C.N.R.S.
 
Famille de posse 
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 26 articles
 
 Article 1/26 
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     DEPUISSANTER     
*FEW IX posse
DEPUISSANTER, verbe
[*FEW IX, 234 : posse]

Part. passé en empl. subst. "Faible, celui qui manque de force" : Selon doncques la sentence de telz philosophes disans que les amistiez soient faictes pour cause de defense et aider les tres enfermes et les tres depuissentez, il convient dire que les femmeletes quierent defensions par le moien des amistiez plus que les homes fors et plus les povres que les riches (PREMIERFAIT, Vraye amistié D., 1416, 377).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Hiltrud Gerner

 Article 2/26 
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     DESPOUDERAT     
FEW IX posse
DESPOUDERAT, adj.
[FEW IX, 235a : posse]

Région. (Provence) "Impotent, paralytique" : ...Michau, l'oyselleur du roy, est venu chasser à Gardane aux cailhes pour le plaisir dudit seigneur roy, et, le lendemain, el estant à la chasse, se sentit malade et fut tellement malade que devint tout despouderat, en telle manière qu'il ne se povoit ayder des mains ne des piez, fors que de la langue seulement (Comptes roi René A., t.3, 1478, 281).

REM. Cf. Fr. Mistral, Dict. provençal-fr., t.1, 1879, 776c, s.v. despoudera ; HUG. III, 107, s.v. despoderat.
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 3/26 
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     ENTREPOUVOIR     
*FEW IX posse
ENTREPOUVOIR, (?)
[FEW, Ø]

[Entre appartient en fait à l'inf. qui suit] S'entrepouvoir + inf. "Pouvoir se + inf. préfixé par entre" : ...et se baiserent et acollerent sans s'entrepouoir dire mot [sans pouvoir s'entredire un mot] (Ponthus Sidoine C., c.1400, 182). ...et tant que les batailles ne s'entrepovoient veoir [ne povoient s'entreveoir] (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, 1437-1464, 105). ...[les parties] feront respondre par leurs conseilz aux faiz l'un de l'autre sans s'entrechargez de prouve dont ilz s'entrepuissent deschargez le droit de leur cause gardé [dont ilz puissent s'entredeschargez] (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, a.1458, 32).

REM. Précédemment mal interprété.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/26 
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     IMPUISSANCE     
FEW IX posse
IMPUISSANCE, subst. fém.
[T-L : impuissance ; GDC : impuissance ; FEW IX, 234b : posse ; TLF : IX, 1279b : impuissance]

A. -

"Incapacité d'agir, faiblesse" : Mais tantost incontinant aucun ne vouldra demander se Dieu doit avoir gloire pour sa puissance ou sapience : ne scavoit ou ne pouoit il mie racheter autrement l'umain lignage que par recevoir telle vilté, impuissance jusques a fain et soif, a plourer, a braire comme ung enfant, voire jusques a recevoir mort tres angoisseuse ? (GERS., Noël, p.1404, 294). Et veu ce que cecy fut vray, Touteffoiz conprandre ne sçay, Par livre ne par loy escripte, Qu'il soit dieu, conme vous le dictes Et preschez par grant decevance, Car bien monstra son impuissance Quant se laissa lier et prandre Pour le mesner au gibet pandre. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 78).

 

Rem. Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1361, 488 (TLF).

 

-

"Faiblesse, défaillance" : ...aussi amesgrier plus que raison est mauvaiz signe, car l'un signiffie que la maladie sera longue, mais l'autre signiffie impuissance de la vertu. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 61).

 

-

Impuissance de + inf. "Incapacité à" : Impuissanche de resister... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 207). ...icelle impuissance de non pouoir acomplir le commandement... (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 202).

B. -

"Incapacité physique d'accomplir l'acte sexuel" : Notez que sept empeschemens sont en mariage, comme il appert par ces lettres ensieuvans : Erreur, condition, veu, cognation, pechié, disparité de religion, ordre, ligation, honnesté, parenté, impuissance de habiter ensemble. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48). Ilz sont pluseurs especes comme naturele impuissance, comme frigidité en l'homme, artacion et indisposition en la femme, deffaulte de eage en l'enfant. L'aultre est accidentele comme malefice qui est fait comme sors et factures. Impuissance item, l'une est naturele et temporele, l'aultre est perpetuele. La naturelle impuissance temporele, qui est en l'enfant, empesche tant qu'elle dure et ne puet contraire mariage. Naturele impuissance, qui est en cellui qui est froit, qui est perpetuele, empesche mariage a contraire et rompt le contrait. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/26 
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     IMPUISSANT     
FEW IX posse
IMPUISSANT, adj.
[GDC : impuissant ; FEW IX, 234a : posse]

A. -

[D'une pers., d'un enfant] "Qui manque de force, qui est faible, qui est incapable d'agir de lui-même" : Regarde icy le tout puissant et tout noble envelopé de petits drapelés, loyé et recliné comme impuissant. (GERS., Noël, p.1404, 295). Et en le pregnant fut guery ung enfant que de la partie senestre estoit sech et impuissant depuis sa nativité (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 25).

B. -

Impuissant à / de. "Incapable de (faire qqc.)" : Sur toutes choses les pechiez de charnalité rendent obscure l'ame, et la font impuissante a riens cognoistre de Dieu et de ses choses espirituelles (GERS., Trin., 1402, 153). Comme sa complexion soubtille fust impoissant de porter longuement fais de si grieve maladie... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 182).

C. -

[De l'homme ou de la femme] "Qui est physiquement incapable d'accomplir l'acte sexuel" : Et quant l'homme et la femme sont separéz, divorce puet estre celebree, quant impuissance de habiter est allegimé ou a cause de frigidité ou de malefice ou deffection de membre viril ou d'artation en la femme. S'ilz sont impuissans par malefice, ilz ne doivent pas estre separéz jusques a trois ans. Aussi les frois par le decret ne sont a separer devant trois ans. Au Decret au chapitle Laudabilem. Il y a difference entre ceulz qui sont impuissans par frigidité et les maleficiéz, car le froit ne puet congnoistre femme, ne aussi a mouvement en femme, ne voulenté de habiter, mais le maleficié puet aultre femme congnoistre que celle avec qui il est. (Sacr. mar., c.1477-1481, 78).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/26 
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     NON-PUISSANCE     
*FEW IX posse
NON-PUISSANCE, subst. fém.
[T-L : nonpoissance ; GD : nonpuissance ; *FEW IX, 234b : posse]

"Impuissance, faiblesse" : Femme par droite confetture Est si feible de sa nature Qu'elle ne puet faire abstinance (..). Tropt fait de mal par nonpuissance. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 67). Nompuissance me desconfforte. Amour et charitez est morte (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 172). Nompuissance et neccessité Soffrent assez de crualté. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 208). ...entre mort et vif ou joint et separé de moy mesmes chommoye tout coy sans puissance corporelle. Au moyen de laquelle non puissance, comme fantasiant, vis a mon semblant... (Lyon cor. U., 1467, 27).

REM. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. Gloss. lat. fr. (Montp., impotencia, nonpuissance) ds GD V, 525b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/26 
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     NON-PUISSANT     
FEW IX 234a posse
NON-PUISSANT, adj.
[T-L : nonpoissant ; GD : nonpoissant ; FEW IX, 234a : posse]

"Impuissant, incapable" : Je [Charité] suis celle qui les enlumine [les vertus] comme le soleil les couleurs, et vivifie l'ame comme l'ame le corps, et sans moy est morte et non puissant faire oeuvres vertueuses quelconques, comme le corps sans l'ame. (GERS., Concept., 1401, 400). Pour tant loyalment j'ose dire L'ame prudente et gracieuse, De savance moult curieuse, Et non puissant sans desplaisir Résister à si beau desir (LA HAYE, P. peste, 1426, 16). Or retournons l'argument contre toy mesmez, et disons ainsi : se Dieu ne peult changer l'estre dez choses advenir, il est quant ad ce non puissant (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 159). Car aultrement il seroit dit estre veu injuste, se il ne lui vouloit retribuer, ou non puissant de retribuer (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 251).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss.

 

-

Empl. subst. "Celui qui n'est pas en état de faire qqc." : ...les puissans en leurs personnes seront tenuz de nous servir personellement et les non puissans de faire servir moyennant gaiges raisonnables (Doc.1469. In : Brunel-Tardy, Paris, l'Église et le roi, 2016, 292).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 8/26 
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     PARPOUVOIR     
*FEW IX posse
PARPOUVOIR, verbe
[*FEW IX, 235a : posse]

"Être tout à fait capable de" : Qui le parpoeut faire faillir De la ou il bée a saillir, Qu'il ne puist achever s'envie, Certainement il ne fault mie. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 82). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 9/26 
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     PEUT-ÊTRE     
FEW IX posse
PEUT-ESTRE, adv.
[GDC : peutestre ; FEW IX, 232b : posse ; TLF : XIII, 210a : peut-être]

[Marque l'incertitude] : Peut estre cestui le tua, Et l'autre au tuer lui aida. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 21). Et peut estre le bon homme tel qu'il a tout dispousé en soy de faire tout ce qu'elle dit et se gouverne par son conseil, et quant aucun a affaire avecques lui, il dit : ... (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 90). ...laquele chose seroit a l'empirement de sa discipline et au peril du maistre et peut estre a la santé de l'enfant lequel est delicatif et souef nourri. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 6). Puet estre, esse aucun grant seigneur Qui s'en veult venir nostre voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 80). ...comme Fortune, envyeuse peut estre de leur bien et doulx passetemps, le vouloit, leur cas fut descouvert (C.N.N., c.1456-1467, 493). Peut estre, dit elle, retourneray je au disner, ainsi que le temps nous aprendra. (C.N.N., c.1456-1467, 526). Car je vous vueil du bien assez, Peult estre plus que ne pensez. (Chasse am. W., a.1509, 255).

 

-

Peut-estre que. "Il se peut que" : ...et peut estre que il avoient en ce moins de sollicitude de ministracions ou de empeschement que l'en ne avroit en procurer pour sa neccessité usage des choses qui sunt d'autrui. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 83). ...il a la merdaille De ceens si s'est combatu, Et puet estre qu'ilz l'ont batu (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 59). La quarte raison est que, combien que ceulx qui les lois establissent soient sages, peut estre que ilz ne scevent pas les condicions et toutes les circonstances des fais et euvres humaines (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 24). Peut estre qu'ilz se feussent tannez et retraiz en leurs marches (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 360). ...et peut estre que (...) il fut aucunement batu et mutilé (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1457, 254).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/26 
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     POHYE     
FEW IX posse
POHYE, subst. fém.
[GD : pohye ; FEW IX, 234b : posse]

"Puissance, autorité" : ...et avoient mis Gantois les gouverneurs tant de crédence en luy et telle pohye que... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 397).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/26 
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     POIEUR     
*FEW IX posse
POIEUR, subst. masc.
[*FEW IX, 233a : posse]

"Pouvoir" : Puys at mauldit du pouoir [var. del poieur] de Dieu le roy Aaron ["en usant du pouvoir que Dieu lui a donné"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 123).

REM. Cf. la forme poior ds Scheler, Gloss. Geste Liège, 228.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/26 
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     POULLANT     
*FEW IX posse
POULLANT, adj.
[T-L : polant ; GD : poullant ; *FEW IX, 233b : posse]

"Puissant" : Ou palais sont venus, où li papes poullans Fu en consistoire avec ses clers sachans. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 458). [Venus sont ou palais ou le pappe puissans Estoit en consistoire avec ses clers saichans. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 278)]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/26 
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     POUVABLE     
*FEW IX posse
POUVABLE, adj.
[GD : povable ; *FEW IX, 233b : posse]

"Qui peut, puissant"

REM. Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD VI, 360c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/26 
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     POUVANCE     
*FEW IX posse
POUVANCE, subst. fém.
[T-L : pöance ; GD : poance ; *FEW IX, 234a : posse]

"Pouvoir" : N'i avoit cevalier, n'escuier d'onnouranche, Ne gens, ne essanson, tant éust de povanche, Qui de gages avoir éust point connisance (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 363).

REM. Doc. 1382 (Sarthe, pouance) ds GD VI, 237b ; synon. de punition ds un doc. de 1377 (tele pouance et punition, "pouvoir coercitif exercé sur qqn").
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 15/26 
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     POUVOIR1          POUVOIR2     
FEW IX posse
POUVOIR, subst. masc.
[T-L : pöoir ; GD : pooir ; GDC : poeir2 ; DÉCT : pöoir ; FEW IX, 233a-b : posse ; TLF : XIII, 978a : pouvoir2]

A. -

"Capacité, possibilité (dans telle ou telle situation)"

 

1.

Pouvoir de + inf. "Capacité, possibilité de + inf." : ...de quoy je doy estre roy et seigneur, se Dieu me donnoit force et pouoir de le requeurre contre mes ennemiz (Bérinus, II, c.1350-1370, 172). ...et luy donnat Dieu pouoir de luy pardonner (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 15). Et encores ay je mains le povoir de le deservir (C.N.N., c.1456-1467, 168). Jésus (...) La mort prent pour nous saulver tous, Combien qu'il se pourroit saulver S'il vouloit et faire que nous Arions pouvoir de nous garder ! (Pass. Auv., 1477, 218). Et du ciel [le Saint-Esprit] a esté donné pour les conforter et leur donner pouoir de faire miracles. (Somme abr., c.1477-1481, 120). La puissance de Dieu appert ez choses espiritueles, car comme ainsi advient que le deable aist pooir en nous de muer le sens et la fantasie, et l'angele a pouoir sur ce et encores de muer et changer ou alterer l'entendement, Dieu seul a puissance non seulement sur les trois choses sus dictes, mais aussi de muer la voulenté. (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

-

Avoir pouvoir + inf.. : ...alors avoit pouoir ne mourir mie ["le pouvoir d'échapper à la mort"] (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 65).

 

.

Faire / mettre son pouvoir de + inf. "Mettre tout en oeuvre pour, s'efforcer de" : D'en acheter font leur povoir. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 451). Lesquelles choses veul et vous commande que faites vostre pouoir d'acomplir. (LA SALE, J.S., 1456, 43). ...ce pouvre gentil homme faisoit tout son pouvoir de besoigner comme il avoit le desir (C.N.N., c.1456-1467, 195). ...de toutes ses forces et puissance, met son pouoir de les contaminer et souillier (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 192).

 

2.

"Possibilité de faire qqc." : S'ont le vouloir, non le pouoir ; S'ont le pouoir, non le vouloir. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 42). Si conme j'en ay le vouloir, Dame, m'en donnez le pouoir Par vo doulçour. (Mir. femme roy Port., c.1342, 190). ...[je] vous requier, pour tous les services que jamais vous feis, qui ne sont pas telz que j'en eusse eu la volunté, si Dieu m'eust donné le povoir, que me facez avoir mon pain en quelque monastere (C.N.N., c.1456-1467, 94). Dieu vous en doint force et povoir (BUEIL, I, 1461-1466, 167).

 

-

Non pouvoir. "Incapacité de faire qqc." : Et entengt bien que, toutes fois et quantes fois on dit en Dieu non pouoir, tu ne dois point pourtant en lui [nier] possibilité, mais par ce non pouoir tu dois entendre en Dieu estre tres insupperable puissance et force. (...) Et quant on dit en Dieu non pouoir, ce n'est que une maniere de usance de parler (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 243).

 

-

Prov. : ...pouoir et vouloir ne sont tousjours ensemble ["ne vont pas toujours de pair"] (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 581).

 

-

Tout son pouvoir. "Tout ce que l'on peut faire, tout son possible" : ...et lors vous ne fauldriez point a vous amender selon ma doctrine et correption et feriez tout vostre pouoir selon ma voulenté, si comme vous disiez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 1). ...et vous offriez faire tout vostre pouoir pour mon alegement. (GERS., Déf., 1400, 228).

 

-

Faire son (petit) pouvoir. "Faire ce qu'on peut" : J'en feray mon petit pouoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 141). Nous en faisons nostre pouoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 327). ...tout conclu à faire son devoir et pouvoir et riens y espargnier (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 76).

 

-

Au(x) pouvoir(s) de qqn. "Selon les possibilités, les moyens de qqn, autant qu'il est possible à qqn" : Sire, alez, ne vous feignez point Du prier a vostre pouoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 21). DIEU. Sauveur, or t'en va, si honneure Ma mére a ton loyau pouoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 52). ...il est bien drois Que ceulx que mon pére aime aimons Et a noz pouoirs honnourons (Mir. femme roy Port., c.1342, 158). Bernart le maine Enz en paleis et si se paine De fere feste a son pouair. (Vie st Evroul S., c.1350, 115). Vostre honneur iray eslevant A mon povoir (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 211). Maiz ainsi Nature le donne Que une chascune personne Se veult sauver à son povoir En tout péril, à dire voir, Et, quiconques de ce se plaint, Nature icy charité vaint (LA HAYE, P. peste, 1426, 76). ...soiez tous certains que jamais de mon vivant la coustume ne s'y maintendra, au moins a mon pouvoir ["du moins dans la limite de mes moyens"] (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 136). Vous me pourrez doresenavant tresbien servir, que a mon povoir vous meriteray. (C.N.N., c.1456-1467, 95). Ses bonnes soeurs, devotes et charitables, tantost la vindrent visiter, en la confortant et administrant a leur povoir de tout ce qu'elles sentoient que bon luy fust. (C.N.N., c.1456-1467, 139). ...nous te consolerons et herbergerons a nostre pouoir. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 202). SATHAN. (...) La ou est pais je met guerre Et les riches je deserete Et encour plus en verité Tout ceulx qui sont en bone vie A mon povoir je les devie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 54). Aprés plusieurs compaignies passees Des ordonnances saigement compassees Oultre les mons soubz nobles conducteurs, Deliberans en leurs cueurs et pensees Que des affaires en France pourpensees A leur povoyr en estre executeurs (LA VIGNE, V.N., p.1495, 138).

