C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     FRANC1          FRANC2          FRANC3          FRANC4     
FEW XV-2 163a frank
FRANC, adj.
[T-L : franc1 ; GD : franc1 ; GDC : franc2 ; AND : franc1 ; DÉCT : franc1 ; FEW XV-2, 163a : frank ; TLF : VIII, 1208b : franc3]

I. -

[Idée de non-asservissement, de liberté ; idée de noblesse (la noblesse supposant par nature le non- asservissement) ou de qualité associée à la noblesse (noblesse de coeur, libéralité, loyauté, sincérité...)]

A. -

"Qui n'est pas asservi, asujetti (à)"

 

1.

[D'une pers.] "Qui n'est pas asservi, qui est de condition libre (p. opp. aux serfs, aux esclaves)" : Et tel juste est entre genz qui sont frans et qui sont equals en liberté. (ORESME, E.A., c.1370, 300). Et aussi, il est de droit naturel que les uns soient princes, les autres subjecz ; et que les uns soient frans et les autres sers, si comme il appert ou premier de Politiques (ORESME, E.A.C., c.1370, 303). Les aultres veulent distinguer ainssi : ou lez seigneurs ont subjés sers, ou ilz lez ont frans. Se ilz sont sers, lez seigneurs lez puent tallier, a cause ou sanz cause, car le sers et tout ce que il a est et appartienent au seigneur (Songe verg. S., t.1, 1378, 231). En Bourgoingne a quatre condicions de personnes (...) Ceulx qui sont frans à leur vie et à leur mort sont ceulx qui originelment sont frans et qui demeurent en lieu franc de tailles et d'autres charges (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 261). ...Et je le voulray desservir Qu'il sera franc toute sa vie (Mir. st Alexis, 1382, 345). Exemple : Se la femme serve contrait avec l'homme qui est franc et non pas serf, et l'homme cuide qu'elle soit de franche condition, le mariage ne tient pas. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50). ...mais erreur de condition de pareille ou meilleur condition ne l'empesche pas [le mariage], comme se le serviteur et serf contrait avec une meschine qu'il cuide estre libere et franche, ou avec une franche qu'il cuide ancelle ou serve, il n'est pas deceut et le mariage tient. (Sacr. mar., c.1477-1481, 50).

 

-

Empl. subst. : Et donques l'en doit plus dire que democracie est quant les frans sunt seigneurs (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 169). Vray Dieu, sy vray que fermement Croy que nasquites de la belle Qui enfanta, vierge pucelle, Vostre saint corps sanz souffrir paine ; Et qu'onques franche ne villaine Ne pot dire, par verité, Qu'enfantast en virginité Fors elle (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 25).

 

2.

[D'un seigneur, de ses possessions] "Qui est libre vis-à-vis de toute suzeraineté" : Et comment cuidiez vous, se mon pere a voulu asservir l'eritaige tant comme il le tint, que je le doye tenir serf, puis qu'il est franc ? Vous avez veues les lettres comment le bon conte Aimery de Poictiers le donna a mon pere si franchement que il n'en devoit rien a nul homme que a Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 296). ...qui suis vostre roy francq comme celui qui n'en doit feauté ne nul hommage (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 94).

 

3.

[D'une pers., d'une communauté, d'une terre...] "Qui est exempt de charges, de dettes..."

 

a)

"Qui est exempt de charges, d'imposition" : Des hommes D'Orsie vers Brancion, qui vouloient estre frans, pour certaines reddevances paiant à monseigneur, l'en ne treuve ne tiltre, ne lettres de previlege de leur franchise (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 261). ...marchans forains ou bourgois non francz (Comptab. Dieppe M., 1474-1475, 119).

 

-

V. franc-bourgeois

 

-

[D'un lieu, d'une terre...] : ...le sergent ne le prevost ne pouront adjourner homme de condicion taillable ou censable demourant en lieux qui n'est pas frans (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 78). Et lors icellui exposant lui repliqua que ou dit fié de la Chaume n'avoit piece de terre qui feust franche (Doc. Poitou G., t.6, 1396, 217). ...et puis alerent à Laigny sur Marne, où ilz firent plusieurs explois comme de ardre et bruler tous les papiers qu'ilz trouverent sur le fait des aides, et ordonnerent en ladicte ville que tout y seroit franc. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 51).

