Empl. trans. "Ôter les étançons"

REM. Doc. 1412 (Pour destançoner la maison de le haubiert), ds GD II, 658a.
 

"Fait de se trouver (debout) face à face, rencontre"

Rem. Doc. XVe s. ds GD III, 301b (pour estre hors du dangier des courses et entrestees qu'iz se font).
 

A. -

"En demeurant dans la même place, sans céder" : Consistenter (...) : aresteement, estamment (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 88). Extanter (...) : estamment, apparament, arrestement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 160). Consistenter (...) : en estant, estanment, arestanment (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 63).

Rem. Cf. Stanter (...) : stanment, en estant (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 370).

B. -

"Sur le champ" : Mais va, et dy a mes disciples, Qui pour moy sont tristes et simples : "Je m'en voys de ce monde cy A mon pere et au vostre aussy, A mon Dieu eternellement Et au vostre prouchainement", Et stamment [l. Et estamment], devant leurs yeulx, Ilz me verront monter es cieulx, De haulte gloire refulsy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 851).
 

A. -

"Fait d'être, d'exister" : Existentia (...) estanche, demouranche (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 156).

B. -

"Résidence" : Ung cardinal mouru qui fut de Lombardye, Dont Maugiz olt l'estanche du tout en sa baillye (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 18). Et de la vinrent a Cambalech, souverayne et maistresse cite du grant empire de Tartarie, et estance royalle du Grant Caan. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 227-228).

C. -

"État, condition" : De toy à moy [a] differancce : Ce n'est pas bien chance pareille. Tu es tousjours en ung estance, En ta puissance non pareille. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 44).

-

Tenir qqc. en bonne estance : Si comme nous avon dit dessus, ou titre de tenir bail en bonne estance, en la fin. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 265).

-

Faire estance. "Se soumettre à telles ou telles conditons" : ...dous bouexeaux de sel que doit poier au terme de la Saint Jehan et y fere estance et obeissance (Comptes Lamballe C.-L., 1404-1405, 304).
 

"Étançon" : Une estanque ot o pont qu'elle fist haut sacquier Et ly yaue s'y muche, sy refiert o gravier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 744). Quant les mineurs orent miné celle tour et mise sous estances, ilz y boutèrent le fu (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 41).

Rem. GD III, 597c.
 

"Épontille"

REM. Doc. 1443 (Lille, pour 8 pieces de bois a faire estanterolz dedens la nave pour soustenir le costade de la nave en mettant ladite querenne sur l'eaue) ds FENNIS, Gal., II, 862, s.v. estanterol.
 

"Poutre ; bâti de poutres" : Il y fisent noef d'estanture et de comble, le capitiel dou puch de le maison de le baillie et ouvrerent ailleurs as edefisces de le dicte maison. (Arch. Nord, 1408, B 10650, f° 29, IGLF).

Rem. Doc. 1403 (Lille, l'estanture d'un puch) ; 1476, 1484 (Béthune, les estantures ou on met les esquelles en le basse halle) ds GD III, 600c.

-

En partic. "Étai qui soutient le moulin lors de travaux exécutés au socle" : ...faire le ghantier, estantures et ataquier le dit molin (...) quant il fu mis julz de ses vieses crois pour le mettre sour les noeves (Doc. 1403. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 651).
 

I. -

"Hauteur d'une personne debout" : Haulce plus hault, tu ne fais rien. Encor ! encor ! ell'est tres bien. Laisson la choir de nostre estee. Adonc la laissent cheoir [une plaque de plomb] sur la teste de Concorde, et dit Malengrongné : Or en est la teste cassee, Elle est morte, ou peu s'en fault. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 264).

Rem. Ex. d'a.fr. (au sens de "fait de s'arrêter, de tarder, séjour") ds T-L et GD ; mais la déf. de l'éd. (de notre estee "tant que nous sommes ici") ne convient pas.

II. -

"Herbe (debout), à faucher (?)" : De Jaquemart duPuch et messire Jehain Quentois, ausquelz demoura par fin de candelle (...) le despoulle de 18 journeux 3 quartiers de pré des Prés le Conte, est à avoir le despoulle de l'estée et wain (Comptes seigneurie Lucheux D.W., 1427-1474, 41).
 

"Situation, état, manière d'être" : Et sy furent bien longuement En cel humble ystement, Tant que par tort des faulx Rommains Fut ostée hors de leurs mains L'election vacquant la chaere, Laquel Romme avoit entiere. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 46).
 

A. -

[Idée de station debout] "Être debout (et rester plus ou moins immobile)"

1.

[D'une pers., d'un animal] "Se tenir debout (qq. part)" : Se li chevaux est sorbatus, si doit estre ferrés de chaut fer et de chaus clous deliez, et si le fetes ester en son fiens. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 380). Si vit entre les .II. lumieres Devant son lit saint Pierre ester Qu'el cognut bien sans arrester (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 97). Levez vous, car il plaist a nous Que plus ne parlez a genous. Et se plus ci après parlez, Parlez einsi, com vous volez, Ou en sëant, ou en estant, Car il nous souffist bien a tant. (MACH., J. R. Nav., 1349, 185). Or avint (...) que un jour li princes de Galles estoit en goges, si vei devant lui ester monsigneur Bertran de Claiekin. Si l'appella et li demanda comment il li estoit. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 62). Item, un honme a ensemble la vertu ou puissance de soy seoir [ et ] de soy , quar aucune foys il a l'une et l'autre puissance, mais non pas a ce que il se sieche et se ensemble, mais a ce qu'il se sieche en un temps et este en autre. (ORESME, C.M., c.1377, 212). Plus ester ne puis : Cy m'asserray. (Mir. fille roy, c.1379, 37).

-

Ester sur (ses) pieds : Non fera l'en tant com je puisse Sur piez ester. (Mir. femme, 1368, 191). "Quel cose faisons nous chi, estans sus nos piés et nous refroidant ? Que n'alons nous de bon corage, puisque nous en avons la volenté, requerre nos ennemis et combatre ?" (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 49). Par nos Diex, Pol, tu y mourras. Sy verrons lors se tu pourras Revivre et ester sus tez piez. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 143).

-

Empl. pronom. "Être debout" : Et adont l'ancien homme retorna a son moustier, et quant l'anee fu passee et le jour de la Cene vint, il prist le cors de Nostre Seigneur et vint jusques a la rive du flun Jourdain et vit cele fame qui s'estoit a l'autre rive. Et ele fist sus l'yaue le signe de la crois et vint par desus a l'omme ancien. (VIGNAY, Vie ste Marie Eg. D., c.1333-1335, 272). Item, un honme a ensemble la vertu ou puissance de soy seoir et de soy ester, quar aucune foys il a l'une et l'autre puissance, mais non pas a ce que il se sieche et se este ensemble, mais a ce qu'il se sieche en un temps et este en autre. (ORESME, C.M., c.1377, 212).

2.

[D'une chose] "Être debout, être sis, être situé qq. part" : ...pour occasion d'une certeinne hale extant à Caen, que ledit Campion maintient (...) à lui apartenir (BAYE, II, 1411-1417, 96). ...sur unc staul de colebire jadit stesant dedens le cortil (Terre Jauche D., 1444, 130).

B. -

[Idée d'immobilité, d'arrêt]

1.