 

.

[Sous la nég.] : Ne mente point a son pouoir ["Qu'il évite comme il le peut de mentir"] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 77). ...à son povoir ["selon son possible"] ne fit oncques guerre que à bonne et juste querelle et pour garder justice. (BUEIL, II, 1461-1466, 258).

 

-

À pouvoir. "Le plus possible, en grand nombre" : ...par desespoir Ou paour de cheoir a poir Es cruelles mains de Silla (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 9). Aucuns y a qu'en desespoir Chieent et s'occient a poir, Ou font un tel coup de leur main Que l'en les pent a l'endemain. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 86). Monseigneur vous devés scavoyr Qu'il y a de crestiens a povoyr Dedans ceste vostre citté (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 57).

 

-

À tout pouvoir. "Le plus possible, au mieux" : ...que tous vrais amoreux (...) fuient a tout pouoir ce tresdesplaisant a Dieu et au monde pechié de yre (LA SALE, J.S., 1456, 20).

 

-

À non pouvoir. "Involontairement" : ...pour ce que vous l'avez fait a non pouoir, je le vous pardonne (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 230). ...le sire de ceans meffist ung jour qui passa au roy et a la roine, mais ce fut a non pouoir. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 292). [Var. ms. C, 1459-1460]

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 228 (661, Forche et vigour ont fait de tot lor non poior ; "inconscience ?").

 

-

De tout le pouvoir / du pouvoir / des pouvoirs de qqn. "Le plus possible, au mieux des possibilités de qqn" : ...qu'il lui plaise vous mander son vouloir sur ce, et son mandement vous acomplirez de tresbon cuer de tout vostre pouoir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 89). ...apertient a toute pucelle estre humble et obeissant a pere et a mere, et les servir diligement de tout son pooir (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 196). Je m'efforce De mon pouoir quant a cela (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 360). ...je voeul enver vous estre bon pasteur et garder de tout mon pouoir l'onneur de la cité de Romme (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 369). ...le roy, la royne, tous Messeigneurs et les dames se penerent de tous leurs pouoirs de ces seigneurs festoier (LA SALE, J.S., 1456, 224). ...de tout son pooir il s'employroit voulentiers en ceste matere (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 92). Et tous luy vont promettre de faire sa voulenté de leurs pouvoirs. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 78). Toutesfois, ilz s'efforcent et convoitent de tout leur pouoir redarguer et corrigier ceulx qu'i congnoissent (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 185).

 

-

À / du / selon le petit pouvoir de qqn. "Autant que les faibles moyens de qqn le permettent" : ...et ce que je vous dy, je le vous remonstre pour bien, car je suy tenus de vous conseillier et adreschier selonc mon petit povoir et sens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 64). Je l'aymeroye, en faisant mon debvoir De la servir a mon petit povoir (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 181). ...et si ay exposé ma povre personne et mes biens en vostre service selon mon povre et petit povoir, et fait ce que loyal serviteur doit faire envers son seigneur souverain (JUV. URS., Loquar, 1440, 306). ...je l'amenderoye a mon petit pouoir. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 138). Et, pour ce que, des ma jeunesse, j'ay sieuvy les armes et frequenté les guerres du très crestien roy de France, mon souverain seigneur, en soustenant sa querelle de tout mon petit povoir, j'ay peu veoir par l'espace de long temps plusieurs et diverses manières de faire que les jeunes et nouveaux venus ne puent pas sçavoir de prime face. (BUEIL, I, 1461-1466, 15). ...en fin le mena a terre en sa maisonnete, la ou le chauffa et aysa a son petit pouoir (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 113).

 

3.

"Autorisation donnée à qqn, licence de faire qqc." : ...veu la teneur desdites lettres du roy, le povoir dedenz contenu à moy donné et commis par ycelles (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1339, 5). Pour ce dit-on aux saufconduiz qu'ilz n'entreront en ville ne en chasteaulx sans avoir congé des personnes ad ce ayans povoir. (BUEIL, II, 1461-1466, 11). Mais messeigneurs les commissaires deposerent par sentence que, par les raisons aleguées et par les coustumes et usances de guerre, quiconques met ung prisonnier en lieu fort, sans le congié de ceulx ayans povoir à ce, il le pert et est confisqué au cappitaine (BUEIL, II, 1461-1466, 13). ...avons pour eulx commandé noz lectres de commission et de puissance, sans touteffoiz en riens deroguer aux povoirs et facultez par nous baillez à nosdiz autres ambassadeurs. (Lettres Louis XI, V., t.5, 1475, 320).

 

-

Avoir pouvoir de + inf. : ...unes lettres closes de par Jaques de Saint Gelais, filz du dit donataire, si comme il disoit, contenans en effect que icellui notaire baillast les lettres de la dicte donacion à icelui Vilanea, son procureur, aians procuracion et povoir d'icelles recevoir et en bailler quictance (Doc. Poitou G., t.6, 1399, 337).

 

-

Plein pouvoir : ...de l'assentiment du dit Sanson [archévêque de Reims] qui avoit le plein pouair (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1333, 60).

 

.

Plein pouvoir de + inf. : ...li dit congoint (...) retienent plain pooir de leurs hiretages tous ou em partie vendre (Chirogr. tournais. R., 1346, 55).

B. -

Force, puissance

 

1.

"Force (force physique, vaillance...)" : L'EMPEREUR. Or tost, mareschal, sanz attente, D'aler encontre eulx vous oultrez Et vostre pouoir leur monstrez, Et nous vous suiverons après. (Mir. fille roy, c.1379, 74). Si ne perdons nostre pouvoir, Ja ne luy larrons os entiers. (Pass. Auv., 1477, 229).

 

-

Mettre tout son pouvoir à qqc. "Mettre toute sa force à qqc." : Ilz [les trous] seront faiz ligierement, Et y mectrey tout mon pouvoir. Sus, pren la grandeur de ce truant, Malbec, pour mieulx faire devoir. (Pass. Auv., 1477, 194). Toute ma force et pouvoir Je y mectrey, et me deusse je rompre ! (Pass. Auv., 1477, 205).

 

-

Selon tout son pouvoir. "De toute sa force" : Et se aucun opposoit au contraire, en mettant que un ange meust le ciel ou soi meisme selon tout son povoir le plus tost et le plus isnelment que il onques pourroit, donques convendroit il que il meust soudainement et en moment indivisible (ORESME, C.M., c.1377, 300).

 

2.

"Puissance que détient qqn (sur autrui, sur les choses)"

 

a)

[En gén.] : Du pouoir que Dieu me donna, Quant pape en terre m'ordena, T'absoil. (Mir. pape, 1346, 385). ...prouver ne peüst Du lieu pour pouïr qu'il eüst (Vie st Evroul S., c.1350, 157). ...en tez diez pouer n'a Riens plus qu'a .J. crapout. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 159). Jeo pensai qe jeo ne resemblai mye as autres, mes qe jeo les passai touz de force, de hardement, de sens, de poair (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 16). Et pour ce que nous avons a nostre povoir tout ce determiné devant, nous en userons maintenant. (ORESME, C.M., c.1377, 544). Puys at mauldit du pouoir [var. del poieur] de Dieu le roy Aaron ["en usant du pouvoir que Dieu lui a donné"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 123). Et du pouoir Dieu et du nostre Vous donnons papal dignité (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 135). ...car non en choses légères et capables à humain pooir, mais en choses désespérables et périlleuses se monstrent les vertus divines. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 35). [Ton] dieu Appolin rien ne vault, [Et] Sogolin au besoint fault ; [Sy n']ont ne force ne pouoir. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 204). LE TIERS GENTIL. Leurs pouoirs ne sont poinct mortelz, Car ilz ont puissance eternelle ; Et pour tant il fault leurs aultelz Encenser a mode nouvelle. (LA VIGNE, S.M., 1496, 433).

 

-

Avoir pouvoir sur qqc. : ...quand la langue d'elle eut povoir sur le cueur tresfort chargé d'ire et de courroux, par semblant les parolles qu'elle descocha ne furent pas mains trenchans que rasoirs (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

-

[D'une chose] Estre au pouvoir de qqn. "Être entre les mains de qqn" : Item, trois autres cuirs de beuf estans ou pouvoir d'un nommé Estienne Begteur, alias Petit Jehan, du lieu de Chaselles, pour adouber, valent à raison de 30 s. pour cuir, 5 l. 5 s. tournois. Item, six grans souffletz neufz faiz présentement pour la provision des martinetz, qui encores ne sont en euvre, qui ont costé en toutes choses 60 l. t. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 272).

 

-

[Personnification] : Trop vous court sus Foiblesse ; Qu'est Povair devenu ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 344).

 

b)

[À propos de Dieu] : Et le poair Dieu tout sourmonte. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 86). ...le vouloir [de Dieu] est pouoir (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 58). Il est aussi a dire que Dieu puet toutes choses ou par soy, ou par creature, c'est a dire toutes choses puet qui appartient purement a pouoir ou a puissance. Et ce je diz, pour ce que pouoir pechier n'apartient pas a puissance, mais a enfirmité et fragilité. A Dieu compete parfait pouoir et parfaite seignourie. (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

-

[À propos de Jésus-Christ] "Puissance de faire des miracles, d'accomplir des guérisons, de pardonner les péchés, de sauver les hommes..." : Doulx Dieu, qui de l'iaue fis vin Par ton grant pouoir excellent... (Mir. st J. Cris., c.1344, 254). Mon pere, je te rans mercy Du grant pouvoir que m'as donné. (Pass. Auv., 1477, 161). Monstre de ton pouvoir le fruit Et nous oste de ceste plasse [la croix] ! Si tu es filz de Dieu, par grace, Ou naturel - ne chault coment -, A ton pere lieve ta face ! (Pass. Auv., 1477, 218). Pas ne veulx estre entre les vifz Au monde maulvaiz et maligne, Car si estoye, feroye pis Que oncques ne fis, si ta doctrine Et ton pouvoir doulx et benigne Ne me gardoit, je le voy bien. (Pass. Auv., 1477, 252).

 

c)

[À propos du diable] Avoir pouvoir sur qqn : Dame, vueillez y nous tenir Et a vous servir retenir, Qu'ennemis n'ait sur nous pouoir (Mir. enf. diable, c.1339, 7). ...Vierge : si ne consentez ja, Qu'ennemy ait pouoir sur eulx. (Mir. enf. diable, c.1339, 23).

 

d)

En partic.

 

-

"Puissance politique" : ...le menaça de mort et jura que, en quelconque lieu de son pouvoir y pourroit mettre main dessus, jamais ne feroit alliance d'homme et le feroit noyer. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 416).

 

.

Plein(s) pouvoir(s) : ...au dit suppliant avons octroyé et octroions par ces presentes, de grace especial et de noz plains povoirs et auctorité royaulz, que du dit feu Guillaume de Ploermel, son pere, il se puisse (...) porter comme hoir (Doc. Poitou G., t.3, 1349, 6).

 

-

"Puissance militaire" : Or avient que ly oust que le roy Gorliquans avoit mandeit venoit a poioir ["arrivait sur les lieux à grande puissance"]. Sy les ont choisit les chevaliers françoys (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 145). [l. 4630] Renart de Montabain, qui fut de grant poioir... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 211). ...et entenderez et vous emploierez de tous voz povoirs à la garde, tuicion et defense de sa bonne ville de Paris. (FAUQ., III, 1431-1435, 28). ...sy ne voudroient-ils toutevoies souffrir nullement que le duc entrast en leurs fermetures à tel effort et pouvoir comme il avoit esté reçu en Utrecht (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 159).

 

e)

[À propos d'une chose] : ...povoir de la vertu (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 321).

 

-

[À propos de la mort (personnifiée)] : A ! Mort, ellas ! Veu que je suis de vivre las (..) Moustre ton pover et savance (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 160).

 

-

"La force, la puissance des choses" : Et y chevaucherent bien six lieues pour trouver logis ou les chevaliers peussent estre medecinez, et de fait ilz dirent a leurs compaiggnons : " Beaulx seigneurs, contre pouoir nul ne peut resister. Nous sommes sy las qu'il nous convient cy mettre piet a terre." (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 134).

C. -

P. méton.

 

1.

"Troupe qui exerce une puissance militaire" : Lors fist assembler son poair Parmy France (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 54). ...et la assambloit tout son pouvoir pour de rechiefz combatre contre ledit Alixandre. (WAUQUELIN, Conq. faits Alexandre, c.1448. In : Chrestom. R., 105). Et se voulez savoir de la tresfiere guerre de Jules Cesar et de Pompee, aussi de la souveraine bataille qui fut de leurs pouoirs en Thesaille, ou ledit Pompee fut desconfit, lisez Lucain. (LA SALE, J.S., 1456, 76).

 

2.

"Territoire sur lequel s'exerce une autorité juridique" : Item que aucun sergent ne face aucun exploitz au dehors de son pouvoir, comme s'il est sergent de prévosté en prévosté, et s'il est sergent de bailliage en bailliage duquel il est sergent (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 258). ...la court deffend ausditz justiciers et chascun d'eulx que doresenavant ils ne se ingerent de user d'arretz ou emprisonnements sur aucuns officiers ou sergens royaulx et ordinaires qui exploiteront ès mettes de leurs povoirs (Echiq. Normandie S., 1463, 144). ...nous avons esté advertiz que aucuns particuliers ont fait certaines monopoles et assemblées de peuple (...) dont n'avez fait ne fait faire justice ne pugnicion, combien que ce ait esté fait es fins et mectes de voz povoir et juridictions et que ce soient choses prohibées et deffendues en nostre royaume (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1496, 276).

 

3.

"Document signé par une personne par lequelle elle donne à une autre l'autorité pour la représenter, procuration" : LE PAPE. (...) je li enjoing (...) que touz ceulx qui ennemis Ly seront en ceste besongne Esconmenie sanz prolongne Du pouoir que cy trouvera (Mir. st Guill., c.1347, 12). LE PROCUREUR DE SAINTE AGNÈS. Vezcy conment me fonde, sire, Par bonne lettre. LE PROCUREUR DE SAINT LORENS. Aussi vous vueil mon pouoir mettre En vostre main. ESTIENNE. Lire les vueil pour plus certain Estre de voz fondacions. (Mir. prev., 1352, 238). À Jehan de Surron, clerc de maistre Jehan de Sauls, qu'il avoit paié à un notaire du Chastellet de Paris pour avoir fait un vidimus du povoir de mondit seigneur à lui donné et commis par le roy nostre sire au gouvernement du pays de Jennes, 4 frans demi (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 196).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     POUVOIR1          POUVOIR2     
FEW IX posse
POUVOIR, verbe
[T-L : pöoir ; GDC : poeir1 ; DÉCT : pöoir ; FEW IX, 231b : posse ; TLF : XIII, 976a : pouvoir1]

I. -

[Les conditions de possibilité sont dans le sujet]

A. -

[Auxiliaire marquant la capacité (d'une pers. ou d'un animal qui agit ou est susceptible d'agir volontairement dans telle ou telle circonstance)] "Avoir la capacité de, être capable de, être en état de (dans une circonstance donnée)"

 

1.

Pouvoir + inf. : Mais oncques pour ma force n'en pos ung son getter (Tristan Nant. S., c.1350, 380). ...pluseurs enfans, qui grandement puelent leur lignage regenereir (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 37). [Forme analogique de vuelent, veulent ; forme fréquente : plus d'une cinquantaine d'occurrences dans la Base du DMF] NOSTRE DAME. Amis, mon filz qui scet et puet Touz desrois remettre en compas... (Mir. parr., 1356, 60). ...mais loy declaire Et deffent fornicacion A toute generacion : Pourras tu estre continens ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 314). Vous devez, durant la baterie de voz bombardes, faire trenchées pour entrer ès fossez. S'il y a eaue que vous puissiez oster, ostez là. (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

 

-

Puissant + inf. "Pouvant + inf., ayant la capacité de" : ...et moult fort le commencèrent à envayr et assaillir poissamment et incessamment. Et tant y continuèrent que les asségez, non puissans résister, rendirent eulx et ledit chastel au roy par condicion. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 255).

 

-

Ne pas pouvoir beau + inf. "Être totalement incapable de"

 

Rem. Vie st Evroul S., c.1350, 2985 (G. Roques, R. Ling. rom. 56, 1992, 631).

 

2.

[L'inf. est effacé (dans une comparative, une hypothétique...)] : Et l'ennemy de moy trichier, Tant conme il pot, lors se pena (Mir. st J. Paulu, c.1372, 134). Et, quant les chienz seront a li venuz, il doit geter les bouelles ou milieu de touz, si en preigne qui pourra. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 183). Je ne dy pas pourtant que on ne leur doy aidier qui pourra. (JUV. URS., T. rever., 1433, 87). Pour ce, faictes pour luy ce que vous pourrez (BUEIL, II, 1461-1466, 99). Crachés luy trestous au visage, Si vous pouvés (Pass. Auv., 1477, 212). Pour toy saulver, de la descent [de la croix], Si tu puis (Pass. Auv., 1477, 218).

 

-

En partic. [L'inf. est effacé après un superl.] : Celle nuit, chascun se aysa le mieulz qu'il peult. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43). Alors montasmes jusques au hault, et sy avant que plus ne poyons se ne fussions tumbez dedens (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 146). La demoiselle de sa maistresse est escollée et advoée que mieulx on ne pourroit (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...marchant le plus soef qu'oncques peust, le courtois gentil homme (...) laissa couler ung gros sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 124). ...il se vint bouter en son lieu et besongna le mieulx qu'il peult (C.N.N., c.1456-1467, 410). ...et tousjours le faisoit le plus sagement qu'il povoit (BUEIL, II, 1461-1466, 145). Faictes du mieulx que vous pourrez (LA VIGNE, S.M., 1496, 314).