 

-

[D'une activité] : ...a en ladicte forest ce qui ensuit, c'est assavoir en l'eaue de Saine une franche pescherie (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 54). Et se le roy notre sire venoit ou demouroit audit lieu du Trait, il auroit son franc moudre es diz moullins, et le verdier qui de présent y est, quant à lui de meme a en son nom son franc moudre (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 133). Et est assavoir que en la ville a telle franchise que s'il est aulcun maistre varlet bouvier qui veuille entreprendre de faire le mistere que dit est, et il le puisse faire sans tumber a terre, ses beufz et son charroy seront francs toute l'annee au dit Moncaillier (LA VIGNE, S.M., 1496, 302).

 

-

Franc archer. "Archer que, selon l'ordonnance du 28 avril 1448, chaque paroisse est contrainte d'équiper ; ces archers ne payent pas d'impôt (d'où l'épithète de franc)" : S'ensuit le monologue du franc archier de Baignollet avec son Epitaphe. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 29).

 

Rem. Pac. Job M., c.1448-1478, 294 ; JUV. URS., Verba, 1452, 269 ; ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 253 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 130 ; 396...

 

-

Franc coutumier : ...avecques toutes les autres franchises, libertés et usages qui ont et pevent avoir les frans coustumiers d'icelle forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 4).

 

-

Franc tenant : ...toutes et telles aultres et semblables franchises comme ont et prennent les aultres nobles et frans tenans et usagers de ladicte forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 216).

 

-

Franc de + subst. désignant une obligation. "Exempt de" : Car l'en lit in Cronica Eusibii que, pour la victoire que ilz eurent contre lez Alemans, l'Impereur Valentinian voult et ordena que ilz fusent frans et quittes de toutes aides et de tout tribut juques a diz ans ; lezquelx diz ans aconplis il ne voulurent obeïr a l'Impereur ne luy poïer aucunes aidez, mez se disoient frans. (Songe verg. S., t.1, 1378, 146). En Bourgoingne a quatre condicions de personnes (...) Ceulx qui sont frans à leur vie et à leur mort sont ceulx qui originelment sont frans et qui demeurent en lieu franc de tailles et d'autres charges (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 261). ...ilz avoient esté, estoient et sont de tout temps frans, quittés et exemps de tout ost, chevauchiée, recours de justice, et autres choses quelxconques envers le conte d'Artois (Hist. dr. munic. E., t.1, 1389,,, 409). ..item, il [a] regard en ladicte forest, lequel regart on apelle franc jugeur, et à cause de ce est franc de pasnage et de pasturage pour ses bestes, excepté chievrez et hors deffens (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 54). Recepte de fons de terre appartenans à ladicte ville de Paris, qui se cueille en plusieurs lieux et parties estans en la censive et seigneurie fonciere du Parlouer aux Bourgois d'icelle, lesquelles on dit estre franches du guet de Chastellet (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1441-1442, 253). Et sommes francs de tous impostz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 227). Venez le voir [Villon] en ce piteux arroy, Nobles hommes, francs de quars et de dix, Qui ne tenez d'empereur ne de roy, Mais seulement de Dieu de Paradiz (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68).

 

-

Empl. adv. : Item, a droit de cuire franc au four de ladicte ville... (Comté Porcien R., 1459, 313).

 

-

Franc-salé. V. franc-salé "Exemption de la gabelle"

 

-

Empl. subst. "Celui qui bénéficie d'une franchise (et qui, s'il l'a versée, en est remboursé)" : Des frans de Briaucourt, de Froideconches et de Villers qui paient de III ans en III ans... (Comté Champ. Brie L., t.3, 1340-1341, 348). Franchises de harengueson eschues (...). A Raoulin Blanchaston, pour tous les francz de son hostage dont les noms et les sommes et la cause de leur franchise sont declarés es quittances payees par ledict receveur et cy rendues, montant en somme ensemble... (Comptab. Dieppe M., 1474-1475, 123).

 

-

Franc (de Bruges). "Châtellenie libre de Bruges"

 

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 234. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 377 ; 413.

 

b)

"Qui n'a pas de dettes, qui est exempt de toute charge sur ses biens" : Et il disent que nous demandissiens as dis conjoins vendeurs pour quoy il faisoient cestui marquiet et s'il estoient frans de leurs deniers. (Hist. Lille T., t.2, 1391, 473).

 

-

"Qui est dispensé de payer" : S'un estrangier s'embat entr'eulx, Il doit estre franc, s'il est seulx, Au premier escot ou il vient (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 330).

 

.

Empl. adv. "Sans avoir rien à débourser, gratuitement" : Nous mouldron franc et si aron et si aron Pain en paulme pour les souldars. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 263).

 

.