"Être immobile, rester en place, se tenir tranquille" : Puis prent son coutel de quoy il trenche et frappe dessus la table, puis s'en va ou jardin, puis revient et ne peut ester ne fere contenance, et toute la journee et la nuytee il gete ungs sanglous: il n'est home qui n'en eust pitié ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 109).

-

Ester de + inf. "Cesser de" : Adont elle dist qu'elle n'avoit qu'ester de cheminer, car son intencion estoit telle qu'elle n'arresteroit jamais et ne se donneroit a cognoistre jusques a qu'elle l'avroit retrouvé. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 251).

2.

Laisser ester

a)

Laisser ester qqc. "Laisser qqc. en l'état, mettre un terme à qqc., faire cesser qqc." : NOSTRE DAME. Amis, ta lamentacïon Laisse ester huy mais, par amour. Trop longuement y faiz demour ; Met toy en pais. (Mir. enf. ress., 1353, 62). Ly ostez cuert aprez qui li cuide oster, Mais nel puet raconsievre [et] se le lait ester. (Hugues Capet L., c.1358, 108). Gabriel, a Josaphat dire Vas qu'il laisse son dueil ester (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 278). Et pour ce, amis chiers, je vous lo que Vous laissiés ceste amour ester Et plus n'i veuilliez arrester (MACH., Voir, 1364, 656). Puis que je voy que j'ay le temps perdu Par simplece de loyaument amer Et foy porter ne m'a pas secouru Sur desespoir, je vueil tout oublier, Et des or mais lessier desir ester, Car nulz ne doit estre tenuz pour sage Qui femme croit se ce n'est sur bon gage. (MACH., App., 1377, 641). Laissiez, dame, ester le plourer, Car nul bien faire ne vous peut (Mir. fille roy, c.1379, 13). Ore laissons ce ci ester Et n'en soit ici plus parlé. (Mir. st Alexis, 1382, 300). Laissiez vostre plourer ester : Vous n'y pouez riens conquester (DESCH., M.M., c.1385-1403, 132). L'ystoire dit que le roy fu moult doulens quant il vit sa fille mener telle douleur. Si lui a dit moult amiablement : Ma fille, laissiez ester ce dueil, car, en chose qu'on ne puet amender, c'est folie de s'en donner trop grant courroux, combien que c'est raison naturelle que la creature soit doulente de son amy ou de son proesme, quant on le pert. (ARRAS, c.1392-1393, 120). Qant la contesse fu la venue, elle fist bouter le feu en plus de trente lieus. Li feus et la fumiere s'esleverent ; la noise et li cris conmenchierent a lever. Chil qui asalloient, laissierent tout quoi ester les assaus, et s'esmervilloient que ce pooit estre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 515). Lessons ester l'incertain estat et la gloire caduque dez turbateurs de la terre (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 142). Laysons ester la voye de fayt Et que ung chascun mette son fayt Par escrip et s'antancion (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 178). O barons sarrazins, laissés ester cestuy assault, qui me vient a damaige sy irrecuperable (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 121). ...laissons toutes rihotes et debas ester (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 107).

-

Tout laissier ester. "Laisser les choses en l'état, les accepter telles quelles" : Si cheü en autre pensée, Pour ce que folie esprouvée Est en tout homme qui se duet De chose qu'amender ne puet ; Et me pensai que, se li temps Estoit encor pires dis tans, Voire cent fois, voire cent mil, N'i a il conseil si soutil Comme de tout laissier ester, Puis qu'on ne le puet contrester... (MACH., J. R. Nav., 1349, 141).

-

Empl. abs. "Abandonner, cesser (cf. fam. laisser tomber)" : Laissiez ester : ralons nous ent Trestouz ensemble. (Mir. ev. arced., c.1341, 121).

b)

Laisser ester qqn. "Laisser là qqn, ne plus s'occuper de qqn" : "Ce ne sera pas maintenant, car la matière en est trop longue et nous sommes à ville, si comme vous veez." - A ces mots, je laissay le chevalier ester, et assez tost après nous venismes à Tarbe. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 63). Qant li rois de France entendi ces paroles et les responses des Flamens, si les laissa ester, et comsidera assés lor maniere et vei bien que ils n'en averoit aultre cose (FROISS., Chron. D., p.1400, 823).

-

"Laisser qqn tranquille" : Pour Dieu, alez vous ent de cy. Laissiez m'ester. (Mir. nonne, 1345, 319). Laissiez moy ester, car je n'ay cure de vostre delivrance, et vous conjure de Dieu et de son pouoir que vous vous en alez d'icy (Bérinus, I, c.1350-1370, 242). Sire, ostez voz mains de mes draps et me laissiez ester, car je ne vueil pas luitier a vous. (Bérinus, I, c.1350-1370, 369). Je vous pri, lessez moy ester, car la teste me rompt et vous ne sentez pas le mal que j'ay. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 25). La belle Euryant, aux yeulx plain de larmes, luy respondy et luy dist : «Sire, je vous prye que me laissiés ester...» (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 28). ...l'Anglois le [le prisonnier] ferit troys fois, le plus fort qu'il peut ferir sur le coul tout a nu, et oncques ne l'entama ny ne blessa ny ne luy fist mal. Et quant l'Anglois vist et apperceut qu'il ne l'avoit point blessié, si le laissa ester (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 54).

-

Laisser qqn ester de qqc. "Laisser qqn tranquille au sujet de qqc." : Et atant je vous laisseray de ce ester (Bérinus, II, c.1350-1370, 136). LE ROY. Touz jours es par ton parler prest (...) De moy courroucier, ce me semble. Laisse moy de ton Dieu ester (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 296).

c)

[Dans une formule narrative de transition] "Ne plus parler de" : Des tromperies infinies Y a la, dont gent sont honnies, Mais atant vueil laisser ester, Ennuy seroit du reciter (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 56).

-

Laisser ester qqn : Et ces termes je vous met avant pour les merveilles qui sont en l'ystoire de quoy je vous pense a traictier, au plaisir de Dieu, mon Createur, et au command de mon dessuz dit tres puissant et noble seigneur. Laissons les atteurs ester et racontons ce que nous avons ouy dire et raconter a noz anciens, et que cestuy jour nous oyons dire qu'on a veu ou pays de Poictou et ailleurs, pour coulourer nostre histoire a estre vraye, comme nous le tenons, et qui nous est publiée par les vrayes croniques. (ARRAS, c.1392-1393, 3).

-

Laisser ester (à qqn) de qqc. : Et de ceulx vous leray ester et vous diray des VIII. vaisseaux qui furent esgarez par la tourmente, quel chemin ilz tindrent. (ARRAS, c.1392-1393, 128). Mais de ce lais adés ester, Pour entendre a m'euvre haster. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 148). Entr' eulx fu puis l'estrif moult grant Et d'eulx entr'occire engrant, Mais de ce lairay or ester, Car d'abriger m'esteut haster (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 95).

.

Laisser ester à qqn le parler de qqc. : ...car rudesse de nature ne se puet bonnement appliquer a la nature nourrie en noblesse. Quant de ce je vous lerray ester le parler, et retourneray au conte Emery et Remondin, quel chose il leur advint cy après. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

C. -

P. ext. "Être, rester, se tenir qq. part ou dans tel ou tel état"

1.