 

.

À ce qu'il peut. "Le plus possible (selon ses capacités), de son mieux" : Le cappitaine de Crathor, qui fut rusé et saige, fist semblant d'avoir grand paour et hastoit ses gens à ce qu'il povoit (BUEIL, I, 1461-1466, 134). Puis, le duc d' Ath se retira en fors chasteaulx et fortes places et quist alliances de princes voisins ad ce qu'il peust. (BUEIL, II, 1461-1466, 250).

 

3.

[L'inf. est représenté (par un quantificateur, un indéfini...)] Pouvoir + mot de quantité (tout / plus / tant...) "Avoir la capacité de faire + mot de quantité" : ...Le maistre qui tout peut et vault, Qui n'a fin ne conmencement (Mir. st Ign., 1366, 92). Ainsi cellui qui puet tout depart et retranche les puissances et de sa pardurable eternité mue les choses qui soubz le temps decourent (CHART., Q. inv., 1422, 2). Jhesus est filz de Dieu le pere, Et pour ce peult tout ce qu'il veult. (Pass. Auv., 1477, 160). Mes pour quoy ara ce prophete [Jésus] Plus grant puissance que vous tous, Veu qu'il est seu et entre vous Estes plus de douze ensemble ? Plus peuvent douze, si me semble, Que ung tout seul en tout affaire. (Pass. Auv., 1477, 160). Tien ma massue Et frapes tant que tu pourras ! (Pass. Auv., 1477, 199).

B. -

Empl. abs. [D'une pers.]

 

1.

[Capacité sexuelle (de l'homme)] "Ne pas être impuissant" : ...fut tresmal fortuné ce gentil seigneur ; et pour ce qu'il ne peut, quand sa dame voulut, je tien, moy, quand il eut depuis bien la puissance a commendement, le vouloir de sa dame fut hors de ville. (C.N.N., c.1456-1467, 196).

 

2.

"Avoir la puissance d'agir"

 

-

Prov. : Qui ne puet ne puet ["Qui n'a pas la puissance d'agir, ne peut rien faire"] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 356). Qui ne peult ne peult. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 194). [Prov. H., 199 ; Morawski, 2039]

 

-

Pouvoir moult. "Être puissant" : [Le château de la dame est pris d'assaut (métaphore sexuelle)] Gallant, peu doubte vostre assault ; J'ai chastel qui moult peult et vault. (Six dessins dialogués à double sens, éd. K. Baldinger, c.1470. In : Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 28).

C. -

Empl. intrans.

 

1.

Pouvoir + compl. adv. ou prép. en empl. adv. (hors / en / dedens / contre / encontre / envers / sans...) "Avoir la capacité d'agir + compl. adv."

 

a)

Pouvoir qq. part. "Avoir la capacité d'accéder qq. part" : Mais quant il vey qu'il ne pouoit dedens a cheval, il mist piet a terre, puis entra dedens (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 229). Pour ce, respondy le portier, que se mal voulés a mon seigneur, vous ne pouez ceans (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 222). Et ont iceulx sommelliers la clef de sa chambre (...) et peuvent à toutes heures devers le prince (...). Iceulx escuiers peuvent à toutes heures en la chambre du prince, s'il n'y a conseil (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 16).

 

-

[Contexte métaph.] Pouvoir en qqn. "Accéder en qqn, au coeur de qqn (pour y trouver l'amour)" : [Passelion, mis dans la fange par Zéphir, ne mérite pas l'amour de Morguanette] Morguanette vous salue sans amour, car mieulx puet qu'en vous ["elle est en mesure de trouver l'amour mieux qu'en vous"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 882). [Éd. : "elle mérite mieux que vous"]

 

-

Bien pouvoir + compl. de lieu "Accéder partout qq. part, bien connaître (un lieu)" : Tant le servi bien Cuer d'Acier Que le chevalier l'eut moult chier, Car bien pouoit la terre estraigne. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 358). [Éd. : "être à l'aise dans"]

 

b)

Pouvoir hors de. "Avoir la capacité de sortir de" : ...ne cuidons point qu'ilz puissent hors d'illecq fors par la porte (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 237). ...l'en n'en pouoit hors a piet ne a cheval (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 242). [Autres ex. p.242, 260 et 266 ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 2, 76...]

 

c)

Pouvoir contre. "Avoir la capacité (d'agir) contre" : Ja soit ce que nous savons bien Que nul ne peut par ses effors Contre vous, tant par estes fors. (Mir. prev., 1352, 239). De vos pleurs vous fault deporter Et prendre en vous ung reconfort, Nuls homs ne puet contre la mort (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 106). Or avant, puis que chacun est contre moy, il fault bien que je me taise et que j'accorde tout ce qu'on veult, car je ne puis tout seul contre vous tous ! (C.N.N., c.1456-1467, 371). ...de ma fortune, Contre qui ne puis bonnement, Qui si faulcement me fortune, Me vient tout ce gouvernement. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 32).

 

-

[De la raison] : Car raison est en eulz aussi comme destaincte, et en ont si peu et a si petit de vigueur que elle ne peut contre teles concupiscences. (ORESME, E.A.C., c.1370, 381).

 

-

Pouvoir à l'encontre. "Être en mesure de s'opposer" : ...pource que je suis celle qui pas ne veil troubler, ou je puisse bonnement a l'encontre, je suis contente d'emprandre l'estat de mariage (C.N.N., c.1456-1467, 170).

 

d)

Pouvoir sans. "Avoir la capacité d'agir sans qqn, être en mesure de se passer de qqn" : Sire, vous savez que saint Pierre, Quant il vivoit encor en terre, Vous ordena son sucesseur. L'Eglise ne puet sans pasteur (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 158). ...tant fu la hantise amoureuse dez deux damez que l'une ne pooit sans l'autre et de pluiseurs chosez secretez se devisoient souventefois aussy priveement que se ce fussent deux seurs germainez (Comte Artois S., c.1453-1467, 121). Tiercement ay entencion de comparer l'un à l'autre [le courtisan et le soldat], et de monstrer que l'un puet sans l'autre et non au contraire. (BUEIL, I, 1461-1466, 46).

 

Rem. Ex. de G. LE MUISIT, c.1347-1353, et de FROISS. ds T-L VII, 1411, l.39-50.

 

-

[D'une chose] : ...s'ainsi n'estoit que elles voulsissent du tout entendre a la vie contemplative et laissier la vie active, si que j'ay dit. Car la contemplative puet bien sans l'active, mais la droicte bonne active ne puet sans aucune partie de la contemplative. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 48).

 

e)

Au fig. Pouvoir en qqc. "Avoir la capacité d'agir en qqc." : ...car ne veoit homme vivant par qui moyen espérast venir à sa paix, qui mal estoit du duc son prince, et à sa desserte, mal du seigneur de Croy, lequel pouvoit moult du roy ["du côté du roi"] en son fait (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 432).

 

-

Pouvoir envers qqn. "Avoir la capacité d'agir sur qqn, avoir de l'influence sur qqn" : ...la veufve, qui moult pouvoit envers le duc, s'en montra durement indignée envers les autres (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 268).

 

-

Ne pouvoir ne hors ne ens. "Ne pas avoir la capacité de maîtriser, de saisir qqc." : ...et [oyant l'alarme des Gantois, le duc] comme ["comme si"] féru se trouvast d'un maillet au front, se trouva esmerveillé de ceste besongne, et n'en pouvoit, ne hors, ne ens, dont ceci pouvoit venir (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 262).

 

2.

Pouvoir qq. part. "Avoir la capacité d'être qq. part, de tenir qq. part, de se trouver contenu qq. part" : ...une grant loege de feuillie, ou il puisse trois compaignons ou quatre tous en estant. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 295).

 

-

[D'une chose] "Tenir qq. part, pouvoir être contenu qq. part" : Le chaut, le froit, le sec, le moiste, ne porroient en une boiste Que l'un l'autre ne consumast (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 29). SAINT ANDRY. Nous avons trouvé douze mandes Pour bouter tout ens qui vouldra. SAINT PHELIPE. Je ne sçay se tout y pourra, Car les biens sont fort sumptueux (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 174). Lors lui souvint d'un anel qu'il avoit, qui tant estoit petit qu'il ne pouoit en son doy (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 33). Les ennuys ou je perche Ne pourroyent pas a une bien grant huche (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 14).

 

Rem. MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 8065 (Prenés du lait d'une nonnain Autant que pourroit a la main) et 10, 343 (Je ne scay si tout y pourra) ; J. Orr, Rom. Philol. 19, 1965, 376.

II. -

[Les conditions de possibilité tiennent à la norme, au droit, à l'usage... ou à une autorisation donnée ; marque l'absence d'empêchement déontique]

A. -

[Empl. d'auxiliaire] Pouvoir + inf.

 

1.

"Avoir la permission de, être en droit de, être en conformité avec une norme ou une autorisation en" : Maris puet a sa femme traire, Et la femme avec son mari, Pour hoirs avoir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 313). Le XVIIIme est de ceulz qui pevent porter banieres. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 6). RUBEN. (...) Prenons quelque place retraitte, Et y allons prendre deduyt Ung petit. BALLA. (...) Bien vous pouez venir coucher Avecques moy pour ung petit ["c'est bien votre droit"], Et la faire a vostre appetit (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 302). Elles s'en pevent bien aller quand leur plaira, monseigneur, dist maistre Jehan. Ne font pas ? (C.N.N., c.1456-1467, 225). Je cogneuz (...) deux gentilz hommes, beaulx compaignons, bien assoviz et adressez de tout ce qu'on doit ou peut loer [en] ung gentil homme vertueux. (C.N.N., c.1456-1467, 362). ...[il] s'enhardit de demander a sa dite hostesse sa courtoisie, c'est asavoir qu'il peust estre son amy et elle sa dame (C.N.N., c.1456-1467, 386). ...Jehan requist que avecques elle il peust soupper, affin de eulx mieulx ensemble deviser (C.N.N., c.1456-1467, 389). ...n'estes vous pas bien vestue, bien logée, bien servye, et de tout ce que gens de nostre estat pevent par raison desirer bien convenablement partie ? (C.N.N., c.1456-1467, 470). ...[les perdrix] ne furent pas si tost mises a la broche que, par les paroles que je sçais, je les charmé tellement que en substance de poisson se convertirent ; et en pouriez trestous qui estes icy menger, comme moy, sans peché. (C.N.N., c.1456-1467, 583). [Le bourreau, s'adressant à Jean-Baptiste] Jehan, plus ne puis cy arrester ; Guyeres plus n'est longue ta vye (Pass. Auv., 1477, 100). Qui mal a, et n'a failly, Bien se peult douloir ["il est bien en droit de se plaindre"]. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 105).

 

2.

[Idée plus ou moins vague de légitimité (de conformité à la raison, à l'usage, à l'attente...)] : Fille, or t'a bien Dieu grace fait : De ce puet estre ton cuer fis. (Mir. st J. Cris., c.1344, 283). DEUXIESME SERGENT. (...) Sa, sa ! boutez vous par cest huis ; Or demenez la voz deduiz Hardiement. PREMIER SERGENT. Il peut bien dire vraiement Qu'il est en lieu obscur et noir (Mir. st Ign., 1366, 87). ...se peut intituler le livre de Cent Nouvelles nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 22). ...vous povez bien penser qu'elle [la confession] fut bien nouvelle et estrange ! (C.N.N., c.1456-1467, 61). ...il ne m'en chault pas tant qu'on pourroit bien dire (C.N.N., c.1456-1467, 245). ...il n'avoit besoigné sur son harnois, que l'on peut appeller cuirasses, toutes les foiz qu'elle eust bien voulu (C.N.N., c.1456-1467, 516). Je yrey plus tost qu'a l'offerende ! Sans jurer vous m'en pouvés croyre. (Pass. Auv., 1477, 90). J'ay des biens prou, comme pouez pencer (LA VIGNE, S.M., 1496, 507).

 

-

[Nég. au nom de la raison, de l'usage...] : Vous ne povez nyer que ung tel (...) ne soit de vous entretenu. (C.N.N., c.1456-1467, 234).

B. -

"Avoir le pouvoir, le droit de faire qqc." : Le duc a ung grant maistre d'ostel qui peult à tous consaulx ["qui a le droit de prendre part à tous les conseils"], tant de la justice comme de la guerre ; et se doibvent adrecier à luy reçoiptes et coeulloites de princes et d'ambassades. Il peut servir aux quatre nataulx de l'an, et quant le prince tient estat solemnel. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 13).

 

-

Part. prés. en empl. subst. masc. "Celui qui a le droit et la possibilité de faire qqc. dans un domaine précis" : ...sur l'obligacion de touz ses biens et des biens de ses hoirs, meubles et héritages, ou qu'ilz soient, présens et advenir, pour estre vendus et despendus du povan d'office de justice, sans nul plet ordenné (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1415, 234).

III. -

[Les conditions de possibilité sont dans les choses, dans l'état de choses (y compris du sujet) ; auxiliaire marquant l'absence d'empêchement aléthique]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Avoir la possibilité de"

 

Rem. Sens le plus général, que tous les autres impliquent ; les ex. sont innombrables.

 

a)

Pouvoir + inf. : Se croire vouloies conseil, Encor la pourras tu ravoir Et aussi clérement veoir Conme onques fis. (Mir. st Panth., 1364, 327). ...ceuls qui sont presentement, Peulent, et a moins de tourment [,] Garder leur tropel, s'ilz vouloient, Qu'au commencement ne faisoient Les apostres (DESCH., M.M., c.1385-1403, 170). ...s'il n'eust eu les yeulx bandez et couvers, il povoit veoir apertement ce dont ung aultre a qui rien ne touchoit se perceut a l'oeil. (C.N.N., c.1456-1467, 253). ...[elle] prioit Dieu journellement que bref le peust ravoir et reveoir par deça [son mari], si encores il estoit vif (C.N.N., c.1456-1467, 423). ...bon escuyer de recommencer sa chanson de tousser, voire si treshault qu'on l'eust bien peu oyr de la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 436). ...de tout ce dont on peust demander conseil d'homme, nostre bon maistre avoit la huée. (C.N.N., c.1456-1467, 468).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : ...entre les aultres nostre gentil homme, qui mignon se povoit bien nommer ["que l'on pouvait bien..."], n'en fut pas le mains contant (C.N.N., c.1456-1467, 80). ...debvoir avoit esté fair de recouvrer le roy par amiable voye, se faire se povoit (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 622).

 

-

Prov. : On ne peult faire que en faisant. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 242).

 

-

[L'inf. est effacé] : Quant il fait ce qu'il peult, il doit assez suffire. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 89). C'est(e) [l'ânesse] une beste debonnaire, Menés la luy ou vous vouldrés, Je n'y contrediroie jamés ; Ramenéz la quant vous pourés. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 154). ...quand il sera possible, je feray autant pour luy, si je puis. (C.N.N., c.1456-1467, 42).

 

-

Que l'on puisse / la ou l'on puisse. "À condition de pouvoir (le faire), si c'est faisable, là où c'est faisable" : ...et li tent le poing et garde que il [le faucon] ne saille hors sans saillir sus ton poig, que tu puisses, et li donne une bechiee de char (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 189). BERTHE. Pére, ne met nul contredit En chose que de moy faciez. Certaine sui que vous puissiez [l. , que vous puissiez, "si c'est faisable"] Que bien n'aray ["que ce ne sera que pour mon bien"]. (Mir. Berthe, c.1373, 159). ...je ne vouldroie pas que l'en m'y trouvast que je ne fusse en estat pour moy deffendre. - Sire, respondit elle, il ne vous y sçavront point la ou nous puissons, car nous seriens aussi bien en peril de mort comme vous. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 108).

 

-

Le plus / le moins / au mieux que faire se pourra. "...qu'on aura la possibilité de le faire" : ...soient vendus le plus proufitablement que faire se pourra (BAYE, I, 1400-1410, 174). Donques la personne discrete par bon avis, selon l'estat où Dieu l'a appellée et sa possibilité, se vouldra gouverner en chascune chose tout au mieulx que faire se pourra (CHR. PIZ., Ep. de la prison de vie humaine, 1418. In : S. Solente, Bibl. Éc. Chartes 85, 1924, 36). Et, pour aller jusques à eulx seurement, noz escarmoucheurs rebouteront les leurs au plus qu'ilz pourront, affin qu'ilz n'apperçoivent point ce que nous ferons, ou au moings le moings que faire se pourra. (BUEIL, II, 1461-1466, 199).

 

.

Prov. Qui ne fait mie quant il peut, il ne fait mie quant il veut : On dit : qui ne fait quant il puet, Il ne fait mie quant il veult. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 229).

 

Rem. DI STEF., 325 ; R. M. Bidler, M. fr. 33, 1993, 181 (GERS. ; EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400 ; Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 124).

 

-

Pouvoir que. "Avoir la possibilité de faire que" : Et ne soustendront onques que ilz peüssent que leurs amis eüssent tristece se il n'estoit ainsi que l'apeticement ou diminucion de leur propre tristece ne excedast tres grandement la tristece de leur amy (ORESME, E.A., c.1370, 492).