Franc de qqn (ou d'une collectivité). "Auprès de qui on n'a pas d'obligation (financière)" : Item je donne aux quatre fraries dont je suys franc [en tant que bienfaiteur reconnu de la Confrérie, le personnage en cause n'est pas soumis au paiement de la cotisation régulière ; cf. note de l'éd.], comme il appert par leurs lettres ; c'est assavoir à la frarie ou charité du Sacrement, à la frarie de Nostre Dame, à la frarie de monsr Saint Romain et à celle de monsr Saint Sébastien, à chacune d'icelles fondées en ceste esglise de Rouen, 30 s. t. (Invent. test. Surreau Foville F., 1476, 178-179).

 

c)

[D'une chose] "Librement disponible, gratuit" : ...et Dieu scet en quelz nopces ilz [Calabriens et Suisses] estoient, mais ilz ne leur estoient pas franches, pour ce qu'ilz paioient bien leur escot. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 124).

 

-

[D'une somme] "Disponible, qui reste disponible (dans un compte)" : Demeure franc : IIIc II lb. ... (Comté Champ. Brie L., t.2, 1332, 420).

B. -

P. ext. [D'une pers., de ce qu'elle ressent, de ce qu'elle fait, d'une communauté...] "Libre" : Forment m'est tart Que franc et delivre m'en voie. (Mir. pape, 1346, 355). Nompourquant nulz commandement N'a en tel cas certeinnement, Tant y ait longuement servi ; N'onques nuls homs ne desservi Tant qu'il peüst de dame traire Merci pour cause de salaire, Jusqu'a tant qu'Amours en ordonne Qui tout franc et quite le donne. Tout autant y est desservans Non servans comme li servans. (MACH., D. Aler., a.1349, 306). Mais vëons la condition D'Avis selonc s'entention : Il donne conseil franc et quitte Et n'en attent autre merite, Fors ce que li juges tant face Qu'il en ait pais, honneur et grace. (MACH., J. R. Nav., 1349, 258). Oubliée estoit leur tristour, Qu'il savoient pour verité Qu'en Alixandre la cité Les devoit li bons roys livrer, Et frans et quites delivrer. (MACH., P. Alex., p.1369, 181). Puis qu'Amours faut et Loyauté chancelle Et Pitez et ma dame d'onnour Est en tous cas à mon desir rebelle N'oncques de moy n'ot pité ne tenrour, Ma dame et Amours renoy Et leur service et l'amoureuse loy ; Car miex me vaut de leur dangier partir Qu'en eaus servant sans joie adès languir. Si seray frans, qui est chose si belle Qu'on ne porroit esprisier sa valour, Et d'autre part n'i a celui ne celle Qui de moy puist oster joie et baudour. (MACH., L. dames, 1377, 221). Car qui vuet jugier à droit, Nul n'i est qui frans ne soit, Et s'uns villains y entroit, Bonne Amour li mueroit En miex son corage ; Franchise l'affranchiroit, Loyauté l'enseingneroit... (MACH., Les lays, 1377, 349). Et, adonques, dist Jhesuchrist : "Donques lez filz dez roys sont frans. Mez, afin que nous ne façons aucun esclandre, va a la mer (...) ; et la troverras une statere, c'est une maniere de monoie, lequel tu donras pour moy et pour toy". (Songe verg. S., t.1, 1378, 42). [Venise, libre de toute tyrannie] c'est une des plus nobles et franches cites qui soit en tout le monde (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 254). Ainssy franc et quicte s'en vint (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44). Le Buef raconta son estat a Renart. C'est assavoir comment il estoit venu tout franc a homme et comment homme l'avoit longuement tenu en servitude (Livre bêtes L., c.1450-1500, 78). ...et puis publicquement [Tibère] disoit que en franche cité les langues estoient frances. (LA SALE, Sale D., 1451, 22).

 

-

Compagnie franche./Archers francs

 

Rem. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 288 ; 466.

 

-

Franc gontier. V. franc-gontier

 

-

Franc jugeur. "Juge en matière forestière (qui juge librement, en dernier ressort)" : ...item, il a regard en ladicte forest, lequel regart on apelle franc jugeur, et à cause de ce est franc de pasnage et de pasturage pour ses bestes, excepté chievrez et hors deffens (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 54).

 

-

Franche feste. "Fête qui se déroule librement, sans contrainte" : ...[la scène au théâtre est comparable aux] logettes a merchiers a franque festes (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 447). A cause du different qui lors estoit entre ceulx de Bourges et de Lion pour la france feste que chescun d'eulx pretendoit avoir, les Lionnois furent suspitionnéz d'avoir bouté le feu, mais riens n'en vint à clarté (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 570).