"Être, rester, demeurer"

-

[D'une chose] "Subsister" : ...car matiere ne peut ester ne estre par soy ne forme materiele aussi. (ORESME, C.M., c.1377, 616).

-

Ester + adj. attribut. "Se trouver, rester" : Mais toutes les choses que l'en peche, non pas pour ignorance, mais quant les pechans sont estans ignorans pour aucune passion qui n'est pas naturele ne humaine, tels pechiés ne sont pas venialx ne a pardonner. (ORESME, E.A., c.1370, 309).

-

[D'une chose abstr.] Ester qq. part. "Régner qq. part" : Treschier cousin, touchant la reformacion del cisme esteant en seinte esglise (...) nous avons tresgrande joie que Dieu vous ad ensi inspiréz et donnéz le corage de travaillier en si seint fait et a si seinte fyn (Lettres agn. L., 1395, 160).

-

Ester + inf. "Être établi (en tant que règle, en tant que coutume...) de" : Et pour ce que, selon l'ancienne coustume de la cité, estoit faire les malfaitteurs publicquement morir (LA SALE, Sale D., 1451, 131).

-

Ester à qqc. "En rester à, s'en tenir à" : ...et s'en rapporte ausdis originaulx et aussi à ladicte copie qui lui a esté leue, excepté que s'il y avoit en ladicte copie aucune faulte en sillabes, vocables ou lettres, qu'on doye ester ausdis originaulx. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 302).

-

Ester de + inf. "Prendre le parti de..." : Or les at pechie aueulleis, Se sont sor l'heur de tresbuchier En ce ort, puant le touuiert D'infier, qui tant est perilleux ; Et si vos n'y esteis conuoiteux De perde, vus n'aueis qu'esteir D'ieaux por vos grace rasenseir Et de metre ens ou droit sentire ; Celuy qui ne se puit aydier, Doit ons aidier, ce m'est auis. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 223).

-

Ester contre. "Se dresser (contre qqc.), résister" : ...a ce que vous puissiez resister et ester contre les agaiz de l'anemi (Mir. st Val., c.1367, 123).

-

Ester pour + inf. "Être en passe de, risquer de" : ...j'ay engagee tout ce que j'avoie pur aider et secourer moy mesmes (...) et ay manulevé atant que si je n'ay relevacioun de vous, derechief j'estoise pur estre destruit a touz jours (Lettres agn. L., p.1412, 99).

-

S'ester + part. passé. "Se trouver" : Environ le mois d'aoust, prinrent, les gens du roy Charles, la ville de Han sur Somme, que tenoient les gens messire Jehan de Luxembourg, conte de Ligney. Et le rendirent leurs habitans, pour ce que leur garnison, sachans la venue d'yceulx François, s'estèrent partis d'eulx et les laissièrent en dangier. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 95).

2.

DR. Ester à/en droit. "Comparaître, se présenter devant un tribunal, ester en justice" : Car il convient que il donnent caution de ester adroit et que il eslisent domicile, et les citoiens ne funt pas tele chose. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 115). ...nous de nostre grace especiale (...) éoms pardonéz au dit W[illiam] S. de C[ampedene] (...) et lui ent éons grantéz nostre ferme pees issint q'il estoise a droit en nostre court si aucuny vouldra parler devers lui du larcyn avantdit (Lettres agn. L., 1390, 176). ...qui à jour et à droit ne vouldroient venir et ester, chascun de nous en fera et devra faire à son povoir d'en avoir la force à l'ordenance de nosdis commis (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 372). Pur quoy (...) supplions a vostre dit roiale magestee (...) que a icelle plaise (...) comander a vostre dit seneschal (...) que au dit Amanu de Canhac (...) ovesque fermances sufficientz d'ester a droit, la dite quinte partie du fruit et ce qu'en est salhi le leissent (Lettres agn. L., 1405, 398). ...et pourveu que ledit Bureau comperra ceans au Vermendois prouchain pour ester à droit et respondre à ce que ledit d'Orleans voudra proposer et dire (BAYE, II, 1411-1417, 23). ...et ycellui Faudin a promis ester à droict à l'ordenance de ladicte Court (FAUQ., II, 1421-1430, 47). ...s'est rendu prisonnier es prisons de son ordinaire pour ester à droit sur ce que dit est (Paris domin. angl. L., 1422, 69). ...le dit suppliant lui respondy que s'il pretendoit aucun droit à l'encontre de lui, qu'il le fist convenir par justice et il esteroit à droit, ainsi qu'il appartendroit par raison (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 95). Dont par ainsi fust laissié aller : sy vrayement qu'il baillast caucion de ester et estre a droit sur la paine de .III^m. deniers d'arain (LA SALE, Sale D., 1451, 224). ...et fut ordonné qu'ilz seroient delivrez (...) en baillant caucion d'ester a droit (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 399). Le dit Estienne de Montigny a esté eslargy quo usque à la caucion de maistre Jehan Barrière et Pierre Castel et chacun d'eulx pour le tout qui l'ont pleigé et caucionné de fournir et ester à droit jusques à la somme de 20 l. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 175). ...ledit Portier a esté par plusieurs foiz adjourné à comparoir en personne sur certaines et grans peines à nous à appliquer par devant noz amez et feaulx conseillers les gens tenans nostre parlement à Grenoble pour ilec ester en droit, mais il ne s'est aucunement voulu comparoir (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1464, 217).

-

Ester à qqc. (un jugement, un acte judiciaire...) "Se soumettre à" : ...les ditz maire et communalté sont prestz d'esteer et obeier de leure part a toute manere d'ordennan[c]e sur lez ditz debatz par noz ditz commissairs a faire (Lettres agn. L., 1403, 47). ...le maire de Sar[esbirs] et autres gentz vaillantz un jour d'accorde fuist prys par entre les ditz parties, et tous matires et debates par entre eulx pendantz mys en arbitracioun de quatre persones nomméz par lour commune assent, et de esteer a lour arbitrement et agarde ambedeux parties furent juréz en presence de chivalers et escuiers, et que tous processes et suytes sibien de l'une partie come del autre serroient retractz (Lettres agn. L., 1403, 124). Et d'Artois (...) sauve les droiz de la coronne, en baillant bonne seurté d'ester ad ce que la justice souveraine en jugera. (Lettres Louis XI, V., t.8, 1479-1480, 322).

-

Ester en jugement. "Comparaître, se présenter devant un tribunal, ester en justice" : ...donnanz et octroyanz a ses diz procureurs et a chascun par soy pour le tout plain pooir, auctorité et mandement especial de ester pour lui en jugement et hors, de lui deffendre et essoinier... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 156). ...plain pooir, auctorité et mandement especial de ester et comparoir pour elle en jugement et hors ycellui, et toutes ses causes et besongnes excuser, deffendre et essoinier (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 158).

V. aussi estant
 

A. -

"Fait de se tenit debout, fait de se tenir qq. part, lieu où qqn se tient"

1.

"Fait de se tenir debout"

-

[À propos d'une pers., d'une construction...] En (son) estage. "Debout" : Dont il orent merveille grant, Car pour ours devant le tenoient, Mais depuis ce fait varioyent : Quant le virent en son estage, Honme l'appellerent sauvage Et n'en savoient que jugier (Dit prunier B., c.1330-1350, 82). Atant est venus issir hors dou riche menaige Ung joiant fort et fier qui ot en son estaige Trese piet de hault (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 646).