 

b)

[Sous la négation ; l'empêchement existe] Ne pas pouvoir + inf. "Ne pas avoir la possibilité de" : Dame vaillant, c'on ne peut trop loer... (Mir. ev. arced., c.1341, 145). NOSTRE DAME. Joseph sire, cuer qui se fie En Dieu ne peut estre periz (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 208). ...et si te mande Agriano que tu fuies hors du royaume et te va pourchacier ailleurs, car cy ne pourras tu durer d'ores en avant (Bérinus, I, c.1350-1370, 126). Mais or me puys je bien tres dolente clamer Qu'avec les bons pastours ne vous pouu louer ["je ne vous pus louer" ; l. povu ?] (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 62). ...et en nul des autres fondiques ne peulent estre herbergez les pelerins (Voy. Jérus., c.1395, 78). ...Sans non [explétif] pouair avoir loysir (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 114). ...les vertus ne les vices Des parens, soient sage ou nices, Si ne font mie a imposer Aux enfans, fors tant comme user Et ensuivir leurs meurs ilz veulent, D'autre chose ennoblir ne peulent. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 178). Nostre Seignieur m'a bien amé De m'envoyer telle nouvelle De mon filz ; on ne peult plus belle En ce monde de homme compter. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 162). Il ne peut obtenir ung tout seul mot (C.N.N., c.1456-1467, 116). Les aultres disoient qu'ilz ne pourroient croire que ce fust verité (C.N.N., c.1456-1467, 222). ...refuser ne luy peut nullement ce que pluseurs devant et après ne peurent obtenir. (C.N.N., c.1456-1467, 227). Vous dictes tresbien, dit le curé, et par ma foy, vous ne povez mieulx faire que de vous en despescher (C.N.N., c.1456-1467, 295). Haro, ilz ne peuvent actandre Au partuis, car il est trop bas. (Pass. Auv., 1477, 198).

 

-

[Inf. passif] : ...mesires Rauze ne polut ["ne put être trouvé" ; "on ne put trouver..."] eistre troveis (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 501). ...si tresbien se caicha qu'il ne povoit estre apperceu. (C.N.N., c.1456-1467, 50).

 

-

[Inf. pronom. à sens passif] : La bonneürté souvereinne Et la felicité certeinne Sont souverein bien de Nature Qui use de Raison la pure ; Et tels biens, on ne les puet perdre. Pour ce comparer ne aërdre Ne s'i puelent cil de Fortune ["on ne peut y comparer..."]. Car on voit - et chose est commune - Que qui plus en a, plus en pert. (MACH., R. Fort., c.1341, 90).

 

-

[L'inf. est effacé] : ...il me fault paier la cotte simple de satin ! Et vrayement je ne puis (C.N.N., c.1456-1467, 189). Et la cygoingne s'en troubloit, car, quant elle se vouloit reposer sur ses oefs ou sur ses petis, elle ne pouoit pour le jargon de l'arondelle. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 187).

 

c)

[L'empêchement est plutôt dans le sujet lui-même] : Nostre maistre, de nostre vie Ne vous pourrions habandonner. (Pass. Auv., 1477, 87). Las, quel torment ! Nepveu, coment - pouvés vous souffrir tant de maulx ? (Pass. Auv., 1477, 210). Las, mon amoreux, et coment Vous porrey je ycy laiser [l. laisser] ? (Pass. Auv., 1477, 264).

 

d)

Au subj. [Pour marquer le souhait, l'imprécation] : Perdre puissiés vous les artoys ! (Pass. Auv., 1477, 209). Qu'on te puisse au gibet deffaire, Filz de putain (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 230). Je puisse Mahon regnyer Se je sçay plus que je doy dire ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 292). Jupiter te puisse mauldire ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 292).

 

2.

"Être susceptible de"

 

-

[Inf. passif] : Encor vous puÿssiés estre pis assenés ["Il était possible que vous fussiez..."]. Dieu le fait pour vo bien ; frere, prenés l'en grés. (Tristan Nant. S., c.1350, 678).

 

-

[Inf. actif à sens passif] : ...si ce pendant il vouloit venir parler a elle, elle orroit voluntiers ses devises ; mais, pour Dieu, qu'il y vint si secretement qu'elle n'en peust avoir blasme. (C.N.N., c.1456-1467, 389). Et, pour vous dire quant à la mort, aussi tost peuvent mourir gens de court comme vous, et advient souvent que aussi tost meurt ung autre homme comme ung homme de guerre. (BUEIL, I, 1461-1466, 44). Ainsi comme a dit nostre compaignon qui a parlé avant moy, les malheurtez qu'on puet avoir à la guerre, peut-on aussi bien avoir par sieuvir la court, et des autres encores plus largement, comme povreté, paine, travail, estre mal couchié, mal repeu, mal logié (BUEIL, I, 1461-1466, 54).

 

-

[En tournure nég.] "Ne pas être susceptible de, ne pas être exposé au risque de" : Nul jamais triste Es cieulx ne peult estre Qui soit ministre De Dieu le grand prestre, Mais qu'il soit juste Et leal ad son maistre Nostre redempteur. (Pass. Auv., 1477, 101). Quoy que soit, on ne peut mesprendre D'aler garder le corps Jhesus, Fin qu'on n'y face nulz abus (Pass. Auv., 1477, 274). Qui juste vit, ne peult mesprendre (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 111).

 

-

[En tournure nég. comparative] : Adonc la merchia le pelerin, qui avoit si grant joie que plus ne pouoit. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 137). Il fut sy enivreiz d'amour que plus ne pouoit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 6). Sa mere, toute enragée, forcenée et tant marrie qu'on ne pourroit plus, la voyant ainsi deshonorée, si prend a la tanser (C.N.N., c.1456-1467, 69). ...[elle] estoit tant gracieuse qu'on ne pourroit plus. (C.N.N., c.1456-1467, 315). ...le mary et le gentil homme son cousin (...) estoient tant aises qu'on ne pourroit plus. (C.N.N., c.1456-1467, 354).

 

3.

N'(en) pouvoir plus. "Être au bout de ses forces" : ...et quant il [le cerf] est si viel que il ne peut plus... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 118). [en enfer] ...les chetives ames sont si desconfortees que elles ne peuent plus (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 18). Et dit que un tyrant avoit violee sa fille et il contretint longuement son ire et la celoit. Et quant il ne pot plus, il se occist de deul et de douleur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 390). Ceste durté cruelle et dure Et ceste paine tant me dure Que plus n'en puis (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 210). ...il fist tant que son cheval n'en pouoit plus. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 32). ...la damoiselle, qui plus ne povoit si le cueur ne luy sailloit du ventre, ne peut oncques dire ung seul mot (C.N.N., c.1456-1467, 213). ...tant luy fist elle recommencer qu'il n'en peut plus. (C.N.N., c.1456-1467, 348). Le bon homme, qui ne povoit plus s'il n'enrageoit, combien que semblant ne fist, voulut aller en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 443). PATHELIN. Hée ! m'amye chere, Je n'en puis plus, à bref parler. Par ma foy, je m'en vueil aller. Acomplissez mon testament. (Test. Path. T., c.1470-1475, 202). Souverain Dieu, o Dieu mon pere, J'ay si grant soif que ne puis plus. (Pass. Auv., 1477, 221).

 

-

Ne pouvoir en avant. "Être au bout de ses forces" : Reconfortés, dame, vostre servant, Qui dou tout s'est donnés en vo dangier : Tant a souffert qu'il ne puet en avant (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 60).

 

-

N'en pouvoir mais. "Ne disposer d'aucune possibilité d'action en qqc., ne pas être responsable de qqc., n'y être pour rien" : Or voy je bien que, ainsi que violence se donne droit par la force ou elle n'a riens, en semblable maniere veult oultrecuidance confundre verité par haultaines parolles et soy descharger de ses oeuvres vituperables sur ceulx qui mais n'en pevent. (CHART., Q. inv., 1422, 37). ADAM. (...) Helas ! ilz [ceux de mon lignage] n'en peuent maiz. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 77). Madame, dist Zephir, par ma foy, il n'en peut mais s'il pourquist a mengier quant il n'y avoit aucun qui l'en administrast. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 699). Si son furon a fourragé l'ostel, il n'en peut mais, car, des adonc qu'il est par [terrier] ou duyere, il est hors de son chastoy. (C.N.N., c.1456-1467, 161). Ainsi acheterent bien cherement les pouvres cordeliers le disme non accoustumé qu'ilz misrent sus. Dieu mesmes, qui n'en povoit mais, en eut bien sa maison brullée. (C.N.N., c.1456-1467, 226). ...il n'y eut dommage que du pouvre loup qui fut brullé, qui ne povoit mais du meffait des aultres. (C.N.N., c.1456-1467, 356).

 

-

Bien en pouvoir. "En être bien responsable" : ...bien en puis mais ! ["C'est bien ma faute !"] (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 36).

 

-

Qu'en peut-il ? "En quoi est-il responsable ?" : ...qu'en poeut il s'il en chante ? ["Ce n'est pas de sa faute si"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 719).

 

4.

Pouvoir bien + inf. "[L'absence de tout empêchement pour faire qqc. rendrait coupable celui qui ne le ferait pas (dont il est bien vrai qu'il ne peut dire "je ne peux pas")]" : Folie, bien vous pouez taire, Car vostre conseil ne vault rien (DESCH., M.M., c.1385-1403, 355).

B. -

[D'une chose ; l'état de choses est tel qu'il ne fait pas obstacle à qqc.]

 

1.

Pouvoir + inf. "Être susceptible de" : Car je say bien c'est une ruse Qui ne peut estre. (Mir. abbeesse, 1340, 70). Pleurer vous peut estre nuisant, Seigneurs, et sachiez riens ne vault. (Mir. ev. arced., c.1341, 115). Mais ce ne puet valoir, car se une chose dure plus que l'autre il ne s'ensuit pas pour ce, que il soient de diverses especes. (ORESME, E.A., c.1370, 114). Item, aus qualités des vertus par lesquelles sont faites les influences peuent estre alterees les parties du ciel selonc la diversité des regars et des disposicions que il ont par leurs mouvemens. (ORESME, C.M., c.1377, 82). ...le grant dommaige Qui puet venir par mariaige (DESCH., M.M., c.1385-1403, 41). ...sans point d'adversité, Qui nous ait peu grever en rien (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 26). ...tout ce qu'il pensoit qui peust plaire a sa dame luy estoit possible (C.N.N., c.1456-1467, 343). ...rien ne luy venoit a son entendement qui peust eloigner ce maudit mary (C.N.N., c.1456-1467, 183). ...pensez que je suis noble homme, et pour chose qui me peust advenir ne vouldroye faire chose qui tournast a vostre deshonneur (C.N.N., c.1456-1467, 388). Mes voiant III ou IIII exemples pooir souffire droit cy... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 121). J'en previs la chose pooir advenir ainsy (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 129). Dieu en est le juge, à qui les choses occultes ne peulent estre mucées, ne absconses. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 134). Il n'est monoye, Joyau, viande, voye, Qui me peust mon corps resjoyr, Ou que je soye. (Pass. Auv., 1477, 109).

 

-

Au subj. [Pour marquer le souhait, l'imprécation] : Tenés, diables, mangés trestous ! Les os vous puissent estrangler ! (Pass. Auv., 1477, 250). Sortez dehors, que la malle tempeste, La malle rage et malle mort aussi, Villaynement, ains que partez d icy, Vous puisse a tous fouldroyer corps et teste ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 137).

 

2.

[En tournure impersonnelle ; les choses sont telles que...] : De quoy leurs propos furent, il se peut assez penser. (C.N.N., c.1456-1467, 418). Mais il y puet advenir beaucoup de choses, tant à pié comme à cheval, qui ne sont pas icy escriptes. (BUEIL, I, 1461-1466, 162).

 

-

Vienne / advienne que pourra : ...et du surplus avienne ce que pourra. (LA SALE, J.S., 1456, 150). Asalt, asalt ; vieignhe que pourré, Car le plus fort l'emportera, Ou je mourrey a la parsuite. (Pass. Auv., 1477, 205).

 

-

Il me peut bien + inf. : Bien me pouoit a souvenir De ceulz qui ne doubtent mourir (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 75). [Est-ce un verbe asouvenir ? Ou pouvoir à + inf. ?]

 

-

[En tournure nég.] : D'ainsi plourer avez grant tort, Quant il ne peut estre autrement. (Mir. ev. arced., c.1341, 121). ANTHURE. (...) Que Dieu vostre plus grant desir Vous enterine. LA MÉRE ANTHURE. E ! lasse, je ne sui pas digne, M'amie : il ne peut avenir. (Mir. st J. Cris., c.1344, 286). ...trop sui malade : Le corps m'est si pesant et fade Que plus ne peut. (Mir. st J. Cris., c.1344, 303). Ma besongne si va si mal Que ne peut pis. (Mir. mère pape, c.1355, 377). Ha ! monseigneur, dist elle, il ne se peut faire ainsi. (C.N.N., c.1456-1467, 123). Toutesfoiz il ne peut estre aultre, et fault que vous en passez tel qu'il est (C.N.N., c.1456-1467, 471).

 

.

Il ne peut que + subj. : Je vous ay pieça dit, biau fiex, Qui ne croit a mére et a pére Il ne peut qu'il ne le compére. (Mir. roy Thierry, c.1374, 265).

 

-

Il ne peut estre que + subj. : ...sont plus de deux heures qu'il y est. Il ne peut estre qu'il ne soit beaucop ennuyé. (C.N.N., c.1456-1467, 269).

IV. -

[Il se mêle plus fortement qu'ailleurs à l'idée de possibilité celle, épistémique, d'incertitude, de non-connaissance ; auxiliaire marquant l'éventualité (le fait que décrit la proposition est envisageable, sans être certain)] "Être envisageable"

 

Rem. Les limites avec III, surtout III B, sont imprécises ; le possible étant par nature ce qui n'appartient pas au monde actuel, il s'y mêle toujours de l'incertitude. Mais cette incertitude tend ici à prédominer ; l'auxiliaire pouvoir prend ainsi une valeur plus ou moins nettement épistémique.

A. -

[En tournure impersonnelle] : ...et vous enfourmez par les sages de la coustume du pais et de son droit [du droit de la dame de Leon sur la terre de Bonnevillete] et quoy et combien li empeut [l. em peut] et doit appartenir ["dans quelle mesure il est envisageable ou que l'on doit envisager que cette terre lui appartient"] (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1351, 127). ...Et l'amour et la cognoissance Qu'il puet avoir en la science. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 370). Nous avons oy les parties, Or fault bien noter : Les parties Des raisons qui cy proposees Nous ont esté, soient pesees Par mon conseil, qui ordener Bien en sara et discerner Tel droit comme il y puet avoir. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 258).

 

-

Bien peut estre que : Bien peut estre qu'en recompense de ses maulx la gouge en eut depuis pitié (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

-

(Il) se peut faire. "C'est envisageable" : Sire, Dieu vous en sache gré, Mais il ne se peut faire ainsi. (Mir. mère pape, c.1355, 394). D'une chose ci nous parlez Qui ne se peut faire (Mir. fille roy, c.1379, 39). Dont, pour le present, considerons se il se peut faire raisonnablement (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 226). Estes vous deliberé de ainsi le faire ? Il respondist : Oil, et plus grant, s'il se peut faire (BUEIL, II, 1461-1466, 185).

 

-

V. peut-estre

B. -

[En dehors de l'impersonnel (mais glosable par "il est envisageable que", "peut-être", "éventuellement")] : Et quant il leur plaist a deffaire Ce qui leur puet estre contraire ["ce qui leur est éventuellement contraire"]... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 134). Vous n'en pouez tousdis que mieulx valoir [c'est la seule hypothèse envisageable]. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 306). Mais quant je pense a ceste fable, Elle puet estre veritable ["il est envisageable qu'elle le soit"] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 36). Or allon, car saison est ; Bien pouon avoir trop songé ["C'est fort possible, c'est tout à fait envisageable"]. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 4). ...te semble il que je ne soye ennuyé, qui veulx que je me passe de la char de ma femme. Tu peuz penser, par ma foy, que ["il est envisageable que tu penses que, sans doute penses-tu que"] j'en suys aussi saoul que tu es de pastez (C.N.N., c.1456-1467, 83). ...encores se peust passer ceste nuyt sans aultre chose a faire (C.N.N., c.1456-1467, 102). ...la dicte damoiselle luy pria moult doulcement que en gré il voulsist prendre le plaisir qu'elle luy avoit peu faire (C.N.N., c.1456-1467, 390). Quelque devoir que nostre mary peust faire, il ne peut trouver la maniere d'estre receu a cest escu (C.N.N., c.1456-1467, 498). ...et moy remis lors en esperit, commenchay a penser a ceste vision et notay bien que grant mistere y pouoit avoir (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 195).

 

-

[Au cond. ; suivi de bien, pour exprimer la crainte d'une éventualité fâcheuse] : Les princes nous porroyent bien nuyre. (Pass. Auv., 1477, 263).

 

-

On ne peut mieux. "Il n'est pas envisageable de faire, de trouver mieux" : ZEBEL. (...) Vezci vostre enfant ; couchié l'ay Au miex que je couchier le say, Se m'aist Diex. NOSTRE DAME. Zebel, m'amie, on ne peut miex (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224). LE MARQUIS. Dame, j'ay oy un sermon Bon et bien fait. LA MARQUISE. Sire, on ne peut miex par souhait. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 125).

 

-

Qu'on peut. "Qu'il est envisageable de faire, de trouver" : MALIFERAS. Droissons la [la lance] droit a la poytrine ! Gardons bien qu'elle vaise droit. ALEXANDRE. Elle est si tresbien qu'on pourroit. Boute, Longis ; boute fort, boute ! (Pass. Auv., 1477, 231).

 

.