 

-

Franc mestier. "Métier qui, à Metz, ne relève pas du grand-maître des métiers" : Jugement don segneur Hugue Heinebourjat d'une pairt, et de Godefrin, [de] la Chaite, pour lui et pour ces compaignoins qui cuillent le tonneux don frans mestier, d'autre pairt, que dit coment li tonneu des paingne et des fourxatte avoient bien a demorer a frans mestier (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1343], 217). Tonneux. Jugement dez tonnowiés du franc mestier d'une pairt, et des tonnowiez bouchiés d'autre pairt, que dit coment li tonneux dez coustel a bien a estre auz compaignons don franc mestier parmei les .VII. sepmeinnes. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1344], 228).

 

Rem. H. Klipffel, Metz, cité épiscopale et impériale, Bruxelles, 1867, 118-119 : "La suppression de la grande-maîtrise ne tarda pas à être suivie de celle du franc-métier. On appelait ainsi les merciers-colporteurs, les ceinturiers, les boursiers, les brayetiers, les gantiers, les parmentiers, le vieciers (fripiers), les couturiers et les corroyeurs, qui, au lieu de relever du grand-maître des métiers, étaient gouvernés par des échevins et un maître tenant sa charge de l'évêque, comme fief et sous la condition de l'hommage. C'était là (...) un reste de l'ancienne sujétion des gens de métier à l'égard des évêques. En acquittant certains droits à ces derniers, les gens du franc-métier pouvaient, sous leur protection, ouvrer et marchander par tout l'évêché."

 

-

Franc de corps. "Souple de corps, d'une grande liberté de mouvement" : Sire roys, j'avoye songié Ung moyen assez convenable Que, tantost que serez a table, Ma fille, qui est bien mobille, Franche de corps, gente et habille, Venist faire ung esbatement Devant vous, saultant gentement. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 162).

 

-

[De la volonté, de la conscience, de la disposition que l'on a de qqc. ...] "Libre, sans restriction, entier" : Et par ce avient souvent que ilz ont contencions ensemble et veulent contraindre l'un l'autre a faire justice pour ce que ilz ne la font de franche volenté. (ORESME, E.A., c.1370, 472). Et pour ce, se de sa franche et liberale volenté Il espant de son bien et de sa grace en ses creatures et fait aucunes choses pour elles secondairement et comme pour fin de seconde intencion, si comme nous disons : Qui propter nos homines et propter nostram salutem, etc., ce ne redunde et ne fait en rien a sa bonté ne a sa perfection. (ORESME, C.M., c.1377, 364). ...et illec congnut et confessa de sa pure et franche volenté, sanz aucune contrainte, que (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 39). Lequel, de sa bonne, pure, franche et liberal voulenté, sans aucune contrainte, ou pourforcement de gehaine ne autre, congnut et confessa [ceci] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 2). ...il scavoit bien les secrez jugemens de Dieu, comment de sa franche voulenté il donna a aucuns grace et gloire, et les autres il delaisse et les repreuve (GERS., P. Paul, a.1394, 505). ...n'est pas merveille se Dieu a fait le monde selon la predeterminacion de la franche voulenté eternelle, quant et [et] en telle maniere luy a pleu. (GERS., Trin., 1402, 162). Se tu, mon Ame, as franche voulenté sur ton corps et sur tes affections, trop mieulx doit avoir franchise et liberté nostre Dieu, le tout puissant, sur toute chose (GERS., Trin., 1402, 162). ...et nierent la provision franche de Dieu et la remuneracion des bons en l'autre vie, et la punicion des mauvais (GERS., Trin., 1402, 162). ...laquelle collacion ou disposicion les prelas de ce royaume vouloient à eulz atraire à leur plaine et franche disposicion (FAUQ., I, 1417-1420, 62). Dieu soit loé en toute guise, Qui donna aux gens tel povoir Que seurement, par franc vouloir, Ilz pevent accepter et faire Pluseurs choses ou leur contraire (LA HAYE, P. peste, 1426, 70). Entre tous les biens de creacion il ny a plus haulte chose ne plus digne en homme que franc arbitre (CIB., p.1451, 222). Cest voirement grant semblance que ta voulente a auecques leternite de Dieu car ta voulente ou franc arbitre est incorruptible et immortelle et iamais ne fauldra (CIB., p.1451, 223). Lui seul congnoist toutes choses subjectes au franc vouloir, qui se dist le "liber arbitre", et les cogitations des hommes lui seul congnoist soy mesmes. (Somme abr., c.1477-1481, 149). Le roy servirent tous de voulenté franche. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 153). Et aussi vouloient iceulx Cueurs faire vuyder le fraudeleux appel qu'ilz avoient par avant intergetté pour raison de laditte sentence contre eulx donnée, jaçoit ce qu'ilz avoient eu trestous de leur franche volunté ledit arrest pour aggreable. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 158).

