moult honorablement Dedens l'ostel, sans question ne guerre, Du cardinal du tiltre Saint Clement (LA VIGNE, V.N., p.1495, 270).

B. -

"Art de la guerre" : ...lequel gentil homme estoit moult vaillant homme d'armes et estoit dedens Lucembourc que le roy d'Aussay avoit assiz. Il qui estoit saiges du mestier d'armes et de la guerre, traist les nobles du pays a part et leur dist : Beaulx seigneurs, vous povez assez appercevoir que, au long aler, nous ne povons contrester a la puissance de cestui. (ARRAS, c.1392-1393, 147). Adont roÿne de la terre Fu Thamaris, qui yert de guerre Duite, apprise et bien affaitié. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 202).

 

-

Appris/savant de guerre. "Qui connaît l'art de la guerre" : Messeigneurs, a mon audience Dire veul selon mon advis Et ce que en mon cueur je pense : Puis que ad ce faire suis soubmis Devant vous tous princes de pris Qui estes rempliz de vaillances, Savans de guerre et hardis, Et sur tous autres preminances. (Myst. Siège Orléans H., c.1480-1500, 96). Voyez cy Jehan, duc d'Alanson, Qui de nouvel est cy venu D'Angleterre, paient renson En laquelle il estoit tenu ; Si sera de par nous esleu, Jehanne, vous tenir compaignie. Il est puissant et de hault lieu, De guerre apris, ne doubtez mie. (Myst. Siège Orléans H., c.1480-1500, 511).

 

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Estre subtil de guerre. "Être bon stratège" : ...li Escoçois, qui sont soutil de gerre, sceurent bien prendre un aultre cemin (FROISS., Chron. D., p.1400, 137).

 

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Savoir fait de guerre. "Connaître l'art de la guerre" : Vous savez assez fait de guerre, Et pour ce je vous vueil requerre Que de mon ost vous soiez maistre (Mir. st Lor., 1380, 126).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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