[Dans une évaluation] : Celle dame avoit une fille, la quelle povoit bien avoir environ de VIIJ. a IX. ans (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...il avoit bouté en ung de ses doiz ung aneau d'or garny d'un beau gros dyamant qui bien povoit valoir la somme de trente nobles. (C.N.N., c.1456-1467, 390). ...et povoient bien estre en tout de quatre à cinq cens lances (BUEIL, I, 1461-1466, 92). Et povoit bien avoir troys cens hommes d'armes et quatre mille archiers soubz sa charge (COMM., I, 1489-1491, 11). ...et povoient bien estre six mille hommes à cheval très bien empoint (COMM., I, 1489-1491, 40).

C. -

[En renforcement d'une interr. partielle, directe ou indirecte ; la réponse est envisagée parmi une multitude de possibles] : PREMIÉRE NONNE. (...) Or sus, ma suer, sus sanz respit. Egar ! pas n'est dedanz son lit. Ou peut elle estre ? ["Où est-il envisageable qu'elle soit ?"] L'ABBESSE. Je ne say, par le roy celestre, S'elle n'est en l'eglise alée. (Mir. nonne, 1345, 335). ...peut c'estre ["est-il envisageable que ce soit"] ore mençonge Ceste vision, ou vray songe ? (Mir. emp. Julien, 1351, 200). J'oy dire qu'il a fait veu Que ja ne se mariera, Et que briefment prestre sera. Puet ce voir estre ? ["est-il envisageable que ce soit vrai ?"] (Mir. chan., c.1361, 157). Et dont peut il venir ceens, dit il, ne qui le nous a envoyé ? [Après l'apparition d'un homme pris pour un diable] (C.N.N., c.1456-1467, 438). Le bon homme, bien esbahy quelle chose ces sergens luy povoient vouloir, se partit incontinent (C.N.N., c.1456-1467, 510). Qui les peut ainsi devorer ? (Pass. Auv., 1477, 142). Mes dont luy peut venir femme Et renommee si tresgrande ? (Pass. Auv., 1477, 121). Hee, mon Dieu, mes ou peut il estre ? Seroit il pas alé ches sa mere ? (Pass. Auv., 1477, 123). Sces tu, Tadee, que ce peut estre, Ainsi pardonner les pechés ? (Pass. Auv., 1477, 155). Lorraine, que peult elle dire De mon nom et de ma venue ? (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 117). Le religieux, ceste chose estraigne voyant, s'esmerveilla que ce pouoit estre. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 191).

D. -

[Dans une affirmation, p. oppos. à l'attente (on pouvait penser qu'une chose n'est pas possible, et pourtant elle est réelle ; c'est donc bien qu'elle est possible)] : C'est grant noblesse de veoir le beau lieu et noble qui y peult estre [et qui y est de fait !], et le beau jardin et la belle et bone fonteine qui est dedans et qui sort par aval ladicte maison et abbaye. (Voy. Jérus., c.1395, 70).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 17/26 
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     PUISSAMMENT     
FEW IX posse
PUISSAMMENT, adv.
[T-L : poissant (poissantment) ; GD : poissalment ; GDC : puissantment ; FEW IX, 233b : posse ; TLF : XIV, 27b : puissamment]

A. -

"En puissance, efficacement" : Et par aventure, c'est la cause pourquoy il samble que les estoilles fichiees sintillent et oilletent et les planetes ne sintillent pas, car elles sont pres ; et pour ce, le voiement ataint a elles puissanment. (ORESME, C.M., c.1377, 448).

 

-

[Modifiant un adj.] "Très" : Mais couvoiteus ont tel defaut Que quant plus ont, plus leur deffaut, Et quant plus sont puissamment riche, Tant sont il plus aver et chiche ; Qu'avarice ardant qui d'euls vist, Com plus vivent, plus rajonnist. (MACH., J. R. Nav., 1349, 140).

 

-

[Modifiant un verbe] "Considérablement" : Dame que j'aim plus qu'autre, ne que moy, En qui sens, temps, cuer, vie, amour employ, Tant com je puis, nom pas tant com je doy, Vous remerci Dou noble don de vo douce merci. Car tant m'avez puisamment enrichi, Tant resjoï, si gari, tant meri, Que vraiement, Se quanqu'il a dessous le firmament Et quanqu'il fu et sera, quittement Me fust donnez pour faire mon talent, Je ne l'amasse Tant de cent pars, que je fais vostre grace. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 81).

B. -

"Avec puissance, avec force, vigoureusement" : Et la cause est car quant il sont es perilz il ont vertu en eulz, par quoy il les soustiennent puissamment et forciblement. (ORESME, E.A.C., c.1370, 210). Moult fu la bataille forte et dure, mais sur tous le fist Gieffroy puissaument et les Poictevins qui estoient o lui venus. (ARRAS, c.1392-1393, 218). ...que il soit tout temps prompt et prest à resister puissamment contre les hurs que fortune lui pourroit bailler (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 109). ...et moult fort le commencèrent à envayr et assaillir poissamment et incessamment. Et tant y continuèrent que les asségez, non puissans résister, rendirent eulx et ledit chastel au roy par condicion. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 255).

C. -

"Avec un pouvoir tout puissant" : Et dist l'ystoire que le roy Uriien regna moult puissaument en Chippre, et ses hoirs après lui (ARRAS, c.1392-1393, 294).

 

-

"Dans toute sa puissance" : ...Et resuscita home et Dieux, Puis monta puissanment aus ciex. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 125). Or est la nuyt tres desiree, (...) Que mon filz, le benoist Jhesus, Doit retourner de mort a vye Et, par sa puissance infinie, Puissanment doit ressusciter (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 827).

 

-

Estre puissamment marié. "Être marié à qqn de puissant" : Et dirent bien tuit que Remondin estoit puissaument et noblement mariez. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

V. aussi puissantement
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 18/26 
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     PUISSANCE     
FEW IX posse
PUISSANCE, subst. fém.
[T-L : poissance ; GDC : puissance ; DÉCT : poissance ; FEW IX, 234a : posse ; TLF : XIV, 28a : puissance]

A. -

"Pouvoir, capacité, possibilité d'agir"

 

1.

[À propos de Dieu] "Toute-puissance" : Et pour ce que la chose faite doit avoir et a similitude a son faicteur ou a ce qui est en la pensee de son faicteur, ce est signe evident que en Dieu est trinité selon ce que, par sa puissance infinie, trinité et pluralité est en lui avec simple unité. (ORESME, C.M., c.1377, 56). Certes, comme il a este dit deuant, tu peulx fonder en toutes creatures bonnes meditacions, car en chascune creature reluit la puissance, la sapience et bonte de Dieu (CIB., p.1451, 184). Pas n'est a doubter que Dieu est infini, car comme il soit ainsi que en Dieu une mesmes chose est puissance et essence, il appert que l'essence de lui est infinie comme sa puissance. (Somme abr., c.1477-1481, 131). La puissance de Dieu appert en la creation du monde depuis le commencement, et en la moyenne et en la fin. Au commencement, car toutes choses crea de neent. En la moyenne du temps depuis la creation, pour ce que les choses de nature se retourneroient en neent, se n'estoient soustenues par sa puissance. (Somme abr., c.1477-1481, 161). La puissance de Dieu appert ez choses espiritueles, car comme ainsi advient que le deable aist pooir en nous de muer le sens et la fantasie, et l'angele a pouoir sur ce et encores de muer et changer ou alterer l'entendement, Dieu seul a puissance non seulement sur les trois choses sus dictes, mais aussi de muer la voulenté. (Somme abr., c.1477-1481, 161). Pour quoy, doulx Jhesus souverain, Puissance trop incomparable, En tous temps, matin et serain, Sera mon cueur inseparable De vous (LA VIGNE, S.M., 1496, 465).

 

-

Divine puissance / puissance divine : Premierement se aucun fait contredist a la divine puissance comme de faire plus grant de lui. Secondement se la fait contredit a sa voulenté ou a sa verité come de faire aucune chose que en ung moment elle soit ou non soit, ou que chose passee soit et advenir. Tiercement se le fait contredist a sa bonté come de dampner Saint Pierre et saulver Judas le traytre. (Somme abr., c.1477-1481, 161). LE JUIF. S'i lui plaist [à saint Nicolas] estre intercesseur Envers la puissance divine, Que par luy puisse veoir tel signe Que ce povre homme vivifie Tellement qu'il lui rende (la) vie (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 144).

 

.

Divine puissance des cieux : Ave, dame, en qui la divine Poissance des cieulx si ouvra Que (...) nous ouvri ce que jadis Femme nous clost (Mir. Theod., 1357, 102).

 

-

De la puissance de Dieu. "Au nom de la toute-puissance de Dieu" : Dy, va, qui es tu, qui as levé le mien larrecineusement ja l'espace de XIIIJ. ou de XV. ans ? Je te deffy de la puissance de Dieu, et te callenge mon droit heritaige. (ARRAS, c.1392-1393, 298).

 

-

Dieu de puissance. "Dieu tout-puissant" : En celle petite enffance Se muera le Dieu de puissance, Car Dieu sera entierement Et filz de vierge propprement. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 45).

 

-

Toute-puissance : ...et ce est a l'exemplaire de Dieu le createur qui a en Soy eternité et immensité et toute-puissance. (ORESME, C.M., c.1377, 272).

 

-

[P. oppos. à puissance ordonnee] Puissance absolue. "Puissance qu'a Dieu d'agir contre les lois naturelles" : Je suppose troys choses : primierement, que Diex de sa puissance absolue povet preserver et garder la benoite Vierge de pechié originel. Secondement, que il la povet garder selon la puissance ordenee. Tiercement, je diz que c'estoit chose tres appartena[n]te et tres honeste que il gardat sa benoite Mere de pechié originel. (Songe verg. S., t.2, 1378, 251). J'ay, secondement, dist que Diex la povet garder de sa puissance ordenee, laquelle chose est assez prouvee par lez raysons dessus dittes, car se il la povet garder de sa puissance absolue, il s'ensieut que il la povet aussi garder de sa puissance ordenee. (Songe verg. S., t.2, 1378, 252).

 

-

"Pouvoir miraculeux qu'avait Jésus-Christ de ressusciter les morts, de chasser les démons, de guérir les malades..." : Veez cy puissance virtüeuse, Et fust ce le prophete grant ! [Allus. à la résurrection du fils de la veuve de Naïn (Luc 7, 11-17)] (Pass. Auv., 1477, 132). Mes pour quoy ara ce prophete Plus grant puissance que vous tous, Veu qu'il est seu et entre vous Estes plus de douze ensemble ? [Allus. à Marc 9, 18] (Pass. Auv., 1477, 160). Diable muet, par ma puissance, Te comande que tu t'en vaises ! (Pass. Auv., 1477, 163).

 

-

[À propos de la Vierge] : LA DAME. (...) Doulce vierge, par ta merite, Estain mon dueil et mon ennuy. En toy me fy ; en toy m'apuy. Toy de cuer lo et loeray. Toy seule gloriffïeray, Car seulement par ta puissance J'atens a avoir delivrance Et brief secours. (Mir. enf. ress., 1353, 42).

 

2.

[À propos d'une pers.]

 

a)

[En gén.] "Pouvoir, capacité, possibilité que l'on a d'agir, de faire qqc." : Je ne croy que nulz ait poissance Telle qu'il se puist mettre ou ventre De sa mére, ne qu'il y rentre Pour naistre enfant. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 239). ...se tu as en lui [Jhesu] creance Il te donrra telle puissance Que de trestoutes maladies Gueriras (Mir. st Panth., 1364, 317). Item, un honme a ensemble la vertu ou puissance de soy seoir et de soy ester, quar aucune foys il a l'une et l'autre puissance, mais non pas a ce que il se sieche et se este ensemble, mais a ce qu'il se sieche en un temps et este en autre. (ORESME, C.M., c.1377, 212). ...convint que par contraincte et pour doubte de pis avoir il leur administrast de son vivre selon sa petite puissance. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 214). Vous estes bien pouvres chetis Qui non avés nulle puissance Forque sceulemant par semblance. Vous avés puissance es corps Out vous festes vous grans effors, Mes Dieu a puissance es ames et garde ceulx de diffamme Qui sont en sa protectiom. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 284). Croire que au tiers jour il [le Christ] resuscita par sa propre puissance de mort à vie. (LA SALE, J.S., 1456, 38). ...[je] suys tant maigre que je n'ay force ne puissance (C.N.N., c.1456-1467, 82). S. NICOLAS. (...) Dieu eternel ou tout mon voloir tire (...) Glorifiant ta bonté et clemence, Je te remercie Et te regracie Du merite, d'autant comme ay puissance. DIEU. Ta puissance Est en grace Excellence D'efficace. Toute place Ou n'on fera de toy regnom, Des miracles exaulceray le nom. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 101).

 

-

[Associé à liberté] : Mais pour ce que il repute inconvenient dire que eulz ne oeuvrent pas voluntairement, l'en doit savoir que se voluntairement est pris proprement et derivé de volenté proprement dicte, qui est appetit intellectif, en ceste maniere nulle chose mortel n'a volenté fors homme, ne nulle chose ne fait rien voluntairement fors homme, qui a entendement et usage de raison et liberté et puissance de faire ou de non faire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 183).

 

-

PHILOS. Puissance naturelle. "Pouvoir qui appartient à un être en raison de sa nature" : Tu dis scelon ce qu'il m'apart Qu'i sont trois ung seul dieu faisant Comant vais tu cecy disant Ung seul dieu n'est que une personne S'il sont trois il fault que chescunne Aye puissance naturelle Je te demande voir laquelle De ces trois personnes vault myeulx Il fault par force que trois dieux Soint scelon ce que tu dis (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 80).

 

.

[P. oppos. à la puissance absolue de Dieu] Puissance ordonnee. "Pouvoir soumis aux lois naturelles" : Je suppose troys choses : primierement, que Diex de sa puissance absolue povet preserver et garder la benoite Vierge de pechié originel. Secondement, que il la povet garder selon la puissance ordenee. Tiercement, je diz que c'estoit chose tres appartena[n]te et tres honeste que il gardat sa benoite Mere de pechié originel. (Songe verg. S., t.2, 1378, 251). J'ay, secondement, dist que Diex la povet garder de sa puissance ordenee, laquelle chose est assez prouvee par lez raysons dessus dittes, car se il la povet garder de sa puissance absolue, il s'ensieut que il la povet aussi garder de sa puissance ordenee. (Songe verg. S., t.2, 1378, 252).

 

-

De toute sa puissance. "De toute sa force" : Anne, de toute ma puissance Ly pri que me face secours. (Mir. fille roy, c.1379, 19). Le second, de sçavoir si vous luy avez baillé et fourny entierement tout ce que vous luy avez promis pour son appannaige, offrant, quant ne l'auriez faict, s'emploier de toute sa puissance pour le luy faire bailler et parfournir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 220).

 

-

Avoir la puissance à + subst. : ...quand il eut depuis bien la puissance a commendement, le vouloir de sa dame fut hors de ville. (C.N.N., c.1456-1467, 196).

 

.

Avoir puissance de qqc. "Être en mesure d'utiliser cette chose" : ...quand elle vit qu'elle n'avoit puissanuce [l. puissance] que de sa langue, Dieu scet s'elle la mist en oeuvre (C.N.N., c.1456-1467, 272).

 

-

Avoir (la) puissance de + inf. "Avoir la capacité de, pouvoir" : DEUXIESME SERGENT. (...) Laissons le cy estre, Car il n'a d'eschaper puissance (Mir. st Ign., 1366, 100). ...icelle prisonniere (...) est joine femme forte et bien vestue, qui avoit bien puissance de nourrir son enfant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 533). Et aussi le saige, quant il voit qu'il n'a pas puissance de resister a la force de son adversaire, il pourchasce longs traictiez pour dissimuler tant qu'il se voye en puissance qu'il puist nuire a son ennemy, et lors en pou d'eure treuve voye dont le traictié soit nul. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Deux hommes une fois estoient Quil a ung riche marchant devoient, L'ung quarante, l'autre cinquante Denïers, et n'avoient puissance De contenter icelluy homme. A tous deux il quicta la somme. Liquel des deux, a ton advys, Ly doit estre plux grant amys ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 138). ...pour le grant nombre et multitude du peupple qu'il y avoit, demouroit assez, par les logis et hospitaux, des povres gens qui pas n'avoient puissance de eulx bien faire. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 320). ...la pouvre gentil femme n'eut plus cueur, puissance ne vouloir de soustenir son fardeau desplaisant. (C.N.N., c.1456-1467, 125). Le quint, pour offrir à mondit seigneur vostre frere le mariage de madamoiselle de Bourgoigne, ou cas que à present il vouldroit prandre la Toison, ouquel cas ilz avoient puissance de conclure ledit mariage et l'en asseurer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 220). Et, si mondit seigneur ne prenoit laditte Toisson, ilz n'avoient pas puissance de asseurer le faict dudit mariage ; mais bien leur sembloit, quant mondit seigneur y vouldroit entendre, il y trouveroit Mons. de Bourgoigne bien disposé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 220).

 

-

N'avoir ja tant de puissance. "Ne le pouvoir jamais" : ...car sachiez de certain, pour en mourir ne pour en estre desheritee, je n'auray ja le roy d'Aussay a mary, non pas que il ne vaille mieulx que a moy n'appertiengne, mais pour tant qu'il me veult avoir par force. Et ceulx lui respondent : Ne vous en doubtez, car il n'aura ja tant de puissance tant que nous aurons la vie ou corps. (ARRAS, c.1392-1393, 148).

 

-

Estre en puissance pour + inf. "Avoir la capacité et la force nécessaires pour" : Que par (n)[v]ous ilz soient parfaictes Quant ceste charge vous avez Et que en puissance vous estes Pour nostre ost tres bien gouverner. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 107).