 

-

Franc arbitre. "Liberté" : Le vieil Empereur se trouva contrainct d'amour paternelle et print couraige, mandant tous les princes de son sang en Allemaigne, et leur declaira qu'il vouloit, en sa personne, venir pardeçà pour la recouvrance de son filz, pour le mectre en son franc arbitre et pour le vanger de ceulx qui contre droit le molestoient (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 292). ...quant le filz senti le franc arbitre qu'il avoit et joyeux de ce qu'il estoit hors de prison... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 226).

 

-

Franc de. "Libre de (en partic. de ce qui peut être reproché)" : ...Et s'einsi faire le volez Vous ensieurez la juste voie De droit, ou je ne saveroie Le fait congnoistre ne niër. Se non, vous devez ottriër Que je m'en voise frans et quittes De ce forfait que vous me dites ; J'en atenderoie bien droit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 166). ...franche et desliée de tous liens et obligacions de mariage (Ch. VI, D., t.1, 1400, 194). ...peu advient que aucun soit trouvé franc du venin de sa propre exquisicion. (Internele consol. P., 1447, 169). Dont par ainsin je puis bien dire que le vray amoreux, tel que je dy, de ce mortel pechié et de tous les autres est quicte, franc et sauvé. (LA SALE, J.S., 1456, 28). ...Coureux alans francs de faulx or, d'aloy (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68). JHESUS. [à son Père] (...) Vos bons amys sont a delivre : Les voicy tous, je les vous livre De leurs offences francs et quictes. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1029).

 

.

Porter qqn franc de qqc. "Garantir qqn contre qqc." : Sire d'Antoing, ne vous esmayez de riens ; je suis puissant assez de vous garantir de la peine et de tout ce qu'il vous en peut advenir, et vous en porteray franc. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 80).

 

-

Avoir la vie franche. "Avoir la vie sauve" : Ha monseigneur, pour Dieu, mercy ! Hault le trait ! Qu'aye la vie franche ! Je voy bien a vostre croix blanche Que nous sommes tout d'ung party. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 38).

 

-

[D'une chose] Avoir franc logis. "Pouvoir s'installer librement" : Car ches choses si grandes et en si grant nombre, pour avoir franc logis, requierent que choses vaines soient du corage ostees, car grand chose requiert avoir grant plache. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 103).

 

-

[D'une chose] "De quoi on est détaché, par rapport à quoi on est libre" : ...quelle chose est plus france a celui qui rien ne desire en terre ? (Internele consol. P., 1447, 162).

C. -

P. méton. [Idée de noblese (parce qu'elle implique la condition libre) et qualités associées à la noblesse (noblesse de coeur, libéralité, loyauté, sincérité...)]

 

1.

"De naissance noble (et qui a toutes les qualités de la noblesse)" : Milles, ou yestes vous, frans chevaliers adrois (Flor. Rome W., c.1330-1400, 166). Segnor, conselliés moi, franc chevalier gentil (Garin Lorr. M., c.1330-1400, 486). ...dame plaisans et franche (ACART, Prise am. H., 1332, 5). Jamais ne me verra, ne sa franche moulier, Tant que j'aray conquis tout seul sans escuier, Citez, tours et chasteaulx et tres noble herite (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 2). Cil Damedieu (...) Vous vueille garder, franc nobile baron (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 88). Franc roy, mercy ! (Mir. Berthe, c.1373, 221). Franc damoisel, faittes sonner voz trompettes (ARRAS, c.1392-1393, 159). Anthoine, frans et nobles chevaliers, les barons de ceste contree ont regardé et consideré la grant honneur que vous avez fait a leur dame, a son pays et a eulx (ARRAS, c.1392-1393, 169).

 

-

De franche orine. "De noble extraction" : Hé ! rosegnols, oiseaus de franche orine... (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 157). Sa mére aussi en fu royne, Qui fu dame de franche orine (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 84).

 

2.