Rem. JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., a.1400, 26298 (Quant voit Johan Malhar devant luy en estage) ; Scheler, Gloss. Geste Liège ; GD III, 589c.

.

Mettre en estage (une construction). "Redresser, remettre dans son état normal (une construction)" : ...on a ung pou plus d'avantage A relever et mettre en son estaige Une maison qui penche fort et cline Par le machon ou par le carpentaige, Car a tout fault remede et medecine. (TAILLEV., Ress. relèv. hôt. D., p.1440, 274).

.

Se tenir en son estage. "Rester debout" : ASACANÏUS (un des soldats gardant le tombe de Jésus) ...Penssez vous que, se nous eussions Nous peu tenir en nostre estaige, Que n'eussions point tenu visaige Et barbe d'omme a tous coustéz ? (...) Aussi vous le sçavez assés, Nous estans ainsi renverséz A terre par terrible instance Estoit il en nostre puissance De deffendre ne retenir Aux femmes l'aler ne venir ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 401). Pensez vous que se nous eussions Nous peu tenir en nostre estaige, Que n'eussions point monstré visage Et barbe d'homme a tous costéz ? [J. Dufournet, R. lang. rom. 91-2, 1987, 328 : "se tenir debout"] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 885).

-

Tenir estage. "Rester en place, ne pas céder" : ...ancoires tenoit estage Blanor, car il n'avoit ancoires trouvé qui hors de selle le mesist, et si en avoit desmonté plusieurs, pourquoy la plus part disoient qu'il emporteroit le pris (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 495).

2.

"Fait de se tenir qq. part, lieu où qqn se tient, demeure, séjour" : Les moynes noirs ont par usaige Es bonnes villes lour estaiges [var. estragez, estaige] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 54). Einsi Fortune, la sauvage, Quant elle a fait aucun ouvrage, Et on est en plus haut estage, Fait en tressaut Venir un vent et un orage D'aversité qui tout esrage, Fondement, comble et massonnage, D'un seul assaut. (MACH., R. Fort., c.1341, 40). Quant les oncles Hunault (...) Entrerent en la chambre (...) Contr'eulx se sont levez ceulx qu'ilz sont en l'estaige (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 42). De dix bien adoubez encontre ung seul auffaige, Par la foy que je doy a Dieu du hault estaige (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 95). Il [Dieu] dit qu'il veult que soit finée La vie de l'umain linaige, Ne ja il n'y laira estaige, Et puis rajoindra corps et ame[s]. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 244). Retourner me faut aux estages Ou logiez sont et folz et sages (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 136). Tout au sommet du hault estage, Ou Nostre Sire, a heritage, Par le chemin de Juste Vie, Assist saint Pierre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 4). Cilx Jhesucrist, (...) Garisse le Saint Pere, qui de Dieu tiengt l'estage ! (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 27). Faultes de foys et d'ommages, Meschans mis en haulx estages, Cuers volages, Foulx messages, Faulx langages : Si pensez en voz courages Que trop durent telz esbas (CHART., L. Paix, a.1426, 414).

-

En partic. Le haut/hautain/le souverain estage. "Le Ciel" : L'arme de vous ait Dieu en son hault estaige ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 94). Pere du souverain estage, Je vous dy en tant qu'il me touche Que vostre parolle est tant doulce, Tant bonne et tant melliflueuse, Et de tous biens si fructueuse, Que se toutes choses mondaines Devenoient langues humaines, Si ne pourroient ilz souffire A proposer, cointer [l. comter], ne dire La quarte partie des biens Dont vous estes plains (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 283). Jhesus, par qui fut racheté Des limbes tout humain lignage, Qui est lasus par deité Couronné ou haultain estage... (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 1).

-

"Place (à une table)" : Savari si mena Roulant eu hault estaige (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 162).

3.

DR. FÉOD. "Fait pour le vassal de résider à certaines périodes auprès du seigneur pour le défendre, obligation qui s'y attache, période ou lieu où cette obligation s'exerce" : ...en nos chasteaulx de Rethel, d'Omont, de Maisieres et de Bourg apartient de nostre droit heritage plusieurs gardes et estages, lesquelles sont tenuez de faire chascun an, par certain fief que l'on tient de nous, avec domicille des femmes et mesmes des chevaliers armés, en ce qui apartient au gentilhomme (Trés. Reth. S.L., t.2, 1364, 165).

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Lige estage. "Obligation du vassal de résider chez le seigneur pour le défendre" : Se il [Gentil homme] lesse dégaster son lige estaige en défraudant son seigneur, pert son meuble. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 240). Aucuns vassaulx sont qui doivent lige estage, c'est assavoir ligences, ou chastel de leur seigneur, et ont maison ou lieu propre pour y faire les gardes (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 542).

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"Lieu où cette obligation s'exerce" : ...et cieulx doivent personnellement faire les gardes oudit lige estage, et illecques mener leur femme et famille, et doivent aller à leur estage dedens huit jours après ce qu'ilz en sont cemons. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 542).

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"Bien tenu en fief, tenure" : Estienne Messier, Jouhan Herve (...) estaigers demourans en la ville de Lenrinuay et les autres estaigers y demourens de deus chacun doit pour son estaige XII d. (Comptes Lamballe C.-L., 1404-1405, 306).

B. -

"Espace d'habitation, espace entre deux planchers, étage ; p. ext. chacune des divisions d'un ensemble formé de parties superposées, niveau"

1.