 

-

Il est en la puissance de qqn de + inf. "Il a la possibilité de" : Car honeur est en ceuls qui le font et est en leur puissance de le faire ou non, et n'est pas honeur en celui qui est honoré. (ORESME, E.A., c.1370, 111). Monseigneur mon maistre vous a cuidé aider, mais il n'a pas esté en sa puissance de faire vostre fait. (C.N.N., c.1456-1467, 286). Elle fut prinse et portée sur ung lit, et luy revint le cueur. Mais depuis ne fut en puissance d'homme ne de femme de la faire menger ne dormir (C.N.N., c.1456-1467, 425).

 

-

Il est en la puissance de qqn que : Il n'est en ma puissance que j'aye peu savoir qui sa dame est. (LA SALE, J.S., 1456, 49). ...ne fut pas en la puissance du chareton qu'a elle ne se joignit, et de tresprès. (C.N.N., c.1456-1467, 66).

 

-

Qqc. est en la puissance de qqn de + inf. "Qqc. peut être fait par qqn, à savoir de" : ...je suis arrivé pour vous secourir, et luy aider a parfournir ce qui n'est pas bien en sa puissance d'achever. (C.N.N., c.1456-1467, 247).

 

-

Faire sa puissance de + inf. "Faire son possible pour" : ...chacun faisoit sa puissance de soy tirer hors de la fosse. (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

-

Perdre puissance pour + inf. : Quand doncques vostre chaleur naturelle vous aguillonnera (...) par telle maniere que pour vous contenir aurez perdu puissance, je vous prie, ma chere espouse, que a l'execution de vostre desir vous vous conduisiez prudentement (C.N.N., c.1456-1467, 563).

 

-

Se voir en puissance que : Et aussi le saige, quant il voit qu'il n'a pas puissance de resister a la force de son adversaire, il pourchasce longs traictiez pour dissimuler tant qu'il se voye en puissance qu'il puist nuire a son ennemy, et lors en pou d'eure treuve voye dont le traictié soit nul. (ARRAS, c.1392-1393, 87).

 

-

En partic. RELIG. "Pouvoir que l'on détient de Dieu de faire qqc." : Et l'omme fist a sa samblance, Auquel segnourie et poissance Il donna sur toute autre chose (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 265). Et par ferme foy fut ottroyé puissance a saint Pierre de faire miracles plus grans quant en aucune condicion que nous ne lisons de Jhesu Crist. Et n'est pas de merveille car ainsi l'avoit promis par avant : "Qui crera, dit il, en moy il fera les oeuvres que je faiz, et plus grandes", combien que tout estoit par sa puissance. (GERS., P. Paul, a.1394, 487). Et ne dois pas croire que lange les forme [les choses] de nouuel car il nest pas en sa puissance, mais telles similitudes des choses que tu as veues et ouyes en tout ou en partie ou par choses aians conueniences aulx autres choses il les compose ou deuise et met en tel ordre en ton ymaginacion que tu congnoistras et te semblera que tu verras les choses de quoy elles sont especes et semblances... (CIB., p.1451, 214). Il est aussi a dire que Dieu puet toutes choses ou par soy, ou par creature, c'est a dire toutes choses puet qui appartient purement a pouoir ou a puissance. Et ce je diz, pour ce que pouoir pechier n'apartient pas a puissance, mais a enfirmité et fragilité. (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

b)

P. méton. "Chacune des facultés de l'âme qui permettent à l'homme d'agir et de réagir" : Car, selon maint naturien, Tant Sarrasin que Chrestien, La puissance ymaginative, Quant elle est véhément et vive, Peut ouvrer merveilleusement Dedens le corps et autrement (LA HAYE, P. peste, 1426, 110). Car il a en une ame troys puissances, c'est assavoir : entendement, memoire et voulenté. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 176). ...de quoy a este dit largement en la premiere partie, en laquelle a este dit de la creacion de lame et de ses puissances, du corps et de ses parties et menbres. (CIB., p.1451, 185). Tourne toy apres a mediter les puissances de lame, tant en la partie vegetatiue que en la sensitiue que aussi en lintellectiue, et pense quelle diuersite il y a de vertus et comment ton ame a diuerses puissances en diuerses operacions. (CIB., p.1451, 186). Lymage de creacion est en tous bons et mauuais en tant quilz sont naquis en puissance dentendre et de aymer Dieu, et ont les trois puissances deuant dictes, memoire, intelligence et voulente. (CIB., p.1451, 204). ...il y a trois puissances sensitiues apprehensiues cest a dire par lesquelles on congnoist les choses sensibles, et sont lymaginatiue qui est tout vng auecques la fantasie, la seconde puissance est la cogitatiue, qui est dicte es bestes estimatiue, la tierce est la memoire. (CIB., p.1451, 212). ...comme en l'ame sont diverses vertus, c'est a scavoir la puissance intellective, par laquelle elle entent, la puissance raisonnable, par laquelle elle raisonne et juge et discerne, la puissance volentive, par laquelle elle veult ou non veult, la puissance sensitive, par laquelle elle sent, et ainsi des aultres. (Somme abr., c.1477-1481, 147).

 

Rem. FEW IX, 234a : «seit 1637, Descartes...».

 

c)

"Force physique" : ...Que tous .VI. lez ochist ou bos par se puissance (Hugues Capet Lab., c.1358, 91). Par ma foy, ce dirent ceulx, monseigneur, c'est une fole entreprinse. Il a esté envahiz par mainte journee, de cent hommes, autre foiz de IIc, autre foiz de Vc, autre foiz de mille, mais saichiez que nous n'y veismes oncques homme conquester. Comment y penseriez vous tous seulx resister a sa puissance ? Or ne ne m'en parlez plus, dist Gieffroy, car saichiez qu'il aura tout ou il n'aura neant. (ARRAS, c.1392-1393, 244). ...et n'est mie à entendre de force corporelle ne puissance, ains est à dire purement force de corage. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 109).

 

-

Puissance de corps : Et pour dire verité, chascun se donnoit merveille de sa grandeur, de sa fierté et de sa puissance de corps qu'il auoit, et bien disoient que c'estoit l'omme qu'ilz eussent oncques mais veu qui plus se faisoit a ressoingnier de le courroucier. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

.

De puissance de corps et biens. "Par tous les moyens possibles" : Ainsi comme je puis entendre, Vous devez recouvrer Orleans, Et est la fin ou devez tendre De puissance de corps et biens ; Que se ne l'avez, c'est riens, Car c'est tout le ressort de France, Que de la trestout en deppend. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 129).

 

-

À (toute) puissance. "De force, de toutes ses forces" : A ce veul je bien labourer. Or chascun si lyeve a puissance, Et alons tous par ordonnance En disant noz devosions ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 492). Nous le battons A puissance, mais riens n'y vault. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 712). Il n'est fors que d'entrer dedens [le bateau] Et nager a toute puissance. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 958).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; Erec C.T., c.1450-1500, gloss.

 

d)

"Virilité, capacité d'engendrer" : ...s'il vous eust voulu croire, et je n'y eusse contredict, vous aviez bonne devocion d'essayer sa puissance. [Celle de l'aubergiste qui a le plus gros membre viril de tout le pays] (C.N.N., c.1456-1467, 411). Je regarde semblablement Vous deulx, chascun en sa querelle, Celluy qui pourra plainement la mieulx servir au plaisir d'elle : Primo ce maistre monachus Dit qu'il joura ung personnage Qui vauldra plus de cent escutz, Et se vante de faire raige, Et oultre dit en son langaige Que vostre puissance est faillie, Par quoy il aura l'avantaige, Vela ce que je sentencie. (P. moyne, a.1500, 51). Car vostre puissance est trop vaine Pour bien faire vostre devoir. (P. moyne, a.1500, 51).

 

-

Puissance naturelle : ...ne suis si ancien, ne tant desfourny de puissance naturelle, que je ne doye soucier ne perdre esperance de non povoir jamais avoir generation. (C.N.N., c.1456-1467, 557).

 

-

Avoir puissance. "Ne pas être impuissant" : ...s'il vous semble que vous ayez puissance, avancez vous, et commencez tout maintenant. Je suis preste pour livrer le molle. [Il a menacé sa femme de lui "bouter ung quarteron d'enfans ou ventre"] (C.N.N., c.1456-1467, 519).

 

e)

"Force (morale ou spirituelle)" : Donques, puisque deux manieres en sont, nous devons mectre felicité en celle partie ou puissance de l'ame qui de soy ou en soy meïsme a raison. (ORESME, E.A., c.1370, 121).

 

-

Puissance d'ame : Et celle partie ou puissance d'ame qui est autre que raison et contrarie a raison, il semble que elle participe avecques raison comme nous avons dit, par ce que elle obeïst a raison en ce que dit est de celui qui est continent. (ORESME, E.A., c.1370, 144).

 

f)

En partic.

 

-

"Pouvoir conféré au prêtre" : Quatre foiz l'an (...) vous devez confesser [a vostre curé] du mains a quelque ung prestre ou religieux ayant sa puissance (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

-

DR. "Capacité juridique, capacité à exercer un droit" : ...s'ilz estoient en aage pupille, il avoit acoustumé de leur [le leur, leur héritage] restituer en accroissance le jour qu'ilz estoient instituéz en la puissance de leur heredité (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 300).

 

.

Non puissance. "Incapacité à exercer un droit" : Chastellains de chastellenies des seigneurs à qui ellez sont ne pevent ne ne doivent donner procuracions par non puissance, tutellez ne curatellez (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 76).

 

-

"Pouvoir, mandat (donné à un ambassadeur, un procureur, un exécuteur testamentaire...)" : ...ledit cardinal fist venir devers lui en son hostel messire Lucas de Flisco, chevalier, ambassadeur dudit esleu en Pape, pour enquerir de lui s'il avoit aucune instruction ou puissance dudit esleu (FAUQ., I, 1417-1420, 108). ...lundi, IXe jour de ce mois, en la presence et du consentement de messeigneurs le Dauphin, le Connestable et autres du Grant Conseil du Roy, la puissance des reformateurs à Paris avoit esté revoquée et les lettres de la revocacion passées ou Conseil du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 125). Et s'aucun [de mes légataires], dont n'ay congnoissance, Estoit alé de mort a vie, Je vueil et lui donne puissance [à Jehan de Calaiz, notaire au Châtelet] , Afin que l'ordre soit suyvie Pour estre mieulx parassouvye, Que ceste aulmosne ailleurs transporte, Car s'il l'applicquoit par envye, A son ame je m'en rapporte. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 141).

 

.

Avoir puissance de + inf. "Avoir des instructions pour, être mandaté pour" : ...les procureurs d'iceulx eschevins n'avoient puissance que de jurer ce que dit est et excuser lesdiz eschevins, et non pas à pranre droit ne autrement ceans (BAYE, I, 1400-1410, 87). ...et m'a dit qu'il welt que ses executeurs aient puissance d'interpreter et declarer les poins doubteuz de son dit testament. (BAYE, II, 1411-1417, 184).

 

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Donner à qqn puissance de + inf. "Donner à qqn le pouvoir, le droit de" : ...par lesquelles [lettres] le Roy donne puissance et auctorité à certaines personnes nommées esdictes lettres de proceder par maniere de reformacion (FAUQ., I, 1417-1420, 164).

 

.

Lettres de puissance. "Lettre qui donne un mandat à qqn, mandat" : ...ilz retournerent atout lettres de puissance de pouoir passer le dit accord (Bouciquaut L., 1408-1409, 330).

 

-

"Pouvoir que confère l'argent, moyens financiers, richesse" : ...les presidens et conseilliers d'icelle Court ont tousjours esté, sont et seront prests et appareilliés de conseillier, aidier et conforter le Roy en ses affaires selon leurs facultés et puissances (FAUQ., I, 1417-1420, 212). Et furent les rues parées et tendues à grant solempnité, selon la possibilité et puissance dez bourgois, manans et habitans de ladicte ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 389).

 

3.

[À propos des choses] "Propriété, pouvoir, force, vertu (d'une chose)"

 

a)

"Propriété" : Donques convient il separer et oster de nostre propos ou de nostre diffinicion et de felicité toute operacion de vie ou puissance nutritive et de puissance augmentative. (ORESME, E.A., c.1370, 120). Selon Aristote cinq puissances ou parties de l'ame sont... (ORESME, E.A.C., c.1370, 145). Aucuns dient que maistre Jehan de Mehung, mon consanguin, le lui assembla par la puissance et vertu de la perre des philosophes [l'or]. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

 

-

En puissance. "Virtuellement" : Et se element est ce que nous avons dit, il convient par necessité que de aucuns corps soient telz elemens, car en char, en fust et en quelcunque tele chose est feu et terre en puissance ou en vertu. (ORESME, C.M., c.1377, 618).

 

b)

"Pouvoir, vertu" : ...vezcy les belles Mains (...) qui (...) te servirent en t'enfance De quanqu'ilz orent de puissance A moult grant soing. (Mir. prev., 1352, 255). ...Une grant flame, qui ferir Se vint en ma bouche dedans Sanz meffaire a bouche n'a dens, Mais a si bel en moy ouvré Que la parole ay recouvré De sa puissance. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 292). ...et usoient de dars brullez au bout, de terrible puissance et penetracion (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 r°).

 

-

Avoir (la) puissance à/de + inf. : Quar avant que la chose soit, elle a puissance a estre (ORESME, C.M., c.1377, 212). ...je ne pense pas que ma langue eust la puissance de descouvrir la tresgrand infortune que j'ay si longuemen portée. (C.N.N., c.1456-1467, 93).

 

-

Avoir vertu et puissance de + inf. : ...car le continent a puissance de demourer en son propos contre concupiscences teles que pluseurs ne les pourroient vaincre. (ORESME, E.A., c.1370, 398). Et le ciel n'a en soy nulle telle qualité combien qu'il ait vertu et puissance de les causer et faire es corps corruptibles. (ORESME, C.M., c.1377, 82).

 

-

[À propos d'un sentiment] Avoir de la puissance : Et nous cuidions, se vous eussiez eu voulenté de femme prendre, que nous feussions le premier a qui vous en eussiez prins conseil. Monseigneur, dist Remondin, ne vous en vueille desplaire, car amours a tant de puissance que il fait faire les choses ainsi qu'il lui plaist, et je suis si avant alé en ce marchié que je n'en puis reculer (ARRAS, c.1392-1393, 36).

 

-

Tenir qqn en puissance. "Dominer qqn, le gagner" : Ma doulce face miroie et remiroie Au reluisant bel escu cristalin De vous, Palas ; le savoir pur et fin De Salomon me tenoit en puissance. (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 24).

 

c)

"Force en général" : Mais sauve sa reverence, ce n'est pas bien dit, quar par ce il s'ensuiroit que une puissance peust mouvoir resistence ou aveques resistance egalle a elle, et que quelleconque puissance, tant fust petite, peust movoir quelconque resistance, tant fust grande. (ORESME, C.M., c.1377, 110).

 

-

La puissance de tenebres. "La force du mal" : Il est escript que de nuit communaument regne la poissance de tenebres, c'estassavoir le dyable, pechie et traison (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 68).

 

Rem. FEW IX, 234a : «puissances des ténèbres "les démons" (seit 1530...)».

 

d)

[D'un lieu] "Capacité à fournir des ressources" : Et par toutes les villes ou que le roy passoit, il fut faict ne plus ne moins que j'ay dit devant, selon la puissance des lieux, et tout par le commandement de ma dicte dame de Savoye. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 303).

 

e)

"Efficacité de qqc." : Mais celui qui l'a faite ne declare en ce la puissance de l'euvre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 474).

 

-

ASTR. "Pouvoir d'influence d'un astre" : ...et disoit (...) les ans devoir estre terriblement mauvais, quant le signifficateur se trouvoit retrograde en sa revolucion d'aucun an, et disoit vaincre le climat auquel il veoit Mars avoir plus de affinité et de puissance (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°). Cestui fist le livre De fato, où il monstre bien que les estoilles ont puissance (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 53 r°). Trax, l'archediacre, fut en ce temps, qui si compedieusement traicta de la puissance du Soleil en Aries. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 112 r°).

 

-

[D'un remède] "Efficacité" : Electuaire renommé, Trouvé jadis et composé, Comme est ailleurs mieulx exposé, Pour paour eschiver et tristesce, Douleur de cuer et sa foiblesce, Peut préserver puissantement Le corps de tout encombrement D'air venimeux, par sa puissance (LA HAYE, P. peste, 1426, 136).

 

f)

Puissance de + subst. "Nombre, quantité de" : Pardevers vous, cy en presence, Sommes venuz dire nouvelles Que Anglois amenent puissance De vivres et autres sequelles ; Si voulons aller au devant En Beausse pour les destrousser (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 330).

 

-

À (grande) puissance. "En (grand) nombre" : Que tous archiers y abalestriers Vignient acoup par davant nous, Et qu'il soient fronnis trestous De fleches a grant puissance. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 262). Il croit par adulacion Me abatre par son langaiger, Mais il ne scet pas le danger Que je luy pourchasse a oultrance, Car des gens d'armes a puissance M'en vois querir pour le charger. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 661). Prenez torches grant assemblee, Lenternes, brandons et fallotz A grant puissance. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 678). Pause de cris et hurlemens orribles et sortent tous les deables d'enffer, gectant canons, feu et fusees a puissance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 368).

B. -

"Pouvoir exercé sur qqn, autorité, pouvoir de contrainte"

 

1.

[En gén.]

 

a)

"Pouvoir de contrainte" : Par la croix bieu, tu mentiras, Je n'iray pas pour ta puissance ["tu n'as pas le pouvoir de m'y faire aller"]. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 34).