"Noble de caractère, de coeur ; libéral, généreux ; loyal" : A Ronme sont venus et se sont hosteléz Chiés un francq sinatour qui les a aviséz. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 141). Mais cils qui ot le cuer franc sans amer Dist : "Dame chiere, Pour Dieu merci, reprenez vo maniere, Vous vous tuez de faire tele chiere, Car je voy bien que moult comparez chiere L'amour de li..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 66). ...Et si fu blanche Plus que la noif, quant elle est sus la branche, Sage, loial, courtoise, et de cuer franche, Et si parfaite en toute contenance Qu'en loiauté Estoit assez plus belle que biauté ; N'en li n'avoit orgueil, ne cruauté, Ne riens qui fust contraire a amisté. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 104). ...Et sa parfaite humilité, Sa maniere qui n'est volage, Son gentil port, son maintieng sage, Son biau parler, sa haute honnour, Sa courtoisie sans errour, Sa franche liberalité, Sa douceur pleinne d'amisté, Son dous regart, sa biauté fine Et son atour belle doctrine Me demoustroient et maint bien, Se je les retenisse bien. (MACH., R. Fort., c.1341, 13). Et vraiement, Tant vaut, tant scet, tant a pooir, Tant puet aidier, tant puet valoir, Tant est pour chascun necessaire, Tant est courtoise, debonnaire, Bonne, gentil, franche, amiable, Loial, noble, honneste, crëable, Large de joie et de confort, Abandonnée en reconfort, A bien faire et raison encline, Tant par est nette, pure et fine En fais et en meurs, que son ouevre Bonne appert partout ou elle ouevre. (MACH., R. Fort., c.1341, 140). Là, demanda l'ostel du fran bouchier Simon Qui estoit ly sien onclez de droit'estrasion (Hugues Capet L., c.1358, 4). Mais la franche et noble roÿne Que Piquus amoit d'amour fine... (MACH., Voir, 1364, 616). Quant Eneas parti de Troie Son filz et son pere et sa proie Que dou feu de Troie getta, Et la franche Thegneÿta Qui l'alaita de ses mamelles (...) Si s'en aloit, lui et sa gent, Jour et nuit par la mer nagent (MACH., Voir, 1364, 626). La sage prophete Sibille, Qui avoit cuer franc et nobile... (MACH., Voir, 1364, 626). Aussi vesci IJ. Genevois Dont les noms ne vueil pas celer. Sachiez qu'il se font appeller Monsigneur Jehan Imperial, Qui a le cuer franc et loyal. L'autre a nom, à ce corps ynel, Messires Pierre Raguenel. (MACH., P. Alex., p.1369, 176). Li nobles roys frans et gentis, Com diligens et ententis A son fait et à sa besongne, Hucha Perceval de Coulongne, Si li dist moult courtoisement... (MACH., P. Alex., p.1369, 234). Certes, je di et s'en quier jugement Que, quant Amours un cuer destraint et maire, Pour ce qu'avoir ne puet aligement De sa dame qu'est franche et debonnaire, Que li meschiés qu'Alixandres fist Daire N'est pas si grans com cils qui li court seure, Triste, dolent, qui larmes de sanc pleure. (MACH., Bal., 1377, 558). ...L'ajure Et de mesure M'espure. Mais sans laidure L'endure D'umble voloir franc et pur. (MACH., Les lays, 1377, 306). Autre confors n'i sçay fors bien amer ; Et se po vail, il faut que je me peinne De ma dame servir et honnourer Et de valour seürs à ce me meinne. Car se je ser ma dame sans fausser, Tant est vaillant, franche, douce et humeinne Que ses frans cuers ne porroit endurer, S'elle le scet que je perde ma peinne. (MACH., Les lays, 1377, 333). ...c'est un bourgeois Larges (...). Il est franc de cuer, il est gent (Mir. march. juif, c.1377, 173). ...tant est franc ou il s'adonne Que corps et avoir habandonne (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 69). Car lion est la plus franche beste qui soit au monde ; car il ne savra ja avoir si grant fain ne ne sera ja si irés vers nulle beste, se elle se couche a terre et luy monstre semblant d'umilité, que il la veuylle plus touchier des lors en avant. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 10). JHESUS. Voyez ce calice en presence Et buvez de cueur pur et franc, Car c'est icy mon propre sang (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 240). ...Par franc desir ouvrant en elle. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 354). Mais en femmes d'onneur et nom Franc homme, se Dieu me sequeure, Se doit emploier, ailleurs non. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 60). ...tout franc cueur doit, par Nostre Seigneur, Sans empirer, ung povre secourir (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 84).