"Espace d'habitation ; espace entre deux planchers, étage" : ...assizes icelles fenestres si conme il s'ensuit, c'est assavoir ou celier d'icelle maison deux fenestres, ou premier estaige dessus le celier trois fenestres, ou secont estaige qui depart le dit celier deux fenestres... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1365, 303). Et auront et doivent avoir les diz preneurs ou plus haut estaige et ediffice de leur maison une veue, tant conme il plaira aus diz religieus ou a leurs successeurs, par ainssi que par icelle veue iceulx preneurs ne leurs gens ne puissent veoir es jardins des diz religieus (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1368, 367). Lors vint uns homs que vostre pere n'avoit oncques mais veu, ce disoit il, qui lui conseilla que, le derrenier jour d'aoust, meist XXX. pieces d'argent, dont chascune vaulzist IIIJ. deniers, en une bourse, et les feist porter, entre nonne et vespres, ou derrenier estage de la tour, et feussent mis ces X. solz en la bourse de cuir de cerf dessus la piece de bois qui soustient l'esguille du pommel, et sur quoy il est assiz, et ce feist continuer tous les ans, et le pommel demourroit entier. (ARRAS, c.1392-1393, 296). Mais Gieffroy, qui ne creint rien, attent ou plus hault estage de la tour grant piece de temps et regarde s'il verra rien venir. (ARRAS, c.1392-1393, 297). Et se vous avez chambre ou estage, ou il ait tresgrant repaire de mouches, prenés petis bloqueaulx de feuchelle et les liez et affilez comme filopes et les tendez, et toutes les mouches s'i logeront au vespre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 102). ...les estaiges de leur maisons à maindre ["habiter"] et à leur granches (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 250-251). ...et à cause de ce doit avoir par livrée boiz en icelle forest pour tout l'asmenagement et herbergement de son hostel dudit lieu, tant pour l'ostel de la Motte, de l'estaice, moulin, maison et pescherie d'icellui comme pour les appartenances autres dudit hostel (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 287). ...et avoit ou dit chastiel trois estages : ou premier hault estoient les gens d'armes, ou second les arbalestriers, et ou tierc estage tout bas, piqetour pour piqueter au mur et tout destruire et abatre (FROISS., Chron. D., p.1400, 494). Item, la .IIe. partie parle du chastel de Fortune, ou et comment il est situé, les estages qui y sont, et quieulx gens y sont logiez. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 3). Le conte monte vistement Tant que plus puet ysnellement, Monte jusqu'au plus hault estage. (...) Le conte de paour tressue, Et quant il voit, a brief parler, Qu'il ne puet plus avant aler, Par une fenestre sailly. Sur le toit le pié lui failli (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 285). Il fist faire ou chastel d'Argenten une tres notable maison à trois estages et galatas (CAGNY, Chron. M., 1436-1438, 11). ...avoir refait de neuf les quatre astre et quatre couvertures des quatre cheminées qui sont en icelles deux maisons, tant les deux de l'estage de rez de chaussée comme les deux autres de l'estaige d'au dessus, et, au dit rez, fait parties des planchiers des ouvrentes d'icelles (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 671). Au second estoient deux beaulx enfans, ung filz et une fille, vestus de damas blanc, faisans et representans mondit seigneur le daulphin et madicte damoiselle de Flandres. Et au tiers estaige au dessoubz estoient deux personnaiges de mondit seigneur de Beaujeu et de madame sa femme. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 132). Et eulx estans en ce propos, Voyau regarda à la main destre ung huys ouvert ou plus hault estaige de la Bastide, et entra dedans pour regarder une grant fenestre où il n'y avoit ne fer ne bois qui estoit toute ouverte, laquelle il monstra au conte en luy disant : "Monseigneur, Dieu est pour vous." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 168).

Rem. Doc.1395 et 1432 ds GDC IX, 556b.

-

D'estage en estage : A mort, faulx traitre ! Par vous avons nous nostre mere perdue. Et lors traist l'espee et s'en va vers le conte, et cellui qui congnoissoit bien sa fierté, advise l'uis de la maistre tour, et s'en fuit celle part, et Gieffroy après ; et tant le chaca d'estage en estage qu'i vint au derrenier, prez du toit. (ARRAS, c.1392-1393, 268).

-

"Bâtiment (de plusieurs étages)" : Entour la court a haulx estages : Palays royaulx, grans edefices, Ou les gens de divers offices Sont logiez, selon leur degré (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 107).

2.

"Chacune des divisions d'un ensemble formé de parties superposées, niveau" : ...là ot, sur un eschafaut, la teste coppée. Et puis d'ileuc fu le corps trayné au gibet de Paris et là pendu au plus haut estage. (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1343, 152). Et qant les Englois veirent que par asallir et escarmucier, il n'averoient point la ville, il fissent faire et ouvrer par carpentiers deus bierefrois de gros mairiens a trois estages, et seans casqun bierefroi sus .IIII. roes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 625). ...ceulz, qui sont au plus hault du chastel, doivent gitter pierres à ceulz qui sont sus les murs, et ceulz qui sont ou moyen estage doivent avaler les pons-leveis et envair les murs, et ceulz, qui sont en l'estage de dessoubz, se ilz pevent approchier les murs, ilz les doivent fouir et miner (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 232). Un reliquiaire d'argent doré à huit estages et à quatre piez d'argent (Ch. VI, D., t.2, 1418, 291). Monseigneur, nous avons dedans nos naves ung eschaffault de trois estages de hault, et de trois brasses et demie en carreure (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 239). Item, unes aulmaires à troys estages et à VJ guichés (FAUQ., III, Pièces diverses, 138, LXXIV). Item, deux aulmaires à mettre livres, sans clôture devant, chascune à deux estaiges, et de VIJ piez de long chascune ou environ (FAUQ., III, Pièces diverses, 138, LXXXI). Item, vis à vis ladicte dame, au second pillier soubz le cerf qui est en la salle, fut son buffet proprement compasté à sept ou huict estaiges (LA VIGNE, Sacre Anne Bret. S., 1505, 299).

-

"Chacun des gradins d'une scène de théâtre" : [Prologue] Monstrer vous vueil les personnages, Les joueurs, aussi les estages, Affin que vous puissés entendre Ce que nous vous voulons aprendre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 124).

.

[Dans une indication scénique] : Adonc s'en vont jusques au pied de l'estage de l'empereur (...) Adonc Decius monte en l'estaige de l'empereur, et les tirans l'attendent en bas (Myst. st Laur. S.W., 1499, 182). Adonc entre Laurens en l'estage d'Ypolite sans parler (Myst. st Laur. S.W., 1499, 237).

Rem. Cf. G. Cohen, Le Livre de conduite du régisseur et le compte des dépenses pour le Mystère de la Passion joué à Mons en 1501, Strasbourg-Paris, 1925, p. LII-LIII.

-

"Échafaudage" : ...pour avoir emmené le bois pour l'estages (Doc. 1400. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 646).

C. -

P. ext.

1.

"Lieu, endroit" : Tant vont li chevalier (...) Qu'il viendrent a Bourdiaux lasus ou mestre estage (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 296).

2.

"État, situation" : ...Si puis assez par consequent prouver (...) Que le monde muera son estage. Experiment m'en aprent a parler : A l'omme expert creez, se dit le saige. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 108). Vela de Dido de Cartage L'ystoire mise ou haut estage D'amertume et de grant dollour, Qui fut dame de grant vallour. (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 14). Las, desireron [l. desirer on] ne doit (on) point Aultruy maison ou heritage. Aux povres vient tres mal à point Qui sont chargiez de grant mesnage Et sont toutz nus, petit estage, Et passent grans necessités : Ilz ne te font pas grant oultrage S'ilz voeullent estre hérités. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 23).

-

"Façon dont une affaire se présente, affaire, situation" : Et quant li apostole oït conter l'estage, Comment debvoit aler a Gaudisse l'auffage, Et sa fille baisier, et faire tel oultrage, Il fust tout esbahis, si segna son visage. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 27).

-

En l'estage. "À demeure, en permanence" : ...il est une vie qui est de mariage, l'autre de continence et de veuvage, et la tierce est de virginité en l'estage. (Mir. st Panth., 1364, 309).

-

Conquerir l'estage. "L'emporter (ici au tournoi)" : ...quant Benuic eut l'estage conquis, il se trest celle part pour prendre estal a tous ceulx qui a lui vendroient jouster (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 495).

3.

"Dimension, taille, stature" : Et lors y fist faire une ymage De son grant et de son estage, De sa semblance et de son estre (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 206). ...Florantine ait nom en son langaige ; Plux blanche est que la flour qui est ou ver bocaige, Et s'a belle collour et c'est de bel estaige, La bouchette riant et la maniere saige (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 136). ...ilz entrerent en une chambre ou ilz trouverent un huis qui acouvroit l'entree d'une fosse tant parfonde comme de trois estages d'homme. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 302). ...la pierre, qui estoit au dessus du puis, estoit a plaine terre drescee sur le quant, et avoit tresbien de hault deux estages d'homme [deux hauteurs d'homme, deux fois la taille d'un homme] (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 141). ...ung pillier tres bien fait et hault de deux estages d'omme (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 194).
 