 

-

Avoir puissance sur le corps (d'une femme) : Tres noble et excellente Vierge, Royne, Mere du Sauveur de tout le monde, veulliez reconforter ceste povre orpheline et la veulliez garder par vostre saincte pitié et par vostre misericorde, que ces faulx Sarrasins n'aient ja puissance sur son corps. (ARRAS, c.1392-1393, 181).

 

-

Avoir puissance sur qqn. "L'emporter sur qqn" : ...je ne craindroye en rien le dyable qu'il eust sur moy puissance ne autorité, sinon seulement de moy tenter (C.N.N., c.1456-1467, 427).

 

-

Estre en puissance. "Être en position de force" : Vous voyez comment les Anglois Sont au dessus et en puissance ; Ayez pitié, vous, Roy des Roys, Du roy et du royaulme de France. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 349).

 

b)

"Pouvoir d'imposer son autorité, sa domination, sa souveraineté" : Elle est aussi par sus touz en puissance devant mise et ordenée : Et in Jerusalem potestas mea. (Mir. march. larr., c.1349, 91). Lors arez lez anges amis, Lors arez sur les annemis Puissance et dominacion (Mir. st Ign., 1366, 91). ...lequel ycellui procureur disoit et maintenoit estre homme oyseux, vacabond, sanz estat, service de seigneur et sanz ce que il ait richesse, puissance ne chevance qui venue lui soit par succession, loyal acquisicion, etc. . (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 456). Alez y et sommez le roy des Bretons comment il vous reçoive en droit, et que se vostre pere avoit occiz son nepveu sur son bon droit, en gardant sa vie, et que, pour doubte de la puissance du dit roy, il n'avoit soy osé tenir ou païs, mais s'en estoit estrangiez. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Et se Dieux vous donne adventure que vous conquestez pays, si gouvernez voz gens selon la nature dont ilz sont. S'ilz sont rebelles, gardez que vous seignorissiez, sans riens laissier passer de vostre droit de seignourie. Et soiez tousjours sur vostre garde, tant que la puissance soit vostre, car, se vous vous laissiez sourmarchier, il vous fauldroit gouverner a leur voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 86). ...il est de neccessité que ceulx et celles, tant femmes comme hommes que Dieux a establiz es haulz sieges de poissance et dominacion soient mieulz moriginéz que aultre gent (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 9). ...et le voult icellui suppliant fere monter dessus son cheval ou sur le cheval dudit barbier, mais pour puissance qu'ilz eussent il n'en voult riens fere (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 17). JHESUS [à Pilate]. Tu n'aroies puissance sur moy Se de plus grant n'estoit donnée, Ta puissance a peu de durée Ta puissance en riens je ne prise (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 174). LE CRESTIEN. En puissance et auctorité Dieu vous tienne en prosperité ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 86). LA MERE. Or sus, Puisqu'ainsi est qu'il n'a puissance Ne permanente auctorité, D'avoir en luy jamais fÿance J'en ay du tout mon cueur osté (LA VIGNE, S.M., 1496, 296).

 

-

DR. Puissance de fief. "Ensemble de droits qu'un seigneur peut exercer sur ses vassaux" : Le seigneur féodal prent quint denier et neantmoins en retirant ledit fief par puissance de fief il rabat le quint denier. (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 420).

 

-

En la puissance de. "Sous l'autorité de" : Cellui est filz adoptif qui est en la puissance de son pere, et il [...] passe en la puissance de l'adoptant. (Sacr. mar., c.1477-1481, 60). Cognation legale en la seconde espece empesche mariage, tant qu'ilz sont en la puissance du pere, mais par mort ou par emancipation du filz adoptif ou du filz naturel aprez n'empesche pas. (Sacr. mar., c.1477-1481, 60).

 

Rem. FEW IX, 234a : «seit Est 1538».

 

-

Monstrer puissance. "Montrer sa force, son autorité" : Ayez cuer de fierté de lyon envers voz ennemis, et entre eulx devez monstrer puissance et seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 87).

 

2.

"Pouvoir qui s'exerce dans la société, pouvoir politique" : Donques si comme dit est, le fait du magnanime est principalment et plus vers honeurs, mais encor vers richesces et puissances, grans offices ou estas. (ORESME, E.A., c.1370, 251). Item, quant les femmes ont princey et dominacion, si comme pour ce que il sont hoirs, adonques telz princees ne sont pas selon vertu, mais il sont pour leur richesces ou pour leur puissance, en la maniere que il est es princees oligarchies. (ORESME, E.A., c.1370, 437). Clovis, le roy de France, Qui est un roy de grant puissance... (Mir. Clov., c.1381, 215). L'onneur et la grace de Dieu en ce appare[u]t que par son moyen, par le moyen de luy seul, homme, il voult convertir tant soudainement et merveilleusement le monde a sa foy et a sa loy contre toute la furieuse puissance des tirans (GERS., P. Paul, a.1394, 494). Pour honneur elle prescha le crueux tourment de la croix et mort tres vergoingneuse, pour richesses povreté, pour delices astinence, jeunes et sobriété, et pour puissance et dominacion toute subjection et humilité. (GERS., P. Paul, a.1394, 494). ...lesdis seigneurs sont disposez d'eulx mettre sus à grant puissance et de faire guerre de feu et de sang et la plus dure qu'ilz pourront, soubz umbre seulement de soustenir l'auctorité et puissance du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 122). ...afin que icelui Jehannin fust osté et mis hors de la main et puissance dudit Jehan de Bellefoye (FAUQ., I, 1417-1420, 385). ...par sa subtillité povoit evader la puissance de l'empereur et ne se porroit apprehender. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°). ...et jaçoit qu'il advertist icelui Daire de son infortune, il ne voulut croire et se confioit en sa grande puissance que peu lui valut, car au derrer il fut blecié à mort et ses gens perduz, mors et desconffiz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 r°). Cestui ne doubta la puissance d'Alexandre, ainçois lui remonstra plusieurs choses (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 v°).

 

-

Pleine puissance. "Pouvoir absolu d'un souverain" : De leur plaine puissance dessus dite, si se reservent la provision de eslire et d'ordener archevesque, ou evesque, ou aultre dignité, et lez elections faittes par lez chapitres reputent vaines et inutiles, ja soit ce qu'elles soient faittes justement et saintement (Songe verg. S., t.1, 1378, 97).

 

-

Puissance temporelle : ...ung chevalier son voysin, tresriche, non toutesfoiz noble de parentage comme de richesses et puissances temporelles (C.N.N., c.1456-1467, 545).

 

-

Puissance terrienne. "Pouvoir temporel" : Toutesfoys donna Dieu tel honneur et grace a saint Pol, que sans grant eloquence, sans argumens et persuasions de humaine sapience, sans puissance terrienne, sans auctorité de fait, il, qui estoit souvent povre et nus, enchaynez et emprisonnez, converti a soy et a sa loy les pluseurs des parties du monde (GERS., P. Paul, a.1394, 494).

 

-

Homme de puissance : ...un paien (...) Qui est homme de grant richesce Et courtois et plain de noblesce Et si est homme de puissance. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 268). ...il sont hommes de valeur Et de puissance. (Mir. fille roy, c.1379, 61).

 

-

Estre en puissance. "Avoir le pouvoir, régner" : ...et quant Verité fault, Erreur et Fausseté s'i boute. N'est, a la foiz, si saige qui n'en soit deceu s'il s'abandonne a l'escouter. "N'est rien, comme dit Juvenal, que un qui est en puissance ne puisse croire de soy quant on le loue". (GERS., Annonc., a.1400, 234).

 

-

Estre en la puissance de qqn. "Être au pouvoir, sous la domination de qqn" : ...et si estoit le duc d'Orliens, auquel appartenoit ladicte forteresse, prisonnier et en la puissance du roy d'Angleterre (FAUQ., I, 1417-1420, 352).

 

-

Reduire, remettre qqn/qqc. en la puissance de qqn. "Ramener qqn, qqc. sous l'autorité de qqn" : ...d'aucuns perilz et inconveniens qui pourroient avenir par le fait d'aucuns du parti d'Armaignac, que on avoit receu et reduit, et que on pourroit reduire en l'obeissance et puissance du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 374). ...laquelle [ville de Melun] avoit esté reduite et remise en la puissance et obeissance du Roy de France et dudit roy d'Angleterre, heritier et regent de ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 389).

 

3.

"Force militaire, troupes" : Quant les Sarrasins apperceurent si grant navire venir vers eulx, si ne scorent que penser, car jamais n'eussent cuidié que telle puissance de crestiens feussent si prez de la. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Ma fille, merciez ces nobles hommes du secours qu'ilz ont fait a moy et a vous, et a nostre royaume, car, se ne feust la grace de Dieu et leur puissance, nous estions tous destruiz, et, au mieulx venir, exilliez de nostre pays. (ARRAS, c.1392-1393, 119). ...il a passé par devant nostre ysle moult gros navire de Sarrasins. Et ne savons quelle part ilz sont tournez ; mais toutesfoiz ilz ont prins le vent pour aler vers Chippre, et tient on que ce soit ly gallafres de Bandas a toute sa puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 127). Item, et adviseroient et conclurroient manieres pour fere widier de ce royaume les gens de compaigne qui y font tant de maulx, fust par force, par puissance ou par autre maniere. (BAYE, II, 1411-1417, 121). ...lesdis seigneurs sont disposez d'eulx mettre sus à grant puissance et de faire guerre de feu et de sang et la plus dure qu'ilz pourront (BAYE, II, 1411-1417, 122). ...ladicte forteresse, qui estoit mal emparée, mal garnie et mal avitaillée, et laquelle n'estoit mie tenable contre grant puissance (FAUQ., I, 1417-1420, 352). ...et avecques ce pour espier et regarder quelz gens de guerre et puissance le roy avoit, pour tout ce que dit est le rapporter ausdiz princes et seigneurs au roy contraires, pour mieulx et plus aisieement executer contre lui leur dampnée entreprinse. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 78). Et, le venredi ensuivant [11 octobre], vint en l'ostel de ladicte ville maistre Jehan le Boulenger, president en Parlement, dire ilec de par le roy qu'on feist assavoir aux quarteniers et dixeniers de ladicte ville et de main en main au populaire d'icelle qu'on ne s'esbahist point se on veoit la puissance des Bourguignons venir ce jour devant Paris, et que ce seroit pour ilec faire leurs monstres ; et nonobstant ce n'y vindrent point ce jour, mais les firent depuis le pont de Charenton jusques au bois de Vinciennes, et se monstrerent grant puissance. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 130). ...laquelle revenue se pourroit prendre par lesdiz commissaires et soubz la main du roy par icelle damoiselle de Bourgongne, et jusques à ce qu'elle lui eust baillé homme ; et que au regard de ladicte ville d'Arras, le roy n'y mettroit puissance ne gens d'armes sans le bon gré et vouloir desdiz habitans d'Arras. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 45). Peu de gent et de menu taille Abat souvent grosse puissance ; Fortune en fait et en detaille Tout bien souvent a sa plaisance. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 482).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 329/68 ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

 

-

Puissance en armes : Et pour ce, celui qui a la vertu de fortitude, il a mestier de puissance en armes se il doit parfaire aucune operacion selon tele vertu. (ORESME, E.A., c.1370, 525).

 

.

Par puissance d'armes. "Par la force des armes" : ...lesquelz [gens d'armes] nouvellement par siege et puissance d'armes estoient entrez en la ville de Galardon (FAUQ., II, 1421-1430, 19). Ce jour, par puissance d'armes, les ennemis leverent le siege que tenoit le conte de Sulfok devant Montargis. (FAUQ., II, 1421-1430, 246).

 

-

Puissance de gens (d'armes) : [Le duc de Bourgoigne] vint (...) à grant effort et puissance de gens d'armes, devant ladicte porte de Bordelles, pour (...) entrer en icelle nostre ville [de Paris] (Ch. VI, D., t.1, 1417, 394). Et, le jeudi ensuivant [10 octobre], vint ledit seigneur de Saveuzes et arriva en l'ost desdiz Bourguignons, à tout grant puissance de gens qui amenoient certaine grant somme d'or et argent pour faire le paiement des gens de guerre dudit seigneur de Charrolois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 129). Et les causes ad ce les mouvans furent pour ce qu'il doubtoit que ledit duc luy peust toutallement rompre son entreprinse et mettre quelque grosse puissance de gens dedans pour y resister. fist (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 257).

 

-

À/par puissance. "Par la force armée" : ...son adversaire d'Angleterre qui est descendu a puissance ou pais de Normendie (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1415, 210). ...responce oye, se mist ledit duc à chemin, en jour de bonne ellection, et passa par les Ytalles, par puissance et vint et entra à force en Naples et en fut couronné roy par icelui pappe Clement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

 

.

Venir sur qqn à puissance : ...car tantost après le duc de Berry, qui lors estoit en Advignon, devers le pappe, vint à puissance sur eulx et les mist à mort, tant par bataille que par strangullacion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 r°).

 

.

À grande/grosse puissance. "En grand nombre (d'hommes d'armes)" : ...les treves faillies, il passeroit la mer et entreroit ou royaume de France à très-grant puissance, sanz aucune faulte. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 196). ...il savoit de certain qu'il yroit querre le secours aux deux enfans, que ilz y vendroient a grant puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 148). Si nous convient sans deffaillir Y aller a grosse puissance Pour les faire de la partir Et mectre en nostre obeissance. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 525).

 

.

À telle puissance. "En si grand nombre d'hommes armés" : Et quant Clarembaut les voit, si cuida que ce feust aucun secours qui leur venist, car il ne cuidoit pas qu'il eust ou pays, de leurs ennemis a telle puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 203).

 

-

Avoir (grande) puissance. "Disposer d'une (grande) force militaire" : Et qui l'a [le sultan] doncques, dist Uriiens, maintenant meu de passer la mer, puis qu'il est homme d'emprise ? J'ay grant merveille qu'il s'en est tant tenu, a ce que vous lui estes prez voisins, et aussi qu'il a grant puissance, si comme l'en m'a informé. (ARRAS, c.1392-1393, 93). Et quant il [Olliphars] fu grans et il ot puissance, il fist grant guerre aux Frisons et les sousmist a lui (ARRAS, c.1392-1393, 192).

C. -

RELIG. [Gén. au plur.] "Un des trois ordres parmi les trois choeurs de la hiérarchie des anges" : ...les .ix. ordres des angelz, c'est a savoir angelz, archangelz, thrones, dominacions, vertuz, princés et puissances, cherubin et seraphin. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 446).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     PUISSANT     
FEW IX 233b posse
PUISSANT, adj.
[T-L : poissant ; GD : poissant ; GDC : puissant ; DÉCT : poissant ; FEW IX, 233b : posse ; TLF : XIV, 30b : puissant]

A. -

[Idée de possibilité, de capacité ; d'une pers. ou d'une chose]

 

1.

[De Dieu] "Tout-puissant" : Hee, faulse Fortune, comment es tu si perverse que tu m'as fait occire cellui qui tant m'amoit, cellui qui tant de bien m'avoit fait ! Hee, Doulx Pere puissant, ou sera ores ly pays ou cest fors divers pecheur se pourra tenir. (ARRAS, c.1392-1393, 22). LE PREVOST. Dieu puissant et misericors, Par sa haulte vertu divine, Nous demonstre cy ung grant signe Qui est bien digne de memoire. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 148).

 

-

P. méton. Puissante main de Dieu. "Puissance de Dieu" : S[y] il n'y a tel comme de soy humilier tousjours dessoubz la puissant main de Dieu, et attendre sa grace, et devotement la demander, tandis que on le puet faire en ceste vie. (GERS., Trin., 1402, 163).

 

-

Puissant en + subst. : Dieu fort, puissent en guarre varrés ! [Loc. tirée de la Bible (Ps. 23, 8)] (Pass. Auv., 1477, 226).

 

-

Tout puissant. V. tout-puissant : ...se tu d'absolucion Me clos la grace(...), Dieu te vueille le tout puissant (...) Demander la dampnacion De m'ame (Mir. st Guill., c.1347, 32). Je voi bien et suis cognoissans Que vostre Dieu est tout puissans (Mir. march. juif, c.1377, 220). ...le meffet vous veulle pardonner Cellui qui est vray et tout puissant pardonneur et le droit fons de pitié et de misericorde, car, quant a moy, je le vous pardonne de bon cuer. (ARRAS, c.1392-1393, 257). Croire en Dieu le pere tout puissant, createur du ciel et de la terre. (LA SALE, J.S., 1456, 38). ...leans font les tresdevotes oroisons a Dieu le tout puissant (C.N.N., c.1456-1467, 103). Adonaÿ, Dieu tout puissant, Que doy je faire, pouvre doulente, Puis que j'ay pardu mon enfant ! (Pass. Auv., 1477, 130). SAINCT HILLAIRE. Allez en la protection De Dieu le Pere tout puissant. (LA VIGNE, S.M., 1496, 276).

 

.

Empl. subst. Le tout puissant. "Dieu" : Se tu, mon Ame, as franche voulenté sur ton corps et sur tes affections, trop mieulx doit avoir franchise et liberté nostre Dieu, le tout puissant, sur toute chose (GERS., Trin., 1402, 162). Regarde icy le tout puissant et tout noble envelopé de petits drapelés, loyé et recliné comme impuissant. (GERS., Noël, p.1404, 295).

 

2.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.]

 

a)

Puissant de qqc. "Bien doté de qqc." : Item, nous sommes puissans de telles puissances et les avons de nature. (ORESME, E.A., c.1370, 159). ...car il [messire Jaques de Chastillon] est puissant d'avoir et d'amiz et le chief des armes de Chastillon. (BAYE, II, 1411-1417, 189).