 

-

"Généreux" : Tant raille on que plus on n'en rit ; Tant despend on qu'on n'a chemise ; Tant est on franc que tout s'i frit ; Tant vault "tien" que chose promise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 53). Je suis servy de si tresdur langage, Par Faulx Semblant et Barat suis mené. Quant je y pense, a peu que je m'enraige, Et si suis franc, large et abandonné. (P. Jouh. D.R., a.1488, 17).

 

-

Empl. subst. : Mais la franche et la debonnaire Vit et congnut [tout] mon affaire, Et de moi couvrir se pena... (MACH., Voir, 1364, 210). Plus faitis Que cointise Est ; mesdis Et ventize Het toudis Et desprise, Li bons, li frans, li gentis. Et pour ce, par soutil attrait, Amours par mi le cuer m'a trait Et feru d'un amoureus trait, Plein de gracieuse plaisence. (MACH., Les lays, 1377, 369).

 

-

Franc au collier. "Se donnant généreusement à l'effort, plein de zèle, ne rechignant pas à l'effort" : L'an quatre cens cinquante six, Je, Françoys Villon, escollier, Considerant, de sens rassis, Le frain aux dens, franc au collier, Qu'on doit ses euvres conseillier, Comme Vegece le racompte, Saige Rommain, grant conseillier, Ou autrement on se mescompte... (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 11).

 

3.

"Qui dit librement ce qui est, qui est sincère"

 

-

En franc langage. "Sans détour" : Il fault à présent condescendre à déclarer en franc langage De quel viande et quel bevrage Semble bon et convénient, Et de fait est expédient User en temps de pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 88).

 

-

Empl. adv. Parler franc. "Parler sans détour" : Aussi y a vignoble d'excellence, Dont il en sort si tres grant habondance De vins clairetz, de vin rouge et vin blanc, Grec et latin que pour en parler franc, Sans les exquis muscadetz et vins cuitz, On y queult bien tous les ans mille muitz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

 

.

Dire (qqc.) franc : Nous l'aurons pour vous dire franc ["à vous parler franchement"]. (Berg. agn. France L., 1485, 35). Dictes le franc, car je n'ay cure Que l'on me celle tel mesfaict. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 269).

II. -

P. anal. [D'une chose]

A. -

[Idée d'une chose qui est en dehors de ce qui est envisagé, qui en est libre] "Qui reste en dehors (de ce qui est dit)" : ...le signe qu'elle mesme fist sur son instrument naturel du bergier de sa main, qui estoit environ deux doiz, la teste franche (C.N.N., c.1456-1467, 482).

 

-

Tant de franc. "Tant de libre" : ...nulles lances ne furent tenues pour rompues, s'il n'y avoit quatre doigts de frans au dessoubs le rochet ou devant la grappe. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 140).

B. -

[Idée de qualité naturelle, et, p. ext., de conformité à l'attente]

 

1.

"Naturel"

 

a)

[D'une plante] V. fransoreau "Naturel, qui possède toutes les qualités naturelles, véritable (plante sauvage, ou bien, si la plante est cultivée, elle l'est dans des conditions naturelles, p. ex. en dehors de toute greffe)" : ...De haies de belles devises Enracinées et reprises, Pommiers de paradis, rosiers, Franche aube espine et esglentiers ; Groselier aussi y estoient Qui bien et bel y afferoient. (MACH., D. Aler., a.1349, 392). Et s'avoit environ planté D'aubres qui y furent planté, Assis a ligne et a compas (Je les mesuray pas a pas) : Caurriers, figuiers et chastingniers, Amendeliers et frans meuriers Qui moult bel la haie paroient, Pour ce que trés bien y paroient. (MACH., D. Aler., a.1349, 393). Selon Columella, l'en puet enter en ceste manoere en un oulme et en un franc murier, qui est ami de la vigne. (Rustican H., 1373-1374, 80). Et, n'en doubtez, la franche mente Est aussi lors conveniente, Lesqueles herbes, à vray dire, Doit on appareillier et cuire O bonne char soigneusement, Et en user petitement (LA HAYE, P. peste, 1426, 94). Maiz vin aigre riens ne meffait De franc roisin et sec extrait (LA HAYE, P. peste, 1426, 126). Et entre ronces volentiers Fleurissent les frans aiglentiers (LA HAYE, P. peste, 1426, 164). Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume, Lorrier soüef qui pour mon droit combat, Olivier franc m'otant toute amertume ["olivier qui produit des fruits doux sans avoir été greffé"]. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111). Dessus son chief mirent le chapellet De franc lorier et de nobles fleurettes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 172).