I. -

Empl. trans. "Préparer, mettre en état de"

Rem. WAVRIN ([la tour minée] estoit toute estagie pour y bouter le feu) ds GD III, 589c.

II. -

Empl. pronom. "S'établir, fixer sa demeure" : Item, pour ce qu'il est venu a congnoissance que plusieurs personnes, par fraude et pour vouloir eulx exempter contre raison, ont de nouvel mis et mettent croix sur leurs maisons, faignans estre estagiés et receans de lieux d'aumosnes, qui pas ne le sont, il est commandé aux bailliz et a leurs lieutenans que de ce ilz se informent diligemment (Echiq. Normandie S., 1400, 107).

Rem. Doc. 1340 (Finist., sur la partie [de terres] que le dit clerc voldra s'etager) ds GD III, 589c.

-

(Estre) estagé qq. part. "(Être) domicilié qq. part" : Et ne pourra nulz estre haultbannier s'il n'est estaigiez dedens la Ville ou banlieue de Paris (Mét. corp. Paris L., t.3, 1369, 371). ...leurs hommes estaigés du village de l'Ermitaige (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1411, 144).
 

"(?)" : Messire Hue li Kiens tient XV mesures de prei que Henri du Prei tient de luy et l'estagerie de Saint-Omer qu'il a après le conte d'Artois, si doit lige. (Arch. Nord, 1340, B 3937, f° 2, IGLF).
 

DR. FÉOD.

I. -

Subst. masc. "Sujet d'un seigneur qui a une maison d'habitation dans son fief, qui y est domicilié, habitant, résident d'un fief ou d'une paroisse" : ...en Landeglein, quarante estagiers valent quatre livres. (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 188). Les habitans de la parroisse de Saint Ernouf, resseans et estagiers es fiefz de la chastelerie de Maulevrier, [ont] le quesne et hestre vers en estant pour eulx édiffier et pour chauffer (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 142). Pour lesquelles franchises, lesdiz habitans sont tenus païer chacun estagier au terme saint Remi deux deniers (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 262). ...pour lesdites cent livres de rente, ledit conte de Vendosme ne sera tenu de les prendre en lieu de l'obaissance deu su yceulx synon estaigies pour doze deniers en non estaigies pour seix deniers. (Cartul. Laval B., t.5, 1433, 75). ...ung autre plaigement de non traicter Goupil par l'admentenance de Vitré, pour ce que est estaigiers des hospitaliers. Madame n'aura que débatre au plaigement de non le traicter par sa mentenance d'action personnelle durant le temps qu'il sera estaiger et mencionner ou hoste des hospitaliers (Cartul. Laval B., t.3, 1452, 156).

II. -

Adj. "Qui est redevable de l'estage"

-

Homme estagier : ...suymes tenuz en surquetout pourforcier et faire venir mouldre par ceste baillée touz nos hommes estagiers (Cartul. Laval B., t.2, 1339, 209).

-

Sujet estagier : ...la moulte de ses subgitz estaigiers demourans en son fief. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 395).
 

[Fém. de étagier I] : ...que lad. Margarite n'estoit pas estagiere en nostre duché, et qu'elle tenoit dehors nostred. duché pluseurs terres et heritaiges et à plus grant valleur que celles que elle solloit tenir en nostre païs (Actes Jean V Bret. B., t.5, 1420, 70).
 

"Échafaud"

REM. Doc. 1355 (soient reparez les murs et gachils, et crineaux et stagieres) ds GD III, 590b.
 

"De façon régulière, permanente" : ...fu ordené a tenir doresnavant que aucuns, quels que il soit, ne sera recheus a bourgois se il n'a demouré residaunment et estagierement, il, se femme et se maisnie, III ans continuels en ceste ville. (Arch. Lille, 1372, AA1, 209, f° 130, IGLF).
 

A. -

"Pièce de bois servant d'étai, placée provisoirement pour soutenir une construction" : "...Nous vous arons quant nous vorrons, car vostre forterèce ne gist fors que sus estançons..." (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 89). Dessoubz le fondement font la terre ravir, Et a bons estançons la firent soustenir (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 91). Sitost comme il fu là venus, il le menèrent à leur mine et li moustrèrent comment la grosse tour ne tenoit, fors sus estançons de bos. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 222). ...pour 18 pieces de boiz employez tant à faire gistes du long et de travers dessus lesdictes pissines, pour les par dessus planquier, comme à faire plusieurs estanchons dessoubz lesdictes crebbes de chevaulx, 6 livres parisiz ; (...) et pour 16 bailles de bois à pendre entre les chevaulx (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 253). Et quant lesdis ovriers vinrent là, ilh mynont tout le fortereche et l'asiesent sour stanchons (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 379). ...en la dicte cuisine de la bouche, a esté mis ung gros estançon pour asseurer le planchier de la salle (Comptes Lille L., t.2, 1468, 307). On fist oster enseignes, escussons Et du souleil condouffles et fïolles Perches a draps, boutz de boys, estanchons, Larges trillis, caiges et gabÿolles (LA VIGNE, V.N., p.1495, 181).

-

"Pieu (élément de palissade)" : Aussi avoit le roy anglois, et le duc gourgongnon semblablement, fait clore son siége par derrière luy de bons grands tranchis estancés, tout plein de bons gros estanchons, afin que ennemy nul ne le pust surprendre par derrière (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 155).

-

"Bâton servant à tendre un filet" : ...et vaut miex tendre rais a fourches que a(s) estanchons (...). ...le fillé se soustient miex que les fourches pour le vent qu'il ne fait sus les estanchons. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 107).

B. -

Au fig. "Soutien, appui" : ...vous estes de Franche le maistre campion Et le mestre postiel pour soustenir raison, L'estaque de justiche et de droit l'estançon (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 538).
 

"Action d'étançonner"

REM. Doc. 1468 (Tournai, pour refaire le cauchie quy avoit esté rompue du fait de l'estanchonnage fait a cause des dis ouvrages de carpenterie) ds GDC IX, 558b.
 

"Action d'étançonner" : ...et y avoit plusieurs grans et divers trous par ce que on n'y avoit pieçà ouvré, comme pour les estançonnemens et ouvrages de charpenterie (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 623).

Rem. Doc.1396 (estanchonnemens) et 1433 (estanchonnement) ds GDC IX, 558b.
 

I. -

[Se rattache à stare]

-

Empl. trans. "Soutenir à l'aide d'étançons, consolider, étayer" : ...les eglises des religieuses dames de l'Abbiete et des freres Jacobins, adonc seanz es faux bours dehors Lille, furent minées et estanchonnées aus couz, frais et missions de laditte ville (Sursis Ferecot V.D., 1343, 331). Les Sarrasines vont feniestres aportant, Et les huis des maisons abatent par-devant, Et viènent viers le trau et le vont restoupant, Et de mairiens les vont bien fort estançonnant (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 64). Adonc entrèrent cil ouvrier en leur mine et minèrent continuelment nuit et jour, et fisent tant que il vinrent moult avant par desous le grosse tour ; et, à le mesure que il minoient, il estançonnoient, et cil dou fort riens n'en savoient. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 221). Quant li mineur dou prince qui, tout à fait que il minoient, estançonnoient, furent au dessus de leur ouvrage, si disent au prince : "Monsigneur, nous ferons reverser, quant il vous plaira, un grant pan dou mur ens ès fossés." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 249). ...plusieurs grandes fenestres estansonnées et estoffées bien et suffisament (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 596). ...pour estançonner le tarrastre qui porte le comble de ladite chambre emprés de ladite cheminée (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 619). ...I tremble lonc, pour estanchonner le tref de devant le crucifix (DU MAREST, Comptes L., 1412-1433, 75). ...pour ladicte loge asseurer, soustenir et estançonner par dessoubz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1420, 612). ...avoir estanchonné le planchier de la salle qui est dessus (Comptes Lille L., t.2, 1468, 301). ...pour avoir estancené l'arbre du dit moulin... (Doc. 1471. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 649).

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P. anal. part. passé en empl. adj. [D'un animal] "Appuyé, dressé" : Et combien qu'ilz et leurs chevaulx fussent mors des long temps (...), ilz sambloyent avoir vie, tant estoient les chevaux estançonnez, drois sus leurs gambes (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 8).

II. -

[Se rattache à *stanticare] "S'arrêter, demeurer immobile" : ...De ce cop fuissent porté jus, Se les lances qui sont prisies Ne fuissent en tronçons brisies ; Mais, pour ce qu'elles tronçonnerent, Sur leurs estriers estançonnerent. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 255).
 

"Étais" : Pour XXVIII sauls (...) livrés pour l'ouvrage de le porte Saint Martin, a faire pluiseurs estanchonnures, escieffles et autres ouvrages quant on leva le carpentage de le dicte porte... (Arch. Nord, 1390, B 12825, f° 25, IGLF).
 

"Meneau vertical d'une croisée" : A le femme Willaume Dou Parch pour les staufikes des feniestres de le rue de Haverech... (Comptes Mons P., t.1, 1334, 427). Pour acaryer LVI pieces de V piés c'on dist suels, lintels, pieres pour listes et que suelles et estaufiques... (Arch. Nord, 1387, B 12822, f° 18, IGLF).

Rem. Doc. 1488 (estaffiches pour les verrieres) ds GDC IX, 558c. Cf. E. Gamillscheg, Z. rom. Philol. t. 41, 1921, 525. Cf. GAY I, 670b, s.v. estanfique

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"Support vertical"

Rem. JEAN BOUTILLIER Somme rural, 1393-1396 (éd. 1486, le moulin a vent, et tout ce qui se meut et tourne a celuy moulin, est meuble, et tout ce qui ne se tourne, c'est a savoir l'estache du moulin, l'estanfique, et croix qui le porte, tout ce est heritage) ds GDC IX, 558c.
 

I. -

Adj. "Debout" : ...après vi une famme Plus belle et de plus noble arroy C'onques ne fu femme de roy. Devant celui estant estoit ; Un chappel de roses faisoit (Mir. march. larr., c.1349, 116). ...soions diligens De regarder qu'entre les gens Que verrons estans ou assis Ou alans ne soit Alexis (Mir. st Alexis, 1382, 329). A la dextre de ycelle dame Sapience est le disciple aucteur et composeur de ce livre estant en chair comme preschant a divers estas du monde que ilz sentent et gouttent de Dieu en bonté (Déclar. Hyst. S., a.1449, 134). ...faire par son auctorité de chascune personne ou creature tout ce qu'il veult (...), pardonner les pechiéz, donner et infondre grace, garder le corps estant en feu perpetuel ardant. (Somme abr., c.1477-1481, 149). Item donne commandemens pour ceulz qui les gardent enrichir par bon loyer. Item par misericorde reduit les errans et fourvoians a soy, ceulz qui vont maine a lui, les trebuchans relieve, ceulz qui sont drois et estans, il les tient sans delaissier, les perseverans introduit en sa glore. (Somme abr., c.1477-1481, 180).

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En pieds estant. "Séance tenante, sur le champ" : Et concéquemment en piedz stéant, le dit Jehan Collesson et sa dite femme requirent aux dits officiers, que, sans figure de procès, ilz tenixent à tel le dit s^r Otho, qu'ilz feit incontinent revenir la dite Peronne (AUBRION, Journal L., 1497, 399).

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Empl. subst. "Celui qui est debout" : ROBERT. (...) Qui dort ceens ? LE PAYSANT. Il n'y a n'estans ne seans Qui y dorme, sire, par foy. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 8).

II. -

Subst.

A. -

"Position debout, position verticale"

1.

"Position debout (d'une personne), hauteur (d'homme)" : Item, la branche, tant comme ilz y pevent ataindre d'une hache de trois piéz et demi de manche au-dessus de la roe de leur charete, de l'estant d'un homme. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 145).

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En (son) estant. "Debout" : Plus ne seray cy en estant, Mais decoste vous m'asserray (Mir. ev. arced., c.1341, 129). Si ne vost qu'einsi demourasse, Eins me dist que sus me levasse, Car elle estoit en son estant. (MACH., D. Lyon, 1342, 185). Messires Jehans Chandos, pour la dolour qu'il senti, ne se peut tenir en estant, mès chei à terre. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 203). La dame se volt mettre en genoulz devant lui, mais il ne le volt mies consentir, ançois le volt oïr parler tout en son estant. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 116). Et estre simplement fals et estre simplement impossible n'est pas une chose, quar quant tu n'es pas en estant, se l'en dit que tu te estes, c'est falz mais ce n'est pas impossible. (ORESME, C.M., c.1377, 208). Nous lysons bien que lez Apostres ont esté en estant pour estre jugiés, mez nous ne lysons mie que ilz aient siz pour juger. (Songe verg. S., t.2, 1378, 119). Et lors trouva ou millieu une des plus riches tombes, d'or et de pierres precieuses, qu'il cuidast jamais avoir veue. Et par dessus avoit la figure d'un chevalier, grant a merveilles, qui avoit une riche couronne d'or ou chief, ou il ot grant foison de bonnes pierres. Et a ses piez avoit en estant une royne d'albastre, couronnee richement, et tenoit un tablel qui disoit : Cy gist mon mary, le noble roy Elinas d'Albanie (ARRAS, c.1392-1393, 265). Si me suis en estant tenu Esmerveillez de l'aventure (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 52). Ouquel marchié dessusdit ilz furent en estant, depuis huit heures au matin jusques après nonne, qu'ilz yssirent de la ville, alant leur chemin devers Calais. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 238-239).

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Dresser qqn en son estant. "Mettre qqn debout" : Et adont Melusigne revint a lui, et ouy la douleur que sa gent menoient pour sa departie, si print a plourer de pitié. Et lors vint a Remond qui gisoit encores tous pasmez, et le lieve et drece en son estant. (ARRAS, c.1392-1393, 257).

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Redresser qqn en estant. "Remettre qqn debout" : Lors broche le cheval des esperons et estraint l'espee ou poing et va ferir le roy sarrasin sur le heaume par telle vertu qu'il l'embrunche sur le col du destrier, et par pou qu'il ne versa par terre, car il perdy tous les deux estriers. Mais ses gens s'en apperceurent et le redrecerent en estant. (ARRAS, c.1392-1393, 180).

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Se dresser/se lever/se mettre en (son) estant. "Se mettre debout, se redresser" : Lors en mon estant me dressay Et vers le guichet m'adressay Par ou j'estoie la venus. (MACH., R. Fort., c.1341, 109). Et quant j'eus finé mon depri, La ne fis pas moult lonc detri : Eins me levay en mon estant. (MACH., R. Fort., c.1341, 123). Or sus, mon chier seigneur, dressiez Vous en estant. (Mir. st Guill., c.1347, 20). Lors li oiselès se descouche D'entrepiez ou il a geü En grant paour qu'il a eü. Adont en son estant se dresce Et lez l'esprevier se radresce, Pour dou tout issir de doubtance Et voler en douce plaisence Celi jour ou il est entrez Qui la li est amenistrez. (MACH., D. Aler., a.1349, 288). Lors en mon estant me dressay, Se vi, ou mes yeus adressay, Un oisel de proie volant, L'air devers midi acolant, Si haut vers les nues fichiez Qu'il y sambloit estre atachiez. (MACH., D. Aler., a.1349, 395). Quant Robastre l'ouÿ n'eust pas la chiere encline, En estant se dreça bien voit c'on le hutine (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 61). Daniel se mist en estant Et si menja de ce mes tant Qu'il fu saous et repeüs Et de l'amour Dieu embeüs. (MACH., C. ami, 1357, 43). Mais sur mon giron s'enclina La belle qui douceur fine a ; Et, quant elle y fu enclinee, Ma joie fu renouvelee : Si ne sai pas s'elle y dormi, Mais un po sommilla sur mi. Mes secretaires qui fu la Se mist en estant et ala Cueillir une verde fueillette Et la mist dessus sa bouchette Et me dist : "Baisiés ceste fueille !" (MACH., Voir, 1364, 238). Et lors se leva le dit Andrieu en son estant et derechief (...) dist au dit Lengeais telz mos ou semblables (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 48).

2.

"Position verticale d'une chose"

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[D'une chose] "En position verticale" : Car posé que une roe estante, aussi comme est la roe du moulin, fust devant moy et fust meue en tornant droit vers moi ; je di que, selon droit ordre de mouvement, le desus de ceste roe - a prendre desus en la seconde maniere - seroit devant moy a main destre. (ORESME, C.M., c.1377, 322).

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En (son) estant. "Debout" : Et disoit li rois que il atourneroit tèle Escoce qu'il n'i lairoit chastiel ne forte maison en estant. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 153). Vueilliez Jhesus dehors mener, Prendez entre vous ces banières Et ayez tres bonnes manières De les tenir en leur estant. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 157).

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[À propos du soleil] "À la verticale" : Si tost qu'il ce dit, on vit la apparant, Que le soleil se tint tout droit en son estant, Et demoura au ciel jusques a tant Que Charlemaine eut vengié la mort Roulant. (Galien D.B., c.1400-1500, 100).

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Bois en estant. "Bois sur pied". v. bois

B. -

"Contenance, prestance" : ...se vint loger, oudit hostel de l'Escu de France, un escuïer, si comme il lui estoit lors en advision, de bel estant et de grant, nommé Jaquet Le Bastart, dit Dam[i]ens, aagé de XXVIIJ ans ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 56).

V. aussi ester
 

A. -

"Situation malheureuse, malheur" : Et Aymes s'enfuï faisant grant plorison. Onques n'i espargna ne haie ne buisson. En celle mesestance l'encontrerent larron, Et il l'ont arresté ; n'i fisent lonc sermon, Et li ont demandé toute sa natïon, Et Aymes lor conta sa grant abusïon (BRIS., Restor paon D., a.1338, 71). ...la remonstra la ditte dame au chevalier moult doucement toutes ses mesestances et conment elle estoit issue hors d'Engleterre en painne et en peril et eslongie de son mari, qui en trop grande haine l'avoit aquelliet par l'enort et consel de un chevalier d'Engleterre et grant signeur assés qui s'appelle Hue le Espensier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 60). A plain cours de destrier li quiert se mesqueanche [var. mesestance] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 635).

Rem. Nombreux ex. d'a.fr. ds T-L V, 1624-1627 ; corrige, à la suite de Scheler, GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 14 (meseschanche, l. mesestanche). GD V, 280c-281b : corrige FROISS., éd. Kervyn, mesescance, l. mesestance.

B. -

"Déplaisir, humiliation" : Ains suis d'onneur perdre en doubtance Et d'avoir honte et mesestance Sui a ce cop en aventure (Mir. fille roy, c.1379, 92). Mais a l'enfant ne fait nesune mesceanche [var. mesestance] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 635).
 

A. -

"Se tenir debout, se lever (en partic. pour résister)" : Il est temps les persecuter, Que il ont leans trop esté ; Si vous vueillez tous parester Et armer pour la seureté. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 437).

Rem. Pour l'idée de résistance, cf. GD VII, 123c, rester.

B. -

"Rester, demeurer" : ...[il] se cuida tirer dehors ; mais il n'estoit en sa puissance de soy ravoir, tant parestoit avant et fort bouté leens. [Pour étouffer le bruit de sa toux, l'homme a engagé sa tête dans le siège du cabinet ; peut-être simple empl. du verbe estre avec la particule intensive par : tant par estoit] (C.N.N., c.1456-1467, 437).
 

A. -

"Étançonner de nouveau"

Rem. Doc. 1431 (retanchonné) et 1454 (restanchonné) ds GD VII, 122a. Doc. 1393 (restanchonner) et 1404 (restancener). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 865.

B. -

"Faire servir de nouveau comme étançon"

Rem. Doc. 1401 (restançonner). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 865.
 

Empl. intrans. "Se tenir en dessous" : Substo (...) : soubz estre, soubz ester, arrester ou subsister (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 377).

REM. Gloss., Paris B. N. lat. 7679, c.1400-1500 (substo : soulzester), ds GD VII, 548b.
 

[Pour commander l'arrêt] "Arrêtez-vous !" : Comme doncques ils eurent ainsi exploité par douloureux commencement, et espéroient bien tantost avoir sieute et adhérence, avant que puissance puisse venir contre eux pour y résister, crièrent entre eux : Sta ! sta ! sta ! et crièrent alarme. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 261).
 

"Survivant" : ...et à ceste fin, ait esté de tout temps usité et accoustumé que toutes et quantefoiz ou temps passé il a esté necessité de pourveoir à l'Office vacant d'aucun Juré, soit par mort ou autrement, que les autres Jurez desdiz mestiers superestans (...) nomment et eslisent entre eulx sans faveur, l'un des Bacheliers, ou autre personne desdiz mestiers qu'ilz scent [var. scevent] estre le plus expert (Ordonn. rois Fr. S., t.9, 1404, 56).
 

"Étançonner, étayer" : ...et aussy elle [une porte] se encommencoit à versser. Et, tantost, on fit amener dez grosses pièces de bois de seppin ; et fit ons commender tous les charpentiés de Metz pour tanssonner la dite porte (AUBRION, Journal L., 1482, 146).