 

-

Puissant de + inf. "Capable de" : Afin que il considere se il est ou sera puissant de retribuer souffisanment. (ORESME, E.A.C., c.1370, 448). Ma damoiselle, dirent ly messaige, les deux damoisiaux de Luseignen se recommandent a vous et vous envoient ce roy, vostre ennemy, prisonnier, pour faire vostre voulenté. Beaulx seigneurs, dist la pucelle, cy affiert grant guerredon, mais je ne sui mie puissans de le guerredonner, Dieux le leur vueille merir par sa saincte grace. (ARRAS, c.1392-1393, 164). ...ouquel Conseil on avoit deliberé de pourveoir à aucuns bailliages de ce royaume de chevaliers sages et puissans de chevauchier en armes en leur bailliage (FAUQ., II, 1421-1430, 126). Vostre cuer se sent il assez par temps avenir puissant de ce faire ? (LA SALE, J.S., 1456, 34).

 

.

"Porté à" : Item, il est puissant de beneficier en bien faire as autres, mais quant l'en li fait [au magnanime] il est vergondeus (ORESME, E.A., c.1370, 253).

 

-

Puissant à/en qqc. "Expert en qqc." : ...et a chascune chose que il entreprenoit il estoit si grant et si puissant qu'il sambloit qu'il n'entendist a autre chose (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 340).

 

.

Puissant en armes : ...celui qui est expert et puissant en armes et moins vertueus ou moins juste doit plus estre esleu prince ou duc de l'ost que un plus preudomme, moins expert. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 230).

 

b)

"Vigoureux, fort" : Lors [Bradimons] point le cheval des esperons de si grant air que le sang lui sault de grant randon par tous les costez. Et sachiez que c'estoit un des fiers et des puissans Sarrasins qui feust pour le temps. Il tourne la targe derrier le doz et empoingne l'espee a deux mains, et va ferir Uriien sur le coing du bacinet un grant coup de toute sa force (ARRAS, c.1392-1393, 137). Mais ce n'y vault neant, car Poittevins sont fors et durs, aspres et fiers comme lyon, et leurs deux seigneurs si puissans que nulz ne les ose actendre. (ARRAS, c.1392-1393, 161). ...ja soit ce qu'ilz ne soient de corps ou de gens d'armes les plus fors ou puissans (LA SALE, J.S., 1456, 34). ...le chevalier (...) delibera a Dieu faire sacrifice du corps qu'il luy avoit presté, bel et puissant (C.N.N., c.1456-1467, 109). ...pource qu'il [l'enfant vendu comme esclave] estoit jeune et puissant, il en eust près de cent ducatz. (C.N.N., c.1456-1467, 129).

 

-

Se sentir puissant de soi-mesme. "Avoir confiance en sa propre force, se montrer sûr de soi" : Mon frere, si se fauldra sur ce adviser d'estre sur sa garde, que s'il avoit a faire, que on lui feust prez. Je ne lui sauray ja mal gré de cela, car puis qu'il se sent puissant de lui mesmes, et il est hardiz et emprent hardiement, ce n'est que bien, car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 283).

 

-

[D'un animal] : Et, au regard de Jaques Galiot, il fut fort pressé, en maniere qu'il getta sa lance, abandonna la bride de son cheval et perdit son espée, et n'est esté que son cheval estoit puissant, qui porta par terre celluy qui l'avoit arresté et qui vouloit prandre la foy de luy, il fust demouré, et neantmoins fut fort blessé à la teste. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375).

 

3.

[D'une chose]

 

a)

"Capable, qui a le pouvoir de" : Aux derrenieres maladies, les derrenieres dietes sont puissantes a perfeccion de curer la maladie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 54).

 

-

Puissant de + inf. "En mesure de, capable de" : ...[il] fut contraint d'estre notaire du plus grand desplaisir que au monde advenir luy pourroit, et dont la seule pensée en son pouvre cueur remirée estoit assez et trop puissante de le mettre en desespoir (C.N.N., c.1456-1467, 254).

 

-

"Efficace" : Mais ce que telz diroient ne fait difference a la rayson ou conclusion que nous avons mise, quar nostre dit est veritable generalment, pousé que l'excellence soit ou resgart de la chose dehors ou en la vertu, c'est a dire en la puissance, quar le voiement qui puet veoir la mendre chose est plus puissant que celuy qui ne puet veoir si petite chose, et la puissance qui puet mouvoir par plus grande isneleté est la plus grande. (ORESME, C.M., c.1377, 194).

 

-

"Marqué par la force, la puissance" : ...les rices et beaux joiaulx que le preu Chevallier au Dalphin conquist au trespuissant tournoy entre Scidrac et Tabtalon (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 140).

 

b)

"Solide, résistant" : Et ce que je vous en ay fait, c'est pour ce que je vous entend a traictier comment la noble et puissant forteresse de Lisignen en Poictou fu fondee par une faee (ARRAS, c.1392-1393, 5). ...car nul ediffice quelconquez soit ne puet estre fort ne puissant se premier il n'est aidié et soustenu par bons et puissans fondemens (LA SALE, Sale D., 1451, 3). ...son escu n'estoit assez puissant pour recevoir les horions de si gros fust. [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 498).

 

-

[D'une ville] : En la bonne, puissant et bien peuplée cité de Jannes (...) demouroit ung gros marchant (C.N.N., c.1456-1467, 554).

 

-

"Stable, définitif" : Je vous commande au vray Roy de gloire qui vous octroit paix ensemble et bonne vie et longue par admendement, et vous octroit bonne vertu et puissante victoire contre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 123).

 

c)

ASTR. [D'un astre] "Qui a une grande influence" : Et obéist moult promptement À l'influence et mouvement Des nobles Corps Célestiaulx Qui sont si puissans et si beaulx Qu'ilz ont tousdiz grant seigneurie Sur toute rien qui porte vie (LA HAYE, P. peste, 1426, 68).

B. -

[Idée de pouvoir exercé, de domination ; d'une pers., d'une collectivité]

 

1.

"Qui a beaucoup de pouvoir" : En ceste cité avoit un puissant homme, qui estoit devenuz chrestien par le preschement de .IIII. freres. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 41). ...pour certain il fera De soy un puissant et riche homme (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 243). Jhesu Crist, qui est roy puissans, Li face a l'ame vray pardon ! (Mir. femme, 1368, 197). Les uns sunt demagogues, et les autres sunt ceulz qui sunt tres puissans ou qui ont et tiennent tres grans princeys. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 226). Et l'aventure si est telle que, se, a ceste presente heure, uns subgiez occioit son seigneur, qu'il devendroit ly plus riches, ly plus puissans, ly plus honnourez qui feust oncques en son lignaige, et de lui ystroit si tres noble lignie qu'il en seroit mencion et remembrance jusques en la fin du monde (ARRAS, c.1392-1393, 21). ...car je te feray le plus seignoury et le plus grant qui oncques feust en ton lignaige, et le plus puissant terrien. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Sire, hault et puissans roys, dist Remondin, il est bien verité que commune renommee court par tous païs que vostre court est si noble et si raisonnable que elle est droicte fontaine de justice et de raison (ARRAS, c.1392-1393, 56). Et s'esmerveilloit chascuns dont telle richesse povoit venir. Et dirent tuit que il convenoit que Remondin feust moult puissant et moult riches. (ARRAS, c.1392-1393, 66). ...Thomas Poignant est grant et puissans au païz, et n'oseroient les advocas du païz rien dire ne faire contre lui (BAYE, I, 1400-1410, 268). ...et ainsi tendra par vertu l'enseignement de Seneque qui dit, en parlant aux princes et princepces ou poissans personnes, que c'est moult grant merite vers Dieu, louenge au monde et signe de noble vertu que de laissier aler legierement le mesfait de quoy on se pourroit aisiement vengier (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 30). ...ce qui te puet faire grant, fort, puissant, riche, renommé, craint, et amé. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 64). ...demouroit ung riche et puissant homme qui marchant et bourgois estoit (C.N.N., c.1456-1467, 31). En la conté d'Artoys nagueres vivoit ung gentil chevalier, riche et puissant (C.N.N., c.1456-1467, 109). Ung gentil chevalier des marches de Haynau, riche, puissant, vaillant, et tresbeau compaignon, fut amoureux d'une tresbelle dame (C.N.N., c.1456-1467, 268). ...avoit trois damoiselles, femmes de trois bourgois de la ville, riches, puissans et bien aisiez (C.N.N., c.1456-1467, 373). Et si fist le roy d'autres dons particuliers à aucuns seigneurs d'autour dudit Edouart et aux heraulx et trompetes de ladicte compaignie, qui en firent grant feste et bruit, en criant à haulte voix : Largesse au très noble et puissant roy de France ! Largesse ! Largesse ! (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 344). Je suis homme d'auctorité, Subgiet es romains impereurs ; Toutesfoiz j'ey mains serviteurs, Qui vont et vienent a tous lieux Et si sont tout ce que je veulx Raby, tu es plus puissant que moy, Et si n'as nul prince sur toy. Tu es Dieu ; ainsi le veulx croire (Pass. Auv., 1477, 129). LE CHRESTIEN. (...) Helas, je me suis veu puissant, Jouissant D'or, d'argent et de monnoye ! Par Povreté suis impuissant, Gemissant, Privé de tout honneur et joye. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 74). LA FEMME. (...) Cent escus ? Oncques si puissans Ne furent trestous noz amys, Quant tout le leur ilz auroyent mis En vente. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 111). Les grans seigneurs et les princes puissans S'entrebatront et deviendront meschans. (Cene dieux, c.1492, 121). Au très hault, très puissant et très christien roy de France, Charles huitiesme de ce nom, son souverain seigneur et naturel, Simon de Phares, son humble astrologien et obeissant subject et serviteur, humble recommandacion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°). Cestui vainquit trois puissans roys et leur excercite, au moyen des bonnes ellections de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 61 r°).

 

-

[D'une lignée, d'une collectivité...] : ...nous devons de nous mesmes concevoir qu'elle vient de tres noble estraction et tres puissant. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Ne faictez ja long traictié a voz ennemis, car en longs traictiez gist aucunes foiz grant decepcion et grant perte pour la plus puissant partie, car les saiges reculent pour plus loing saillir. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Par foy, dist Girart, beaulx oncles, vous avez fait que saiges, car, a ce qu'on m'a dit, cellui Gieffroy est chevalier de hault et puissant affaire, et si est terriblement crueulx. Il fait trop durement a doubter. (ARRAS, c.1392-1393, 207).

 

-

[Formule utilisée dans les actes publics en parlant du roi] Très haut et très puissant et très excellent prince : ...Ysabel de Baviere, royne de France, en son vivant femme de tres hault et tres puissant et tres excellent prince le roy Charles de Valois VIe (FAUQ., III, 1431-1435, 167).

 

-

Estre puissant sur qqn. "Avoir l'avantage sur quelqu'un" : Enffans, ne vous doubtez de rien(s), Que nous sommes puissans sur eulx, Et sont nostres, je le voy bien, Si serez tous victorieux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 238).

 

-

Empl. subst. "Celui qui dispose d'un pouvoir politique ou social" : ...car nous dignefion et reputon dignes de honeurs les nobles, les puissanz et les riches. (ORESME, E.A., c.1370, 252). ...qu'il pourvoie que les plus puissans ne facent injure aus mendres (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 402). ...et se commença en leur temps la science des estoilles moult fort à augmenter et acroistre, et les plus puissans de la terre y entendoient et vaquoient plus que à nulle autre des ars liberaulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 r°).

 

2.

[D'une armée] "Fort, qui a de grands moyens" : Et, en decedant de ce monde en l'autre, lessa à son filz quatre grans tresors qui sont telz : Le premier estoit qu'il le lessa garny d'oune grosse, puissante et bonne armée de quatre mil cinq cens hommes d'armes, d'un bon nombre de Suysses, grant nombre de francs archiers et autres gens de guerre qu'on estimoit à soixante mil combatans à sa souldée, qui estoient payez, tous prestz à le servir contre tous ses ennemys. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 398).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     PUISSANTEMENT     
FEW IX posse
PUISSANTEMENT, adv.
[T-L : poissant (poissantment) ; GDC : puissantment ; FEW IX, 233b : posse]

A. -

[D'un remède] "Efficacement" : Electuaire renommé, Trouvé jadis et composé, Comme est ailleurs mieulx exposé, Pour paour eschiver et tristesce, Douleur de cuer et sa foiblesce, Peut préserver puissantement Le corps de tout encombrement D'air venimeux, par sa puissance (LA HAYE, P. peste, 1426, 136).

B. -

"Vigoureusement" : Y tennent les champs vaillamment Et croy qu'i sont plus de VI mille Abillez bien notablement ; Et marchent tres puissantement (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 641).

V. aussi puissamment
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/26 
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     PUISSEMENT     
*FEW IX 233b posse
PUISSEMENT, adv.
[*FEW IX, 233b : posse]

"Puissamment" : ...bien et puissement et fort il conquist tout le païs (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 97).

Rem. Ou puissemment pour puissamment ?
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 22/26 
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     REPOUVOIR     
FEW IX posse
REPOUVOIR, verbe
[GD : repovoir ; DÉCT : repöoir ; FEW IX, 234b : posse]

"Pouvoir pour sa part" : Et s'il repoeut venir a chief Qu'il puist a bon heür venir... (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 64). [équivaut à pouvoir revenir] Et aussi repuet on donner Mariage quant il y advient L'un deffaillir quant la mort vient (Liber Fort. G., 1346, 141). [équivaut à pouvoir redonner]

REM. Arch. en moyen fr.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 23/26 
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     SURPOUVOIR     
FEW IX posse
SURPOUVOIR, verbe
[T-L : sorpöoir ; GD : sourpooir ; FEW IX, 235a : posse]

Empl. trans.

A. -

Surpouvoir qqc. "Pouvoir pleinement qqc." : ...feres droit et loy à toutes parties qui le requeront et feres boins jugemens, juistes et loyaulx, toutes fois que vous le sourpores et cheleres les secres de le halle à vo loial pooir. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1347, 106).

 

Rem. Bien attesté en a.fr.

B. -

Surpouvoir qqn. "Faire sa volonté de qqn, dominer, vaincre qqn" : Car ce n'est pas moindre chose de soy hardiement et chevalereusement deffendre encontre celluy que on ne sourpeult que il est de soy gentement maintenir encontre celluy de qui on peult faire son vouloir. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 814).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 24/26 
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     TOUTE-PUISSANCE     
FEW IX posse
TOUTE-PUISSANCE, subst. fém.
[T-L : totepuissance ; GDC : toutepuissance ; FEW IX, 234b : posse ; TLF : XVI, 424b-425a : toute-puissance]

"Toute-puissance"

 

-

[A propos de Dieu] : Estre Dieu que proufiteroit, Puisque tout puissant ne seroit. A la déité adjoustée, Pou vauldroit quant seroit ostée Toute puissance en verité ; Riens n'est plus propre à déité (,) Que tout pouvoir, nil n'est point digne D'estre Dieu et d'en porter signe, S'il n'est tout puissant et parfait (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 192). ...combien que Dieu pourroit faire, et peust avoir fait tellement de sa toute-puissance ou du tout anichiler ce monde et apres creer un autre. (ORESME, C.M., c.1377, 166). [Autres ex. p.272, 294, 642] ...dont Dieu par sa toutepuissance vous en rende recompense (Lettres agn. L., 1401, 109). Mon Dieu, ou est toute puissance, Formé suis a vostre samblance. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 13). Toute puissance : omnipotencia (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 264).

 

-

[A propos d'une pers.] : ...et Girard n'est point homme que ainsi il conviengne menasser, car c'est l'un des plus nobles et plus puissant de toute la maison de France de généracion, de lignye et de toute puissance (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 88).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

 Article 25/26 
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     TOUT-PUISSANT     
FEW IX posse
TOUT-PUISSANT, adj.
[GDC : toutpuissant ; FEW IX, 234a : posse ; TLF : XVI, 425b-426a : tout-puissant]

[De Dieu] "Tout-puissant" : ...Dieu tout puissant (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 110). Mére au vray Dieu tout puissant, Source de grace et fontaine Estes et de pitié plaine. (Mir. femme roy Port., c.1342, 195). Roy, je te salue de Dieu le pere tout puissant (Bérinus, I, c.1350-1370, 345). Vierge royal, fille et mére Au tout puissant createur Du monde (Mir. prev., 1352, 259). Estre Dieu que proufiteroit, Puisque tout puissant ne seroit. A la déité adjoustée, Pou vauldroit quant seroit ostée Toute puissance en verité ; Riens n'est plus propre à déité (,) Que tout pouvoir, nil n'est point digne D'estre Dieu et d'en porter signe, S'il n'est tout puissant et parfait (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 192). Tout-puissant : omnipotens (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 264).

Rem. Nombreux ex. ds la doc., tous appliqués à Dieu.

 

-

Subst. : Dieux est li tous-poisans qui ce mal m'otria. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 256). Neantmoins la dignité du Tout Puissant demeure inviolable, et les lieux qu'il a saintiffiez n'empirent pas leur dignité par l'indignité dez hommes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 60). Bien sçay qu'en toy, dame prisie, Prent le tout puissant son repos. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 14). Crien les jugemens de Dieu, aiez paour de l'ire du Toutpuissant. Ne discute ja les euvres du Treshault, mais escrutine tes iniquitez en quantes choses tu as delinquié et quans biens tu as mis en negligence. (Internele consol. P., 1447, 75). Je vous commande au Tout-Puissant. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 126).
 

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 Article 26/26 
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     TOUT-PUISSAUMENT     
*FEW IX posse
TOUT-PUISSAUMENT, adv.
[*FEW IX, 234a : posse]

"En étant tout-puissant" : Tout puissaument : omnipotenter (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 264).
 

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