 

-

[Dans une comparaison] : Franc comme lorïer ["sincèrement"], Qui vous vouldroit injurïer, Sainct Jacques, il auroit [ bien ] tort. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 99).

 

b)

[D'une denrée] "Naturel, bon" : ...et le fort vin, Gelée franche, blans mengiers Viennent par devant sans dangiers, Puys nobles fruiz, frommage gras (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 39). Ha ! homme serf aux viandes composees et faittes contre nature, ordoiees de mains d'homme par gloutonnie, regarde comment ma vyande estoit franche et nette sans vilonnye ou tamps de ma franchise ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 370).

 

-

Vin franc. "Vin naturel"

 

Rem. Doc. 1393 ds FEW XV-2, 168a.

 

2.

"Qui a toutes les qualités requises, qui répond pleinement à l'attente, qui est bon" : ...pour faire clore et fermer nostre ville de Louviers de fossez et de palliz, et aussi de murs de franche matère (Mand. Ch. V, D., 1376, 688). ...franc camelin (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 37).

 

-

[D'un poisson] "Frais" : Prenés un franc piprenel ["petite anguillle"] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 210). [gloss. de l'éd. ; DU CANGE, s.v. franci, franci pisces, recentes, boni]

 

-

[D'une viande] "Tendre" : Et sont les chers des chevrez de par desa auxi franchez et plus tandrez et plus savoureez que les moutons de par della (GADIFER DE LA SALLE, Canarien, c.1404-1406. In : Chestom. R., 64). Item, a Jehan Trouvé, boucher, Laisse le Mouton, franc et tendre (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 21). On embrochoit gras moutons, francs veaux Parmy les rues (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203).

 

-

[D'une pierre précieuse] "Pur" : Plus net que ung voirre et plus franc que n'est l'ambre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 321).

 

-

[D'un outil] "Bien tranchant" : Item, toutez les branchez qu'ilz pourront coupper de terre à une hache de IIII piés et demi de manche, à pié paulmé, la teste de leur congnie franche, soient vertez ou sechez, hors essars, excepté les arbres dessus reservés, pourveu touteffois que en ce faisant ilz ne deshounnourent aucunement l'arbre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 335).

 

-

[D'une monnaie] "Qui a pleinement cours" : JUDAS. (...) Dictes moy combien me donrrés De finance franche et delivre Ou cas que ce Jhesus vous lyvre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 232). JUDAS. (...) Dictes moy combien me donrés De finance, franc et delivre, Ou cas que se Jhesus vous livre Franchement a vostre vouloir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 623).

C. -

[Idée de plénitude ou de complétude]

 

1.

"Qui est pleinement ce que le subst. dit ce qu'il est, achevé, accompli" : LE TIERS. Qu'il est de pouvres fringuereaulx. LE PREMIER. Que je voy porter brodequins A ces povres frans musequins Par dessus leurs chausses persees. (Rapp., c.1480, 59).

 

-

[D'une chose ou d'un être perçu négativement] "Qui est pleinement ce qu'il est" : C'est Ire, li frans haÿneus (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 44).

 

-

Franche mule. "Caillette (des ruminants)" : ...et ce que l'en dit la fressure d'un beuf, c'est la pance, le saultier, la franche mule, la rate, le mol et le foye et les quatre piez (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 194). Item, les yssues du beuf coustent a la triperie .VIII. [ sous ] : c'estassavoir la fressure, en laquelle sont la pance, le saultier, la franche mule, la rate, le mol, le foye et les .IIII.. piez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 195).

 

Rem. T-L VI, 427-428.

 

2.

"Entier, complet" : ...oultre celle delivrance Que depuis orent pleine et franche... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 130). ...nostre esperance Seure et franche (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 373).

 

-

Franche liberté. "Absolue liberté" : Car la volenté de home par sa franche liberté peut suspendre son fait ou accion et actendre et deliberer et faire autrement, non obstant que l'entendement se assente et cuide les premisses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 374). ...je te donne franche liberté que a ton plaisir puisses aller et demourer. (Livre de Thezeo B., c.1457-1461, 645).

 

-

Empl. adv. "Entièrement, nettement" : Ogier frans l'entendit, maiz chascun se tient quoys et en paix [Éd. : "sans crainte"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 109). Vecy coulovrines en main, Ars, esbalestres, trés de passe Pour faulcer franc une curasse (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 264).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre